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République du Cameroun Republic of Cameroon

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Paix – Travail – Patrie Peace – Work – Fatherland
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Université de Maroua The University of Maroua
**** B.P./P.O. Box : 46 Maroua ****
Ecole Nationale Supérieure Polytechnique Email : institutsupsahel.uma@gmail.com National Advanced School of Engineering of
**** Site : http://www.uni-maroua.citi.cm Maroua
Département d’Agriculture, d’Elevage et des ****
Produits Dérivés Department of Agriculture, Livestock and Derived
Products

PRODUCTION DES LEGUMINEUSES EN


ZONES ARIDES

MASTER I PRODUCTIONS VEGETALES

Par : M. YAKOUBA OUMAROU

ANNEE ACADEMIQUE 2017/2018

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OBJECTIFS DU COURS :
Les plantes de la famille des Légumineuses revêtent une importance particulière au point de vue
nutritif et économique, mais aussi pour leur impact sur l'amélioration des pratiques agricoles dans
toutes les régions du monde. Le présent cours a pour objectif de donner aux étudiants, les bases de la
production des plantes légumineuses. Il s’agira de traiter des aspects se rapportant à leur biologie, à
leur itinéraire technique de production ainsi que leur intérêt.

CONTENU DU COURS
CHAPITRE 1 : Généralité sur les plantes légumineuses

CHAPITRE 2 : légumineuses et la fixation symbiotique de l’azote atmosphérique

CHAPITRE 3 : rôle essentiel des légumineuses et leur place dans le système de culture

CHAPITRE 4 : généralités sur la culture des légumineuses

CHAPITRE 5 : étude détaillée et itinéraires techniques de quelques espèces de légumineuses


alimentaires

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REFERENCE BIBLIOGRAPHIQUES

 A.L. JONES, 1999. PHASEOLUS BEAN: Post-harvest Operations. Centro Internacional de Agricultura
Tropical 24p.
 ALAIN MAYEUX et EMMANUEL SENE, 2005 : Le développement d'une filière d’arachide de bouche au
Sénégal : un challenge pour les organisations de producteurs, Agriculture familiale,
 Boubié Vincent BADO, 2002. Rôle des légumineuses sur la fertilité des sols ferrugineux tropicaux des zones
guinéenne et soudanienne du burkina faso. Thèse présentée à la Faculté des études supérieures de l’Université
Laval pour l’obtention du grade de Philosophiae Doctor (Ph. D.). 197p.
 BRAHIM EZZAHIRI et AHMED SEKKAT 2001 : Les Maladies et Ravageurs de l’arachide Identification et
moyens de lutte. Transfert de Technologie en Agriculture, 86(1-4).
 CÉCILE WALIGORA et THIERRY TETU, 2008. Légumineuses : il est urgent de les réhabiliter techniques
culturales simplifiées. N°48 (12-22).
 Fatma LAZREK - BEN FRIHA, 2008. Analyse de la diversité génétique et symbiotique des populations
naturelles tunisiennes de Medicago truncatula et recherche de QTL liés au stress salin. Thèse présentée en vue
de l'obtention du doctorat de l’université de Toulouse. 255 p.
 Hien, V., Sedogo, P.M., Lompo, F. 1993. Étude des effets de jachères de courte durée sur la production et
l'évolution des sols dans différents systèmes de culture du Burkina Faso. Dans Floret, C. ; Serpentié, G. ( dir. ),
La jachère en Afrique de l'Ouest. Éditions de l'Orstom, Paris (France). Colloques et séminaires. p. 171–178.
 J. C. Mauboussin 1968. Problèmes agronomiques posés par la culture de l’arachide en zone de savane. 237-
252pp
 MESSIAEN C.M., 1989 : le potager tropical, 2è édition entièrement refondue, presse universitaire de France.
580p.
 NYABYEENDA P., 2005 : Les plantes cultivées en régions tropicales d’altitude d’Afrique : généralités,
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GEMBLOUX. 223p.
 P. MASSON et G. GINTZBURGER, 2000. Les légumineuses fourragères dans les systèmes de production
méditerranéens : utilisations alternatives. CIHEAM 1(395-406).
 Pieri, C. 1989. Fertilité des terres de savanes. Bilan de trente ans de recherche et de développement agricoles au
sud du Sahara. Ministère de la coopération et du développement, Centre de coopération internationale en
recherche agronomique pour le développement, Paris (France). 444 p.
 RIENKE NIEUWENHUIS et JOKE NIEUWELINK, 2005. La culture du soja et d'autres légumineuses ;
Série Agrodok No. 10 ; Fondation Agromisa, Wageningen, 75 p.

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CHAPITRE 1 : GENERALITES SUR LES LEGUMINEUSES
1.1. Introduction
Dans son cours de botanique, Gaston Bonnier écrivait que « La famille des Légumineuses ou
Fabaceae est une des plus importantes parmi les dicotylédones... C'est la famille végétale qui fournit
le plus grand nombre d'espèces utiles à l'homme, qu'elles soient alimentaires, industrielles ou
médicinales ». La famille des légumineuses est certainement, avec celles des graminées, l’une des
celles qui renferment le plus de plantes utiles à l’homme, pour son intérêt tant alimentaire
qu’agronomique.
Sur le plan alimentaire, les légumineuses interviennent aussi bien dans l’alimentation humaine
qu’animale. Sur le plan agronomique on connait depuis longtemps le rôle joué par les légumineuses
pour la fertilité et la conservation des sols. Les légumineuses occupent aujourd’hui une place
importante dans l’agriculture tant du point de vue économique que vivrier. Elles occupent la deuxième
place, après les céréales, pour les terres cultivées et la production.
1.2. Taxonomie de la Famille Légumineuses ou Fabacées
La famille des Fabacées compte plus de 18000 espèces regroupées en 714 genres, de formes et types
de croissance très diversifiées. Elles se répartissent sur tous les continents et sous toutes les conditions
climatiques. Sur la base de leurs caractéristiques florales, les botanistes s'entendent à regrouper ces
espèces sous trois sous-familles : les Caesalpinioideae, les Mimosoideae et les Papilionoideae.
Nonobstant leurs différences florales, tous les taxons des Fabacées produisent la même sorte de fruit,
les gousses, formées par un seul carpelle possédant deux zones de suture opposées qui, chez les
espèces spontanées, s'ouvrent à maturité pour expulser les graines.
- La sous-famille des Caesalpinioideae (Figure 1 A) considérée comme la plus primitive, elle
comprend environ 2 300 espèces réparties en 171 genres et 4 tribus Cette sous-famille
rassemble principalement des arbres ou arbustes retrouvés en régions tropicales et
subtropicales. Les espèces possèdent des fleurs aux corolles irrégulières (zygomorphes) et sont
représentées par des arbres, arbustes et herbacées vivaces. Les genres Caesalpinea (35 espèces),
Cassia (450 espèces), Cercis (7 espèces) et Gleditzia (75 espèces) sont représentatifs de cette
sous-famille.
- La sous-famille des Mimosoideae (Figure 1 C) comprend environ 3 300 espèces regroupées en
77 genres Ce sont surtout des arbres et des arbustes des régions tropicales et subtropicales.
Elles produisent des fleurs régulières (actinomorphes) regroupées en inflorescences denses. Les
genres Acacia (350 espèces), Calliandra (150 espèces), Mimosa (380 espèces) et Prosopis (22
espèces) sont les plus représentatifs.
- La sous-famille des Papilionoideae (Figure 1 B) constitue la plus grande sous-famille des
Fabaceae avec 28 tribus, 478 genres et environ 13 800 espèces Les membres de cette sous-
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famille sont principalement des herbacées. C'est parmi cette dernière catégorie que nous
retrouvons toutes les espèces importantes utilisées pour l'alimentation humaine directe ainsi
que les plantes de pâturage les plus importantes utilisées par les agriculteurs.

Figure 1.- Les espèces des sous-familles des Fabacées diffèrent dans leurs caractéristiques florales :
A) Mimosa, comme toutes les espèces de la sous-espèce des Mimosoideae, possède des fleurs
régulières de petites dimensions regroupées en faisceaux ; B) les Caesalpinoideae, illustré par Cassia,
possède des fleurs irrégulières dans lesquelles le pétale supérieur est situé à l'extérieur des autres
pétales et les étamines sont généralement libres ; C) le haricot commun, comme la plupart des autres
espèces des Faboïdeae, possède des fleurs irrégulières dont le pétale supérieur (étendard) est situé à
l'extérieur des pétales latéraux (ailes). La quille formée de deux pétales inférieurs soudés renferme le
style et les étamines soudées et regroupées de diverses façons (modifié de Simpson & Ogorzaly 1995).

1.3. Caractéristiques botaniques


Au niveau de l'appareil végétatif, les Fabaceae sont représentées par des plantes à port très variable,
herbacées annuelles ou vivaces, dressées, lianes ou plantes volubiles, arbustes et même arbres. Les
plantes ligneuses (arbres, arbrisseaux), ordinairement regroupées dans les Caesalpinioideae et les
Mimosoideae, se trouvent préférentiellement dans les régions chaudes (tropicales ou
méditerranéennes). Les herbacées, représentées généralement par les Faboideae, prédominent plutôt
dans les régions tempérées. Les lianes volubiles (Phaseolus, Physostigma) peuvent s'enrouler par des
vrilles.
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Les feuilles alternes, stipulées, sont primitivement composées. L'évolution foliaire conduit à des
feuilles réduites : disparition de la foliole terminale ou transformation des folioles terminales en vrille
(pois) ; réduction à 3 folioles comme le trèfle ; réduction à une seule foliole chez les feuilles supérieure
des Genêts à balais ; réduction à deux folioles latérales (Lathyrus sativus) qui peuvent même
totalement disparaître; transformation des stipules en épines (Robinia, Gleditsia)9. Cette réduction peut
être telle que les fonctions photosynthétisques sont transférées aux tiges ou aux pétioles.
On observe normalement la présence de nodules racinaires (plus rarement caulinaires) fixateurs de
l’azote atmosphérique sur les racines chez les Papilionoideae et les Mimosoideae, alors qu'ils sont
absents chez la plupart des Caesalpinioideae. Ces nodosités présentes chez 88 % des Légumineuses
sont le résultat d'une symbiose entre des bactéries fixatrices d'azote, essentiellement les rhizobiums, et
ces différentes espèces de légumineuses.
Le système racinaire est généralement pivotant, permettant une association fréquente des
Légumineuses aux Graminées dotées d'un système racinaire fasciculé. Ce système permet une
meilleure exploration du sol grâce à la racine pivotante qui pompe l'eau à de grandes profondeurs et
aux nombreuses racines secondaires (ces racines et radicelles se déploient à quelques centimètres de la
surface du sol, mais à plusieurs mètres de la plante) et contrebalancent le phénomène de feutrage (les
racines superficielles des Graminées s'entremêlent et finissent par former à la surface du sol un tapis
serré appelé « feutre »).
Les fleurs hermaphrodites, sont groupées en inflorescences de formes variées : grappe souvent
allongée, épi, glomérule sphérique ou cylindrique. L'inflorescence peut être réduite à une seule fleur ou
regrouper et condenser les fleurs pour former une structure mimant une fleur unique (Mimosoideae du
genre Dichrostachys, Neptunia et Parkia).

1.4. L’intérêt des légumineuses


1.4.1. Intérêt alimentaire
Les légumineuses à graines constituent toujours une part importante de l’alimentation du monde,
particulièrement dans les Pays en Développement où elles sont la principale source de protéines pour
l’homme. Les graines de légumineuses sont plus riches en protéines et moins riches en glucides que
celles de céréales (Tableau 1) : on distingue les espèces à graines riches en protéines et en huile, sans
amidon, classées comme oléagineux (soja, arachide) et les espèces à graines riches en protéines,
classées comme protéagineux (pois, féverole) ou légumes secs (haricot, lentille, pois chiche). D’autres
constituent d'excellents fourrages.
 Alimentation humaine : les légumineuses sont précieuses pour l’alimentation humaine. Leurs
grains secs contiennent 20 à 30 % de protéines : en comparaison, les graines des céréales n’en
contiennent que 8 à 10 %, la matière sèche des tubercules 3 à 9 %. De plus les protéines des
légumineuses, riche en lysine, compense la carence des céréales en cet acide aminé

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indispensable. On se souviendra cependant qu’à l’état cru, les graines mûres de légumineuses
sont le plus souvent toxiques, car elles contiennent des antitrypsines, des hémagglutinines et
parfois des glucosides cyanhydriques. Dans la plupart des cas, la cuisson détruit ces substances.
Les graines immatures sont moins toxiques et peuvent dans certains cas, être consommées
crues (soja, fèves, arachides ect.) après élimination du tégument.
 Alimentation animale : Les légumineuses ont une bonne digestibilité, et ce sur l’ensemble du
cycle. Ceci est lié à l’importance des feuilles par rapport aux tiges. Les feuilles sont toujours
plus digestibles car peu lignifiées, riches en matières azotées et en matières minérales. Les
espèces les plus rencontrées dans les parcours sont celles issues des genres Vigna, Tephrosia et
Indigofera.
Tableau 1 : Composition des réserves de quelques graines d’espèces cultivées. D’après Bewley et
Black (1994)

1.4.2. Intérêt agronomique


L’intérêt agronomique des légumineuses relève de leur capacité à fixer de manière symbiotique de
l’azote atmosphérique par le biais des bactéries fixatrice d’azote du genre Rhizobium. Les
légumineuses, comme nous allons voir un peu plus tard, jouent aussi un rôle très important dans la
conservation des sols.
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1.4.3. Intérêt environnemental
Les légumineuses sont, d'une manière générale, des plantes « pionnières » et jouent de ce fait un rôle
important dans la végétalisation des sols. Leur capacité à fixer l'azote atmosphérique leur permet de se
développer les premières dans des sols pauvres. Ceci permet également de réduire le besoin d'engrais à
base d'azote synthétique et contribution à la réduction de gaz à effets de serre. Elles permettent par la
suite à d'autres espèces de se développer. Beaucoup d'espèces de cette famille sont utiles pour les
pollinisateurs.
Quand elles sont introduites dans l'alimentation animale, elles contribuent à améliorer le taux de
conversion des aliments en réduisant, au même moment, les émissions de gaz à effet de serre
1.5. Production des légumineuses dans le monde et au Cameroun
La production mondiale de légumineuses cultivées pour leurs graines dépasse les 300 millions de
tonnes annuelles, dont les deux tiers pour le seul soja. L'Inde est à la fois le premier producteur et
importateur mondial de légumineuses. Le Canada, le Myanmar, l'Australie et les États-Unis sont des
exportateurs importants.
Au Cameroun, l’inventaire détaillé des légumineuses alimentaires d’origine africaine montre que les
principales légumineuses cultivées au Cameroun sont :
- L’arachide : l’arachide (Arachis hypogaea) est cultivée dans les cinq (5) zones agro-
écologiques du Cameroun. Elle y occupe les premiers rangs dans la hiérarchisation des
spéculations par les producteurs. En 2011, elle couvrait une superficie de 403 475 hectares pour
une production annuelle de 564230 tonnes (AGRISTAT, 2015), essentiellement concentrée
dans les départements de la Bénoué, du Mayo-Tsanaga et du Mayo-Louti. Les rendements
restent faibles, environ 1,5 tonnes/ha (AGRISTAT, 2015) comparés à 3,5 tonnes/ha obtenus
dans des conditions de sol et de climat similaires au Congo en culture pure utilisant les variétés
améliorées et une fertilisation phosphatée et potassique.
- Le haricot commun (Phaseolus vulgaris) : il est largement cultivé dans le monde. En 2006, la
production mondiale de haricots secs, selon les statistiques de la FAO, s'est élevée à 28,6
millions de tonnes, dont 200 000 tonnes produites par le Cameroun (17e producteur mondial)
sur un total de 297371 hectares soit un rendement de 1,23 t/ha en 2011. Il faut relever que cette
production nationale reste très infime.
- Le niébé : le niébé (Vigna unguiculata) est une légumineuse importante dans la plupart des
communautés africaines où il est cultivé. C’est la plante vivrière la plus importante et la plus
cultivée dans les régions d’Afrique tropicale. Dans le monde, la production du niébé est
estimée à 3,3 millions de tonnes pour une superficie de 12,5 millions d’hectares, dont 68% est
attribuable à l’Afrique. Au Cameroun, la production annuelle du niébé a été estimée en 2011 à
environ 154914 tonnes sur une surface totale de 282763 hectares (AGRISTAT, 2015).

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- Le Soja (Glycine max) est une culture très importante aussi bien dans l'alimentation humaine
qu'animale. Au Cameroun, le soja était surtout cultivé dans la zone des hauts plateaux de
l’ouest où un paquet de technologies (variétés, dates et densités de semis, système de culture,
conservation des semences) avait été mis au point et vulgarisé en milieu paysan. La production
annuelle nationale a été estimée en 2006 à 7 555 tonnes sur une superficie de 12 135 hectares
soit un rendement de 623 Kg/ha. Depuis 2007-2008, l’IRAD en partenariat avec la
SODECOTON a entrepris un programme de diversification des cultures en rotation avec le
cotonnier. A cet effet, une introduction de la production intensive de soja a été effective en
milieu paysan. En 2012, la production de soja bénéficiant de l’accompagnement de la
SODECOTON a avoisiné 15 000 tonnes.
- Le voandzou : le vouandzou (Vigna subterranea) est une légumineuse originaire d'Afrique
occidentale. Encore appelé pois bambara ou pois de terre, cette plante herbacée est cultivée
pour ses graines qui se récoltent sous terre à l'instar des arachides. La production du voandzou
au Cameroun en 2011 est estimée à 30876 tonnes sur une superficie de 36220 hectares.
- Les espèces fourragères : on note une diversité de légumineuses fourragères. Le soja est l'une
des principales sources de protéines en alimentation animale. Le pois protéagineux et la
féverole sont cultivés dans ce but. Différentes espèces comme la luzerne, les trèfles, le sainfoin,
le lotier… jouent un rôle essentiel dans la valeur des prairies.

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CHAPITRE 2 : LES LEGUMINEUSES ET LA FIXATION SYMBIOTIQUE DE L’AZOTE
ATMOSPHERIQUE

2.1. Introduction

La faible productivité agricole dans beaucoup de pays tropicaux est liée à la pauvreté des sols en
éléments minéraux indispensables aux cultures. L’utilisation de variétés cultivées à haut rendement
visant à diminuer le déficit alimentaire dans ces pays est freiné par deux difficultés : l’épuisement
rapide de ces sols, encore accéléré par les aléas climatiques et la cherté des engrais chimiques qu’il est
nécessaire d’importer en quantités importantes. La solution à adapter pour répondre à ses deux
préoccupations est de planter les végétaux fixateurs d’azote. La spécificité de la famille des
légumineuses est leur aptitude à fixer l’azote en symbiose avec des bactéries du sol,
principalement du genre rhizobium. La plante fournit l’énergie, et le microorganisme l’azote
assimilable à partir de l’azote de l’air (N2). C’est un système biologique complexe et passionnant que
nous devons maximiser en agriculture.

2.2. Importance de l’azote dans la nutrition des plantes


L’azote est l’un des éléments nutritifs majeurs utilisés par les plantes. C’est le quatrième constituant
des plantes qui est utilisé dans l’élaboration de molécules importantes comme les protéines, les
nucléotides, les acides nucléiques et la chlorophylle. L’azote favorise l’utilisation des hydrates de
carbone, stimule le développement et l’activité racinaire, favorisant ainsi l’absorption des autres
éléments minéraux et la croissance des plantes. Il est essentiel pour la synthèse des enzymes de la
photosynthèse. Les plantes absorbent l’azote sous forme de nitrates (NO3 -) et d’ammonium (NH4 +).
L’importance relative de chacune de ces formes dépend de l’espèce végétale et des conditions du
milieu.
2.3. Les principales sources d’azote
2.3.1. Le sol
La première source d’azote utilisée par les plantes est l’azote du sol. En absence de tout apport
d’engrais les plantes non fixatrices d’azote utilisent l’azote du sol durant leur cycle physiologique.
Même les plantes fixatrices d’azote atmosphérique utilisent d’abord l’azote de la semence et du sol
durant la première phase de la croissance. L’azote du sol est essentiellement sous forme organique.
C’est par minéralisation que la matière organique du sol libère l’azote utilisable par les plantes.
2.3.2. Les amendements organiques
Les amendements organiques incorporés aux sols sous forme de fumier ou de compost constituent une
source d’azote et d’humus. Les résidus de récolte, les composts, les fumiers de ferme, les jachères
naturelles sont des sources de matière organique de qualité différentes. Chaque type d’amendements
organiques influe selon sa nature sur la fourniture de l’azote et sur les propriétés physico-chimiques et

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biologiques du sol. La qualité des amendements organiques et leur capacité à fournir l’azote sont
généralement évaluées par le rapport C/N. Les amendements organiques à C/N inférieur à 20 se
décomposent plus vite, l’azote se minéralise rapidement et sont considérés comme étant de meilleure
qualité. À l’inverse les amendements organiques à C/N supérieur à 60 se décomposent moins vite et
sont considérés comme étant de mauvaise qualité.
2.3.3. Les engrais minéraux
L’azote du sol et des amendements organiques ne suffisent pas pour atteindre des rendements
optimums. Des engrais minéraux azotés sont utilisés comme complément d’azote pour augmenter les
rendements et intensifier la production végétale. Environ 80% des engrais utilisés en Afrique
subsaharienne sont importés et la principale cause de cette faible utilisation des engrais est leurs coûts
relativement élevés comparativement aux faibles revenus des producteurs. L’urée (46% de N) reste
l’engrais minéral azoté le plus populaire.
2.3.4. Les fixateurs libres
Il existe des bactéries libres qui vivent dans le sol et assurent la fixation de l'azote, soit seules, soit en
symbiose avec d'autres bactéries. Ce sont principalement :
- des bactéries aérobies : Azotobacter, Azomonas;
- des bactéries anaérobies : Clostridium…
2.3.5. Les plantes fixatrices d’azote
La plus grande partie de l’azote de la biosphère (79%) se trouve dans l’atmosphère. Mais, seul un
nombre réduit de genres bactériens vivant librement ou en symbiose avec les plantes sont capables de
réduire l’azote moléculaire de l’atmosphère. Par la symbiose entre les bactéries réductrices de l’azote
atmosphérique, une grande partie des légumineuses utilisent principalement l’azote provenant de
l’atmosphère. Les légumineuses tropicales comme niébé (Vigna unguiculata), l’arachide (Arachis
hypogaea) et le soja (Glycine max) peuvent fixer respectivement 32 à 89, 22 à 92 et 0-95% de leur
besoin en azote dans l’atmosphère. Comme on le constate, les quantités d’azote fixé sont très variables
d’une espèce à l’autre et pour une même espèce car l’activité symbiotique est influencée par les
souches bactériennes, l’espèce végétale et les facteurs du milieu.
En dehors des légumineuses, seul un petit nombre d’espèces (quelques centaines au plus) possèdent
des nodules fixateurs d’azote. Il s’agit exceptionnellement d’une association avec les Rhizobia (on ne
connaît qu’un seul exemple : Parasponia) mais le plus souvent la symbiose est réalisée avec des
actinomycètes (bactéries filamenteuses) du genre Frankia. Dans ce cas, les plantes hôtes, dites plantes
actinorhiziennes, sont des arbres ou des arbustes. La symbiose fixatrice d’azote est un processus
complexe déterminé par les deux partenaires. L’un des systèmes les plus étudiés est celui associant les
bactéries rhizobiales avec les légumineuses.

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2.4. La symbiose fixatrice d’azote Légumineuses/Rhizobium
Les bactéries appartenant aux genres Rhizobium, Mesorhizobium, Sinorhizobium, Bradyrhizobium et
Azorhizobium ont la capacité d’interagir avec les plantes de la famille des légumineuses. Par
convention, on nomme « Rhizobium » toute bactérie, quel que soit son genre, qui est capable d’établir
une symbiose avec une légumineuse. Cette symbiose est dans la plupart des cas très spécifique. La
symbiose légumineuse/rhizobia culmine par la formation d’un nouvel organe, le nodule racinaire, au
sein duquel les rhizobia fixent l’azote atmosphérique. Le processus de nodulation commence lors de la
pré-infection, par une phase de reconnaissance entre les deux partenaires, et qui est suivie de deux
étapes quasiment simultanées, l’infection de la racine par les bactéries et l’organogenèse du nodule
(Figure 1).
Dans la symbiose rhizobium/légumineuse, les premiers fournissent à la plante des substrats azotés,
sous forme d’ammoniac. En retour, la plante fournit des substrats carbonés issus de sa photosynthèse.
2.4.1. L’étape de pré-infection : reconnaissance des partenaires
L’étape de pré-infection s’initie par un dialogue moléculaire spécifique entre les deux partenaires.
Dans un premier temps, les flavonoïdes présents dans les exsudats racinaires de la plante vont induire
chez la bactérie des gènes nod qui codent pour des protéines impliquées dans la biosynthèse et la
sécrétion de facteurs « Nod » ou FNods. Les FNods sont des signaux symbiotiques clés requis pour la
reconnaissance plante-hôte/bactérie, ainsi qu’au cours des étapes d’infection et d’initiation de
l’organogenèse nodulaire.
2.4.2. Formation des nodules ou nodosités
La première étape de l’infection consiste en l’attachement des bactéries sur les jeunes poils absorbants.
Une fois fixées à l’apex du poil en croissance, les bactéries vont induire par l’intermédiaire des FNods
la courbure du poil absorbant en « crosse de berger ». Cette déformation typique de l’infection par le
Rhizobium correspond à un recourbement à 360° du poil absorbant autour d’une micro-colonie
bactérienne. A la suite de cette déformation les bactéries pénètrent dans le poil absorbant via une
structure tubulaire appelée cordon d’infection. Les évènements cellulaires permettant l’internalisation
des bactéries restent assez mal connus. La progression des bactéries vers la base du poil absorbant se
fait grâce à l’élongation du cordon d’infection, qui est délimité du reste de la cellule par une paroi
végétale primaire.
Simultanément à l’infection des poils absorbants, certaines cellules du cortex interne se dédifférencient
et se divisent à plusieurs reprises, formant un primordium nodulaire. Quand les cordons d’infection
atteignent le primordium, certaines cellules arrêtent de se diviser et entrent dans des cycles répétés
d’endoréduplication. Elles sont alors envahies par des rhizobia qui sont relâchés des cordons
d’infection. Ensuite, la pénétration de la bactérie est faite par endocytose. Finalement, les cellules
végétales infectées et les bactéries infectantes se différencient en cellules capables de fixer et
d’assimiler l’azote appelées nodules.
12
Figure 2 : Dialogue moléculaire entre la plante et la bactérie lors de la mise en place d'une association
symbiotique fixatrice d'azote.

2.4.3. Fixation de l’azote


Une fois ces nodules formées (en général, 2 à 3 semaines après semis), les rhizobia s’y regroupent
pour y grossir jusqu’à 40 fois, formant des bactéroïdes qui vont mettre en place un réseau membranaire
étanche dans lequel ils vont produire les enzymes responsables de la transformation de l’azote : les
nitrogénases.
Une fois transformés en bactéroïdes, les rhizobia ne sont donc plus libres et n’ont plus comme mission
que de fixer l’azote de l’air. Ils sont aussi protégés des autres microorganismes de la rhizosphère.
Chaque nodule a une vie relativement courte mais est constamment remplacé en cours de saison. On
estime que la fixation symbiotique rhizobium légumineuse peut produire entre 100 kg et 300 kg
d’azote/ha/an. L’azote produit par la symbiose se retrouve, pour une partie, dans les récoltes ex-portées
(protéines des graines et fourrages) et en partie dans le sol, utilisable par les cultures suivantes. La
mise en place des nodosités n’étant effectives que 2 à 3 semaines après semis, au début de son
développement, la plante doit ainsi trouver dans le sol l’azote nécessaire à son installation. Une
légumineuse qui a du mal à démarrer ne fera jamais un beau peuplement.
13
Les nodosités sur les racines d’une légumineuse

2.5. Facteurs influençant la formation des nodosités


La présence très importante d’azote dans le milieu réduit le fonctionnement de la symbiose. Il en est de
même pour d’autres facteurs parmi lesquels on peut citer la salinité du milieu, l’acidité, la pauvreté en
phosphore, la sécheresse, les basses températures, la limitation en nutriments ou le manque d’oxygène.
Une carence en molybdène est aussi néfaste car cet élément s’avère indispensable dans les processus
de fixation de l’azote.
Le stress salin affecte à la fois les populations rhizobiennes, la légumineuse hôte et la relation
symbiotique. La formation des nodosités est extrêmement sensible à la présence de NaCl par réduction
des sites d’infection de la racine et du nombre de poils absorbants.
L’acidité du milieu modifie le nombre de nodules. Même une faible baisse du pH peut les réduire
fortement. De nombreux chercheurs ont ainsi montré que le chaulage améliore la nodulation.
Un sol mal structuré, compacté, ne peut donc pas être favorable. Les racines de légumineuses, souvent
de bon diamètre, sont néanmoins peu agressives et explorent mal un sol présentant des défauts de
structure ou s’il fait trop sec.

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2.6. Traitement des légumineuses au rhizobium
La notion de reconnaissance spécifique entre racine de légumineuses et rhizobium nous a permis de
savoir que chaque espèce de légumineuse à une espèce ou un groupe d’espèces de bactéries avec
lesquelles elle peut noduler. Lorsqu’il s’avère qu’une légumineuse ne peut former de nodule et dont la
cause est l’absence de la bactérie spécifique dans le sol, il faut traiter la plante ou l’inoculer. Cette
opération n’est pas toujours simple à mettre en œuvre. Dans plusieurs pays où la consommation des
légumineuses est déjà bien établie, il existe des laboratoires spécialisés dans la production des
différentes souches de rhizobium en fonction de la plante hôte
Il existe deux façons de procéder à l’inoculation :
- Inoculation de la graine avec du rhizobium avant de la planter ;
- Inoculation avec du rhizobium le sol du champ où on sèmera la légumineuse.
La première méthode est en général préférable car elle est plus simple à mettre en œuvre et parce
qu’elle coûte moins cher. Il arrive cependant qu’il faille inoculer le sol, quand le sol est trop acide par
exemple (pH<5), ou lorsque la graine a été traitée avec une substance chimique (fongicides,
insecticides) que les rhizobia ne supportent pas.

2.6.1. Inoculation de la graine :


La poudre contenant le rhizobium (inoculant) est tout d’abord mélangée à de l’eau et tournée jusqu’à
obtention d’une pâte boueuse.
Cette méthode est la plus couramment employée dans le monde. Les bactéries du rhizobium meurent
moins vite pendant le séchage lorsqu’on ajoute du sucre à la pâte. Il est important que les graines ne
soient pas trop mouillées car elles colleraient les unes aux autres ou seraient plus vite abîmées par la
machine à semer.
Les quantités suivantes sont conseillées pour le soja : pour 25 kg de graines, on ajoute 250 ml d’eau et
110 grammes de poudre de rhizobium. Il arrive parfois que la poudre soit ajoutée sèche à la semence
dans la machine à semer. Cette méthode est plus simple mais elle est à déconseiller car la poudre se
disperse dans l’air et est bel et bien perdue.
L’inoculation de la semence n’est effective que lorsqu’elle a lieu juste avant l’ensemencement. La
graine pré-inoculée qui est vendue dans le commerce donne la plupart du temps des résultats
décevants. Il n’est donc pas recommandé de s’en servir.

15
2.6.2. Inoculation du sol
L’inoculation du sol peut se faire à partir d’une préparation liquide ou solide.
- Mélanges liquides

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Au Sénégal, l’inoculation a donné de bons résultats lorsqu’on répand 5 litres d’une solution
comprenant 2/3 de poudre et 1/3 d’eau sur un hectare de terre. La solution est étendue au moyen d’un
pulvérisateur.
- Préparation solide
Des grains poreux peuvent être traités au rhizobium et être répartis avec les semences au moyen de la
machine à semer ou de machines spéciales qui peuvent disséminer les insecticides sous forme de
granulés dans les rangs.
Avant d’acheter un inoculant, il est bon de vérifier certaines choses, qui doivent d’ailleurs figurer sur
l’emballage :
- Le nom scientifique de l’espèce de rhizobium ;
- Le mode d’emploi ;
- Les conditions dans lesquelles le produit doit être conservé : pas au-dessus de 40° C sinon les
bactéries du rhizobium meurent. Un inoculant peut se conserver pendant 6 mois s’il est stocké à
une température d’environ 20° C. Il se conservera encore plus longtemps à une température de
4° C.
- La date d’expiration après laquelle le produit ne doit plus être employée.

17
CHAPITRE 3 : LES LEGUMINEUSES DANS LES SYSTEMES DE CULTURE

3.1. Introduction
Dans le premier chapitre traitant des caractéristiques d’ensemble des légumineuses, nous avons évoqué
le rôle alimentaire et agronomique des légumineuses. Sur le plan alimentaire, les légumineuses à
graines constituent toujours une part importante de l’alimentation du monde, particulièrement dans les
Pays en Développement où elles sont la principale source de protéines et des lipides pour l’homme.
D’autres constituent d'excellents fourrages. Surtout celles appartenant aux genres Vigna, Tephrosia et
Indigofera.
Sur le plan agronomique leur capacité à fixer de manière symbiotique de l’azote atmosphérique par le
biais des bactéries fixatrice d’azote du genre Rhizobium n’est plus à démonter. Elles jouent aussi un
rôle très important dans la conservation des sols.

Dans ce chapitre, nous nous intéresserons surtout à leur place dans le système de culture. En effet, les
légumineuses peuvent occuper de très nombreuses places dans le système cultural :

- Les légumineuses peuvent être produites en cultures fourragères pure ;


- Les légumineuses peuvent être utilisées comme plantes de couverture associées aux à d’autres
cultures ;
- Elles peuvent être utilisées dans des jachères améliorées
- Et sont des bons précédents culturaux dans un système de rotation de culture.

3.2. Rôle des légumineuses


3.2.1. Protection du sol
Certaines légumineuses peuvent servir de tapis végétal, et protègent ainsi les sols contre l’impact des
gouttes de pluie qui détruisent la structure du sol, freinent l’érosion et retiennent les particules légères
entrainées par l’érosion et qui constituent l’essentiel de la fertilité du sol. Elles sont alors semées parmi
les autres cultures, comme le maïs, qui ne recouvre pas complètement le sol. Exemples : Les résultats
de trois années d’essai ont montré que : L’association sorgho-niébé permet une réduction du
ruissellement de 20 à 30% et entraîne une réduction de l’érosion de 80% par rapport à la culture pure
de sorgho.

3.2.2. Apport de la matière organique


La matière organique joue un rôle essentiel dans la stabilité structurale du sol et est un support de
l’activité biologique. Les résultats de la recherche menée sur la dégradation des sols du Nord
Cameroun (Pieri, 1989) montrent que le stock de matière organique du sol diminue à un rythme moyen
de l’ordre de 2% par an dans la zone. Ce qui équivaut à une perte de la moitié du stock organique en
18
35 années de culture. Pour chaque sol il existe un seuil du taux de matière organique en deçà duquel le
potentiel de production du sol ne peut plus être maintenu. L’apport de matière organique est l’un des
premiers effets de l’utilisation des légumineuses comme plantes de couverture.

3.2.3. Amélioration du bilan hydrique du sol


Comme tout couvert herbacé dense, les légumineuses utilisées en couverture (vivantes ou morte), en
limitant le ruissèlement et en réduisant l’évaporation, peuvent améliorer considérablement le bilan
hydrique du sol. Cependant, utilisées comme couverture vivantes ont besoin elles même de l’eau pour
leur croissance et peuvent alors concurrencer les autres cultures. Le système racinaire d’une
légumineuse de couverture devra donc, dans la mesure du possible explorer un niveau différent de
celui de la culture principale.

3.2.4. Amélioration du bilan minéral


Le rôle le plus connu des légumineuses est la fixation symbiotique de l’azote atmosphérique (N2) dans
le sol. La fixation de l’azote par la symbiose Rhizobium-légumineuses apporte annuellement 200–300
kg N ha-1. Selon Danso (1995), l’azote de la fixation symbiotique a une contribution plus
importante pour la croissance des plantes par rapport à celui des engrais azotés appliqués dans
l’agriculture des pays en développement. Les résidus des légumineuses sont plus riches en azote et
contribuent à enrichir le sol en cet élément.
Un autre rôle qui leur est également dévolu est le recyclage des éléments nutritifs du sol, N, P, K, Ca,
Mg, grâce à un enracinement beaucoup plus profond que celui des céréales ou même le coton.

3.2.5. Limitation de l’infestation par les mauvaises herbes


L’utilisation des plantes de couverture en général implique un remaniement minimal du sol à l’endroit
du semis (pas de labour, pas de sarclage mécanique, pas de buttage). La suppression des opérations
mécaniques empêche la remontée en surface, et donc la germination, des graines d’adventices enfouies
en profondeur. Elle limite la multiplication végétative de quelques adventices majeurs rencontrés en
zones arides comme Commelina spp. et Cyperus spp.
D’autres parts, la couverture du sol par une biomasse vivante ou morte agit également sur le contrôle
des adventices par ombrage, allélopathie et encombrement mécanique. De nombreuses adventices sont
photosensibles et ne peuvent pas germer une fois placées sous une couverture végétale. Celles qui
germent sont limitées dans leur croissance et leur développement. L’ombrage diminue également la
température de surface du sol ce qui peut empêcher la germination du striga. Certains exsudats
résultants de la décomposition des couvertures inhibent la croissance de certains adventices. Exemples
des légumineuses utilisées comme plantes de couverture : Arachis pintoi, Calopogonium mucunoides,

19
Canavalia ensiformis, Cassia rotundifolia, Centrosema pubescens, Mucuna pruriens var. utilis,
Pueraria phaseoloides etc.
3.3. Les légumineuses et la culture fourragère pure
La culture fourragère pure est très rarement pratiquée en zone soudanienne. Cependant, dans une
optique de production de biomasse, les légumineuses tropicales sont rarement utilisées en pure parce
qu’elles produisent beaucoup moins et que leur mise en place est lente, beaucoup plus lente que celle
des mauvaises herbes. Il vaut mieux utiliser des graminées, parce qu’elles produisent beaucoup plus et
présentent de solide rusticité. Cependant un défaut des graminées si l’on veut les produire beaucoup
dans un but fourrager est leur forte consommation en azote. Ainsi, dans une optique d’économie
d’engrais, on peut les associer avec des légumineuses ; ainsi l’association stylosanthes hamata et
panicum maximum a été installé sur un grand nombre d’hectare (3000 ha) à Korogho en Côte d’Ivoire.
3.4. Les légumineuses dans l’association des cultures
Les agronomes ont imaginé depuis longtemps d’associer des légumineuses aux plantes sarclées,
céréales ou coton. Cette pratique se rencontre un peu partout dans le monde, malgré qu’elle soit
aujourd’hui délaissée en Europe à cause de la mécanisation de l’agriculture. Les associations des
cultures en général et particulièrement avec les légumineuses sont pratiquées pour plusieurs raisons :
- Quand le niveau des ressources pluviométriques est particulièrement faible et variable,
l’association permet d’espérer une stabilité du rendement global avec une stratégie de
limitation de risque. Si l’année est mauvaise pour une espèce, elle peut ne pas l’être pour une
espèce différente. Ce qui est valable pour les quantités d’eau l’est aussi pour les dates de semis,
la pression des maladies et ravageurs par exemple ;
- L’association peut être aussi une façon d’intensifier la culture, quand le facteur limitant est la
superficie et que le travail est intensif. C’est de ce type de culture que se rapprochent les
associations à base de maïs et légumineuses dans l’ouest Cameroun ;
- L’association doit fournir une production plus forte que l’ensemble des cultures pures.
- etc.
Les dispositions spatiales rencontrées dans les associations de cultures sont :

- les cultures en bandes ;


- les cultures intercalaires ;
- les cultures où les composants sont fortement entremêlés.

20
Le choix des espèces pour une association de culture doit tenir compte du rythme de croissance, du
port, du système racinaire.

3.5. Utilisation des légumineuses dans la jachère améliorée

L'intensification des cultures, entraîne toujours une baisse du niveau de fertilité. Les effets négatifs les
plus apparents attribuables à l'intensification sont la baisse du taux de matière organique associée à la
réduction de la quantité de N dans le sol, et l'infestation des terres de culture par les mauvaises herbes.
La croissance rapide de la population (plus de 3 % an-1 ) mène à l'expansion des cultures, au
déboisement et au surpâturage. La disparition du couvert végétal rend le sol vulnérable à l'érosion. Les
longs intervalles de jachère naturelle, nécessaires à la régénération de la fertilité du sol, ne peuvent
plus être pratiqués. Parmi les moyens utilisables pour résoudre ce problème (dolomie, fumier,
compost, engrais verts, etc.) il ya l’utilisation des jachères améliorées à base de légumineuses à
croissance rapide, fixatrices de N. Ces jachères sont censées remplacer les jachères pâturées
traditionnelles qui mettent longtemps à restaurer la fertilité du sol et dont l'efficacité reste faible. En

21
comparaison, elles sont de courte durée, étouffent efficacement les adventices, produisent bien plus de
biomasse au cours de la première année ( jusqu'à 20 t ha-1 de matière sèche), limitent l'érosion,
permettent de maintenir la biodiversité et améliorent la productivité du sol.
Selon Hien et al. (1993), les jachères améliorées à partir des légumineuses ( Stylosanthes, dolique,
etc. ) ou naturelles à base de graminées à forte densité racinaire ( Andropogon, Pennisetum, etc. )
peuvent contribuer au maintien de la productivité face aux exigences de l'intensification des cultures
lorsque le sol n'est pas en voie de dégradation poussée. Pieri (1989) montre à travers les travaux de
l'Institut de recherches du coton et des textiles exotiques que des jachères, même courtes, réduisent le
taux de pertes annuelles de MO. Le problème principal est de convaincre le paysan d'introduire ces
jachères de courte durée dans son système de culture avant les baisses importantes de sa production
végétale attribuables à la désaturation du complexe absorbant des sols.
Beaucoup d’espèce de légumineuse ont été testées avec succès dans les jachères améliorées (Z. Segda
et al, 1995). Les espèces comme, Mucuna pruriens ( L. ) DC var. utilis ( Wight ) Burck., Mucuna
cochinchinensis, Pueraria phaseoloïdes ( Roxb. ) Benth., Lablab purpureus ( L. ) et Cajanus cajan
( L. ) Millsp., ont montrées une bonne performance pour la vigueur à la levée, le rythme de croissance,
la couverture du sol, la hauteur ou la densité de végétation, la durée du cycle végétatif, la production
de biomasse aérienne sèche et le pourcentage et l'accumulation de N.
3.6. Les légumineuses dans la rotation des cultures
On parle de rotation culturale lorsque la même succession de cultures se reproduit dans le temps en
cycles réguliers. Les légumineuses présentent un avantage considérable lorsqu’elles sont introduites
dans une rotation avec d’autres familles des plantes :

 Intérêt pour la structure du sol


Le système racinaire souvent très développé des légumineuses favorise la structure du sol. Certaines
possèdent un pivot (luzerne) qui permet d’avoir une action en profondeur favorisant ainsi l’infiltration
de l’eau et l’alimentation des plantes…

 Intérêt pour la fourniture d’azote

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La fixation de l’azote par les légumineuses leur confère un rôle majeur dans la rotation. Les nodosités
présentes au niveau du système racinaire « captent » l’azote atmosphérique qui est directement valorisé
par le couvert présent. Cet azote est également libéré et mis à disposition des cultures suivantes après
retournement. Par exemple, au cours de la campagne, en culture associée, 30 % de légumineuses dans
une prairie équivaut à environ 100 unités d’azote fournies aux graminées.
 Intérêt pour la concurrence vis-à-vis des adventices
Fortement conseillées en associations avec des graminées les légumineuses jouent leur rôle de
concurrence vis-à-vis des adventices grâce à un recouvrement important du sol.

23
CHAPITRE 4 : GENERALITES SUR LA CULTURE DES LEGUMINEUSES
4.1. Introduction
Ce chapitre expose les facteurs qui entrent en ligne de compte dans la culture des légumineuses. Avant
que les paysans puissent se faire une opinion sur l’intérêt à cultiver une ou plusieurs légumineuses, ils
doivent être au courant d’un certain nombre de choses :
- Le type de climat qui convient aux plantes ;
- les exigences des plantes en matière de fertilité du sol ;
- la période à laquelle on peut semer les légumineuses ;
- les variétés adaptées ;

4.2. Le climat
Certaines légumineuses s’adaptent mieux aux climats frais avec des périodes de froid alors que
d’autres pousseront mieux dans un climat chaud et humide, comme dans les terres basses tropicales. Il
existe aussi des légumineuses qui s’adaptent bien à l’extrême sécheresse et à la chaleur.
Les légumineuses alimentaires ont des capacités d’adaptation très différentes aux latitudes, aux
températures, à la longueur des jours et à l’humidité. Certains poussent le mieux lorsque les
températures sont relativement basses et les journées longues alors que d’autres croissent lorsque les
températures sont élevées et que les journées durent 12 heures ou plus. C’est peut-être une des raisons
pour lesquelles on trouve presque toujours une sorte de légumineuse à cultiver, quel que soit le climat.
Il n’en reste pas moins que la capacité d’adaptation de chaque espèce ou cultivar, pris
individuellement, est assez restreinte.

4.2.1. Climats frais avec des périodes de froid sous hautes latitudes ou dans des régions
tropicales en altitude
Les graines cultivées dans les régions tempérées, comme les lentilles (Lens culinaris), les pois et autres
haricots comme les flageolets (Phaseolus sp.) et les pois chiches (Cicer arietinum) viennent
originellement de l’Asie occidentale et de la région méditerranéenne où on les cultive depuis des
milliers d’années. Au fil du temps, on les a retrouvées sur le sous-continent indien et en Chine. Les
pois et les fèves sont aussi remontés vers le nord, dans les régions froides de l’Europe du Nord. Ils ont
été également introduits plus tard en Amérique du Nord et du Sud, en Australie et en Afrique du Sud.
On en trouve aussi dans les régions en altitude d’Afrique, comme par exemple en Ethiopie et au
Kenya.
4.2.2. Climats tropicaux humides
Le soja (Glycine max) et les pois cajan (Cajanus cajan) poussent dans les climats assez chauds et
humides.
4.2.3. Climats secs/chauds
24
Le niébé (Vigna inguiculata), les haricots mungo (d’espèces Vigna aureus et Vigna mungo) et
l’arachide (Arachis hypogaea) peuvent supporter des sécheresses extrêmes et des températures très
élevées. Les arachides sont par exemple cultivées sous les régions tropicales semi-arides et à tendance
humide d’Afrique, d’Asie du Sud-Est et d’Amérique centrale situées entre 30° de latitude nord et 30°
de latitude sud.
4.3. Le sol
Le sol est un facteur très important pour la croissance des légumineuses. Les légumineuses peuvent par
ailleurs contribuer à améliorer la fertilité du sol, ce dont profiteront les cultures qui suivent.
Les légumineuses poussent sur des sols très différents. Certaines peuvent même se développer sur des
sols très acides (pH allant jusqu’à 3.8). L’arachide et les pois bambara (Vigna subterranea) poussent
sur des sols sablonneux pauvres, des sols limoneux et même sur des sols argileux comme les vertisols.
Ce dernier type de sol pose un gros problème pour la récolte des gousses souterraines. Les pois
bambaras poussent mal sur les sols calcaires, à l’inverse de l’arachide. Un bon drainage est important,
surtout pour les genres Vigna et Phaseolus.
En général, les plantes de la famille des légumineuses supportent mal les sols salins, à l’exception de
quelques espèces qui arrivent à pousser comme les pois cajan (Cajanus cajan) et les pois (Pisum
sativum).
Le soja croît le mieux sur des sols dont la texture n’est pas trop légère (sols très sablonneux) ni trop
lourde (sols argileux). Il germe difficilement sur les sols très lourds mais pousse mieux ensuite. Bien
labourés, ces sols sont à préférer aux sols légers sur lesquels la productivité est incertaine. Le soja
apprécie également les sols ayant une grande teneur en matière organique mais supporte moins bien les
sols basiques et acides. Un pH entre 5.8 et 7.8 est souhaitable. Les sols salins ne sont pas adaptés pour
le soja.

25
4.4. Variétés de légumineuses
La plupart d’espèces de légumineuses connaissent des variétés locales et de nombreux instituts de
recherche agricole dans le monde ont développé de nouvelles races ayant des qualités intéressantes
comme la résistance aux maladies et à d’autres ravageurs, de plus hauts rendements, une maturation
plus rapide, etc. Les paysans ont souvent une grande connaissance des variétés locales qu’ils cultivent
et savent quelles variétés il vaut mieux cultiver dans quelles conditions. Ils sèment souvent plusieurs
variétés de la même plante pour répartir le risque. Si un champ ensemencé avec une certaine variété est
atteint d’une maladie, d’un ravage ou souffre des mauvaises conditions climatiques, il y en a toujours
un autre, ensemencé avec une autre variété, qui résistera mieux. Les races mises au point dans les
centres agricoles peuvent être alors un bon complément. L’introduction d’une seule race ou d’une
seule variété entraîne de grands risques pour les paysans. En lançant la culture d’une nouvelle
légumineuse dans une région, il faut faire très attention à ce que les paysans aient le choix entre
plusieurs races et variétés. Si ce n’est pas possible, il est alors conseillé d’introduire plusieurs espèces
de légumineuses.
La sensibilité à la durée du jour est un facteur important pour les légumineuses car elle joue non
seulement un rôle dans le choix de l’espèce mais aussi de la variété. Exemple, le soja est sensible à la
durée du jour ; cette plante pousse quand les jours sont courts, c’est-à-dire qu’elle fleurit quand les
jours durent moins de 16 heures. Les variétés très précoces fleurissent 30 à 35 jours après les semis et
mûrissent en 75 à 105 jours. Ces variétés sont peu productives. Les variétés plus tardives fleurissent à
30-35 jours après les semis et mûrissent en 110 –140 jours. Leur productivité est bonne.

26
Les variétés tardives produisent beaucoup de feuillage, ce qui peut être intéressant dans les
exploitations agricoles intégrées où on pratique l’élevage car le feuillage de soja constitue une bonne
alimentation animale riche en protéines et digestible.

27
CHAPITRE 5 : ETUDE DETAILLEE ET ITINERAIRES TECHNIQUES DE QUELQUES ESPECES
DE LEGUMINEUSES ALIMENTAIRES : L’ARACHIDE

5.1. Introduction

L’arachide occupe une place importante dans nos systèmes agraires et dans nos économies
nationales : au plan agronomique la rotation légumineuse-céréale est à la base des successions
culturales en zones de savanes ; au plan économique, la double vocation vivrière et
commerciale de la culture, ainsi que la diversité de ses utilisations, lui ouvre des perspectives
intéressantes; au plan nutritionnel, l’apport lipidique et protéique de l’arachide complémente
efficacement des régimes alimentaires à trop forte dominante glucidique. La place de l’Afrique,
dans cette production, est encore trop faible, puisqu’elle ne couvre qu’environ le cinquième de la
production mondiale. Un grand effort reste à faire pour intensifier la production et améliorer la qualité
des produits. Notamment par la résolution des difficultés agronomiques. Le présent chapitre a pour
objectif de connaitre la plante d’arachide, ses utilités tant sur le plan agronomique qu’économique, son
itinéraire de production ainsi que les difficultés que pose cette production.

5.2. La plante

5.2.1. Origine et classification

L’arachide (Arachis hypogaea), qui est originaire de l’Amérique tropicale est une plante herbacée
annuelle. Elle appartient à la sous famille des papilionoideae de la famille des Fabaceae. L’espèce A.
hypogaea peut être subdivisée en quatre groupes différents : le groupe d’arachide spanish, le groupe
valencia, le groupe virginia, et le groupe péruvian (Runner).

5.2.2. Aire de culture

L’arachide est cultivée surtout dans les régions arides et semis arides à cause de sa résistance à la
sécheresse. Elle est produite surtout en Asie en Amérique et en Afrique. En Asie elle est répandue dans
le bassin indochinois (Chine, Inde) tandis qu’en Afrique elle est produite principalement en Afrique de
l’ouest (Nigéria, Sénégal, Mali) et du centre. sur plus de 100 pays producteurs, trois fournissent
plus de 60 % de la production mondiale (Inde, Chine, Etats-Unis), et huit plus de 75%
(sénégal, Soudan, Nigéria, Argentine, Brésil).

5.2.3. Superficie, productions et rendements


Dans la presque totalité des pays producteurs africains, l’arachide est cultivée sur des petites
exploitations familiales et plus de 50 % de la production est autoconsommée sous forme
d’huiles et de produits artisanaux (graine, pâte, sauce, etc.). L’excédent de la production est en
grande partie trituré localement, et une faible quantité d’huile et de tourteaux est exportée. Sur
les petites surfaces, la culture est entièrement manuelle, souvent associée à d’autres plantes
(céréales). Mais avec le développement de la traction animale dans certains pays, tous les
travaux peuvent être réalisés en culture attelée, y compris la récolte (arrachage).
Au Cameroun, les statiques de Essang T. (2000) montre que l’arachide est cultivée sur 222 141
hectares par 665690 exploitations agricoles pour une production de 210 503 tonnes (1998/1999). Le
Nord Cameroun représente 43% des superficies cultivées, 39% de la production et occuperait 41% des
exploitants. Les rendements à l'hectare sont de: 1169 kg/ha (province du Nord), 1000 kg/ha
(Adamaoua) et 565 kg/ha (Extrême-nord). L'arachide, le coton et le maïs sont les principales sources
de revenu des exploitations. La part de l’arachide est constituée par les montants des ventes annuelles,
28
augmentée de la valeur de la partie réservée à la consommation et aux dons au prix du marché lors de
la décision de stockage par le chef de l’exploitation. En moyenne, les revenus de l’arachide sont de
115000 Fcfa par exploitation, dont 90 000 Fcfa de ventes. Ils se situent entre ceux du coton (100000
Fcfa) et du maïs (138 000 Fcfa).
Les statistiques de la FAO montrent que pour l’année 2009, le Cameroun a cultivé l’arachide sur une
Surface totale de 300 000 ha, pour un rendement moyen en gousse de 5333 kg/ha et une production
totale de 160000 tonnes.

5.2.4. Exigences écologiques et climatique de la plante


L’arachide est cultivée depuis les plus basses altitudes jusqu’aux altitudes ne dépassant pas les 1800 m.
elle est résistante à la sécheresse et a besoin de beaucoup de chaleur. Elle a besoin des températures
élevées pour germer (32-34 °C). Le minima et le maxima étant respectivement de 15 ° C et 45 °C les
températures optimales pour la production se situent 24 et 33°C
Pour donner un bon rendement elle requiert une pluviosité de 400 à 1200 mm (selon le type
d’arachide) bien repartie sur la durée de végétation.
Au stade de fructification, l'exposition des gynophores à la lumière retarde leur croissance et les fruits
ne peuvent se développer qu'à l'obscurité.
A cause de son mode particulier de fructification, l’arachide a besoin des sols bien drainés et bien
aérés, des sols légers et meubles. Le pH peut varier de 4,5 à 8,0

5.2.5. Système de culture


Les systèmes de culture les plus répandus dans le monde est l’arachide en culture pure. Cependant
dans certain pays en Afrique la culture d’arachide est pratiquée en associée. On la trouve intégrée
au mil, maïs, riz pluvial, coton ou tabac en conditions pluviométriques plus favorables. Mais
l’arachide est cultivée aussi en culture dérobée, quand les pluies le permettent, ainsi que dans
les zones à double saison des pluies, en première ou en deuxième période, ou encore en
irrigué avec des variétés adaptées.

L’irrigation ouvre de nombreuses possibilités. La culture avec une irrigation d’appoint, offre
l’avantage d’un semis précoce. Sur les périmètres maraîchers, cette technique permet de
valoriser la morte-saison, et en même temps assure le piégeage de certaines nématodes sur les
racines. L’irrigation favorise la croissance végétative de l’arachide et limite la défoliation en fin
de cycle. Elle permet une production de fanes importante, procurant un fourrage abondant et de
bonne qualité pouvant dépasser 10 t/ha de fanes sèches. L’aspersion est le mode d’irrigation
qui convient le mieux à l’arachide car elle ne craint pas les projections d’eau. Cette technique
est couramment pratiquée dans les pays à haute technicité (Israël, Etats-Unis) avec une
irrigation périodique régulière. En culture à plat, sans pluies naturelles, l’irrigation par
aspersion nécessite 400 à 600 mm d’eau par hectare.

En irrigation par gravité, la culture est réalisée sur billons avec des écartements variant de 50
à 60 cm en lignes simples à 80 cm en lignes jumelées. Les besoins sont alors de l’ordre de 6
000 à 10 000 m3 par hectare. Cette technique est couramment appliquée dans certaines régions
comme le Soudan et le Zimbawe.

5.2.6. Morphologie de la plante

a) La Racine.

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L’arachide possède un système radiculaire particulier. Il est constitué par une racine primaire pivotante
qui s'enfonce verticalement dans le sol jusqu'à plus de 1 m de profondeur. Les racines n’ont pas
d’épiderme ni de poils absorbants. L’absorption des éléments nutritifs et de l’eau se fait directement
par le parenchyme cortical.

b) Tige, ramifications et feuilles


Le plant d’arachide développe plusieurs ramifications. Les feuilles sont pennées et possèdent 4
folioles. Ces folioles sont de forme ovales, opposées par paire et de couleur verte plus ou moins
foncée. Elles sont portées par un pétiole de 4 à 9 cm de long. A la base de ce pétiole, on trouve 2
stipules longs de 2 à 3 cm, soudés partiellement au pétiole et engainant la tige. Les groupes spanish et
valencia se différencie des groupes virginia et peruvian par le fait qu’ils ont toujours de plants de port
érigé alors que les deux autres peuvent avoir des plants à ports rampants ou érigés. Les types spanish et
valencia forme un axe central et peu de ramifications, tandis que les types virginia et peruvian ont une
ramification plutôt abondante.

c) Inflorescence, fleurs et fructification


Les inflorescences apparaissent à l'aisselle d'une feuille, d'un rameau ou, plus rarement, de la tige
principale. Sur les tiges de l'arachide, on trouve une série de nœuds qui peuvent être :
- Soit végétatifs, ils ne donnent naissance qu'à des feuilles
- Soit reproducteurs, ils donnent naissance à une inflorescence
- Soit stériles : ils devaient donner naissance à une inflorescence qui n'est pas développé.
L'inflorescence apparaît donc à l'aisselle d'une feuille d'un nœud reproducteur.
L'arachide possède 2 catégories de fleurs : des fleurs aériennes et des fleurs souterraines.
Toutes ces fleurs sont du type papilionacé et elles sont fertiles.
- Fleurs aériennes : elles sont en général de couleur jaune d'or avec souvent des stries rosées à la base
de l'étendard La fécondation est en général autogame. Après fécondation, la base de l'ovaire s'allonge
pour donner naissance à un organe appelé gynophore, à l'extrémité duquel le fruit va se développer
après sa pénétration dans le sol.
- Fleurs souterraines : elles apparaissent au début de la floraison aérienne. Elles sont cléistogammes,
c'est-à-dire qu'elles ne s'ouvrent pas et que l'autofécondation est par conséquent rigoureusement
assurée. Les fleurs qui sont très petites et de couleurs jaune sont distribuées sur les rameaux latéraux
chez les types virginia et peruvian, tandis que chez les types valencia et spanish les fleurs se trouvent à
la base et au milieu du plant. Après la fécondation, l’ovaire est enfoncé dans le sol par le
développement du pédoncule (gynophore). C’est seulement quand l’ovaire se trouve dans le sol qu’il
se développe des gousses.
Le fruit est une gousse qui contient généralement 1 à 4 graines chez le type valencia et 1 à 2 graines
seulement chez le type spanish et virginia. La couleur des graines est rouge ou crème. Les arachides
d’huileries ont une teneur en matière grasse plus élevée (supérieur à 50%). Que les arachides de
bouche (inférieur à 50 %).
Les types de plants érigés (spanish et valencia) produisent généralement les arachides industrielles
tandis que les types de plants rampants donnent des arachides de bouche.

5.2.7. Phase végétative


a) Phase de germination
Dès qu'elle se trouve en contact avec l'humidité du sol, la graine gonfle. 24 à 48 heures après sa mise
dans le sol, la radicule apparaît. 5 à 6 jours après le semis, la graine arrive au niveau de la surface du
sol et les cotylédons s'ouvrent. La germination est épigée.
30
b) Phase de croissance
La tige principale commence par croître lentement. Lorsqu'elle atteint 2 à 3 cm de long, les deux
rameaux cotylédonaires apparaissent à la base. Un peu plus tard, deux autres rameaux apparaissent en
croix par rapport aux précédents. Les premières nodosités apparaissent sur les racines 3 semaines
environ après la germination. Les cotylédons persistent très longtemps.

c) Phase de floraison
Elle commence en général de 20 à 40 jours après la levée. Elle peut se prolonger durant 2 à 3 mois.
Cette durée dépend beaucoup de l'humidité du sol. La phase de floraison utile, c'est-à-dire la durée
d'émission de fleurs qui donneront de gousses mûres, dure de 15 à 20 jours en moyenne.

d) Phase de fructification
Une semaine après fécondation, la base de l'ovaire s'allonge et se dirige vers le sol. Trois conditions
sont nécessaires pour que l'arachide fructifie convenablement :
- Le gynophore s'allonge et ne s'enfonce dans le sol que pour une humidité minimum de l'air et du sol.
- L'obscurité est nécessaire pour que les gynophores développent une gousse à leur extrémité.
A la lumière, l'ovaire ne se développe pas
- Le sol et l'eau du sol doivent contenir un pourcentage minimum d'oxygène d'où l'utilité des sols
légers et des binages fréquents

e) Phase de maturation
L'arachide est une plante annuelle. La plupart des variétés mettent en moyenne 4 mois pour accomplir
leur cycle végétatif.

5.2.8. Les variétés


D'une manière plus pratique afin de suivre les règles commerciales, on classe les principales variétés
en trois catégories :
- Arachides d'huilerie,
- Arachides de bouche,
31
- Arachides à deux fins,
Au Cameroun, l'IRAD conseille la culture des principales variétés suivantes :

Source : A. HAMASSELBE (IRAD MAROUA) ; TROPICULTURA, 2008, 26, 4, 200-205

32
Les variétés cultivées au Nord et à l’extrême- Nord Cameroun (IRAD Maroua)

Variétés Cycle (jours) Rendement kg


grain/ha

28206 120 2500

Jl24 85-90 3000

ICGV 86003 90 2500

Fleur « 11 » 90 3000

Manipenta 100 3000

5.2.9. Les techniques culturales

a) La place dans la rotation

L’arachide vient après une plante à tubercule et racines ou une céréale et avant une céréale. Toutefois,
avec une bonne protection à la levée, elle peut facilement être cultivée sur des terrains nouvellement
défrichés. Elle ne supporte pas les bas-fonds et les marais.

b) Préparation du terrain
- Choisir un sol à texture légère, meuble et perméable avec un bon drainage et des bonnes conditions
d’aération afin de facilité la pénétration des gynophores et l’arrachage aisé à la récolte, de
préférence les sols sableux. Les sols lourds et argileux ne sont conseillés qu’en cas de récolte
mécanisée et ou l’irrigation est possible ;
- Éviter les précédents arachides et il est déconseillé de cultiver l’arachide sur brousse ou jachère à
cause des myriapodes ;
- Défrichage et nettoyage du terrain ;
- Labour léger, voire un scarifiage bien qu’un labour profond soit souvent rentable ;
- Hersage du terrain: émietter les mottes de terre.

c) Les semailles

- Choix des semences :


Les arachides de semences doivent être récoltées par beau temps, séchées durant un mois, égoussés
soigneusement et mises en sac dans un local bien sec. Une bonne semence doit :
- Avoir atteint sa pleine maturité : une graine mûre et lisse et bien remplie
- Elle doit être bien constituée, intacte, c'est-à-dire posséder sa pellicule
- Elle ne doit pas présenter des blessures d'attaques d'insectes ou de traces de maladies.
- Une fois les semences bien choisies, il faut contrôler leur faculté germinative et leur énergie
germinative : on n'utilisera que des semences ayant une faculté germinative de 90% et une énergie
germinative de 80% au bout de 3 jours.
- Traitement des semences : Pour protéger les graines pendant leur germination puis les jeunes
33
plants le plus longtemps possible contre les insectes, les oiseaux et les maladies, on traite les
semences avec un insecticide, et un fongicide (Marshall/Général 35 ou du procot DS).
- Dates de semis : En culture pluviale, on préconise un semis d'autant plus précoce que la région
est à faible pluviométrie ou à saison de pluies trop courte. Aussi choisit-on la date de semis et
la variété de manière à ce que la récolte ait lieu peu de temps après l'arrêt des pluies. Ceci est
très important pour les variétés qui ont une dormance très courte, comme Valencia et qui
peuvent germer avant l'arrachage. Il faut semer l’arachide quand le sol est suffisamment
humide, sinon les graines pourrissent et sont endommagées pas les myriapodes.
- Ecartement densité et profondeur de semis : traditionnellement, l’arachide est semée en
vrac. Toutefois le semis en lignes est recommandé En terrain en pente, les lignes doivent suivre
les courbes de niveau. Les écartements varient avec la variété et l'époque de semis et le système
de culture. Au Nord et à l’extrême Nord Cameroun, les recommandations suivantes sont
conseillées :
- Semer 1 graine par poquet ;
- Écartement: 30 cm x 30 cm pour les variétés tardives et 30 cm x 15cm pour les variétés
hâtives ;
- Assurer un bon contact entre les graines et le sol en tassant moyennement le sol avec le
pied ;
- Quantité de semences: 100 à 110 kg/ha en coques ou 50 à 60 kg/ha en graines pour les
tardives et 150 kg/ha en coques ou 75 à 80 kg/ha en graines pour les hâtives ;

d) La fertilisation
- La fumure organique : l’arachide réagit très bien à la fumure organique et aux engrais
chimiques. De la fumure organique apportée au moment du semis est bénéfique à la croissance
et à la production de la culture. Elle profite également de l’arrière effet du fumier apporté à la
culture précédente.
- Engrais chimiques : l’arachide n’exporte pas beaucoup d’éléments minéraux avec la récolte.
Des engrais phosphatés sous forme de superphosphate sont recommandés.
- Fixation symbiotique de l’azote : Rhizobium cowpea, responsable de la nodulation et de la
fixation symbiotique de l’azote atmosphérique chez l’arachide est présente dans tous les sols
tropicaux. Comme l’arachide nodule spontanément dans ces sols, l’inoculation artificielle
s’avère souvent inefficace comme l’on montré beaucoup d’essais d’inoculations.
e) Entretien de la culture
L'arachide redoute surtout la concurrence des mauvaises herbes. Lorsque les plants sont âgés,
de ± 2 semaines, il faut effectuer un sarclage. Après la levée, il est parfois utile de procéder au
remplacement des manquants. Le buttage est effectué au moment de la floraison. Le buttage est
nécessaire pour rendre le sol meuble de façon à permettre aux fleurs d’arachide de pénétrer
dans le sol pour former les gynophores. Un deuxième et troisième sarclage peut s’avérer
nécessaire en cours de végétation s’il y a beaucoup de mauvaises herbes.
f) Récolte
Lors de la récolte, du fait de la floraison échelonnée dans le temps de l'arachide, toutes les
gousses ne sont pas mûres en même temps. En principe, on récolte lorsque 10% des gousses ne
sont pas mûres. Si on récolte trop tôt, le pourcentage non mûr est important, le rendement est
très faible. Si on récolte tardivement la terre durcit et l'arrachage devient compliqué, les gousses
et les fanes perdent leur qualité.
Les opérations de la récolte sont les suivantes :

34
L’arrachage: se fait, soit à la daba ou à la souleveuse. Le pivot doit être coupé à 8 ou 10 cm de
profondeur quand le sol est encore légèrement humide sinon de nombreuses gousses restent en
terre.

Le Séchage: mise en meules pour ramener progressivement le taux d'humidité jusqu'à 8 à l0%. ll
faut à cet effet éviter :
- d'arracher et de mettre immédiatement en tas les plants encore vert,
- de mettre en tas des plants mouilles.

Egoussage ou Battage: Lorsque les gousses ont atteint un taux d'humidité voisin de l0%
(environ 2 à 6 semaines après l’arrachage), on peut procéder au battage, ou égoussage, opération
qui consiste à séparer les gousses des fanes.

5.2.10. Les problèmes phytosanitaires


a) Les maladies des fontes de semis
- Agents causaux: Aspergillus niger, Rhizoctonia solani, Rhizopus
stolonifer, Fusarium spp. et Pythium spp.

- Importance : Ces maladies sont répandues en zone tropicale. Les dégâts occasionnés varient
de quelques traces à plus de 50% de manque de levée (Figure 1).
- Symptômes : Les signes de présence de ces maladies se manifestent par des manques de
levée et de dépérissement de jeunes plantules.
- Méthodes de lutte : La lutte contre les agents de fontes de semis doit être basée sur l’utilisation
de semences de bonne qualité et traitées aux fongicides. Le traitement fongicide assure la
désinfection des semences (Aspergillus niger, Rhizopus stolonifer); alors que la bonne
qualité de la semence assure une levée rapide de plantules vigoureuses pour échapper à
l’attaque des champignons telluriques (Rhizocto-nia solani, Pythium spp., Fusarium spp.). Les
fongicides Thirame, Captane, Manèbe et Oxyquinoléate de Cu sont appliqués à la semence
sous forme de poudre à la dose de 200 g de matière active par 100 Kg de semences pour
les trois premiers produits et de 60 g de matière active pour le dernier fongicide.

b) La cercosporiose
- Agent causal: Cercospora arachidicola et cercospora personata

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- Importance : La maladie apparaît en période de floraison et se développe rapidement durant
le mois d’Août, aboutissant à des défoliations pouvant dépasser 50%.

- Symptômes : La cercosporiose s’attaque à tous les organes aériens de la plante: feuilles,


pétioles, stipules, tiges, pédoncules. Sur feuilles, les symptômes apparaissent sous forme
de taches nécrotiques de formes irrégulières ou circulaires de couleur brun foncé à noirâtre
(Figure 2). Les taches parvenues à maturité ont un diamètre de 1 à 10 mm. Sur les autres
organes, les lésions sont allongées et de couleur noirâtre.

- Développement de la maladie : L’agent pathogène se conserve d’une année à l’autre sur


les débris de la culture. Les infections primaires de l’arachide sont initiées suite à des périodes
prolongées d’humidité relative élevée et à des températures journalières de 16 à 25˚C. Le
développement de la maladie est favorisée par les rosées matinales et les irrigations
fréquentes en été.

- Méthodes de lutte : La lutte contre la cercosporiose se base sur l’utilisation de deux


approches: Les méthodes culturales visent la réduction de la quantité d’inoculum dans le sol.
Cette approche se base sur la pratique d’une rotation adéquate (2 à 3 ans) et sur l’enfouissement
en profondeur des débris de la culture après la récolte. L’autre approche, qui est chimique, vise
à ralentir le taux de progression de la maladie une fois celle-ci est apparue dans une culture.
Les matiè-res actives efficaces contre la cercosporiose sont: Benomyl (300 g m.a/ha);
Thiophanate methyl (750 g m.a. /ha), Tébuconazole (125 g m.a/ha). La décision du traitement
fongicide contre la cercosporiose est basée sur la détection des premières taches de la
maladie pendant la floraison.

c) l’oïdium
- Agent causal: Oïdium arachidis
- Importance : Cette maladie, est d’une importance secondaire.
- Symptômes : Duvet blanchâtre sur les feuilles d’arachide (Figure 3).

36
d) La pourriture noire du collet
- Agent causal: Aspergillus niger

- Importance : La maladie est fréquemment observée sur la culture d’arachide. C’est l’une des
principales causes de mortalité des plantes, observées tout au long du cycle de la culture
(Figure 4).
- Symptômes : L’agent pathogène s’attaque au collet au niveau du sol et peut entraîner la mort
de la plante à n’importe quel stade de son développement. Le tissu attaqué du collet se
gonfle et devient spongieux. Il se recouvre d’une masse noirâtre de mycélium et de
conidies.
- Les méthodes de lutte : Les pertes occasionnées par Aspergillus niger peuvent être réduites
par l’utilisation de semences de qualité et traitées avec des fongicides. La progression de cette
maladie est favorisée par des périodes sèches, il est conseillé d’apporter les irrigations
d’une manière régulière pour éviter un dessèchement prolongé du sol.

e) La pourriture sèche des racines et des gousses


- Agent causal : Rhizoctonia solani

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- Importance : Cette maladie apparaît en fin de cycle et entraîne le flétrissement des branches
des plantes d’arachide et la détérioration des gousses.
- Symptômes : La maladie se manifeste sous forme de chancres localisés au niveau des racines
et des gousses. Les branches de la plante peuvent être attaquées et développent des pourritures
sèches (Figure 5).
- La lutte contre Rhizoctonia solani : elle se base essentiellement sur des méthodes culturales,
à savoir la rotation et la bonne conduite de l’irrigation et de la fertilisation azotée. L’utilisation
des céréales comme précédent peut réduire le niveau d’inoculum dans le sol. L’apport
d’eau et d’azote doit être raisonné de manière à éviter un développement excessif des
branches des plantes. Un tel développement crée des conditions favorables à l’extension de la
maladie sur les branches latérales de l’arachide en conditions humides et chaudes.

f) Pourriture blanche
- Agent causal: Sclerotium rolfsii

- Importance : Le développement de cette maladie sur arachide reste localisé à la zone


d’infestation.
- Symptômes : Les symptômes aériens de cette maladie se manifestent par le jaunissement
et le flétrissement d’une branche ou de toute la plante. Ces symptômes sont la conséquence de
l’attaque du collet par le champignon responsable de cette maladie. Dans la zone attaquée,
le champignon développe un mycélium blanc et abondant et des sclérotes de 0,5 à 2 mm de
diamètre (Figure 6).
- La lutte contre S. rolfsii : elle est de type cultural. Elle vise à réduire le taux d’inoculum dans
le sol. Elle se base essentiellement sur la rotation et l’enfouissement en profondeur des résidus
des cultures.
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g) Les nématodes à galles
- Agents causaux: Meloidogyne hapla et Meloidogyne arenarea

- Importance : les attaques sont plus ou moins localisées.


- Symptômes : Au niveau de la parcelle, on observe des aires où les plantes sont rabougries et
chlorotiques. L’examen des racines de ces plantes montre la présence de galles de tailles
variables. Les galles résultent de l’élargissement des tissus internes des racines. Des
tumeurs se développent aussi sur les gynophores et les gousses (Figure 7).
- Développement : Les espèces de nématodes à galles existent dans le sol sous forme de masses
d’oeufs, de larves J2 et d’adultes mâles. Les larves J2, résultant de l’éclosion des oeufs,
pénètrent à l’intérieur des racines, des gynophores et des gousses. Elles s’installent tout
près du tissu vasculaire. Comme conséquence de l’alimentation des nématodes, les cellules
des racines, du gynophores et des gousses se multiplient et s’élargissent, donnant lieu au
développement de galles ou de tumeurs caractéristiques. A l’intérieur des tissus, les femelles
de nématodes, de forme globuleuse, pondent 250 à 500 oeufs en moyenne. Ceux-ci vont
éclore dans le sol pour donner à nouveau les stades J2 qui sont capables d’induire de
nouvelles infections. Les conditions optimales d’infection sont des températures de 20 à
25˚C et une humidité élevée du sol.
- Méthodes de lutte : La méthode de lutte la plus pratique contre les nématodes de l’arachide
demeure la rotation des cultures. La présence de certaines cultures dans l’assolement, en
particulier le maïs et le sorgho, réduisent les taux d’infestation des sols à des niveaux
tolérables.

h) La rosette ou mosaïque de l’arachide :

C’est une maladie virale qui est transmise par les semences ou de plante à plante par le puceron Aphis
craccivora. Les plants atteints ont les dimensions réduites avec des feuilles recroquevillées et plissées.
La lutte consiste en l’utilisation des semences saines et des variétés résistantes ou tolérantes.

i) L’afflatoxine

C’est un problème de pourriture de graine en stock. Il est causé par les champignons Aspergilus flavus
et A. parasiticus.

j) Les chenilles défoliatrices : Spodoptera littoralis

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Le papillon a une envergure de 35 à 45 mm, les ailes antérieures sont ornées de lignes et de
dessins blanc jaunâtre enchevêtrés. Les ailes postérieures sont blanches (Figure 8). L’œuf
mesure environ 0,5 mm de diamètre.

La chenille est de couleur très variable: grise, noire, brune, rougeâtre; avec 2 taches triangulaires
noires situées au dernier segment abdominal. Elle mesure 3 mm après éclosion et environ 30 mm au
dernier stade (Figure 9).

La chrysalide, de forme ovale et rougeâtre mesure 15 à 18 mm de long. S. Littoralis est une


espèce migrante dont les papillons sont à mœurs nocturnes, attirés par les terrains irrigués. La
femelle est très prolifique, sa fécondité varie de 1000 à 4000 oeufs. Ceux-ci sont déposés sous
forme d’ooplaques de plusieurs centaines d’œufs recouvertes d’écailles, à la face inférieure des
feuilles (Figure 10).

Après éclosion, les chenilles restent groupées et commencent à se disperser à partir du 3ème stade;
Les chenilles consomment le feuillage avec voracité et peuvent détruire des plantes entières.

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k) Les autres chenilles défoliatrices : Spodoptera exigua Helicoverpa armigera

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l) Punaise verte: Nezara viridula

m) Lutte contre les ravageurs

La méthode de lutte la plus efficace contre ces ravageurs est la lutte chimique. Les insecticides
recommandés contre les larves des lépidoptères sont les insecticides de la famille des pyréthrinoïdes
les carbamates… La prise de décision des traitements est basée sur le niveau de l’incidence
d’attaque au niveau du feuillage et sur l’importance des populations larvaires présentes.

Les méthodes de lutte culturales (rotation, plantes pièges etc.) et biologique sont préconisées.

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