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Chapitre 1 La Grande Transgression

Mon frère, sois toujours dans tes oeuvres comme tu es


dans tes pensées.

L'Amour - Mantégna - Le Parnasse (détail) - 1497.

Nous portons tous des cornes au front et une queue dans le prolongement du coccyx.
Nous n'avons pas besoin d'être des clairvoyants pour voir cet aspect interne de notre être. Si
nous nous donnons la peine de nous regarder dans un miroir en disant par exemple : "Vive le
Christ" ou plutôt "Mon Dieu, je t'en supplie, montre-moi mon vrai visage", il adviendra un
jour que le masque de chair tombe dans les mondes du rêve pour laisser apparaître les
marques de la Bête.
Luxure, passion, cupidité, colère, gourmandise, paresse, mensonge, peur, ... nous avons tout
goûté. Nous nous sommes nourris exclusivement des fruits du désir, de produits à goût de
péché qui à la longue procurent l'extase des démons.
Pourquoi se plaindre si Anubis le Grand Chacal, le chef de la Justice Divine a inscrit sur notre
face la sentence des Dieux ?
Jugés et condamnés, nous faisons partie de cette grande procession lugubre, aveugle et
endormie qui, après avoir enfin compris les efforts à fournir pour compenser la mauvaise
fortune, cherche dans la prière la force de continuer à pécher.
L'arbre aux fruits mortels s'appelle : Fornication. C'est une grande plante qui pousse dans
l'homme, dont la sève est passion sexuelle. Elle porte des fruits teintés à l'infrarouge et a les
racines enterrées dans les neuf couches infernales si bien décrites par Dante Alighieri dans sa
Divine Comédie.
C'est une tragédie terrible. L'âme attirée par le désir passionnel insatiable se laisse
embouteiller par le Culte du Moi.
Mais qu'est-ce que la fornication ? Est-ce le fait d'avoir des relations sexuelles avec différents
partenaires ou bien de consommer l'acte sexuel ?
Si l'adultère est aussi un fruit du "Plaisirier", car il permet le partage d'enfers, il reste
cependant un rejeton de la fornication.
La fornication est le fait d'avoir des relations sexuelles avec épanchement du liquide séminal.
Forniquer vient du latin "Fornicari" qui a été traduit par les intellectuels actuels par
l'expression : "Avoir des relations sexuelles" (Petit Larousse). Dans les temps anciens, ce mot
voulait dire : "Répandre le sperme ou consommer l'acte sexuel".

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Durant l'acte sexuel, les démons de la personnalité encouragent le couple à perdre la semence
et ainsi connaître les délices de la luxure. Bois gravé de 1475.

"Pour éviter la fornication que chaque homme vive avec sa femme et chaque femme avec son
mari" (Epître aux Corinthiens VII - 4).
"Dieu condamnera les fornicateurs et les adultères" (Epître aux Hébreux XIII - 4 ).
Nous ne devons pas confondre commettre l'adultère et forniquer. Etymologiquement parlant,
"Forniquer" voulait dire : "Répandre le Semen", le seul péché dit la Bible, qui ne sera pas
pardonné.
L'homme et la femme, chassés du Jardin de l'Eden, auront dans leur pélerinage terrestre à
payer le prix de cette faute.
En transgressant le sixième commandement du Grand Architecte, les êtres humains se sont
densifiés dans la matière, créant ainsi toutes sortes de liens et de boucliers pour survivre à la
douleur.
"Ne pas répandre le Semen" ne veut pas dire "Ne pas avoir de relations sexuelles". Au
contraire, mari et femme doivent s'unir mais en évitant l'éjaculation masculine et l'orgasme
féminin. Il ne faut pas répandre le Vin de Lumière.

"Introduire le Phallus vertical dans l'Utérus horizontal


pour réaliser la Croix, et là en mariage de chair, ne pas
répandre la semence humaine".

"Du mâle et de la femelle fais un cercle (union des sexes), de là fais un carré (les 4 corps de
péchés), puis fais encore un cercle (la réalisation), et tu auras la Pierre des Philosophes".
L'union des sexes de l'homme et de la femme crée un être androgyne. Les 4 corps de péchés
se christifient pour permettre à l'Etre de se réaliser dans la matière.
Atalante Fugitive.

Ceci est la seule clé authentique véritable et légitime de la Grande Lumière qui permet par
une purification graduelle d'effacer la douleur et de réintégrer le sein de l'unité cosmique.
Mais pourquoi le Chemin est-il purement sexuel ? Les premiers hommes (Adam) furent des
êtres complets, androgynes. Ils étaient constitués de trois Principes de base, présents dans
toute création :

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- La Sainte Affirmation
- La Sainte Négation
- La Sainte Réconciliation.
Ces trois Principes sont appelés : la Trinité.
Ils sont connus dans les religions chrétiennes par :
- Le Père
- Le Fils
- L'Esprit-Saint.
Dans les religions de l'Inde on parle de :
- Brahmâ
- Vishnou
- Shiva.
L'Egypte ancienne disait :
- Osiris
- Isis
- Horus.
Jamais à la surface de la Terre, il n'a existé une religion sans la Trinité.
En enlevant Eve d'Adam, la Grande Nature sépara les trois principes primaires. L'homme
hérita de la Sainte Affirmation, de la force du Père, et la femme de la Sainte Négation, de la
Force de la Mère ou de l'Esprit-Saint.
Le deuxième principe actif de la Création doit entrer en activité uniquement quand la Sainte
Affirmation rejoint la Sainte Négation. Ce mariage de forces cosmiques n'est possible que
dans l'union des sexes de l'homme et de la femme. Mais pour que le sexe travaille pour l'âme,
il faut renoncer à la fornication, en conservant la liqueur séminale.
La croix existe depuis la nuit des temps. Elle a toujours été un symbole phallique. C'est le
phallus vertical qui rencontre l'utérus horizontal. D'ailleurs dans le verbe "Croiser", nous
rencontrons "Marier".
Chaque relation sexuelle, même occasionnelle ou accidentelle, est un mariage éternel de
forces énergétiques ; quand la Sainte Affirmation-homme rencontre la Sainte Négation-
femme, la Sainte Réconciliation-Fils harmonise. C'est là toute l'Alchimie secrète si bien
gardée par les Maîtres et Initiés médiévaux.
La fornication est du poison pour l'âme. Le sexe mâle capte dans le sexe féminin les enfers de
tous les hommes qui l'ont pénétré, exactement comme une centrale téléphonique, et partage ce
butin fatal avec le dernier partenaire. Lorsque le Sperme Sacré est perdu, l'Amour ne peut plus
réconcilier les opposés. Alors le désir animal triomphe et le diable grossit, cherchant à
occuper toutes les parties de notre être. Nous sommes condamnés à remplir un tonneau sans
fond.
Un coléreux qui éjecte son Semen deviendra avec le temps un hystérique. Un luxurieux
chassera de nouvelles perversions. Un fainéant s'entourera d'un confort artificiel pour soigner
sa mauvaise volonté. Si au fond de notre être, nous reconnaissons tous ces personnages, lors
de la perte de l'énergie sexuelle, nous créons un désordre intérieur impossible à maîtriser.
Chacun de ces défauts ou "mois-diables-personnages" va vouloir récupérer l'énergie perdue
pour grossir, et cela bien sûr, en cherchant à s'imposer par rapport aux autres.
C'est ainsi que nous fabriquons de fornication en fornication la cristallisation d'un démon
intérieur incarnant toutes nos transgressions vis-à-vis des grandes lois divines immuables.

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Saint-Antoine agressé par les démons de sa personnalité. La Tentation de Saint-Antoine.
Martin Schougavier (XVIe siècle).

Le moule terrestre a toujours façonné deux types d'êtres : les Anges et les démons. Est démon
celui qui possède dans les mondes internes une paire de cornes au front et une queue dans le
prolongement du coccyx. Est ange celui qui a dans les mondes internes les rayons jaunes de
lumière divine sur le front et l'Epée de flammes des Chérubins dans la main droite.
Quand un homme et une femme travaillent de façon sacrée dans la forge de Vulcain, c'est-à-
dire en union des sexes sans émission séminale, ils transmutent leur feu sexuel en feu de
l'Esprit-Saint. Ils deviennent irrévocablement des Anges de lumière. Mais quand les
partenaires sexuels sont réunis pour le plaisir, que ce soit pour brûler des passions ou assouvir
un désir, ils incarnent le Diable.
L'homme porte son enfer dans ses testicules, et la femme dans ses ovaires. S'il était possible
d'étudier du point de vue microcosmique le spermatozoïde de l'homme ou l'ovule de la
femme, c'est-à-dire le germe, il ne serait pas étonnant de retrouver la malédiction d'Adam et
Eve. Tout se rassemble dans le germe. Le bonheur de l'homme, ses malheurs, sa pauvreté et
ses richesses, sa santé et ses maladies, sa personnalité, tout est déposé dans son liquide
séminal.
Les alchimistes médiévaux ont toujours affirmé qu'il fallait "blanchir le laiton", enlever au
germe ses impuretés. Mais une telle alchimie n'est possible que si nous arrivons à réunir dans
un même corps les forces des trois grands principes de la Création.
Que le dévot courageux veille à ne pas laisser sortir sa semence.

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