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On aurait dit Vitti'na Crozza, plutôt mal chantée, la chanson avait prit
un rythme lent et lugubre. Fugo ne reconnut pas la voix. Le rire strident de
Kocaqi résonnait, comme s'il essayait de l'étouffer, l'enveloppant.
Suis-je encore sous son emprise depuis tout ce temps ? Depuis le Teatro
Greco ?
Avait-il seulement imaginé l'avoir vaincu ? Si c'était le cas, il était
fichu. Il n'y avait pas d'issue. Mais....
Non ! Ce n'est pas vrai !
Fugo se concentra sur la sensation de chute. Il n'était pas juste en train
de tomber.
Il tournoyait. Il était en chute libre. C'était différent, ce n'était pas la
même sensation que celle que Kocaqi avait verrouillée. Il pouvait la sentir
bouger, changer.
Alors ça doit être... !
Il tombait pour de vrai. Tout comme les poupées de ses amis. Y compris
Trish.
Elle doit être....
Tandis qu'il tombait, Fugo tendit la main vers elle. Comme dans les
vidéos qu'il avait vues de parachutistes se liant les mains. Ses doigts se
frottaient contre sa joue....et il la saisit entre ses doigts, la pinçant
violemment.
*
"Et bim ! Hélicoptère descendu !"
Vittorio avait levé le poing en l'air.
"Ils ne sont pas tous morts" dit Volpe. " Les projections n'étaient pas
bonnes. Trop dispersées. La porte s'est ouverte avant de s'écraser. Quelqu'un a
dê sauter."
Angelica hocha la tête. "Night Bird Flying est à longue portée, je ne
sais donc pas exactement ce qui s'est passé, mais je n'ai senti qu'un ou deux
d'entre eux mourir. Au moins l'un d'eux a survécu."
"Supposons qu'il y en a deux - Fugo et Sheila E."
"Mais ça les a ralentis. C'est assez. Je vais finir le travail," dit Vittorio
en tapant des mains.
"Attends !" répondit rapidement Volpe. "Vittorio, tu dois aller sur le
site. Maintenant."
"Hein ? Pourquoi ?"
"Nous avons un objectif précis. L'un de nous doit mettre la main sur le
masque avant qu'ils ne le trouvent. Un de nous trois, tu travailles mieux seul,
tu as la meilleure défense. Moi et Angelica, nous attendrons ici et les
prendrons en embuscade."
"Laissez-moi faire ça, pendant que vous deux..."
"Non, Vittorio. Je ne peux pas aller si vite ", dit Angelica.
Vittorio grimaçait. Elle était trop faible pour courir. Ou pour se battre. Il
le savait bien.
Et Volpe ne pouvait pas la quitter, il devait la surveiller de près au cas
où son état s'aggraverait. Ça ne pouvait être que Vittorio.
"Ne t'inquiète pas, Vittorio," dit-elle en plaçant ses mains sur ses joues.
Elle rapprocha son visage et l'embrassa de partout. "Tous nos espoirs
reposent sur toi. Tu es fort. Tu peux le faire. Je sais que tu peux le faire."
On aurait dit une mère parlant à un enfant pleurnichard.
Vittorio acquiesça.
"Ouais. Si je vais assez vite, tu ne seras pas en danger. Mais, Volpe,
vous devez vous replier pendant que vous m'attendez."
"Pour qu'on se retrouve le plus vite possible une fois que tu l'auras
trouvé ? Je sais."
" Bien ! C'est parti !"
Il se dirigea vers les ruines en courant à toute vitesse.
*
Syracuse.
Fondée par les Grecs, conquise par les Romains. Cicéron l'a décrit
ainsi :
"Il est vrai que Syracuse est la plus grande et la plus belle des villes
grecques. Elle se dresse sur un fort naturel, offrant une vue imprenable sur les
ennemis qui s'approchent par la terre ou la mer, avec pas moins de deux
ports. Le cœur de la ville est une île, coupée du continent sicilien, à
l'exception des ponts qui les relient."
À son apogée, la population était de plus d'un million d'habitants, mais
la Syracuse moderne est devenue une ville tranquille avec un peu plus de cent
mille habitants. L'île d'Ortygia est plus belle que jamais. Petite, avec une
circonférence d'un peu plus de 4 km, elle abrite un certain nombre de
monuments historiques, tant romains que baroques, qui côtoient des hôtels
modernes.
À la tombée de la nuit, le ciel rouge et les lampadaires illuminent la
ville comme nulle part ailleurs sur terre.
Vittorio Cataldi courait dans ces rues.
Si je prends la Via della Maestranza et que je passe devant le parc à
quelques pâtés de maisons, je devrais voir le Dôme au sud.
Il se déplaçait rapidement. Personne ne le gênait, rien ne le ralentissait.
Tout le monde en ville était affecté par le pouvoir de Night Bird Flying.
Ils titubaient dans les rues, les regard vide, de la bave coulant le long de
leur menton. Riches, pauvres, flics, voleurs, hommes, femmes, enfants et
vieillards, leurs esprits étaient trop fous pour s'en soucier quand Vittorio les
bousculait. Ils ne le remarquaient même pas. Ils ne voyaient rien, ne
ressentaient rien, piégés dans une illusion créée par leur propre esprit,
incapables de percevoir le monde qui les entoure.
C'était comme si la ville était envahie de zombies et que Vittorio passait
à travers la horde.
Bien joué, Angelica. Tu les as bien eus. Maintenant, c'est à moi d'agir.
Alors qu'il quittait la route côtière pour la Via della Maestranza, la
vague derrière lui emportait quelque chose avec elle.
C'était un chapeau Borsalino, trempé après des heures à la dérive dans
les courants, mais si bien fait qu'il avait gardé sa forme. Comme quelque
chose que James Cagney ou Humphrey Bogart porteraient dans un film de
gangsters des années 30, pas le genre de chapeau qu'un homme ordinaire
mettrait
La vague suivante essaya de ramener le chapeau à la mer... mais une
main descendit et le ramassa
Avec aisance, l'homme posa le chapeau sur sa tête, ne se souciant pas
du tout de l'humidité.
Puis il tourna et se dirigea vers la route que Vittorio avait prise.
Ses chaussettes mouillées couinant doucement dans la nuit.
Sheila E conduisait.
Sa voiture était la seule qui bougeait encore. Si vous deviez arriver à
Ortygia à la hâte, il n'y avait qu'un seul moyen. Descendre le Corso Umberto
I jusqu'à la Via Malta, et traverser le pont de pierre.
Au bout du pont se tenait un homme qui bloquait son chemin.
C'était Massimo Volpe.
Ses yeux aiguisés la transpercèrent. Leurs regards se croisèrent. Il ne
montra aucun signe d'hésitation. Elle non plus. Les deux mirent leur vie en
jeu.
Elle poussa un long rugissement, et accéléra, en dirigeant la voiture
droit sur lui.
Le stand de Volpe sert à fabriquer de la drogue. Le stand en lui-même
n'est pas fort. Ma meilleure chance est de le renverser !
Sheila E avait foncé en avant, faisant une ligne droite vers sa future
victime.
Volpe ne fit aucun effort pour esquiver. Ses lèvres s'étirèrent en un
sourire.
Son stand était apparu devant lui.
Manic Depression était maigre et petit, comme la momie d'un
nourrisson mal nourri, sa carcasse osseuse enveloppée dans des bandelettes.
Les deux trous à l'avant de son visage en forme de crâne semblaient former
des yeux grossiers. Il n'avait pas l'air physiquement puissant.
Mais l'homme derrière ce stand malade avait l'air très confiant.
Tu viens droit sur moi, imbécile ? Tu comprendras bientôt.
Kocaqi avait dit que le stand de Volpe lui donnait le pouvoir de diriger
le monde.
Laisse-moi te montrer pourquoi. Mon stand a le pouvoir de me faire
devenir plus qu'humain !
Manic Depression poussa un cri aigu et mis ses bras autour de Volpe.
D'innombrables aiguilles sont sorties de tout son corps.
Des aiguilles hypodermiques.
Leurs pointes perçaient la chair de Volpe partout où leurs corps se
rencontraient.
Il y eut un bruit strident. Le bruit de quelque chose qui se déchirait.
Le son d'un corps libéré de ses limites physiques.
La bouche de Volpe s'ouvrit, mais le souffle qui en sortit semblait
inhumain. Il fit un pas en avant quand la voiture l'a atteint.
Mais le pare-chocs s'écrasa sur son torse.
Avant que Sheila E ne puisse réagir, ses bras avaient bougé trop vite
pour que l'œil humain puisse suivre. Il frappa du poing le capot, et la voiture
s'envola.
De ses mains nues.
Avec son propre corps.
Il avait fait rebondir une voiture d'une tonne sur le sol comme une balle
de tennis.
La voiture dansait dans les airs en tournoyant. Ce n'est que lorsqu'elle
toucha le sol que son poids sembla s'appliquer de nouveau.
Il y eu une secousse qui fit trembler le sol.
Le coup qui avait détruit la voiture était si fort qu'elle n'avait même pas
explosé. Elle s'était juste froissée, passant d'une voiture à un morceau de
métal.
Volpe se dirigea vers elle, enveloppé dans l'étreinte de Manic
Depression.
Il arracha le toit de la voiture avec les efforts nécessaires semblable a
ceux pour arracher un le drap d'un lit.
À l'intérieur se trouvait Sheila E, couverte de sang.
Elle fixa le monstre devant elle comme si elle refusait de croire que tout
cela était arrivé.
"Il y a un problème avec ce pouvoir, dit Volpe. "Je ne peux pas l'utiliser
longtemps. Mais Vittorio est parti chercher le moyen de surmonter ce défaut.
Un trésor qui accorde l'éternité aux humains. Tu sais ce que ça veut dire ?"
"…...........…"
"Ça veut dire que ton dernier espoir s'est effondré."
Correction : Idoroaf