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EAN 978-2-204-14323-3
NOS DERNIÈRES
CONNAISSANCES
SUR LE TERRORISME
ISLAMIQUE
Que savons-nous vraiment de l’actuel terrorisme islamique ? Et surtout :
que pouvons-nous en savoir ? Dans un monde fragmenté et instable,
éprouvant une mondialisation risquée sur tous les plans, politique, religieux,
et face à des ennemis indéfinissables et souvent hybrides, se borner à
prolonger des courbes ne sert qu’à s’aveugler soi-même ou à faire perdurer
le chaos.
L’approche phénoménologique tout comme la pensée de Martin
Heidegger 1 nous aidera dès lors au travers de trois concepts.
1. L’INCALCULABLE – celui qui compte « admet comme ce qui reste et
toujours restera hors de sa portée, ce qui s’enfuit devant lui. Même ainsi, ce
n’est jamais que du calculable que la computation n’est simplement pas
parvenue à faire entrer en ligne de compte ». 2. L’IMPRÉVISIBLE – « Le
calcul basique imagine que ce qui est futur se tient déjà là quelque part en
tant que but fixé et solide… comme objet se tenant en face, vers quoi les
chemins peuvent être calculés. » 3. L’IMPERCEPTIBLE – « L’avenir n’est pas
une simple rallonge du présent tel qu’il se laisse planifier ».
Grâce à la méthode phénoménologique, nous pouvons déceler et
analyser plus sûrement : 1. Ce qui est hors de la sphère du calculable et du
modélisable. 2. Ce qu’on ne sait pas percevoir à temps. 3. Ce qu’on ne peut
prévoir ou prédire : l’irruption sauvage du non-décelé, du non-familier, de
ce qui fait encontre.
Pour aller vite, disons que l’approche phénoménologique nous fournit
aussi la pensée non-linéaire : « Ce mouvement d’aller au fond ne signifie
nullement une volatilisation, une pulvérisation dans le néant – car en ce cas,
le milieu ne serait précisément pas compris dans sa fonction médiatrice,
comme passage véritable qui conduit à autre chose… Le mouvement vers le
fond est avant tout retour au fondement. » L’apprentissage au décèlement
précoce s’effectue ainsi dans une logique circulaire et non linéaire.
Cela fait toute la différence avec l’entendement courant qui, lui, « ne
peut voir et saisir que ce qui se présente directement devant lui ; il veut
ainsi constamment se déplacer en ligne droite et de la chose la plus proche à
celle qui suit au plus près ». En revanche, le mouvement circulaire « trouve
son élément essentiel… dans le regard – possible uniquement dans la
démarche circulaire – jeté vers le centre. Celui-ci, le milieu et le fond, ne se
révèle comme centre que dans et pour la formation d’un cercle autour de
lui 2 ».
Fondée sur une vision élaborée du temps 3, estimant importantes et
prédictives ses turbulences, ses discontinuités, la pratique non-linéaire
visant au décèlement précoce est fondée sur une constante volonté
d’anticipation, d’observation de symptômes, permettant de cerner au plus
vite un problème, puis d’accéder à son fond.
Doté de ces armes conceptuelles, on répondra à quatre questions :
1. Entièrement fondé sur le calculable, le paramétrable et le
modélisable, le dispositif stratégique des États-Unis peut-il combattre
efficacement en terrain chaotique ? Plus encore, y remporter une
« victoire » – si ce mot a encore un sens dans la société de
l’information, génératrice de guerres sans fin ? (Afghanistan : 19 ans
continus).
2. Dans leur durée, les attentats sophistiqués de la vague 2015-2016
(Bataclan-Zaventem), peuvent-ils vraiment avoir été imaginés et
préparés par de simples malfaiteurs de Molenbeek ou d’autres zones
hors-contrôle ?
3. Comment expliquer la persistance d’entités salafistes-djihadistes,
face à la coalition d’une majeure partie des forces planétaires de défense
et de sécurité ?
4. Quels types d’hostilité sont enfin à l’œuvre au Moyen-Orient ? Et si
la nature non-euclidienne (stratégies indirectes) de ces guerres
expliquait les étrangetés régionales : survivances curieuses, survies
inespérées, victoires incroyables ?
CHAPITRE 1
Questionnements décisifs
Puis elles ont fourni le gros de ses troupes à l’État islamique. Voilà pour
l’ignorance de la population sunnite de l’Irak.
Pour les chi’ites, c’est pire encore. Fin 2017, le ministre de l’intérieur
irakien était Qassim al-Araji, naguère chef d’une milice chi’ite encadrée par
les Pasdaran iraniens. Deux fois détenu en Irak (23 mois en tout) pour
avoir importé d’Iran de puissantes bombes, afin de détruire des tanks
américains. Or, Araji demanda à ces militaires américains de rester en Irak ;
il leur proposa d’entraîner les milices chi’ites, de partager avec elles du
renseignement, puis de planifier ensemble des opérations jointes contre
l’État islamique. Pourquoi pas ? se dirent les officiels Américains, dans
« l’espoir de détacher les chi’ites irakiens de l’Iran »… Une folie. « L’Iran ?
Où est-ce déjà ? » s’amusait le supérieur d’Araji, Hadi al-Ameri, chef de
l’Organisation Badr, filiale irakienne de la division al-Qods des Pasdaran,
aux ordres du général iranien Qassim Soleimani.
En 2017, l’armée américaine dépensa ainsi 3,6 milliards de dollars pour
« équiper et entraîner les forces de sécurité irakiennes » ; dont celles du
ministère de l’Intérieur de Bagdad, les Hashd al-Shaabi, « Forces
populaires de mobilisation », nom en arabe des milices chi’ites. Washington
offrait au renard la clé du poulailler.
5
CHARLIE-HEBDO, HYPERCASHER .
6
BATACLAN, ZAVENTEM .
1
Persistance du djihad organisé
L’État islamique a certes pris, ces dernières années, des coups violents
sur tous les continents où il était implanté. Par rapport à 2014-2017, les
tentatives d’attentats restent nombreuses en 2018, mais les attaques
déjouées sont chaque année plus fréquentes.
Attaques meurtrières revendiquée par l’E. I., en nombre de victimes :
2015, 130 morts ; 2016, 86 ; 2017, 22 ; 2018, 3.
Attaques dans les 28 pays de l’UE. En 2017 : 15 réussies,
47 entreprises/ratées. En 2016 : 14 réussies, 40 ratées.
De la Syrie à la Somalie et à la Libye, en passant par l’Irak, le Yémen,
l’État islamique, al-Qaïda et autres groupes djihadistes comptent en 2018
quelque 20 000 moudjahidines. Tous sont liés à des groupes voisins au
Maghreb/Sahel, au Moyen-Orient et en Asie de l’Ouest.
Le foyer libyen 2
Depuis la fin 2011, le pays qui fut jadis la Libye est devenu le terrain
d’exercice et le champ de tir de fanatiques, miliciens et terroristes. Dans cet
état de fait échoué, où règne la seule loi des armes, fragmenté en une
marqueterie de tribus, clans et bandes armées, les hôpitaux sont dévastés,
l’éducation effondrée. Environ six millions en 2011, les Libyens ont depuis
fui pour moitié au Maghreb ou en Afrique. En Libye même, les
« gouvernements » locaux servent bien plutôt de faire-valoir à diverses
milices, Rada, Nawasi, « Bataillon des révolutionnaires de Tripoli »
Ghaniwa – cartels criminels pillant les ressources du pays.
Hors de ce pacte de rapine, des milices extérieures, type « Septième
Brigade » de Tarhounah (Sud de Tripoli), attaquent le centre pour rafler
d’hypothétiques parts du gâteau. Dans un total chaos, ces bandes armées
prolifèrent : alliances momentanées, trahisons subites et retournements
brutaux. Au point que des vétérans renseignement présents sur place
s’imaginent revenus au Kaboul d’avant l’arrivée des talibans, quand
Gulbuddin Hekmatyar, pourtant « Premier ministre » de l’Afghanistan,
faisait bombarder sa propre capitale par ses miliciens pachtounes.
Significatives d’un vaste chaos, de massives évasions de prisonniers se
succèdent – capturés lors des précédentes tentatives de « remise en ordre »
du pays. Sept ans d’anarchie totale, L’État islamique sur place : pour
l’avenir maîtrisable, tout peut arriver en Libye, tout peut en provenir.
1
La guerre non-euclidienne au Moyen-
Orient
Vers la fin d’octobre 2001, abou Hafs entre en Iran : « Les autorités
iraniennes se montraient heureuses de nous recevoir. »
Ce bien sûr, sélectivement : quand arrivent en Iran des combattants d’al-
Qaïda, le régime les arrête et les trie : certains sont expulsés, d’autres
restent, sous étroit contrôle. Tout cela dans une ambiance tout sauf
complaisante : Abu Hafs se retrouve ainsi un temps en prison à Téhéran
avec Ahmad Fadil Nazzal al-Khalayleh, ensuite promis à la gloire
médiatique sous son Kuniya de « Abu Mussab al-Zarqawi », chef de l’État
islamique en Irak.
Au minimum, les groupe salafi-djihadis procurent donc à l’Iran
islamique d’intéressants « effets d’aubaine » d’ampleur régionale. Celui qui
l’assure est Tamir Pardo, ancien patron du Mossad, à la parole rare 6 :
Les Iraniens sont un peuple très doué. Ils ont une longue histoire
et pensent devoir figurer, disons, dans le G9 ou le G10
mondial… ISIS [L’État islamique] a été une opportunité majeure
pour l’Iran, du fait que nulle puissance occidentale ne voulait
envoyer sur place de troupes au sol. Ce pourquoi ISIS a pu
conquérir une bonne partie de l’Irak et de la Syrie. Ils [les
Iraniens], eux, étaient prêts à combattre ISIS : ce serait leur billet
de retour dans la communauté internationale. Ils l’ont donc fait
et aujourd’hui, leurs forces armées sont à nos [Israël] frontières,
avec le Hezbollah au nord et au nord-est, en Syrie… Je tiens
l’Iran pour une puissance régionale majeure. Il faut les
considérer comme un pays important, mais contrer leurs actions.
SURVIE ET STRATÉGIE
INDIRECTE EN ORIENT
Rappelons tout d’abord que l’islam sunnite domine toujours le monde
musulman, à 85 %, depuis la mort du prophète Mahomet et l’instauration
du califat ; et qu’il est féroce pour les hérétiques et les apostats, voués tout
simplement à l’extermination. Au fil des siècles, l’islam a connu plus de
cinquante hérésies notables. Toutes, à peu d’exceptions près (Alaouites
divers, Druzes), ont été anéanties. Devant ce péril existentiel, ces déviants
qualifiés de sectes ghulat, ceux « qui dépassent les bornes », ont recouru
pour survivre à diverses techniques de dissimulation et de riposte. Elles sont
ici exposées comme « stratégie indirecte » et forment l’objet de cette
deuxième partie.
Voyons d’abord quel sort réserve l’islam sunnite aux « Alaouites »
syriens 1 – de leur vrai nom, « Nosaïri », ou « Nusaïri ». Au Moyen-âge
chrétien, Taqieddine ibn Taymiya (d. 1327 AD), docteur de l’école
islamique ultra-rigoriste dite « Hanbalite », statue sur leur sort dans sa
« Fatwa sur les Nosaïri 2 ». Dès la deuxième ligne de son décret religieux,
Taymiya appelle à « anéantir la secte hérétique ». Dans sa Fatwa, toute
citation d’un texte nosaïri porte la mention « maudite en soit la teneur ».
Sentence finale : « Plus infidèles que les Juifs et les Chrétiens – plus encore
que les idolâtres ». Donc : extermination.
Le sort réservé aux chi’ites n’est guère plus enviable. Pour les
wahhabites/salafistes, les chi’ites sont des « rafida », (« ceux-qui-
rejettent »), car ils tiennent pour illégitimes Abu Bakr, Omar et Othman, les
trois successeurs (« califes ») du prophète Mahomet, avant Ali (le 4e).
Quand par exemple Oussama ben Laden écrit à ses collègues d’al-Qaïda,
vers 2006-2008, il traite toujours les Iraniens chi’ites de « rafida 3 ». Seul
châtiment prévu pour les « rafida », selon les wahhabites-salafistes : la
mort.
C’est ainsi que le 21 avril 1801, Abdelaziz ibn Mohamed ibn Saoud, fils
du fondateur de la dynastie saoudite 4, fonce sur Karbala, avec ses
12 000 guerriers issus du Nejd. Dans cette ville sainte chi’ite se trouve la
mosquée de Hussein, imam des chi’ites, fils d’Ali ibn Abi Talib et petit-fils
du prophète Mahomet (par sa fille Fatima). Sur place, ces wahhabites rasent
la tombe-sanctuaire de Hussein, pillent la ville et l’on considère qu’ils
assassinent de 3 000 à 5 000 chi’ites, hommes, femmes et enfants. De ce
carnage, les wahhabites remportent 200 chameaux chargés de bijoux, tapis
et biens précieux. À l’époque, un explorateur français raconte 5 :
J’ai des remarques à vous faire sur vos menaces envers l’Iran.
Vous ne m’avez pas consulté d’abord sur ce grave sujet, qui
affecte notre sort à tous. J’espérais que vous me demanderiez,
car, vous le savez, l’Iran est notre canal majeur de
communication, de transfert de fonds et d’hommes ; aussi, le lieu
où sont détenus nos otages. » Plus loin ben Laden ajoute
« Souvenez-vous que négocier avec l’Iran est plus aisé, si le mal
qu’on lui fait est sévère ». Enfin, ben Laden évoque « la prise
d’otages iraniens en vue de négociations 8.
Le bras de fer entre Téhéran
et les djihadistes
Juste trois exemples :
1. En novembre 2008, le diplomate iranien Hesmatollah Attarzadeh est
kidnappé par des inconnus près de Peshawar (territoires tribaux
pakistanais), puis libéré à Peshawar en mars 2010. Peu après sa libération,
les dirigeants d’al-Qaïda détenus en Iran commencent à jouir d’une plus
grande liberté de mouvement et d’expression publique 9.
2. Le 21 juillet 2013, Noor Ahmad Nikbath, de l’ambassade d’Iran à
Sanaa (Yémen), est enlevé par « des moudjahidine d’Al-Qaïda dans la
péninsule arabe » (AQAP). Il est libéré le 5 mars 2015, toujours au Yémen.
Le même mois, des dirigeants d’al-Qaïda et autres chefs djihadis sont
libérés en Iran et peuvent partir, sans doute pour la Syrie 10 : Saïf al-Adel,
Abu al-Khayr al-Masri 11, Abu Muhammad al-Masri 12, Khaled al-Aruri
« Abu’l-Kassam » ou « Abu Ashraf » 13 et Sari Muhammad Hassan Shihab
« Abu safar 14 ».
3. De son côté l’Iran (qui n’héberge pas des salafistes par plaisir) songe
un temps à échanger, avec l’armée américaine d’Irak, des djihadis réfugiés
en Iran, auteurs de maints attentats anti-américains, contre les
« Moudjahidine du peuple iranien » (MEK) honnis à Téhéran.
*
L’Iran est ainsi la constante base arrière d’al-Qaïda, avant, pendant sa
fusion avec la bande de Zarqawi, puis après la scission des deux entités
(février 2014). Après les départs de mars 2015, reste-t-il des cadres d’al-
Qaïda en Iran ? Sans doute oui. Ce seraient 8 :
Faycal al-Khalidi, proche d’Atiyah Abderrahman – il assurait en 2011
la liaison entre le Shura council d’al-Qaïda et les talibans pakistanais
(Tehrik-e-Taliban Pakistan, TTP). Aujourd’hui, Khalidi dirigerait le
comité militaire d’al-Qaïda,
Ysra Bayumi, cadre d’al-Qaïda depuis 2006, installé en Iran depuis
2014, membre du conseil financier et médiateur avec les autorités
iraniennes,
Abu Bakr Muhammad Ghumayn, vétéran et cadre majeur d’al-Qaïda en
Iran (secteur financier et gestion).
Ajoutons au moins un fils d’Oussama ben Laden (qui a eu vingt enfants
en cinq mariages) : Hamza « Abu Moaz », marié à une fille de Zawahiri
dont il a deux enfants, Khairiah et Saad.
Mais il est dès lors clair que cette intégration est politique et non
religieuse : l’autonomie théologique des « Alaouites » reste entière et nulle
autorité religieuse majeure de Nadjaf ou de Qom ne garantit ce
rapprochement.
L’incroyable alliance
En termes de réputation dans le monde islamique, les choses
s’aggravent encore pour les « Alaouites » quand en 1976, au Liban en
pleine guerre civile, Hafez el-assad vole au secours du camp chrétien. Dans
cette manœuvre, les sunnites voient une continuation de la séculaire
pratique « alaouite » de trahison de l’islam. En Syrie, cette réaction des
islamistes (notamment, Frères musulmans) débouche sur des émeutes et
même, des actes de guérilla urbaine.
Mais si le régime syrien s’appuie désormais sur des autorités chi’ites
pour soigner son image « musulmane », la secte « alaouite » refuse toujours
toute autorité théologique d’une « Source d’imitation » (grand ayatollah)
chi’ite 5 et garde jalousement ses secrets.
En février 1979, la révolution islamique triomphe en Iran. Dès lors les
Frères musulmans, même syriens, soutiennent le pouvoir nouveau et
reconnaissent l’autorité (politique) de l’imam Khomeiny. Leur déception
sera immense : dès avril 1988, une dure répression frappe les villes
syriennes de Alep et Hama, alors que la radio du régime émet depuis
Damas les louanges de l’ayatollah iranien Khalkhali sur le pouvoir syrien.
Pire, Khalkhali décrit les moujahidine sunnites comme « des bandes
exécutant la politique de Camp David », « en collusion avec l’Égypte, Israël
et les États-Unis ».
En février 1982, la ville de Hama est détruite par les Forces spéciales
syriennes et sa population, en partie massacrée (de 7 000 à 20 000 morts).
Peu après, AbdelHalim Khaddam, le N° 2 syrien d’alors, se rend à Téhéran
à la tête d’une forte délégation. Reçu avec faste, il repart nanti d’un juteux
traité commercial et économique. En prime, un communiqué commun
souligne les « objectifs communs » de la Syrie et de l’Iran.
Côté iranien, cette alliance ne s’est pas nouée aisément : les Affaires
étrangères la souhaitaient, le ministère de l’Orientation islamique et les
chefs du corps des Gardiens de la révolution étaient contre – et
bruyamment. À peine Khalkhali rentre-t-il de Damas que la revue chi’ite
iranienne « Oumma Islamique » l’attaque violemment ; il y est qualifié
d’« irresponsable » et Assad, de « marionnette des superpuissances ». Le
régime syrien, lui y est dépeint comme « anti-islamique et tyrannique
(taghouti), peuplé de laquais de l’impérialisme et du sionisme ».
À Téhéran, le réalisme finit alors par triompher. Mais si le régime
« alaouite » syrien a eu, et a encore, besoin des chi’ites comme garants de
bonnes mœurs musulmanes, l’alliance Damas-Téhéran repose sur des
intérêts communs et non sur une foi commune. Quand, dans la
décennie 1980, des dirigeants iraniens visitent la Syrie (Khalkhali, Mir
Hussein Moussavi, Rafigh Doust, etc.) ils parlent politique, stratégie,
commerce, mais jamais des opinions, croyances ou rituels des
« Alaouites », dont, alors et sans doute encore aujourd’hui – ils ignorent
tout.
TROISIÈME PARTIE
ORIENT ET MÉMOIRE :
DU PASSÉ AU PRÉSENT
CHAPITRE 1
Le contexte stratégique
De par leur rôle dans la région, les États-Unis sont les premiers
concernés par l’État islamique ; à coup sûr, ceux dont le monde attend une
stratégie, une contre-offensive. Or, sur la zone Irak-Syrie d’abord, puis plus
tard sur l’État islamique, les États-Unis pataugent conceptuellement – et de
longue date.
En octobre 2011, quand l’ambassadeur américain Robert Ford va quitter
Damas, il y recrute des personnalités pour un (imminent) gouvernement
post-Assad. Les officiels américains croient alors détenir la formule
magique du regime change : le « modèle libyen », selon lequel Washington
supervise et fournit l’aviation ; les opérations au sol et le contrôle des
insurgés étant dévolu aux forces spéciales britanniques et françaises.
Mais l’Orient est compliqué : en décembre 2014, le général Michael
Nagata, commandant les forces US au Moyen-Orient, avoue qu’il « ne
comprend même pas le concept » de l’EI. En septembre 2014, le président
Obama, premier usager du renseignement US, qualifiait l’EI d’« équipe de
réserve d’Al-Qaida 10 » – ce qui est une bourde grossière. L’intelligentsia
américaine ne fait pas mieux que son gouvernement : de mars à août 2015,
ces deux brillantes revues que sont The New York Review of Books et The
Atlantic publient trois études sur l’EI 11. Fascination et petit bout de la
lorgnette : on y trouve « le salafisme pour les nuls », le djihadisme gore,
tout ce que dissémine sa propagande-épouvantail, le retour de l’esclavage,
les combattants étrangers, etc.
En revanche, nul étonnement sur la nature et les buts de ce groupe, pas
tout à fait comme les autres. Cet État islamique, à quoi sert-il et qui sert-il ?
D’où vient-il vraiment ? Quelles sont ses intentions réelles ? Ces questions
ne sont même pas posées. Dans l’idée générale, les pétromonarchies du
Golfe et d’abord l’Arabie saoudite appuient l’État islamique. Récemment,
des commentateurs ont glosé là-dessus : l’Arabie saoudite serait un « État
islamique » ayant réussi à fonder un foyer national, le wahhabisme du
royaume n’étant qu’une variante d’un salafisme conçu au XIIIe siècle par
Ibn Taymiyya 12. Jusque vers 2014, cette collusion est indéniable : dans une
note interne secrète du 30 décembre 2009 (publiée par Wikileaks), la
secrétaire d’État Hillary Clinton dénonce le financement saoudien du
terrorisme sunnite 13. De fait, l’aide de Riyad aux djihadis est logique : il
s’agit de combattre l’influence iranienne dans la région et d’affaiblir, voire
de renverser, le pouvoir arabe chiite établi à Bagdad – une horreur pour les
wahhabites. Dès 2014, l’attitude de Riyad change. En mars, l’EI est désigné
comme entité terroriste – sans doute suite aux récriminations américaines et
européennes. Ensuite, les choses s’enveniment, surtout après la mort du roi
Abdallah, annoncée le 23 janvier 2015.
Ce changement à Riyad est vite perçu par l’État islamique qui réagit sur
le front yéménite. Le 6 décembre 2015, une voiture piégée tue le général
Jaafar Saad, gouverneur d’Aden et confident du président (pro-saoudien)
Abd Rabbo Mansour Hadi. Le 25 décembre, Abou Bakr al-Baghdadi rompt
un silence de sept mois, son message audio de vingt-quatre minutes
accablant le royaume saoudien traître au salafisme et allié des « croisés ».
Dès lors, l’Arabie saoudite sévit contre l’EI : militants jetés en prison,
réseaux démantelés, etc. La situation est d’autant plus délicate pour Riyad
que ses théologiens sont divisés sur le sujet – immense danger pour une
théocratie.
Certains dont le cheikh Adel al-Kalbani (imam de La Mecque, premier
Africain à ce poste) jugent l’État islamique vraiment salafiste et critiquent
ses actes, pas sa doctrine ; d’autres, comme le cheikh Saad bin Nasser al-
Shatri, conseiller personnel du roi Salman, qualifient l’EI de « bande athée
pire que les juifs et les chrétiens, qui combat Dieu et son prophète et dont il
faut exécuter les membres ».
On perçoit ici une faille entre Riyad et La Mecque – ce que nul pouvoir
saoudien ne peut tolérer. Mais au-delà ce retrait saoudien s’est-il opéré de
gré ou de force ? Riyad s’est-il éclipsé – ou fait voler les clés du camion ?
Questions qui laissent béante la question des présentes complicités de l’État
islamique : dans une région où tout terrorisme touche à l’État, quel acteur
soutient-il désormais l’EI ? Voyons ce que révèle le terrain.
CHAPITRE 2
Qui dirige ?
Au premier semestre 2014, cette conquête du nord de l’Irak abasourdit
le monde. Le ci-devant « groupuscule » a muté sans que nul ne s’en avise –
sauf ceux qui ont poussé à la roue et ne vont bien sûr pas s’en vanter. Les
États-Unis, les Européens et les États de la Péninsule arabe et du Golfe,
pourtant directement menacés, n’ont rien vu venir.
Par la suite, les puissances actives dans la région ont quand même voulu
en savoir plus sur ce mutant. Leurs efforts ont fini par produire une
radiographie floue, mais exploitable, de l’État islamique. Or cette
radiographie diffère tellement de ce que croyaient savoir les États concernés
ou les médias, ce qui remonte du terrain est si incroyable que le déni
prédomine, tous restant cramponnés aux vieux clichés et nul, à ce jour,
n’intégrant ces inquiétantes découvertes dans sa stratégie.
Le constat qui remonte du terrain est le suivant : comme tout appareil
politico-militaire, celui de l’EI ressemble à une pyramide, les moudjahidine
à la base, les émirs au sommet, vers la pointe. Or un minutieux travail
d’identification, le Who’s Who des chefs réels de l’EI (entrepris à Bagdad et
par la coalition anti-EI) révèle qu’à la tête de cette entité sunnite fanatique, il
n’y a pas d’islamistes.
Deux préalables avant de poursuivre :
1. On sait ce qu’est un émir (chef de guerre) islamiste : il a passé des
années à guerroyer sur les fronts du djihad, en Afghanistan, en Somalie ou
ailleurs ; ses exploits, ses prêches sont colportés sur Internet, vidéos,
forums, etc. S’il est d’âge mûr, ses enfances, son engagement, son entrée
dans la guerre sainte, toute cette hagiographie est sans mystère : la jeunesse
dans le péché, la conversion, la montée au djihad – en attendant le martyre
final.
2. S’ils sont incapables encore de prédire, les énormes dispositifs
électroniques déployés au Moyen-Orient reconstituent quand même en
quelques mois l’organigramme fiable d’un appareil militaire. On finit par y
voir les chaînes de commandement ; ce qui monte de la base et redescend
vers elle fournit le schéma de la pyramide ci-dessus évoquée.
Or combiner ces deux ensembles d’informations montre que la direction
de l’État islamique est l’apanage d’anciens officiers de l’armée irakienne et
cadres du parti Baas. Ont ainsi été identifiés, comme cadres de l’EI, plus de
cent cinquante officiers de Saddam Hussein, en charge du renseignement,
des arsenaux et des « programmes spéciaux » (armes chimiques, etc.).
Rappelons encore que, marqués par le baassisme « socialiste » des
origines, l’armée et le parti de Saddam Hussein étaient de fort paperassières
et paranoïaques bureaucraties, conservant sur ses cadres d’épais dossiers,
façon Stasi, dont la plupart ont survécu à la guerre du printemps 2003.
Analysées par des experts officiels, ces archives livrent ceci : au sommet de
l’EI, les chefs militaires, ou chargés du renseignement et d’autres fonctions
techniques (logistique, etc.), sont tous issus de l’armée irakienne ou du parti
Baas ; ce qu’on lit dans leur dossier sur leur carrière pré-EI les révèle laïcs
ou agnostiques, vivant à l’occidentale. Sur les photos, leurs épouses sont
tête nue. Beaucoup étaient proches d’Oudaï, l’un des deux fils de Saddam.
Enfin, leurs fonctions dans l’armée et le parti étaient telles que si les
tatillons contrôles auxquels ils étaient constamment soumis les avaient
révélés, non pas même salafistes, mais simplement pratiquants, ils
n’auraient pas fait de vieux os à leurs postes.
De la défaite de 2003 à l’année 2009, ces militaires-résistants
connaissent les prisons et les camps de l’armée américaine d’occupation.
Abou Ghraib, Camp Bucca 3, et la méconnue, mais cruciale prison Tasfirat
de Tikrit 4. Là, ils approchent ces intégristes d’Al-Qaida que naguère ils
combattaient ou fuyaient comme la peste. Or au Moyen-Orient plus
qu’ailleurs encore, l’ennemi de mon ennemi devient aisément mon ami.
Ces cadres du Baas ou officiers de Saddam dirigent depuis 2014 l’État
islamique. Ont-ils tous ensemble été touchés par la grâce, en une
miraculeuse et collective conversion ? Ou bien sont-ce des mercenaires,
hier stipendiés par les pétromonarchies et désormais… (nous abordons plus
bas ce crucial sujet). Comme il serait trop long (et fastidieux) d’en faire la
nomenclature, contentons-nous d’évoquer ici les mieux identifiés :
al-Alwani Walid Jassem, dit « Abou Ahmad », ex-officier irakien,
membre du Conseil militaire (majlis al-Askari) de l’EI (sans doute tué
par une frappe aérienne fin 2014),
– al-Hiyali Fadel Ahmed Abdullah, dit « Abou Muslim al-Turkmani »
ou « Abou Mutazz al-Quraishi », membre du Conseil militaire, officier
des forces spéciales de l’armée irakienne et colonel du SR militaire de
Saddam 5.
Najem Fadel Adnan Ismaïl « Abou Abderrahman al-Bilawi », de
l’immense tribu bédouine des Dulaïmi, officier de la garde
présidentielle de Saddam ; fuit en juillet 2013 Abou Ghraib, rejoint le
Conseil militaire et meurt en juin 2014 devant Mossoul.
al-Sweidawi Adnan Latif Hamid « Abou Abdul Salem » et aussi
« Abou Ayman al-Iraqi », colonel de l’armée de Saddam, membre du
Conseil militaire (tué en 2014).
Et encore « Abou Ali al-Anbari » (nom inconnu), ex-major-général de
l’armée de Saddam, chef des opérations militaires en Syrie ; Taher
Tawfiq al-Ani, ex-colonel irakien 6, et bien d’autres…
Dans ces états-majors et directions, où sont finalement les islamistes
« canal historique » ? Nulle part. Étrange pour un califat ultra-sunnite.
CHAPITRE 3
L’EI en Irak
D’abord ceci : les Arabes irakiens chiites sont en grande majorité restés
fidèles à Saddam durant la guerre Irak-Iran. Sentimentalement, ils révèrent
sans doute le chiisme perse et ses lieux saints, mais politiquement ils
rechignent au côté « aide fraternelle » de Téhéran, qui rappelle parfois trop
celle de l’Union soviétique à la Pologne, lors de la guerre froide… Voilà
l’ambiance dans laquelle l’autorité suprême des chiites irakiens, l’ayatollah
Muhammad Bakr al-Hakim, chef du Conseil supérieur de la révolution
islamique en Irak, rentre de son exil iranien pour la ville sainte chiite
irakienne de Nadjaf. On l’attendait vent debout contre l’occupation
américaine : or le voilà conciliant, prêt même à une coopération limitée
avec l’occupant.
Suivons maintenant Zarqawi, arrivé en Irak (par le Kurdistan) début
2003. L’invasion du pays s’achève le 9 avril 2003. Le 1er mai, sous la fière
banderole « Mission accomplished » ornant le porte-avions Abraham
Lincoln, le président G. W. Bush déclare : « Nos forces et celles de nos
alliés l’ont emporté en Irak. » Cent onze jours après, Zarqawi frappe : le
19 août 2003 à 17 h 30, un camion piégé détruit le siège de l’ONU à Bagdad,
tuant ses vingt-deux occupants, dont l’envoyé spécial Sergio Vieira De
Mello. L’explosion s’entend à vingt kilomètres à la ronde.
Présage : le 7 août, une voiture piégée ravageait l’ambassade de
Jordanie (14 morts). Ces attentats ont alors abasourdi les services de
renseignement actifs à Bagdad, qui ne les avaient en rien vu venir. Résultat :
l’Irak se fige, les entreprises et organismes internationaux fuient ou sont
tétanisés ; reconstruire, retrouver une vie normale devient impossible.
L’Irak entre dans un chaos qui perdure jusqu’à ce jour – à plus bas bruit
cependant.
Le 29 août 2003, Zarqawi passe à la terreur anti-chiite. À Nadjaf,
Mouhammad Bakr al-Hakim est pulvérisé avec une centaine de fidèles par
une mégabombe. L’attentat est revendiqué par Zarqawi, mais des experts
flairent une action spéciale sous couverture djihadie. Pire encore, le
22 février 2006 : un énorme attentat ravage (dôme effondré, etc.) la
mosquée Askariyya de Samarra, où reposent deux des douze imams
chiites : Ali al-Naqi (dixième imam) et Hassan al-Askari (onzième) 1.
Cette dernière provocation de Zarqawi (après bien d’autres en 2004
et 2005) déclenche une guerre civile sunnites-chiites ; par milliers, des
fidèles des deux camps sont assassinés. Cela jette les Arabes chiites irakiens
dans les bras de l’Iran ; ils doivent désormais mendier aide et protection au
« grand frère » ; l’Irak chiite devient vassal de Téhéran. Dès lors, à Bagdad,
le général iranien Qassem Soleimani a voix au chapitre et rang de
proconsul 2.
Le surge américain déferle sur l’Irak de 2007 à 2009 – 170 000 GI’s au
combat ; coût : cent milliards de dollars par an – mais ce sursaut est futile.
Le 18 décembre 2011, la dernière unité opérationnelle de l’armée US quitte
l’Irak.
L’EI en Syrie
La guerre civile syrienne commence à bas bruit au printemps 2011,
quand une « Armée syrienne libre » se lance à la conquête de « zones
libérées ». Puis se constitue une branche syrienne d’Al-Qaida, du nom de
Jabhat (Front) al-Nosra.
Venues de la province d’al-Anbar (Irak), des kataeb de l’État islamique
entrent fin 2011 en Syrie. Pour y combattre leur bête noire, l’« alaouite »
Bachar el-Assad, allié fidèle de l’Iran chiite ? Non : à peine en Syrie, l’EI se
rue sur l’Armée syrienne libre et Jabhat al-Nosra, et sous de fumeux
prétextes religieux, occupe leurs positions, égorge leurs chefs, massacre
leurs miliciens refusant l’allégeance au califat.
Comme en Irak, le comportement de l’EI est tel qu’à comparer Bachar
devient présentable. Sur les talons de l’EI, voilà le général Suleimani en
Syrie ; peu après, des miliciens chiites, Hezbollah en tête, secourent le
régime syrien. À leur tour, les milices kurdes attaquent l’EI, soulageant
d’autant Damas.
En février 2014, à Alep, Abou Khaled al-Suri, chef syrien de la
coalition Ahrar al-Cham plus Jabhat al-Nosra, meurt dans un attentat-
suicide de l’EI. Cette sanglante guerre entre entités islamistes fait des
milliers de morts ; repliée pendant ce temps sur la « Syrie utile », l’armée
syrienne compte les points. En août 2015, al-Nosra fuit le nord de la Syrie,
suite à une vague d’attentats-suicides de l’EI (40 morts). Début septembre,
l’EI combat des rebelles pro-américains en périphérie de Damas – ainsi de
suite.
De 2003 à ce jour, d’Abou Moussab al-Zarqawi à Abou Bakr al-
Baghdadi, voici donc comment opère l’État islamique en Irak et en Syrie,
pour quelles conséquences concrètes.
CHAPITRE 4
Introduction
1. « Proposition démontrable résultant d’autres propositions déjà posées ; diffère de : axiome,
ou postulat ». Ce théorème-ci est longuement exposé et explicité dans La Nébuleuse, le
terrorisme du Moyen-Orient, Xavier RAUFER, Fayard, 1987.
Première partie
1. Martin HEIDEGGER, Réflexions II-VI et VII-XI, 1938-1939, NRF Gallimard, 2019 ; « La
métaphysique de l’idéalisme allemand (Schelling) » Gallimard-NRF, 2015.
2. Ces trois dernières citations : Martin HEIDEGGER, Phénoménologie de l’esprit, de Hegel, puis
Les concepts fondamentaux de la métaphysique.
e
3. Dans son sens quotidien hérité de la physique du XVIII siècle, le temps est unique, stable,
continu ; ne posant nul problème spécifique, il est d’ordinaire pris pour quantité négligeable.
Chapitre 1
1. New York Times International, 21/11/2018, « Foretaste of a divided world » – Sénatrice
Elisabeth Warren, discours à l’American University, novembre 2018 – AFP, 21/05/2018, « Peu
de signes de progrès en Afghanistan » – New York Times International, 12/05/2018, “US takes
risk of trying to turn foes into allies” – Prof. Michael Brenner, février 2018, « Terrorism post-
Isis » – New York Times International, 4/08/2017, “Hollowed-out force in Syria lacking allies,
lost CIA aid – Global Research, 24/08/2014, ‘Kosovo, the hidden growth of islamic extremism’
– ‘The insurgents and the plot to change the American way of war ’, Fred Kaplan,
Simon & Schuster, NY, 2013.
2. Ces réflexions proviennent aussi d’experts officiels britanniques et américains, la plupart
disant à l’auteur être accablés par des échecs n’ayant jamais dû advenir, si leur travail de terrain
avait été convenablement pris en considération par leurs gouvernants.
3. Journal du Dimanche, 23/12/2018, « Ces Djihadistes qu’on ne retrouve pas ».
4. Ces indications proviennent d’experts officiels français, belges, espagnols, au service de leur
pays ou d’instances européennes, recoupées et rapprochées des informations issues des médias.
5. L’Express, 27/12/2018, « Charlie-Hebdo : un attentat inédit selon le parquet » – Le Figaro,
21/12/2018, “Attentats de janvier 2015 : le parquet requiert les assises pour 14 personnes” –
France-Info, 20/11/2018, « Attentats de janvier 2015 : il y avait trois tueurs, mais ils étaient au
moins une quinzaine derrière les attaques, affirme l’avocat des victimes » – 20 Minutes,
26/09/2018, “Attentats de Charlie-Hebdo et de l’Hyper-Casher : bientôt la fin de l’instruction et
des zones d’ombre persistantes”.
6. Libération, 21/12/2018, « Les dénégationnistes du jihad » – France-Info, 22/11/2018,
“Procès en appel de Jawad Bendaoud : cet autre prévenu qui fait froid dans le dos” – Le Figaro,
13/11/2018, “Attentats du 13 novembre : l’enquête dans la dernière ligne droite” – Belga,
20/10/2018, “Un braquage pour financer les attentats de Paris” – France 3, 25/09/2018,
« 13 novembre : une carte d’identité relance l’enquête sur les attentats » – Ouest-France,
15/06/2018, « Belgique : le frère de Salah Abdeslam avoue un braquage à Molenbeek » – RFI,
11/06/2018, “France – Attentats du 13 novembre à Paris : un suspect-clé remis à la France et
inculpé” – Le Parisien, 11/06/2018, « Attentats de Paris : Osama Krayem mis en examen en
France » – France-Info, 1/06/2018, “Le complice de cavale d’Abdeslam, Sofiane Ayari, inculpé
dans l’enquête sur les attentats de 2016 à Bruxelles” – L’Obs, 5/06/2018, « Yassine Atar, frère
du cerveau supposé des attentats du 13 novembre, transféré à Paris » – AFP, 25/05/2018
“Belgique : deux arrestations dans l’enquête sur les attentats de Paris” – L’Obs, 19/04/2018,
« Attentats du 13 novembre : les témoignages effrayants des membres du quatrième
commando » – Le Figaro, 5/02/2018, « Attentats du 13 novembre à Paris et du 22 mars en
Belgique : un seul réseau » – 20 Minutes, 13/11/2017, « Les attaques du Thalys, de Paris et de
Bruxelles étaient peut-être une unique opération de Daech » BFMTV, 13/11/2017, « Attentats du
13 novembre : les avancées d’une enquête tentaculaire » – France-Info, 12/11/2017, « Attentats
du 13 novembre : deux ans après, où en est l’enquête ? » – Le Monde, 11/11/2017, « Attentats
du 13 novembre : deux ans après, révélations de l’enquête » – AFP, 20/03/2017, « Attentats de
Bruxelles : des mafias au jihad, une histoire du Rif » – Le Monde + AFP, 9/03/2017, « Attentats
du 13 novembre : deux mandats d’arrêt émis par la justice française » – Paris-Match,
8/03/2017, « Attentats de Paris et Bruxelles : le principal artificier probablement identifié » –
L’Express, 10/01/2017, « Attentats du 13 novembre : Abaaoud ou les failles du filet » –
Europe 1, 16/10/2016, « La préparation des attentats du 13 novembre a couté 82 000 euros aux
terroristes » – Le Parisien, 9/09/2016, « Attentats de Paris, 30 à 40 terroristes complices seraient
en fuite » – Le Monde, 9/05/2016, « Le procès de la cellule de Verviers s’ouvre à Bruxelles » –
Le Figaro, 11/04/2016 « Attentats de Paris et Bruxelles : un réseau de relations communes » –
AFP, 9/04/2016, « Un même réseau soupçonné d’être derrière les attentats de Paris et Bruxelles
– AFP, 23/03/2016 “La galaxie djihadiste liée aux attentats de Paris et Bruxelles”.
7. Métis réunionnais vivant en métropole, Fabien et Jean-Michel Clain se convertissent au
salafisme vers l’an 2000 à la mosquée de Basso Cambo, à Toulouse, quartier Bellefontaine.
Fabien Clain et son frère sont tués par « des frappes ciblées » en février-mars 2019 à la frontière
syro-irakienne, dans l’ultime réduit de l’État islamique.
8. Armées clandestines menant une guérilla visant à la libération d’une « puissance coloniale »,
ETA et l’IRA sont d’une nature différente ; entités désormais caduques, le combat que jadis
elles menèrent étant devenu impossible dans la société de l’information.
Chapitre 2
1. New York Times International, 30/01/2019, « Church bombing shows global reach of ISIS »
– Director of National Intelligence – Daniel R. Coats, 29/01/2019, « Worldwide threat
assessment of the US Intelligence community » – New York Times International, 2/06/2017,
“Bin Laden is dead. His hydra thrives”. E-IR Info, 04/03/2015, « The Islamic State – more than
a terrorist group ? » – Slate, 5/08/2014, “L’œuvre de Carl Schmitt, une théologie politique”.
2. “Anatomy of terror : from the death of Bin Laden to the rise of the Islamic State”, Ali
SOUFAN, Norton, 2017. Perspectives on Terrorism – Vol. 11-4 – August 2017 “The Dawa’ish : a
collective profile of IS commanders”, Ronen ZEIDEL.
3. Parmi eux sont clairement identifiés : Abu Bakr bin Habib al-Hakim, franco-algérien,
commandant dans la zone de Raqqa, mort au printemps 2017 ; Abu Ibrahim al-Baljiki (le Belge)
recruteur en Europe, tué à Mossoul durent l’été 2016 ; Abu Omar al-Hollandi (Néerlandais
converti) chef des moudjahidines étrangers à Mossoul, tué en janvier 2017 ; Rachid Qasim,
franco-algérien, professeur de charia d’une katiba de Mossoul (où il est tué en février 2017).
4. L’Express, 24/11/2018, « Autopsie des services spéciaux de Daech » – France 24, 6/11/2018,
“Comment les commanditaires du 13 novembre 2015 ont été tués un à un” – Foreign Affairs,
22/11/2017, « Isis intelligence service refuses to die – why the Emni isn’t going away » –
Majalla, 1/04/2017, « Iraqi State TV says ISIS second in command killed in air strike ».
5. Sources personnelles de l’auteur.
Chapitre 3
1. New York Times International, 17/09/2019, “Dramatic dip in ISIS attacks in the west” – Los
Angeles Times, 10/09/2018 “Seventeen years after sept. 11, al-Qaeda may be stronger than
ever”.
2. RT, 7/12/2018 « Libya in chaos seven years after Nato’s ‘liberation’, but who cares ? » – Le
Monde, 6/09/2018, « Le conflit à Tripoli vient du pillage de l’État par un cartel de milices
mafieuses ».
3. BFMTV, 2/10/2018, « Espagne : démantèlement d’un réseau djihadiste dans 17 prisons » –
Daily Star, 17/08/2018, “Barcelona terrorists pictured smiling in bomb vests days before
attacks” – BBC News, 8/08/2018, “Barcelona attack : the jihadists and the hunt for a second
gang” – Los Angeles Times, 29/09/2017, “In Spain, police suspect the seed for recent Islamic
State Attacks was planted years ago” – New York Times International, 25/08/2017, “Using guile
and charm, Imam built a terrorist cell” – France-Inter, 21/08/2017, “Attentats de Barcelone et
Cambrils – Gilles de Kerchove : “Au fond, la cellule était peu formée.””
4. Peu avant l’attaque, es-Sati est tué à Alcanar (sud de Barcelone) par l’explosion des plus de
200 kg d’explosifs instables (TATP, triacétone tripéroxyde) qu’il préparait. Recruteur de
combattants pour l’Irak et trafiquant de cannabis, es-Sati devait être expulsé vers le Maroc en
2015, décision rejetée par un magistrat espagnol, croyant qu’es-Sati « s’efforçait de s’intégrer ».
Passé par Vilvoorde, banlieue bruxelloise pépinière de djihadistes, es-Sati y est repéré comme
dangereux et signalé aux autorités locales – sans effet.
5. Mort lors d’une « mission de sacrifice » en Irak en novembre 2003, 28 morts.
6. Abdelbaki es-Sati, Youssef et Saïd Aallaa, Younes et Hussein abou Yaaqoub, Driss et Moussa
Oukabir, Mohamed et Omar Hychami, etc.
Chapitre 4
1. Géométrie non-euclidienne : théorie logico-déductive usant de tous les axiomes et postulats
posés par Euclide dans les Eléments, sauf le postulat des parallèles.
2. PROCOPE DE CÉSARÉE, La guerre contre les Vandales, Les Belles Lettres, Paris, 1990.
Éclairante préface de Philippe Muray.
e
3. Sinngebilde, structures de significations, sont les idéalités (pensées au XIX siècle par le
philosophe allemand Heinrich Rickert) fondant les cohérences opérant dans le monde et dans
l’histoire.
4. L’Obs, 27/12/2017, « Lebanese Connection » : le renvoi d’une quinzaine de personnes
requis ».
5. Métapsychologie, PUF, 1994.
6. M6 Info, 15/12/2017, “Indirectement, Washington et Riyad ont armé Daech” – Document
secret de la Defence Intelligence Agency – Pentagone, 12/08/2012, Déclassifié Freedom of
Information Act, 18/05/2015” – Press-TV (Iran), 14/06/2017, “En Afghanistan, les talibans
seraient la meilleure option pour lutter contre Daech, selon Rex Tillerson”.
7. Congress of the United States – Washington DC, January 29, 2003 – The Honorable George
J. Tenet, Director of Central Intelligence – Washington DC – S Rept N° 107 – H. Rept N° 107 –
th nd
107 Congress, 2 Session. Document partiellement déclassifié en juillet 2016. Mentions
suivantes : TOP SECRET – “Joint inquiry into intelligence community activities before and
after the terrorist attacks of september 11, 2001” – “Report of the U. S. Senate select committee
on intelligence and U.S. House permanent select committee on intelligence., together with
additional views”. Ce qui est cité ici provient de : « PART FOUR – Finding, discussion and
narrative regarding certain sensitive national security matters ».
8. Participant depuis 30 ans à des conférences à Washington avec d’éminents dirigeants
américains, civils, militaires, forces spéciales, renseignement, think tanks, monde académique,
l’auteur a souvent lâché le mot Ashraf comme test, lors de discussions sur Afghanistan-Pakistan
avec ses interlocuteurs. Il n’en a jamais trouvé un seul connaissant ce pourtant crucial fait social
régional. L’aveuglement, c’est ça. Car chercher Ashraf sur un moteur de recherche en révèle
l’essentiel.
9. Le rapport précise ceci : fin mars 2002, Zein-el-Abidin Muhammad Husayn
« Abu Zubaidah », haut cadre saoudien d’al-Qaïda, est arrêté à Faisalabad, Pakistan, par un
commando américain. Son agenda téléphonique est récupéré. Y figure le numéro de téléphone
de la société ASPCOL qui gère les propriétés immobilières du prince Bandar aux États-Unis ; et
celui du chauffeur du prince Bandar à l’ambassade de Washington.
10. Congress of the United States. TOP SECRET : “Joint inquiry into intelligence community
activities before and after the terrorist attacks of september 2001”, op. cit.
Chapitre 5
1. IOL, août 2018, « L’arc pro-Houthi de Beyrouth à Téhéran se dessine au grand jour » – FARS
News Agency, 8/07/2018, “Tens of terrorists killed in infighting with rival groups, blasts in
northwestern Syria” – New York Times International, 23/02/2018, “Iran builds a network in
Syria as front against Israel” – Europe1, 27/12/2017, « Syrie : la coalition accuse Assad
d’accorder l’impunité à l’EI » – New York Times International, 8/06/2017, “ISIS claims two
attacks in Iran”.
2. Rappel : on ne voit jamais une force, on ne perçoit que ses effets : le vent et les branches qui
bougent, les courants marins et les épaves dérivant même par calme plat, etc.
3. Voir Sécurité Globale N° 10, 2017, « Le Chi’isme paramilitaire ».
4. Tahrir al-Sham Hayat est à l’origine l’avatar d’al-Qaïda en Syrie, désormais rebaptisé
« modéré » et prioritairement hostile à Bachar et son régime.
5. Fox News, 20/09/2018 “Iran allows al Qaeda operations within its borders, says report” –
State Department, septembre 2018, “Country reports on terrorism 2017 – State sponsors of
terrorism” – Le Monde, 17/08/2018, « Dans l’ouest de l’Afghanistan, la présence iranienne
devient menaçante » – RT, 3/11/2017, « Regime-change rumblings ? New CIA release suggests
Iran conspired with Osama bin Laden » – Asharq al-Awsat, 4/01/2016, “Bin Laden’s men in
Tehran-Iran heavily indebted to al-Qaeda” – BBC News, 4/05/2017, “Afghan warlord
Hekmatyar returns to Kabul after peace deal”.
6. CBS News, 22/05/2019, “Tamir Pardo talks with Michael Morell on Intelligence Matters”.
Tamir Pardo a été le chef du Mossad de 2011 à 2015.
7. Abou Bassir al-Yamani a été tué au Yémen, par une frappe ciblée, en juin 2015.
8. En septembre 2016, le gouvernement afghan accorde l’immunité à Hekmatyar, rentré à
Kaboul en juillet 2017 ; les prisonniers de son importante milice pachtoune, le Hezb-e-Islami,
sont libérés. Hekmatyar reste désigné comme terroriste et soutien d’al-Qaïda par le Département
d’État américain, ce qui localement, ne rencontre qu’indifférence.
9. New York Times International, 11/04/2018, “Assad knows what he can get away with” – New
York Times International, 4/08/2017, “Hollowed out force in Syria lacking allies, loses CIA aid”
– New York Times International, 2/08/2017, “Behind the sudden death of a $1 billion secret CIA
war in Syria”.
Deuxième partie
1. Sur l’histoire et la nature du culte des « alaouites » syriens, voir René DUSSAUD, Histoire et
religion des Nosaïris, Librairie Emile Bouillon, 1900, Paris.
e
2. Cette fatwa entière figure dans la revue scientifique Journal asiatique, 6 série, Tome XVIII,
1870.
3. Office of the Director of National Intelligence (DNI), « Bin Laden’s bookshelf », archives
saisies dans la résidence d’Oussama ben Laden au Pakistan, traduites en anglais et figurant sur
le site du DNI américain.
4. Mohamed Ibn Saoud, mort en 1765 (AD).
5. Jean-Baptiste ROUSSEAU, Description du pachalik de Bagdad, Treuttel et Würtz éditeurs,
Paris, 1809.
Chapitre 1
1. Libyen, né Jamal Ibrahim Ashtiwi al Misrati. Moudjahid en Afghanistan dans l’état-major
d’al-Qaïda, puis chef des communications d’al-Q., tué au Pakistan le 22 août 2011 par un tir de
drone. Sur cette lettre, voir note 3 « Bin Laden’s bookshelf ».
2. Mustafa Setmariam Nasar, Syrien, « Abu Musab al-Suri », stratège d’un nouveau jihad
décentralisé et architecte de « al-Qaïda.2 », post-11 septembre.
3. Les contacts entre l’Iran islamique et la Jamaa Islamiyya auraient été initiés au Soudan, au
début de la décennie 1990, par le doctrinaire islamiste soudanais Hassan Tourabi, aujourd’hui
décédé. Voir The Syrian Intifada Blog, 19/09/2015, « Iran’s partnership with al-Qaeda and
unanswered questions ».
Chapitre 2
1. Brian H. FISHMAN, The Master Plan-ISIS, al-Qaeda and the jihadi strategy for final victory,
Yale University Press, New Haven & London, 2016.
2. Personnage crucial de l’histoire d’al-Qaïda et de l’État islamique et surtout, des rapports
entre les djihadis sunnites et Téhéran, Nous donnons plus bas son portrait détaillé.
3. Voir son portrait dans « L’État islamique, objet terroriste non identifié », Xavier RAUFER, Le
Débat N° 193, Gallimard, janvier-février 2017. Téléchargeable sur le site www.xavier-
raufer.com/site/-Accueil-
4. Zarqawi a combattu pendant presque vingt ans. Les groupes qu’il a tour à tour créés dans sa
« carrière djihadie » sont : Jund al-Sham – Tawhid wal Jihad, al-Qaïda en Irak et l’État
islamique en Mésopotamie. L’« État islamique au Levant » et « État islamique » tout court
datent d’après sa mort (7 février 2006).
5. Gambit : « sacrifice volontaire d’un pion ou figure dans la phase d’ouverture, en vue d’un
avantage stratégique type attaque, gain d’espace, ouverture de lignes, dislocation du jeu adverse,
gain de temps, etc. »
6. Ayman AL-ZAWAHIRI, “General guidelines for jihad”, al-Sahab media, 14/09/2013.
7. Ayman AL-ZAWAHIRI, “Brief message to a victorious Ummah-Allah, Allah in Iraq”, Third
Episode, SITE intelligence group, 25/08/2016.
8. Office, of the DNI, 1/03/2016, “Ben Laden’s bookshelf”, op. cit.
9. Middle-Eastern Transparent, 19/09/2015, “Al Qaida’s external operation unit is back”.
Certaines sources font d’Attarzadeh un officier des Pasdaran sous couverture.
10. New York Times, 17/09/2015, “Iran releases top members of al Qaeda in a trade – Sky
News – 14/09/2015, ‘Terror fears as Iran frees al Qaeda members’.
11. De son nom Abdullah Muhammad Rajab Abderrahman. Egyptien, issu du Jihad islamique
d’Egypte (comme Zawahiri), membre du shura council (conseil suprême) d’al-Qaïda ; Trempe
dans les attentats de Nairobi et Dar es-Salaam à l’été 1998. En Afghanistan, il est le contact
d’al-Qaïda avec les chefs Taliban. Arrêté en Iran en avril 2003, libéré en mars 2015. En Iran,
chef du conseil des relations extérieures d’al-Qaïda. Envoyé en Syrie par Zawahiri. Sans doute
tué par un missile de la CIA le 26 février 2017, dans la province syrienne d’Idleb.
12. De son vrai nom Abdullah Ahmed Abdullah. Egyptien, issu du Jihad islamique d’Egypte (et
ami de Saïf el-Adel), membre du shura council d’al-Qaïda ; impliqué dans les attentats de
Nairobi et Dar es-Salaam, arrêté en Iran en 2003, libéré en mars 2015 ; chef du comité financier
d’al-Qaïda, puis de son comité militaire.
13. Palestinien de Jordanie, N° 2 d’al-Qaïda en Mésopotamie sous Zarqawi et compagnon de ce
dernier depuis la décennie 1980 (notamment en Afghanistan, deux fois). Emprisonné avec
Zarqawi en Jordanie en 1994.
14. Autre Jordanien, proche à l’origine de Zarqawi. Technicien de la guérilla et du terrorisme
mal connu, mais donné pour dangereux.
15. Kharijites : secte fanatique du premier siècle de l’islam, les assassins d’Ali, le quatrième
calife.
Chapitre 3
1. Concept de l’absolu monothéisme, de la totale unicité de Dieu.
2. Der Spiegel, 29/04/2002, « Ziele in Deutschland » ; Guido STEIBERG, German jihad – on the
internationalization of islamic terrorism, Columbia University Press, NY, 2013.
3. Selon divers médias britanniques du 14/11/2020, le Daily Mail et le Sun notamment,
Abdullah Ahmed Abdullah, dit « Abu Muhammad al-Masri » aurait été assassiné en août 2020,
dans les rues de Téhéran, par un commando « anonyme ». Il était considéré comme le « N° 2 »
d’al-Qaïda. En cas d’élimination ou de mort d’Ayman al-Zawahiri, actuel chef d’al-Qaïda, Saïf
al-Adel pourrait devenir le chef (« Émir ») de l’organisation.
4. Voir Perspectives on terrorism – Vol. 11, N°1, feb. 2017, “Deciphering Ayman al-Zawahiri
and al Qaeda’s strategic and ideological imperatives” et The Telegraph, 8/05/2016, “Al Qaeda
leader gives blessing for terror group to form own ‘Islamic State’ in Syria”.
5. Cf. Asia Times, 2/07/2003, et 17/10/2003, « Iran lines up its al Qaeda aces » ; « Iran and al
Qaeda, odd bedfellows ».
6. Dit « Abu Jihad al-Masri », doctrinaire salafiste égyptien proche de Zarqawi ; issu de la
Jamaa Islamiyya, il participe au jihad afghan. En novembre 2006, Hakaymah prête allégeance à
al-Qaïda (sur une vidéo faite avec Zawahiri) ; tué au Waziristan (territoires tribaux, Pakistan) en
octobre 2008 (missile sur sa voiture).
7. Lettre d’OBL à Atiyah Abderrahman – Office of the DNI, 26/09/2010, Ben Laden’s
bookshelf, op. cit.
8. US Treasury, 20/07/2016, “Three al Qaeda senior members located in Iran”.
9. Der Spiegel, 26/04/2015, « The terror strategist – Secret files reveal the structure of Isis ».
10. À 80 km de Bagdad, près de la ville éponyme.
Chapitre 4
1. CTC Sentinel, 22/05/2012, “The evidence of jihadi activism in Syria”.
2. De son nom Samir al-Khlifawi, cet ex-colonel (comme d’usage) de l’armée de Saddam
Hussein, restructure dès 2010, l’appareil militaire de l’E. I. « Hajji Bakr » est tué en Syrie par
des rebelles début 2014, près d’Alep.
3. Majalla (KSA), 30/08/2016, « Exclusive : a defector from the leadership of ISIS provides an
inside view of its command structures and regional ties ». Majalla est l’hebdomadaire respecté
d’un grand groupe médiatique saoudien. La personne du transfuge et la réalité des faits qu’il
avance sont vérifiés par de multiples témoins et connaissances, dont des prisonniers de l’E.I. au
Moyen-Orient et en Allemagne.
4. Comme tous les dirigeants de l’E.I., « Abu Ayyub » est un officier (ex-général de brigade) de
l’armée irakienne.
5. De son nom Mohamed al-Bahiah, ami d’Abu Musab al-Suri (voir note 7) et Syrien comme
lui. Détenu en Syrie, il est libéré fin 2011 lors d’une amnistie du régime syrien. En mai 2013,
Ayman al-Zawahiri, émir d’al-Qaïda, fait d’« Abu Khaled al-Suri » son émissaire personnel en
Syrie, comme dirigeant de la coalition Harakat Ahrar al-Sham al-Islamiyya (Ahrar al-Sham en
abrégé, Mouvement islamique des hommes libres du Levant).
Chapitre 5
1. Texte écrit en juin 1988, à la demande de magistrats de l’antiterrorisme, peu versés en
hérésiographie chi’ite.
2. Source : Mustafa Tchamran, interviewé par Hamid Algar à Téhéran le 16 décembre 1979.
3. Syrian intervention in Lebanon, Naomi Joy WEINBERGER, Oxford University Press, 1986.
4. Interview dans Magazine, Beyrouth, 15 décembre 1979.
5. Par exemple les grands Ayatollah Moussavi Kho’i, de Nadjaf, ou Chariat Madari, de Qom.
Troisième partie
Chapitre 1
1. Ioan GRILLO, Gangster Warlords. Drug Dollars, Killing Fields and the New Politics of Latin
America, Bloomsbury (NY), 2016. Le chercheur mentionné se nomme Robert Bunker.
2. Carl SCHMITT, Guerre discriminatoire et logique des grands espaces, Krisis, 2011.
3. De Takfir wa’l Hijra, groupe terroriste égyptien prônant un salafisme extrême, pour lequel la
plupart des musulmans ont sombré dans l’apostasie et méritent en fait la mort.
4. La majorité des cadres et combattants de Jabhat al-Nosra al-Sham rejette la fusion et reste
alors fidèle à Al-Qaida central.
5. Pierre RAZOUX, La Guerre Iran-Irak, 1980-1988, Perrin, 2014.
6. Ibid.
7. Abbottabad est l’équivalent pakistanais de Saint-Cyr-Coëtquidan et grouille bien sûr de
militaires – pas vraiment l’endroit rêvé pour pratiquer une réelle clandestinité. Voir “ISI
Controlled Ossama Bin Laden’s Abbottabad Compound”, Press Trust of India, 28 avril 2016 ; et
Seymour HERSCH, The Killing of Osama bin Laden, Londres et New York, Verso, 2016.
8. Le prétexte était alors la vidéo d’un pilote jordanien brûlé vif, mais l’EI avait fait pire dix fois
auparavant, sans qu’al-Azhar ne s’émeuve.
9. Systèmes inspirés par l’administration des écoles coraniques, madrassas, ou modèle maktabi
prôné par le révolutionnaire-islamique iranien Ali Shariati. Voir Xavier RAUFER, La Nébuleuse :
le terrorisme du Moyen-Orient, Fayard, 1987.
10. Précisément de « Jayvee team of Al-Qaida ». En argot sportif : Junior Varsity team = équipe
B.
11. “What is the Islamic State ?”, The Atlantic, mars 2015 ; « Inside the Islamic State » et « The
Mystery of ISIS », New York Review of Books, 9 juin et 13 août 2015.
12. Théologien salafiste-hanbalite ultra-rigoriste d’origine kurde, mort en 1328 à Damas (en
prison).
13. « Donors in Saudi Arabia constitute the most significant source of funding to sunni terrorist
groups worldwide… Saudi Arabia remains a critical financial support base for Al-Qaida, etc. »
(Memo – “Terrorist finance – action request for senior level engagement on terrorist finance”,
30 décembre 2009, signé Clinton).
Chapitre 2
1. Ex-Premier ministre afghan farouchement sunnite, G. Hekmatyar fuit Kaboul à l’arrivée des
talibans en septembre 1996 et se réfugie en Iran de 1997 à 2002, puis rentre discrètement en
Afghanistan. Depuis lors, ses appels publics trahissent un alignement pro-iranien. Fin juin 2006
(Associated Press-Peshawar) il rend hommage à Abou Moussab al-Zarqawi (tout juste éliminé)
et appelle à chasser les Américains d’Afghanistan et d’Irak. En juillet 2015, Hekmatyar appuie
l’EI qui surgit en Afghanistan, contre les talibans.
2. Zarqawi tué à Baqouba le 7 juin 2006 par une frappe américaine, Abou Ayoub al-Masri, dit
« Abou Hamza al-Mouhajir », proche de Zarqawi depuis 2003, prend la tête d’Al-Qaida en Irak.
Pour « irakiser » la rébellion, il crée en octobre 2006 un « État islamique en Irak » qui rassemble
des guérillas locales et en confie l’émirat à Abou Omar al-Baghdadi. Tous deux sont éliminés le
18 avril 2010 près de Tikrit, lors d’une opération militaire.
3. Camp militaire, proche de la ville irakienne d’Oumm Qasr. Là, des années durant, l’armée
d’occupation américaine a entretenu (involontairement, espérons-le) une efficace « couveuse à
terroristes ».
4. En septembre 2012, une attaque sophistiquée de ce qui se nomme alors Al-Qaida en Irak
libère une centaine des rebelles détenus dans cette prison. Nombre d’entre eux deviendront sept
mois plus tard des cadres de l’État islamique, lors de sa fondation.
5. Il aurait été tué près de Mossoul, au nord de l’Irak, par une attaque de drone, le 18 août 2015
(d’après l’agence Reuters, « La Maison Blanche confirme la mort du numéro deux de l’État
islamique », 21 août 2015).
6. Durant les débuts chaotiques de l’occupation américaine, Tawfiq al-Ani s’est emparé
d’énormes quantités d’armes et de munitions, ensuite livrées à l’EI.
Chapitre 3
1. Érigée en 944 de notre ère, la mosquée a reçu son dôme doré en 1905, cadeau du shah d’Iran
de l’époque. Selon les témoins, les destructeurs de la mosquée portent les uniformes du
ministère irakien de l’Intérieur.
2. Le général Soleimani commande alors la « force Al-Qods », unité des pasdarans iraniens en
charge des opérations spéciales en Syrie, au Liban et en Irak.
Chapitre 4
1. « ISIS falls prey to ghost armies who fight on both sides of the battleground », Financial
Times, 21 décembre 2015.
2. D’abord Jund al-Islam puis Ansar al-Islam. Bande armée arabo-kurde active vers 2000-2002
aux confins du Kurdistan irako-iranien. Formée de vétérans du djihad afghan, ce groupe
salafiste combat l’Irak de Saddam Hussein – donc est aidé par l’Iran. En 2002, le groupe Tawhid
de Zarqawi est actif au sein d’Ansar al-Islam. Par la suite, les survivants de ce dernier groupe
rejoignent Al-Qaida en Irak, puis l’État islamique d’Irak.
3. « The Short, Violent Life of Abu Musab al-Zarqawi », The Atlantic, juillet 2006.
4. « The Shadow Commander », The New Yorker, 30 septembre 2013.
5. https://pietervanostaeyen.wordpress.com/2014/05/12/new-audio-message-by-isis-shaykh-
abu-muhammad-al-adnani-as-shami-apologies-amir-al-qaida.
6. Ministère des Affaires étrangères des États-Unis. Câble-Wikileaks, February 24, 2010,
wikileaks.org/plusd/cables/10DAMASCUS159_a.html – “Syrian Intelligence Chief Attends CT
Dialogue with S/CT Benjamin”.
7. Ce, de longue date : Hafez al-Assad, père de Bachar, n’a rien fait d’autre durant toute la
guerre civile du Liban (1975-1990).
8. « Treasury designates members of Abu Ghadiya’s network facilitates flow of terrorists,
weapons and money from Syria to al-Qaida in Irak » (US Department of the Treasury, 28 février
2008).
9. Assef Shawkat a épousé la sœur de Bachar. L’homme est déjà divorcé…, l’histoire
n’enchante pas les Assad. En juillet 2012 (il est alors vice-ministre de la défense), il meurt à
Damas dans un attentat à la voiture piégée.
10. M. Qassim fuit en Turquie à la fin 2015. “Former Syria Official Tells of Collusion between
Assad, Russia, Daesch Terrorists”, Sabah/Anadolu Agency, 15 février 2016.
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TABLE DES MATIÈRES
Titre
Copyright
Introduction
Au centre de la nébuleuse
Le foyer libyen
L’éclairant cas de l’Espagne
L’incroyable alliance
Le contexte stratégique
L’EI en Irak
L’EI en Syrie
Notes
ميَّة اَل َ
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ص ُ م ْ
من َ
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