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L’histoire d’une vie est l’histoire d’une progressive union avec Dieu » :
Témoignage de saint Jean de la Croix
Nous sommes pendant ces jours, dans la période de la neuvaine de saint Jean de la Croix dont la
solennité est 14 décembre prochain. Tous cela tombe aussi dans le temps d’Avent que nous vivons
déjà la troisième semaine ; et saint Jean de Croix est un des saints que sainte Mère Eglise nous
propose comme compagnons de l’Avent ; 2 Montée 22.3-5 nous est servi comme 2e Lecture de
l’Office de Lectures de la 2e semaine de l’Avent que viens de terminer. Enfin saint Jean de la Croix
est notre saint Père, le père spirituel de la reforme thérésienne ; il peut donc en tous moment nous
enseigner l’esprit de la réforme.
Ces motives soutient votre choix de saint Jean de la Croix comme guide et modèle dans une journée
comme celle-ci. Notamment vous avez choisi un thème prévu pour la première rencontre dans la
deuxième année de formation, selon la ratio formationis (schéma de formation) de la Province de
saint Charles Borromée de Lombardie (Milan). La formation pour cette année a pour 4 ème objectif
spécifique : connaitre la vie de saint Jean de la Croix et vivre en s’inspirant de ses œuvres.
Le thème
J’ai compris de ce thème que toute la vie chrétienne authentique n’est qu’un chemin vers l’union
avec Dieu, et que cela est progressive. C’est dans ce sens que dirait le pape saint Jean Paul II que
« L'histoire du salut est l'auto communication progressive de Dieu à l'humanité, qui atteint son
sommet en Jésus-Christ. Dieu le Père, le Verbe fait homme, veut communiquer à chacun sa vie
même : il souhaite, en définitive, communiquer sa propre personne. Cette auto communication
divine à lieu à travers l'Esprit Saint, lien d'amour entre l'éternité et le temps, la Trinité et l'histoire. »
(Audience générale 26/8/98). C’est dans cette ligne que je continue. Je dispose donc la suite de cet
exposé dans quatre partie, à savoir ; (a) biographie sommaire de st Jean de la Croix ; (b) Qu’est-ce
que l’union avec Dieu (selon st Jean de la Croix) ; (c) Comment la vie chrétienne n’est-elle qu’un
chemin vers l’union avec Dieu ; et (d) Pourquoi et comment cela est-elle progressive.
c. Comment la vie chrétienne n’est-elle qu’un chemin vers l’union avec Dieu
Tout simplement, c’est ce que Dieu veut ; ce c’est qu’il a disposé. Pour cette raison, il nous a créé à
son image et semblance. Nous vivons déjà par son propre souffle : « le Seigneur Dieu modela
l’homme avec la poussière tirée du sol ; il insuffla dans ses narines le souffle de vie, et l’homme
devint un être vivant » (Gn 2,7). Parvenir à vivre en union avec Dieu n’est donc autre chose que
laisser accomplir le projet de Dieu pour nous, de permettre réaliser l’implication plus profonde de
notre propre être.
Saint Jean de la Croix enseigne cette vérité primordiale avec insistance, jusqu’à venir à être identifié
avec cette doctrine. On dirait chaque page de ses écrits résonne cette pensée, mais certaines de ses
lignes en font ressortir avec plus de netteté. Dans son Cantique Spirituel-B 39,4, par exemple, le
Santo Padre dit clairement que : « L'âme est semblable à Dieu et c'est pour qu'elle puisse en arriver
là [à l’union] qu'il la créa à son image et à sa ressemblance ». Nous pouvons citer ici la 2ème de saint
Pierre, apôtre 1.4, pour indiquer comment le propos du Santo Padre est presqu’une simple
transcription de l’enseignement courant des Saints Ecritures. Dit le Prince des apôtres : : « nous sont
accordés les dons promis, si précieux et si grands, pour que, par eux, vous deveniez participants de
la nature divine ».
On peut voir là que notre vie même n’est qu’un long chemin d’arriver à ce destin, la nôtre. Voilà
pourquoi nous disons pour nos défunts qu’ils sont retournés vers le Père. Bref, ou nous vivons,
désirons et faisons de l’effort nécessaire pour nous disposer à ce que le Seigneur puisse venir en nous
pour réaliser cette union avec lui, ou ne sommes pas en réalité en train de vivre notre vraie vie
humaine.
On peut parler d’union avec Dieu dans un sens large et dans un sens stricte. Dans un sens large de
l’union avec Dieu, nous vivons et chaque jour l’union avec Dieu. Pour résumer cela, chaque que
nous disons avec tout coeur, par exzemple, “mettons-nous en presence de Dieu et adorons-Le”, nous
sommes unis à Dieu. Lui, il est toujours à avec nous, il veille constamment sur nous; il suffit dans ce
sens, que nous prénons conscience de sa présence et la savourons. Cette vérité a été popularisé par
notre frère, le bienheureux Laurent de la Résurrection et sa pratique de la présence de Dieu.
Dans le sens stricte ou mystique, reservé pour les âmes qui donne à Dieu une réponse plus
accommodée, avec un coeur sans partage, à son invitation à entrée dans une relation totale et
transformante avec Lui; de sorte jusqu’à parvenir à participer dans sa propre vie. Saint Jean de la
Croix enseigne qu’à ce niveau nous devenons Dieu par participation. Ce que Dieu est et ce qu’il
fait par nature, par son propre capacité, nous les sommes et nous le faisons par participation
(2Montée 5,7), c’est-à-dire par le pouvoir et la grâce de Dieu. Pour Dieu, cela va de soi, pour nous
c’est une simple privilège. L’expérience de saint Paul apôtre suffit pour nous instruire de la
profondeur de cette transformation: « Je vis, mais ce n’est plus moi, c’est le Christ qui vit en moi. »
(Gal 23,20).
Evidemment pour parvenir à ce niveau une purification aussi profond est nécessaire pour enlever tout
souillure à la racine et nous élever de notre bassesse. Le Santo Padre appelle purification « nuit
obscur » (1Montée 1,1) à cause des ténèbres que ce rapprochement de de Dieu entraine pour l’âme
avant que l’âme soit rendu dans des conditions de pouvoir désormais jouir de la présence de Dieu.
Des autorités précise que c’est bien cela la nuit obscure dans la sens stricte. Dans le sens large, la
nuit obscure pourrait être toute difficulté dans la vie, d’où on sort normalement chaque fois plus fort.
Mais dans son sens stricte dont il est question ici, la nuit obscure a pour but immédiat et précis
l’union dans son sens stricte, dit union mystique ou transformant de l’âme en Dieu par participation.
Appeler l’expérience de la purification de l’âme « nuit » n’est point parce que Dieu a de la ténèbres
en lui ; « Dieu est lumière » (1Jn 1,5). La réalité est que sa lumière, c’est-à-dire son être, est
extrêmement et infiniment au-delà de nos capacités qu’il devient pour nous ténèbres lorsqu’il se
penche sur nous, avant qu’il nous élève à son niveau. Comme illustration, imaginons regarder
directement dans le soleil ; la sensation de cette grande lumière sera plutôt comme ténèbres car la
grandeur de la lumière du soleil nous aveugle précisément parce qu’il dépasse la capacité de notre
vue. Comme autre illustration, imaginons un pansement d’une plaie. La sensation est douloureuse
lorsque le soignant frotte la plaie avec la compresse, mais nous savons que la fin ce pour nous guérir.
Le Santo Padre articule l’expérience l’âme pendant cette étape de purification dans deux point : ce
rapprochement de Dieu pour nous unir à Lui « est non seulement nuit et ténèbres pour l'âme, mais
aussi peine et tourment. La première, à cause de la hauteur de la Sagesse divine qui excède le talent
de l’âme : et en cette manière est ténèbres pour elle. La seconde pour la bassesse et l'impureté de
l’âme : et de cette façon, elle lui est pénible, affligeante et aussi obscure » (2Nuit 5,2).
Pour ces raisons, peu nombre des âmes parviennent à cette union stricte ou mystique avec Dieu. La
nuit obscure demande un éffort préalable de la part de l’âme pour la disposer à supporter l’obscurité
et l’affliction de la “nuit”. Et souvent, peu nombre des âme s’y apprête. Sinon, de la part de Dieu,
l’appele est ouvert à nous tous (Cf. Vive Flamme-B 2,27), aussi comme on se sent que beaucoup
suivent « la grande porte » et « large chemin » « qui conduit à la perdition » pourtant nous sommes
tous appelés à la sainteté, passant par la porte étroite et le chemin resserré (Cf. Mt 7, 13-14).
En guise de conclusion
Dans sa lettre apostolique, Novo millennio ineunte (NMI), le pape saint Jean Paul II nous convie au «
devoir de montrer à quelles profondeurs peut porter la relation avec » Dieu. Il nous rappelle que
« La grande tradition mystique de l'Église, peut exprimer beaucoup à ce sujet. Elle montre comment
la prière peut progresser, comme un véritable dialogue d'amour, au point de rendre la personne
humaine totalement possédée par le Bien-Aimé divin, vibrant au contact de l'Esprit, filialement
abandonnée dans le cœur du Père. On fait alors l'expérience vivante de la promesse du Christ : «
Celui qui m'aime sera aimé de mon Père ; moi aussi je l'aimerai, et je me manifesterai à lui »
(Jn 14,21). Il s'agit d'un chemin totalement soutenu par la grâce, qui requiert toutefois un fort
engagement spirituel et qui connaît aussi de douloureuses purifications (la « nuit obscure »), mais
qui conduit, sous diverses formes possibles, à la joie indicible vécue par les mystiques comme «
union sponsale ».
« Il s'agit donc d'une prière intense, qui toutefois ne détourne pas de l'engagement dans l'histoire:
en ouvrant le cœur à l'amour de Dieu, elle l'ouvre aussi à l'amour des frères et rend capable de
construire l'histoire selon le dessein de Dieu. » (NMI 33)
« On se tromperait si l'on pensait que les simples chrétiens peuvent se contenter d'une prière
superficielle, qui serait incapable de remplir leur vie. Face notamment aux nombreuses épreuves
que le monde d'aujourd'hui impose à la foi, ils seraient non seulement des chrétiens médiocres, mais
des « chrétiens en danger ». Ils courraient en effet le risque insidieux de voir leur foi
progressivement affaiblie, et ils finiraient même par céder à la fascination de « succédanés »,
accueillant des propositions religieuses de suppléance et se prêtant même aux formes extravagantes
de la superstition.
Il faut alors que l'éducation à la prière devienne en quelque sorte un point déterminant de tout
programme pastoral. Combien il serait utile que, non seulement dans les communautés religieuses
mais aussi dans les communautés paroissiales, on s'emploie davantage à ce que tout le climat soit
imprégné de prière ! Il faudrait redonner de la valeur, avec le discernement voulu, aux formes
populaires et surtout éduquer à la prière liturgique. Une journée de la communauté chrétienne, où
l'on harmoniserait les multiples occupations de la pastorale et du témoignage dans le monde avec la
célébration eucharistique et éventuellement la récitation des Laudes et des Vêpres, est peut-être plus
« envisageable » qu'on ne le croit habituellement. L'expérience de nombreux groupes
chrétiennement engagés, même composés majoritairement de laïcs, le démontre » (NMI 34)
La vie de saint Jean de la Croix doit être une invitation concrète à une vie d’oraison jusqu’au plus
hautes cimes de l’union avec Dieu admirablement harmonisée avec un engagement aussi fort dans le
domaine de tâches à accomplir pour le salut des âmes et le bienêtre temporel.