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Ásatrú

L’Ásatrú est une religion du « néopaganisme » germanique ou


précisément germanique du Nord dit aussi nordique ou scandinave.
Elle tire la plupart de ses enseignements des sagas dites les sagas
islandaises, dans l'Edda poétique et dans l'Edda de Snorri. Cette
religion s'inscrit dans le mouvement reconstructionniste qui vise à
faire revivre les religions ethniques polythéistes qui existaient avant
l'arrivée des religions monothéistes.

Sens du mot
1
Le mot Ásatrú signifie littéralement « foi, croyance en les Ases »,
en islandais moderne.

Selon le professeur Régis Boyer, le substantif "trú" proviendrait du


vieil haut allemand. L'Ásatrú comporte deux familles de divinités :
les Ases et les Vanes. Les pratiquants de l’Ásatrú sont appelés
Ásatrúar ou encore Ásatrúiste, qui constitue un pur néologisme,
faute de terme plus approprié. Le mot Ásatrú se traduit dans L’Allsherjargoði d’Islande Sveinbjörn
plusieurs langues : Asentreu (allemand), Anstrêve (français), Asatro Beinteinsson pendant un blót en
(danois), Asatro (suédois), Åsatru (nynorsk). 1991.

Le mot "áss" (en vieux norrois) remonterait au gotique ans,


2
renvoyant à l’idée de « poutre » (les représentations des divinités étant sculptées sur des poutres de bois .
Le mot áss a été introduit par les auteurs chrétiens évhéméristes, principalement par Snorri Sturluson, pour
affirmer que les dieux dits païens immortels n’étaient en fait que de simples magiciens mortels venus d’Asie
3 4 5
, dans le but d’éradiquer les croyances dites païennes (Trojumanna saga, saga des Troyens) .

Beaucoup plus anciens que les Ases, les Vanes sont les puissances de la fertilité-fécondité autochtones des
6
pays nordiques . Le culte des Vanes possède une origine matriarcale, car les peuples autochtones de
Scandinavie (c’est-à-dire les peuples en place en Scandinavie avant l’arrivée des Indo-Européens) vouaient,
7 8
croit-on, un culte à la Déesse Mère avant la christianisation .

Forn Siðr
Les peuples scandinaves ne donnaient pas de nom à leur culte avant l’arrivée du christianisme. Pour Régis
Boyer, à la suite de l’arrivée des missionnaires chrétiens en Scandinavie tels qu’Anschaire de Brême vers
829 et du roi Harald Ier de Danemark qui réussit à imposer le christianisme dans son pays vers 960, les
textes médiévaux de Scandinavie mentionnent le terme "Forn Siðr", expression signifiant « ancienne
coutume » ou « ancienne pratique » en vieux norrois, pour désigner la religion originelle de ces peuples, ou
religion nordique ancienne.
La Forn Siðr a été presque éradiquée à partir du xiie siècle à la suite du prétendu incendie du temple de
Gamla Uppsala en 1087 et à l’établissement de l'archevêché de Suède en 1164 au même endroit.

Depuis le xixe siècle


Selon l’auteur suédois Hans Gustav Otto Lidman (1910-1976),
l’église « en bois debout » de Skaga, située dans le parc national de
Tiveden (à environ 140 km à l’Ouest de Stockholm), serait un des
derniers lieux de pratique du paganisme nordique. À trois reprises,
cette dernière a été détruite, dont en 1826, à la suite de la pression
du diocèse de Skaga qui voulut mettre fin à la controverse entourant
l’utilisation d’un puits sacrificiel à proximité de l’église en
9
question .
Les trois dirigeants de la Sveriges
Asatrosamfund (la Société de
Après avoir eu peu, voire pas, de pratiquants durant des siècles,
l’Ásatrú de Suède) durant une
l’Ásatrú réapparut sous une forme organisée quoique rudimentaire,
cérémonie printanière exécutée à
sous l’impulsion des romantiques tels qu’Erik Gustaf Geijer (1783-
l’ancien monument Ales Stenar près
1847) et la société littéraire Götiska Förbundet, en Suède.
de Kåseberga à Österlen en Scanie,
dans le Sud de la Suède dans le
Le mot Ásatrú a été utilisé pour la première fois dans un opéra
cadre du thing annuel de la Société
inachevé du compositeur norvégien Edvard Grieg en 1870 et dans
le 26 avril 2008.
un article du périodique islandais Fjallkonan en 1885.

Par la suite, des groupes organisés apparurent en Allemagne au


début du xxe siècle avec la Germanische Glaubens-Gemeinschaft (c’est-à-dire la communauté de la foi
germanique, en haut allemand moderne), une organisation fondée le 3 août 1913 par le peintre, écrivain,
poète et professeur universitaire Ludwig Fahrenkrog.

La seconde renaissance de l’Ásatrú débuta à la fin des années soixante et au début des années soixante-dix.
En 1973 le gouvernement islandais reconnaît l’Ásatrú comme une religion d’État officielle, principalement
grâce aux efforts de Sveinbjörn Beinteinsson. Dans le même temps, aux États-Unis, Stephen McNallen, un
officier de l’armée de terre américaine, lança l’édition d’un journal intitulé « The Runestone » et créa The
Ásatrú Free Assembly renommée par la suite Ásatrú Folk Assembly.

Le 6 novembre 2003, la Société des Ases et des Vanes au Danemark, fondée en 1997 à Odense obtient du
ministère des affaires religieuses le statut de religion reconnue. Elle rassemble des groupes locaux dans
plusieurs régions du Danemark et compte autour de 800 fidèles [réf. nécessaire].

De nos jours, on peut trouver des pratiquants de l’Ásatrú à travers le monde entier mais principalement en
Scandinavie, en Europe de l’Ouest, aux États-Unis, au Canada en Australie et en Nouvelle-Zélande. Il
n’existe en revanche pas d’estimation fiable du nombre exact de fidèles. Selon l’organisation américaine
10
Irminsul aettir, on dénombre officiellement 5 500 Ásatrúar déclarés dans le monde entier . Selon le
blogue The Norse Mythology Blog (http://www.norsemyth.org/2013/10/worldwide-heathen-census-2013.h
tml), 16700 personnes se déclarent « heathen » dans le monde en 2013.

Kindreds
Les Ásatrúar se réunissent souvent en petits groupes nommés en anglais « kindred » signifiant « parenté ».
Dans un sens plus large, le mot « hearth » peut aussi être utilisé pour désigner un de ces groupes, ce qui
signifie en français, un « foyer » au sens d’une unité composée de personnes vivant dans un même lieu. On
comprend tout de suite que le dénominateur commun de ces groupes demeure avant tout la reconnaissance
11
d’un ancêtre commun. L’équivalent celtique pourrait être le clan, un mot gaélique signifiant « enfants ».

Si on se fie aux principaux groupes aux États-Unis et en Scandinavie par exemple, les kindreds constituent
en général des organisations démocratiques, inspirées des Thing datant de l’époque des Vikings. Ils sont
également en faveur de la liberté d'expression en s’inspirant directement de la Déclaration universelle des
droits de l'homme notamment, restant ainsi fidèles aux valeurs véhiculées dans les sagas. Les kindreds ne
sont pas gérés par une autorité centrale suprême et aucun dogme ne vient restreindre leur liberté.

Aujourd’hui, les Ásatrúar se rencontrent souvent sur Internet, par l’entremise de forums de discussion, pour
organiser des rencontres et des cérémonies (voir blót et Symbel).

Organisations nationales et internationales


Les Ásatrúar et les kindreds peuvent, s’ils le désirent, faire partie
d’organisations à l’échelle nationale ou internationale,
principalement retrouvées aux États-Unis et en Europe. Voici des
12
exemples :

American Vinland Association (basée à San Francisco,


en Californie)
Asatru Alliance (basée dans la ville de Payson, en
Arizona)
Ásatrúarfélagið (basée à Reykjavik, en Islande)
Åsatrufellesskapet Bifrost (basée à Lysaker, en
Norvège)
Asatru Folk Assembly (basée à Nevada City, en Le marteau, Mjöllnir, fréquemment
Californie) porté en pendant par les Asatruars,
Confederation of Independent Asatru Kindreds (basée est l’un des symboles majeurs de
à Adamsville, en Alabama) l'Asatru.
Sveriges Asatrosamfund (basée à Stockholm, en
Suède)
The Troth (basée à Berkeley, en Californie)
13
Comunidad Odinista de España - Ásatrú (basée en Albacete, Espagne)
Forn Siðr Blótsfélag Sjánghais (basée en Chine)
14
Les Enfants d'Yggdrasil (basée en France)

Éthique
15
L’organisation américaine Asatru Folk Assembly , fondée par Stephen McNallen en 1994, prône
notamment un code d’éthique tiré de certaines œuvres littéraires de la Scandinavie médiévale telles que
l’Edda poétique (et particulièrement les Hávamál et les Sigrdrífumál) et aussi des Sagas islandaises.
Cependant, Stephen McNallen ne mentionne pas la rigueur intellectuelle dont lui et ses pairs ont fait preuve
lors de cette analyse philologique.

Quoi qu’il en soit, ce dit code moral se décline en neuf nobles « vertus » :

La force est préférable à la faiblesse ;


Le courage est préférable à la couardise ;
La jouissance est préférable à la culpabilité ;
L’honneur est préférable à la honte ;
La liberté est préférable à l’asservissement ;
La parenté est préférable à l’aliénation ;
Le pragmatisme est préférable au dogmatisme ;
La vigueur est préférable à la paresse ;
L’ascendance est préférable à l’universalisme.

Quoique fort répandu chez les Ásatrúar du monde entier, aucun code d’éthique ne fait l’unanimité chez les
pratiquants. D’autant plus que l’observance d’un code de conduite constitue un concept relativement récent,
16
si on étudie l’histoire de cette religion .

Croyances
Voici les neuf piliers fondamentaux compris dans l’Ásatrú, comme
établis lors du Freespirit festival de 1994, par Lewis Stead, le
rédacteur en chef d’Ásatrú Today, The Journal of Norse Paganism :

L’étude de l’histoire, de la civilisation et des langues


scandinaves dont l’islandais, le danois, le suédois, le
féroïen, le nynorsk, le bokmål, le gutnisk et l’övdalsk
17
par exemple, ainsi que le vieux norrois
La croyance en l’existence des neuf mondes
représentés par l’arbre Yggdrasil, soit Ásgarðr, (le
monde des Ases), Ljösláfheimr (le monde des Elfes
lumineux), Vanaheimr (le monde des Vanes),
Jötunheimr (le monde des géants), Miðgarðr (le monde Vegvísir et variantes telles que le
du Milieu, c’est-à-dire la Terre), Muspellsheimr (le Ægishjálmur, le Veiðistafur et le
monde du feu), Nilfheimr (le monde des brumes), Hólastafur, sont perçus comme des
Svartalfheimr (le monde des Elfes sombres), Helheimr symboles de protection représentant
(un des royaumes de la mort) les 9 mondes dans le Yggdrasill.
La croyance en de « nobles vertus » en guise de code
d’éthique, pour certains pratiquants
La croyance en un panthéon majeur propre aux peuples scandinaves (Ases et Vanes)
La croyance en un panthéon mineur (les elfes dit Alfar, les Valkyries, les Landvættir, etc.)
Le culte des ancêtres
Une relation privée avec les divinités Ases et Vanes
L’étude et l’utilisation des runes (le nombre de runes utilisées peut varier)
L’utilisation de symboles spécifiquement scandinaves : le marteau de Thor, le valknut,
Irminsul, le fylfot, la croix odinique, cœur de Hrungnir, etc.

La grande majorité des Ásatrúar ne voient pas la mythologie nordique comme une vérité littérale, mais
comme une vérité métaphorique [réf. nécessaire]. Il n’existe pas de théologie orthodoxe de la religion Ásatrú,
bien qu’il existe des variantes. La Nature est adorée, relativement à sa représentation dans le panthéon
nordique, mais également révérée dans la pratique. Cependant, l’Ásatrú n’est pas une religion repoussant
les innovations techniques.
Les Ásatrúar ne considèrent pas leur religion comme étant issue du néopaganisme au sens usuel, et la
majorité des fidèles rejettent cette étiquette. On la considère davantage comme une religion reconstruite. La
pratique est basée sur les enregistrements historiques disponibles, leurs interprétations et leur extension. Les
rites varient d’un groupe ou d’une communauté à l’autre, mais seulement dans leurs détails.

La comparaison entre l’Ásatrú et d’autres religions est assez délicate et consisterait plutôt à mettre en
lumière leurs différences que leurs points communs. Dans la religion Ásatrúar, les Ases ne sont pas des
êtres infaillibles ni même immortels et on ne les adore pas avec soumission. Ils sont plus considérés comme
des amis dont la sagesse et la puissance peuvent venir en aide à point nommé. De plus, les dieux du Nord
ne sortent pas tout en armes de la tête de leur géniteur et ne restent pas immuables devant le passage du
temps. Ils sont le produit de leur existence, comme on peut le voir en étudiant la vie de Loki, le géant du feu
ou mieux, celle de Freyr, le dieu de la fertilité. Les hommes, créés par Óðinn et ses frères, sont très proches
des dieux, par leur comportement et les relations hommes/dieux sont, en quelque sorte, familiales.

Autrefois, il n’était pas rare qu’un Scandinave punisse le dieu qui l’avait trahi en lui retirant (pour un temps)
son adoration et ses offrandes. C’est d’ailleurs ce trait de caractère qui rendit l’implantation de la religion
chrétienne si délicate dans ces contrées : au moindre revers, Jésus était mis au coin au profit des Ases et des
Vanes.

À la différence de la plupart des autres religions, La religion Ásatrúar, depuis son origine, ne comporte
aucune liste de comportements à proscrire. La recherche d’un compromis entre la liberté et la responsabilité
est en revanche un thème central dans la littérature légendaire, mystique et historique de cette religion,
littérature que les membres des associations Ásatrúar sont tenus d’étudier sérieusement. Certains
comportements condamnés dans d’autres religions (comme la fierté) sont considérés comme des qualités, à
condition qu’ils soient correctement exprimés. Il n’est jamais question de « rédemption », de
« sauvegarde », ni même de « perfection » dans l’Ásatrú. La théorie de la vie après la mort est sans doute le
reflet de la justice expéditive des temps anciens.

De même, cette religion voit d’un assez mauvais œil le prosélytisme. Pour elle, le croyant doit venir de lui-
même.

Bien qu’elle descende d’une culture guerrière, l’Ásatrú n’est pas une religion misogyne : Óðinn fit l’homme
et la femme de deux branches distinctes : Askr et Embla. La déesse de l’amour est également une déesse
guerrière et dans l’Antiquité nordique, hommes et femmes pouvaient être appelés à se battre (voir par
exemple l’article sur les Berserkir). C’est pourquoi hommes et femmes sont considérés à de nombreux
égards comme égaux, bien que différents et les femmes ont un rôle important à jouer dans les rites Ásatrúar.

Le culte des dieux nordiques et germaniques est sujet à des variations régionales, dues à l’interprétation
subjective des pratiquants les plus influents (goðis). Par exemple, en Islande, beaucoup considèrent l’Ásatrú
comme une religion orientée politiquement à gauche, alors qu’une petite partie des pratiquants allemands ou
américains sont parfois clairement d’extrême droite. Ces derniers cherchant à justifier leurs idées par une
religion qui, à l’origine, n’a rien à voir avec la pensée politique développée par ces individus. Entre autres
choses, ces personnes ne réservent l’adhésion à leurs associations qu’aux seules personnes d’origine
germanique ou nordique. Dans tous les cas, le pratiquant devra se rapprocher avec prudence des
associations religieuses qu’il ne connaît pas.
En France, l’Ásatrú ne tient pas compte de l’origine des individus : chacun peut se réclamer de l’Ásatrú,
quelle que soit son origine ethnique, tant qu’il a la foi. D’autres estiment que l’Ásatrú est la religion
naturelle des Scandinaves, des Germains et des Anglo-Saxons : il n’y aurait donc aucune raison que
d’autres peuples puissent se réclamer de l’Ásatrú.

Blót

Quoique le mot blót renvoie à l’idée de sacrifice, il faut le prendre


18
au sens de « vénération » . Il constitue un rite autrefois pratiqué
dans le but de renforcer le pouvoir d’une divinité par l’entremise
19
d’un liquide sacrificiel : bière, hydromel, vin et sang notamment .
Ce rituel peut être très formel, mais l’idée sous-jacente ressemble
davantage à une invitation d’un membre de la famille à sa table que
d’une messe. Nourriture et boissons sont souvent offertes à cette
occasion. La plupart seront consommées par les participants et la
partie destinée à la divinité sera versée dans un puits sacrificiel Autel ásatrú.
nommé blótkelda ou dans une source sacrificielle nommée blótgröf.
La boisson traditionnelle à cette occasion est l’hydromel ou la bière.

Calendrier
16
Régis Boyer explique sporadiquement que la Scandinavie préchrétienne célébrait plusieurs moments
20
forts de l’année selon le découpage sommaire suivant . Remarquons que ces célébrations revêtaient
parfois un caractère religieux, parfois juridique :

Le 21 mars : le Dísarblót national (à tous les neuf ans)


Entre le 9 et le 15 avril : Sigrblót (sacrifice pour la victoire)
Le 15 au 22 mai : SóknarÞing (le règlement des peines)
Le 22 au 30 mai : SkuldaÞing (le règlement des dettes)
Le 15 juin au 1er juillet : Midsumarblót – AlÞing
Le 21 septembre : le LeidÞing - Haustblót - Álfablót
Le jeudi suivant le 13 octobre : Vetrnætr – Dísarblót local
Le 21 décembre au 1er janvier : Jól - Jólablót

Aujourd’hui, les Ásatrúar semblent davantage s’inspirer des calendriers wiccans ou néo-druidiques. La très
forte connotation celtique de certains mots utilisés pour désigner ces fêtes trahissent un manque de rigueur
au niveau ethnolinguistique. Certains pratiquants soutiennent le fait que l’on devrait s’inspirer davantage
des noms traditionnels comme ceux décrits ci-haut par Régis Boyer, avec la graphie savante en vieux
norrois. Quoi qu'il en soit, le calendrier suivant est largement accepté par une bonne majorité des Ásatrúar
dans le monde :

Le 21 décembre : le solstice d'hiver / Yule


Le 1er février : Imbolc
Le 21 mars : l’équinoxe de printemps / Ostara
Le 1er mai : Beltane
Le 21 juin : le solstice d'été / Litha
Le 1er août : Lughnasadh
Le 21 septembre : l’équinoxe d'automne
Le 1er novembre : Samhain

Symbel ou sumbl

Le symbel (en vieil anglais) ou sumbl (en


vieux norrois) est un rite d’inspiration
traditionnelle autrefois nommé drekka mini
(« boire à la mémoire de ») dans lequel une
boisson est passée d’une personne à l’autre
21
d’une assemblée réunie en cercle .

Les libations rituelles faisaient partie de toutes


22
les festivités du monde scandinave Selon un Gamla Uppsala : selon Adam de Brême, le vieil Upsal était
rituel précis, on consomme cette bière le centre du paganisme des Suédois et à cet endroit se
spécialement brassée. Dans la saga d'Egill, fils serait trouvé un temple païen où les rois sacrifiaient aux
de Grímr le Chauve, on spécifie que la boisson divinités nordiques.
la plus prisée reste le mungát, une bière forte à
laquelle on a ajouté du miel. Cette même saga
mentionne qu’on doit faire circuler dans la salle une corne à boire en prenant chacun une gorgée. Cette
opération se nomme sveitardrykkja, c’est-à-dire une gorgée à tour de rôle. On s’assoit souvent deux par
deux selon un tirage au sort, puisqu’on faisait confiance par-dessus tout aux arrêts du destin. Il est convenu
qu’on s’assoie en couple, souvent homme et femme. Chacun doit vider la moitié de sa corne et si quelqu’un
manque à boire sa ration, il peut en résulter de chaudes disputes. Si quelqu’un veut davantage prouver sa
valeur, il peut s’il le désire boire la corne au grand complet.
23
La saga de Snorri le Godi , on mentionne que la bière est la boisson obligée de toutes les festivités et que
son pouvoir et sa valeur sacrée ne font pas de doute. De plus, on mentionne qu’on doit porter un toast avant
de boire et que lors de ces soirées, il n’était pas question de ne pas s’enivrer. Par ailleurs, cette même saga
mentionne qu’à chaque fête, il convient de boire une nouvelle bière brassée selon une opération magique
avec des rites précis. Le moment idéal pour brasser la bière reste Jól, d’après les anciens textes.
23
La saga de Glúmr le Meurtrier , détaille les différentes façons de boire la bière. Tout d’abord, il faut se
servir d’une corne généralement ornée. On passait cette dite corne de l’un à l’autre ou bien en zigzaguant
entre les bancs se faisant face. Le maître de la maison prononce des paroles sacrées sur la corne avant de la
faire circuler. D’après cette saga, il existe trois façons de boire : « sveitardrykkja » (boire une seule gorgée à
tour de rôle), « tvímenningr » (boire en couple chacun une moitié de corne) et « einmenningr » (boire seul
la corne en entier) .

Seydr

Le Seydr (ou Sejðr selon la graphie savante) signifie littéralement « bouillonnement, effervescence » et
désigne un ensemble de pratiques chamaniques propres aux religions nordiques.

Le Sejðr implique une transe et vise à percer les desseins des Nornes afin de connaître le destin (wyrd ou
orlög) ou pour changer le chaman en animal. Dans la légende, c’est Freyja qui enseigna cette magie aux
Ases. Si on en croit la Lokasenna (texte où Loki calomnie les dieux jusqu’à l’intervention de Thor), le
Sejðr était une activité magique plutôt réservée aux femmes, mais qu’Odin pratiquait assidûment. La
transformation en animal consiste à échanger son hamr (la substance qui donne sa forme au corps) avec
celui d’un animal par la force de concentration. Le Sejðr est
mentionné dans le Gylfaginning, c’est-à-dire « la mystification de
Gylfi » en vieux norrois, soit la première des trois parties de l’Edda
de Snorri Sturluson.

Variantes de l’Ásatrú
Le terme « Ásatrú » est davantage utilisé aux États-Unis (voir
Asatru folk Aseembly et Asatru Alliance), au Canada et en
Scandinavie (Ásatrúarfélagið en Islande et Åsatrufellesskapet en
Norvège notamment) tandis que le terme « Odinisme » est
davantage répandu au Royaume-Uni (The Odinic Rite UK), en
Australie, en France (Les fils d’Odin), en Espagne (Hermandad
24
Odinista del Atlántico), en Italie (Comunità Odinista) Le valknut se retrouve surtout sur
les pierres commémoratives dites
D’autres termes sont utilisés par certains pratiquants pour désigner « bautasteinar » en vieux norrois.
cette religion telles que la vanatrú, l’odalisme, le Wotanisme, le
wodanisme, le théodisme, le fynsidu, le gaelic heathen, le norse
heathenism, la northern îsles tradition, le rökkatru, le thrusatru, le heathen druidry, le wyrd druidry, le norse
druidry, le néopaganisme germanique, la tradition des francs, le forn sed, le forn sidr, l’armanisme de Guido
von List et l’irminisme sans que tous ces mouvements soient directement apparentés.

Notes et références
1. Snorri Sturluson, L’Edda, récits de mythologie nordique, éditions Gallimard, traduit par
François-Xavier Dillmann, p. 51, (ISBN 2-07-072114-0).
2. Régis Boyer, Les Vikings, histoire, mythes et dictionnaire, Paris, Robert Laffont, p. 433,
(ISBN 978-2-221-10631-0).)
3. Régis Boyer, Le Christ des Barbares, Paris, éditions Cerf (ISBN 2-204-02766-9) p.33-34.
4. Régis Boyer, Yggdrasill, la religion des anciens Scandinaves, édition Payot, P 8
(ISBN 978-2-228-90165-9).
5. Régis Boyer, L’Islande médiévale, Guide des belles lettres, (ISBN 2-251-41014-7) p. 179,
202, 211.
6. « Les Vikings » histoire, mythes et dictionnaire. Régis Boyer Robert Laffont p431,
(ISBN 978-2-221-10631-0).
7. Régis Boyer, Le Christ des Barbares, éditions Cerf (ISBN 2-204-02766-9) p.23;35.
8. Régis Boyer La Grande Déesse du Nord,Paris, Berg, 1995 et Les Vikings : histoire, mythes,
dictionnaire, éditions Robert Laffont, collection bouquins (ISBN 978-2-221-10631-0) p. 424,
431.
9. Lidman, H. (1972) Gudanatt, dagar och nätter i Tiveden, Askild & Kärnekull, Stockholm.
10. « Asatru Worldwide Index » (http://www.irminsul.org/aw/aw.html), sur irminsul.org (consulté le
18 avril 2023).
11. (en) MacFarlane’s (Scottish-) Gaelic-English Dictionary, Eneas MacKay, Bookseller 43
Murray Place, Stirling, 1912.
12. Consultez le site Web http://www.irminsul.org/.
13. La première confession religieuse Ásatrú reconnue par un État souverain en dehors de la
Scandinavie, la quatrième dans le monde (http://dgraj.mju.es/EntidadesReligiosas/Resultad
oNNCC.asp?p_inscripcion=1161-SG/A))
14. Association loi 1901 Ásatrú reconstructioniste française (https://enfants-yggdrasill.org/abou
t/))
15. Consultez le site Web http://www.runestone.org/.
16. Régis Boyer, Les Vikings, histoire et civilisation, Paris, Plon, p. 337 (ISBN 2-266-06288-3).
17. Pour présenter les langues scandinaves, Régis Boyer - université de Paris IV, France.
18. François Xavier Dillmann « Histoire des rois de Norvège par Snorri Sturluson », Paris,
Gallimard, p. 371, (ISBN 2-07-073211-8).
19. Régis Boyer Les Vikings, histoire et civilisation Éditions Plon, p. 338-341
(ISBN 2-266-06288-3).
20. Régis Boyer, Yggdrasill, la religion des anciens Scandinaves, Paris, Payot
(ISBN 978-2-228-90165-9).
21. Régis Boyer, Sagas islandaises, Paris, Gallimard, Coll. « La Pléiade » no 338, 1987, (ré-éd.
1994), 1993 (ISBN 2-07-011117-2).
22. Régis Boyer, Les Vikings, histoire et civilisation, Paris, Plon, p. 340 (ISBN 2-266-06288-3).
23. Régis Boyer, Sagas islandaises, Gallimard, Coll. « La Pléiade » no 338, 1987, (ré-éd. 1994),
1993 p. 205 (ISBN 2-07-011117-2).
24. Consultez le site Web de l’Irminsul Aettir au http://www.irminsul.org/).

Annexes

Articles connexes
Mythologie nordique
Néopaganisme
Odalisme
Odinisme
Religion nordique ancienne
Snorri Sturluson
Sveinbjörn Beinteinsson
Huldufólk

Liens externes
(fr) Paganismegermanique.org (https://paganismegermanique.org)
(fr) https://association-paienne-germanique-quebec.org/
(en) http://www.northernpaganism.org/

Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste : Store norske leksikon (htt
ps://snl.no/moderne_%C3%A5satro)

Bibliographie
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Arnaud d’Apremont, B.A-BA Tradition Nordique Vol 1, Puiseaux, Pardès, 1999.
Anne-Laure d’Apremont, B.A-BA Tradition Nordique Vol 2, Puiseaux, Pardès, 1999.
Régis Boyer, Le Christ des barbares, Paris, Éditions du Cerf, 1987.
Régis Boyer, Yggdrasil, la religion des anciens Scandinaves, Paris, Payot, 1992.
Régis Boyer, L’Edda poétique, Paris, Fayard, 1992.
Régis Boyer, Mœurs et psychologie des anciens islandais, Paris, Éditions du Porte-glaive,
1986.
Régis Boyer, L’Islande médiévale, Paris, Éditions les Belles Lettres, 2001.
Régis Boyer, Les Vikings, premiers Européens, Paris, Autrement, 2005.
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Angus Konstam, Atlas historique du monde viking, Paris, Maxi-livres, 2004.
Patrick Louth, La civilisation des germains et des vikings, Genève, Famot, 1976.
Jean Mabire, Les Dieux Maudits, Paris, Éditions Copernic, 1978.
Henri Maurier, Le Paganisme, Ottawa, Novalis, 1988.
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