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Les plates-formes

Alain Quenelle off shore métalliques

HISTORIQUE
Difficile de dater la première plate-forme off shore...
Faut-il prendre c o m m e référence 1 8 8 7 , année d u premier
puits foré au-dessus de l'eau... mais à partir d ' u n e jetée, en
Californie ? O u encore la période 1 9 0 9 - 1 9 1 0 , au cours de la-
quelle les forages sont réalisés à partir de plates-formes indépen-
dantes en bois, construites sur des pieux en cyprès... mais dans le
lac Ferry à C a d d o Parrish en Louisiane ? O u encore à partir de
1 9 1 2 , lorsque dans le lac de Macaraibo, au Venezuela, les plates-
formes sont reliées entre elles par des canalisations d'évacuation
d'huile (il y a aujourd'hui près de 6 0 0 0 plates-formes sur ce lac) ?
N o s ancêtres o n t été prudents et pragmatiques. Il a fallu
attendre 1 9 3 3 p o u r construire la première plate-forme en « mer
ouverte » : à 9 1 5 m de la côte, dans u n e profondeur d'eau de
3,5 m. Sa taille est très modeste. Elle est en bois.
En 1 9 3 7 , sur le c h a m p de Créole, Superior Oil C o m p a n y
et Pure Oil C o m p a n y attribuent à l'entrepreneur Brown and
Root la construction d ' u n e plate-forme plus importante, puisque
2
le p o n t a une surface de 2 7 0 0 m (90 m x 30 m ) . La profondeur
de l'eau est de 4,3 m, à 1,6 k m de la côte. Le bois est toujours
omniprésent.
C e n'est q u ' e n 1 9 4 6 que les premières piles en acier sont
utilisées. La construction est réalisée sur place et les travaux se
déroulent sur plusieurs semaines.
E n 1 9 4 7 apparaît le concept de base, repris ensuite à
plusieurs milliers d'exemplaires : préfabrication d u support en
acier à terre, transport sur barge, mise en place à la grue, piles en
acier battues à travers les jambes. L'opérateur est encore Superior
Oil sur le Block 7 1 , dans Vermilion d u golfe d u Mexique. La
profondeur d'eau n'est que de 6 m, mais on se trouve à 30 k m de
la côte, et les travaux d'installation ne d u r e n t que neuf jours.
1 9 5 5 voit l'invention des piles périphériques (skirtpiles), avec
Shell.
L'histoire s'accélère ensuite rapidement : en 1 9 5 7 apparaît
le premier jacket« lancé » ; en 1 9 5 9 , u n e plate-forme est mise en
place dans 60 m d'eau ; en 1 9 8 9 , on atteint u n e profondeur d'eau
de 4 1 6 m sur le c h a m p de Bull W i n k l e , avec u n support de
Photo ci-dessus (en haut), le lac de Maracaïbo, en 1912. 4 5 0 0 0 t (sept fois le poids de la tour Eiffel) ; enfin, 1 9 9 3 verra la
Photo ci-dessus (en bas) : Plate-forme en bois consruite par Brown and Root sur le mise en place d ' u n e structure à jambes tendues dans u n e profon-
champ de Créole en 1937. deur d'eau de 870 m (champ d'Auger) dans le golfe d u Mexique.
200 200 *

•J09*

EVOLUTION DE LA TAILLE DES PLATES-FORMES


EN FONCTION DU TEMPS

Le décor historique étant ainsi planté, après une tentative de m o d e n t de la faible « excursion » (1 à 2 m) autour de la cible de
définitions et de classifications, notre présentation s'articulera forage. Lors des déplacements d'un site de forage à l'autre, ils sont
autour de trois chapitres en suivant la chronologie de la réalisation le plus souvent autopropulsés.
(études, fabrication, installation) et s'achèvera sur un rapide
- Les « navires à position dynamique », pour les très gran-
examen des solutions de l'avenir.
des profondeurs d'eau. Ces bateaux sont dotés de moteurs laté-
raux qui, en position de forage, sont actionnés a u t o m a t i q u e m e n t
DÉFINITIONS, CLASSIFICATIONS de façon à contrer les efforts d'environnement (vent, courant) et
à rester en position quasi fixe. Il n'y a donc plus d'ancrage.
O n vient de le voir, historiquement, le but était de disposer
d'une surface de travail émergée, dans des profondeurs d'eau de Notre présentation ne concerne pas ces plates-formes m o -
plus en plus grandes. Mais quel travail pour en venir là ? biles, mais seulement les plates-formes fixes, installées pour la
Le forage d'exploration tout d'abord ! O n a alors affaire à durée de vie du c h a m p découvert grâce aux forages d'exploration
des plates-formes mobiles qui ne sont mises en place sur le lieu de que l'on vient d'évoquer.
travail que pour quelques semaines ou quelques mois. Trois sortes
de supports sont utilisés par les foreurs, en fonction de la hauteur :
- Les « jack-up », pour les faibles profondeurs d'eau (jusqu'à
100 ou 120 m environ). Un jack-up est un tabouret à trois ou quatre
jambes qui peuvent se lever ou se baisser grâce à de grosses crémaillères
jouant sur la partie horizontale du tabouret (le pont de forage) :
• abaissées, reposant au fond de l'eau, les jambes
assurent une b o n n e stabilité ; sur le p o n t hors d'eau, le derrick de
forage fonctionne en sécurité.
• Relevées, les jambes, dépassant nettement au-dessus
du pont, permettent à ce dernier, qui se trouve alors en flottaison,
de se déplacer grâce à des remorqueurs assurant son transport
jusqu'à un nouveau site de forage.
- Les « semi-submersibles », p o u r les profondeurs d'eau
plus importantes (jusqu'à 500 m), sont des supports flottants. En
position fixe p o u r le forage, ils sont ancrés : les foreurs s'accom-
Les plates-formes remplissent en fait des fonctions variées : La classification des plates-formes fixes métalliques « pi-
forage de production ; traitement des effluents (séparation du gaz, de lées » va s'établir ensuite :
l'huile, de l'eau) ; utilités (fourniture d'énergie électrique, par exem- - Soit en fonction des conditions d'environnement :
ple) ; injection d'eau, de gaz, compression de gaz ; quartiers d'habi-
• faciles, essentiellement dans les mers chaudes : golfe
tation ; torchères. Ainsi peut-on trouver sur un champ, en fonction
de Guinée, golfe Persique, Indonésie, etc.,
de sa taille et de sa profondeur d'eau, une plate-forme par fonction
• moyennes, dans les zones tempérées : sud de la mer
ou plusieurs fonctions regroupées sur une seule plate-forme.
d u N o r d , Méditerranée occidentale, etc.,
• sévères, surtout dans les zones froides : mer d u N o r d ,
mer Baltique, Terre de Feu, etc.
- Soit en fonction de la profondeur de l'eau :
• inférieure à 30 m (100 pieds),
• comprise entre 30 et 150 m (500 pieds),
• au-delà de 150 m.
- Soit en fonction d u n o m b r e de jambes :
• 3 jambes,
• 4 jambes,
• 6 jambes,
• 8 jambes.
Pour ces deux dernières catégories, c o m m e on le verra plus
loin, on distinguera les vraies jambes et les fausses jambes, en
fonction soit d u m o d e de fabrication ou d u transport (en position
verticale ou horizontale), soit d u type d'installation (lancement,
levage ou flottaison), soit encore d u type de piles.

1 E X E M P L E DE CHAMP C e qui suit est plutôt orienté vers les plates-formes de huit
jambes soumises à des environnements moyens ou sévères dans
des profondeurs d'eau de l'ordre de 100 m.
La nature des fondations introduit deux sortes de plates-
formes fixes :
- Les plates-formes avec supports gravitaires : un (ou plu-
sieurs) compartiment en pied de plate-forme est rempli de sable et
assure la stabilité (si les conditions de sol le permettent) après la
mise en place. Ce principe a fait le succès des plates-formes en
béton, toutes gravitaires. Il est décrit dans u n autre article de cette
revue. Sur les 15 000 à 20 000 plates-formes existant dans le
m o n d e actuellement, une petite trentaine seulement sont en béton,
principalement dans la partie norvégienne de la mer du N o r d .
— Les plates-formes avec support en treillis tubulaires (le
jacket) et piles qui font l'objet de la suite de cette présentation.
Cette présentation concerne la partie immergée d u support.
Le système originel « p o n t + piles » est historiquement limité, on
l'a vu, à des profondeurs d'eau faibles et à des zones calmes.
Les piles, soumises, d'une part, à des sollicitations verticales
dues au poids des équipements installés sur la plate-forme de travail
et, d'autre part, aux efforts horizontaux dus à la houle et au courant,
se trouvent ainsi exposées au risque de flambement dès que leur
élancement (fonction directement proportionnelle à la longueur)
devient grand. Avec l'accroissement des profondeurs d'eau et
l'augmentation des charges, il est devenu impératif de diminuer la
longueur libre des piles, en d'autres termes de les contreventer.
La mise en place sous l'eau d ' u n tel contreventement étant
très difficile, voire impossible, une entité séparée, souvent appelée LES ÉTUDES
jacket, a été conçue. O n la fabrique et on l'installe en u n seul
Les charges
morceau, o n enfile ensuite les piles dans les tubes d'angle (les
« jambes »). Mais ce jacket offre des écrans souvent importants (à Le calcul d ' u n e plate-forme fixe nécessite u n grand n o m b r e
la houle, au courant, au vent), essentiellement en partie haute ; il d'informations :
devient alors nécessaire de reprendre le m o m e n t de renversement - La nature, l'encombrement, le poids (à vide, en opéra-
au niveau d u fond, en général par l'encastrement des piles qui tions et en conditions de tests) et la disposition des différents
reprennent l'effort vertical. équipements.
- Les surcharges de travail normales, exceptionnelles et C e calcul comporte trois grandes étapes :
accidentelles. 1. La définition de la géométrie de la structure, avec, p o u r
— Les données météo-océanographiques : tous les n œ u d s , leurs coordonnées spatiales et leurs conditions aux
• profondeur d'eau, limites ( n œ u d libre, n œ u d support, liaisons entre n œ u d s ) , et la
• hauteur des marées, définition des caractéristiques mécaniques de toutes les barres
• surélévation exceptionnelle des tempêtes, cylindriques de la structure. A signaler que la partie enterrée des
• amplitude et période de houle en conditions n o r m a - piles est représentée par u n e matrice de rigidité tenant compte des
les (période de retour d ' u n an) et en conditions extrêmes (période propriétés d u sol et des piles.
de retour de 50 o u 100 ans), 2. La définition des charges. O n a vu qu'elles étaient
• courant de surface et sa variation en fonction de la nombreuses, et leurs combinaisons doivent être traitées avec
profondeur, attention. Les directions de houle sont d'abord sélectionnées (de
• vitesse d u vent normal et exceptionnel, trois à six ou huit) afin d'avoir les cas de charges les plus
• surépaisseur des concrétions marines (coquillages, défavorables p o u r les piles et pour le jacket.
etc.) en fonction de la profondeur,
Les différentes charges suivantes sont également prises en
• zone sismique.
compte :
— Les caractéristiques d u sol en surface et sur la hauteur des - verticalement :
fiches des piles, les possibilités de subsidence (c'est-à-dire • le poids propre de la structure et des accessoires,
l'affaissement d u sol d û à la dépression d u réservoir), les risques • la poussée d'Archimède sur les tubes immergés,
d'instabilité de la couche de surface (« mudslide »).
• le poids des surépaisseurs de concrétions marines ,
- La durée de vie de la plate-forme. • les charges de gravité dues aux superstructures ;
- horizontalement :
Le calcul de base
• les charges de vent sur la partie émergée de la plate-
U n des logiciels c o u r a m m e n t utilisés pour calculer les forme et sur les superstructures,
plates-formes est un p r o g r a m m e général de résolution de structu- • les charges dues à la houle et au courant sur les
res tridimensionnelles mis au point pour le Massachussets Institute structures principales grossies par les surépaisseurs de concrétions
of Technology ( M I T ) appelé S T R U D L (STRUcture Design et les structures « annexes » telles q u e l ' a p p o n t e m e n t , les
Language). C e logiciel a été perfectionné, aménagé par les centres amortisseurs, les anodes, les tubes, les conducteurs de forage, les
de recherche et/ou les engineerings. canalisations d'amenée ou d'évacuation des effluents,
• les charges dues au choc accidentel de bateaux dans
la partie supérieure de la plate-forme,
• les charges dues à la prise en c o m p t e des éventuels
séismes.
3. La sortie des résultats précédée d ' u n certain n o m b r e de
VIBRATION
vérifications automatiques (via le « plotter » et le « scann on ») pour
déceler d'éventuelles erreurs de géométrie, d'unités, de c o m m a n -
des. Les analyses définissent :
- les déplacements,
- les réactions d'appui,
- les efforts en différents points de chaque barre,
- la vérification des contraintes,
- la vérification au p o i n ç o n n e m e n t des n œ u d s ,
- la vérification à la fatigue des n œ u d s .

INSTALLATION
Les vérifications complémentaires
TRANSPORT
Les analyses statiques puis éventuellement dynamiques
sont itératives en fonction des résultats (et des changements de
section), mais aussi de l'évolution des charges, des conditions de
fabrication, de chargement, de transport et d'installation.
Pour les grandes plates-formes u n peu compliquées, il faut
compter trois itérations.
En plus de ces calculs, il convient de conduire des vérifica-
tions complémentaires p o u r tenir c o m p t e des phases suivantes :
- la fabrication (par exemple, la rotation en position verti-
cale de panneaux construits horizontalement : le « roll-up »),
- le chargement sur la barge de transport (glissement de la
structure s'appuyant sur plusieurs n œ u d s des membrures princi-
pales des poutres de lancement intégrées à la structure),
LES CHARGES SUR UNE PLATE-FORME
- le transport (stabilité et résistance de la structure solida-
TRANSPORT D'UNE PLATE-FORME

risée sur la barge soumise aux efforts dynamiques),


- l'installation (par lancement, par levage).
Il y a lieu également de tenir compte des contraintes induites
par la fatigue lors du transport et au cours de la vie de la structure.
Des renforts au droit des n œ u d s (surépaisseurs, raidisseurs) sont
alors décidés pour limiter les dommages dus à la fatigue.
Par ailleurs, le calcul des piles, conduit en parallèle, entraîne
souvent des modifications dans le dessin de la structure : il faut
vérifier que les réactions latérales et axiales d u sol reprennent bien,
par frottement et/ou en pointe, les efforts calculés. JACKET LANCE : ALWYN NAA

La conception multidisciplinaire EXEMPLE DE JACKET LANCE :ALWYN "NAA"

Le calcul d ' u n e plate-forme fait ainsi intervenir simultané-


Poids d u jacket 14 2 5 0 t
m e n t six disciplines techniques :
- l'océanographie p o u r la détermination des valeurs d'en- Poids des accessoires 2 450 t

v i r o n n e m e n t marin,
P o i d s des réservoirs a d d i t i o n n e l s d e
2 000 t
- la géotechnique p o u r la préconisation des caractéristiques flottaison

d u sol en surface et en profondeur, ainsi que p o u r la sélection des


Poids d u jacket c o m p l e t au l a n c e m e n t 18 7 0 0 t
marteaux de battage,
Poids des piles 8 500 t
- l'étude de la résistance des matériaux p o u r les calculs en
statique ou en d y n a m i q u e de la structure, D i m e n s i o n s d u jacket :
- la métallurgie p o u r le choix des nuances et des qualités — e n partie basse 7 0 m x 65 m
— e n partie h a u t e 56 m x 30 m
d'acier,
H a u t e u r d u jacket 142 m
- l'architecture navale p o u r les vérifications de flottabilité
et de stabilité lors d u remorquage, lancement et ballastage,
Diamètre maxi des jambes 5 m
- les opérations marines p o u r la sélection des barges de
N o m b r e s des piles 32
transport, de lancement et/ou des engins de levage.

D i a m è t r e des piles 2,1 m

LA FABRICATION Pénétration des piles 47 m


L'acier
C h a r g e verticale e n tête 19 0 0 0 t
En simplifiant beaucoup, trois caractéristiques peuvent
définir l'acier utilisé : de fortes épaisseurs, 40 à 100 m m , voire C h a r g e h o r i z o n t a l e d u e à la h o u l e
12 6 0 0 t
centenaire
130 m m ; une limite d'élasticité de 3 6 0 M P a (valeur courante),
4 2 0 M P a , voire 500 M P a ; une résilience à très basse température H a u t e u r d e la v a g u e e n c o n d i t i o n s
31 m
(-40 ou -50°C) p o u r éviter les problèmes de rupture fragile. centenaires

Ces aciers sont traditionnellement du type « normalisé ».


Vitesse du vent 46 m/s
O n rencontre également des aciers trempés-revenus ou à refroi-
dissement accéléré (plus prometteurs dans l'avenir en raison de L'assemblage
leur prix plus bas et de leur mise en œuvre - essentiellement le
soudage - plus aisée et plus économique). La structure est fabriquée horizontalement. Les poutres treillis
Par ailleurs, les zones fortement sollicitées dans le sens de sont tout d'abord assemblées horizontalement, latéralement aux
l'épaisseur exigent des aciers ayant de b o n n e s caractéristiques dans poutres de glissement (« skidding beams»), puis relevées le plus
le sens travers - court (acier Z à striction minimale de 35 %) p o u r souvent par 112 longueur, comme l'indique le « cinéma de montage ».
éviter les problèmes d'arrachement lamellaire. Le levage (le « roll-up ») est effectué par u n ensemble de
D e plus des traitements thermiques de détensionnement quatre à dix grues + treuils. Cette opération est délicate, chaque
sont imposés pour les n œ u d s fortement sollicités complexes ou à p a n n e a u de treillis de forme plane étant très lourd et très flexible
fortes épaisseurs. Cette exigence conduit à découper la structure en (des renforts provisoires sont quelquefois nécessaires). C h a q u e
sous-ensembles pouvant être introduits dans u n four de façon à grue est m a i n t e n u e au niveau de charge de calculs. Les rotations
limiter au m i n i m u m le n o m b r e de soudure à détensionner sur site. successives sont faibles (quelques degrés). A chaque étape, les
grues s'arrêtent. Les charges sont alors rééquilibrées, et chaque
Les nœuds et la préfabrication
grue est avancée p o u r se repositionner à l'aplomb de la charge.
Les nœuds en mécano-soudé mettent en œuvre des soudures L'opération dure plusieurs heures p o u r amener le panneau à 10°
sur des tôles en forte épaisseur, difficilement accessibles et contrôlables. de la position verticale. Le contrôle de la charge est ensuite assuré
La technique des n œ u d s en acier moulés (« casting nodes ») par les treuils de haubannage qui v o n t amener le panneau à sa
a été mise au p o i n t au cours des dernières années. Elle a tendance position verticale définitive et le maintenir jusqu'à ce que les
premiers éléments de liaison soient soudés.
Les éléments de liaison des piles périphériques avec la plate-
forme (« bottles ») sont les plus lourds (600 à 2 0 0 0 t) et les plus
ouvragés. Ils sont levés en dernier.
La structure principale terminée, les travaux de finition
peuvent alors être effectués : fixation des « risers », des « / tubes »,
des tuyauteries de c o m m a n d e de ballastage, des guides-piles, des
éventuels réservoirs de flottaison, etc.
Entre le d é b u t de la fabrication et le chargement, il s'est
écoulé une période de 18 à 2 4 mois.
U n e analyse fine des tâches et des sous-traitances est néces-
saire et doit tenir c o m p t e des inévitables imprévus (grèves, retards
d'approvisionnement, réparations, intempéries). Le planning
doit tenir c o m p t e de l'existence de la fenêtre météo dans laquelle
se positionne en général l'installation : mai à août. T o u t retard
peut entraîner u n report d u p r o g r a m m e général à la saison
suivante ; c'est p o u r q u o i de très importantes pénalités sont tou-
EXEMPLE DE NOEUD jours prévues.
en fabrication mécano-soudée
Le chargement
Le chargement du jacket sur la barge de transport et de
à se développer p o u r les grosses plates-formes d u type de celles de lancement constitue la dernière étape de la fabrication. C'est une
la mer d u N o r d . Le n œ u d m o n o b l o c est coulé dans u n moule opération délicate : il s'agit de faire glisser par translation u n colis
fabriqué spécialement. de plusieurs milliers de tonnes de la terre ferme sur u n support
Les avantages de ces n œ u d s moulés, par rapport aux n œ u d s flottant. L'horizontalité de l'ensemble doit être maîtrisée en
mécano-soudés, sont évidents : gain de poids lorsqu'ils sont tenant c o m p t e de l'action combinée :
conçus avec une géométrie plus compacte ; formes mieux adap- - de la marée qui procure u n supplément de flottabilité à
tées aux contraintes, puisque les congés sont plus importants ; marée m o n t a n t e ,
meilleure tenue à la fatigue et suppression des raidissages internes
- du ballastage des compartiments de la barge p o u r assurer
(cerces, diaphragmes).
son niveau et/ou son assiette.
C e type de n œ u d est apparu tout d'abord p o u r les oreilles
de levage des modules. Il se généralise m a i n t e n a n t p o u r les n œ u d s , O n s'efforce dans la pratique d'utiliser la marée m o n t a n t e
dans les zones où la fatigue est déterminante. et de boucler l'opération en six heures. D a n s certains cas, on
Les éléments constitutifs de la plate-forme ( n œ u d s , tubes, simplifie la procédure en posant la barge de transport sur le fond
piles, anodes, etc.) sont d ' a b o r d préfabriqués. Ils peuvent être de l'eau préalablement compacté et réglé.
sous-traités dans différents ateliers. L'ensemble est ensuite ache- Les principaux équipements utilisés p o u r cette opération
m i n é sur u n yard d'assemblage se trouvant en bord de mer. sont : u n double système de p o m p e s de déballastage p o u r obtenir
E n parallèle avec cette préfabrication, s'effectuent les tra- 3
des capacités de l'ordre de 15 0 0 0 à 2 0 0 0 0 m / h , des voies de
vaux de génie civil préparatoires : essentiellement, les deux p o u - glissements équipées de Téflon p o u r d i m i n u e r le coefficient de
tres de glissement qui supporteront l'ensemble à\x jacket lots de frottement, u n système de poussée d o n t la capacité t o u r n e autour
son assemblage, et d o n t l'écartement doit correspondre à celui des de 2 0 0 0 / 3 0 0 0 t.
poutres de lancement de la barge.
L'INSTALLATION — Le levage :

Le transport Le jacket est levé directement depuis la barge de transport


par des barges de levage d o n t les capacités v o n t j u s q u ' à
Le jacket mis en place sur la barge doit être efficacement
2 x 7 000 tonnes.
solidarisé avec celle-ci (le « saisissage ») : l'ensemble doit en effet
La structure est immergée horizontalement avec, en géné-
être capable de traverser des conditions de mer souvent peu
ral, u n certain n o m b r e de membrures obturées p o u r la faire flotter
clémentes.
temporairement. Elle est ensuite reprise par des élingues situées en
Les barges à fond plat utilisées p o u r ce type de transport sont
tête, redressée p e n d a n t que les membrures sont ballastées, et
très stables : leur rayon métacentrique est très grand par rapport
positionnée à son emplacement final.
à celui des bateaux traditionnels. Mais le centre de gravité des
Le levage en mer pose un problème d y n a m i q u e qu'il faut
charges transportées est aussi anormalement haut par rapport au
bien maîtriser : la grue et la charge reposent sur des supports
p o n t de la barge, et les calculs de stabilité sont à conduire avant de
flottants animés de mouvements propres. Lors de la mise en
déterminer la barge de transport.
tension des élingues, les mouvements relatifs des supports peu-
Le saisissage ainsi calculé peut d e m a n d e r plusieurs centai-
vent entraîner des efforts dynamiques importants.
nes de tonnes de tubes p o u r liaisonner les membrures principales
L'apparition récente de grues de puissance nominale de 6 à
du jacket à la barge, au droit de ses diaphragmes principaux. Ces
7 0 0 0 t montées en paire sur une barge permet, c o m p t e tenu des
derniers sont à vérifier et à renforcer dans bien des cas.
coefficients de sécurité et des baisses de capacité en fonction de la
flèche, de lever des « colis » de 10 000 t. Les accessoires de levage,
manilles, élingues atteignent des dimensions exceptionnelles (câbles
de 600 m m de diamètre, par exemple, pour les élingues) et
nécessitent eux-mêmes des accessoires de levage particuliers. Leur
mise en place, en particulier dans l'eau, est longue et délicate.

E x e m p l e s d'ordres d e g r a n d e u r de prix
(en U S dollars, valeur 1 9 9 2 )

Prix an kg (matière + fabrication)


— pour les piles 0 , 8 à 1,5 $
— potir un jacket 1 ,8 à 5,0 $
— pour un module 2,2 à 8,0 $

La mise à Veau Prix d u n e j o u r n é e de barge de 8 0 OOO à


levage 4 0 0 OOO $
Cette opération est effectuée dans une fenêtre météo favora-
ble, après découpe des éléments de saisissage. Deux techniques sont
en concurrence et conditionnent la conception de la plate-forme :
3 à 300
Prix d'un jacket installé
millions de $
— Le lancement :
Le jacket est poussé avec des vérins ou tiré avec des câbles
jusqu'à ce que le bras articulé (« rocker-arm ») à l'extrémité de la
barge prenne en charge le poids du jacket et fasse basculer ce der-
Les fondations
nier à Peau. Des vérifications sont conduites au préalable (soit par
le calcul, soit grâce à des essais sur maquette) pour déterminer : Afin d'assurer une b o n n e assise lors de la mise en place, des
- les contraintes dans la structure lors du lancement, planchers de stabilisation (« mud-mat») en bois, acier ou alumi-
- les trajectoires du jacket et de la barge, n i u m sont prévus lors de la fabrication au niveau inférieur du
- la profondeur maximale atteinte par le jacket, jacket. Leur surface est fonction de la nature du sol superficiel
- la position finale d'équilibre. rencontré. Cette fondation provisoire permet de mettre en place
dans de bonnes conditions les fondations profondes définitives
Elles conduisent à jouer sur les paramètres de flottabilité : assurées par des piles.
obturation de membrures, adjonction de flotteurs. Ces dernières sont de trois types :
En f i n de lancement, \e jacket se retrouve horizontal et - Les piles principales, installées dans les membrures du
n ' é m e r g e q u ' à peine de la surface de l'eau. Les ballastages jacket sur toute leur longueur, supportent directement les jambes
successifs, là encore contrôlés par le calcul et sur m a q u e t t e , le du pont recevant les superstructures et les modules. Lejacketest alors
redresseront progressivement, j u s q u ' à la position verticale, à son suspendu en tête sur les piles par l'intermédiaire d'un joint soudé.
e m p l a c e m e n t définitif. - Les piles insérées (« insert piles ») qui, lorsque elles sont
Pour gagner d u temps sur la mise en production, l'installa- jugées nécessaires par le calcul (augmentation de l'inertie de
tion se fait de plus en plus souvent au-dessus de puits préalablement l'ensemble) ou par la géotechnique (difficulté de battage entraînée
forés. Ils sont alors protégés par u n e structure (le « template ») qui par u n sol dur), sont installées à l'intérieur des piles principales
servira de guide p o u r \e jacketXors de son positionnement final. (après forage) et liaisonnées avec celles-ci, soit par soudure en tête,
CINÉMA DE LANCEMENT
soit par bétonnage de l'espace annulaire si la pile insérée ne
remonte pas jusqu'en surface.
- Les piles périphériques (« skirtpiles ») qui sont disposées
autour des jambes principales du jacket et ne r e m o n t e n t pas jus-
qu'à son sommet. La structure du jackettravaille alors c o m m e u n e
console encastrée dans le sol.
L'installation des piles est une suite de m a n u t e n t i o n s :
battage ou forage, aboutage de longueur de pile additionnelle
jusqu'à ce que la pile atteigne la profondeur requise et la portance
déterminée par le calcul. Elles sont solidarisées alors en partie
basse du jacket dam les barillets des bouteilles évoquées plus haut,
en utilisant la technique d'injection de béton ou d'expansion
mécanique type Hydra-Lok.
Les marteaux de battage utilisés sont de deux types :
- A vapeur (et d o n c aérien), les énergies allant jusqu'à
3 000 KNm,
— hydrauliques (le plus souvent sous-marin), qui évitent la
mise en place de piles de raboutage et permettent d'avoir des piles
verticales.
La structure est alors prête à recevoir son p o n t et ses
superstructures.
Les délais d'installation sont très variables : si la phase de
mise à l'eau est courte (quelques heures), la mise en place des piles
est fonction de leur n o m b r e , de la nature du sol, des conditions
météo, des aléas de chantier, et elle varie de quelques jours à
plusieurs semaines.

Tendances pour l'avenir

O n se limitera à trois thèmes de réflexion :

Economies liées à la limitation des travaux en mer


U n e fois l e ^ c ^ i n s t a l l é , il faut poser à la grue les différentes
parties de la superstructure, c'est-à-dire le p o n t de supportage des
modules (« Module Support Frame ») et les modules, puis raccor-
der les modules entre eux (le « hook-up»). Ce travail, effectué
offshore, est long, coûteux et dangereux.
Plutôt que d'avoir u n e superstructure en plusieurs mor- Réduction des poids de structures
ceaux, on peut la concevoir en un seul bloc fabriqué et testé à terre. T o u t gain de poids est é c o n o m i q u e m e n t favorable. D e ce
Si le poids de ce « p o n t intégré » de plusieurs milliers de fait découlent :
tonnes est excessif pour pouvoir être posé avec les nouvelles barges — la mise en œuvre d'aciers à très haute limite d'élasticité
de très grande capacité ou par les moyens de levage disponibles (450-500 M P a ) , mais, malheureusement, les critères actuels à la
dans la zone concernée, il peut être posé sur le support par fatigue ne sont pas avantageux,
ballastage de la barge (le « mating»).
— l'utilisation encore plus systématique des n œ u d s coulés,
Le support doit être adapté à cette m é t h o d e d'installation.
En faible profondeur d'eau, dans les zones des deltas de l'Indonésie — la réduction du n o m b r e des anodes grâce à la mise en
par exemple, il n'est constitué que par des piles battues et reçoit œuvre d'une peinture généralisée sur toute la plate-forme, hormis
un p o n t intégré équipé qui liaisonne les piles et assure la stabilité les soudures à inspecter,
de l'ensemble ; en profondeur d'eau plus importante, c o m m e au — les planchers de stabilisation du jacket ew aluminium,
M o y e n - O r i e n t , \e jacket est conçu p o u r recevoir entre ses jambes — les dispositifs p o u r réduire l'écran à la houle, n o t a m m e n t
la barge chargée du p o n t intégré : le niveau horizontal de d û aux concrétions,
contreventement supérieur est plus bas qu'à la normale, et
— les « inserts » dans les jambes avec bétonnage de l'annu-
l'espacement des jambes est plus i m p o r t a n t qu'à l'ordinaire.
laire « jambe-insert » afin d'améliorer la tenue aux chocs acciden-
Le m ê m e principe pousse à étudier l'utilisation d ' u n jack-up
tels des bateaux dans la zone de marnage.
n o n plus u n i q u e m e n t de forage, mais aussi de production, et
définitivement installé sur des assises de faible hauteur « pilées » Grandes profondeurs
dans le sol. C o m m e souligné plus haut, le p o n t d u jack-up arrive L'extrapolation d u système traditionnel « jacket + piles +
en flottaison t o u t équipé sur le site de p r o d u c t i o n : les travaux en superstructures » semble avoir atteint sa limite avec le développe-
mer ne se limitent qu'à des travaux de fondation. m e n t de Bull W i n k l e par 4 1 0 m de profondeur d'eau.
Au-delà, trois options semblent possibles :
— Supprimer le support et développer le c h a m p via des
systèmes sous-marins automatisés... Certains opérateurs, au Brésil
par exemple, o n t fait ce choix drastique. BULL WINKLE :
- Supprimer le m o m e n t d'encastrement en pied de plate- le record du monde pour les plates-formes
forme et n'avoir q u ' u n e articulation ou semi-articulation. C'est le
fixes (installée en 1988 dans le golfe du
principe des structures souples (« compilant towers »). Elles sont
plus élancées, beaucoup plus légères, et acceptent des déformations
Mexique)
contrôlées mais n o n négligeables. D a n s certains cas, l'effort en
tête est repris par l'intermédiaire de câbles latéraux ancrés. Les Poids d u jacket 45 000 t
efforts verticaux sont transmis à travers la structure réticulée à une
embase fixe. U n e seule plate-forme de ce type a été à ce jour
P o i d s des piles 17 0 0 0 t
construite.
- Inverser le sens des efforts dans les jambes en utilisant u n e
fois de plus le principe d'Archimède p o u r réaliser u n e plate-forme Poids total installé 78 000 t
à jambes tendues (TLP = Tension Leg Platform). Le p o n t est u n e
sorte de caisson flottant, tiré vers le bas par des tirants travaillant
H a u t e u r d u jacket 416m
en traction. D e u x plates-formes de ce type existent, l'une en mer
d u N o r d par 147 m de profondeur d'eau, l'autre dans le golfe d u
Mexique par 526 m de fond, et trois autres sont en cours de H a u t e u r totale y compris
492 m
construction (l'une d'elles constituera le record d u m o n d e , avec le r i g d e f o r a g e
8 7 0 m de fond).

D i m e n s i o n s d u j a c k e t à la b a s e 122 m x 146 m
D e notre trop courte revue, le lecteur aura retenu :
- l'aspect multidisciplinaire de cette technique,
D i a m è t r e des j a m b e s 3 m
- l ' i m p o r t a n c e des ordres d e g r a n d e u r ( p o i d s , d i m e n -
sions, c o û t s ) ,
- la rapide évolution vers les grandes profondeurs d'eau. Epaisseur m a x i d'acier 133 m m

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