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C’est quoi l’AT ??

« Ce qui se passe dans l’intervalle, entre bonjour et au revoir, relève d’une théorie spécifique
de la personnalité et de la dynamique de groupe, qui est aussi une méthode thérapeutique,
connue sous le nom d’analyse transactionnelle ». (Eric Berne – Que dites-vous après avoir
dit Bonjour ?)

L’analyse transactionnelle est une théorie élaborée dans les années 1950 par Eric Berne. Depuis plus de 50 ans, elle
n’a cessé d’être validée, complétée et enrichie par de grands professionnels de nombreux pays (notamment Amérique
du Nord, Grande-Bretagne, Italie, Belgique et France). Bien qu’elle ait été créée par un médecin psychiatre qui
souhaitait mettre en place une nouvelle approche psychothérapeutique, il est rapidement apparu que son champ
d’application n’était pas réductible au champ de la psychothérapie. Sa pertinence, son originalité, son
accessibilité en font aujourd’hui l’une des théories les plus appréciées et appliquées dans l’ensemble des métiers de la
relation d’aide. Elle peut être utilement couplée à d’autres approches comme la systémique de l’Ecole de Palo Alto,
la Process Com ou la Gestalt.

L’analyse transactionnelle a été pensée sur la base des principes suivants, auxquels elle s’attache à rester fidèle au fil
de son évolution :

 elle adhère au courant humaniste qui postule la nature fondamentalement positive de l’être humain, sa capacité à
faire des choix et à les assumer,
 à ce titre, attaché à la vulgarisation des savoirs, elle utilise un langage simple et accessible,
 le cadre de sa pratique est contractuel, c’est-à-dire que le lien entre l’accompagnant et l’accompagné est basé sur la
libre négociation et acceptation d’un contrat préalable, clair et exhaustif qui responsabilise chacun quant au travail
à mener et aux objectifs à atteindre.

L’analyse transactionnelle est une théorie à plusieurs niveaux :

Une théorie de la communication


« Entre bonjour et au revoir »… Nous passons beaucoup de notre temps en interaction avec les autres ; tout ce temps
est communication, qu’il s’agisse de messages verbaux ou non verbaux. Ainsi, pour donner, demander, refuser ou
accepter « quelque chose » , nous devons entrer en contact les uns avec les autres. Comment se passe la relation ? Est-
elle agréable ou non, efficace ou improductive ? Suis-je entendu ou non ou mal ? Semble-t-il y avoir un message
caché derrière un message apparent ? Dans quelles mesures la réaction de mon interlocuteur dépend-elle de ma façon
de m’adresser à lui ?

En étant attentif aux mots prononcés, à la manière dont ils sont dits (le ton, le volume de la voix), aux postures
corporelles et au cadre dans lequel la relation s’insère, l’analyse transactionnelle a vocation à aider à la compréhension
– et, si besoin, à l’amélioration – de la communication entre deux ou plusieurs personnes.

(Voir les concepts : besoins de base, signes de reconnaissance, États du moi, transactions, structuration du temps,


jeux, positions de vie, passivité)

Une théorie du développement


L’une des grandes forces de l’analyse transactionnelle est de proposer, à côté d’une théorie de la communication
interpersonnelle, une théorie de ce que l’on appelle l’intrapsychique. Le postulat est le suivant : ce que j’exprime à
l’extérieur de moi trouve une origine à l’intérieur de moi.

Ainsi, si l’aspect communication de la théorie tend à répondre à la question : que se dit-il ? – cette partie s’intéresse à :
pourquoi est-ce dit ? Et pourquoi de cette façon ?

Il s’agit ici d’une élaboration complète de la structure de la personnalité, originale et indépendante d’autres théories.
Cette élaboration présente une théorie sur la façon dont l’enfant se construit, se développe, face au monde qui
l’entoure en prenant des décisions adéquates. Elle affirme également que certaines de ces décisions, maintenues en
l’état à l’âge adulte, peuvent être cause de souffrances.

(Voir les concepts : besoins de base, signes de reconnaissance, États du moi, scénario, jeux, symbiose, positions de


vie, méconnaissances, passivité, autonomie)

Une théorie de la structure et de la dynamique des groupes et des organisations


Comprendre la personne, la relation… mais également les groupes. Eric Berne a réfléchi à la manière dont les
individus s’organisent ensemble, comment ils vivent en groupe pour atteindre un résultat. Eric Berne propose une
grille de lecture qui permet d’analyser la structure d’une organisation, son fonctionnement, sa dynamique. Cette
application de l’analyse transactionnelle est particulièrement efficace pour l’intervention en entreprise (consultants,
formateurs, coachs).

Les besoins de base


Voici trois situations, n’hésitez pas à prendre le temps de les lire et de les imaginer :

1. Vous vous étiez endormi et à présent vous ouvrez les yeux. Il fait totalement noir, vous n’entendez pas un bruit,
vous êtes seul et vous ne savez pas où. Lorsque vous étendez les bras autour de vous, rien. Vous vous levez, faîtes
quelques pas prudents, mais toujours aucun autre contact que le sol dur. Au bout d’un moment, vous risquez un
appel : personne ne vous répond. Ça fait longtemps maintenant que vous marchez, mais tout est désespérément
noir et vide… Je sais pas vous, mais moi je commencerais à ne pas me sentir très très bien… Et puis tout à coup,
toujours dans le noir et le silence, vos mains viennent se poser sur ce qui semble être un mur ! Vous décidez de le
suivre : vous n’êtes peut-être pas entièrement rassuré, mais déjà vous allez mieux1.
2. À présent, vous êtes dans une pièce aux murs blancs (où noirs mais c’est pour changer un peu), éclairée par
l’électricité, dont vous ne distinguez pas les contours. Personne d’autre que vous. Et pas un son ne parvient à vos
oreilles. Aucune odeur. Pendant longtemps. Vos yeux sont éblouis par tout ce blanc sans contraste, vos mains
endolories à force de ne (quasiment) rien toucher. À un moment, là encore vous ne vous sentirez probablement pas
très bien. C’est d’ailleurs ce qu’on appelle la torture par la privation sensorielle.
3. Cette fois, vous êtes au grand jour, dans une rue… et vous n’êtes pas seul ! Chouette des gens ! Sauf que
étrangement personne ne vous regarde, ne fait attention à vous. Étrange… Vous faîtes un sourire, personne ne vous
le rend, vous demandez l’heure, la personne passe son chemin comme si de rien n’était… Vous avez alors la
désagréable sensation d’être transparent(e), voire de ne pas exister2.

Voilà, c’est tout ! Détendez-vous, prenez une grande respiration et… voyons la suite.

Eric Berne3s’est interrogé sur nos besoins de base, qu’il a appelé « soifs » par analogie à la nutrition. Avons-nous, au-
delà de l’eau, de la nourriture ou de l’air, d’autres besoins aussi importants, et donc vitaux, que ceux-là ?
Quels sont nos besoins de base ?
1. La soif de structure : c’est le besoin d’avoir des limites. C’est en effet rassurant, de savoir que l’on ne peut pas tout faire.
C’est également le besoin de structurer le temps d’une journée… Comme celui d’une vie, de savoir comment occuper ce
temps entre notre naissance et notre mort. Songez à l’ennui, à ces changements de vie (un licenciement qui bouleverse votre
rythme : et demain que vais-je faire ?). Or, cette soif est à la fois « mentale« , mais également physique : revoyez un
adolescent qui vient vous dire pour la énième fois « j’sais pas quoi faire« , on peut dire de lui qu’il est « mou » ; son dos est
courbé, les épaules sont tombantes… Il s’affale à présent… Structurer son temps c’est aussi un besoin biologique, comme la
nourriture.
2. La soif de stimulation : c’est le besoin de « nourrir » ses cinq sens, de se sentir au contact du monde et de la vie. Comparez
n’importe quel bureau fermé sans fenêtre et le même avec une fenêtre… Ça change tout, non ? A l’inverse, des bureaux en
open space risquent de « suralimenter« . Petit conseil : quand vous vous sentez déprimé, ne restez pas chez vous, allez
marcher, prendre un café, même seul(e) ; vous nourrirez votre soif de stimulation, vous vous ferez du bien.
3. La soif de reconnaissance : c’est le besoin de se sentir reconnu par l’Autre. Cela va du simple retour que j’attends lorsque je
dis bonjour à quelqu’un, à l’amour que je peux lire dans les yeux de mon amie. Cette soif « s’étanche » par les signes de
reconnaissance. La soif est variable selon chacun, certains vont avoir de grands besoins de reconnaissance : ils pourront
devenir comédiens et être applaudis tous les soirs par un public conquis – ou ennemi public n°1 – d’autres moins : ils pourront
travailler en tant qu’archivistes ou à leur domicile.

À noter :
 Une grande partie de notre activité quotidienne est orientée – que nous en ayons conscience ou non – vers la satisfaction de
ces trois soifs : savoir quels sont nos besoins nous aide à les satisfaire plus efficacement et à nous maintenir en bonne santé
morale et physique.
Les signes de reconnaissance
Au carrefour entre l’intrapsychique et le comportemental, entre les besoins de base, le scénario ou les positions de
vie et les transactions, les signes de reconnaissance est un concept puissant que j’apprécie beaucoup.

Voici deux extraits dans lesquels vous allez pouvoir découvrir ce que sont les signes de reconnaissance… aux deux
extrêmes :
 Ignatius vient de se reconvertir en vendeur de saucisses ambulant, mais, au grand dam de ses clients, il préfère les
manger que les vendre : « Je dis que t’es complètement givré, timbré, s’coué, t’entends ? aboya George [le client]
(…). Comment osez-vous venir me crier des obscénités ? Arrêtez-le ! lança férocement Ignatius tandis que George
se fondait dans la foule (…). Qu’un bon citoyen se saisisse de ce délinquant juvénile ! De ce répugnant mineur ! Il
n’a pas le moindre respect. Ce rejeton du ruisseau a mérité le fouet jusqu’à l’évanouissement ! Une femme du
groupe qui s’était formé autour de la saucisse ambulante dit alors : Si c’est pas malheureux ! Où qu’y vont les
chercher les vendeurs de saucisses, non mais c’est pas vrai ! Paumés, c’est tout paumés et compagnie, lui répondit
une voix. Tout ça c’est l’pinard, si vous voulez savoir. C’est ça qui les rend fous, à mon avis. On devrait pas
laisser des lascars comme ça en liberté dans les rues »1.
 Autres temps, autres mœurs et autre style : Mathilde avoue son amour à Ambrosio, homme d’Eglise : « Maudit soit
le jour où je mis pour la première fois les pieds dans l’Eglise des Capucins ! Dieu seul ou le diable savent ce que
mon ange gardien pouvait bien faire ce jour-là (…). Comme je buvais vos paroles ! Comme votre éloquence
m’enlevait de terre ! Je voyais autour de vous comme une auréole de gloire et votre visage flambait de la majesté
même de Dieu. Je sortis de l’église, brûlante d’admiration. Vous devîntes l’idole de mon cœur, l’objet incessant de
mes méditations. Moi, que la piété n’étouffe pas, je hantai littéralement la cathédrale, dans l’absurde espoir de
vous voir, de me repaître de ce qui émane de vous. La nuit calmait mes ardeurs, car, toute pleine de vous, je ne
manquais jamais de vous retrouver dans mes rêves. Les bras ouverts, vous m’accueilliez comme un esprit et
comme un homme et forte de votre aide, je me risquais sans crainte sur les chemins de la vie » 2 .

C’est beau, non ?… Pour une autre illustration, lisez mon billet ici, reprenant une interview de Marie Balmary.

Alors, qu’est-ce qu’un signe de reconnaissance ?

Eric Berne définit un signe de reconnaissance (que vous pouvez également rencontrer sous le nom de caresse ou de
l’anglicisme strokes) comme « tout acte impliquant la reconnaissance de la présence d’autrui »3. Le signe de
reconnaissance est un message que j’envoie à l’autre qui lui signifie que pour moi il existe, que je sais qu’il est
présent.

Un signe de reconnaissance répond à la soif de reconnaissance. C’est donc un message très important pour nous.
Songez à ce que vous ressentez (ou ressentiriez) a contrario si une personne ne vous rend(ait) pas votre bonjour…

Quels sont les différents types de signes de reconnaissance ?

Un signe de reconnaissance peut être :

 verbal ou non verbal : « bonjour » ou un clin d’œil,


 positif ou négatif : un compliment ou une critique négative,
 conditionnel ou inconditionnel : le premier est factuel, précis et circonstancié, il concerne le « faire » : « ton
rapport est excellent » ou « ton gâteau n’est pas une réussite« , le second est relatif à l' »être » de la personne dans
sa globalité : « je t’aime« , ou « je ne peux pas te voir« ,
 obtenu par une demande directe (« que penses-tu de…« ) ou indirecte (par un jeu psychologique par exemple).
À votre avis, dans les deux extraits proposés, de quels types sont les signes de reconnaissance échangés ?4
Comment utiliser ce concept ?

Observer et analyser les échanges d’un groupe de travail ou d’un couple à travers cette grille de lecture en dit
beaucoup sur la manière dont est conçue la relation, sur la manière dont l’autre est appréhendé.

Pour cela l’objectif est d’établir ce que l’on appelle « l’économie des signes de reconnaissance » en vigueur dans ce
groupe. C’est Claude Steiner5 , un proche d’Eric Berne et un pionnier de l’analyse transactionnelle, qui a énoncé
l’idée selon laquelle la manière dont sont gérés les signes de reconnaissance dépend d’une croyance de pénurie (il n’y
a pas assez de signes de reconnaissance positifs pour tout le monde) qui génère, en application des principes de l’offre
et de la demande, cinq règles :
 Ne demande pas les signes de reconnaissance dont tu as besoin (« Ils sont trop chers, on ne te les donnera
jamais ! »)
 Ne donne pas les signes de reconnaissance que tu souhaites donner (« Tu n’en auras plus ! »)
 N’accepte pas les signes de reconnaissance dont tu as besoin (« En période de disette, il vaut mieux les stocker à la
cave que les utiliser »)
 Ne refuse pas les signes de reconnaissance dont tu ne veux pas (« Ceux là je peux me les offrir, ils sont moins
chers »)
 Ne te donne pas de signes de reconnaissance positifs à toi-même (« C’est du gâchis ! »)

Ce qui, dans le milieu de l’entreprise, peut donner les questions suivantes :

 Sur quelles bases se développe le « donner » ? Avec des trocs, du chantage, de la rétention ou des offrandes réelles
?
 Sur quelles bases se fait le « refuser » ? Par des oppositions, des rejets, des critiques ou une affirmation, une
argumentation, une coopération, une recherche de synergie ?
 Sur quelles bases se vit le « recevoir« ? Avec des disqualifications, des dévalorisations ou une amplification, un
réajustement et des confrontations (et non des affrontements) ?6.

Établir la grille d’échange de signes de reconnaissance du groupe permet de savoir sur quel levier agir pour changer
les interactions entre ses membres.

À noter :
 Les signes de reconnaissance obéissent à une règle humaine fondamentale : mieux vaut un signe de
reconnaissance négatif que pas de signe de reconnaissance du tout, ou autrement dit : tout mais pas
l’indifférence. La soif de reconnaissance est un besoin vital ; un enfant n’hésitera pas à faire une bêtise même s’il
doit se faire réprimander par ses parents s’il a le sentiment qu’ils ne font pas assez attention à lui. Tout comme un
adulte qui se sent mis à l’écart d’une réunion de travail peut mettre en place des stratégies plus ou moins
conscientes pour se faire remarquer en tapotant son stylo contre la table, ou en renversant son verre.
 Un signe de reconnaissance peut être « filtré » par son destinataire : « C’est génial ce que tu as réalisé », « Oh,
c’est trois fois rien« , ou « Cette fois je pense que ta plaquette ne répond pas à leurs attentes », « De toute façon,
tu n’es jamais d’accord ».
 Il n’y a pas de bons ou de mauvais signes de reconnaissance. Il est aussi important de féliciter quelqu’un qui vient
de réussir un examen que de marquer son désaccord sur une initiative ou de critiquer une réalisation : c’est un
excellent moyen d’apprentissage.
Pour aller plus loin :
 Vous pouvez établir votre propre économie des signes de reconnaissance en général ou dans une situation donnée
(votre travail, votre conjoint, vos enfants…). Pour cela remplissez d’une manière intuitive ce tableau en notant de
1 à 5 votre capacité à accepter/demander/refuser/donner des signes de reconnaissances verbaux conditionnels et
inconditionnels positifs, puis négatifs avec un autre tableau. Vous pouvez faire de même avec les signes de
reconnaissance non verbaux.
Les États du moi
Les États du moi c’est LE concept de l’analyse transactionnelle. L’un des premiers mis à jour par Eric Berne et en
même temps l’un des piliers de la théorie : il sert d’ailleurs de logo aux analystes transactionnels.

C’est un concept impressionnant a plusieurs titres : son originalité (il ne se confond pas avec le ça, le moi et le surmoi
de la psychanalyse et aucune autre théorie n’a pensé un équivalent), sa puissance (il concerne à la fois l’intérieur et
l’extérieur de soi), sa pertinence (il permet notamment une connaissance de soi très fine), son efficacité (c’est un outil
de diagnostic majeur)… La richesse de ce concept explique qu’il s’affine encore aujourd’hui, de nombreux analystes
transactionnels (dont José Grégoire) font des recherches approfondies pour aller toujours plus loin.

Eric Berne s’est aperçu qu’il y a une corrélation entre le comportement d’une personne, ce qu’elle
dit, et l’émotion qu’elle transmet à un moment donné. Et que bien souvent ce même ensemble de
manifestations se reproduit de la même façon face une situation identique. Il a ainsi fait le lien
entre émotion, pensée et comportement. Il s’est ensuite rendu compte, en s’appuyant sur les
travaux du psychanalyste Paul Federn, qu’il était possible de regrouper ces « corpus » de
manifestions en trois ensembles distincts. Parfois, la personne se comporte (voix, postures,
mimiques…) comme l’un de ses parents (pas n’importe quels parents), à d’autres moments elle
reprend des attitudes ou une façon de parler qu’elle a eus quand elle était petite, et enfin à d’autres
moments encore elle agit comme un adulte dans le langage courant : il appellera ces trois façons
d’être les États du moi.

Les États du moi peuvent se représenter sous deux formes différentes : le modèle structural des États du moi et le
modèle fonctionnel des États du moi.

Le modèle structural des États du moi :


Les États du moi se visualisent par trois cercles superposés intitulés Parent, Adulte et Enfant (l’usage de la
majuscule signifie que nous parlons des États du moi et non d’un parent, d’un adulte ou d’un enfant).
Pour Eric Berne1 la structure de la personnalité se compose (quel que soit l’âge) de trois États du moi :
 Parent (P) : qui conserve l’ensemble des pensées + sentiments + comportements de modèles parentaux et intégrés
tels quels,
 Adulte (A) : qui conserve l’ensemble des pensées + sentiments + comportements liés au « touché » de la réalité, à
l’ici et maintenant,
 Enfant (E) : qui conserve l’ensemble des pensées + sentiments + comportements tels que la personne les a vécus
dans son enfance.

Cela signifie que, tout au long de sa vie, une personne :

 Observe comment ses parents (ou grands-parents, tuteurs, puis une figure spirituelle ou un grand professionnel) se
comportent, ce qu’ils disent, ce qu’ils transmettent de leurs émotions face aux différentes situations de la vie. Ces
observations lui serviront de modèles ultérieurement. Imaginez qu’il s’agisse d’un « regard » tourné vers l’Autre,
 Fait des expériences, appréhende la réalité de tous les jours et en enregistre les conclusions. Ici, « le regard » vise
devant et autour de soi.
 A ses propres ressentis, émotions, et besoins, évolutifs par nature et qu’elle va s’attacher à satisfaire avec plus ou
moins de succès : « le regard » est alors tourné vers soi.
Ainsi, à chaque instant nous abordons la réalité avec trois possibilités : y plaquer des modèles (« être dans le
Parent« ), reproduire des vécus personnels d’autrefois (« être dans l’Enfant »), ou prendre la réalité telle qu’elle est –
et non pas telle que nous voudrions qu’elle soit – avec ce que nous sommes et non ce que nous avons été ou ce que
nous voudrions être (« être dans l’Adulte »).

P, A et E s’appellent les États du moi structuraux (pour la structure de la personnalité) et concernent donc le contenu
intrapsychique. Voyons à présent les États du moi visibles de l’extérieur et que l’on nomme fonctionnels. Ensuite,
nous verrons l’articulation entre les deux.

Le modèle fonctionnel des États du moi :

Il se visualise ainsi :

Vous retrouvez l’État du moi Parent mais avec d’un côté une partie intitulée Parent Normatif
(PNF) et l’autre Parent Nourricier (PNR), l’Adulte n’est pas divisé et l’État du moi Enfant est
scindé en deux parties : Enfant Adapté (lui-même subdivisé en Enfant Adapté Rebelle (EAR) et
Enfant Adapté Soumis (EAS)) et Enfant Libre (EL).
La manifestation de ces États du moi est observable, c’est-à-dire qu’à chacun de ces États du
moi correspondent un comportement (ton, volume de la voix, mimiques, gestuelles, postures…)
et un vocabulaire spécifiques.
Il n’y a pas de « bons » ou de « mauvais » États du moi, tous ont une fonction différente essentielle et
complémentaire. Voici les fonctions de chacun :
 Parent Normatif : fonction de protection et de transmission de valeurs
 Parent Nourricier : fonction de permission et d’encouragement
 Adulte : fonction d’exploration de l’environnement
 Enfant Adapté Rebelle : fonction d’opposition légitime
 Enfant Adapté Soumis : fonction d’adaptation à l’environnement
 Enfant Libre : fonction d’expression des besoins et des émotions de base

Exemples :

 Parent Normatif : un enfant veut traverser la route alors qu’une voiture arrive, un passant lui dit vivement :
« Recule-toi ! », éventuellement en accompagnant le geste à la parole,
 Parent Nourricier : à un collègue qui vient de se voir confier une nouvelle mission délicate : « Tu vas y arriver, le
patron a raison tu es notre meilleure ressource pour ce projet ! » sur un ton chaleureux,
 Adulte : chez un concessionnaire : « Combien coûte cette voiture ? » avec un ton neutre,
 Enfant Adapté Rebelle : quelqu’un me parle avec un ton que je n’accepte pas, je lui dis avec vigueur : « Tu me
parles sur un autre ton s’il te plaît« ,
 Enfant Adapté Soumis : sans raisons apparentes, un policier m’arrête et me demande mes papiers ; sans poser de
questions je les lui donne,
 Enfant Libre : en pleine réunion de travail, un collègue propose une pause parce qu’il a soif : « Allez hop, pause-
café ! » sur un ton cordial et dynamique.

En revanche, l’utilisation d’une manière excessive d’un État du moi, sans nécessité par rapport à la situation,
conduit à rendre inopérationnelle l’usage de sa fonction : si une personne parle régulièrement vivement à son
enfant, celui-ci ne saura plus faire le distinguo entre l’avertissement face à un danger avéré et une situation banale, si
quelqu’un fait systématiquement ce qu’on lui dit, il ne fera plus la différence entre l’adaptation adéquate et ce que l’on
nomme la sur adaptation, c’est-à-dire l’adaptation au détriment de ses propres besoins, ou si un collègue interrompt
une réunion toutes les deux minutes parce qu’il a soif, il est probable qu’au bout d’un moment il n’aura plus voix au
chapitre.
Quels sont les liens entre les deux modèles ?
Ce que vous êtes à l’extérieur de vous trouve son origine à l’intérieur de vous. C’est un peu comme un iceberg, la
partie immergée ce sont les États du moi structuraux, la partie émergée ce sont les États du moi fonctionnels. Ici,
l’essentiel est de retenir que l’Adulte (A) peut choisir l’État du moi fonctionnel qu’il veut. Tout l’intérêt est même
d’être dans l’Adulte structural (A) pour nous permettre d’adopter l’État du moi fonctionnel le plus approprié face à
une situation.

Reprenons l’exemple du contrôle d’identité :

 Si je suis dans mon Parent (P), je peux réagir ainsi : « Bien sûr mes papiers, j’approuve tout à fait ces contrôles
inopinés, et même je pense qu’ils sont très utiles pour attraper les délinquants », sur un ton urbain (Parent
Normatif) – et probablement à chaque fois que je verrai un policier je réagirai dans ce cadre.
 Si je suis dans mon Enfant (E), je peux réagir ainsi (et probablement à chaque fois que je verrai un policier je
réagirai dans ce cadre) :
1. « J’ai rien fait, jamais je ne vous donnerai mes papiers ! », sur le ton de l’injustice (Enfant Adapté Rebelle)
2. « Mes papiers, bien sûr, je peux vous donner ma carte d’identité, mon passeport… Ohlala dites-moi ça
suffira ? » sur un ton inquiet et empressé (Enfant Adapté Soumis)
3. « Oh, vous voulez pas boire un coup plutôt ? » (Enfant Libre – délicat…)
 Si je suis dans mon Adulte (A), je peux choisir entre plusieurs possibilités (et à chaque fois que je verrai un
policier je pourrai choisir mon type de réaction) :
1. De donner mes papiers sans poser de questions (en tant qu’observateur, j’identifie ici un État du moi
Enfant Adapté Soumis, mais ce n’est pas la même manifestation que lorsque l’État du moi Enfant (E) est aux
commandes, aucune angoisse ou inquiétude ne transparaissent ; j’ai un objectif : que ce contrôle dure le moins de
temps possible et je fais tout pour que ce soit le cas )
2. De dire : « Pour quelles raisons me demandez-vous mes papiers ? », sur un ton neutre (en tant qu’observateur,
j’identifie ici un État du moi Adulte ) parce que j’ai du temps, ou que je n’exclus pas que je puisse avoir commis
une infraction par inadvertance et que je veux savoir laquelle, etc.
C’est pourquoi vous trouviez peut-être la réponse Enfant Adapté Soumis tout à fait adulte. Oui, adulte avec un petit
a. Parce que la personne est dans son Adulte (A), elle adopte l’État du moi qui lui convient, il est adapté à la fois à
l’environnement et à son souhait.
À noter :
 Ne confondez pas l’Adulte structural (A) et l’Adulte fonctionnel (aussi A)… Le premier décrit le
contenu intrapsychique et intègre des pensées, comportements et sentiments, le second se définit par sa fonction
d’exploration dont la manifestation la plus classique est l’usage de phrases interrogatives ou informatives.
 L’Adulte structural (A) est parfois présenté comme un ordinateur, un État du moi qui fait des essais
« froidement » et qui enregistre le résultat : ce n’est pas exact. Il intègre des pensées, comportements et sentiments.
Ainsi, si vous réussissez un examen vous pouvez ressentir une joie justifiée et la manifester d’une façon qui vous
est propre et authentique et sans que ce soit la répétition d’un passé ou la reproduction d’un modèle.
 Qu’il s’agisse de l’Enfant Adapté Rebelle ou de l’Enfant Adapté Soumis, ils sont tous les deux adaptés. C’est-à-
dire que les personnes qui ont souvent recours à ces États du moi ont tendance à définir leur cadre de vie par
rapport à une référence extérieure au sens large (parents, travail, conjoint, amitiés…) à laquelle ils réagissent en
opposition (Rebelle) ou en acceptation (Soumis), plus qu’en fonction de leurs propres besoins.
 Pour améliorer la cohérence de certaines de nos décisions, ou pour éviter d’éventuelles déconvenues, il peut être
intéressant d’interroger nos États du moi. Imaginons qu’un ami dise vouloir vivre de sa plume : son Enfant peut
dire « Chouette, j’en rêve ! », son Adulte « Vérifions au préalable la faisabilité financière », et son Parent « Ce
n’est pas un métier convenable » : il est préférable qu’il ait conscience et qu’il prenne en compte ce discours
interne avant d’aller plus loin.

Les transactions
Une transaction c’est un échange de signes de reconnaissance, verbal ou non verbal, entre deux personnes, c’est-à-dire
un stimulus et une réponse à ce stimulus. La grille de lecture proposée parEric Berne permet, à partir d’un découpage
simple, de penser avec beaucoup de pertinence la façon dont nous sommes en rapport les uns avec les autres. Avant
d’aller plus loin, je vous conseille de lire au préalable l’article consacré aux États du moi.
Eric Berne1 a distingué trois différents types de transactions et trois règles de la communication.

Quels sont les différents types de transactions?


 Les transactions simples complémentaires : l’État du moi « visé » est celui qui répond. Ici, les vecteurs sont
parallèles. La première illustration est un échange de type A-A qui pourrait être : « Quelle heure est-il ? – Il est
18h00″, et un autre échange de type P-E : « Tu ne dois pas sortir sans ta montre – Oui, mais là je l’ai oubliée » .

 Les transactions simples croisées : l’État du moi « visé » n’est pas celui qui répond, ou/et l’État du moi en
réponse « vise » un autre État du moi que l’État du moi émetteur. Les vecteurs, le plus souvent, ne sont pas
parallèles ils se croisent, mais pas nécessairement. Voici une première illustration : une personne, à partir de
son Adulte, s’adresse à une autre en visant son Adulte, mais celle-ci répond vers le Parent à partir de son Enfant :
« A quelle date viens-tu me voir? » – « Tu vas m’en vouloir si je ne viens pas ? » Et un second de type AA/PP :
« As-tu vérifié les données du tableau ? » – « C’est à ça qu’on reconnaît les vrais professionnels, non ? ».

 Les transactions cachées ou à double-fond : ce sont des transactions dites complexes parce qu’une seule phrase
comporte ici deux messages. Le premier message est appelé le message social, ce sont les mots prononcés, ce qui
est dit verbalement. Le second est le message caché ou psychologique, ce sont « les mots » que l’on ne dit pas
verbalement, mais qui peuvent – ou non – être très bien « entendus » par son interlocuteur. L’une des formes bien
connues de ce type de communication sont les sous-entendus. Dans la première illustration, la personne émet un
message social à partir de son Adulte vers l’Adulte de son interlocuteur (représenté par un vecteur continu) et un
message caché à partir de son Parent vers l’Enfant (représenté par un vecteur en pointillé). Cela donne par
exemple pour un couple qui découvre ses différences dans une nouvelle vie en commun : message social AA « Tu
ne ranges pas tes chaussettes propres ? » et un message caché PE « Les chaussettes propres et repassées doivent
être rangées dans un tiroir ». Dans le second schéma, le message social est aussi de l’Adulte vers l’Adulte mais le
message psychologique part de l’Enfant et « vise » l’Enfant : c’est le fameux « Tu veux venir prendre un dernier
verre chez moi ? », message social AA lancé à minuit entre deux personnes qui s’attirent sans se le dire encore et
un message caché EE « Tu veux passer la nuit avec moi ? ». Si le verre est accepté, il y a de grandes chances que
cela inclue aussi le café du matin…

Quelles sont les trois règles de la communication ?


 Quand les vecteurs sont complémentaires, la communication peut se poursuivre indéfiniment (« Dis-moi à
quelle heure est ton train ? A 20h, tu peux venir me chercher ? Oui, tu penses à me rapporter mon livre ? Oui, il
est déjà dans mon sac… »).
 Quand les vecteurs se croisent, la communication change : soit elle s’arrête, soit elle continue mais à la condition
que l’un des interlocuteurs change d’État du moi et restaure ainsi le parallélisme : « À quelle date viens-tu me
voir ? » (A→A), « Tu vas m’en vouloir si je ne viens pas ? » (Enfant qui « vise » un Parent Nourricier) → par
exemple : « Mais non, bien sûr tu viendras quand tu pourras » (réponse du Parent Nourricier vers l’Enfant), mais
il est difficile de donner une réponse à partir de l’Adulte.
 Dans les transactions cachées, c’est la prise en compte – et donc la réponse complémentaire – au message
psychologique, et non au message social, qui détermine la continuité, la fluidité de la communication. Dans
l’exemple du « dernier verre », si la réponse est oui et que votre interlocuteur s’en va après son verre en disant
merci, vous serez sans doute quelque peu désarçonné(e)… Vous « entendiez » bien le oui comme une réponse à
votre message caché ! Dans ce cas, la réponse aurait pu être « Alors juste un verre », sous-entendu non au message
caché (et non qu’il/elle n’a pas très soif) : et vous étiez fixé. En revanche, si la réponse est non, bien qu’il/elle ne
réponde qu’à propos du verre, vous devrez sans doute réenvisager la relation…

À noter :
 Le cadre dans lequel s’instaure la relation conditionne la nature des transactions échangées. « Salut, ça roule ? »
peut se dire à un ami, moins à un patron… De telle sorte qu’à l’inverse, latransaction me renseigne sur la nature
de la relation.
 Dans un jeu psychologique, il s’agit d’échange de transactions cachées parallèles, lorsque survient le coup de
théâtre, c’est.. une transaction simple croisée !
 Les transactions cachées peuvent être tout à fait adaptées : dire quelque chose de manière diplomatique, jouer sur
le sous-entendu pour faire de l’humour…
La structuration du temps
La structuration du temps est un concept que je trouve très ingénieux : Eric Berne1 a réussi à articuler en seulement six
modes l’ensemble des façons d’être en relation avec l’autre.

Quels sont-ils ? Lisez cette illustration… ils y sont tous ! :

Réunion de comité interprofessionnel. En arrivant certains se serrent la main : « Bonjour, comment allez-vous ? », «
Bien et vous ? », à la suite les uns des autres (2), mais certains nouveaux membres, inconnus pour un instant encore,
préfèrent rester à l’écart et ne se présenter que lors du tour de table (1).
En attendant que la réunion commence, certains, qui ne se connaissent pas encore beaucoup, discutent entre eux : «
Quel bel été ! », « C’est vrai que l’année dernière le mois d’août avait été pluvieux», « Ne m’en parlez pas, toutes mes
vacances ont été gâchées » (3).
D’autres encore qui se connaissent depuis longtemps et ont d’autres occasions de se voir en dehors du comité : «
Toujours d’accord pour ce week-end ? Nous devons arriver à démarrer ce moteur», « Oui, j’ai beaucoup réfléchi, je
crois effectivement que si la culasse s’est dévissée et que la chemise du piston a tourné un peu, les trous d’admission
et d’échappement ne sont plus en face, tu crois pas ? » (4).
Pendant ce temps, le responsable du comité, qui attend que tout le monde soit arrivé, pose une question à son adjoint,
qui, à ce qu’on dit, est un carriériste nerveux : « Alors votre présentation est-elle prête ? », « Oui, cela n’a pas été
simple, j’y ai passé tout le week-end mais c’est prêt », « Très bien, mais j’ai réfléchi, finalement vous ne la ferez pas,
je crains que cela ne soit encore un peu prématuré » (5).
Les deux derniers membres du comité arrivent tout juste, c’est un couple d’amis qui étaient en train de remettre les
pendules à l’heure (6).

Comment structurons-nous notre temps avec l’autre ?


 Le retrait (1) : les signaux que j’envoie indiquent que je ne souhaite pas rentrer en contact avec l’autre : je ne
m’approche pas, je ne lui parle pas ou je ne le regarde pas : je reste dans « mon coin » – ou d’une façon plus
inconsciente – je suis dans mes pensées,
 Le rituel (2) : c’est la façon socialement admise de commencer et de terminer un contact relationnel : c’est ainsi
le « bonjour » et l' »au revoir » ; c’est un automatisme culturel. Faites l’essai : répondez « non » à « comment ca
va ?« , vous allez probablement sentir une gêne chez votre interlocuteur : ce n’est pas la réponse prévue !
 Le passe-temps (3) : comme son nom l’indique, c’est une manière de passer le temps, de discuter avec l’autre sans
s’impliquer trop dans la relation, la conversation est balisée, elle se fait« toute seule« . L’exemple le plus typique
c’est le temps qu’il fait en cette saison, oh m’en parlez pas …
 L’activité (4) : la relation est instaurée pour faire quelque chose ensemble. La conversation, les gestes sont dédiés à
cette réalisation : un compte-rendu, une maquette, un site internet…
 Les jeux (5) : on retrouve ici les séquences relationnelles qu’Eric Berne a appelé les jeux psychologiques.
 L’intimité (6) : c’est un moment, bref et peu fréquent, où les interlocuteurs échangent sur ce qu’ils ressentent, de la
joie, des sentiments amoureux, de la colère ou de la tristesse, d’une manière authentique, c’est-à-dire sincère et
exempte de volonté manipulatoire (de l’autre, de la relation).
À noter :
 Il n’y a pas un mode qui serait mieux qu’un autre : la plupart du temps, mais pas nécessairement, un échange
évolue entre les modes, il pourra aller du retrait ou du rituel à l’activité, ou aux jeux puis revenir vers l’activité…
Ainsi, les rituels ont leur importance : imaginez qu’une personne vienne vous voir et commence ainsi « T’as pu
faire les plans ? » !! C’est plus fréquent dans le monde professionnel où le responsable d’une réunion peut orienter
tout de suite les échanges vers l’objectif.
 La structuration du temps permet de répondre à notre besoin de structure : aujourd’hui j’irai à mon travail en bus
et je serai dans le retrait, puis rituellement je prendrai un café avec mes collègues et je serai dans le passe-temps…
 Plus vous vous orientez vers un mode relationnel intense (4, 5 et 6) , plus les signes de reconnaissance que vous
échangez peuvent être nourrissants2.
Pour aller plus loin :
 Pour visualiser vos modes relationnels préférés, vous pouvez représenter votre propre structuration du temps selon
cet exemple (il est normal que pour les jeux ce soit moins facile… ils sont inconscients !). Vous pouvez faire un
diagramme pour votre vie professionnelle, un autre pour votre vie personnelle ou pour une seule personne ;
comment je structure mon temps avec mon conjoint, mon enfant…
Les jeux psychologiques
Les jeux psychologiques sont l’un des concepts phares de l’analyse transactionnelle. Eric Berne a publié un livre dédié
à ce thème, Des Jeux et des Hommes, devenu best-seller.

Lisez cet extrait tiré de l’excellent « L’Attrape-Cœur » de J.D Salinger (Pocket, p. 40 et 55) :

[Holden et Stradlater, 16 ans, discutent dans les dortoirs de l’internat :]

Stradlater : « Et en plus, j’ai une dissert’. Tu me la ferais pas, ma dissert’? Si je ne la rends pas lundi, je vais avoir des
emmerdes. Voilà pourquoi je te demande. Tu veux bien ? »
Holden : Ça m’a semblé un peu fort le comble de l’ironie. « C’est à moi que tu demandes de faire ta dissert’? A moi
qu’on vient de flanquer à la porte ? »
Stradlater : « Ouais, je sais. Ce qu’il y a c’est que j’aurais des emmerdes si je la rends pas. Tu serais un pote, un vrai
pote. D’accord ? »
Holden : J’ai pas répondu tout de suite. Avec les salauds dans son genre, le suspense c’est pas mauvais. J’ai dit:  » Sur
quoi la dissert’? »
Stradlater : « N’importe quoi. Une description. Une pièce dans une maison. Ou bien une maison. Tu vois le truc. Du
moment qu’on décrit. »
[plus tard]
Tout d’un coup, il a gueulé : « Holden, sacré bordel ! T’as parlé d’un gant de base-ball. »
Holden : « Et alors ? » Que j’ai dit. Vachement glacé.
Stradlater : « Quoi, Et alors ? Je t’ai pas expliqué que ça devait décrire une maison ? « 
Holden : « T’as dis que ça devait être descriptif. Si c’est un gant de base-ball je vois pas la différence. »
Stradlater : « Bon Dieu de bon Dieu ». Il était dans tous ses états. Vraiment furax. « Tu fais toujours tout de
travers ». Il m’a regardé, il a crié : « Pas étonnant si on te fout à la porte. Tu fais rien comme il faudrait. Je te jure.
Jamais rien »

Ce court dialogue est typique de ce que l’on nomme un jeu en analyse transactionnelle. Voyons d’un peu plus près ce
qui se passe : Stradlater demande à Holden, qui vient de se faire mettre à la porte du lycée, de lui faire sa dissertation.
Holden, à lire ses pensées (« Avec les salauds dans son genre« ), ne semble pas a priori coopératif, mais il la rédige
tout de même sur la base d’informations floues. Bilan : la dissertation est mal faite selon Stradlater, celui-ci est en
colère et Holden en prend pour son grade.

Qu’est-ce qu’un jeu psychologique ?


Eric Berne a défini le jeu comme « le déroulement d’une série
de transactions cachées, complémentaires, progressant vers un résultat
bien défini, prévisible ».1
C’est un échange entre deux ou plusieurs personnes dont le but réel pour
chacun n’est pas la poursuite de la discussion au niveau de ce qui est dit
mais de ce qui est dit et qui ne s’entend pas (non au niveau social, mais
au niveau caché).

Pourquoi a-t-il appelé cela un jeu ?

Un jeu c’est une activité plutôt amusante, et c’est vrai que dans l’exemple ça n’a pas l’air d’être le cas… Alors ? Cette
dénomination fait plutôt référence aux joueurs en Bourse, ou de poker. Pensez à ces joueurs qui maîtrisent
parfaitement les règles, ce stress plus ou moins conscient, ce sentiment qu’au-delà de la mise il y a parfois un enjeu
beaucoup plus important, voire existentiel, ces émotions fortes dues au gain ou à la perte… Pour Eric Berne certains
de nos échanges répondent à ces critères.

Eric Berne a aussi donné un nom au jeu les plus courants ; le plus célèbre est le jeu du « Oui, mais… » (Dont Yves
Lavandier a réalisé un film éponyme).

Comment joue-t-on ?
Il existe différentes façons de représenter le déroulement d’un jeu. Pour ma part, j’aime beaucoup le Triangle
dramatique de Karpman (dramatique fait ici référence au drame théâtral, Stephen Karpman ayant créé ce concept à
partir de l’observation des ressorts du drame au théâtre. Vous vous souvenez de Shakespeare dans Comme il vous
plaira ? « Le monde entier est un théâtre, Et tous, hommes et femmes, n’en sont que les acteurs. Et notre vie durant
nous jouons plusieurs rôles… » ). Il s’est aperçu que systématiquement, pour qu’un « drame » se déroule, il faut trois
rôles : un Persécuteur, un Sauveteur et une Victime.
Deux personnes discutent. Pour commencer un jeu, chacun des protagonistes prend inconsciemment l’un des trois
rôles du Triangle ; en général celui qui a sa préférence. Elles poursuivent leur discussion, l’une comme Persécuteur,
l’autre comme Victime par exemple. A un moment donné arrive… le coup de théâtre ! L’un des deux joueurs va
« prendre ses bénéfices » comme on dit dans le milieu boursier, il va changer de rôle et, par exemple, s’il était
Persécuteur, devenir une Victime. L’autre accuse le coup, et change également de position (ce que font Stradlater
quand il commence à hurler, puis Holden quand il se vit « vachement glacé« ).
Bien entendu, il ne s’agit pas d’être réellement Persécuteur, Victime ou Sauveteur (ou seulement dans les jeux de
niveaux 3 – voir plus loin), ce sont des rôles psychologiques où chacun joue une partition fine de ceux-ci.
Ainsi, à votre avis, quelles sont les positions de départ de jeu de Stradlater et de Holden dans l’exemple ci-
dessus ?2 Les positions d’arrivée ?3

Pourquoi joue-t-on ?

Pour avoir des bénéfices, même s’ils ne sont pas très agréables. Les explications se situent dans la vision
intrapsychique de la personnalité que propose l’analyse transactionnelle  (ce va-et-vient entre intérieur et extérieur de
la personne est caractéristique de l’analyse transactionnelle). Ces bénéfices peuvent être nombreux : revivre un type de
relation expérimenté dans l’enfance, obtenir un type de signes de reconnaissance que l’on aurait pas eu autrement,
valider ses croyances sur soi ou sur les autres… Dans notre extrait, Stradlater peut par exemple se dire qu’il a raison
de croire que les autres sont des incapables, qu’on ne peut faire confiance à personne (c’est même pour arriver à cette
conclusion qu’il s’est adressé à Holden et sans lui donner d’indications claires), Holden qu’il est un bon à rien ou que
personne ne l’aime (la preuve).

À noter :
 Le jeu est inconscient, nous ne nous en rendons pas compte. L’idée, pour une meilleure connaissance de soi, n’est
pas tant de ne plus jouer, que de nous rendre petit à petit conscient des jeux que nous jouons.
 Il existe trois niveaux de jeu : Niveau 1, c’est celui qui est acceptable socialement (un couple d’amis se dispute
devant vous) : le lien n’est pas rompu mais « touché » (une tension relationnelle dans le couple par
exemple). Niveau 2, les protagonistes jouent « à domicile » (il n’y pas de témoins ou uniquement – ce qui est
encore « plus joueur » – quelques confidents) : le lien est rompu (une porte qui claque). Niveau 3, les prises de
bénéfices font la Une des journaux (meurtres, démence, suicides…) : le lien est clairement, voire définitivement,
rompu.
 Ne dîtes pas : « Il joue des jeux avec moi, je n’aime pas ça« … On joue toujours à deux, vous jouez autant avec lui
!
 Pas de répétition, pas de jeu : une scène ne suffit pas pour dire qu’il y a un jeu entre deux personnes. L’une des
caractéristiques du jeu est la répétition des mêmes échanges, des mêmes changements de rôles. On peut jouer dix
minutes comme toute une vie (songez aux « scènes » de ménage…).
 Un bon indice « après coup » pour savoir si vous étiez dans un jeu : vous avez obtenu l’inverse de ce que vous
vouliez (consciemment, parce qu’inconsciemment c’est impeccable) !
Les positions de vie
Les positions de vie sont, à mon sens, l’un des concepts les plus abordables de l’analyse transactionnelle. Cette
accessibilité est à double tranchant : il y a un risque de réduire les positions de vieà cette simplicité. Or, c’est un
concept qui, au fur et à mesure que l’on avance, se révèle très puissant : gardons en mémoire ces deux aspects.
Le génial – et regretté – Tristan Egolf1 fait passer en quelques pages les éboueurs de la ville de Baker par
trois positions de vie différentes :
 Si nous décidions arbitrairement de quitter le travail (…) une ville comme Baker serait plus qu’à moitié enfouie
sous les ordures (…). Il apparaissait clairement que, du moins dans le comté de Greene, le boueux était plus
indispensable que le banquier, le boucher et le juge de grande instance réunis, et beaucoup plus dur à trouver. Il
était l’unique frontière qui séparait l’ensemble de la communauté de la débâcle.
 Notre objectif dans l’immédiat serait d’affirmer notre position en termes simples et précis : 1) nous fournissions
un service indispensable à la communauté; 2) nous demandions le simple respect accordé à tout serviteur du bien
public; et 3) si nos demandes n’étaient pas satisfaites – si nos services n’étaient pas appréciés -, la communauté
était libre de rechercher une autre solution.
 [Tom Dippold, shérif] avait accédé à ce poste en raison de ce qu’on tenait généralement pour ses trois principales
qualités : sa compréhension intuitive des comportements locaux, sa politique inflexible de non-intervention dans
les querelles domestiques, et son indulgence à l’égard de ce qui en d’autres lieux passait pour des infractions à la
loi répréhensibles (…). Dans l’hypothèse où ils seraient arrêtés à la suite d’un éclat public, la plupart des gens du
cru n’avaient pas grand-chose à craindre de Tom Dippold.

C’est quoi une position de vie ?


Eric Berne a émis l’hypothèse que le jeune enfant « possède déjà certaines certitudes sur lui-même et le monde qui
l’entoure (…), certitudes qu’il va sans doute conserver tout au long de sa vie et que l’on peut résumer comme suit : je
suis ok ou je ne suis pas ok, vous êtes ok ou vous n’êtes pas ok »2.
La position de vie est la valeur que je me donne à moi-même et aux autres, l’idée positive (que l’on nomme ici ok et
que l’on symbolise par un +) ou négative (que l’on nomme non ok et que l’on symbolise par un -) que j’ai de moi, des
autres et du monde.
Il y a donc quatre positions de vie :
 Je suis ok / vous êtes ok (+/+),
 Je ne suis pas ok / vous êtes ok (-/+)
 Je suis ok / vous n’êtes pas ok (+/-)
 Je ne suis pas ok / vous n’êtes pas ok (-/-)

Concrètement, qu’est-ce que cela signifie ?


La position +/+ : je me respecte et je vous respecte, je vous accepte tel que vous êtes, j’ai conscience de ma valeur et
de la vôtre : nous sommes égaux. Cela implique que je considère ce que vous me dites, que je vous parle d’une
manière adulte, que j’envisage notre rapport sous l’angle de la coopération et du partage.
La position -/+ : c’est une position qui se traduit par une dévalorisation de soi, l’autre ou les autres sont beaucoup
mieux que moi, ils y arrivent mieux, ils sont heureux, et je ne le serai jamais… : c’est une position dépressive que
Gysa Jaoui3 résume ainsi : « Je ne vaux pas grand-chose, n’importe qui vaut plus que moi« .
La position +/- : ici je pense que je vaux mieux que toi/les autres, cela se manifeste de deux façons différentes : soit
j’envisage l’autre de manière condescendante « Mon pauvre, tu n’es pas capable d’y arriver, laisse je vais le faire« ,
soit je l’envisage d’une manière hautaine voire agressive « T’es trop nul, t’es un incapable, pousse-toi de là que je le
fasse » ou « T’es trop nul, fais comme je te dis et pas autrement« . C’est une position de dévalorisation ou de
domination, d’arrogance vis-à-vis de l’autre.
La position -/- : ou selon Gysa Jaoui, « Je ne vaux rien et vous non plus« , peut être la position adoptée par un enfant
dont les parents lui ont fait comprendre qu’il n’était pas le bienvenu, qui a grandi dans un milieu difficile et qui
n’attend rien de personne. Il a une image de lui-même et du monde négative. À l’extrême, ce type de position peut
amener vers le suicide ou l’asile.
Alors, d’après vous, quelles sont les positions de vie que l’on peut visualiser dans chacun des trois paragraphes de
l’extrait que je vous ai proposé ?4
À noter :
 Il arrive que ce que je montre à l’autre ne soit pas exactement le reflet de ce que je pense de lui : mon patron, pour
favoriser « l’émulation« , me fait travailler avec un collègue que je considère en dessous de tout, je lui dis
néanmoins : « Bonjour, je suis ravi de travailler avec toi sur ce projet« … C’est ce que l’on nomme la position de
vie « sociale » (celle que l’on va montrer, ici +/+).
 Nous avons ainsi une position de vie existentielle favorite (nos croyances profondes), mais nous pouvons tout à
fait adopter en fonction des situations l’ensemble des quatre positions de vie sociale – qui peuvent donc coïncider
ou non avec la position de vie existentielle.
Les méconnaissances
Le concept a été créé par Aaron et Jacqui Schiff 1 au début des années 1970 et approfondi par Ken Mellor et Eric
Schiff2. C’est un concept qui, une fois encore, est en lien avec l’intrapsychique et le comportemental. Il s’avère très
efficace dans un certain nombre d’applications, notamment pour la résolution de problèmes.
 Commencez par ce savoureux extrait, il ne doit pas vous être inconnu :
Là-dessus ils découvrirent trente ou quarante moulins à vent qu’il y a en cette plaine, et, dès que Don Quichotte les
vit, il dit à son écuyer : « La fortune conduit nos affaires mieux que nous n’eussions su désirer, car voilà, ami Sancho
Pança, où se découvrent trente ou quelques peu plus démesurés géants, avec lesquels je pense avoir combat et leur
ôter la vie à tous, et de leurs dépouilles nous commencerons à nous enrichir : car c’est ici une bonne guerre, et c’est
faire grand service à Dieu d’ôter une si mauvaise semence de dessus la face de la terre.
– Quels géants ? dit Sancho.
– Ceux que tu vois là, répondit son maître, aux longs bras, et d’aucuns les ont quelquefois de deux lieues.
– Regardez, monsieur, répondit Sancho, que ceux qui paraissent là ne sont pas des géants, mais des moulins à vent et
ce qui semble des bras sont les ailes, lesquelles, tournées par le vent, font mouvoir la pierre du moulin.
– Il paraît bien, répondit Don Quichotte, que tu n’es pas fort versé en ce qui est des aventures : ce sont des géants, et,
si tu as peur, ôte-toi de là et te mets en oraison, tandis que je vais entrer avec eux en une furieuse et inégale bataille.3

Vous me direz peut-être que Don Quichotte était un peu fou et que dans ce cas rien d’étonnant à ce qu’il voit des
moulins ? À quoi je vous répondrais que Don Quichotte est loin d’être le seul à se battre contre des moulins… Et que
c’est ça une méconnaissance : prendre des moulins pour des géants. Ou des géants pour des moulins.

Qu’est-ce qu’une méconnaissance ?


C’est un mécanisme inconscient qui nous conduit à ne pas voir la réalité telle qu’elle est. Elle se manifeste par des
phrases qui sont des généralisations – ou des minimisations – ou encore de la grandiloquence et de l’emphase.

Exemples :

1. « Ça m’étonne pas, tous les garagistes sont des voleurs  » : si pour certains cette phrase a le goût et l’odeur de la
vérité, ce n’en est bien entendu pas une.
2. « 10 pages à taper ! Mais j’y arriverai jamais !  » : ce qui est à nouveau faux, ce n’est sans doute qu’une question
de temps. Ce qui pourrait être juste serait par exemple : « Mais je n’y arriverai jamais en cinq minutes « .
3. « Ouh làlà, ben vé, c’est que c’est pas la porte à côté Aubagne  » : évidemment à pied depuis le Vieux Port ça se
discute…

Les clichés sont ainsi par définition des méconnaissances de la réalité, puisqu’il s’agit de généraliser le particulier.

Les méconnaissances sont argumentées. C’est la différence avec une simple ignorance de la réalité. Dans ce dernier
cas, vous ne savez pas, je vous donne l’information, vous la prenez (ou pas). Si c’est une méconnaissance la
perception tronquée de la réalité n’est pas une simple erreur mais une construction de la réalité personnelle à
laquelle la personne tient et qu’elle est prête à justifier. De fait, ses arguments sont inexacts mais suffisent à valider,
à ces yeux, sa croyance. C’est pourquoi il peut être difficile de faire prendre conscience à quelqu’un qu’il est en pleine
méconnaissance.

Exemples :

 « L’amour c’est uniquement une question de phéromones « , « Je ne pense pas que ce soit uniquement cela « , « Si,
c’est mon père qui me l’a dit et il est médecin « .
 « Les dix personnes qui sont venues sont toutes des spécialistes de la question, je n’ai aucune chance de me faire
entendre « , « Non, je vous l’ai dis seules deux personnes le sont « , »Oui, enfin c’est pareil « .
Pourquoi fait-on des méconnaissances ?

Pour de bonnes raisons ! Sinon on ne les ferait pas. Construire notre propre réalité, voir les choses comme ça nous
arrange nous permet de ne pas remettre en cause notre vision du monde ou des autres, de ne pas toucher à nos
croyances, à notre cadre de référence. C’est aussi un excellent moyen pour ne pas voir ou ne pas résoudre un problème
(voir passivité ).

Comment ce concept peut-il aider à la résolution d’un problème ?

Évidemment ne pas appréhender la réalité telle qu’elle est peut être protecteur mais peut aussi engendrer certains
problèmes. On peut imaginer qu’à l’inverse si vous êtes face à un problème c’est que vous êtes confrontés à une
méconnaissance dont vous n’avez pas conscience et dont la levée serait par voie de conséquence un premier pas vers
la résolution du problème.

Voici une méthodologie qui peut aider à lever une méconnaissance. Seul c’est difficile, il est nécessaire d’avoir un
regard extérieur pour voir sur quoi porte la méconnaissance :

 sur l’existence du problème, sa signification, sur les possibilités de changement, ou sa capacité personnelle de
changement.

Exemple :

1. Existence du problème : « Tu sais quoi, je me marie le mois prochain « , « Ah bon, mais tu en es à ton 6e
divorce « , « Et alors ?  » (méconnaissance sur: Où est le problème ? C’est enfin la bonne !)
2. Signification du problème : « Oui, je me marie pour la 7e fois, je me rends bien compte qu’il y a un problème,
mais bon tant pis, c’est comme ça  » (conscience du problème, méconnaissance sur les conséquences)
3. Possibilités de changement : « Oui, j’en suis à mon 7e mariage, je me rends compte que je peux pas continuer
comme ça. Je suis malheureux, mes enfants aussi, la situation est ingérable, je n’ai plus d’argent avec toutes les
pensions… Mais qu’est-ce que je peux faire d’autre ?  » (conscience du problème et de sa portée, méconnaissance
sur d’autres façons de faire)
4. Capacité personnelle à amener le changement : « Oui, ce problème a beaucoup d’impacts sur ma vie. Tout le
monde est malheureux. Je pourrais commencer par vivre avec quelqu’un sans me marier. Ou vivre un peu seul. Ou
commencer une thérapie. Mais je n’ai ni le temps, ni l’argent et puis je n’ai jamais vécu autrement ! » (conscience
du problème, de sa portée et que d’autres façons de faire son possible, méconnaissance sur ma capacité à agir
autrement)

Il est essentiel de bien cibler le niveau de méconnaissance : il est impossible de prendre conscience d’un niveau 4 ou 3
si la méconnaissance porte sur le niveau 1 ou 2.

À noter :
 Une méconnaissance peut porter sur soi-même (ignorance de ses propres limites par exemple), sur les autres ou sur
le monde.

La passivité
La passivité, telle qu’elle vous est présentée ici, fait partie du triptyque passivité, méconnaissance et symbiose conçu
par Aaron et Jacqui Schiff dans le courant des années 1970.

Voici une illustration de l’une des formes de passivité :

[Linda s’apprête à quitter son mari et l’interpelle :] Harry, est-ce que cela te laisse indifférent ? – Il aurait tant voulu
lui tendre la main, lui demander – la supplier – de ne pas partir, mais il se sentait sans force, accablé de douleur et de
désespoir, en proie à un découragement incompréhensible et pitoyable qui s’était abattu sur ses épaules et l’étouffait
peu à peu, tel un serpent. Il sentait son regard posé sur lui, et, plus il fixait le sol, plus il se sentait incapable de lever
la tête vers elle et de la regarder en face. Linda attendit ses protestations d’innocence pendant une éternité, mais,
devant son mutisme, elle se décida finalement à agir. Elle alla dans la chambre, mit rapidement quelques affaires
dans une valise (…). Pendant qu’elle faisait sa valise, Harry l’entendit respirer, soupirer, aller et venir, puis il sentit
sa présence à ses côtés et son regard posé sur lui, sentit qu’elle s’éloignait, entendit la porte se refermer et la voiture
s’éloigner… Il n’y eut rien pour l’empêcher de partir. Et il n’y eut rien pour l’empêcher, lui, de rester assis. De fixer
le sol.1

Qu’est-ce que la passivité ?


La passivité est un ensemble de comportements dont la raison d’être pourrait se résumer ainsi : « Comment puis-je m’y
prendre pour ne pas résoudre ce problème ? « . Bien entendu, ce n’est pas une question consciente : seul un
observateur extérieur peut se rendre compte que, quoi que fasse la personne, le problème demeure alors qu’une
solution est possible.

On distingue quatre comportements passifs.

1. L’abstention : la personne est passive au sens premier. Elle ne fait rien.


2. La suradaptation : la personne fait quelque chose, mais l’action ici n’a pas pour objectif de résoudre le problème
mais de faire ce qu’elle imagine que l’autre attend d’elle.
3. L’agitation : la personne « s’agite », elle est nerveuse, ne tient pas en place : elle manifeste souvent sa présence
par des bruits parasites.
4. La violence ou « l’incapacitation«  : la personne devient violente et blesse l’autre ou soi-même (incapacitation :
anglicisme qui a pour ambition de faire passer l’idée d’incapacité).

Exemple : Un employé doit rendre une note sur un rapport pour le lendemain, date limite, et à ce jour rien n’est fait.

1. Abstention : il regarde par la fenêtre, fais des petits dessins sur une feuille…
2. Suradaptation : il compile les rapports des cinq dernières années sur ce thème parce qu’il imagine que son patron
apprécierait un petit préambule contextuel, ou il retape le rapport en supprimant les fautes d’orthographe en se
disant que ce sera toujours utile…
3. Agitation : il regarde ses mails pour la 15e fois en cinq minutes, téléphone à Pierre, à Paul, relis pour la 10e fois la
première page du rapport en tapotant son bureau avec son stylo ou avec son pied, va chercher un café, revient…
4. Violence et « incapacitation » : tout d’un coup il se lève, se rend chez son patron et lui envoie le rapport à la figure
et criant « J’en ai marre de ces rapports de … » ou alors il tombe malencontreusement dans l’escalier et se brise
les deux poignets.

Dans ces quatre cas, non seulement la personne n’a pas fait le travail attendu, mais elle ne s’est même pas mise en
mesure de le faire d’une manière ou d’une autre (anticiper, demander conseil, etc.) : nous retrouvons ici
une méconnaissance sur l’existence du problème.

 À noter :
  La passivité est une sorte de blocage où l’énergie n’est pas orientée vers la réalisation souhaitée. Ce
« détournement d’énergie » suit ainsi souvent l’ordre indiqué (1→4) : au début la personne méconnaît purement et
simplement son énergie, ensuite elle la met à la disposition de son « imagination », puis, l’énergie s’accumulant
sans être utilisée, elle ne peut plus ne pas en prendre conscience mais ne sait toujours pas qu’en faire, enfin
l’énergie se « décharge » contre soi ou les autres.
 Il est possible d’être passif face à une situation problématique ponctuelle, mais il est aussi possible que pour
certaines personnes la passivité soit un mode de fonctionnement relativement permanent.

La symbiose
La symbiose est un concept passionnant, vous pourrez utilement compléter cette lecture avec celle des articles sur
la passivité et les méconnaissances.

Jeanne, héroïne de  « Une Vie »1, reçoit régulièrement de son fils ce type de lettre :
Ma pauvre maman, je n’ai plus qu’à me brûler la cervelle si tu ne viens pas à mon secours (…) je dois 85 000 francs.
C’est le déshonneur si je ne paye pas, la ruine, l’impossibilité de rien faire désormais. Je suis perdu. Je te le répète, je
me brûlerai la cervelle plutôt que de survivre à cette honte. (…) Je t’embrasse du fond du cœur, c’est peut-être pour
toujours. Adieu. Paul ». Le Baron hypothéqua des terres pour se procurer l’argent qui fut envoyé à Paul. Le jeune
homme répondit trois lettres de remerciements enthousiastes.

Vous aurez peut-être remarqué que dans cette lettre le fils ne fait aucune demande claire et directe ? Mais sa mère et
son grand-père ont néanmoins très bien compris de quel secours il s’agissait. Dans ces conditions, il y a fort à parier
que ce ne soit qu’une question de temps avant la prochaine lettre du même acabit… Voyons pourquoi.
Qu’est-ce que la symbiose ?
Ce concept a été élaboré dans le courant des années 1970 par Aaron et Jacqui Schiff. Je reprends ici leur définition que
je trouve particulièrement explicite : il y a symbiose « lorsque deux personnes se comportent comme si ensemble elles
ne formaient qu’une personne complète »2. C’est ce que l’on appelle parfois dans un autre cadre de référence la
relation fusionnelle. Par « comme si ensemble elles ne formaient qu’une personne complète« , il faut entendre que l’un
prend en charge les besoins de l’autre, de telle sorte que, face à une situation, il y aura deux « intervenants » au lieu
d’un.

Précisons tout de suite que la symbiose n’est pas synonyme de pathologie ! Et heureusement : que l’on songe par
exemple à un moment intense d’une relation amoureuse, voilà ce qui peut être une relation symbiotique nageant dans
le bonheur…

Cependant, dans la mesure où j’ai besoin de l’autre pour « former une personne complète« , il peut être utile de savoir
où je me situe dans la relation à l’autre (conjoint, enfants, collègues…).

Exemples :

 « Je ne m’occupe jamais des comptes, c’est mon mari qui s’en charge » : sur cet aspect cette femme s’appuie sur
son mari pour une tâche qu’elle pourrait sans doute faire elle-même, elle est ici dépendante, prise en charge. Il est
fort probable que si son mari ne le fait pas personne ne le fera. Cette situation est très fréquente (et pratique) mais
peut aussi être le support de jeux de pouvoir ou poser problème en cas de séparation.
 Entre collègues : « Le patron m’a encore donné un dossier ingérable« , « Laisse, je vais le faire« . Ici, sans le
demander directement, le premier a besoin du second pour faire son travail. Au bout d’un certain nombre de fois,
le premier peut utilement se demander ce qu’il fait à son poste par exemple, et le second s’interroger sur l’utilité
qu’il se donne en faisant le travail de son collègue.
Dans ces deux exemples, il y a bien deux « intervenants » au lieu d’un. On aperçoit bien le besoin pris en charge au
bénéfice de la personne en dépendance et l’avantage qu’elle en tire. Cependant, la relation est à double sens : alors en
quoi la personne qui prend en charge a-t-elle besoin de l’autre pour être une « personne complète » puisqu’elle a l’air,
elle, d’être indépendante ?
Pour de nombreuses raisons : dans le premier exemple le mari, en s’occupant des comptes, peut avoir troqué cette
tâche contre celle du ménage que sa femme assume seule (permet un donnant-donnant). Ou alors, il peut penser qu’en
se rendant utile, voire indispensable, aux yeux de sa femme en faisant les comptes mais aussi les courses, la
vaisselle… elle ne le quittera pas. Dans le second exemple, le collègue « aidant » peut tout simplement avoir des
journées creuses qu’il ne sait comment remplir par lui-même. Ou alors, quand il sera de notoriété publique que c’est
lui qui fait tout, il pourra se faire valoir aux yeux de son patron au détriment de son collègue. La personne qui prend
en charge a tout autant besoin de l’autre.
Comment repérer une relation symbiotique ?
Pas simple pour les parties prenantes. Un indice comportemental peut nous y aider : lorsque l’un demande à l’autre de
faire ce qu’il pourrait faire lui-même – généralement d’une manière détournée – ou lorsque l’un fait pour l’autre ce
que celui-ci pourrait faire tout seul (n’oubliez pas : la symbiose « marche » dans les deux sens).

Exemples :

 « Il faudra aller chercher la petite après son sport« , dit une mère à son mari. Vous apercevez à présent que si la
phrase est au sens strict la transmission d’une information, en réalité c’est une demande indirecte de madame à
monsieur d’aller chercher leur fille (on retrouve la différence entre le niveau social et le niveau psychologique –
voir les transactions cachées).
 Une mère, rangeant la chambre de son fils, lui dit, alors qu’il joue aux jeux vidéos : « Tu pourrais ranger ta
chambre quand même »,
La symbiose a une logique interactionnelle simple que l’exemple de Jeanne met clairement en évidence. Le
fils attend de sa mère de l’argent : sa mère lui donne. Et sans doute lui donnera-t elle à chaque fois qu’il se
positionnera ainsi. Dans ces conditions, pourquoi le fils arrêterait-il de solliciter sa mère ? Mais s’il compte sur sa
mère, comment peut-il réfléchir à une autre solution puisqu’il n’en a pas la nécessité ? De son côté, si sa mère ne lui
dit pas qu’elle court à la ruine, le fils n’a, une nouvelle fois, aucune raison d’arrêter. C’est un cercle qui s’auto-
alimente.
À noter :
 On appelle les demandes faites d’une manière indirecte, les « invitations symbiotiques« , elles invitent à la
symbiose : l’autre peut l’accepter et prendre en charge, l’ignorer ou la reformuler pour faire en sorte que la
demande soit dite expressément (mettre à jour le niveau caché de la demande).

Le scénario de vie

In Manu Larcenet, On fera avec, les Rêveurs, Coll. « On verra bien ».

Textes des bulles :

 Je n’ai pas très bien vécu mon enfance.


 Je n’attendais qu’une chose : devenir adulte. Pour moi, ça signifiait « être bien ».
 En effet, les adultes me paraissaient tous étrangers à l’angoisse, à la peur, à tous les monstres qui me peuplaient.
  Alors, dès que j’ai senti que j’étais prêt…
 … Je suis devenu un adulte.

À mon avis, le scénario est le concept AT le plus complexe.  Il est dense, avec de multiples ramifications et de
nombreux auteurs ont complété les éléments mis à jour par Eric Berne. Ce que je me propose ici c’est de vous donner
simplement l’économie globale de ce concept : je vous préviens donc que probablement vous qui venez sur cette page
avec une seule interrogation (« Mais c’est quoi le scénario ??« ) vous en repartirez avec beaucoup plus ! Si votre
envie de savoir est insoutenable, n’hésitez pas à me contacter ou à vous plonger dans un manuel !
La philosophie du scénario en AT
Pour Eric Berne et d’autres analystes transactionnels, nous naissons « Prince » ou « Princesse », c’est-à-dire dans une
position fondamentale +/+. Le petit enfant fait ensuite l’apprentissage de la vie et du monde par le biais,
majoritairement au départ, de sa famille. Au fur et à mesure que l’enfant grandit, il apprend ce qu’il est
conseillé/obligatoire/possible/pas recommandé/impossible de faire/dire/sentir selon notre environnement. Il observe,
découvre, teste, enregistre : comment il est accueilli, si ses besoins sont satisfaits ou non ou sous quelles conditions,
etc. ses parents lui transmettent des croyances, des désirs, des frustrations inconsciemment et parfois consciemment.
Pour les analystes transactionnels aussi, beaucoup de « choses » se passent avant 6 ans (mais pas tout !). De ses
premières expériences de vie, de ses différentes expérimentations et de ce qu’il a perçu de la réaction de ses parents,
de leur manière d’être au monde, l’enfant se forge ainsi un certain nombre de croyances (qui pour lui sont certitudes)
sur lui-même, les autres et le monde : et tout naturellement, il tire de ses croyances, des conclusions puis
des décisions sur ce qu’il fera dans sa vie et comment il le fera. Il est entendu que tout ce processus est inconscient.
Ce « plan de vie » comme le nomme Eric Berne1 comporte à la fois des éléments négatifs (avec un impact difficile
pour lui ou son entourage) ou positifs. Dans la mesure, où le scénario est enfermant, c’est-à-dire que c’est
une réduction et une répétition des possibles, il est en effet souvent perçu comme un carcan. Il est utile de souligner
que, pour les analystes transactionnels, le scénario que l’enfant a mis en place est pour lui et à ce moment-là,
la meilleure option possible. Ce qui n’est plus le cas une fois adulte.

En effet, l’enfant grandit sur la base de ses croyances et en fonction de ses décisions prises… mais l’environnement
change, il n’y a plus seulement sa famille ou l’école, mais la possibilité de se créer un réseau relationnel, affectif,
professionnel, de loisirs… Avec autant de comportements, d’échanges, de façons d’être, de réalisations possibles…
sauf à faire le tri et à conserver ce que nous connaissons (même à regrets) et à rejeter les autres possibilités qui ne
cadrent pas avec notre vision de nous-mêmes ou du monde. L’idée est alors de revisiter ses croyances scénariques qui,
aujourd’hui, ne sont peut-être plus adaptées, de se réapproprier ses modèles introjectés, de s’assurer du plus grand
contact possible avec la réalité telle qu’elle est, en un mot : de conscientiser.

Le matériel de scénario

On appelle ainsi les éléments constitutifs du scénario, en voici cinq essentiels :

– les injonctions et les permissions : imaginez un continuum avec à une extrémité les injonctions, à l’autre les
permissions. Lorsque le curseur penche du côté injonctions, les parents délivrent à leur enfant des messages
d’interdits, négatifs : on parle aussi de messages inhibiteurs (de l’Enfant libre au sens États du moi). À l’inverse, du
côté des permissions, ce sont des messages positifs, d’autorisation. En tous les cas, il s’agit de
messages inconscients verbaux ou non verbaux (niveau psychologique). Les injonctions sont multiples, on les
regroupe souvent en 12 grandes catégories : par exemple une injonction de type « N’existe pas » peut conduire le
destinataire à des comportements suicidaires, « Ne grandis pas » inhibe la personne dans tout ou partie de sa vie
(incapacité à se prendre en charge…).
– le programme : c’est le « mode d’emploi » comportemental fournit par les parents à l’enfant pour lui montrer
comment concrètement mettre en œuvre les injonctions et les permissions. (Exemple : quelqu’un qui aurait une
injonction « ne sois pas proche » et une contre-injonction du type « Il faut être marié et avoir trois enfants », pourra
combiner le tout en étant marié et en étant systématiquement en voyage d’affaires, ou infirmière de nuit – ce qui, je le
précise, n’est pas le cas de tous les voyageurs d’affaires ou de toutes les infirmières de nuit…).
– les contre-injonctions : également appelées « messages contraignants », ce sont des messages verbaux destinés à
enseigner à l’enfant un comportement en société. Ils sont bien sûr essentiels à un savoir vivre en commun. À l’inverse,
s’ils sont trop prégnants, on pourra retrouver chez la personne l’emprunte forte d’un « masque social » (« Les gens
bien sous tous rapports »).
– la décision scénarique : en fonction des divers messages et signes de reconnaissance que l’enfant reçoit, de ses
expériences, il « décide », inconsciemment, de ce qu’il va en faire et de ce qu’il va mettre en œuvre dans sa vie :
« Puisque c’est comme ça je vais… je serai… ». À la décision cognitive s’ajoute également un vécu émotionnel,
corporel et affectif.
Il est possible de représenter la construction du scénario par un schéma comme suit que l’on appelle « matrice de
scénario ». Voici une matrice de scénario telle que Claude Steiner2 la propose. Vous découvrez ainsi une première
mise en pratique des États du moi.

 À noter :
 Il existe différents niveaux de gravité de l’aspect négatif du scénario : du niveau vital – la tragédie pure et dure de
l’adolescent ou de l’adulte qui s’autodétruit par l’un des nombreux moyens à sa disposition, ou la femme battue
par exemple – au niveau difficile à vivre mais où la vie  n’est pas en jeu a priori : « l’incompétence affective »
chronique, etc. Il y a également des scénarios très positifs : je rêve d’être un grand marin, je le deviens et j’en suis
très heureux, j’ai vraiment le sentiment d’être et de faire ce pour quoi je suis là.
 Le scénario ne se construit pas seulement sur la base d’éléments reçus des parents, mais sur l’interprétation que
l’enfant en a fait.
 On retrouve dans la notion de répétition scénarique le parallèle avec celle de « compulsion de répétition » du cadre
de référence psychanalytique.
 Si le scénario c’est « ma vie telle que je la prévois », il est clair cependant que beaucoup d’événements
indépendants de ma volonté vont arriver. Il n’empêche pas que la manière dont je vais vivre cet événement va être
marquée du sceau du scénario : l’Etat préempte mon terrain pour construire une autoroute ? « C’est scandaleux »
ou « Ça n’arrive qu’à moi, et puis on aurait jamais du venir s’installer ici », etc. ou « C’est l’occasion que je
cherchais pour vendre sans aucune démarche », « Je vais en avoir un bon prix »…
 À la lumière de ce concept, aller vers l’autonomie au sens AT c’est se libérer des aspects négatifs de son scénario ;
retrouver une pleine marge d’action, de penser, de sentir, être au monde en toute conscience.

L’autonomie
L’autonomie, selon Eric Berne, c’est un chemin. Devenir autonome, en Analyse transactionnelle, c’est développer la
faculté à parcourir la vie en faisant des choix clairs et en les assumant, à avoir conscience de ses propres besoins et à
savoir les satisfaire.

Si je fais référence au concept de scénario, être autonome consiste à ne plus être soumis aux aspects négatifs de
son scénario (des schémas de répétition notamment).

Quels sont les critères de l’autonomie ?


Devenir autonome, pour Eric Berne, cela signifie élargir et amplifier nos compétences à :
 avoir une conscience claire : je suis en contact avec la réalité, avec l’ici et maintenant – et non avec l’ailleurs à un
autre moment, passé ou futur. Cela signifie que j’accepte la réalité telle qu’elle est, que je ne la filtre pas ou que je
ne la déforme pas et que j’ai conscience des conséquences de mes choix. J’ai ainsi conscience par exemple que le
temps qui passe ne reviendra plus, je ne confonds pas mon conjoint et l’un de mes parents, etc.
 être spontané : j’utilise mes trois Etats du moi avec fluidité, librement et en conscience. Je ne suis pas bloqué dans
l’un d’eux : j’ai à ma disposition un large panel de réactions à l’environnement et je m’en sers avec justesse et
cohérence (voir les États du moi – l’illustration du paragraphe « Quels sont les liens entre États du moi structurels
et fonctionnels ?« )
 être capable d’intimité : je suis capable d’être dans une relation authentique avec l’autre, je peux partager des
moments d’émotions vraies – et non jouées – sans jugements ou inhibitions : la joie sûrement, mais je peux aussi
exprimer, montrer ma colère ou ma peur et demander à être rassuré.
À noter :
 L’intimité correspond à la même notion que celle que vous pouvez trouver dans la structuration du temps.
 Dans le champ organisation le concept d’autonomie trouve aussi toute sa place ; il est possible d’aider une
entreprise à avoir une plus grande autonomie (sortir des processus négatifs – conflits, passivité… – et retrouver le
chemin de la pleine activité).

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