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VI.Fantasia siciliana...............................Fantaisie sicilienne...........................

Il pouvait entendre quelqu'un chanter.

La, lala... lalala, lala la.…

La chanson résonnait sans cesse dans ses oreilles, mais faiblement,


comme un doux murmure dans le vent. Il ne pouvait pas dire depuis combien
de temps il l'entendait.
"…...hein?"
Fugo ouvrit les yeux.
Il était dans une pièce. Il pouvait voir de nombreuses étagères remplies
de vieux livres.
Une salle de classe.
À l’Università di Bologna.
Il y avait un professeur furieux devant lui, qui lui faisait la morale.
"À quoi pensais-tu ? Tu crois pouvoir t'en sortir en négligeant les
matières fondamentales ? Ne détourne pas le regard ! Je te parle !"
Fugo croisa son regard et le professeur hocha la tête.
"J'en attends plus de toi, Fugo. Tu as la mauvaise habitude d'agir
comme si tu n'étais là que parce que tes parents en sont la cause. Mais tes
parents ne sont pas toi, et tu n'es pas tes parents. Tu n'étudies pas pour
améliorer le statut de tes parents, mais pour libérer ton propre potentiel."
La porte s'ouvrit brusquement et l'assistante du professeur entra.
"J'ai de mauvaises nouvelles, Fugo. Ta grand-mère est très mal en point.
Tu devrais aller la voir."
Le professeur l'aida à obtenir un billet de train prioritaire, et il parvint à
arriver chez lui avant la fin de la journée.
"Oh....mon petit Panni. Je me sens tellement mieux maintenant que tu
es là."
Sa grand-mère était complètement rétablie. Fugo ressentit un grand
soulagement. Toute sa famille était venu la voir, et ils avaient tous l'air si
heureux de la revoir à nouveau en forme. Fugo était très heureux. Ils étaient
une famille après tout. Ils s'aimaient vraiment.
Les vacances scolaires n'étaient plus très loin, l'université accepta de le
laisser rester à la maison aussi longtemps qu'il enverrait ses derniers travaux
par la poste. Il le fit et alla pêcher avec ses frères.
Quand ils arrivèrent au port, ils découvrirent que le bateau de pêche
qu'ils avaient réservé était tombé en panne et qu'il était coincé dans le port.
Pendant qu'ils essayaient de trouver une solution, un autre capitaine leur
proposa de les emmener sur son bateau. Mais les clients qu'il avait déjà s'y
opposèrent.
"On t'a demandé de ne prendre personne d'autre !"
"Il y a de la place pour tout le monde."
"J'ai dis qu'il n'y en avait pas ! Fais ce que je te dis !"
"Très bien, alors vous descendez. Quand un autre vaisseau à des ennuis,
on l'aide. C'est la lois de la mer."
"Quoi !?"
Les clients impolis se rendirent compte qu'une foule se rassemblait et
abandonnèrent, non sans marmoner quelques jurons. Le capitaine fit signe à
Fugo et ses frères de monter à bord.
"Mon fils sera heureux de vous aider, les enfants. Bruno !"
"Oui, papa ?"
Un garçon à l'air vif sortit de la cabane.

Lala lula lulalala la..…

Ce garçon s'appelait Bruno Buccellati. Il avait environ trois ans de plus


que Fugo.
"Tu vas à l'université ? Woah."
"Ce n'est pas grand chose."
"J'essaie de m'éduquer avec des livres, mais c'est assez lent."
"Qu'est-ce que tu lis ?"
"Machiavelli."
"Le Prince ?"
"Je suppose que tu l'as déjà lu ? Je suis plutôt fan d'histoire. Je sais que
c'est basé sur Cesare Borgia, mais je ne pense pas que Machiavelli était aussi
machiavélique qu'on le dit. C'était plutôt un réaliste avant-gardiste. Il mettait
en garde contre les excès de pensée et conseillait aux gens de faire ce qui
était leur portée."
"C'est une sacrée théorie."
"Ce n'est pas ce que tu attendais de la part d'un fils de pêcheur ?"
"Je m'attendais pas vraiment à ça, mais ça ne sonne pas si étrange
venant de toi"
"Si tu le vois comme ça, tu n'as pas l'air d'un aristocrate typique. Tu n'es
pas du tout hautain."
"Ouais..."
"Ce n'est pas une mauvaise chose !"
"Puis-je te demander conseil ?"
Quelque chose chez ce garçon avait mis Fugo à l'aise, et il s'est retrouvé
à partager tous ses problèmes. Buccellati écoutait attentivement.
Ils se sont rapprochés et sont devenus de bons amis. Chaque fois que
Fugo rentrait de l'université, il venait voir Buccellati.
Un jour, le père de Buccellati vint vers Fugo.
"Dernièrement, la police est venue me poser des questions. Ils pensent
que je suis mêlé à un trafic de drogue, d'une manière ou d'une autre."
"Comment ?"
"Je ne veux pas dire du mal des autres capitaines, mais certains bateaux
de pêche les aident à entrer clandestinement. Tu penses que je devrais révéler
ce que je sais aux flics ?"
"Ça me semble risqué. Si la mafia découvre que vous les avez balancés,
vous allez avoir des ennuis."
"C'est ce que dit mon fils. Tu t'y connais en lois et trucs de ce genre,
n'est-ce pas ? Pourrais-tu m'aider ?"
"Je ferai de mon mieux."

Lulala lala, lalalulu lala.…

C'est ainsi que Fugo s'est retrouvé en train de s'approcher du monde


secret et violent de la mafia. Buccellati avait toujours été populaire et en
attira bientôt d'autres à ses côtés. Il avait empêché un garçon du nom de
Narancia d'être placé en maison de correction pour un crime qu'il n'avait pas
commis, et persuadé un policier nommé Abbacchio qu'il était mieux de rester
réglo et de ne pas accepter de pots de vin. Tous deux ont rejoint leur cause.
Ils étaient devenus une sorte d'équipe, tout le monde les connaissait. Ils
ne faisaient partie d'aucune organisation, et les gens de la ville leur faisaient
entièrement confiance. Les gangsters avaient décidé qu'il était mieux de les
laisser tranquilles.
"Fugo, tu devrais être plus audacieux," dit Narancia.
Mista rit. "C'est toi qui dit ça ! Tu ne goûtes même pas ce que tu penses
ne pas aimer. On est sortis manger des fruits de mer l'autre soir et tu n'as
mangé que des fruits !"
"La ferme, j'aime les fruits."
"Être difficile avec la nourriture montre que tu es encore un enfant."
"Je ne suis pas un enfant !"
Abbacchio arranga sa tenue. "Tu devrais mieux manger, Narancia. Tu es
trop maigre. Pâtes, pizza peu importe, mange plus ! Et arrête de commander
du fromage et des champignons. Tu as besoin de viande ! Du boeuf ou porc !
Ça t'aidera à grandir !"
"Ecoute, je ne suis pas petit. Tu es juste beaucoup trop grand,
Abbacchio. Et effrayant."
"Je suis flic."
"Pas vraiment ! Tu ne fais jamais ton travail tu préfères traîner avec
nous ! Tu passes tout ton temps ici, ils ne te donneront jamais de promotion."
"Comme si j'en voulais une... On est promu sur la base de résultats de
tests, et les tests sont truqués. Je suis plus utile en aidant Buccellati. C'est
mieux d'être ici que d'être en patrouille."
"Des tests ? Tu te moques de Fugo ?"
"Tu es premier à chaque test, n'est-ce pas ?"
"Si j'étudie aussi durement, c'est parce que ça aide Buccellati. Quand les
gens se moquent de lui parce qu'il n'est pas allé à l'école, il peut dire que je
suis le premier de ma classe à Bologna."
"Tu gâches tout."
"Narancia, tu es premier de ta classe aussi, non ?"
"Ouais, en commençant par la fin."
"Hé !"
"Non, sérieusement, j'ai entendu dire que tu avais reçu un prix pour ton
travail de bénévole. C'était dans le journal."
"Ce n'était pas intentionnel !"
Une conversation ordinaire, un dîner de tous les jours.
Alors pourquoi cela semblait si précieux ?
Parce que seules les personnes dont la vie est si riche peuvent vivre ce
bonheur ? Fugo remercia le ciel qu'ils aient fait tous les bons choix.
Alors qu'ils riaient tous, Buccellati sortit de sa chambre.
"Ah, tout le monde est là."
"Quoi de neuf, Buccellati ? Pourquoi nous avoir tous appelés ici ?"
"Eh bien," dit Buccellati. "J'aimerais vous présenter quelqu'un."
Il ouvrit la porte et fit signe d'entrer.
C'était une fille. Son visage était fier, mais elle avait le sourire aux
lèvres.
"Elle m'a beaucoup aidé dernièrement."
"Enchantée de vous rencontrer. Je m'appelle Trish Una."
Elle regarda chacun d'eux, et pencha la tête.
"Trish... la fille du boss de la fondation Passione ?"
"Si vous avez entendu parler d'elle, je n'ai pas besoin de vous expliquer.
Nous allons travailler avec Passione."
"Tu veux dire que... ?" dit Narancia, les yeux était étincelants.
Abbacchio frappa sur la bouche de Narancia pour l'empêcher d'en dire
plus.
"Tu ne peux pas dire ce genre de choses devant des étrangers."
"Buccellati m'a beaucoup parlé de vous tous. Il dit qu'il vous fait
entièrement confiance."
Trish prit un panier qui était dans son dos.
"En gage de notre nouvelle union, j'ai préparé un gâteau pour tout le
monde."
Narancia saisit la première part, tout excité. Abbacchio et Fugo se
servirent également.
"Oh, ça a l'air bon," dit Mista, avant de tendre la main pour prendre une
part.
Hmm ? Fugo le regardait fixement
"Mista.... ?"
"Quoi ?"
"Tu es sûr que ça ne te dérange pas ?"
"Pourquoi ça me dérangerait ?"
"Mais...tu étais la quatrième personne à prendre une part de gâteau. Tu
évites toujours le numéro quatre."
L'expression du visage de Mista fut comme aspirée. Il ressemblait à une
poupée.
Fugo regarda autour de lui à la hâte. Narancia et Abbacchio s'étaient
aussi transformés en poupées. Des coquilles vides et sans vie, gelées dans une
seule position.
"Qu'est-ce que... ?"
" Tu es enfermé", dit Buccellati, discrètement. Mais ce n'était pas la
voix de Buccellati. C'était la voix d'un vieil homme.
" Tu es.... Vladimir Kocaqi ?"
"Tu es dans un rêve. Un rêve dont tu ne te réveilleras jamais."
Des rides commencèrent à apparaître sur le visage de Buccellati. Il
vieillissait à vue d'œil.
Fugo lui tendit la main, mais Buccellati s'éloignait rapidement. Le
gâteau glissa des doigts de Fugo. Quand il toucha le plancher, le sol se brisa
sous ses pieds comme du verre, et il tomba... dans le néant.
"Tu ne t'échapperas jamais. Tu tomberas pour toujours", Il entendait
Kocaqi rire.
Pendant ce temps, le chant continuait.

Lalala, lulala, lululalala..…

On aurait dit Vitti'na Crozza, plutôt mal chantée, la chanson avait prit
un rythme lent et lugubre. Fugo ne reconnut pas la voix. Le rire strident de
Kocaqi résonnait, comme s'il essayait de l'étouffer, l'enveloppant.
Suis-je encore sous son emprise depuis tout ce temps ? Depuis le Teatro
Greco ?
Avait-il seulement imaginé l'avoir vaincu ? Si c'était le cas, il était
fichu. Il n'y avait pas d'issue. Mais....
Non ! Ce n'est pas vrai !
Fugo se concentra sur la sensation de chute. Il n'était pas juste en train
de tomber.
Il tournoyait. Il était en chute libre. C'était différent, ce n'était pas la
même sensation que celle que Kocaqi avait verrouillée. Il pouvait la sentir
bouger, changer.
Alors ça doit être... !
Il tombait pour de vrai. Tout comme les poupées de ses amis. Y compris
Trish.
Elle doit être....
Tandis qu'il tombait, Fugo tendit la main vers elle. Comme dans les
vidéos qu'il avait vues de parachutistes se liant les mains. Ses doigts se
frottaient contre sa joue....et il la saisit entre ses doigts, la pinçant
violemment.

La douleur sur sa joue réveilla Sheila E.


L'hélicoptère était hors de contrôle, en chute libre, plongeant vers le sol.
Fugo était sur le siège à côté d'elle, le bras tendu, lui pinçant la joue. Il
était encore sous le choc, le stimulus extérieur n'avait pas suffit à la réveiller.
Il l'avait pincée dans son sommeil.
"M-merde !" Sheila E se précipita vers l'avant, la joue libérée de la prise
de Fugo, et regarda à l'intérieur du cockpit.
C'était trop tard.
Le pilote s'était mordu la langue et était mort. L'illusion qu'il avait vue
était si terrifiante qu'il s'était tué pour y échapper sans jamais s'en réveiller.
Murolo avait la bouche moussante, les yeux qui roulaient en arrière.
On a pas le temps !
Ils se précipitaient vers la mer à toute vitesse.
Elle se pencha vers l'avant, saisit le manche et tira de toutes ses forces,
mais il bougea à peine, il n'y avait aucun moyen de sauver l'hélicoptère.
"Merde !"
Elle appela Voodoo Child, et le fit expulser Fugo par la porte.
La porte se brisa et Fugo vola hors de l'engin, s'écrasant dans la mer. Ils
étaient encore terriblement hauts.
S'il se réveillait, il survivrait probablement, sinon... Sheila E se jeta
dehors après lui.
Elle avait réussi de peu. Un instant après, l'hélicoptère percuta l'eau et
se disloqua. Un peu plus tard, elle entendit le moteur exploser.
De l'eau jaillit en l'air.
Sheila E remonta à la surface, haletant pour reprendre son souffle.
"F-Fugo !?" elle regardait autour d'elle.
Il flottait à proximité. Réveillé ? Endormi ? Elle essaya de nager vers
lui.
Mais il était pris dans un courant rapide et s'éloignait trop rapidement
d'elle.
Sheila E se mit à nager plus vite. Elle pouvait le faire. Enfant, elle
nageait dans des rivères plus rapides, se dit-elle. Tu peux le faire, chantait-
elle, en se concentrant sur son esprit, en gardant son mouvement en équilibre,
en nageant aussi vite qu'elle le pouvait. Elle finit par l'attraper.
Elle le saisit au col et le traîna sur des rochers à proximité.
Son cœur battait, mais il ne respirait plus. Elle tenta de le réanimer avec
un massage cardiaque. Elle lui pinca le nez, mis ses lèvres sur les siennes et
souffla.
Au quatrième essai, Fugo toussa, cracha de l'eau et se remit à respirer.
Ses yeux s'ouvrirent.
"Ummh... on a réussi ?"
Il regarda autour de lui.
"Murolo et le pilote ?"
Elle secoua la tête. Fugo grinça des dents et gémit. Il secoua la tête
deux, trois fois et laissa de côté ses émotions.
"Et maintenant ?" dit Sheila E. "Nous allons appeler à l'aide ? Attendre
que des renforts arrivent ?"
Fugo secoua la tête.
"Pas le temps. S'ils nous trouvent dans cet état, alors..."
" Tu veux dire... Murolo a dit qu'ils étaient à Ortygia. S'ils ont une
raison d'être ici, s'ils avaient une raison de nous empêcher d'entrer…"
Fugo hocha la tête.
"Exactement. S'ils savaient qu'on y arriverait avant eux, il leur aurait
suffit d'aller ailleurs."
"Kocaqi venait de Sicile. Il a caché quelque chose à Ortygia, ou bien il
savait qu'il y avait quelque chose de caché... quelque chose sur laquelle nos
ennemis veulent désespérément mettre la main dessus."
La lumière du soleil faiblissait. Il faisait presque nuit.

*
"Et bim ! Hélicoptère descendu !"
Vittorio avait levé le poing en l'air.
"Ils ne sont pas tous morts" dit Volpe. " Les projections n'étaient pas
bonnes. Trop dispersées. La porte s'est ouverte avant de s'écraser. Quelqu'un a
dê sauter."
Angelica hocha la tête. "Night Bird Flying est à longue portée, je ne
sais donc pas exactement ce qui s'est passé, mais je n'ai senti qu'un ou deux
d'entre eux mourir. Au moins l'un d'eux a survécu."
"Supposons qu'il y en a deux - Fugo et Sheila E."
"Mais ça les a ralentis. C'est assez. Je vais finir le travail," dit Vittorio
en tapant des mains.
"Attends !" répondit rapidement Volpe. "Vittorio, tu dois aller sur le
site. Maintenant."
"Hein ? Pourquoi ?"
"Nous avons un objectif précis. L'un de nous doit mettre la main sur le
masque avant qu'ils ne le trouvent. Un de nous trois, tu travailles mieux seul,
tu as la meilleure défense. Moi et Angelica, nous attendrons ici et les
prendrons en embuscade."
"Laissez-moi faire ça, pendant que vous deux..."
"Non, Vittorio. Je ne peux pas aller si vite ", dit Angelica.
Vittorio grimaçait. Elle était trop faible pour courir. Ou pour se battre. Il
le savait bien.
Et Volpe ne pouvait pas la quitter, il devait la surveiller de près au cas
où son état s'aggraverait. Ça ne pouvait être que Vittorio.
"Ne t'inquiète pas, Vittorio," dit-elle en plaçant ses mains sur ses joues.
Elle rapprocha son visage et l'embrassa de partout. "Tous nos espoirs
reposent sur toi. Tu es fort. Tu peux le faire. Je sais que tu peux le faire."
On aurait dit une mère parlant à un enfant pleurnichard.
Vittorio acquiesça.
"Ouais. Si je vais assez vite, tu ne seras pas en danger. Mais, Volpe,
vous devez vous replier pendant que vous m'attendez."
"Pour qu'on se retrouve le plus vite possible une fois que tu l'auras
trouvé ? Je sais."
" Bien ! C'est parti !"
Il se dirigea vers les ruines en courant à toute vitesse.
*

Ils trouvèrent un parking près de la côte, volèrent une voiture et se


dirigèrent vers l'île d'Ortygia.
Sheila E conduisait. Fugo ressentait une douleur aiguë au niveau de son
côté . Il s'était cassé quelques côtes à l'impact.
"Qu'est-ce qu'ils peuvent bien chercher ? Des informations ? Ou un
objet ?"
Fugo essayait de réfléchir, mais il savait très bien qu'il ne trouverait pas
de réponse.
Si c'était comme la tortue que Diavolo avait donné à Buccellati, un
moyen de se cacher complètement de ses poursuivants... ils seraient fichus.
Ils ne pourraient jamais les retrouver. Sans les cartes de Murolo, ils n'auraient
aucune piste.
Tout sauf ça.... Je prouverais mon inutilité. Ils ne me donneront pas
d'autre chance. Mista me tuera.
Passione devait avoir d'autres assassins à envoyer après ses ennemis.
C'était sa dernière chance. L'échec n'était pas une option. C'était la vraie
raison pour laquelle il avait refusé d'appeler des renforts. Il avait dit quelque
chose qui semblait convaincant, mais en vérité, il avait juste peur.
Les renforts qu'ils enverront viendront avec ordre de me tuer. Ce n'est
pas un monde où les incompétents peuvent survivre. Aucune exception.
Sheila E s'en tirerait bien. Elle n'avait jamais échoué auparavant. Elle
n'avait trahi personne, elle n'avait pas fui devant le danger. Mista lui faisait
confiance. Elle aurait eu le mérite d'avoir traqué Volpe jusqu'ici. Ce serait
suffisant pour la sauver, et si elle jouait bien ses cartes, elle pourrait même
être promue. Tout le blâme serait jeté sur Fugo, tout le mérite lui reviendrait a
elle.
Putain de merde. Je DOIS les arrêter. Mais si je ne peux pas ?
Ça ne servait à rien d'y penser, mais il l'a fait quand même. Pourrait-il
s'enfuir ? Il avait fui Diavolo, sachant qu'il n'avait aucune chance. Mais
Giorno Giovanna avait battu Diavolo. Pourrait-il lui échapper ?
J'ai tué Kocaqi. Je ne peux pas changer de camp et rejoindre l'équipe
de Volpe maintenant... non, non, non, non, non, non, non, non ! Pourquoi est-
ce que j'y pense ? C'est stupide. C'est la même chose que la dernière fois. Je
pense trop....c'est pour ça que je n'ai pas pu monter sur le bateau !
Cette pensée le surprit.
Il n'avait pas pu monter sur le bateau.
Pas "ne l’a pas fait", mais "n'a pas pu le faire".
Était-ce vrai ? Voulait-il vraiment monter sur le bateau ? Voulait-il aller
avec les autres ? Tout au fond de lui ?
Mais si c'était vrai...
Ça ne lui ressemblait pas du tout. Buccellati l'avait recruté, comptant
sur lui pour rester calme, pour choisir l'option logique, et ainsi minimiser les
pertes.
Non, attends....attends…
La roue avait tourné maintenant. Pourquoi n'avait-il pas été capable de
monter dans le bateau ? Parce que personne ne s'attendait à ce qu'il le fasse.
Qui ne s'attendait pas à ce qu'il le fasse ? Buccellati. Mais Buccellati leur
avait demandé de monter dans le bateau...
Non. Non, il n'a pas dit ça.

"Je ne vous ordonne pas de venir avec moi. Je ne le souhaite même


pas."

Ce sont ses mots. C'est pourquoi Narancia l'avait supplié de lui


ordonner de monter à bord.
Alors je... l'ai cru sur parole ? Comme ce n'était pas un ordre, je.…
Sans ordre direct, il devait penser que Fugo choisirait la route avec le
moins de risques. Ne prendre aucune mesure inutile jusqu'à ce que la
prochaine occasion se présente clairement. C'était pour ça qu'il avait été figé
sur place ?
Il avait l'impression d'avoir fait son propre choix, était-ce vraiment le
cas ou bien s'était-il simplement conformé de façon robotique au bon sens qui
lui avait été inculqué depuis sa naissance ?
Je…
Fugo se serra les épaules, tremblant comme une feuille. Il était pâle et
ses dents claquaient.
Sheila E le regarda.
"Tu as peur ?"
Fugo leva les yeux, surpris.
"Hein ?"
"T'as peur de Volpe ?"
"Non, je... euh…"
"A vrai dire, je n'ai pas si peur d'eux," dit-elle sans hésitation.
Fugo ne s'attendait pas a cela.
Elle ne semblait pas confiante....elle avait l'air de n'en avoir rien à faire.
"J'ai peur de ce qui se passera après," ajouta-t-elle. "Après ?" demanda
Fugo, fixant ses mains. Elle ne répondit pas. Au lieu de cela, elle a demandé :
"C'était toi, n'est-ce pas ?" "Hein ?"
" Tu l'as tué, n'est-ce pas ? Celui qui a tué ma soeur. Illuso. Avec ton
Purple Haze."
"….........…"
"Quand j'ai vu Kocaqi mourir, je l'ai su. C'était comme Giorno l'avait
dit. C'est la pire façon de mourir que je puisse imaginer. La mort la plus
douloureuse, et la plus horrible. Sa chair pourrissant et fondant. Il était mort
au moment où sa nuque s'est brisée, mais les quelques secondes de
conscience qu'il lui restait ont dû être assez douloureuses pour qu'il regrette
d'être né."
"…...........…"
"Je sais que tu ne l'as pas fait pour punir Illuso. Mais tu l'as fait. Je te
dois à toi et à Giorno queque chose qui dépasse la valeur de ma vie. Je le sais
bien. Mais..."
Une expression douloureuse traversa son visage.
"Ça m'a effrayé. Te voir combattre Kocaqi… pendant que tout ce que je
pouvais faire c'était rester là et regarder. J'ai vraiment repoussé mes limites.
La vérité c'est que...." soupira Sheila E. "Je pensais qu'il avait raison. J'étais
d'accord avec ce qu'il disait. Et je savais que je ne pourrais jamais le vaincre."
"C'était l'effet son stand."
"Non. Ce n'est pas vrai. Son stand a fonctionné sur moi uniquement car
cette pensée m'a traversé l'esprit. Je ne peux pas me battre contre quelqu'un si
je pense qu'il est plus " juste " que moi. C'est ma limite. Mais il y a tant de
choses dans ce monde qui ne peuvent être séparées entre le juste et le mal. Si
jamais je me retrouvais dans une situation où je devais décider de trahir
quelqu'un ou de ne pas le trahir... je ne pense pas que je pourrais continuer à
suivre."
Les yeux du Fugo s'élargirent.
"Quoi ? Qu'est-ce que tu viens de dire ?"
Elle l'ignora.
"Ce moment viendra. J'ai juré de vivre ma vie pour Giorno. Je sais qu'il
est plus "juste" que Dieu lui-même. Mais à un moment donné, je vais devoir
lui faire face. Et je ne pourrai pas faire ça. Je ne pourrai pas franchir cette
limite. Tout ce que je pourrai faire, c'est m'enfuir."
Elle avait l'air sur le point de fondre en larmes.
"Sheila E....tu es..." dit Fugo, mais avant qu'il ne puisse en dire plus.…
La voiture devant eux tourna soudainement.
Elle n'essaya même pas de freiner. Elle s'était envolée directement du
bord de la falaise vers la mer.
Ce n'était clairement pas un accident. Et ce n'était pas la seule, les
voitures se jetaient les unes après les autres dans la mer, ou s'écrasaient
contre une paroi.
La voiture que Sheila E conduisait vira soudainement. Un véhicule les
avait percutés par-derrière, puis braqua vers une paroi et explosa.
D'autres voitures les poursuivaient, certaines les percutaient de plein
fouet. Les gens devant-eux faisaient demi-tour pour foncer sur eux, grattant
le côté de leur véhicule pendant que Sheila E tentait une manoeuvre
désespérée. Leur voiture s'abîmait de plus en plus à mesure qu'ils résistaient à
cette tempête de collisions.
C'était comme si tous les conducteurs de la région avaient perdu la tête,
non, pas qu'une impression ils avaient vraiment perdu la tête.
"C'est elle qui fait ça !"
Ça devait forcément être le Night Bird Flying d'Angelica Attanasio. Les
avait-il trouvés ? Non, l'effet couvrait une trop grande zone, trop imprécise.
Ce n'était pas du tout concentré sur eux.
Elle est prête à détruire toute la ville avec nous ! Elle se fiche que des
centaines de personnes meurent tant que ça nous ralentit !
La profondeur des ténebres dans l'esprit de son ennemie terrifia Fugo.
"Le pouvoir du stand va nous affecter nous aussi," dit Sheila E. "Nous
avons tous les deux été blessés dans l'accident d'hélicoptère, les endorphines
qui inondent notre cerveau ralentissent l'effet ou le contrent pour le moment,
mais... ce n'est qu'une question de temps."
Fugo appuya sur ses blessure. Ça faisait mal, mais la douleur était
réconfortante.
"Si nous cessons de ressentir la douleur, alors on sera vraiment dans le
pétrin", a-t-il dit.
"Alors… qu'est-ce qu'on fait ? Plus on se rapprochera d'Ortygia, moins
on trouvera de gens sains d'esprit. Ils seront en mesure de nous repérer
facilement... mais je suppose que nous n'avons pas le choix. Nous devons
agir vite, et faire un assaut frontal."
Sheila E freina à fond.
La voiture s'arrêta si brutalement que Fugo faillit se cogner la tête sur le
tableau de bord. Sa porte s'est ouverte.
Voodoo Child se tenait dehors, tenant la porte ouverte. Il a attrapé Fugo
par le col et l'a emmené sur la route.
Il s'est levé en trombe. La porte s'est refermée.
"Attends! Sheila E?"
"Je ne peux pas faire ça. Le reste dépend de toi. Fais ce que tu peux
pour Giorno, même si ce n'est pas "juste."
Elle l'a posé et la voiture s'est mise à rugir.
Vers Ortygia.
"N-non ! Sheila E...tu vas tenter une attaque suicide ?"

Syracuse.
Fondée par les Grecs, conquise par les Romains. Cicéron l'a décrit
ainsi :
"Il est vrai que Syracuse est la plus grande et la plus belle des villes
grecques. Elle se dresse sur un fort naturel, offrant une vue imprenable sur les
ennemis qui s'approchent par la terre ou la mer, avec pas moins de deux
ports. Le cœur de la ville est une île, coupée du continent sicilien, à
l'exception des ponts qui les relient."
À son apogée, la population était de plus d'un million d'habitants, mais
la Syracuse moderne est devenue une ville tranquille avec un peu plus de cent
mille habitants. L'île d'Ortygia est plus belle que jamais. Petite, avec une
circonférence d'un peu plus de 4 km, elle abrite un certain nombre de
monuments historiques, tant romains que baroques, qui côtoient des hôtels
modernes.
À la tombée de la nuit, le ciel rouge et les lampadaires illuminent la
ville comme nulle part ailleurs sur terre.
Vittorio Cataldi courait dans ces rues.
Si je prends la Via della Maestranza et que je passe devant le parc à
quelques pâtés de maisons, je devrais voir le Dôme au sud.
Il se déplaçait rapidement. Personne ne le gênait, rien ne le ralentissait.
Tout le monde en ville était affecté par le pouvoir de Night Bird Flying.
Ils titubaient dans les rues, les regard vide, de la bave coulant le long de
leur menton. Riches, pauvres, flics, voleurs, hommes, femmes, enfants et
vieillards, leurs esprits étaient trop fous pour s'en soucier quand Vittorio les
bousculait. Ils ne le remarquaient même pas. Ils ne voyaient rien, ne
ressentaient rien, piégés dans une illusion créée par leur propre esprit,
incapables de percevoir le monde qui les entoure.
C'était comme si la ville était envahie de zombies et que Vittorio passait
à travers la horde.
Bien joué, Angelica. Tu les as bien eus. Maintenant, c'est à moi d'agir.
Alors qu'il quittait la route côtière pour la Via della Maestranza, la
vague derrière lui emportait quelque chose avec elle.
C'était un chapeau Borsalino, trempé après des heures à la dérive dans
les courants, mais si bien fait qu'il avait gardé sa forme. Comme quelque
chose que James Cagney ou Humphrey Bogart porteraient dans un film de
gangsters des années 30, pas le genre de chapeau qu'un homme ordinaire
mettrait
La vague suivante essaya de ramener le chapeau à la mer... mais une
main descendit et le ramassa
Avec aisance, l'homme posa le chapeau sur sa tête, ne se souciant pas
du tout de l'humidité.
Puis il tourna et se dirigea vers la route que Vittorio avait prise.
Ses chaussettes mouillées couinant doucement dans la nuit.

"....on dirait que c'est mon tour."


Accroupi dans l'obscurité, Massimo Volpe sentit s'approcher ses
ennemis. Il se leva pour venir à leur rencontre.
Derrière lui, Angelica regardait le ciel, les yeux flous. Son stand était
sorti, mais son esprit ne semblait pas s'y intéresser du tout. Volpe vérifia son
pouls.
"Tout ira bien pour toi. Reste ici pendant mon absence, Angelica."
Elle ne montra aucun signe apparent qu'elle avait entendu, mais Volpe
ne réessaya pas. Il se retourna et quitta la pièce.
De temps en temps, le bruit d'une explosion ou le craquement du métal
résonnait au loin, mais son expression ne changeait jamais.
Enfin, un petit oiseau revint vers elle en gazouillant. Il atterri sur son
doigt, et elle le souleva pour faire parvenir son petit bec jusqu'à son oreille. Il
lui parlait avec une voix douce, comme une petite clochette qui sonnait.
Une rougeur apparu sur le visage pâle de la jeune fille. Un feu sombre
s'était allumé dans ses yeux.
"....tu vas payer pour ça, Fugo. Tu vas payer !"
Marmonnant, elle essayait de se tenir debout, mais elle titubait, ses
jambes ne la soutenant pas. Elle fut forcée de s'appuyer contre le mur pour se
soutenir, à moitié rampante hors de l'obscurité, hors de la pièce.

Sheila E conduisait.
Sa voiture était la seule qui bougeait encore. Si vous deviez arriver à
Ortygia à la hâte, il n'y avait qu'un seul moyen. Descendre le Corso Umberto
I jusqu'à la Via Malta, et traverser le pont de pierre.
Au bout du pont se tenait un homme qui bloquait son chemin.
C'était Massimo Volpe.
Ses yeux aiguisés la transpercèrent. Leurs regards se croisèrent. Il ne
montra aucun signe d'hésitation. Elle non plus. Les deux mirent leur vie en
jeu.
Elle poussa un long rugissement, et accéléra, en dirigeant la voiture
droit sur lui.
Le stand de Volpe sert à fabriquer de la drogue. Le stand en lui-même
n'est pas fort. Ma meilleure chance est de le renverser !
Sheila E avait foncé en avant, faisant une ligne droite vers sa future
victime.
Volpe ne fit aucun effort pour esquiver. Ses lèvres s'étirèrent en un
sourire.
Son stand était apparu devant lui.
Manic Depression était maigre et petit, comme la momie d'un
nourrisson mal nourri, sa carcasse osseuse enveloppée dans des bandelettes.
Les deux trous à l'avant de son visage en forme de crâne semblaient former
des yeux grossiers. Il n'avait pas l'air physiquement puissant.
Mais l'homme derrière ce stand malade avait l'air très confiant.
Tu viens droit sur moi, imbécile ? Tu comprendras bientôt.
Kocaqi avait dit que le stand de Volpe lui donnait le pouvoir de diriger
le monde.
Laisse-moi te montrer pourquoi. Mon stand a le pouvoir de me faire
devenir plus qu'humain !
Manic Depression poussa un cri aigu et mis ses bras autour de Volpe.
D'innombrables aiguilles sont sorties de tout son corps.
Des aiguilles hypodermiques.
Leurs pointes perçaient la chair de Volpe partout où leurs corps se
rencontraient.
Il y eut un bruit strident. Le bruit de quelque chose qui se déchirait.
Le son d'un corps libéré de ses limites physiques.
La bouche de Volpe s'ouvrit, mais le souffle qui en sortit semblait
inhumain. Il fit un pas en avant quand la voiture l'a atteint.
Mais le pare-chocs s'écrasa sur son torse.
Avant que Sheila E ne puisse réagir, ses bras avaient bougé trop vite
pour que l'œil humain puisse suivre. Il frappa du poing le capot, et la voiture
s'envola.
De ses mains nues.
Avec son propre corps.
Il avait fait rebondir une voiture d'une tonne sur le sol comme une balle
de tennis.
La voiture dansait dans les airs en tournoyant. Ce n'est que lorsqu'elle
toucha le sol que son poids sembla s'appliquer de nouveau.
Il y eu une secousse qui fit trembler le sol.
Le coup qui avait détruit la voiture était si fort qu'elle n'avait même pas
explosé. Elle s'était juste froissée, passant d'une voiture à un morceau de
métal.
Volpe se dirigea vers elle, enveloppé dans l'étreinte de Manic
Depression.
Il arracha le toit de la voiture avec les efforts nécessaires semblable a
ceux pour arracher un le drap d'un lit.
À l'intérieur se trouvait Sheila E, couverte de sang.
Elle fixa le monstre devant elle comme si elle refusait de croire que tout
cela était arrivé.
"Il y a un problème avec ce pouvoir, dit Volpe. "Je ne peux pas l'utiliser
longtemps. Mais Vittorio est parti chercher le moyen de surmonter ce défaut.
Un trésor qui accorde l'éternité aux humains. Tu sais ce que ça veut dire ?"
"…...........…"
"Ça veut dire que ton dernier espoir s'est effondré."

La cathédrale de Syracuse, le Duomo, possède l'un des extérieurs les


plus imposants d'Ortygia, une île qui ne manquait pas de cela. Après la
conquête de Syracuse par le tyran Gelon au Ve siècle, il reconstruisit l'ancien
temple d'Athéna avec un édifice dorique moderne de l'époque ; les murs du
bâtiment actuel comprennent les colonnes doriennes. Remodelées à plusieurs
reprises, l'intérieur et l'extérieur semblent appartenir à deux bâtiments très
différents. L'aménagement intérieur est sobre, avec une dramaturgie moderne
qui dément sa construction post-Renaissance.
L'humidité de l'air extérieur se transformait en un froid stagnant lorsque
l'on entrait à l'intérieur.
Respirant fortement, Vittorio courut à travers le Duomo.
Ses yeux étaient fixés sur la partie la plus profonde de la cathédrale, où
les reliques de Sainte-Lucia étaient vénérées. Ce n'est pas ce sanctuaire qu'il
avait souillé, mais les blocs dans le mur à côté de lui.
"7, 3, 4..."
Il compta les pierres dans l'ordre suggéré par leur source. Cela l'amena
à un pâté de maisons qui semblait n'être pas différent de tout ce qui
l'entourait.
Il utilisa la lame de Dolly Dagger pour démolir le mur et déterrer la
chose qui s'y trouvait enfouie - une chose à peine plus grande qu'un visage
humain.
C'était lourd. Le visage gravé dans la pierre ne portait aucune marque
de fabrique de la Grèce antique ou de l'empire romain ; c'était clairement
l'œuvre des Aztèques.
Un masque de pierre
C'est comme ça que leur informaeur l'avait appelé. Personne ne savait
comment cela s'appelait réellement. Les nazis avaient essayé de le découvrir,
mais n'avaient jamais réussi à l'identifier.
"Ça y est !" dit Vittorio, sentant le poids dans sa main. Il avala sa salive
avec force.
Il avait l'impression que les yeux vides du masque le fixaient.
"Mais comment ça marche ?"
Il l'a retournée. Il y avait des mots gravés à l'arrière, mais il ne savait
pas lire l'aztèque.
Le masque de pierre étant placé dans un endroit sûr, il était temps de
rejoindre Volpe. Il se retourna pour s'en aller.…
..et entendu quelqu'un applaudir.
Qu'est-ce que... ?
Tout le monde sur l'île avait perdu la tête. Mais ces applaudissements ne
semblaient pas être un symptôme de cette folie.
Puis Vittorio commença à paniquer.
Le masque avait disparu de ses main.
Il était par terre, mais il ne l'avait pas entendu tomber.
Il se pencha pour le ramasser, mais il s'éloignait de lui, se précipitant
sur le sol comme un être vivant.
Il bougeait comme un cafard. Trop vite, et il se mis à faire du bruit. Il le
poursuivit.
Il se déplaçait dans le hall principal du Duomo.
Il y avait un homme debout là. Applaudissant. Le masque se déplaça
jusqu'à ses pieds et s'arrêta.
Il était un peu comme un dandy, avec un chapeau Borsalino, c'était
Cannolo Murolo.
Avant que Vittorio n'eut la chance d'être surpris que celui-ci soit encore
en vie, Murolo prit le masque d'une main tout en mordant l'index de son autre
main assez fort pour faire une entaille dans sa peau.
Puis il a posé son doigt saignant sur le masque. Le sang se répandit
dessus. Les rainures du masque ont canalisé le sang.
Et le masque a réagi.
Des douzaines de pointes courbes projetées hors de la bordure. Si
quelqu'un l'avait porté, ses extrémités osseuses auraient percé son crâne,
empalant le cerveau.
Ce mécanisme a pour effet de " pousser " le cerveau, " d'éveiller " son
véritable potentiel. En l'observant en action, Murolo acquiesça de la tête.
"C'est bien réel", murmura-t-il, puis il sortit une arme de sa veste, mit le
canon sur le masque et appuya sur la détente.
Il avait agit si vite, de manière si décontractée que Vittorio ne s'était
même pas rendu compte de ce qui se passait avant que le masque n'ait été
brisé en mille morceaux.
Le coup de feu avait résonné dans tout le hall de la cathédrale.
"Putain de merde !" hurla Vittorio. "Non... non, tu n'as pas fait ça !"
Murolo lui a jeté un regard noir. "L'éternité, c'est ça ? Tu sais ce que
Giorno m'a dit ? Il a dit : " Rien dans ce monde n'est éternel, ou absolu. "Tout
ce qui semble l'être n'est qu'une illusion."
Pendant qu'il parlait, sa voix devenait plus grave.
"Détruire ce masque était mon véritable but. C'est pour ça qu'on t'a
laissé filer jusqu'ici. Nous avions besoin que tu nous conduises à sa cachette."
"Quoiiii!?"
"Giorno lui-même ne peut pas s'approcher du masque, étant donné
l'histoire dans laquelle sa famille est impliquée, ce serait une déclaration de
guerre envers Kujo Jotaro et la Fondation Speedwagon. Alors je suis venu ici
à sa place, servant en tant que ses mains et de ses yeux."
Il fixa Vittorio d'un regard ferme.
"Bien joué. Vous avez fait votre part."
"Va te faire foutre et crève !" cria Vittorio en levant son poignard.
Le visage de Murolo se reflètait clairement dans la lame.
"Mon Dolly Dagger va te tuer !"
Vittorio se trancha la gorge. Le sang jaillit, mais soixante-dix pour cent
des dommages furent transférés à celui que la lame reflétait. Il ne lui restait
qu'une petite égratignure. Vittorio n'avait reçu que trente pour cent des
dégâts....en échange de quoi son stand garantirait que la blessure toucherait
son adversaire. C'est ce qui rendait Dolly Dagger si puissant.
Il n'y avait pas d'exceptions. Rien ne pouvait se protéger de l'effet du
stand. Quelles que soient les blessures subies par Vittorio, elles étaient les
mêmes que celles subies par sa cible. Son stand pouvait couper un diamant
comme si c'était du caoutchouc. La gorge de Murolo était tranchée.
Ou en tout cas elle aurait dû l'être.
Mais une seconde passa, puis une autre, et Murolo restait encore là
calmement, la gorge ne saignant pas.
"Hein ?" dit Vittorio, de plus en plus inquiet. Quelque chose sembla
tomber du ciel.
Un bout de papier, une carte à jouer.
Le valet de trèfle. Il était tombé par terre. Il y avait une coupure qui
traversait presque toute la carte.
Le prince dessiné sur la carte s'était fait trancher la gorge.
"Qu'est-ce que... ?"
Vittorio leva les yeux....et haleta.
Le haut plafond du Duomo en était recouvert.
Une multitude de cartes à jouer, chacune avec des petits bras et des
petites jambes, accrochées aux murs et aux vitraux.
"Qu'est-ce que c'est que ça ?"
"La troupe Watchtower, n'est qu'un nom de scène. Une couverture. Ce
sont des assassins déguisés. Cinquante-trois cartes, un stand, mon All Along
the Watchtower."
"Hein ?"
Ces cartes lui avaient arraché le masque de la main. Elles étaient si
petites et minces qu'elles pouvaient se glisser n'importe où sans être
remarquées, se déguiser et enquêter sur n'importe quoi. La compétence
parfaite pour un espion.
"Selon les chercheurs de la Fondation Speedwagon, lorsqu'un stand se
manifeste en un groupe comme celui-ci, c'est un signe que le propriétaire
possède un grand vide à l'intérieur. Le Metallica de Risotto était du même
type, tout comme deux Stand dans une petite ville du Japon appelée Morioh-
cho nommés Bad Company et Harvest. Chacun de leurs propriétaires avait
quelque chose de fondamental qui manquait dans leur esprit. Ils auraient fait
n'importe quoi pour atteindre leurs objectifs, trahir leurs amis par simple
avidité, ce genre de choses. Je suis le même genre de personne," dit Murolo.
"Je ne me fais pas confiance. C'est pourquoi mon stand est divisée. Je ne
pense pas qu'il y ait une seule chose dans la vie ou dans ce monde qui soit
permanente."
À ses pieds, une seule carte dansait. C'était le Joker.

"La la, la la la, lu la la, lu la lu la…"

Il chantait Vitti'na Crozza. C'était la maladie propagée par Night Bird


Flying.
"Ça veut dire..." Vittorio a regardé autour du groupe, puis Murolo.
"Exactement", acquiesça Murolo. "Ton stand, et celle d'Angelica
Attanasio, ce n'est pas qu'ils ne m'affectent pas. Mais cet effet est divisé par
cinquante-trois. Quand un stand m'attaque, il doit passer à travers chaque
carte, une par une, et seulement une petite partie m'atteint toujours. Tu
comprends ce que ça veut dire ?"
"Oh putain..."
"Pour chaque attaque que tu infliges, trente pour cent des dommages
t'affecte. Mais seulement 1/53e de ce montant me parvient. Il n'y a pas de
comparaison. 30 % contre 1,3 %, c'est une différence que tu n'arriveras
jamais à surmonter. Je suis ton prédateur naturel. Peu importe la manière dont
tu t'y prends, tu ne pourras jamais me battre."
"Aaaaaaugh!"
"Alors, Vittorio Cataldi. Tu sais pourquoi je t'explique tout ça si
patiemment ?"
"Aggghhh..."
"Parce que je sais ce que tu ressens. Tu es exactement comme moi. Tu
as un vide dans ton cœur. Tu es né et tu as grandi en bas de la société, traité
comme une ordure, sans espoir. Tu ne pensais pas aux conséquences du vol
ou du meurtre. Tu n'as jamais ressenti les douleurs de la conscience.
C'est bien beau de dire que tu n'as aucune crainte, mais ce que cela signifie
vraiment, c'est que tu n'as jamais rien eu d'assez précieux pour te soucier de
le perdre. Tu as passé ta vie à t'en prendre à tout ce qui te mettait en colère ou
t'irritait. C'est comme ça que je mènait ma vie aussi. Jusqu'à ce que je le
rencontre."
"Guh..."
"Je pensais que j'étais invincible. J'étais sûr de pouvoir tuer qui je
voulais. Quand j'ai monté Risotto et Diavolo l'un contre l'autre, je n'y ai pas
pris de plaisir. C'était juste les affaires, tout à mon avantage. C'était du gâchis
de me mettre du côté de l'un ou l'autre. Je ne me suis jamais permis de
ressentir de la crainte pour quelqu'un d'autre, de toute ma vie. Mais alors..."
Murolo regarda au loin, comme s'il regardait l'horizon.
"Pour la première fois, j'ai vraiment pensé : "Voilà un homme que je ne
veux pas décevoir." La première fois que je l'ai rencontré, tu sais ce qu'il m'a
dit ?
“Tu n'as trahi personne. Personne ne t'a jamais laissé le faire. Tu n'as
confiance en personne, donc personne ne t'a jamais fait confiance. Ton
invincibilité est inutile. Tu es peut-être fort, mais il n'y a pas d'avenir où tu te
trouveras un but. C'est inutile... Inutile.”

"J'étais mortifié. Il avait vu à travers ma superficialité, et m'avait laissé


profondément embarrassé. Je n'avais jamais ressenti ça avant. Je n'ai jamais
connu la honte. C'était la première " chaleur " qui est entrée dans ma vie.
Jusqu'à ce que cette émotion me frappe, j'avais simplement passé du temps
dans une vie sans sens."
"…................…"
"Je n'ai jamais fait confiance à personne, bon ou mauvais. Je ne me suis
jamais senti coupable de les avoir trahis. Je n'ai jamais fait la distinction entre
le bien et le mal. Je n'ai jamais compris la différence entre Dieu et le Diable.
Mais tant que j'aurai honte, je ne ferai jamais rien pour le décevoir. Peu
importe qui d'autre me crache dessus. Mais et toi, alors ?"
"…................…"
"Volpe sera tué. Il est trop dangereux. Il n'y a aucune raison de négocier.
Angelica est déjà trop loin. Elle ne vivra plus très longtemps. Mais toi ?"
Murolo fixa Vittorio d'un long et dur regard. Il hocha la tête. "Tu es différent,
Vittorio Cataldi. Toi, on a des raisons de t'épargner."
"…............…"
"Soyons amis, Vittorio. Tu es fort. Tu peux te rendre utile à lui. Je ne te
fais pas confiance, et je doute qu'on se fasse confiance un jour, mais ça n'a
pas d'importance. Pas plus que notre conflit actuel. Tu as le pouvoir de te
créer un avenir, de travailler dans un but précis. Vas-tu utiliser ton talent pour
faire de son rêve une réalité ?"
Il parlait sur un ton mesuré, rien à voir avec sa façon habituelle de
parler. Comme s'il répétait mot pour mot quelque chose que quelqu'un d'autre
lui avait dit. Ce ton calme et mesuré se répandait maintenant à travers le
monde, de personne à personne.
"…..........…"
Le visage de Vittorio tremblait. Comme si les muscles de son visage se
battaient entre eux, chacun essayant d'exprimer les émotions à l'intérieur de
lui à leur manière.
Il se décida enfin, leva la tête et cria.
"Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaahhhhhhh
hhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh!"
Alors qu'il criait, il avait levé son poignard, pointé la lame vers lui-
même et se poignarda. Dans la gorge, dans la poitrine, dans le poignet, dans
le visage, dans le bras, dans la jambe, dans les yeux, dans le nez, dans les
lèvres, dans l'oreille, dans le nombril, tranchant chaque centimètre de son
corps.
Une pluie de cartes tomba du plafond. Chaque coupure qu'il a faite a tué
une autre carte. S'il ne pouvait endommager qu'un sur cinquante-trois, il
couperait jusqu'à ce que chacun d'entre eux soit endommagé. Vittorio n'hésita
pas.
Murolo le regardait sans émotion. Enfin, un filet de sang coulait sur le
côté de sa bouche.
Les dommages lui étaient parvenus. Le visage de Vittorio s'éclaira. J'ai
réussi, Angelica ! Massimo, Kocaqi, je l'ai fait ! J'ai gagné ! La victoire
m'appartient ! C'est ce qu'il pensa. Mais ses mains se stoppèrent.
Ses bras tombèrent le long de son corps, sa tête roula et ses genoux
s'effondrèrent. Tout en un seul instant.
Du sang suintait de chaque centimètre de son corps frêle et abîmé, les
blessures le privant de la force de se tenir debout.
Le poignard tomba de sa main. L'illusion que son stand avait projeté sur
lui s'estompa, ne laissant derrière elle que le vieux poignard rouillé. Lorsqu'il
toucha le sol, il se brisa. Son corps tomba sur les éclats et ne bougea plus.
Il était déjà mort.
Son visage avait été coupé tellement de fois qu'il n'était plus possible de
le reconnaître.
Murolo sortit un mouchoir de sa poche et essuya la seule goutte de sang
sur ses lèvres. Le mouchoir était imbibé d'eau de mer et n'essuyait pas bien,
mais il y avait si peu de sang qu'il se diluait facilement.
Il enleva son chapeau, le posa sur sa poitrine et s'inclina devant le
cadavre.
Puis il tourna le regard vers l'entrée et chuchota : "Je me demande
comment vont Fugo et Sheila E ?"
Stand Name: All Along the Watch Tower
Manieur : Cannolo Murolo (32)
Destruction : C Vitesse : B Portée : A
Endurance : A Précision: A Potentiel : E
Ce stand est un jeu de cartes. Si elles sont disposées en forme de tour, les
cartes font surgir des bras et des jambes, et jouent un spectacle pour dire au
manieur ce qu'il veut savoir. Mais en réalité, chacune des cinquante-trois
cartes est indépendante des autres et fonctionne comme un stand d'assassinat
et d'espionnage à longue portée, les cartes ne font qu'informer Murolo des
informations qu'elles ont recueillies lors de leurs missions. Il avait caché
cette information à ses alliés, le Boss lui a confié la tâche d'assassiner les
traîtres dans l'ombre.
Crédits :
Traduction : Sinexo et Idoroaf

Correction : Idoroaf

Mise en page : Sinexo et Idoroaf

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