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Etude du dépérissement

des chênes en contexte gréseux

Mémoire de fin d’étude

Master Agrosciences, Environnement, Territoires, Paysages, Forêt


parcours Forêt et Mobilisation des Bois

Année 2021-2022

Pauline FROMHOLTZ
Maître d’apprentissage : Hubert SCHMUCK
Tuteurs enseignants : Emmanuelle THILL et Stéphanie WURPILLOT
Glossaire (* lors de la 1 ère
apparition des mots dans le rapport)

Etat d’Assiette (EA) : programmation annuelle du passage en coupe des Unités de Gestion (UG).

Evapotranspiration Potentielle (ETP) : indice quantifiant la demande climatique et correspondant à


la quantité maximale d’eau transférée, via l’évaporation du sol et la transpiration des végétaux, à
l’atmosphère.

Houppier notable (ou houppier fonctionnel) : partie du houppier hors concurrence et ayant accès à
la lumière. Notion utilisée dans le cadre du protocole DEPERIS.

Interception : quantité d’eau (en mm) retenue par le feuillage à la suite d’un événement pluvieux.

LAI (Leaf Area Index = indice de surface foliaire) : somme de la surface foliaire projetée en m² de
feuille par m² de sol. Cela correspond à la surface de feuilles ou d’aiguilles ayant un impact sur
l’interception de la lumière et des pluies et sur la transpiration.

REW (Relative Extractable Water = réserve en eau relative) : grandeur variant entre 0 et 1 qui
caractérise, à un instant t, l’état de remplissage relatif de la réserve en eau du sol.

RMT AFORCE (Réseau Mixte Technologique pour l’Adaptation des FOrêts au Changement
climatiquE): réseau ayant pour but l’accompagnement des forestiers dans la préparation des forêts
au changement climatique via la mise en commun de ressources et la réalisation de travaux
collaboratifs. Les différents partenaires de ce réseau sont : AgroParisTech, le Centre National de la
Propriété Forestière - Institut pour le Développement Forestier, l’Office National des Forêts, l’Institut
National de la Recherche Agronomique, l’Alimentation et l’Environnement, le Groupement d’Intérêt
Public ECOFOR, l’Institut National de l’Information Géographique et Forestière, les lycées forestiers
de Meymac et de Mirecourt, la Chambre d’Agriculture, l’Institut Technologique Forêt Cellulose Bois-
Construction Ameublement, Météo France, la Société Forestière de la Caisse des Dépôts et
Consignations, l’Institut Européen de la Forêt Cultivée, le Groupe Coopération Forestière, les Experts
Forestiers de France, le Département de Santé des Forêts, le Ministère de la transition écologique et
sociale et France Bois Forêt.

Sécheresse édaphique (ou sécheresse du sol) : reflète le manque d’eau dans le sol, situation ne
permettant pas un fonctionnement optimal de la végétation.

Surface terrière (G) : indice de capital forestier correspondant au cumul en m²/ha des surfaces des
sections des tiges mesurées à 1,30 m.

Unité de Gestion (UG) : unité de découpage des parcelles forestières définie par l’aménagement
selon les caractéristiques dendrologiques des peuplements forestiers en vue de leur gestion.

Unité Territoriale (UT) : découpage administratif et fonctionnel du territoire en vue de la gestion des
forêts gérées par l’ONF.

2
Table des matières
Résumé .................................................................................................................................................... 4
Mots-Clés................................................................................................................................................. 4
Abstract ................................................................................................................................................... 4
Keywords ................................................................................................................................................. 4
Tâches réalisées pendant l’apprentissage............................................................................................... 5
Introduction............................................................................................................................................. 6
1 Le contexte de l’étude ..................................................................................................................... 7
1.1 Présentation de la structure d’accueil .................................................................................... 7
1.2 Contexte local de l’étude et problématiques actuelles .......................................................... 7
1.2.1 L’UT de Bitche et ses caractéristiques locales ................................................................. 7
1.2.2 Aspects globaux du dépérissement et des crises ............................................................ 8
1.2.3 Dépérissement local du chêne : enjeux et questionnements ......................................... 9
2 Les méthodes, outils et données mobilisés pour l’étude des dépérissements ............................ 10
2.1 L’étude des facteurs explicatifs spatialisés ........................................................................... 10
2.1.1 Facteurs étudiés et obtention des données .................................................................. 10
2.1.2 Obtention des données de dépérissement ................................................................... 12
2.1.3 Traitements et statistiques sur le jeu de données ........................................................ 14
2.2 Datation et quantification des sécheresses avec BILJOU ©.................................................. 14
2.2.1 Effets des sécheresses ................................................................................................... 14
2.2.2 Fonctionnement du modèle BILJOU © et données d’entrée ........................................ 15
3 Résultats obtenus à la suite des analyses et relevés ..................................................................... 16
3.1 Ampleur du phénomène et état des lieux du dépérissement .............................................. 16
3.1.1 Evolution des volumes de chênes martelés .................................................................. 16
3.1.2 Etat sanitaire des chênes via le protocole DEPERIS ...................................................... 17
3.2 Etudes des facteurs causaux des dépérissements ................................................................ 18
3.2.1 Résultats de l’utilisation des données de martelage..................................................... 18
3.2.2 Identification des facteurs causaux avec les relevés DEPERIS ...................................... 18
3.3 Résultats obtenus avec BILJOU © sur l’étude des sécheresses ............................................ 24
4 Comparaison avec le modèle Zoom 50 ......................................................................................... 26
4.1 Présentation de l’outil ........................................................................................................... 26
4.2 Comparaison avec les données DEPERIS ............................................................................... 26
Conclusion et perspectives .................................................................................................................... 27
Conclusion ......................................................................................................................................... 27
Perspectives....................................................................................................................................... 28
Remerciements ..................................................................................................................................... 28
Bibliographie.......................................................................................................................................... 29
Annexes ................................................................................................................................................. 31

3
Résumé
Les dépérissements touchent diverses régions et essences et sont de plus en plus répandus
au sein des forêts. L’Unité Territoriale* (UT) de Bitche n’est pas épargnée par ceux-ci. Impactant
actuellement le chêne, essence commune dans ses forêts et représentant une forte valeur
économique, de nombreuses questions sont soulevées. Les équipes de terrain, en première ligne
face à ce phénomène, souhaitent en comprendre les causes afin de mieux gérer la crise et adapter
les peuplements.
Ainsi, l’identification des facteurs incitatif et de vulnérabilité à ces dépérissements a été
menée à partir de l’utilisation de données de gestion existantes (bilan des martelages), de données
d’état sanitaire relevées sur le terrain avec le protocole DEPERIS et du modèle BILJOU © pour
quantifier les aléas sécheresse.
Bien que ces approches ne permettent pas de dresser une liste exhaustive de toutes les
causes des dépérissements, certains éléments tels la présence de hannetons, de roches affleurantes,
l’exposition et la station, ainsi que les sécheresses subies par les peuplements ces dernières années
semblent déterminant dans ce processus.

Mots-Clés
Dépérissements, chêne, protocole DEPERIS, sécheresse, hanneton forestier.

Abstract
Forest decline affects several regions and many species and is increasingly common in this
ecosystem. The Territorial Unit of Bitche is not exempt from them. One of the most common species,
which also represent a significant economic value, oak, is currently affected by this phenomenon.
Therefore, many questions are raised by the field teams, who wish to understand the causes in order
to better manage the crisis and adapt forest stands.
Thus, the identification of its inciting and vulnerability factors was conducted using existing
management data, forest health data collected in the field according to the DEPERIS protocol and the
forest water balance model BILJOU © to quantify drought events.
Although these approaches do not allow to establish an exhaustive view of the causes of
dieback, some elements such as the presence of cockchafers, the outcropping rocks, the exposure,
and the site index, as well as drought events seem to be crucial in this process.

Keywords
Dieback, oak, DEPERIS protocol, drought, cockchafer.

4
Tâches réalisées pendant l’apprentissage
Missions ..................................................................................................................Temps consacré (%)

En lien avec la mission : ................................................................ 75


- Bibliographie pour l’appropriation du sujet .................................................................. 10
- Analyse des données de martelage : ............................................................................ 15
o Récupération des données
o Traitement des données (#)
o Cartographie
o Croisement avec les facteurs explicatifs *
o Analyse des résultats (#)
o Analyse statistique (#)
o Analyse des données à l’arbre
- Mise en place du réseau de placettes de suivi et du protocole DEPERIS : ................... 20
o Pré-traitement des données existantes et mise en place du réseau (#)
o Création d’un atlas de localisation des placettes
o Présentation à l’UT : avancée du travail, réseau, formation au protocole DEPERIS,
lancement des relevés
o Récolte des données de terrain avec les TFT : 15 jours de terrain
- Analyse des données DEPERIS : .................................................................................... 15
o Mise en forme des données
o Cartographie
o Croisement avec les facteurs explicatifs *
o Analyse des résultats *
o Analyse et validation statistiques (#)
- Etude de l’intensité des sécheresses avec le modèle BILJOU © (#) .............................. 10
- Présentation des résultats ............................................................................................ 5

NB : * = présentation dans le rapport ; (#) = en partie présenté dans le rapport

Autres : ......................................................................................... 25
- Participation à des tournées d’élaboration d’aménagements
- Participation à des relevés de terrain du DSF :
o Notation d’état sanitaire de placettes de suivi des hêtraies
o Notation de placettes des réseaux RENECOFOR et RSSDF
o Road sampling hêtre avec le protocole DEPERIS
o Suivis de plantations
- Participation à des tournées / réunions sur la santé des forêts :
o Dépérissement hêtre Groupe Ouest
o Réunions annuelles des correspondants-observateurs du DSF Grand-Est (avec
présentation du travail en cours).

5
Introduction
Comme dans toute communauté d’organismes vivants, les dépérissements, pouvant aller
jusqu’à la mort des individus, peuvent affecter les arbres qu’ils soient isolés ou en peuplements. Ces
phénomènes complexes et multifactoriels, ont toujours existé au sein des écosystèmes forestiers.
Généralement déclenchés par un évènement spécifique (aléa climatique ou pullulation de
bioagresseurs), ils sont actuellement en augmentation du fait de l’évolution des contraintes
climatiques et/ou de l’introduction de maladies ou de ravageurs.
Etant donné leurs nombreux impacts, tant économiques qu’humains, et les incertitudes qu’ils
engendrent dans le monde forestier et la société, ils constituent un sujet majeur de réflexion et de
débats. De nombreux acteurs du monde forestier, gestionnaires et chercheurs, étudient les
dépérissements. Faute de trouver des moyens d’actions immédiatement applicables, les efforts
réalisés permettent de hiérarchiser les aléas en cause, de déterminer les facteurs de vulnérabilité et
les leviers pour améliorer la résilience des forêts.
Dans ce contexte incertain, le Guide de Gestion des Crises Sanitaires en Forêt (Brunier et al.,
2020) a été publié. Détaillant divers exemples de dépérissements et explicitant la gestion à mettre en
œuvre dans les forêts en crise, cet ouvrage est l’un des outils existant pour affronter ces
phénomènes.
L’utilisation de ce guide constituera la base de mon étude sur les dépérissements au sein de
l’Unité Territoriale* (UT) de Bitche, composante de l’Agence de Sarrebourg de l’ONF. Parmi les
nombreuses essences touchées par ces phénomènes, le chêne est l’une des plus problématiques
étant donné sa place dans les forêts de l’UT et sa valeur économique.
Ainsi, les inquiétudes et les interrogations des personnels de terrain, en première ligne face à
ces phénomènes, augmentent. Les questions soulevées relèvent autant de l’identification des aléas
(biotiques ou abiotiques) et des facteurs de vulnérabilité aux dépérissements, que de leur évolution
ou encore des actions à mener pour les limiter.
Au vu de leur expérience et de leur connaissance des massifs, ils évoquent plusieurs
hypothèses : les sécheresses récurrentes de ces dernières années, la présence du hanneton forestier
(Melolontha hippocastani), la localisation topographique et stationnelle des peuplements
concernés…
Etudier ce phénomène de manière plus formalisée permettra donc d’infirmer ou de
confirmer ces ressentis. Cela permettra également de quantifier et cartographier plus précisément
l’ampleur de ce phénomène au niveau de l’UT.

La présentation de la structure d’accueil et de la zone de travail, seront abordés en première


partie du rapport. La définition du dépérissement d’un point de vue global et ses impacts au niveau
des forêts de l’UT vont également être précisés.
Les méthodes, outils (dont les modèles BILJOU © et Zoom 50) et les différentes données
utilisées dans le cadre de ce travail seront clarifiées dans un second temps.
Les résultats ainsi obtenus seront ensuite exposés, analysés et discutés, notamment en vue
de propositions d’études complémentaires à réaliser et de leurs perspectives d’utilisation.

6
1 Le contexte de l’étude
1.1 Présentation de la structure d’accueil
L’Office National des Forêts (ONF) en tant que gestionnaire des forêts publiques françaises
(soit 25 % de la forêt métropolitaine - 4,6 millions d’hectares - et 6,4 millions d’hectares en Outre-
mer) est un acteur majeur de la filière forêt-bois en France. Son statut d’Etablissement Public à
caractère Industriel et Commercial (EPIC), sous triple tutelle du ministère chargé de l’Environnement,
du ministère chargé de l’Agriculture et du ministère des Finances Publiques, lui confère une
autonomie financière et administrative. De nombreuses missions lui sont confiées, principalement
(articles L.221-1 à L.224-2 du Code Forestier):
- La mise en valeur de la biomasse forestière avec la réalisation, sur le marché français, de près
de 35 % du volume de bois.
- Le développement durable, la protection et l’aménagement des ressources forestières ainsi
que la mise en valeur des paysages et des espaces naturels.
- L’accueil du public au sein de ses forêts.
- « La prévention et la gestion des risques naturels » avec entre autres le maintien des dunes,
la restauration des terrains de montagne (RTM) et la protection des forêts contre les
incendies (DFCI).
- La gestion des forêts soumises au régime forestier s’appuyant sur la mise en œuvre
d’aménagements forestiers, documents de planification adaptée au contexte et propre à
chaque forêt.

Afin de mettre en œuvre cette gestion locale, l’ONF dispose d’une implantation territoriale.
Le siège est à Paris et le découpage consiste en 9 Directions Territoriales (DT), 48 agences
territoriales, 10 agences travaux, des agences études, et enfin en 320 UT. Les agences sont
constituées, outres des UT, de services fonctionnels (service général, service bois, service travaux et
service forêt) possédant chacun des missions singulières et jouant un rôle d’expert.
C’est au sein du Service Forêt de l’agence de Sarrebourg (Département de la Moselle, DT
Grand Est) sur le territoire de l’UT de Bitche que cette étude a été menée.

1.2 Contexte local de l’étude et problématiques actuelles


1.2.1 L’UT de Bitche et ses caractéristiques locales
L’UT de Bitche est située dans la partie orientale du Pays de Bitche (nord-est de la Moselle),
région essentiellement couverte de forêts. Les 15 000 ha de Forêts Domaniales (FD) la composant
(FD de Hanau I, Hanau II, Hanau III, Mouterhouse et Sturzelbronn ; Annexe 1) sont d’un seul tenant.
Ainsi, la variabilité climatique d’un bout à l’autre de l’UT est faible.
La pluviométrie, historiquement bien répartie au cours de l’année, est au total d’environ
800 mm par an. Le climat local est océanique à tendance continentale, alternant entre hivers froids
avec des gelées fréquentes, et étés chauds (moyennes d’un peu moins de 20 °C lors des mois de
juillet et août (ClimEssences ; Fig. 1)).

7
Figure 1 : Diagramme ombrothermique de la ville de Bitche (ClimEssences ; DHY = Déficit Hydrique)

Le relief, variant entre 200 et 450 m, offre un paysage diversifié et une topographie
accidentée. Il en résulte une multitude de stations allant des éperons rocheux de crête aux
tourbières de fonds de vallons. Néanmoins, ces stations, emblématiques de la région, restent très
marginales, l’UT étant composée à :
- 61 % de Chênaie sessiliflore – hêtraie à pin sylvestre très acide sur sol profond (station 2 -
S2).
- 35 % de Hêtraie – chênaie sessiliflore, sur sol profond acide à peu acide (station 4 - S4).
- Les 4% restant regroupent l’ensemble des 13 autres stations.
Les 2 stations principales couvrent la majeure partie des plateaux, et pentes de l’UT. De plus,
la quasi-totalité des stations décrites (CRPF et ONF, 2003) sont de texture sableuse. Elles résultent de
l’altération du grès vosgien, roche mère sédimentaire caractéristique des Vosges du Nord.

De part ces caractéristiques stationnelles, le couvert est en majorité partagé entre 3


essences. Les stations les plus fraîches présentent du hêtre (Fagus sylvatica), soit environ 3800 ha.
Les stations les plus acides et les plus sèches sont constituées de pin sylvestre (Pinus sylvestris), soit
presque 5100 ha. Les chênes sessiles (Quercus petraea) et pédonculés (Quercus robur), notamment
en fond de vallée pour ce dernier, font la liaison entre ces deux contextes et couvrent près de 4300
ha.
De plus, l’UT est également impactée par la présence de hanneton forestier (Melolontha
hippocastani – Fabricius 1801), un coléoptère causant des dommages forestiers. Sa présence, limitée
pour l’instant au sud de l’UT (FD de Hanau I, Hanau II et Mouterhouse), ne cesse de s’étendre, au fur
et à mesure des vols, vers la partie nord.

Depuis plusieurs années, dans cette région au climat et conditions historiquement favorables
à la présence d’une forêt de production, l’état sanitaire des peuplements se dégrade et des
dépérissements sont constatés. Ces derniers touchent de nombreuses essences telles l’épicéa, le
hêtre et plus récemment le chêne.

1.2.2 Aspects globaux du dépérissement et des crises


Le dépérissement forestier est un phénomène multifactoriel, complexe et évolutif entraînant
des altérations durables de l’aspect extérieur des arbres (Brunier et al., 2020). Il est le résultat de
l’action directe ou indirecte de différents facteurs, pouvant varier dans le temps et dans l’espace,
ainsi que de leurs interactions. Ces facteurs, pouvant être représentés à l’aide de la spirale de

8
Manion ou de cercles concentriques (Annexe 2), sont hiérarchisés de la façon suivante (Nageleisen et
al., 2010) :
- Les facteurs prédisposants (ou facteurs de vulnérabilité) interviennent sur le long terme de
façon pérenne et durable.
- Les facteurs déclenchants (ou aléas primaires) intervenant de manière intense, courte,
inattendue et indépendamment de la vigueur de l’arbre et provoquent une perte de vitalité.
- Les facteurs aggravants (ou aléas secondaires) vont agir sur les arbres déjà affaiblis.

Étant donné les effets sur les arbres, les dépérissements vont impacter de nombreux enjeux
et services tant économiques qu’humains et écologiques. Ces perturbations vont ainsi pouvoir
impacter la mise en œuvre de la planification de la gestion et causer une désorganisation qui sera
qualifiée de crise (Brunier et al., 2020). Cette situation peut être définie comme étant le résultat de
l’interaction d’aléas, de facteurs de vulnérabilité et d’enjeux (Fig. 2).

Figure 2 : Schéma de la crise, regroupant les facteurs de vulnérabilité, les aléas et les enjeux (Brunier et al.,
2020).

1.2.3 Dépérissement local du chêne : enjeux et questionnements


Au sein de l’UT, les dépérissements du chêne touchent une des essences principales.
Ils surviennent de manière différée peu après le dépérissement d’autres essences (hêtre, épicéa),
aggravant les impacts et difficultés de gestion.
Des coupes exceptionnelles, non réglées par l’aménagement, peuvent être réalisées dans le
but de récolter les bois dépérissants avant leur trop forte dépréciation commerciale. Pouvant être
conduites aussi bien dans des parcelles non prévues en intervention programmée que dans d’autres
prévues à l’Etat d’Assiette* (EA) de l’aménagement, elles sont à même de remettre en cause les
itinéraires sylvicoles. Les coupes d’améliorations laissent ainsi leur place à des coupes de récoltes de
Produits Accidentels (PA), n’ayant pas comme objectif principal le travail au profit des belles tiges.
Ces coupes répétées peuvent fortement diminuer le capital sur pied. Des interrogations se
posent ainsi quant à l’avenir et au renouvellement de ces peuplements, problématique accentuée
par la présence de hanneton forestier. Les fortes récoltes actuelles risquent donc d’impacter les
coupes futures, provoquant des baisses de production et par conséquent des irrégularités de
revenus.
Enfin, l’ampleur actuelle de ce phénomène et l’incertitude vis-à-vis de son évolution posent
de nombreux questionnements au sein des équipes de terrain, spectateurs des conséquences de ce

9
phénomène sur leurs forêts. La compréhension et la prise en compte du dépérissement, au-delà
d’être une nécessité pour la gestion des forêts concernées, permet donc aussi de répondre à une
demande des agents de l’UT.
La quantification de ce phénomène, la détermination de ses causes ainsi que la réalisation
d’un suivi s’avère nécessaire. Lors de mon apprentissage, l’objectif a justement été de répondre à
cela.

2 Les méthodes, outils et données mobilisés pour


l’étude des dépérissements
Les données spatialisées, variant selon la localisation dans les forêts, sont composées des
facteurs prédisposants comme la station, la topographie… et d’un des aléas biotiques potentiel : le
hanneton. Les impacts de la combinaison aléa X vulnérabilité seront appréhendés en les comparant à
des données de dépérissement obtenues selon deux manières :
- Les martelages, c’est-à-dire la désignation des tiges dépérissantes destinées à être
exploitées. Ces données ont également permis d’obtenir des informations pouvant orienter
la mise en place du réseau de suivi et du protocole de relevés.
- Les relevés de terrain quantifiant l’intensité du dépérissement à l’aide du protocole DEPERIS.
Le second aléa, climatique, est la sécheresse, fluctuant dans le temps, sera quantifié par
modélisation de bilan hydrique BILJOU ©.

2.1 L’étude des facteurs explicatifs spatialisés


2.1.1 Facteurs étudiés et obtention des données
Dans la littérature, de nombreux facteurs sont cités afin d’expliquer les dépérissements.
Nombre d’entre eux sont par ailleurs liés à la contrainte hydrique. De ce fait, et puisque ce constat
semble cohérent avec la zone d’étude, les facteurs pouvant entraîner un déficit hydrique plus
important seront évalués. Le détail de la provenance des données, leur forme et les opérations
réalisées sur ces dernières sont détaillés en Annexe 3.

2.1.1.1 Variables topographiques


Les forêts de l’UT présentent de nombreuses situations topographiques (Top) : la prise en
compte de ce paramètre est ainsi primordiale. Ces dernières agissent sur les flux latéraux d’eau et
donc sur la quantité d’eau disponible dans le sol (Jabiol et al., 2009 ; CRPF et ONF, 2003). De ce fait, il
est supposé que les zones en haut de versants, et donc en position de départ du ruissellement de
l’eau, soient plus sujettes au dépérissement que les fonds de vallées, recevant de l’eau.
L’exposition (Ex) des versants jouera un rôle en modulant le vent, l’humidité atmosphérique,
le rayonnement, donc la température, et in fine l’évapotranspiration (Jabiol et al., 2009). Les versants
sud, les plus exposés, sont ceux dont les besoins en eau sont les plus importants et où, en cas de
sècheresse, le déficit hydrique est le plus marqué. Ainsi, l’hypothèse est faite que ces versants sont
ceux dont l’état sanitaire des arbres est le plus dégradé.

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2.1.1.2 Variables pédologiques
La pédologie sera caractérisée par la station (Sta). Dans le contexte de l’UT de Bitche, seules
les 2 stations les plus présentes seront étudiées. La station 2 a un sol sableux et plus acide que la
station 4 ayant un sol sablo-limoneux. La première est donc plus sèche et présente une Réserve Utile
(RU) moindre. De ce fait, le chêne est l’essence recommandée en station 2 contrairement au hêtre,
nécessitant une humidité atmosphérique plus élevée, qui le sera en station 4 (CRPF et ONF, 2003).
Pour ces raisons, il est supposé que la station 2 risque d’entraîner plus de dépérissement du chêne
que la station 4.
Sur le terrain (lors des relevés DEPERIS), la présence de roches affleurantes (Ro), donnant des
indications quant à la profondeur du sol, sera notée. Cette dernière peut traduire des difficultés
d’enracinement et une limitation de la RU. Ainsi, l’hypothèse est faite que leur présence engendre un
état sanitaire altéré.

2.1.1.3 Variables liées aux peuplements et à l’intervention humaine (relevés DEPERIS)


De nombreuses études ont admis que les chênes semblent moins sensibles, plus résistants et
résilients face aux dépérissements en peuplements mélangés qu’en peuplements monospécifiques
(Gillet et al., 2007 ; Grossiord, 2019). La composition (Cp) étant supposée avoir un impact sur l’état
sanitaire des chênes, elle constitue l’un des facteurs étudiés.
L’étude n’étant réalisée que sur le chêne, la comparaison entre essences ne sera pas
possible. En revanche, le chêne pédonculé (CHP), souvent réputé comme plus dépérissant que le
chêne sessile (CHS), rend la prise en compte de l’espèce (Esp) incontournable (Brunier et al., 2020).
La structure du peuplement (Str), déterminée par la répartition des classes de diamètre,
reflète sa conduite. Son étude permettra de savoir si elle exerce une influence sur les
dépérissements.
Une autre notion largement adoptée par les gestionnaires est la surface terrière* (G). Elle est
utilisée pour caractériser les peuplements et définir l’indice de compétition entre les arbres. A ce
titre, il est émis l’hypothèse qu’une baisse de surface terrière, en baissant la densité des tiges
présentes, permettrait de réduire l’interception* et la transpiration. De plus, la part d’eau disponible
dans le sol pour chaque arbre serait augmentée. L’hypothèse est donc faite que les dépérissements
seraient moins marqués dans les parcelles présentant une surface terrière plus faible.

2.1.1.4 Variable biotique : le hanneton forestier


Le hanneton forestier (Han) (Melolontha hippocastani – Fabricius 1801) cité dans de
nombreux ouvrages et par les personnels de terrain comme ayant un impact sur l’état sanitaire des
arbres, constitue l’un des facteurs d’étude principal demandé par l’UT.
Ce coléoptère a un cycle biologique d’une durée de 4 ans. Il est constitué d’une phase adulte
aérienne de 3 à 6 semaines, durant laquelle il se nourrit du feuillage des arbres, pouvant impacter
leur croissance radiale , et d’une phase larvaire souterraine de 3 à 4 ans. C’est durant cette période
que les dégâts sont les plus importants. En effet, lors des trois stades larvaires, se déroulant sur trois
saisons de végétation, les larves vont se nourrir des racines des arbres et des semis (Nageleisen et
Cours, 2020). Cette consommation peut réduire jusqu’à 60 % la biomasse racinaire dans les 45
premiers cm de sol (Serre, 2017), pouvant limiter l’absorption de l’eau et de nutriments minéraux.
Ainsi, l’hypothèse émise est que les zones avec présence de hanneton sont plus dépérissantes que
celles en absence.

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2.1.2 Obtention des données de dépérissement
2.1.2.1 1ère méthode : utilisation des données de martelages
L’étude des données de martelage permet tout d’abord de maximiser l’utilisation de données
existantes et disponibles « en routine ». Les informations obtenues offrent également l’opportunité
de connaître l’ampleur du dépérissement. Elles ont également servi de base à la mise en place du
réseau de suivi (réalisée plus tard dans le déroulement du travail).
Elles correspondent aux données saisies par les Techniciens Forestiers Territoriaux (TFT) lors
des martelages et extraites de la base de données interne de l’ONF. Cela correspond, pour chaque
arbre martelé, à son essence, la qualité sanitaire et le diamètre permettant d’obtenir, via des
mercuriales, son volume, et pour l’UG*, à la nature de la coupe et sa surface.
Ainsi, il est possible d’obtenir la répartition des catégories de volumes (sains et dépérissants)
selon le type de coupe (réglée et non réglée) et l’EA pour chaque UG. En effet, dans le cas des coupes
réglées, ayant une date d’EA précisée à l’aménagement forestier, les arbres martelés peuvent être
sains ou dépérissants. Au contraire, pour les coupes non réglées, qui sont exceptionnelles, sans date
fixe et réalisées « au besoin », les volumes martelés sont uniquement « sanitaires ».
A partir de cela, pour chaque UG et pour l’ensemble de l’UT, les volumes totaux et le volume
par hectare martelé pour les chênes sains et dépérissants sont obtenus.
Pour terminer, les seuils décrits dans le Guide de Gestion des Crises Sanitaires en Forêt sont
appliqués. En situation « plaines et collines », la Situation de Vigilance Accrue (SVA) débute lorsque
les PA représentent plus de 10 % du volume récolté « normalement ». Au-delà de 20 % de PA par
rapport à la récolte « normale », la situation est qualifiée de « Crise ».
La récolte « normale » correspond à la récolte de l’accroissement du chêne dans les forêts de
l’UT. Cette valeur, définie dans les aménagements, est en moyenne de 1,5 m3 de chêne/ha/an
(Données Aménagements ONF). Les seuils sont alors respectivement de 0,15 et 0,30 m3 de
chêne/ha/an pour la SVA et la situation de Crise. En outre, une catégorie « Aucun » correspondant
aux UG où aucune coupe sanitaire n’a eu lieu, est créée (Fig. 3).

Figure 3 : Méthode d’obtention et traitements réalisés sur les données de martelage (SVC = Situation de
Vigilance Courante).

12
2.1.2.2 2ème méthode : mise en œuvre du protocole DEPERIS
Des mesures de terrain ont ensuite été réalisées à l’aide du protocole DEPERIS. Effectuées
dans le cadre de la mise en place d’un réseau de suivis, elles aident à établir un état des lieux
sanitaire de la chênaie. Les résultats obtenus à l’issue de l’analyse des données servent également de
comparatif et de complément aux données récoltées lors des martelages, toujours dans l’objectif de
compréhension des dépérissements.
La localisation des points de ce réseau a été basée sur le réseau de placettes permanentes
déjà en place. Une présélection des placettes a été effectuée dans le but de conserver uniquement
celles répondant aux critères de présence de chênes et de diamètre minimal de Petit Bois (PB) :
conditions nécessaires à la mise en place du protocole.
Du fait des résultats obtenus avec l’analyse des données de martelage en partie 3.2.1.,
l’échantillonnage a été stratifié. Quatre groupes ont été créés selon deux critères : le hanneton
(présence/absence) et la station (station 2/station 4), à l’aide des cartes déjà existantes. Afin que
chaque classe ait le même poids statistique et une bonne représentativité, 30 placettes sont
sélectionnées aléatoirement dans chacune (Annexe 4).
Au total 120 placettes ont été sélectionnées dans le réseau. Avec un rendement nécessaire
de 8 placettes/jour, afin d’achever les relevés en période hivernale, avant la mise en place des
feuilles, l’une des contraintes de temps, cela représente 15 jours de relevés pour 2 personnes
préalablement formées et intercalibrées.

Le protocole mis en œuvre pour évaluer l’état sanitaire des arbres est le protocole DEPERIS.
Créé par le Département de Santé des Forêts (DSF), il consiste à relever dans le houppier notable* 2
critères, notés en 6 catégories, caractérisant l’état sanitaire de l’arbre : la Mortalité de Branches (MB)
et le Manque de Ramifications (MR). Ces deux notes sont ensuite compilées en une note synthétique
correspondant, pour un arbre sain, aux classes A, B et C, à la classe D pour un arbre dégradé et aux
classes E et F pour des arbres dépérissants (DSF, 2018 ; Fig. 4).
[((5 - MB)/5)* MR ou MA)] + MB :

Manque de Ramification (feuillus) Manque de Ramification (feuillus)


Manque d'Aiguilles (résineux sauf mélèze) Manque d'Aiguilles (résineux sauf mélèze)

0 1 2 3 4 5 0 1 2 3 4 5
0 A B C D E F 0 0 1 2 3 4 5
de Branches
de Branches

Mortalités

1 1,8 2,6 3,4 4,2 5


Mortalités

1 B B C D E F 1
2 C C D D E F 2 2 2,6 3,2 3,8 4,4 5
3 D D D E F F 3 3 3,4 3,8 4,2 4,6 5
4 E E E F F F 4 4 4,2 4,4 4,6 4,8 5
5 F F F F F F 5 5 5 5 5 5 5

Figure 4 : Abaque DEPERIS permettant d’avoir la note synthétique pour chaque arbre (DSF, 2018).

Du fait du faible nombre de critères et de l’ampleur des classes de notation, ce protocole ne


permet pas de caractériser suffisamment précisément l’état sanitaire à l’échelle d’un arbre mais est
pertinent à l’échelle d’une placette, avec un minimum de 20 arbres notés. Selon les critères du DSF,
une placette est « dépérissante » si 20 % des chênes la composant sont de classe D, E ou F.
Dans notre cas, afin de mettre en relation ces données avec les données explicatives
(relevées à différentes échelles : peuplement, UG), une note synthétique, résultant de la moyenne
des notes de chaque arbre, est calculée par placette.

13
2.1.3 Traitements et statistiques sur le jeu de données
2.1.3.1 Mise en relation des données explicatives et à expliquer
Un lien est recherché entre les données de dépérissements et les facteurs afin d’expliquer les
premières grâce aux seconds. Pour cela, les différentes données spatialisées sont mises en relation
grâce à un logiciel de SIG. Dans le cas des données de récolte provenant des martelages, l’UG prend
la valeur du facteur explicatif le plus représenté au sein de cette dernière. Dans le cas de l’analyse
des données DEPERIS, une seule modalité du facteur explicatif est affectée à la placette, cette
dernière correspondant à la valeur portée par le centre de celle-ci.

2.1.3.2 Statistiques pour les données de martelages


Pour les données de récolte issues des martelages, chaque UG est liée, d’une part, à une
classe correspondant au Guide de Gestion des Crises Sanitaires en Forêt et, d’autre part, à une
modalité pour chaque facteur explicatif.
À la suite de leur croisement et de leur regroupement en fonction de ces différents
paramètres, les effectifs obtenus servent de données d’entrée aux tests statistiques. Ces derniers
sont réalisés dans le but de déterminer si les facteurs ont un effet significatif sur le dépérissement.
Des tests de Khi² ou, si les conditions ne sont pas respectées, de Fisher sont réalisés avec le logiciel
Rstudio.

2.1.3.3 Statistiques pour les données DEPERIS


Une fois les facteurs explicatifs appariés aux données de note synthétique provenant du
protocole DEPERIS, des tests statistiques sont réalisés. Pour cela, des analyses exploratoires avec le
package PCAmixdata sont effectuées sur ce jeu de données afin d’avoir un aperçu global de la
manière dont les facteurs interagissent.
Ensuite, des tests sont mis en œuvre selon la méthodologie donnée en Fig. 5 sur les données
qualitatives et, avec des régressions linéaires, sur les données quantitatives.

Figure 5 : Tests statistiques réalisés sur les facteurs explicatifs qualitatifs en fonction des cas rencontrés.

Enfin, si nécessaire, des tests statistiques complémentaires sont effectuées pour étudier les
interactions potentiellement existantes entre les facteurs. Pour les tests statistiques, le risque alpha
est fixé à 10 %.

2.2 Datation et quantification des sécheresses avec BILJOU ©


2.2.1 Effets des sécheresses
La sécheresse va, en raison du manque d’eau, imposer une régulation stomatique aux arbres.
Cette régulation se caractérise par la fermeture des stomates, bloquant les échanges avec
l’atmosphère en vue de limiter la transpiration. L’absorption de CO2 n’est alors plus possible,

14
entraînant l’arrêt de la photosynthèse et ainsi de la croissance, notamment chez le chêne où la
croissance radiale s’arrête (Bréda et al., 1999 ; Jabiol et al., 2009), mais également la constitution de
réserves glucidiques. Ces dernières sont pourtant nécessaires pour la survie de l’arbre étant donné
leur intervention dans de nombreux processus telle l’entretien des tissus vivants, la réparation, la
constitution du feuillage, la respiration … Sous l’effet de sécheresses prolongées et consécutives, les
réserves s’épuisent pouvant ainsi entraîner la défaillance de certains processus notamment la
réactivation printanière, le débourrement et la mise en place du bois initial. Chez le chêne, le bois
initial constitué de gros vaisseaux est formé avant le débourrement (Bréda et Granier, 1996), et
nécessite donc la mobilisation de réserves carbonées. Ces gros vaisseaux sont indispensables à la
conductivité hydrique du chêne et à l’alimentation hydrique du feuillage. Lorsque le déficit de
réserves carbonées est important au printemps, les feuilles sont plus petites, débourrent plus
tardivement voire pas du tout et l’arbre peut alors « mourir de faim » (Tissaux, 2022).
D’un autre côté, des sécheresses intenses vont affecter le système hydraulique de l’arbre. À
la suite de l’augmentation de la transpiration en période de sécheresse, la tension de sève au sein du
xylème devient plus négative. Sous cet effet, une rupture de la colonne d’eau peut survenir, se
traduisant par l’apparition d’une bulle d’air : la cavitation. La propagation de cette dernière au sein
du xylème empêche la bonne circulation de la sève, les vaisseaux sont alors embolisés. La
perturbation du fonctionnement du xylème causé par cet événement peut engendrer un
flétrissement des feuilles voire, dans le pire des cas, la mort d’une partie des organes pérennes
(branches) voire de l’individu (Nageleisen et al., 2010). Même si certaines essences possèdent des
mécanismes capables de contrer ou limiter ce phénomène, cela n’est pas le cas du chêne dont les
éléments une fois embolisés ne peuvent plus être restaurés (Tissaux, 2022).

2.2.2 Fonctionnement du modèle BILJOU © et données d’entrée


Le modèle de bilan hydrique forestier BILJOU ©, développé par l’INRAE - UMR Silva, calcule la
sécheresse édaphique* en calculant jour par jour la réserve relative en eau du sol notée REW*. En
effet, lorsque cette grandeur, caractérisant l’état de remplissage de la RU, est de moins de 40 %, seuil
en deçà duquel l’eau n’est plus extractible par les arbres, ils sont en état de stress hydrique. Le
modèle considèrera alors toute période sous cette valeur comme « sécheresse » (Bertin et al., 2016).
Pour cela, le modèle va ajouter ou soustraire les différents flux du bilan hydrique (Badeau et
Bréda, 2008) : l’évapotranspiration, le drainage, l’interception et les précipitations, à la RU. Ainsi, il
requiert des paramètres propres au peuplement (propriétés du sol, phénologie du peuplement) et
des variables météorologiques quotidiennes.

Les propriétés de sol permettent de déterminer la RU. Elles sont obtenues à l’aide de données
pédologiques regroupant les informations des différentes couches (profondeur, nature, texture,
proportion de racines fines). Pour cette étude et dans ce contexte, elles sont issues d’une
compilation des données provenant des fosses RENECOFOR (Brêthes et Ulrich, 1997) et du Guide des
Stations (Delahaye et al., 1997).
Les données ont été séparées selon la station afin de vérifier si les années de sécheresses et
leur intensité sont semblables sur ces deux stations. La seule différence notable entre les fosses de
ces deux stations est la présence d’une texture sablo-limoneuse en station 4 et d’une texture
uniquement sableuse en station 2. Ainsi, la station 4 possède une RU (135 mm/150 cm de sol) plus
élevée que celle en station 2 (105 mm/150 cm de sol).

15
Les données climatiques proviennent du système d’analyse de données atmosphériques
SAFRAN (Système d’Analyse Fournissant des Renseignements Atmosphériques à la Neige) créé par
Météo-France dans les années 1990. Il analyse différents paramètres journaliers sur des zones
homogènes d’un point de vue climatique puis va interpoler temporellement et spatialement cette
analyse sur des mailles de 8x8 km (Quintana-Seguí et al., 2008) pour aboutir à des données
journalières, disponibles depuis 1959. Ces données concernent le rayonnement, l’humidité relative
de l’air, la température, les précipitations et le vent nécessaires au calcul des entrées et des sorties,
notamment l’ETP*. Seule la maille 1208 a été utilisée, les différences entre les 6 mailles couvrant l’UT
étant très faibles.
Les données de peuplement proviennent du réseau RENECOFOR, plus précisément de la
placette CHS 57b se trouvant dans la FD de Mouterhouse, sur laquelle la phénologie des arbres a été
relevée. A partir de ces données, il a été possible de déterminer une date de débourrement et de
chute des feuilles, correspondant à la médiane des valeurs de toutes les années d’observation
(depuis 2010) pour tous les arbres de la placette. Pour le débourrement, le jour médian est le 116 ème
jour de l’année (26 avril) et pour la chute des feuilles le jour médian est le 295ème (21 octobre).
Pour le LAI*, variable modulant l’interception des précipitations, l’évaporation du sol et la
transpiration et in fine le bilan hydrique du peuplement, une valeur moyenne de 5, découlant de
différentes études ainsi que de mesures plus anciennes sur la placette RENECOFOR, a été retenue
(Bertin et al., 2016 ; Jabiol et al., 2009).

3 Résultats obtenus à la suite des analyses et relevés


3.1 Ampleur du phénomène et état des lieux du dépérissement
3.1.1 Evolution des volumes de chênes martelés
L’étude des volumes de chêne récolté sur l’UT permet de se rendre compte de la proportion
représentée par les volumes dépérissants par rapport au volumes sains. Le volume sain des coupes
réglées fluctue d’année en année selon les parcelles prévues à l’EA et entrant en coupe, ce qui est
normal. Le volume de produits dépérissants au sein de ces coupes réglées représente entre moins de
5 % des volumes des coupes réglées pour les EA d’avant 2020 à 16 %, au plus haut, pour l’EA de
2022.
L’évolution est plus importante pour les coupes non réglées de chêne. Auparavant
négligeables, elles ont de plus en plus de poids et prennent de l’ampleur passant de moins de 5 % des
volumes (maximum quelques 100aines de m3) jusqu’à l’EA de 2020 à presque un quart pour les EA de
2021 et 2022. La récolte va tripler pour l’EA 2023 où les coupes non réglées vont atteindre 4500 m3
soit environ 90 % du volume de chêne (Fig. 6).

16
10000
Volume sain des

Volume de chêne (m3)


8000 coupes réglées

6000
9360 1093 Volume
7739 4186 112
4000 7718 6521 4691 dépérissant des
coupes réglées
2000 656 4502
544
428 269 330 1239 1557 Volume des
215 253 364
0 51 25 coupes non
2017 2018 2019 2020 2021 2022 2023 réglées
Etat d'assiette
Figure 6 : Volume de chêne selon les coupes et la qualité sanitaire des produits sur l’UT de Bitche depuis l’EA de
2017.

En mettant en relation ces données de volume avec les surfaces touchées, le constat est le
même. Le phénomène s’accentue et le seuil de crise est atteint dès l’EA de 2019. Lors de l’EA 2023, la
récolte (1,82 m3/ha) dépasse même l’accroissement (1,50 m3/ha) (Fig. 7).
2,00 1,82
dépérissant par hectare

Volume
dépérissant
Volume de chêne

1,50
1,22 prélevé
1,03
(m3/ha)

1,00 Seuil de
0,71 Vigilance
0,56
Accrue
0,50
0,18 0,25
Seuil de
0,00 Crise
2017 2018 2019 2020 2021 2022 2023
Etat d'assiette
Figure 7 : Volume de chêne dépérissant récolté par hectare sur l’UT de Bitche depuis l’EA de 2017.

Au-delà des impacts économiques de ces dépérissements, leur ampleur est grandissante et le
seuil de crise est dépassé. Les différents indicateurs étant atteints, la crise peut être déclarée. Cela
peut entraîner la mise en œuvre d’une gestion spécifique avec notamment la mise en place d’une
cellule dédiée et d’actions adaptées (Brunier et al., 2020).

3.1.2 Etat sanitaire des chênes via le protocole DEPERIS


La mise en place du protocole DEPERIS a permis de faire un bilan de l’état sanitaire de la
chênaie de l’UT de Bitche. Sur les 120 placettes prévues initialement, 6 placettes, se trouvant dans
les forêts de Hanau I et II, ont été supprimées pour cause de non-respect des conditions. 90 placettes
mesurées sont considérées comme dépérissantes et 24 sont considérées comme saines (Fig. 8). Bien
que l’état sanitaire des arbres soit dégradé, tous ne sont pas dépérissants et la plupart des placettes
présentent encore des arbres sains.
Placettes saines Placettes dépérissantes 66 F
2000 110 B
E
Nombre d'arbres

A 854
1500
D
1000 C
904
500 B
332 A
0 14

17
Figure 8 : Nombre de placettes selon le pourcentage de chênes de classes D, E ou F (A) et nombre d’arbres selon
les classes DEPERIS (B).

3.2 Etudes des facteurs causaux des dépérissements


3.2.1 Résultats de l’utilisation des données de martelage
Avec l’utilisation des données de martelage, de nombreux facteurs explicatifs n’ont pas pu
être étudiés. Les données de récolte, basées sur les UG, présentent des variations importantes des
critères environnementaux : différentes modalités d’un même facteur peuvent être présentes. Une
perte de données conséquente à donc lieu dans le cas où une valeur unique est affectée à l’UG
entière. Attribuer une valeur à une UG se trouvant à la fois en crête, versant et vallée n’est pas
représentatif de la réalité.
Ainsi, seuls les effets du hanneton et de la station ont pu être étudiés. En effet, la résolution
de la carte de présence/absence étant à l’UG, cela coïncide avec la résolution de la donnée récolte.
De même, la variabilité des stations au sein de l’UT étant faible, les UG sont pour la plupart
constituées d’une seule station, rendant la donnée utilisable à l’échelle choisie.
Par manque d’effectif, les tests ont été réalisés en regroupant les classes Crise et SVA en
« Dépérissant » et SVC et Aucun en « Normale ». La station ne semble pas avoir d’effet significatif
(Test du Khi² : X² = 0,8027 ; p = 0,3703) contrairement au hanneton (Test du Khi² : X² = 3,8548 ; p =
0,0496). Dans le cas où l’interaction entre ces deux facteurs est prise en compte, le test est
significatif (Test du Khi² : X² = 11,583 ; p-value = 0,0090) (Fig. 9). Il semblerait que les effets de la
station et du hanneton soient confondus. En étudiant l’effet de la station uniquement sur les UG en
absence de hanneton, la p-value est inférieure à 10 % (Test du Khi² : X² = 2,9178 ; p-value = 0,0876).
La station semble donc bien avoir un effet masqué par la présence de hanneton.

Figure 9 : Pourcentage d’UG de chaque catégorie selon la station et l’absence ou présence de hanneton.

Ces données « récolte » constituent un bon élément de monitoring des volumes désignés au
niveau de l’UT. En revanche, étant donné leur faible résolution, leur utilisation dans un objectif de
détermination des facteurs prédisposants n’est pas adaptée.

3.2.2 Identification des facteurs causaux avec les relevés DEPERIS


3.2.2.1 Tests statistiques globaux
L’étude des facteurs exerçant une influence sur le dépérissement commence par l’utilisation
de statistiques exploratoires. L’effet de la présence de chênes pédonculés n’a pas pu être étudié par
placette, l’effectif de placettes ayant plus de 10 chênes pédonculés étant trop faible (3 placettes).

18
La Fig. 10 oriente les études et donne un premier aperçu des relations pouvant exister entre
les variables malgré la faible variabilité expliquée par les 2 premiers axes d’une analyse en
composantes principales (environ 25 % en tout soit un quart).

Figure 10 : Représentation des variables explicatives selon les dimensions 1 et 2 de la PCA (vert = qualitatif ; noir
= quantitatif ; la signification des noms est donnée en Annexe 3).

La présence de rochers affleurants, la présence de hanneton et l’exposition semblent


corrélés à la note synthétique représentant le dépérissement.

3.2.2.2 Etude de la topographie


Malgré les hypothèses émises quant à l’effet de la topographie sur le dépérissement, cette
dernière ne semble avoir aucun impact sur l’état sanitaire (Fig. 11 et du Tabl. I). Le test ANOVA non
significatif (F = 0,595 ; p-value = 0,5530) confirme cela : la topographie à elle seule n’a pas d’influence
sur le dépérissement.

Tableau I : Paramètres statistiques des notes


synthétiques selon les différentes modalités de
topographie.

Modalité Bas Versant Haut


Minimum 2,05 1,35 1,84
er
1 quartile 2,67 2,34 2,37
Médiane 3,00 2,80 2,83
ème
3 quartile 3,17 3,16 3,12
Maximum 3,96 4,12 3,84
Moyenne 2,92 2,77 2,77
Figure 11 : Boxplot de la distribution des notes Nombre de
21 54 39
synthétiques (NS) par placette selon les différentes placettes
unités topographiques.

3.2.2.3 Etude de l’exposition


L’exposition nord est celle dont les notes synthétiques sont les plus basses, et donc où l’état
sanitaire est le moins dégradé, contrairement au sud ou à l’ouest (Fig. 12 et Tabl. II). L’ANOVA
effectuée confirme ce premier diagnostic : la différence est significative (F = 3,827 ; p-value =
0,0119). Un test de Tukey précise que cette différence existe notamment entre le nord et l’ouest (p-
value = 0,0269) ainsi qu’entre le nord et le sud (p-value = 0,0459). L’état sanitaire des chênes est ainsi
plus dégradé pour les expositions sud et ouest où les températures et ainsi l’ETP sont plus
importantes.

19
Tableau II : Paramètres statistiques des notes
synthétiques selon les différentes modalités
d’exposition.

Modalité Nord Est Sud Ouest


Minimum 1,51 1,35 1,74 2,35
er
1 quartile 2,22 2,33 2,61 2,87
Médiane 2,63 2,79 2,85 3,05
ème
3 quartile 2,98 3,18 3,42 3,35
Maximum 3,73 3,86 4,21 3,65
Moyenne 2,60 2,75 2,95 3,08
Nombre de
40 28 31 15
Figure 12 : Boxplot de la distribution des notes placettes
synthétiques par placette selon les différentes
expositions.

3.2.2.4 Etude de la station


Tout comme pour l’étude des données de martelage, la station à elle seule n’entraîne pas de
différence significative de dépérissement sur les chênes. Ce constat observable sur la Fig. 13 et le
Tabl. III est appuyé par un test t de Student non significatif (t = 1,5931 ; p-value = 0,1142).

Tableau III : Paramètres statistiques des notes


synthétiques selon les différentes stations.

Modalité S2 S4
Minimum 1,35 1,51
er
1 quartile 2,54 2,20
Médiane 2,85 2,81
ème
3 quartile 3,23 3,14
Maximum 3,86 4,21
Moyenne 2,87 2,70
Nombre de
61 53
Figure 13 : Boxplot de la distribution des notes placettes
synthétiques par placette selon les différentes
stations.

3.2.2.5 Etude de la présence de roches affleurantes


La différence entre les notes synthétiques selon l’absence ou la présence de roches
affleurantes est très visible sur la Fig. 14 et via les valeurs chiffrées du Tabl. IV. Elle est certifiée par le
test t de Student réalisé : la différence est bien significative entre les deux modalités (t = -3,7779 ;
p-value = 0,0004). La présence de roches affleurantes, en ayant un impact sur la RU et la prospection
racinaire, va donc impacter l’état sanitaire des arbres.

20
Tableau IV : Paramètres statistiques des notes
synthétiques selon la présence ou l’absence de roches
affleurantes.

Modalité Oui Non


Minimum 2,20 1,35
er
1 quartile 2,74 2,29
Médiane 3,13 2,76
ème
3 quartile 3,47 3,06
Maximum 3,88 4,21
Moyenne 3,11 2,70
Nombre de
Figure 14 : Boxplot de la distribution des notes 26 88
placettes
synthétiques par placette selon la présence ou l’absence
de roches affleurantes.

3.2.2.6 Etude de la composition des peuplements


La composition en essence n’exerce aucune influence sur le dépérissement. Les médianes
pour chaque modalité sont sensiblement identiques (Fig. 15 et Tabl. V). Ce constat est confirmé par
un test ANOVA non significatif (F = 0,065 ; p-value = 0,9780). La composition du peuplement n’a donc
pas d’influence sur l’état sanitaire de ce dernier.

Tableau V : Paramètres statistiques des notes


synthétiques selon les différentes modalités de
composition.

Modalité CHX CHX_HET CHX_P.S MEL


Minimum 1,35 1,93 2,35 1,61
er
1 quartile 2,44 2,35 2,48 2,37
Médiane 2,83 2,88 2,82 2,63
ème
3 quartile 3,16 3,11 3,23 3,41
Maximum 3,96 4,21 3,59 3,75
Moyenne 2,80 2,80 2,88 2,76
Nombre de
Figure 15 : Boxplot de la distribution des notes 61 31 6 16
placettes
synthétiques par placette selon les différentes
compositions.

3.2.2.7 Etude de la structure


Les variations de notes synthétiques entre les différentes structures sont faibles (Fig. 16 et
Tabl. VI). L’ANOVA mise en œuvre statue de manière identique : la structure n’a pas d’influence
significative sur le dépérissement (F = 0,042 ; p-value = 0,9580).

21
Tableau VI : Paramètres statistiques des notes
synthétiques selon les différentes modalités de
structure (BM =Bois Moyen ; GB = Gros Bois).

Modalité BM BM-GB GB
Minimum 1,35 1,93 1,84
er
1 quartile 2,42 2,40 2,34
Médiane 2,87 2,78 2,75
ème
3 quartile 3,16 3,16 3,02
Maximum 4,21 3,88 3,73
Moyenne 2,81 2,78 2,76
Nombre de
Figure 16 : Boxplot de la distribution des notes 64 36 14
placettes
synthétiques par placette selon les différentes
structures.

3.2.2.8 Surface terrière


Aucune régression linéaire n’a permis de mettre en relation, avec un R² correct (0,084
maximum avec la loi polynomiale), les surfaces terrières et l’état sanitaire dû à la forte variabilité des
données (Fig. 17). De plus, il faut garder à l’esprit que cette valeur n’est pas corrélée au LAI, variable
impactant le bilan hydrique, ou encore à la densité. La surface terrière n’a ainsi pas d’influence sur le
dépérissement.
A B

Figure 17 : Répartition des placettes selon leur surface terrière et leur notes synthétiques (A) et distribution de la
surface terrière toutes placettes confondues (B).

3.2.2.9 Etude de la présence du hanneton forestier


La présence de hanneton semble augmenter les notes synthétiques de dépérissement des
placettes (Fig. 18 et Tabl. VII). Cette observation est confirmée par le test t de Student réalisé.
Ce dernier conclu à une différence significative entre les deux modalités (t = -1,8999 ;
p-value = 0,0600). La présence de hanneton accentue le dépérissement. Ce résultat est identique à
celui obtenu par l’analyse des données de martelage. Ainsi, en réduisant la biomasse des racines, et
en diminuant leur capacité de prospection et donc la RU, ce ravageur exerce une pression forte sur
les peuplements où il est présent.

Page 22 sur 36
Tableau VII : Paramètres statistiques des notes
synthétiques selon la présence ou l’absence de
hanneton.

Modalité Oui Non


Minimum 1,35 1,74
er
1 quartile 2,48 2,30
Médiane 2,92 2,65
ème
3 quartile 3,25 3,01
Maximum 4,21 3,84
Moyenne 2,88 2,68
Nombre de
Figure 18 : Boxplot de la distribution des notes 64 50
placettes
synthétiques par placette selon la présence ou
l’absence de hanneton.

3.2.2.10 Etude de l’interaction station-hanneton


Afin de vérifier les résultats obtenus lors de l’étude des données de martelage, l’interaction
station-hanneton est également étudiée. L’écart des médianes entre les stations est plus important
en l’absence de hanneton (0,36) qu’en présence de ce dernier (0,10). De plus, quelle que soit la
station, l’état sanitaire est plus dégradé en présence de hanneton (Fig. 19 et Tabl. VIII). Ces
observations sont confirmées par le test de Kruskal-Wallis qui conclut en une différence significative
de note synthétique entre les différentes couples station/hanneton (Khi² = 7,674 ; p-value = 0,0532).

Tableau VIII : Paramètres statistiques des notes


synthétiques selon le hanneton et la station.

S2 - S2 - S4 - S4 -
Modalité
Oui Non Oui Non
Minimum 1,35 2,05 1,51 1,74
er
1 quartile 2,62 2,51 2,31 2,17
Médiane 3,00 2,71 2,90 2,35
ème
3 quartile 3,34 3,06 3,16 2,96
Maximum 3,86 3,84 4,21 3,48
Moyenne 2,93 2,80 2,83 2,53
Nombre de
34 27 30 23
placettes

Figure 19 : Boxplot de la distribution des notes


synthétiques par placette selon le hanneton et la
station.

Comme lors de l’étude des données de martelage, l’effet de la station est masqué par celui
du hanneton. Les tests t de Student mis en œuvre appuient ce résultat :
- Uniquement en présence de hanneton : le test conclut quant à la différence non significative
entre les deux stations (W = 578,5 ; p-value = 0,3602).
- Uniquement en absence de hanneton : la différence de note synthétique entre les deux
stations est significative (W = 401 ; p-value = 0,0797).

23
3.2.2.11 Limites de la méthode et des résultats obtenus avec les relevés DEPERIS
L’étude a été réalisée dans un temps imparti et avec des contraintes humaines et de coûts.
Pour cela, toutes les données potentiellement intéressantes à étudier n’ont pas pu être prises sur les
placettes et nombre d’entre-elles proviennent de documents déjà existants. De même, en raison de
l’effectif limité de placettes et du nombre important de modalités pour certains facteurs, en plus de
leurs interactions, tous les effets n’ont pas pu être étudiés.
Prenons l’exemple de la topographie. Les gestionnaires indiquent observer une accentuation
du dépérissement des chênaies en situation de plateau. En revanche, les résultats obtenus ne
concluent pas quant à la présence d’un effet significatif de ce facteur sur le dépérissement. Cette
différence peut provenir de l’obtention des données topographiques : l’algorithme utilisé
(POSITOPO ; Annexe 3) permettant de différencier 11 unités topographiques, des regroupements ont
eu lieu afin d’avoir des effectifs suffisants par modalités. La situation de plateau n’est donc pas
séparée de celle des hauts de versants, entraînant une perte de précision dans les possibilités
d’interprétation des résultats. De plus, au-delà d’être contraire aux attentes et aux observations des
équipes de terrain, cela est également surprenant du fait de l’effet des roches affleurantes. Ces
dernières ont un impact sur le dépérissement et sont généralement plus présentes en crêtes ou
plateau. La topographie est donc l’un des facteurs où l’étude n’a pas permis de confirmer ou
d’infirmer les suppositions émises. Cette dernière nécessiterait ainsi la réalisation de recherches
supplémentaires.

Du fait de ces contraintes, d’autres facteurs prédisposants largement cités dans la


bibliographie n’ont pas pu être pris en compte. Par exemple :
- La profondeur du sol, caractérisant la capacité de prospection par les racines, n’a pu être
utilisée que partiellement grâce à la présence visible ou non de roches affleurantes. Cette
information ne précise pas la présence d’une dalle rocheuse en profondeur ou si elle est
fissurée, facteur pourtant impactant sur la RU.
- Le tassement de sol, très présent dans les parcelles étudiées et entrainant une modification
de la circulation de l’eau dans le sol (De Paul et Bailly, 2005) n’a pas pu être étudié par
manque de temps (pour une caractérisation par des relevés de terrain) et d’outils
(algorithme en développement se basant sur le MNT issu du vol LIDAR).
- L’âge des arbres, ayant un effet sur la capacité de réponse au stress et sur la résilience des
arbres (Bréda et Peiffer, 2014) n’a pas été pris en compte. Ce facteur nécessite la prise de
données très chronophages (carottage des arbres à cœur et dénombrement des cernes).

La comparaison entre les traitements et la sylviculture appliquée sur chaque placette n’a pas
non plus été réalisée. Cela aurait nécessité la comparaison entre placettes traitées, au départ, avec la
même sylviculture puis ayant subi une divergence. De plus, ces dernières devraient se situer dans des
conditions stationnelles identiques pour limiter les interactions entre les facteurs.

3.3 Résultats obtenus avec BILJOU © sur l’étude des sécheresses


Pour les deux stations étudiées, et depuis 1959, l’ordre des années présentant les
sécheresses les plus intenses sont globalement les mêmes (BILJOU ©). Dans les deux stations,
l’année 2020 est la plus intense de toutes, 2019 est en 6ème position, 2018 en 5ème et 2015 en 3ème

24
position. La moitié des années du « Top 10 » des plus fortes intensités surviennent dans les années
2000 (Tabl. IX).

Tableau IX : Classement des 10 années avec les sécheresses les plus intenses pour les deux stations majoritaires
de l’UT. Simulations réalisées en ligne par le modèle Biljou© (https://appgeodb.nancy.inra.fr/biljou/)
Rang 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Station 2 2020 1959 2015 2003 2018 2019 1991 1962 1983 2016
Station 4 2020 2003 2015 1959 2018 2019 1991 1962 1983 1976

Le phénomène de sécheresse n’est toutefois pas récent dans ce territoire et des années
anciennes se retrouvent parmi les 10 années de sécheresses les plus intenses (1959, 1976, 1983,
1991…). Les forêts ont subi au cours du temps de nombreux événements climatiques extrêmes.
Notons que des dépérissements forestiers, y compris sur chênes, ont été rapportés en outre après
1976 (Delatour, 1983), après la succession 1989-1990-1991 (Bréda et al., 1999) ou encore après la
séquence sèche 2003-2006 (Bréda et Peiffer, 2014). En revanche, l’intensité et la récurrence des
évènements survenus ces dernières années (en particulier depuis 2015) est inédit (Fig. 20). De plus,
l’augmentation de la récolte de chênes dépérissants (partie 3.1.1.) coïncide avec la répétition et
l’accentuation des épisodes de stress hydrique.

Intensité stress Station 4 Station 2


55
50
45
40
35
30
25
20
15
10
5
0
1981

2007
1959
1961
1963
1965
1967
1969
1971
1973
1975
1977
1979

1983
1985
1987
1989
1991
1993
1995
1997
1999
2001
2003
2005

2009
2011
2013
2015
2017
2019
Années 2021
Figure 20 : Intensité des sécheresses pour la station 2 et la station 4 depuis 1959. Simulations réalisées en ligne
par le modèle Biljou© (https://appgeodb.nancy.inra.fr/biljou/)

Ces résultats confirment ceux obtenus avec les données de martelages et avec le protocole
DEPERIS : la station 2, du fait de sa plus faible réserve utile, induit des déficits hydriques plus intenses
que la station 4. La normale des intensités des sécheresses pour la période 1959-2021 est de 8 pour
la station 4 contre 12 pour la station 2. Sur les 10 années de sécheresses les plus intenses, les valeurs
sont en moyenne de 3 à 4 fois plus élevées que les normales. Au-delà de la normale, les sécheresses
avec un rang identique sont également plus intenses en station 2 qu’en station 4 avec des différences
de durée allant de 5 à 10 jours.
Certaines années indiquées comme présentant des sécheresses modérées en station 2 ne le
sont pas forcément pour la station 4 (1977, 1986, 1989) où la plus forte réserve utile permet de ne
pas atteindre le seuil de déficit hydrique.

Au vu des résultats obtenus avec le modèle BILJOU ©, la question de l’avenir du chêne dans
les Vosges du Nord, en lien avec les changements globaux, se doit d’être étudiée. Disposant d’un

25
modèle de compatibilité climatique interne à l’ONF, Zoom 50, une évaluation de la concordance
entre les données de terrain et ce dernier est réalisée.

4 Comparaison avec le modèle Zoom 50


4.1 Présentation de l’outil
La zone d’étude est couverte par les cartes de compatibilité climatique Zoom 50. L’outil, créé
par le département Recherche, Développement et Innovations (RDI) de ONF, est une continuité de
ClimEssences (RMT AFORCE*) rendant les données disponibles au pas de 50 m.
L’intensité des sécheresses supportables par l’essence est comparée à l’intensité de
sécheresse du sol. Cette dernière est déterminée via le calcul du déficit hydrique édaphique, prenant
lui-même en compte les précipitations, l’ETP et la Réserve Utile (RU). Les deux premières variables
proviennent d’un recalage des données météorologiques CHELSEA au pas de 50 m grâce à la base de
données Digitalis. La RU quant à elle est déduite des données de sol provenant des cartes des
stations internes à l’ONF (Bonnefon, 2021).
Le déficit hydrique n’est pas seulement défini à un instant t mais selon les différents
scénarios climatiques représentant la potentielle évolution du climat pour l’année 2070 :
- Scénario optimiste : RCP (Representative Concentration Pathway = Trajectoires
représentatives de concentration en CO2) 4,5 moyen.
- Scénario intermédiaire : RCP 8,5 moyen.
- Scénario pessimiste : RCP 8,5 pessimiste.
Ainsi, la compatibilité de chaque essence est évaluée vis-à-vis du déficit hydrique et de ses
évolutions en 5 classes :
- Incompatible climat actuel (Z0) : 0
- Incompatible tous climats futurs (Z1) : 1
- Incompatible climats futurs pessimiste et intermédiaire (Z2) : 2
- Incompatible climat futur pessimiste (Z3) : 3
- Compatible tous scénarios futurs (Z4) : 4

4.2 Comparaison avec les données DEPERIS


Afin d’évaluer le modèle dans notre territoire, les données obtenues via ce dernier seront
comparées aux données de nos relevés DEPERIS, représentant l’état actuel de la chênaie.
Les classes Zoom 50 0 et 4, étant très peu présentes sur l’UT pour le chêne sessile (Annexe 5),
le nombre de placettes n’est pas suffisant dans ces zones. L’analyse des résultats n’est donc pas
possible pour ces deux classes (Tabl. X).

26
Tableau X : Paramètres statistiques des notes
synthétiques selon les différentes classes de Zoom 50.

Modalité Z1 Z2 Z3 Z4
Minimum 1,65 1,84 1,51
er
1 quartile 2,61 2,43 2,22
Médiane 3,08 2,75 2,8 Non
3eme quartile 3,35 3,14 2,98 calculé
Maximum 4,21 3,88 3,33
Moyenne 2,96 2,82 2,60
Figure 21 : Boxplot de la distribution des notes Nombre de
28 55 30 1
synthétiques par placette selon les différentes classes placettes
de Zoom 50.

L’ANOVA réalisée conclut à une différence significative de dépérissement entre les classes
Zoom 50 (F = 3,056 ; p-value = 0,0511). Plus le chêne est compatible avec des climats futurs
pessimistes, moins le dépérissement est aujourd’hui important. Malgré tout, les chênes sont déjà
dépérissants sur des zones où Zoom 50 indique qu’ils sont compatibles en climats futurs (Fig. 21).
Cette différence peut être expliquée par les limites de la méthode. En effet, la capacité de
résistance à la sécheresse des essences est définie à l’échelle européenne et non locale. L’adaptation
des chênes au climat local présentant habituellement une pluviométrie importante n’est pas incluse.
De même pour la pédologie locale, notamment la profondeur de sol, pouvant engendrer des valeurs
de RU différentes de celles utilisées.
De plus, ce modèle ne tient pas compte des éléments biotiques susceptibles de constituer
des facteurs aggravants aux phénomènes observés et induits par les sècheresses. Intégrer l’action de
différents ravageurs, notamment dans notre cas le hanneton, ou pathogènes serait intéressant.
Malgré tout, les différences observées du taux de dépérissement entre les classes de
compatibilité prouvent que cet outil peut permettre d’identifier les zones les plus vulnérables
actuellement.

Conclusion et perspectives
Conclusion
Depuis plusieurs années, l’UT de Bitche constate le dépérissement de sa chênaie. Les
volumes dépérissants récoltés ne cessent d’augmenter jusqu’à atteindre, à partir de l’EA de 2019, le
seuil de crise fixé par le Guide de Gestion des Crises Sanitaires en Forêt. En plus de cet indicateur de
récolte, les impacts de ce phénomène sont multiples.

L’étude des données de récolte et la mise en place d’un réseau de suivis avec le protocole
DEPERIS ont permis d’appréhender l’ampleur des dépérissements et ont aidé à la compréhension de
ces derniers via l’identification des aléas en jeu et de quelques facteurs de vulnérabilité. Les variables
identifiées dans ce rapport comme impactant l’état sanitaire des chênes ne constituent en revanche
pas une liste exhaustive du fait des nombreuses limites de la méthode.

27
Les facteurs prédisposants (ou de vulnérabilité) identifiés sont l’exposition sud et ouest, la
station 2 et la présence de roches affleurantes. Ils impactent en premier lieu le bilan hydrique, du fait
de leur répercussion sur l’ETP ou la RU.
Anciennement, malgré la présence de ces facteurs contribuant à l’intensité de la contrainte
hydrique, les dépérissements n’étaient pas aussi importants. En effet, la faible RU des sols sableux et
leur profondeur limitée dans certains cas par la présence de roches, effet encore accentuée en
fonction de l’exposition, ne posait pas de problèmes apparents. Cette différence réside notamment
dans les modifications d’ETP.
Les facteurs déclenchants (aléas), c’est-à-dire les sécheresses, qui semblent de plus en plus
intenses et de plus en plus fréquentes, mais aussi la présence du hanneton forestier, qui impacte
fortement le système racinaire des arbres, accentuent les contraintes.

Même si ces aléas sont indépendants de l’action des gestionnaires, ils doivent être pris en
compte dans leurs choix. Lors des martelages, les désignations peuvent par exemple être orientées,
notamment en favorisant les essences les mieux adaptées aux sècheresses. L’identification des zones
les plus vulnérables peut également permettre de prioriser les parcelles à visiter lors de la
surveillance des dépérissements ou celles à traiter prioritairement.
D’une manière globale, les actions devront être guidées par l’adaptation des essences au
contexte local et au climat changeant.

Perspectives
Ce travail, même s’il a permis de réaliser une bonne première exploration des facteurs
impliqués dans les phénomènes observés, mériterait d’être complété et approfondi. En effet, étant
donné les limites de la méthode et le nombre de placettes limité, il serait intéressant de compléter le
travail par une étude du même type mais comprenant plus de réplicas. De ce fait, des facteurs
n’ayant pas pu être appréhendés, comme l’espèce de chêne, ou ceux dont les résultats semblent
surprenants, telle la topographie, pourraient être approfondis. De même, cela offrirait l’opportunité
d’étudier d’autres facteurs, souvent impactant, comme le tassement de sol, la sylviculture ou l’âge
des peuplements.
Au-delà de la différence de RU entre les deux stations, la présence de podzolisation en
station 2 et sa plus forte acidité pourraient également constituer un facteur de vulnérabilité en
affectant le fonctionnement des arbres (croissance, photosynthèse, stockage…) mais cela reste à
étudier. L’effet du hanneton devrait aussi être appréhendé au-delà de l’impact racinaire en prenant
en compte les défoliations causées par les adultes les années de vol. Le statut carboné des
chênes peut être impacté : le manque de feuilles limite la photosynthèse et la mise en réserves de
composés glucidiques. Réaliser un « historique » de la gestion des parcelles, afin de prendre en
compte les traitements antérieurs ainsi que les modalités de gestion et d’exploitation ayant pu
impacter les peuplements, pourrait aussi être mis en œuvre.

Remerciements
Je tiens tout d’abord à remercier mon tuteur, Hubert Schmuck, pour m’avoir épaulée tout au
long de ce travail. Tes nombreuses connaissances, ta pédagogie et ta passion pour ce milieu et ces
sujets ont rendu cette année d’autant plus passionnante et instructive. Au-delà du côté

28
professionnel, ton soutien, ta gentillesse, la confiance que tu m’as apportés et ta capacité à trouver
les mots justes pour m’encourager et me pousser vers le haut ont joué un rôle inestimable dans la
réussite de cette étude.

Un grand merci également à René, Pierre, Paul, Francis et Anthony de m’avoir aidé dans la
réalisation des relevés de terrain et d’avoir rendu ces journées en votre compagnie aussi
enrichissante professionnellement qu’humainement. Ces journées de terrain ont été grâce à vous et
votre bonne humeur de très bons moments durant cette année.

Je remercie également les personnes m’ayant aidé d’une manière ou d’une autre dans la
réalisation de mon travail. Grand merci à Nathalie Bréda pour tes explications du modèle BILJOU©, le
partage de tes nombreuses connaissances et ta gentillesse. Merci à Max Gillette pour ton aide lors de
la mise en place du protocole DEPERIS au sein de l’UT, que ce soit lors de la formation des personnes
ou de la mise en place du protocole. Merci à Vincent Perrez pour ton aide avec le SIG et à Flavien
Lamiche pour tes explications sur les données provenant des aménagements.

Merci au reste de l’UT de Bitche et au service forêt de m’avoir intégrée et accueillie dans vos
équipes et d’avoir été présents pour répondre à mes questions. Merci à toutes les personnes ayant
pris le temps de relire ce mémoire et de donner leur avis. Et enfin merci à toutes les personnes que
j’ai côtoyé durant cet apprentissage que ce soit dans les bureaux, sur le terrain, lors des repas de
midi ou des pauses café d’avoir rendu cette année en votre compagnie exceptionnelle. Merci Ianis,
Guillaume, Joanna, Pauline, Isabelle, Hervé, Olivier, les Nicolas…

Ce fut un plaisir de passer cette année avec vous tous.

Bibliographie
Badeau V. et Bréda N. (2008). Modélisation du bilan hydrique : l’étape clé de la détermination des
paramètres et des variables d’entrée. Rendez-Vous Techniques de l’ONF, hors-série n°4 : 111-114.
Bertin S. et Perrier C. (coordination), Bertin S., Balandier P., Becquey J., Bonal D., Bréda N., Perrier C.,
Riou-Nivert P. et Sevrin É. (2016). Le bilan hydrique des peuplements forestiers. État des
connaissances scientifiques et techniques. Implications pour la gestion, RMT AFORCE. 190 p.
Bonnefon R. (2021). Création de cartes de compatibilité climatiques des essences sur les forêts
publiques du Grand Est, Mémoire de dominante d’approfondissement gestion forestière, 150 p.
Bréda N. et Granier A. (1996). Intra- and interannual variations of transpiration, leaf area index and
radial growth of a sessile oak stand (Quercus petraea). Annales des Sciences Forestières, 53 : 521-
536.
Bréda N., Peiffer M., Dupouey J.-L., Gérémia F., Schipfer R. et Kieffer C. (1999). Le rôle des déficits
hydriques dans le dépérissement de chênaies en Forêt de la Harth (Alsace du sud) établi par une
analyse dendroécologique et écophysiologique. Cahiers du DSF : 92-94.
Bréda N. et Peiffer M. (2014). Vulnerability to forest decline in a context of climate changes: new
prospects about an old question in forest ecology. Annals of Forest Science, 71 : 627-631.

29
Brêthes A. et Ulrich E. (coordinateurs) (1997). Caractéristiques pédologiques des 102 peuplements
du réseau. Office National des Forêts, Département des Recherches Techniques, ISBN 2 – 84207 –
112 3, 573 p.
Brunier L., Delport F., Gauquelin X. & al. (2020). Guide de gestion des crises sanitaires en forêt. CNPF-
IDF & RMT Aforce, 184 p.
Centre Régional de la Propriété Forestière (CRPF) et Office National des Forêts (ONF) (2003). Les
milieux forestiers des Vosges du Nord – Guide pour l’identification des stations et le choix des
essences, 97 p.
Delahaye-Panchout M., Brêthes A. et Madesclaire A. (1997). Catalogue des types de stations
forestières des Vosges du Nord. CRPF Lorraine Alsace / ONF, 226 p.
Delatour, C. (1983). Les dépérissements de chênes en Europe. Revue Forestière Française, 35 : 265-
282.
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DSF (2018). Qualifier l’état de santé de la forêt, méthode simplifiée
d’évaluation https://agriculture.gouv.fr/la-methode-deperis-pour-quantifier-letat-de-sante-de-la-
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duration and intensity of drought constraints in forest stands. Ecological Modelling, 116 : 269-283
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impacts on forests. New Physiologist, 228 : 42-49.
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Nageleisen L.-M. et Cours J. (2020). Biologie des hannetons : bilan des connaissances. Rendez-Vous
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Analysis of Near-Surface Atmospheric Variables: Validation of the SAFRAN Analysis over France.
Journal of Applied Meteorology and Climatology, 47 : 92-107.
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Serre T. (2017). Caractérisation écologique et stratégie d’évaluation de la biomasse de racines fines
sur l’observatoire Hanneton, massif forestier des Vosges gréseuses. Mémoire de Master 1 Forêt
Agronomie et Gestion des Écosystèmes Spécialité Bois Forêt et Développement Durable, 25 p.

30
Annexes
Annexe 1 : Carte de localisation des forêts de l’UT de Bitche ............................................................... A

Annexe 2 : Spirale du déclin de Manion (1991) adaptée aux conditions forestières françaises (DSF
Nord-Est) (A) et cercles concentriques des facteurs causaux (B)............................................................ B

Annexe 3 : Tableau détaillant les données utilisées pour expliquer les dépérissements. ..................... C

Annexe 4 : Carte de la répartition des placettes selon les stations et la présence de hanneton sur l’UT
de Bitche. ................................................................................................................................................. D

Annexe 5 : Carte de compatibilité climatique Zoom 50 pour le chêne sessile au niveau de l’UT de
Bitche....................................................................................................................................................... E

31
Annexe 1 : Carte de localisation des forêts de l’UT de Bitche.

A
Annexe 2 : Spirale du déclin de Manion (1991) adaptée aux conditions
forestières françaises (DSF Nord-Est) (A) et cercles concentriques des
facteurs causaux (B).

B
Annexe 3 : Tableau détaillant les données utilisées pour expliquer les dépérissements.

Facteur Nom de la Source Résolution Opérations sur les données (* si réalisé dans le cadre de Forme des données
donnée cette mission)
Structure Str Relevés (*) A l’arbre Calculée à partir des données des classes de diamètres des BM : BM≥9 et GB/TGB<6
20 chênes de la placette BM-GB : BM>6 et GB>6
GB : GM≥9 et BM/TGB<6
Espèce Esp Relevés (*) A l’arbre Données entrées à l’arbre puis déterminées à la placette CHS : au moins 10 chênes sessiles
selon la présence de chêne sessile et/ou pédonculé CHP : au moins 10 chênes pédonculés
Composition Cp ONF UED (Unité Données obtenues dans le cadre de l’élaboration des CHX : chêne pur
Elémentaire aménagements CHX_P.S : mélange chêne/pin sylvestre
de CHX_HET : mélange chêne/hêtre
Description) MEL : au moins 3 essences
Station Sta ONF Variable Relevés de terrain réalisés dans le cadre d’aménagements S2 : station 2
S4 : station 4
Hanneton Han ONF UG Relevés de terrain (2018 et 2019) puis mise en forme (*) oui
des données à l’UG et vérification sur le terrain lors des non
relevés (*)
Rochers Ro Relevés (*) Placette Présence de rochers importante au moment des relevés oui
non
Surface terrière G Relevés (*) Placette Relevés de terrain (chainette relascopique). Valeurs quantitatives en m²/ha
Topographie Top Algorithme 25 m Obtention d’unités topographiques (11) à partir de la BD Bas : vallées, talwegs…
POSITOPO Alti 25 m de l’IGN (Piedallu et al., 2007). Simplification de Versant
ces données. Haut : plateaux, crêtes…
Exposition Ex Algorithme 25 m Calcul de l’azimut (entre 0 et 360°) à partir de la BD Alti N : nord
QGIs 25 m de l’IGN puis correspondance faite avec les points S : sud
cardinaux. E : est
O : ouest
* : réalisé dans le cadre de l’apprentissage

C
Annexe 4 : Carte de la répartition des placettes selon les stations et la
présence de hanneton sur l’UT de Bitche.

D
Annexe 5 : Carte de compatibilité climatique Zoom 50 pour le chêne
sessile au niveau de l’UT de Bitche.

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