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6294-Qui Mene Le Monde - Chomsky, Noam
6294-Qui Mene Le Monde - Chomsky, Noam
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Liste des sigles et acronymes
L’importance du 11-Septembre
Si l’on entend par responsabilité des intellectuels leur responsabilité morale en
tant qu’êtres humains dont le privilège et le statut leur permettent de faire
avancer les causes de la liberté, de la justice, de la clémence, de la paix – ainsi
qu’exprimer leur opinion non seulement à propos des abus commis par les
ennemis des États-Unis, mais, plus important encore, au sujet des crimes dans
lesquels ceux-ci sont impliqués et auxquels ils peuvent mettre un terme s’ils le
décident –, que penser alors du 11-Septembre?
L’idée voulant que le 11-Septembre ait «changé le monde» est très répandue,
avec raison. Il ne fait aucun doute que cet événement a eu des conséquences
majeures, tant sur le plan national qu’international. Parmi celles-ci, on compte la
relance par le président Bush de la guerre contre le terrorisme de Reagan, sa
première mouture ayant, de façon commode, «disparu», pour employer
l’expression des assassins et tortionnaires latino-américains préférés des États-
Unis, sans doute parce que ses résultats cadraient mal avec l’image que ces
derniers souhaitaient projeter. Une autre conséquence a été l’invasion de
l’Afghanistan puis de l’Irak, et plus récemment des interventions militaires dans
plusieurs autres pays de la région, ainsi que de fréquentes menaces d’une attaque
contre l’Iran («Nous étudions toutes les options» est la phrase qui semble
résumer la position officielle). Les coûts, dans tous les domaines, se sont avérés
exorbitants. Cela soulève une question plutôt évidente déjà posée ailleurs:
existait-il une autre option?
Nombre d’analystes ont constaté que Ben Laden a remporté d’importantes
victoires dans sa guerre contre les États-Unis. Selon le journaliste Eric Margolis,
«il a fait valoir à maintes reprises que la seule façon de chasser les États-Unis du
monde musulman et de renverser leurs satrapes était de pousser les Américains à
s’engager dans une série de guerres de faible intensité, mais coûteuses, qui
finiraient par causer leur faillite. Les États-Unis, d’abord sous Bush fils puis sous
Barack Obama, ont foncé droit dans son piège. […] Des dépenses militaires
d’une ampleur grotesque entraînant une dépendance à la dette […] constituent
peut-être le legs le plus pernicieux de cet homme convaincu de pouvoir vaincre
les États-Unis[33]». Un rapport du Costs of War Project, du Watson Institute for
International and Public Affairs de l’Université Brown, estime la note finale
entre 3,2 et 4 billions de dollars[34], ce qui est loin de représenter une mince
réussite pour Ben Laden.
L’empressement de Washington à foncer droit dans le piège de Ben Laden
s’est vite révélé manifeste. Selon Michael Scheuer, analyste principal de la CIA
chargé de suivre Ben Laden de 1996 à 1999, «Ben Laden n’a fait aucun mystère
quant aux raisons pour lesquelles il avait déclaré la guerre à l’Amérique». Le
chef d’Al-Qaïda, poursuit Scheuer, «cherchait à altérer de façon radicale la
politique des États-Unis et de l’Occident à l’égard du monde islamique».
Et, comme l’explique Scheuer, il y est largement parvenu. «Les troupes et la
politique étrangère américaines finissent de radicaliser le monde islamique, ce
qu’Oussama Ben Laden essaie de faire avec une réussite remarquable mais
mitigée depuis le début des années 1990. Par conséquent, je pense qu’il est juste
de conclure que les États-Unis d’Amérique demeurent l’unique allié
indispensable de Ben Laden[35].» De toute évidence, ils le restent même après sa
mort.
Il existe de bonnes raisons de penser que le mouvement djihadiste aurait pu
être divisé et affaibli après le 11-Septembre, attaque sévèrement critiquée dans
ses rangs. En outre, ce «crime contre l’humanité», ainsi qu’on l’a qualifié avec
justesse, aurait pu être abordé comme tel, et donner lieu à une opération
internationale visant à en appréhender les auteurs présumés. Cette idée a été
évoquée au lendemain de l’attaque, mais jamais considérée par les décideurs à
Washington. Il semblerait que l’offre provisoire des talibans (à quel point
s’avérait-elle sérieuse, nous ne le saurons jamais) de livrer les chefs d’Al-Qaïda
à la justice n’ait pas non plus fait l’objet d’un examen attentif.
J’ai cité à l’époque Robert Fisk et son affirmation selon laquelle les horribles
crimes du 11-Septembre avaient été commis avec une «cruauté diabolique», un
jugement exact. On peut facilement imaginer pire. Supposons que le vol 93, qui
s’est écrasé en Pennsylvanie, se soit plutôt écrasé sur la Maison-Blanche, tuant le
président. Supposons que les auteurs du crime aient imposé une dictature
militaire, assassinant ce faisant des milliers de personnes et en torturant des
dizaines de milliers. Supposons que la dictature ait installé, avec l’appui des
criminels, un centre international de terreur voué à instaurer, partout dans le
monde, des régimes tortionnaires et terroristes. Cerise sur le gâteau, que la
dictature ait imposé des conseillers économiques (appelons-les les «Kandahar
Boys») qui, en quelques années seulement, aient mené l’économie à l’une des
pires crises de son histoire. Une telle situation aurait été nettement plus
catastrophique que l’ont été les événements du 11-Septembre.
Comme nous devrions tous le savoir, il ne s’agit pas d’une vue de l’esprit. De
tels événements ont bien eu lieu en Amérique latine, lors du «premier 11-
Septembre»: le 11 septembre 1973, date à laquelle les États-Unis, au prix
d’efforts soutenus, sont parvenus à renverser le gouvernement démocratique de
Salvador Allende au Chili grâce à un coup d’État militaire qui porta au pouvoir
le général Augusto Pinochet et son régime sanguinaire. La dictature a ensuite
chargé les Chicago Boys (des économistes formés à l’université de Chicago) de
redresser l’économie du Chili. Tenez compte des ravages économiques, des
tortures et des kidnappings, puis multipliez ces chiffres par 25 pour les ajuster
aux proportions par personne de chaque population, et vous constaterez ô
combien plus dévastateur fut le premier 11-Septembre.
Le but déclaré du putsch, selon les termes de l’administration Nixon, était de
tuer dans l’œuf le «virus» susceptible d’encourager tous ces «étrangers cherchant
à nous nuire»: à nous nuire en prenant le contrôle de leurs propres ressources et,
plus globalement, en suivant une politique indépendante de développement
honnie par Washington. En toile de fond, le National Security Council (conseil
de sécurité nationale, NSC) de Nixon décrétait que si les États-Unis n’arrivaient
pas à conserver la mainmise sur l’Amérique latine, ils ne pourraient espérer
«réussir à imposer leurs vues» ailleurs dans le monde. Il en allait de la
«crédibilité» de Washington, d’après Henry Kissinger.
Le premier 11-Septembre, à l’inverse du second, n’a pas changé le monde.
Quelques jours plus tard, Kissinger assurait à son supérieur que ce n’était là
«rien qui porte à conséquence». À en juger par la place que lui accorde l’histoire
conventionnelle, on peut difficilement le contredire, sauf en étant soi-même un
survivant.
Ces événements de peu de conséquences ne se résument pas au coup d’État
militaire qui a réduit en lambeaux la démocratie chilienne et déclenché une série
d’horreurs. Comme mentionné plus haut, le premier 11-Septembre n’a été qu’un
acte du drame initié par Kennedy lorsqu’en 1962, il a modifié la mission des
militaires d’Amérique latine afin que ceux-ci se consacrent à la «sécurité
intérieure». La destruction qui a suivi ne porte pas plus à conséquence, un
scénario bien connu quand les intellectuels responsables se font les gardiens de
l’histoire.
Le protocole de torture
C’est depuis la fin des années 1940 que des victimes de partout dans le monde
doivent endurer le «protocole de torture» de la CIA. Ces méthodes ont engendré
des coûts annuels atteignant le milliard de dollars, selon l’historien Alfred
McCoy, qui a montré dans son ouvrage A Question of Torture qu’elles ont refait
surface sans grands changements à Abou Ghraib. Jennifer Harbury n’a pas
exagéré en intitulant son étude poussée de la torture pratiquée par les États-Unis
Truth, Torture, and the American Way (Vérité, torture et la méthode américaine)
[15]. Ceux qui enquêtent sur l’infamie de la clique Bush induisent la population
La non-exception américaine
Un autre prétexte souvent invoqué pour justifier la torture est le contexte: la
«guerre contre le terrorisme» déclarée par Bush dans la foulée des événements
du 11 septembre 2001. Ce crime a fait du droit international une réalité
«dépassée». C’est du moins ce qu’a expliqué à Bush son conseiller juridique
Alberto Gonzales, qui deviendra plus tard procureur général. Cette idée a été
largement reprise, sous l’une ou l’autre forme, dans les éditoriaux et les analyses.
L’attaque perpétrée le 11 septembre 2001 n’a incontestablement pas
d’équivalent dans l’histoire, et ce, à bien des égards. D’abord par le lieu vers
lequel les armes ont été pointées: d’habitude, elles sont braquées dans l’autre
sens. Il s’agissait en effet de la première attaque d’importance sur le territoire
national des États-Unis depuis l’incendie de Washington par les Britanniques en
1814.
On justifie souvent les agissements des États-Unis au nom de la doctrine de
l’«exceptionnalisme américain». Il n’y a pourtant rien là d’exceptionnel. De
telles politiques ont sans aucun doute été le fait de toutes les puissances
impériales. La France a proclamé sa «mission civilisatrice» alors que son
ministre de la Guerre appelait à l’«extermination de la population indigène»
d’Algérie. La grandeur du Royaume-Uni constituait une «première pour le
monde», avait déclaré John Stuart Mill, en pressant cette puissance angélique
d’achever sa libération de l’Inde sans plus attendre. Il avait rédigé son article sur
l’ingérence humanitaire, qui deviendra un classique, peu de temps après
qu’eurent été rendues publiques les horribles atrocités commises par les
Britanniques lors de la répression de la rébellion indienne de 1857. Le Royaume-
Uni procédera à la conquête du reste de l’Inde en bonne partie dans le but de
s’arroger le monopole du commerce de l’opium, dans le cadre de sa vaste
entreprise de narcotrafic, de loin la plus colossale de l’histoire, imaginée avant
tout afin de contraindre la Chine à accepter les produits britanniques.
De même, il n’y a aucune raison de douter de la sincérité des militaristes
japonais, qui apportaient à la Chine le «paradis sur Terre» en exerçant leur tutelle
bienveillante, tout en se livrant au massacre de Nankin et à d’autres crimes
atroces. L’histoire regorge d’épisodes glorieux du même genre.
Tant que de telles thèses «exceptionnalistes» persisteront, les révélations
émanant de l’«apparence de la réalité» produiront à l’occasion des effets
contraires à ceux attendus, oblitérant ainsi de terribles crimes. Le massacre de
My Lai, au Vietnam du Sud, en est un bon exemple: il ne constitue qu’un simple
détail en regard des atrocités nettement plus graves qui ont été commises dans le
cadre des programmes de pacification ayant suivi l’offensive du Têt, lesquelles
sont passées inaperçues pendant que l’indignation au pays se concentrait surtout
sur ce crime.
On ne peut réfuter le fait que le scandale du Watergate a été une affaire
criminelle, mais l’indignation qu’il a suscitée a laissé dans l’ombre des crimes
d’État nettement plus graves, commis aux États-Unis et ailleurs, comme
l’assassinat commandité du militant noir Fred Hampton, arrangé par le FBI dans
le cadre de la tristement célèbre campagne de répression COINTELPRO
(programme de contre-espionnage), ou encore le bombardement du Cambodge,
pour ne mentionner que deux exemples flagrants. La torture est une pratique
abominable, mais l’invasion de l’Irak est un crime bien pire. En mettant l’accent
sur certaines atrocités, il arrive souvent qu’on en masque d’autres, ce qui est
regrettable.
L’amnésie historique est un phénomène inquiétant, non seulement parce
qu’elle porte atteinte à l’intégrité morale et intellectuelle, mais aussi parce
qu’elle prépare le terrain pour les crimes à venir.
Chapitre 4
La doctrine Muasher
Le soutien à la démocratie appartient aux idéologues et aux propagandistes.
Dans le monde réel, l’élite voue à la démocratie une haine profonde. Une foule
de preuves atteste du fait que la démocratie ne bénéficie de son appui que tant
qu’elle contribue à ses objectifs économiques et sociaux, une conclusion devant
laquelle s’inclinent à regret les plus éminents chercheurs.
Le mépris de l’élite pour la démocratie est apparu de façon spectaculaire après
les révélations de WikiLeaks. Celles qui ont suscité le plus grand intérêt, ainsi
que des commentaires euphoriques, concernaient des documents selon lesquels
les États-Unis disposaient de l’appui du monde arabe pour leur politique
iranienne. On entendait ici les dictateurs à la tête des pays arabes; le point de vue
de leurs populations n’était pas évoqué.
Marwan Muasher, ancien ministre des Affaires étrangères jordanien puis
directeur de la recherche au Moyen-Orient pour la Fondation Carnegie, a décrit
le principe appliqué: «L’argument qui prévaut généralement [chez les dirigeants]
du monde arabe et au-delà est que tout va pour le mieux et que l’on maîtrise la
situation. Adoptant cette façon de penser, les pouvoirs en place prétendent que
les opposants et les étrangers qui appellent à des réformes font preuve
d’exagération par rapport à la réalité sur le terrain[10].»
Selon ce principe, si les dictateurs se rangent du côté des États-Unis, quelle
importance le reste peut-il bien avoir?
La doctrine Muasher est rationnelle et respectable. Pour ne citer qu’un cas
tout à fait pertinent aujourd’hui, dans une discussion privée, en 1958, le
président Eisenhower exprimait son inquiétude au sujet de la «campagne de
haine» contre les États-Unis dans le monde arabe, non le fait des gouvernements,
mais de la population. Le NSC a alors expliqué au président le point de vue du
monde arabe selon lequel les États-Unis soutiennent des dictatures et entravent
la démocratie et le développement afin de s’arroger la mainmise sur les
ressources de la région. Ce point de vue s’avère en outre plutôt fidèle à la réalité,
concluait le NSC, et c’est là exactement le rôle que devraient jouer les États-
Unis, en recourant à la doctrine Muasher. Si on en croit les études menées par le
Pentagone après le 11-Septembre, le même point de vue prévaut aujourd’hui[11].
Il semble normal que les vainqueurs expédient l’histoire à la poubelle alors
que les victimes s’y attachent. Quelques brèves remarques sur cette question
essentielle peuvent être utiles. Ce n’est pas la première fois que, confrontés à des
problèmes similaires, l’Égypte et les États-Unis empruntent des directions
opposées. Ce qui est vrai aujourd’hui l’était déjà au début du XIXe siècle.
Selon des historiens de l’économie, les conditions étaient alors réunies pour
que l’Égypte connaisse un développement économique rapide, tout comme les
États-Unis à la même époque[12]. Les deux pays pouvaient compter sur une
agriculture florissante comprenant la production du coton, élément moteur des
premières heures de la révolution industrielle. Mais à l’inverse de l’Égypte, les
États-Unis ont dû développer la production du coton et la force de travail
nécessaire par la conquête, l’extermination et l’esclavage, avec les conséquences
que l’on connaît aujourd’hui pour les survivants dans les réserves et les prisons,
lesquelles se sont multipliées depuis les années Reagan afin d’abriter la
population rendue superflue par la désindustrialisation.
Autre différence fondamentale entre les deux pays, les États-Unis avaient
acquis leur indépendance et s’estimaient par conséquent libres d’ignorer les
recommandations de la théorie économique, alors dispensées par Adam Smith en
des termes assez similaires à ceux employés aujourd’hui pour prêcher la bonne
parole aux pays en développement. Smith incitait les colonies émancipées à
exporter leurs matières premières et à importer des biens manufacturés
britanniques, prétendument de meilleure qualité, et à surtout se garder de
nationaliser les biens les plus essentiels, en particulier le coton. Toute autre voie,
les avertit Smith, «retarderait les progrès ultérieurs de la valeur de leur produit
annuel, bien loin de les accélérer, et entraverait la marche de leur pays vers
l’opulence et la grandeur, bien loin de les favoriser[13]».
Une fois indépendantes, les colonies américaines ont simplement ignoré son
conseil, optant plutôt pour un développement encadré par l’État sur le modèle de
celui de l’Angleterre, établissant des tarifs élevés pour protéger leur industrie des
exportations britanniques (d’abord sur le textile puis sur l’acier et d’autres
matières) et adoptant nombre d’autres dispositifs pour stimuler leur
développement industriel. La jeune république a également tenté de s’arroger le
monopole du coton, et ce, dans le but de «mettre toutes les autres nations à [ses]
pieds», en premier lieu l’ennemi britannique, comme l’ont proclamé les
présidents de la démocratie jacksonienne en annexant le Texas et la moitié du
Mexique[14].
Le pouvoir britannique a veillé à ce que l’Égypte n’emprunte pas pareille
trajectoire. Lord Palmerston a déclaré qu’«aucune bienveillance [envers
l’Égypte] ne devrait compromettre une nécessité aussi impérieuse» que la
préservation de l’hégémonie économique et politique de l’Angleterre, exprimant
en outre sa «haine» à l’encontre du «barbare ignorant» Méhémet Ali, qui osait
aspirer à une voie indépendante, et déployant la flotte et le pouvoir financier
britanniques pour mettre fin à la quête d’indépendance de l’Égypte et à son
développement économique[15].
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, alors que les États-Unis
prenaient la place de l’Angleterre au rang de première puissance mondiale,
Washington a adopté une position identique, affichant clairement son refus de
fournir de l’aide à l’Égypte, à moins que celle-ci n’adhère aux règles en vigueur
réservées aux faibles, règles que les États-Unis ont continué à enfreindre,
imposant des tarifs élevés pour faire obstacle au coton égyptien et provoquant
une paralysante pénurie de dollars, conformément aux principes des règles du
marché les plus communément admises.
Il n’est guère surprenant que la «campagne de haine» contre les États-Unis
dont s’inquiétait Eisenhower ait été fondée sur le constat que ceux-ci soutiennent
les dictateurs et entravent la démocratie et le développement, tout comme leurs
alliés.
Il faut ajouter, à la décharge d’Adam Smith, qu’il avait anticipé ce qui se
produirait si l’Angleterre suivait les règles de la rationalité économique,
aujourd’hui baptisée «néolibéralisme». Si les industriels, les marchands et les
investisseurs britanniques devenaient libres d’importer, d’exporter et d’investir à
l’étranger à leur guise, avertissait-il, ils seraient les seuls à en profiter, au
contraire de la société britannique, qui en pâtirait. Il considérait toutefois qu’une
telle éventualité était improbable: selon lui, les capitalistes anglais étaient plus
enclins à investir et à acheter dans leur propre pays, comme si une «main
invisible» protégeait la Grande-Bretagne des ravages du libéralisme
économique.
Difficile de manquer ce passage. Le terme «main invisible» n’apparaît qu’une
seule fois dans son ouvrage classique, Recherches sur la nature et les causes de
la richesse des nations. David Ricardo, autre éminent fondateur de l’école
classique, a tiré des conclusions du même ordre, espérant que la «préférence
nationale» dont il est question conduira les possédants à «se contenter d’un taux
de profit moins élevé dans leur propre pays, plutôt que d’aller chercher dans des
pays étrangers un emploi plus lucratif pour leurs fonds», sentiments «que je
serais fâché de voir affaiblis», ajoutait-il[16]. Outre leurs prédictions, ces
économistes classiques ont su faire preuve d’une profonde intuition.
Le déclin américain:
causes et conséquences
L
« ’IDÉE EST RÉPANDUE»
selon laquelle les États-Unis, que «l’on considérait encore
récemment comme un géant au pouvoir et à l’attrait inégalés […] connaissent un
déclin les menant à leur inexorable chute[1]». Cette idée, développée dans le
numéro de l’été 2011 de la revue de l’Academy of Political Science, s’avère en
effet très répandue, pour de bonnes raisons. Cependant, un certain nombre de
précisions s’imposent. Le déclin est engagé depuis l’apogée de la puissance des
États-Unis au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, et les beaux discours
triomphants prononcés tout au long de la décennie consécutive à l’implosion de
l’Union soviétique relevaient de l’aveuglement. En outre, le corollaire récurrent
en vertu duquel la puissance des États-Unis reviendrait à la Chine et à l’Inde est
tout à fait discutable. Il s’agit de pays pauvres affligés de nombreux problèmes
internes. Le monde tend sans aucun doute vers davantage de diversité, mais
malgré le déclin de l’hégémonie américaine, celle-ci ne fait face dans un avenir
proche à aucun concurrent sérieux.
Pour rappeler certains faits historiques pertinents, pendant la Seconde Guerre
mondiale, les planificateurs américains entrevoyaient que celle-ci aboutirait à la
domination sans partage des États-Unis. Les documents d’archives attestent
clairement que «le président Roosevelt entendait établir l’hégémonie des États-
Unis dans le monde d’après-guerre», pour citer l’étude de l’historien de la
diplomatie Geoffrey Warner, l’un des spécialistes du sujet les plus en vue[2]. On
élabora des plans, en fonction des visées évoquées plus haut, afin de garantir aux
États-Unis la mainmise sur une «Grande Région» d’étendue planétaire. Ces
doctrines sont encore d’actualité, même si leur portée est réduite.
Les plans échafaudés durant la guerre, bientôt mis en œuvre, n’étaient pas
irréalistes. La richesse des États-Unis, de loin supérieure à celle des autres pays,
n’était plus à démontrer. La guerre avait mis fin à la Grande Dépression,
quadruplant la capacité industrielle américaine alors que ses rivaux étaient
anéantis. À l’issue de la guerre, les États-Unis disposaient de la moitié de la
richesse mondiale et d’une sécurité inégalée[3]. On a assigné à chaque territoire
de la Grande Région sa «fonction» au sein du système planétaire. La «guerre
froide» qui a suivi consistait largement, pour les deux superpuissances, à
imposer l’ordre chez leurs vassaux: pour l’Union soviétique, l’Europe de l’Est;
pour les États-Unis, la majeure partie du monde.
Dès 1949, la mainmise des États-Unis sur la Grande Région commençait déjà
à sérieusement s’affaiblir avec ce que l’on a appelé la «perte de la Chine[4]». La
formule est intéressante: on ne peut «perdre» que ce que l’on possède, et il est
entendu que les États-Unis possèdent la quasi-totalité de la planète de plein droit.
L’Asie du Sud-Est glisserait bientôt à son tour entre les doigts de Washington,
entraînant d’atroces guerres en Indochine et de grands massacres en Indonésie en
1965, année où la domination américaine y serait rétablie. Pendant ce temps, les
actes de subversion et la violence à grande échelle se poursuivaient ailleurs afin
de maintenir la prétendue «stabilité».
Néanmoins, le déclin était inévitable, les autres nations industrielles
commençant leur reconstruction et la décolonisation empruntant son tortueux
chemin. À l’aube des années 1970, la part de la richesse mondiale détenue par
les États-Unis avait chuté à 25 %[5]. Le monde industriel se divisait désormais en
trois pôles: l’Amérique du Nord, l’Europe et l’Extrême-Orient, alors dominé par
le Japon et en voie de devenir la région la plus dynamique du globe.
Vingt ans plus tard, l’Union soviétique s’effondrait. La réaction de
Washington en dit long quant au bien-fondé de la guerre froide. L’administration
de Bush père, alors au pouvoir, a aussitôt déclaré que sa politique n’en serait
guère altérée. Toutefois, les prétextes changeraient; l’énorme complexe militaro-
industriel serait maintenu non pas pour assurer la défense contre les Russes, mais
pour parer à la «sophistication technologique» des puissances du tiers-monde.
De la même manière, il s’avérait nécessaire de conserver la «base industrielle
vouée à la défense», un euphémisme pour une industrie de pointe fortement
dépendante des subventions et initiatives gouvernementales. Les forces
d’intervention seraient toujours concentrées vers le Moyen-Orient où,
contrairement à ce que l’on avait prétendu pendant un demi-siècle, on «ne
pouvait tenir le Kremlin responsable» des nombreux problèmes. On a concédé à
demi-mot que ceux-ci avaient toujours eu pour cause le «nationalisme radical»,
autrement dit des velléités, de la part des pays, d’emprunter une voie
indépendante en violation des principes de la Grande Région[6]. Ces principes ne
connaîtraient aucune modification fondamentale, ainsi que la doctrine Clinton
(autorisant les États-Unis à user unilatéralement de la force militaire pour
favoriser leurs intérêts économiques) et l’expansion planétaire de l’OTAN en
fourniraient bientôt la preuve.
La chute de la superpuissance ennemie a suscité une période d’euphorie,
fourmillante de récits enthousiastes à propos de «la fin de l’histoire» et de
vibrants éloges à la politique étrangère du président Clinton, dorénavant
empreinte de «noblesse» et d’une «aura de sainteté». En effet, pour la première
fois dans l’histoire, l’«altruisme» et les «principes et valeurs» présideraient à la
destinée d’un pays. Rien n’empêchait dès lors l’existence d’un «Nouveau Monde
idéaliste déterminé à éradiquer la barbarie», dont les responsables pourraient
finalement mener à bien et sans entraves leurs interventions humanitaires selon
la norme internationale alors émergente. Il ne s’agit là que d’un échantillon des
fervents hommages rendus à l’époque par des intellectuels de premier plan[7].
Tout le monde n’était pas aussi ravi. Les habituelles victimes du Sud
mondialisé ont condamné avec virulence le «prétendu “droit” à l’intervention
humanitaire», n’y voyant qu’une nouvelle mouture de l’ancien «droit» à la
domination impérialiste[8]. Simultanément, des membres plus modérés de l’élite
politique nationale ont constaté qu’aux yeux de la majorité des habitants de la
planète, les États-Unis «faisaient figure de superpuissance voyou» et
constituaient la «principale menace extérieure pesant sur leur société», selon
Samuel P. Huntington, professeur de sciences du gouvernement à Harvard et
Robert Jervis, président de l’American Political Science Association (association
américaine de science politique, APSA)[9]. À la suite de l’élection de Bush fils,
l’hostilité grandissante de l’opinion planétaire pouvait difficilement être ignorée;
dans le monde arabe en particulier, la cote de confiance de Bush a dégringolé.
Obama a accompli l’exploit de tomber plus bas que son prédécesseur, sa cote
n’atteignant qu’un maigre 5 % en Égypte et guère davantage dans le reste de la
région[10].
Entre-temps, le déclin se poursuivait. Au cours de la dernière décennie, les
États-Unis ont également «perdu» l’Amérique du Sud. Rien n’est plus
inquiétant; en effet, au moment où l’administration Nixon préparait sa
destruction de la démocratie chilienne (le coup d’État militaire appuyé par les
États-Unis lors du «premier 11-Septembre», et l’installation au pouvoir du
général Augusto Pinochet), le NSC a averti l’administration que si les États-Unis
perdaient la mainmise sur l’Amérique latine, alors ils ne pouvaient s’attendre «à
imposer leurs vues ailleurs dans le monde[11]». Néanmoins, les velléités
d’indépendance au Moyen-Orient se révéleraient les plus préoccupantes, pour
des raisons clairement énoncées aux premiers stades de la planification d’après-
guerre.
Plus dangereux encore: l’éventualité de tendances démocratiques affirmées.
Le directeur de la rédaction du New York Times, Bill Keller, a commenté de
façon émouvante «la volonté [de Washington] d’inclure les démocrates en
devenir d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient[12]». Mais des sondages dans le
monde arabe ont très clairement indiqué que toutes démarches en vue de la
création de véritables démocraties, dans lesquelles l’opinion publique pèserait
sur les décisions politiques, se révéleraient désastreuses pour Washington. En
effet, comme on l’a vu, la population arabe considère les États-Unis comme une
menace grave, et chasserait la superpuissance et ses alliés de la région si on lui
en offrait la possibilité.
Si les politiques américaines instaurées de longue date demeurent largement
en application au prix de quelques ajustements tactiques, la présidence d’Obama
a donné lieu à certains changements importants. L’analyste militaire Yochi
Dreazen et ses coauteurs ont souligné dans The Atlantic que si la politique de
Bush consistait à capturer (et à torturer) des suspects, celle d’Obama se
contentait de les assassiner, banalisant le recours aux armes de terreur (les
drones) et aux effectifs des forces spéciales, pour beaucoup d’entre elles des
unités entraînées pour l’assassinat[13]. Des unités des forces spéciales ont été
déployées dans 147 pays[14]. Équivalents en nombre à toute l’armée canadienne,
ces soldats constituent de fait l’armée privée du président, ce dont a traité en
détail le journaliste d’investigation américain Nick Turse[15]. Le groupe de
soldats envoyé par Obama pour assassiner Oussama Ben Laden avait déjà à son
actif une bonne dizaine de missions similaires au Pakistan. Comme l’indiquent
ces événements et bien d’autres, si l’hégémonie des États-Unis a décliné, son
ambition, elle, demeure intacte.
Une autre idée répandue, du moins parmi ceux et celles qui refusent de se
voiler la face, est que l’Amérique participe dans une large mesure à son déclin.
La tragi-comédie qui se tient à Washington chaque fois que ressurgit la tentation
de «dissoudre» le gouvernement, au plus grand dégoût de la population (dont la
vaste majorité considère que le Congrès devrait être démantelé) et sous les
regards abasourdis du reste du monde, compte peu de précédents dans les
annales de la démocratie parlementaire. Le spectacle en vient même à effrayer
ses propres mécènes. Le milieu des affaires craint à présent que les extrémistes
qu’il a aidé à porter au pouvoir décident de faire s’écrouler l’édifice d’où il puise
sa prospérité et ses privilèges, le puissant «État providence» pourvoyant à ses
intérêts.
L’éminent philosophe social américain John Dewey a déjà décrit la politique
comme «l’ombre de la grande entreprise sur la société, ombre dont l’atténuation
ne changera rien à la substance[16]». Depuis les années 1970, cette ombre s’est
changée en un nuage noir enveloppant la société et le système politique. Le
pouvoir des grandes sociétés, reposant désormais pour une large part sur le
capital financier, a atteint un tel degré que les positions des deux organisations
politiques (qu’on ne peut guère encore qualifier de partis) quant aux enjeux
majeurs du moment se situent à l’extrême droite de celles de la population.
Le taux de chômage alarmant constitue la principale préoccupation de
l’opinion publique. Dans les circonstances actuelles, ce grave problème n’aurait
pu être surmonté qu’à l’aide de mesures de relance conséquentes de la part du
gouvernement, bien supérieures à celles qu’Obama a mises en place en 2009:
celles-ci compensaient à peine le déclin de l’emploi et des dépenses publiques
des États, bien qu’elles aient sans doute permis de sauver des millions d’emplois.
Le déficit représente la première préoccupation des institutions financières, et
donc le seul sujet digne d’être discuté. À cet égard, une vaste majorité de la
population (72 %) se prononce en faveur de la solution consistant à taxer les très
riches[17]. Une majorité tout aussi écrasante s’oppose aux coupes dans les
programmes de santé (69 % dans le cas de Medicaid, 78 % pour Medicare[18]). Il
y a donc fort à parier qu’il se produira l’inverse.
Selon Steven Kull, directeur du Program for Public Consultation, une étude
menée dans le cadre du programme et portant sur la manière dont l’opinion
publique se propose de combler le déficit révèle que «l’administration comme la
Chambre des représentants aux mains des républicains se trouvent en décalage
manifeste avec les valeurs et les priorités de l’opinion publique au chapitre du
budget. […] En ce qui a trait aux dépenses, l’opinion publique prône
d’importantes réductions budgétaires en matière de défense, alors que
l’administration et la Chambre se disent favorables à de modestes
augmentations. […] L’opinion publique en appelle par ailleurs à des dépenses
sur le plan de la formation professionnelle, de l’éducation et de la prévention de
la pollution sans commune mesure avec celles que préconisent l’administration
ou la Chambre[19]».
D’après les estimations, le coût des guerres de Bush et d’Obama en Irak et en
Afghanistan atteindrait aujourd’hui 4,4 billions de dollars, une victoire de taille
pour Oussama Ben Laden, qui ne cachait pas son intention d’entraîner les États-
Unis dans un piège afin de causer leur faillite[20]. En 2011, le budget militaire du
pays (équivalant presque à celui du reste du monde combiné) était à son apogée,
en tenant compte de l’inflation, depuis la Seconde Guerre mondiale, une hausse
qui devait se poursuivre. On parle beaucoup de futures réductions budgétaires,
mais sans mentionner que si elles sont bel et bien appliquées, elles tiendront
compte des taux de croissance prévus par le Pentagone.
La crise du déficit a été conçue dans une large mesure comme une arme visant
à saborder des programmes sociaux honnis dont dépend une grande partie de la
population. Selon Martin Wolf, journaliste économique reconnu du Financial
Times, «la situation budgétaire des États-Unis n’est pas préoccupante à court
terme. […] Le pays peut compter sur des facilités de paiement, avec des
rendements à dix ans sur les emprunts approchant les 3 %, comme le prédisaient
les quelques esprits lucides. Il s’agit d’un défi à long terme, mais non dans
l’immédiat». De façon plus significative, il ajoute: «La situation budgétaire
fédérale a cela de stupéfiant qu’on prévoit que les recettes de l’État ne
représenteront que 14,4 % du PIB en 2011, un chiffre bien inférieur à leur
moyenne de l’après-guerre, proche des 18 %. L’impôt sur le revenu des
particuliers devrait constituer un maigre 6,3 % du PIB en 2011. En tant que non-
Américain, je ne vois pas pourquoi on fait tant d’histoires: en 1988, au terme de
la présidence de Ronald Reagan, les rentrées d’argent représentaient 18,2 % du
PIB. Combler le déficit demande d’augmenter considérablement les recettes
fiscales.» Stupéfiant, en effet, mais les institutions financières et les très riches
exigent une réduction du déficit et, dans une démocratie en déclin accéléré, nous
ne sommes plus à une contradiction près[21].
Si la crise du déficit a été fabriquée dans le but de mener une impitoyable
guerre de classes, la dette n’en représente pas moins un problème sérieux à long
terme, et ce, depuis que l’irresponsabilité budgétaire de Ronald Reagan a fait des
États-Unis, jadis premier créditeur du monde, son principal débiteur, triplant ce
faisant la dette nationale et suscitant des menaces envers l’économie que Bush
fils veillerait à accentuer. Néanmoins, la crise du chômage constitue dans
l’immédiat le principal souci des Américains.
Au bout du compte, le «compromis» trouvé – ou, plus exactement la
capitulation devant l’extrême droite – se situait à l’opposé des vœux de la
population. Peu d’économistes sérieux seraient en désaccord avec leur confrère
d’Harvard, Lawrence Summers, lorsque celui-ci affirme que «le problème des
États-Unis à l’heure actuelle est davantage un déficit d’emplois et de croissance
qu’un déficit budgétaire excessif» et que les mesures adoptées à Washington
pour rehausser la limite de la dette, bien que préférables à un (très peu probable)
défaut de paiement, risquent fort d’accélérer la détérioration de l’économie[22].
Entièrement absente du débat est la possibilité, soulevée par l’économiste
Dean Baker, de combler le déficit en remplaçant l’inefficace système de soins de
santé privé par l’équivalent de ceux d’autres sociétés industrielles, pour la moitié
du coût par habitant et des résultats comparables sinon meilleurs en matière de
santé[23]. De telles options, pourtant loin d’être utopistes, n’ont toutefois pas la
moindre chance d’être retenues devant la puissance des institutions financières et
de l’industrie pharmaceutique. Pour des raisons similaires, d’autres options
économiques risquées, comme l’imposition d’une taxe modeste sur les
transactions financières, sont mises à l’index.
Pendant ce temps, on continue de se montrer des plus généreux envers Wall
Street. Le House Committee on Appropriations (commission de contrôle des
finances publiques) de la Chambre des représentants a réduit les demandes de
crédits budgétaires de la Securities and Exchange Commision des États-Unis
(commission des valeurs mobilières, SEC), principal rempart à la fraude
financière, et le Congrès brandit d’autres armes dans sa bataille contre les
générations futures. Dans le sillage de l’opposition républicaine à toute
protection environnementale, on lit dans le New York Times qu’«un service
public américain de premier plan suspend une initiative remarquable visant à
capturer le dioxyde de carbone émanant d’une centrale au charbon en activité,
portant un coup sévère aux mesures destinées à réduire les émissions
responsables du réchauffement climatique[24]».
Ces coups que s’infligent les États-Unis, s’ils s’avèrent de plus en plus
violents, ne datent pas d’hier. Ils remontent aux années 1970, époque où
l’économie politique nationale a subi de profondes transformations. Celles-ci ont
marqué la fin de ce que l’on a pour habitude d’appeler «l’âge d’or du capitalisme
[d’État]». Ce virage a été marqué par deux éléments majeurs, la financiarisation
et la délocalisation de la production, tous deux liés à la baisse des taux de profit
dans le secteur manufacturier et au démantèlement du système de contrôle des
capitaux et de régulation monétaire instauré dans l’après-guerre suivant les
accords de Bretton Woods. Le triomphe idéologique des «doctrines du marché
libre» a enfoncé le clou alors que ces doctrines, discriminantes par nature, se
traduisaient par la dérégulation et des règles de la gouvernance d’entreprise
récompensant généreusement les PDG en fonction de profits à court terme, entre
autres décisions politiques. La concentration résultante de la richesse s’est
traduite quant à elle par un pouvoir politique accru, précipitant un cercle vicieux
dans lequel une infime minorité jouit d’une extraordinaire richesse alors que les
revenus réels de la majorité de la population stagnent.
Au même moment, le coût des élections grimpait en flèche, forçant les deux
partis à faire de plus en plus appel au monde des affaires. Le régime
démocratique déjà mal en point s’est vu encore plus discrédité lorsque les deux
partis ont entrepris de vendre aux enchères des postes de premier plan au
Congrès. L’économiste politique Thomas Ferguson note que «les partis
parlementaires des États-Unis fixent désormais un prix pour les rôles clés du
processus législatif, ce dont on ne trouve nul équivalent parmi les législatures
des pays développés». Les législateurs finançant le parti obtiennent les postes, et
se retrouvent essentiellement contraints d’agir à titre de serviteurs zélés du
capital privé. Par conséquent, ajoute Ferguson, les débats «reposent largement
sur l’incessante répétition d’une poignée de slogans éprouvés pour l’attrait qu’ils
exercent sur les groupes d’investisseurs et les groupes d’intérêts nationaux dont
les dirigeants dépendent pour leur financement[25]».
L’économie d’après l’âge d’or donne vie à un scénario cauchemardesque
envisagé par les économistes classiques Adam Smith et David Ricardo. Au cours
des trente dernières années, les «maîtres de l’espèce humaine», ainsi nommés
par Smith, ont abandonné tout souci d’ordre sentimental pour le bien-être de leur
société. Ils ont préféré se concentrer sur les gains à court terme et les primes
juteuses, et qu’importe le sort du pays.
La une du New York Times en fournit une parfaite illustration au moment
d’écrire ces lignes. Deux articles se partagent la une: le premier traite de la
fervente opposition des républicains à toute entente «impliquant la hausse des
recettes fiscales», un euphémisme pour l’imposition des riches[26]; l’autre a pour
titre «Even Marked Up, Luxury Goods Fly Off Shelves[27]» (Malgré des prix
majorés, on s’arrache les biens de luxe).
Ce tableau encore incomplet fait l’objet d’une juste description dans une
brochure destinée aux investisseurs publiée par Citigroup, grande banque
s’abreuvant aux mamelles de l’État depuis trente ans en suivant le cycle «prêts à
risque, profits démesurés, faillite, sauvetage». On y dépeint un monde bientôt
divisé en deux blocs, la ploutonomie et le reste, soit une société planétaire où la
croissance est l’œuvre d’une riche minorité, consommant l’essentiel de ses fruits.
Privés des gains de la ploutonomie, les «non-riches», la vaste majorité, compose
ce que l’on appelle parfois aujourd’hui le «précariat planétaire», une main-
d’œuvre à l’existence de plus en plus instable et indigente. Aux États-Unis, ses
membres sont soumis à une «insécurité d’emploi croissante», base d’une
économie florissante si l’on en croit les explications qu’a livrées Alan
Greenspan, président de la Réserve fédérale, alors qu’il faisait l’éloge de ses
propres compétences en gestion économique devant le Congrès[28]. Voilà qui
constitue la véritable mutation du pouvoir dans la société mondialisée.
Les analystes de Citigroup conseillent aux investisseurs d’adopter une
stratégie reposant sur les grandes fortunes, c’est-à-dire sur les milieux qui
comptent. Le rendement de leur «panier d’actions ploutonomique» – ainsi l’ont-
ils nommé – surpasse l’indice mondial des marchés développés, et ce, depuis
1985, époque où les programmes d’enrichissement des plus riches de Reagan et
Thatcher prenaient vraiment leur envol[29].
En amont du krach de 2008 dont elles furent les principales responsables, les
institutions financières de l’après-âge d’or avaient acquis un pouvoir
économique étonnant, triplant leur part des bénéfices des sociétés selon les plus
basses estimations. À la suite du krach, de nombreux économistes se sont
intéressés à leur rôle en des termes purement économiques. Selon Robert Solow,
lauréat du prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire
d’Alfred Nobel, leur incidence, de façon générale, a toutes les chances de se
révéler négative, car «leurs réussites contribuent sans doute peu voire pas du tout
à l’efficacité de l’économie réelle, tandis que les désastres [qu’elles
occasionnent] transfèrent la richesse des contribuables aux financiers[30]».
En saccageant les vestiges du régime démocratique, les institutions
financières jettent les bases qui serviront à perpétuer le processus destructeur,
tant que leurs victimes acceptent de souffrir en silence.
Pour en revenir à l’«idée répandue» selon laquelle les États-Unis «connaissent
un déclin les menant à leur inexorable chute», si ces lamentations s’avèrent
nettement exagérées, elles comportent leur part de vérité. La puissance
américaine dans le monde poursuit en effet son déclin consécutif à son apogée au
lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Si les États-Unis demeurent la
première puissance mondiale, la planète n’en continue pas moins de se
diversifier et leur volonté se heurte à un nombre croissant d’obstacles. Mais ce
déclin est nuancé et complexe. La société américaine connaît un déclin à bien
des égards, et les effets qu’en subissent certains se traduisent pour d’autres par
une richesse et des privilèges inouïs. La ploutonomie ou, pour être plus précis,
l’infime strate au sommet de l’élite jouit de richesses et de privilèges en
abondance, alors que la vaste majorité des gens entrevoient de sombres
perspectives, quand ils ne sont pas confrontés à des problèmes de survie dans un
pays aux avantages pourtant inégalés.
Chapitre 6
La fin de l’Amérique?
La concentration de la richesse
et le déclin américain
Malgré ces victoires, le déclin américain s’est poursuivi. Au cours des années
1970, il est entré dans une nouvelle phase: il est devenu conscient et auto-infligé,
alors que les planificateurs des secteurs privé et public orientaient l’économie
américaine vers la financiarisation et la délocalisation de la production, en
réaction notamment à la baisse du taux de profit dans la fabrication nationale.
Ces décisions ont instauré un cercle vicieux: la richesse n’a cessé de se
concentrer (de façon dramatique entre les mains de 0,1 % de la population),
entraînant une concentration du pouvoir politique et, par conséquent, des
mesures législatives destinées à perpétuer le cercle vicieux: imposition révisée et
autres politiques fiscales, dérégulation, modifications des règles de la
gouvernance d’entreprise permettant aux cadres d’empocher d’énormes gains, et
ainsi de suite.
Pendant ce temps, les salaires réels de la majorité des travailleurs stagnaient,
ceux-ci ne joignant les deux bouts que grâce à de plus lourdes charges de travail
(sans équivalents en Europe), au surendettement et, depuis les années Reagan, à
des bulles économiques à répétition dont la richesse éphémère s’évapore
inévitablement lorsqu’elles éclatent, après quoi les coupables sont souvent
renfloués par le contribuable. Parallèlement, le système politique a été
progressivement réduit en miettes. La montée en flèche des coûts des élections a
accentué la dépendance des deux partis envers les milieux d’affaires, de façon
grotesque pour les républicains et à peine plus modérée pour les démocrates.
Une récente étude publiée par l’Economic Policy Institute (EPI), principale
source de données fiables sur ces évolutions depuis des années, s’intitule Failure
by Design (Échec délibéré). L’épithète «délibéré» est judicieux; d’autres options
étaient certainement envisageables. En outre, comme le souligne l’étude, cet
«échec» est assumé par une classe sociale en particulier. Il n’y a pas d’échec
pour les responsables, tant s’en faut. Les politiques ne représentent un échec que
pour la vaste majorité – les 99 %, pour emprunter l’image des mouvements
Occupy – et pour le pays, dont le déclin se trouve ainsi perpétué.
La délocalisation de la production en constitue un facteur. Comme le montre
l’exemple des panneaux solaires chinois évoqué plus haut, la capacité de
fabrication constitue la base et le stimulant de l’innovation et permet d’accéder à
des paliers plus élevés de sophistication en matière de production, de conception
et d’invention. Ces bénéfices aussi sont délocalisés. Il ne s’agit guère d’un
problème pour les «pontes de la finance» qui, de façon croissante, décident des
politiques, mais une sérieuse source de préoccupation pour les travailleurs et les
classes moyennes, et un vrai désastre pour les plus opprimés: les Afro-
Américains, jamais libérés du legs de l’esclavage et de ses sombres lendemains,
et dont la maigre prospérité s’est pratiquement envolée après l’éclatement de la
bulle immobilière de 2008 et le déclenchement de la plus récente crise
financière, la pire à ce jour.
Agitation à l’étranger
Pendant que le déclin conscient et auto-infligé suivait son cours au pays, les
«pertes» ont continué de s’accumuler ailleurs. Au cours de la dernière décennie
et pour la première fois en cinq cents ans, l’Amérique du Sud a introduit des
mesures couronnées de succès pour se libérer de la domination occidentale.
Œuvrant en faveur d’une intégration accrue, les pays du continent se sont
penchés sur certains des graves problèmes internes de leurs sociétés dirigées
dans une large mesure par des élites européanisées, de minuscules îlots
d’extrême richesse dans un océan de misère. Ces pays se sont en outre
débarrassés de toutes leurs bases militaires américaines et du joug du FMI. La
Communauté d’États latino-américains et caribéens (CELAC), une nouvelle
organisation, rassemble tous les pays de l’hémisphère occidental à l’exception
des États-Unis et du Canada. Si elle s’avère effective, elle marquera une autre
étape du déclin américain, ici dans une région toujours vue par les États-Unis
comme leur «arrière-cour».
Plus grave encore serait la perte des pays du Moyen-Orient et de l’Afrique du
Nord (MENA), considérés depuis les années 1940 par les planificateurs comme
«une incroyable source de pouvoir stratégique et l’un des plus beaux joyaux
économiques du monde[20]». À n’en point douter, si les prévisions d’autonomie
énergétique basées sur l’extraction des ressources nord-américaines venaient à se
concrétiser, l’importance du contrôle des pays du MENA s’en trouverait quelque
peu réduite, quoique modestement. La maîtrise a toujours constitué un plus
grand impératif que le simple accès. Néanmoins, les conséquences probables
pour la planète sont d’un si mauvais augure qu’en discuter s’apparenterait à de la
rhétorique.
Le Printemps arabe, autre événement historique majeur, laisse présager tout
au moins une «perte» partielle des pays du MENA. Les États-Unis et leurs alliés
ont veillé à ce qu’il n’en soit rien, jusqu’ici avec un succès considérable. Leur
politique à l’égard des soulèvements populaires est demeurée fidèle aux
directives standard: soutenir les forces les plus favorables à l’influence et à la
mainmise des États-Unis.
Les dictateurs privilégiés par les États-Unis doivent être appuyés aussi
longtemps que leur autorité n’est pas menacée (comme dans les principaux États
pétroliers). Lorsque celle-ci s’avère compromise, on les écarte tout en tâchant de
réinstaurer leur régime à la lettre (comme en Tunisie et en Égypte). On a observé
ce modèle général ailleurs dans le monde avec Somoza, Marcos, Duvalier,
Mobutu, Suharto et bien d’autres. Dans le cas de la Libye, les trois puissances
impériales historiques, faisant fi de la résolution du Conseil de sécurité des
Nations Unies qu’elles venaient de présenter, ont agi à titre de forces aériennes
des rebelles, causant une nette augmentation du nombre de victimes civiles et
entraînant crise humanitaire et chaos politique alors que le pays sombrait dans la
guerre civile et que des armes tombaient aux mains de groupes djihadistes en
Afrique de l’Ouest et ailleurs[21].
La «menace» iranienne
et la question nucléaire
Tournons-nous enfin vers la troisième des questions à l’ordre du jour des revues
du courant dominant citées plus haut, soit la «menace iranienne». Les élites et la
classe politique considèrent généralement celle-ci comme la principale menace à
l’ordre mondial. Les populations, elles, sont d’un autre avis. En Europe, des
sondages montrent qu’Israël est perçu comme le principal danger pour la
paix[27]. Dans les pays du MENA, il partage ce statut avec les États-Unis, à tel
point qu’en Égypte, à la veille du soulèvement de la place Tahrir, 80 % de la
population estimait que la région serait plus sûre si l’Iran disposait d’armes
nucléaires[28]. Les mêmes sondages ont établi que seulement 10 % des Égyptiens
voyaient en l’Iran une menace, contrairement aux dictateurs au pouvoir, dont les
intérêts divergent[29].
Aux États-Unis, avant les campagnes de propagande à grande échelle des
dernières années, la majeure partie de la population reconnaissait comme le reste
du monde le droit de l’Iran, en tant que signataire du Traité sur la non-
prolifération des armes nucléaires (TNP), d’enrichir de l’uranium. Aujourd’hui
encore, une vaste majorité se prononce en faveur de l’emploi de méthodes
pacifiques à l’égard de l’Iran. Il existe même un fort courant d’opposition à une
intervention militaire dans l’éventualité d’une guerre entre l’Iran et Israël.
Seulement un quart des Américains s’inquiètent du danger que pose l’Iran pour
les États-Unis[30]. Mais ce ne serait pas la première fois que l’on constate un
écart – voire un fossé – entre l’opinion publique et les politiques.
Pourquoi au juste l’Iran est-il perçu comme une si grande menace? La
question est rarement soulevée, mais il n’est pas difficile de lui trouver une
réponse. Celle-ci, comme souvent, n’est pas à chercher dans les déclarations
enfiévrées de l’élite politique. L’explication la plus officielle nous vient du
Pentagone et des services de renseignement, dont les fréquents rapports à
l’intention du Congrès font remarquer que «le programme nucléaire iranien et la
détermination du pays à se laisser la possibilité de développer des armes
nucléaires sont au cœur de sa stratégie de dissuasion[31]».
Il va sans dire que ce sondage est loin d’être exhaustif. Parmi les sujets
d’importance dont il n’est fait aucune mention, on peut citer le changement en
matière de politique militaire à l’égard de la région Asie-Pacifique, et les
nouveaux ajouts à l’énorme système de bases militaires en cours sur l’île de Jeju,
au large de la Corée du Sud, ainsi que dans le nord-ouest de l’Australie, autant
d’éléments s’inscrivant dans la politique de «confinement de la Chine». La
question des bases américaines d’Okinawa, suscitant la vive opposition des
habitants de l’île depuis de nombreuses années et faisant l’objet d’une crise
perpétuelle entre Washington, Tokyo et Okinawa, y est étroitement liée[32].
Les analystes stratégiques américains, révélant à quel point les hypothèses
fondamentales ont peu changé, décrivent les effets du programme militaire
chinois comme un «“dilemme sécuritaire” classique, où des programmes
militaires et des stratégies nationales considérées comme défensives par leurs
planificateurs sont perçus comme une menace par l’autre camp», pour employer
les mots de Paul Godwin, du Foreign Policy Research Institute (FPRI)[33]. Le
dilemme sécuritaire porte sur la maîtrise des eaux au large des côtes chinoises.
Les États-Unis estiment leur politique de mainmise sur ces eaux «défensive»,
mais la Chine y voit une menace; de la même manière, la Chine juge ses
agissements dans la région de nature «défensive», mais ceux-ci constituent une
menace aux yeux des États-Unis. Un tel débat portant sur les eaux côtières de
ces derniers serait inimaginable. Ce «dilemme sécuritaire classique» s’avère
logique, là encore, en vertu du postulat selon lequel les États-Unis disposent du
droit de dominer la plus grande partie du monde, leur sécurité exigeant une
mainmise quasi absolue sur celui-ci.
Si les principes de la domination impériale ont peu changé, le pouvoir des
États-Unis de les mettre en œuvre a connu un déclin marqué alors que la
puissance se répartissait plus largement dans un monde désormais multipolaire.
Les conséquences sont nombreuses. Néanmoins, il est important de garder à
l’esprit que, malheureusement, aucune n’a dissipé les deux nuages noirs dont
l’ombre plane sur toute considération en matière d’ordre mondial: la guerre
nucléaire et la catastrophe environnementale, et leur menace concrète pour la
survie des espèces.
Ce serait plutôt l’inverse: ces deux menaces s’aggravent avec le temps.
Chapitre 7
La semaine où le monde
a retenu son souffle
E N 1962, LE MONDE, apprenant que l’Union soviétique avait installé des missiles à
têtes nucléaires sur l’île de Cuba, a retenu son souffle durant la dernière
semaine d’octobre et jusqu’à la résolution officielle de la crise, laquelle se
poursuivra à titre officieux et à l’insu de l’opinion publique.
L’image du monde retenant son souffle nous vient de Sheldon Stern, ancien
historien de la John F. Kennedy Presidential Library and Museum et éditeur de la
version de référence des enregistrements des réunions du comité exécutif du
NSC (ExComm). Kennedy et un cercle restreint de ses conseillers y débattent de
la façon d’affronter la crise. On doit l’enregistrement confidentiel de ces
réunions au président, ce qui explique peut-être sa position relativement modérée
lors des discussions, à l’inverse des autres participants qui n’avaient pas
conscience de s’adresser à la postérité.
Stern est l’auteur d’une étude claire et minutieuse de ce document à
l’importance cruciale, finalement déclassifié dans les années 1990. Je m’en
tiendrai ici à cette version. «Jamais auparavant ou depuis, affirme-t-il, la survie
de la civilisation humaine ne s’est trouvée à ce point menacée durant quelques
courtes semaines d’inquiétantes délibérations» ayant abouti à «la semaine où le
monde a retenu son souffle[1]».
Le monde avait toutes les raisons de s’inquiéter. Une guerre nucléaire, capable
de «détruire l’hémisphère Nord» selon la mise en garde du président Dwight
Eisenhower, semblait des plus imminentes[2]. Kennedy évaluait quant à lui sa
probabilité à 50 %[3]. Les estimations ont augmenté à mesure que la
confrontation atteignait son apogée et que le «plan secret du gouvernement pour
assurer sa survie en cas d’apocalypse était mis à exécution» à Washington,
comme en fait état le journaliste Michael Dobbs dans son best-seller documenté
sur la crise (bien qu’il n’explique pas l’intérêt pour le gouvernement de survivre,
compte tenu des conséquences probables d’une guerre nucléaire[4]).
Dobbs cite Dino Brugioni, «membre clé de l’équipe de la CIA chargée du
suivi de la crise des missiles soviétiques», pour qui il n’existait d’autre issue que
«la guerre et la destruction totale» au moment où l’aiguille de l’horloge indiquait
«minuit moins une», titre de l’ouvrage de Dobbs[5]. L’historien Arhur M.
Schlesinger Jr, proche collaborateur de Kennedy, a qualifié les événements de
«moment le plus dangereux de l’histoire de l’humanité[6]». Le secrétaire à la
Défense Robert McNamara s’est quant à lui demandé tout haut s’il «vivrait
jusqu’au samedi suivant», admettant plus tard qu’«on l’avait échappé belle» – de
justesse[7].
L ORSQUE L’ON ENVISAGE CE QUE L’AVENIR NOUS RÉSERVE, il peut s’avérer pertinent
d’observer l’espèce humaine de l’extérieur. Imaginez-vous dans la peau d’un
extraterrestre qui tenterait, à partir d’une position neutre, de comprendre ce qui
se passe sur notre planète, voire dans celle d’un historien du siècle prochain (en
supposant qu’il existe encore des historiens dans cent ans, ce qui n’a rien
d’évident) étudiant notre époque. Ce que vous verriez alors serait tout sauf
anodin.
Pour la première fois de son histoire, l’humanité possède les moyens de son
propre anéantissement. On le sait depuis 1945. En outre, il est enfin admis que
des processus à plus long terme, comme la destruction de l’environnement, sont
également à l’œuvre, menant sinon à un anéantissement total, du moins à la
destruction des conditions d’une existence décente.
D’autres dangers nous guettent, comme les pandémies, qui découlent des
interactions mondialisées. Il existe donc des processus en cours et des
institutions en place, tels les systèmes d’armes nucléaires, capables de
compromette sérieusement la vie en société, voire d’y mettre un terme.
L’exemple de Cuba
Cuba constitue une bonne illustration de cette tendance générale. L’île a
finalement accédé à l’indépendance en 1959. Dans les mois qui ont suivi, elle a
commencé à subir des agressions militaires. Peu après, l’administration
Eisenhower a pris la décision secrète de renverser son gouvernement. Lorsque
John F. Kennedy, qui souhaitait accorder une attention accrue à l’Amérique
latine, est devenu président, il a créé une commission d’études vouée à
l’élaboration de politiques et dirigée par l’historien Arthur M. Schlesinger Jr.
Celui-ci a résumé ses conclusions au président entrant.
Selon Schlesinger, un Cuba indépendant représentait une menace à cause «de
l’idée castriste d’autodétermination». Cette idée, malheureusement, s’avérait
séduisante pour les masses populaires d’Amérique latine, où «la répartition des
terres et d’autres richesses nationales est largement en faveur des classes
possédantes, et [où] les pauvres et les défavorisés, encouragés par l’exemple de
la Révolution cubaine, revendiquent à présent de meilleures conditions de
vie[12]». Washington se retrouvait devant le dilemme habituel.
Comme l’a expliqué la CIA, «l’influence croissante du “castrisme” ne découle
pas d’une quelconque puissance de Cuba. […] L’ombre de Castro s’étend sur
l’Amérique latine, car les conditions sociales et économiques y suscitent
l’opposition au pouvoir en place et encouragent l’agitation en faveur d’un
changement radical», pour lequel Cuba constituait un modèle[13]. Kennedy
craignait que l’aide soviétique fasse de Cuba une «vitrine» pour le
développement et confère à l’Union soviétique un avantage dans la région[14].
Selon le groupe de planification des politiques du département d’État, «le plus
grand danger posé par Castro […] est dans l’incidence de l’existence même de
son régime sur les mouvements gauchistes de nombre de pays d’Amérique
latine. […] Pour le dire simplement, Castro montre qu’il est possible de tenir tête
aux États-Unis [ce qui relève d’]une réfutation de toute notre politique dans
l’hémisphère depuis un siècle et demi», soit depuis la doctrine Monroe de 1823,
dans laquelle les États-Unis exprimaient leur intention de dominer les
Amériques[15].
L’objectif prioritaire lors de l’élaboration de cette doctrine était la conquête de
Cuba, mais celle-ci s’avérait impossible compte tenu de la puissance de l’ennemi
britannique. Néanmoins, le grand stratège John Quincy Adams, père intellectuel
de la doctrine Monroe et de la destinée manifeste, a informé ses collaborateurs
qu’avec le temps, Cuba tomberait entre les mains des États-Unis en vertu des
«lois de la gravité politique», selon le schéma de la pomme tombant de
l’arbre[16]. En résumé, la puissance des États-Unis s’accroîtrait et celle de
l’Angleterre déclinerait.
La prévision d’Adams s’est réalisée en 1898: les États-Unis ont envahi Cuba
usant du prétexte de sa libération. En réalité, ils ont empêché l’île de se libérer
du joug de l’Espagne et l’ont transformée en «quasi-colonie», pour emprunter les
mots des historiens Ernest May et Philip Zelikow[17]. Cuba est demeurée une
quasi-colonie des États-Unis jusqu’en janvier 1959, date de son indépendance.
Depuis lors, elle a été la cible de campagnes de terreur majeures de la part de son
puissant voisin, surtout durant la présidence de Kennedy, et d’asphyxie
économique. Mais les Soviétiques n’y étaient pour rien.
Les États-Unis ont toujours prétendu agir contre la menace soviétique, un
prétexte absurde peu remis en question. Pour en évaluer la légitimité, il suffit là
encore d’observer ce qui s’est passé après la disparition de toute menace
soviétique: la politique des États-Unis envers Cuba s’est durcie sous l’impulsion
des démocrates libéraux, dont Bill Clinton, qui a débordé Bush père sur sa droite
lors des élections de 1992. À première vue, ces événements devraient
sérieusement entamer la validité du cadre théorique des discussions en matière
de politique étrangère et des facteurs déterminant celle-ci. Là encore, cependant,
les effets se font peu sentir.
Le virus du nationalisme
Henry Kissinger a capturé l’essence de la véritable politique étrangère des États-
Unis lorsqu’il a qualifié le nationalisme indépendant de «virus» capable de
«contagion[18]». Il se référait alors au Chili de Salvador Allende; l’idée selon
laquelle il pourrait exister une voie parlementaire vers une forme de démocratie
socialiste constituait le virus. On réagissait à cette menace en détruisant le virus
et en vaccinant les porteurs potentiels, généralement par l’instauration d’États
policiers sanguinaires. Ce scénario a été appliqué au Chili, mais il est bon de
rappeler que cette conception valait, et vaut toujours, pour le reste du monde.
À titre d’exemple, elle sous-tendait la décision de faire barrage au
nationalisme vietnamien dans les années 1950 et de soutenir la France dans ses
efforts visant à reconquérir son ancienne colonie. On craignait que le
nationalisme indépendant du Vietnam constitue un virus susceptible d’infecter
les régions environnantes, dont l’Indonésie, riche en ressources. Voilà qui aurait
même pu conduire le Japon à s’imposer comme le cœur industriel et commercial
d’un nouvel ordre indépendant, du type de celui pour lequel le Japon impérial
avait peu de temps auparavant lutté pour instaurer. Le remède, dont la nature ne
faisait guère de doute, a été administré à grande échelle. Le Vietnam a été
presque entièrement détruit et encerclé par des dictatures militaires mandatées
pour contenir le «virus».
On peut en dire autant de l’Amérique latine à la même époque: à tour de rôle,
les virus ont subi des attaques brutales et ont été éradiqués ou acculés à la simple
survie. À partir du début des années 1960, une épidémie de répression sans
précédent dans l’histoire de l’hémisphère s’est abattue sur le continent avant
d’atteindre l’Amérique centrale dans les années 1980, un sujet sur lequel il n’est
nul besoin de s’étendre.
Il en allait de même pour le Moyen-Orient. La relation singulière entre les
États-Unis et Israël a été établie dans sa forme actuelle en 1967, année où Israël
a porté un coup décisif à l’Égypte, cœur du nationalisme laïque arabe. Ce faisant,
il protégeait l’Arabie saoudite, alliée des États-Unis, alors engagée dans un
conflit militaire avec l’Égypte au Yémen. Il va de soi que l’Arabie saoudite
s’avère le plus fondamentaliste des États islamiques, ainsi qu’un État
missionnaire, consacrant des sommes d’argent considérables à l’établissement de
ses doctrines wahhabite et salafiste au-delà de ses frontières. Il est utile de
rappeler que les États-Unis, comme l’Angleterre avant eux, ont eu tendance à
favoriser l’islam fondamentaliste aux dépens du nationalisme laïque, perçu
encore récemment comme une plus grande menace d’indépendance contagieuse.
La valeur du secret
Les exemples ne manquent pas, mais les documents historiques suffisent à
démontrer le peu de fondement de la doctrine standard. La sécurité, selon son
sens usuel, ne constitue pas un facteur déterminant dans l’élaboration des
politiques.
Je répète: «selon son sens usuel». Mais dans notre analyse de la doctrine
standard, il faut nous demander ce qu’on entend par «sécurité»: la sécurité de
qui?
Voici une première réponse: la sécurité du pouvoir d’État. Il en existe de
nombreuses illustrations. En mai 2014, par exemple, les États-Unis se sont
déclarés favorables à une résolution du Conseil de sécurité des Nations Unies
appelant la Cour pénale internationale (CPI) à enquêter sur des crimes de guerre
en Syrie, mais avec une clause conditionnelle: l’enquête ne pouvait porter sur
d’éventuels crimes de guerre commis par Israël[19]. Ou par Washington, même
s’il s’avérait inutile d’ajouter cette précision; les États-Unis disposent d’une
immunité unique en ce qui a trait au droit pénal international. Le Congrès a
d’ailleurs promulgué une loi autorisant le président à user de la force pour
«secourir» tout citoyen américain traduit en justice à La Haye, parfois évoquée
en Europe sous le nom d’«Acte d’invasion des Pays-Bas[20]». Celle-ci illustre à
nouveau l’importance de protéger la sécurité du pouvoir d’État.
Mais la protéger de qui? Il existe en réalité de solides raisons de penser que
l’un des soucis premiers du gouvernement est la sécurité du pouvoir d’État vis-à-
vis de la population. Comme devraient le savoir tous ceux qui ont consacré du
temps à éplucher les archives, si le gouvernement a rarement recours au secret
pour répondre à un véritable besoin de sécurité, l’opacité s’avère fort utile pour
laisser la population dans l’ignorance. Les raisons ne manquent pas et ont été
expliquées avec une grande clarté par Samuel Huntington, éminent chercheur
libéral et conseiller du gouvernement.
Selon lui, «les acteurs du pouvoir aux États-Unis doivent constituer une force
omniprésente, mais invisible. Le pouvoir conserve sa force lorsqu’il demeure
dans l’ombre; il s’étiole lorsqu’on l’expose à la lumière[21]».
Huntington a écrit ces mots en 1981, au moment où la guerre froide voyait sa
température remonter. Il expliquait d’autre part qu’«il peut être nécessaire de
présenter [une intervention ou toute autre forme d’action militaire] de façon à
créer l’illusion de combattre l’Union soviétique. C’est ce que font les États-Unis
depuis l’élaboration de la doctrine Truman[22]».
Ces simples vérités sont rarement admises, mais elles offrent une vision de
l’intérieur du pouvoir d’État et de ses politiques, dont les conséquences se font
sentir aujourd’hui.
Le pouvoir d’État doit se protéger contre son ennemi intérieur; à l’opposé, la
population ne jouit d’aucune protection contre le pouvoir d’État. Le programme
de surveillance à grande échelle mené par l’administration Obama en violation
flagrante de la Constitution en représente un exemple frappant. La «sécurité
nationale» a bien sûr été évoquée en guise de prétexte. Comme il en va ainsi de
la plupart des actions de tous les États, cela ne nous apprend pas grand-chose.
Lorsque Edward Snowden a révélé le programme de surveillance de la
National Security Agency (agence de sécurité nationale, NSA), les hauts
responsables ont prétendu qu’il avait permis de déjouer 54 attentats terroristes.
Puis une enquête a réduit ce nombre à une douzaine. Une commission
gouvernementale a ensuite découvert qu’il n’existait en réalité qu’un seul cas:
quelqu’un avait envoyé 8 500 dollars en Somalie. Ce cas constituait
l’aboutissement de l’attaque en règle contre la Constitution des États-Unis ainsi,
bien sûr, que celles d’autres pays du monde[23].
Le comportement de l’Angleterre est intéressant: selon un article du
Guardian, en 2007, le gouvernement britannique a demandé à la tentaculaire
agence d’espionnage de Washington d’«analyser et de conserver tous les
numéros de téléphone portable et de fax, les courriels et les adresses IP de
citoyens britanniques tombés dans ses filets[24]». Voilà qui donne une bonne idée
de l’importance relative, aux yeux des gouvernements, du droit à la vie privée de
leurs propres citoyens devant les exigences de Washington.
La sécurité du secteur privé est une autre préoccupation. J’en veux pour
exemple les accords commerciaux à grande échelle, les partenariats
transpacifique et transatlantique, actuellement en négociations. Celles-ci se
déroulent «en secret», quoique pas entièrement. Elles n’ont aucun secret pour les
centaines d’avocats de grandes sociétés qui en rédigent les clauses détaillées. Il
est aisé d’en prévoir les résultats, et les quelques fuites à leur sujet semblent
confirmer ces prévisions. Comme l’ALENA et d’autres partenariats du même
type, il ne s’agit pas d’accords de libre-échange. En fait, il ne s’agit même pas
d’accords commerciaux, mais en premier lieu d’ententes sur les droits des
investisseurs.
Là encore, le secret se révèle d’une importance cruciale en vue de protéger le
principal groupe de pression intérieur pour les gouvernements concernés: le
secteur privé.
Outrage
C HAQUE JOUR OU PRESQUE charrie son lot de crimes horribles, mais certains
s’avèrent monstrueux et sournois au point d’en éclipser tous les autres. Il
s’est produit un cas de ce genre le jour où le vol 17 de Malaysia Airlines a été
abattu en plein vol au-dessus de l’Ukraine, et que 298 personnes ont trouvé la
mort.
Le parangon de vertu à la Maison-Blanche a dénoncé cet acte comme un
«outrage dépassant l’entendement», l’attribuant au «soutien russe[1]». Son
ambassadrice aux Nations Unies a déclaré avec fracas que «lorsque 298 civils
périssent» à la suite d’une «attaque horrible» contre un avion civil, «nous ne
devons reculer devant rien pour identifier les responsables et les traduire en
justice». Elle a également exhorté Vladimir Poutine à cesser ses tentatives
indignes d’échapper à sa responsabilité pourtant flagrante[2].
Certes, l’«agaçant nabot» à la «face de rat», comme l’a décrit Timothy Garton
Ash, avait appelé à une enquête indépendante. Bien sûr, ce geste ne pouvait être
dû qu’aux sanctions imposées par le seul pays assez courageux pour le faire, les
États-Unis, pendant que les Européens tremblaient de peur[3].
À en croire la déclaration sur CNN de William Taylor, ancien ambassadeur
des États-Unis en Ukraine, l’agaçant nabot «[était] clairement responsable […]
de l’attaque de l’appareil[4]». Des semaines durant, les manchettes ont évoqué la
détresse des familles, les vies des victimes, les efforts internationaux pour
retrouver les corps et l’indignation entourant ce crime horrible qui «sidérait le
monde», ainsi que le rapportait quotidiennement la presse sans lésiner sur les
détails macabres.
Toute personne cultivée et assurément tous les éditorialistes et journalistes
auraient dû aussitôt se remémorer une occurrence similaire, affichant un bilan de
morts comparable: le vol 655 d’Iran Air, et ses 290 victimes, dont 66 enfants,
abattu à l’intérieur de l’espace aérien iranien alors qu’il suivait une route
aérienne commerciale clairement identifiée. Les mêmes personnes auraient pu
aussi se souvenir du responsable de ce crime: il s’agissait du croiseur lance-
missiles USS Vincennes, naviguant dans les eaux iraniennes du golfe Persique.
David Carlson, capitaine d’un navire des États-Unis se trouvant à proximité, a
écrit dans Proceedings, le magazine du U.S. Naval Institute, qu’il «n’en avait pas
cru ses oreilles» en entendant «le Vincennes faire part de son intention»
d’attaquer ce qui s’avérait manifestement un appareil civil. Il avait supposé que
«Croiseur Robo», surnom donné au Vincennes en raison de son comportement
agressif, «éprouvait le besoin de prouver l’efficacité d’Aegis [son système de
défense aérienne embarqué] dans le golfe Persique, et que [son équipage] ne
cherchait qu’un prétexte pour en faire la démonstration[5]».
Deux ans plus tard, le capitaine du Vincennes et l’officier responsable de la
lutte antiaérienne ont reçu la Légion du mérite des États-Unis pour «conduite
exceptionnellement méritoire dans l’accomplissement de leur service» et pour le
«sang-froid et le professionnalisme» dont ils avaient fait preuve au cours de la
période ayant suivi l’attaque contre l’Airbus iranien. La destruction de l’appareil
elle-même n’a fait l’objet d’aucune mention lors de la remise du prix[6].
Le président Ronald Reagan a attribué la responsabilité du désastre à l’Iran et
défendu les agissements du navire de guerre. Celui-ci avait «obéi à un ordre
permanent et aux procédures courantes, consistant à faire feu en vue de se
protéger contre une attaque potentielle[7]». Son successeur, George H.W. Bush, a
proclamé: «Je ne m’excuserai jamais au nom des États-Unis, peu importe la
nature des faits. […] Je ne suis pas le genre d’homme qui s’excuse pour
l’Amérique[8].»
Aucun déni de responsabilité à déplorer ici, contrairement aux barbares de
l’Est.
Cet événement n’a guère provoqué de réactions à l’époque: ni indignation, ni
recherche désespérée des corps des victimes, ni dénonciation des responsables,
ni plainte éloquente de l’ambassadrice des États-Unis aux Nations Unies au sujet
de l’«immense et déchirante perte» causée par l’attaque de l’avion de ligne. Si
les condamnations émanant de l’Iran ont quelquefois été relayées, ce fut pour
mieux les écarter comme de «banales critiques des États-Unis», ainsi que l’a
formulé Philip Shenon dans le New York Times[9].
Il n’y a donc pas lieu de s’étonner que cet événement antérieur et insignifiant
n’ait mérité que de brèves allusions aux États-Unis à l’occasion de la clameur
médiatique entourant un crime (véritable, lui) dans lequel l’ennemi diabolique
était peut-être indirectement impliqué.
Seul Dominic Lawson, du Daily Mail de Londres, s’est montré plus disert,
écrivant que si les «défenseurs de Poutine» étaient susceptibles d’évoquer
l’attaque du vol d’Iran Air, la comparaison attestait en réalité de la supériorité
morale des États-Unis. Ceux-ci, à l’inverse de ces misérables Russes niant leur
responsabilité à propos du vol MH 17, avaient en effet aussitôt annoncé que leur
navire de guerre avait abattu l’appareil iranien, et ce, en toute légitimité[10].
Quelle meilleure preuve pourrait-on avancer de la noblesse des uns et de la
barbarie des autres?
Si nous savons pourquoi les Ukrainiens et les Russes se trouvent dans leur
propre pays, on peut en revanche se demander ce que le Vincennes fabriquait
dans les eaux iraniennes. La réponse est pourtant simple: il épaulait Saddam
Hussein, grand ami de Washington, dans son agression meurtrière contre l’Iran.
Pour ce dernier, l’attaque contre l’avion de ligne marquait un tournant. Selon
l’historien Dilip Hiro, l’Iran a alors accepté l’idée que la guerre devait prendre
fin[11].
Il est utile de rappeler l’étendue du dévouement de Washington envers son
ami Saddam. Reagan a retiré son nom de la liste des terroristes du département
d’État afin de pouvoir lui acheminer de l’aide visant à faciliter son agression
contre l’Iran. Il nierait plus tard les crimes atroces d’Hussein contre des Kurdes,
dont l’utilisation d’armes chimiques, et ferait obstacle à leur condamnation par le
Congrès. Il a également accordé au chef d’État irakien un privilège jusque-là
réservé à Israël: l’attaque par l’Irak du USS Stark à l’aide de missiles Exocet,
tuant 37 membres d’équipage, n’a suscité aucune réaction majeure, tout comme
celle du USS Liberty, pris pour cible par des jets et des lance-torpilles israéliens
en 1967, pour un bilan de 34 morts[12].
Bush père, succédant à Reagan, a reconduit l’aide à Saddam, grandement
nécessaire au terme de la guerre contre l’Iran déclenchée par le Raïs. Bush a en
outre invité des ingénieurs du nucléaire irakien aux États-Unis afin qu’ils y
suivent une formation avancée en matière de production d’armement. En avril
1990, il a dépêché une délégation de hauts responsables du Sénat, sous la
houlette du futur candidat républicain à la présidentielle Bob Dole, pour qu’elle
transmette à son ami Saddam ses sincères salutations et calme ses inquiétudes au
sujet des critiques inconsidérées de la «presse gâtée et arrogante»: les mécréants
avaient été exclus de Voice of America[13]. L’adulation pour Saddam n’a pris fin
que quelques mois plus tard, moment où il s’est soudain transformé en un nouvel
Hitler pour avoir enfreint les ordres, ou les avoir mal interprétés, et envahi le
Koweït avec des conséquences fort éclairantes que je dois ici laisser de côté.
D’autres précédents à l’attaque du vol MH 17 avaient déjà été relégués aux
oubliettes de l’histoire parmi les faits de peu d’importance. Prenons par exemple
le cas de l’avion de ligne libyen, pris dans une tempête de sable en 1973 et
abattu par des jets fournis par les États-Unis à Israël alors qu’il se trouvait à deux
minutes du Caire, sa destination[14]. Le bilan n’était cette fois-là que de
110 victimes. Israël a accusé le pilote français de l’appareil libyen, avec l’appui
du New York Times, qui a ajouté que le geste des Israéliens était «au pire […] un
acte insensible que même la sauvagerie des agissements antérieurs des Arabes ne
saurait excuser[15]». L’incident a été rapidement oublié aux États-Unis, suscitant
peu de critiques. À son arrivée à Washington quatre jours plus tard, la première
ministre d’Israël Golda Meir n’a été soumise à aucune question embarrassante,
et elle est rentrée au pays les bras chargés de cadeaux sous la forme de nouveaux
avions militaires. Le soutien de Washington à l’Union nationale pour
l’indépendance totale de l’Angola (UNITA), organisation terroriste angolaise
soupçonnée d’avoir abattu deux avions de ligne transportant des civils, a été
accueilli de façon semblable.
Revenons-en au seul crime atroce digne de ce nom. Selon le New York Times,
Samantha Power, ambassadrice des États-Unis aux Nations Unies, «a évoqué
avec une boule dans la gorge les bébés tués dans l’écrasement de l’appareil de
Malaysia Airlines en Ukraine [et] Frans Timmermans, ministre des Affaires
étrangères des Pays-Bas, n’a pas caché sa colère après avoir vu les images de
“voyous” arrachant des alliances des doigts des victimes[16]».
Au cours de la même séance, poursuit l’article, on a également procédé à «une
longue récitation des noms et des âges d’enfants tués lors de la dernière
offensive israélienne dans la bande de Gaza». Seul l’envoyé palestinien, Riyad
Mansour, «[serait] soudain devenu très calme[17]».
En revanche, l’offensive menée par Israël contre Gaza en juillet a provoqué
l’indignation de Washington. Le président Obama a «réitéré sa “condamnation
ferme” des attaques à la roquette ou en empruntant des tunnels perpétrées par le
Hamas contre Israël», comme l’a rapporté The Hill. Il «a également fait part de
son “inquiétude grandissante” au sujet du nombre croissant de victimes civiles
palestiniennes à Gaza», mais sans émettre de condamnation[18]. Le Sénat s’est
engouffré dans la brèche, votant à l’unanimité en soutien aux actions israéliennes
dans la bande de Gaza tout en condamnant «les tirs de roquettes sans
provocation [du Hamas] contre Israël», et en encourageant «le président de
l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas à mettre fin à son entente de
gouvernement d’unité avec le Hamas et à condamner les attaques visant
Israël»[19].
Quant au Congrès, il suffirait peut-être de se faire l’écho des 80 % de
l’opinion publique qui en désapprouvent la position, même si le terme
«désapprouver» semble plutôt faible dans les circonstances[20]. À la décharge
d’Obama, il est possible que celui-ci n’ait pas la moindre idée de ce qu’Israël
fabrique à Gaza avec les armes qu’il a l’amabilité de lui fournir. Après tout, il se
fie aux services de renseignement américains, lesquels sont peut-être trop
occupés à intercepter les appels téléphoniques et les courriels des citoyens pour
prêter attention à des faits aussi marginaux. Il peut donc s’avérer utile
d’examiner ce que chacun devrait savoir.
L’objectif d’Israël a toujours été simple: le calme pour le calme, et un retour à
la normale (même s’il pourrait aujourd’hui se mettre à en exiger davantage).
Mais alors, de quoi cette normale est-elle constituée?
En Cisjordanie, la normale consiste pour Israël à poursuivre sa construction
illégale de colonies et d’infrastructures, afin que tout terrain de valeur soit
annexé à Israël, pendant que les Palestiniens sont consignés dans des secteurs
peu enviables et soumis à une répression et à une violence intenses. Ces quatorze
dernières années, il s’est révélé tout aussi normal qu’Israël tue plus de deux
enfants palestiniens par semaine. L’un de ces carnages les plus récents a été
déclenché le 12 juin 2014, à la suite de l’assassinat sauvage de trois garçons
israéliens d’une colonie de peuplement de Cisjordanie occupée. Un mois
auparavant, deux garçons palestiniens avaient été abattus par balle à Ramallah,
ville de Cisjordanie. Ce meurtre n’a suscité aucune réaction, et ce, en raison de
son caractère routinier. «Le mépris institutionnel pour les vies palestiniennes en
Occident explique notamment pourquoi les Palestiniens ont recours à la
violence», affirme Mouin Rabbani, analyste réputé du Moyen-Orient, «mais
aussi les dernières offensives israéliennes contre la bande de Gaza[21]».
Sa politique du retour à la normale a également permis à Israël de poursuivre
son programme visant à séparer Gaza de la Cisjordanie. Ce programme est mis
en œuvre avec vigueur et l’appui indéfectible des États-Unis depuis que ces
derniers et Israël ont signé les accords d’Oslo, en vertu desquels les deux régions
sont pourtant considérées comme une entité territoriale indivisible. Il suffit de
regarder une carte pour saisir toute la logique de la manœuvre. Gaza constituant
l’unique accès des Palestiniens au monde extérieur, une fois celle-ci séparée de
la Cisjordanie, toute forme d’autonomie accordée par Israël aux Palestiniens en
Cisjordanie les isolerait entre deux États ennemis, Israël et la Jordanie. Cet
isolement tendra à s’accentuer à mesure qu’Israël applique son programme de
dépossession des Palestiniens dans la vallée du Jourdain en vue d’y établir des
colonies.
La normale, en ce qui a trait à Gaza, a fait l’objet d’une description détaillée
de Mads Gilbert, le courageux chirurgien-traumatologue norvégien. Ayant
exercé dans le principal hôpital de Gaza dans les heures les plus sombres des
attaques israéliennes, il y est retourné pour l’offensive en cours. En juin 2014,
juste avant son déclenchement, il a soumis un rapport sur le secteur de la santé
de Gaza à l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés
de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), qui s’efforce, avec des bouts de
ficelle, de venir en aide aux réfugiés.
Selon Gilbert, «au moins 57 % des foyers de Gaza manquent de nourriture et
environ 80 % d’entre eux reçoivent de l’aide. En raison de cette insécurité
alimentaire et de la pauvreté croissante, la plupart des résidents ne sont pas en
mesure de répondre à leurs besoins caloriques quotidiens. D’autre part, plus de
90 % de l’eau de Gaza a été déclarée impropre à la consommation», une
situation qui s’est aggravée lorsque Israël s’en est pris une nouvelle fois aux
systèmes d’alimentation et d’assainissement des eaux, compromettant de façon
encore plus sévère l’accès de plus d’un million de personnes au minimum
vital[22].
Gilbert rapporte plus loin que les «enfants palestiniens de Gaza souffrent
énormément. Un grand nombre d’entre eux subissent les conséquences du
régime de malnutrition imposé par le blocus israélien. L’anémie touche 72,8 %
des enfants de moins de deux ans. L’émaciation, les retards de croissance et
l’insuffisance pondérale ont quant à eux été estimés respectivement à 34,3 %,
31,4 % et 31,45 %[23]». Et la situation se dégrade au fil du rapport.
Raji Sourani, avocat émérite des droits de la personne, a été témoin de la
brutalité et de la terreur israéliennes à Gaza pendant de nombreuses années. Il
affirme que «la réaction la plus commune à l’évocation d’un cessez-le-feu était
qu’il valait mieux que nous mourions tous plutôt que de revenir à la situation
antérieure à cette guerre. On ne veut pas revivre ça. Nous avons perdu notre
dignité, notre fierté; nous ne sommes que des cibles vulnérables, et nos vies ne
valent pas grand-chose. Si cette situation ne s’améliore pas, alors il est préférable
de mourir. Il s’agit d’une opinion partagée par les intellectuels, les universitaires
et monsieur et madame Tout-le-Monde[24]».
Les plans du retour à la normale pour Gaza ont été décrits sans détour par Dov
Weisglass, proche d’Ariel Sharon et négociateur du retrait des colons israéliens
de Gaza en 2005. Salué comme un geste admirable par les alliés d’Israël, ce
retrait constituait en fait une soigneuse mise en scène de «traumatisme national»,
tournée en dérision par les commentateurs israéliens les plus avisés, dont Baruch
Kimmerling – sociologue de premier plan du pays. Ce qui s’est véritablement
passé: les faucons israéliens, Ariel Sharon en tête, ont saisi toute la pertinence de
transférer les colons illégaux de leurs communautés subventionnées dans la
bande de Gaza dévastée, où leur financement s’avérait exorbitant, à des colonies
subventionnées des autres territoires occupés, qu’Israël entend conserver. En lieu
et place d’un simple transfert, il était manifestement plus utile de montrer au
monde les images de jeunes enfants suppliant les soldats de ne pas détruire leur
maison, pendant que leurs parents scandaient «Plus jamais ça», un slogan qui
parlait par lui-même. Plus évident encore, cette mascarade était une réplique de
la mise en scène du traumatisme de 1982, année où Israël avait dû évacuer la
partie égyptienne du Sinaï. Mais elle a eu les effets escomptés sur l’opinion
nationale et internationale.
Weisglass y est allé de sa propre description du transfert des colons de Gaza
aux autres territoires occupés: «Selon ce qui a été convenu avec les Américains
[les principaux blocs de colonies de Cisjordanie] ne seront jamais démolis, et le
reste ne le sera que lorsque les Palestiniens se seront changés en Finlandais»,
mais un type particulier de Finlandais, prêts à accepter sans broncher l’autorité
d’une puissance étrangère. «L’intérêt, c’est le gel du processus politique, ajoutait
Weisglass, car il empêche la création d’un État palestinien et toute discussion sur
les réfugiés, les frontières et Jérusalem. En ce qui nous concerne, la création de
cette entité baptisée État palestinien, et tout ce qu’elle implique n’est plus à
l’ordre du jour, et ce, pour une durée indéterminée. Nous pouvons compter à cet
égard sur l’autorité et l’approbation [du président Bush] et une ratification par
les deux chambres du Congrès[25].»
Selon Weisglass, les Gazaouis demeureraient soumis «à un régime, mais sans
mourir de faim» (ce qui aurait nui à la réputation déjà bien entamée d’Israël)[26].
Grâce à leur efficacité technique notoire, les experts israéliens ont déterminé
avec précision le nombre de calories quotidiennes indispensables à la survie des
Gazaouis, tout en les privant de médicaments et des autres ressources nécessaires
à une vie digne. Les forces militaires israéliennes, en contrôlant les voies
terrestres, navales et aériennes, les consignaient à ce que le premier ministre de
Grande-Bretagne David Cameron a justement décrit comme un camp de
prisonniers. Malgré son retrait, Israël a gardé le plein contrôle sur la bande de
Gaza et a ainsi maintenu son statut de puissance occupante selon le droit
international. Pour couronner cette tactique d’enfermement, Israël prive les
Palestiniens d’accès à une vaste région longeant la frontière et comprenant plus
d’un tiers des rares terres cultivables de Gaza. On a évoqué comme justification
la sécurité des Israéliens, mais il suffisait à cette fin d’établir une zone de
sécurité du côté israélien de la frontière, ou mieux, de mettre un terme au siège
impitoyable et aux autres mesures répressives.
Si l’on en croit l’histoire officielle, Israël, dans sa grande générosité, aurait
cédé Gaza aux Palestiniens dans l’espoir qu’ils y bâtissent un État florissant. Ces
derniers auraient alors révélé leur véritable nature en soumettant Israël à
d’incessants tirs de roquette et en forçant la population captive à se changer en
martyrs afin d’entacher l’image d’Israël. La réalité est toute autre.
Quelques semaines après le retrait des troupes israéliennes, qui n’entamait en
rien l’occupation, les Palestiniens ont commis un crime impardonnable. En
janvier 2006, lors d’élections placées sous haute surveillance, ces derniers ont en
effet confié leur Parlement au Hamas. Selon la rengaine des médias israéliens, le
Hamas a toujours eu comme objectif la destruction du pays. En réalité, ses
dirigeants se sont prononcés à maintes reprises en faveur d’une solution à deux
États, conformément au consensus international auquel les États-Unis et Israël
font barrage depuis quarante ans. À l’inverse, hormis de rares déclarations
insignifiantes, Israël a pour objectif la destruction de la Palestine et s’engage à la
mettre en œuvre.
Certes, Israël a accepté la «feuille de route» en vue d’une solution à deux
États proposée par le président Bush et adoptée par le «quartette» censé la
superviser: les États-Unis, l’Union européenne, l’ONU et la Russie. Mais tout en
acceptant la feuille de route, le premier ministre Ariel Sharon a aussitôt formulé
14 réserves ôtant toute substance à celle-ci. Si les militants n’ignoraient pas ces
faits, l’opinion publique les a découverts dans un ouvrage signé Jimmy
Carter[27]. Les médias, pour leur part, continuent de les occulter.
Dans son programme (non révisé) de 1999, le Likoud, la coalition au pouvoir
en Israël dirigée par Benjamin Netanyahu, «rejette catégoriquement la création
d’un État palestinien arabe à l’ouest du Jourdain[28]». Pour ceux qui prêteraient
encore attention à des chartes vides de sens, la principale formation au sein du
Likoud, le parti Herout de Menahem Begin, demeure fidèle à sa doctrine
fondatrice en vertu de laquelle le territoire des deux côtés du Jourdain appartient
à la Terre d’Israël.
Le crime commis par les Palestiniens en janvier 2006 a été réprimé sur-le-
champ. Les États-Unis et Israël, suivis par une Europe indigne, ont imposé de
sévères sanctions à la population errante, et la violence d’Israël s’est accrue.
Avant le mois de juin, moment où les attaques se sont brusquement intensifiées,
Israël avait déjà lancé plus de 7 700 obus sur le nord de Gaza[29].
Les États-Unis et Israël ont rapidement dressé les plans d’un coup d’État
militaire visant à renverser le gouvernement élu. Le Hamas ayant eu
l’outrecuidance de faire échouer ces plans, les attaques israéliennes et le siège
ont alors gagné en brutalité, justifiée par l’argument selon lequel le Hamas s’était
emparé de la bande de Gaza par la force.
On ne devrait pas avoir à revenir sur le bilan des horreurs commises depuis
lors. Le siège implacable et les attaques barbares ont été jalonnés d’épisodes où
l’armée israélienne «tond le gazon», pour emprunter la joyeuse formule
évoquant ses manœuvres périodiques consistant à tirer dans le tas dans le cadre
de ce qu’il qualifie de «guerre d’autodéfense».
Une fois le gazon tondu, pendant que la population désespérée se remet autant
que possible de la dévastation et des assassinats, un accord de cessez-le-feu est
signé. Du propre aveu d’Israël, ces accords ont fait l’objet d’un respect assidu du
Hamas, du moins jusqu’à ce qu’Israël les enfreigne avec une violence
renouvelée.
Le plus récent des accords de cessez-le-feu a été établi après l’attaque
israélienne d’octobre 2012. En dépit du maintien par Israël de son siège
dévastateur, le Hamas a respecté l’accord, comme l’admettent les responsables
israéliens[30]. La situation a changé en juin, moment où le Fatah et le Hamas ont
conclu une entente d’unité nationale établissant un nouveau gouvernement
composé de technocrates et écartant toute participation du Hamas, avant
d’accéder aux demandes du quartette. Voilà qui a naturellement provoqué la
colère d’Israël, exacerbée par l’approbation de l’administration Obama. Non
seulement l’entente d’unité rejetait l’argument d’Israël selon lequel négocier
avec une Palestine divisée s’avérait impossible, mais il menaçait d’autre part
l’objectif à long terme de séparation de Gaza et de la Cisjordanie, ainsi que la
poursuite de politiques destructrices dans les deux régions.
Il fallait y remédier, et le meurtre des trois garçons israéliens en Cisjordanie
allait bientôt en fournir l’occasion. Le gouvernement Netanyahu, ayant reçu la
confirmation immédiate de leur mort, a prétendu l’ignorer. Il pouvait ainsi se
livrer à un carnage en Cisjordanie, visant le Hamas et déstabilisant le
gouvernement d’unité redouté, et intensifier la répression.
Netanyahu affirmait disposer d’informations incriminant le Hamas. Il
s’agissait là aussi d’un mensonge, vite révélé. On ne s’était pas soucié de
présenter des preuves. Shlomi Eldar, spécialiste israélien de premier plan en ce
qui a trait au Hamas, a presque aussitôt fait remarquer que les tueurs étaient
probablement issus d’un clan dissident d’Hébron, bête noire de longue date du
Hamas. «Je suis certain qu’ils n’avaient pas reçu le feu vert de la direction du
Hamas et qu’ils considéraient simplement que c’était le bon moment d’agir[31]»,
a-t-il ajouté.
Le carnage, long de dix-huit jours, est parvenu à déstabiliser le gouvernement
d’unité honni et à intensifier la répression d’Israël. Selon des sources militaires
israéliennes, au cours de la fouille de milliers d’habitations, les soldats de Tsahal
ont procédé à l’arrestation de 419 Palestiniens, dont 335 sympathisants du
Hamas, tué 6 personnes et confisqué 350 000 dollars[32]. L’armée israélienne a
en outre mené des dizaines d’attaques à Gaza, tuant 5 membres du Hamas le
7 juillet[33].
Le Hamas a finalement réagi par ses premiers tirs de roquettes en dix-neuf
mois, ont rapporté les responsables israéliens, fournissant le prétexte au
déclenchement de l’opération Bordure protectrice le 8 juillet[34].
On a amplement fait état des exploits de l’armée autoproclamée la plus
morale du monde. Si l’on en croit l’ambassadeur d’Israël aux États-Unis, celle-ci
serait digne de recevoir le prix Nobel de la paix. À la fin du mois de juillet, on
dénombrait 1 500 morts du côté palestinien, un chiffre dépassant le bilan des
crimes de l’opération Plomb durci de 2008-2009. Les civils, dont des centaines
de femmes et d’enfants, constituaient 70 % des victimes[35]. Trois civils ont
également trouvé la mort du côté israélien[36]. De vastes secteurs de Gaza étaient
en ruines. Lors de brèves accalmies pendant les bombardements, les gens
fouillaient désespérément les ruines, cherchant les corps meurtris des membres
de leur famille ou des objets personnels. La principale centrale électrique de
Gaza a été attaquée (une manie israélienne), réduisant de façon draconienne les
ressources en électricité déjà limitées et, pire encore, la maigre quantité d’eau
potable disponible, un autre crime de guerre. Pendant ce temps, les ambulances
et les équipes de secours subissaient des attaques répétées. Alors que les
atrocités se perpétraient à Gaza, Israël a prétendu que son objectif était la
destruction des tunnels frontaliers.
Quatre hôpitaux ont été pris pour cible, autant de crimes de guerre
supplémentaires. Le premier, l’hôpital de réadaptation Al-Wafa de Gaza-Ville, a
été attaqué le jour où les forces terrestres israéliennes ont pris d’assaut la prison.
Un article du New York Times, à propos de l’invasion terrestre, rapportait en
quelques lignes que «la plupart des 17 patients et des 25 membres du personnel
hospitalier avaient pu être évacués avant que l’électricité ne soit coupée et que
des bombardements intensifs ne détruisent presque intégralement le bâtiment,
ont affirmé des médecins. “Nous les avons évacués en plein bombardement, a
raconté le Dr Ali Rabu Ryala, porte-parole de l’hôpital. Les infirmières et les
médecins ont dû porter les patients sur leur dos, certains chutant parfois dans
l’escalier. L’hôpital est en proie à une panique sans précédent.”[37]»
Trois hôpitaux en activité ont ensuite été attaqués. Leurs patients et leur
personnel se sont retrouvés livrés à eux-mêmes. Un crime israélien a toutefois
fait l’objet d’une condamnation unanime: l’attaque contre une école des Nations
Unies abritant 3 300 réfugiés terrifiés. Ceux-ci avaient fui leurs quartiers en
ruines sur ordre de l’armée israélienne. Indigné, Pierre Krähenbühl, commissaire
général de l’UNRWA, a déclaré: «Je condamne avec la plus grande fermeté cette
violation du droit international par les forces israéliennes. […] Aujourd’hui, le
monde a honte[38].» On a dénombré au moins trois frappes israéliennes sur le
bâtiment servant d’abri aux réfugiés, un endroit dont la vocation était connue de
Tsahal. «L’emplacement de l’école élémentaire Jabalia pour jeunes filles et le
fait que celle-ci abritait des milliers de personnes déplacées ont été
communiqués à l’armée israélienne à 17 reprises afin d’assurer sa protection,
Krähenbühl a-t-il ajouté, la dernière fois à 20 h 50 hier soir, soit quelques heures
avant le bombardement fatidique[39].»
L’attaque a également fait l’objet de la condamnation «la plus ferme» de Ban
Ki-moon, secrétaire général des Nations Unies d’ordinaire plus réservé. «Rien
n’est plus indigne que de s’en prendre à des enfants endormis[40]», a affirmé
celui-ci. Rien n’indique en revanche que l’ambassadrice des États-Unis aux
Nations Unies «ait évoqué avec une boule dans la gorge les enfants tués» lors
des frappes israéliennes, ou de l’attaque contre Gaza en général.
Bernadette Meehan, porte-parole de la Maison-Blanche, a néanmoins réagi.
«Nous sommes vivement préoccupés par le sort des milliers de Palestiniens
déplacés qui, après s’être vus forcés d’évacuer leurs maisons par l’armée
israélienne, ne sont pas en sûreté dans les refuges désignés par l’ONU à Gaza.
Nous condamnons également ceux qui ont dissimulé des armes dans les
installations des Nations Unies à Gaza», a-t-elle déclaré. Elle négligeait de
mentionner que ces installations se révélaient inoccupées et que les armes
avaient été découvertes par l’UNRWA, qui s’était déjà prononcé pour condamner
les coupables[41].
L’administration s’est plus tard associée à de plus franches condamnations de
ce crime précis, sans cesser de livrer des armes à Israël. Ce faisant, le porte-
parole du Pentagone Steve Warren a néanmoins déclaré aux journalistes: «Il est
désormais évident que les Israéliens doivent redoubler d’efforts pour satisfaire à
leurs standards très élevés […] au chapitre de la protection des civils», les
standards élevés qu’Israël a maintenus des années durant tout en utilisant des
armes américaines[42].
Les attaques contre des enceintes de l’ONU abritant des réfugiés constituent
une autre spécialité israélienne. Parmi les cas notoires, citons le bombardement
d’un centre d’accueil pour réfugiés de Qana, clairement identifié comme tel, au
cours de la campagne sanguinaire baptisée Raisins de la colère, menée par
Shimon Peres en 1996. Cent six civils libanais qui y avaient trouvé refuge sont
morts, dont 52 enfants[43]. Il va sans dire qu’Israël n’a pas l’apanage de telles
méthodes. Vingt ans plus tôt, l’Afrique du Sud, son alliée, procédait à des
frappes aériennes visant le camp de réfugiés de Cassinga, situé dans une région
reculée de l’Angola et géré par le mouvement indépendantiste namibien South
West African People’s Organization (SWAPO)[44].
Les hauts responsables israéliens vantent la clémence de leur armée, laquelle
va jusqu’à informer les résidants du bombardement imminent de leur quartier. La
journaliste israélienne Amira Hass a décrit cette pratique comme du «sadisme
complaisamment déguisé en clémence». «Un message enregistré presse des
centaines de milliers de personnes de quitter leurs maisons ciblées et de gagner
un endroit tout aussi dangereux à dix kilomètres de là[45].» En réalité, il n’existe
aucun endroit dans cette prison à ciel ouvert qui soit protégé du sadisme
israélien.
Il s’avère difficile pour certains de profiter de la sollicitude d’Israël. Dans un
appel mondial, l’Église catholique de Gaza citait un prêtre témoignant de la
détresse des patients de la Maison du Christ, une maison de santé destinée au
soin des enfants handicapés. Israël ayant annoncé son intention d’attaquer le
secteur, ceux-ci ont été déplacés à l’église de la Sainte Famille. Néanmoins, le
prêtre écrivait peu après que «l’église a reçu un ordre d’évacuation. Ils vont
bombarder le secteur de Zeitun et les gens ont déjà commencé à fuir. Le
problème, c’est que le prêtre F. George et les trois sœurs de Mère Teresa doivent
veiller sur 29 enfants handicapés et 9 dames âgées incapables de se déplacer.
Comment feront-ils pour s’en aller? Si quelqu’un peut intercéder en leur faveur
auprès d’un dirigeant, et prier, qu’il le fasse[46]».
Voilà qui n’aurait pas dû poser de problème. Israël avait déjà donné des
instructions à cette fin à l’hôpital de réadaptation Al-Wafa. Par ailleurs, quelques
États sont heureusement intervenus, dans la mesure de leurs capacités. Cinq pays
d’Amérique latine – le Brésil, le Chili, l’Équateur, le Salvador et le Pérou – ont
rappelé leurs ambassadeurs en Israël, imitant ainsi la Bolivie et le Venezuela, qui
avaient rompu leurs relations diplomatiques avec Israël à la suite de précédents
crimes[47]. Ces gestes symboliques constituaient un nouveau signe de
l’admirable changement en cours des relations internationales, alors qu’une
grande partie de l’Amérique latine se libère progressivement de la domination
occidentale et présente un modèle de conduite civilisée à ceux qui l’exercent
depuis cinq cents ans.
Le président le plus moral du monde, fidèle à ses habitudes, a réagi d’une tout
autre manière à ces affreuses révélations: il a exprimé sa sympathie aux
Israéliens, sévèrement condamné le Hamas et appelé à la modération des deux
camps. Lors de sa conférence de presse du mois d’août, Barack Obama a
néanmoins exprimé son inquiétude au sujet des Palestiniens «pris entre deux
feux» (où?), tout en réaffirmant vivement son soutien au droit d’Israël à se
défendre, comme tout le monde. Ou presque: il va de soi que les Palestiniens ne
jouissent pas de ce droit, surtout lorsque Israël fait preuve de bonne conduite et
s’en tient à sa norme du retour à la normale, consistant à les déposséder de leurs
terres, à les expulser de leurs maisons, à les soumettre à un siège barbare et à
mener contre eux de constantes attaques à l’aide des armes fournies par son
protecteur.
Les Palestiniens sont comme les Noirs africains, les réfugiés namibiens du
camp de Cassinga par exemple, tous des terroristes ne bénéficiant pas du droit à
l’autodéfense.
Une trêve humanitaire de soixante-douze heures devait entrer en vigueur le
1er août à 8 heures. Elle a été rompue presque aussitôt. Selon un communiqué de
presse du centre pour les droits de la personne Al Mezan de Gaza, réputé pour sa
fiabilité, l’un de ses travailleurs à Rafah, ville du Sud située près de la frontière
égyptienne, a entendu des tirs d’artillerie israéliens aux alentours de 8 h 05. Vers
9 h 30, la capture d’un soldat israélien ayant entre-temps été rapportée, le
bombardement de Rafah par l’artillerie et l’aviation battait son plein, faisant
vraisemblablement des dizaines de morts et des centaines de blessés parmi les
habitants rentrés chez eux à l’annonce de l’entrée en vigueur du cessez-le-feu,
bien que les chiffres n’aient pu être vérifiés.
La veille, le 31 juillet, la Coastal Municipalities Water Utility, unique
fournisseur d’eau dans la bande de Gaza, avait annoncé qu’elle n’était plus en
mesure d’assurer les services de distribution et d’assainissement d’eau en raison
d’une pénurie de carburant et d’attaques répétées contre son personnel. Selon le
centre Al Mezan, à ce moment-là «la plupart des services sanitaires élémentaires
[avaient] cessé de fonctionner dans la bande de Gaza à cause du manque de
services d’eau, de ramassage des ordures et d’hygiène environnementale.
L’UNRWA a également émis une alerte de risque imminent de propagation des
maladies dû à l’interruption des services d’eau et d’assainissement[48]». Pendant
ce temps, à la veille de l’entrée en vigueur du cessez-le-feu, les missiles
israéliens continuaient de pleuvoir et de tuer et blesser les habitants de la région.
Lorsque la débauche de sadisme actuelle prendra fin, on ne sait pas quand,
Israël compte bien continuer à mener en toute liberté ses politiques criminelles
dans les territoires occupés, et ce, sans ingérence extérieure. Les Gazaouis, en
vertu du retour à la normale, seront libres de réintégrer leurs prisons dirigées par
Israël et d’assister sans broncher, en Cisjordanie, au démantèlement du peu de
biens fonciers qu’il leur reste.
Voilà qui constitue l’issue la plus probable si les États-Unis maintiennent leur
soutien décisif et pratiquement unilatéral aux crimes israéliens et persistent dans
leur rejet du consensus international de longue date en faveur d’une solution
diplomatique. Mais il suffirait que les États-Unis retirent ce soutien pour qu’un
avenir nettement différent se dessine. Il serait alors possible d’avancer vers la
«solution durable» pour Gaza préconisée par le secrétaire d’État John Kerry.
Celle-ci a fait l’objet d’une condamnation hystérique en Israël, car on peut y lire
un appel à la fin du siège de Gaza et des attaques routinières de l’armée
israélienne ainsi que, comble de l’horreur, un plaidoyer pour la mise en œuvre du
droit international dans les territoires occupés.
Respecter le droit international ne menacerait en rien la sécurité d’Israël; au
contraire, celle-ci en serait renforcée. Mais, comme l’a expliqué il y a quarante
ans Ezer Weizman, général puis président israélien, Israël ne pourrait alors
«exister à l’échelle, dans l’esprit et avec la qualité qu’il incarne désormais[49]».
On a vu des cas semblables dans l’histoire récente. Les généraux indonésiens
juraient qu’ils ne renonceraient jamais à ce que Gareth Evans, ministre des
Affaires étrangères de l’Australie, qualifiait de «province indonésienne du Timor
oriental» au moment de négocier un contrat en vue de mettre la main sur le
pétrole timorais. Tant que les États-Unis continuaient de les soutenir, comme ils
le faisaient depuis des décennies malgré des massacres dignes d’un génocide,
l’objectif des généraux était réaliste. En septembre 1999, cédant aux pressions
considérables de l’opinion américaine et internationale, le président Clinton a
fini par leur dire que la récréation était terminée. Ils se sont aussitôt retirés du
Timor oriental, Evans se lançant pour sa part dans une nouvelle carrière d’apôtre
bien-aimé de la «responsabilité de protéger», selon une interprétation visant bien
sûr à permettre à l’Occident d’employer la violence à sa guise[50].
L’Afrique du Sud constitue un autre exemple éclairant. En 1958, son ministre
des Affaires étrangères a informé l’ambassadeur des États-Unis que si son pays
était en passe de devenir un État paria, ce statut n’aurait aucune importance tant
qu’il bénéficierait du soutien de Washington. Cette estimation s’est révélée assez
juste; trente ans plus tard, Ronald Reagan incarnerait le dernier allié notable du
régime de l’apartheid, qui tenait bon envers et contre tous. En l’espace de
quelques années, Washington s’est rangée du côté du reste du monde et le
régime s’est effondré. Il va de soi que ce ne fut pas l’unique raison: on occulte
généralement, en Occident, le rôle remarquable et décisif joué par Cuba dans la
libération de l’Afrique du Sud. Les principaux intéressés, eux, s’en
souviennent[51].
Il y a quarante ans, Israël a pris la décision fatidique de tourner le dos à la
sécurité en faveur de l’expansion, rejetant un traité de paix proposé par l’Égypte
en échange de l’évacuation de la partie égyptienne du Sinaï, où il s’apprêtait à
entreprendre d’importants projets de construction et de peuplement. Depuis lors,
Israël n’a pas dérogé à cette politique, suivant un raisonnement similaire à celui
de l’Afrique du Sud en 1958.
Dans le cas d’Israël, un changement de politique des États-Unis s’avérerait
encore plus lourd de conséquences. Il en va ainsi des relations de pouvoir,
comme on l’a constaté à chaque occasion où Washington a exigé d’Israël qu’il
renonce à l’un de ses objectifs prioritaires. Ce dernier dispose désormais de peu
de recours. L’adoption de certaines politiques a fait de ce pays profondément
admiré un État redouté et décrié, une voie sur laquelle Israël continue avec une
détermination aveugle et qui l’entraîne vers le déclin moral et, potentiellement,
sa destruction.
La politique des États-Unis pourrait-elle changer? Voilà qui est loin d’être
impossible. L’opinion publique a largement basculé au cours des dernières
années, surtout parmi les jeunes, ce dont on ne peut faire entièrement
abstraction. Il existe depuis quelques années une solide base de revendications
exigeant de Washington qu’elle respecte ses propres lois et coupe l’aide militaire
à Israël. La loi des États-Unis stipule en effet qu’«aucune assistance en matière
de sécurité ne devrait être apportée à un État dont le gouvernement se livre
systématiquement à des violations flagrantes de droits de la personne reconnus
par les institutions internationales». Israël est assurément coupable de telles
violations systématiques des droits. Pour cette raison, Amnesty International,
pendant le déroulement de l’opération Plomb durci à Gaza, a appelé à un
embargo sur les armes contre Israël et le Hamas[52]. Le sénateur Patrick Leahy,
qui a rédigé cette disposition de la loi, en a évoqué l’application potentielle à
Israël à plusieurs reprises, et une action éducative, associative et militante
concertée pourrait permettre de mener cette initiative à bien[53]. Les effets en
seraient déjà significatifs, et fourniraient un tremplin pour d’autres actions,
visant à non seulement punir Israël pour ses agissements criminels, mais aussi à
contraindre Washington à rejoindre la «communauté internationale» dans le
respect du droit international et des principes moraux élémentaires.
Rien n’aurait davantage d’importance pour les Palestiniens, victimes tragiques
de nombreuses années de violence et de répression.
Chapitre 15
Clinton a bien sûr cédé la place à Bush fils, dont l’appui indéfectible à la guerre
préventive légitime pleinement une attaque comme celle du Japon contre la base
navale de Pearl Harbor en décembre 1941, lancée à un moment où les
militaristes japonais n’ignoraient pas que les usines de montage américaines
tournaient à plein régime pour fournir des B-17 (ou «forteresses volantes»)
destinés à être déployés vers ces bases dans l’intention de «réduire en cendres le
cœur industriel de l’empire en larguant des bombes incendiaires sur les
grouillantes fourmilières de bambou d’Honshu et de Kyushu». Du moins est-ce
ainsi que les objectifs d’avant-guerre ont été décrits par leur concepteur, le
général de l’armée de l’air Claire Lee Chenneault, avec l’approbation
enthousiaste du président Franklin Roosevelt, du secrétaire d’État Cordell Hull
et du général George Marshall, chef d’état-major de l’armée de terre[15].
Barack Obama est ensuite arrivé au pouvoir en tenant de beaux discours sur
l’abolition des armes nucléaires – qui coïncidaient avec le projet de consacrer un
billion de dollars à l’arsenal nucléaire des États-Unis au cours des trente
prochaines années, un pourcentage du budget militaire «comparable aux
dépenses effectuées sous le président Reagan dans les années 1980 pour doter [le
pays] de nouveaux systèmes stratégiques», d’après une étude du James Martin
Center for Nonproliferation Studies du Middlebury Institute of International
Studies de Monterey[16].
En outre, Obama n’a pas hésité à jouer avec le feu pour marquer des points.
Prenons par exemple la capture et l’assassinat d’Oussama Ben Laden par les
forces spéciales de la marine des États-Unis. Obama a évoqué l’événement avec
fierté à l’occasion d’un important discours sur la sécurité nationale en mai 2013.
Si le discours a fait l’objet d’une vaste couverture médiatique, un paragraphe
crucial a néanmoins été occulté[17].
Obama s’est félicité de l’opération avant d’ajouter que celle-ci ne saurait
constituer la norme. En effet, a-t-il déclaré, les risques «étaient énormes». Les
forces spéciales auraient pu «se laisser entraîner dans une longue fusillade». Si
par chance ce ne fut pas le cas, «les conséquences sur les relations [des États-
Unis] avec le Pakistan ainsi que les réactions de l’opinion pakistanaise devant
cette intrusion territoriale ont été […] dramatiques».
Ajoutons maintenant quelques détails à ce tableau. Les forces spéciales
avaient reçu l’ordre de résister à une éventuelle arrestation. En cas de fusillade,
elles ne se seraient pas retrouvées livrées à elles-mêmes; les États-Unis auraient
employé toute la puissance militaire nécessaire pour les tirer de là. Le Pakistan
dispose d’une armée puissante et bien entraînée, très protectrice de la
souveraineté nationale. Il possède par ailleurs des armes nucléaires, et les
spécialistes pakistanais s’inquiètent d’une possible infiltration djihadiste dans
leurs systèmes de sécurité. D’autre part, chacun sait que les campagnes de
terreur par drone de Washington, entre autres politiques, ont suscité aigreur et
radicalisation parmi la population pakistanaise.
Alors que les forces spéciales se trouvaient toujours à l’intérieur du repaire de
Ben Laden, le chef d’état-major pakistanais, Ashfaq Parvez Kayani, a eu vent du
raid et a donné l’ordre à son armée d’«affronter tout avion non identifié»,
supposant qu’il s’agirait d’un avion indien. Pendant ce temps, à Kaboul, David
Petraeus, commandant de la Force internationale d’assistance et de sécurité
(FIAS), ordonnait aux «avions de combat de répliquer» en cas de «décollage
immédiat des chasseurs à réaction» pakistanais[18].
Obama n’a pas tort, nous avons heureusement évité le pire, même si l’issue
aurait pu s’avérer catastrophique. Mais ces risques ne constituaient pas un motif
d’inquiétude manifeste. Ni un sujet de commentaires.
Comme l’a noté le général Butler, avoir échappé jusqu’ici à la destruction
relève du quasi-miracle, et plus nous persistons à tenter le sort, plus nos espoirs
qu’une intervention divine perpétue le miracle s’amenuisent.
Chapitre 16
Des cessez-le-feu
constamment rompus
I MAGINONS QUE L’ARTICLE À LA UNEde la Pravda fasse état d’une étude du KGB
analysant les opérations terroristes d’envergure menées par le Kremlin dans le
monde afin de déterminer les raisons de leur réussite ou de leur échec. Sa
conclusion: les réussites étant malheureusement rares, une refonte de la politique
s’impose. Supposons que l’article rapporte ensuite des propos de Vladimir
Poutine, selon lesquels celui-ci aurait demandé au KGB de conduire cette
enquête dans le but de trouver des cas où «le financement et la fourniture
d’armes à des insurrections dans des pays étrangers se sont avérés efficaces».
Compte tenu de la rareté de tels exemples, le président se dit réticent à
poursuivre ce type d’opérations.
Si, contre toute attente, un article de ce genre était publié, il ne manquerait pas
de susciter des cris d’indignation qui s’élèveraient jusqu’au ciel. La Russie serait
l’objet de condamnations (ou pire), non seulement pour le cruel bilan terroriste
dont elle ferait ouvertement état, mais également pour l’indifférence de ses
dirigeants et de sa classe politique, hormis en ce qui concerne l’efficacité du
terrorisme russe et les possibilités de l’améliorer.
S’il est en effet difficile d’imaginer la publication d’un tel article, elle a
récemment eu lieu, du moins en partie.
Le 14 octobre 2014, l’article à la une du New York Times rapportait une étude
de la CIA analysant les principales opérations terroristes menées par la Maison-
Blanche autour du monde, et ce, afin d’en déterminer les facteurs de réussite ou
d’échec. Ses conclusions s’avéraient identiques à celles mentionnées ci-dessus.
L’article citait ensuite le président Obama, lequel affirmait avoir mandaté la CIA
pour mettre en lumière les cas où «le financement et la fourniture d’armes à des
insurrections dans des pays étrangers se sont avérés efficaces». Étant donné, là
encore, les maigres résultats, le président se disait effectivement peu disposé à
continuer ces opérations[1].
Aucun cri d’indignation ne s’est élevé. Silence total.
Nous pouvons donc facilement en déduire que dans la culture politique
occidentale, il est considéré comme tout à fait naturel et juste qu’un État
terroriste voyou occupe la place de chef du monde libre et fasse publiquement
état de sa supériorité en matière de crimes. Et il s’avère tout aussi naturel et juste
que le lauréat du prix Nobel de la paix et avocat de droit constitutionnel
d’obédience libérale qui tient les rênes du pouvoir se soucie uniquement de
mener ces actions avec plus d’efficacité.
Un examen plus approfondi montre toute la pertinence de ces déductions.
L’article évoque en premier lieu les opérations des États-Unis, «de l’Angola à
Cuba en passant par le Nicaragua». Permettez-moi de réparer ici certaines
omissions, en m’appuyant sur les importantes recherches de Piero Gleijeses sur
le rôle de Cuba dans la libération de l’Afrique, notamment dans son dernier
ouvrage[2].
En Angola, les États-Unis se sont associés à l’Afrique du Sud pour apporter
un soutien décisif à Jonas Savimbi et à l’UNITA, son armée terroriste. Ce
soutien a continué même après la cuisante défaite de Savimbi lors d’une élection
placée sous haute surveillance et le retrait du soutien de l’Afrique du Sud à ce
«monstre dont la soif de pouvoir a entraîné d’épouvantables souffrances à son
peuple», comme l’a affirmé Marrack Goulding, ambassadeur du Royaume-Uni
en Angola, une déclaration appuyée par le chef du bureau de la CIA à Kinshasa.
Selon ce dernier, «il n’était guère judicieux» de soutenir le monstre «en raison de
l’étendue des crimes de Savimbi. Il était d’une extrême brutalité[3]».
En dépit d’opérations terroristes sanguinaires et de grande envergure
soutenues par les États-Unis en Angola, les forces cubaines ont chassé
l’agresseur sud-africain du pays, l’ont contraint à mettre fin à son occupation
illégale de la Namibie et ont ouvert la voie à une élection en Angola. Selon le
New York Times, au lendemain de sa défaite, Savimbi «a entièrement rejeté l’avis
de près de 800 observateurs électoraux internationaux [qui avaient jugé] le
scrutin […] libre et équitable», et continué à mener sa guerre de terreur avec
l’appui des États-Unis[4].
Nelson Mandela, enfin relâché de prison, n’a pas manqué de saluer la
contribution de Cuba à la libération de l’Afrique du Sud et à la fin de l’apartheid,
déclarant: «Au cours de ma captivité, Cuba a constitué une source d’inspiration
et Fidel Castro un symbole de ténacité. […] [Les victoires de Cuba] ont détruit le
mythe d’invincibilité de l’oppresseur blanc [et] redonné espoir aux masses
combattantes d’Afrique du Sud, […] un tournant dans la libération de notre
continent, et de mon peuple, du fléau de l’apartheid. […] Quels autres pays
peuvent faire valoir un altruisme comme celui dont a fait preuve Cuba dans ses
relations avec l’Afrique[5]?»
Le chef terroriste Henry Kissinger, à l’inverse, «avait une crise d’apoplexie»
devant l’indiscipline du «nabot» Castro, lequel, à ses yeux, devait être «écrasé»,
comme le rapportent William LeoGrande et Peter Kornbluh dans un ouvrage
rédigé à partir de documents récemment déclassifiés[6].
En ce qui a trait au Nicaragua, il est inutile de s’attarder sur la guerre de
terreur de Ronald Reagan. Celle-ci a continué bien après que la CIJ a ordonné à
Washington de mettre un terme à son «usage illégal de la force» (autrement
appelé «terrorisme international») et de verser d’importantes compensations, et
malgré l’adoption, en dépit du veto de Washington, d’une résolution du Conseil
de sécurité de l’ONU appelant tous les États (soit les États-Unis) à respecter le
droit international[7]. Il faut cependant reconnaître que la guerre terroriste de
Reagan au Nicaragua, prolongée par l’«homme d’État» George H.W. Bush, ne
fut pas aussi destructrice que le terrorisme d’État qu’il a appuyé avec zèle au
Salvador et au Guatemala. Le Nicaragua pouvait compter sur son armée pour
combattre les forces paramilitaires soutenues par les États-Unis, mais dans les
pays voisins, les terroristes visant la population étaient les forces de sécurité
nationale, armées et entraînées par Washington.
À Cuba, les opérations de terreur ont été déclenchées avec le plus grand
acharnement par le président Kennedy et son frère, le procureur général Robert
Kennedy, afin de punir Cuba d’avoir tenu en échec les États-Unis lors du
débarquement de la baie des Cochons. Cette guerre terroriste n’avait rien
d’anodin. Elle a mobilisé 400 Américains, 2 000 Cubains, une flotte privée de
hors-bords et un budget annuel de 50 millions de dollars. Elle était en partie
dirigée par une antenne de la CIA basée à Miami, et ce, en violation de la loi de
la neutralité ainsi que vraisemblablement de la loi interdisant à la CIA de mener
des opérations sur le territoire des États-Unis. Ces opérations comprenaient les
attentats contre des hôtels et des installations industrielles, l’envoi par le fond de
bateaux de pêche, l’empoisonnement de récoltes et de cheptels, la contamination
de stocks de sucre destinés à l’exportation, etc. Certaines de ces opérations
n’étaient pas officiellement avalisées par la CIA, mais étaient menées par des
forces terroristes qu’elle finançait et entraînait. La distinction n’a donc ici guère
d’importance.
Comme on le sait depuis, cette guerre de terreur (opération Mongoose) a
largement participé à l’envoi par Khrouchtchev de missiles à Cuba et à la «crise
des missiles», lors de laquelle le monde s’est retrouvé à deux doigts de
l’anéantissement nucléaire. Les «opérations» américaines à Cuba avaient donc
de profondes répercussions.
Un aspect plutôt mineur de cette guerre de terreur a retenu l’attention: les
nombreuses tentatives d’assassinat contre Fidel Castro, généralement
considérées comme de petites manigances de la CIA. En dehors de ces dernières,
rien de ce qui s’est produit n’a suscité un grand intérêt ou des analyses poussées.
La première étude sérieuse en anglais, largement ignorée malgré sa qualité
certaine, est l’œuvre du chercheur canadien Keith Bolender et a été publiée en
2010[8].
Les trois exemples évoqués dans l’article du New York Times à propos du
terrorisme des États-Unis ne constituent que la partie émergée de l’iceberg.
Néanmoins, il est bon de voir cet aveu de reconnaissance officielle de
l’implication de Washington dans des opérations de terreur sanguinaires et
destructrices, et de l’indifférence de sa classe politique, qui considère comme
normal et juste le fait d’appartenir à une superpuissance terroriste, à l’abri du
droit et des principes de la civilisation.
Chose curieuse, le monde n’y voit rien de normal. Selon les sondages
internationaux, les États-Unis sont perçus de très loin comme la principale
menace à la paix dans le monde[9]. Par chance, on a épargné aux Américains
cette information sans importance.
Chapitre 18
«Sans équivoque»
La «menace iranienne»:
principal danger pour la paix mondiale?
«Entretenir l’instabilité»
Une autre préoccupation, exprimée devant les Nations Unies par Samantha
Power, ambassadrice des États-Unis, est l’«instabilité que l’Iran entretient au-
delà de son programme nucléaire[23]». Les États-Unis continueront de surveiller
ces écarts de conduite, a-t-elle ajouté. Elle faisait ainsi écho aux propos d’Ashton
Carter, secrétaire à la Défense, prononcés alors qu’il se tenait à la frontière nord
d’Israël: «Nous continuerons à aider Israël à contrer l’influence néfaste de
l’Iran», soit le soutien de ce dernier au Hezbollah, les États-Unis se réservant le
droit d’employer la force militaire s’ils le jugent nécessaire[24].
La manière dont l’Iran «entretient l’instabilité» est particulièrement visible en
Irak, où, entre autres crimes, il est le seul à avoir aussitôt fourni son aide aux
Kurdes luttant contre l’invasion de l’État islamique, et où il construit une
centrale de 2,5 milliards de dollars afin de restaurer l’alimentation en électricité à
son niveau antérieur à l’invasion américaine[25]. L’ambassadrice Power donne
une interprétation courante: lorsque les États-Unis envahissent un pays,
provoquent la mort de centaines de milliers de personnes et l’exil de millions
d’autres, commettent des actes de torture et de destructions barbares que les
Irakiens comparent aux invasions mongoles, font de ce pays le plus malheureux
de la planète selon des sondages Win/Gallup, le tout en déclenchant des conflits
sectaires qui déchirent la région et en préparant le terrain pour l’horrible État
islamique avec l’aide de leur allié saoudien, alors il s’agit de «stabilisation[26]».
Les actions indignes de l’Iran, quant à elles, «entretiennent l’instabilité».
L’absurdité de cette interprétation courante atteint parfois des sommets de
surréalisme: James Chace, commentateur libéral et ancien rédacteur en chef de
Foreign Affairs, a par exemple expliqué que les États-Unis cherchaient à
«déstabiliser le gouvernement marxiste démocratiquement élu du Chili» parce
que «[ils] étaient déterminés à rétablir la stabilité» grâce à la dictature de
Pinochet[27].
D’autres s’indignent du simple fait que Washington doive négocier avec un
régime si «méprisable» que celui de l’Iran, pays à l’atroce bilan en matière de
droits de la personne, et l’exhortent plutôt à œuvrer en vue d’«une alliance entre
Israël et les États sunnites sous l’égide des États-Unis». C’est le point de vue de
Leon Wieseltier, collaborateur à la rédaction du vénérable magazine libéral The
Atlantic, dont la haine viscérale pour tout ce qui a trait à l’Iran est palpable[28].
Cet intellectuel libéral estimé recommande sans sourciller que l’Arabie saoudite,
à côté de laquelle l’Iran fait presque figure de paradis terrestre, et Israël, dont on
ne compte plus les crimes violents à Gaza et ailleurs, s’allient pour donner une
bonne leçon à l’Iran. Ce conseil est peut-être sensé si l’on tient compte du bilan
des droits de la personne des régimes que les États-Unis ont imposés et appuyés
partout dans le monde.
S’il ne fait nul doute que le régime iranien représente une menace pour son
propre peuple, ce n’est malheureusement pas le pire en son genre, et il est loin
d’égaler sur ce plan les alliés privilégiés des États-Unis. Mais Washington n’en a
cure, sans parler de Tel-Aviv ou de Riyad.
Rappelons en outre qu’il ne s’est pas passé un jour, depuis 1953, où les États-
Unis ne se sont pas employés à causer du tort aux Iraniens, lesquels, à n’en point
douter, s’en souviennent. En 1979, au lendemain du renversement du régime du
shah imposé par les États-Unis, Washington a aussitôt entrepris de soutenir
l’offensive meurtrière de Saddam Hussein contre l’Iran. Le président Reagan est
allé jusqu’à nier le principal crime du Raïs, l’utilisation d’armes chimiques
contre la population kurde d’Irak, dont il a préféré accuser l’Iran[29]. Lorsque
Saddam a été jugé sous les auspices des États-Unis, ce crime horrible (ainsi que
d’autres, commis avec la complicité des États-Unis) a été soigneusement écarté
des accusations, qui se sont limitées à l’un de ses crimes mineurs, soit le meurtre
de 148 chiites en 1982, une futilité dans son bilan macabre[30].
À la fin de la guerre Iran-Irak, les États-Unis ont continué à soutenir Saddam
Hussein, principal ennemi de l’Iran. Le président Bush père a même invité des
ingénieurs nucléaires irakiens aux États-Unis pour y suivre une formation
avancée en production d’armement, ce qui représentait une menace des plus
sérieuses pour l’Iran[31]. Le pays a fait l’objet de sanctions renforcées, tout
comme les entreprises étrangères engagées dans des transactions commerciales
avec lui, et des démarches ont été entreprises visant à l’exclure du système
financier international[32].
Plus récemment, les marques d’hostilité se sont étendues au sabotage, au
meurtre de scientifiques nucléaires (vraisemblablement par Israël) et à la
cyberguerre, ainsi qu’on l’a proclamé avec fierté[33]. Le Pentagone considère
cette dernière comme un acte de guerre justifiant des représailles militaires, ce
qu’approuve l’OTAN. L’alliance a affirmé en septembre 2014 que les
cyberattaques peuvent forcer ses puissances membres à réagir au nom de la
défense collective (quand, bien sûr, celles-ci sont la cible et non l’agresseur[34]).
La deuxième superpuissance
Les programmes néolibéraux de la dernière génération ont concentré la richesse
et le pouvoir entre les mains d’une élite toujours plus réduite, tout en entravant la
bonne marche de la démocratie, mais ils ont aussi réveillé la contestation, en
Amérique latine surtout, mais également au cœur même des grandes
puissances[1]. L’Union européenne, l’un des projets les plus prometteurs de
l’après-Seconde Guerre mondiale, s’est vue ébranlée dans ses fondements par les
effets dévastateurs des politiques d’austérité mises en œuvre durant la dernière
récession, désapprouvées même par le FMI (sinon par ses figures politiques). La
démocratie s’est affaiblie à mesure que le processus décisionnel était transféré à
la bureaucratie de Bruxelles, dont les mesures trahissent l’emprise des banques
du Nord. Les partis dominants ont rapidement perdu du terrain, les électeurs se
tournant vers la gauche et la droite radicales. Le directeur général du groupe de
réflexion EuropaNova, basé à Paris, attribue le désenchantement général à «un
sentiment d’impuissance et de frustration [dû au fait que] le véritable pouvoir
d’influencer le cours des événements a été largement transféré des dirigeants
politiques nationaux [qui, en théorie du moins, sont soumis aux règles
démocratiques] au marché, aux institutions européennes et aux grandes
sociétés», conformément à la doctrine néolibérale[2].
Des processus sensiblement similaires sont en cours aux États-Unis, pour des
raisons à peu près identiques. Il s’agit d’une question importante et
préoccupante, non seulement pour le pays, mais, compte tenu de la puissance
américaine, pour le monde.
L’opposition croissante à l’offensive néolibérale met en lumière un autre
aspect clé de la convention standard: celle-ci fait abstraction de la population,
dont les membres refusent souvent de tenir le rôle de simples «spectateurs»
(préférant celui de «participants») que lui attribue la théorie de la démocratie
libérale[3]. Les classes dominantes se sont toujours inquiétées de pareille
désobéissance. Si l’on s’en tient à l’histoire des États-Unis, George Washington
considérait les gens du peuple composant les milices sous son autorité comme
«des gens extrêmement sales et déplaisants, dont les plus pauvres [font preuve
d’]une inconcevable stupidité[4]». Dans une brillante analyse des soulèvements
allant de l’«insurrection américaine» à l’Afghanistan et à l’Irak actuels, William
Polk affirme que le général Washington «tenait tant à écarter [les miliciens qu’il
méprisait] qu’il a failli perdre la révolution». En effet, il «l’aurait peut-être
perdue» si l’intervention massive de la France n’avait pas «sauvé la révolution»,
dominée jusque-là par les guérilléros – que nous appellerions aujourd’hui
«terroristes» –, pendant que l’armée de type britannique de Washington
«enchaînait les défaites et passait à deux doigts de perdre la guerre[5]».
Selon Polk, les leaders de soulèvements victorieux ont pour trait commun, une
fois retombé le soutien populaire, de chercher à supprimer les «gens sales et
déplaisants» qui ont gagné la guerre par des tactiques de guérilla et de terreur, de
peur qu’ils contestent les privilèges de l’élite. Le mépris de cette dernière pour
«les plus pauvres [d’entre eux]» a revêtu différentes formes au fil des années.
Récemment, ce mépris s’est manifesté notamment par l’appel à la passivité et à
l’obéissance (la «modération démocratique») des internationalistes libéraux
s’alarmant devant les dangereuses retombées démocratiques des mouvements
populaires des années 1960.
Les États décident parfois de tenir compte de l’opinion publique, déclenchant
la plus grande colère des centres du pouvoir. Un exemple spectaculaire de cela a
eu lieu en 2003, année où l’administration Bush avait demandé à la Turquie de
s’allier à elle pour envahir l’Irak. Quatre-vingt-quinze pour cent des Turcs s’y
sont opposés et, à la profonde stupéfaction de Washington, le gouvernement turc
s’est rangé à leur avis. On a vertement condamné la Turquie pour sa conduite
irresponsable. Paul Wolfowitz, secrétaire adjoint à la Défense, désigné par la
presse comme l’«idéaliste en chef» de l’administration, a fustigé l’armée turque
pour avoir toléré l’outrecuidance du gouvernement et a exigé des excuses.
Imperturbables devant cette manifestation supplémentaire de la légendaire
«aspiration démocratique» des États-Unis, des observateurs respectés ont
continué à encenser le président George W. Bush pour son attachement à la
«promotion de la démocratie», s’aventurant parfois à le critiquer pour sa naïveté
de croire qu’une puissance extérieure puisse imposer aux autres ses aspirations
démocratiques.
Les Turcs n’étaient pas seuls. L’agression des États-Unis et de l’Angleterre
s’est heurtée à une opposition massive dans le monde. Selon des sondages
internationaux, le soutien aux visées guerrières de Washington atteignait à peine
10 % dans la plupart des pays. D’imposantes manifestations ont été organisées
partout sur la planète ainsi qu’aux États-Unis. L’offensive impériale a fait l’objet
de fortes protestations avant même d’être déclenchée, ce qui constituait sans
doute une première dans l’histoire. À la une du New York Times, le journaliste
Patrick Tyler a écrit que «la planète compte peut-être encore deux
superpuissances: les États-Unis et l’opinion publique internationale[6]».
Les manifestations sans précédent aux États-Unis témoignaient d’une
opposition remontant à des décennies et à la condamnation des guerres
américaines en Indochine. Les marches pacifistes avaient atteint une ampleur
considérable, finissant par influer, bien que tardivement, sur le cours des
événements. Fin 1967, le mouvement contre la guerre constituant dès lors une
force non négligeable, l’historien militaire et spécialiste du Vietnam Bernard Fall
écrivait que «le Vietnam, en tant qu’entité historique et culturelle, […] est
menacé d’extinction […] [alors que] ses campagnes meurent littéralement sous
les coups de la plus colossale machine militaire jamais déployée dans une zone
de cette taille[7]». Mais on ne pouvait plus ignorer le mouvement contre la
guerre. Celui-ci permettrait en outre de tempérer les ardeurs de Ronald Reagan
lors de son arrivée au pouvoir, l’Amérique centrale dans sa ligne de mire. Son
administration a soigneusement imité les méthodes employées vingt ans plus tôt
par John F. Kennedy pour déclencher la guerre contre le Vietnam du Sud, mais a
dû battre en retraite en raison de protestations populaires que n’avait pas connues
le début des années 1960. L’agression contre l’Amérique centrale n’en reste pas
moins terrible. Les victimes en souffrent encore. Mais ce qui s’est produit au
Vietnam du Sud puis dans toute l’Indochine, et que la «deuxième
superpuissance» n’est parvenue que sur le tard à stopper, s’avère d’une
incomparable atrocité.
On affirme souvent que la formidable opposition populaire à l’invasion de
l’Irak est demeurée sans effet. Voilà qui me paraît inexact. Là encore, l’invasion
fut assez horrible en soi, et ses conséquences sont proprement grotesques.
Néanmoins, les choses auraient largement pu être pires. Le vice-président Dick
Cheney, le secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld et le reste de la clique des
hauts responsables de l’administration Bush n’auraient jamais pu, ne serait-ce
qu’envisager le genre de mesures adoptées quarante ans plus tôt par les
présidents Kennedy et Johnson, et ce, sans opposition ou presque.
Aller de l’avant
Atran et d’autres observateurs attentifs s’entendent généralement sur les
dispositions à prendre. Les États-Unis doivent commencer par tenir compte de ce
qu’ont démontré de façon probante des recherches minutieuses: les candidats au
djihad «cherchent à renouer avec leur histoire, leurs traditions, leurs héros et
leurs principes moraux; et l’État islamique, aussi brutal et révoltant soit-il pour
les Occidentaux et une grande partie du monde arabo-musulman, répond
directement à ce besoin. […] Aujourd’hui, l’inspiration des plus féroces
combattants vient non pas du Coran, mais d’une cause et d’un appel à l’action
exaltant qui leur promettent gloire et estime aux yeux de leurs amis». En effet, la
plupart des djihadistes disposent d’une formation rudimentaire en matière de
textes islamiques, s’ils en ont une[32].
La meilleure stratégie, selon Polk, serait «un programme multinational axé sur
le bien-être psychologique […] qui rendrait la haine si chère à l’État islamique
moins virulente. Nous en connaissons les composants: les besoins de la
communauté, des compensations pour les agressions antérieures et des appels à
un nouveau départ. Des excuses formulées avec soin pour les actes passés ne
coûteraient pas cher et auraient d’importantes répercussions[33]», ajoute-t-il. Un
tel projet pourrait être mis en œuvre dans les camps de réfugiés ou dans les
«taudis et les cités sinistres de la banlieue parisienne» où, écrit Atran, son équipe
de recherche a «constaté une tolérance ou un appui assez répandus aux valeurs
de l’État islamique». On accomplirait d’autant plus en privilégiant
systématiquement la diplomatie et les négociations au lieu du recours à la
violence.
Il serait pour le moins important d’apporter une solution honorable à la «crise
des réfugiés», qui couvait depuis longtemps, mais dont l’Europe a pu observer
toute l’ampleur en 2015. La moindre des choses serait d’augmenter
considérablement le secours humanitaire dans les camps du Liban, de Jordanie et
de Turquie, où les malheureux réfugiés syriens s’accrochent à la survie. Mais les
enjeux sont loin de s’arrêter là, et dressent un tableau des prétendus «pays
éclairés» qui n’est guère flatteur et devrait pousser à agir.
Certains pays engendrent des réfugiés par leur emploi de la violence à grande
échelle, comme les États-Unis, la Grande-Bretagne et la France. D’autres, en
revanche, accueillent des réfugiés en grand nombre, dont ceux qui tentent
d’échapper à la violence de l’Occident: le Liban (champion haut la main en
proportion de sa population), la Jordanie et la Syrie (avant le déclenchement de
la guerre), parmi d’autres pays de la région. Certains des pays précités font
«double emploi» en engendrant à la fois des réfugiés et en refusant d’en
accueillir, qu’il s’agisse de ceux du Moyen-Orient ou de citoyens de la «cour
arrière» des États-Unis au sud de la frontière. Un tableau étrange, triste à
contempler.
Un tableau réellement fidèle situerait l’apparition des réfugiés bien plus tôt
dans l’histoire. Robert Fisk, correspondant de longue date au Moyen-Orient, fait
remarquer que l’une des premières vidéos produites par l’État islamique
«montrait un bulldozer démolissant un rempart de sable à la frontière entre l’Irak
et la Syrie. Alors que l’engin détruit le revêtement en terre, la caméra effectue un
zoom sur une affiche rédigée à la main et traînant dans le sable. On peut y lire
“Fin du Sykes-Picot”».
Pour les habitants de la région, l’accord Sykes-Picot représente le symbole du
cynisme et de la cruauté de l’impérialisme occidental. Conspirant au cours de la
Première Guerre mondiale, le Britannique Mark Sykes et le Français François
Georges-Picot ont partagé la région en États artificiels afin de satisfaire leurs
visées impériales, et ce, avec le plus parfait mépris pour les intérêts des
populations et en violation des promesses faites aux Arabes pour les inciter à se
joindre à l’effort de guerre des Alliés. L’accord imitait en tous points les
pratiques dévastatrices des États européens en Afrique. Il a «transformé ce qui
constituait jusque-là des provinces relativement tranquilles de l’Empire ottoman
en certains des États les moins stables et les plus dangereux pour la sécurité du
monde[34]».
Depuis lors, les interventions occidentales répétées au Moyen-Orient et en
Afrique y ont exacerbé les tensions, les conflits et les désordres, ravageurs pour
les sociétés. La «crise des réfugiés» à peine tolérable pour l’Occident en est le
résultat direct. L’Allemagne est apparue comme la conscience de l’Europe,
accueillant d’abord près d’un million de réfugiés (elle a depuis fermé les vannes)
– dans l’un des pays les plus riches du monde, dont la population se chiffre à
80 millions d’habitants. Par contraste, le Liban, pays pauvre, a accueilli environ
1,5 million de réfugiés syriens qui constituent désormais le quart de sa
population et s’ajoutent au demi-million de Palestiniens enregistrés auprès de
l’UNRWA, pour la plupart des victimes des politiques israéliennes.
L’Europe gémit aussi sous le fardeau des réfugiés originaires des pays
africains qu’elle a dévastés, non sans l’aide des États-Unis, comme peuvent en
témoigner entre autres les Congolais et les Angolais. Elle tente à présent de
soudoyer la Turquie (qui compte déjà plus de deux millions de réfugiés syriens)
pour qu’elle tienne à distance de ses frontières les victimes de l’horreur syrienne,
tout comme Obama fait pression sur le Mexique pour qu’il tienne à l’écart de la
frontière des États-Unis les malheureux fuyant les répercussions de la guerre
contre le terrorisme de Reagan, ainsi que les victimes de plus récentes
catastrophes, dont le coup d’État militaire au Honduras, qu’Obama fut presque le
seul à approuver et qui s’est révélé l’une des pires chambres des horreurs de la
région[35].
Aucun mot ne peut traduire la réaction des États-Unis à la crise des réfugiés
syriens, du moins aucun mot de ma connaissance.
Pour en revenir à la question initiale, «Qui mène le monde?», celle-ci en
soulève une autre: «Quels principes et quelles valeurs mènent le monde?» Cette
question devrait préoccuper en premier lieu les citoyens des pays riches et
puissants. Ceux-ci jouissent en effet d’une liberté, de privilèges et de possibilités
considérables, fruits des luttes de leurs prédécesseurs, et se trouvent devant des
choix décisifs quant à la manière de répondre à des enjeux d’une importance
cruciale pour l’humanité.
Postface à l’édition 2017
Introduction
[1] James Morgan, journaliste économique de la BBC, Financial Times, 25-26 avril 1992.
[2] Martin Gilens et Benjamin I. Page, «Testing Theories of American Politics: Elites, Interest Groups, and
Average Citizens», Perspectives on Politics, vol. 12, no 3, septembre 2014, "site web"; Martin Gilens,
Affluence and Influence: Economic Inequality and Political Power in America, Princeton (NJ), Princeton
University Press, 2010; Larry Bartels, Unequal Democracy: The Political Economy of the New Gilded Age,
Princeton (NJ), Princeton University Press, 2008; Thomas Ferguson, Golden Rule: The Investment Theory
of Party Competition and the Logic of Money-Driven Political Systems, Chicago (IL), University of
Chicago Press, 1995.
[3] Walter Dean Burnham, dans Thomas Ferguson et Joel Rogers (dir.), The Hidden Election, New York
(NY), Random House, 1981; Walter Dean Burnham et Thomas Ferguson, «Americans Are Sick to Death of
Both Parties: Why Our Politics Is in Worse Shape Than We Thought», Alternet, 18 décembre 2014,
"site web".
[4] Ken Caldeira, «Stop Emissions!», MIT Technology Review, vol. 119, no 1, janvier-février 2016;
«Current Pace of Environmental Change Is Unprecedented in Earth’s History», communiqué de presse,
Université de Bristol, 4 janvier 2016, "site web".
[5] Julian Borger, «Nuclear Weapons Risk Greater Than in Cold War, Says Ex-Pentagon Chief», The
Guardian, 7 janvier 2016, "site web"; William Broad et David Sanger, «As U.S. Modernizes Nuclear
Weapons, “Smaller” Leaves Some Uneasy», The New York Times, 12 janvier 2016, "site web".
Chapitre 1
[1] Steven Lukes, Émile Durkheim: His Life and Work, Palo Alto (CA), Stanford University Press, 1973,
p. 335.
[2] «Manifeste des 93», Wikipédia, "site web".
[3] «Who Willed American Participation», The New Republic, 14 avril 1917, p. 308-309.
[4] John Dewey, The Middle Works of John Dewey, t. 2, 1899-1924: Journal Articles, Essays, and
Miscellany Published in the 1918-1919 Period, Jo Ann Boydston (dir.), Carbondale (IL), Southern Illinois
University Press, 1987, p. 81-82.
[5] John Dewey, «Our Un-Free Press», dans The Later Works of John Dewey, t. 2, 1925-1953: Essays,
Reviews, Trotsky Inquiry, Miscellany, and Liberalism and Social Action, Jo Ann Boydston (dir.),
Carbondale (IL), Southern Illinois University Press, 1987, p. 270.
[6] Randolph Bourne, «Twilight of Idols», Seven Arts, octobre 1917, p. 688-702.
[7] Michael Crozier, Samuel P. Huntington et Joji Watanuke, The Crisis of Democracy: Report on the
Governability of Democraties to the Trilateral Commission, New York (NY), New York University Press,
1975, "site web".
[8] Adam Smith, Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations, 1776, Saguenay, Les
classiques des sciences sociales, 2002.
[9] Gordon S. Wood, The Creation of the American Republic, 1776-1787, New York (NY), W.W. Norton,
1969, p. 513-514; Lance Banning, dans The Sacred Fire of Liberty: James Madison and the Founding of the
Federal Republic (Ithaca [NY], Cornell University Press, 1995), insiste fortement sur le dévouement de
Madison envers la volonté populaire, mais souscrit néanmoins à la thèse de Wood quant au but initial de la
Constitution (p. 245).
[10] James Madison à Thomas Jefferson, 9 décembre 1787, "site web". Voir aussi Ralph Louis Ketcham,
James Madison: A Biography, Charlottesville (VA), University of Virginia Press, 1990, p. 236, 247 et 298.
[11] Edward L. Thorndike, «Leadership in Democratic Living: How May We Improve the Selection,
Training, and Life-Work of Leaders?», Teachers College Record, avril 1939, p. 593-605.
[12] «Terrorist Group Profiles», département d’État, janvier 1989. Voir aussi Robert Pear, «US Report Stirs
Furor in South Africa», The New York Times, 14 janvier 1989.
[13] Équipe spéciale interinstitutions des Nations Unies sur le redressement économique et le
développement de l’Afrique / Commission économique pour l’Afrique, South African Destabilization: The
Economic Cost of Frontline Resistance to Apartheid, New York, (NY), 1989, p. 13.
[14] Noam Chomsky, «The Evil Scourge of Terrorism», discours devant l’International Erich Fromm
Society, Stuttgart, Allemagne, 23 mars 2010.
[15] Remarques sur Ronald Reagan formulées par Martin et Annelise Anderson de la Hoover Institution à
l’Université Stanford, citées par Paul Boyer, «Burnishing Reagan’s Disarmament Credentials», Army
Control Today, septembre 2009.
[16] John Coatsworth, «The Cold War in Central America, 1975-1991», dans Melvyn P. Leffler et Odd
Arne Westad (dir.), The Cambridge History of the Cold War, t. 3, Endings, Cambridge (MA), Cambridge
University Press, 2010.
[17] Noam Chomsky, Futurs proches. Liberté, indépendance et impérialisme au XXIe siècle, Montréal, Lux,
2011, p. 336-337.
[18] Documents de John F. Kennedy, Presidential Papers, National Security Files, Meetings and
Memoranda, National Security Action Memoranda [NSAM]: NSAM 134, Report on Internal Security
Situation in South America, JFKNSF-335-013, John F. Kennedy Presidential Library and Museum, Boston,
Massachusetts.
[19] Lars Schoultz, Human Rights and United States Policy Toward Latin America, Princeton (NJ),
Princeton University Press, 1981; Charles Maechling Jr, «The Murderous Mind of the Latin American
Military», Los Angeles Times, 18 mars 1982.
[20] Voir à ce sujet Adam Isacson et Joy Olson, Just the Facts, Washington, DC, Latin America Working
Group and Center for International Policy, 1999, p. IX.
[21] Noam Chomsky, «Humanitarian Imperialism: The New Doctrine of Imperial Right», Monthly Review,
1er septembre 2008.
[22] Noam Chomsky, Rogue States, Chicago (IL), Haymarket Books, 2015, p. 88.
[23] Noam Chomsky, Deterring Democracy, New York (NY), Hill and Wang, 1991, p. 131.
[24] Chomsky, Futurs proches, op. cit., p. 78.
[25] Daniel Wilkinson, «Death and Drugs in Colombia», The New York Review of Books, 23 juin 2011.
[26] Anthony Lewis, «Abroad at Home», The New York Times, 2 mars 1990.
[27] Mary McGrory, «Havel’s Gentle Rebuke», The Washington Post, 25 février 1990.
[28] Mark Mazzetti, Helene Cooper et Peter Baker, «Behind the Hunt for Bin Laden», The New York Times,
2 mai 2011.
[29] Eric Alterman, «Bin Gotten», The Nation, 4 mai 2011.
[30] Elaine Scarry, «Rules of Engagement», Boston Review, 8 novembre 2006.
[31] Russell Baker, «A Heroic Historian on Heroes», The New York Review of Books, 11 juin 2008.
[32] Mark Mazower, «Shorts Cuts», London Review of Books, 8 avril 2010.
[33] Eric Margolis, «Osama’s Ghost», American Conservative, 20 mai 2011.
[34] Daniel Trotta, «Cost of War at Least $3.7 Trillion and Counting», Reuters, 29 juin 2011.
[35] Michael Scheuer, Imperial Hubris: Why the West Is Losing the War on Terror, Washington, DC,
Potomac Books, 2004.
[36] Accusations contre les dreyfusards citées dans Geoffrey Hawthorn, Enlightenment and Despair:
A History of Social Theory, Cambridge (MA), Cambridge University Press, 1976, p. 117.
Chapitre 2
[1] Nada Bakri et Graham Bowley, «Top Hezbollah Commander Killed in Syria», The New York Times,
13 février 2008.
[2] Associated Press, «Intelligence Chief: Hezbollah Leader May Have Been Killed by Insiders or Syria»,
17 février 2008.
[3] Cynthia O’Murchu et Farrid Shamsuddin, «Seven Days», Financial Times, 16 février 2008.
[4] Ferry Biedermann, «A Militant Wanted the World Over», Financial Times, 14 février 2008.
[5] Une revue de presse par Jeff Nygaard n’a recensé qu’une seule référence au sondage de Gallup, sous la
forme d’une brève dans le Omaha World-Herald qui en «déformait complètement les résultats». Nygaard
Notes Independent Periodic News and Analysis, 16 novembre 2001, reproduit dans Counterpoise, vol. 5,
no 3-4, 2002.
[6] Biedermann, «A Militant Wanted the World Over», loc. cit.
[7] Noam Chomsky, Middle East Illusions, Londres, Rowman & Littlefield, 2004, p. 235.
[8] Amnon Kapeliouk, Yediot Aharonot, 15 novembre 1985.
[9] Bernard Gwertzman, «U.S. Defends Action in U.N. on Raid», The New York Times, 7 octobre 1985.
[10] Yearbook of the United Nations, vol. 39, 1985, p. 291.
[11] Bernard Weinraub, «Israeli Extends “Hand of Peace” to Jordanians», The New York Times, 18 octobre
1985.
[12] Voir Noam Chomsky, Necessary Illusions, Toronto, House of Anansi, 1995, chap. 5.
[13] Voir, par exemple, Aviv Lavie, «Inside Israel’s Secret Prison», Haaretz, 23 août 2003.
[14] Lettre de Yoav Biran, ministre plénipotentiaire, ambassade d’Israël, au Manchester Guardian Weekly,
25 juillet 1982; Gad Becker, Yediot Aharonot, 13 avril 1983; Reuters, «Shamir Promises to Crush Rioters»,
The New York Times, 1er avril 1988.
[15] Yoram Peri, Davar, 10 décembre 1982.
[16] Justin Huggler et Phil Reeves, «Once Upon a Time in Jenin», Independent, 27 avril 2002.
[17] Amira Hass, Haaretz, 19 avril 2002, reproduit dans Amira Haas, Reporting from Ramallah: An Israeli
Journalist in an Occupied Land, Los Angeles (CA), Semiotext(e), 2003.
[18] Biedermann, «A Militant Wanted the World Over», loc. cit.
[19] Bob Woodward et Charles R. Babcock, «Anti-Terrorist Unit Blamed in Beirut Bombing», The
Washington Post, 12 mai 1985.
[20] Nora Boustany, «Beirut Bomb’s Legacy Suspicion and Tears», The Washington Post, 6 mars 1988.
[21] Ethan Bronner, «Israel Lets Reporters See Devastated Gaza Site and Image of a Confident Military»,
The New York Times, 16 janvier 2009.
[22] Julie Flint, «Israeli Soldiers in New Terror Raid on Shiite Village», The Guardian, 6 mars 1985.
[23] Adam Goldman et Ellen Nakashima, «CIA and Mossad Killed Senior Hezbollah Figure in Car
Bombing», The Washington Post, 30 janvier 2008.
[24] «Three Decades of Terror», Financial Times, 2 juillet 2007.
[25] Fawaz A. Gerges, Journey of the Jihadist: Inside Muslim Militancy, New York (NY), Mariner Books,
2007.
[26] «Text of Reagan’s Letter to Congress on Marines in Lebanon», The New York Times, 30 septembre
1982. Voir aussi Micah Zenko, «When Reagan Cut and Run», Foreign Policy, 7 février 2014.
[27] Jimmy Carter, Palestine. La paix, pas l’apartheid, Paris, L’Archipel, 2007.
[28] Tobias Buck, «Israel Denies Killing Hizbollah Commander», Financial Times, 13 février 2008.
[29] Noam Chomsky, Israël, Palestine, États-Unis. Le triangle fatidique, Montréal, Écosociété, 2006,
p. 595.
[30] Ibid.
[31] Ibid., p. 594.
[32] Henry Kamm, «Ruins of War Litter Hills and Valleys of Lebanon», The New York Times, 20 juin 1982.
[33] Chomsky, Israël, Palestine, États-Unis, op. cit., p. 594.
[34] Ibid.
[35] Isabel Kershner, «Israel Reduces Electricity Flow to Gaza», The New York Times, 9 février 2008.
[36] James Astill, «Strike One», The Guardian, 2 octobre 2001.
Chapitre 3
[1] Version remaniée par l’auteur du texte publié dans Noam Chomsky, Futurs proches. Liberté,
indépendance et impérialisme au XXIe siècle, Montréal, Lux, 2001.
[2] Rapport du comité sur les forces armées du Sénat, Inquiry into the Treatment of Detainees in U.S.
Custody, 20 novembre 2008, "site web"; Jonathan Landay, «Abusive Tactics Used to See Iraq-al Qaida
Link», McClatchy Bureau DC, 21 avril 2009.
[3] Paul Krugman, «Reclaiming America’s Soul», The New York Times, 23 avril 2009.
[4] Hans Morgenthau, The Purpose of American Politics, New York (NY), Knopf, 1964.
[5] Ibid.
[6] Roger Cohen, «America Unmasked», The New York Times, 24 avril 2009.
[7] Voir Richard Drinnon, Facing West: The Metaphysics of Indian-Hating and Empire-Building, Norman
(OK), University of Oklahoma Press, 1997; Henry Knox, cité par Reginald Horsman dans Expansion and
American Indian Policy 1783-1812, Norman (OK), University of Oklahoma Press, 1992, p. 64.
[8] Krugman, «Reclaiming America’s Soul», loc. cit.
[9] Voir Horsman, Expansion and American Indian Policy 1783-1812, op. cit.; William Earl Weeks, John
Quincy Adams and American Global Empire, Lexington (KY), University Press of Kentucky, 1992.
[10] Pour un inventaire des justifications providentielles des crimes les plus odieux et de la manière dont
elles ont façonné l’«idée américaine», voir Nicholas Guyatt, Providence and the Invention of the United
States, 1607-1876, Cambridge (MA), Cambridge University Press, 2007.
[11] Cité par Lars Schoultz dans That Infernal Little Cuban Republic: The United States and the Cuban
Revolution, Chapel Hill (NC), University of North Carolina Press, 2009, p. 4.
[12] Arthur M. Schlesinger Jr, Robert Kennedy and His Times, Boston (MA), Mariner Books, 2002, p. 480.
[13] Programme du Parti républicain, «Republican Party Platform of 1900», 19 juin 1900, "site web".
[14] Alfred McCoy, Policing America’s Empire: The United States, the Philippines, and the Rise of the
Surveillance State, Madison (WI), University of Wisconsin Press, 2009.
[15] Jennifer K. Harbury, Truth, Torture, and the American Way: The History and Consequences of U.S.
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[16] Alfred McCoy, A Question of Torture: CIA Interrogation, from the Cold War to the War on Terror,
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Torture», History News Network, 6 décembre 2006.
[17] Allan Nairn, «The Torture Ban That Doesn’t Ban Torture: Obama’s Rules Keep it Intact, and Could
Even Accord with an Increase in US-Sponsored Torture Worldwide», 24 janvier 2009, "site web".
[18] Lars Schoultz, «U.S. Foreign Policy and Human Rights Violations in Latin America: A Comparative
Analysis of Foreign Aid Distributions», Comparative Politics, vol. 13, no 2, janvier 1981, p. 149-170;
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1981; Edward S. Herman, The Real Terror Network: Terrorism in Fact and Propaganda, Boston (MA),
South End Press, 1982.
[19] McCoy, «The U.S. Has a History of Using Torture», loc. cit.; Sanford Levinson, «Torture in Iraq and
the Rule of Law in America», Dædalus, vol. 133, no 3, été 2004.
[20] Linda Greenhouse, «Justices, 5-4, Back Detainee Appeals for Guantánamo», The New York Times,
13 juin 2008.
[21] Glenn Greenwald, «Obama and Habeas Corpus—Then and Now», Salon, 11 avril 2009.
[22] Ibid.
[23] Daphne Eviatar, «Obama Justice Department Urges Dismissal of Another Torture Case», The
Washington Independent, 12 mars 2009.
[24] William Glaberson, «U.S. May Revive Guantánamo Military Courts», The New York Times, 1er mai
2009.
[25] Michael Kinsley, «Down the Memory Hole with the Contras», The Wall Street Journal, 26 mars 1987.
[26] Patrick Cockburn, «Torture? It Probably Killed More Americans than 9/11», Independent, 26 avril
2009.
[27] Rajiv Chandrasekaran, «From Captive to Suicide Bomber», Washington Post, 22 février 2009.
Chapitre 4
[1] Tareq Y. Ismael et Glenn E. Perry (dir.), The International Relations of the Contemporary Middle East:
Subordination and Beyond, Londres, Routledge, 2014, p. 73; Noam Chomsky, Dominer le monde ou sauver
la planète? L’Amérique en quête d’hégémonie mondiale, Paris, Fayard, 2004; Daniel Yergin, The Prize: The
Epic quest for Oil, Money and Power, New York (NY), Free Press, 1991.
[2] Noam Chomksy, Futurs proches. Liberté, indépendance et impérialisme au XXIe siècle, Montréal, Lux,
2011, p. 73.
[3] Laurence H. Shoup et William Minter, (dir.), Imperial Brain Trust: The Council on Foreign Relations
and United States Foreign Policy, New York (NY), Monthly Review Press, 1977, p. 130.
[4] Chomsky, Futurs proches, op. cit., p. 295.
[5] Gerard Van Bilzen, The Development of Aid, Newcastle upon Tyne, Cambridge Scholars Publishing,
2015, p. 497.
[6] «Declaration of Principles for a Long-Term Relationship of Cooperation and Friendship Between the
Republic of Iraq and the United States of America», communiqué de presse de la Maison-Blanche,
26 novembre 2007, "site web".
[7] Charlie Savage, «Bush Declares Exceptions to Sections of Two Bills He Signed into Law», The
New York Times, 14 octobre 2008.
[8] Marina et David Ottaway, «Of Revolutions, Regime Change, and State Collapse in the Arab World»,
Fondation Carnegie pour la paix internationale, 28 février 2011, "site web".
[9] «Egyptians Embrace Revolt Leaders, Religious Parties and Military, As Well», Pew Research Center,
25 avril 2011, "site web".
[10] Marwan Muasher, «Tunisia’s Crisis and the Arab World», Fondation Carnegie pour la paix
internationale, 24 janvier 2011, "site web".
[11] Thom Shanker, «U.S. Fails to Explain Policies to Muslim World, Panel Says», The New York Times,
24 novembre 2004.
[12] Afaf Lutfi Al-Sayyid Marsot, Egypt in the Reign of Muhammad Ali, Cambridge (MA), Cambridge
University Press, 1984. Pour un examen plus approfondi de la situation de l’Égypte au lendemain de la
Seconde Guerre mondiale, voir Noam Chomsky, World Orders Old and New, New York, Columbia
University Press, 1994, chap. 2.
[13] Adam Smith, Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, 1776, Saguenay, Les
classiques des sciences sociales, 2002.
[14] Noam Chomsky, L’an 501. La conquête continue, Montréal, Écosociété, 2016, p. 200.
[15] Chomsky, Futurs proches, op. cit., p. 103.
[16] David Ricardo, The Works of David Ricardo: With a Notice of the Life and Writings of the Author by
J.R. McCulloch, Londres, John Murray, 1846, p. 77.
[17] Tony Magliano, «The Courageous Witness of Blessed Oscar Romero», National Catholic Reporter,
11 mai 2015.
[18] Martin van Creveld, «Sharon on the Warpath: Is Israel Planning to Attack Iran?», The New York Times,
21 août 2004.
[19] Clayton Jones, «China is a Barometer on Whether Israel Will Attack Nuclear Plants in Iran», The
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[20] Kim Ghattas, «US Gets Serious on Iran Sanctions», BBC News, 3 août 2010.
[21] Thom Shanker, «Pentagon Cites Concerns in China Military Growth», The New York Times, 16 août
2010.
[22] Joshua Kurlantzick, «The Belligerents», New Republic, 17 février 2011.
[23] Stephen Braun et Jack Gillum, «2012 Presidential Election Cost Hits $2 Billion Mark», Associated
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21 janvier 2015.
[24] «The Secret Behind Big Bank Profits», Bloomberg News, 21 février 2013.
[25] Christine Harper et Michael J. Moore, «Goldman Sachs CEO Blankfein Is Awarded $12.6 Million in
Stock», Bloomberg Business, 29 janvier 2011.
[26] Eszter Zalan, «Hungary’s Orban Wins Another Term, Jobbik Support Jumps», EU Observer, 7 avril
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[27] «Élections législatives autrichiennes de 2008», Wikipédia, "site web".
[28] Donny Gluckstein, The Nazis, Capitalism, and the Working Class, Chicago (IL), Haymarket Books,
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[29] Matthew Weaver, «Angela Merkel: German Multiculturalism Has “Utterly Failed”», The Guardian,
17 octobre 2010.
[30] Darren Samuelsohn, «John Shimkus Cites Genesis on Climate Change», Politico, 10 décembre 2010.
[31] Joseph E. Stiglitz, «Some Lessons from the East Asian Miracle», The World Bank Research Observer,
août 1996, "site web".
Chapitre 5
[1] Giacomo Chiozza, recension de Carla Norrlof, America’s Global Advantage: US Hegemony and
International Cooperation, dans Political Science Quarterly, été 2011, p. 336-337.
[2] Geoffrey Warner, «The Cold War in Retrospect», International Affairs, vol. 87, no 1, janvier 2011,
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[3] Noam Chomsky, Idéologie et pouvoir, Anvers, EPO, 2004, p. 27-28.
[4] «The Chinese Revolution of 1949», département d’État des États-Unis, Office of the Historian,
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[5] Robert Kagan, «Not Fade Away. The myth of American decline», The New Republic, 2 février 2012.
[6] Noam Chomsky, Le pouvoir mis à nu, Montréal, Écosociété, 2002, p. 144.
[7] Pour un éventail plus exhaustif, voir Noam Chomsky, Le nouvel humanisme militaire. Leçons du
Kosovo, Montréal, Écosociété, 2000; et A New Generation Draws the Line: Kosovo, East Timor, and the
Responsibility to Protect Today, Boulder (CO), Paradigm, 2011.
[8] Noam Chomsky, Futurs proches. Liberté, indépendance et impérialisme au XXIe siècle, Montréal, Lux,
2011, p. 341-342.
[9] Samuel P. Huntington, «The Lonely Superpower», Foreign Affairs, vol. 78, no 2, mars-avril 1999;
Robert Jervis, «Weapons Without Purpose? Nuclear Strategy in the Post-Cold War Era», recension de Jan
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Leadership, dans Foreign Affairs, vol. 80, no 4, juillet-août 2001.
[10] Jeremy White, «Obama Approval Rating in Arab World Now Worse Than Bush», International
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[11] Bulletin du département d’État des États-Unis, 8 décembre 1969, p. 506-507, cité dans David
F. Schmitz, The United States and Right-Wing Dictatorships, 1965-1989, Cambridge (MA), Cambridge
University Press, 2006, p. 89.
[12] Bill Keller, «The Return of America’s Missionary Impulse», New York Times Magazine, 15 avril 2011.
[13] Yochi Dreazen, Aamer Madhani et Marc Ambinder, «The Goal Was Never to Capture bin Laden», The
Atlantic, 4 mai 2011.
[14] Nick Turse, «Iraq, Afghanistan, and Other Special Ops “Successes”», TomDispatch, 25 octobre 2015,
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[15] Voir également Nick Turse, The Changing Face of Empire: Special Ops, Drones, Spies, Proxy
Fighters, Secret Bases, and Cyberwarfare, Chicago (IL), Haymarket Books / Dispatch Books, 2012; et
Tomorrow’s Battlefield: U.S. Proxy Wars and Secret Ops in Africa, Chicago (IL), Haymarket Books /
Dispatch Books, 2015.
[16] Robert B. Westbrook, John Dewey and American Democracy, Ithaca (NY), Cornell University Press,
1991, p. 440.
[17] Jennifer Epstein, «Poll: Tax Hike Before Medicare Cuts», Politico, 20 avril 2011.
[18] Jon Cohen, «Poll Shows Americans Oppose Entitlement Cuts to Deal with Debt Problem», The
Washington Post, 20 avril 2011.
[19] «Public’s Budget Priorities Differ Dramatically from House and Obama», communiqué de presse de
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[20] Catherine Lutz, Neta Crawford et Andrea Mazzarino, «Costs of War», Brown University Watson
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[21] Martin Wolf, «From Italy to the US, Utopia vs. Reality», Financial Times, 13 juillet 2011.
[22] Lawrence H. Summers, «Relief at an Agreement Will Give Way to Alarm», Financial Times, 2 août
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[23] «Health Care Budget Deficit Calculator», Center for Economic and Policy Research, "site web".
[24] Matthew L. Wald et John M. Broder, «Utility Shelves Ambitious Plan to Limit Carbon», The New York
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[25] Thomas Ferguson, «Best Buy Target Are Stopping a Debt Deal», Financial Times, 26 juillet 2011.
[26] Robert Pear, «New Jockeying in Congress for Next Phase in Budget Fight», The New York Times,
4 août 2011.
[27] Stephanie Clifford, «Even Marked Up, Luxury Goods Fly Off Shelves», The New York Times, 3 août
2011.
[28] Louis Uchitelle, «Job Insecurity of Workers Is a Big Factor in Fed Policy», The New York Times,
27 février 1997.
[29] Ajay Kapur, «Plutonomy: Buying Luxury, Explaining Global Imbalances», 16 octobre 2005,
"site web".
[30] Noam Chomsky, Making the Future: Occupations, Interventions, Empire and Resistance, San
Francisco (CA), City Lights, 2012, p. 289.
Chapitre 6
[1] Elizabeth Becker, «Kissinger Tapes Describe Crises, War and Stark Photos of Abuse», The New York
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[2] John F. Kennedy, «The President and the Press», discours devant l’American Newspaper Publishers
Association, Hôtel Waldorf-Astoria, New York (NY), 27 avril 1961, "site web".
[3] John F. Kennedy cité dans Thomas G. Paterson, «Fixation with Cuba: The Bay of Pigs, Missile Crisis,
and Covert War Against Castro», dans Kennedy’s Quest for Victory: American Foreign Policy, 1961-1963,
Oxford, Oxford University Press, 1989, p. 136.
[4] Edward S. Herman et Noam Chomsky, La fabrique de l’opinion publique. La politique économique des
médias américains, Paris, Le Serpent à plumes, 2003, p. 148-149.
[5] Jimmy Carter, «The President’s News Conference», 24 mars 1977, The American Presidency Project,
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[6] Suzanne Goldenberg, «Bush Commits Troops to Iraq for the Long Term», The Guardian, 27 novembre
2007. Voir aussi Guy Raz, «Long-Term Pact with Iraq Raises Questions», Morning Edition, National Public
Radio, 24 janvier 2008. Pour un examen plus approfondi, voir Noam Chomsky, Making the Future:
Occupations, Interventions, Empire and Resistance, San Francisco (CA), City Lights, 2012, p. 64-66;
Charlie Savage, «Bush Asserts Authority to Bypass Defense Act», Boston Globe, 30 janvier 2008.
[7] Joseph M. Parent et Paul K. MacDonald, «The Wisdom of Retrenchment», Foreign Affairs, vol. 90,
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[8] Yosef Kuperwasser et Shalom Lipner, «The Problem Is Palestinian Rejectionism», Foreign Affairs,
vol. 90, no 6, novembre-décembre 2011.
[9] Ronald R. Krebs, «Israel’s Bunker Mentality», Foreign Affairs, vol. 90, no 6, novembre-décembre 2011.
[10] Matthew Kroenig, «Time to Attack Iran», Foreign Affairs, vol. 90, no 1, janvier-février 2012.
[11] Xizhe Peng, «China’s Demographic History and Future Challenges», Science, vol. 33, no 6042,
29 juillet 2011, p. 581-587.
[12] Daniel Yergin, «US Energy Is Changing the World Again», Financial Times, 16 novembre 2012.
[13] Fiona Harvey, «World Headed for Irreversible Climate Change in Five Years, IEA Warns», The
Guardian, 9 novembre 2011.
[14] «“Monster” Greenhouse Gas Levels Seen», Associated Press, 3 novembre 2011.
[15] Noam Chomsky, Le pouvoir mis à nu, Montréal, Écosociété, 2002, p. 182.
[16] John W. Dower, «The Superdomino In and Out of the Pentagon Papers», dans Noam Chomsky et
Howard Zinn (dir.), The Pentagon Papers: The Senator Gravel Edition, t. 5, Boston (MA), Beacon Press,
1972, p. 101-142.
[17] Seymour Topping, «Slaughter of Reds Gives Indonesia a Grim Legacy. Slaughter of Reds Gives
Indonesians a Legacy of Blood Lust», The New York Times, 24 août 1966.
[18] James Reston, «Washington: A Gleam of Light in Asia», The New York Times, 19 juin 1966.
[19] David E.Sanger, «Real Politics: Why Suharto Is In and Castro Is Out», The New York Times,
31 octobre 1995.
[20] Noam Chomsky, Dominer le monde ou sauver la planète? L’Amérique en quête d’hégémonie
mondiale, Paris, Fayard, 2004, p. 224.
[21] Alan J. Kuperman, «Obama’s Libya Debacle», Foreign Affairs, vol. 94, no 2, mars-avril 2015.
[22] Barbara Ferguson, «Israel Defies US on Illegal Settlements», Arab News, 6 septembre 2006.
[23] Herb Keinon, «EU Condemns Building in Har Homa, Neveh Ya’akov, Pisgat Ze’ev», The Jerusalem
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[24] «U.S. Daily Warns of Threat of “Nasserite Virus” to Moroccan, Algerian Jews», Jewish Telegraphic
Agency, 21 février 1961, "site web".
[25] Debbie Buchwald, «Israel’s High-Tech Boom», inFocus Quarterly, vol. 2, no 2, été 2008.
[26] Chomsky, Making the Future, op. cit., p. 251.
[27] Peter Beaumont, «Israel Outraged as EU Poll Names It a Threat to Peace», The Guardian, 2 novembre
2003. Le sondage, réalisé par Taylor Neslon Sofres-EOS Gallup Europe, a été conduit du 8 au 16 octobre
2003.
[28] Sondage auprès de l’opinion publique arabe de 2010, Zogby International-Brookings Institution, 2010,
"site web".
[29] Ibid. En réponse à la question «Nommez les deux pays qui vous semblent les plus menaçants pour
votre sécurité», Israël a été nommé par 88 % des répondants, les États-Unis par 77 %; quant à l’Iran, il a été
cité par 9 % des personnes âgées de plus de 36 ans, et 11 % des personnes âgées de moins de 36 ans.
[30] Scott Clement, «Iranian Threat: Public Prefers Sanctions Over Bombs», The Washington Post, 14 mars
2012; Steven Kull et al., «Public Opinion in Iran and America on Key International Issues», sondage réalisé
par WorldPublicOpnion.org, 24 janvier, 2007, "site web".
[31] «Unclassified Report on Military Power of Iran, April 2010», département de la Défense des États-
Unis, "site web".
[32] Gavan McCormack, «“All Japan” versus “All Okinawa”—Abe Shinzo’s Military-Firstism», The Asia-
Pacific Journal, vol. 13, no 4, 16 mars 2015.
[33] Paul Godwin, «Asia’s Dangerous Security Dilemma», Current History, vol. 109, no 728, septembre
2010, p. 264-266.
Chapitre 7
[1] William Blackstone, The Great Charter and Charter of the Forest, Oxford, Clarendon Press, 1759,
conservée à la British Library.
[2] Winston Churchill, Histoire des peuples de langue anglaise, t. 2, Le Monde nouveau, Paris, Plon, 1957,
p. 206.
[3] James Kendall Hosmer, The Life of Young Sir Henry Vane, Governor of Massachusetts Bay, and Leader
of the Long Parliament: With a Consideration of the English Commonwealth as a Forecast of America,
Boston (MA), Houghton Mifflin, 1888, p. 462, conservé par la Cornell University Library.
[4] The Famous Old Charter of Rhode Island, Granted by King Charles II, in 1663, Providence (RI),
I.H. Cady, 1842. Voir aussi «Rhode Island Royal Charter», Wikipédia, "site web".
[5] Peter Linebaugh, The Magna Carta Manifesto: Liberties and Commons for All, Berkeley (CA),
University of California Press, 2009.
[6] Dudley Jones et Tony Watkins (dir.), A Necessary Fantasy? The Heroic Figure in Children’s Popular
Culture, New York (NY), Taylor and Francis, 2000.
[7] Emily Achtenberg, «From Water Wars to Water Scarcity: Bolivia’s Cautionary Tale», NACLA Report on
the Americas, 6 juin 2013, "site web".
[8] Randal C. Archibold, «El Salvador: Canadian Lawsuit over Mine Allowed to Proceed», The New York
Times, 5 juin 2012.
[9] Erin Banco, «Is Your Cell Phone Fueling Civil War in Congo?», The Atlantic, 11 juillet 2011.
[10] Garrett Hardin, «The Tragedy of the Commons», Science, vol. 162, no 3859, 13 décembre 1968,
p. 1243-1248.
[11] Voir Paul Corcoran, «John Locke on the Possession of Land: Native Title vs. the “Principle” of Vacuum
domicilum», exposé présenté lors de l’Australian Political Studies Association Annual Conference,
septembre 2007, "site web".
[12] Norman Ware, The Industrial Worker 1840-1860: The Reaction of American Industrial Society to the
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[13] Michael J. Sandel, Democracy’s Discontent: America in Search of a Public Philosophy, Cambridge
(MA), Belknap Press, 1996.
[14] Thorstein Veblen, Théorie de la classe de loisir, Paris, Gallimard, 1970.
[15] Clinton Rossiter et James Lare (dir.), The Essential Lippman: A Political Philosophy for Liberal
Democracy, Cambridge (MA), Harvard University Press, 1982, p. 91-92; Edward Bernays, Propaganda.
Comment manipuler l’opinion en démocratie, Paris/Montréal, La Découverte / Lux, 2007.
[16] Scott R.Bowman, The Modern Corporation and American Political Thought: Law, Power and
Ideology, University Park (PA), Penn State University Press, 1996, p. 133.
[17] Desmond King, «America’s Hidden Government: The Costs of a Submerged State», recension de
Suzanne Mettler, The Submerged State: How Invisible Government Policies Undermine American
Democracy, dans Foreign Affairs, vol. 91, no 3, mai-juin 2012.
[18] Robert W. McChesney, «Public Scholarship and the Communications Policy Agenda», dans Amit
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(NY), Lexington Books, 2009, p. 50.
[19] Ralph Waldo Emerson, Essais politiques et sociaux, Paris, Armand Colin, 1926.
[20] Michael Crozier, Samuel P. Huntington et Joji Watanuki, The Crisis of Democracy: Report on the
Governability of Democracies to the Trilateral Commission, New York (NY), New York University Press,
1975, "site web"
[21] Margaret E. McGuinness, «Peace v. Justice: The Universal Declaration of Human Rights and the
Modern Origins of the Debate», Diplomatic History, vol. 35, no 5, novembre 2011, p. 749.
[22] William Blackstone, Commentaires sur les lois angloises, t. 1, Paris, Bossange-Rey et Gravier-Aillaud,
1822.
[23] Somerset v. Stewart, 1772, English Court of King’s Bench, "site web".
[24] Samuel Johnson, Taxation No Tyranny: An Answer to the Resolutions and Address of the American
Congress, Londres, 1775.
[25] Douglas A. Blackmon, Slavery by Another Name: The Re-Enslavement of Black Americans from the
Civil War to World War II, New York (NY), Anchor Books, 2009.
[26] Ian Cobain, «Revealed: How Blair Colluded with Gaddafi Regime in Secret», The Guardian,
23 janvier 2015; Benjamin Wieser, «Appeals Court Rejects Suit by Canadian Man over Detention and
Torture Claim», The New York Times, 3 novembre 2009.
[27] «Lawfulness of a Lethal Operation Directed Against a U.S. Citizen Who Is a Senior Operational
Leader of Al-Qa’ida or an Associated Force», département de la Justice des États-Unis, document non daté
publié par NBC, 4 février 2013.
[28] Anthony Shadid et David D. Kirkpatrick, «As the West Celebrates a Cleric’s Death, the Mideast
Shrugs», The New York Times, 1er octobre 2011.
[29] Jo Becker et Scott Shane, «Secret “Kill List” Proves a Test of Obama’s Principles and Will», The
New York Times, 29 mai 2012.
[30] Convention de Genève relative à la protection des personnes civiles en temps de guerre, Article 3,
Genève, 12 août 1949, "site web".
[31] Matthew Yglesias, «International Law Is Made by Powerful States», Think-Progress, 13 mai 2011.
[32] Holder v. Humanitarian Law Project, 561 U.S. 1, 2010, "site web".
[33] Paul Beckett, «Shutdown of Al Barakaat Severs Lifeline for Many Somalia Residents», The Wall Street
Journal, 4 décembre 2001.
[34] Ibrahim Warde, Propagande impériale et guerre financière contre le terrorisme, Marseille, Agone,
2007, p. 101-102.
[35] Ibid., p. 102.
[36] Nnimmo Bassey, To Cook a Continent: Destructive Extraction and The Climate Crisis in Africa,
Oxford, Pambazuka Press, 2012, p. 25.
[37] Melvyn P. Leffler, A Preponderance of Power: National Security, the Truman Administration, and the
Cold War, Palo Alto (CA), Stanford University Press, 1993, p. 144.
[38] John M. Broder, «Bashing E.P.A. Is New Theme in G.O.P. Race», The New York Times, 17 août 2011.
[39] «57 % Favor Use of “Fracking” to Find More US Oil and Gas», Rasmussen Reports, 26 mars 2012,
"site web"; «Who’s Holding Us Back: How Carbon-Intensive Industry Is Preventing Effective Climate
Change Legislation», rapport de Greenpeace, novembre 2011, "site web".
[40] «Remarks by the President in State of the Union Address», communiqué de presse de la Maison-
Blanche, 24 janvier 2012, "site web".
[41] Guy Chazan, «US on Path to Energy Self-Sufficiency», Financial Times, 18 janvier 2012.
[42] Les textes intégraux de l’Accord des peuples et de la Déclaration universelle peuvent être
respectivement consultés à npa2009.org et rio20.net.
Chapitre 8
[1] Sheldon M. Stern, The Week the World Stood Still: Inside the Secret Cuban Missile Crisis, Palo Alto
(CA), Stanford University Press, 2005, p. 5.
[2] Noam Chomsky, Dominer le monde ou sauver la planète? L’Amérique en quête d’hégémonie mondiale,
Paris, Fayard, 2004, p. 104.
[3] Michael Dobbs, One Minute to Midnight: Kennedy, Khrushchev, and Castro on the Brink of Nuclear
War, New York (NY), Vintage, 2008, p. 251.
[4] Ibid., p. 310.
[5] Ibid., p. 311.
[6] Ibid., p. xiii.
[7] Chauncey G. Parker III, «Missile Crisis: Cooked Up for Camelot?», Orlando Sentinel, 18 octobre 1992;
Robert McNamara, entrevue avec Richard Roth, CNN, diffusée le 28 novembre 2003. Retranscription
publiée sur CNN.com, "site web".
[8] «The Submarines of October», dans William Burr et Thomas S. Blanton (dir.), National Security
Archive Electronic Briefing Book No 75, 21 octobre 2002, "site web".
[9] Edward Wilson, «Thank You Vassili Arkhipov, the Man Who Stopped Nuclear War», The Guardian,
27 octobre 2012.
[10] Graham Allison, «The Cuban Missile Crisis at 50: Lessons for U.S. Foreign Policy Today», Foreign
Affairs, vol. 91, no 4, juillet-août 2012.
[11] Don Clawson, Is That Something the Crew Should Know? Irreverent Anecdotes of an Air Force Pilot,
Twickenham, Athena Press, 2003, p. 80-81.
[12] Office of Air Force History, entrevue d’histoire orale avec le général David A. Burchinal, USAF, par le
colonel John B. Schmidt et le lieutenant-colonel Jack Straser, 11 avril 1975, Iris No 010111174, dans USAF
Collection, AFHRA.
[13] Stern, The Week the World Stood Still, op. cit., p. 146.
[14] Ibid., p. 147.
[15] Ibid., p. 148.
[16] Ibid., p. 149, en italique dans la version originale.
[17] Ibid., p. 154.
[18] Compte rendu sommaire de la 7e assemblée du comité exécutif du NSC, 27 octobre 1962, John
F. Kennedy Presidential Library and Museum, "site web".
[19] Jorge I. Dominguez, «The @# $ % & Missile Crisis (Or, What Was “Cuban” About U.S. Decisions
During the Cuban Missile Crisis?», Diplomatic History, vol. 24, no 5, printemps 2000, p. 305-315.
[20] Ernest R. May et Philip D. Zelikow (dir.), The Kennedy Tapes: Inside the White House During the
Cuban Missile Crisis, édition abrégée, New York (NY), W.W. Norton, 2002, p. 47.
[21] Jon Mitchell, «Okinawa’s First Nuclear Missile Men Break Silence», Japan Times, 8 juillet 2012.
[22] Dobbs, One Minute to Midnight, op. cit.
[23] Sheldon M. Stern, Averting «The Final Failure»: John F. Kennedy and the Secret Cuban Missile Crisis
Meetings, Palo Alto (CA), Stanford University Press, 2003, p. 273.
[24] Piero Gleijeses, Conflicting Missions: Havana, Washington, and Africa, 1959-1976, Chapel Hill (NC),
University of North Carolina Press, 2003, p. 26.
[25] Ervand Abrahamian, The Coup: 1953, the CIA, and the Roots of Modern U.S.-Iranian Relations,
New York (NY), New Press, 2013.
[26] «Most Americans Willing to Re-Establish Ties with Cuba», sondage d’opinion Angus Reid, février
2012, "site web".
[27] Dobbs, One Minute to Midnight, op. cit.
[28] Ibid., p. 333.
[29] Stern, Averting «The Final Failure», op. cit.
[30] Ibid., p. 406.
[31] Raymond L. Garthoff, «Documenting the Cuban Missile Crisis», Diplomatic History, vol. 24, no 2,
printemps 2000, p. 297-303.
[32] Documents de John F. Kennedy, Presidential Papers, National Security Files, Meetings and
Memoranda, National Security Action Memoranda (NSAM): NSAM 181, Re: Action to be taken in
response to new Bloc activity in Cuba (B), septembre 1962, JFKNSF-338-009, John F. Kennedy
Presidential Library and Museum, Boston (MA).
[33] Garthoff, «Documenting the Cuban Missile Crisis», loc. cit.
[34] Keith Bolender, Voices From the Other Side: An Oral History of Terrorism Against Cuba, Londres,
Pluto Press, 2010.
[35] Montague Kern, recension de Brigitte L. Nacos, Yaeli Bloach-Elkon et Robert Y. Shapiro, Selling
Fear: Counterterrorism, the Media, and Public Opinion, dans Political Science Quarterly, vol. 127, no 3,
automne 2012, p. 489-492.
[36] Stern, The Week the World Stood Still, op. cit.
[37] Dobbs, One Minute to Midnight, op. cit.
[38] Gleijeses, Conflicting Missions, op. cit.
[39] Arthur M. Schlesinger Jr, Robert Kennedy and His Times, Boston (MA), Mariner Books, 2002, p. 480;
Chomsky, Dominer le monde ou sauver la planète?, op. cit., p. 116-117.
[40] Chomsky, Dominer le monde ou sauver la planère?, op. cit., p. 154.
[41] Stern, The Week the World Stood Still, op. cit., p. 2.
[42] Desmond Ball, Politics and Force Levels: The Strategic Missile Program of the Kennedy
Administration, Berkeley (CA), University of California Press, 1980, p. 97.
[43] Garthoff, «Documenting the Cuban Missile Crisis», loc. cit.
[44] Dobbs, One Minute to Midnight, op. cit., p. 342.
[45] Allison, «The Cuban Missile Crisis at 50», loc. cit.
[46] Sean M. Lynn-Jones, Steven E. Miller et Stephen Van Evera (dir.), Nuclear Diplomacy and Crisis
Management: An International Security Reader, Cambridge (MA), MIT Press, 1990, p. 304.
[47] William Burr (dir.), «The October War and U.S. Policy», National Security Archive, publié le
7 octobre 2003, "site web".
[48] La formule «première frappe super soudaine» vient de McGeorge Bundy et figure dans John
Newhouse, War and Peace in the Nuclear Age, New York (NY), Knopf, 1989, p. 328.
[49] Noam Chomsky, Les États manqués. Abus de puissance et déficit démocratique, Paris, Fayard, 2007,
p. 9.
Chapitre 9
[1] Voir par exemple David M. Shribman, «At White House, Symbols of a Day of Awe», Boston Globe,
29 septembre 1995; Maureen Dowd, «Mideast Accord: The Scene; President’s Tie Tells it All: Trumpets for
a Day of Glory», The New York Times, 14 septembre 1993 («les blasés n’en revenaient pas»).
[2] George H.W. Bush, entrevue dans NBC Nightly News, 2 février 1991.
[3] Observateur permanent de l’OLP au secrétaire général des Nations Unies, 16 novembre 1988,
"site web".
[4] R.C. Longworth, «Shultz Helps Arafat Get Right Words», Chicago Tribune, 15 décembre 1988.
[5] George P. Shultz, Turmoil and Triumph: My Years as Secretary of State, New York (NY), Scribner,
1993, p. 1043.
[6] «Israel’s Peace Initiative», archives de l’ambassade des États-Unis en Israël, 14 mai 1989.
[7] Elaine Sciolino, «Mideast Accord: The Ceremony; Old Enemies Arafat and Rabin to Meet», The
New York Times, 12 septembre 1993.
[8] Anthony Lewis, «Abroad at Home; A Chance to Live», The New York Times, 13 septembre 1993.
[9] Edward W. Said, «Intifada and Independence», dans Zachary Lockman et Joel Beinin (dir.), Intifada:
The Palestinian Uprising Against Israeli Occupation, Boston (MA), South End Press, p. 5-22.
[10] Dan Fisher, «Israeli Settlers Kill Arab Girl, 17, at Gaza Protest», Los Angeles Times, 11 novembre
1987.
[11] Avi Raz, The Bride and the Dowry: Israel, Jordan, and the Palestinians in the Aftermath of the June
1967 War, New Haven (CT), Yale University Press, 2012.
[12] Noam Chomsky, Israël, Palestine, États-Unis. Le triangle fatidique, Montréal, Écosociété, 2006,
p. 621-649.
[13] Résolution du Conseil de sécurité de l’ONU 446, 22 mars 1979, "site web".
[14] CIJ, «Conséquences juridiques de l’édification d’un mur dans le territoire palestinien occupé»,
30 janvier 2004, "site web"; Gershom Gorenberg, The Accidental Empire: Israel and the Birth of the
Settlements, 1967-1977, New York (NY), Times Books, 2006.
[15] Danny Rubinstein, Haaretz, 23 octobre 1991. En l’absence de sources pour les passages suivants, voir
Noam Chomsky, World Orders Old and New, New York, Columbia University Press, 1994.
[16] Chomsky, Israël, Palestine, États-Unis, op. cit., chap. 10.
[17] Chomsky, World Orders Old and New, op. cit., p. 261-264.
[18] Dean Andromidas, «Israeli “Peace Now” Reveals Settlements Grew Since Oslo», EIR International,
vol. 27, no 49, 15 décembre 2000; Chomsky, World Orders Old and New, op. cit., p. 282.
[19] Chomsky, World Orders Old and New, op. cit., p. 282.
[20] The Other Front, octobre 1995; News from Within, novembre 1995. Voir aussi Chomsky, World Orders
Old and New, op. cit., et Noam Chomsky, Le pouvoir mis à nu, Montréal, Écosociété, 2002.
[21] Sauf mention contraire, les citations précédentes sont extraites de Lamis Andoni, «Arafat and the PLO
in Crisis», Middle East International, vol. 457, 28 août 1993; et, «Arafat Signs Pact Despite Misgivings All
Around Him», Christian Science Monitor, 5 mai 1994.
[22] Chomsky, World Orders Old and New, op. cit., p. 269.
[23] Youssef M. Ibrahim, «Mideast Accord: Jericho; Where P.L.O. Is to Rule, It Is Nowhere to Be Seen»,
The New York Times, 6 mai 1994.
[24] Chomsky, World Orders Old and New, op. cit., p. 269.
[25] Pour une analyse détaillée des positions de Ross, voir Norman Finkelstein, Dennis Ross and the Peace
Process: Subordinating Palestinian Rights to Israeli «Needs», Washington, DC, Institute of Palestine
Studies, 2007.
[26] Résolution du Conseil de sécurité de l’ONU 242, 22 novembre1967, "site web"; Résolution du Conseil
de sécurité de l’ONU 338, 22 octobre 1973, "site web".
[27] Accord intérimaire israélo-palestinien sur la Cisjordanie et la bande de Gaza, article 11, 28 septembre
1995.
[28] Chomsky, World Orders Old and New, op. cit., p. 248.
[29] Accord intérimaire israélo-palestinien sur la Cisjordanie et la bande de Gaza, article 11, 28 septembre
1995.
[30] Chomsky, World Orders Old and New, op. cit., p. 278.
[31] Hilde Henriksen Waage, «Postscript to Oslo: The Mystery of Norway’s Missing Files», Journal of
Palestine Studies, vol. 38, no 1, automne 2008, p. 54-65.
[32] Voir, par exemple, Edward Said, «Arafat’s Deal», The Nation, 20 septembre 1993; et «The Israel-
Arafat Agreement», Z Magazine, octobre 1993.
[33] Waage, «Postscript to Oslo», loc. cit.
Chapitre 10
[1] Discours d’Hugo Chávez lors de la 61e Assemblée générale des Nations Unies, 20 septembre 2006,
"site web".
[2] «Kissinger Gave Green Light for Israeli Offensive Violating 1973 Cease-Fire», communiqué de presse,
National Security Archive, 7 octobre 2003, "site web".
[3] Nate Jones (dir.), «The Able Archer 83 Sourcebook», National Security Archive, 7 novembre 2013,
"site web".
[4] Jillian Kestler-D’Amours, «Opportunity Missed for Nuclear-Free Middle East», Inter Press Service,
2 décembre 2012.
[5] Sur le bombardement des digues comme crime de guerre, voir par exemple Gabriel Kolko, «Report on
the Destruction of Dikes: Holland, 1944-45 and Korea, 1953», dans John Duffet (dir.), Against the Crime of
Silence: Proceedings of the Russell International War Crimes Tribunal, Stockholm, Copenhagen, 1967,
New York (NY), O’Hare Books, 1968, p. 224-226. Voir également Jon Halliday et Bruce Cumings, Korea:
The Unknown War, New York (NY), Viking, 1988, p. 195-196; Noam Chomsky, Towards a New Cold War:
Essays on the Current Crisis and How We Got There, New York (NY), Pantheon, 1982, p. 121-122.
[6] Oded Granot, «Background on North Korea-Iran Missile Deal», Ma’ariv, 14 avril 1995.
[7] Fred Kaplan, «Rolling Blunder. From the Archives: How the Bush Administration Let North Korea Get
Nukes», Washington Monthly, mai 2004.
[8] Shreeya Sinha et Susan C. Beachy, «Timeline on North Korea’s Nuclear Program», The New York
Times, 20 novembre 2014; Leon V. Sigal, «The Lessons of North Korea’s Test», Current History, vol. 105,
no 694, novembre 2006.
[9] Bill Gertz, «U.S. B-52 Bombers Simulated Raids over North Korea During Military Exercises», The
Washington Times, 19 mars 2013.
Chapitre 11
[1] Yuval Diskin, «Israel Nears Point of No Return on Two-State Solution», The Jerusalem Post, 13 juillet
2013.
[2] Clive Jones et Beverley Milton-Edwards, «Missing the “Devils” We Knew?» Israel and Political Islam
Amid the Arab Awakening», International Affairs, vol. 89, no 2, mars 2013, p. 399-415.
[3] Yonatan Mendel, «New Jerusalem», New Left Review, vol. 81, mai-juin 2013.
[4] Amos Harel, «West Bank Fence Not Done and Never Will Be, It Seems», Haaretz, 14 juillet 2009.
[5] Voir «Les colons israéliens entravent l’accès des Palestiniens à l’eau», Bureau de la coordination des
affaires humanitaires des Nations Unies (BCAH), mars 2012; «Dix ans après l’avis de la CIJ, “le dispositif
de mur et de barrières est intact et la vie des Palestiniens se dégrade à une vitesse alarmante”», BCAH,
9 juillet 2014; «Case Study: The Impact of Israeli Settler Violence on Palestinian Olive Harvest», BCAH,
octobre 2013; Humanitarian Monitor Monthly Report, BCAH, décembre 2012.
[6] «The Humanitarian Impact of the Barrier», BCAH, juillet 2013.
[7] «A Dry Bone of Contention», The Economist, 25 novembre 2010.
[8] David Bar-Illan, «Palestinian Self-Rule, Israeli Security», Palestine-Israel Journal, vol. 3, no 3-4, 1996.
[9] «Obama Calls Israeli Settlement Building in East Jerusalem “Dangerous”», Fox News, 18 novembre
2009.
[10] «Le Conseil de sécurité rejette un projet de résolution exigeant d’Israël la cessation des implantations
de colonies dans le Territoire palestinien occupé», Département de l’information des Nations Unies,
18 février 2011, "site web".
[11] Comptes rendus officiels du Conseil de sécurité des Nations Unies, notes de la 1 879e réunion,
26 janvier 1976.
[12] Noam Chomsky, Dominer le monde ou sauver la planète? L’Amérique en quête d’hégémonie
mondiale, Paris, Fayard, 2004, p. 233.
[13] Marwan Bishara, «Gauging Arab Public Opinion», Al Jazeera, 8 mars 2012.
[14] Joyce Battle, «Shaking Hands with Saddam Hussein, The U.S. Tilts Toward Iraq 1980-1984», National
Security Archive Electronic Briefing Book No 82, 25 février 2003, "site web".
[15] Gary Milhollin, «Building Saddam Hussein’s Bomb», The New York Times Magazine, 8 mars 1992,
p. 30.
[16] Résolution 687 du Conseil de sécurité des Nations Unies, 1991, "site web".
Chapitre 12
[1] Norman Ware, The Industrial Worker 1840-1860, Chicago (IL), Ivan Dee, 1990.
[2] David Montgomery, The Fall of the House of Labor: The Workplace, the State, and American Labor
Activism, 1865-1925, Cambridge (MA), Cambridge University Press, 1989.
[3] Charles Lindholm et John A. Hall, «Is the United States Falling Apart?», Dædalus, vol. 126, no 2,
printemps 1997, p. 183-209.
[4] Montgomery, The Fall of the House of Labor, op. cit.
[5] Alex Carey, Taking the Risk out of Democracy: Corporate Propaganda Versus Freedom and Liberty,
Champaign (IL), University of Illinois Press, 1997, p. 26.
[6] Adam Smith, Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, 1776, Saguenay, Les
classiques des sciences sociales, 2002.
[7] Kate Bronfenbrenner, «We’ll Close! Plant Closings, Plant-Closing Threats, Union Organizing and
NAFTA», Multinational Monitor, vol. 18, no 3, mars 1997, p. 8-14.
[8] Richard B. Freeman, «Do Workers Still Want Unions? More than Ever», Economic Policy Institute,
22 février 2007, "site web"; «In U.S. Majority Approves of Unions, but Say They’ll Weaken», sondage
Gallup, 30 août 2013, "site web".
[9] Richard Fry et Rakesh Kochhar, «America’s Wealth Gap Between Middle-Income and Upper-Income
Families Is Widest on Record», Pew Research Center, 17 décembre 2014, "site web".
[10] «Income and Poverty in the United States: 2013, Current Population Report», U.S. Census Bureau
Publication, septembre 2014.
[11] John Bellamy Foster et Robert W. McChesney, The Endless Crisis: How Monopoly-Finance Capital
Produces Stagnation and Upheaval from the USA to China, New York (NY), Monthly Review Press, 2012,
p. 21.
[12] Sauf mention contraire, les citations précédentes sont extraites de Ware, The Industrial Worker 1840-
1860, op. cit.
[13] Abraham Lincoln, «First Annual Message», 3 décembre 1861, The American Presidency Project,
"site web".
[14] John Stuart Mill, Principes d’économie politique avec leurs applications en philosophie sociale, Paris,
Les Belles Lettres, 2016 [1861], p. 54-55.
[15] G.D.H. Cole, Guild Socialism: A Plan for Economic Democracy, New York (NY), Frederick A. Stokes
Company, 1921.
[16] Lawrence Goodwyn, The Populist Moment: A Short History of the Agrarian Revolt in America,
New York (NY), Oxford University Press, 1978.
[17] Ware, The Industrial Worker 1840-1860, op. cit.
Chapitre 13
[1] Don Shannon, «U.N. Assembly Condemns U.S. Invasion», Los Angeles Times, 30 décembre 1989.
[2] «National Security Strategy of the United States», Maison-Blanche, mars 1990, "site web".
[3] Ibid.
[4] Voir Noam Chomsky, Futurs proches. Liberté, indépendance et impérialisme au XXIe siècle, Montréal,
Lux, 2011. chap. 12.
[5] Ibid.
[6] «U.S. Economic and Industrial Proposals Made at Inter-American Conference», The New York Times,
26 février 1945.
[7] David Green, The Containment of Latin America: A History of the Myths and Realities of the Good
Neighbor Policy, New York (NY), Quadrangle Books, 1971, p. 175.
[8] Ibid., p. vii.
[9] «United States Objectives and Courses of Action with Respect to Latin America», Foreign Relations of
the United States, 1952-1954, Vol. IV, Document 3, 18 mars 1953.
[10] Luis Paiz à Noam Chomsky, 13 juin 2014, propriété de l’auteur.
[11] Dwight Eisenhower, cité par Richard H. Immerman dans «Confessions of an Eisenhower Revisionist:
An Agonizing Reappraisal», Diplomatic History, vol. 14, no 3, été 1990; John Foster Dulles dans un appel
téléphonique à Alan Dulles, «Minutes of Telephone Conversations of John Foster Dulles et Christian
Herter», 19 juin 1958, Dwight D. Eisenhower Presidential Library.
[12] Noam Chomsky, Rogue States, Chicago (IL), Haymarket Books, 2015, p. 114.
[13] Piero Gleijeses, Conflicting Missions: Havana, Washington, and Africa, 1959-1976, Chapel Hill (NC),
University of North Carolina Press, 2003, p. 22.
[14] Noam Chomsky, Dominer ou sauver la planète? L’Amérique en quête d’hégémonie mondiale, op. cit.,
p. 114.
[15] Ibid.
[16] Walter LaFeber, The New Empire: An Interpretation of American Expansion, 1860-1898, Ithaca (NY),
Cornell University Press, 1963, p. 4.
[17] Ernest R. May et Philip D. Zelikow (dir.), The Kennedy Tapes: Inside the White House During the
Cuban Missile Crisis, Cambridge (MA), Harvard University Press, 1997, p. xi.
[18] Noam Chomsky, Futurs proches, op. cit. p. 156.
[19] Somini Sengupta, «U.N. Will Weigh Asking Court to Investigate War Crimes in Syria», The New York
Times, 22 mai 2014.
[20] H. R. 4775, 2002 Supplemental Appropriations Act for Further Recovery from and Response to
Terrorist Attacks on the United States, 107th Congress (2001-02), "site web".
[21] Samuel P. Huntington, American Politics: The Promise of Disharmony, Cambridge (MA), Harvard
University Press, 1981, p. 75.
[22] Stanley Hoffmann, Samuel P. Huntington, Ernest R. May et al., «Vietnam Reappraised», International
Security, vol. 6, no 1, été 1981, p. 3-26.
[23] Justin Elliott et Theodoric Meyer, «Claim on “Attacks Thwarted” by NSA Spreads Despite Lack of
Evidence», ProPublica, 23 octobre 2013, "site web".
[24] James Ball, «US and UK Struck Secret Deal to Allow NSA to “Unmask” Britons’ Personal Data», The
Guardian, 20 novembre 2013.
[25] Frank Newport, «Americans Show Low Levels of Concern on Global Warming», Sondage Gallup,
4 avril 2014, "site web".
[26] Robert S. Eshelman, «The Danger of Fair and Balanced», Columbia Journalism Review, 1er mai 2014.
Chapitre 14
[1] Katie Zezima, «Obama: Plane Crash in Ukraine an “Outrage of Unspeakable Proportions”», The
Washington Post, 18 juillet 2014.
[2] «Explanation of Vote by Ambassador Samantha Power, US Permanent Representative to the United
Nations, After a Vote on Security Council Resolution 2166 on the Downing of Malaysia Airlines Flight 17
in Ukraine», United States Mission to the United Nations, 21 juillet 2014, "site web".
[3] Timothy Garton Ash, «Putin’s Deadly Doctrine», The New York Times, 18 juillet 2014.
[4] Entrevue avec William Taylor par Anderson Cooper, CNN, 18 juillet 2014, retranscription publiée sur
"site web".
[5] United Press International, «Vincennes Too Aggressive in Downing Jet, Officer Writes», Los Angeles
Times, 2 septembre 1989.
[6] David Evans, «Vincennes Medals Cheapen Awards for Heroism», Daily Press, 15 avril 1990.
[7] Ronald Reagan, «Statement on the Destruction of an Iranian Jetliner by the United States Navy over the
Persian Gulf», The American Presidency Project, 3 juillet 1988, "site web".
[8] Michael Kinsley, «Rally Round the Flag, Boys», Time, 12 septembe 1988.
[9] Philip Shenon, «Iran’s Chief Links Aid to Better Ties», The New York Times, 6 juillet 1990.
[10] Dominic Lawson, «Conspiracy Theories and the Useful Idiots Who Are Happy to Believe Putin’s
Lies», The Daily Mail, 20 juillet 2014.
[11] Dilip Hiro, The Longest War: The Iran-Iraq Military Conflict, New York (NY), Psychology Press,
1989.
[12] John Crewdson, «New Revelations in Attack on American Spy Ship», Chicago Tribune, 2 octobre
2007.
[13] Miron Rezun, Saddam Hussein’s Gulf Wars: Ambivalent Stakes in the Middle East, Westport (CT),
Praeger, 1992.
[14] Michael Omer-Man, «This Week in History: IAF Shoots Down Libyan Flight 114», The Jerusalem
Post, 25 février 2011.
[15] Edward W. Said et Christopher Hitchens (dir.), Blaming the Victims: Spurious Scholarship and the
Palestinian Question, New York (NY), Verso, 2001, p. 133.
[16] Somini Sengupta, «Why the U.N. Can’t Solve the World’s Problems», The New York Times, 26 juillet
2014.
[17] Ibid.
[18] Laura Barron-Lopez, «Obama Pushes for “Immediate” Cease-Fire Between Israël, Hamas», The Hill,
27 juillet 2014.
[19] «A resolution expressing the sense of the Senate regarding the United States support for the State of
Israël as it defends itself against unprovoked rocket attacks from the Hamas terrorist organization»,
résolution du Sénat 498, 113e Congrès (2013-2014), "site web".
[20] Frank Newport, «Congress Approval Sits at 14 % Two Months Before Elections», Sondage Gallup,
8 septembre 2014, "site web".
[21] Mouin Rabbani, «Institutionalised Disregard for Palestinian Life», LRB Blog, 9 juillet 2014.
[22] Mads Gilbert, «Brief Report to UNRWA: The Gaza Health Sector as of June 2014», University
Hospital of North Northway, 3 juillet 2014.
[23] Ibid.
[24] Roma Rajpal Weiss, «Interview with Raji Sourani in Gaza: We Are Just Soft Targets: We Are Very
Cheap», Qantara, 16 juillet 2014.
[25] Ari Shavit, «The Big Freeze», Haaretz, 7 octobre 2004.
[26] Conal Urquhart, «Gaza on Brink of Implosion as Aid Cut-Off Starts to Bite», The Guardian, 16 avril
2006.
[27] Jimmy Carter, Palestine. La paix, pas l’apartheid, Paris, L’Archipel, 2007.
[28] Copie archivée du site Web de la Knesset, «Likud-Platform», "site web".
[29] «Israël: Gaza Beach Investigation Ignores Evidence», rapport de HRW, 19 juillet 2006, "site web".
[30] Nathan Thrall, «Hamas’s Chances», London Review of Books, vol. 36, no 16, 21 août 2014, p. 10-12.
[31] Jodi Rudoren et Said Ghazali, «A Trail of Clues Leading to Victims and Heartbreak», The New York
Times, 1er juillet 2014.
[32] Ibid.
[33] «Live Updates: July 7, 2014: Rockets Bombard South, Hamas Claims Responsibility», Haaretz,
8 juillet 2014.
[34] Ibid.
[35] Jason Burke, «Gaza “Faces Precipice” as Death Toll Passes 1,400», The Guardian, 31 juillet 2014.
[36] «Live Updates: Operation Protective Edge, Day 21», Haaretz, 29 juillet 2014.
[37] Jodi Rudoren et Anne Barnard, «Israeli Military Invades Gaza, with Sights Set on Hamas Operations»,
The New York Times, 17 juillet 2014.
[38] «UNRWA Strongly Condemns Israeli Shelling of Its School in Gaza as a Serious Violation of
International Law», UNRWA, 30 juillet 2014, "site web".
[39] Ibid.
[40] «Le secrétaire général en visite officielle au Costa Rica», ONU, "site web".
[41] Barak Ravid, «UN Chief Condemns “Shameful” Shelling of School in Gaza», Haaretz, 30 juillet 2014.
[42] Sudarsan Raghavan, William Booth et Ruth Eglash, «Israel, Hamas Agree to 72-Hour Humanitarian
Cease-Fire», The Washington Post, 1er août 2014.
[43] Document 337 du Conseil de sécurité des Nations Unies, S/1996/337, 7 mai 1996, "site web".
[44] Annemarie Heywood, The Cassinga Event: An Investigation of the Records, Archives nationales de
Namibie, 1996.
[45] Amira Hass, «Reaping What We Have Sown in Gaza», Haaretz, 21 juillet 2014.
[46] «Gaza: Catholic Church Told to Evacuate Ahead of Israeli Bombing», Independent Catholic News,
29 juillet 2014.
[47] «Five Latin American Countries Withdraw Envoys from Israel», Middle East Monitor, 30 juillet 2014.
[48] «Humanitarian Truce Fails and IOF Employ Carpet Bombardment in Rafah Killing Dozens of People»,
Communiqué de presse d’Al Mezan, 1er août 2014, "site web".
[49] Ezer Weizman, discours rapporté dans Haaretz, 20 mars 1972.
[50] Voir Lou Pingeot et Wolfgang Obenland, «In Whose Name? A Critical View on the Responsibility to
Protect», Global Policy Institute, mai 2014, "site web".
[51] Voir Piero Gleijeses, Visions of Freedom: Havana, Washington, Pretoria, and the Struggle for Southern
Africa, 1976-1991, Chapel Hill (NC), University of North Carolina Press, 2013.
[52] Amnesty International, «Israël/Gaza: en fournissant des armes, les pays étrangers alimentent le
conflit», 23 février 2006, "site web".
[53] Barak Ravid, «US Senator Seeks to Cut Aid to Elite IDF Units Operating in West Bank and Gaza»,
Haaretz, 16 août 2011.
Chapitre 15
[1] Wesley F. Craven et James L. Cate (dir.), The Army Air Forces in World War II, t. 5, Chicago (IL),
University of Chicago Press, 1953, p. 732-733; Makoto Oda, «The Meaning of “Meaningless Death”»,
Tenbo, janvier 1965, traduit dans le Journal of Social and Political Ideas in Japan, août 1966, p. 75-84. Voir
aussi Noam Chomsky, «On the Backgrounds of the Pacific War», Liberation, septembre-octobre 1967,
reproduit dans American Power and the New Mandarins: Historical and Political Essays, New York (NY),
The New Press, 2002.
[2] Général Lee Butler, discours devant le Canadian Network Against Nuclear Weapons, Montréal, Canada,
11 mars 1999.
[3] Général Lee Butler, «At the End of the Journey: The Risks of Cold War Thinking in a New Era»,
International Affairs, vol. 82, no 4, juillet 2006, p. 763-769.
[4] Général Lee Butler, discours devant le Canadian Network Against Nuclear Weapons, Montréal, Canada,
11 mars 1999.
[5] McGeorge Bundy, Danger and Survival: Choices About the Bomb in the First Fifty Years, New York
(NY), Random House, 1988, p. 326.
[6] Ibid.
[7] James P. Warburg, Germany: Key to Peace, Cambridge (MA), Harvard University Press, 1953, p. 189;
Adam B. Ulam, «A Few Unresolved Mysteries About Stalin and the Cold War in Europe», Journal of Cold
War Studies, vol. 1, no 1, hiver 1999, p. 110-116.
[8] Melvyn P. Leffler, «Inside Enemy Archives: The Cold War Reopened», Foreign Affairs, vol. 75, no 4,
juillet-août 1996.
[9] Noam Chomsky et Irene Gendzier, «Exposing Israel’s Foreign Policy Myths: The Work of Amnon
Kapeliuk», Jerusalem Quarterly, vol. 54, été 2013.
[10] Benjamin B. Fischer, «A Cold War Conundrum: The 1983 Soviet War Scare», Center for the Study of
Intelligence, 7 juillet 2008, "site web"; Dmitry Dima Adamsky, «The 1983 Nuclear Crisis–Lessons for
Deterrence Theory and Practice», Journal of Strategic Studies, vol. 36, no 1, 2013, p. 4-41.
[11] Pavel Aksenov, «Stanislav Petrov: The Man Who May Have Saved the World», BBC News Europe,
26 septembre 2013, "site web".
[12] Eric Schlosser, Command and Control: Nuclear Weapons, the Damascus Accident, and the Illusion of
Safety, New York (NY), Penguin, 2013.
[13] Bill Clinton, discours à l’Assemblée générale des Nations Unies, 27 septembre 1993, "site web";
secrétaire à la Défense William Cohen, rapport annuel au président et au Congrès, département de la
Défense, Washington, DC, 1999, "site web".
[14] «Essentials of Post-Cold Ware Deterrence», extraits déclassifiés reproduits dans Hans Kristensen,
Nuclear Futures: Proliferation of Weapons of Mass Destruction and US Nuclear Strategy, British American
Security Information Council, Basic Research Report, vol. 98, no 2, mars 1998, appendice 2.
[15] Michael S. Sherry, The Rise of American Airpower: The Creation of Armageddon, New Haven (CT),
Yale University Press, 1987.
[16] Jon B. Wolfsthal, Jeffrey Lewis et Marc Quint, The Trillion Dollar Nuclear Triad: US Strategic
Nuclear Modernization over the Next Thirty Years, James Martin Center for Nonproliferation Studies,
janvier 2014, "site web". Voir aussi Tom Z. Collina, «Nuclear Costs Undercounted GAO Says», Arms
Control Today, juillet-août 2014.
[17] «Remarks by the President at the National Defense University», communiqué de presse de la Maison-
Blanche, 23 mai 2013, "site web".
[18] Jeremy Scahill, Le nouvel art de la guerre. Dirty Wars, Montréal, Lux, 2014, p. 574-575 et 564-565.
Chapitre 16
Chapitre 17
[1] Mark Mazzetti, «C.I.A. Study of Covert Aid Fueled Skepticism About Helping Syrian Rebels», The
New York Times, 14 octobre 2014.
[2] Piero Gleijeses, Visions of Freedom: Havana, Washington, Pretoria and the Struggle for Southern
Africa, 1976-1991, Chapel Hill (NC), University of North Carolina Press, 2013.
[3] Noam Chomsky, Pirates et empereurs. Le terrorisme international dans le monde contemporain, Paris,
Fayard, 2003, p. 134-135.
[4] Kenneth B. Nobel, «Savimbi, Trailing, Hints at New War», The New York Times, 4 octobre 1992.
[5] Isaac Risco, «Mandela, a Loyal Friend of Cuba’s Fidel», Havana Times, 7 décembre 2013.
[6] William M. LeoGrande et Peter Kornbluh, Back Channel to Cuba: The Hidden History of Negociations
Between Washington and Havana, Chapel Hill (NC), University of North Carolina Press, 2014, p. 145.
[7] Résumé des arrêts de la CIJ, «Activités militaires et paramilitaires au Nicaragua et contre celui-ci»,
Nicaragua c. États-Unis d’Amérique, 27 juin 1986, "site web".
[8] Keith Bolender, Voices From the Other Side: An Oral History of Terrorism Against Cuba, Londres,
Pluto Press, 2010.
[9] «End of Year Survey 2013», Sondage WIN-Gallup International, "site web".
Chapitre 18
[1] Jon Lee Anderson, «Obama and Castro Seize History», The New Yorker, 18 décembre 2014.
[2] Documents de John F. Kennedy, Presidential Papers, National Security Files, Meetings and Memoranda
Series, National Security Action Memoranda, National Security Action Memorandum Number 263, John
F. Kennedy Presidential Library and Museum, Boston, Massachusetts.
[3] Michael Glennon, «Terrorism and “Intentional Ignorance”», The Christian Science Monitor, 20 mars
1986.
[4] Département d’État des États-Unis, Office of the Historian, Foreign Relations of the United States,
1961-1963, Document 158, «Notes on Cabinet Meeting», 20 avril 1961, "site web".
[5] Ernest R. May, Seymour M. Hersh et Philip D. Zelikow (dir.), The Kennedy Tapes: Inside the White
House During the Cuban Missile Crisis: The Dark Side of Camelot, Cambridge (MA), Harvard University
Press, 1998, p. 84.
[6] Tacite, Annales, Livre XI, Paris, Gallimard, 1993, p. 258.
[7] Michael R. Beschloss, Taking Charge: The Johnson White House Tapes 1963-1964, New York (NY),
Simon & Schuster, 1998, p. 87.
[8] Lars Schoultz, That Infernal Little Cuban Republic: The United States and the Cuban Revolution,
Chapel Hill (NC), University of North Carolina Press, 2011, p. 5.
[9] Nancy Reagan, My Turn: The Memoirs of Nancy Reagan, New York (NY), Random House, 2011, p. 77.
[10] Bibliothèque nationale des États-Unis, Roosevelt Papers, Theodore Roosevelt à Henry L. White,
13 septembre 1906.
[11] Noam Chomsky, Futurs proches. Liberté, indépendance et impérialisme au XXIe siècle, Montréal, Lux,
2011, p. 67.
[12] William M. LeoGrande et Peter Kornbluh, Back Channel to Cuba: The Hidden History of Negociations
Between Washington and Havana, Chapel Hill (NC), University of North Carolina Press, 2014.
[13] «Statement by the President on Cuba Policy Changes», communiqué de presse de la Maison-Blanche,
17 décembre 2014, "site web".
[14] Sondage CNN-ORC, 18-21 décembre 2014, "site web".
[15] Chomsky, Futurs proches, op. cit., chap. 7; Dennis Merrill et Thomas Paterson, Major Problems in
American Foreign Relations, t. 2, Since 1914, Boston (MA), Cengage Learning, 2009, p. 394.
[16] Noam Chomsky, Deterring Democracy, New York (NY), Hill and Wang, 1991, p. 228.
Chapitre 19
[1] Dan Bilefsky et Maïa de la Baume, «French Premier Declares “War” on Radical Islam as Paris Girds for
Rally», The New York Times, 10 janvier 2015.
[2] Jodi Rudoren, «Israelis Link Attacks to Their Own Struggles», The New York Times, 9 janvier 2015.
[3] Liz Alderman, «Recounting a Bustling Office at Charlie Hebdo, Then a “Vision of Horror”», The
New York Times, 8 janvier 2015.
[4] Steven Erlanger, «Days of Sirens, Fear and Blood: “France Is Turned Upside Down”», The New York
Times, 9 janvier 2015.
[5] Sauf indication contraire, les citations précédentes sont tirées de Steven Erlanger, «Crisis in the Balkans:
Belgrade; Survivors of NATO Attack on Serb TV Headquarters: Luck, Pluck and Resolve», The New York
Times, 24 avril 1999.
[6] Amy Goodman, «Pacifica Rejects Overseas Press Club Award», Democracy Now!, Pacifica Radio,
23 avril 1999.
[7] Roy Gutman et Mousab Alhamadee, «U.S. Airstrike in Syria May Have Killed 50 Civilians»,
McClatchy, DC Bureau, 11 janvier 2015.
[8] David Holley et Zoran Cirjakovic, «Ex-Chief of Serb State TV Gets Prison», Los Angeles Times, 22 juin
2002; «Rapport du procureur sur la campagne de frappes aériennes de l’OTAN», communiqué de presse du
TPIY, 13 juin 2000, "site web".
[9] Floyd Abrams, «After the Terrorist Attack in Paris», The New York Times, 8 janvier 2015.
[10] Richard A. Oppel Jr, «Early Target Of Offensive Is a Hospital», The New York Times, 8 novembre
2004.
Chapitre 20
[1] Jonathan Mahler, «In Report on Rolling Stone, a Case Study in Failed Journalism», The New York Times,
5 avril 2015.
[2] Thomas Fuller, «One Woman’s Mission to Free Laos from Millions of Unexploded Bombs», The
New York Times, 5 avril 2015.
[3] Ibid.
[4] Fred Branfman (dir.), Voices from the Plain of Jars: Life Under an Air War, Madison (WI), University of
Wisconsin Press, 2013.
[5] Ibid., p. 36.
[6] Fuller, «One Woman’s Mission to Free Laos from Millions of Unexploded Bombs», loc. cit.
[7] Thomas L. Friedman, «Iran and the Obama Doctrine», The New York Times, 5 avril 2015.
[8] Ibid.
[9] Enrique Krauze, «Cuba: The New Opening», The New York Review of Books, 2 avril 2015.
[10] David Martosko et Associated Press, «Obama Tries “New Approach” on Cuba with Normalized Trade
Relations and Diplomacy Between Washington and Havana for the First Time in a Half-Century», Daily
Mail, 17 décembre 2014.
[11] Peter Baker, «A Foreign Policy Gamble by Obama at a Moment of Truth», The New York Times, 2 avril
2015.
[12] Jessica T. Matthews, «The Road from Westphalia», The New York Review of Books, 19 mars 2015.
Chapitre 21
[1] Kelsey Davenport, «The P5+1 and Iran Nuclear Deal Alert, August 11», Arms Control Association,
11 août 2015, "site web".
[2] Scott Clement et Peyton M. Craighill, «Poll: Clear Majority Supports Nuclear deal with Iran», The
Washington Post, 30 mars 2015; Laura Mackler et Kristina Peterson, «U.S. Public Split on Iran Nuclear
Deal–WSJ/NBC Poll», Washington Wire, 3 août 2015, "site web".
[3] Philip Weiss, «Cruz Says Iran Could Set Off Electro Magnetic Pulse over East Coast, Killing 10s of
Millions», Mondoweiss, 29 juillet 2015.
[4] Simon Maloy, «Scott Walker’s Deranged Hawkishness: He’s Ready to Bomb Iran During His
Inauguration Speech», Salon, 20 juillet 2015.
[5] Amy Davidson, «Broken», The New Yorker, 3 août 2015; «Former Top Brass to Netanyahu: Accept Iran
Accord as “Done Deal”», Haaretz, 3 août 2015.
[6] Thomas E. Mann et Norman J. Ornstein, «Finding the Common Good in an Era of Dysfunctional
Governance», Dædalus, vol. 142, no 2, printemps 2013.
[7] Helene Cooper et Gardiner Harris, «Top General Gives “Pragmatic” View of Iran Nuclear Deal», The
New York Times, 29 juillet 2015.
[8] Dennis Ross, «How to Make Iran Keep Its Word», Politico, 29 juillet 2015.
[9] Dennis Ross, «Iran Will Cheat. Then What?», Time, 15 juillet 2015; «Former Obama Adviser: Send B-
52 Bombers to Israel», Haaretz, 17 juillet 2015.
[10] Javad Zarif, «Iran Has Signed a Historic Nuclear Deal—Now It’s Israel’s Turn», The Guardian,
31 juillet 2015.
[11] Jayantha Dhanapala et Sergio Duarte, «Is There a Future for the NPT?», Arms Control Today, juillet-
août 2015.
[12] «End of Year Survey 2013», sondage WIN-Gallup International, "site web".
[13] Anthony H. Cordesman, «Military Spending and Armes Sales in the Gulf», Center for Strategic &
International Studies, 28 avril 2015, "site web".
[14] Unclassified Report on Military Power of Iran, département de la Défense des États-Unis, avril 2010,
"site web".
[15] SIPRI Military Expenditure Database, "site web"; Trita Parsi et Tyler Cullis, «The Myth of the Iranian
Military Giant», Foreign Policy, 10 juillet 2015.
[16] Parsi et Cullis, «The Myth of the Iranian Military Giant», loc. cit.
[17] Cordesman, «Military Spending and Armes Sales in the Gulf», loc. cit., p. 4.
[18] Seyed Hossein Mousavian et Shahir Shahidsaless, Iran and the United States: An Insider’s View on the
Failed Past and the Road to Peace, New York (NY), Bloomsbury, 2014, p. 214-219.
[19] William A. Dorman et Mansour Farhang, The U.S. Press and Iran: Foreign Policy and the Journalism
of Deference, Berkeley (CA), University of California Press, 1988.
[20] Pervez Hoodboy et Zia Mian, «Changing Nuclear Thinking in Pakistan», Asia Pacific Leadership
Network for Nuclear Non-Proliferation and Disarmament et Centre for Nuclear Non-Proliferation and
Disarmament, Policy Brief, no 9, février 2014, "site web".
[21] Haroon Siddique, «Bush: Iran “the World’s Leading Supporter of Terrorism”», The Guardian, 28 août
2007.
[22] Peter Bergen et Paul Cruickshank, «The Iraq Effect: War Has Increased Terrorism Sevenfold
Worldwide», Mother Jones, 1er mars 2007.
[23] Somini Sengupta, «U.N. Moves to Lift Iran Sanctions After Nuclear Deal, Setting Up a Clash in
Congress», The New York Times, 20 juillet 2015.
[24] Helene Cooper, «U.S. Defense Secretary Visits Israel to Soothe Ally After Iran Nuclear Deals», The
New York Times, 20 juillet 2015.
[25] Anne Barnard, «120 Degrees and No Relief? ISIS Takes Back Seat for Iraqis», The New York Times,
1er août 2015.
[26] «Happiness Is on the Rise», 30 décembre 2014, Sondage WIN-Gallup, "site web".
[27] James Chace, «How “Moral” Can We Get?», The New York Times Magazine, 22 mai 1977.
[28] Leon Wieseltier, «The Iran Deal and the Rut of History», The Atlantic, 27 juillet 2015.
[29] Shane Harris et Matthew M. Aid, «Exclusive: CIA Files Prove America Helped Saddam as He Gassed
Iran», Foreign Policy, 26 août 2013.
[30] Voir Alex Boraine, «Justice in Iraq: Let the UN Put Saddam on Trial», The New York Times, 21 avril
2003.
[31] Gary Milhollin, «Building Saddam Hussein’s Bomb», The New York Times Magazine, 8 mars 1992.
[32] Robert S. Litwak, «Iran’s Nuclear Chess: Calculating America’s Moves», rapport du Wilson Center,
18 juillet 2014, p. 29, "site web".
[33] Par exemple, David E. Sanger, «Obama Order Sped Up Wave of Cyberattacks Against Iran», The
New York Times, 1er juin 2012; Farnaz Fassihi et Jay Solomon, «Scientist Killing Stokes U.S.-Iran
Tensions», Wall Street Journal, 12 janvier 2012; Dan Raviv, «US Pushing Israel to Stop Assassinating
Iranian Nuclear Scientists», CBSNews.com, 1er mars 2014.
[34] «Contemporary Practices of the United States», American Journal of International Law, vol. 109, no 1,
janvier 2015.
[35] Charlie Savage, «Bush Asserts Authority to Bypass Defense Act», Boston Globe, 30 janvier 2008.
[36] Elaine Sciolino, «Iran’s Nuclear Goals Lie in Half-Built Plant», The New York Times, 19 mai 1995.
[37] Mousavian et Shahidsaless, Iran and the United States, op. cit., p. 178.
[38] «Special National Intelligence Estimate 4-1-74: Prospects for Further Proliferation of Nuclear
Weapons», rapport de la CIA (déclassifié et publié par la National Security Archive de l’université George
Washington), 23 août 1974, "site web".
[39] Roham Alvandi, Nixon, Kissinger, and the Shah: The United States and Iran in the Cold War, Oxford,
Oxford University Press, 2014; Mousavian et Shahidsaless, Iran and the United States, op. cit., p. 178.
[40] Farah Stockman, «Iran’s Nuclear Vision Initially Glimpsed at Institute», Boston Globe, 13 mars 2007.
[41] Dafna Linzer, «Past Arguments Don’t Square with Current Iran Policy», Washington Post, 27 mars
2005.
[42] Samuel P. Huntington, «The Lonely Superpower», Foreign Affairs, vol. 78, no 2, mars-avril 1999.
[43] Robert Jervis, «Weapons Without Purpose? Nuclear strategy in the Post-Cold War Era», recension de
Jan Lodal, The Price of Dominance: The New Weapons of Mass Destruction and Their Challenge to
American Leadership, dans Foreign Affairs, vol. 80, no 4, juillet-août 2001.
[44] Maison-Blanche, «A National Security for a New Century», Homelande Security Digital Library,
décembre 1999, "site web".
Chapitre 22
[1] «2015: It Is Three Minutes to Midnight», Bulletin of the Atomic Scientists, "site web".
[2] «In Greenland, Another Major Glacier Comes Undone», Jet Propulsion Lab, California Institute of
Technology, 12 novembre 2015, "site web".
[3] Hannah Osborne, «COP21 Paris Climate Deal: Laurent Fabius Announces Draft Agreement to Limit
Global Warming to 2C», International Business Times, 12 décembre 2015, "site web".
[4] Coral Davenport, «Paris Deal Would Herald an Important First Step on Climate Change», The New York
Times, 29 novembre 2015.
[5] Coral Davenport, «Nations Approve Landmark Climate Accord in Paris», The New York Times,
12 décembre 2015.
[6] La première primaire républicaine, en Iowa, est largement dominée par les évangélistes. Selon les
sondages effectués dans cet État, «près de six [électeurs républicains] sur dix considèrent le changement
climatique comme un canular. Plus de la moitié se disent en faveur de la déportation des immigrés
clandestins. Six sur dix souhaiteraient abolir l’Internal Revenu Service [agence américaine du revenu, IRS]»
(ce qui reviendrait à offrir un somptueux cadeau aux super riches et au secteur privé). Trip Gabriel, «Ted
Cruz Surges Past Donald Trump to Lead in Iowa Poll», The New York Times, 12 décembre 2015.
[7] Selon les sociologues Rory McVeigh et David Cunningham, l’existence d’une importante section du Ku
Klux Klan dans le sud des États-Unis dans les années 1960 constitue un bon indicateur des habitudes de
vote actuelles des électeurs républicains. Bill Schaller, «Ku Klux Klan’s Lasting Legacy on the U.S.
Political System», Brandeis Now, 4 décembre 2014. "site web".
[8] Shawn Donnan et Sam Fleming, «America’s Middle-Class Meltdown: Fifth of US Adults Live in or
near to Poverty», Financial Times, 11 décembre 2015.
[9] Sewell Chan et Melissa Eddy, «Republicans Make Presence Felt at Climate Talks by Ignoring Them»,
The New York Times, 10 décembre 2015; David M. Herszenhorn, «Votes in Congress Move to Undercut
Climate Pledge», The New York Times, 1er décembre 2015; Samantha Page, «America’s Scientists to House
Science Committee: Go Away», ClimateProgress, 25 novembre 2015.
[10] Giovanni Russonello, «Two-Thirds of Americans Want U.S. to Join Climate Change Pact», The
New York Times, 30 novembre 2015.
[11] Melvin Goodman, «The “War Scare” in the Kremlin, Revisited: Is History Repeating Itself?»,
Counterpunch, 27 octobre 2015.
[12] Aaron Tovish, «The Okinawa Missiles of October», Bulletin of the Atomic Scientists, 25 octobre 2015.
[13] David Hoffman, «Shattered Shield: Cold-War Doctrines Refuse to Die», Washington Post, 15 mars
1998.
[14] Seth Baum, «Nuclear War, the Black Swan We Can Never See», Bulletin of the Atomic Scientists,
21 novembre 2014.
[15] Eric Schlosser, Command and Control: Nuclear Weapons, the Damascus Accident, and the Illusion of
Safety, New York (NY), Penguin, 2013.
[16] Fiona S. Cunningham et M. Taylor Fravel, «Assuring Assured Retaliation: China’s Nuclear Posture
and U.S.-China Strategic Stability», International Security, vol. 40, no 2, automne 2015, p. 7-50.
[17] Au lendemain du soulèvement ayant porté au pouvoir le gouvernement pro-occidental, le Parlement
ukrainien a voté «à 303 voix contre 8 pour mettre fin à la politique de “non-alignement” et renforcer les
liens militaires et stratégiques avec l’Occident, […] autant de pas vers une adhésion à l’OTAN». David
M. Herszenhorn, «Ukraine Vote Takes Nation a Step Closer to NATO», The New York Times, 23 décembre
2014.
[18] Jonathan Steele, recension de Richard Sakwa, Frontline Ukraine: Crisis in the Borderlands, dans The
Guardian, 19 février 2015.
[19] Lauren McCauley, «In Wake of Turkey Provocation, Putin Orders Anti-aircraft Missiles to Syria»,
Common Dreams, 25 novembre 2015.
[20] Michael Birnbaum, «U.S. Military Vehicles Paraded 300 Yards from the Russian Border», The
Washington Post, 24 février 2015, "site web".
[21] Ian Kearns, «Avoiding War in Europe: The Risks From NATO-Russian Close Military Encounters»,
ACA, novembre 2015, "site web".
Chapitre 23
[1] Voir notamment Mark Weisbrot, Failed, New York (NY), Oxford University Press, 2015; David M.
Kotz, The Rise and Fall of Neoliberal Capitalism, Cambridge (MA), Harvard University Press, 2015; Marc
Blyth, Austerity: The History of a Dangerous Idea, New York (NY), Oxford University Press, 2013.
[2] Alison Smale et Andrew Higgins, «Election Results in Spain Cap a Bitter Year for Leaders in Europe»,
The New York Times, 23 décembre 2015, paraphrasant François Lafond, directeur d’EuropaNova. Au sujet
des élections en Espagne sur fond de politique d’austérité néolibérale désastreuse, voir Marc Wesibrot,
«Spain Votes “No” On Failed Economic Policies», Al Jazeera America, 23 décembre 2015, "site web".
[3] Il s’agit d’un thème récurrent des essais progressistes de Walter Lippmann sur la démocratie.
[4] John Shy, A People Numerous and Armed, New York (NY), Oxford University Press, 1976, p. 146.
[5] William R. Polk, Violent Politics: A History of Insurgency, Terrorism and Guerrilla War from the
American Revolution to Iraq, New York (NY), HarperCollins, 2007. Remarquable historien et spécialiste du
Moyen-Orient, Polk s’inspire également de son expérience sur le terrain et aux plus hauts niveaux de la
planification des politiques du gouvernement des États-Unis.
[6] Patrick E.Tyler, «A New Power in the Streets», The New York Times, 17 février 2003.
[7] Bernard B. Fall, Last Reflections on a War, New York (NY), Doubleday, 1967.
[8] Gideon Rachman, «Preserving American Power After Obama», The National Interest, janvier-février
2016.
[9] Jeremy Page et Gordon Lubold, «U.S. Bomber Flies over Waters Claimed by China», The Wall Street
Journal, 18 décembre 2015.
[10] Tim Craig et Simon Denver, «From the Mountains to the Sea: A Chinese Vision, a Pakistani Corridor»,
The Washington Post, 23 octobre 2015; «China Adds Pakistan’s Gwadar to “String of Pearls”», BMI
Research, 26 mai 2011, BMI Research. Plus généralement, Alfred McCoy, «Washington’s Great Game and
Why It’s Failing», TomDispatch, 7 juin 2015, "site web".
[11] Jane Perez, «Xi Hosts 56 Nations at Founding of Asian Infrastructure Bank», The New York Times,
19 juin 2015.
[12] Richard Sakwa, Frontline Ukraine: Crisis in the Borderlands, New York (NY), I.B.Tauris, 2016, p. 55.
[13] Ibid., p. 46.
[14] Ibid., p. 26.
[15] Sur ces questions, l’étude de référence à l’heure actuelle est l’œuvre de Mary Elise Sarotte, 1989: The
Struggle to Create Post-Cold War Europe, Princeton (NJ), Princeton University Press, 2011.
[16] Voir Noam Chomsky, Futurs proches. Liberté, indépendance et impérialisme au XXIe siècle, Montréal,
Lux, 2011, p. 231.
[17] Sakwa, Frontline Ukraine, op. cit., p. 4 et 52.
[18] John J. Mearsheimer, «Why the Ukraine Crisis Is the West’s Fault: The Liberal Delusions That
Provoked Putin», Foreign Affairs, vol. 93, no 5, septembre-octobre 2014; Sakwa, Frontline Ukraine,
op. cit., p. 234-235.
[19] Polk, Violent Politics, op. cit., p. 191.
[20] Richard A. Clarke, Against All Enemies: Inside America’s War on Terror, New York (NY), Free Press,
2004. Pour un exposé plus détaillé, voir le spécialiste du droit international Francis A. Boyle, «From 2001
Until Today: The Afghanistan War Was and Is Illegal», 9 janvier 2016, "site web". Pour d’autres analyses et
sources, voir Noam Chomsky, Dominer le monde ou sauver la planète? L’Amérique en quête d’hégémonie
mondiale, Paris, Fayard, 2004, chap. 8.
[21] Voir H.C. von Sponeck, A Different Kind of War: The UN Sanctions Regime in Iraq, New York (NY),
Berghahn, 2006. Cette étude, d’une importance cruciale, est rarement mentionnée aux États-Unis et en
Grande-Bretagne. D’un point de vue technique, les sanctions ont été administrées par l’ONU, mais elles y
sont décrites à raison comme des sanctions américano-britanniques largement attribuables à Bill Clinton.
[22] Brian Katulis, Siwar al-Assad et William Morris, «One Year Later: Assessing the Coalition Campaign
against ISIS», Middle East Policy, vol. 22, no 4, hiver 2015.
[23] Timo Kivimäki, «First Do No Harm: Do Air Raids Protect Civilians?», Middle East Journal, vol. 22,
no 4, hiver 2015. Voir également Chomsky, Futurs proches, op. cit., p. 291.
[24] Alan J. Kuperman, «Obama’s Libya Debacle», Foreign Affairs, vol. 94, no 2, mars-avril 2015; Alex de
Waal, «African Roles in the Libyan Conflict of 2011», International Affairs, vol. 89, no 2, 2013, p. 365-379.
[25] Peter Bergen et Paul Cruickshank, «The Iraq Effect: War Has Increased Terrorism Sevenfold
Worldwide», Mother Jones, 1er mars 2007.
[26] «Body Count: Casualty Figures After 10 Years of the “War on Terror”, Iraq, Afghanistan, Pakistan»,
Physicians for Social Responsibility, mars 2015, "site web".
[27] Kivimäki, «First Do No Harm», loc. cit.
[28] Andrew Cockburn, Kill Chain: The Rise of the High-Tech Assassins, New York (NY), Henry Holt,
2015; Bruce Hoffman, «ISIS Is Here: Return of the Jihadi», The National Interest, janvier-février 2016.
[29] Polk, Violent Politics, op. cit., p. 33-34.
[30] Scott Atran, «ISIS Is a Revolution», Aeon, 15 décembre 2015, "site web"; Hoffman, «ISIS Is Here»,
loc. cit.
[31] Thomas Friedman invité du Charlie Rose Show, PBS, 30 mai 2003, "site web"; Dan Murphy, «Thomas
Friedman, Iraq War Booster», Christian Science Monitor, 18 mars 2013.
[32] Atran, «ISIS Is a Revolution», loc. cit.
[33] William R. Polk, «Falling into the ISIS Trap», Consortiumnews, 17 novembre 2015, "site web".
[34] Ayse Tekdal Fildis, «The Troubles in Syria: Spawned by French Divide and Rule», Middle East Policy
Council, vol. 18, no 4, hiver 2011, cité par Anne Joyce, Middle East Policy, vol. 22, no 4, hiver 2015.
[35] Sur l’histoire sordide de la politique des États-Unis en matière d’immigration, voir Aviva Chomsky,
Undocumented: How Immigration Became Illegal, Boston (MA), Beacon Press, 2014.
Postface
[1] «Le climat mondial 2011-2015: chaud et fantasque», communiqué de presse de l’OMM, 8 novembre
2016, "site web".
[2] Ben Geman, «Ohio Gov. Kasich Concerned by Climate Change, But Won’t “Apologize” for Coal», The
Hill, 2 mai 2012, "site web".
[3] Coral Davenport, «Donald Trump Could Put Climate Change on Course for “Danger Zone”», The
New York Times, 10 novembre 2016.
[4] Atiq Rahman cité dans Gardiner Harris, «Facing Rising Seas, Bangladesh Confronts the Consequences
of Climate Change», The New York Times, 28 mars 2014.
[5] Avaneesh Pandey, «India Says 330 Million People Reeling Under Severe Drought Triggered By Heat
Wave, Low Monsoon Rains», International Business Times, 20 avril 2016.
[6] Alan Greenspan, «The Revolution in Information Technology», exposé devant la Boston College
Conference on the New Economy, Boston (MA), 6 mars 2000, "site web"; et Alan Greenspan,
«Performance of the U.S. Economy», témoignage devant le Comité économique mixte, Congrès des États-
Unis, Washington, DC, 20 mars 1997, "site web".
[7] Lawrence Mishel, Elise Gould et Josh Bivens, «Wage Stagnation in Nine Charts», Economic Policy
Institute, 6 janvier 2015, "site web".
[8] Lawrence Mishel et Colin Gordon, «Real Hourly Wage Growth: The Last Generation», Economic
Policy Institute, 10 octobre 2012, "site web".
[9] John Schmitt, «The Minimum Wage is Too Damn Low», rapport du Center for Economic and Policy
Research, mars 2012, "site web".
[10] «Jesus Christ’s Return to Earth», Pew Research Center, 14 juillet 2010; Frank Newport, «In U.S., 46 %
Hold Creationist View of Human Origins», Gallup, 1er juin 2012.
[11] Lawrence M. Krauss, «Donald Trump’s War on Science», The New Yorker, 13 décembre 2016.
[12] Bertram Gross, Friendly Fascism: The New Face of Power in America, New York (NY), M. Evans,
1980.
Table des matières
12. «Rien pour les autres»: la guerre des classes aux États-Unis
14. Outrage
– Atossa Araxia Abrahamian, Citoyennetés à vendre. Enquête sur le marché international des passeports
– Normand Baillargeon et Jean-Marc Piotte (dir.), Au bout de l’impasse, à gauche. Récits de vie militante et
perspectives d’avenir
– Franco «Bifo» Berardi, Tueries. Forcenés et suicidaires à l’ère du capitalisme absolu
– Gaétan Breton, La dette. Règlement de comptes
– Gaétan Breton, Faire payer les pauvres. Éléments pour une fiscalité progressiste
– Gaétan Breton, Tout doit disparaître. Partenariats public-privé et liquidation des services publics
– Jean Bricmont, L’impérialisme humanitaire. Droit humanitaire, droit d’ingérence, droit du plus fort?
– Pierre-Luc Brisson, L’âge des démagogues. Entretiens avec Chris Hedges
– Noam Chomsky, Comprendre le pouvoir
– Noam Chomsky, Futurs proches. Liberté, indépendance et impérialisme au XXIe siècle
– Noam Chomsky, L’optimisme contre le désespoir. Entretiens avec C.J. Polychroniou
– Gabriella Coleman, Anonymous. Hacker, activiste, faussaire, mouchard, lanceur d’alerte
– Francis Dupuis-Déri (dir.), Québec en mouvements. Idées et pratiques militantes contemporaines
– Chris Hedges, L’empire de l’illusion. La mort de la culture et le triomphe du spectacle
– Chris Hedges, La mort de l’élite progressiste
– Edward S. Herman et David Peterson, Génocide et propagande. L’instrumentalisation politique des
massacres
– Institut de recherche et d’informations socio-économiques (IRIS), Dépossession: une histoire économique
du Québec contemporain. Tome 1: les ressources
– Razmig Keucheyan, Hémisphère gauche. Une cartographie des nouvelles pensées critiques
– Naomi Klein, Dire non ne suffit plus. Contre la stratégie du choc de Trump
– Naomi Klein, No logo. La tyrannie des marques
– Naomi Klein, Tout peut changer. Capitalisme et changement climatique
– Andrea Langlois et Frédéric Dubois (dir.), Médias autonomes. Nourrir la résistance et la dissidence
– Linda McQuaig, Les milliardaires. Comment les ultra-riches nuisent à l’économie
– Luc Rabouin, Démocratiser la ville. Le budget participatif: de Porto Alegre à Montréal
– Sherene H. Razack, La chasse aux Musulmans. Évincer les Musulmans de l’espace politique
– Jeremy Scahill et l’équipe de The Intercept, La machine à tuer. La guerre des drones
– Jeremy Scahill, Le nouvel art de la guerre. Dirty Wars
– Tom Slee, Ce qui est à toi est à moi. Contre Airbnb, Uber et autres avatars de l’«économie du partage»
– Nick Snircek, Capitalisme de plateforme. L’hégémonie de l’économie numérique
– Astra Taylor, Démocratie.com. Pouvoir, culture et résistance à l’ère des géants de la Silicon Valley
– Lesley J. Wood, Mater la meute. La militarisation de la gestion policière des manifestations
La révision du texte est de Thomas DÉRI
Lux Éditeur
C.P. 60191
Montréal, Qc H2J 4E1
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