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CONVERGENCE ET COMPACITÉ

DANS ESPACES DE FONCTIONS


MESURABLES∗
Liviu C. Florescu
Université “Al.I.Cuza”, Faculté de Mathématiques, Blvd. Carol I, 11,
700506 – Iaşi, ROMÂNIA,
e–mail: lflo@uaic.ro, http://www.math.uaic.ro/ lflo/


http://maths2.univ-brest.fr/ mycs
1 Introduction
Soient (Ω, A, µ) un espace avec une mesure positive, complète et finie et
(P, d) un espace polonais localement compact; on notera

M = {u : Ω → P | u = (A − B P ) − mesurable}.

Il y a 25 ans que j’ai introduit des structures de convergence relaxé sur M


pour munir cet espace avec une métrique probabiliste. En [9] j’ai introduit
un modul de la convergence en mesure: ∀(un )n ⊆ M, ∀u ∈ M,

c((un ), u) = sup lim sup µ(d(un , u) ≥ α).


α>0 n

µ
Evidemment, c(un ), u) = 0 ⇔ un −→ u.
Ultérieurement j’ai constaté que les mesures de Young offre un précieux
outil dans l’étude de ce modul.
Le climat à part, trés favorable au travail, que je l’ai trouvé à l’Université
de Brest (où, je peut le dire, je me sens comme chez moi), m’a permis
d’approfondir cette étude. La plupart des résultats de cette exposition a été
obtenu pendant les mois que j’ai été invité a Brest. Je profite de cette occa-
sion pour adresser mes profonds remerciements aux membres du Département
des Mathématiques pour leurs chaleureux accueil, particullièrement à madame
Christiane Godet-Thobie ainsi qu’aux monsieurs R. Buckdahn et M. Quin-
campoix.
La théorie des mesures Young commence en 1937 avec les travaux de L.
C. Young ([19]) (il faut rappeler que le 24 décembre nous commémorons deux
ans de sa mort).
En 1972 J. Warga a publié la monographie “Optimal Control of Differ-
ential and Functional Equations”; ici il développe une théorie du contrôle
relaxé sur espaces métriques compacts ([18]).
L’extension au cas des espaces localement compacts et métrisables est
fait par H. Berliocchi et J. M. Lasry dans 1973 ([6]) et puis l’extension aux
espaces polonais et plus loin aux espaces de Souslin est fait par M. Valadier
([17]) et par E. Balder ([1, 2, 3, 4, 5]).
Ils faut aussi mentionner quelques cours et monographies qui ont parru
sur le même sujet : M. Valadier (1990, 1994), E. Balder (1995, 2000), P.
Pedregal (1997), T. Roubicek (1997).

2
On peut rencontrer les mesures de Young sous autres dénominations:
mesures paramétrées, probabilités de transition, contrôles relaxés. Ainsi les
notations et mème les conditions sont différents d’un auteur à un autre.
Nous commençons par préciser les notions.

2 Mesures de Young
2.1 Définition. Une mesure de Young est une application (A − C)–
mesurable τ : Ω → P(P ), x 7→ τx , où P(P ) est l’ensemble de toutes les
probabilités sur P muni avec la topologie étroite σ(P(P ), C b (P )) et C sont
les boréliens de P(P ). On notera Y = Y(Ω, P ) l’espace des mesures de
Young.

2.2 Proposition ([12], Th.2.2.). Soit τ : Ω → P(P ); les propriétés suiv-


antes sont équivalentes:
(i) τ ∈ Y;
(ii) pour tout B ∈ B P , l’application gB deΩ dans [0, 1] : gB (x) = τx (B)
est (A − B([0, 1])) − mesurable.
(iii) pour tout C ∈ A ⊗ B, l’application fC de Ω dans [0, 1] :
fC (x) = τx (Cx ) est (A − B([0,
R 1])) − mesurable.
0 0
(iv) τ : A ⊗ B P → R+ , τ (C) = Ω τx (Cx )dµ(x), ∀C ∈ A ⊗ B, est une
mesure positive telle que τ 0 (A × P ) = µ(A), ∀A ∈ A.

2.3 Définition. ∀u ∈ M, τu : Ω → P(P ), τu (x) = δu(x) est une mesure


de Young; τu est dite mesure de Young associée à l’application mesurable
u. L’application u 7→ τu est une injection de l’espace M des applications
mesurables dans Y. ∀u ∈ M, soient Gu le graphe de u et G0u = (Ω × P ) \ Gu
son complémentaire.

2.4 Proposition ([12], Prop. 3.3., Th. 3.4.).


(i) Soit τ ∈ Y et u ∈ M; une condition nécessaire et suffisante pour que
τ = τu est que τ (G0u ) = 0.
(ii) Soit τ ∈ Y; τ est associée à une application mesurable si et seulement si
inf {τ (G0u ) : u ∈ M} = 0.

3
3 Convergence
3.1 Définition. Soit Cthb (Ω × P ) l’ensemble des integrandes bornées de
Carathéodory sur Ω × P ; τ = σ(Y, Cthb (Ω × P )) est la topologie étroite
sur Y.
T T
Pour toute suite (un ) ⊆ M on notera un −→ τ pour τun −→ τ . Si encore
T T
τ = τu on notera un −→ u pour un −→ τu .
3.2 Théorème ([17], Th. 3, Lemma 5). Soient (τ n )n ⊆ Y et τ ∈ Y; les
propriétés suivantes sont équivalentes:
T
(i) τ n −→ τ,

(ii) τ n (χA f ) → τ (χA f ), ∀A ∈ A, ∀f ∈ C0 (P ),

(iii) τ (Ψ) ≤ lim inf n τ n (Ψ), ∀Ψ : Ω × P → R+ t.q. Ψ = (., .) − mesurable et

(x, .) − s.c.i., ∀x ∈ Ω.
3.3 Proposition.
T µ
(i) Soient (un )n ⊆ M et u ∈ M; un −→ u ⇔ un −→ u.
T
(ii) ([14], Prop.3.2.) un −→ τ =⇒ c((un ), u) = τ (G0u ), ∀u ∈ M.
(iii) Si A est engendrée par une algèbre dénombrable alors (Y, τ )
satisfait à la condition (C1 ).

4 Compacité
4.1 Définition. ∀H ⊆ Y,
t(H) = inf sup τ (Ω × (P \ K))
K∈KP τ ∈H

est le modul de compacité de H.


Evidemment, t(H) = 0 ⇔ H est tendu.
4.2 Théorème. (Prokhorov), [17], Th. 7,[12], Th. 5.7.
t(H) = 0 ⇐⇒ H = τ − relativement compact.
4.3 Remarque. ∀H ⊆ M soit HH = {τu : u ∈ H}; alors
¡ ¢
t({un }) = t(HH ) = inf sup µ u−1 (P \ K) .
K∈KP u∈H

4
4.4 Théorème ([12], Th. 5.4, Th. 5.7.). Soit (un )n∈N ⊂ M.
½ (a) La suite (τun ) est convergente dans (Y, τ ) si et seulement si
i) (τun )n∈N est tendue
ii) pour tout f ∈ C0 (P ), (f (un ))est faiblement convergente dans L1 (Ω).
(b) Soit (un )n∈N ⊂ M.
La suite (un ) est convergente dans (M, Tµ ) (convergente en mesure) si et
seulement si
½
i) (un )n∈N est tendue
ii) pour tout f ∈ C0 (P ), (f (un )) est fortement convergente dans L1 (Ω).

4.5 Example. Soit (rn )n∈N la suite de fonctions de Rademacher sur [0, 1].
T
Alors rn −→ τ où, τx = 21 (δ1 + δ−1 ), ∀x ∈ [0, 1].
w
En plus rn −→ 0 = bar(τx ), mais l’ application 0 n’est pas la meilleure
candidate pour la convergence en mesure de (rn ) car c((rn ), 0) = 1 tandis
que, par exemple, c((rn ), 1) = 12 .
Celui-ci est le motif pour introduire une convergence étroite relaxée sur Y.

5 Convergence étroite relaxée


5.1 Définition. On notera

I + = {Ψ : Ω × P → R+ |Ψ = (., .) − mesurable, Ψ(x, .) = s.c.i., ∀x ∈ Ω}.


Soient (τ n ) ⊆ Y, τ ∈ Y et a ≥ 0; alors
a
τ n −→ τ si τ (Ψ) ≤ lim inf τ n (Ψ) + a.kΨk, ∀Ψ ∈ I + ,
n

où kΨk = sup(x,y)∈Ω×P |Ψ(x, y)|.


a a
∀(un ) ⊆ M, u ∈ M, a ≥ 0, on notera un −→ u pour τun −→ τu .

5.2 Théorème. Soient (un ) ⊆ M, u ∈ M, a ≥ 0;


a
(i) un −→ u =⇒ c((un ), u) ≤ a.
¾
c((un ), u) ≤ a a
(ii) =⇒ un −→ u.
t({un }) = 0

5.3 Corollaire. Soit (un ) ⊆ M t.q. t({un }) = 0; alors, ∀u ∈ M, ∀a ≥ 0,


a
un −→ u ⇐⇒ c((un ), u) ≤ a.

5
0 T
5.4 Remarques. (i) τ n −→ τ ⇐⇒ τ n −→ τ .
a
(ii) ∀(un ) ⊆ M, ∀u ∈ M, un −→ u ⇐⇒
Z Z
Ψ(x, u(x))dµ(x) ≤ lim inf Ψ(x, un (x))dµ(x) + a.kΨk, ∀Ψ ∈ I + .
Ω n Ω
1
T
(iii) τrn −→ 21 (δ1 +
³
2
δ−1 ) et rn −→ 1; alors 1
´ c((rn ), 1) ≤ 2 . D’autre part,
R R
∀u ∈ M, τ (Gu ) = Ω R χGu d( 21 (δ1 + δ−1 ) dµ(x) = 21 µ(u−1 (±1)) ≤ 21 , d’où
τ (G0u ) ≥ 12 . Donc, ∀u ∈ M, c((rn ), u) ≥ 1
2
et alors inf u∈M c((rn ), u) = 12 .
T
5.5 Proposition. Soient (un ) ⊆ M, τ ∈ Y t.q. un −→ τ ; alors
∃u : Ω → P t.q.
τ ∗ (G0u ) ≤ inf c((un ), v),
v∈M
R ∗ R∗
où τ ∗ (G0u ) = Ω τx (P \ {u(x)})dµ(x) et Ω est l’intégrale extérieure de Balder
([4], Appendix B).
a
5.6 Proposition. Soient (un ) ⊆ M, τ ∈ Y et a ≥ 0 t.q. un −→ τ ; alors
|c((un ), u) − τ (G0u )| ≤ a, ∀u ∈ M.
a
5.7 Théorème. τ n −→ τ =⇒ t({τ n }) ≤ a.

6 Générateurs
6.1 Théorème. Soient (τ n ) ⊆ Y, τ ∈ Y;
a
(i) τ n −→ τ ⇒ lim supn |τ n (Ψ) − τ (Ψ)| ≤ 2a.kΨk, ∀Ψ ∈ Cthb (Ω × P ).
a
(ii) lim supn |τ n (Ψ) − τ (Ψ)| ≤ a.kΨk, ∀Ψ ∈ Cthb (Ω × P ) ⇒ τ n −→ τ.
1
2
6.2 Example. Après la remarque 5.4.(iii), rn −→ 1 et donc
lim sup |τrn (Ψ) − τ1 (Ψ)| ≤ 1.kΨk, ∀Ψ ∈ Cthb ([0, 1] × R).
n

 y , |y| ≤ 1,
Soit Ψ(x, y) = −1 , y < −1, alors Ψ ∈ Cthb ([0, 1] × R) et

1 , y > 1;
|τrn (Ψ) − τ1 (Ψ)| = 1 = 1.kΨk.
Donc, dans le théorème précédent, on ne peut pas améliorer la constante de
la convergence relaxée 2a.

6
6.3 Théorème. Soient (τ n ) ⊆ Y, τ ∈ Y, t = t({τ n : n ∈ N}) et
Cthc (Ω × P ) = {Ψ ∈ Cthb (Ω × P ) : Ψ(x, .) ∈ Cc (P )}.
(i) lim supn |τ n (Ψ) − τ (Ψ)| ≤ a.kΨk, ∀Ψ ∈ Cthb (Ω × P ) ⇒

lim supn |τ n (Ψ) − τ (Ψ)| ≤ a.kΨk, ∀Ψ ∈ Cthc (Ω × P ).

(ii) lim supn |τ n (Ψ) − τ (Ψ)| ≤ a.kΨk, ∀Ψ ∈ Cthc (Ω × P ) ⇒

lim supn |τ n (Ψ) − τ (Ψ)| ≤ (a + t).kΨk, ∀Ψ ∈ Cthb (Ω × P ).

6.4 Corollaire. Soient (τ n ) ⊆ Y, τ ∈ Y et t = t({τ n : n ∈ N});


a
(i) τ n −→ τ ⇒ lim supn |τ n (Ψ) − τ (Ψ)| ≤ 2a.kΨk, ∀Ψ ∈ Cthc (Ω × P ).
t+a
(ii) lim supn |τ n (Ψ) − τ (Ψ)| ≤ a.kΨk, ∀Ψ ∈ Cthc (Ω × P ) ⇒ τ n −→ τ.

6.5 Théorème. Soient (τ n ) ⊆ Y et τ ∈ Y


lim supn |τ n (Ψ) − τ (Ψ)| ≤ a.kΨk, ∀Ψ ∈ Cthc (Ω × P ) ⇔
lim supn |τ n (Ψ) − τ (Ψ)| ≤ a.kΨk, ∀Ψ ∈ E(A, Cc (P )).

6.6 Corollaire. Soient (τ n ) ⊆ Y, τ ∈ Y et t = t({τ n : n ∈ N});


a
(i) τ n −→ τ ⇒ lim supn |τ n (Ψ) − τ (Ψ)| ≤ 2a.kΨk, ∀Ψ ∈ E(A, Cc (P )).
t+a
(ii) lim supn |τ n (Ψ) − τ (Ψ)| ≤ a.kΨk, ∀Ψ ∈ E(A, Cc (P )) ⇒ τ n −→ τ.

7 Compacité étroite relaxée


t
7.1 Théorème. ∀(τ n )n∈N ⊆ Y, ∃kn ↑ ∞, ∃τ ∈ Y t.q. τ kn −→ τ ,
où t = t({τ n }).

On peut maintenant améliorer le résultat établi dans le théorème 5.2.(ii).

7.2 Théorème. ∀(un ) ⊆ M, ∀u ∈ M, ∀a ≥ c((un ), u),


a+2t
un −→ u,

où t = t({un }).

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