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HISTORIQUE
Difficile de dater la première plate-forme off shore...
Faut-il prendre c o m m e référence 1 8 8 7 , année d u premier
puits foré au-dessus de l'eau... mais à partir d ' u n e jetée, en
Californie ? O u encore la période 1 9 0 9 - 1 9 1 0 , au cours de la-
quelle les forages sont réalisés à partir de plates-formes indépen-
dantes en bois, construites sur des pieux en cyprès... mais dans le
lac Ferry à C a d d o Parrish en Louisiane ? O u encore à partir de
1 9 1 2 , lorsque dans le lac de Macaraibo, au Venezuela, les plates-
formes sont reliées entre elles par des canalisations d'évacuation
d'huile (il y a aujourd'hui près de 6 0 0 0 plates-formes sur ce lac) ?
N o s ancêtres o n t été prudents et pragmatiques. Il a fallu
attendre 1 9 3 3 p o u r construire la première plate-forme en « mer
ouverte » : à 9 1 5 m de la côte, dans u n e profondeur d'eau de
3,5 m. Sa taille est très modeste. Elle est en bois.
En 1 9 3 7 , sur le c h a m p de Créole, Superior Oil C o m p a n y
et Pure Oil C o m p a n y attribuent à l'entrepreneur Brown and
Root la construction d ' u n e plate-forme plus importante, puisque
2
le p o n t a une surface de 2 7 0 0 m (90 m x 30 m ) . La profondeur
de l'eau est de 4,3 m, à 1,6 k m de la côte. Le bois est toujours
omniprésent.
C e n'est q u ' e n 1 9 4 6 que les premières piles en acier sont
utilisées. La construction est réalisée sur place et les travaux se
déroulent sur plusieurs semaines.
E n 1 9 4 7 apparaît le concept de base, repris ensuite à
plusieurs milliers d'exemplaires : préfabrication d u support en
acier à terre, transport sur barge, mise en place à la grue, piles en
acier battues à travers les jambes. L'opérateur est encore Superior
Oil sur le Block 7 1 , dans Vermilion d u golfe d u Mexique. La
profondeur d'eau n'est que de 6 m, mais on se trouve à 30 k m de
la côte, et les travaux d'installation ne d u r e n t que neuf jours.
1 9 5 5 voit l'invention des piles périphériques (skirtpiles), avec
Shell.
L'histoire s'accélère ensuite rapidement : en 1 9 5 7 apparaît
le premier jacket« lancé » ; en 1 9 5 9 , u n e plate-forme est mise en
place dans 60 m d'eau ; en 1 9 8 9 , on atteint u n e profondeur d'eau
de 4 1 6 m sur le c h a m p de Bull W i n k l e , avec u n support de
Photo ci-dessus (en haut), le lac de Maracaïbo, en 1912. 4 5 0 0 0 t (sept fois le poids de la tour Eiffel) ; enfin, 1 9 9 3 verra la
Photo ci-dessus (en bas) : Plate-forme en bois consruite par Brown and Root sur le mise en place d ' u n e structure à jambes tendues dans u n e profon-
champ de Créole en 1937. deur d'eau de 870 m (champ d'Auger) dans le golfe d u Mexique.
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Le décor historique étant ainsi planté, après une tentative de m o d e n t de la faible « excursion » (1 à 2 m) autour de la cible de
définitions et de classifications, notre présentation s'articulera forage. Lors des déplacements d'un site de forage à l'autre, ils sont
autour de trois chapitres en suivant la chronologie de la réalisation le plus souvent autopropulsés.
(études, fabrication, installation) et s'achèvera sur un rapide
- Les « navires à position dynamique », pour les très gran-
examen des solutions de l'avenir.
des profondeurs d'eau. Ces bateaux sont dotés de moteurs laté-
raux qui, en position de forage, sont actionnés a u t o m a t i q u e m e n t
DÉFINITIONS, CLASSIFICATIONS de façon à contrer les efforts d'environnement (vent, courant) et
à rester en position quasi fixe. Il n'y a donc plus d'ancrage.
O n vient de le voir, historiquement, le but était de disposer
d'une surface de travail émergée, dans des profondeurs d'eau de Notre présentation ne concerne pas ces plates-formes m o -
plus en plus grandes. Mais quel travail pour en venir là ? biles, mais seulement les plates-formes fixes, installées pour la
Le forage d'exploration tout d'abord ! O n a alors affaire à durée de vie du c h a m p découvert grâce aux forages d'exploration
des plates-formes mobiles qui ne sont mises en place sur le lieu de que l'on vient d'évoquer.
travail que pour quelques semaines ou quelques mois. Trois sortes
de supports sont utilisés par les foreurs, en fonction de la hauteur :
- Les « jack-up », pour les faibles profondeurs d'eau (jusqu'à
100 ou 120 m environ). Un jack-up est un tabouret à trois ou quatre
jambes qui peuvent se lever ou se baisser grâce à de grosses crémaillères
jouant sur la partie horizontale du tabouret (le pont de forage) :
• abaissées, reposant au fond de l'eau, les jambes
assurent une b o n n e stabilité ; sur le p o n t hors d'eau, le derrick de
forage fonctionne en sécurité.
• Relevées, les jambes, dépassant nettement au-dessus
du pont, permettent à ce dernier, qui se trouve alors en flottaison,
de se déplacer grâce à des remorqueurs assurant son transport
jusqu'à un nouveau site de forage.
- Les « semi-submersibles », p o u r les profondeurs d'eau
plus importantes (jusqu'à 500 m), sont des supports flottants. En
position fixe p o u r le forage, ils sont ancrés : les foreurs s'accom-
Les plates-formes remplissent en fait des fonctions variées : La classification des plates-formes fixes métalliques « pi-
forage de production ; traitement des effluents (séparation du gaz, de lées » va s'établir ensuite :
l'huile, de l'eau) ; utilités (fourniture d'énergie électrique, par exem- - Soit en fonction des conditions d'environnement :
ple) ; injection d'eau, de gaz, compression de gaz ; quartiers d'habi-
• faciles, essentiellement dans les mers chaudes : golfe
tation ; torchères. Ainsi peut-on trouver sur un champ, en fonction
de Guinée, golfe Persique, Indonésie, etc.,
de sa taille et de sa profondeur d'eau, une plate-forme par fonction
• moyennes, dans les zones tempérées : sud de la mer
ou plusieurs fonctions regroupées sur une seule plate-forme.
d u N o r d , Méditerranée occidentale, etc.,
• sévères, surtout dans les zones froides : mer d u N o r d ,
mer Baltique, Terre de Feu, etc.
- Soit en fonction de la profondeur de l'eau :
• inférieure à 30 m (100 pieds),
• comprise entre 30 et 150 m (500 pieds),
• au-delà de 150 m.
- Soit en fonction d u n o m b r e de jambes :
• 3 jambes,
• 4 jambes,
• 6 jambes,
• 8 jambes.
Pour ces deux dernières catégories, c o m m e on le verra plus
loin, on distinguera les vraies jambes et les fausses jambes, en
fonction soit d u m o d e de fabrication ou d u transport (en position
verticale ou horizontale), soit d u type d'installation (lancement,
levage ou flottaison), soit encore d u type de piles.
1 E X E M P L E DE CHAMP C e qui suit est plutôt orienté vers les plates-formes de huit
jambes soumises à des environnements moyens ou sévères dans
des profondeurs d'eau de l'ordre de 100 m.
La nature des fondations introduit deux sortes de plates-
formes fixes :
- Les plates-formes avec supports gravitaires : un (ou plu-
sieurs) compartiment en pied de plate-forme est rempli de sable et
assure la stabilité (si les conditions de sol le permettent) après la
mise en place. Ce principe a fait le succès des plates-formes en
béton, toutes gravitaires. Il est décrit dans u n autre article de cette
revue. Sur les 15 000 à 20 000 plates-formes existant dans le
m o n d e actuellement, une petite trentaine seulement sont en béton,
principalement dans la partie norvégienne de la mer du N o r d .
— Les plates-formes avec support en treillis tubulaires (le
jacket) et piles qui font l'objet de la suite de cette présentation.
Cette présentation concerne la partie immergée d u support.
Le système originel « p o n t + piles » est historiquement limité, on
l'a vu, à des profondeurs d'eau faibles et à des zones calmes.
Les piles, soumises, d'une part, à des sollicitations verticales
dues au poids des équipements installés sur la plate-forme de travail
et, d'autre part, aux efforts horizontaux dus à la houle et au courant,
se trouvent ainsi exposées au risque de flambement dès que leur
élancement (fonction directement proportionnelle à la longueur)
devient grand. Avec l'accroissement des profondeurs d'eau et
l'augmentation des charges, il est devenu impératif de diminuer la
longueur libre des piles, en d'autres termes de les contreventer.
La mise en place sous l'eau d ' u n tel contreventement étant
très difficile, voire impossible, une entité séparée, souvent appelée LES ÉTUDES
jacket, a été conçue. O n la fabrique et on l'installe en u n seul
Les charges
morceau, o n enfile ensuite les piles dans les tubes d'angle (les
« jambes »). Mais ce jacket offre des écrans souvent importants (à Le calcul d ' u n e plate-forme fixe nécessite u n grand n o m b r e
la houle, au courant, au vent), essentiellement en partie haute ; il d'informations :
devient alors nécessaire de reprendre le m o m e n t de renversement - La nature, l'encombrement, le poids (à vide, en opéra-
au niveau d u fond, en général par l'encastrement des piles qui tions et en conditions de tests) et la disposition des différents
reprennent l'effort vertical. équipements.
- Les surcharges de travail normales, exceptionnelles et C e calcul comporte trois grandes étapes :
accidentelles. 1. La définition de la géométrie de la structure, avec, p o u r
— Les données météo-océanographiques : tous les n œ u d s , leurs coordonnées spatiales et leurs conditions aux
• profondeur d'eau, limites ( n œ u d libre, n œ u d support, liaisons entre n œ u d s ) , et la
• hauteur des marées, définition des caractéristiques mécaniques de toutes les barres
• surélévation exceptionnelle des tempêtes, cylindriques de la structure. A signaler que la partie enterrée des
• amplitude et période de houle en conditions n o r m a - piles est représentée par u n e matrice de rigidité tenant compte des
les (période de retour d ' u n an) et en conditions extrêmes (période propriétés d u sol et des piles.
de retour de 50 o u 100 ans), 2. La définition des charges. O n a vu qu'elles étaient
• courant de surface et sa variation en fonction de la nombreuses, et leurs combinaisons doivent être traitées avec
profondeur, attention. Les directions de houle sont d'abord sélectionnées (de
• vitesse d u vent normal et exceptionnel, trois à six ou huit) afin d'avoir les cas de charges les plus
• surépaisseur des concrétions marines (coquillages, défavorables p o u r les piles et pour le jacket.
etc.) en fonction de la profondeur,
Les différentes charges suivantes sont également prises en
• zone sismique.
compte :
— Les caractéristiques d u sol en surface et sur la hauteur des - verticalement :
fiches des piles, les possibilités de subsidence (c'est-à-dire • le poids propre de la structure et des accessoires,
l'affaissement d u sol d û à la dépression d u réservoir), les risques • la poussée d'Archimède sur les tubes immergés,
d'instabilité de la couche de surface (« mudslide »).
• le poids des surépaisseurs de concrétions marines ,
- La durée de vie de la plate-forme. • les charges de gravité dues aux superstructures ;
- horizontalement :
Le calcul de base
• les charges de vent sur la partie émergée de la plate-
U n des logiciels c o u r a m m e n t utilisés pour calculer les forme et sur les superstructures,
plates-formes est un p r o g r a m m e général de résolution de structu- • les charges dues à la houle et au courant sur les
res tridimensionnelles mis au point pour le Massachussets Institute structures principales grossies par les surépaisseurs de concrétions
of Technology ( M I T ) appelé S T R U D L (STRUcture Design et les structures « annexes » telles q u e l ' a p p o n t e m e n t , les
Language). C e logiciel a été perfectionné, aménagé par les centres amortisseurs, les anodes, les tubes, les conducteurs de forage, les
de recherche et/ou les engineerings. canalisations d'amenée ou d'évacuation des effluents,
• les charges dues au choc accidentel de bateaux dans
la partie supérieure de la plate-forme,
• les charges dues à la prise en c o m p t e des éventuels
séismes.
3. La sortie des résultats précédée d ' u n certain n o m b r e de
VIBRATION
vérifications automatiques (via le « plotter » et le « scann on ») pour
déceler d'éventuelles erreurs de géométrie, d'unités, de c o m m a n -
des. Les analyses définissent :
- les déplacements,
- les réactions d'appui,
- les efforts en différents points de chaque barre,
- la vérification des contraintes,
- la vérification au p o i n ç o n n e m e n t des n œ u d s ,
- la vérification à la fatigue des n œ u d s .
INSTALLATION
Les vérifications complémentaires
TRANSPORT
Les analyses statiques puis éventuellement dynamiques
sont itératives en fonction des résultats (et des changements de
section), mais aussi de l'évolution des charges, des conditions de
fabrication, de chargement, de transport et d'installation.
Pour les grandes plates-formes u n peu compliquées, il faut
compter trois itérations.
En plus de ces calculs, il convient de conduire des vérifica-
tions complémentaires p o u r tenir c o m p t e des phases suivantes :
- la fabrication (par exemple, la rotation en position verti-
cale de panneaux construits horizontalement : le « roll-up »),
- le chargement sur la barge de transport (glissement de la
structure s'appuyant sur plusieurs n œ u d s des membrures princi-
pales des poutres de lancement intégrées à la structure),
LES CHARGES SUR UNE PLATE-FORME
- le transport (stabilité et résistance de la structure solida-
TRANSPORT D'UNE PLATE-FORME
v i r o n n e m e n t marin,
P o i d s des réservoirs a d d i t i o n n e l s d e
2 000 t
- la géotechnique p o u r la préconisation des caractéristiques flottaison
E x e m p l e s d'ordres d e g r a n d e u r de prix
(en U S dollars, valeur 1 9 9 2 )
D i m e n s i o n s d u j a c k e t à la b a s e 122 m x 146 m
D e notre trop courte revue, le lecteur aura retenu :
- l'aspect multidisciplinaire de cette technique,
D i a m è t r e des j a m b e s 3 m
- l ' i m p o r t a n c e des ordres d e g r a n d e u r ( p o i d s , d i m e n -
sions, c o û t s ) ,
- la rapide évolution vers les grandes profondeurs d'eau. Epaisseur m a x i d'acier 133 m m