Vous êtes sur la page 1sur 17

VII. Luna nova....................................Nouvelle Lune.................................

Ce soir-là, le ciel au-dessus de la Méditerranée était sombre. Les étoiles


scintillaient comme pour se faire pardonner, mais l'orbe lumineux qui éclaire
la nuit était introuvable.
Dans l'obscurité d'une nouvelle lune, les amants ne peuvent pas voir les
visages des uns et des autres, et toute chose est cachée, sans jamais être
révélée. La vérité et le mensonge sont tout aussi mystérieux, abandonnés à
l'obscurité.
Ce combat à mort était presque terminé.
Mais tout comme ce combat s'était construit sur les combats qui l'ont
précédé, il mènera aussi à des affrontements ultérieurs. Le monde change
sans cesse et, avec le temps, il faudra poursuivre les combats. Le vainqueur
d'aujourd'hui sera vaincu demain ; celui qui fut un jour supérieur est bientôt
laissé pour compte, tous perdus dans le tourbillon de l'histoire.
Ce que ces gens pensaient, résolvaient ou sacrifiaient, personne ne le
sait, ces choses sont simplement ajoutées à la pile des mystères éternels.
Comme le masque enfoui dans les ruines d'une civilisation perdue et
oubliée, un jour viendra peut-être, où le sens de tout cela sera remis en
question. Jusque-là, ces secrets étaient tranquillement cachés, dans l'attente.

Lorsque Massimo Volpe est né, la fortune de sa famille s'était depuis


longtemps effondrée.
La majorité de sa famille étendue avait vendu leurs titres à des
marchands bourgeois pour une forte somme, lui laissant d'innombrables
tantes et oncles sans lien de sang réel. Il avait grandi en regardant son père
faire preuve de respect envers ces parents en public tout en les rejetant et les
traitant avec mépris en privé. Son frère aîné aurait dû hériter de tout, mais il
avait brusquement tout plaqué, partit pour devenir chef cuisinier… Laissant
Massimo en tant que successeur. Antonio était un grand chef cuisinier, mais
leur père, piégé par des idéaux de classe désuets, ne pouvait supporter de voir
un noble se livrer à un tel métier de base. Comme personne ne put le
dissuader il fut renié.
"Désolé, Massimo," dit Antonio, l'air très triste. Il était venu faire ses
adieux. "Je t'ai mis tout ça sur les épaules. Pardonne à père. Il ne peut pas
accepter que les temps ont changé. Ce ne sera pas facile pour toi, mais fais ce
que tu peux."
"Qu'est-ce que tu vas faire ?"
" M'entraîner. Pendant un moment, au moins. Il n'y a pas d'avenir pour
un ancien aristocrate en Italie, les chefs d'ici ne m'accepteraient jamais
vraiment. Je vais devoir parcourir le monde. Un jour, je trouverai un pays où
je pourrai me mettre à mon compte et cuisiner des plats dont je pourrai être
fier. Je vais utiliser le nom de jeune fille de notre mère, bien sûr, je ne
voudrais pas laisser cette tache sur le nom de Volpe. Je vais m'appeler
Trussardi."
"Qui se soucie de comment tu te fais appeler ?"
"Père s'en souciera."
"Tu le détestes. Assez pour partir. Pourquoi s'inquiéter de ce qu'il va
penser ?"
"C'est important pour toi aussi, tu sais, dit Antonio, l'air inquiet. "C'est
toi qui dois porter le nom de Volpe, et les fardeaux qui l'accompagnent."
"Ce qui arrivera arrivera", dit Massimo, un petit sourire sur les lèvres.
"Mais rien n'arrivera. Tu le sais bien."
"Massimo... tu n'as..." Son frère avait l'air perturbé.
"Tu n'as pas de rêve à toi ?"
"Un... rêve ?" Il ricana en retour. "Comme être heureux ? Est-ce que ta
cuisine va rendre tout le monde heureux, Tonio ?"
Il n'avait jamais appelé son frère par ce surnom.
Cela déconcerta Antonio, mais il finit par s'en remettre.
"Ça peut paraître gonflé, venant de moi, mais tu devrais vraiment
prendre soin de toi en premier, parfois. J'aimerais trouver une meilleure façon
de le dire, mais..."
"J'ai compris."
"Non, pas du tout. Tu n'a pas compris, et père non plus. Il se lamente au
moins sur l'état du monde... toi, tu l'ignores tout simplement."
"Non, pas du tout. Tu n'a pas compris, et papa non plus. Lui au moins se
lamente de la situation du monde... Mais toi tu l'ignores tout simplement."
C'était la dernière chose que son frère lui avait dite, la dernière fois qu'il
l'avait vu.
Quelques années plus tard, les dettes de plus en plus lourdes de sa
famille avaient dépassé le point de rupture, et il s'était vendu lui et son titre à
Passione. Son père vieillit du jour au lendemain et était maintenant un junkie
à part entière. Il était accro aux drogues que son fils fabriquait.
Il se demandait parfois si le pouvoir que Passione avait éveillé en lui
avait accordé à son frère un pouvoir similaire à l'autre bout du monde. Ce
genre de choses arrivait souvent avec des parents.
Le connaissant, son pouvoir serait semblable au mien, mais avec son
"rêve" en plus... Il stimulerait certainement les fonctions d'un organisme
vivant, mais davantage de manière à " faire des aliments sains ". C'est assez
ironique. Un frère crée plus de toxicomanes, l'autre plus de personnes en
bonne santé. Pas que ça n'ait la moindre importance.
La personnalité de Massimo Volpe commençait et se terminait par une
indifférence, mais il y a eu une fois dans sa vie où il s'est retrouvé en colère
contre son propre manque de passion.
C'était à l'université, quand il vit un camarade beaucoup plus jeune que
lui du nom de Pannacotta Fugo.
Il eut une répulsion instantanée envers lui.
Là où Massimo ne se montrait presque jamais en classe, Fugo
prétendait au moins être un étudiant modèle, ne se conduisant jamais mal...
Mais Volpe le savait.
Il savait que Fugo s'occupait aussi peu de son entourage que lui.
Il ne fut pas surpris du tout quand Fugo s'est autodétruit et s'est fait
expulser. Il savait que ça arriverait, et c'était arrivé.
Mais ce sentiment désagréable est resté. Il avait l'impression que cet
horrible enfant allait de nouveau apparaître devant lui et qu'il le regretterait.
Cette intuition prophétique perdura.
Et maintenant, c'était sur le point de se réaliser.

"Fugo n'est pas là. Où est-il ?" demanda Volpe.

Il avait arraché le toit de la voiture et regardait en bas. Sheila E gisait à


l'intérieur, des convulsions secouaient son corps.
"Ahh…"
Elle ne répondit pas, ou bien ne pouvait pas répondre, Volpe ne savait
pas lequel des deux. L'impact l'avait gravement blessée.
"Est-ce que je suis allé trop loin ? Ça t'apprendra à essayer de m'écraser.
Je suppose que tu feras toujours un otage décent."
Il l'attrapa brutalement et la sortit des restes de la voiture.
Elle était suspendue comme un chaton tenu en l'air par la peau du cou.
"Argh...Voodoo Child!"
Sheila E a fait appel à toutes ses forces, et sortit son stand. Voodoo
Child leva les poings, mais chaque coup fut doucement dévié par les mains
nues de Volpe. Sa chair si fortifiée par Manic Depression, la puissance et la
vitesse de son stand n'avaient pas la moindre chance contre lui.
Volpe bloqua un coup de poing avec plus de force, cassant le bras de
Voodoo Child. Le membre de Sheila E se tordit, l'os s'est brisé. Avant qu'elle
ne puisse essayer de donner un coup de pied, ses deux jambes étaient cassées
aussi.
"Encore une fois !"
Volpe a cogné sa tête contre la sienne, fendant la peau de son front.
"Aaugh!"
Le sang coula sur ses yeux, l'aveuglant. Son cou se retourna vers
l'arrière, et elle ne l'a pas levé de nouveau.
Elle était incapable de bouger, il avait utilisé moins de 20 % de sa force
totale et l'avait complètement neutralisée.
"Très bien" dit Volpe, en se retournant, toujours avec Sheila E
suspendue dans une main. "On dirait que tout est réglé, ici. Angelica, tu peux
sortir maintenant. Vérifie si quelqu'un vient, s'il te plaît."
Il est resté sans réponse. Angelica ne s'est pas montrée.
"Angelica?"
Volpe sentit un sentiment envahissant sa poitrine. Il jeta le corps
immobile de Sheila E d'un côté et regarda dans la pièce où Angelica s'était
cachée.
Elle était vide.
"Angelica....Tu es allée seule après Fugo ? Pour essayer de venger
Kocaqi ?"

*
"Quoi !?" Fugo a arrêté sa course.
Il courait après Sheila E, en direction d'Ortygia, quand il a vu des gens
trébucher vers lui.
Toute une foule d'entre eux, se précipitant vers l'avant.
Dirigé vers lui.
La couleur de leurs yeux avait changé... ou plus exactement, leurs yeux
n'avaient plus de couleur. Des yeux vides sur des visages sans expression ne
désignant rien de particulier, leurs corps propulsés en avant sans aucune
volonté de leur part. Courant vers l'avant sans regarder où ils allaient,
trébuchant sur leurs propres pieds et s'écrasant sur le sol, pour se faire
piétiner par les personnes derrière eux. Infatigable. Comme s'ils sortaient de
l'enfer, mais sans les cris qu'on s'attendrait à entendre.
Ces gens ne ressentaient rien de tout cela.
Il ne leur restait plus que la soif de sang dont ils avaient été infectés.
Fugo frissonna.
C'est à cela que la drogue Manic Depression avait donné. Night Bird
Flying ne faisait qu'en transmettre les effets à tout le monde. Il rendait toutes
les pensées, les personnalités et les états d'esprit dénués de sens, laissant
derrière lui une horde vide qui réagissait instinctivement à tout stimulus.
Giorno Giovanna a eu raison de décider qu'il était trop dangereux.
Avec lui, tous les chemins mènent à la noirceur des profondeurs d'une
crevasse sans fond creusée dans le flanc d'un glacier !
La horde se jeta sur lui.
"Merde !"
Fugo tenta désespérément de s'enfuir. Il ne pouvait pas attaquer
aveuglément. S'il utilisait son virus mortel, il pourrait facilement éliminer
toute la foule... et c'était mauvais.
Je n'ai que six capsules de virus....si je les utilise ici, je ne pourrai
jamais me débarrasser de Volpe.
Il baissa la tête et il forca son chemin. Il ne pouvait pas se permettre de
battre en retraite. Dès qu'il leur tournerait le dos, la horde serait après lui
comme des zombies. Il devait se frayer un chemin à travers eux.
Leurs ongles le coupait. Un homme chauve d'âge moyen lui entailla la
joue.
Fugo le poussa sur le côté, puis sentit quelque chose dégouliner sur sa
cuisse.
Du sang. Pas celui de l'homme qu'il avait frappé, c'était son propre sang.
La coupure sur sa joue était plus profonde qu'il ne le pensait.
Mais....ça ne fait pas mal !
Cela signifiait que Night Bird Flying commençait à prendre le contrôle.
La puissance du stand augmentait. Ce qui voulaire dire que...
Elle doit être tout près.
Alors que cette pensée lui traversait l'esprit, quelqu'un le frappa sur le
côté.
Ils n'essayaient pas de l'attraper, ils se contentèrent de le rouer de coups
et s'éloignèrent. Fugo tourna la tête pour regarder, sa vision glissa de travers.
Il avait perdu l'équilibre, ses jambes s'étaient effondrées.
Son côté le dérangeait. Il baissa les yeux.
Une lâme avait été enfoncé profondément dans son flanc.
Il tenta de se tenir debout, mais le couteau avait tranché à travers ses
muscles et tendons, et il ne pouvait pas bouger. La petite ombre qui l'avait
poignardé s'échappait.
"Agh… Purple Haze !" cria Fugo, forçant son stand a apparaître.
Il ne pouvait pas la laisser partir. S'il ne l'achevait pas ici et maintenant,
elle ne ferait que créer d'autres victimes, détruisant non seulement Ortygia,
mais toute la Sicile.
Maintenant qu'il s'était arrêté, la horde commencait à s'empiler sur lui, à
l'agripper, à le griffer, à le mordre.
Il les laissa faire.
Il restait immobile. La horde s'était précipitée sur lui, essayant de
l'atteindre. Mais la fille qui l'avait poignardé se déplaçait dans la direction
opposée, certaine qu'elle avait gagné. Ce qui la rendait facile à suivre.

"Grrrrrrraaaaaaaaaaaaauugghhh!"

Le grognement de Purple Haze a fit rage dans la nuit. Fugo ne pouvait


pas voir, ne pouvait pas dire si son attaque avait frappé. Tout ce qu'il pouvait
faire, c'était rester allongé sous la pile de gens manipulés à attendre. Enfin, il
sentit une douleur horrible qui le déchirait à ses côtés. Ça l'a frappé si fort
qu'il n'a pas pu s'empêcher de crier.
Mais cette douleur, la sensation d'avoir l'intérieur déchiré, comme du plomb
bouillant versé dans son ventre… cela ne signifiait qu'une chose.
l’effet de la drogue s'estompe !
L'influence du stand ennemi avait disparu. La foule autour de lui
tombait à terre, les uns après les autres. Libérés de ses effets, ils tombaient
dans l'inconscience. Fugo ne pouvait être sûr qu'ils seraient à nouveau sains
d'esprit un jour.
"Ugh...augh..."
Le couteau encore enfoncé profondément, Fugo se leva en titubant. Il
ne pouvait pas prendre le risque de l'arracher. S'il le faisait, il se viderait de
son sang . Il devait aller de l'avant. Il devait trouver Massimo Volpe... et en
finir avec tout ça.

"Angelica !?" cria Volpe.


Autour de lui, la foule s'effondrait. Il avait dû lui arriver quelque chose.
Inquiet, il se tourna vers le pont menant au continent sicilien. Les
lampadaires sur le pont clignotaient de temps en temps, le réseau électrique
avait été endommagé dans le chaos. Une lumière s'alluma juste assez
longtemps pour donner un aperçu d'une figure pâle, une ombre à peine
discernable de l'obscurité.
Seule Angelica Attanasio était aussi pâle.
"Je suis là, Massimo", chuchota-t-elle. Il l'a vue faire un pas vers lui,
puis tituber contre le réverbère.
Elle le regarda, les yeux écarquillés.
"Angelica ! Tu vas bien ? Dieu merci..."
Il fit un pas vers elle.
"Voilà !" dit-elle en le montrant du doigt. "Tu es tellement mieux
comme ça."
"Hunh?"
"Quand tu souris comme ça... tu es vraiment mignon. Très, très
mignon."
Elle lui sourit à son tour.
Puis elle tomba à terre, comme une marionette dont on coupait les fils.
Son corps détruit par le virus mortel de Purple Haze, la vie s'était déversée
hors d'elle comme un ballon éclaté avec une aiguille.
Sheila E a inspiré.
Elle pensait écouter le bruit d'une explosion, d'une fuite de gaz sous
terre qui s'enflammait... mais non. Ce son venait d'une gorge humaine.
C'était le son du cri de Volpe.
Il rugit comme un feu qui brûlait l'air autour de lui. Il hurlait comme un
blizzard, gelant tout ce qui était en vue.
"….........................aaaaaaaaaaaaaahhhh!"
Comme les trompettes annonçant l'arrivée des juges descendant du ciel
lors de l'apocalypse, au jour du jugement dernier, le son résonnait dans toutes
les directions.
Et puis ça s'arrêta.
Le silence total.
Le corps de Volpe s'était parfaitement arrêté, puis s'inclina à gauche, à
droite et à gauche, et se retourna lentement vers elle.
Sa tête roula vers l'avant, ses yeux se fixèrent sur Sheila E.
Ces yeux si dénués d'expression qu'ils avaient moins de chaleur que des
perles de verre sur le visage d'une vieille poupée.
C'étaient des yeux sans pitié, Il ne restait rien dans son cœur.

Elle cligna des yeux et Volpe était au-dessus d'elle.


Ses orteils creusaient dans son ventre. Il l'avait frappée....mais ça ne lui
suiffsait pas.
C'était plutôt le commencement.
Il projeta son corps en l'air comme si ses jambes étaient équipées d'un
moteur à réaction.
Elle s'envola dans les airs, puis retomba...et Volpe attendait, juste en
dessous.
Avec un bras, il arracha Sheila E des airs juste avant qu'elle ne touche le
sol. Puis il la balanca et la jeta par terre.
Ils étaient dans une clairière.
Une zone vide, clôturée par les routes qui la surplombait, avec un
groupe de palmiers sur un côté.
C'était l'endroit le plus ancien d'Ortygia, les ruines d'un vieux temple en
pierre. Autrefois, les gens croyaient que les ruines étaient dédiées à Artémis,
mais selon des théories plus récentes, c'était un sanctuaire au dieu Soleil.
Le temple d'Apollon.
Tout le monde le connaissait sous ce nom.
"Ahh..."
Sheila E essayait désespérément de forcer son corps à bouger, à se lever.
Un pied s'écrasa sur elle.
"Appele-le", dit une voix froide.
"Mmh...?"
"Appelle Fugo. Appelle-le ici. Crie et supplie-le de venir te sauver."
"Unhhhh..."
"N'essaie pas de me combattre. Manic Depression peut te contrôler
complètement. Tu n'as plus de libre arbitre."
Volpe lui perça la gorge du bout des doigts.
Il l'avait coupée, mais elle ne saignait pas. Au lieu de cela, les blessures
autour de ses doigts commencèrent à guérir. Il tordit lentement ses doigts, et
elle se retrouva à crier sans mot, étonnamment fort. Comme celle d'une
chanteuse d'opéra. Il tourna les doigts comme s'il tournait le bouton du
volume, et sa voix devint plus forte, comme si elle n' était qu'une machine
qu'il contrôlait.
Elle criait si fort qu'elle déchira son larynx, et du sang a jailli de sa
bouche. Mais ces blessures aussi se guérirent d'elles-mêmes. Elle criait
encore plus fort.
Elle sentait son cœur qui battait plus vite. Son corps ne pouvait pas
supporter la tension. Du sang s'accumulait dans sa gorge et ses poumons, et
elle ne pouvait plus sentir la douleur de ses membres cassés.
C'est pas bon....Je vais m'évanouir....
Le manque de sang laissait des taches brillantes sous ses yeux,
voltigeant dans le ciel comme des lucioles.
Au revoir, Clara. Je sais que tu me regardes du paradis, mais je vais
droit en enfer. Je ne te reverrai plus....
Avant qu'elle ne puisse plus penser, le cri s'est arrêté, comme si
quelqu'un avait appuyé sur le bouton Stop.
La main de Volpe avait disparu.
Il ne regardait plus Sheila E. Il ne s'intéressait plus à elle. Ses yeux
étaient ailleurs.
Concentrant toute sa haine.
Un homme se tenait à l'entrée du temple d'Apollon.
Les jambes de l'homme tremblaient. Il y avait un couteau qui sortait de
ses côtes, et il tenait à peine debout. Il avait dû se forcer pour venir ici avec
ses blessures.
"Volpe....c'est moi que tu cherches," dit Pannacotta Fugo, calmement.
Comme s'il parlait à un camarade de classe qu'il n'avait pas vu depuis des
années.

Sheila E le regardait, avec surprise. Comme si elle ne comprenait pas


pourquoi il était là. À côté d'elle, Volpe se leva et se précipita vers lui pour se
venger.
Il a vu tout cela, ses yeux ont tout vu, mais l'esprit de Fugo était focalisé
sur quelque chose d'entièrement différent.
Je comprends maintenant. Tout d'un coup, c'est devenu logique. La
chose qui l'ennuyait tout ce temps était soudainement devenu claire comme
de l'eau de roche. Voilà pourquoi. Pas vrai, Narancia ?
Il n'avait jamais compris pourquoi Narancia avait dit ce qu'il avait dit,
fait ce qu'il avait fait. Pourquoi avait-il trahi Passione pour une fille qu'il
n'aimait même pas ? Qu'il connaissait à peine ? Qu'est-ce qui l'avait amené à
affirmer avec une telle certitude qu'elle était lui, que ses blessures étaient les
siennes ? Fugo n'avait jamais compris.
Mais maintenant, oui.
Il regarda l'ennemi qui se dirigeait vers lui, et Sheila E, là où elle était
couchée. Il se tenait sur des jambes qui n'auraient jamais dû le soutenir, il
voyait avec des yeux qui ne pouvaient pas se concentrer.
"Je ne pourrais pas faire ce choix" c'est ce qu'elle m'a dit. J'ai déjà
pensé la même chose.
Il savait ce que ça faisait. L'impatience, la frustration et une tristesse
vide qui rongeait son corps.
Je connais ce sentiment. Je sais de quelle manière elle est comme moi.
Un léger sourire apparut sur ses lèvres. Il y avait une touche
d'autodérision. Tout ce temps qu'il avait passé à mépriser l'intelligence de
Narancia, tout en étant certain de la sienne, et pourtant il lui avait fallu six
mois pour comprendre ce que Narancia avait saisi en quelques instants.
Sheila E… Est moi. Sa colère est ma colère !
L'ennemi se rapprochait. Presque sur lui. Il ne pouvait pas remettre ça à
plus tard. Le stand de Fugo avait une portée de cinq mètres. Dès que l'ennemi
y entrait, l'un d'eux mourait.
Fugo ne bougea pas, et laissa Volpe venir à lui.
Sept mètres. Six. Et... cinq.
Purple Haze bondit vers l'avant, la rage indomptable et maladive du
stand projetée sur l'ennemi de Fugo
Sheila E ne pouvait pas y croire. Elle était si sûre de s'être sacrifiée pour
le sauver.
Alors pourquoi est-il là ?
Pensait-il pouvoir gagner ? Bien sûr, un contact de son virus et Volpe
était mort, mais si ce même virus était libéré trop près de lui, Fugo se tuerait
aussi.
Il devait infecter Volpe pendant qu'il était encore assez loin pour que
cela ne l'affecte pas non plus. S'il n'arrivait pas à porter le coup dans cette
petite fenêtre étroite, la super-vitesse de Volpe le démolirait. Même s'il avait
décidé d'emmener Volpe avec lui, si Volpe esquivait le coup, il était foutu. Le
virus le détruirait tandis que Volpe se tiendrait à une distance de sécurité,
riant et le regarderait mourir comme un chien.
Que devrais-je faire ?
Elle a vu Fugo sortir Purple Haze. Volpe était à sa portée. S'il ratait cette
occasion, il était foutu... et à cet instant, Sheila E vit quelque chose
d'impossible passer à côté.
Qu-quoi.... !?
À travers le ciel sombre et dépourvu de lune, elle vit une lumière venant
du sol qui se reflétait.
“Tchip Tchip Tchip”
Un petit oiseau qui passe par là. Night Bird Flying.
Mais la fille qui le contrôlait est morte ! Le virus l'a eue ! Elle n'a pas
pu survivre !
Le Manic Depression de Volpe l'a-t-elle maintenue en vie ? Même si ses
os avaient fondu ? Avait-il arrêté le virus quand elle était morte à 90% ?
Elle n'est pas capable de penser. Il ne reste d'elle que son stand
automatique, ce petit oiseau....
Pourquoi ferait-il ça ? Il n'y avait qu'une seule raison qui lui venait à
l'esprit.
Oh non....cet oiseau ne fonctionne pas à pleine puissance, mais avec
cette distance si critique, la moindre erreur de jugement....
Fugo et Volpe se tenaient l'un en face de l'autre.
Purple Haze bondit en avant, et donna un coup de poing à l'ennemi....
Ou aurait dû le faire.
Mais il avait bondi dans la mauvaise direction. Son poing ne touchant
que du vide.
Volpe avait franchi les cinq mètres qui le séparaient de Fugo, et se
trouvait juste au-dessus de lui, franchissant la ligne d'arrivée.
Puis....alors qu'elle était certaine que Fugo était foutu, elle a remarqué
quelque chose.
...hein?
Quelque chose d'étrange. Quelque chose qui n'avait absolument aucun
sens.
Qu-Quoi ? Son poing....Le poing de Purple Haze…
Les capsules remplies du virus tueur, qui auraientt dûes être attachées à
ses articulations…
...les capsules ont disparu !
"C'est terminé, Fugoooooooooo !" cria Volpe, certain qu'il l'avait eu. Il
était à peine à quelques centimètres. Tout ce qu'il avait à faire, c'était de
frapper avec sa main et couper Fugo en deux. Il était si près qu'il pouvait voir
le blanc des yeux de Fugo.
Ces yeux remplis de détermination.
C'étaient les yeux d'un homme qui avait fait son choix, et qui était prêt à
tout miser dessus.
Il entendit quelque chose éclater. quelque chose juste en face de lui.
Alors même que sa main se dirigeait vers Fugo, quelque chose éclata dans la
bouche de Fugo.
Oh non...
Même avec ses réflexes hyper-renforcés, il ne pouvait pas réagir à
temps. Du sang a jailli de la bouche de Fugo, recouvrant le corps de Volpe.
Fugo avait croqué dans une capsule.
Volpe sauta en arrière, mais c'était trop tard.
Il n'a rien pu faire pour l'arrêter. C'était sauvage. Il a été attaqué de
façon explosive.
Volpe ouvrit la bouche, mais aucun mot n'en sorti. Des trous s'étaient
formés dans ses poumons et l'air s'échappait. Il fit un pas, et ses jambes se
fissuraient, ses muscles s'effilochaient. Il leva les yeux, mais il ne voyait rien.
Ses yeux fondaient de leurs orbites. Il n'eut même pas le temps de regretter
ses actions. Son cerveau avait été consumé.
En un instant, la vie de Massimo Volpe a pris fin. Comme une feuille
morte portée par le vent, il était parti.

Sheila E n'en croyait pas ses yeux.


Le corps de Volpe avait fondu et s'est évaporé.
Mais Fugo était toujours là, effondré sur le sol. Même s'il avait brisé la
capsule.
Il toussa violemment, le sang coulant le long de son menton.
Mais il n'était pas mort.
"Comment... !?" murmura Sheila E.
"Les stands reflètent la personnalité du manieur" dit une voix, juste
derrière elle. Elle a levé les yeux et vit Murolo. "Quand il y a un changement
dans la psyché du manieur, le stand change aussi."
Elle se demandait comment il avait survécu. Quand il vit son regard, il
secoua la tête.
"Ne me demande pas d'aller l'aider tout de suite. Le virus de Fugo est
certainement encore plus fort qu'avant. Lorsqu'il a mordu la capsule, les virus
qui se sont multipliés dans sa bouche se sont attaqués les uns les autres avant
qu'ils ne s'attaquent à lui. Je ne veux pas m'approcher de quelque chose
comme ça, et toi ?"
Il s'accroupit et la regarda.
"Tu es une dure à cuire. Tu as quelques os cassés, mais pas de blessures
internes. Tu survivras. Je suppose que je vois pourquoi Mista était si sûre que
tu pouvais le supporter."
Murolo semblait différent d'avant. Plus sûr de lui.
L'était-il... ?
Mais elle était trop épuisée pour penser. Sheila E ferma les yeux et
expira une longue respiration.

...Il se tenait juste à côté de lui.


Le regardant fixement. Le stand le plus terrifiant de tous. Le corps
déchiqueté, les yeux injectés de sang, la bouche tordue, les dents toujours
grinçantes.
Purple Haze.
Son alter ego. Un reflet de son propre esprit. Un autre Pannacotta Fugo.
Il le regardait fixement
Et pour la première fois, Fugo le regarda en retour. Ses yeux avaient-ils
toujours ressemblé à ça ? Il avait l'impression qu'ils étaient plus solitaires,
avant.
Ou était-ce une émotion qu'il avait oubliée quelque part en cours de
route ?
Comme les bactéries qui remplissent notre monde, existant sans notre
aide, rejetant toutes les tentatives de s'en débarrasser.
Quelque chose dont vous ne vouliez pas, mais dont vous étiez, pour une
raison ou une autre, certain de ne jamais pouvoir être libéré. l'ombre d'une
émotion conflictuelle.
Son stand le regardait d'en bas, et il regardait son stand d'en haut.
Quand il ne pouvait plus croire en qui que ce soit, et qu'il n'avait nulle
part où aller, il serait toujours à ses côtés.
Aucun des deux ne dit quoi que ce soit.
Un petit oiseau passa au-dessus de leurs têtes.
Il s'envola vers le ciel sans lune, et disparu, aspiré par le silence.

Mission accomplie.
Stand : Purple Haze Distortion
Manieur: Pannacotta Fugo (16)
Destruction : A Vitesse : B Portée : C→E
Endurance : E Précision: E→C Potentiel : B→?
Diffuse un virus mortel. Il s'est développée sous une forme encore plus virulente, les
cellules virales attaquent maintenant d'autres cellules du même virus. Plus l'attaque de
Fugo est forte, moins l'adversaire subit de dégâts, le virus se consume tout simplement.
Fugo doit maintenant retenir ses coups pour s'assurer de tuer. Ce qui est plutôt déroutant.
Bien que Fugo lui-même puisse encore mourir lorsque le virus l'infecte, le Stand lui-même
semble être immunisé. La raison reste encore un mystère .
Crédits :
Traduction : Sinexo et Idoroaf

Correction : Idoroaf

Mise en page : Sinexo et Idoroaf

Vous aimerez peut-être aussi