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Chambre de commerce et d’industrie du 77

« Les drones ou les prémisses du syndrome de la planète des singes. Du drone


collaboratif de l’homme augmenté, à l’homme remplacé ! »

En prolégomènes à ce travail, cinq points, en espérant que le contenu de ceux-ci éclaire les
réflexions qui vont suivre.

A) Le premier point : un remerciement


Je suis très heureux d’être parmi vous ce soir, grâce à l’intermédiation de l’un des
membres de votre compagnie que je salue et qui m’a permis d’échanger avec l’un de vos
responsables. Celui- ci a considéré que nous pourrions réfléchir un soir non pas aux écrits
ou pensées d’hier mais à demain, à un demain bousculé, révolutionné, un demain où des
objets à portée de main, presque autonomes se déplaceraient devant nous et autour de
nous, voire en nous pour nous aider, nous soigner, nous écouter et nous défendre.

Donc, merci de m’avoir convié à venir partager mes pressentiments sur un thème
en pleine évolution.

B) Le deuxième point : des références

Il est de coutume d’évoquer des sources d’inspiration. Je m’inscris dans cette


tradition. J’ai donc transmis à votre secrétariat, par voie informatique, un jeu de ce travail.
Ce jeux est complété en fin de texte, par une sitographie et une bibliographie vous
permettant de prolonger la réflexion.

C) Le troisième point : le mot, le mot drone

L’étymologie s’avère parfois éclairante mais ici, elle se révèlera décevante.

Le mot Drone s’écrit sans accent circonflexe, drone et non drône ce qui sous-entendrait une
étymologie avec un s dans l’écriture, drosne. Cela recouvrirait ce nom d’un vernis ancien, d’une
profondeur, d’une racine latine ou grecque voire occitane mais qui n’a pas lieu d’être dans cette
matière. Pas de S donc.

Drone nous vient de la langue anglaise, dans laquelle drone est un nom commun.

Le drone anglais a de commun au cocorico français qu’il est construit sur une onomatopée,
c’est-à-dire un mot créé par imitation d’un son de la chose que l’on veut nommer.

Quand cet objet a été construit, ce robot métallique à hélices faisait un bruit de moteur assez
sonore ; il présentait une maniabilité limitée, il était peu véloce.

De cette créature fabriquée par l’homme, émanait un vrombissement qui ressemblait au vol
d’un bourdon. De plus, l’aspect physique de la machine ressemble en partie à ce type d’insecte,
avec ses pattes et son abdomen proche de l’aspect des drones connus.
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To drone signifie bourdonner et a drone bourdonnement, ronronnement, voire de façon plus


rare, il désigne le faux bourdon ou plus communément dit le mâle de l’abeille. Pour les plus
anciens, je ne résiste pas au plaisir de rappeler le sketch de Michel LEEB du bourdon voulant
séduire une certaine mouche.

Bref, drone évoque un son et une forme, empruntés au monde animal, ceux d’un insecte qui
vole ce qui est paradoxal et triste, car, lui, ce drone va participer, si on en prend garde, à la
destruction de multiples insectes et oiseaux. Les autoroutes de drones se construisent dans nos
hangars. Quel espace aérien restera disponible pour nos insectes ?

La définition « naturelle », première du drone, est donc lié au monde aérien.

Néanmoins, le mot retenu est réducteur et, finalement, inadéquat.

Juste un exemple. Le faux bourdon ne pique pas, nos drones piquent, le faux bourdon n’est pas
transporteur car il ne collecte pas de pollen, son rôle est limité à la fécondation des reines. Nos
drones transportent et transmettent.

Nous sommes loin du rôle réel des drones passés et actuels. La dénomination est axée sur un
élément extérieur et non sur la mission. La forme a été préférée au fond. Dommage ! Ou tant
mieux, le mot anglais est inexact pour les créations droniques d’aujourd’hui, à nous de trouver
une appellation plus pertinente et française !

Le drone étant d’utilisation internationale, la règlementation s’est emparée du phénomène pour


le baptiser en termes plus techniques. Les drones ont leur nom scientifique.

C’est ainsi qu’en 2011, le secrétariat général de l’Organisation de l’aviation civile internationale
(OACI), a produit une circulaire Cir 328-AN/190 qui traite des aéronefs et éléments associés
qui sont exploités sans pilote à bord. Ce texte, en langue anglaise, n’a pas retenue l’appellation
anglaise de drone et a fourni quelques définitions de référence, notamment les expressions
suivantes :

– Unmanned aircraft system (UAS). Un aéronef et les éléments qui lui sont associés, exploités
sans pilote à bord.

– Remotely-piloted aircraft (RPA). Un aéronef où le pilote aux commandes n’est pas à bord de
l’aéronef (ceci constitue donc une sous-catégorie des Unmanned aircraft lesquels peuvent être
entièrement automatisés).

- On rencontre également pour désigner un aéronef automatisé l’acronyme anglais U.A.V.


(Unmanned Aerial Vehicule, soit véhicule aérien sans pilote).

– Remotely-piloted aircraft system (RPAS), en gros, il s’agit de nommer un système


d'aéronefs télépilotés. Ce système est donc un ensemble d’éléments configurables constitué
d’un RPA, de la (ou des) station(s) de pilotage à distance associée(s), des liaisons requises pour
sa commande et son contrôle et de tous les autres éléments du système qui peuvent être
nécessaires, à tout moment de l’opération.
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La Commission européenne, l’Agence européenne de la sécurité aérienne (A.E.S.A.),


Eurocontrol, ainsi que la plupart des autorités nationales de l’aviation civile utilisent
aujourd’hui, le vocabulaire recommandé par l’O.A.C.I.

En France, un drone ou « aéronef télépiloté » est défini dans la réglementation comme « un


aéronef qui circule sans personne à bord ». On utilise parfois également en France l’expression
« aéronef non habité » et lorsqu’on veut évoquer l’ensemble composé de l’aéronef lui-même
(le vecteur), de la station de commande au sol et du lien de transmission entre ces deux éléments,
on a recours à l’expression « système d’aéronef télépiloté ».

Pour ma part, dans notre discussion, je me contenterais du mot drone.

D) Le quatrième point : une inclusion et une exclusion

Le drone et le robot sont deux éléments d’une même famille mais la première notion, le drone,
englobe la seconde, le robot, même si la seconde a précédé la première.

Je m’explique.

Le Drone se différencie du robot par le fait que le drone peut être programmé comme le robot,
à une tâche prédéfinie. Le robot est un automate et le drone peut être un automate aux
possibilités étendues par rapport aux automates de Jacques VAUCANSON, l’automate pouvant
être considéré, d’ailleurs, comme le grand-père du robot et du drone.

MAIS, à la différence du robot, le drone peut également jouir d’une souplesse d’action par le
pilotage de celui-ci par un humain ou un logiciel. Si le drone a pour grand-père un automate, il
a pour grand-mère, une marionnette.

Le drone a le rouage et l’engrenage de l’automate mais il peut avoir aussi le fil de la marionnette
qui le guide. Ce fil, pour les drones pilotés, est leur maillon faible. Le lien homme drone est le
talon d’Achille de cette invention du drone piloté. En coupant la liaison radio ou autre, en
coupant le mode de guidage, le drone piloté est paralysé. Le drone marionnette est plus précis
dans son action mais plus fragile que le drone automate.

Le drone automate est plus brouillon mais plus dangereux. Il agit seul. Une fois lancé, difficile
de l’arrêter. Le grand danger pour notre sécurité civile est ce drone automate dormant,
s’élançant d’un toit d’un bâtiment sur lequel il a été posé, plusieurs mois auparavant, voire
enterré dans un conduit vertical dans une friche industrielle ou dans un fourré, obturé par un
simple papier et qui décollera suivant sa programmation pour accomplir sa mission à l’aveugle
en conformité avec son guidage interne, préprogrammé.

L’inclusion est donc de considérer que mes propos sur les drones englobent les questions de
robotique.

Si nous voulons avoir une vision globale au moyen du recours aux rangs taxonomiques de la
systématique, l’on pourrait dire que le Drone détermine la Classe, l’Ordre se subdiviserait entre
le Drone et le Robot, la Famille dronique se répartirait, par la suite, entre le Drone à vocation
civile et le Drone à mission de défense, puis viendrait pour le drone à vocation civile le genre
avec le Drone de loisirs et le Drone professionnel, et pour le drone à mission de défense, le
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drone de renseignements et le drone tueur, enfin se présenteraient les espèces, avec le drone
aérien le drone terrestre, le drone maritime le drone sous-marin, le drone miniature etc…

A noter cependant, que d’un point de vue du droit, le drone piloté ne peut être assimilé
juridiquement à un robot ou à un drone non piloté eu égard à l'implication directe du télépilote
dans sa mise en oeuvre et son contrôle.

L’exclusion maintenant est de s’avouer dépasser par l’ensemble des questions soulevées par
ces différentes applications.

C’est ainsi que ce travail ne s’intéressera pas aux jouets et aux aéromodèles bien que les drones
utilisés à des fins ludiques soient de très loin les plus nombreux et donc les plus visibles voire
les plus dangereux pour les libertés publiques et la sécurité au quotidien. Leur usage s’apparente
à l’aéromodélisme.

Bien sûr, ces objets, volants ou non, manipulés dans un but récréatif doivent fonctionner en
conformité avec les réglementations nationales applicables mais il serait trop long de réfléchir
à leur utilisation normale ou surtout à leur utilisation détournée et à leurs conséquences.

Ceci est regrettable pour deux raisons :

1° regret : Ces gadgets ou maquettes représentent un chiffre d’affaires considérable et nous


avons un champion national dans cette catégorie qui est la société Parrot.

Bien sûr, des étrangers sont très présents sur ce créneau et notamment le groupe chinois SZ DJI
Technology, premier fabricant mondial de drones non militaires. Nous avons aussi un autre
fabricant chinois, moins médiatique, la société Yuneec, soutenue par Intel.

2° regrets : ces modèles réduits ont des performances hallucinantes qui mériteraient que le
législateur s’y intéresse plus et nous aussi.

La règlementation actuelle les classe par poids. Les objets inférieurs à 25 Kg ou supérieurs à
25 kg mais inférieurs à 150 kg et les très gros modèles réduits (ceux qui sont supérieurs à 150
Kg). Dans ce domaine des Très grands modèles réduits, les français sont à l’honneur.

Monsieur Eric Rantet fut longtemps le seul Français concepteur et constructeur de maquettes et
de modèles réduits propulsés grâce à des réacteurs miniaturisés. En 1993, lorsqu’il lance
Aviation Design, il est le premier fabricant au monde à concevoir des modèles réduits à réaction
vendus en kit. Ses avions fonctionnent au kérosène, comme les vrais Rafale, Fouga Magister
ou Mirage 2000. Ces bolides filent à plus de 400 km/h et développe 33 kg de poussée au
décollage. Ces pièces font de 50 cm à 10 mètres d’envergure

Vous imaginez une réplique du Rafale au 1/7ème plongeant sur une estrade à plus de 250 Km /
H avec un liquide inflammable. Le Rafale que vous allez voir coûte (lien vidéo ci-dessous), en
kit, environ 4 300 euros TTC.

https://www.youtube.com/watch?v=mnbiVRlxaGY

Par manque de temps, nous éviterons le monde de l’enfance et des maquettes, tout en sachant
qu’entre un jouet et un outil professionnel, la frontière est mince. M. RANTET est, d’ailleurs,
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le fabricant d’un drone, commercialisé par Thales, le Spy’Ranger qui est un mini drone de
surveillance et de reconnaissance et qui va équiper une partie des forces armées françaises.

E) Le cinquième point et dernier de cette introduction : une tentative

Le thème est susceptible de nous amener à débattre de points économiques, scientifiques


ou sociaux. Mon objectif n’est pas uniquement d’ouvrir une discussion qui pourrait animer une
soirée de l’Aéro-Club de France ou une conférence du soir, au C.N.A.M.

J’ai voulu partir de considérations matérielles en première partie de mon propos pour
entre’ouvrir une porte sur une réflexion plus globale qui tienne compte de la transformation
possible de l’homme sous l’influence de ces engins motorisés.

Ces robots et drones seront dans notre héritage. Quelles conséquences dans la
transmission de notre conception de l’humain.

La place et le rôle que nous offrirons à nos créatures droniques participeront à la


traduction de notre conception du monde et donc, au final, à la considération que nous nous
portons ET au mode de vie que nous souhaitons transmettre à nos enfants.

Alors, quels sont les utilisations et les enjeux industriels et politiques de ces drones
(I) avant de nous pencher sur les conséquences de cette évolution (II).

I ) Les enjeux industriels et politiques


A° Les réalisations premières

Un peu d’histoire.

Si la grand-mère du drone est une marionnette et son grand-père un automate, le père du drone
est un militaire.

L’on retrouve la trace des drones dès la première guerre mondiale.

Georges Clémenceau, alors président de la Commission sénatoriale de l’Armée avait parrainé


un projet d’avion sans pilote. En septembre 1918, les militaires français font décoller et voler
sur 100 km en circuit fermé un Voisin BN3 équipé d’un système de pilotage automatique mis
au point par le capitaine Max Boucher.

L’expérience, menée quelques semaines avant la fin du conflit, ne connaîtra pas de suites à
court terme.

Après le conflit, le capitaine Boucher perfectionne son avion sans pilote avec l’ingénieur
Maurice Percheron. Un appareil volera en 1923 à Etampes mais sans susciter un grand
enthousiasme. Il est à noter que la société de M. RANTET, évoquée dans l’introduction, est
située à Milly la Forêt, proche d’Etampes.

Les Anglais, de leur côté, développent surtout des aéronefs sans pilote pour en faire des avions-
cible destinés à la formation et l’exercice des pilotes de chasse et des artilleurs de la DCA. Une
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série de ces appareils sera baptisée « Queen Bee » (« Reine des abeilles »), nos retrouvons
l’onomatopée drone dans sa version féminine.

Si les premiers engins sans pilote à bord ont été construits et ont volé au début des années 1920,
c’est surtout dans les années 1930 et 1940 que des drones ont été utilisés.

Lors de la deuxième guerre mondiale, le développement des drones pris un autre chemin. La
recherche des ingénieurs allemands dans ce domaine vient compléter les efforts de construction
des bombardiers avec l’apparition des V1 et V2 allemands qui ont fait souffrir nos alliés
britanniques. Ces V1 et V2 sont des bombes volantes, des bombardiers sans pilote, des sortes
de drones préprogrammés ?

La règlementation internationale a pris en compte ce phénomène dronique.

La Convention portant réglementation de la Nav igation Aérienne, signée à Paris


le 13 octobre 1919 avec Protocole additionnel signé à Pa ris le 1er mai 1920
évoque, dans son article 30, la notion d’aéronefs commandés et non pilotés

Quelques années plus tard, la Convention relative à l’aviation civile internationale conclue à
Chicago le 7 décembre 1944 prévoit dans son article 8, une disposition pour les « Aéronefs sans
pilote ».

Des utilisations passives des drones militaires liées à la formation et au renseignement, les
drones militaires furent conçus aussi comme une arme destructrice. Mais nous y reviendrons
plus tard dans ce propos.

Si aujourd’hui, la France a du retard par rapport aux Etats unis ou à Israël en matière de drones,
cela est dû en partie au lobbying des avionneurs et pilotes. Il est préférable de vendre un avion
de chasse à 400 millions d’euros qu’un drone à 10 millions et certains pilotes ne désirent pas
être en concurrence avec des techniciens combattant dans un shelter, un container si vous
préférez, alors qu’eux connaissent l’ivresse de l’azur.

Cette opposition avion drone, pilote et conducteur de drone s’est atténuée. Le drone est devenu
complémentaire au véhicule blindé, au bateau ou à l’avion. Vous avez peut-être pris
connaissance du projet du futur système de combat aérien européen. La France et l'Allemagne
ont confié, en avril 2018, à Airbus et Dassault Aviation la conception du programme SCAF,
combinant un nouvel avion de combat et tous ses appendices, ses appendices étant notamment
des drones.

Airbus DS (Défense et Espace), la branche militaire du groupe aéronautique, vient de franchir


une étape importante. Pour la première fois, Airbus est parvenu à faire voler ensemble et de
façon coordonnée, cinq drones Do-DT25, habituellement utilisés pour servir de cibles volantes,
en association avec un appareil militaire. A la complémentarité de mission s’ajoute une
complémentarité de mise en œuvre.

Et puis et puis au final, les budgets militaires restent faibles, pour vendre du matériel il faut
savoir s’adapter. Le drone militaire est un substitut à d’autres armes à un prix plus abordable.
Son succès est assuré.
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Un rapport présenté début février 2012 à Londres par l’Institut international d’études
stratégiques (IISS) soulignait que le marché des drones militaires était en forte croissance, les
drones n’étant plus aujourd’hui réservés aux seules armées occidentales. Ce marché est dominé
par les États-Unis (50 %) et par Israël (25 %). À noter qu’Israël fut le premier exportateur
mondial de drones militaires et a vendu pour quelque 4,6 milliards de drones tactiques
(d’observation) ou stratégiques (dotés de capacités offensives) entre 2005 et 2012.

À titre de comparaison, les firmes américaines, traditionnellement tournées vers leur marché
domestique, arrivent en seconde position, avec un chiffre à l’exportation de 2,9 milliards de
dollars sur la période. Sur la période 2005-2015, le marché des drones militaires a été estimé à
100 milliards d’euros, soit 10 milliards d’euros par an.

Nous trouvons également une étude du groupe américain Teal Group « Unmanned Aerial
Vehicule Systems - Market Profile and Forecast », publiée lors du salon du Bourget de juin
2013, qui estimait que les dépenses annuelles sur ce segment (budgets de recherche et
développement et d’achat de matériels) allaient doubler en 10 ans passant de 5,2 milliards de
dollars par an en 2013 à 11,6 milliards.

Si nous passons au secteur des drones civils, l’association UVS (l’association à but non lucratif
enregistrée au Pays Bas, fédérant 13 associations nationales oeuvrant dans le monde des drones)
a publié un rapport intitulé « The global perspective » en 2013 qui dénombrait à l’échelle
mondiale 1 708 types de drones civils développés et fabriqués par 471 constructeurs (dont 566
types développés et fabriqués par 176 constructeurs en Europe).

Le marché français de drones civils est, lui aussi, très dynamique.

Grâce à leur souplesse et leur facilité de mise en oeuvre, les systèmes de drones peuvent en
effet offrir des services de nature différente : soit complètement nouveaux, soit
complémentaires ou de substitution par rapport aux moyens sol, aux avions, aux hélicoptères,
satellites ou ballons. Ils peuvent aider à produire plus et mieux, et dans certains cas, moins cher.

Si le marché est aujourd’hui, à plus de 80%, basé sur le domaine audiovisuel, avec en particulier
les prises de vues utilisées dans la plupart des grandes émissions de télévision (documentaires,
magazines, épreuves sportives, …), il évolue à court terme vers la fourniture de données et de
diagnostics couvrant des domaines variés tels que :

* Agriculture : surveillance des cultures, détection de maladies, stress hydrique, etc…

* BTP/Carrières : topographie, (Total utilise des drones pour cartographier des sous-sols)
volumétrie, suivi d’avancement de travaux, de chantier, etc.

* Bâtiments / Immobilier / Ouvrages d’Art : inspection de grands réseaux, détection de


dommages, photographies pour les ventes d’immeubles, monitoring de réseaux linéaires, le
drone nettoyeur de toiture ou de vitres, ou encore le drone effectuant le bilan thermique d’un
bâtiment.

* Médias : prise de vue, tournage de documentaires, films, suivi d’événements sportifs, etc.

* Sécurité civile : surveillance de zone (départs de feu), repérage de personnes, la création du


drone commissaire notamment pour les Etats africains, etc.
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* Géomatic : la cartographie (Total utilise des drones pour cartographier les sous-sols
prospectés), l’implantation d’ouvrage d’art en 3D

* Juridique et fiscal : la détection de sources de pollution, la découverte de constructions


illégales ou de plantations interdites.

Mais nous voyons apparaître aussi, la livraison de colis médicaux par drone (Exemple de
Madagascar), le drone transporteur de greffons, de sang ou d’autres choses. Le drone médical,
comme le robot mou de 4 millimètres de long, contrôlé à distance et capable de se déplacer à
l’intérieur du corps humain qui a été mis au point par des chercheurs allemands ou le mini drone
réparateur de valve cardiaque et tant d’autres choses.

Enfin, le drone ou robot logiciel formateur : le Chatbot


Le Chatbot est un robot logiciel, capable d’interagir avec un humain via une application ou une
plateforme de messagerie instantanée. Ce robot parlant propose un service de conversations
automatisées avec les internautes. Il a pour mission de fournir des réponses personnalisées aux
questions de son interlocuteur afin de l’aider et de mieux satisfaire ses attentes.

Un chatbot de dépistage des troubles du spectre autistiques va être testé dans trois crèches de la
Croix-Rouge en Île-de-France à partir de janvier 2019. Ce robot conversationnel destiné
aux professionnels de la petite enfance permettra d'effectuer un suivi ciblé du développement.
Ce n'est pas un outil diagnostique, mais un guide pour la détection des troubles du
développement. Il s'agit d'attirer l'attention des professionnels sur certaines anomalies
évocatrices.

Le marché français a pu se développer de façon forte :


En 2014, ce sont environ 1 200 sociétés, essentiellement dans des PME ou TPE et un chiffre
d’affaires global de l’ordre de 10 à 20 M€ (hors drones de loisirs).

En 2016, nous avons environ 5 000 sociétés intervenant sur ce créneau pour un marché de 140
millions d’euros.

En août 2017, 5 358 télépilotes de drones se sont déclarés comme tel à la DGAC.

Il est à noter que la presque totalité des applications des drones aériens sont constituées de
missions à très basse altitude, c’est-à-dire à moins de 150 m au-dessus du sol.
Ces drones ont aujourd’hui une autonomie de quelques minutes à un an pour le drone solaire
de la société BAE Systems et Prismatic (le Phasa 35 de 150 Kg et de 53 mètres d’envergure).
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À l’horizon 2020, le marché potentiel et récurrent annuellement pourrait atteindre 180 M€


pour la France, 1 100 M€ pour l’Europe et 10 milliards € pour le monde, essentiellement dans
la surveillance des infrastructures et réseaux (35%), le génie civil (15%), et les industries
minières et pétrolières (15%). Il va de soi que pour atteindre un tel marché, des conditions
réglementaires opérationnelles adéquates devront être mises en place.

Le marché mondial de drones militaires de 10 milliards est alors complété par le marché de
drones civils également 10 milliards annuels, soit 20 milliards annuellement pour ce secteur qui
n’existait pas il y a dix ans.

La France avec ses ingénieurs ses écoles, son tissu d’industriels tient là une occasion
extraordinaire de se réindustrialiser et d’exporter son savoir-faire.

B° Les enjeux à venir

1° Les enjeux sociétaux

Je ne vais pas développer l’ensemble des points positifs liés à l’apparition des drones. Les
exemples cités il y a quelques minutes me semblent suffisant et ont dû démontrer que le drone
aérien, terrestre ou autre facilitera la vie des hommes dans de nombreux domaines.

Cependant, chaque médaille a son avers et son revers.

Retournons la pièce et regardons un peu le revers.

Quelques risques seront cités sans prétendre à être exhaustif.

a) Le risque social
Je n’évoquerais que très rapidement la transformation du monde du travail liée au risque drone
ou robot.

Je caricature mais demain, le chien guide d’aveugle sera un drone terrestre, le dresseur de chien
sera-t-il au chômage ? Les drones et robots vont déplacer les postes de travail.

Entre 1 emploi sur 2 et 1 sur 7 seraient condamnés à brève échéance par l’automation dans nos
économies avancées. C’est beaucoup mais très variable. Pourquoi donc ?
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La plupart des études publiées vont toutes dans le même sens : plus de robots, moins de boulots.

En 2018, une étude publiée par l’OCDE, nous apprend que 14 % des emplois « seulement »
seraient « hautement automatisables ». 86% pourraient subsister, quitte à s’adapter ! Pour les
Etats-Unis, 9% des emplois de 2016 « seulement » seraient menacés, soit quand même 13
millions de postes.

Tout le monde est d’accord sur le constat suivant : hors les emplois de proximité, notamment
dans les services à la personne, les robots « tuent » les emplois peu ou pas qualifiés. Les drones
et robots seront très présent sur les postes routiniers, pour les salariés les moins bien payés,
notamment dans le manufacturier et les activités physiques. Cependant, les robots font aussi
pression sur les salaires d’emplois un peu plus qualifiés (exemple géomètre expert) ou
délocalisables.

C’est bien pourquoi le risque d’automatisation est très variable suivant les zones géographiques
: 33 % des emplois seraient fortement automatisables en Slovaquie, contre 6 % en Norvège !

Le risque d’automatisation n’est pas le même pour tous suivant l’âge des salariés, il est le plus
élevé concerne les emplois occupés par les adolescents ! Le lien entre automatisation et âge a
en effet la forme d’un U : faible au centre pour les travailleurs de 30-40 ans, il monte du côté
des travailleurs âgés, mais plus encore pour les jeunes. L’automatisation risque de se traduire
bien plus par du chômage chez les jeunes que par des préretraites ! Certes, ce risque peut être
contrebalancé par le fait que les jeunes passent plus facilement d’un emploi à un autre que leurs
aînés. Surtout, dans la plupart des pays, ils sont plus qualifiés qu’eux, ce qui facilite l’adaptation
à des emplois nouveaux, notamment à contenu technologique.

Ne robotisons pas les réponses ! Oui les emplois vont changer, beaucoup vont disparaître,
comme toujours à chaque révolution industrielle ou technique.

Le monde des drones va aussi créer de l’emploi.

Plusieurs questions se posent :

La première question est de prendre conscience du rythme de la transformation et donc du temps


entre la destruction et la recréation d’activité d’un point de vue macro-économique.

Si nous prenons l’exemple de l’aviation, celle-ci a mis 700 années pour s’imposer. Rappelons-
nous, au XIIIème siècle, sur notre continent, le moine franciscain Roger BACON (1214 1294)
dans sa Lettre sur les prodiges de la nature (vers 1260) et non Francis Bacon (1561 1626) prédit
l’emploi futur des machines volantes… Vers 1490, Léonard de Vinci dessinera sa « vis
aérienne ».

Trois cents ans plus tard, en 1783, les frères Étienne et Joseph de MONTGOLFIER, des
fabricants de papier, après avoir observé l'envol d'un morceau de papier dans la cheminée,
inventent l'aérostat (montgolfière) ou ballon à air chaud et font voler le 19 septembre 1783, le
premier ballon à air chaud, en présence du roi Louis XIV.
Le 25 Juillet 1909, encore trois cents ans, Louis BLERIOT réussit la traversée de la MANCHE
: c'est l'exploit de l'année.
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Puis vient la grande guerre et l’accélération des techniques liées au conflit mondial.

700 ans de développement pour l’aviation avant de percevoir des conséquences concrètes et
générales.

La révolution des drones et robots, elle, se fera en moins de 30 ans. Le scooter du livreur de
pizza roulera moins vite, il respectera les limitations de vitesse et il livrera très bien la pizza que
son ancien conducteur, débarqué, pourra peut-être se payer ou pas ? De la même façon, en 2021
ou presque, les TGV pourront être conduits par des robots.

Serons-nous capables de nous adapter et de protéger le dresseur de chien guide d’aveugles ou


le jeune pilote de scooter ?

Certains veulent ralentir le phénomène ou en tenir compte et en tirer les conséquences comme
Bill Gates ou Benoît Hamon avec ces propositions d’impôt sur les robots et demain sur les
drones au même titre et au même niveau que les salariés qu’ils remplacent.

La deuxième question, plus globale est de savoir si le solde de création d’emploi par rapport
aux emplois détruits sera positif.

Dans un rapport publié en septembre 2018, le Forum économique mondial (en anglais le WEF)
estime que d'ici 2022, les nouvelles technologies vont créer plus d'emplois qu'en détruire. 58
millions de plus, selon les projections de la Fondation, qui se réunit tous les ans à Davos.

Pour élaborer ce document, le WEF a interrogé les dirigeants de nombreuses sociétés de tous
les secteurs, représentant quelque 15 millions de salariés dans le monde. En analysant les
réponses, les chercheurs du WEF ont réalisé des projections sur les années à venir, d'ici à 2022.

Au global, en extrapolant les réponses des sondés, le rapport estime que 75 millions d'emplois
risquent d'être supprimés d'ici 2022. Mais cette automatisation devrait également entraîner la
création de nouveaux postes, adaptés à cette automatisation : 133 millions, toujours selon ces
projections.

Soit un solde de 58 millions d'emplois qui devraient être créés d'ici 2022 grâce à cette 4e
révolution industrielle. C'est le principe de destruction créatrice de l'économiste Joseph
Schumpeter : l'automatisation demande de nouvelles compétences.

Le résultat serait donc positif en chiffre mais serait moins intéressant par rapport aux types de
poste.

Les postes créés par l'automatisation ne siéront pas spécialement aux employés dont les postes
auront été supprimés.

La France n'est pas très bien lotie dans cette histoire. Sur les 30 pays étudiés, c'est celui où les
employés auront le plus besoin de requalification pour s'adapter à la 4e révolution industrielle.
Le patronat estime qu'il faudra 105 jours par personne de formation, contre 83 en Suisse. 105 à
raison de 5 jours par an, cela fait environ 21 ans, donc irréaliste, d’où problème…
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Ce rapport du WEF n’est pas le premier à pointer le risque non pas d'une destruction d'emplois
nette, mais d'une réorganisation créatrice d'inégalité et de polarisation. L’enseignant que je
suis, se réjouit de ce marché de la formation à venir. Le citoyen s’en inquiète.

b) L’atteinte aux libertés fondamentales

Deux exemples dans une foule de possibilités

* Un exemple concret : Le drone et les infractions au droit à construire.

Un drone peut techniquement survoler une propriété et constater l’existence de


construction ou d’aménagements sur un bâti. En rapportant ce qui a été capté par le
drone avec les documents du cadastre numérisé, l’on peut découvrir des différences et
mettre en évidence des infractions du contribuable.

La question fut posée de savoir si la prise en compte d’une infraction par survol d’une
propriété sans l’autorisation du propriétaire pouvait être constitutif de l’établissement
d’une preuve recevable de l’infraction constatée.

La réponse, pour l’instant fut non. Le drone fiscal ne peut donc être utilisé à l’insu des
propriétaires fonciers.

En effet, l'administration de la preuve en matière pénale est gouvernée par un principe de liberté.
L'article 427 du code de procédure pénale énonce en effet que « les infractions peuvent être
établies par tout mode de preuve ». Néanmoins, le principe de liberté de la preuve souffre deux
limites importantes que sont la loyauté et la licéité de la preuve. Or, la licéité de la preuve exige
que la preuve ne doit pas avoir été recueillie ni dans des circonstances constitutives d'une
infraction ni au mépris du respect des principes généraux du droit au nombre desquels figure le
respect de la vie privée. La captation d'images par la voie des airs au moyen d'un drone survolant
une propriété privée peut être considérée comme une ingérence dans la vie privée. Ainsi, selon
la jurisprudence, la captation d'images opérée par des policiers dans un lieu inaccessible depuis
la voie publique doit, en application des dispositions de l'article 8 de la Convention européenne
des droits de l'homme, être fondée sur une prévision législative, telle que l'article 706-96 du
code de procédure pénale. À défaut, aucune intrusion ne peut être valablement effectuée en un
tel lieu (crim. 21 mars 2007, n° 06-89444). En conséquence, le constat d'une infraction sur une
propriété privée à l'aide d'un drone peut être considéré comme illicite dès lors que la zone
contrôlée est inaccessible aux regards.

* Le drone et l’espionnage informatique

Le drone est l’alliance d’un vecteur et d’un matériel embarqué. Il est difficile de
différencier les deux.

Le vecteur est le complice de l’action du matériel embarqué.

Le drone qui me livrera un livre ou un médicament pourra indiquer le livre que j’ai
commandé ou quel médicament m’a été déposé, dans quel lieu et à quel moment.
13

Allons plus loin : ma voiture autonome me conduit. En me conduisant, elle se positionne


au moyen d’une technique GPS, enregistre mon parcours et peut garder en mémoire mes
déplacements comme mon téléphone portable qui signale ma position à chaque impulsion.

Fini les rendez-vous alibis ou les réunions qui débutent à l’hôtel plutôt qu’ à la CCI. La
voiture saura…et pourra rapporter.

Poussons encore un peu la réflexion.

Avec l’apparition des objets connectés, le drone peut tenter, par son matériel embarqué
d’entrer en relation avec l’un des appareils connectés du bâtiment visé et pénétrer ainsi son
système informatique, via internet. Le domaine de la cybersécurité est concerné.

Le drone, main avancée de l’homme ou oreille indiscrète grâce à son matériel embarqué
est une menace pour notre quotidien et la vie de l’entreprise. Les démarches de cybersécurité
doivent tenir compte de l’utilisation des drones comme capteurs.

Dans ce domaine des objets connectés, moins l’objet est vendu cher, plus il risque d’être
faiblement protégé. Cette réalité offre une porte d’entrée à n’importe quel hacker pour ensuite
s’emparer de tous les autres appareils reliés à internet. Sans compter les attaques par «déni de
service», qui consistent à saturer le réseau en prenant le contrôle de différents objets mis en
réseau.

Prenons l’exemple de la machine à café qui est connectée au système informatique de


l’entreprise. Si l’on pénètre son système, l’on saura qui a bu du café au moyen de la détection
de sa carte de paiement ou de son badge (cette personne que l’on piste est donc bien là) de
même, la machine indique qu’elle n’a plus de barre de chocolat donc une commande est passée
en automatique, commande qui impacte un stock et mouvemente un logiciel comptable. Ce
logiciel comptable est lui-même en liaison avec la comptabilité de l’entreprise, via son plan
comptable. Plan comptable informatisé qui connaît les factures faites et reçues donc les contacts
de l’entreprise. Je m’arrête là. Par la machine à sucrerie, l’on saura le nom de ceux à qui
l’entreprise verse des sommes d’argent.

c) L’atteinte à l’environnement

La législation actuelle édicte des règles en tenant compte de deux impératifs de sécurité
publique. Elle en oublie au moins un, majeur à mes yeux car structurel et non conjoncturel
comme l’est le terrorisme.

Premier impératif : la règlementation craint l’utilisation du drone à des fins terroristes. Donc,
elle souhaite une traçabilité du drone, du pilote et instaure des zones protégées. En conséquence,
le drone doit être immatriculé, le pilote formé pour l’utiliser (il doit alors se découvrir lors de
cette formation). Cette formation prend la forme des différents permis en fonction des zones
survolées ainsi que l’instauration de secteurs sensibles interdits au survol.

Soyons clair, une immatriculation, un permis n’empêchera rien même si cela constitue un frein.
Admettons que l’une de mes connaissances obtienne le permis adéquat, achète le drone qui
m’intéresse et me forme moyennant finance.
14

Elle déclarera ensuite le drone accidenté ou vol et le tour est joué. C’est donc de la poudre aux
yeux. Mais ne condamnons pas, toute barrière s’ajoute à une autre et permettra, peut-être, au
final, une détection.

Deuxième impératif : Elle craint aussi, cette règlementation, la collision, l’accident du drone
avec un élément au sol, ou en l’air avec une personne, du matériel ou autre. Il s’agit du problème
de l’intégration d’un drone dans un système de flux. Très bien mais insuffisant.

Pour rappel, il l existe 247 zones interdites au survol des drones de loisir en France, dont les
prises de vue (photos, vidéos) sont sanctionnées par la loi.

Troisième impératif ignoré : l’une des grandes contraintes passées sous silence est le risque
environnemental. Les drones maritimes et aériens, pour les principaux, vont se déplacer dans
un terrain naturel, peuplé d’une faune fragilisée. Oiseaux, rongeurs, insectes vont entrer en
collision avec ces engins ou vont les déranger à des moments cruciaux de leur développement.

Le retour d’expérience lié aux dégâts causés par les éoliennes est à analyser. Cela n’est pas fait
à ce jour.

Plus on écarte les drones des lignes de chemins de fer et des routes, plus on crée de la nuisance.
Nous allons instituer une troisième voie qui à mes yeux, est une voie de trop.

Les techniques actuelles de train piloté automatique, de voiture autonome et de drone


programmé, limiterons les collisions et les réflexes humains d’évitement désastreux.

Le drone se posera demain sur une voiture qui roule ou sur un camion pour y déverser son
paquet ou en prendre un autre ou tout simplement se recharger ou se mettre à l’abri des
éléments. Les politiques doivent pousser à l’intégration des flux et non à leurs séparations en
exigeant le développement de technique plus poussées.

Les drones doivent emprunter la nuit une voie autoroutière ou survoler des lignes de chemins
de fer et non créer une autoroute supplémentaire, invisible à l’œil nu mais dévastatrice dans sa
réalité.

De plus, les zones interdites de survol actuelles doivent se doubler de zones d’interdiction de
survol liés à la protection de la faune et à des fermetures de zones en fonction des périodes dans
l’année liées à la reproduction des espèces ou autre.

Le mâle de l’abeille ne servira à rien si la reine a disparu. Il va falloir choisir.

d) Le drone et le partage de l’information stratégique

La prise en compte de l’information de nature stratégique, militaire ou civile (ouragans,


cyclones etc…) se fait notamment par l’utilisation des satellites.

La qualité de cette technologie et son coût limitent l’accès aux informations. Certains Etats ne
peuvent profiter de ces données.
15

Le drone, avec ses progrès techniques, notamment son autonomie, sa hauteur de vol et sa
capacité à se stabiliser grâce notamment à une voilure tournante mais aussi, grâce à l’évolution
de son matériel embarqué peut remplacer, pour une partie les services rendus par des satellites.

Le drone reste un bon complément des satellites en cas de couverture nuageuse mais il a
également une capacité à les remplacer en cas de ciel dégagé.

Le drone peut devenir le satellite du pauvre et donc le partage de certaines informations s’en
trouvera facilité. Reste à savoir ce qu’en feront les destinataires.

e) Le drone et l’évolution du principe d’engagement

Pour cela, il faut remonter en arrière.

À partir des années 50 et notamment à l’occasion du conflit coréen et de la guerre du Vietnam,


des drones ont été développés par les États-Unis pour réaliser diverses missions allant de la
surveillance et de la collecte de renseignements à l’intervention militaire en terrain ennemi.

La possibilité de pouvoir confier à ces engins des tâches dites 3d, 3d pour « dull, dirty and
dangerous », soit en français « répétitives ou ennuyeuses, sales et dangereuses », a pour
beaucoup contribué à leur succès auprès des militaires et notamment des militaires de l’armée
de terre.

Ces automates volants permettaient d’économiser des vies humaines, économie du côté de celui
qui s’en sert bien sûr.

Le souhait du moindre mort de la guerre du Vietnam (1955 – 1975) débouchant, quelques


années plus tard, sur la citation journalistique du zéro mort.

Cette théorie du zéro mort consistait à éviter des pertes humaines chez soi sans s’inquiéter, outre
mesure, des pertes chez l’adversaire. Bref, le zéro mort chez soi s’accommodait du « zéro-
vivant » en face.

Donc le drone permet le refus d’une prise de risques, on tue loin de l’adversaire, sans distinction
des dommages collatéraux au nom d’une hiérarchisation de ses objectifs mais sans trop se
préoccuper des conséquences sur les populations. La collatéralité civile étant un inconvénient
subi mais supporté, voire recherchée.

Cet outil des doctrines zéro mort apparaît comme un objet digne d’intérêt. Petit, maniable,
discret, peu onéreux, efficace voire létale, propre d’utilisation, voire anonyme, il est un
compagnon étonnant. Il ressemble à un jouet, donc il présente un côté inoffensif, il touche à
l’aérien et nous donne l’impression de voler par personne interposée, il semble nous donner un
pouvoir total car peu détectable, il accroît les possibilités de l’homme en prolongeant son
regard, sa main.

Le drone, bon serviteur à bas prix, a donc un capital de sympathie dans l’esprit du public.

Cela va-t-il demeurer ?


16

1° Au fil du temps, ces engins et les capteurs qu’ils peuvent emporter ont bénéficié des progrès
technologiques réalisés dans les secteurs de l’aéronautique, de la robotique, de l’optronique, de
la miniaturisation ou encore, de l’informatique et de la transmission de données.

C’est en raison de ces progrès techniques, que nos alliés américains ont pu les utiliser comme
instrument de leurs assassinats ciblés.

Les drones tuteurs ont été largement employés par la CIA sur de multiples terrains extérieurs,
(Engagements depuis 2004 à nos jours au Waziristan, région du nord-du Pakistan), au Yémen
pour frapper les membres d'Al-Qaïda, en Somalie où les membres de DAECH sont visés).

Ces assassinats ciblés restent importants pour autant que les chiffres publiés soient fiables.
Le Bureau of investigative journalism qui est une organisation non gouvernementale
britannique, de création récente 2010, estime que ces frappes américaines au Pakistan
s’élèveraient à 344 attaques dont 292 raids sous la responsabilité du Président OBAMA et
auraient tuées entre 2 500 et 3 300 personnes.

Nous retrouvons des drones avec des missions de renseignements et de destruction sur les
terrains de conflit que vous connaissez tous, (Afghanistan, Irak, Libye), où leur emploi
n'est pas plus problématique que celui d'un avion ou d'un hélicoptère.

Ces drones ne sont pas plus contestables dans leurs utilisations qu’un avion transportant et
larguant un missile.

Ce rôle de tuteur discret pose pourtant question à certains. Le drone, serait-il une figure aérienne
du mal comme l’indique le titre d’un article de M. Joseph Henrotin, « Le drone, figure aérienne
du mal ? », publié dans le magazine DSI (Défense et Sécurité Internationale), Hors-série no 30,
juin-juillet 2013, p. 50-52. A voir, mais la réflexion est lancée.

2° Le deuxième aspect pourrait venir ternir leur image

Les robots létaux autonomes (les R.L.A.), prennent seuls, la décision d'un tir offensif. Un
robot autonome appartient, pour moi, à la catégorie des drones.

Que les drones actuels soient tous télépilotés et qu’aucun d’entre eux ne « décide » de tirer
(c'est un humain qui le fait, comme dans n'importe quel avion) n'y fait rien.

Nous sommes face à un danger de déshumanisation de l’arme. C’est le syndrome de


Terminator. Je me permets de rappeler que Terminator, robot d'aspect humain, est envoyé
d'un futur où sa race livre aux hommes une guerre sans merci. Sa mission est de trouver et
d'éliminer Sarah Connor avant qu'elle ne donne naissance à John, appelé à devenir le chef de la
résistance. Je vous passe la suite.

Bref, le drone militaire tue sur commande de l’homme mais pourrait tuer, sur
programmation, sans en référer à son créateur.

La crainte est de faire émerger des robots tueurs, dotés d’une intelligence artificielle, robot
tueur pouvant devenir incontrôlables. La bavure ne pourra être corrigée. Pire, cette
17

technologie dans les mains de mafieux, de trafiquants de drogue ou de terroristes causera it


des drames insupportables.
Dans cette crainte, ce n’est pas vraiment le drone qui est incriminé mais son système embarqué,
nourrit d’intelligence artificielle. Il y a 20 ans environ, le champion d’échecs Kasparov perdait
devant une machine IBM. Il dût s’incliner devant sa puissance de calcul.

Aujourd’hui, Alpha go, une machine conçut par une filiale de Google a battu le meilleur jour
de Go du monde, joueur de la Corée du Sud. Cette machine est dotée d’une intelligence
artificielle. A la différente du matériel d’IBM de l’époque, cette machine apprend en jouant
contre son adversaire. Au fur et à mesure des parties, elle s’améliore.

Une deuxième version de cette machine, Alpha zéro, a été conçue et a joué contre Alpha go.
Cette deuxième machine a été nourrie des règles du jeu et a joué contre elle-même. Elle a ainsi
pour s’améliorer et battre Alpha go.

Cette capacité à apprendre seul, car comparaison, déduction ou autre inquiète. Cela implique
que la machine maîtrise une partie de son développement, une partie de son efficacité.

Une telle informatique dans un drone permettait audit drone « d’échapper » potentiellement à
son créateur. Ceci, bien sûr, pour le bien de la mission mais ce bien serait analysé et valider par
la machine.

Cette inquiétude a conduit à la création de groupes de réflexion et à l'expression par certains


scientifiques de la nécessité d'une régulation ou d'un accord mondial.
Par exemple, le milliardaire Elon Musk ne cesse d'alerter le public sur le danger potentiel de
l'essor des intelligences artificielles dont les drones seraient des vecteurs agiles.

Ces craintes sont-elles infondées, à nous d’y réfléchir mais vous avez peut-être pris
connaissance de l'annonce de l'ouverture d'un laboratoire de travail sur les armes autonomes au
sein d’une université sud-coréenne, l’Institut supérieur coréen des sciences et technologies (plus
connu sous son acronyme anglais K.A.I.S.T., Korean Advanced Institute of Science and
Technology).

Face à cette annonce, plusieurs experts en robotique ont annoncé qu'ils boycottaient leurs
collaborations avec cet institut, craignant que cette nouvelle branche de recherche nous mène
tout droit à ces fameux robots tueurs de type Terminator.

De son côté, l’ONU se penche sur cette question. La première réunion 2018 du groupe d’experts
gouvernementaux sur les technologies émergentes dans le domaine des systèmes d’armes
létales automatiques (les S.A.L.A.), dit communément « robots tueurs », a ouvert ses travaux
en avril 2018 au bureau de l’ONU, à Genève.

Pendant une semaine, les représentants de plus de 70 États et de la société civile ont discuté
de la composante humaine dans le cadre de l’utilisation de ces systèmes, des aspects de
l’interaction homme-machine, mais aussi du développement, du déploiement et de l'emploi de
technologies émergentes, dans le domaine des S.A.L.A.

Ces drones tueurs inquiètent par leurs possibilités.


18

Mais, en termes militaires, faire la guerre par militaires interposés pose question.

Le combat comprend la notion de sacrifice et de souffrance.

L’utilisation de drone, comme de l’avion d’ailleurs met en avant une distance avec le champ de
bataille, l’engagement.

Certains font de la déportation du télépilote un problème, invoquant sa distanciation


émotionnelle et sa « mentalité Playstation ». L’éloignement physique impliquerait une
déresponsabilisation morale et, chez les jeunes surtout, formés aux jeux vidéo, une difficulté à
distinguer le réel du virtuel, conduisant à un risque de déshumanisation de l'adversaire.

Cette conviction s'appuie sur différentes thèses selon lesquelles la propension à tuer
serait proportionnelle à la distance .

Cette distanciation aurait-elle une influence sur nos responsables politiques ?

Le politique est au contact de son opinion publique.

Comment ce responsable va-t-il réagir si un conflit déclenche la destruction de 10 000 drones


et de 100 militaires en chair et en os alors qu’en condition dite ancienne, il y aurait peut-être eu
plus de 3000 disparus, tués ou blessés. Ou en plongeant dans l’histoire, Nivelle et ces 50 000
morts en une journée, si cela avait été 50 000 drones, il aurait peut-être été promu maréchal.

Le mort dronique ne va-t-il pas pousser à moins de considération dans le principe


d’engagement. L’absence de sang versé, par les enfants de son pays, ne va-t-elle pas inciter plus
facilement l’homme politique au conflit ?

La discussion est à suivre.

2° Les enjeux philosophiques

a) Le drone : chose ou personne

Nous le comprenons bien le drone ou le robot augmente les potentialités humaines. Il nous
remplace au combat, nous permet de mieux voir et comprendre et nous allège des tâches
difficiles et répétitives. Le drone augmente nos potentialités.

Ce drone remplace si bien l’homme que certains veulent imposer sa valeur travail comme
s’il était un salarié.

Cette chose, complétant l’homme et travaillant comme lui deviendrait-il un bout d’homme ?

La grande classification juridique distingue les hommes des choses.

Les choses, de leur côté, sont meubles ou immeubles.


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C’est ainsi que l’animal est chose et que parmi les choses, il est meuble car, sauf exception,
il n’a pas de rattachement au sol, de rattachement géodésique.

Cette répartition entre homme et chose semblait immuable est éternelle.

Cependant, cette classification a été un peu bousculée par une réforme récente.

Une réforme historique du code civil a été portée par la Fondation 30 Millions d’Amis.
Autrefois, l’'animal était considéré uniquement comme un bien meuble, une chose inanimée.

La loi du 16 février 2015 a apporté une nuance dans le statut juridique de l’animal. Les animaux
sont reconnus comme étant des êtres vivants doués de sensibilité. Cette nuance est du domaine
du symbole qui nous aimons. les organismes qui défendent la cause des animaux et qui espèrent
un début d’'une transformation des mentalités et des pratiques.

A vrai dire, l'’animal ne peut avoir de personnalité juridique en droit français. Il ne pourra pas
faire objet d’une garde dans le cas où ses maîtres divorcent.

Cependant, la Loi n° 76-629 du 10 juillet 1976 relative à la protection de la nature était la


première à avoir reconnu la nature de l’animal domestique comme “être sensible”, et le Code
pénal envisage des contraventions spéciales contre les animaux, autrement dit, les mauvais
traitements, la violence et les actes de barbarie envers les animaux sont spécialement
condamnés (Article 521-1 du Code pénal). Ainsi, porter une atteinte volontaire ou involontaire
à la vie d’'un animal a un prix à payer. Les responsables des faits se voient dûment sanctionnés.

Article 515-14 du code civil, créé par la loi n°2015-177 du 16 février 2015 - art. 2
Les animaux sont des êtres vivants doués de sensibilité. Sous réserve des lois qui les protègent,
les animaux sont soumis au régime des biens.

Article 516 du code civil, créé par la loi 1804-01-25 promulguée le 4 février 1804
Tous les biens sont meubles ou immeubles.

L’animal s’est rapproché de l’humain, le drone, le robot, meuble corporel pourrait-il aussi se
rapprocher de l’humain ?

Le débat est posé aussi à l’étranger.

La Corée du Sud est le premier pays à avoir adopté une charte des robots.

Elle n’est pas spécifiquement destinée aux fabricants de robots mais traite plutôt des questions
sociales relatives à l’interaction homme-robot et des questions juridiques soulevées par les
robots de services intelligents, c’est-à-dire capables de prendre des décisions. Elle est construite
en trois parties : les normes de fabrication, les droits et devoirs des utilisateurs et des
propriétaires, et les droits et devoirs des robots.

Parmi ces devoirs accordés aux robots, il est fait mention, pour les robots, de celui d'exister sans
craindre de blessures ou la « mort » — ou encore celui de vivre une existence exempte de
violences systématiques. Le statut du robot serait proche du statut de l’animal européen.

Une chose qui aurait les attributs d’un être sensible.


20

De son côté, l’Arabie saoudite a mis en valeur un robot humanoïde dénommé Sofia. Un robot
féminin, doté d’une intelligence artificielle, auquel le Roi actuel, le roi Salmane a accordé la
citoyenneté saoudienne.

Coup de publicité ou pas cette accession d’un robot à une nationalité lui donne le statut de
personne, le statut d’une personne morale car le statut d’une personne physique ne se pose pas ?

Nous trouvons donc, dans le monde, des robots qui ont des droits, des robots qui ont une
nationalité propre, pas par l’intermédiaire de leur propriétaire.

Allons au Japon.

La société Aldebaran robotics, ex-société française, a conçu un robot humanoïde, dit


émotionnel, capables de lire nos émotions et d’interagir avec nous. Cette société n’a pas trouvé
son marché en France.

Rachetée par un géant japonais de la téléphonie, des robots sociaux et affectifs de la société
française sont affectés dans les hôpitaux, les restaurants et les maisons de retraite. Le succès est
au rendez-vous.

Les japonais semblent mieux accepter la présence de ces robots que les français.

Les Japonais sont majoritairement animistes, leur conception de la vie les aide dans ce contact.

L’animisme peut être défini comme un « mode d’identification », c’est-à-dire une façon de
concevoir la relation entre soi et l’autre. Je m’explique : dans le sens commun occidental
moderne, on admet que l’homme partage le même monde physique que le reste des êtres qui
peuplent l’univers. En revanche, nous (les humains) estimons être différents des animaux ou
des plantes par le fait que nous sommes des sujets, possédant une intériorité, des
représentations, des intentions qui nous sont propres.

L’animisme procède autrement. Il attribue à tous les êtres humains et non humains le même
genre d’intériorité, de subjectivité, d’intentionnalité. Il place la différence du côté des propriétés
et manifestations physiques : apparence, forme du corps, manières d’agir, comportements.
L’animiste ne conçoit pas de différence sur l’intériorité. Le robot a donc un lien commun avec
le japonais via cette conception.

Le drone se voit confier des droits, une nationalité, il aurait une subjectivité, une intériorité.

Ce drone va -t-il se multiplier ?

La réponse est oui par rapport aux besoins. Agile, peu onéreux etc… Nous l’avons vu mais
aussi car son développement est contenu, si je puis dire, dans son processus.

La difficulté est d’avoir un univers mixte, à savoir un lieu dans lequel l’homme décide et dans
lequel un robot ou drone est présent. L’homme est imprévisible alors que le drone est prévisible.
La mixité de présence et d’action sera difficile.
21

Si l’on image une smart city avec des véhicules autonomes alors il faudrait qu’il n’y ait que des
véhicules autonomes. Le mélange des deux, le véhicule autonome et le véhicule conduit par un
humain est très complexe et semble difficile aujourd’hui. Il faudrait des zones dédiées et ne pas
les mélanger.

Cette difficulté de gérer deux niveaux d’approche va être un acteur de multiplication des drones
dans les domaines où ils vont prendre pied. Ils seront moins chers à développer et à soutenir en
maintenance s’ils sont dans un univers purement dronique.

De plus, dans certains secteurs, les drones ou robots sont meilleurs que l’homme. Ces vecteurs,
habités par une intelligence artificielle auront de meilleurs résultats.

Par exemple, en médecine ou en droit, on peut attendre un résultat meilleur que l’esprit humain.
Un drone alimenté par une IA sera plus performant dans « l’induction », c’est-à-dire dans le
traitement de données massives et pourra ressortir des éléments de compréhension ou des
schémas cohérents. Ce seront des assistants étonnants.

Comme le prétend M. Hans Moravek, spécialiste de la robotique et de l’IA, les machines feront
mieux que nous des choses qui sont compliquées pour nous mais, en revanche, beaucoup plus
difficilement des choses qui sont simples pour nous.

Battre un humain aux échecs en ayant recours à des combinaisons hallucinantes oui car cela est
du domaine du calcul, battre un humain au football à voir.

Nous allons donc vers une augmentation du nombre de drones et de robots, dans tous les
domaines avec des secteurs d’activités où ils seront plus performants que nous.

C’est de cette projection que vient l’idée, le cauchemar de l’abandon de ce qui fait notre
humanité.

Nous, nous savons bien que la vraie liberté, est d’accepter en conscience, ses contraintes et qu’il
nous faut nous détacher d’une certaine matérialité.

Le drone et le robot vont permettre au plus grand nombre de s’affranchir de tâches pénibles,
récurrentes ou complexes, tout en voyant ces tâches se réaliser.

Je vois mon cas, faire une recherche jurisprudentielle pour répondre à un client demande une
capacité de recherche et une capacité de raisonnement.

Quant un robot me trouvera les 4 arrêts de la Cour de cassation pertinents pour mon dossier et
me les classera par ordre de pertinence, ne vais-je pas devenir fainéant ?

De mon cas personnel, l’on peut passer au groupe.

Une société d’hommes, aura-t-elle tendance à s’abandonner dans les bras de ces assistants
devenus indispensables ?

Deux auteurs, très différents nous ont alerté, à leur façon.


22

Rappelons-nous : Etienne de la Boétie (1530 – 1563) dans son Discours de la servitude


volontaire nous alerte sur le fait que le peuple s’auto-soumet aux pouvoirs en place, par simple
habitude, par récurrence historique.

Pour La Boétie, il n’y a d’oppression que volontaire et les peuples sont responsables de leur
mise sous tutelle. Notre tueur sera-t-il un drone, intelligent artificiellement ?

A cet auteur, un autre écrivain répond en écho quelques années plus tard.

Il s’agit du français Pierre Boulle qui publie en 1963, un roman de science-fiction : La Planète
des singes. Il raconte l’histoire de trois hommes qui explorent une planète lointaine similaire à
la Terre, où les grands singes sont les espèces dominantes et intelligentes, alors que l'humanité
est réduite à l’état animal. Dans cette nouvelle, devenu un film connu, c’est l’homme qui s’est
détruit lui-même.

Il est dangereux que nous nous sombrions dans ce syndrome, le syndrome de la planète des
singes. Que nous nous détruisons nous-même.

Quel est le risque ? Nous sommes des machines qui sont faites pour fonctionner mentalement
et physiquement.

Bien vieillir c’est bien fonctionner, c’est bonne alimentation, c’est un équilibre sur le plan
affectif, familial, culturel, professionnel, amical.

La génération des baby boomers a connu une évolution positive comme jamais dans l’histoire
de l’humanité, on a accompli le projet progressiste de Condorcet. Et là aujourd’hui nous
assistons à l’arrivée de machines, ces machines ne vont pas prendre le pouvoir mais le danger
est ce que nous nous abandonnions.

Je rentre à la maison et suis accueilli par un robot conversationnel qui ne me fait pas la gueule
comme mon conjoint. Mon repas a été presque tout préparé et pour mon lit j’y trouve un robot
sexuel qui n’a pas mal à la tête.

En effet, si nous repartons au Japon, nous voyons apparaître des robots sexuels. La Grosse
goulue de mon enfance se voit concurrencer par la poupée gonflable et demain voire
aujourd’hui par Marine à roulette ou Kane en plastique.

Le risque est le lâcher-prise social, l’abandon de l’effort, la disparition de la souffrance.

Nous nous soumettons par habitude, par résignation.

Je lutte moins. Je deviens le Commandant Capitaine B. Mc. Crea, chef de bord de l'Axiom du
film de DisneyPixard, Wall-E. Je m’endors et m’ennuie et ne fais plus d’efforts. Je grossis et la
mort cérébrale me guette.

Bon, finissons, enfin, sur une remarque positive.


Et si la question était : que pourrions-nous faire de tout ce temps libre si les robots faisaient le
boulot...
23

A ce jour dans un monde de travail salarié, l'essentiel de l'existence semble consacré qu'à cela,
à commencer dès les débuts de la scolarisation dont la finalité d'aujourd'hui semble devenir
l'insertion professionnelle que l'Education...

Alors quoi, moins de travail ou un travail différent ?

Ne pourrions-nous pas rêver d'un monde de robots esclaves, pour libérer nos esprits et grandir
en philosophie, libérer nos mains et grandir en créativité...

Si le drone vide les usines et les bureaux, va-t-il remplir les temples, les églises ou les
associations ou les …bistrots !
Peut-être, quel âge d’or pour le développement de la pensée…à moins que, à moins que nous
passions notre temps à réparer les drones en panne !

Et comme Wall-E aurait pu dire

Merci pour votre attention

Pierre LAURENT

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