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Année 2021-2022
Pauline FROMHOLTZ
Maître d’apprentissage : Hubert SCHMUCK
Tuteurs enseignants : Emmanuelle THILL et Stéphanie WURPILLOT
Glossaire (* lors de la 1 ère
apparition des mots dans le rapport)
Etat d’Assiette (EA) : programmation annuelle du passage en coupe des Unités de Gestion (UG).
Houppier notable (ou houppier fonctionnel) : partie du houppier hors concurrence et ayant accès à
la lumière. Notion utilisée dans le cadre du protocole DEPERIS.
Interception : quantité d’eau (en mm) retenue par le feuillage à la suite d’un événement pluvieux.
LAI (Leaf Area Index = indice de surface foliaire) : somme de la surface foliaire projetée en m² de
feuille par m² de sol. Cela correspond à la surface de feuilles ou d’aiguilles ayant un impact sur
l’interception de la lumière et des pluies et sur la transpiration.
REW (Relative Extractable Water = réserve en eau relative) : grandeur variant entre 0 et 1 qui
caractérise, à un instant t, l’état de remplissage relatif de la réserve en eau du sol.
RMT AFORCE (Réseau Mixte Technologique pour l’Adaptation des FOrêts au Changement
climatiquE): réseau ayant pour but l’accompagnement des forestiers dans la préparation des forêts
au changement climatique via la mise en commun de ressources et la réalisation de travaux
collaboratifs. Les différents partenaires de ce réseau sont : AgroParisTech, le Centre National de la
Propriété Forestière - Institut pour le Développement Forestier, l’Office National des Forêts, l’Institut
National de la Recherche Agronomique, l’Alimentation et l’Environnement, le Groupement d’Intérêt
Public ECOFOR, l’Institut National de l’Information Géographique et Forestière, les lycées forestiers
de Meymac et de Mirecourt, la Chambre d’Agriculture, l’Institut Technologique Forêt Cellulose Bois-
Construction Ameublement, Météo France, la Société Forestière de la Caisse des Dépôts et
Consignations, l’Institut Européen de la Forêt Cultivée, le Groupe Coopération Forestière, les Experts
Forestiers de France, le Département de Santé des Forêts, le Ministère de la transition écologique et
sociale et France Bois Forêt.
Sécheresse édaphique (ou sécheresse du sol) : reflète le manque d’eau dans le sol, situation ne
permettant pas un fonctionnement optimal de la végétation.
Surface terrière (G) : indice de capital forestier correspondant au cumul en m²/ha des surfaces des
sections des tiges mesurées à 1,30 m.
Unité de Gestion (UG) : unité de découpage des parcelles forestières définie par l’aménagement
selon les caractéristiques dendrologiques des peuplements forestiers en vue de leur gestion.
Unité Territoriale (UT) : découpage administratif et fonctionnel du territoire en vue de la gestion des
forêts gérées par l’ONF.
2
Table des matières
Résumé .................................................................................................................................................... 4
Mots-Clés................................................................................................................................................. 4
Abstract ................................................................................................................................................... 4
Keywords ................................................................................................................................................. 4
Tâches réalisées pendant l’apprentissage............................................................................................... 5
Introduction............................................................................................................................................. 6
1 Le contexte de l’étude ..................................................................................................................... 7
1.1 Présentation de la structure d’accueil .................................................................................... 7
1.2 Contexte local de l’étude et problématiques actuelles .......................................................... 7
1.2.1 L’UT de Bitche et ses caractéristiques locales ................................................................. 7
1.2.2 Aspects globaux du dépérissement et des crises ............................................................ 8
1.2.3 Dépérissement local du chêne : enjeux et questionnements ......................................... 9
2 Les méthodes, outils et données mobilisés pour l’étude des dépérissements ............................ 10
2.1 L’étude des facteurs explicatifs spatialisés ........................................................................... 10
2.1.1 Facteurs étudiés et obtention des données .................................................................. 10
2.1.2 Obtention des données de dépérissement ................................................................... 12
2.1.3 Traitements et statistiques sur le jeu de données ........................................................ 14
2.2 Datation et quantification des sécheresses avec BILJOU ©.................................................. 14
2.2.1 Effets des sécheresses ................................................................................................... 14
2.2.2 Fonctionnement du modèle BILJOU © et données d’entrée ........................................ 15
3 Résultats obtenus à la suite des analyses et relevés ..................................................................... 16
3.1 Ampleur du phénomène et état des lieux du dépérissement .............................................. 16
3.1.1 Evolution des volumes de chênes martelés .................................................................. 16
3.1.2 Etat sanitaire des chênes via le protocole DEPERIS ...................................................... 17
3.2 Etudes des facteurs causaux des dépérissements ................................................................ 18
3.2.1 Résultats de l’utilisation des données de martelage..................................................... 18
3.2.2 Identification des facteurs causaux avec les relevés DEPERIS ...................................... 18
3.3 Résultats obtenus avec BILJOU © sur l’étude des sécheresses ............................................ 24
4 Comparaison avec le modèle Zoom 50 ......................................................................................... 26
4.1 Présentation de l’outil ........................................................................................................... 26
4.2 Comparaison avec les données DEPERIS ............................................................................... 26
Conclusion et perspectives .................................................................................................................... 27
Conclusion ......................................................................................................................................... 27
Perspectives....................................................................................................................................... 28
Remerciements ..................................................................................................................................... 28
Bibliographie.......................................................................................................................................... 29
Annexes ................................................................................................................................................. 31
3
Résumé
Les dépérissements touchent diverses régions et essences et sont de plus en plus répandus
au sein des forêts. L’Unité Territoriale* (UT) de Bitche n’est pas épargnée par ceux-ci. Impactant
actuellement le chêne, essence commune dans ses forêts et représentant une forte valeur
économique, de nombreuses questions sont soulevées. Les équipes de terrain, en première ligne
face à ce phénomène, souhaitent en comprendre les causes afin de mieux gérer la crise et adapter
les peuplements.
Ainsi, l’identification des facteurs incitatif et de vulnérabilité à ces dépérissements a été
menée à partir de l’utilisation de données de gestion existantes (bilan des martelages), de données
d’état sanitaire relevées sur le terrain avec le protocole DEPERIS et du modèle BILJOU © pour
quantifier les aléas sécheresse.
Bien que ces approches ne permettent pas de dresser une liste exhaustive de toutes les
causes des dépérissements, certains éléments tels la présence de hannetons, de roches affleurantes,
l’exposition et la station, ainsi que les sécheresses subies par les peuplements ces dernières années
semblent déterminant dans ce processus.
Mots-Clés
Dépérissements, chêne, protocole DEPERIS, sécheresse, hanneton forestier.
Abstract
Forest decline affects several regions and many species and is increasingly common in this
ecosystem. The Territorial Unit of Bitche is not exempt from them. One of the most common species,
which also represent a significant economic value, oak, is currently affected by this phenomenon.
Therefore, many questions are raised by the field teams, who wish to understand the causes in order
to better manage the crisis and adapt forest stands.
Thus, the identification of its inciting and vulnerability factors was conducted using existing
management data, forest health data collected in the field according to the DEPERIS protocol and the
forest water balance model BILJOU © to quantify drought events.
Although these approaches do not allow to establish an exhaustive view of the causes of
dieback, some elements such as the presence of cockchafers, the outcropping rocks, the exposure,
and the site index, as well as drought events seem to be crucial in this process.
Keywords
Dieback, oak, DEPERIS protocol, drought, cockchafer.
4
Tâches réalisées pendant l’apprentissage
Missions ..................................................................................................................Temps consacré (%)
Autres : ......................................................................................... 25
- Participation à des tournées d’élaboration d’aménagements
- Participation à des relevés de terrain du DSF :
o Notation d’état sanitaire de placettes de suivi des hêtraies
o Notation de placettes des réseaux RENECOFOR et RSSDF
o Road sampling hêtre avec le protocole DEPERIS
o Suivis de plantations
- Participation à des tournées / réunions sur la santé des forêts :
o Dépérissement hêtre Groupe Ouest
o Réunions annuelles des correspondants-observateurs du DSF Grand-Est (avec
présentation du travail en cours).
5
Introduction
Comme dans toute communauté d’organismes vivants, les dépérissements, pouvant aller
jusqu’à la mort des individus, peuvent affecter les arbres qu’ils soient isolés ou en peuplements. Ces
phénomènes complexes et multifactoriels, ont toujours existé au sein des écosystèmes forestiers.
Généralement déclenchés par un évènement spécifique (aléa climatique ou pullulation de
bioagresseurs), ils sont actuellement en augmentation du fait de l’évolution des contraintes
climatiques et/ou de l’introduction de maladies ou de ravageurs.
Etant donné leurs nombreux impacts, tant économiques qu’humains, et les incertitudes qu’ils
engendrent dans le monde forestier et la société, ils constituent un sujet majeur de réflexion et de
débats. De nombreux acteurs du monde forestier, gestionnaires et chercheurs, étudient les
dépérissements. Faute de trouver des moyens d’actions immédiatement applicables, les efforts
réalisés permettent de hiérarchiser les aléas en cause, de déterminer les facteurs de vulnérabilité et
les leviers pour améliorer la résilience des forêts.
Dans ce contexte incertain, le Guide de Gestion des Crises Sanitaires en Forêt (Brunier et al.,
2020) a été publié. Détaillant divers exemples de dépérissements et explicitant la gestion à mettre en
œuvre dans les forêts en crise, cet ouvrage est l’un des outils existant pour affronter ces
phénomènes.
L’utilisation de ce guide constituera la base de mon étude sur les dépérissements au sein de
l’Unité Territoriale* (UT) de Bitche, composante de l’Agence de Sarrebourg de l’ONF. Parmi les
nombreuses essences touchées par ces phénomènes, le chêne est l’une des plus problématiques
étant donné sa place dans les forêts de l’UT et sa valeur économique.
Ainsi, les inquiétudes et les interrogations des personnels de terrain, en première ligne face à
ces phénomènes, augmentent. Les questions soulevées relèvent autant de l’identification des aléas
(biotiques ou abiotiques) et des facteurs de vulnérabilité aux dépérissements, que de leur évolution
ou encore des actions à mener pour les limiter.
Au vu de leur expérience et de leur connaissance des massifs, ils évoquent plusieurs
hypothèses : les sécheresses récurrentes de ces dernières années, la présence du hanneton forestier
(Melolontha hippocastani), la localisation topographique et stationnelle des peuplements
concernés…
Etudier ce phénomène de manière plus formalisée permettra donc d’infirmer ou de
confirmer ces ressentis. Cela permettra également de quantifier et cartographier plus précisément
l’ampleur de ce phénomène au niveau de l’UT.
6
1 Le contexte de l’étude
1.1 Présentation de la structure d’accueil
L’Office National des Forêts (ONF) en tant que gestionnaire des forêts publiques françaises
(soit 25 % de la forêt métropolitaine - 4,6 millions d’hectares - et 6,4 millions d’hectares en Outre-
mer) est un acteur majeur de la filière forêt-bois en France. Son statut d’Etablissement Public à
caractère Industriel et Commercial (EPIC), sous triple tutelle du ministère chargé de l’Environnement,
du ministère chargé de l’Agriculture et du ministère des Finances Publiques, lui confère une
autonomie financière et administrative. De nombreuses missions lui sont confiées, principalement
(articles L.221-1 à L.224-2 du Code Forestier):
- La mise en valeur de la biomasse forestière avec la réalisation, sur le marché français, de près
de 35 % du volume de bois.
- Le développement durable, la protection et l’aménagement des ressources forestières ainsi
que la mise en valeur des paysages et des espaces naturels.
- L’accueil du public au sein de ses forêts.
- « La prévention et la gestion des risques naturels » avec entre autres le maintien des dunes,
la restauration des terrains de montagne (RTM) et la protection des forêts contre les
incendies (DFCI).
- La gestion des forêts soumises au régime forestier s’appuyant sur la mise en œuvre
d’aménagements forestiers, documents de planification adaptée au contexte et propre à
chaque forêt.
Afin de mettre en œuvre cette gestion locale, l’ONF dispose d’une implantation territoriale.
Le siège est à Paris et le découpage consiste en 9 Directions Territoriales (DT), 48 agences
territoriales, 10 agences travaux, des agences études, et enfin en 320 UT. Les agences sont
constituées, outres des UT, de services fonctionnels (service général, service bois, service travaux et
service forêt) possédant chacun des missions singulières et jouant un rôle d’expert.
C’est au sein du Service Forêt de l’agence de Sarrebourg (Département de la Moselle, DT
Grand Est) sur le territoire de l’UT de Bitche que cette étude a été menée.
7
Figure 1 : Diagramme ombrothermique de la ville de Bitche (ClimEssences ; DHY = Déficit Hydrique)
Le relief, variant entre 200 et 450 m, offre un paysage diversifié et une topographie
accidentée. Il en résulte une multitude de stations allant des éperons rocheux de crête aux
tourbières de fonds de vallons. Néanmoins, ces stations, emblématiques de la région, restent très
marginales, l’UT étant composée à :
- 61 % de Chênaie sessiliflore – hêtraie à pin sylvestre très acide sur sol profond (station 2 -
S2).
- 35 % de Hêtraie – chênaie sessiliflore, sur sol profond acide à peu acide (station 4 - S4).
- Les 4% restant regroupent l’ensemble des 13 autres stations.
Les 2 stations principales couvrent la majeure partie des plateaux, et pentes de l’UT. De plus,
la quasi-totalité des stations décrites (CRPF et ONF, 2003) sont de texture sableuse. Elles résultent de
l’altération du grès vosgien, roche mère sédimentaire caractéristique des Vosges du Nord.
Depuis plusieurs années, dans cette région au climat et conditions historiquement favorables
à la présence d’une forêt de production, l’état sanitaire des peuplements se dégrade et des
dépérissements sont constatés. Ces derniers touchent de nombreuses essences telles l’épicéa, le
hêtre et plus récemment le chêne.
8
Manion ou de cercles concentriques (Annexe 2), sont hiérarchisés de la façon suivante (Nageleisen et
al., 2010) :
- Les facteurs prédisposants (ou facteurs de vulnérabilité) interviennent sur le long terme de
façon pérenne et durable.
- Les facteurs déclenchants (ou aléas primaires) intervenant de manière intense, courte,
inattendue et indépendamment de la vigueur de l’arbre et provoquent une perte de vitalité.
- Les facteurs aggravants (ou aléas secondaires) vont agir sur les arbres déjà affaiblis.
Étant donné les effets sur les arbres, les dépérissements vont impacter de nombreux enjeux
et services tant économiques qu’humains et écologiques. Ces perturbations vont ainsi pouvoir
impacter la mise en œuvre de la planification de la gestion et causer une désorganisation qui sera
qualifiée de crise (Brunier et al., 2020). Cette situation peut être définie comme étant le résultat de
l’interaction d’aléas, de facteurs de vulnérabilité et d’enjeux (Fig. 2).
Figure 2 : Schéma de la crise, regroupant les facteurs de vulnérabilité, les aléas et les enjeux (Brunier et al.,
2020).
9
phénomène sur leurs forêts. La compréhension et la prise en compte du dépérissement, au-delà
d’être une nécessité pour la gestion des forêts concernées, permet donc aussi de répondre à une
demande des agents de l’UT.
La quantification de ce phénomène, la détermination de ses causes ainsi que la réalisation
d’un suivi s’avère nécessaire. Lors de mon apprentissage, l’objectif a justement été de répondre à
cela.
10
2.1.1.2 Variables pédologiques
La pédologie sera caractérisée par la station (Sta). Dans le contexte de l’UT de Bitche, seules
les 2 stations les plus présentes seront étudiées. La station 2 a un sol sableux et plus acide que la
station 4 ayant un sol sablo-limoneux. La première est donc plus sèche et présente une Réserve Utile
(RU) moindre. De ce fait, le chêne est l’essence recommandée en station 2 contrairement au hêtre,
nécessitant une humidité atmosphérique plus élevée, qui le sera en station 4 (CRPF et ONF, 2003).
Pour ces raisons, il est supposé que la station 2 risque d’entraîner plus de dépérissement du chêne
que la station 4.
Sur le terrain (lors des relevés DEPERIS), la présence de roches affleurantes (Ro), donnant des
indications quant à la profondeur du sol, sera notée. Cette dernière peut traduire des difficultés
d’enracinement et une limitation de la RU. Ainsi, l’hypothèse est faite que leur présence engendre un
état sanitaire altéré.
11
2.1.2 Obtention des données de dépérissement
2.1.2.1 1ère méthode : utilisation des données de martelages
L’étude des données de martelage permet tout d’abord de maximiser l’utilisation de données
existantes et disponibles « en routine ». Les informations obtenues offrent également l’opportunité
de connaître l’ampleur du dépérissement. Elles ont également servi de base à la mise en place du
réseau de suivi (réalisée plus tard dans le déroulement du travail).
Elles correspondent aux données saisies par les Techniciens Forestiers Territoriaux (TFT) lors
des martelages et extraites de la base de données interne de l’ONF. Cela correspond, pour chaque
arbre martelé, à son essence, la qualité sanitaire et le diamètre permettant d’obtenir, via des
mercuriales, son volume, et pour l’UG*, à la nature de la coupe et sa surface.
Ainsi, il est possible d’obtenir la répartition des catégories de volumes (sains et dépérissants)
selon le type de coupe (réglée et non réglée) et l’EA pour chaque UG. En effet, dans le cas des coupes
réglées, ayant une date d’EA précisée à l’aménagement forestier, les arbres martelés peuvent être
sains ou dépérissants. Au contraire, pour les coupes non réglées, qui sont exceptionnelles, sans date
fixe et réalisées « au besoin », les volumes martelés sont uniquement « sanitaires ».
A partir de cela, pour chaque UG et pour l’ensemble de l’UT, les volumes totaux et le volume
par hectare martelé pour les chênes sains et dépérissants sont obtenus.
Pour terminer, les seuils décrits dans le Guide de Gestion des Crises Sanitaires en Forêt sont
appliqués. En situation « plaines et collines », la Situation de Vigilance Accrue (SVA) débute lorsque
les PA représentent plus de 10 % du volume récolté « normalement ». Au-delà de 20 % de PA par
rapport à la récolte « normale », la situation est qualifiée de « Crise ».
La récolte « normale » correspond à la récolte de l’accroissement du chêne dans les forêts de
l’UT. Cette valeur, définie dans les aménagements, est en moyenne de 1,5 m3 de chêne/ha/an
(Données Aménagements ONF). Les seuils sont alors respectivement de 0,15 et 0,30 m3 de
chêne/ha/an pour la SVA et la situation de Crise. En outre, une catégorie « Aucun » correspondant
aux UG où aucune coupe sanitaire n’a eu lieu, est créée (Fig. 3).
Figure 3 : Méthode d’obtention et traitements réalisés sur les données de martelage (SVC = Situation de
Vigilance Courante).
12
2.1.2.2 2ème méthode : mise en œuvre du protocole DEPERIS
Des mesures de terrain ont ensuite été réalisées à l’aide du protocole DEPERIS. Effectuées
dans le cadre de la mise en place d’un réseau de suivis, elles aident à établir un état des lieux
sanitaire de la chênaie. Les résultats obtenus à l’issue de l’analyse des données servent également de
comparatif et de complément aux données récoltées lors des martelages, toujours dans l’objectif de
compréhension des dépérissements.
La localisation des points de ce réseau a été basée sur le réseau de placettes permanentes
déjà en place. Une présélection des placettes a été effectuée dans le but de conserver uniquement
celles répondant aux critères de présence de chênes et de diamètre minimal de Petit Bois (PB) :
conditions nécessaires à la mise en place du protocole.
Du fait des résultats obtenus avec l’analyse des données de martelage en partie 3.2.1.,
l’échantillonnage a été stratifié. Quatre groupes ont été créés selon deux critères : le hanneton
(présence/absence) et la station (station 2/station 4), à l’aide des cartes déjà existantes. Afin que
chaque classe ait le même poids statistique et une bonne représentativité, 30 placettes sont
sélectionnées aléatoirement dans chacune (Annexe 4).
Au total 120 placettes ont été sélectionnées dans le réseau. Avec un rendement nécessaire
de 8 placettes/jour, afin d’achever les relevés en période hivernale, avant la mise en place des
feuilles, l’une des contraintes de temps, cela représente 15 jours de relevés pour 2 personnes
préalablement formées et intercalibrées.
Le protocole mis en œuvre pour évaluer l’état sanitaire des arbres est le protocole DEPERIS.
Créé par le Département de Santé des Forêts (DSF), il consiste à relever dans le houppier notable* 2
critères, notés en 6 catégories, caractérisant l’état sanitaire de l’arbre : la Mortalité de Branches (MB)
et le Manque de Ramifications (MR). Ces deux notes sont ensuite compilées en une note synthétique
correspondant, pour un arbre sain, aux classes A, B et C, à la classe D pour un arbre dégradé et aux
classes E et F pour des arbres dépérissants (DSF, 2018 ; Fig. 4).
[((5 - MB)/5)* MR ou MA)] + MB :
0 1 2 3 4 5 0 1 2 3 4 5
0 A B C D E F 0 0 1 2 3 4 5
de Branches
de Branches
Mortalités
1 B B C D E F 1
2 C C D D E F 2 2 2,6 3,2 3,8 4,4 5
3 D D D E F F 3 3 3,4 3,8 4,2 4,6 5
4 E E E F F F 4 4 4,2 4,4 4,6 4,8 5
5 F F F F F F 5 5 5 5 5 5 5
Figure 4 : Abaque DEPERIS permettant d’avoir la note synthétique pour chaque arbre (DSF, 2018).
13
2.1.3 Traitements et statistiques sur le jeu de données
2.1.3.1 Mise en relation des données explicatives et à expliquer
Un lien est recherché entre les données de dépérissements et les facteurs afin d’expliquer les
premières grâce aux seconds. Pour cela, les différentes données spatialisées sont mises en relation
grâce à un logiciel de SIG. Dans le cas des données de récolte provenant des martelages, l’UG prend
la valeur du facteur explicatif le plus représenté au sein de cette dernière. Dans le cas de l’analyse
des données DEPERIS, une seule modalité du facteur explicatif est affectée à la placette, cette
dernière correspondant à la valeur portée par le centre de celle-ci.
Figure 5 : Tests statistiques réalisés sur les facteurs explicatifs qualitatifs en fonction des cas rencontrés.
Enfin, si nécessaire, des tests statistiques complémentaires sont effectuées pour étudier les
interactions potentiellement existantes entre les facteurs. Pour les tests statistiques, le risque alpha
est fixé à 10 %.
14
entraînant l’arrêt de la photosynthèse et ainsi de la croissance, notamment chez le chêne où la
croissance radiale s’arrête (Bréda et al., 1999 ; Jabiol et al., 2009), mais également la constitution de
réserves glucidiques. Ces dernières sont pourtant nécessaires pour la survie de l’arbre étant donné
leur intervention dans de nombreux processus telle l’entretien des tissus vivants, la réparation, la
constitution du feuillage, la respiration … Sous l’effet de sécheresses prolongées et consécutives, les
réserves s’épuisent pouvant ainsi entraîner la défaillance de certains processus notamment la
réactivation printanière, le débourrement et la mise en place du bois initial. Chez le chêne, le bois
initial constitué de gros vaisseaux est formé avant le débourrement (Bréda et Granier, 1996), et
nécessite donc la mobilisation de réserves carbonées. Ces gros vaisseaux sont indispensables à la
conductivité hydrique du chêne et à l’alimentation hydrique du feuillage. Lorsque le déficit de
réserves carbonées est important au printemps, les feuilles sont plus petites, débourrent plus
tardivement voire pas du tout et l’arbre peut alors « mourir de faim » (Tissaux, 2022).
D’un autre côté, des sécheresses intenses vont affecter le système hydraulique de l’arbre. À
la suite de l’augmentation de la transpiration en période de sécheresse, la tension de sève au sein du
xylème devient plus négative. Sous cet effet, une rupture de la colonne d’eau peut survenir, se
traduisant par l’apparition d’une bulle d’air : la cavitation. La propagation de cette dernière au sein
du xylème empêche la bonne circulation de la sève, les vaisseaux sont alors embolisés. La
perturbation du fonctionnement du xylème causé par cet événement peut engendrer un
flétrissement des feuilles voire, dans le pire des cas, la mort d’une partie des organes pérennes
(branches) voire de l’individu (Nageleisen et al., 2010). Même si certaines essences possèdent des
mécanismes capables de contrer ou limiter ce phénomène, cela n’est pas le cas du chêne dont les
éléments une fois embolisés ne peuvent plus être restaurés (Tissaux, 2022).
Les propriétés de sol permettent de déterminer la RU. Elles sont obtenues à l’aide de données
pédologiques regroupant les informations des différentes couches (profondeur, nature, texture,
proportion de racines fines). Pour cette étude et dans ce contexte, elles sont issues d’une
compilation des données provenant des fosses RENECOFOR (Brêthes et Ulrich, 1997) et du Guide des
Stations (Delahaye et al., 1997).
Les données ont été séparées selon la station afin de vérifier si les années de sécheresses et
leur intensité sont semblables sur ces deux stations. La seule différence notable entre les fosses de
ces deux stations est la présence d’une texture sablo-limoneuse en station 4 et d’une texture
uniquement sableuse en station 2. Ainsi, la station 4 possède une RU (135 mm/150 cm de sol) plus
élevée que celle en station 2 (105 mm/150 cm de sol).
15
Les données climatiques proviennent du système d’analyse de données atmosphériques
SAFRAN (Système d’Analyse Fournissant des Renseignements Atmosphériques à la Neige) créé par
Météo-France dans les années 1990. Il analyse différents paramètres journaliers sur des zones
homogènes d’un point de vue climatique puis va interpoler temporellement et spatialement cette
analyse sur des mailles de 8x8 km (Quintana-Seguí et al., 2008) pour aboutir à des données
journalières, disponibles depuis 1959. Ces données concernent le rayonnement, l’humidité relative
de l’air, la température, les précipitations et le vent nécessaires au calcul des entrées et des sorties,
notamment l’ETP*. Seule la maille 1208 a été utilisée, les différences entre les 6 mailles couvrant l’UT
étant très faibles.
Les données de peuplement proviennent du réseau RENECOFOR, plus précisément de la
placette CHS 57b se trouvant dans la FD de Mouterhouse, sur laquelle la phénologie des arbres a été
relevée. A partir de ces données, il a été possible de déterminer une date de débourrement et de
chute des feuilles, correspondant à la médiane des valeurs de toutes les années d’observation
(depuis 2010) pour tous les arbres de la placette. Pour le débourrement, le jour médian est le 116 ème
jour de l’année (26 avril) et pour la chute des feuilles le jour médian est le 295ème (21 octobre).
Pour le LAI*, variable modulant l’interception des précipitations, l’évaporation du sol et la
transpiration et in fine le bilan hydrique du peuplement, une valeur moyenne de 5, découlant de
différentes études ainsi que de mesures plus anciennes sur la placette RENECOFOR, a été retenue
(Bertin et al., 2016 ; Jabiol et al., 2009).
16
10000
Volume sain des
6000
9360 1093 Volume
7739 4186 112
4000 7718 6521 4691 dépérissant des
coupes réglées
2000 656 4502
544
428 269 330 1239 1557 Volume des
215 253 364
0 51 25 coupes non
2017 2018 2019 2020 2021 2022 2023 réglées
Etat d'assiette
Figure 6 : Volume de chêne selon les coupes et la qualité sanitaire des produits sur l’UT de Bitche depuis l’EA de
2017.
En mettant en relation ces données de volume avec les surfaces touchées, le constat est le
même. Le phénomène s’accentue et le seuil de crise est atteint dès l’EA de 2019. Lors de l’EA 2023, la
récolte (1,82 m3/ha) dépasse même l’accroissement (1,50 m3/ha) (Fig. 7).
2,00 1,82
dépérissant par hectare
Volume
dépérissant
Volume de chêne
1,50
1,22 prélevé
1,03
(m3/ha)
1,00 Seuil de
0,71 Vigilance
0,56
Accrue
0,50
0,18 0,25
Seuil de
0,00 Crise
2017 2018 2019 2020 2021 2022 2023
Etat d'assiette
Figure 7 : Volume de chêne dépérissant récolté par hectare sur l’UT de Bitche depuis l’EA de 2017.
Au-delà des impacts économiques de ces dépérissements, leur ampleur est grandissante et le
seuil de crise est dépassé. Les différents indicateurs étant atteints, la crise peut être déclarée. Cela
peut entraîner la mise en œuvre d’une gestion spécifique avec notamment la mise en place d’une
cellule dédiée et d’actions adaptées (Brunier et al., 2020).
A 854
1500
D
1000 C
904
500 B
332 A
0 14
17
Figure 8 : Nombre de placettes selon le pourcentage de chênes de classes D, E ou F (A) et nombre d’arbres selon
les classes DEPERIS (B).
Figure 9 : Pourcentage d’UG de chaque catégorie selon la station et l’absence ou présence de hanneton.
Ces données « récolte » constituent un bon élément de monitoring des volumes désignés au
niveau de l’UT. En revanche, étant donné leur faible résolution, leur utilisation dans un objectif de
détermination des facteurs prédisposants n’est pas adaptée.
18
La Fig. 10 oriente les études et donne un premier aperçu des relations pouvant exister entre
les variables malgré la faible variabilité expliquée par les 2 premiers axes d’une analyse en
composantes principales (environ 25 % en tout soit un quart).
Figure 10 : Représentation des variables explicatives selon les dimensions 1 et 2 de la PCA (vert = qualitatif ; noir
= quantitatif ; la signification des noms est donnée en Annexe 3).
19
Tableau II : Paramètres statistiques des notes
synthétiques selon les différentes modalités
d’exposition.
Modalité S2 S4
Minimum 1,35 1,51
er
1 quartile 2,54 2,20
Médiane 2,85 2,81
ème
3 quartile 3,23 3,14
Maximum 3,86 4,21
Moyenne 2,87 2,70
Nombre de
61 53
Figure 13 : Boxplot de la distribution des notes placettes
synthétiques par placette selon les différentes
stations.
20
Tableau IV : Paramètres statistiques des notes
synthétiques selon la présence ou l’absence de roches
affleurantes.
21
Tableau VI : Paramètres statistiques des notes
synthétiques selon les différentes modalités de
structure (BM =Bois Moyen ; GB = Gros Bois).
Modalité BM BM-GB GB
Minimum 1,35 1,93 1,84
er
1 quartile 2,42 2,40 2,34
Médiane 2,87 2,78 2,75
ème
3 quartile 3,16 3,16 3,02
Maximum 4,21 3,88 3,73
Moyenne 2,81 2,78 2,76
Nombre de
Figure 16 : Boxplot de la distribution des notes 64 36 14
placettes
synthétiques par placette selon les différentes
structures.
Figure 17 : Répartition des placettes selon leur surface terrière et leur notes synthétiques (A) et distribution de la
surface terrière toutes placettes confondues (B).
Page 22 sur 36
Tableau VII : Paramètres statistiques des notes
synthétiques selon la présence ou l’absence de
hanneton.
S2 - S2 - S4 - S4 -
Modalité
Oui Non Oui Non
Minimum 1,35 2,05 1,51 1,74
er
1 quartile 2,62 2,51 2,31 2,17
Médiane 3,00 2,71 2,90 2,35
ème
3 quartile 3,34 3,06 3,16 2,96
Maximum 3,86 3,84 4,21 3,48
Moyenne 2,93 2,80 2,83 2,53
Nombre de
34 27 30 23
placettes
Comme lors de l’étude des données de martelage, l’effet de la station est masqué par celui
du hanneton. Les tests t de Student mis en œuvre appuient ce résultat :
- Uniquement en présence de hanneton : le test conclut quant à la différence non significative
entre les deux stations (W = 578,5 ; p-value = 0,3602).
- Uniquement en absence de hanneton : la différence de note synthétique entre les deux
stations est significative (W = 401 ; p-value = 0,0797).
23
3.2.2.11 Limites de la méthode et des résultats obtenus avec les relevés DEPERIS
L’étude a été réalisée dans un temps imparti et avec des contraintes humaines et de coûts.
Pour cela, toutes les données potentiellement intéressantes à étudier n’ont pas pu être prises sur les
placettes et nombre d’entre-elles proviennent de documents déjà existants. De même, en raison de
l’effectif limité de placettes et du nombre important de modalités pour certains facteurs, en plus de
leurs interactions, tous les effets n’ont pas pu être étudiés.
Prenons l’exemple de la topographie. Les gestionnaires indiquent observer une accentuation
du dépérissement des chênaies en situation de plateau. En revanche, les résultats obtenus ne
concluent pas quant à la présence d’un effet significatif de ce facteur sur le dépérissement. Cette
différence peut provenir de l’obtention des données topographiques : l’algorithme utilisé
(POSITOPO ; Annexe 3) permettant de différencier 11 unités topographiques, des regroupements ont
eu lieu afin d’avoir des effectifs suffisants par modalités. La situation de plateau n’est donc pas
séparée de celle des hauts de versants, entraînant une perte de précision dans les possibilités
d’interprétation des résultats. De plus, au-delà d’être contraire aux attentes et aux observations des
équipes de terrain, cela est également surprenant du fait de l’effet des roches affleurantes. Ces
dernières ont un impact sur le dépérissement et sont généralement plus présentes en crêtes ou
plateau. La topographie est donc l’un des facteurs où l’étude n’a pas permis de confirmer ou
d’infirmer les suppositions émises. Cette dernière nécessiterait ainsi la réalisation de recherches
supplémentaires.
La comparaison entre les traitements et la sylviculture appliquée sur chaque placette n’a pas
non plus été réalisée. Cela aurait nécessité la comparaison entre placettes traitées, au départ, avec la
même sylviculture puis ayant subi une divergence. De plus, ces dernières devraient se situer dans des
conditions stationnelles identiques pour limiter les interactions entre les facteurs.
24
position. La moitié des années du « Top 10 » des plus fortes intensités surviennent dans les années
2000 (Tabl. IX).
Tableau IX : Classement des 10 années avec les sécheresses les plus intenses pour les deux stations majoritaires
de l’UT. Simulations réalisées en ligne par le modèle Biljou© (https://appgeodb.nancy.inra.fr/biljou/)
Rang 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Station 2 2020 1959 2015 2003 2018 2019 1991 1962 1983 2016
Station 4 2020 2003 2015 1959 2018 2019 1991 1962 1983 1976
Le phénomène de sécheresse n’est toutefois pas récent dans ce territoire et des années
anciennes se retrouvent parmi les 10 années de sécheresses les plus intenses (1959, 1976, 1983,
1991…). Les forêts ont subi au cours du temps de nombreux événements climatiques extrêmes.
Notons que des dépérissements forestiers, y compris sur chênes, ont été rapportés en outre après
1976 (Delatour, 1983), après la succession 1989-1990-1991 (Bréda et al., 1999) ou encore après la
séquence sèche 2003-2006 (Bréda et Peiffer, 2014). En revanche, l’intensité et la récurrence des
évènements survenus ces dernières années (en particulier depuis 2015) est inédit (Fig. 20). De plus,
l’augmentation de la récolte de chênes dépérissants (partie 3.1.1.) coïncide avec la répétition et
l’accentuation des épisodes de stress hydrique.
2007
1959
1961
1963
1965
1967
1969
1971
1973
1975
1977
1979
1983
1985
1987
1989
1991
1993
1995
1997
1999
2001
2003
2005
2009
2011
2013
2015
2017
2019
Années 2021
Figure 20 : Intensité des sécheresses pour la station 2 et la station 4 depuis 1959. Simulations réalisées en ligne
par le modèle Biljou© (https://appgeodb.nancy.inra.fr/biljou/)
Ces résultats confirment ceux obtenus avec les données de martelages et avec le protocole
DEPERIS : la station 2, du fait de sa plus faible réserve utile, induit des déficits hydriques plus intenses
que la station 4. La normale des intensités des sécheresses pour la période 1959-2021 est de 8 pour
la station 4 contre 12 pour la station 2. Sur les 10 années de sécheresses les plus intenses, les valeurs
sont en moyenne de 3 à 4 fois plus élevées que les normales. Au-delà de la normale, les sécheresses
avec un rang identique sont également plus intenses en station 2 qu’en station 4 avec des différences
de durée allant de 5 à 10 jours.
Certaines années indiquées comme présentant des sécheresses modérées en station 2 ne le
sont pas forcément pour la station 4 (1977, 1986, 1989) où la plus forte réserve utile permet de ne
pas atteindre le seuil de déficit hydrique.
Au vu des résultats obtenus avec le modèle BILJOU ©, la question de l’avenir du chêne dans
les Vosges du Nord, en lien avec les changements globaux, se doit d’être étudiée. Disposant d’un
25
modèle de compatibilité climatique interne à l’ONF, Zoom 50, une évaluation de la concordance
entre les données de terrain et ce dernier est réalisée.
26
Tableau X : Paramètres statistiques des notes
synthétiques selon les différentes classes de Zoom 50.
Modalité Z1 Z2 Z3 Z4
Minimum 1,65 1,84 1,51
er
1 quartile 2,61 2,43 2,22
Médiane 3,08 2,75 2,8 Non
3eme quartile 3,35 3,14 2,98 calculé
Maximum 4,21 3,88 3,33
Moyenne 2,96 2,82 2,60
Figure 21 : Boxplot de la distribution des notes Nombre de
28 55 30 1
synthétiques par placette selon les différentes classes placettes
de Zoom 50.
L’ANOVA réalisée conclut à une différence significative de dépérissement entre les classes
Zoom 50 (F = 3,056 ; p-value = 0,0511). Plus le chêne est compatible avec des climats futurs
pessimistes, moins le dépérissement est aujourd’hui important. Malgré tout, les chênes sont déjà
dépérissants sur des zones où Zoom 50 indique qu’ils sont compatibles en climats futurs (Fig. 21).
Cette différence peut être expliquée par les limites de la méthode. En effet, la capacité de
résistance à la sécheresse des essences est définie à l’échelle européenne et non locale. L’adaptation
des chênes au climat local présentant habituellement une pluviométrie importante n’est pas incluse.
De même pour la pédologie locale, notamment la profondeur de sol, pouvant engendrer des valeurs
de RU différentes de celles utilisées.
De plus, ce modèle ne tient pas compte des éléments biotiques susceptibles de constituer
des facteurs aggravants aux phénomènes observés et induits par les sècheresses. Intégrer l’action de
différents ravageurs, notamment dans notre cas le hanneton, ou pathogènes serait intéressant.
Malgré tout, les différences observées du taux de dépérissement entre les classes de
compatibilité prouvent que cet outil peut permettre d’identifier les zones les plus vulnérables
actuellement.
Conclusion et perspectives
Conclusion
Depuis plusieurs années, l’UT de Bitche constate le dépérissement de sa chênaie. Les
volumes dépérissants récoltés ne cessent d’augmenter jusqu’à atteindre, à partir de l’EA de 2019, le
seuil de crise fixé par le Guide de Gestion des Crises Sanitaires en Forêt. En plus de cet indicateur de
récolte, les impacts de ce phénomène sont multiples.
L’étude des données de récolte et la mise en place d’un réseau de suivis avec le protocole
DEPERIS ont permis d’appréhender l’ampleur des dépérissements et ont aidé à la compréhension de
ces derniers via l’identification des aléas en jeu et de quelques facteurs de vulnérabilité. Les variables
identifiées dans ce rapport comme impactant l’état sanitaire des chênes ne constituent en revanche
pas une liste exhaustive du fait des nombreuses limites de la méthode.
27
Les facteurs prédisposants (ou de vulnérabilité) identifiés sont l’exposition sud et ouest, la
station 2 et la présence de roches affleurantes. Ils impactent en premier lieu le bilan hydrique, du fait
de leur répercussion sur l’ETP ou la RU.
Anciennement, malgré la présence de ces facteurs contribuant à l’intensité de la contrainte
hydrique, les dépérissements n’étaient pas aussi importants. En effet, la faible RU des sols sableux et
leur profondeur limitée dans certains cas par la présence de roches, effet encore accentuée en
fonction de l’exposition, ne posait pas de problèmes apparents. Cette différence réside notamment
dans les modifications d’ETP.
Les facteurs déclenchants (aléas), c’est-à-dire les sécheresses, qui semblent de plus en plus
intenses et de plus en plus fréquentes, mais aussi la présence du hanneton forestier, qui impacte
fortement le système racinaire des arbres, accentuent les contraintes.
Même si ces aléas sont indépendants de l’action des gestionnaires, ils doivent être pris en
compte dans leurs choix. Lors des martelages, les désignations peuvent par exemple être orientées,
notamment en favorisant les essences les mieux adaptées aux sècheresses. L’identification des zones
les plus vulnérables peut également permettre de prioriser les parcelles à visiter lors de la
surveillance des dépérissements ou celles à traiter prioritairement.
D’une manière globale, les actions devront être guidées par l’adaptation des essences au
contexte local et au climat changeant.
Perspectives
Ce travail, même s’il a permis de réaliser une bonne première exploration des facteurs
impliqués dans les phénomènes observés, mériterait d’être complété et approfondi. En effet, étant
donné les limites de la méthode et le nombre de placettes limité, il serait intéressant de compléter le
travail par une étude du même type mais comprenant plus de réplicas. De ce fait, des facteurs
n’ayant pas pu être appréhendés, comme l’espèce de chêne, ou ceux dont les résultats semblent
surprenants, telle la topographie, pourraient être approfondis. De même, cela offrirait l’opportunité
d’étudier d’autres facteurs, souvent impactant, comme le tassement de sol, la sylviculture ou l’âge
des peuplements.
Au-delà de la différence de RU entre les deux stations, la présence de podzolisation en
station 2 et sa plus forte acidité pourraient également constituer un facteur de vulnérabilité en
affectant le fonctionnement des arbres (croissance, photosynthèse, stockage…) mais cela reste à
étudier. L’effet du hanneton devrait aussi être appréhendé au-delà de l’impact racinaire en prenant
en compte les défoliations causées par les adultes les années de vol. Le statut carboné des
chênes peut être impacté : le manque de feuilles limite la photosynthèse et la mise en réserves de
composés glucidiques. Réaliser un « historique » de la gestion des parcelles, afin de prendre en
compte les traitements antérieurs ainsi que les modalités de gestion et d’exploitation ayant pu
impacter les peuplements, pourrait aussi être mis en œuvre.
Remerciements
Je tiens tout d’abord à remercier mon tuteur, Hubert Schmuck, pour m’avoir épaulée tout au
long de ce travail. Tes nombreuses connaissances, ta pédagogie et ta passion pour ce milieu et ces
sujets ont rendu cette année d’autant plus passionnante et instructive. Au-delà du côté
28
professionnel, ton soutien, ta gentillesse, la confiance que tu m’as apportés et ta capacité à trouver
les mots justes pour m’encourager et me pousser vers le haut ont joué un rôle inestimable dans la
réussite de cette étude.
Un grand merci également à René, Pierre, Paul, Francis et Anthony de m’avoir aidé dans la
réalisation des relevés de terrain et d’avoir rendu ces journées en votre compagnie aussi
enrichissante professionnellement qu’humainement. Ces journées de terrain ont été grâce à vous et
votre bonne humeur de très bons moments durant cette année.
Je remercie également les personnes m’ayant aidé d’une manière ou d’une autre dans la
réalisation de mon travail. Grand merci à Nathalie Bréda pour tes explications du modèle BILJOU©, le
partage de tes nombreuses connaissances et ta gentillesse. Merci à Max Gillette pour ton aide lors de
la mise en place du protocole DEPERIS au sein de l’UT, que ce soit lors de la formation des personnes
ou de la mise en place du protocole. Merci à Vincent Perrez pour ton aide avec le SIG et à Flavien
Lamiche pour tes explications sur les données provenant des aménagements.
Merci au reste de l’UT de Bitche et au service forêt de m’avoir intégrée et accueillie dans vos
équipes et d’avoir été présents pour répondre à mes questions. Merci à toutes les personnes ayant
pris le temps de relire ce mémoire et de donner leur avis. Et enfin merci à toutes les personnes que
j’ai côtoyé durant cet apprentissage que ce soit dans les bureaux, sur le terrain, lors des repas de
midi ou des pauses café d’avoir rendu cette année en votre compagnie exceptionnelle. Merci Ianis,
Guillaume, Joanna, Pauline, Isabelle, Hervé, Olivier, les Nicolas…
Bibliographie
Badeau V. et Bréda N. (2008). Modélisation du bilan hydrique : l’étape clé de la détermination des
paramètres et des variables d’entrée. Rendez-Vous Techniques de l’ONF, hors-série n°4 : 111-114.
Bertin S. et Perrier C. (coordination), Bertin S., Balandier P., Becquey J., Bonal D., Bréda N., Perrier C.,
Riou-Nivert P. et Sevrin É. (2016). Le bilan hydrique des peuplements forestiers. État des
connaissances scientifiques et techniques. Implications pour la gestion, RMT AFORCE. 190 p.
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prospects about an old question in forest ecology. Annals of Forest Science, 71 : 627-631.
29
Brêthes A. et Ulrich E. (coordinateurs) (1997). Caractéristiques pédologiques des 102 peuplements
du réseau. Office National des Forêts, Département des Recherches Techniques, ISBN 2 – 84207 –
112 3, 573 p.
Brunier L., Delport F., Gauquelin X. & al. (2020). Guide de gestion des crises sanitaires en forêt. CNPF-
IDF & RMT Aforce, 184 p.
Centre Régional de la Propriété Forestière (CRPF) et Office National des Forêts (ONF) (2003). Les
milieux forestiers des Vosges du Nord – Guide pour l’identification des stations et le choix des
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d’évaluation https://agriculture.gouv.fr/la-methode-deperis-pour-quantifier-letat-de-sante-de-la-
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Analysis of Near-Surface Atmospheric Variables: Validation of the SAFRAN Analysis over France.
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sur l’observatoire Hanneton, massif forestier des Vosges gréseuses. Mémoire de Master 1 Forêt
Agronomie et Gestion des Écosystèmes Spécialité Bois Forêt et Développement Durable, 25 p.
30
Annexes
Annexe 1 : Carte de localisation des forêts de l’UT de Bitche ............................................................... A
Annexe 2 : Spirale du déclin de Manion (1991) adaptée aux conditions forestières françaises (DSF
Nord-Est) (A) et cercles concentriques des facteurs causaux (B)............................................................ B
Annexe 3 : Tableau détaillant les données utilisées pour expliquer les dépérissements. ..................... C
Annexe 4 : Carte de la répartition des placettes selon les stations et la présence de hanneton sur l’UT
de Bitche. ................................................................................................................................................. D
Annexe 5 : Carte de compatibilité climatique Zoom 50 pour le chêne sessile au niveau de l’UT de
Bitche....................................................................................................................................................... E
31
Annexe 1 : Carte de localisation des forêts de l’UT de Bitche.
A
Annexe 2 : Spirale du déclin de Manion (1991) adaptée aux conditions
forestières françaises (DSF Nord-Est) (A) et cercles concentriques des
facteurs causaux (B).
B
Annexe 3 : Tableau détaillant les données utilisées pour expliquer les dépérissements.
Facteur Nom de la Source Résolution Opérations sur les données (* si réalisé dans le cadre de Forme des données
donnée cette mission)
Structure Str Relevés (*) A l’arbre Calculée à partir des données des classes de diamètres des BM : BM≥9 et GB/TGB<6
20 chênes de la placette BM-GB : BM>6 et GB>6
GB : GM≥9 et BM/TGB<6
Espèce Esp Relevés (*) A l’arbre Données entrées à l’arbre puis déterminées à la placette CHS : au moins 10 chênes sessiles
selon la présence de chêne sessile et/ou pédonculé CHP : au moins 10 chênes pédonculés
Composition Cp ONF UED (Unité Données obtenues dans le cadre de l’élaboration des CHX : chêne pur
Elémentaire aménagements CHX_P.S : mélange chêne/pin sylvestre
de CHX_HET : mélange chêne/hêtre
Description) MEL : au moins 3 essences
Station Sta ONF Variable Relevés de terrain réalisés dans le cadre d’aménagements S2 : station 2
S4 : station 4
Hanneton Han ONF UG Relevés de terrain (2018 et 2019) puis mise en forme (*) oui
des données à l’UG et vérification sur le terrain lors des non
relevés (*)
Rochers Ro Relevés (*) Placette Présence de rochers importante au moment des relevés oui
non
Surface terrière G Relevés (*) Placette Relevés de terrain (chainette relascopique). Valeurs quantitatives en m²/ha
Topographie Top Algorithme 25 m Obtention d’unités topographiques (11) à partir de la BD Bas : vallées, talwegs…
POSITOPO Alti 25 m de l’IGN (Piedallu et al., 2007). Simplification de Versant
ces données. Haut : plateaux, crêtes…
Exposition Ex Algorithme 25 m Calcul de l’azimut (entre 0 et 360°) à partir de la BD Alti N : nord
QGIs 25 m de l’IGN puis correspondance faite avec les points S : sud
cardinaux. E : est
O : ouest
* : réalisé dans le cadre de l’apprentissage
C
Annexe 4 : Carte de la répartition des placettes selon les stations et la
présence de hanneton sur l’UT de Bitche.
D
Annexe 5 : Carte de compatibilité climatique Zoom 50 pour le chêne
sessile au niveau de l’UT de Bitche.