Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Cours Legumineuse Master I PV 2018
Cours Legumineuse Master I PV 2018
**** ****
Paix – Travail – Patrie Peace – Work – Fatherland
**** ****
Ministère de l’Enseignement Supérieur Ministry of Higher Education
**** ****
Université de Maroua The University of Maroua
**** B.P./P.O. Box : 46 Maroua ****
Ecole Nationale Supérieure Polytechnique Email : institutsupsahel.uma@gmail.com National Advanced School of Engineering of
**** Site : http://www.uni-maroua.citi.cm Maroua
Département d’Agriculture, d’Elevage et des ****
Produits Dérivés Department of Agriculture, Livestock and Derived
Products
1
OBJECTIFS DU COURS :
Les plantes de la famille des Légumineuses revêtent une importance particulière au point de vue
nutritif et économique, mais aussi pour leur impact sur l'amélioration des pratiques agricoles dans
toutes les régions du monde. Le présent cours a pour objectif de donner aux étudiants, les bases de la
production des plantes légumineuses. Il s’agira de traiter des aspects se rapportant à leur biologie, à
leur itinéraire technique de production ainsi que leur intérêt.
CONTENU DU COURS
CHAPITRE 1 : Généralité sur les plantes légumineuses
CHAPITRE 3 : rôle essentiel des légumineuses et leur place dans le système de culture
2
REFERENCE BIBLIOGRAPHIQUES
A.L. JONES, 1999. PHASEOLUS BEAN: Post-harvest Operations. Centro Internacional de Agricultura
Tropical 24p.
ALAIN MAYEUX et EMMANUEL SENE, 2005 : Le développement d'une filière d’arachide de bouche au
Sénégal : un challenge pour les organisations de producteurs, Agriculture familiale,
Boubié Vincent BADO, 2002. Rôle des légumineuses sur la fertilité des sols ferrugineux tropicaux des zones
guinéenne et soudanienne du burkina faso. Thèse présentée à la Faculté des études supérieures de l’Université
Laval pour l’obtention du grade de Philosophiae Doctor (Ph. D.). 197p.
BRAHIM EZZAHIRI et AHMED SEKKAT 2001 : Les Maladies et Ravageurs de l’arachide Identification et
moyens de lutte. Transfert de Technologie en Agriculture, 86(1-4).
CÉCILE WALIGORA et THIERRY TETU, 2008. Légumineuses : il est urgent de les réhabiliter techniques
culturales simplifiées. N°48 (12-22).
Fatma LAZREK - BEN FRIHA, 2008. Analyse de la diversité génétique et symbiotique des populations
naturelles tunisiennes de Medicago truncatula et recherche de QTL liés au stress salin. Thèse présentée en vue
de l'obtention du doctorat de l’université de Toulouse. 255 p.
Hien, V., Sedogo, P.M., Lompo, F. 1993. Étude des effets de jachères de courte durée sur la production et
l'évolution des sols dans différents systèmes de culture du Burkina Faso. Dans Floret, C. ; Serpentié, G. ( dir. ),
La jachère en Afrique de l'Ouest. Éditions de l'Orstom, Paris (France). Colloques et séminaires. p. 171–178.
J. C. Mauboussin 1968. Problèmes agronomiques posés par la culture de l’arachide en zone de savane. 237-
252pp
MESSIAEN C.M., 1989 : le potager tropical, 2è édition entièrement refondue, presse universitaire de France.
580p.
NYABYEENDA P., 2005 : Les plantes cultivées en régions tropicales d’altitude d’Afrique : généralités,
légumineuses alimentaires, plantes à tubercules et racines et les céréales. Les presses Agronomiques de
GEMBLOUX. 223p.
P. MASSON et G. GINTZBURGER, 2000. Les légumineuses fourragères dans les systèmes de production
méditerranéens : utilisations alternatives. CIHEAM 1(395-406).
Pieri, C. 1989. Fertilité des terres de savanes. Bilan de trente ans de recherche et de développement agricoles au
sud du Sahara. Ministère de la coopération et du développement, Centre de coopération internationale en
recherche agronomique pour le développement, Paris (France). 444 p.
RIENKE NIEUWENHUIS et JOKE NIEUWELINK, 2005. La culture du soja et d'autres légumineuses ;
Série Agrodok No. 10 ; Fondation Agromisa, Wageningen, 75 p.
3
CHAPITRE 1 : GENERALITES SUR LES LEGUMINEUSES
1.1. Introduction
Dans son cours de botanique, Gaston Bonnier écrivait que « La famille des Légumineuses ou
Fabaceae est une des plus importantes parmi les dicotylédones... C'est la famille végétale qui fournit
le plus grand nombre d'espèces utiles à l'homme, qu'elles soient alimentaires, industrielles ou
médicinales ». La famille des légumineuses est certainement, avec celles des graminées, l’une des
celles qui renferment le plus de plantes utiles à l’homme, pour son intérêt tant alimentaire
qu’agronomique.
Sur le plan alimentaire, les légumineuses interviennent aussi bien dans l’alimentation humaine
qu’animale. Sur le plan agronomique on connait depuis longtemps le rôle joué par les légumineuses
pour la fertilité et la conservation des sols. Les légumineuses occupent aujourd’hui une place
importante dans l’agriculture tant du point de vue économique que vivrier. Elles occupent la deuxième
place, après les céréales, pour les terres cultivées et la production.
1.2. Taxonomie de la Famille Légumineuses ou Fabacées
La famille des Fabacées compte plus de 18000 espèces regroupées en 714 genres, de formes et types
de croissance très diversifiées. Elles se répartissent sur tous les continents et sous toutes les conditions
climatiques. Sur la base de leurs caractéristiques florales, les botanistes s'entendent à regrouper ces
espèces sous trois sous-familles : les Caesalpinioideae, les Mimosoideae et les Papilionoideae.
Nonobstant leurs différences florales, tous les taxons des Fabacées produisent la même sorte de fruit,
les gousses, formées par un seul carpelle possédant deux zones de suture opposées qui, chez les
espèces spontanées, s'ouvrent à maturité pour expulser les graines.
- La sous-famille des Caesalpinioideae (Figure 1 A) considérée comme la plus primitive, elle
comprend environ 2 300 espèces réparties en 171 genres et 4 tribus Cette sous-famille
rassemble principalement des arbres ou arbustes retrouvés en régions tropicales et
subtropicales. Les espèces possèdent des fleurs aux corolles irrégulières (zygomorphes) et sont
représentées par des arbres, arbustes et herbacées vivaces. Les genres Caesalpinea (35 espèces),
Cassia (450 espèces), Cercis (7 espèces) et Gleditzia (75 espèces) sont représentatifs de cette
sous-famille.
- La sous-famille des Mimosoideae (Figure 1 C) comprend environ 3 300 espèces regroupées en
77 genres Ce sont surtout des arbres et des arbustes des régions tropicales et subtropicales.
Elles produisent des fleurs régulières (actinomorphes) regroupées en inflorescences denses. Les
genres Acacia (350 espèces), Calliandra (150 espèces), Mimosa (380 espèces) et Prosopis (22
espèces) sont les plus représentatifs.
- La sous-famille des Papilionoideae (Figure 1 B) constitue la plus grande sous-famille des
Fabaceae avec 28 tribus, 478 genres et environ 13 800 espèces Les membres de cette sous-
4
famille sont principalement des herbacées. C'est parmi cette dernière catégorie que nous
retrouvons toutes les espèces importantes utilisées pour l'alimentation humaine directe ainsi
que les plantes de pâturage les plus importantes utilisées par les agriculteurs.
Figure 1.- Les espèces des sous-familles des Fabacées diffèrent dans leurs caractéristiques florales :
A) Mimosa, comme toutes les espèces de la sous-espèce des Mimosoideae, possède des fleurs
régulières de petites dimensions regroupées en faisceaux ; B) les Caesalpinoideae, illustré par Cassia,
possède des fleurs irrégulières dans lesquelles le pétale supérieur est situé à l'extérieur des autres
pétales et les étamines sont généralement libres ; C) le haricot commun, comme la plupart des autres
espèces des Faboïdeae, possède des fleurs irrégulières dont le pétale supérieur (étendard) est situé à
l'extérieur des pétales latéraux (ailes). La quille formée de deux pétales inférieurs soudés renferme le
style et les étamines soudées et regroupées de diverses façons (modifié de Simpson & Ogorzaly 1995).
6
indispensable. On se souviendra cependant qu’à l’état cru, les graines mûres de légumineuses
sont le plus souvent toxiques, car elles contiennent des antitrypsines, des hémagglutinines et
parfois des glucosides cyanhydriques. Dans la plupart des cas, la cuisson détruit ces substances.
Les graines immatures sont moins toxiques et peuvent dans certains cas, être consommées
crues (soja, fèves, arachides ect.) après élimination du tégument.
Alimentation animale : Les légumineuses ont une bonne digestibilité, et ce sur l’ensemble du
cycle. Ceci est lié à l’importance des feuilles par rapport aux tiges. Les feuilles sont toujours
plus digestibles car peu lignifiées, riches en matières azotées et en matières minérales. Les
espèces les plus rencontrées dans les parcours sont celles issues des genres Vigna, Tephrosia et
Indigofera.
Tableau 1 : Composition des réserves de quelques graines d’espèces cultivées. D’après Bewley et
Black (1994)
8
- Le Soja (Glycine max) est une culture très importante aussi bien dans l'alimentation humaine
qu'animale. Au Cameroun, le soja était surtout cultivé dans la zone des hauts plateaux de
l’ouest où un paquet de technologies (variétés, dates et densités de semis, système de culture,
conservation des semences) avait été mis au point et vulgarisé en milieu paysan. La production
annuelle nationale a été estimée en 2006 à 7 555 tonnes sur une superficie de 12 135 hectares
soit un rendement de 623 Kg/ha. Depuis 2007-2008, l’IRAD en partenariat avec la
SODECOTON a entrepris un programme de diversification des cultures en rotation avec le
cotonnier. A cet effet, une introduction de la production intensive de soja a été effective en
milieu paysan. En 2012, la production de soja bénéficiant de l’accompagnement de la
SODECOTON a avoisiné 15 000 tonnes.
- Le voandzou : le vouandzou (Vigna subterranea) est une légumineuse originaire d'Afrique
occidentale. Encore appelé pois bambara ou pois de terre, cette plante herbacée est cultivée
pour ses graines qui se récoltent sous terre à l'instar des arachides. La production du voandzou
au Cameroun en 2011 est estimée à 30876 tonnes sur une superficie de 36220 hectares.
- Les espèces fourragères : on note une diversité de légumineuses fourragères. Le soja est l'une
des principales sources de protéines en alimentation animale. Le pois protéagineux et la
féverole sont cultivés dans ce but. Différentes espèces comme la luzerne, les trèfles, le sainfoin,
le lotier… jouent un rôle essentiel dans la valeur des prairies.
9
CHAPITRE 2 : LES LEGUMINEUSES ET LA FIXATION SYMBIOTIQUE DE L’AZOTE
ATMOSPHERIQUE
2.1. Introduction
La faible productivité agricole dans beaucoup de pays tropicaux est liée à la pauvreté des sols en
éléments minéraux indispensables aux cultures. L’utilisation de variétés cultivées à haut rendement
visant à diminuer le déficit alimentaire dans ces pays est freiné par deux difficultés : l’épuisement
rapide de ces sols, encore accéléré par les aléas climatiques et la cherté des engrais chimiques qu’il est
nécessaire d’importer en quantités importantes. La solution à adapter pour répondre à ses deux
préoccupations est de planter les végétaux fixateurs d’azote. La spécificité de la famille des
légumineuses est leur aptitude à fixer l’azote en symbiose avec des bactéries du sol,
principalement du genre rhizobium. La plante fournit l’énergie, et le microorganisme l’azote
assimilable à partir de l’azote de l’air (N2). C’est un système biologique complexe et passionnant que
nous devons maximiser en agriculture.
10
biologiques du sol. La qualité des amendements organiques et leur capacité à fournir l’azote sont
généralement évaluées par le rapport C/N. Les amendements organiques à C/N inférieur à 20 se
décomposent plus vite, l’azote se minéralise rapidement et sont considérés comme étant de meilleure
qualité. À l’inverse les amendements organiques à C/N supérieur à 60 se décomposent moins vite et
sont considérés comme étant de mauvaise qualité.
2.3.3. Les engrais minéraux
L’azote du sol et des amendements organiques ne suffisent pas pour atteindre des rendements
optimums. Des engrais minéraux azotés sont utilisés comme complément d’azote pour augmenter les
rendements et intensifier la production végétale. Environ 80% des engrais utilisés en Afrique
subsaharienne sont importés et la principale cause de cette faible utilisation des engrais est leurs coûts
relativement élevés comparativement aux faibles revenus des producteurs. L’urée (46% de N) reste
l’engrais minéral azoté le plus populaire.
2.3.4. Les fixateurs libres
Il existe des bactéries libres qui vivent dans le sol et assurent la fixation de l'azote, soit seules, soit en
symbiose avec d'autres bactéries. Ce sont principalement :
- des bactéries aérobies : Azotobacter, Azomonas;
- des bactéries anaérobies : Clostridium…
2.3.5. Les plantes fixatrices d’azote
La plus grande partie de l’azote de la biosphère (79%) se trouve dans l’atmosphère. Mais, seul un
nombre réduit de genres bactériens vivant librement ou en symbiose avec les plantes sont capables de
réduire l’azote moléculaire de l’atmosphère. Par la symbiose entre les bactéries réductrices de l’azote
atmosphérique, une grande partie des légumineuses utilisent principalement l’azote provenant de
l’atmosphère. Les légumineuses tropicales comme niébé (Vigna unguiculata), l’arachide (Arachis
hypogaea) et le soja (Glycine max) peuvent fixer respectivement 32 à 89, 22 à 92 et 0-95% de leur
besoin en azote dans l’atmosphère. Comme on le constate, les quantités d’azote fixé sont très variables
d’une espèce à l’autre et pour une même espèce car l’activité symbiotique est influencée par les
souches bactériennes, l’espèce végétale et les facteurs du milieu.
En dehors des légumineuses, seul un petit nombre d’espèces (quelques centaines au plus) possèdent
des nodules fixateurs d’azote. Il s’agit exceptionnellement d’une association avec les Rhizobia (on ne
connaît qu’un seul exemple : Parasponia) mais le plus souvent la symbiose est réalisée avec des
actinomycètes (bactéries filamenteuses) du genre Frankia. Dans ce cas, les plantes hôtes, dites plantes
actinorhiziennes, sont des arbres ou des arbustes. La symbiose fixatrice d’azote est un processus
complexe déterminé par les deux partenaires. L’un des systèmes les plus étudiés est celui associant les
bactéries rhizobiales avec les légumineuses.
11
2.4. La symbiose fixatrice d’azote Légumineuses/Rhizobium
Les bactéries appartenant aux genres Rhizobium, Mesorhizobium, Sinorhizobium, Bradyrhizobium et
Azorhizobium ont la capacité d’interagir avec les plantes de la famille des légumineuses. Par
convention, on nomme « Rhizobium » toute bactérie, quel que soit son genre, qui est capable d’établir
une symbiose avec une légumineuse. Cette symbiose est dans la plupart des cas très spécifique. La
symbiose légumineuse/rhizobia culmine par la formation d’un nouvel organe, le nodule racinaire, au
sein duquel les rhizobia fixent l’azote atmosphérique. Le processus de nodulation commence lors de la
pré-infection, par une phase de reconnaissance entre les deux partenaires, et qui est suivie de deux
étapes quasiment simultanées, l’infection de la racine par les bactéries et l’organogenèse du nodule
(Figure 1).
Dans la symbiose rhizobium/légumineuse, les premiers fournissent à la plante des substrats azotés,
sous forme d’ammoniac. En retour, la plante fournit des substrats carbonés issus de sa photosynthèse.
2.4.1. L’étape de pré-infection : reconnaissance des partenaires
L’étape de pré-infection s’initie par un dialogue moléculaire spécifique entre les deux partenaires.
Dans un premier temps, les flavonoïdes présents dans les exsudats racinaires de la plante vont induire
chez la bactérie des gènes nod qui codent pour des protéines impliquées dans la biosynthèse et la
sécrétion de facteurs « Nod » ou FNods. Les FNods sont des signaux symbiotiques clés requis pour la
reconnaissance plante-hôte/bactérie, ainsi qu’au cours des étapes d’infection et d’initiation de
l’organogenèse nodulaire.
2.4.2. Formation des nodules ou nodosités
La première étape de l’infection consiste en l’attachement des bactéries sur les jeunes poils absorbants.
Une fois fixées à l’apex du poil en croissance, les bactéries vont induire par l’intermédiaire des FNods
la courbure du poil absorbant en « crosse de berger ». Cette déformation typique de l’infection par le
Rhizobium correspond à un recourbement à 360° du poil absorbant autour d’une micro-colonie
bactérienne. A la suite de cette déformation les bactéries pénètrent dans le poil absorbant via une
structure tubulaire appelée cordon d’infection. Les évènements cellulaires permettant l’internalisation
des bactéries restent assez mal connus. La progression des bactéries vers la base du poil absorbant se
fait grâce à l’élongation du cordon d’infection, qui est délimité du reste de la cellule par une paroi
végétale primaire.
Simultanément à l’infection des poils absorbants, certaines cellules du cortex interne se dédifférencient
et se divisent à plusieurs reprises, formant un primordium nodulaire. Quand les cordons d’infection
atteignent le primordium, certaines cellules arrêtent de se diviser et entrent dans des cycles répétés
d’endoréduplication. Elles sont alors envahies par des rhizobia qui sont relâchés des cordons
d’infection. Ensuite, la pénétration de la bactérie est faite par endocytose. Finalement, les cellules
végétales infectées et les bactéries infectantes se différencient en cellules capables de fixer et
d’assimiler l’azote appelées nodules.
12
Figure 2 : Dialogue moléculaire entre la plante et la bactérie lors de la mise en place d'une association
symbiotique fixatrice d'azote.
14
2.6. Traitement des légumineuses au rhizobium
La notion de reconnaissance spécifique entre racine de légumineuses et rhizobium nous a permis de
savoir que chaque espèce de légumineuse à une espèce ou un groupe d’espèces de bactéries avec
lesquelles elle peut noduler. Lorsqu’il s’avère qu’une légumineuse ne peut former de nodule et dont la
cause est l’absence de la bactérie spécifique dans le sol, il faut traiter la plante ou l’inoculer. Cette
opération n’est pas toujours simple à mettre en œuvre. Dans plusieurs pays où la consommation des
légumineuses est déjà bien établie, il existe des laboratoires spécialisés dans la production des
différentes souches de rhizobium en fonction de la plante hôte
Il existe deux façons de procéder à l’inoculation :
- Inoculation de la graine avec du rhizobium avant de la planter ;
- Inoculation avec du rhizobium le sol du champ où on sèmera la légumineuse.
La première méthode est en général préférable car elle est plus simple à mettre en œuvre et parce
qu’elle coûte moins cher. Il arrive cependant qu’il faille inoculer le sol, quand le sol est trop acide par
exemple (pH<5), ou lorsque la graine a été traitée avec une substance chimique (fongicides,
insecticides) que les rhizobia ne supportent pas.
15
2.6.2. Inoculation du sol
L’inoculation du sol peut se faire à partir d’une préparation liquide ou solide.
- Mélanges liquides
16
Au Sénégal, l’inoculation a donné de bons résultats lorsqu’on répand 5 litres d’une solution
comprenant 2/3 de poudre et 1/3 d’eau sur un hectare de terre. La solution est étendue au moyen d’un
pulvérisateur.
- Préparation solide
Des grains poreux peuvent être traités au rhizobium et être répartis avec les semences au moyen de la
machine à semer ou de machines spéciales qui peuvent disséminer les insecticides sous forme de
granulés dans les rangs.
Avant d’acheter un inoculant, il est bon de vérifier certaines choses, qui doivent d’ailleurs figurer sur
l’emballage :
- Le nom scientifique de l’espèce de rhizobium ;
- Le mode d’emploi ;
- Les conditions dans lesquelles le produit doit être conservé : pas au-dessus de 40° C sinon les
bactéries du rhizobium meurent. Un inoculant peut se conserver pendant 6 mois s’il est stocké à
une température d’environ 20° C. Il se conservera encore plus longtemps à une température de
4° C.
- La date d’expiration après laquelle le produit ne doit plus être employée.
17
CHAPITRE 3 : LES LEGUMINEUSES DANS LES SYSTEMES DE CULTURE
3.1. Introduction
Dans le premier chapitre traitant des caractéristiques d’ensemble des légumineuses, nous avons évoqué
le rôle alimentaire et agronomique des légumineuses. Sur le plan alimentaire, les légumineuses à
graines constituent toujours une part importante de l’alimentation du monde, particulièrement dans les
Pays en Développement où elles sont la principale source de protéines et des lipides pour l’homme.
D’autres constituent d'excellents fourrages. Surtout celles appartenant aux genres Vigna, Tephrosia et
Indigofera.
Sur le plan agronomique leur capacité à fixer de manière symbiotique de l’azote atmosphérique par le
biais des bactéries fixatrice d’azote du genre Rhizobium n’est plus à démonter. Elles jouent aussi un
rôle très important dans la conservation des sols.
Dans ce chapitre, nous nous intéresserons surtout à leur place dans le système de culture. En effet, les
légumineuses peuvent occuper de très nombreuses places dans le système cultural :
19
Canavalia ensiformis, Cassia rotundifolia, Centrosema pubescens, Mucuna pruriens var. utilis,
Pueraria phaseoloides etc.
3.3. Les légumineuses et la culture fourragère pure
La culture fourragère pure est très rarement pratiquée en zone soudanienne. Cependant, dans une
optique de production de biomasse, les légumineuses tropicales sont rarement utilisées en pure parce
qu’elles produisent beaucoup moins et que leur mise en place est lente, beaucoup plus lente que celle
des mauvaises herbes. Il vaut mieux utiliser des graminées, parce qu’elles produisent beaucoup plus et
présentent de solide rusticité. Cependant un défaut des graminées si l’on veut les produire beaucoup
dans un but fourrager est leur forte consommation en azote. Ainsi, dans une optique d’économie
d’engrais, on peut les associer avec des légumineuses ; ainsi l’association stylosanthes hamata et
panicum maximum a été installé sur un grand nombre d’hectare (3000 ha) à Korogho en Côte d’Ivoire.
3.4. Les légumineuses dans l’association des cultures
Les agronomes ont imaginé depuis longtemps d’associer des légumineuses aux plantes sarclées,
céréales ou coton. Cette pratique se rencontre un peu partout dans le monde, malgré qu’elle soit
aujourd’hui délaissée en Europe à cause de la mécanisation de l’agriculture. Les associations des
cultures en général et particulièrement avec les légumineuses sont pratiquées pour plusieurs raisons :
- Quand le niveau des ressources pluviométriques est particulièrement faible et variable,
l’association permet d’espérer une stabilité du rendement global avec une stratégie de
limitation de risque. Si l’année est mauvaise pour une espèce, elle peut ne pas l’être pour une
espèce différente. Ce qui est valable pour les quantités d’eau l’est aussi pour les dates de semis,
la pression des maladies et ravageurs par exemple ;
- L’association peut être aussi une façon d’intensifier la culture, quand le facteur limitant est la
superficie et que le travail est intensif. C’est de ce type de culture que se rapprochent les
associations à base de maïs et légumineuses dans l’ouest Cameroun ;
- L’association doit fournir une production plus forte que l’ensemble des cultures pures.
- etc.
Les dispositions spatiales rencontrées dans les associations de cultures sont :
20
Le choix des espèces pour une association de culture doit tenir compte du rythme de croissance, du
port, du système racinaire.
L'intensification des cultures, entraîne toujours une baisse du niveau de fertilité. Les effets négatifs les
plus apparents attribuables à l'intensification sont la baisse du taux de matière organique associée à la
réduction de la quantité de N dans le sol, et l'infestation des terres de culture par les mauvaises herbes.
La croissance rapide de la population (plus de 3 % an-1 ) mène à l'expansion des cultures, au
déboisement et au surpâturage. La disparition du couvert végétal rend le sol vulnérable à l'érosion. Les
longs intervalles de jachère naturelle, nécessaires à la régénération de la fertilité du sol, ne peuvent
plus être pratiqués. Parmi les moyens utilisables pour résoudre ce problème (dolomie, fumier,
compost, engrais verts, etc.) il ya l’utilisation des jachères améliorées à base de légumineuses à
croissance rapide, fixatrices de N. Ces jachères sont censées remplacer les jachères pâturées
traditionnelles qui mettent longtemps à restaurer la fertilité du sol et dont l'efficacité reste faible. En
21
comparaison, elles sont de courte durée, étouffent efficacement les adventices, produisent bien plus de
biomasse au cours de la première année ( jusqu'à 20 t ha-1 de matière sèche), limitent l'érosion,
permettent de maintenir la biodiversité et améliorent la productivité du sol.
Selon Hien et al. (1993), les jachères améliorées à partir des légumineuses ( Stylosanthes, dolique,
etc. ) ou naturelles à base de graminées à forte densité racinaire ( Andropogon, Pennisetum, etc. )
peuvent contribuer au maintien de la productivité face aux exigences de l'intensification des cultures
lorsque le sol n'est pas en voie de dégradation poussée. Pieri (1989) montre à travers les travaux de
l'Institut de recherches du coton et des textiles exotiques que des jachères, même courtes, réduisent le
taux de pertes annuelles de MO. Le problème principal est de convaincre le paysan d'introduire ces
jachères de courte durée dans son système de culture avant les baisses importantes de sa production
végétale attribuables à la désaturation du complexe absorbant des sols.
Beaucoup d’espèce de légumineuse ont été testées avec succès dans les jachères améliorées (Z. Segda
et al, 1995). Les espèces comme, Mucuna pruriens ( L. ) DC var. utilis ( Wight ) Burck., Mucuna
cochinchinensis, Pueraria phaseoloïdes ( Roxb. ) Benth., Lablab purpureus ( L. ) et Cajanus cajan
( L. ) Millsp., ont montrées une bonne performance pour la vigueur à la levée, le rythme de croissance,
la couverture du sol, la hauteur ou la densité de végétation, la durée du cycle végétatif, la production
de biomasse aérienne sèche et le pourcentage et l'accumulation de N.
3.6. Les légumineuses dans la rotation des cultures
On parle de rotation culturale lorsque la même succession de cultures se reproduit dans le temps en
cycles réguliers. Les légumineuses présentent un avantage considérable lorsqu’elles sont introduites
dans une rotation avec d’autres familles des plantes :
22
La fixation de l’azote par les légumineuses leur confère un rôle majeur dans la rotation. Les nodosités
présentes au niveau du système racinaire « captent » l’azote atmosphérique qui est directement valorisé
par le couvert présent. Cet azote est également libéré et mis à disposition des cultures suivantes après
retournement. Par exemple, au cours de la campagne, en culture associée, 30 % de légumineuses dans
une prairie équivaut à environ 100 unités d’azote fournies aux graminées.
Intérêt pour la concurrence vis-à-vis des adventices
Fortement conseillées en associations avec des graminées les légumineuses jouent leur rôle de
concurrence vis-à-vis des adventices grâce à un recouvrement important du sol.
23
CHAPITRE 4 : GENERALITES SUR LA CULTURE DES LEGUMINEUSES
4.1. Introduction
Ce chapitre expose les facteurs qui entrent en ligne de compte dans la culture des légumineuses. Avant
que les paysans puissent se faire une opinion sur l’intérêt à cultiver une ou plusieurs légumineuses, ils
doivent être au courant d’un certain nombre de choses :
- Le type de climat qui convient aux plantes ;
- les exigences des plantes en matière de fertilité du sol ;
- la période à laquelle on peut semer les légumineuses ;
- les variétés adaptées ;
4.2. Le climat
Certaines légumineuses s’adaptent mieux aux climats frais avec des périodes de froid alors que
d’autres pousseront mieux dans un climat chaud et humide, comme dans les terres basses tropicales. Il
existe aussi des légumineuses qui s’adaptent bien à l’extrême sécheresse et à la chaleur.
Les légumineuses alimentaires ont des capacités d’adaptation très différentes aux latitudes, aux
températures, à la longueur des jours et à l’humidité. Certains poussent le mieux lorsque les
températures sont relativement basses et les journées longues alors que d’autres croissent lorsque les
températures sont élevées et que les journées durent 12 heures ou plus. C’est peut-être une des raisons
pour lesquelles on trouve presque toujours une sorte de légumineuse à cultiver, quel que soit le climat.
Il n’en reste pas moins que la capacité d’adaptation de chaque espèce ou cultivar, pris
individuellement, est assez restreinte.
4.2.1. Climats frais avec des périodes de froid sous hautes latitudes ou dans des régions
tropicales en altitude
Les graines cultivées dans les régions tempérées, comme les lentilles (Lens culinaris), les pois et autres
haricots comme les flageolets (Phaseolus sp.) et les pois chiches (Cicer arietinum) viennent
originellement de l’Asie occidentale et de la région méditerranéenne où on les cultive depuis des
milliers d’années. Au fil du temps, on les a retrouvées sur le sous-continent indien et en Chine. Les
pois et les fèves sont aussi remontés vers le nord, dans les régions froides de l’Europe du Nord. Ils ont
été également introduits plus tard en Amérique du Nord et du Sud, en Australie et en Afrique du Sud.
On en trouve aussi dans les régions en altitude d’Afrique, comme par exemple en Ethiopie et au
Kenya.
4.2.2. Climats tropicaux humides
Le soja (Glycine max) et les pois cajan (Cajanus cajan) poussent dans les climats assez chauds et
humides.
4.2.3. Climats secs/chauds
24
Le niébé (Vigna inguiculata), les haricots mungo (d’espèces Vigna aureus et Vigna mungo) et
l’arachide (Arachis hypogaea) peuvent supporter des sécheresses extrêmes et des températures très
élevées. Les arachides sont par exemple cultivées sous les régions tropicales semi-arides et à tendance
humide d’Afrique, d’Asie du Sud-Est et d’Amérique centrale situées entre 30° de latitude nord et 30°
de latitude sud.
4.3. Le sol
Le sol est un facteur très important pour la croissance des légumineuses. Les légumineuses peuvent par
ailleurs contribuer à améliorer la fertilité du sol, ce dont profiteront les cultures qui suivent.
Les légumineuses poussent sur des sols très différents. Certaines peuvent même se développer sur des
sols très acides (pH allant jusqu’à 3.8). L’arachide et les pois bambara (Vigna subterranea) poussent
sur des sols sablonneux pauvres, des sols limoneux et même sur des sols argileux comme les vertisols.
Ce dernier type de sol pose un gros problème pour la récolte des gousses souterraines. Les pois
bambaras poussent mal sur les sols calcaires, à l’inverse de l’arachide. Un bon drainage est important,
surtout pour les genres Vigna et Phaseolus.
En général, les plantes de la famille des légumineuses supportent mal les sols salins, à l’exception de
quelques espèces qui arrivent à pousser comme les pois cajan (Cajanus cajan) et les pois (Pisum
sativum).
Le soja croît le mieux sur des sols dont la texture n’est pas trop légère (sols très sablonneux) ni trop
lourde (sols argileux). Il germe difficilement sur les sols très lourds mais pousse mieux ensuite. Bien
labourés, ces sols sont à préférer aux sols légers sur lesquels la productivité est incertaine. Le soja
apprécie également les sols ayant une grande teneur en matière organique mais supporte moins bien les
sols basiques et acides. Un pH entre 5.8 et 7.8 est souhaitable. Les sols salins ne sont pas adaptés pour
le soja.
25
4.4. Variétés de légumineuses
La plupart d’espèces de légumineuses connaissent des variétés locales et de nombreux instituts de
recherche agricole dans le monde ont développé de nouvelles races ayant des qualités intéressantes
comme la résistance aux maladies et à d’autres ravageurs, de plus hauts rendements, une maturation
plus rapide, etc. Les paysans ont souvent une grande connaissance des variétés locales qu’ils cultivent
et savent quelles variétés il vaut mieux cultiver dans quelles conditions. Ils sèment souvent plusieurs
variétés de la même plante pour répartir le risque. Si un champ ensemencé avec une certaine variété est
atteint d’une maladie, d’un ravage ou souffre des mauvaises conditions climatiques, il y en a toujours
un autre, ensemencé avec une autre variété, qui résistera mieux. Les races mises au point dans les
centres agricoles peuvent être alors un bon complément. L’introduction d’une seule race ou d’une
seule variété entraîne de grands risques pour les paysans. En lançant la culture d’une nouvelle
légumineuse dans une région, il faut faire très attention à ce que les paysans aient le choix entre
plusieurs races et variétés. Si ce n’est pas possible, il est alors conseillé d’introduire plusieurs espèces
de légumineuses.
La sensibilité à la durée du jour est un facteur important pour les légumineuses car elle joue non
seulement un rôle dans le choix de l’espèce mais aussi de la variété. Exemple, le soja est sensible à la
durée du jour ; cette plante pousse quand les jours sont courts, c’est-à-dire qu’elle fleurit quand les
jours durent moins de 16 heures. Les variétés très précoces fleurissent 30 à 35 jours après les semis et
mûrissent en 75 à 105 jours. Ces variétés sont peu productives. Les variétés plus tardives fleurissent à
30-35 jours après les semis et mûrissent en 110 –140 jours. Leur productivité est bonne.
26
Les variétés tardives produisent beaucoup de feuillage, ce qui peut être intéressant dans les
exploitations agricoles intégrées où on pratique l’élevage car le feuillage de soja constitue une bonne
alimentation animale riche en protéines et digestible.
27
CHAPITRE 5 : ETUDE DETAILLEE ET ITINERAIRES TECHNIQUES DE QUELQUES ESPECES
DE LEGUMINEUSES ALIMENTAIRES : L’ARACHIDE
5.1. Introduction
L’arachide occupe une place importante dans nos systèmes agraires et dans nos économies
nationales : au plan agronomique la rotation légumineuse-céréale est à la base des successions
culturales en zones de savanes ; au plan économique, la double vocation vivrière et
commerciale de la culture, ainsi que la diversité de ses utilisations, lui ouvre des perspectives
intéressantes; au plan nutritionnel, l’apport lipidique et protéique de l’arachide complémente
efficacement des régimes alimentaires à trop forte dominante glucidique. La place de l’Afrique,
dans cette production, est encore trop faible, puisqu’elle ne couvre qu’environ le cinquième de la
production mondiale. Un grand effort reste à faire pour intensifier la production et améliorer la qualité
des produits. Notamment par la résolution des difficultés agronomiques. Le présent chapitre a pour
objectif de connaitre la plante d’arachide, ses utilités tant sur le plan agronomique qu’économique, son
itinéraire de production ainsi que les difficultés que pose cette production.
5.2. La plante
L’arachide (Arachis hypogaea), qui est originaire de l’Amérique tropicale est une plante herbacée
annuelle. Elle appartient à la sous famille des papilionoideae de la famille des Fabaceae. L’espèce A.
hypogaea peut être subdivisée en quatre groupes différents : le groupe d’arachide spanish, le groupe
valencia, le groupe virginia, et le groupe péruvian (Runner).
L’arachide est cultivée surtout dans les régions arides et semis arides à cause de sa résistance à la
sécheresse. Elle est produite surtout en Asie en Amérique et en Afrique. En Asie elle est répandue dans
le bassin indochinois (Chine, Inde) tandis qu’en Afrique elle est produite principalement en Afrique de
l’ouest (Nigéria, Sénégal, Mali) et du centre. sur plus de 100 pays producteurs, trois fournissent
plus de 60 % de la production mondiale (Inde, Chine, Etats-Unis), et huit plus de 75%
(sénégal, Soudan, Nigéria, Argentine, Brésil).
L’irrigation ouvre de nombreuses possibilités. La culture avec une irrigation d’appoint, offre
l’avantage d’un semis précoce. Sur les périmètres maraîchers, cette technique permet de
valoriser la morte-saison, et en même temps assure le piégeage de certaines nématodes sur les
racines. L’irrigation favorise la croissance végétative de l’arachide et limite la défoliation en fin
de cycle. Elle permet une production de fanes importante, procurant un fourrage abondant et de
bonne qualité pouvant dépasser 10 t/ha de fanes sèches. L’aspersion est le mode d’irrigation
qui convient le mieux à l’arachide car elle ne craint pas les projections d’eau. Cette technique
est couramment pratiquée dans les pays à haute technicité (Israël, Etats-Unis) avec une
irrigation périodique régulière. En culture à plat, sans pluies naturelles, l’irrigation par
aspersion nécessite 400 à 600 mm d’eau par hectare.
En irrigation par gravité, la culture est réalisée sur billons avec des écartements variant de 50
à 60 cm en lignes simples à 80 cm en lignes jumelées. Les besoins sont alors de l’ordre de 6
000 à 10 000 m3 par hectare. Cette technique est couramment appliquée dans certaines régions
comme le Soudan et le Zimbawe.
a) La Racine.
29
L’arachide possède un système radiculaire particulier. Il est constitué par une racine primaire pivotante
qui s'enfonce verticalement dans le sol jusqu'à plus de 1 m de profondeur. Les racines n’ont pas
d’épiderme ni de poils absorbants. L’absorption des éléments nutritifs et de l’eau se fait directement
par le parenchyme cortical.
c) Phase de floraison
Elle commence en général de 20 à 40 jours après la levée. Elle peut se prolonger durant 2 à 3 mois.
Cette durée dépend beaucoup de l'humidité du sol. La phase de floraison utile, c'est-à-dire la durée
d'émission de fleurs qui donneront de gousses mûres, dure de 15 à 20 jours en moyenne.
d) Phase de fructification
Une semaine après fécondation, la base de l'ovaire s'allonge et se dirige vers le sol. Trois conditions
sont nécessaires pour que l'arachide fructifie convenablement :
- Le gynophore s'allonge et ne s'enfonce dans le sol que pour une humidité minimum de l'air et du sol.
- L'obscurité est nécessaire pour que les gynophores développent une gousse à leur extrémité.
A la lumière, l'ovaire ne se développe pas
- Le sol et l'eau du sol doivent contenir un pourcentage minimum d'oxygène d'où l'utilité des sols
légers et des binages fréquents
e) Phase de maturation
L'arachide est une plante annuelle. La plupart des variétés mettent en moyenne 4 mois pour accomplir
leur cycle végétatif.
32
Les variétés cultivées au Nord et à l’extrême- Nord Cameroun (IRAD Maroua)
Fleur « 11 » 90 3000
L’arachide vient après une plante à tubercule et racines ou une céréale et avant une céréale. Toutefois,
avec une bonne protection à la levée, elle peut facilement être cultivée sur des terrains nouvellement
défrichés. Elle ne supporte pas les bas-fonds et les marais.
b) Préparation du terrain
- Choisir un sol à texture légère, meuble et perméable avec un bon drainage et des bonnes conditions
d’aération afin de facilité la pénétration des gynophores et l’arrachage aisé à la récolte, de
préférence les sols sableux. Les sols lourds et argileux ne sont conseillés qu’en cas de récolte
mécanisée et ou l’irrigation est possible ;
- Éviter les précédents arachides et il est déconseillé de cultiver l’arachide sur brousse ou jachère à
cause des myriapodes ;
- Défrichage et nettoyage du terrain ;
- Labour léger, voire un scarifiage bien qu’un labour profond soit souvent rentable ;
- Hersage du terrain: émietter les mottes de terre.
c) Les semailles
d) La fertilisation
- La fumure organique : l’arachide réagit très bien à la fumure organique et aux engrais
chimiques. De la fumure organique apportée au moment du semis est bénéfique à la croissance
et à la production de la culture. Elle profite également de l’arrière effet du fumier apporté à la
culture précédente.
- Engrais chimiques : l’arachide n’exporte pas beaucoup d’éléments minéraux avec la récolte.
Des engrais phosphatés sous forme de superphosphate sont recommandés.
- Fixation symbiotique de l’azote : Rhizobium cowpea, responsable de la nodulation et de la
fixation symbiotique de l’azote atmosphérique chez l’arachide est présente dans tous les sols
tropicaux. Comme l’arachide nodule spontanément dans ces sols, l’inoculation artificielle
s’avère souvent inefficace comme l’on montré beaucoup d’essais d’inoculations.
e) Entretien de la culture
L'arachide redoute surtout la concurrence des mauvaises herbes. Lorsque les plants sont âgés,
de ± 2 semaines, il faut effectuer un sarclage. Après la levée, il est parfois utile de procéder au
remplacement des manquants. Le buttage est effectué au moment de la floraison. Le buttage est
nécessaire pour rendre le sol meuble de façon à permettre aux fleurs d’arachide de pénétrer
dans le sol pour former les gynophores. Un deuxième et troisième sarclage peut s’avérer
nécessaire en cours de végétation s’il y a beaucoup de mauvaises herbes.
f) Récolte
Lors de la récolte, du fait de la floraison échelonnée dans le temps de l'arachide, toutes les
gousses ne sont pas mûres en même temps. En principe, on récolte lorsque 10% des gousses ne
sont pas mûres. Si on récolte trop tôt, le pourcentage non mûr est important, le rendement est
très faible. Si on récolte tardivement la terre durcit et l'arrachage devient compliqué, les gousses
et les fanes perdent leur qualité.
Les opérations de la récolte sont les suivantes :
34
L’arrachage: se fait, soit à la daba ou à la souleveuse. Le pivot doit être coupé à 8 ou 10 cm de
profondeur quand le sol est encore légèrement humide sinon de nombreuses gousses restent en
terre.
Le Séchage: mise en meules pour ramener progressivement le taux d'humidité jusqu'à 8 à l0%. ll
faut à cet effet éviter :
- d'arracher et de mettre immédiatement en tas les plants encore vert,
- de mettre en tas des plants mouilles.
Egoussage ou Battage: Lorsque les gousses ont atteint un taux d'humidité voisin de l0%
(environ 2 à 6 semaines après l’arrachage), on peut procéder au battage, ou égoussage, opération
qui consiste à séparer les gousses des fanes.
- Importance : Ces maladies sont répandues en zone tropicale. Les dégâts occasionnés varient
de quelques traces à plus de 50% de manque de levée (Figure 1).
- Symptômes : Les signes de présence de ces maladies se manifestent par des manques de
levée et de dépérissement de jeunes plantules.
- Méthodes de lutte : La lutte contre les agents de fontes de semis doit être basée sur l’utilisation
de semences de bonne qualité et traitées aux fongicides. Le traitement fongicide assure la
désinfection des semences (Aspergillus niger, Rhizopus stolonifer); alors que la bonne
qualité de la semence assure une levée rapide de plantules vigoureuses pour échapper à
l’attaque des champignons telluriques (Rhizocto-nia solani, Pythium spp., Fusarium spp.). Les
fongicides Thirame, Captane, Manèbe et Oxyquinoléate de Cu sont appliqués à la semence
sous forme de poudre à la dose de 200 g de matière active par 100 Kg de semences pour
les trois premiers produits et de 60 g de matière active pour le dernier fongicide.
b) La cercosporiose
- Agent causal: Cercospora arachidicola et cercospora personata
35
- Importance : La maladie apparaît en période de floraison et se développe rapidement durant
le mois d’Août, aboutissant à des défoliations pouvant dépasser 50%.
c) l’oïdium
- Agent causal: Oïdium arachidis
- Importance : Cette maladie, est d’une importance secondaire.
- Symptômes : Duvet blanchâtre sur les feuilles d’arachide (Figure 3).
36
d) La pourriture noire du collet
- Agent causal: Aspergillus niger
- Importance : La maladie est fréquemment observée sur la culture d’arachide. C’est l’une des
principales causes de mortalité des plantes, observées tout au long du cycle de la culture
(Figure 4).
- Symptômes : L’agent pathogène s’attaque au collet au niveau du sol et peut entraîner la mort
de la plante à n’importe quel stade de son développement. Le tissu attaqué du collet se
gonfle et devient spongieux. Il se recouvre d’une masse noirâtre de mycélium et de
conidies.
- Les méthodes de lutte : Les pertes occasionnées par Aspergillus niger peuvent être réduites
par l’utilisation de semences de qualité et traitées avec des fongicides. La progression de cette
maladie est favorisée par des périodes sèches, il est conseillé d’apporter les irrigations
d’une manière régulière pour éviter un dessèchement prolongé du sol.
37
- Importance : Cette maladie apparaît en fin de cycle et entraîne le flétrissement des branches
des plantes d’arachide et la détérioration des gousses.
- Symptômes : La maladie se manifeste sous forme de chancres localisés au niveau des racines
et des gousses. Les branches de la plante peuvent être attaquées et développent des pourritures
sèches (Figure 5).
- La lutte contre Rhizoctonia solani : elle se base essentiellement sur des méthodes culturales,
à savoir la rotation et la bonne conduite de l’irrigation et de la fertilisation azotée. L’utilisation
des céréales comme précédent peut réduire le niveau d’inoculum dans le sol. L’apport
d’eau et d’azote doit être raisonné de manière à éviter un développement excessif des
branches des plantes. Un tel développement crée des conditions favorables à l’extension de la
maladie sur les branches latérales de l’arachide en conditions humides et chaudes.
f) Pourriture blanche
- Agent causal: Sclerotium rolfsii
C’est une maladie virale qui est transmise par les semences ou de plante à plante par le puceron Aphis
craccivora. Les plants atteints ont les dimensions réduites avec des feuilles recroquevillées et plissées.
La lutte consiste en l’utilisation des semences saines et des variétés résistantes ou tolérantes.
i) L’afflatoxine
C’est un problème de pourriture de graine en stock. Il est causé par les champignons Aspergilus flavus
et A. parasiticus.
39
Le papillon a une envergure de 35 à 45 mm, les ailes antérieures sont ornées de lignes et de
dessins blanc jaunâtre enchevêtrés. Les ailes postérieures sont blanches (Figure 8). L’œuf
mesure environ 0,5 mm de diamètre.
La chenille est de couleur très variable: grise, noire, brune, rougeâtre; avec 2 taches triangulaires
noires situées au dernier segment abdominal. Elle mesure 3 mm après éclosion et environ 30 mm au
dernier stade (Figure 9).
Après éclosion, les chenilles restent groupées et commencent à se disperser à partir du 3ème stade;
Les chenilles consomment le feuillage avec voracité et peuvent détruire des plantes entières.
40
k) Les autres chenilles défoliatrices : Spodoptera exigua Helicoverpa armigera
41
l) Punaise verte: Nezara viridula
La méthode de lutte la plus efficace contre ces ravageurs est la lutte chimique. Les insecticides
recommandés contre les larves des lépidoptères sont les insecticides de la famille des pyréthrinoïdes
les carbamates… La prise de décision des traitements est basée sur le niveau de l’incidence
d’attaque au niveau du feuillage et sur l’importance des populations larvaires présentes.
Les méthodes de lutte culturales (rotation, plantes pièges etc.) et biologique sont préconisées.
42