Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
OCCIDENT
et
ISLAM
Tome I
SIGEST
Préambule
5
diabolisés à outrance par la surpuissante machinerie médiatique
occidentale. L a C hine libérale communiste et la Russie du
président Poutine - un E ta t qui s’est redressé après soixante-
dix ans de cauchem ar collectiviste, en renouant avec ses racines
chrétiennes1 - sont venus grossir les rangs des maudits aux côtés
de l’islam, sim plem ent parce que ces deux grandes puissances font
potentiellem ent obstacle à l’expansion sans limites de l’emprise
nord-am éricaine. O r cette agressive politique d’encerclement
- endiguement - conduite contre la C hine et la Russie par les
É tats-U nis et ses alliés2 dans ce bras armé qu’est l’Organisation
du Traité de l’A tlantique Nord pourrait bien être l’ombre d’une
guerre mondiale à venir.
1 Pour une analyse sur le rûle de la Russie sous les angles historique, anthro
pologique et géopolitique, lire l ’artielc La Russie, l'Europe et l'O rient, par
Youssef Hindi, in Eurape&Orient, ù paraître en dcc 2015.
2 Voir le livre d 'un des principaux géostratiges am éricains : Zbigniew Brze-
zinskl, l.e k rum l échiquier, 1997-2002.
3 Sur cette stratégie de séduction israélienne en direction de la Russie via l ’A ra
bie Saoudite, voir : Youssef Hindi, op. cit. ; lire aussi sur le site de G eopolin-
tel.fr : /. 'Iran tombera avec ou sans g u e r n , 03/10/2013.
6
Compte tenu de ce contexte géopolitique, il faut souligner
l’aveuglement, la duplicité ou la perversité intellectuelle de la
plupart des analystes, géopolitologues et responsables politiques
occidentaux parmi ceux qui prônent la confrontation armée avec
le monde musulman4. A contrario s’élèvent parmi ceux-ci un
certain nombre de voix qui plaident pour une normalisation avec
la Russie. Il est vrai que l’on ne peut, en permanence, diaboliser
sur tous les fronts à la fois. Qu’en outre le prix de ces politiques
de containment pèse lourd et se fait rapidement sentir. C ’est ainsi
qu’en raison de considérations de pragmatisme géopolitique
une personnalité comme Henri Kissinger5 ou quelques chefs de
gouvernements et ministres européens, ces derniers poussés par la
nécessité économique et la crise du monde agricole, commencent
à renâcler et veulent maintenant reprendre un économiquement
fructueux dialogue avec la Russie... Même si celle-ci ne renonce
pas à ses alliances et à ses partenariats avec l’Iran et la Syrie,
4 Idée tout à fait abstraite en géopolitique, car le monde musulman est divisé
en États et en groupes ethnoconfessionnels très divers, s'étendant sur une
aire géographique allant du Maroc à l’Asie du sud-est. Au demeurant aucun
stratège ne peut désigner un ennemi sans être précis quant à son identifica
tion. Par cette désignation abstraite de l’ennemi, l’on prépare ainsi l’opinion
publique à des guerres sans limites spatiales ni temporelles, cela contre un
vaste ensemble de pays en fonction des circonstances et des besoins géos
tratégiques, des nations n’avant que pour seul point commun l’ islam. L’is
lam désigné à ce titre comme l’ennemi principal. Ce pourquoi l’islam doit
être impérativement diabolisé aux yeux des opinions publiques occidentales.
Nous verrons pourquoi.
5 Henry Kissinger - un très influent géostratège judéo-américain - tente depuis
plusieurs années un rapprochement de la Russie et des États-Unis, en contre
partie d’ un découplage de Moscou d’avec Téhéran. Le 11 mai 2014, sur CNN,
Kissinger déclarait qu’il ne fallait pas isoler la Russie, parce « qu ’il est dans
l'intérêt de tous qu'elle soit maintenue dans le système international ». En
2008, Kissinger, grand stratège, avait de la même façon publiquement tendu
la main à la Russie... sur le dos de l’Iran qu’il désignait comme « un danger
pour le monde environnant », c’est-à-dire pour Israël représentant la totalité
du monde environnant.
7
réputés infréquentables et désigné par les israélo-américains
comme étant des soutiens du “terrorisme international”.
Nous démontrerons que ce sont les idées qui dirigent les hommes,
ce sont leurs croyances, leurs préjugés qui orientent la marche du
monde et non telle ou telle force matérielle comme le croyaient
les prophètes du matérialisme triomphant et d’un monde de
hideuses idoles, fauteurs de toutes les guerres et de tous les
fanatismes sournois et de tous les totalitarismes contemporains.
Youssef Hindi
CH APITRE-I
11
phénom ènes antagonistes ou à de simples successions devène-
m ents aléatoires sans rapports les uns avec les autres7.
Nous pensons que l’H istoire a un sens, tout comme la vie des
individus. L’Histoire, comme to u t ce qui est créé, possède à nos
yeux sa raison d ’être et sa finalité.
12
jusqu’à orienter le cours des choses et à enfermer les hommes dans
unefatalité logique à laquelle ils ne sauraient échapper »8.
Les historiens et les chercheurs n’ont pas pu, ou pas voulu, al
ler plus en amont que l’Angleterre du XVTI' siècle dans leurs re
cherches sur l’origine du sionisme. Une des raisons pour laquelle
l’historien Shlomo Sand, entre autres, n’a pu imaginer une origine
juive à cette idée de restauration d’Israël est que traditionnelle
ment, dans le judaïsme majoritaire, jusqu’à une période récente, le
retour en Palestine des juifs en tant que peuple ou communauté
était strictement interdit.
17
Pour parvenir aux racines de l’idéologie sioniste, nous avons donc
suivi la voie de la tradition mystique juive à l’origine de cette idée
révolutionnaire qu’est le messianisme actif, visant à hâter l’arrivée
du M essie par des actions d’ordre politique en ram enant les juifs
en Terre sainte et aujourd’hui le cas échéant d ’o rdre militaire, par
le déclenchement d’Armageddon [la guerre apocalyptique].
18
Origines et évolution de l'ésotérisme juif
Pour rendre lisible cette histoire complexe des idées, nous allons
porter à votre connaissance les personnages clés du messianisme
actif et de la stratégie du Choc des civilisations ; connaître ces
grandes figures, leurs parcours, leurs pensées et leurs actions, vous
permettra de saisir au mieux la genèse du sionisme, du Choc des
civilisations et le monde actuel.
19
l’on donne à l’ensemble de ces lois et à leurs commentaires,
lesquels constituent un corpus juridique intouchable depuis
sa finalisation.
20
Les origines de la mystique juive sont assez obscures. Comme
le souligne Gershom Scholem20, les savants sont divisés sur la
question, entre la thèse d’une influence iranienne sur le judaïsme
durant la période du second Temple (après le retour d’exil à Ba-
bylone des juifs en 538 av. J.-C .), et une influence grecque. Ce
que nous savons, c’est que la mystique juive s’ébauche à l’époque
où naît le Christianisme, au I" siècle, parmi les juifs de Palestine
et d'Égypte21.
21
public (exclusivementjuif), mais pas avant le Moyen-Age. Ce n’e st que
vers la fin du Moyen-Age que la kabbale commencera à être couram
ment enseignée.
22
Le mot Gnose du grec gnôsis signifie la « connaissance ». L'objectif
de la Gnose est de faire accéder à la connaissance cachée. Or cette
accession à la connaissance n’est possible que par une initiation.
Démarche pour accéder à des degrés supérieurs que l’on retrouve
dans la mystique juive et la franc-maçonnerie, qui permet d’at
teindre le dieu éloigné. Le dieu éloigné est le “dieu bon , inacces
sible - du moins par les non-initiés - et le “dieu proche" est celui
qui a créé le monde matériel, un dieu mauvais incarnant le mal,
appelé Démiurge.
27 Le panthéisme est l’ idée que la création est une émanation de Dieu Lui-même,
qu’ il est à l’ intérieur de sa propre création et que par conséquent. Dieu et Sa
création ne font qu’un. Les émanations de Dieu sont appelées dans la Gnose
les éons. un concept repris par la kabbale. Dans la kabbale ces éons sont
appelés séfirol (pluriel de séfirah).
23
La kabbale reprendra tous les concepts gnostiques e t les intégre
ra à la mystique juive et plus tard, au judaïsme. G ershom Scho-
lem l’expose très clairement en écrivant ceci : « Dès le début, la
kabbale adopta un ésotérisme très proche de l ’esprit du gnosticisme,
lequel ne se limitait pas à l'enseignement de la voie mystique, mais
incluait aussi des idées portant sur la cosmologie, l ’angéologie et la
magie ».28
24
que : « Certains kabbalistes donnent des exemples de l'évolution
historique de leurs idées qu’ils considèrent, dans une certaine me
sure comme dégénérées au vu de la tradition primitive - du fa it de
l’accroissement du nombre des systèmes kabbalistiques - ou comme
une étape d ’un cheminement progressifvers la révélation totale de la
sagesse cachée »32.
25
loi inconnue que les kabbalistes désigneront plus tard comme
la Torah A tzilut.
34 L'époque yaonique correspond ù la période dite des giieonim, qui sont les
maitres talmudistes établissant leur centre i\ Babylone où ils y développèrent
le Talmud de Bab> lone qui supplante le Talmud de Jérusalem.
35 Magie consistant ù « entrer en contact avec Dieu » par l'interm édiaire de
« bons esprits » en les convoquant.
36 Gershom Scholcm, op. cil., pp. 82-90.
26
baie durant cette période la philosophie néo-platoni
cienne.37
40 Le contenu de cette disputatio fut mis par écrit par Nahmanide dans « 1ikuah
haRamban ».
29
certains kabbalistes porteront après lui sur cette question, n’est
pas le fruit du hasard. Ceci s’explique notam m ent par le fait que
le Messie des juifs ne peut régner sur un monde où subsistent
d ’autres grandes religions, quelles soient monothéistes ou non.
E t si elles subsistent, elles doivent être soumises au judaïsm e.
C e qu’explicite sans détour G ershom Scholem lorsqu’il écrit
dans son introduction à la kabbale : « Une fois le judaïsme
rabbinique cristallisé dans la Halakhah1', les forces créatives,
ranimées fa r un nouvel élan religieux - qui ne tentèrent pas ni
ne fir e n t jamais en mesure de modifier le judaïsme halakhique
solidement établi-, trouvèrent à s'exprimer, pour la plupart, dans
le mouvement kabbalistique. Elles œuvrèrent le plus souvent de
l'intérieur, s'efforçant de transformer la Torah pour fa ir e de la loi
du peuple d ’Israël la loi secrète propre à l ’univers et, par suite, à
donner auju if, hassid ou zaddik12, un rôle vital dans le monde. ».43
41 La Halakhah est la Loi du Judaïsme que l’on retrouve dans la Torah et dans
le Talmud. elle représente la tradition suivie par les juifs, qui com m e nous
l’avons vue plus huut, fut définitivement établie à la fin du V siècle lorsque lu
rédaction du Talmud fut achevée.
42 Le hassid est le ju if mystique dit « pieux ». et le zachlik est le «ju ste », les deux
sont des mystiques faisant le lien entre le monde d ’en huut en général et Dieu
en particulier et le monde matériel, servant de guides pour la communauté
juive.
43 Gershom Scholem, « La Kabbale... » op. cit. pages 46-47
30
siste en fin de compte que le judaïsme sous ses divers visages
ou habillages. Ceci explique la double stratégie (dont nous dé
voilerons les origines) employée à l’égard du christianisme et de
l’islam, que l’on peut résumer ainsi : destruction et soumission.
Nahmanide n’a certes pas encouragé les juifs à mener une ac
tion concrète, à retourner d’eux-mêmes en terre sainte, ni même
à faire venir le Messie par une action autre que l’accomplisse
ment des lois de la Torah, mais il a fait naitre des vocations en
« annonçant » que le Messie au commandement de Dieu viendra
vers le Pape et lui demandera la libération de son peuple. Nahma
nide a ouvert la boite de Pandore, qui ne se refermera plus ja
mais. C ’est Abraham Aboulafia qui, le premier, tenta de réaliser
cette « prophétie » de Nahmanide.
31
Abraham Aboulafia (1240-1290)
45 Dans la tradition juive, l’arrivée du Messie, fils de Joseph, doit précéder, an
noncer et préparer l’arrivée du Messie, lils de David, qui doit régner sur le
royaume d ’Israi.1! ainsi que sur le monde.
46 Voir : « L ‘inspiration : le souffle créateur dans les arts, littératmvs cl mys
tiques du Moyen Age européen et proche oriental », Claire Kappler et Roger
Grozelier, Kubaba -A ctes, p. 93.
32
Les messianistes (peu nombreux à cette époque) auxquels
appartenait Aboulafia, virent très tôt - conformément à l’idée
développée par Moïse Nahmanide - dans le monde chrétien
un factotum potentiel, c’est-à-dire un moyen servile, qu’il fallait
absolument amener à accepter et à adopter la vision messianique
juive afin de les soumettre à l’autorité spirituelle d’une invisible
prêtrise, ceci, dès le X IIIe siècle, afin de les amener à conduire le
projet de rétablissement du peuple ju if en Palestine.
L a kabbale espagnole
33
spéculations relatives à la nature de Dieu, thèses audacieuses que
n’avaient pas osé les autres kabbalistes jusque là50.
34
entre autres, qui voulaient créer une œuvre à la portée historique et
sociale, ne furent pleinement atteints qu’au XVI' siècle. De même,
il faudra attendre cette époque pour que l ’esprit eschatologique,
qui prévalait chez, certains en Espagne, soit associé à l ’orientation
fondamentale de la kabbale. Avec l ’expulsion, le messianisme fit
partie intégrante de la kabbale. Les préoccupations des générations
précédentes étaient centrées sur le retour de l ’homme à la source de sa
vie, par la contemplation des mondes d ’en haut, et sur l ’enseignement
de la méthode de ce retour, au moyen de la communion mystique à
sa source originelle ; cette communion constituait un idéal, réalisable
n’importe où et n’importe quand, indépendamment d ’une structure
messianique. A présent, cet idéal se combinait à des tendances
messianiques et apocalyptiques qui mettaient l ’accent davantage
sur le cheminement de l ’homme vers la rédemption que sur son
retour éventuel à l'origine de toute existence en Dieu. Cette
combinaison de mystique et d'apocalyptique messianique transforma
la kabbale en une force historique très puissante... De nombreux
kabbalistes s'efforcent détendre son influence à l'ensemble de la
communauté »s:!.
35
dant, pourquoi et com m ent prend-elle cette forme que décrit
Scholem ?
L’expulsion n’était pas une nouveauté pour les juifs ; avant l’Es
pagne, ils avaient été expulsés d ’A ngleterre (en 1290), de France
(à douze reprises entre 533 et 1724) et de bien d'autres pays.
36
en public n’a été promulgué que pour un temps limité - jusqu'en
1490. Du fa it que nous sommes entrés dans la période dite de “la
dernière génération”, le décret a alors été abrogé et l ’autorisation
accordée... Et, à partir de 1540, la mizvah (le commandement)
essentielle sera de l'étudier en public, vieux et jeunes ensemble, car
c'est cela, et seulement cela, qui hâtera la venue du Messie »34.
37
et la rédemption du peuple juif. U n personnage illustrant cette
apocalyptique est Abraham b. Elézier ha-Levi, installé en 1515 à
Jérusalem, qui se concentra essentiellement sur la diffusion d’une
apocalypse kabbalistique58.
38
Scholem évoque brièvement, sans s’y attarder, un personnage
pourtant très important qui donnera une voie d’accès assez
originale au projet messianique. Lisez attentivement les mots
de Scholem : « L'incidence [de l’apocalypse kabbalistique] la plus
notablefu t l ’agitation qui marqua l ’apparition de David Reuveni
et de son disciple, Solomon Molcho, dont les exposés kabbalistiques
(Sefer ha-Mefo'ar 1529) furent favorablement accueillis par les
kabbalistes de Salonique en Turquie ottomane. Les visions et les
discours de Molcho mêlaient kabbale et incitation à une action
politique à visées messianiques, parm i les chrétiens. Son martyre
(1532) le f it compter par la communauté juive comme l'un des
« saints » de la kabbale. Les mouvements apocalyptiques virent dans
l ’avènement de Martin Luther un nouveau présage, un signe de
l ’effondrement de l ’E glise et de l ’approche de la fin des temps »39.
39
Il convient, avant de poursuivre, de faire un focus sur le maître
de Solomon Molcho. David Reuveni62 est un personnage énig
matique entouré d’un mythe qu’il a forgé ; il serait né à Khaybar,
en Arabie en 1490 (mort après 1535). Il quitte l’A rabie le 8 dé
cembre 1522 pour l’Égypte ; il se rend ensuite (en février 1524)
à Venise où il déclare être l'ambassadeur et le frère du prétendu
roi de Khaybar qui l’aurait envoyé en mission en Europe pour
rencontrer ses dirigeants, parmi lesquels le Pape. Le même mois
il arrive à Rome sur un cheval blanc et obtient une audience
auprès du cardinal Giulio et du pape Clém ent V II. Il alla ensuite
au Portugal (novembre 1525) à la rencontre du roi Jean III qu’il
convaincu de lui offrir des troupes et des armes (huit navires de
guerre et 4 000 canons) pour attaquer les O ttom ans ; mais le Roi,
sur les informations qui lui furent rapportées par l’Inquisiteur de
Badajoz à propos du projet de Reuveni de bâtir une nation juive
en Palestine, rompit sa promesse63.
C ’est dans cette période que Reuveni, qui n’abandonna pas son
projet de guerre contre les O ttom ans, rencontra son disciple sur
qui il aura une influence profonde et par suite sur le projet mes
sianique.
40
Dieu avec une grande dévotion. Il réussit à convaincre quiconque
voulait bien l’écouter que la rédemption était toute proche.
d’amende honorable.
41
Palestine que contrôlait cet empire, dans le but d y installer les
juifs et ainsi hâter la venue du Messie.
65 Voir : Charles Novok, Jacob Frank, le fa itx messie, éd. L'Hurmuttan, 2012,
p p . 116-117.
42
États arabes favorisant le chaos wahhabite et qui a pour rôle de
désigner l’islam comme repoussoir et ennemi à abattre.
43
M olcho ne se découragea pourtant pas, et après sa fuite de
Rome, il alla momentanément en Turquie avant de se rendre
— en compagnie de son maître David Reuveni — auprès de
C harlesV (1500-1558) qui était à cette époque Em pereur du
Saint-Empire romain germanique après avoir été roi d’Espagne.
Ils tentèrent de le convaincre lui aussi de créer une armée de
marranes pour attaquer les ottomans (probablement appuyée par
l’armée de l’e mpereur qui était à la tête de la plus grande puissance
européenne). Ils poussèrent l’outrecuidance à son paroxysme en
demandant à l’empereur de se convertir au judaïsme (aujourd’hui
les dirigeants du monde occidental, à défaut de se convertir au
Judaïsme, vont en pèlerinage à Yad Vashem6', à Jérusalem, avec
une kippa sur la tête en signe de soumission).
Yad Vashem est le mémorial de la Shoah. Centre du nouveau culte profane qui
a remplacé le christianisme en Occident. C ’est bien pour celte raison que Yud
Vashem a été édifié dans la ville sainte des Irais monothéismes.
44
Un siècle avant l’apparition du sabbataïsme au XV IIe siècle et
celle du frankisme au XV III1, un homme tenta de poursuivre
l’oeuvre de Solomon Molcho, un certain Joseph Nassi68 (1524-
1579).
45
Reste que Joseph Nassi est le premier à avoir concrétisé - de
façon éphémère - le projet messianique et en fut indéniablem ent
le précurseur, néanm oins il lui eût fallu pour « rebâtir » le royaume
d ’Israël plus qu’une relation privilégiée avec un pape influençable
ou la confiance de sultans ignorants les finalités réelles du projet
messianique.
46
Origine biblique de la stratégie
du Choc des civilisations
47
« Lange de VÉternel lui d it : Je multiplierai ta postérité, et elle sera
si nombreuse qu'on ne pourra la compter. Uange de l E tem el lui dit:
Voici, tu es enceinte, et tu enfanteras un fils, à qui tu donneras le nom
d ïsm a ël; car VÉternel t'a entendue69 dans ton affliction. » (Genèse,
16:10-11)
48
Les chrétiens dans la Bible hébraïque
« Le Seigneur lui dit : " Deux nations sont dans ton sein, et deux
peuples sortiront de tes entrailles ; un peuple sera plus puissant que
l'autre, et l ’ainé obéira au plus jeune." » (Genèse, 25:23).
49
puissance - supériorité m atérielle - l’E urope obéira au
peuple juif.
50
je marche à la mort ; à quoi me sert donc le droit d'aînesse ? » (Ge
nèse, 25:29-32).
C ’est ainsi que Jacob dupa Esaü qui fut déshérité par son frère
cadet au prix d’un plat de lentilles. L’usurpation ne s’arrête pas
là. Lorsqu’Isaac sentit sa fin approcher, il appela son fils préféré,
Esaü, et lui ordonna de lui apporter un gibier et d’en faire un
ragoût afin qu’il en mangeât et qu’il lui accorde sa bénédiction
(Genèse, 27:3-4). Mais Rébecca, la femme d’Isaac, ne l’enten
dait pas de cette oreille, elle qui préférait Jacob. Elle conseilla
donc à son fils préféré de se faire passer pour Esaü auprès de son
père afin d’obtenir sa bénédiction à la place de son frère (Genèse,
27:8-10). Jacob s’exécuta, et voilà comment il parvint à dépouil
ler son frère de la bénédiction de leur père en plus de son droit
d’aînesse. Or voici la bénédiction que formula Isaac pour son fils
Jacob qu’il prenait pour Esaü :
51
In fin e, si le lecteur peut sourire en lisant ces passages de la
Bible, les rabbins, eux, prennent ces récits très au sérieux, plus
que personne, et s’attacheront à développer une théologie et une
praxéologie autour de la Bible, un texte qui, comme nous le sa
vons maintenant grâce aux travaux d'érudits hébraïsants comme
Richard Friedman74, a été entre le Xe e t le Ve siècle avant Jé-
sus-Christ, très largement manipulé et remanié en fonction des
besoins et des circonstances pour en faire un outil politique et à
présent, avec l’accomplissement du sionisme, un instrum ent et
un projet géopolitique.
74 Voir : Richard Friedman, Qui a écrit la Bihlc ? La prodigieuse quête des au-
leurs de l'Ancien Testament, éd. Exergue, 2007.
52
Dans ce livre Obadia parle exclusivement d’Edom (Esaü) et du
sort qui l’attend ; or voici ce qu’on y lit75 :
Plus loin, il est écrit qu’Israël (la maison de Jacob et de son fils
Joseph) détruira le pays d’Edom (l’Occident) :
53
« E t des libérateurs monteront sur la montagne de Sion, pour sefaire
lesjusticiers du mont dEsaü, et la royauté appartiendra à l Étem el »
(Obadia, 21).
Dans le livre d’un autre prophète, Daniel (qui aurait vécu durant
l’exil à Babylone, entre 588-538 av. J.-C .), il est fait allusion, de
façon symbolique, aux quatre empires auxquels devait faire face le
peuple ju if 6. Parm i eux, l’Em pire rom ain, qui historiquem ent,
est l’origine de l’Europe chrétienne. E t de tout tem ps, tous les
rabbins sans exception sont d ’accord pour dire qu’Edom , Rome,
représente la chrétienté. Dans cette prophétie, D aniel écrit que
tous les empires en question s’effondreront, à savoir, l'Em pire
babylonien, puis l’Empire des Mèdes, suivi de l’Em pire perse et
pour finir l’Empire romain.
54
Le moment est maintenant arrivé de livrer au lecteur les inter
prétations qui ont suivi au cours des siècles ces prophéties, les
quelles sont autant de clefs de décryptage du monde moderne.
L'ensemble des commentaires exégétiques présentés ici ont par
ailleurs et pour objet la fin des temps et la victoire finale d’Israël,
celle-ci ne devant s’obtenir qu’à l’issue d’une grande guerre au
cours de laquelle chrétiens et musulmans doivent s’entredéchirer.
55
Le mot «grande » représente le royaume de Perse qui a grandem ent
mal agi en vendant le peuple d'Israël pour une valeur dérisoire.
Le mot « sur (lui) » représente les ismaélites (les fils d Ismaël, les
Arabes et les musulmans en général) sur lesquels lefils de D avid
(le Messie) grandira comme il est dit dans les Psaumes (132:13-
18):* Car l ’É tem ela fa it choix de Sion. I l l'a voulue pour demeure :
« Ce sera là Mon lieu de repos à jamais, là je demeurerai, carje l ’ai
voulu : Je bénirai amplement ses approvisionnements. Je rassasierai
ses pauvres de pain. J ’habillerai ses prêtres de vêtement de triomphe,
et ses hommes pieux éclateront en cris de joie. Là Je ferai grandir la
corne de David. J'allumerai leflambeau de mon Oint. Ses ennemis. Je
les revêtirai de honte et sur sa tête brillera son diadème »77.
« Le fils de D avid grandira sur les ismaélites » est interprété par les
rabbins comme signifiant que le Messie apparaitra après et par la
ruine (leur destruction) de la descendance d’Ismaël, car c’est au
milieu des Arabes (à Jérusalem) que le Messie fera son apparition.
56
vide et imparfaite. Ils empêcheront lesfils d ’Israël d ’y retourner*3jusqu’à
ce que s'épuise ce mente desfils d ’Ismaël. Lesfils d ’Ismaëlprovoqueront
de dures guerres dans le monde et lesfilsd’Edom (le monde occidental)
se rassembleront contre euxpour les combattre. Ilsferont contre eux une
bataille sur la mer, une sur la terre et une autre proche de Jérusalem.
Les uns auront la maîtrise des autres. Néanmoins, la Terre sainte ne
sera pas conquisepar lesfils d ’Edom. »79
78 Bien évidemment les musulmans n’ont jamais empêché les juifs de vivre
en Terre sainte. Ce qu’entend i'auteur du Zohar par « y retourner » est le
retour de TOUS les juifs pour y refonder le royaume d’Israël. Ce qui, nous
le rappelons a été interdit par la Torah et le Talmud... mais nous ne sommes
plus à une contradiction près.
79 Zohar, parachat Vaéra, p. 32A.
57
Pour résumer, la chrétienté devrait ultim em ent se soumettre au
judaïsme (Genèse, 25:23), lui obéir (Genèse 27:29), puis déchoir
(Obadia, 6-10 et Obadia 17-18), mais pas avant d’avoir livré
des guerres au profit du peuple ju if et de son retour en Terre
sainte. Le règne d’Israël adviendrait de cette façon à l’issue d ’une
grande guerre opposant Occidentaux et musulmans, au cours de
laquelle Edom et Ismaël s’autodétruiront mutuellement (Zohar,
parachat Vaéra, p. 32A). Ce qui aura pour conséquence de créer
les conditions de la venue du Messie (Rabbi Eliezer, Les cha
pitres, chapitre 28).
58
Du messianisme ju if au messianisme
protestant
59
de ce rabbin. Lui aussi fat considéré comme le Messie, fils de Jo
seph, à l’instar d’Aboulafia et de Molcho, à la différence près que ces
deux prédécesseurs (comme bien d'autres) s autoprodamèrent chacun
Messie, fils de Joseph ; Louria au contraire n affichait pas cette préten
tion, du moins, pas en public.
60
Et surtout, qu’entend Scholem lorsqu’il dit que Louria renouvelle
entièrement la kabbale ? Quelles sont, à ce titre, les singularités
de la pensée d’Isaac Louria ?
61
ne la déforme86. Comme nous l'avons dit plus haut, la Gnose fait
partie de la kabbale depuis son origine, mais Isaac Louria va, par
ses spéculations sur la création et les émanations divines de la créa
tion87, accentuer la dimension gnostique de la kabbale.
Pour notre part, nous allons nous concentrer sur ce qui nous
intéresse, à savoir la contribution de Louria au mouvement
messianique, et elle n’est pas des moindres, comme le décrit
Scholem : « La kabbale lourianique instaurait un juste équilibre
entre les spéculations théoriques et la pratique. L ’élément messianique
y est bien plus considérable que dans les autres systèmes kabbalistiques ;
la théorie du tikkun”, en effet, tendait à interpréter globalement le
judaïsme comme une tension messianique intense »90.
62
(étude de la création de l’univers) et cosmologique (étude de la
composition de l’univers) - elles-mêmes liées au sens de l’histoire
(selon lui) - l’élément messianique, comme étant le pivot central de
ce mouvement cosmohistorique.
Mais pour les kabbalistes de Gérone (XIIIe siècle) qui ont pré
cédé Louria, la réparation cosmique doit venir d’en haut, de
Dieu et non pas du peuple juif, contrairement à l’idée de Lou
ria ou à celle de Nahmanide qui fut le premier à développer
l’idée que l’on pouvait ou devait (voir plus bas) hâter la venue
du Messie ; toutefois, Nahmanide n’envisageait aucune action
concrète en dehors d ’une augmentation de la piété des juifs.
Gershom Scholem expose ainsi la conception des kabbalistes
espagnols de la manière suivante : « Les kabbalistes de Gérone
63
soutiennent qu’aussi longtemps que durera l exil\ les Sefirot ne
fonctionneront pas normalement / comme elles se sont repliées vers
la source de leur émanation originelle, Israël manque de puissance
pour adhérer à elles par l'Esprit divin, qui lui aussi est p a rti vers
le haut92. .. Lorsque le peuple j u i f viv a it encore sur sa terre, l'influx
divin descendait d'en hautjusqu'en bas et remontait d'en bas vers en
haut toujours jusqu'à la plus haute Sefirah, Keter... Cest dans ces
mêmes cercles espagnols qu apparut pour la première fois la croyance
en la nature mystique du Messie, qui était supposé consister en une
harmonie des niveaux de création, du plus subtil au plus grossier
d'où il tenait «un pouvoir divin et un pouvoir angélique, un pou
voir humain, un pouvoir végétal et un pouvoir animal» (Azriel
dans « Épitre à Burgos »). Le Messie sera créé par l'action parti
culière de Malkhut93, et du fa it de cette origine, ses facultés de co-
gnition seront élevées au-dessus de celles des anges. Le Zohar adopte
également la position selon laquelle le nœud de la rédemption se
résoudra de lui-même par la conjonction ininterrompue du Tiferet94
et de M alkhut, et que la rédemption d'Israël ne fa i t qu'un avec la
rédemption de Dieu Lui-même dans Son exil mystique95. L'origine
de cette conviction est talmudique et se trouve à la fo is dans le Tal-
mud de Jérusalem, Sukkah, 4, 3 et dans le Midrash, Lév. R . 9, 3 :
«Le salut du Saint, béni soit-il, est le salut d'Israël »96.
91 Nous l’avons expliqué plus haut, les Sefirot sont les ém anations divines par
lesquelles l’univers fut créé, mais aussi par lesquelles l’univers fonctionne.
Ces Sefirot sont au nombre de dix et sont toutes interconnectées et forment
1 arbre de vie. Nous rappelons que ce concept d’émanations divines vient de
la Gnose.
92 On retrouve ici 1 idée gnostique du dieu lointain et inaccessible que la kabbale
reprend.
93 Malkhut est la dixième sefirah.
94 Tiferet est la sixième sefirah.
95 II s agit encore du concept gnostique du dieu lointain, que la kabbale reprend.
96 Scholem, op. cit. p. 270.
64
Les kabbalistes de Gérone, trois siècles avant Louria pensaient
que la réparation cosmique devait venir de Dieu par Sa « ré
demption », et que cette rédemption divine causerait la rédemp
tion d’Israël et par là, son retour en Terre sainte, rétablissant ainsi
ce lien « harmonieux », cette « osmose » entre Dieu et le peuple
ju if qui existait (selon eux) du temps où ils vivaient en Terre
sainte.
65
lorsqu’il mangea le fruit défendu. Il a ainsi donné corps au mal
qui était contenu dans l'Arbre de la Connaissance du bien et du
mal et qui se matérialisa dans le mauvais in stin ct". Lexil d Israël
est lié à ce premier péché d’Adam qui a eu pour conséquence
de disperser les étincelles de sainteté de l’âme d’Adam et de la
Shekinah (présence divine incarnée par le peuple d’Israël). La
mission dlsraël est de réunir ces étincelles et de les relever pour
préparer la rédemption100.
66
Le lecteur se demandera certainement en quoi la différence entre
la conception des kabbalistes de Gérone et celle de Louria au
sujet de la rédemption est importante ; nous répondrons quelle
est d’une importance majeure, car d’une part, la conception du
Tikkun (réparation cosmique) de Louria va doper le messia
nisme, parce quelle énonce l’idée que le peuple ju if est le seul et
unique acteur de sa rédemption, induisant que Dieu est passif,
presque spectateur, et d’autre part, Louria fait du peuple juif le
seul et unique moteur de l’histoire. Non seulement le moteur de
sa propre histoire, mais le moteur de l’histoire de l’Humanité et
de l’univers dans sa totalité, car par son action, le peuple juif, en
plus d’apporter sa propre rédemption, répare le cosmos et « ré
instaure » pour toute l’Humanité (gardons à l’esprit que selon
le Judaïsme les non-juifs constituent une sous-humanité104) le
« paradis » sur terre105.
104 Voir la dimension mystique qu’ont développée les kabbalistes (en particulier
dans le Zohar) sur l’ infériorité de l’âme des non-juifs - infériorité déjà
énoncée par la Torah (nous y reviendrons) : Scholem op. cit. p. 257.
105 Ce paradis terrestre qui doit être atteint après plusieurs phases successives
et progressives est décrit par Moïse Nahmanide ainsi : « Ce n'est qu'au
temps messianique que l'homme retrou\'era cet état paradisiaque dans
lequel il faisait de lui-même ce q u ’il convenait de faire, et où sa volonté
ne se retournerait pas contre lui » (Nahmanide commentaire du Dt. 30, 6),
rapporté par Gershom Scholem op. cit. p. 270.
106 Scholem, op. cit. p. 378.
67
la kelippah, la puissance du mal, et doivent être rachetées. Toutefois,
cette rédemption ne peut être réalisée par une action finale unique,
mais elle s ’effectuera au terme d ’une longue suite d ’a gissements qui
en préparent la réalisation. Ce que les kabbalistes appellent « res
tauration » (tikkun) suppose à la fois le processus qui permettra de
retrouver l ’harmonie - ce qui constitue la tâche essentielle du peuple
j u i f - et le résultatfinal, l ’é tat de rédemption annoncée p a r la ma
nifestation du Messie, qui est le signe de la dernière phase ».107
69
Voilà comment la kabbale —un mouvement qui était vu pendant
des siècles par le rabbinat comme une hérésie dangereuse - devint
finalement, comme les autres grandes innovations introduites par
les rabbins depuis l’Antiquité, partie intégrante de l’orthodoxie
juive. Toutes les communautés juives d’Europe sont gagnées par
la kabbale durant le X V I' siècle, mouvement rapidem ent suivi
par l’arrivée de la kabbale lourianique (dont le messianisme actif
est extrême) au X V II' siècle ; et c’est précisément dans cette
période qu’apparaît le courant restaurationniste en Angleterre. La
question est ici de voir quel est le pont ayant relié le messianisme
actif de la kabbale et le christianisme réformé et plus spécialement
“puritain” ?
La kabbale fait son entrée dans les milieux chrétiens dans la se
conde moitié du XV' siècle112, avant même la réforme protes
tante. C ’est dans cette période qu’a lieu l’expulsion d ’Espagne qui
intensifia le messianisme actif de la kabbale. La kabbale chré
tienne apparaît et se propage dans un premier temps en Italie et
en France aux XV' et X V I' siècles, puis, dès le début du X V II'
siècle le centre de la kabbale chrétienne se déplace en Allemagne
et en Angleterre, deux pays ayant embrassé en partie la doctrine
réformée113. C ’est précisément dans cette période qu’apparaît en
Angleterre un courant protestant faisant la prom otion du retour
des juifs en Terre sainte. Période à laquelle les historiens s’inté-
112 Le nom le plus célèbre de cette kabbale chrétienne du X V siècle est l’italien
Giovanni Pic de La Mirandole (1463-1494), suivi par Johannes Reuchlin
(1455-1522) et d ’autres.
113 Scholem .op. cit. p. 316.
ressant au sionisme ont fait commencer leurs recherches. Au vu
de ce qui précède l’on comprend maintenant comment le messia
nisme actif est soudainement apparu en Angleterre, et pourquoi
seule la piste que nous avons suivie, celle de la mystique juive,
permet de comprendre l'origine du sionisme et du restauration-
nisme protestant.
115 Par la suite est né le m ouvement restaurationniste qui s ’est donné pour
but de rétablir le christianisme dans sa forme originelle. En cela il ne se
distingue guère du wahhabisme dont la foi prétend s’exercer à l ’exacte
imitation (une imitation exclusivement formelle et superficielle) de la vie
du Prophète au-delà d’une simple source d’inspiration (salafiya : terme
qui, au passage, ne f u t utilisé qu 'à partir de la fin du XIX* siècle p a r le
mouvement du réformisme islamique). Le restaurationnism e qui considère
le culte marial comme l ’expression d’une grande apostasie, est surtout pré
sent en Amérique du Nord et a donné le jo u r à plusieurs églises tels les
pentccôtistes, les adventistes, les m orm ons, les Tém oins de Jéhovah. De
cette m atrice est sorti au XIXe siècle le courant dit judéo-chrétien représen
té entre autres aujourd’hui par le mouvem ent Jew s f o r Jésus, lequel vise
à éclairer les chrétiens évangéliques sur les origines juives de leur foi et
réciproquement am ener les Juifs au judaïsm e m essianique et ù leur retour
en Eretz Israël fut-ce au prix d ’un cataclysm e planétaire.
72
lumière et retrouve son ancienne gloire et son ancien salut. » 116.
On croirait lire un rabbin kabbaliste sorti d ’Espagne. Un
autre chrétien mystique, Abraham de Frankenberg, lui écrit
également : « L a vraie lumière émanera des Juifs ; leur temps
est proche. Chaque jour on apprendra de différentes régions les
miracles opérés en leur faveur. » 117. Par l’action de Menasseh
Ben Israël, le projet de construction d’une “civilisation
judéo-chrétienne” dont Molcho fut le précurseur, commence
à avancer à grands pas.
73
britannique The Times, résume ainsi l'œuvre au noir de Cromwell :
« Cromwellfu t l ’un des premiers parmi tes nombreux autres qui, de
puis son époque, sefo n t appeler les chrétiens de l ’A ncien Testament,
dont la rhétorique masque la réalité de l'antichristianisme, puisque
d ’autorité, on ne peut servir à lafois Dieu et Mammon. I l interdit la
célébration dujour de Noël, brûla des églises et assassina des prieurs ».
Il ajoute : « Pour l ’écolier anglais moyen, on ne se le rappelle que
comme l ’homme qui décapita un roi et qui ramena les ju ifs en A n
gleterre ».119
74
puissante économiquement à Amsterdam (place financière
importante où des marchands et banquiers juifs étaient en
position prééminente), pourrait tirer des profits sur le plan
économique et politique. E t Menasseh ne s’en cache pas
vraiment, car il écrit dans sa lettre à Cromwell : « Ma troisième
motivation estfondée sur le profit que récoltera ce common-wealth122
si elle daigne nous recevoir ».
75
s’installer officiellement en A ngleterre, en 1689, le richissime
banquier ju if marrane Francisco Lopes Suasso (1657-1710) joua
un rôle im portant dans l’établissement de Guillaume III sur le
trône d ’Angleterre124.
76
qui aura un fort impact historique qui se fera sentir dès le XIX'
siècle avec les gouvernements de Lord Beaconsfield (Disraeli)
entre 1868 et 1880 et la naissance officielle du mouvement
sioniste international en 1897. À partir de là il convient,
parallèlement au développement du puritanisme judéo-
chrétien vétérotestamentaire, d’examiner maintenant quel rôle
historique et eschatologique le wahhabisme, et le réformisme
islamique dont sont issus les Frères Musulmans, vont jouer,
et de la même manière, au sein du monde islamique. Pour ce
faire, nous allons au préalable mettre en évidence l’infiltration
de l’islam et du christianisme par les mouvements messianiques
apocalyptiques.
CH APITRE-Il
79
pareil dans le monde musulman, avec le financier juif messianique
Joseph Nassi, qui devint habilement le plus proche conseiller de
Soliman la Magnifique et de son fils Selim II.
SabbataïTsevi (1626-1676)
80
Talmud) pour mener une vie d’ascète et de recherche solitaire ;
c’est durant cette période de solitude qu’il étudia la kabbale.
127 Depuis le XVIIIe siècle (en particulier dans le monde ashkénaze), l’étude
de la kabbale n’est autorisée qu’à l’âge de 40 ans, seulement après avoir
étudié la Torah et le Talmud.
128 Gershom Scholem, L a Kabbale, une introduction, origines, thèmes et bio
graphies, p. 381.
81
changeait de temps à autre, mais tous avaient en commun une
prédilection pour les rituels bizarres et les innovations subites...
Dans ses périodes de mélancolie, qui étaient de durées variables, il se
retirait dans la solitude pour lutter contre les puissances démoniaques
par lesquelles ilse sentait assailli et en partie submergé... Commençant
à proférer le Nom de Dieum en public, il est possible qu'il se soit, à
cette époque, proclamé Messie pour la premièrefois (vers 1648) »130.
Scholem ne va pas plus loin, mais notons qu’il est très étrange
que Tsevi parle du Dieu de sa fo i, ce qui sous-entend un dieu
parmi d ’autres, un dieu propre à la foi particulière de Tsevi et
non pas le Dieu unique qui s'impose à tous.
129 Dans la tradition juive, prononcer le nom de Dieu (le tétragram m e YHW H
qui se prononce Yahvé) est interdit.
130 Scholem, op. cit. p. 381.
131 Tiferet signifie ornement.
132 Scholem, op. cit. p. 382.
82
répétées de la Loi, lui valurent detre chassé de Smyrne par les
rabbins, dont son propre maître Joseph Escapa, vers 1651-1654 ;
il erra quelque temps en Grèce et en Thrace, il passa un certain
temps à Salonique (foyer important de la kabbale où avait entre
autres étudié Solomon Molcho) d’où il fut expulsé par les rabbins
pour avoir commis des actes Étranges et bizarres.
83
il célébra les troisfêtes de Pàque, Shuvouot et Soukhot dans lu même
semaine, comportement susceptible de provoquer une certaine hostili
té, mais il alla jusqu’à proclamer l'abolition des commandements et
à prononcer une bénédiction blasphématoire à “Celui gui perm et
ce qui est interdit" ».JJJ
Tsevi était venu dans le but île se voir guéri, mais N athan, qui
voyait en lui le Messie, n'accomplit pus sa tâche de médecin de
l’âme, au contraire, il dépensa son énergie t\ le convaincre qu’il
était véritablement le Miiihln/h (Messie en hébreu).T sevi avait
perdu foi en lui même, Il avait réalisé qu'il était sim plem ent fou
et/ou victime d'attaques démoniaques et cherchait désormais un
moyen île remédier A crin, Mais Nathan Justltia la t'olie de Tsevi
par une interprétation lta liltu llH lli|U t* îles visions « messianiques »
de Tsevi ainsi que par l'Urne piirllriillére du M e s s i e , C ' e s t à partir
de ce moment, el par Natliuu, que les (roubles mentaux de Tsevi
furent intégrés i\ la llgurr du Mi<s*lc, avec comme argument
Cette ruse porta ses fruits, car les populations de la région vinrent
à Nathan physiquement ou lui envoyèrent des lettres afin qu’il
leur indique le moyen de réparer leurs âmes (tikkoun), ceci en
vue de la rédemption.
85
travail de propagandiste en faisant diffuser des légendes et des
rumeurs selon lesquelles lui et Tsevi réalisaient des miracles. Ces
rumeurs parcoururent des distances phénoménales, du M aroc à
l’Allemagne, en passant par l’Angleterre et la Hollande, au cours
de l’été 1665.
86
par sa nouvelle loi - la Torah atzilut devant remplacer la To-
rah beriah aux temps messianiques - et se déclara officiellement
Messie et rédempteur d’Israël.
87
C'est cet entrecroisement de différents éléments dans la constitution
historique du mouvement sabbataïste qui explique sa dynamique et le
caractère explosifde son contenu. »135
88
avec un argument d’une indéniable pertinence : tuer Tsevi ferait
de lui, au regard des juifs, un saint ou un martyr et une nouvelle
religion se créerait. Le mufti n’avait pas tout à fait tort ; mais lui
laisser la vie sauve n’aura eu l’effet que de faire empirer les choses.
Tsevi ne fut pas mené dans un tribunal, mais dans un lieu qui
s’apparentait plus à un cabinet qu’à une cour de justice. Le sul
tan assistait à ces réunions dans une alcôve masquée par une
grille, de façon à ce qu’il voie et entende sans être vu. Il passait
ses ordres, et communiquait avec Tsevi par l’intermédiaire des
membres de la cour.
Ce qui est étrange, c’est l’absence, dans les rapports turcs, de men
tion de la présence dans la cour d’un personnage d’une haute im
portance ; alors que toutes les autres sources le mentionnent. Il
s'agit du médecin du sultan, Mustapha Fauzi, ju if converti à l’is
lam, qui jouissait d’une grande renommée. Scholem rapporte que
ce médecin ju if avait plusieurs noms, dont un mentionné dans un
manuscrit sabbataïste du XVIIe siècle qui donne des élément très
intéressants quant au rôle qu’a pu jouer ce juif converti. Isaac Zafiri
est le nom sous lequel il apparaît dans ce manuscrit, mais curieu
sement, il est connu par ailleurs sous des noms différents, ce qui
nous paraît très suspect ainsi qu’aux yeux de Scholem. D’autant
plus que les autorités ottomanes ont pris soin de ne pas mentionner
ce Isaac Zafiri dans leurs rapports ; pour quelle raison ?
138 Manuscrit Adler 494 (Jewish Theological Seminary o f America, New York)
folio 38a, rapporté par Gershom Scholem dans Sabbataî Tsevi, le messie
Il convient, avant de poursuivre, de replacer le récit dans une
perspective historique : après leur expulsion d’Espagne en 1492,
les juifs restés en Espagne se sont pour la plupart faussement
convertis au christianisme, tandis que les autres o n t quitté le pays
et se sont éparpillés au M aghreb, en Europe et notam m ent en
Turquie, à Salonique. Précisons que durant le X V I' siècle et par la
suite, des m arranes (les juifs hispano-portugais apparem m ent
convertis au christianisme) ont quitté la Péninsule ibérique, à
l’instar de Solomon M olcho qui quitta le Portugal. Lors de ce
mouvement d'émigration, une partie des kabbalistes s’installèrent
en Turquie où se trouvait un centre kabbaliste im portant
(Salonique), ainsi que dans d'autres pays. Ces marranes ont de
toute évidence importé avec eux la culture de la dissimulation
par la fausse conversion, le marranisme135.
90
L’auteur sabbataïste voit en la personne du médecin du Sultan
celui qui put sauver la nation juive ; il fait allusion au rôle qu’au
rait joué le médecin durant le jugement de Sabbataï Tsevi, un
rôle que minimise largement Gershom Scholem, mais qu’il est
difficile de déterminer, tant les récits sont contradictoires. Les
sources chrétiennes parlent d’un jeu auquel se seraient livrés le
médecin du Sultan et Tsevi : le médecin aurait fait mine de né
gocier avec Tsevi afin de l’amener à l’islam, tout en suggérant au
sultan l’avantage d’une telle apostasie (la conversion en masse
des juifs).
91
éminents plusieurs suivirent l’exemple de Sabbataï141. Il fit entrer
plus de 200 chefs de familles juives en islam et qui lui restèrent
secrètement fidèles ; Tsevi les encourageait à rester ensemble
comme une compagnie de combattants secrets142. Nous verrons
plus loin quelle est la nature de ce combat et contre qui il fut
mené.
C ’est ainsi que Sabbataï Tsevi et une partie des sabbataïstes pé
nétrèrent la noblesse turque.
92
fausse conversion de Tsevi : « En agissant ainsi, il se comportait
comme un espion envoyé dam le camp de l'ennemi (l’islam). »143
93
riages avec des vrais musulmans étaient strictem ent interdits)
adoptaient les pratiques musulmanes to u t en restant secrète
m ent fidèles au judaïsm e1'15.
94
l’âge de 24 ans, en 1750Jaco b Frank s’installe à Smyrne, la ville
de naissance de Sabbataï Tsevi ; là il rejoint un groupe de kab-
balistes dirigé par le rabbin Issakhar. En 1752, il se marie à une
juive d’origine ashkénaze, puis, comme Tsevi, il se convertit à
l’islam et se rend à la tombe de Nathan de Gaza à Skopje (en
Macédoine).
95
point de vue du Judaïsme traditionnel ou messianique, comme
l’apprendra à ses dépens Théodore H erzl qui naïvement voulait
créer l’É tat sioniste en Ouganda.
96
En parfaite conformité avec le programme messianique et à la
suite de Solomon Molcho, Frank va chercher à nouer des liens
avec les autorités chrétiennes. En 1757, dans un contexte d'af
frontement avec le rabbinat - qui a condamne les blasphèmes de
Frank et son invitation à violer la Loi - les frankistes se sont mis
sous la protection de l’évêque Dembowski en reconnaissant Jésus
comme Messie (avec quelque ambigüité cependant), ainsi que la
trinité, tout en rejetant le Talmud154.
Jacob Frank
97
D e la même manière que Sabbataï Tsevi et sa femme furent
« parrainés » par le Sultan et sa mère lors de leur conversion à
l’islam, Jacob Frank et ses disciples furent anoblis et pénétrèrent
le haut de l’Europe chrétienne, de l’E st à l’O uest du Continent.
Les frankistes entrent alors dans la noblesse allemande, polo
naise, autrichienne ; par des mariages ils intègrent la famille
royale d ’Angleterre (dans l’entourage de la reine Victoria comme
la famille Battenberg-M ountbatten qui descend du frankiste
comte Maurice Hauke), celle d'Espagne et la cour des Tsars de
Russie - soulignons, entre autres, que la première femme du
Tsar Paul I", la femme d’Alexandre II, puis de Nicolas II, furent
toutes issues de la famille frankiste de Karl de H esseIs8.
Scholem, quant à lui, est plus nuancé et surtout plus subtil que No
vak ; il ne prétend pas que le sabbato-frankisme constitue une rupture
nette dans l’histoire de la kabbale, mais il le désigne comme étant es
sentiellement le produit de la kabbale lourianique. En effet, il explique
que l’élément messianique est bien plus considérable dans la kabbale
lourianique que dans les autres systèmes kabbalistiques par sa théorie
du tikkun qui tendait à interpréter globalement le judaïsme comme
une tension messianique intense. Et cette tension, écrit Scholem, s’est
manifestée tout particulièrement dans le mouvement sabbataïste161.
99
C ontrairem ent à ce que laisse entendre Charles Novak162, ce n’est
pas Isaac Louria et M oïse Cordovero qui sont à l’origine de la
thèse de la rédemption de Satan, car on la trouve dans un traité
- K a f ha-Ketorat - rédigé trente-quatre ans avant la naissance de
Louria163 et vingt-deux ans avant celle de Cordovero.
100
sabbato-frankisme fut l’inéluctable conséquence de l’évolution
de la kabbale, le fruit de l’histoire de la mystique juive dans tous
ses aspects et conséquences tératologiques (déformations mons
trueuses) au plan intellectuel, politique et moral.
165 « Aux serviteurs des idoles, il faut livrer une guerre d ’extermination »
(Deutéronome, 13/16-18). Il ne s'agit pas dans ce verset de convertir les
polythéistes, mais d'exterminer purement et simplement les non-juifs.
101
les valeurs traditionnelles sont anéanties dam le courant de « vie ». I l
propagea ce culte nihiliste sous l ’appellation de • voie vers Esaii » ou
« Edom » (le monde chrétien occidental), incitant à l ’a ssimilation
sans vraim ent y croire, et espérant la miraculeuse renaissance d'un
judaïsme messianique et nihiliste surgissant dans les douleurs de l ’en
fantement d ’un bouleversement universel. Ces conceptions ouvraient la
voie à la fusion entre la dernière phase du messianisme et de la mys
tique sabbataïste d ’une p a rt et, de Vautre, le rationalisme contem
porain et les tendances laïques et anticléricales. La franc-maçonne
rie, le libéralisme, voire lejacobinisme, peuvent être considérés comme
d ’a utres façons de tendre au même but.166 »
102
fera de manière subtile - comme le feront les sabbataïstes au
cœur de l’islam -, en prônant un réformisme religieux, avec en
toile fond la permanence de cette idée : abolir la Loi divine (ou
naturelle) afin d’ouvrir la voie au règne du mal et à la révéla
tion de la nouvelle loi, la Torah Azilut (Torah de l’émanation
qui abolit la Torah Beriah) et à partir de là accéder aux temps
messianiques à l’accomplissement des promesses de domination
universelle contenues dans le corpus de la Bible hébraïque (voir
chapitre IV).
169 Dont le plus célèbre membre Louis (sur lequel nous reviendrons briève
ment), sera nommé à la cour suprême des États-Unis par le Président Wil-
son et jouera un rôle non négligeable dans l’entrée en guerre des Etats-Unis
en 1917.
103
passant par la France, la Grande-Bretagne, la Pologne, voire l'Alle
magne, lefrankisme et ses adhérents, convertis ou non convertis, se sont
répartis aux quatre coins du monde. »170
104
La destruction du christianisme et de l’islam s’est faite d’abord par
l’attaque contre leur dimension spirituelle. En effet, le sabbato-
frankisme s’est employé à vider de leur substance spirituelle, en
grande partie, les deux religions monothéistes. La seconde étape
du programme du Choc des civilisations, une fois la première
accomplie, sera de les détruire sur le plan matériel en envoyant
Edom et Ismaël dans une guerre dont ils ne se relèveront pas.
Nous verrons plus bas comment ce programme qui paraît relever
de la science-fiction s’est traduit hier et aujourd’hui sur le plan
historique et géopolitique.
105
Le rôle historique et eschatologique du
wahhabisme et du réformisme islamique
172 Voir : Sailusle, Les origines secrètes du bolchevisme, paru en 1930, D étem a
éditions, 2014, pp. 82-83.
106
Le wahhabisme
107
H ayet al-Sanad qui le soupçonnent d'athéism e176) —des quatre
écoles juridiques sunnites —de diverses régions comme le Nadjd
(région de l’A rabie centrale d’où est originaire A bd-al W ahhab),
le H edjaz (région de la M ecque et de M édine), le Yémen, ainsi
que les savants sunnites et chiites d’Irak. Par ailleurs, les savants
contemporains de Ibn Abd al-Wahhab lui ont dénié le statut de
savant mujtahid (capable d ’interpréter le Coran) ayant constaté
qu’il ne m aîtrisait pas la douzaine des sciences religieuses né
cessaires177.
108
(le pacte du Nadjd) avec le chef de la tribu des Saoud. Ce pacte
fit des Saoud les porte-drapeaux du wahhabisme et d’Ibn Abd
al-Wahhab ainsi que sa descendance les chefs religieux de la dy
nastie Saoudite ; celle-ci utilisa la doctrine wahhabite en tant que
moyen de conquête et d’appropriation patrimoniale de l’Arabie
- conquête dont résulteront trois royaumes saoudites successifs.
178 Faits rapporté par diverses sources, arabes et étrangères. Voir Redissi op.
cit. pp. 52-53.
109
A bd al-W ahhab et Cromwell ont chacun m ené une révolution
religieuse accompagné d ’une conquête territoriale par laquelle
ils ont imposé par la force des idéologies en tout point fidèles à
l’esprit de la Bible hébraïque - en particulier le Livre de Josué et
le D eutéronome, cinquième livre de laTorah.
179 Voir la liste in Al-Farsy, Custodian o f llie Two H oly M osques : K ing Falid ben
A bdtd Aziz, Chanel Islands : K/ligllt Communications, 2001, pp. 220-228.
Cité par 1-Iamadi Kedissi, Le pacte de Xadjd, p. 215.
110
Tout ceci avec la bénédiction du monde anglo-saxon à la tête
du monde « libre ».
Le réformisme islamique
111
d’O bsdia que nous avons cité précédemment : « les nations seront
comme si elles n'avaientjamais été. » (Obadia, 15-16).
180 Thierry Zarcone, Secret et sociétés secrètes en Islam - Turquie, Iran et Asie
centrale, X l.V -X X ' siècles, éd. Arche M ilano, 2002, p. 7
181 Thierry Zarcone, op. cit., éd. Arche M ilano, 2002, p. 10.
182 T. Zarcone, op. cit. p. 11.
112
libérale de 1876-77 - dont la proclamation, comme pour ce qui
est de la Révolution constitutionnelle iranienne de 1905-06, fut
le fait des sociétés secrètes, de la franc-maçonnerie et des organi
sations para-maçonniques183 - et imposer l’athéisme en Turquie.
Dans leur projet de renversement du sultan ils sont aidés par les
loges maçonniques françaises et italiennes de Salonique, ville
qui abrite les principaux acteurs du complot jeune-turc et qui
fut pendant plusieurs siècles un centre kabbaliste et sabbataïste
important. Ce sont ces mêmes donmeb que l’on retrouve à la tête
de l’Empire ottoman de 1908 à 1918. En 1908 ils restaurent la
constitution libérale, en 1909 ils dotent l’empire de sa première
obédience maçonnique nationale, le Grand Orient ottoman18'1.
113
l’o rganisation des Jeunes-Turc ait gardé son caractère occulte
même après leur prise de pouvoir en 1908.
114
ce en arguant, comme tous les réformistes du XIX ' siècle à nos
jours, que la modernité187 (qui se traduit rapidement en décon
struction voire décomposition sociétale, ainsi que les sociétés
occidentales le constatent ou l’apprennent désormais à leurs
dépens188) ne va pas à l’encontre des fondements de l’islam -
toutefois, il ne sera jamais venu à l’esprit des réformistes, avant
de vouloir adapter l’islam à la modernité, de se questionner sur
celle-ci : ce qu’elle est par essence et surtout quelle est son ori
gine ; plus encore, jamais ils ne suggéreront d’utiliser le corpus
islamique pour comprendre et opérer une saine critique de la
modernité.
187 Pour une définition et une critique de la modernité voir le livre important de
René Guénon, La Crise du monde moderne, 1927.
188 Voir les travaux fondamentaux sur la décomposition sociétale de Jetm*
Claude M ichéa, L ’empire du moindre mal : essai sur la civilisation libé
rale, éd. Clim ats, 2007.
115
parfaitement lorsqu’il écrit : « Mais l'islam et le soufisme sont
aussi et surtout des instruments qui servent le projet de Malkun
Khan ; il est avant tout le partisan d'une « religion de l'hum anité »
que l ’on peut apparenter à la « religion naturelle » de Rousseau
dont les juifs, les chrétiens, les musulmans et les païens ne seraient
que les * hérétiques et les schismatiques ». I l décide, ainsi que le
suggère N ikki Keddie, de • diffuser cette religion parce q u ’il
pense qu'elle p o u rra it présenter les idées occidentales a ux
Iraniens en des termes religieux qui rendraient celles-ci plus
acceptables »185. M onde et religion à l’arrivée sans Dieu puisque
c’est l’humanité qui se trouvera déifiée. Religion athée do n t les
grands prêtres constitueront la caste sacerdotale des « D roits
de l’Homme » ...1,ü
116
en France ; parmi ses membres se trouvent le richissime frankiste
converti au catholicisme Franz-Thomas von Schônfeld, le
Prince du Liechtenstein, le ministre autrichien de la Justice,
le comte de Westenburg, le comte Joachim von Thun und Taxi, le
futur Roi de Prusse Frédéric-Guillaume II et de grands banquiers
juifs comme Isaac Oppenheimer ou Eskeles, mais aussi le rabbin
d’Ukraine Barouch Ben Jacob de Skhlov, ancien juge rabbinique
de Minsk” 2.
192 Celte loge fut fondée sur la kabbale et les secrets snbbataïstes par les frères
ncker von Eckofl'cn et un sabbataïste du nom de Azaria. Com me le sou
ligne N ovak, tous les secteurs d ’activité y sont représentés : la politique,
les révolutionnaires, la littérature et la musique avec Beethoven. Il ajoute
que cette loge frankiste ament: les cliréticns t) « revenir » aux racinesjuives
pour casser le dogme tle l'Église catholique qui n 'a de cesse de séparer
ju ifs et chrétiens, ceci dans un esprit syncrétique propre à consolider le
mythe du judéo-christianism e qui est un moyen, comme nous l’ avons mon
tré, de soumettre in fine le christianisme au judaïsm e. C. Novak, Jacob
Frank, le faux messie, pp. 123-132.
193 T. Zarconc, op. cit. p. 122.
117
par diverses sources194. A l-Afghani est un iranien issu de la no
blesse, un cosmopolite, un intriguant qui accède avec aisance aux
hautes sphères de la société. Il se fit passer pour un afghan (d ’où
le nom d’emprunt Afghani) pour mieux s’intégrer en Turquie. Il
y émigre en vue de réformer l’islam sunnite (M alkun s était attelé
à réformer l’islam chiite). Il s’installe en Égypte en 1871, là son
influence s’é tend avec le nombre croissant de ses disciples. M ais
en 1879 il en est chassé, car il est mêlé à des activités obscures
qui mènent à une crise politique.
195 Ïo '/V l o i" ? .L1aurens> 1 ' ° ric'" a m b e■Arabism e cl islam ism e de 1798 à
1945 1993, éd. Armand Colin p. 90. Henry Laurens est docteur, agrégé
histoire et fan autorité dans le domaine de l’histoire du m onde arabe 11
occupe par ailleurs la chaire des études arabes au Collège de France.
118
l'Être suprême - et non par sa propre volonté comme il l'a prétendu.
Une fois sur le trône, le khédive Tawfik renvoie l ’agitateur en Inde
(1897). De là, Use rend à Paris où il est rejointpar son protégéAbduh,
lui aussi exilé, mais à Beyrouth. Usfondent en 1884 Al-Jrwa al- Wit-
hqa (Le Lien indissoluble ou L'Anseferme), en même temps qu'un ma
gazine qui sera de courte durée (13 mars-16 octobre 1884) et ime société
secrète. A Paris et à Londres, Afghani mène des négociations avec les
Anglais sur l'avenir du Soudan, avec la complicité de Wilfrid Blunt.
En 1886, Afghani est conseiller du shah d'Iran, Nasr Eddine. Il sefait
expulser en 1891 parce qu’il s'est opposé au fait que le shah envisageait
d'accorder la concession du tabac à une compagnie étrangère. De retour à
Istanbul^Constantinople], ilfinit sa vie en invité d'honneur-enfait,
en otage —du calife d’IstanbulAbdul-Hamid, qui se méfie de son esprit
conspirateur. Sur la base d ’archives, Elie Kedourie estformel : Afghani,
« le gentleman de Kaboul », n'a cessé, sa vie durant, d'offrir ses services
aux Turcs, aux Anglais, aux Russes.
119
étrangers, une a u t r e pour satisfaire aux goûts du public musulman à
coup de simplifications grossières. Inconstant, il fa it ce qu'il ne dit pas
et d it ce qu'il nefa it pas. Agnostique [c est-à-dire athée], il se laisse
aller à l ’inspiration du moment. Organique, il fa it corps avec la plèbe
dont il sefa it le porte-parole sincère de ses amours trahies et de ses lu
bies. I l sait s’a ttirer lafaveur despuissants, quitte à les désavouer»19*.
120
nom d’Avicenne, et bien d’autres ; de plus, c’est aux scientifiques
musulmans que revient la paternité de la science expérimen
tale, au développement de toutes les sciences « profanes » (de
l’astronomie à la géologie en passant par les mathématiques, la
physique ou encore la médecine) et d’innombrables inventions.
Un héritage repris en totalité par l’Europe de la Renaissance qui
peu à peu dépouilla de sa dimension spirituelle la science pour la
conduire progressivement vers le rationalisme et le matérialisme,
avant d’être finalement utilisée contre le christianisme200. Afgha-
ni ne pouvait pas ignorer que l’islam a suscité une civilisation qui
a porté la raison et la science à leur plus haut degré. Quelle était
alors la motivation d’Afghani ? Nous allons le comprendre.
121
bi sayf al-din) »201. Le projet est clair : détruire l’islam de l’inté
rieur en utilisant des voies et moyens apparem ment musulmans,
à l’instar de M alkun Khan avant eux.
201 rePro(*u‘te >n Kedourie, p.45. Rapportée par Redissi, op. cit. pp. 161-
122
En 1899, Abduh devient grand mufti d’Egypte ; il essaye ensuite
d’imposer des réformes à l’université d’Al-Azhar, le centre intellec
tuel de l’islam sunnite. Soutenu pas les autorités anglaises, il tente de
modifier tant le contenu des programmes d’Al-Azhar que son organi
sation interne204. Une véritable tentative de subversion de la plus im
portante, mondialement parlant, des universités sunnites et par voie de
conséquence de l’islam lui-même ; programme officiel du mouvement
réformiste qui s’apparente, et ce n’est pas un hasard, au réformisme
protestant, mais toujours sous couvert d’un retour aux sources (origi
nelles). Un tour de passe-passe rhétorique qui séduit beaucoup de mu
sulmans désireux d’épouser la modernité, qui veulent s’excuser d’être
des croyants ou qui cherchent une alternative à l’islam « traditionnel ».
123
tout d’abord que dans les années 1920, les disciples d A bduh se
divisent en deux grandes tendances ; une tendance « douce » à
laquelle appartient R achid Ridha, et une tendance plus « dure »
qui adhère ouvertement à l’idéologie w ahhabite. La tendance
douce ne rejette toutefois pas le w ahhabisme, au contraire, elle
le justifie et le réhabilite206.
124
rapidement sa veste en faveur de ses financiers, les Saoud, qui
sont les ennemis des chérifs. Il attaque alors violemment les ché-
rifs, qu’il insulte et traite d’athées20B. Au final, il soutiendra de
toute son autorité la création du royaume wahhabite des Saoud
(1932)209.
125
Très vite, la confrérie d ’H assan al-B anna est pointée du doigt
comme étant un groupe d ’innovateurs, autrem ent d it une secte
sortant de l’islam qui, com m e les w ahhabites, tente de créer
une cinquième école jurisprudentiellc en sus des quatre que
compte l’islam sunnite210. Ces accusations ne seraient restées
que des diffamations si elles reposaient sur du néant. A u reste,
ces gens laissent toujours des traces, com m e le fait rem arquer
H am adi Redissi : « L a lecture attentive des Mémoires d 'A l-B a n -
na révèle quelques fa its troublants. Outre l ’allégeance au chef et le
culte du secret, que dire, par exemple, de ce signe de reconnaissance
sectaire qui réunit les Frères dans une confraternité propre aux loges
(maçonniques) : une bague en argent au p e tit doigt de la main
droite, formée de dix facettes ? Le nombre 10 renvoie aux « dix
commandements ». Un artisan parcourt les cellules des Frères, m uni
d ’un instrument approprié pour s'assurer de la taille des doigts des
militants, qui prennent, eux, l'engagement de ne pas se défaire de
la bague acquise à titre onéreux. Les recommandations internes aux
militants sont aussi au nombre de 10, le premier étant le port du
signe (la bague), le septième te secret, le dixième l ’affiliation per
manente... Al-Banna a sûrement subjugué ses troupes pa r un mé
lange de charisme et de mystagogie (initiation au secret). Sur la fo i
d un éducateur qui a assisté à une scène inquiétante, a m p lif iée par
la rumeur publique, il est accusé, un peu comme Ibn A b d a l-w ah-
hab, de fausse prophétie. »2n.
126
de la Bible dans certaines loges maçonniques) et un revolver212
(l'équivalent de l’épée dans les loges européennes et du poignard
chez les Jeunes-Turcs). Le rite d’initiation des Frères musulmans
est quasi-similaire à celui des Jeunes- Turcs213.
212 Tém oignage de Anouar cl-Saddate, rapporté par Philippe Aziz, Les .sectes
secrètes de l ’Islam, de l'ordre des assassins aux Frères musulmans, 1983,
éd. Robert LalToni, p. 263.
213 Thierry Zarcone, Secret et sociétés secrètes en Islam, pp. 85-86.
214 Redissi, op. cit. p. 237.
127
musulman »21S. Comme ils l’avaient fait auparavant avec les ikhwan
écrasés par les britanniques et les Saoud en 1928, ces derniers
lâchent les Frères musulmans. Toutefois, le Q atar prendra vite le
relai en soutenant les Frères tout particulièrement en Egypte et en
Tunisie ; d’ailleurs, la grande figure de la Confrérie, Yusuf A l-Q ar-
daoui, vit au Qatar depuis 40 ans, pays d’où il lançait jusqu à une
période récente des prêches enflammés via la chaîne Al-Jazeera.
128
En juillet 1953, une délégation des Frire musulmans est invitée aux
États-Unis, et reçue à la Maison-Blanche, parmi eux Saïd Rama
dan217
217 Une photo de Saïd Ram adan dans le bureau ovale en compagnie du pré
sident Dwight Eisenhower est disponible sur internet.
218 Voir l’ article de Ian Hamel, Quand la CIAfinançait les Frères musulmans.
Le Point, 06/12/2011.
219 Voir la présentation du C IL E : http://www.ciIecenter.org/fr/vision-inission/
L e véritable rôle que joue T arik Ram adan échappe évidemment
à toutes ses critiques (qu’ils soient m usulm ans ou non) et ce,
po ur plusieurs raisons : la principale é ta n t qu ils ig norent les
origines et les finalités du réformisme islamique et plus encore
son rapport au w ahhabisme ; ce à quoi s ajoute le fait qu ils ne
savent pas où situer cet héritier des M alkun, A fghani, A bduh et
Ridha... T arik R am adan n’étant en réalité que le dernier maillon
de la chaine des réformistes.
130
Conclusion
131
T out ceci, nous le verrons plus bas, joue et jouera en faveur de ce
projet messianique - dont nous avons dévoilé les origines et la
finalité - que l’on appelle le sionisme.
CHAPITRE-III
133
venant abolir l’ancienne, notamment via des loges maçonniques.
Le sabbato-frankisme va de cette façon donner naissance à un
athéisme qui servira d ’habillage aux idéologies m essianiques
et leur donnera une apparence m atérialiste. N éanm oins elles
restent essentiellement et profondément enracinées dans la ka
bbale. Nous montrerons à la fin de ce premier ouvrage com m ent
le sionisme, que l’on croit généralement être une idéologie athée,
révèle à l’occasion sa nature messianique, ce qu’il a dorénavant
déjà commencé à faire.
Sans entrer trop ici dans les détails d’un sujet qui sera traité dans
un prochain ouvrage, disons que l’athéisme moderne issu du mou
vement sabbato-firankiste et qui a mûri au cours du XIXe siècle,
est, aussi étrange que cela puisse paraître, tout sauf non-religieux
puisqu’il s’agit d’un messianisme intégral. Mystique qui prendra
d’ailleurs des formes inédites selon les courants, sectes et tendances
du judaïsme contemporain220.
220 Telle la conception suivant laquelle le peuple j u if serait, selon la thèse dé
fendue par Salluste (auteur du livre Les origines secrètes du bolchevism e),
a ui meme son propre messie. Cette thèse que nous rejoignons partielle
ment, m enterait d’être approfondie et discutée en plaçant ce q u ’appelle
Salluste le « néo-messianisme » dans un contexte historique et dans la pers
pective de a longue évolution historique de la kabbale et du m essianism e
(ce que Salluste n a pas fait) ; approfondissem ent que nous ferons à une
autre occasion.
134
(l'équivalent du Démiurge pour la kabbale, le seul ange pouvant
se tenir face à Dieu et s’asseoir sur Son trône) ; ce dieu (mauvais)
régnant sur le monde matériel s’oppose par principe à Dieu qui
est Lui transcendant.
221 Seulement 3 % des ju ifs qui fuirent les pogroms de cette époque allèrent en
Palestine ottomane ; proportion qui ne cessera d ’augmenter, tout particulière
ment après la Seconde Guerre mondiale, au profit du projet sioniste. Shlomo
S and, Comment le peuple ju if fu t inventé ?, p. 351.
135
et dont beaucoup parlaient des langues différentes, qu ils appar
tenaient à un même peuple.
L a nécessité d ’u ne historiographie ju iv e
136
histoire globale du peuple juif avant le XIX' siècle, ce qui semble
témoigner de la part des juifs eux-mêmes d’un certain désintérêt
pour cette question... les différentes communautés juives vivant
séparées les unes des autres et se trouvant éparpillées aux quatre
coins de la Terre. Au début du XVIII' siècle un théologien et his
torien protestant, du nom de Jacques Basnage, entreprit de pour
suivre l'œuvre de Flavius Josèphe dans son livre, L ’Histoire de la
religion desjuifs depuisJe'sus-Christjusqu’à présent12*.
Dans cet ouvrage il insiste sur le statut de victime des juifs afin
d’attaquer la papauté - déclarée ennemie des Eglises réformées
- et y développe l’idée que seuls les protestants peuvent amener
(amicalement) les juifs à la conversion au christianisme et donc à
la rédemption. Ce livre de Basnage inspirera Isaak Marcus Jost,
premier historien ju if à écrire une histoire générale des israélites
en 1820 (un siècle après Basnage). Son ouvrage323 en 9 tomes
ne débute qu’avec le royaume de Judée. Toute étude sur l’origine
des Hébreux est éludée. On ne trouve donc toujours pas dans la
première moitié du X IX' siècle, sous la plume du premier auteur
juif écrivant sur l’histoire des juifs, la conscience d’un peuple ho
mogène, ni d’idée de nation juive à part entière. Il avait comme
les autres juifs de son époque, et précédemment, une conception
religieuse et culturelle des communautés juives vivant au milieu
des peuples.
137
Heinrich Graetz
226 Heinrich (Hirsch) Graetz, G eschlclitederJuden von den àlleslen Zeilcn bis
a u fd ie Gegemvart (1853-1876), Leipzig, O. Leiner, 1909.
138
créer un État juif hors du territoire germanique. Mais Graetz n’a
jamais émis l’idée de la création d’un État juif et fut coincé par
cette contradiction majeure de sa pensée qui le fit s’enfuir (au
figuré) devant les arguments de Treitschke227.
227 Voir la controverse entre Graetz et Treitschke dans : Shlomo Sand. op. cit.
pp. 119-121.
228 Nous renvoyons par exemple au Deutéronome : « Si l'Eternel vous a pré
férés, vous a distingués, ce n 'est pas que vous soyez plus nombreux que les
autres peuples, car vous êtes le moindre de tous, c 'est parce que l'Eternel
vous aime...» (7:7-8) ; «L'étranger, tu peux le contraindre (à rembourser)
; mais ce que ton frère aura à toi. que ta main l ’abandonne.» (15:3) ; «
Tu anéantiras donc tous les peuples que te livre I ’Eternel. ton Dieu, sans
laisser ton œil s ’attendrir sur eux.» (7:16). Nous reviendrons plus en détail
sur cette question dans le tome II.
139
À ce titre il est loisible de désigner Graetz comme celui qui
aura fait sortir les lois tribales juives hors de la communauté hé
braïque pour faire du sionisme un projet laie « acceptable >►
Nous avons, plus haut, montré comment les banquiers et juifs enri
chis ont pris leurs quartiers en Angleterre au milieu du X Y II' siècle
et mis sur le trône Guillaume 111. Cette influence, à la fois religieuse
et politique du Judaïsme sur l’Angleterre, apparaîtra clairement
pendant et après la Première Guerre mondiale. Les Rothschild,
puissante famille de banquiers juifs, se sont, comme déjà dit, instal
lés à Londres à la fin du XVIII' siècle, métropole d’où ils joueront
un rôle capital dans l’avènement du sionisme.
MO
Mayer Amschel Rothschild (1744/1812), trésorier du faux
messie kabbaliste Jacob Franck (voir supra), achète des
terres en Palestine (Rishon Lezion) en vue d’y installer des
coreligionnaires (comme Joseph Nassi avait prévu et commencé
de le faire au XVI'siècle). En effet, durant cette même décennie,
un premier mouvement sioniste, appelé les « Amants de
Sion », organise l’émigration de juifs en Palestine230. En 1899,
Edmond de Rothschild transfère 25 000 hectares de terres
agricoles palestiniennes et les colonies qui s’y trouvaient, à la
Jewish Colonization Association dont il poursuivra par la suite le
financement. Plus tard, en 1924, il achètera à nouveau 50 000
hectares de terrain.
Théodore Herzl
141
aurait abusé de grands dirigeants de ce monde image d Épinal
réduisant la politique internationale à une vulgaire partie de po
ker menteur - pour se faire ouvrir les portes des chancelleries et
des palais.
232 Voir : Alain Dover, Théodore Herzl, 1991, Albin M ichel, pp 88-89
233 Bover, ibid. p. 89.
142
Herzl aurait ainsi menacé le Kaiser : « Si notre travail n'abou
tit pas, des centaines de milliers de nos partisans rejoindront d'un
seul coup tes partis révolutionnaires ». Toujours selon le grand
reporter britannique, Herzl aurait, dans une politique du bâton
et de la carotte, dit au grand-duc de Bade qu’il diminuerait la
propagande révolutionnaire en Europe à proportion du soutien
que son ambition territoriale recevrait de la haute autorité. Lors
qu’il rencontre le tsar de Russie, Herzl lui aurait tenu les mêmes
propos234.
Théodore H erzl
Herzl a-t-il véritablement tenu ces propos ? Quoi qu’il en soit, c'est
bien ce qui se passa : la révolution frappera la Turquie en 1905 puis
en 1908, et la Russie en 1905 et en 1917, l’Allemagne fat atteinte à
son tour en 1918 avec la défaite.
Nous l’avons dit plus haut (cf. Shlomo Sand), les révolutions
d’Europe centrale et de Russie sont le fait, en grande partie, de
juifs (un fait reconnu et admis de nos jours par les intellectuels
israéliens233), tandis que la révolution de Turquie fut menée par
143
les Jeunes-Turcs, aussi appelés dônmeh dont nous avons mis en
lumière la trajectoire et qui sont, nous le rappelons, les descen
dants des disciples de l’illuminé kabbaliste et pseudo messie,
Sabbataï Tsevi (1626-1676), celui-ci s’étant faussement conver
ti à l’islam afin de parvenir à pénétrer l’aristocratie ottomane.
H enry Laurens, historien et spécialiste du M oyen-O rient, nous
apprend que Lénine a soutenu le Jeune-Turc M ustafa Kemal
(1881-1938) dans sa lutte armée contre les Alliés et tout au long
de sa prise du pouvoir en Turquie236.
diot Aharonot, 21/12/2006. Relayé par le site d’inform ation israélien Israël
Opinion - Ou les déclarations récentes du président Poutine.
236 Laurens, op. cit. p. 183 et Orner Kûzim in « L 'aventure kém aliste suivi de
Angora et Berlin ». Paris, 1924. Réédition Sigest 2015.
237 Pape Pie X, le 25 janvier 1904, Cité du Vatican.
144
niste mondiale, réuni à Bâle en 1905, décrète que le foyer national
juif sera installé en Palestine, alors territoire de l’Empire otto
man. Comment ce congrès a-t-il pu décréter l’installation des
juifs en Palestine alors que les autorités ottomanes y ont interdit
l’immigration de juifs étrangers (bien que cet interdit ne soit pas
tout à fait respecté) ? La Porte s’opposa à cette immigration, car
elle percevait clairement la volonté des juifs sionistes de recréer
le royaume d’Israël338.
145
Palestiniens, méfiants, rejettent les pourparlers de leurs voisins
arabes avec les sionistes. De leur côté, les sionistes négociant à la
fois avec les O ttom ans et avec les Arabes contre ces derniers, ne
vont pas plus loin2'", certainement parce que se profile la grande
catastrophe dont ils tireront profit à l’Est comme à l’O uest.
lempts 1913-1931, Londres, Frank Cass, 1983, p. 24. Voir L aurens on cit
pp. 146-147.
241 Laurens, op. cit. p. 147.
242 Negib Azoury, Le Réveil de la nation arabe dans l'A sie turque, Paris, 1905,
I 45 ' 9, “ U P,im d action des sionistes »■ Cilë par Laurens op. cit. pp. 144-
146
souvent incapables d’anticiper quoi que ce soit ; ils nous proposent
des interprétations superficielles qui ne permettent pas de saisir le
sens réel des événements, lesquels ne sont que la partie émergente
de mouvements et de forces historiques souterrains presque
toujours multiséculaires.
147
La Première Guerre mondiale a opposé en effet d un côté la
G rande-B retagne, la France, l'Italie et la Russie tsariste —
après la révolution bolchevique dite d O ctobre 1917 (dans
le calendrier julien le 7 novembre correspond au 25 octobre), la
Russie signa un Traité de paix séparé à B rest L itovsk le 3
mars 1918 - et de l’autre, l’Em pire germ anique, l’E m pire aus
tro-hongrois et l’Em pire ottom an. B enjam in H arrisson Free-
dman rapporte qu’alors que la G rande-B retagne en 1916 est
en difficulté, acculée par l’Em pire germ anique et sur le p o in t
de signer l’armistice proposé par le Kaiser, une délégation sio
niste (d’Allemagne) se rend en G rande-B retagne, au British
War Cabinet (le C abinet britannique de la G uerre) po u r pro
poser un marché à celle-ci.
C ’est en 1961 que cet épisode a été relaté par Benjamin H arrison
Freedman (1890-1984), homme politique et homme d ’affaires
juif américain, au cours d ’une conférence sur le sionism e à
l’hôtel W illard de W ashington. Freedman raconte : « Les sio
nistes, à Londres, sont allés au British War Cabinet, et leur ont dit
regardez, vous pouvez encore gagner cette guerre, vous n'avez pas
besoin d abandonner; vous n'avez pas à accepter les négociations pro
posées par l ’Allemagne. Vous pouvez gagner cette guerre si les É tats-
Unis entrent en guerre en tant qu’alliés". Les États-Unis n'étaient
pas encore entrés en guerre. Les sionistes dirent aux Anglais : ''nous
vous garantissons de ramener les États-Unis dans cette guerre et de
combattre à vos côtés, si vous nous promettez la Palestine après que
vous ayez gagné la guerre”...»2*. D ’après Freedman, cette pro
messe daterait d’o ctobre 1916.
148
Ce récit correspond-il à la réalité historique ? Chaïm Weiz-
mann (1874-1952), qui présidait l’Organisation sioniste mon
diale (à partir de 1920) et qui devint le premier président de
l’État d’Israël (en 1948), fut très actif durant la Première Guerre
mondiale. Dans cette période il fut très proche du gouverne
ment britannique, pour qui, en tant que chimiste, il élabore une
formule pour la fabrication d’explosifs. Mais il n’était pas qu’un
simple chimiste, il joua aussi un rôle diplomatique important.
Weizmann prétendait, à raison, détenir, comme le souligne
Henry Laurens, une influence considérable sur les Américains
et la Russie bolchevique (la révolution bolchevique, comme
nous l’avons dit précédemment, sources à l’appui, fut de façon
incontestable essentiellement conduite par des juifs). Laurens
ajoute que Weizmann utilisait de façon constante cette grande
influence24'1.
Une influence que les sionistes ont su traduire en actes comme l’a dé
crit Freedman ; les États-Unis, qui n’avaient aucun intérêt dans cette
guerre, sont venus à l’aide des Britanniques en déclarant la guerre
à l’Allemagne le 2 avril 1917, six mois après l’accord conclu entre
les Britanniques et la délégation sioniste. La promesse des sionistes
ayant été tenue avec l’entrée en guerre des États-Unis, sept mois plus
tard, jour pour jour, le 2 novembre 1917, fut publiée la déclaration
Balfour. Cette déclaration est une lettre d’Arthur James Balfour
(1848-1930), ministre des Affaires étrangères britannique (et proche
de Chaïm Weizmann) faite au banquier Lionel Walter Rothschild
(1868-1937), dans laquelle il promettait la création d'un foyer juif en
Palestine. Nous retrouvons encore et toujours les Rothschild sur la
149
route du sionisme, Lionel Walter Rothschild étant le représentant de
la Fédération sioniste anglaise.
151
Le premier découpage du Proche-Orient et la création dufoyer ju if
Quelques sheikhs des Arabes nous ont déclaré leur désir de se libé
rer du pouvoir turc, tandis que d'autres fortifient maintenant la
force de nos armées avec le tranchant de leurs épées. Quant à ceux
parmi vous qui ont de la sympathie pour nous, mais qui craignent de
faire connaître ce qui est dans leurs cœurs, pour eux nous avons à dire
ce qui suit :
Vous désirez connaître nos buts en ce qui concerne votre noble reli
gion. Eh bien, sachez que les Anglais ont toujours ménagé la religion
musulmane avec le plus grand respect et l ’ont toujours estimée. L'his
toire est leplus grand témoin de la vérité de ce que nous disons.
153
C’est pourquoi nous n'avonsjamais cessé de secourir le sultan de 'Tur
quie et nous avons donné de plus en plusforts témoignages d am itié et
de sympathie. Maintenant pourtant quelques-uns de ses ministres l ’o nt
poussé à nier toutes les bonnes actions que nous avonsfaites pour lui et
à se déclarer contre nous après une longue et sincère amitié mutuelle,
de sorte que rien ne lui reste que de se soumettre à leurs mauvais pro
cédés et d ’accepter ce qui s'est passé. Notre politique est cependant une
politique de vrai respect et d'amitié pour l ’islam et les musulmans, et
elle ne subira pas la moindre altération.™»
248 Revue du momie masii/mo», Vol. XLVI, août 1921, p. 12-14. C ité par Henry
Laurens, L'O rient arabe. Arabism e et islam ism e de 1798 à 1945 pp 149-
150.
249 L’accord fut rendu public en 1919 parle s Bolcheviques après l'ouverture et
la divulgation des archives impériales russes.
154
contenu de votre lettre et c'est avec un grand plaisir queje vous com
munique en son nom la déclaration suivante que, j'en ai confiance,
vous recevrez avec satisfaction.
Avec cette modification, et sam causer de tort avec nos traités exis
tants avec des chefs arabes, nous acceptons ces limites.
4’ D'un autre côté il est compris que les Arabes ont décidé de rechercher
l ’avis et la direction de la Grande-Bretagne seule, et que les conseil-
155
lers européens et lesfonctionnaires qui peuvent être nécessaires pour la
formation d'une bonneforme d'administration seront britanniques.
Je suis convaincu que cette déclaration vous assurera sans doute pos
sible la sympathie de la Grande-Bretagne envers les aspirations de ses
amis les Arabes et qu'il en résultera uneferme et durable alliance dont
les premiers résultats seront l ’e xpulsion des Turcs des pays arabes
et la libération des peuples arabes du jo u g turc, qui a, pendant de si
nombreuses années, pesé lourdement sur eux »2j0.
250 Texte anglais dans Antoine Hokayem et M arie Claude Bitar, L ’Empire
ottoman, les Arabes et les Grandes puissances 1914-1920, Beyrouth, les
Editions universitaires du Liban, 1981, p. 9-11. C ité par Laurens, op.’ cit.
pp. 151-152.
251 Voir Laurens, op. cit. pp. 153-155.
156
nation multiethnique (Perses, Arabes,Berbères,Turcs,etc...),l’Ou-
mma, la Communauté des croyants. Dès lors les nations arabes
sont tombées dans le piège du nationalisme, lequel n’est rien d’autre
qu’un retour au tribalisme, mais à plus grande échelle. Les Arabes,
en dehors de la civilisation musulmane et de son organisation po
litique qu’est le califat, ne sont rien d’autre que des tribus s’entredé-
chirant perpétuellement. Et jusqu’à ce jour, ils ne l’ont pas compris !
Ce qui suivra est très bien résumé par Henry Laurens : « Les vues
252 L’accord de Sykes-Picot est en totalité rctranscrit dans : Laurens op. cit. pp. 155-156.
253 Ernest Dawn, Front Ottomanism lo Arabisai, Univereity o f Illinois Press,
pp. 76-77. Henry Laurens op. cit. pp. 158-159.
157
politiques des Hachémites (les chérifs du H edjaz) sont encorefloues.
E n ce gui concerne la Péninsule arabique, ils prétendent à une sorte de
primauté d'honneur parmi les chefs de la Péninsule, en quelque sorte
une confédération arabe dont ils seraient à la tête. Pour les provinces
arabes de l'Empire ottoman., leurs positions sont du même ordre : les
fils du chérifpoussent à la constitution d'une série d'États arabes.
158
combattants ju ifs25’ , et en parallèle, des colons juifs sionistes
servent d’espions derrière les lignes ottomanes en Palestine256.
255 Le "m ule corp” de Jabotinsky, futur fondateur du groupe terroriste Irgoun
- auteur des attentats anti-anglais, et aussi futur créateur de Tsahal qui est
le résultat de la fusion entre autres, de l'Irgoun et l’ Haganah (organisation
paramilitaire sioniste).
256 Laurens, op. cit. p. 163.
257 Laurens, op. cit. p. 165.
258 Laurens, op. cit. p. 184.
159
Au mois de décembre 1918, le fils du chérif Hussein, Fayçal,
rencontre W eizmann à Londres et signe un accord daté du 3 jan
vier 1919, selon lequel les juifs pourront immigrer en Palestine
et aux termes duquel les paysans palestiniens seront protégés et
conserveront leurs droits. C e texte fut rédigé par T.E Lawrence
d’Arabie.
L a Conférence de Versailles
« Je m aperçois, Votre Altesse, alors que vous réclamez sans cesse l'in
dépendance pour la Syrie, que je ne vous ai jam ais entendu deman
der que la Palestine soit indépendante. La Palestine n'est donc pas
arabe ? » A. quoi Fayçal répondit : « Votre Excellence, chaque fois
quej ai demandé l indépendance pour la Syrie, j'a i senti du côté bri
tannique —de Lloyd Georgejusqu'au plus humble desfonctionnaires
anglais - quony répondaitfavorablement. Promettez-moi, en votre
259 Voir le détail de ces accords in Henry Laurens op. cit. pp. 173-174.
160
qualité de ministre des Affaires étrangères de France, de répondref a
vorablement à ma demande d ’indépendance de la Palestine, etje vous
promets de ne pas quitter votre bureau avant d ’avoir réclamé, aussi
fort queje lepourrai que la Palestine soit indépendante. » Pichon ne
donna pas suite 26°.
161
les juifs sionistes instrumentalisént une puissance étrangère dans
l’intérêt de la réalisation du projet messianique.
Le rêve d’un grand E tat arabe vendu par les Britanniques aux
Arabes s’est éteint, il ne s’agissait que d’un mirage, une illusion
et un mensonge, mais le virus du nationalisme arabe continuera
à diviser les Arabes, après avoir divisé le Proche-O rient, pour le
plus grand bonheur des sionistes. Les Britanniques, q uant à eux,
se sont épuisés économiquement sans tirer les profits escomptés
sauf à très court terme. A l’échelle du siècle ce sont en effet les
sionistes qui en ont récolté les fruits.
162
Du foyerjuifà l ’E tat d ’I sraël: la dialectique laïcité et messianisme
Pendant les années 1920, le foyer juif reçut, en plus de l’aide bri
tannique, de l’argent de grandes fortunes juives américaines. Un
certain nombre de juifs de Russie à qui la Grande-Bretagne ac
corda des visas d’immigration s’installèrent en Palestine264. L’on
voit à cette époque les fonds des communautés juives de l’Ouest
financer les contingents de juifs socialistes issus du Bund265 ve
nant grossir la population juive en Palestine, migrants envers
lesquels, d’ailleurs, se montrent hostiles les communistes juifs
palestiniens ; le 1" mai 1921, éclatent entre eux des incidents et
des heurts qui vont durer trois jours266.
163
ne peuvent pas le comprendre, enfermés qu’ils sont dans leur
étroit domaine de spécialisation.
experts touche à sa fin. N otre m onde est en train de basculer dans une
nouvelle ère, l’ère véritablem ent postm odem e, et du fait que les experts
ne peuvent ni anticiper ni com prendre l ’ère au sein de laquelle nous nous
avançons, ils disparaîtront. Les théologiens chrétiens et m usulm ans
(en dehors de quelques exceptions) s ’étant éloignés des études eschatolo-
giques, les seuls - parce que le m onde est dirigé par des idées et non des
forces m atérielles —qui anticipent le m onde de dem ain sont les savants du
judaïsm e rabbinique. L'ère du matérialism e obtus est à son crépuscule, si
bien que le soleil est appelé à se lever très vite sur une ère « m ystique ».
269 Laurens, op. cit. p. 227.
164
De Londres à Manhattan
165
interne de 1948, le chef du D épartem ent d ’analyse stratégique
George Kennan écrivait : « Soutenir les objectifs radicaux du
sionisme politique se fera au détriment des objectifs de sécurité
que les États-Unis se sont fix é s au M oyen-O rient »2' 2. L analyse
pertinente de Kennan a été ultérieurem ent confirm ée par
l’Histoire. Après avoir utilisé l’Empire britannique jusqu’à sa
chute, désormais les sionistes se servent des É tats-U nis qu ils
m ènent vers un inéluctable effondrement273.
166
poursuivie ; en 1956 la guerre est facilement gagnée contre
l’Egypte à qui Israël prend le Sinaï (qu’il a dû rendre depuis
aux termes des accords de Camp David). Le Premier ministre
Ben Gourion, dans cette logique d’expansion et pour apaiser
les alliés européens, proposa à la France et à la Grande-Bre-
tagne de partager la Jordanie entre Israël et l’Irak et l'octroi à
Israël d’une partie du Liban et du détroit du Tiran275.
Attitude conciliante qui n’a pas empêché Israël de mener des ac
tions hostiles contre son propre grand ami américain : en 1954 des
agents israéliens tentaient de faire sauter plusieurs cibles améri
caines en Egypte, dans le but de semer la discorde entre Washing
ton et Le Caire276. Durant la guerre de 6 jours en 1967 - engen
drée par la stratégie israélienne de surenchère sur le front syrien277
- Tsahal conquiert la Cisjordanie, dont Jérusalem-Est, la bande
de Gaza, le Golan syrien et la péninsule du Sinaï appartenant à
l’Egypte. Alors que les États-Unis ne voulaient pas s’en mêler -
du fait de la menace de l’Union soviétique alliée de la Syrie et
de l’Égypte - les Israéliens tentèrent de les y faire entrer de vive
force (nous anticipons la provocation prochaine d’un affronte
ment entre Russie et USA suivant le même schéma et au profit du
projet sioniste) en frappant le navire de reconnaissance américain
USS Liberty (une analogie avec les attentats 11 septembre 2001
ne serait pas exagérée comme nous le verrons au chapitre suivant)
qu’ils voulurent faire passer pour une attaque égyptienne contre
les États-Unis278, comme en 1954. C ’est ce qu’on appelle de nos
jours afalsefag attack, une attaque sousfaux drapeau.
167
La Syrie, qui voulait récupérer le Golan et l’Égypte sa partie du
Sinaï2” , lancent le 6 octobre 1973 (jour de la fête juive du Yom
Kippour, le G rand Pardon) une attaque surprise et coordonnée
contre Israël (l'Égypte attaque par le Sinaï et la Syrie par le G o
lan). Les Égyptiens sont contraints à la reddition et la Syrie pour
suit la guerre afin de récupérer le Golan, mais sans succès. Un
cessez-le-feu est signé le 28 octobre 1973.
279 Bennv M orris. R ig h teo m l'iclims, p. 387. C ité par M earsheim er cl Walt,
op. cit. p. 99.
280 Voir les différentes analyses et citations d ’intellectuels et de dirigeants israéliens
rapportées par Mearsheimer et Walt op. cit. pp. 97-98. Voir aussi l’accord secret
168
Le but final de ces guerres successives et de l’agressivité chro
nique d’abord du Foyer juif puis d’Israël, est la construction du
Grand Israël. Le projet du sionisme étant basé sur la Bible qui
définit assez précisément, du Nil à l’Euphrate, les frontières du
Royaume d’Israël.
169
n’est pas sur tout le territoire. Le reste nous reviendra avec le temps.
I l lefa u t» ™ .
En voici la carte :
283 C itations rapportées par Flapan, Birih o f Israël, p. 22 ; Avi Shlaim , lron
Wall, p. 21. Cité par M earsheim er et Walt, op. cit. pp. 106-107.
284 Uri Ben Eliezer, Vie Making ofIsraeli Xtililarism, Indiana University Press, Bloo-
mington, 1998, p. 150. Cité par Mearsheimer et Walt, op. cit. p. 107.
170
Le grand Israël biblique repris p ar Théodore Herzl (1904) et par le Rabbi
Fischmann (1947)2a
Reste une question : comment Israël parviendra-t-il à réaliser
ce projet grandiose ?
285 Dans ses mémoires, Vol. 2, p. 711, Théodore Herzl dit que les frontières du
futur État d ’ Israël doivent s ’ étendre « Du fleuve d'Egypte à l'Euphrate ».
Le Rabbi Fischmann, membre de l’A gence Juive pour la Palestine, a décla
ré dans son témoignage au Com ité Spécial d ’ investigation de l’O NU du 9
juillet 1947 : « La Terre Promise s'étend du fleuve d 'Egypte à l'Euphrate.
Elle inclut une partie de la Syrie et du Liban. » . Carte rapportée par Israël
Shahak dans sa traduction du Plan O ded Yinon (voir plus bas).
171
I
CHAPITRE-IV
173
Le livre de Josué, modèle et matrice de la
conquête sioniste
174
Dans le Deutéronome (cinquième livre de la Torah, au cha
pitre 32, versets 3 à 5) Dieu promet et ordonne la chose suivante
à Josué par la bouche de Moïse :
« L'Eternel, ton Dieu, marche lui-même devant toi ; c'est lui qui
anéantira ces peuples devant toi pour que tu les dépossèdes.
Josué sera ton guide, comme /'Eternel l ’a déclaré. E t le Seigneur
les traitera comme il a traité Sihôn et Og, roi des Amorréens, et
leurpays, qu’il a condamné à la ruine. I l mettra ces peuples à votre
merci ; et vous procéderez à leur égard, en tout, selon l'ordre queje
vous ai donné » (Deutéronome, 32:3-5).
287 II est évident que le livre de Josué est un livre falsifié ; nous ne présenterons ici
qu’ un exemple mais qui est flagrant : lorsque la conquête de Josué se termine,
il est écrit qu’après celle-ci. c ’est Moïse qui attribua chaque pan aux tribus des
enfants d'Israël et que de plus il se tenait de l’autre coté du Jourdain {Josué,
13:29-33) : alors que Moïse est mort dans le désert avant que Josué et Israël
n’ entrent en Terre promise et après avoir dit que Dieu lui avait annoncé qu’ il
ne verrait pas la Terre promise et qu’ il ne passerait jam ais le Jourdain (Deuté
ronome, 31:1-2).
175
L’on trouve au Chapitre 6 du Livre de Josué288 le récit de la
conquête de la première cité telle que le D eutéronom e l’o rdonne.
C ’est un génocide pur et simple. U n massacre sans pitié des
hommes, des femmes, des enfants et même des animaux :
288 Nous avons utilisé ici La Bible, traduction intégrale hébreu-français à partir
du texte original par les m embres du Rabbinat Français sous la direction
du G rand-R abbin Zadoc Kahn, nouvelle édition, 1994, Editions Sinai',
Tel-Aviv/IsraSI.
176
« E t les gens d'Aïfurent enveloppéspar Israël de toutesparts. Israël les
battit, sans leur laisser un survivant ni unfuyard » ( Josué 8:22)
289 II s ’agit d ’ un ordre venu du dieu d ’ Israël, leur dieu ethnique et national,
qu’ il ne faut pas confondre avec Dieu {le Dieu de tous les humains et de la
création tout entière). Car, comme nous le montrerons dans le tome II, il
y a au moins deux divinités/déités qui s ’ opposent dans la Bible hébraïque,
tandis que l’ on ne trouve qu’ un seul et unique dieu dans les Évangiles et le
Coran : le Dieu universel.
177
de dévotion, dès lors que le peuple exterm iné se trouve sur
la terre que les juifs considèrent comme la leur. Nous verrons
que cela à une influence notable dans la politique israélienne,
en cela qu’aujourd’hui, ce sont les Palestiniens et les A rabes
en général (Ismaël) qui représentent l’obstacle à éliminer, le
peuple à détruire, à expulser et à exterminer suivant la voie
tracée par Josué (cf. N étanyahou)290. L e m ode opératoire
suivi durant le massacre des villageois de D ar Yasin (en 1948)
fut très exactement, certes à petite échelle, celui décrit dans le
Livre de Josué291. Le projet d ’Israël est de les faire disparaître
d ’une manière ou d’une autre de la Terre promise à moins qu’ils
n’acceptent le servage.
290 Le 27 septem bre 2012, N etanjahou débute son discours devant l’A ssem
blée Générale des Nations Unies en se référant au Royaum e de David,
aux Patriarches et à Josué ; et il présente l’État d ’Israül com m e étant la
renaissance du royaume biblique.
291 Lire le récit détaillé de ce m assacre sur ce site : hltps://avoicefrom palesline.
wordpress.com
178
Israël, une théocratie parlementaire archéo-messianique
C ’est bien pour cette raison que Feiglin écrit dans son plan
que « Gaza est unfragment de notre Terre et nous y resteronsjusqu'à
lafin des temps... elle deviendra partie intégrante de l ’E tat d ’Israël
et sera peupléepar les Juifs ».292
292 Xty Outline fo r a Solution in Gaza, par M oshe Feiglin. Arutz Sheva israel-
nationalnews.com, Jaffa/Tel Aviv, 15/07/2014.
179
de la montagne d ’H ermon. I l p rit tous leurs rois, lesfrappa et lesf i t
mourir. » (Josué, 11:16-17)
« Josué s'empara donc de tout le pays, selon tout ce que l ’Eternel avait
dit à Moïse. E t Josué le donna en héritage à Israël, à chacun sa por
tion, d'après leurs tribus. Puis, le pays f u t en repos et sans guerre »
(Josué, 11 :23).
Feiglin et Koening (infra) ne sont pas des cas isolés, car la poli
tique israélienne, depuis la création du foyer juif, consiste à épu
rer ethniquem ent la Palestine.
« Josué était vieux, avancé en âge. L ’Eternel lui dit alors: Tu es de
venu vieux, tu es avancé en âge, et le pays qui te reste à soumettre
est très grand. Voici le pays qui reste: tous tes districts des Philistins
et tout le territoire des Gueschuriens, depuis le Schichor (le Nil en
hébreu) qui coule devant l'Egypte jusqu’à la frontière d'Ekron au
nord, contrée qui doit être tenue pour cananéenne, et qui est occu
pée par les cinq princes des Philistins, celui de Gaza (convoité au
jourd’hui par Israël), celui d ’Asdod (qui fait partie aujourd’hui
d’Israël), celui d ’Askalon (également partie intégrante de l’Etat
hébreu), celui de Gath et celui d ’Ékron, et par les Avviens ; à partir
du midi, tout le pays des Cananéens, et Meara qui est aux Sido-
niens, jusqu'à Aphek, jusqu’à la frontière des Amoréens ; le pays des
Guib/iens, et tout le Liban vers le soleil levant, depuis Baal Gad
au pied de la montagne d ’Hermon jusqu'à l ’entrée de Harnatb ; tous
les habitants de la montagne, depuis le Liban jusqu’à Misrephoth
Maïm, tous les Sidoniens. Je les chasserai devant les enfants d'Is
raël. Donne seulement cepays en héritage par le sort à Israël, comme
je te l'ai prescrit. » (Josué, 13:1-6)
181
enfants d ’Israël. Il n’est pas difficile d’imaginer que si le H ezbol
lah n’avait pas arrêté Israël en 2006, certainement le Sud-Liban
eût-il été définitivement occupé et annexé de la même façon que
le Golan en 1967.
182
principe serait laïque, démocratique et libéral293. Comme nous
allons le voir, en Israël, le champ de compétences et les préroga
tives des rabbins ne se limitent pas aux circoncisions, aux ques
tions d’état civil, c’est-à-dire à l’autorisation des mariages, des
divorces, etc.
Israël après être passé du socialisme au libéralisme, est en train d ’opérer une
. transition du libéralisme à un régime théocraliquc (voir plus bas).
C u ille Louis, « Disparition d'un « géant de la Torah » » , Le Figaro,
07/10/2013.
183
Le discours et la vision politique de celui qui fut jusqu à sa m ort
récente la plus haute autorité religieuse d ’Israël, se situent dans
la droite ligne de la Bible.
295 Nous reviendrons plus bas sur ce fléa u qu’Ovadia appelait de ses vœux. Ce
n ’est pas par hasard qu’Ovadia parle d’extermination par un fléau.
296 Source : Courrier International, L es dérapages incontrôlés du rabbin Ova
dia Y ossefJ 0/09/2010.
297 S ource : BBC N ew s, R a b b i ca lls f o r a n n ih ila tio n o fA r a b s , 10/04/2010
- U n m em bre de la K nesset, A velet S haked, a appelé durant le bom
bardem ent de G aza en ju ille t 2014, à « tuer toutes les m ères p a le sti
niennes » ; un génocide ingénieux faisant écho à Y ossef O vadia qui
parlait d ’épuiser la sem ence d es A rabes. S ource : P ress Tv, M others o f
a il P alestinians m ust be kille d : israeli M P , 16/07/2014.
184
conquête que les déclarations de Yossef Ovadia ont le mérite
d’exposer au grand jour, et sans la moindre équivoque.
En 2012, Yossef Ovadia a appelé tous les juifs à prier pour l’an
nihilation de l’Iran. Ce qui est intéressant, c’est que, précédem
ment, des dirigeants du ministère de la Défense, ainsi que le
président du Conseil à la Sécurité Nationale Ya’akov Amidror et
le ministre de l’Intérieur Eli Yishai, avaient rendu visite au rab
bin pour le persuader de soutenir une éventuelle attaque d’Israël
contre l’Iran. Mais Ovadia avait déjà tenu un discours similaire
à propos de l’Iran, une semaine avant de recevoir la visite de ces
dirigeants israéliens298.
298 Source : Haaretz, Shas spiritual leader calls on Jew s lo pray fo r annihila
tion o f Iran, 26/08/2012.
185
d’Israël, sont à prendre au pied de la lettre et à comprendre
comme un projet politique rée] m ontant en puissance à mesure
que l’hystérie des dirigeants (politiques et religieux) israéliens
croît. C ette hystérie est la m anifestation d ’une poussée de fièvre
messianique historiquem ent récurrente depuis les m aîtres de
la communauté juive du H aut M oyen-Age (comme nous l’avons
vu au chapitre I) jusqu’à ce jour.
Certains, qui n’ont pas lu la Bible, diront que Yossef Ovadia l’a lu
de travers. Bien au contraire, ce grand érudit la connaissait par cœur
et la suivait à la lettre. Yossef Ovadia ne fait que se conformer à ce
passage de la Bible hébraïque que l’o n trouve dans le livre d’Isai'e :
299 Source : The Times O f Israël, 5 o f Ovadia Y osef’s niost controversial quo-
talions, 09/10/2013.
186
rez appelés prêtres de l'Eternel, on vous nommera ministres de notre
dieu. Vousjouirez de la richesse des nations et vous tirerez gloire de
leur splendeur » (Isaïe, 61:5-6).
187
du sentier de Dieu ? Absolument pas, pas une fois. I l est même
interdit, d'après le Talmud, la loi, de contredire te maître : « Celui
qui contredit son maitre est comparable à celui qui contredit la
Cbéh'ina (la Présence D ivine) » (G uém ara Sanhédrine 110a)300.
300 Selon le Talmud, qui est la loi juive (prolongem ent de la Torah), les rabbins
ont un statut égal à celui de la Présence Divine. Dans la tradition juive, les
rabbins ont un statut supérieur à celui des prophètes, com m e il est écrit
dans le Talmud : « Le sage (le rabbin) est préférable au prophète » (B ava
Batra 12a).
301 C ité dans N ur M asalha, Expulsion o f the P alestinian, co n c ep t o f « trans
f e r » in Z ionist Political thought, 1882-1948,1992, p. 128.
302 531 villages arabes furent im m édiatem ent'détruits et 11 quartiers vidés de
leurs habitants. Ilan Pappe, E tlm ic C leansing o f Palestine, 2007, p. 13.
303 Baruch Kimmerling, Zionisni an d terrilon> : The Socio-Territorial D imen
sions o f Z ionist Politics, Instilute o f International Studies, Berkelev, 1983,
p. 143.
304 Dans Walid Khalidi, .411 thaï remains: The Palestinian tilla g e s O ccupied
a n d D epopttlated by Israël in 19-18, 2006, p. 31.
En 1976, fut rédigé le « Koening Mémorandum » par un im
portant membre du ministère de l’intérieur israélien, Yisrael
Koening. Ce rapport visait à régler le problème arabe de Galilée
en réduisant leur nombre par divers moyens. Le but final était
l’évincement total des Arabes israéliens, notamment par l’expro
priation et l’intensification de la colonisation juive.
En juillet 2014, durant l’assaut mené par Israël sur Gaza - tuant
de façon indiscriminé combattants et civils, hommes, femmes,
enfants et vieillards (comme il est ordonné dans le Deutéronome
et le livre dejosué) -M oshe Feiglin, vice-président du parlement
israélien (la Knesset) et membre du parti Likoud (parti au pou
voir en Israël actuellement), a proposé un plan pour Gaza (ville
peuplée exclusivement de palestiniens musulmans et chrétiens).
Dans ce plan le chef parlementaire préconise d’expulser toute la
population de Gaza vers l’Egypte, dans le Sinaï. Comme dans
le Livre de Josué, Feiglin explique sereinement qu’il faut dé
truire toutes les infrastructures de Gaza avec une puissance de
feu maximale - « Ils brûlèrent la ville et tout ce qui s'y trouvait »
(Josué 6:24) - et il précise : « sans considération pour les boucliers
humains » ; ce qui signifie en clair qu’il faut écraser les gens qui
n’ont pas accepté de quitter Gaza pour le Sinaï, afin d’épurer
ethniquement toute la ville.
189
Le plan Oded Yinon
190
Créer des essaims de micro-États sectaires procurerait à Israël
la légitimité morale et créerait autant d’occasions potentielles
de guerres tout en permettant l’expansion d’Israël vers ses fron
tières bibliques (et devenir ainsi un Etat impérial). L’archétype
de l’État sectaire est actuellement incarné par Daech, entité qui
s’étend de l’Irak à la Syrie sur des territoires justement convoités
par l’impérialisme sioniste.
191
le G rand Israël. Le plan Feiglin (2014) - évoqué plus
haut — préconisant le déplacement des Gazaouis vers
le Sinaï, est la continuité du plan Yinon. C ’est dans
cette perspective que nous pouvons com prendre les
bombardements réguliers à deux ou trois ans d ’intervalle
sur la population de Gaza, le but étant de les pousser
vers la sortie, la Jordanie ou le Sinaï.
192
Il précise aussi que l’éclatement de l'Égypte provo
querait aussi l’éclatement de la Libye (chose faite au
jourd’hui « grâce » à la guerre franco-britannique sous
direction américaine et « pilotée » par le fauteur de
guerre Bernard-Henry Levy, homologue français de
l’anglo-américain Bernard Lewis sur lequel nous re
viendrons) et du Soudan (aujourd’hui divisé en deux
Etats sur fond de guerre ethno-confessionnelle) ainsi
que d’autres pays plus éloignés de l'Egypte ; l’effet do
mino en quelque sorte.
193
taller un État, peut être dans notre Golan et certainement dans I
le Hauran et dans le nord de la Jordanie. Cette situation sera
la garantie de la paix et la sécurité dans la région sur le long
terme, et cet objectifest déjà à notre portée aujourd'hui ».
194
ruptures sont une évidence et un développement naturel a la
lumière de la présente structurepolitique. »
195
Le 11 septembre 2001
309 Voir l’interview donnée par Wesley C lark à Dem oeraey Novv, le 4 m ari
2007 : http://www .dem oeracynow.org
198
Les attentats du 11 septembre 2001 ont ainsi de toute évidence
servi de prétexte et de justification au remodelage du Proche-
Orient par les Etats-Unis. Nous devons garder en tête que la
tradition géopolitique américaine est en principe, eu égard à la
“Doctrine Monroe”, et contrairement à ce que l’on pourrait croire,
isolationniste. Ce que les faits contredisent si l’on a en mémoire
que les Etats-Unis depuis qu’ils ont été fondés en 1776, ont été
en guerre 214 ans sur les 235 de leur existence, la plupart du
temps sur des fronts extérieurs, du Pacifique à l’Atlantique. La
seule fois où l’Amérique a connu cinq années de paix consécutives
fut durant la Grande Dépression de 1935 à 1940.
199
M aison-Blanche créé le 13 avril 1917 la Commission on Public
Information (C PI) aussi appelée Commission Creel, du nom du
journaliste qui l’a dirigée, George Creel (1876-1953).
310 Voir le livre d ’un des pères de cette propagande m oderne et qui était un
m em bre de la Com m ission Creel et aussi le neveu de Sigm und Freud, E d
w ard Bernays (1891-1995) : Propaganda, C om m ent m anipuler l'opinion
en dém ocratie, publié en 1928, réédité en 2007 aux éditions Zones. Edward
Bernays a affiné les techniques de propagande en com binant les travaux de
Gustave Le Bon sur la psychologie des foules et ceux de S igm und Freud. À
ce titre il conseilla les grandes com pagnies am éricaines ; c ’est lui qui, pour
le com pte des producteurs de cigarettes, conduisit les femm es am éricaines
à acheter et fum er des cigarettes en leur faisant croire que c ’était un signe
de « libération » de la femm e. Au début des années 1950, en collaboration
avec la CIA, il orchestra des cam pagnes de déstabilisation en Am érique
latine.
200
Zbignicw Brzezinski, un des géostratèges les plus influents des
Etats-Unis, et certainement le plus brillant, écrit ceci dans son
essai « Le Grand échiquier » paru en 1997 : « L ’opinion publique
américaine a toujours adopte une attitude ambivalente à l égard des
interventions extérieures. Si elle s'est ralliée à Ventrée de l'Amérique
dans la Deuxième Guerre mondiale, c'estpour l'essentiel à la suite du
choc provoqué par Vattaque japonaise sur Pearl Harbor. L'engage
ment dans la Guerrefroide s'est heurté à defortes réticences, balayées
seulement lors du blocus de Berlin et de la Guerre de Corée. Après
la fin de la Guerrefroide, lefa it que les Etats-Unis deviennent la
seule puissance globale n'a guère suscité d'enthousiasme. Beaucoup
d'Américains restent isolationnistes. Des sondages organisés en 1995
et 1996 ont montré que la majorité d'entre euxpréférait lepartage au
monopole de la puissance. »3n. Brzezinski sous-entend clairement
que seule une attaque directe ou indirecte contre les Etats-Unis
peut amener lopinion publique américaine à soutenir de nou
velles guerres312.
201
Des études poussées autour des attentats du 11 septembre 2001
par des scientifiques, des analystes et des esprits critiques du
m onde entier, ont démontré les incohérences de la version offi
cielle, mais aussi l’implication vraisemblable des services secrets
américains et israéliens aux côtés de leurs homologues saoudiens
et pakistanais.
202
2007, l’ex-Premier ministre du Pakistan Benazir Bhutto fut
tuée dans un attentat-suicide, dont les commanditaires n’ont
pas été identifiés.
314 Rowan Scarborough, U.S troops wottld en/orce peace Lnder Army sttidy,
The Washington Times, 10/09/2001.
315 « Vehicle possiblv relatetl to Atnr York terrorist atlack. U'hite. 2000
Chevrolet van with .Veit* Jersey registration with ’Lrban Moving Systems
sign on back seen at Liberty State Park. Jersey City. AJ, at the tinte o f
203
Les cinq agents s’appelaient Sivan et Paul Kurzberg, Yaron
Shmuel, O ded Ellner et O m er Marmari. Lors de leur arrestation,
Sivan Kurzberg aurait d it aux policiers : « On est Israéliens. On
n'est pas votre problème. Vos problèmes sont nos problèmes. Les Pa
lestiniens sont le problème »316. Les sources policières qui sont citées
par le journaliste Paulo Lima ont déclaré : « I l y avait des cartes
de la ville dans le van avec certains points surlignés. On aurait dit
qu'ils étaient au courant\ qu’ils savaient ce qui allait se passer lors
qu'ils étaient à Liberty State Park. »317. Le Mossad utilisait appa
rem m ent une société de déménagement, Urban M ovitig Systems,
comme couverture, dans laquelle « travaillaient » les cinq individus
en question. Le patron de cette société quittait les Etats-Unis, le
14 septembre, à destination d’Israël, immédiatement après avoir
reçu une visite domiciliaire de la part du FBI, et aurait bénéficié
d’un prêt fédéral de 498 750 dollars ; information révélée par les
archives du fisc318.
fir s t impact o fjetlin e r into World Trade Cetuer. Three iudividiials w ith van
were seen celebrating a/ter initial im pact an d subséquent explosion » (Rai-
mondo, The Terror Enigma, p. 11). Inform ation rapportée le lendem ain par
Paulo Lim a dans The Record, d ’après des sources policières.
316 « We are Israelis. We are not y o u r problem. lo u r problcm s are our
problems. The Palestinians are yo u r problem », Hicham H am za, L e G rand
Tabou, ch. 2.
317 « There are niaps o f the city in the car witli certain places highliglited. It
looked like tliey're hooked in with this. It looked like thev knew what iras
going to liappen w hen they were at L iberty State P ark ». Raim ondo, The
Terror Enigma. p. 11.
318 Inform ation révélée par un m agazine de la com m unauté juive new -yorkaise,
The Fonvard, 15/03/2002.
204
UA93, Ziad al-Jarrah, avait été pendant 25 ans espion pour le
Mossad, infiltré dans la résistance palestinienne et dans le Hez
bollah depuis 1983.
En février 2015, alors que nous rédigeons ces lignes, nous appre
nons que dans le cadre d’un scandale financier appelé SwissLeaks
et portant sur un vaste système d’évasion fiscale - révélé par une
centaine de journalistes à travers le monde et auquel est mêlé une
filiale de la banque britannique HSBC —un agent du Mossad,
qui trempait dans le trafic d’armes, de diamants et de drogue,
aurait avoué avoir aidé financièrement les terroristes du 11
septembre. Cet agent du Mossad résidant au Panama s’appelle
Shimon Yalin Yclinek319.
Last but not least, le journal israélien Haaretz a rapporté que Ben
jamin Nétanyahou, le Premier ministre israélien, a déclaré que
son père avait prévu les attentats du 11 septembre 2001 dans les
années 1990. Nétanyahou a tenu ces propos lors de la cérémonie
d’anniversaire de son père, le 7 mars 2010 (t 2012) au Menachem
Begin Héritage Center, en présence de nombreuses personnalités,
dont le président Shimon Peres.
319 Voir le détail de cette affaire dans l’article du journaliste Hicham Hamza :
http://mvw.panam2a.com/150215-swissleaks-alqaida-mossad
205
L e père de Nétanyahou, Ben-Tzion N étanyahou est celui qui
élabora le concept m édiatique de terrorisme in ternational320
et il est le fondateur du Jonathan In stitu te, anim é notam m ent
p a r B e n ja m in N é ta n y a h o u e t G e o rg e H . B u sh dans
les années 1980-90 ; un in stitu t do n t le trésorier est Larry
Silverstein, celui qui avait acheté et fait réassurer contre le
terrorisme le W orld Trade C enter quelques semaines avant les
attentats du 11 septembre. L’homme est également le trésorier
des campagnes électorales de Benjamin Nétanyahou.
206
Ariel Sharon, alors Premier ministre d’Israël, à la fin de l’an
née 2001, était allé à ce propos aux Etats-Unis pour prêcher la
guerre, et il leur dit : « Vous, ici en Amérique, vousfaites la guerre
au terrorisme. Nous, en Israël, nousfaisons la guerre au terrorisme. Il
s’agit de la même guerre. »321
321 Sharon est cité dans William Satire, « Israël or Arafat », Xew York Times,
3 décembre 2000 ; le haut fonctionnaire anonyme est cité dans Robert G.
Kaiser, « Bush and Sharon Neariy Idcnticai on Mideast policv », H’as-
hington Post, 9 février 2003. Voir aussi Nathan Guttman, « A Marnage
Cemented by Tcrror », Salon.com, 24 février 2006. Rapporté par Walt et
Maersheimer, Le Lobby pro-israêlien et ta politique étrangère américaine,
p. 74.
322 « Netanvahu Speech before the U.S. Senate », 10 avril 2002, téléchargé sur
www.netaiiyalm.orgSnetspeacinse.html ; et Benjamin Netahyahou, « Three
Principle Key to Defeai o f Terrorism », Chicago Sun Times, 7 janvier 2002.
20 7
teau télé Ben Laden comme le coupable, donnait dans la foulée
la liste des pays que les Etats-U nis devaient attaquer au nom de
la lutte contre le terrorisme323.
323 Dans une tribune du Times Ehud Barak écrit : « L es gouvernem ents de ce
m onde savent exactem ent qui sont les terroristes et quels sont les États
voyous qui les soutiennent. Il existe des preuves que des p a y s com m e l'Iran,
l Irak, la Libye, le Soudan et la C orée du N ord ont soutenu le terrorisme,
alors que personne n ‘a besoin qu 'on lui rappelle le carnage provoqué p a r
les terroristes du Hamas, du Hezbollah, du Jih a d islam ique et m êm e de
l'O L P de Yasser Arafat ». Ehud Barak, « D ém ocratie U nit) is the Onlv
A nsw er to Terrorism », The Times (Londres), 13 septem bre 2001.
324 D ana H eam , « AIPAC Policy Conférence, 21 -22 April 2002 », Journal o f
Palestine Studies 31, n° 4, été 2002, pp. 66-79.
208
verte signée de plusieurs personnalités juives, William Kristol,
Richard Perle, Daniel Pipes, Eliot Cohen, Norman Podhoretz
et de non-juifs William Bennet, R. James Woolsey ainsi que de
vingt-huit autres néoconservateurs de premier plan, destinée au
président Bush : « Personne ne devrait douter que les États- Unis et
Israël ont un ennemi en commun. Nos deuxpays sont la cible de ce que
vous [GW Bush] avez à juste titre appelé « l ’Axe du mal ». Comme
l ’a souligné le secrétaire d ’E tatà la Défense Donald Rumsfeld, l ’Iran,
l ’Irak et la Syrie « encouragent etfinancent une culture d'assassinats
politiques et d'attentats à la bombe contre Israël, tout comme ils ont
soutenu des campagnes de terrorisme contre les États-Unis. Monsieur
leprésident, vous avez déclaré la guerre au terrorisme international.
Israël est engagé dans la même guerre »32s.
325 « Lctter to Président Bush on Israël, Arafat, and the World on Terrorism »,
Project fo r tltc .Vt'ir American Century, 3 avril 2002, en ligne sur \nru;
ne\\'amencancentury.0rg'bushletier-04ü302.htm
326 Voir Murray Friedman qui explique que le néoconservatisme est
une invention juive dans The Xeoconservative Révolution : Jewisli
Intellectuals and the Shaping o f Public Policy. Voir l’article de Gai
Beckerman dans le journal de la communauté juive new yorkaise The
20 9
au socialisme révolutionnaire d’obédience trotskyste. N otons que
le noyau dur des néoconservateurs américains est essentiellement
com posé de ju ifs o ccu p an t des postes d ’influence dans
d ’influentes organisations, fondations et institutions politiques
à l’image d’E lliott Abrams, K enneth Adelman, Douglas Feith,
Richard Perle, Paul Wolfowitz ; dans le milieu journalistique
on trouve de même, David Brooks, Charles Krauthammer,
W illiam Kristol, Bret Stephens et N orm an Podhoretz ; parmi
les universitaires néoconservateurs juifs, nous trouvons Eliot
Cohen, Aaron Friedberg, R uth Wedgwood et le très im portant
Bernard Lewis, historien pro-israélien - qui a laïcisé la stratégie
du Choc des civilisations et en à fait un concept (voir infra),
repris e t popularisé par son ancien assistant, le géopolitologue
Samuel H u n tin g to n - ; dans le milieu des experts remarquons
M ax Boot, David Frum , Reuel M arc G erecht, R obert Kagan,
M ichael Ledeen, Joshua M aravchik, D aniel Pipes, D anielle
Pletka, M ichael Rubin et M eyra W urmser.
210
L ’omnipotence du lobby pro-israélien aux États-Unis
211
international et compliquent la tâche de Washington lorsqu’il s’agit de
traiter d'autres problèmes, tels que le programme nucléaire iranien.
É ta n t donné l ’impopularité des États-U nis au Proche-Orient
aujourd'hui, les dirigeants arabes qui, en temps normal, auraient
partagé les objectifs américains ne sont pas pressés de nous apporter
ouvertement leur soutien, une situation qui réduit nos marges de
manœuvre dans la région.
212
- qui agissent pour la plupart dans la plus grande discrétion
si ce n’est secrètement - et rapporte que ces organismes ont
financé des campagnes électorales de la Chambre des repré
sentants en 2006, à hauteur d’environ 3 millions de dollars.
Walt et Mearsheimer précisent que cette étude omet d’inclure
les contributions personnelles et minimise le rôle proprement
dit du lobbying pro-israélien333.
21 3
H illary a pris la défense d'Israël a p artir du moment où elle s’est
elle-même lancée dans la course électorale, et elle reçoit désormais
un soutien important, y compris financier, d ’organisations et de
particuliers pro-israéliens... Les comités pro-israéliens ont fin a n
cé sa campagne de réélection à hauteur de plus de 30 000 dollars,
et Forward annonçait en ja n vier 2007 que « H illary Clinton se
taillera sans doute la part du lion dans les dons considérables de la
communauté ju iv e lors de la course à l ’investiture démocrate pour
les présidentielles de 2008 »33î.
214
de cette situation : sur les 125 membres du Démocratie
National Finance Council, plus de 70 sont juifs ; en 1976, plus
de 60 % des gros donateurs au parti démocrate étaient juifs ;
plus de 60 % de l’argent recueilli par Nixon en 1972 provenait
de donateurs juifs ; plus de 75 % de l’argent collecté lors de
la campagne de Humphrey en 1968 provenait de donateurs
juifs ; plus de 90 % de l’argent récolté par Scoop Jackson lors
des primaires démocrates provenait de donateurs juifs.
2 15
L e sionisme dicte sa conduite à ta M aison-Blanche : les guerres
d ’I rak
216
raélien est son “tribalisme exacerbé" ; l’historien Melvin I.
Urofsky relève « qu'aucun autre groupe ethnique ne s'est autant en
gagé aux côtés d ’une nation étrangère dans l'histoire américaine ».
Le politologue Steven T. Rosenthal quant à lui, remarqua que :
« Depuis 1967, aucun peuple n'a autant œuvré à la réussite d'un
autre pays que lesJuifs américains ne l'ontfait pour Israël a-’43.
343 Melvin 1. Urofsky, American Zionism from Herzl to the Holocaust, Anchor
Press, Garden Cilv, 1975, p. 1 ; et Sleven T. Rosenthal, « Long Distance
Nationalisai ; American Jews, Zionism, and Israël », in Dana Even Kaplan{-
dir.), The Cambridge Companion to American Judaism. Cambridge Lniver-
sity Press, Cambridge, 2005, p. 209.
344 Elliott Abrams, Failli o f Fear : How Jews Can Survive in a Christian Ame
rica, Simon and Schuster, New York, 1997. p. 181.
345 Walt et Mearsheimer, Le Lobby pro-israélien et la politique étrangère amé
ricaine, p. 183.
21 7
clubs e t autres think tanks, dont W alt et Mearsheimer ont décrit
avec précision les mécanismes346.
218
au mois d'avril 2007 il déclarait : « Je suis convaincu qu'Israël a
largement contribué à la décision de s'engager dans ce conflit. Je sais
qu'à la veille de la guerre Sharon avait dit au cours d'une conversa
tion à huis dos avec des sénateurs que s’ils parvenaient à se débar
rasser de Saddam Hussein, cela résoudrait les problèmes de sécurité
d'Israël»™.
348 Akiva Eldar, « Sharp Pen, Cruel Tongue », Haaretz, 13 avril 2007.
349 Nathan Guttman, « Some Blâme Israël for U.S. War in Iraq », Haaretz, 5
mars 2003.
350 Ori Nir, « FBI Probe : More Questions Than Answers », Fonvard. 13 mai
2005.
21 9
la stabilité régionale que l'Iran, en raison du comportement erratique
et irresponsable du régime de Saddam Hussein »3S1.
220
dangereux que Ben Laden » et ajouta « les États-Unis ne peuvent
pas rester assis sans rien faire pendant qu'il constitue un arsenal
nucléaire. Il est grand temps de le renverser. »3M.
354 Cité dans Jovce Howard Price, « Peres Envouragcs U.S. Action on Iraq »,
Washington Times, 12 mai 2002.
355 Ehud Barak, « No Quick Fix », Washington Post. 8 juin 2002.
356 Cité dans Gideon Alon, « Sharon to Panel : Iraq is Our Biggest Danger »,
Haaretz, 13 août 2002.
221
extérieures) à Nasbvi/le, un certain nombre de quotidiens, de chaînes
de télévision et de radios (parmi lesquels Haaretz, le Washington
Post, C N N et CBS News) rapportèrent qu'Israël exhortait les Etats-
Unis à ne pas retarder une attaque contre l'Irak. Sharon déclara à
l ’A dministration Bush que repousser une telle opération « ne créerait
pas un meilleur environnement opérationnel pour l ’avenir ». Retar
der une attaque, expliqua R a ’anen Gissen (le porte-parole de Sha
ron), ne fe ra it "que donner à Saddam Hussein l ’occasion d'accélérer
son programme d ’armes de destruction massive”. Shimon Peres dé
clarait [quant à lui] sur C N N que "le problème aujourd'hui n’est pas
si, mais quand”. Retarder une attaque serait une grave erreur, dit-
il, parce que Saddam sera mieux armé demain. Même son de cloche
chez le ministre adjoint à la Défense (israélien) Weizman Shiry, qui
mettait en garde : “Si les Américains ne le fo n t pas maintenant, ils
auront plus de mal à l'avenir. Dans un an ou deux, Saddam Hussein
aura avancé vers la production d ’armes de destruction massive". La
chaîne CBS saisit peut-être le mieux ce qui se passait', dans le titre
sous lequel elle présenta la nouvelle : “Israël aux Etats-U nis : ne
retardez pas l'attaque contre l'Irak... ”»3S7.
357 Walt et M earsheim er, op. cit. p. 257. Toutes les références sont dans la note
n° 25, p. 460 de leur livre.
222
première guerre du Golfe, et il est loin d’être le seul à avoir
rapporté cela (cf. note358).
358 Walt et Mearsheimer, op. cit. p. 258. Sur les préoccupations du lobby pen
dant toute la période menant à la guerre du Golfe de 1991, voir John B.
Judis, « Jews and the Gulf : Falloul from the Six-Wecks War », Tikkun,
mai-juin 1991 ; Ailison Kaplan, « Saddam Splits Jewish Lobby », Jérusa
lem Post, le 14 janvier 1991 ; David Rogere, « Pro-lsrael Lobbyist Quietlv
Backed Résolution Allowing Bush to Commit U.S. Troops to Combat »,
Hall Street Journal, 28 janvier 1991. Sur les préoccupations israéliennes
au même moment, voir Brinkley, « Top lsraelis Warn of Deep Worry » ;
Camegv, « Pullout Not Enough » ; Chartrand, « Israël Wams » ; Diehl,
« lsraelis Fear lraqi Threat » ; Merzer. « Israël Hopcs ». La citation de
Buchanan est tiré de Chris Reidy, « The War Between the Columnists Gets
Nasty », Boston Globe, le 22 septembre 1990.
359 Walt et Mearsheimer, op. cit. p. 258.
360 Walt et Mearsheimer, Le Lobby pro-israélien et la politique étrangère amé
ricaine, p. 258.
223
que le voile se lève sur le prem ier : les prétendues armes de des
truction massives irakiennes o n t ainsi laissé place au nucléaire
iranien à caractère offensif.
Dans l’année 2000, Condolezza Rice, qui était par ailleurs la principale
conseillère du président Bush, publiait un article dans Foreign Affairs
où elle écrivait que les Etats-Unis pouvaient parfaitement vivre avec
un Irak doté de l'arme nucléaire ; elle s’expliquait en ajoutant que la
puissance militaire conventionnelle de Saddam avait été sévèrement
224
affaiblie et qu’il fallait éviter de se laisser aller à la panique au sujet du
régime irakien363.
Plus précis que cela encore - il arrive que les dirigeants israéliens
disent la vérité à demi-mot et trahissent leur pensée et leur projet -,
225
Ehud Barak avoue que le b u t de la guerre en Irak, conform é
m ent au Plan O ded Yinon, est de remodeler le Proche-O rient ;
en septembre 2002, l’ex-Premier ministre israélien, dit dans le
N ew York Times qu’ « abattre le régime de Saddam Hussein chan
gera le paysage géopolitique du monde arabe »366. Au profit de qui ?
226
islamique d'Iran, afin que Us compagnies américaines s’enrichissent
en les aidant à développer leurs capacités de production. Au lieu de
quoi tes Etats-Unis ont infligé des sanctions à ces trois pays en totale
contradiction avec les souhaits de l'industrie pétrolière (mais en total
accord avec le lobby pro-israélien)... Si le lobbypétrolier était aussi
puissant que certains le pensent, il n'aurait pas laissé faire ». Les
deux auteurs poursuivent : « Lorsque l ’on visite le site Internet de
l'American Petroleum Institute, l ’association phare de l ’industrie pé
trolière américaine, cinq sujets apparaissent sous la bannière générale
« questions politiques » : changement climatique, exploration/pro
duction, carburants, taxes et commerce, et sécurité intérieure. Aucune
mention n’estfaite d'Israël ou du conflit israélo-arabe où que ce soit
sur le site, et il y a très peu de références à la politique étrangère. En
revanche, Israël et tapolitique étrangère sont bien en évidence sur les sites
Internet de l ’AIPAC, de l ’A DL et de la Conférence desprésidents »'6B.
227
l'histoire des sociétés occidentales dom inées par 1 idéologie
vétérotestam entaire.
228
Walt et Mearsheimer concluent de la manière suivante : « Rien
n'indique que les compagnies pétrolières, qui cherchent généralement
à s'attacher les bonnes grâces des grands producteurs comme l ’Irak de
Saddam ou la République islamique d'Iran, aient joué un rôle im
portant dans la décision d'entrer en guerre. Elles n'engagèrent aucune
action de lobbying en faveur de la guerre en 2003, que la plupart
d'entre elles considéraient comme une aberration. Comme l'observait
Peter Beinart dans le New Republic de septembre 2002, « ce n'estpas
pour la guerre que/'industriepétrolière américaine a fait du lobbying
pendant toutes ces années ; c'estpour lafin des sanctions ». Comme c’est
presque toujours le cas, les compagnies pétrolières voulaientfaire de
l ’argent, pas la guerre. »372
Nous avons montré plus haut que le Plan Oded Yinon visait en
priorité l’Irak, lequel prévoyait de le faire éclater avant de faire
subir le même traitement à la Syrie. Les Israéliens, par le biais
des Etats-Unis, ont effectivement suivi à la lettre le plan Yinon.
Dès que Bagdad est tombée, les dirigeants israéliens ont com
mencé de préparer la future guerre contre la Syrie en lançant des
accusations de programme d’armes chimiques.
Dès la mi-avril 2003, alors que l’Irak venait tout juste de tomber,
les dirigeants israéliens commencèrent à inciter les Etats-Unis à
s'attaquer au régime syrien373.
22 9
Dans un entretien accordé le 15 avril 2003 au journal Yedioth
Aharonoth, le Premier ministre israélien Ariel Sharon expliquait
que Bachar el-Assad était un « homme dangereux, incapable de
jugement sain ». C ’est ce que les Israéliens disaient déjà de Saddam
Hussein qui aurait, avec la complicité de D am as, dissimulé
des armes de destruction massive en territoire syrien juste avant
le début des hostilités. Faut-il souligner la profonde^ absurdité
d ’une telle accusation ? Sharon se m it à appeler les Etats-U nis
a exercer une « très forte pression » sur la Syrie pour l'obliger à
mettre fin à son soutien au Hamas et au Jihad islamique ; au
Liban, à expulser les Gardiens de la Révolution iranien de la
plaine de la Bekaa ; à cesser de coopérer avec l’Iran ; il fallait
obliger le Hezbollah à se retirer de la frontière israélo-libanaise
et le remplacer par l’armée libanaise, et éliminer ses missiles à
courte portée visant le territoire israélien374. E n somme, Sharon
exigeait que sautent au Levant tous les verrous em pêchant
Israël de s’étendre ; il voulait la région livrée sur un plateau, sans
résistance aucune. Un diplomate israélien a même critiqué les
revendications osées de Sharon, l’invitant à être plus discret sur
les relations entre Damas et W ashington375...
230
termédiaire des Américains. »376. Comme Sharon, le ministre de la
Défense demandait à ce que la Syrie rompe ses liens avec le Ha
mas et le Jihad islamique et que soit démantelé le Hezbollah377.
376 Cité dans Ori Nir, « Sharon Aide Makes thc Case », art. cit. Voir également
DcYoung, « U.S. Toughcns Warning », art. cit. ; et Molly Moore, « Sharon
Asks U.S. ».
377 Walt et Mearsheimer, op. cit. p. 299.
378 Dans le journal Forward, cité par Walt et Mearsheimer, op. cit. p. 299.
379 Ze’ev Schiff, « The Peace Threat from Damascus », Haaretz, 8 décembre
2003. Voir le détail des offres de paix de la Syrie dans Walt et Mearsheimer,
op. cit., chapitre 9.
231
La réalité, comme nous ne cessons de le démontrer, est qu Israël ne
veut pas et ne voudra jamais la paix, parce que son unique rai
son d etre est l’établissement du Grand Israël, un E tat impérial
qui doit se construire sur les ruines des peuples et des nations
d’O rient et qui ne doit avoir aucun rival. U n É tat promesse de
l’avènement messianique et du règne sans partage du peuple
choisi sur l’ensemble des nations, comme il est prescrit par la
Torah :
quand l'Eternel, ton Dieu, te les aura livrées et que tu les auras
vaincues, tu les frapperas d'anathèm e (exterm ination). P oint
de pacte avec eux, p o in t de p itié pour eux ! N e t'aüie avec aucun
d ’e ux : ta fille, ne la donne pas à son fils , et sa fille , n’en fa is pas
l ’épouse du tien ! » (D eutéronome, 7:1-2)
232
sur cette voie3*0. Ils ont utilisé le même argument que précé
demment avec l’Irak, à savoir que la Syrie était une dangereuse
menace pour Israël, mais aussi pour les Etats-Unis381. On se de
mande bien en quoi la Syrie pourrait représenter un danger pour
les États-Unis. Les dirigeants israéliens ne reculent pas devant
le ridicule et le mensonge, au contraire ; des mensonges qui ont
de graves conséquences en déstabilisant la région et au-delà. Et
ce ne sont pas les exemples illustrant ce propos qui font défaut.
233
juif, a déclaré qu’ « un changement de régime était indispensable en
Syrie », et Richard Perle, lui aussi néoconservateur juif, dit à un
journaliste « nom pourrions délivrer un message très bref, message de
cinq petits mots aux autres régimes hostiles en Orient : « C'est votre
tour maintenant »3SS.
385 Wolfowitz cité dans N athan Guitman, « Somc Senior U.S. Figures Sav
Syria Has Crossed the Red Line », Haaretz, 14 avril 2004 ; Perle cité dans
Michael Flynn, « The War Hawks : The Right Flexes M uscle wilh N ew
U.S. Agenda », Chicago Tribune, 13 avril 2003.
234
faux-nez que serait la sécurité régionale d’Israël. L’on voit bien
que dans les schémas explicatifs qui sont avancés, la question de
la sécurité est un leurre qui ne constitue pas à l’arrivée une expli
cation cohérente. Ceux qui s’en contentent ne voient qu’à courte
vue et font montre de leur inquiétante incapacité à percevoir les
forces réelles qui sont à l’œuvre sous la surface des apparences.
386 David Hoffman, « Israël Sceking to Convinces U.S. That West Is Threate-
ned by Iran », Washington Post, 13 mars 1993.
235
que cette politique était pour l’essentiel la copie conforme d’une
proposition israélienne387.
C ette politique, une fois mise en place, fut très critiquée pour
plusieurs raisons ; une d’entre elles est que ces exigences israé
liennes poussaient les États-U nis à adopter une politique d’hos
tilité à l’encontre de deux pays déjà antagonistes : l’Iran et l’Irak,
ce qui d’un point de vue stratégique est stupide388, mais très utile
à la stratégie israélienne sur le long terme. Au sein de l’appareil
d’É tat américain, des voix s’élevèrent en conséquence en faveur
d ’un dialogue avec l’Iran389.
Mais les Israéliens n’étant pas satisfaits par cette politique d ’iso
lement, il fallait aller plus loin, alors Israël et son lobby aux
Etats-Unis, se sont attaqué aux lois perm ettant aux entreprises
américaines de commercer avec l’Iran. L’analyste T ritta Parsi
rapporte à ce sujet que « à la demande du gouvernement israélien,
l'AIPAC rédigea et f i t circuler à Washington un mémorandum de
74 pages soutenant que l ’Iran était une menace non seulement pour
Israël, mais aussi pour les États-Unis et l ’Occident tout entier »390.
387 Trilta Parsi, « Israeli-Iranian Relations », art. cit., p. 402. C ité par Walt et
Mearsheimer, op. cit. p. 315. J
388 Voir : Walt et M earsheimer, op. cit. p. 316.
389 Zbigniew Brzezinski et Brent Scowcrofl, Differential Com ainm ent : Am e
rican Policy TowartlIran am i Iraq, Report o f an Independent Studv Group
on G ulf Stability and Securitv, Council on Foreign Relations, N ew York,
1997, p. 5-32 ; et Gary Sick, « Rethinking Dual Containm ent », Survivai,
40, n° 1, printemps 1998. Voir : Wall ei M earsheim er op. cil. p. 316.
390 Trita Parsi, « Israeli-Iraniun Relations », art. cit. p. 305. Cité par Walt et
Mearsheimer, op. cit., p. 316.
391 AIPAC, « C omprehensive U.S. S anctions against Iran : À Plan for Action »,
236
Dans la même année, la société pétrolière américaine Conoco
qui était alors sur le point de signer un accord avec l’Iran pour
l’exploitation des gisements pétrolifères, s’est vue empêchée de
conclure : le président Clinton avait mis son véto en personne à
cet accord le 14 mars 1995 et prit un décret le lendemain même
pour interdire aux entreprises américaines de participer à l’ex
ploitation des réserves pétrolières iraniennes. Bill Clinton révéla
plus tard ceci : « un des opposants les plus efficaces au contrat avec
Conoco était Edgar Bronfman Sr. », soit le très influent ancien
dirigeant du Congrès juif mondial. L’AIPAC contribua aussi à
torpiller l’accord392.
23 7
aurait été capable de développer un arm em ent nucléaire, ce qui
par ailleurs, serait tout à fait logique. U n Iran menacé à la fois
par Israël qui est surnucléarisé et par la plus grande puissance
militaire mondiale, peut légitimement développer un armement
atomique afin de sanctuariser son territoire et éviter ainsi de
subir le même sort que l’Irak.
Nous l’avons dit, une confrontation directe avec l’Iran est loin de
faire l’unanimité aux Etats-Unis ; la CIA, le Département d'E tat et
l’armée sont partisans d’un dialogue avec l’Iran. Fin février 2007, le
Sunday Times rapportait ceci : « d ’après des sources haut placées dans
les cercles du renseignement et de l'armée, certains des membres les plus
éminents de l'état-major américain sont prêts à présenter leur démission
si la Maison-Blanche ordonne tme attaque militaire contre l'Iran »39J.
Les Iraniens, de leur côté, ont depuis le début des années 1990
394 Michael Smith et Sarah Baxter, « U.S. Générais Wilt Quits if Bush Ortlers
Iran Altack », Swiclay Times, Londres, 25 février 2007.
395 Cité dans Trita Parsi, « Isracli-lranion Relations », art. cit. p. 403. Voir :
Wall et Mearsheimer, op. cit. p. 320.
238
tendu la main aux États-Unis et ont même proposé de travailler
à l’élaboration d’un modus vivendi avec Israël396. L’Iran, sous la
présidence de Rafsandjani (de 1989 à 1997) et plus encore sous
Khatami (de 1997 à 2005), a constamment cherché un compromis
et la paix. L’Iran n’a durci le ton - sous Ahmadinejad - qu’après de
longues années de négociations infructueuses. La radicalisation
des États-Unis, sous l’Administration Bush, précède l’arrivée à
la présidence iranienne d’Ahmadinejad, qui n’est en quelque
sorte que la réponse à la politique d’endiguement menée par les
États-Unis sous influence israélienne.
23 9
prépare ouvertem ent le gouvernem ent israélien39'. L arrivée
possible sinon probable d ’Hillary C linton en 2017 relancera les
dés en rem ettant loption de l’agression armée sur la table. H illary
qui déclarait en juillet 2015 « Je veux que les Iraniens sachent que si
je suis présidente, nous attaquerons l'Iran. .. nous serons capables de
les oblitérer totalement »398.
397 Voir les déclarations du m inistre des Affaires étrangères britanniques Phi-
lipp I Iammond rapportées par le site d ’inform ation franco-israélien Aa-
lvaexpress-News.com, Grande-Bretagne : « Israël veut un état perm anent
de confrontation avec l'Iran », 16/07/2015.
398 Voir l’article de Global Research, H illary Clinton : « I f l ’m président, lie
mil Attack Ir a n » , 05/07/2015.
399 Voir : Walt et Mearsheimer, op. cit. p. 325.
240
grand allié Israël... Nous aurons recours à la force militaire pour
protéger notre allié
241
E n avril 2006, M alcolm H oenlein, vice-président du lobby
pro-israélien La Conférence desprésidents expliquait que « bien que
nous apprécions beaucoup cette sollicitude, la question est de savoir s’il
est vraiment opportun de lier la question iranienne à Israël »402.
Vous l’avez bien compris, ce sont les États-U nis qui doivent
porter toute la responsabilité du désordre en O rient comme en
1991, en 2003 et demain, peut-être, celle d ’une éventuelle nou
velle Guerre mondiale.
242
Vattention de Washington sur la nécessité d'un changement de régime
en Iran se sont intensifiés depuis mai et ont déjà enpartie porté leurs
fruits »404.
404 Jim Lobe, « U.S. Neo-Cons Move Quickly on Iran », dépêche IPS, 27 mai
2003.
405 Marc Perelman, « Pentagon Team on Iran Cornes under Fire », Fonvard, 6
juin 2003 ; Marc Perelman, « White House Is Aiming to Raise IranianNukes
at U.N. Securitv Council », Fonvard, 9 mai 2003 ; Marc Perelman. « New
Front Sets Sights on Toppling Iran Régime », Fonvard, 16 mai 2003.
406 Information extraite de « Senator Brownback Announes Iran Democracy
Act with Iranian Exiles », communiqué de presse du Conseil national ira
nien-américain, le 20 mai 2003 ; « Iran Democracy Act Passed, But No
Monev to Opposition and Satellite TV’s », communiqué de presse du
Conseil national iranien-américain, 24 juillet 2003.
24 3
C ette tentative de révolution colorée en Iran fut en fait le préambule
de ce qu’o n a appelé le « le Printemps arabe » ; événement clé de la
stratégie du C hoc des civilisations entrant, ainsi que nous nous
sommes efforcés de l’établir, dans le cadre du Plan O ded Yinon
et du projet de création d ’un G rand Israël d’essence biblique et
messianique.
244
Printemps arabe et Choc des civilisations
245
qui s’est poursuivi en 1917 en accompagnant le dém antèlem ent
de l’Em pire ottoman. Nous avons aussi précisé que des troupes
arabes ont aidé les Britanniques (appuyé sur le terrain par un
contingent ju if ) à prendre Jérusalem, participant ainsi à la créa
tion du foyer ju if en Palestine, ignorant qu’ils creusaient leur
propre tombe.
Les masses arabes vont se lever contre leurs dictateurs, les masses
246
sortiront dans les rues. Les régimes arabes qui seront visés seront les
pro-américains. L ’objectif ? Faire tomber ces régimes par des mani
festations massives, anti-américaines et anti-israéliennes. L ’on verra
dans les médias les gouvernements arabes tomber par effet domino
et le monde musulman se lever. E t les musulmans borgnes (qui ne
voient la réalité que sous sa forme apparente) y croiront - les gou
vernements du monde arabes tomberont et seront balayés. Les médias
montreront l'émergence de pseudo gouvernements représentant les
musulmans (les Frères musulmans), et ils diront que les juifs sont
en danger, que leurs gorges seront tranchées, que ce sera le moment le
plus dangereux de toute l ’histoire juive. Israël dira « si nous nefa i
sons rien, nous serons tous massacrés par cesfanatiques musulmans.
Si nous restons assis à ne rienfaire, l ’E tat d'Israël sera détruit et les
juifs seront tous massacrés. Que pouvons-nous faire ? Une attaque
préventive ». Mais ce ne sera pas une attaque préventive. Ce sera la
plus éblouissante démonstration de suprématie militaire, qui laissera
même l'Oncle Sam loin derrière... Avant que le roi d ’Arabie Saou
dite n’ait eu le temps de cligner desyeux, les Israéliens auront pris pos
session des champs pétrolifères saoudiens, et des champs pétrolifères
irakiens et koweïtiens »Jm.
24 7
commencer par la Libye, l’arrivée de hordes de mercenaires et
d ’assassins endoctrinés et financés par les deux E tats wahhabites
que sont le Q atar et l’Arabie, armés et soutenus par les Etats-
U nis, Israël, la France et la Grande-Bretagne, semer le désordre,
bombarder, massacrer les populations civiles en Libye, en Syrie
et en Irak. Ce sont ces groupes qui ont formés D aech, l’E tat ter
roriste qui sévit en Irak et en Syrie, et bientôt en Jordanie.
248
final une guerre totale contre l’islam. Les liens existant entre les
terroristes, les régimes wahhabites, Israël'112 et les puissances
occidentales, ne font plus aujourd’hui l’objet d’aucun doute pas
plus que d’aucun débat sérieux tant les preuves abondent. Le
lecteur comprend maintenant quels sont le sens et la signification
de ce jeu complexe. Les wahhabites, si proches d’Israël et des
puissances occidentales, font jouer à leurs soldats au nom de
Dieu le rôle dévolu par le Zohar. Comprenons bien que ce qui
est écrit dans le Zohar à propos du destin des Arabes n’est pas
une prophétie, loin de là, mais une stratégie élaborée pour se
débarrasser des musulmans qui, lorsque le Zohar fut rédigé
(XIII' siècle), possédaient la totalité de cette terre objet de toutes
les convoitises messianiques.
24 9
celui-ci n’ait accompli sa mission, qui est de détruire l’É tat sy
rien, ce qui conduirait à un affaiblissement du H ezbollah. Le
H ezbollah et l’É tat syrien é tan t les deux derniers verrous qui
em pêchent encore l’expansion d ’Israël au Levant. C ’est pour
cette raison évidente qu’Israël soutient activem ent les w ah-
habo-takfiristes com battant en Syrie. Bien entendu la volonté
d ’affaiblir l’Iran participe de cette stratégie consistant à faire
sauter les verrous de résistance et de souveraineté que sont le
H ezbollah e t la Syrie, to u t deux form ant avec l’Iran un arc de
défense face aux velléités d ’hégém onie régionale israélienne413.
413 Notre avis est que probablem ent le régime d’Assad ne tom bera pas, mais
sous la poussée de Daech, soutenu par l ’aviation de l’OTAN, Assad risque
d ’être contraint de se retrancher vers le nord de la Syrie ; alors la Syrie
sera divisée en au moins deux parties : une partie nord où résidera le
gouvernem ent et l’armée syrienne, et une partie sud occupée par Daech
(Nous verrons alors un exode m assif des Syriens de la m oitié sud fuyant
Daech pour se rendre vers le nord afin de rejoindre leur président). Si
notre prévision s ’avère juste, le Hezbollah sera coupé géographiquem ent
du régim e syrien et fera face seul à Daech et Israël. Il est peu probable
que Daech puisse venir totalem ent à bout du Hezbollah, m ais il occupera
une grande partie du territoire que convoite Israël. Alors seulem ent Israël
s ’attaquera à Daech ; un ennemi à sa portée, plus facile à vaincre que le
Hezbollah. Si dans les prochains mois Israël lance une offensive contre le
Hezbollah, ce sera pour l’affaiblir et faciliter la tâche à Daech. Tout com m e
Israël frappe régulièrem ent la Syrie pour venir en aide aux terroristes.
250
d’une autorité religieuse qui fut, en outre, le conseiller écouté
des dirigeants israéliens pendant trente ans, et ce jusqu’à sa mort
en 2013. Il ne faisait qu’énoncer un projet messianique dont la
méthode s’inspire du Livre de Josué.
Ceci peut paraître surréaliste, mais les éléments solides ici ras
semblés nous induisent à partager ce point de vue.
251
É puration ethnique e t génocide, de la g u erre p r im itiv e à la
géopolitique contemporaine
252
tion fera à Israël ce que certaines guerres nous ont fait, à moindre
échelle. L'user; te fatiguer, le miner, le démoraliser, provoquer une
émigration des éléments lesplus brillants, pourf in ir dans une sorte
de cataclysme impossible à prévoir à ce stade parce que nous ne
savons pas qui à ce moment-là possédera quoi et quand... L ’idée que
l’onpeut contrôler une région à partir d’unpays trèsfort et motivé,
mais peuplé de seulement six millions d ’habitants, est tout simple
ment ui]_rëveJou»'"‘.
417 Brzezinski on the Syria Crisis, The National Interest, 24juin 2013.
253
sive épuration ethnique des Arméniens en Turquie entre 1915
et 1916, génocide conduit par les Jeunes-Turcs dànmeb, ceux qui
sont aujourd’hui appelés Turcs blancs, ceux-ci form ant dans la
Turquie actuelle les gros bataillons de l’É tat profond allié straté
gique de Tel-Aviv et grand pourvoyeur d ’armes et d ’équipements
à Daech.
L ’on sait depuis Flavius Josèphe que les irréductibles judéens étaient
passés maîtres dans l'art d ’empoisonner les sources ; et c’est le premier
président de l ’É ta t hébreu, Chaïm Weizmann, ancien chimiste et
dirigeant de l ’Organisation sioniste mondiale, quifournit en 1945 au
commando de Nakmim (pluriel de Nakam), les “vengeurs", appelé en
anglais The Avengers, appartenant au mouvement Berihah (dirigé
par le j u i f sioniste Abba Kovner), tesformules chimiques destinées à
empoisonner les réservoirs d ’eau des villes de Munich, Nuremberg et
Hambourg. Kovner f u t arrêté à son retour d ’Israël où il s’é taitfourni
le poison, et son commando de tueurs de masse a été empêché par la
suite de mettre le plan à exécution ; ils ont toutefois, en 1946, réussi
à empoisonner le pain destiné aux prisonniers de Langwasser. Abba
254
Kovner est aujourd'hui célébré en Israël comme un héros au même
titre que Baruch Goldstein, l'assassin du caveau des patriarches
d'Hébron (qui tua 25 Palestiniens en pleine prière et f i t 125
blessés).
255
Il a lui-même fait le récit des circonstances dans lesquelles il
« avait conceptualisé » le choc des civilisations ; écoutons-le:
« E n août 1957, un congrès de quatre jours consacré aux « tensions
au Proche-Orient » se tient à la School o f Advanced International
Studies de l'université Johns Hopkins à Washington. Les actes
furent publiés l'année suivante dans un livre portant le même nom.
Intitulée « Le Proche-Orient dans les affaires internationales », ma
contribution contenait les lignes suivantes : « Les ressentiments
actuels des peuples d ’Orient se comprennent mieux lorsqu’on s’aperçoit
qu’ils résultent non pas d'un conflit des Etats ou des nations, mais du
choc entre deux civilisations (chrétienne et musulmane)... Je me
suis efforcé de hisser les conflits du Proche-Orient, souvent tenu pour
des querelles entre Etats, au niveau d ’un choc des civilisations...
419 Bernard Lewis, L'Orient et moi, rapporté par le journal Le Point, 28 am i 2005.
256
religions universelles qui étaient un obstacle dans l’accomplissement
du projet messianique ; à savoir l’établissement d’une suprématie de
la religion juive sur toutes autres. D’où la stratégie consistant à faire
se percuter ces deux mondes, chrétien et musulman, aux fins d’une
mutuelle destruction.
257
il a joué un rôle im portant dans le déclenchement de la guerre
d ’Irak de 2003 en persuadant l’ancien vice-président américain
D ick Cheney de se prononcer en faveur de cette guerre'120.
258
La vraie nature d'Israël
Ceci n’étonne que les naïfs (qui sont majoritaires) qui s’imaginent
que le projet sioniste était à l’origine laïc, athée et socialiste...
259
Parm i ces observateurs étonnés par la transform ation qu’opère
Israël, se trouve Charles Enderlin, journaliste correspondant à
Jérusalem depuis plus de 30 ans. Dans un entretien qu’il accorda
au journal Le Nouvel Observateur, le 16 mai 2013, il déclara que
la guerre de 1967 a été à l’origine du développement spectacu
laire du messianisme dans la société israélienne. Il ajoute :
« L'E tat des juifs qu'imaginait Théodore H erzl n'avait rien de reli
gieux. I l écrit même que dans cet Etat, où le vice-président pourrait
être arabe, les militaires devraient rester dans leurs casernes et les
rabbins dans leurs synagogues. Lorsque nait en 1948 l'E ta t d'Israël,
Ben Gourion fa it, certes, plusieurs concessions aux religieux - l ’état
civil sera tenu par les rabbins, les jours fériés seront les fêtes reli
gieuses juives, un membre d ’une communauté religieuse ne pourra
pas épouser un membre d ’une autre communauté religieuse - mais le
messianisme est loin d ’être central dans la vie politique du jeune E tat
d ’Israël. A u point que les religieux se plaignent d ’être discriminés
dans les institutions de l'Etat contrôlé par les travaillistes.
260
sacrée, qu'il est exclu de partager Le grand rabbin d'Israël, Abraham
HaCohen Kook, déclare même que celui qui cède un pouce de la terre d ’Is
raël doit avoir la main coupée. Les colonies se multiplient donc. Avec le
soutien actifde l ’État. Et, aufil des années, les petits groupes de cotons
messianiques qui se lançaient à l ’assaut des collines deviennent un
puissant mouvement politique, qui peutfaire ou défaire les majorités.
La situation dam laquelle nous nous trouvons, où Israël contrôle, d ’une
manière ou d’une autre, 60 % de ta Cisjordanie, est l ’héritage de la stra
tégie annexionniste que Begin et le Likoud, alliés aux religieux, ont mise
en œuvre, des décennies durant, au nom de la Bible, tout en affirmant au
reste du monde qu'ils étaientprêts à des discussions...
421 Israël : le péril messianique, Charles Enderlin, propos recueillis par René
Backman, Le Xouvel Observateur, 16 mai 2013.
261
Ce rapport étroit qu’entretiennent les dirigeants israéliens et
le m onde rabbinique messianique est illustré par un entretien
filmé entre Benjamin N étanyahou et le grand rabbin M enahem
M endel Schneerson (1902-1994), un des maitres spirituels du
judaïsm e à l’échelle mondiale, le 18 novembre 1990. L’échange
qu’ils ont eu est édifiant, il vient illustrer notre propos et notre
dém onstration, à savoir que ce sont les rabbins qui sont les
maîtres des communautés juives, d ’Israël, des dirigeants israé
liens et des élites juives. Ce qui est frappant, c’est la soumis
sion de Nétanyahou, l’immense respect et l’obéissance qu’il
témoigne au rabbin.
M e n a h e m M e n d e l S c h n e e r s o n : « Je ne t ’a i p a s v u
depuis longtem ps. B e'nédiction et succès. D o u b le p o r tio n
de bénédiction. »
262
qu'il n'est toujours pas là. Mais il reste encore quelques heures avant
lafin de la journée*21 alors essayez encore aujourd'hui. »
2 63
mais l’inégalité sociale existant en Israël entre ces deux
com m unautés juives tend à disparaître, notam m ent par la
présence d ’un sous-groupe considéré defacto comme inférieur :
les Falashas - et une forme à peine déguisée de ségrégation vis-
à-vis des Palestiniens, conformément aux préceptes bibliques.
L’É tat d’Israël n’e st pas l’É tat de ses citoyens, car il n’existe pas
de véritable citoyenneté, l’É tat n’appartient pas aux Israéliens,
mais aux juifs, et Israël se définit lui même comme un É tat juif.
E n Israël, on ne peut jouir pleinement des droits que si l’on est
ju if et qu’on peut le prouver. L’É tat appartient donc plus aux juifs
vivants à l’autre bout de la planète qu’à l’Arabe né sur le territoire
israélien, parlant la langue, travaillant et payant ses contributions
en Israël423. N otons que ce même Arabe israélien n’a pas le droit
de se marier avec une juive.
264
rium théocratique, par la transformation de la Torah afin de
faire de la loi du peuple d ’Israël la loi secrète propre à l ’univers
et par suite donner au ju i f mystique un rôle vital dans le monde
(dixit Gershom Scholem424). Ceci par le biais d’une gouver
nance mondiale en gestation, celle de 1’hyperclasse que prône
en France par exemple, le messianiste Jacques Attali, ancien
directeur de la Banque européenne pour la reconstruction et le
développement (BERD).
Nous l’avons montré, Israël va, par la guerre sans fin, tenter de
fonder demain un Etat bien plus vaste que l’actuel, un Etat aux
frontières bibliques, un État théocratique, un État exclusivement
juif doté d’un régime monarchique ; le monarque attendu étant
le Messie. Il est concevable que les dirigeants israéliens placent
un régent à la tête du royaume d’Israël en attendant l’arrivée du
Messie.
2 65
l’H istoire par la venue du messie ju if au prix d’une mise à feu et
à sang du Proche-O rient et du monde ou prélude à la révélation
d ’une vérité cachée depuis la nuit des temps ?
Index B
Balfour 75 ,14 9-1 50 ,1 70 ,2 15
Banna, Hassan al- 125-128
Barak, Ehoud 20 7-20 8,22 1,22 6,24 7
Bard, Mitchell 211
Basnage, Jacques 137
Battenberg-Mountbatten 98
A Bayazet 45
Abdelaziz ibn 5aoud 1 1 0,1 27 ,2 16 Beaconsfield, lord (Disraeli) 77
Abduh, M ohamm ed 11 8-11 9,12 1-1 25 .12 9, Begin, Menahem 20 5,2 16 ,2 60 ,2 61
130-131 Ben Gourion 1 6 3 ,1 67 ,1 69 -17 0,18 8,26 0
Abdulham id ll 112 Ben Israël, Menasseh 71 -7 5,11 6
Aboulafia, Abraham 3 1 -3 3 ,3 9 ,5 7 ,8 2 Benjamin, Israël 85
Abrams, Elliot 210,217 Ben Laden, Oussama 202,208,221
Adelman, Kenneth 210 Bennet, W illiam 209,224
Afghani, Jam al Eddine al- 11 7-122,125, Bhutto, Benazir 202-203
129-131 Bloch, Mathias 85
Ahm adinejad 23 4,2 3 9 ,2 4 2 Boot, Max 210
Ahm ed Am in 124 Bosnie 4 2 ,95
AIPAC 2 0 8 ,2 1 2 -2 1 4 ,2 2 7 ,2 3 6 -2 3 7 ,2 4 3 Boulan 102
Alexandre II 98 Brandeis, Louis D. 103,215
Allenby, Général 158-159 Brom, Shlom o 224
Al-Qardaoui, Yusuf 128 Bronfman, Edgar Sr. 237
Amidror, Ya’akov 185 Brooks, David 210
Amitay, Morris 227,2 43 Brownback, Sam 243
Anatolie 4 2 ,1 5 9 Brzezinski, Zbigniew 6,2 01 ,2 36 ,2 52 -25 3
Assad, Bachar e l- 2 2 6 ,2 3 0 -2 3 1 ,2 3 3 ,2 5 0 Bulow, Andreas von 203
Ataiurk 94 Bush, George W. 20 6-20 7,20 9,21 8-2 25 ,2 29 ,
Attali, Jacques 151,265 238-242
Auguste III 97
Azaria 117 c
Azoury, Negib 146 Cambon. Paul 157
Azriel 64 Carter, Jim m y 214
Azulai, Abraham 3 6 ,37 Carvajal, Antonio Fernandes 76
Charles 1er, Roi 73
Charles V 44
267
Cheney, Dick 221,224-225,228,258 Flavius, Josèphe 20,136-137,254
Christina 71 Florentin, Salomon 93
Clark, Wesley 198 Frankenberg, Abraham de 73
Clément VII, Pape 40,41 Frank, Jacob 42,75,94-98,100-102,117,133
Clinton, Bill 214,237 Franklin Delano Roosevelt 110
Clinton, Hillary 213-214,240 Frédéric-Guillaume II, Roi de Prusse 117
Cohen, Eliot 209-210 Friedberg, Aaron 210
Cordovero, Moïse 60,100 Frum, David 210
Cossiga, Francesco 202
Creel, Georges 200 G
Cromwell, Olivier 73,108
Galante, Moïse 85
Georges-Picot 157
D
Gerecht, Reuel Marc 210
Dar Yasin 178 Gérone 27,33,63,65-67
Dayan, Moshe 188 Gingrich, Newt 214
Dembowski, Évêque 97 Giulio, Cardinal 40
Disraeli 77. Voir Beaconsfield Gnose, La 22-25,62-64,134
Goldstein, Baruch 255
E Graetz, Heinrich 40,73,138-140,255
Grey, Lord 157
Eckerv o n Eckoffen
Guillaume I I I 76,140
Eisenhower, Dwight 129
Ellner, Oded 204
H
Épitre à Burgos 64
Escapa, Joseph 80,83 ha-levi, Abraham b. Elézier 38
Eskeles 117 Harrisson Freedman, Benjamin 148
Espinosa, Michael 76 Hauke, Maurice 98
Hechler, William 142
F Hedjaz 108,152,158
Hellio, David 83
Fauzi, Mustapha 89
Herzl, Théodore 14,42,95,96,135,141-144,
Fayçal 160
171,217,260
Feiglin, Moshe 179-180,189,192
Hesse, Karl de 98
Feith, Douglas 210
Hess, Moses 135
Felgenhauer, Paul 72
Hoenlein, Malcolm 242
Filosof, Joseph 93
Hourcanos, Eliezer ben 55
Fischmann, Rabbi 171
Huntington, Samuel 210,255,258
268
Hussein 15 2,1 54 -15 7 ,1 6 0 ,1 9 5 ,2 1 9 -2 2 2 , Lewis, Bernard 193,2 10 ,2 55 -25 8
226,230 Lloyd George 160
Louis XVI, Roi 7 3 ,97
I Louria, Isaac 5 9 -6 2 ,6 6 ,9 9 -1 0 0
Luther, Martin 3 9 ,72
Ibn Abd-al Wahhab, Mohamm ed 107-108
Ibn Hayet al-Sanad 107
M
Ibn Saoud 109
Ibn Suleyman al-Kurdi 107 Malkun Khan 11 4-11 7,12 2,13 1
Isaac d'Alba 80 Mantino, Yackov 43
Issakhar 95 Maravchik, Joshua 210
Marmari, Orner 204
J Mayer, Nathan 76
M cMahon 154,157
Jabotinsky 4 2 ,1 5 9 ,1 6 9
M enahem Mendel Schneerson 262
Jarrah. Ali al 204-205
Misri, A ziz A li a l - 152
Jean I I I 40
Mochinger, Johannes 73
Jean-Paul II, Pape 104
Mofaz, Shaul 230,233
Jordan, Hamilton 214
Moïse b. Shem 33
Jost, Isaac Marcus 137
Molcho, Solom on 38 -4 1 ,4 3 -4 5 ,5 4 ,5 7 -5 9 ,
7 1 -7 2 ,7 9 ,8 3 ,8 6 ,9 0 ,9 3 ,9 5 ,9 7 ,
K 11 6,1 47 ,1 59 ,1 61 ,1 98 ,2 57 -25 8
Kaf ha-Ketorat 100 Moussavi 239,2 42
Kagan, Robert 210 M urad V 112
Kemal Pacha 94
Kennan, Georges 166 N
Kbameneï, Ali 234,2 39
Nadjd 107-110,124
Khatami 239
Nahmanide, Moïse 27 -2 8 ,3 3 ,3 6 -3 7 ,5 7 ,
Khaybar 40
6 6 -6 7 ,9 5 -9 6
Koening, Yisrael 189
Nasrallah, Hassan 226,234
Krauthammer, Charles 210
Nasr Eddine 119
Kristol, William 209-210 Nassi, Joseph 4 5 -4 6 ,5 8 ,8 0 ,1 4 1
Kurzberg, Sivan et Paul 204 Nathan de Gaza 8 4 -8 5 ,8 8 ,9 1 -9 2 ,9 5 -9 6 ,1 0 1
Netanyahou, Benjamin 66 ,17 4,17 8,18 3,
L 20 5-20 7,24 9,26 1-2 63
Lawrence, T.E. 15 8 ,1 6 0 -1 6 1 ,2 1 6 Newlinski, Phillip Michael von 142
Ledeen, Michael 102,210 Nicolas II 98
2 69
Nicolas III, Pape 32 Rothschild, Lionel Walter 149-150
Nordau, Max 135 Rubin, Michael 210
o S
Olmerf, Ehoud 242 Safed 59,60,69
Omar Sheikh 202 Salonique, v. 39-40,83,90,95,113
Oppenheimer, Isaac 117 Saoud, Nayefben Abdelaziz Al 127
Orha-Hammah 37 Schiff, Ze'ev 194,231
Ovadia, Yossef 182-187,250,254 Schonfeld, Franz-Thomas von 117
Sefer ha-Ge'ulah 28
P sefer ha-Mefo'ar 39
Sefer ha-Peli'ah 34
Paul 1er,Tsar 98
Selim ll 45,80
Peres, Shimon 183,205,220-222,235
Shahak, Israël 171,190
Perle, Richard 209-210,234
Shaked, Ayelei 184
Pichon, Stephen 160
Sharon, Ariel 207,218-224,226,229-231,
Pipes, Daniel 209-211
233,263
Pletka, Danielle 210
Sherman, Btad 243
Podhoretz, Norman 209-210
Shiry, Welzman 222
Podolie 94,95
Shmuel, Yaron 204
Primo, Samuel 85
Silverstein, larry 206
Smyrne, v. 80,83-87,95,112
R Sneh, Ephraïm 238
Ra'anan Gissen 220 Soliman le Magnifique 45
Rabin,Yitzhak 235,260 Stephens, Bret 210
Rafsandjani 239 Suasso, Francisco Lopes 76
Ramadan, Tarik 128-130 Sykes, Mark 154,157,191
Reagan, Ronald 216
Reina, Joseph délia 37 T
Reuveni, David 39-41,44,79,198,258
Taitazak, Yosef 40
Rice, Condolezza 224
Thunund Taxi, Joachim von 117
Ridha, Rachid 122-125,129-130,157
Tov de Léon 33
Rohani 239
Treitschke, Heintich von 138,139
Rosen, Paul 102
Tsevi, Sabbataï 42,80-83,85-89,91-96,98,
Rothschild 75-76,98,140-141,149-150
101,112-113,133-134,144
Rothschild, Edmond de 76,140-141
270
V
Victoria, reine 98
Vital, Hayyim 62
W
Warburg 98
Wedgwood, Ruth 210
Weiz mann, Chaïm 14 9,1 60 -16 1.2 54
Wilfrid Blunt 119
Wilson, Woodrovv 215
Wise. Stephen 215
Wolfow itz, Paul 21 0,233-234
Woolsey, R. Jam es 209
Wurmser, Meyra 210
Y
Yalçin, Hüseyin Cahid 113
Yelinek, Yàlin 205
Yinon, Oded 1 7 1 ,1 9 0 -1 9 5 ,2 0 2 ,2 0 6 ,2 1 8 ,
22 6,2 2 9 ,2 4 4 ,2 5 7
Yishai, Eli 185
Z
Zaluski, Évèque 97
Ziad Pacha 142
Zohar 3 3 -3 4 ,3 7 ,5 6 -5 8 ,6 0 ,6 4 ,6 7 ,9 3 ,9 6 ,
101,2 48 -24 9,25 7
271
Bibliographie sommaire
- J a c q u e s B a s n a g e , H is to ir e d e la re lig io n d e s j u ifs , d e p u is
J é s u s -C h r is t jtts q u 'à p r é s e n t. P o u r s e r v ir d e s u p p lé m e n t e t de
c o n tin u a tio n à l'h is to ir e d e J o s è p h e , L a H a y e, S ch eu rle er, 1706-
1707.
- Z b ig n ie w B rz e z in s k i, L e g r a n d échiquier. B a v a rd , 1 9 9 7 -2 0 0 2 .
- H e in ric h (H irs c h ) G ra e tz , G e s c h ic h te d e r J u d e n v o n d en
â lte s te n Z e ite n b is a u f d ie G e g e m v a r t ( 1 8 5 3 -1 8 7 6 ), L e ip z ig , O .
L ein e r, 1909.
- S h e ik h Im ra n H o s e in , J e r u s a le m in th e Q u r 'an, 2 0 0 2 . T ra d u c
tio n fr a n ç a is e K o n tre K u ltu r 2 0 1 3 .
- R e n é G u é n o n , L a C r is e d u m o n d e m o d e rn e , 1927.
272
- Théodore Herzl, The complété diaries o/Theodor Herzl, edited by
R aphaël Patai, translated by H arry Zohn, vol. 1, 1960, N e w York.
273
- Jo h n M e a rs h e im e r e t S te p h e n W alt, L e lo b b y p r o -is r a é lie n e t la
p o litiq u e é tr a n g è r e a m é ric a in e , L a D é c o u v e rte ,2 0 0 9 .
- H e n ry M é c h o u ia n , Ê tr e j u i f à A m s te r d a m a u te m p s d e S p in o za ,
A lb in M ic h e l, 1992.
- J e a n -C la u d e M ic h é a , L 'e m p ir e d u m o in d r e m a l : e s s a i s u r la
c iv ilis a tio n lib éra le, é d itio n s C lim a ts , 2 0 0 7 .
- Ilan P ap p e, E th n ie C le a n s in g o f P a le stin e , 2 0 0 7 .
- H a m a d i R e d is s i, L e p a c t e d e N a d jd , o u c o m m e n t l ’is la m s e c
ta ire e s t d e v e n u l ’islam , L e S eu il, 2 0 0 7 .
- D o u g la s R e e d , L a C o n tr o v e r s e d e S io n , D u rb a n , 1978.
- S h lo m o S an d , C o m m e n t le p e u p le j u i f f u t in v e n té ? F a y a rd ,
2008.
- J e a n -M ic h e l V e m o c h e t, L e s É g a r é s , le w a h h a b is m e e s t-il u n
c o n tr e Is la m ?, S ig e st, 2 0 1 3 .
- O d e d Y in o n , L e P la n s io n is te p o u r le M o y e n -O r ie n t, T ra d u c
tio n , S ig e s t, 2 0 1 5 .
Thierry Z arcon e , Secret et sociétés secrètes en Islam - Turquie,
Iran et Asie centrale, XIX1’-XX1 siècles, A rc h è M ila n o , 2 0 0 2 .
Table des matières
C H A P IT R E - I
C H A P IT R E - Il
276
Le wahhabisme 107
Mohamed Ibn Abd-aIWahhab 108
Le réformisme islamique 111
Malkun Khan, premier grand réformiste musulman 114
Jamal Eddine al-Afghani 117
Mohamed Abduh 121
Rachid Ridha 123
Hassan al-Banna 125
Tarik Ramadan 129
Conclusion 131
CHAPITRE -III
Index 267
Bibliographie 272
278
Du même auteur, parus chez Sigest
LA MYSTIQUE DE LA LAÏCITÉ
Généalogie de la religion républicaine
de Junius Frey àVincent Peillon
2017
OCCIDENT ET ISLAM
Tome II
Le paradoxe théologique du judaïsme
Comment Yahvé usurpa la place de Dieu
2018
D U B R EXIT AU G ILETS JA U N ES
La révolution en marche
2019