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Religion nordique ancienne

La religion nordique ancienne (ou paganisme nordique)


recouvre l’ensemble des croyances et des pratiques religieuses des
peuples scandinaves, des origines à l'âge du bronze, jusqu’à l'âge
des Vikings qui s'achève par la christianisation autour de l'an 1000.
1, 2
Ces croyances sont sans prêtres, ni dogmes, ni lieux de cultes .

« La religion des anciens scandinaves n'est pas révélée mais vise à


participer à la vie des Dieux en ce monde et dans l'autre, la frontière
entre les deux étant très floue et souvent quasiment inexistante.
[...Elle] ne connaissait pas de doctrine, mais consistait en une
attitude et surtout en un certain nombre d'actes signifiants qu'on
peut appeler rites. Le rite est l'essentiel de la religion nordique
3
ancienne. » . Elle a donné naissance à un ensemble de mythes
relatés notamment dans les Eddas, la mythologie scandinave.

Un statut particulier était accordé par ces peuples à la nature, à la


Odin avec Hugin et Munin.
femme, mais aussi à certains animaux, comme l’ours, le cheval, le
sanglier et le corbeau, qui se voyaient attribuer des pouvoirs
fabuleux et possédaient une place importante dans les rituels et les
traditions.

Terminologie
Les Scandinaves ne donnaient pas de nom à leur culte avant l’arrivée du christianisme. À la suite de
l’arrivée des missionnaires chrétiens en Scandinavie tels qu’Anschaire de Brême vers 829 et le roi Harald
Ier de Danemark qui réussit à imposer le christianisme dans son pays vers 960, les textes médiévaux de
Scandinavie mentionnèrent le terme forn siðr pour désigner la religion originelle de ces peuples.
L’expression signifie littéralement « ancienne coutume, ancienne pratique » en vieux norrois.
Leur langue ne dispose pas de vocable pour « religion », le mot approchant serait « seydr, sejdr ou sidr » :
coutume, ensemble de pratiques, magie, médecine... activités principalement féminines. Leurs croyances ne
possèdent aucun crédo, pas de prières à proprement parler, « pas de prêtres, ni ordre religieux, ni temples,
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point de délire imaginatif ou de longues méditations rêveuses » , sans foi, sans dogmes .

Les sources

Sources archéologiques

Âge du Bronze

Sources toponymiques

Sources littéraires

Sources antiques

« Ils (Germains du nord) n’ont ni druides qui président au


culte des dieux, ni aucun goût pour les sacrifices, ils ne
rangent au nombre des dieux que ceux qu’ils voient et
dont ils ressentent manifestement les bienfaits, le soleil, le
Pétroglyphe de Norrköpings.
feu, la lune. Ils n’ont même pas entendu parler des
autres »
— César, De Bello Gallico, VI, 21

« Ils répugnaient à présenter leurs Dieux sous formes


humaines, il leur semble peu convenable à la grandeur des
habitants du ciel, ils leur consacrent les bois, les bocages
et donnent le nom de Dieux (et Landvaettir) à cette réalité
mystérieuse que leur seule piété leur fait voir » « Aucun
de ces peuples ne se distingue des autres par rien de
notable, sinon qu’ils ont un culte commun pour Nerthus Le char solaire de Trundholm, daté
c’est-à-dire la Terre Mère, croient qu’elle intervient dans du premier âge du bronze soit aux
les affaires des hommes et circule parmi les peuples » » alentours de -1400
— Tacite, Germania, IX, 3

Sources médiévales

Influences chrétiennes

Les textes constituant la mythologie nordique ont été rédigés par des clercs ou des hommes issus d’une
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formation cléricale . La question de l'interpretatio christiana est souvent débattue pour savoir à quel point
ils ont réinventé la mentalité des Vikings deux ou trois siècles après leur disparition. Ainsi, selon Régis
Boyer, « l’Église apportait dans ses bagages toute une magie biblique ou orientale fatidique que l’on
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attribua à tort aux Vikings » et « tous les documents islandais anciens sont écrits sur palimpsestes, il faut
gratter l’apport continental chrétien pour tenter de
retrouver l’authenticité scandinave (et
6
germanique) ancienne » . Il propose d’essayer de
reconstituer la mentalité viking plutôt que de
prendre à la lettre des récits souvent trop
7
complaisants ou adaptés de sources latines . Pour
Hilda Ellis Davidson, « nous avons affaire à un
monde mythique artificiel, bien éloigné de la foi
8, 9, 10, 11, 12, 13
vivante de l’ère païenne » . Einar
Ólafur Sveinsson, spécialiste islandais et son
école, disent (en parlant de tous les textes) que :
« la littérature ancienne de son pays est mi
ecclésiastique, mi séculiere ». Régis Boyer
constate qu’« on ne voit pas comment le
14
contredire » .

Cependant, « l'essentiel de ce que nous


connaissons par les Eddas se trouve déjà gravé
dans la pierre, au minimum plus d'un millénaire et
demi à l'avance. Dans ces conditions, les
tentatives d'interprétation de la mythologie
nordique par des collusions avec les courants de
pensée orientale ou chrétienne à l'époque
historique s'effondrent d'elles-mêmes, ce qui, bien
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entendu, n'exclut pas les interpolations » , et
pour François-Xavier Dillmann, à propos de
l'Edda de Snorri Sturluson : « ...La mise en
évidence d'indéniables influences bibliques dans Carte montrant les différences régionales de culte en
l'un ou l'autre chapitre de la Gylfaginning n'a que Scandinavie vers 900, déterminées par les noms de
trop fréquemment été utilisée pour tenter de jeter lieu et les données archéologiques. En bleu, les régions
le discrédit sur toute l'entreprise de Snorri. Force dominées par le culte des Vanes ; en rouge, celles où
est néanmoins de constater que, même s'il vivait prédominent Thor, Odin et les autres Ases ; en violet,
dans un pays évangélisé depuis environ deux les zones de coexistence ; les points verts sont les
siècles et s'il avait reçu à Oddi une éducation noms de lieu dérivés d’Odin - d’après Erik Christiansen,
fortement teintée de dogmatisme chrétien, Snorri The Norsemen in the Viking Age, Blackwell, 2002.
montrait une profonde inclination pour la
mythologie ancestrale. [...] S'il serait certainement
abusif d'en faire un propagandiste païen en pleine époque chrétienne, il ne nous semble pas douteux qu'il ait
chéri ces belles histoires qui assuraient la pérennité de la poésie scaldique, ces vieux mythes dans lesquels
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s'exprimaient le génie de sa nation. » .

De là viennent sans doute les analogies des Nornes avec les Parques, des Valkyries avec Apsaras, de Tyr
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avec Mars, d’Odin avec Mercure, de Loki avec Lug, ou encore de Fjorgyn avec Perkun . Les Nornes et
leur destin immuable sont vues comme une invention chrétienne associant Urd (le nom d’une source),
Skuld (le nom d’une Valkyrie), et Verdandi (seule la Voluspa cite ce nom). Pour Jean Renaud, « Urd était
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probablement la plus authentique des trois, à laquelle on aurait associé par la suite les deux autres » . Bon
nombre des êtres surnaturels de la mythologie nordique sont adoptés sur le tard lors de la christianisation, et
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certains sont apportés par l’Église . On les soupçonne de suivre quelques grands modèles célèbres dans
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tout le Moyen Âge, comme Isidore de Séville ou tout simplement la Bible .
L’Islande devenue chrétienne, l’Église ne badine pas plus là qu’ailleurs sur la stricte observance de ses
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lois . Seules certaines pierres à inscriptions runiques auraient échappé à la destruction car elles
comportaient des signes religieux chrétiens comme la pierre de pierres de Jelling, où des inscriptions
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neutres . La rédaction deux siècles après l’âge viking, donne latitude à l’Église d’entreprendre un travail
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patient et opiniâtre d’éradication, bien connu d’autre part . Elle s’efforçait de dévaluer les croyances et
pratiques menaçant la doctrine chrétienne, les dieux passent à l’état de diables, ou subtilement ils se
retrouvent ridiculisés. (Harbardsljod ou la Lokasenna). Ou les dieux ne sont plus que de simples humains
24 25, 20
divinisés , ainsi ils périssent lors du combat final (Voluspa, ragnarök…) Régis Boyer .

Les Eddas

La Gesta Danorum de Saxo Grammaticus

Le panthéon nordique

Déesse mère

Régis Boyer met en exergue une croyance ancestrale en une grande déesse mère de la création et de la vie,
en harmonie avec les forces et les éléments naturels qui régissent l’univers, et à qui ils ont donné par la suite
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une représentation anthropomorphe .

À l’origine « les pères des Vikings » croyaient en une Déesse Mère et aux grandes forces naturelles que
sont le soleil, l’eau, la terre, l’air, le feu et la vie, qu’ils ont représentés plus tard par la création d’un
panthéon qui compte notamment Odin (Yggr, le redoutable), Odr (fureur) Thor (tonnerre), Jord (terre),
Frigg, Freyja (femme), Fjörgyn (il/elle, qui favorise la vie), Sól (le soleil), Máni (la lune), Baldr et Freyr,
(seigneur), Surtr (noir du feu), Mímir (mémoire), Bragi (parangon), Logi/Loki (flamme)... et le grand arbre
27
Yggdrasill . Les Landvaettir sont les esprits tutélaires des lieux naturels tels que les collines, arbres,
cascades, pierres… La tête de monstre sculptée sur la proue des bateaux vikings était faite à leur intention,
afin d’épouvanter les Landvaettir des pays à investir. Il convenait de l’enlever avant d’arriver en pays
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ami . La Grande Déesse Mère constitue un point capital dans les croyances des anciens scandinaves et
germains.

Rites

Le blót
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La pratique cultuelle essentielle était le blót (vénération) , il pouvait aussi avoir le sens de (sacrifice) ou
blótveizla (banquet sacrificiel), dont le but était de renforcer la divinité en nouant un lien entre elle et les
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participants ; il suivait quatre étapes :

des sacrifices d'animaux (mais qui ont pu être humains à l'origine), dont le sang est
répandu sur l'autel, le bâtiment et les participants.
un banquet où l'on consommait la viande des animaux sacrifiés cuite, et où l'on portait des
toasts de bière ou d'hydromel aux dieux (Odin, Njörd, Freyr et Bragi), au roi, et surtout aux
parents morts (drekka minni : boire à la mémoire de).
on consultait les augures de diverses façons : à travers une source ou une cascade, en
jetant des rameaux trempés dans le sang sacrificiel (hlautteinar) sur un linge blanc.
« le quatrième et dernier temps du blót consistait à faire des vœux ou à s'engager par
serment solennel à accomplir de hauts faits : c'est la pratique du heitsstrenging, où le
paroxysme de la tension se double de l'ivresse du banquet pour exalter au maximum la
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force vive de l'homme en communion avec la divinité »
32
Ils ont avec les puissances naturelles et les dieux un rapport de « donnant donnant » .

Le goði

Le chef de famille ou du clan procède aux cérémonies, naissances, mariages, décès... et fait office de goði,
sorte de « prêtre temporaire ». Certains de ces godis se muèrent en prêtres officiels chrétiens, surtout en
Islande.

Cultes

Destin

Les Vikings n’ont pas une conception du destin immuable. Quels que soient les projets de leurs dieux, les
anciens scandinaves et germains demeurent libres et croient en leur capacité d’infléchir leurs dieux et de
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forcer le destin , pour le modifier, car ils croient à la chance (gaefa), à leurs talents, à leur force et volonté,
à leur capacité de réussite, et aussi à l’appui de leurs ancêtres: ce qu’ils nomment « eiginn mattr ok
34, 35, 36 37
megin » . Pragmatiques, ils ne sont en aucun cas des fatalistes subissant un destin . Ce sont avant
tout des combattants et des hommes libres qui décident de leur sort au risque de déplaire aux dieux. Ils
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croient à la magie ou plutôt au sentiment de la présence constante du surnaturel et à la divination pour
percer les projets de leurs ennemis, des dieux et des forces tutélaires, afin de changer le cours des
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évènements, et d’anticiper sur le destin , donc de le modifier, car rien n’est écrit définitivement.

Ils sollicitent les forces, les dieux et leurs ancêtres qui leur répondent dans leurs songes "mik dreymdi, at
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Freyja" (exemple : Freyja m’a rêvé que...) .

Il n’y a pas de destin que leur volonté ou l’aide de leurs dieux ou de leurs ancêtres ne puisse modifier, car
les scandinaves étaient des hommes d’actions prisant les valeurs d’action, et on leur fait tort en les accablant
17
de pratiques et de concepts dont, sans aucun doute, ils eussent été fort empêchés .

Irréligion et scepticisme ?

La formule de Gauka-Thorir : « Nous autres camarades n’avons pas d’autre croyance qu’en nous-mêmes et
en notre force et capacité de victoire, et cela nous suffit amplement » (Gauka-Thorir, chapitre CCI Olafs
saga hins Helga) se retrouve dans d’autres textes. Pour François-Xavier Dillmann : « cette locution est le
plus souvent utilisée dans les textes norrois au sujet de personnages qui sont réputés avoir délaissé le culte
des dieux ancestraux et qui, par conséquent, se situaient en dehors du cadre habituel de l’ancienne société
41
scandinave »

« On a longtemps cru que les Scandinaves, dans les siècles qui précédèrent la conversion au christianisme
— viiie et ixe siècles —, avaient atteint une sorte d'irréligion, de scepticisme ou d'indifférence [...] Cela
tenait à une phrase qui se rencontre souvent dans les textes : Hann blôtadi ekki, hann tradi à sinn eiginn
màtt ok megin (Il ne sacrifiait pas aux dieux, il croyait en sa propre force et capacité de chance). Il y avait
là, semblait-il, une attitude fort inhabituelle au Moyen Âge où l'on avait voulu voir un trait exceptionnel,
digne de peuplades que les "philosophes" du xviiie siècle français considéraient comme les régénératrices
42
42
de l'Occident. Les recherches récentes de savants suédois, Folke Ström et Henrik Ljungberg en
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particulier, ont établi qu'une telle interprétation ne reposait sur rien. » « Elle soulignait au contraire la
participation au sacré qui justifiait qu’un homme se sentît fondé à dépasser les dieux anecdotiques, si l’on
peut dire, et à ne croire qu’en lui-même, c’est-à-dire en sa propre capacité de chance et de réussite puisque
celles-ci lui venaient des puissances divines. En conséquence, la formule dont nous sommes partis, loin
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d’être une profession de scepticisme, était un acte d’adoration implicite ! » .

Section à recycler
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Les anciens scandinaves et germains ont une totale liberté de pensée et de croyance .

Place des femmes


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Les femmes vikings tenaient un rôle très important . On rencontre dans les textes un nombre élevé de
déesses et de créatures surnaturelles féminines (nornes, valkyries, Dises, Haminjur...) Il est possible qu’il
s’agisse de résurgences du culte ancestral de la Grande Déesse Mère qui a la période viking prend le nom
de Fri, Fiia, Frea, Freyja (bien-aimée) (elle est la douce chaleur du soleil) la déesse de la vie mais aussi de la
mort qui accueille la moitié des guerriers, d’où l’une de ses hypostases : Hel (helja : accueillir, cacher), elle
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est aussi la déesse guerrière , mais il est également possible qu’il s’agisse de l’influence, dans les textes
mis par écrit par les clercs, du développement à partir du xiie siècle du culte chrétien de la Vierge Marie
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sous l’impulsion de Bernard de Clairvaux .

Place des animaux

La plupart des dieux et déesses ont leurs animaux, et ces derniers possèdent un statut particulier dans les
croyances.

Boucs

Thor a deux boucs qui tirent son char Tanngrisnir et Tanngnjóstr (Dents grinçantes et Dents étincelantes). Il
lui est arrivé d’être contraint de les manger, mais il prit soin de conserver les os pour les ressusciter.

Chats

« Tendresse » et « Amour maternel » sont les chats de Freyja. Ils sont ailés, de grande taille, et ils tirent son
char.

Cheval

L’importance du cheval dans les textes fondateurs et les sagas mythologiques semble refléter la grande
valeur qu’il possédait, comme l’attestent également les rituels liés à son sacrifice et à la consommation de sa
viande, qui étaient censés apporter protection et fertilité tandis que ses ossements sont utilisés comme
instruments de magie noire dans les sagas. La lutte contre les traditions et les rituels comme la
consommation de viande de cheval fut un élément capital dans la christianisation des régions qui
pratiquaient historiquement la religion nordique, comme la Germanie et l’Islande. Parmi les chevaux
célébrés par les textes fondateurs figurent celui d’Odin, Sleipnir, qui possède huit jambes et peut voler.

Chiens

Les chiens bénéficient d’une grande estime comme animaux de compagnie ou de travail. Il est fréquent de
retrouver ces compagnons dans des tombes, enterrés aux côtés de leurs maîtres. Le chien qui garde le
royaume des morts se nomme Garmr ou Garm.

Corbeau

Hugin (la pensée) et Munin (la mémoire) sont deux corbeaux, messagers d’Odin, qui parcourent le monde
et viennent murmurer à leur maître ce qu’ils ont vu et entendu.

Loup

Dans l’ancienne Germanie, comme chez les Gaulois, les guerriers se nourrissaient de loups pour acquérir
ses qualités que sont la force, la rapidité et l’endurance. Ce rituel permettait de donner du courage aux
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combattants en les plaçant sous la protection des loups . Les Winnilis, nom d’un peuple de Germains
signifie "les loups". Ils ne s’appelaient donc pas hommes mais loups. On retrouve le loup dans les textes
fondateurs, où Odin possède les deux loups Geri et Freki (Vorace et violent), ainsi que le gigantesque loup
Fenrir (« habitant des marais ») né de l’union de Loki et la géante Gerbauda.

Ours

L’ours possède une place très importante dans l’histoire des peuples germaniques et scandinaves à l’époque
du paganisme nordique, admiré et vénéré pour sa force, son courage et son invincibilité, considéré comme
le roi des animaux, il était l’attribut des puissants et l’objet de rituels ayant pour but de s’approprier ses
pouvoirs. Il était également l’attribut des berserkir. Il était d’usage d’offrir un ourson aux rois. Ingimund
l’ancien offrit un ours polaire au roi de Norvège vers l’an 900. Isleif, le premier évêque d’Islande, en offrit
un à l’empereur d’Allemagne vers l’an 1050. Un conte en vieux norrois a pour titre « Auðunn et l’ours »
(Auðunar þáttr vestfirzka).

Sanglier

Sæhrímnir est le sanglier consommé chaque nuit par les Einherjar dans la Valhöll. Il est ramené à la vie afin
de servir à nouveau de repas le jour suivant. Hildisvíni (sanglier de la bataille) est la monture de Freyja
lorsqu’elle n’est pas sur son char tiré par ses deux chats. Freyr possède également un verrat Gullinbursti
(aux soies d’or) ou Slidrugtanni (aux défenses redoutables). Il court plus vite que n’importe quel cheval de
50
jour comme de nuit, dans les airs et sur la mer et ses soies illuminent la nuit la plus sombre .

Christianisation
Selon de nombreux historiens [réf. nécessaire] dont François Xavier Dillmann Interprétation abusive ?, nous
assistons à une véritable guerre de religion pour instaurer le christianisme par la force, notamment en
51
Norvège où le conflit dura plus d'un siècle . La détermination des missionnaires pour répandre leur foi en
52
Scandinavie et en Germanie, ira parfois jusqu’à détruire des stèles au prix de leurs vies .
Ne parvenant à éradiquer ce paganisme ni par la parole ni par les actes de vandalisme, l’Église eut recours à
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une violence volontaire : « Répandre sa foi par le fer et le sang. » [source insuffisante] . L’émoi et le
traumatisme des massacres de Charlemagne contre les saxons dans l'actuelle Allemagne se seraient fait
ressentir dans toute la Scandinavie. Les historiens et spécialistes (Alain Decaux [réf. nécessaire], André
Castelot [réf. nécessaire], François Neveux [réf. nécessaire] Rudolf Simek…) pensent que ce fut l’une des raisons
54, 55, 56
qui provoqua les raids vikings qui souhaitaient se venger de la christianisation forcée . La
conversion des Scandinaves et des Germains s’est effectuée plus ou moins violemment, sur plus de quatre
siècles.

Selon Régis Boyer : « Car- il faut de nouveau insister fortement – la conversion de la Scandinavie se sera
faite sans coup férir, sans guerres de religions, sans effusion de sang, sans martyre. Lorsque des
chroniqueurs nous la dépeindront, nettement plus tard, sous des dehors tragiques et violents, ils ne le feront
57
que par imitation des vies de saints qui étaient de rigueur en Occident à l'époque. »

Explication évhémériste des mythes païens


33
L’Église a tâché de ravaler les anciens dieux au rang de démons . Snorri et Saxo Grammaticus s’efforcent
de reconstituer un panthéon organisé autour de quelques grands dieux en se contredisant souvent et parfois
17
gravement, et proposent une explication évhémériste des dieux païens : dans les prologue de son Edda et
de la Heimskringla, Snorri « nous explique que les dieux ne sont que des hommes d’autrefois, des
magiciens de préférence, qui ont été progressivement divinisés, Saxo Grammaticus ne dira rien d’autre, lui
58
aussi » . Cette explication se retrouve dans d’autres textes comme la Saga des Troyens, mêlant l’origine
pseudo-étymologique des Ases en Asie, au mythe des origines troyennes des peuples scandinaves (Troie
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étant en Asie mineure) .

Néopaganisme
La foi scandinave, nommée par certains Ásatrú ou parfois Odinisme, a été reconstituée avec plus ou moins
de succès, et certains pays acceptent désormais de la compter parmi les religions officielles. C’est le cas de
l’Islande, la Norvège, la Suède, le Danemark ou l'Espagne.

Notes et références
1. Régis Boyer le Christ des Barbares, éditions du CERF, p. 41; 46.
2. Régis Boyer, Le Christ des Barbares, éditions Cerf (ISBN 2-204-02766-9) p. 33, 44.
3. Guelpa 2009, p. 8_9
4. Régis Boyer, Vikings idées reçues, le cavalier bleu, Éditions (ISBN 2-84670-040-0) 2002,
p. 70.
5. Régis Boyer le Christ des Barbares, éditions du CERF, p. 44-47.
6. Régis Boyer, L’Islande médiévale, Guide des belles lettres, p. 90 (ISBN 2-251-41014-7).
7. Régis Boyer, Le Christ des Barbares, éditions Cerf (ISBN 2-204-02766-9), p. 18.
8. Mrs H. Ellis Davidson, Gods and Myths of Northern, Harmondsworth, Penguin Books, N°
A670, 1964 p. 24.
9. Régis Boyer, Yggdrasill, la religion des anciens Scandinaves, éditions Payot, p. 37,
(ISBN 978-2-228-90165-9)
10. Torfi H.Tulinius : chap :la conversion du Viking (traduction de R.Boyer, les nouvelles
découvertes de l’archéologie, collection mémoires et histoire 2008, (ISBN 2-7467-0736-5).
11. Einar Ólafur Sveinsson, Hilda Roderick Ellis Davidson, Viktor Rydberg, Eugen Mogk, Jean
Renaud. Jacob Grimm, A. d’Apremont, Keary Charles, Grau, Régis Boyer.
12. Régis Boyer, L’Islande médiévale, Guide des belles lettres, p. 98. (ISBN 2-251-41014-7).
13. Régis Boyer, Yggdrasill, la religion des anciens Scandinaves, Paris, Payot, p. 37,
(ISBN 978-2-228-90165-9).
14. Régis Boyer, L’Islande médiévale, Guide des belles lettres, (ISBN 2-251-41014-7) p. 203.
15. Régis Boyer, L'Edda poétique p. 123
16. François-Xavier Dillmann, l'Edda de Snorri Sturluson, p. 19
17. Régis Boyer, Yggdrasill, la religion des anciens Scandinaves, édition Payot, P 8
(ISBN 978-2-228-90165-9).
18. Jean Renaud: les dieux des Vikings, éditions Ouest France, p. 122. (ISBN 2-7373-1468-2).
19. Régis Boyer, Le Christ des Barbares, éditions Cerf (ISBN 2-204-02766-9) p. 37.
20. Régis Boyer, Le Christ des Barbares, éditions Cerf (ISBN 2-204-02766-9) p. 34.
21. Régis Boyer « l’Islande médiévale », Guide des belles lettres, (ISBN 2-251-41014-7), p. 185.
22. Alain Marez "Une Europe des Vikings ? La leçon des inscriptions runiques" (Les Vikings
premiers Européens, Éditions "Autrement" (ISBN 9 782746 707368) p. 131-177.
23. Régis Boyer, Les Sagas islandaises, Payot, (ISBN 978-2-228-90164-2) p. 122.
24. Régis Boyer, Le Christ des Barbares, éditions Cerf (ISBN 2-204-02766-9) p. 33-34.
25. Régis Boyer, L’Islande médiévale, Guide des belles lettres, (ISBN 2-251-41014-7) p. 186.
26. Régis Boyer Les Vikings : histoire, mythes, dictionnaire, éditions Robert Laffont, collection
bouquins (ISBN 978-2-221-10631-0) p. 421à 425.
27. Régis Boyer, Le Christ des Barbares, éditions Cerf (ISBN 2-204-02766-9) p. 23;35.
28. Régis Boyer, Le Christ des Barbares, éditions Cerf (ISBN 2-204-02766-9) p. 25.
29. François Xavier Dillmann « Histoire des rois de Norvège par Snorri Sturluson » Ed.
Gallimard, Page 371, (ISBN 2-07-073211-8).
30. Boyer 2009, p. 53-54 qui renvoie à Boyer 1974, p. 223-243
31. Boyer 2009, p. 54
32. Régis Boyer, Le Christ des Barbares, éditions Cerf (ISBN 2-204-02766-9) p. 38.
33. Régis Boyer, le Christ des Barbares, éditions du CERF, p. 44.
34. Régis Boyer : Les Vikings 800-1050, la vie quotidienne Hachette p. 218,
(ISBN 2-0123-5690-7).
35. F. Ström : Den egna kraftens män, Göteborg, 1948.
36. Régis Boyer le Christ des Barbares, éditions du CERF, p. 32, 33.
37. Régis Boyer le Christ des Barbares, éditions du CERF, p. 37,40,44.
38. Régis Boyer le Christ des Barbares, éditions du CERF, p. 42.
39. Régis Boyer, le Christ des Barbares, éditions du CERF, p. 93.
40. Régis Boyer le Christ des Barbares, éditions du CERF, p. 43.
41. François-Xavier Dillmann (trad.) L’histoire des rois de Norvège par Snorri Sturluson,
Gallimard , 2000, p. 483
42. Folke Ström, Den egna kraftens män. En studie i forntida irreligiositet, Göteborg, 1948)
43. Boyer 2009, p. 16
44. Régis Boyer, L’Islande médiévale, p. 147 - voir aussi Régis Boyer, La saga de Sigurdr, ou, La
parole donnée, éditions du Cerf, 1989, p. 170
45. Régis Boyer, le Christ des Barbares, éditions du CERF, p. 31, 32
46. Régis Boyer Les Vikings : histoire, mythes, dictionnaire, éditions Robert Laffont, collection
bouquins (ISBN 978-2-221-10631-0) p. 421.
47. Régis Boyer La Grande Déesse du Nord, Paris, Berg, 1995 et Les Vikings : histoire, mythes,
dictionnaire, éditions Robert Laffont, collection bouquins (ISBN 978-2-221-10631-0) p. 424.
48. Régis Boyer, L’Islande Médiévale, p. 99.
49. Le loup gris - Le loup dans la Mythologie
http://cybcharlotte.free.fr/mythologie/mythologie.htm.
50. Les dieux des vikings, Jean Renaud, édition ouest France, p. 73 (ISBN 2 7373 1468 2).
51. L’histoire des rois de Norvège par Snorri Sturluson traduit par François-Xavier Dillmann
p. 34 l’Aube des peuples chez Gallimard. (ISBN 2 07 073211 8)
52. François Xavier Dillmann « Histoire des rois de Norvège par Snorri Sturluson » Ed.
Gallimard, (ISBN 2-07-073211-8) pages ?.
53. Tout l’Univers Hachette volume 5 p. 1110) et (Axis Hachette, volume 9 p. 294
(ISBN 2-03-505279-3)).
54. Rudolf Simek, « L’émergence de l’âge viking : circonstances et conditions », dans Régis
Boyer, Les Vikings, premiers Européens viiie -xie siècle - Les nouvelles découvertes de
l’archéologie, Autrement, 2005, p. 24-25.
55. Pierre Barthélemy, Les Vikings, Albin Michel, p. 156 édition 1988, (ISBN 2-226-03257-6).
56. Alain Decaux et André Castelot - opt. cit, p. 715.
57. Régis Boyer « Le christianisme scandinave, histoire et particularités (http://www.clio.fr/BIBLI
OTHEQUE/le_christianisme_scandinave_histoire_et_particularites.asp) » sur clio.fr, juin
2002
58. Régis Boyer « l’Islande médiévale », Guide des belles lettres, p. 186.
59. Hélène Tétrel « L’utilisation et l’interprétation des mythes païens par les écrivains islandais
du Moyen Âge (http://hal.univ-brest.fr/docs/00/47/35/51/PDF/Tetrel_Verite_poetique_.pdf) »
[1] (http://www.fabula.org/actualites/article11637.php).

Annexes

Bibliographie
Georges Dumézil Les Dieux des Germains, essai sur la formation de la religion
scandinave, PUF, 1959
Gabriel Turville-Petre, Myth and religion of the North : the religion of ancient Scandinavia,
Holt, Rinehart and Winston, 1964
Régis Boyer, Le culte dans la religion nordique ancienne, Internord, 1974
Régis Boyer, Yggdrasill, la religion des anciens Scandinaves, Payot, 2007 ;
Anders Andrén, Kristina Jennbert, Catharina Raudvere Old Norse religion in long-term
perspectives : origins, changes, and interactions : an international conference in Lund,
Sweden, June 3-7, 2004, Nordic Academic Press, 2007 [2] (https://books.google.fr/books?i
d=gjq6rvoIRpAC).
François-Xavier Dillmann, Les magiciens dans l'Islande ancienne, Ed. de Boccard, 2006
Patrick Guelpa, Dieux & mythes nordiques, Presses Univ. Septentrion, 2009
Thomas Andrew Dubois, Nordic Religions in the Viking Age, University of Pennsylvania
Press, 1999 (lire en ligne (https://books.google.fr/books?id=g2-Lga0r62MC))
John Lindow, Norse Mythology : A Guide to Gods, Heroes, Rituals, and Beliefs, Oxford
University Press, 2002 (lire en ligne (https://books.google.fr/books?id=jME8hD2UO4QC))
Anders Andren et Kristina Jennbert, Old Norse Religion in Long-Term Perspectives :
Origins, Changes & Interactions, Nordic Academic Press, 2006 (lire en ligne (https://books.googl
e.fr/books?id=gjq6rvoIRpAC))
Régis Boyer, L'Edda poétique, Fayard, 2009
Régis Boyer, Mythes et religions scandinaves, Paris, Riveneuve éditions, 2012, 604 p.
(ISBN 978-2-36013-094-8)
Laurent Di Filippo, « Des récits médiévaux scandinaves aux mythes nordiques :
catégorisations et processus d’universalisation », dans Chloé Delaporte, Léonnor Graser,
Julien Péquignot, Penser les catégories de pensée. Arts, cultures et médiations, Paris,
l'Harmattan, 2016, 115-133 p. (lire en ligne (https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01625673/document)).

Articles connexes
Paganisme | Mythologie nordique | Mythologie germanique | Mythologie germanique
continentale | Panthéon de la mythologie nordique
Vikings | Âge des Vikings
Edda en prose
Edda poétique
Nombres dans la mythologie nordique
Valknut
Ásatrú
Wotanisme
Néopaganisme | Ásatrú | Odinisme
Déesse-Mère
Culte de la déesse
Vénus paléolithique
Vénus de Willendorf
Temple d'Uppåkra (en), premier temple connu (Uppåkra, Lund, Scanie, Suède) (avec
diverses reconstructions 200-900)
Illerup Ådal (en), site archéologique, près de Skanderborg (Danemark)
Arbres et bosquets sacrés dans le paganisme et la mythologie germaniques (en)

Liens externes
(fr) Paganismegermanique.org (https://paganismegermanique.org)
(fr) https://association-paienne-germanique-quebec.org/

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