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Lydie Royer
Édition électronique
URL : https://journals.openedition.org/hispanismes/14007
DOI : 10.4000/hispanismes.14007
ISSN : 2270-0765
Éditeur
Société des Hispanistes Français
Référence électronique
Lydie Royer, « Poétique des murs traversés entre Málaga et Larache dans Sombras en sepia de Sergio
Barce Gallardo, 2006 », HispanismeS [En ligne], 18 | 2021, mis en ligne le 31 décembre 2021, consulté
le 30 janvier 2022. URL : http://journals.openedition.org/hispanismes/14007 ; DOI : https://doi.org/
10.4000/hispanismes.14007
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Lydie Royer
Introduction
« L'un à l'autre est ce qu'est la couleur à l'ombre,
l'or du fruit mûr à l'or de la feuille sèche. »
Yves Bonnefoy (1923-2016)
1 Le roman espagnol Sombras en sepia1, publié par Sergio Barce Gallardo en 2006 raconte
l'aventure d’un homme Abel Egea qui découvre Nadja, une jeune Marocaine de dix-sept
ans et son fils arrivés clandestinement sur une plage de Cádiz. Une rencontre
bouleversante qui se fait derrière un petit mur, mot récurrent aux connotations
doubles, associant, dans ce roman, présent et passé, réel et imaginaire, désir et
frustration, dehors et dedans, corps et âme, lumière et ombre. Autant de facettes du
mur que nous analyserons d’abord dans le déplacement du personnage principal, puis à
travers les chronotopes2 et les discours qui interrogent, dans sa complexité, la
construction imaginaire et politique de la barrière entre l’Espagne et le Maroc. Nous
étudierons ensuite le mur dans sa dimension métaphorique en nous appuyant sur
l’opacité définie dans la Poétique d’Édouard Glissant comme les profondeurs 3 que
l’homme porte en lui ou les ombres épaisses qui s'opposent au passage d'une chose.
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en plus déplacé au XXIe siècle avec la mondialisation trépidante qui donne lieu à des
récits et discours critiques sur l’Histoire entre l’Espagne et son ancienne colonie.
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l’Histoire. Abel exhorte les Espagnols à réfléchir sur le sort futur de leurs petits enfants
qui pourraient un jour quitter involontairement l'Espagne à leur tour :
Todos somos emigrantes. Créame. Ahora gozamos de una buena racha, pero nadie
puede asegurarnos que dentro de cuarenta años, no estarán nuestros nietos
cruzando el mar para buscarse su futuro. El mundo es redondo y da muchas
vueltas22.
12 Le croisement des pronoms personnels « je/nous » dans la phrase Nous sommes tous des
émigrés, révèle son souhait d’abolir les tiroirs identitaires au profit d’une humanité
plurielle qui défend la valeur universelle de la perception de l’Autre. Les différentes
perspectives temporelles qui fragmentent le roman, la superposition des récits et
l’imbrication des discours subversifs l'un dans l'autre, sont autant de résonances de la
complexité du mur, à la fois dans ses ruptures et dans la continuité de ses constructions
imaginaires et politiques au fil de l'Histoire. Des modalités d’écritures du mur qui
contiennent des messages politiques et qui corroborent la définition que donne
l’historien Claude Quétel de la fonction du mur : Ce sont des constructions qui font de la
politique, qui disent quelque chose »23. La vision politique du romancier informe de la
difficile gestion pour l’Espagne du Détroit24, d’un côté, le désespoir des immigrants
bloqués au Maroc et de l'autre, la logique sécuritaire de l'Europe forteresse et ses
mesures de protection contre l'immigration, le terrorisme, et les trafics illicites de
drogue et d'êtres humains. Tous ces facteurs contribuent au XXIe siècle à rendre compte
des discussions controversées qui, en permanence, bouleversent le sens de ce mur du
Sud qui ne finit pas de déborder, de s’allonger avec l’arrivée massive de migrants à la
merci de passeurs trafiquants qui inventent de nouvelles stratégies migratoires au
rythme de l’avancée des réseaux sociaux.
13 Au terme de son séjour à Larache, il croise sur la route, Nadja heureuse en compagnie
du père de son enfant, mais ne s'arrête pas, et au fur et à mesure qu'il les perdait de vue
dans le rétroviseur, leurs silhouettes s’y reflétaient comme des ombres pâlies. Une
scène qui illustre les deux côtés du mur, à la fois, la réalité de l’échec des projets des
jeunes migrants marocains qui n’ont pas réussi à franchir le mur de l’Europe et
l'imaginaire du déplacement, avec la mise en abyme ou la petite fenêtre ouverte sur
Nadja, sorte de pont vers les anciennes ombres du protagoniste de retour à Málaga :
Cuando cruzó el puente que salva el río Lükus, el corazón le dio un repentino
vuelco […] al borde de la carretera, una chica caminaba con un niño a la cintura […]
a su lado, con una cesta de mimbre en la mano, un hombre alto […]. Los dos reían.
[…] A medida que los perdía en el espejo retrovisor, la carretera se fue oscuriendo,
hasta que Abel Egea no tuvo más remedio que encender las luces cortas[…].Trató de
descubrirlos forzando la vista, pero en el espejo ya sólo se reflejaba un escenario de
sombras enmustiadas25.
14 Les allers et retours entre les deux rives du Détroit constituent le trait d’union entre les
trois personnages malgré l’échec de Nadja et enrichissent la fonction du mur dans son
rapport au temps comme le chronotope bakhtinien : espace discursif, points de vue
politiques, lieu de rencontres avec d’autres langages et cultures diverses, lieu de
mémoire historique, lieu de mémoire familiale et d’expériences affectives vécues qui
imprègnent la poétique de l’entre-deux et met en lumière le rôle dynamique du mur
dans la relation avec l’Autre.
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L’imagination érotique donne lieu à une écriture du corps qui exsude toutes ses
humeurs illustrant l’intensité des émotions du sujet, que l'écrivain communique au
lecteur comme la passion décrite par Roland Barthes dans Poétique du récit qui est
« celle du sens, c'est-à-dire d'un ordre supérieur de la relation, qui possède, lui aussi,
ses émotions, ses espoirs, ses menaces, ses triomphes » 29. Le narrateur révèle comment
Abel assailli par le désir, transgresse les barrières de son âge et sort, pendant un
moment, des « murs d'une solitude forcée » mais cette étreinte érotique est
interrompue brusquement par le réveil du petit Zacarías :
Un impulso natural, masculino, lo lanzaba sin demora sobre el cuerpo apetecible de
la chica. […]. Sentía los dedos de Nadja asiendo con impaciencia toda su
masculinidad, con una emergencia que sólo reconocen los que viven entre
recuerdos o entre las paredes de una soledad obligada. Abel no era capaz de darse la
vuelta […]. Su boca sedienta de la boca de Nadja, sólo fue capaz de masticar un
remordimiento acuciante […] cuando Zacarías rompió a llorar en el otro
dormitorio30.
19 Le réveil de l’enfant interrompt la transgression du désir sexuel qui suppose la ligne
symbolique à ne pas franchir, obligeant Abel à sortir brutalement du lit et à se réfugier
dans la salle de bain. La confrontation avec son double dans le miroir est une autre mise
en scène de la perception des limites de son corps réel ; il s’interroge tout en observant
les moustaches blanchesqui le ramènent à la raison : il ne peut pas faire l'amour avec
une jeune fille de dix-sept ans :
Abel había dado un salto en la cama y se refugió en el cuarto de baño […]. La luz del
baño lo deslumbró unos segundos y luego se vio reflejado en el espejo sin
reconocerse. Tenía enfrente un hombre de piel blancuza, de hombros caídos, […] el
pequeño bigote salteado de canas y la papada cada día más proeminente sólo
acentuaban la sensación de estar cruzando una difusa frontera tras la que temía
encontrarse de un momento a otro. […]. No era capaz de hacer el amor con Nadja.
Todo se reducía a eso31.
20 Le personnage, sans doute par pudeur, réfrène ses pulsions et accepte ses limites :
« Abel añoró su juventud y aceptó el hecho de que jamás podría ser el hombre que ella
necesitaba ni el que, pobablemente, había estado soñando » 32. L’image de
l’effondrement des murs de la maison sur sa tête, l’obscurité et l’image du
recueillement dans le mausolée, constituent l'une des visions les plus poétiques de la
fin de la rêverie érotique du personnage. L’ombre grise qui l’enveloppe et l’odeur de la
naphtaline illustrent les profondeurs de l’être encore englouti dans son passé et
confronté à ses absences :
Las paredes de la casa se inclinaron sobre su cabeza, como si el techo se viniese
abajo muy lentamente, y la cristalera se oscureció con una sombra siniestra y
gris.Toda la casa se transformó en un máusoleo que olía a naftalina. Abel pensó en
marcharse, pero se limitó a sentarse en el sillón33.
21 L’articulation de l’intérieur et l’extérieur du corps fait écho aux deux côtés du mur, sa
part d’invisible et de visible. L'expérience bouleversante d’Abel est l’épreuve de tout
être humain qui rencontre l'altérité à travers le rêve d’une belle histoire d’amour.
L’insistance sur cet état vague et diffus où se loge l’ombre à l’intérieur du corps de
l’homme nous confronte tous à nos propres limites, à nos silences intérieurs, à notre
manière de transgresser l’interdit et de gérer nos distances avec l’Autre. Cette
expérience intérieure et imaginaire du sujet ouvre des perspectives encore plus larges
pour aborder la définition du mur. Ne serait-elle pas identique à celle des migrants
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bloqués ou dans l’attente, qui, devant le mur infranchissable, rêvent aussi de s’épanouir
et d’un ailleurs paradisiaque34 loin de leur espace d’origine ?
22 Le mur semble être catalyseur de désir et ne disparaît jamais totalement. Il protège
certes, mais le traverser, c’est oser dépasser les ou ses limites et entrer en Relation avec
l’Autre.
23 À la fin de l’aventure, la prégnance du temps est indissociable de la clôture du
personnage qui réintègre l’espace d’origine où il s'était dépouillé de ses cendres, détail
symbolique sans doute de sa renaissance. Les nuages se dissipent progressivement et
laissent place à la lumière. Ses ombres se sont dissipées dans les lumières du territoire
de son enfance, lieux de ces « patries intimes », dans la pensée du dehors, composant
aussi, selon Édouard Glissant, la pensée du rapport de l’écrivain à son œuvre, renvoyant
à cette valeur métaphorique de l'opacité comme « lenteur, accumulation, durée » 35. Il
n’est pas vain de citer Roland Barthes qui évoque le terme d’opacité pour dire le style
ou « le secret et le souvenir enfermé dans le corps de l'écrivain » 36.
24 Le narrateur convoque le même jeu de double, de clair-obscur, de lumière et d’ombre
inscrit dans le titre du roman, pour révéler au lecteur le personnage qui revient au lieu
de départ et enrichi d’une énergie relationnelle :
Ya no están. Se han marchado para siempre-consiguió decir al fin. […]. Las nubes
grises iban quedando atrás y, a cada metro que avanzaba, el día se hacía más
celeste. Abel no podía pensar, seguía noqueado, con la sangre corriendo sin orden
por sus venas.Lo único que sabía con absoluta certeza era que su viejo compañero
de carretera lo llevaba a una playa de Barbate donde una noche Abel había dejado
restos de sus propias cenizas37.
25 Le retour à la plage, lieu de la rencontre magique, lieu aussi de l'Éternel Retour est,
selon Mircea Eliade, celui de la Création38, pour l'écrivain.
26 Au terme de cette réflexion, les mises en perspectives à la fois spatiales et temporelles
du texte renforcent la dimension polysémique du mur. Murs physiques, murs
terrestres, murs maritimes, murs du corps, tous sont traversés par la rencontre du
personnage avec l'Autre. Plus qu’un espace géographique, le mur est un espace-temps,
à la fois clôture et ouverture, nomadisme et migration, lien entre le même et l’Autre,
termes que suggèrent la définition proposée par Glissant dans la Poétique de la Relation :
« La poétique ? Précisément cette double portée, d’une théorie qui tâche de conclure,
d’une présence qui ne conclut (…) de rien. Non point l’une sans l’autre. C’est par là que
l’instant et la durée nous confortent. Toute la poétique est un palliatif d’éternité » 39.
Conclusion
27 L’écriture explore la traversée des murs comme une mise en relation des deux espaces
inséparables à travers le corps et le mouvement circulaire du personnage combinant
vision politique et dimension poétique. Toute l’aventure d’Abel révèle combien le mur
est un sujet infini et fécond dans la littérature, territoire absolu de liberté qui nourrit
l’imaginaire et offre la possibilité d’interroger le monde et se recomposer avec l'Autre.
Sergio Barce, écrivain nomade, fait, à l’instar de Blanchot, le saut 40 de l'autre côté vers
un espace ouvert par le mouvement d’écrire, un voyage qui abolit le mur, et qui l’ouvre
vers d'autres rêves, d’autres lignes d'écriture qui fécondent tout l'univers fictionnel de
ses romans écrits depuis 2003. Il obtient en 2006 le Prix Murcia des trois cultures. Jean
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BIBLIOGRAPHIE
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NOTES
1. Sergio BARCE GALLARDO, Sombras en sepia, Valencia, Pre-Textos, 2006.
2. « temps-espace » : la corrélation essentielle des rapports spatio-temporels, telle qu’elle a été
assimilée par la littérature. Mikhaïl BAKHTINE, Esthétique et théorie du roman, Paris, Gallimard,
1978, p. 237.
3. « Poétique des profondeurs. […]. Extension vertigineuse, non pas sur le monde, mais vers les
abîmes que l’homme porte en lui », Édouard GLISSANT, Poétique de la Relation, Gallimard, 1990, p. 36.
4. Sergio BARCE GALLARDO, op. cit., p. 10.
5. Ibid., p. 31.
6. « Accepter l’opacité de l’Autre, tout l’Autre, l’imprévisibilité de ses choix, de sa nature réelle,
c’est déjà renoncer à dominer l’Autre, à dominer tout autre et par là à dominer le monde ».
Patrick CHAMOISEAU, Frères migrants, Paris, Seuil, 2017, p. 88.
7. Ceuta et Melilla sont sous contrôle espagnol, Melilla depuis 1497 et Ceuta depuis 1668.
8. Sergio BARCE GALLARDO, op. cit., p. 89-90.
9. Ibid., p. 39.
10. Ibid., p. 131-132.
11. En 2005, cinq clandestins sont morts et plusieurs ont été blessés après avoir franchi
illégalement la barrière de l'enclave espagnole de Ceuta. Cf. « L’assaut d’immigrants sur l’enclave
espagnole de Ceuta a fait cinq morts », Le Monde (29/05/2005) [consulté le 3 mars 2021] <URL :
https://www.lemonde.fr/international/article/2005/09/29/l-assaut-d-immigrants-sur-l-enclave-
espagnole-de-ceuta-a-fait-cinq-morts_694052_3210.html>.
12. « Après avoir condamné le mur de Bush, l’Union européenne a financé dix ans plus tard le
premier mur contre l’immigration illégale à Ceuta et Melilla, deux enclaves espagnoles situées au
nord du Maroc. C’est le premier mur de l’espace Schengen, des barrières métalliques d’autant
plus efficaces que l’espace est très restreint. Frontex est le bras armé de l’UE sur les frontières
extérieures de l’espace Schengen ». Entretien avec Claude QUÉTEL, « Les murs font de la
politique », Question 4, Octobre 2015 < URL : https://le1hebdo.fr/journal/migrants-la-politique-
des-barbeles/77/article/les-murs-font-de-la-politique-1228.html>
13. « Un grand nombre d’immigrants irréguliers qui n’ont pas réussi à entrer en Europe ou ne
veulent pas courir le risque d’y aller construisent sur le territoire marocain, près de Ceuta et de
Melilla, des implantations provisoires considérées comme « une troisième nation » ou « une salle
d’attente », où ils ne peuvent ni atteindre leur Eldorado, ni retourner dans leurs pays d’origine ».
Saïd SADIKKI, « Les clôtures de Ceuta et de Melilla. Une frontière européenne
multidimensionnelle », revue Études internationales [on-line], Éd. Institut québécois des hautes
études internationales, vol. 43, no 1 (2012), p. 49-65 [consulté le 3 mars 2021] <URL : https://
www.erudit.org/fr/revues/ei/2012-v43-n1-ei5009237/1009139ar.pdf>.
14. Sergio BARCE GALLARDO, op. cit., p. 49.
15. Ibid., p. 56.
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16. L’« intra histoire » que l’on peut définir comme ce qui fait l’essence du vécu de ses acteurs à
l’intérieur de ce que Ortega y Gasset appelait leur « circunstancia ». Pierre MINICONI, « Unamuno,
entre histoire et littérature », Acta fabula, vol. 6, no 2 (2005), [consulté le 8 mars 2021] <URL :
https://www.fabula.org/acta/document918.php>.
17. Sergio BARCE GALLARDO, op. cit., p. 116.
18. « El escritor nos recuerda que el desarrollo económico actual ha vuelto a los españoles
arrogantes e insensibles a los problemas de esos inmigrantes que llegan en busca de un mínimo
de bienestar, también les ha hecho olvidar que hace apenas unas décadas muchos de los nuestros
se vieron obligados a emprender el éxodo por los mismos motivos », Irene ANDRES SUÁREZ,
« Inmigración y Literatura española actual : Las Voces del Estrecho » [on-line]. Revista de literatura
y cultura, Neufchâtel, 2004, p. 19 [consulté le 8 mars 2021] <URL: https://kb.osu.edu/handle/
1811/77517?show=full>.
19. « Depuis deux décennies, la Méditerranée regorge d’une multitude de projets de coopération
culturelle et économique, mais de nouveaux murs matériels et virtuels, destinés à réaliser « la
forteresse Europe », s’y sont également édifiés ». Said SADIKKI, op. cit., p. 1.
20. Édouard GLISSANT et Patrick CHAMOISEAU, Quand les murs tombent : l’Identité nationale hors la loi ?,
Paris, Galaade, 2007, p. 24.
21. Sergio BARCE GALLARDO, op. cit ., p. 136.
22. Ibid., p. 98.
23. Claude QUÉTEL (oct.2015), « Les murs font de la politique ». Migrants, la politique des barbelés,
no 77 [consulté en mars 2021] < URL : https://le1hebdo.fr/journal/migrants-la-politique-des-
barbeles/77/article/les-murs-font-de-la-politique-1228.html>.
24. « El caso de los acuerdos firmados entre España y Marruecos en materia pesquera: un sector
que, al combinar los recursos naturales con las fronteras marítimas nacionales, ha constituido
tradicionalmente un capítulo de especial relevancia en las relaciones entre ambos países desde la
independencia marroquí del Protectorado español. Aunque no faltos de retos, estos tratados
siempre habían sido de naturaleza bilateral, beneficiando a ambas partes. Sin embargo, la
admisión de España en la Comunidad Económica Europea rompió el equilibrio de poder que
existía ». Alberto MONTEAGUDO CANALES, « Pateras Z: La zombificación de la inmigración
norteafricana en Las Voces del Estrecho », LL Journal, New York, vol. 13, n o 2 (2018), p. 5.
25. Sergio BARCE GALLARDO, op. cit., p. 200-201.
26. Ibid., p. 183-184.
27. Édouard GLISSANT, Patrick CHAMOISEAU, op. cit., p. 25.
28. Sergio BARCE GALLARDO, op. cit., p. 187-188.
29. Roland BARTHES, Poétique du récit, Paris, Seuil, 1977, p. 52.
30. Sergio BARCE GALLARDO, op. cit., p. 189-190.
31. Ibid., p. 190.
32. Ibid., p. 216.
33. Id.
34. « Las voces que llenan este libro […] hablan de unos personajes que se han extraviado por el
camino en su búsqueda del Paraíso, sorprendidos por espejismos sórdidos y caprichosos »,
Andrés SUÁREZ, op. cit., p. 22.
35. Édouard GLISSANT, L’intention poétique, Paris, Seuil, 1969, p. 182.
36. Roland BARTHES, Le degré zéro de l'écriture, Paris, Seuil, 1972, p. 17.
37. Sergio BARCE GALLARDO, op. cit., p. 240.
38. Mircea ELIADE, Le mythe de l’Eternel retour, Paris, Gallimard, 1969, p. 85-86.
39. Édouard GLISSANT, Poétique de la Relation, Paris, Gallimard, 1990, p. 197.
40. « Le saut est la forme ou le mouvement de l’inspiration », Maurice BLANCHOT, L'espace littéraire,
Paris, Gallimard, 1955, p. 233.
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41. Son roman España y sus ejidos (2003) aborde le thème de l’émigration en Andalousie et
dénonce les conditions de vie infrahumaines des travailleurs Marocains dans les serres de El Ejido
au Sud de l’Espagne.
RÉSUMÉS
Sombras en sepia raconte l'aventure d'un vieil homme, Abel, qui découvre sur une plage
andalouse, une jeune marocaine Nadja, accompagnée de son fils. Cette rencontre bouleversante
lui rappelle les souvenirs les plus intimes de sa jeunesse à Larache, un village du nord-ouest du
Maroc qu'il décide de revisiter avec un ami. Le déplacement de Málaga à Larache interroge
autant la complexité des récentes barrières construites à la frontière Sud pour freiner les
migrants que les relations tissées entre l'Espagne et son ancien protectorat depuis 1912. Dans le
voyage circulaire du protagoniste, le mur s'annule dans la Relation à l’Autre, entre réel et rêve,
nomadisme et migration, les deux faces de l’univers esthétique des romans de Sergio Barce
Gallardo écrits depuis 2003.
Sombras en Sepia narrates the adventures of an old man, Abel, starting on an Andalusian beach
where he discovers Nadja, a young Moroccan girl with her son. This encounter reminds him of
many intimate childhood memories in Larache, in the northwestern part of Morocco, and
motivates him to revisit with a friend this city. His move from Málaga to Larache questions both
the complexity of the barriers recently built on the southern Spanish border to curb migration,
as well as the evolution of the relationship between Spain and her former colony since 1912. In
this round trip in which the protagonist uncovers, the border slowly fades between reality and
dream, nomadism and migration, the two facets of the aesthetic universe created by Sergio Barce
Gallardo in his novels since 2003.
INDEX
Keywords : 21st century, novel, Spain, migration, border, identity, alterity
Mots-clés : roman, xxie siècle, Espagne, migration, mur, identité, altérité
AUTEUR
LYDIE ROYER
Université de Reims Champagne Ardennes
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