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Traumatismes récents du rachis cervical


inférieur chez l’adulte
F. de Peretti, M. Challali

Les lésions du rachis cervical inférieur (RCI) sont dues à des vecteurs traumatiques multiples : compres-
sion, flexion, extension et rotation. On peut individualiser et classer les lésions corporéales, de l’arc
postérieur, des disques et des ligaments en plusieurs entités qui doivent être parfaitement connues par
les médecins susceptibles de prendre en charge ces patients. Le but de l’étude des lésions est d’apprécier :
le déplacement, la compression neurologique, l’instabilité osseuse immédiate mais qui peut s’amender
après consolidation, l’instabilité discoligamentaire qui peut être définitive. Les lésions médullaires sont fré-
quentes et peuvent être définitives. L’exploration standard fait appel à trois clichés : face, profil et bouche
ouverte. L’iconographie standard doit être renouvelée à distance pour dépister les entorses graves. La
tomodensitométrie est un examen de « dépistage » chez les polytraumatisés, de nécessité en cas de doute
ou pour affiner un diagnostic posé. L’imagerie par résonance magnétique (IRM) est surtout indiquée en
cas de lésion médullaire. La prise en charge doit être la plus précoce en cas de lésion médullaire afin au
moins de réduire et d’immobiliser une lésion traumatique compressive. Les modalités chirurgicales sont
nombreuses et leur mise en œuvre dépend de l’expérience et de la formation du chirurgien. Il n’y a pas de
traitement univoque et l’on ne peut pas dire qu’une voie antérieure ou postérieure est toujours préférable
dans telle ou telle indication. L’étude de la littérature ne permet pas de dire que les lésions médullaires
secondaires à des fractures ou des luxations réduites sont des indications de chirurgie en extrême urgence
si la compression a été levée par manœuvre orthopédique. Il est néanmoins recommandé d’opérer ces
patients dès qu’on le peut dans les meilleures conditions après avoir stabilisé les fonctions vitales. Les
lésions médullaires sur rachis rétréci sans lésion traumatique osseuse ou discoligamentaire sont de plus
en plus fréquentes vu le vieillissement de la population. Elles sont généralement traitées par la méthode
fonctionnelle mais peuvent entraîner des indications secondaires de décompression. En cas de lésion
médullaire, la corticothérapie à fortes doses n’a pas fait la preuve de son efficacité et expose le patient
aux risques connus de ce traitement. Les patients sans trouble neurologique ont en général un bon résul-
tat après traitement adapté. Les blessés médullaires incomplets avec persistance de bastions moteur et
sensitif ont toutes les chances de remarcher après traitement adapté. L’imputabilité d’une hernie dis-
cale diagnostiquée à distance d’un traumatisme cervical ne peut être retenue que s’il y a une continuité
clinique entre le traumatisme et le diagnostic. Le syndrome subjectif des traumatisés du rachis cervical
peuple les cabinets d’expertise et est reconnu par les barèmes des assurances. Son existence réelle et
surtout la cause de la symptomatologie sont diversement appréciées par une partie de la littérature.
© 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Mots-clés : Traumatisme du rachis cervical inférieur ; Moelle ; Fracture du rachis cervical inférieur ;
Luxation du rachis cervical inférieur ; Hernie du rachis cervical inférieur

Plan Lésions par vecteur traumatique dominant en extension


ou lésion du type C d’Argenson 3
■ Introduction 2 Lésions par vecteur traumatique rotatoire dominant
ou lésions du type D d’Argenson 5
■ Mécanisme, anatomie et classification des lésions du rachis Hernies discales isolées symptomatiques post-traumatiques
cervical inférieur 2 aiguës ou lésions du type E du symposium 2001 6
Vecteurs 2 Autres lésions 6
Lésions par vecteur traumatique dominant en compression Classification alphanumérique de l’AO 7
ou lésion du type A d’Argenson 2 Classifications : conclusion 8
Lésions par vecteur traumatique dominant en flexion Lésions sur rachis ankylosé 8
ou type B d’Argenson 3

EMC - Appareil locomoteur 1


Volume 7 > n◦ 4 > octobre 2012
http://dx.doi.org/10.1016/S0246-0521(12)57492-9

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15-826-A-10  Traumatismes récents du rachis cervical inférieur chez l’adulte

■ Prise en charge des patients et conduite à tenir lors


de la réception des blessés 8
Sur les lieux de l’accident 8
■ Traitement 10
Données générales sur le traitement orthopédique 10
Généralités sur le traitement chirurgical 11
Indications thérapeutiques 12
■ Résultats et séquelles 13
Traumatismes sans lésion traumatique sur l’iconographie
et sans trouble neurologique 13
Déformations post-traumatiques 13
Séquelles des lésions sans trouble neurologique et sans cal vicieux 13
Lésions avec troubles neurologiques 13
■ Conclusion 13

 Introduction Figure 1. Fracture–tassement antérieure.


e
Le rachis cervical inférieur (RCI) s’étend de la 3 vertèbre cervi-
cale (C3) à la 7e vertèbre cervicale (C7). Comme pour l’ensemble
des lésions du rachis, on différencie les lésions osseuses présentant
une instabilité immédiate guérissant après consolidation et les
lésions ligamentaires présentant une instabilité immédiate pou-
vant être définitive et même évolutive dans le temps. Les lésions
radiculaires et/ou médullaires permettant la survie sont fréquem-
ment retrouvées chez les traumatisés du RCI. Cela l’oppose
aux traumatismes du rachis cervical supérieur pour lesquels les
lésions neurologiques sont en général immédiatement mortelles.
L’existence de lésions médullaires sans lésion osseuse ou discoli-
gamentaire traumatique sur rachis cervical étroit chez les sujets
jeunes ou sur rachis cervical rétréci chez les sujets âgés est une
particularité du RCI. Les formes bénignes, voire « très bénignes »
avec un cortège séquellaire pouvant être associé à un problème de
réparation médicolégale en est une deuxième particularité.
Nous nous proposons d’étudier dans un premier temps les clas-
sifications des lésions puis la prise en charge et les modalités
thérapeutiques, et enfin l’étude des résultats et des séquelles.

 Mécanisme, anatomie Figure 2. Fracture comminutive.


et classification des lésions
du rachis cervical inférieur
Fractures comminutives ou type A2
Vecteurs
Elles sont caractérisées par un éclatement du corps vertébral
Allen et al. [1] avaient envisagé que les lésions étaient le fruit de avec recul du mur postérieur (Fig. 2). Elles représenteraient 8,8 %
plusieurs vecteurs traumatiques simultanés. Harris et al. [2] , puis des lésions du RCI [6] , siègent majoritairement en C7 et sont
Ducker et Frymoyer [3] avaient décrit quatre vecteurs traumatiques associées à des lésions médullaires 1 fois sur 3 et a des lésions
principaux : compression, flexion, extension et distraction. Argen- radiculaires 1 fois sur 5.
son et al. [4] ont rajouté la rotation qui peut donner en tant que
vecteur traumatique dominant des lésions spécifiques.
Nous allons décrire l’anatomie des lésions en utilisant la clas- « Tear drop » ou fractures en « goutte de larme »
sification d’Argenson [5] à laquelle nous rajoutons comme pour ou type AIII
le symposium de la Société française de chirurgie orthopédique
et traumatologique (Sofcot) 2001 [6] les hernies discales pures Pour Argenson [5] , elles sont dues à une compression–flexion
post-traumatiques immédiates. Nous présentons ensuite la clas- antérieure. Elles sont caractérisées par le détachement de la par-
sification AO [7] . tie antérieure du corps vertébral. Une fracture sagittale de la
partie postérieure du corps vertébral et une fracture de l’arc pos-
térieur peuvent être associées. La lésion discoligamentaire est de
Lésions par vecteur traumatique dominant trois types (Fig. 3, 4) : soit lésion du segment vertébral mobile
(SVM) sous-jacent à la fracture, soit lésion du SVM sus-jacent,
en compression ou lésion du type A soit lésion des SVM sus- et sous-jacent. Elles représenteraient
d’Argenson 11,2 % des lésions du RCI [6] et siègent le plus souvent en C5.
Une fois sur trois, elles sont associées à des lésions médullaires
Fractures–tassements antérieures ou type AI et une fois sur trois à des lésions radiculaires. Les circonstances
Elles correspondent à un simple tassement antérieur (Fig. 1) et les plus fréquentes sont les accidents de la voie publique aux-
représentaient 6,5 % des 338 lésions du RCI sur 284 blessés lors quels s’ajoutent les plongeons en eau peu profonde dans les
de l’étude prospective du symposium 2001 [6] . Les blessés sont en pays méditerranéens. Dans ce dernier cas, la noyade associée
général indemnes de troubles neurologiques qui, à titre excep- à une lésion médullaire est la particularité de ces blessés. La
tionnel, peuvent être retrouvés chez des patients arthrosiques majorité des blessés que nous recevons présente un impact au
présentant un canal rétréci. vertex.

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Figure 3. Fracture tear drop.


A. Lésion du segment vertébral mobile inférieur.
B. Lésion du segment vertébral mobile supérieur.
C. Lésions des segments vertébraux mobiles
supérieur et inférieur.
D. Vue supérieure de la vertèbre fracturée.

Lésions par vecteur traumatique dominant • écart interépineux anormal ou avulsion du processus épineux ;
on peut y ajouter un léger tassement ou un arrachement du
en flexion ou type B d’Argenson coin antérosupérieur du corps de la vertèbre inférieure.
Le vecteur dominant en flexion peut être suivi ou précédé d’une Le diagnostic peut être fait sur des clichés tardifs car la contrac-
extension créant un traumatisme en « coup de fouet » ou whiplash ture musculaire peut empêcher le déplacement initial de la lésion.
injury [8] des Anglo-Saxons. Six des 35 entorses graves de la série prospective du symposium
2001 [6] furent diagnostiquées au-delà de la première semaine.
Elles représenteraient 10,3 % des lésions du RCI [6] et sont associées
Entorses bénignes ou type B1 une fois sur deux à des lésions radiculaires.
La littérature ne permet pas d’en connaître la fréquence
et l’anatomopathologie. Ces blessés fréquents remplissent Luxations biarticulaires ou lésions du type BIII
les cabinets médicaux et les cabinets d’expertise. Les rec- d’Argenson
titudes du rachis cervical et les inflexions de courbure Elles sont de trois types (Fig. 7) :
des rachis cervicaux longs et laxes des sujets jeunes sont • soit luxation complète ;
souvent nommées entorses sans aucune preuve par des • soit luxation associée à une fracture de processus articulaire ;
médecins peu avertis du problème. Le manque de cri- • soit luxation perchée ou dite « pointe à pointe ». Les luxa-
tères diagnostiques ne permet pas d’en décrire l’anatomopa- tions biarticulaires représenteraient 10,3 % des lésions [6] et sont
thologie [6] . presque toujours associées à des lésions médullaires ou radicu-
laires.
Entorses graves ou lésions BII d’Argenson
Définies par Roy-Camille et al. [9] , elles sont diagnostiquées sur Lésions par vecteur traumatique dominant
au moins trois des cinq signes énoncés par Louis [10] (Fig. 5, 6) : en extension ou lésion du type C d’Argenson
• antélisthésis corporéal supérieur à 3,5 mm au-dessous de C4 et
à 2,5 mm au-dessus ; Là aussi, le vecteur dominant d’extension peut être suivi ou
• angulation des plateaux vertébraux de plus de 10◦ ; précédé d’une flexion créant une lésion en « coup de fouet ». Il ne
• perte de parallélisme (décoaptation) des apophyses articulaires ; faut pas les confondre avec le « coup du lapin » où existe un choc
• découverte de plus de 50 % des apophyses articulaires ; direct postérieur entraînant une hyperextension.

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Figure 4. Tear drop avec tétraplégie immédiate incomplète.

B
Figure 6. Radiographies dynamiques tardives mettant en évidence une
entorse grave (A, B, flèches).
Figure 5. Entorse grave. 1. Antélisthésis corporéal de plus de 2,5 mm ;
2. angulation des plateaux vertébraux d’au moins 10◦ ; 3. découverte de
médullaire la plus fréquente est le syndrome central de la moelle
50 % au moins des apophyses articulaires ; 4. écart interépineux anormal ;
de Schneider et Kahn caractérisé par une atteinte plus impor-
5. décoaptation des apophyses articulaires.
tante des mains et des membres supérieurs que des membres
inférieurs. Cette lésion neurologique « mord les mains et lèche
Entorses en hyperextension sans lésion les pieds ». Les autres types d’atteinte médullaire sont plus rares :
tétraplégie, Brown-Séquard, syndrome cordonal antérieur ou pos-
ostéoarticulaire traumatique décelable associées térieur. L’imagerie par résonance magnétique (IRM) peut montrer
à une lésion médullaire ou lésion du type CI un hypersignal médullaire en T2 précoce (Fig. 10) et des signes
d’Argenson d’hémorragies intramédullaires. Ces derniers sont aussi rares que
de mauvais pronostic.
La lésion médullaire est due à un « pincement » médullaire dans
un canal étroit qui a trois origines possibles :
• origine congénitale chez les sujets jeunes. Elle est caractérisée Entorses graves en hyperextension ou lésion
par un rapport de Torg [11] , c’est-à-dire la taille antéropostérieure du type CII d’Argenson
du canal rachidien sur taille antéropostérieure du corps verté- Elles sont caractérisées par une ouverture discale (Fig. 11) ; elles
bral (Fig. 8) (moyenne à 0,8) atteignant 0,6 pour les patients peuvent être pures ou associées à un tear drop inversé du corps ver-
ayant eu des troubles neurologiques médullaires transitoires tébral. Elles représenteraient 1,7 % des lésions [6] et sont associées
après traumatisme en hyperextension ; à des lésions médullaires ou radiculaires.
• origine arthrosique ou acquise (Fig. 9), c’est la lésion décrite par
Schneider et Khan [12] ; Luxations–fractures en hyperextension ou lésions
• origine mixte.
Ces lésions représenteraient 8,9 % des traumatismes du RCI [6] ,
du type CIII d’Argenson
l’âge moyen serait de 59 ans, plus élevé que pour les autres lésions, Le traumatisme est violent, la lésion peut être figée en hyperex-
et il y aurait quatre fois plus d’hommes que de femmes. La lésion tension ou déplacée en avant par un rebond en flexion (Fig. 12).

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Figure 9. Canal cervical arthrosique dont le rétrécissement s’aggrave


en extension (A, B).

Figure 10. Hypersignal T2 immédiat associé à un syndrome central de


la moelle.

Figure 7. Luxation biarticulaire. Lésions par vecteur traumatique rotatoire


A. Variété complète. dominant ou lésions du type D d’Argenson
B. Luxation biarticulaire associée à une fracture articulaire.
C. Variété « pointe à pointe ». Ce sont des lésions asymétriques où l’instabilité discoligamen-
taire est caractérisée par un petit antélisthésis unilatéral mais les
lésions peuvent aussi être sans déplacement sur l’iconographie.

Fractures articulaires unilatérales ou lésions


du type DI d’Argenson
Trois variétés existent : la fracture peut être sur l’articulaire
supérieure, inférieure ou sur les deux (Fig. 13, 14). Elles représen-
teraient 18 % des lésions et au moins une fois sur deux seraient
associées à des lésions médullaires ou radiculaires [6] .

Fractures–séparations du massif articulaire


(FSMA) ou lésions du type DII d’Argenson
Figure 8. Rapport de Torg. B/A ≥ 0,8. Décrits par Roy-Camille et al. [9] , les traits de fractures passent en
avant et en arrière du massif articulaire qui devient libre. Lorsqu’il
y a une lésion discale, il peut siéger soit sur le disque supérieur, soit
Dans tous les cas, elles présentent des lésions multiples de l’arc sur le disque inférieur (Fig. 15, 16). Ils représenteraient 7,4 % des
postérieur. Elles représenteraient 4 % des lésions [6] et sont asso- lésions [6] et seraient associés 1 fois sur 2 à des lésions radiculaires
ciées à des lésions médullaires graves. en général bénignes.

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Figure 11. Entorse grave en extension.


A. Variété pure.
B. Associée à un tear drop inversé.

Figure 12. Luxation-fracture par hyperextension ; variété figée en Figure 13. Fracture articulaire unilatérale.
extension avec recul. A. Fracture de l’apophyse articulaire inférieure de la vertèbre supérieure.
B. Fracture de l’apophyse articulaire supérieure de la vertèbre inférieure.
C. Fractures des deux apophyses du même massif articulaire.
Luxations articulaires unilatérales ou lésions
du type DIII d’Argenson
Elles peuvent être complètes ou perchées « pointe à pointe » associées à des lésions neurologiques le plus souvent médullaires.
(Fig. 17). Elles représenteraient 4,1 % [6] des lésions et seraient asso- Ceci les différencie des hernies mixtes cervicales habituellement
ciées une fois sur deux à des lésions médullaires ou radiculaires. diagnostiquées dans le cadre d’une pathologie chronique.

Hernies discales isolées symptomatiques Autres lésions


post-traumatiques aiguës ou lésions du type Il existe d’autres lésions traumatiques fracturaires et en particu-
E du symposium 2001 [6] lier les arrachements isolés des processus épineux ou des processus
transverses qui ne sont pas considérés comme des fractures verté-
Elles représenteraient 3,8 % des lésions aiguës. Ces hernies brales mais comme des arrachements tendineux ou musculaires.
« vraies » post-traumatiques sont des hernies « molles » toujours En plus des lésions précédentes, l’étude prospective du symposium

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B
Figure 14. Fracture uniarticulaire unilatérale avec antélisthésis corpo-
réal.
A. De profil.
B. De trois-quarts.

2011 a retrouvé sous forme de cas isolé : une fracture corporéale


frontale, une fracture corporéale sagittale qui sont des équiva-
lents de type A, une fracture pédiculaire unilatérale isolée et une
fracture isthmique unilatérale transarticulaire.

Classification alphanumérique de l’AO [7]


Elle individualise les lésions de type A par compression, de
type B par distraction et de type C par rotation.
Les lésions de type A par compression axiale sont des
lésions essentiellement corporéales et comprennent les A1 ou
fracture–tassement, les A2 ou fracture–séparation avec trait cor-
poréal sagittal ou sagittal et frontal, les A3 ou fracture–éclatement Figure 15. Fracture-séparation du massif articulaire.
comminutive avec rupture du mur postérieur. A. Avec lésion discale inférieure.
Les lésions de type B par distraction comprennent les B1 par B. Avec lésion discale supérieure.
distraction avec lésion postérieure ligamentaire que sont les luxa- C. Vue supérieure de la fracture montrant la localisation des traits de
tions, entorse grave et tear drop, les B2 avec lésion postérieure fracture en avant et en arrière du massif articulaire.
osseuse rarissime pour les auteurs et les B3 par distraction anté-
rieure avec rupture discale.
Les lésions de type C par rotation comprennent les C1 par les fractures articulaires unilatérales, les FSMA et les luxations
rotation–compression transcorporéale (non retrouvées par les articulaires unilatérales ; les C3 par cisaillement et rotation cor-
auteurs sur 448 cas), les C2 par distraction et rotation qui respondent à une lésion complète de l’appareil discoligamentaire
représentent la quasi-totalité des lésions par rotation ; ce sont et retrouvées une fois par les auteurs sur 448 cas.

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Cette classification AO tente d’adapter au RCI les principes des les lésions osseuses qui entraînent une instabilité immédiate qui
autres classifications de l’AO. Nous la trouvons critiquable car disparaît après consolidation et d’autre part les instabilités dis-
d’une part elle décrit des lésions inexistantes et d’autre part place coligamentaires susceptibles de créer une instabilité définitive à
dans les B1 (distraction avec lésion postérieure ligamentaire) aussi cause de l’absence de cicatrisation discale et des faibles capacités
bien les entorses graves et les luxations biarticulaires que les tear de guérison des lésions ligamentaires. Le but des classifications
drops qui sont des lésions sans aucun rapport et ne répondant pas est d’établir une attitude thérapeutique cohérente. Récemment,
au même mécanisme traumatique. Elle a le mérite d’avoir été éta- Patel [13] a présenté le Subaxial Cervical Injury Classification Sys-
blie sur 448 cas. En revanche, la classification d’Argenson présente tem qui cote de 0 à 4 points la déformation traumatique (absence,
une répartition plus harmonieuse des lésions sans individualiser compression, éclatement, distraction, rotation), de 0 à 2 points
les entités rarissimes. la lésion discoligamentaire (absence, isolée, totale) et de 0 à
4 points la lésion neurologique (absence, radiculaire, médullaire
incomplète, médullaire complète, compression médullaire + 1). Le
Classifications : conclusion traitement chirurgical était recommandé au-dessus de 4 points.
Pour conclure le chapitre des classifications, nous insistons sur Aucune classification ne s’intéresse aux lésions isolées des proces-
le fait que toutes décrivent les lésions et individualisent d’une part sus épineux ou transverses. Les fractures des processus épineux
peuvent être associées à des lésions en flexion ou en extension.
Quant aux fractures isolées des processus transverses, elles ont la
réputation d’être bénignes [14] .

Lésions sur rachis ankylosé


Elles présentent des formes anatomiques à part [15] . Ces lésions
de plus en plus fréquentes à cause du vieillissement de la
population sont propres à la spondylarthrite ankylosante et à
l’hyperostose vertébrale de Forestier. Elles ont comme caractéris-
tiques de passer inaperçues, d’entraîner des lésions médullaires
primitives ou secondaires, de présenter des hématorachis pou-
vant évoluer en deux temps comme les hématomes extraduraux
crâniens et d’engager le pronostic vital. Nous avons individualisé
quatre types de lésions :
A • type 1 : les fractures avec ouverture discale antérieure (Fig. 18) ;
• type 2 : les fractures horizontales avec légère translation
qui siègent dans l’os sous-chondral au-dessous d’un disque
(comparables à la lésion d’un trait de scie) (Fig. 19) ;
• type 3 : les fissures osseuses pratiquement invisibles sur les
radiographies et qui siègent dans l’os sous-chondral au-dessous
d’un disque (comparables à la lésion d’un trait de lime). Elles
sont susceptibles de se déplacer (Fig. 20) ;
• type 4 : les lésions comparables aux lésions déjà connues du
rachis.

 Prise en charge des patients


et conduite à tenir lors
B de la réception des blessés
Figure 16. Fractures-séparations du massif articulaire. Noter
l’horizontalisation du massif articulaire entre les deux flèches. Sur les lieux de l’accident
A. De profil. Les blessés inconscients, confus, polytraumatisés, présen-
B. De face. tant des lésions neurologiques ou souffrant du segment

Figure 17. Luxation articulaire unilatérale.


A. Variété complète.
B. Variété perchée « pointe à pointe ».

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Figure 18. Fracture par ouverture discale sur rachis ankylosé. Figure 20. Fracture en « trait de lime » sur rachis ankylosé.

Les accidents de la voie publique sont la première cause des


traumatismes. Les accidents de plongeon et de sport de neige
représentent la première cause des accidents sportifs avec une
gravité neurologique particulière pour les accidents de plongeon.
En France, un blessé sur deux serait hospitalisé d’emblée dans
un centre référent [6] , les autres y sont transférés secondairement.
Dans 24 % des cas [6] existerait un sentiment de retard au diagnos-
tic.
Pour Benchikh El Fegoun [16] , le délai diagnostique serait infé-
rieur à 24 heures dans 74 % des cas et supérieur à 1 semaine dans
12 % des cas. Dans 3 % des cas, le retard diagnostique serait pré-
judiciable.

Blessés conscients
Pour les blessés parfaitement conscients souffrant de la région
craniocervicale, l’examen neurologique est noté, le rachis cervi-
cal est immobilisé par un collier et les radiographies du rachis
cervical sont réalisées. Classiquement, cinq incidences sont effec-
tuées : face, profil, face bouche ouverte et obliques. Mal réalisées,
les incidences obliques sont dangereuses et un protocole compre-
nant face, profil, face bouche ouverte est considéré comme
suffisant [17, 18] . Il n’y a pas lieu de réaliser systématiquement des
radiographies du rachis cervical qui peuvent être inutiles ou mal
interprétées par un médecin insuffisamment entraîné chez un
blessé monotraumatisé ne souffrant pas de la région craniocer-
vicale.
L’étude américaine Nexus [19] précise qu’il n’est pas nécessaire
de faire de radiographie : en l’absence de douleur à la pression
des épineuses, de déficit neurologique, de trouble de la vigilance,
d’intoxication, d’une autre lésion douloureuse pouvant occulter
une fracture du rachis. Ces cinq critères auraient une valeur pré-
Figure 19. Fracture en « trait de scie » sur rachis ankylosé. dictive négative de 99,8 %.
L’étude canadienne [20] sur les patients sans trouble de la
vigilance précise qu’en l’absence de critère en faveur d’un trau-
cervicocéphalique sont suspects d’avoir une lésion du RCI et matisme même bénin du rachis cervical, les radiographies sont
sont manipulés en monobloc et transportés immobilisés. Les indiquées s’il existe un risque lié au terrain, aux circonstances de
précautions semblent connues universellement car l’étude pros- l’accident, à l’examen clinique initial, ou si le patient est inca-
pective du symposium de la Sofcot 2001 n’a retrouvé que 3 % pable d’effectuer une rotation cervicale de 45◦ vers la droite et la
d’aggravation neurologique au cours du transport. gauche.

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Si les radiographies mettent en évidence ou suspectent une


lésion du RCI, le scanner est demandé car il est inégalé pour
explorer l’arc postérieur.

Blessés confus
Pour les blessés confus, polytraumatisés, intoxiqués, le scanner
est plus sensible que les radiographies [18] et est rarement pris en
défaut face à l’IRM. Le scanner multicoupe millimétrique permet
d’explorer en quelques secondes le rachis cervical et peut être asso-
cié à l’exploration d’autres régions. Son irradiation est compensée
par son bénéfice.

Imagerie par résonance magnétique


Elle n’est pas performante pour explorer l’arc postérieur [18]
mais serait performante pour explorer les lésions ligamen-
taires [21, 22] . Néanmoins, Rihn [22] pensait qu’il existe de faux
positifs qui peuvent entraîner des indications opératoires abu-
sives. Il conseillait de prendre en considération l’étude de
l’anatomopathologie de la lésion et des lésions neurologiques.
Nous pensons qu’elle nécessite des radiologues entraînés et des
machines performantes pour obtenir un diagnostic précis car dans Figure 21. Variétés anatomiques des syndromes médullaires partiels
notre centre, elle n’a pas fait la preuve de son efficacité. L’IRM reste (A à D).
inégalée pour l’étude du contenu du canal rachidien. Les indica-
tions en traumatologie du rachis [18] sont limitées par les difficultés
Premier traitement médical
d’accès, la durée de l’examen, la compatibilité du matériel de
réanimation et d’orthopédie en acier, la difficulté de surveillance Il est réalisé en fonction de l’état du patient et après avoir fait ou
du patient. Elle est en fait indiquée dans les cas où la tomo- suspecté un diagnostic ; l’équipe médicale doit se poser la question
densitométrie ne permet pas de faire parfaitement le diagnostic suivante : suis-je compétente pour prendre en charge le patient ?
des lésions ou en cas de discordance entre les lésions constatées et En l’absence d’expérience ou de moyen, il convient d’adresser le
l’examen clinique ou en cas d’atteinte neurologique médullaire. patient dans un centre de référence.
Dans ce dernier cas, la réalisation d’une IRM ne doit pas être source L’état neurologique du patient doit être consigné si l’examen
de retard préjudiciable dans la prise en charge thérapeutique. neurologique est faisable ainsi que la mention examen neurolo-
gique fiable ou non fiable ou non faisable. Les lésions radiculaires
motrices et sensitives doivent être notées et si possible différen-
Comment diagnostiquer une entorse grave ciées des lésions médullaires. Lorsque le patient présente une
du rachis cervical inférieur ? lésion médullaire, il faut préciser le niveau neurologique qui cor-
respond au dernier myélomère sain (bien que l’habitude soit
Les radiographies de face et de profil, voire les radiographies en France de désigner comme niveau le premier myélomère
dynamiques de profil en flexion et extension, peuvent ne pas pathologique). L’examen sensitif et moteur donne une évalua-
montrer la lésion à cause de la contracture musculaire doulou- tion quantitative qui permet d’établir un suivi. C’est actuellement
reuse [18] . L’IRM n’est pas encore considérée comme l’examen l’échelle American Spinal Injury Association (ASIA) (ou Frankel
le plus performant pour faire le diagnostic d’entorse grave. modifié) qui est utilisée.
Récemment, Anekstein [23] proposa un scanner dynamique en Les troubles radiculaires et/ou médullaires concerneraient
flexion–extension du rachis cervical chez les patients comateux deux blessés sur trois [6] reçus dans les centres de référence.
mais cette attitude novatrice n’est pas encore rentrée dans nos Les syndromes médullaires transverses complets ou incomplets
pratiques. L’attitude actuelle [6, 16, 18] est de demander à distance représenteraient [6] 50 % des lésions médullaires. Les syndromes
du traumatisme (de quelques jours à trois semaines) des radio- médullaires partiels (Fig. 21) sont essentiellement les syndromes
graphies dynamiques de profil en flexion–extension sur un sujet centraux puis le syndrome de Brown-Séquard, le syndrome spinal
conscient avec un médecin pouvant intervenir rapidement si antérieur et très accessoirement le syndrome spinal postérieur.
nécessaire. Il est possible que la simple répétition de la radiogra-
phie de profil à distance du traumatisme apporte le même résultat.
Nous en avons le sentiment [6] sans pouvoir le prouver. Nous pen-
sons donc que tout patient traumatisé ayant souffert du rachis
 Traitement
cervical doit au moins bénéficier d’une répétition des examens Données générales sur le traitement
initiaux à distance du traumatisme.
orthopédique
Le collier mousse et le collier rigide type « Philadelphia » peu
Choix iconographique contraignant sont essentiellement une méthode d’attente avant
On peut résumer les indications de l’iconographie de la façon que le diagnostic définitif soit établi. Ils peuvent être le trai-
suivante : tement définitif chez un grand vieillard inapte à supporter un
• sujet conscient, suspect de lésion du segment cervicocépha- traitement plus contraignant. L’habitude de mettre un collier type
lique, monotraumatisé : radiographie face, profil, rachis cervical « Philadelphia » chez les patients polytraumatisés pendant la réali-
(± bouche ouverte) ; scanner si lésion suspectée sur radiogra- sation du bilan ou « en attendant des jours meilleurs » présente des
phie. Renouvellement des radiographies à distance avec plus ou risques [24] qui augmentent avec le temps de pose, la présence du
moins de radiographies dynamiques pour éliminer une entorse patient en soins intensifs, les troubles respiratoires et l’attente par-
grave ; prescription secondaire d’un scanner en cas de persis- fois longue pour obtenir une IRM. Le port d’un simple collier de
tance de douleurs inexpliquées ; façon prolongée sans raison entraîne une amyotrophie musculaire
• polytraumatisé ou sujet inconscient : scanner multicoupe ; difficile à récupérer.
• patient présentant des troubles neurologiques : en plus IRM sur- La minerve amovible faite sur mesure ou inamovible moulée
tout si le scanner ne permet pas un diagnostic de la lésion en position de réduction est nettement plus contraignante. Elle
intracanalaire. comporte trois points d’appui : mentonnier, occipital, sternal. Un

10 EMC - Appareil locomoteur


Traumatismes récents du rachis cervical inférieur chez l’adulte  15-826-A-10

capitonnage est nécessaire pour minimiser les risques d’escarre


du menton, de l’angle de la mandibule et de la région occipitale.
Elle est moulée bouche ouverte de 2 cm au moins (un bouchon
de champagne dans la bouche) pour permettre l’alimentation et
en position assise si possible car une minerve moulée en position
allongée a peu de chance d’être adaptée lors de la verticalisation.
Dans les lésions instables et réduites, elle est moulée avec contrôle
scopique bouche ouverte et sangle mandibulaire de traction verti-
cale ou étrier de traction en place pour maintenir la réduction. Une
fenêtre cervicale antérieure permet les mouvements du larynx.
La surveillance clinique est fondamentale. L’immobilisation par
minerve expose aux escarres chez les sujets dont la peau est fine à
cause de l’âge ou d’une corticothérapie au long cours. La mise en
place d’une minerve est contre-indiquée chez les patients dont
la conscience n’est pas parfaite, présentant des troubles respi-
ratoires ou risquant de nécessiter des manœuvres urgentes de
réanimation, ou présentant un traumatisme facial grave associé.
Le déplacement secondaire des lésions est fréquent. Pour cela, le
contrôle radiologique est nécessaire tant que les lésions ne sont
pas solides.
Le halo crânien ou halo plâtré (halo vest ou halo cast des Anglo-
Saxons) est formé de trois parties : une couronne fixée au moins
par quatre pointeaux dans le crâne, un gilet thoracoscapulaire
et des barres d’union entre le halo et le gilet. C’est un traite-
ment classique et les barres d’union sont réglables permettant
une modification du montage. Il doit être autant surveillé qu’une
minerve et présente les mêmes contre-indications. Il expose au
démontage du système, à l’infection locale et aux escarres, au
déplacement secondaire de la lésion. Comme pour la minerve, le
contrôle radiologique régulier des lésions est nécessaire en atten- Figure 22. Tear drop de C4 de la Figure 4, corporectomie par-
dant la consolidation. Le halo plâtré, très utilisé dans le monde tielle et arthrodèse C3-C5. Résultat tardif radiologique. Récupération
occidental, est peu utilisé en France et les publications françaises neurologique.
sont rares.
La traction par étrier crânien se fait sur un sujet alité en position
semi-assise, le tronc faisant 30 à 45◦ avec les membres inférieurs.
La force de traction est au minimum de 3 à 4 kg correspondant au
poids de la tête. Les luxations uni- ou biarticulaires peuvent être
réduites par la méthode de Vital [25] . La traction est effectuée pro-
gressivement sur un malade conscient, installé le tronc incliné à
45◦ en légère flexion du rachis cervical. La force de traction expri-
mée en kilogramme est 3 à 4 kg (poids de la tête) plus 2 kg par
niveau discal entre C2 et la lésion. Pour les luxations unilatérales,
on peut rajouter une rotation controlatérale du segment cépha-
lique. Les contrôles radiographiques au minimum quotidiens sont
effectués. Après réduction, le cou est mis en extension. Dans notre
expérience, cette méthode permet de réduire la majorité des luxa-
tions articulaires en 48 heures.
L’étude du traitement orthopédique des lésions du RCI montre
que ce traitement n’est pas sans danger et impose une surveillance
clinique. Il est souvent utilisé chez les vieillards que l’on ne
veut pas ou que l’on ne peut pas opérer et l’expérience montre
qu’il est mal supporté. Il faut donc savoir faire une désescalade,
commencer par le traitement orthopédique le plus indiqué et en
cas d’intolérance opter vers un traitement de moins en moins
contraignant, un simple collier mousse est parfois déjà trop pour
un grand vieillard confus qui respire mal... Dans ce cas extrême,
l’abstention de contention est une option tout à fait envisageable.

Généralités sur le traitement chirurgical


Figure 23. Ostéosynthèse postérieure de la lésion de la Figure 18.
Chirurgie par voie antérieure
Développée par Sénégas [26] , elle permet de réaliser des arthro-
dèses intercorporéales sur un niveau ou sur plusieurs niveaux
en interposant un greffon tricortical iliaque ou une cage
Chirurgie par voie postérieure
d’arthrodèse [27] . Une ostéosynthèse antérieure est systémati- Développée par Roy-Camille [30] , elle permet réduction et ostéo-
quement posée (Fig. 22). Ces techniques sont simples, peu synthèse (Fig. 23). Elle s’adresse essentiellement aux lésions de
hémorragiques mais exposent à des complications connues [28, 29] : l’arc postérieur ou lorsqu’on craint une mauvaise tenue des vis
hématome suffocant de la gorge, paralysie du nerf laryngé corporéales. C’est une chirurgie simple qui en plus de la fixation
inférieur, syndrome de Claude Bernard-Horner, plaie de l’axe aéro- permet de réaliser une laminectomie. Elle est moins pratiquée en
digestif, paralysie faciale, plaie de l’artère vertébrale. Les troubles France [6] que la chirurgie par voie antérieure. Elle expose à peu
transitoires de la déglutition et l’œdème laryngé font partie des de complications mais est hémorragique. Aucune publication, à
suites habituelles. La chirurgie antérieure associée à une conten- notre connaissance, ne permet de dire qu’elle est moins perfor-
tion externe est la plus fréquemment utilisée en France [6] . mante que la chirurgie par voie antérieure.

EMC - Appareil locomoteur 11


15-826-A-10  Traumatismes récents du rachis cervical inférieur chez l’adulte

Chirurgie par voie combinée neurologique, comme les tassements corporéaux et les
fractures comminutives non déplacées, et parfois pour les
Ce n’est pas l’attitude chirurgicale habituelle de la prise en
lésions articulaires sans déplacement et les tear drops sans
charge des lésions ostéoarticulaires du RCI. Le recours aux doubles
déplacement.
abords survient lorsque la voie choisie initialement s’avère insuf-
fisante, lorsqu’il y a un déplacement secondaire ou lorsqu’une
complication neurologique imprévue survient [6] . Chirurgie par voie antérieure
Elle est préférentiellement indiquée pour :
Indications thérapeutiques • les entorses graves ;
• les fractures-éclatements du corps vertébral ;
Elle fait appel à l’expérience et à la formation qu’a l’opérateur. • les hernies discales ;
Il n’y a pas d’attitude univoque. Nous allons tenter de résumer les • les tear drops ;
indications en fonction de notre expérience et de la revue de la • les lésions discales autres que les hernies (ouvertures discales,
littérature [6, 26, 30–41] . antélisthésis et rétrolisthésis traumatiques).

Influence des troubles neurologiques


Chirurgie par voie postérieure
dans la prise en charge thérapeutique
Elle peut être indiquée pour les lésions postérieures et essentiel-
Si un patient présente des troubles médullaires secondaires à
lement pour les FSMA et les lésions articulaires dont la réduction
un déplacement traumatique, il faut aller vite et l’immobiliser,
n’a pas été obtenue par traction ou manœuvre externe.
éventuellement le tracter dans les meilleurs délais car à partir du
moment où une lésion est réduite, l’essentiel de la prise en charge
en urgence est réalisée et une intervention chirurgicale peut être Chirurgie combinée
différée. Lorsqu’il existe une indication opératoire de réduction,
Elle peut être appliquée aux formes les plus graves ou en cas
de décompression et stabilisation vertébrale, il faut la réaliser le
d’insuffisance de la première technique chirurgicale.
plus rapidement possible dans les meilleures conditions. Ceci est
l’opinion de tous les chirurgiens orthopédistes ou neurochirur-
giens qui prennent en charge ces patients. En cas de carence Autres cas particuliers
médicale, un problème de réparation juridique peut survenir et
certains éléments doivent être connus. Les examens paracliniques Il s’agit des traumatismes médullaires sans lésion traumatique
et la difficulté d’obtention d’une IRM ne doivent pas retarder de ostéoligamentaire diagnostiquable ou avec lésions traumatiques
façon excessive la prise en charge. Une intervention rachidienne minimes ne compromettant pas la stabilité ou n’aggravant pas la
nécessaire ne peut être envisagée que si les urgences vitales sont sténose, tels que les arrachements des coins vertébraux antérieurs
maîtrisées. La prise en charge chirurgicale ne peut être envisa- ou les tassements vertébraux minimes.
gée que par une équipe entraînée. La littérature ne permet pas Ce chapitre mérite d’être individualisé car il représente une
de dire quel est le meilleur délai pour réduire une lésion dépla- fraction de plus en plus importante des blessés que nous rece-
cée mais le bon sens fait penser que plus il est bref mieux c’est. vons du fait du vieillissement de la population. Il correspond au
Après une revue de la littérature, Fehlings [31] , pensait que s’il y a traumatisme en extension sur rachis cervical rétréci [12] type C1
une indication chirurgicale, il faut la réaliser dans un délai infé- d’Argenson ou étroit [11] .
rieur à 24 heures et Dimar [32] pensait qu’il y avait lieu d’opérer à
moins de 72 heures. Rien n’empêche de faire mieux. La mise en Neuropraxie transitoire du sujet jeune sur canal rétréci
place d’une immobilisation efficace et si possible d’une traction Régressive en quelques secondes ou minutes, elle ne néces-
est déjà le début d’un traitement efficace. Certaines lésions médul- site pas de traitement particulier mais contre-indique les sports
laires ne sont pas opérées en urgence, nous allons y revenir. Il n’y a à risque pouvant mettre violemment en extension le rachis cer-
pas de traitement médical efficace en dehors du rétablissement des vical. Il faut donc interroger le patient avant de signer certaines
constantes vitales. La corticothérapie à faible ou forte dose est par- licences sportives.
fois prescrite. Notre expérience nous a fait rapidement arrêter la
corticothérapie à forte dose après avoir eu un arrêt cardiaque inex- Lésions médullaires sur canal étroit, après traumatisme
pliqué et d’autres complications. Après avoir revu l’expérience de en extension
chacun [6] et en accord avec la revue de la littérature de Yadla [33] et Très fréquentes, elles n’ont pas encore un consensus thérapeu-
l’étude prospective de Ito [34] , nous pensons que la prescription de tique complet [6, 33] . La corticothérapie à forte dose est inefficace
cortisone à forte dose expose le patient aux risques connus de ce comme nous l’avons déjà dit. L’attitude thérapeutique communé-
traitement et en particulier au risque de pneumonie sans avoir la ment admise est le rétablissement des constantes vitales (tension
preuve de son efficacité. La non-prescription de cortisone ne peut artérielle, oxygénation sanguine) [33] , l’établissement d’une immo-
plus être reconnue comme une perte de chance pour le patient. bilisation légère suivie éventuellement d’une décompression
secondaire en cas de récupération incomplète ou d’aggravation
Traitement fonctionnel secondaire ou d’instabilité adjacente à un bloc arthrosique [6] .
Le traitement fonctionnel, sans immobilisation ou avec immo- La revue de la littérature ne permet pas de préciser le délai
bilisation par collier de quelques jours, associé aux antalgiques pour décomprimer et la meilleure technique opératoire. Cette atti-
et anti-inflammatoires à la demande, est le traitement habituel tude prudente, prônant une décompression secondaire, est due au
des simples contusions, des entorses dites « bénignes » et des frac- fait que les chirurgiens ont constaté des aggravations après inter-
tures de processus transverses. Il peut être complété par quelques vention en urgence. Au début de notre expérience, après trois
séances de rééducation. interventions décompressives consécutives réalisées à moins de
24 heures après l’accident, nous avons eu deux aggravations et un
décès. Depuis, nous n’opérons qu’après deux semaines au moins.
Traitement orthopédique Nous réservons la voie postérieure aux décompressions étendues
Il est indiqué : et la voie antérieure aux décompressions limitées à deux étages
• en urgence, chaque fois qu’il faut réduire pour libérer l’axe ner- discaux. Nous réalisons deux temps successifs en cas de décom-
veux et pour cela la traction est efficace ; pression jugée insuffisante.
• pour réduire une luxation uni- ou biarticulaire [25] avant la sta- Tardivement, si une réparation financière du préjudice est envi-
bilisation chirurgicale et donnerait 80 % de réduction [37] ; sagée, il faut expliquer aux experts parfois peu avertis de ces
• comme traitement d’attente avant chirurgie ; problèmes que ces opérations, à distance du traumatisme, sont en
• comme traitement définitif essentiellement pour les lésions relation directe avec le traumatisme initial et non pas avec la prise
osseuses exclusives des corps vertébraux sans trouble en charge d’un état antérieur asymptomatique avant l’accident.

12 EMC - Appareil locomoteur


Traumatismes récents du rachis cervical inférieur chez l’adulte  15-826-A-10

 Résultats et séquelles récupérèrent partiellement ou totalement une fois sur deux. Les
patients Frankel D ont une fois sur deux une récupération partielle
Traumatismes sans lésion traumatique et une fois sur six une récupération totale.
Quelle que soit l’atteinte neurologique médullaire, il y a d’une
sur l’iconographie et sans trouble part des risques d’aggravation spontanée, même avec un traite-
neurologique ment bien conduit, par œdème ou nécrose médullaire, et d’autre
part des risques de décès surtout chez les sujets âgés présentant
Il s’agit de l’éventualité la plus fréquente qui représente les une tétraplégie complète ou quasi complète. Les complications
séquelles des traumatismes en « coup de fouet » cervical, whiplash respiratoires sont la première cause de mortalité.
des Anglo-Saxons ou « fléau cervical » des Français. Nous ne par- Les mêmes principes sont applicables aux patients présentant
lons ici que des entorses « bénignes » du RCI qui correspondent une lésion médullaire sur canal rétréci ou étroit sans lésion trau-
aux grades I, II, III de la classification du Quebec Task Force [8] . matique décelable [58] .
Les doléances sont souvent plus importantes qu’après les trauma-
tismes avec fractures [42] . Ceci est paradoxal. La symptomatologie
associe douleur avec irradiation dans les épaules, raideur cervicale
avec anxiété [43] . Il est communément nommé syndrome subjectif
 Conclusion
des traumatisés du RCI. Pour Kamper [43] , la récupération s’effectue Sur les lieux de l’accident, les traumatisés du RCI doivent
dans la majorité des cas en 3 mois, date à laquelle le pronostic bénéficier d’une manipulation monobloc et d’un transport avec
serait établi [42] . Les patients qui récupèrent le mieux sont ceux immobilisation. Les radiographies standards sont face, profil et
qui ont été traités par physiothérapie [44, 45] . Le port du collier cer- bouche ouverte. Le scanner est l’examen-clé pour explorer l’arc
vical plus de 2 jours fut un élément péjoratif pour Dehner [46] . postérieur et en cas de doute. L’IRM est l’examen-clé pour explo-
Pour Scholten-Peeters [47] , le seul facteur prédictif de mauvais résul- rer le contenu du canal vertébral. Pour interpréter l’iconographie,
tat fut l’intensité de la douleur initiale. Pleguezuelos Cobo [48] y il faut connaître l’anatomopathologie des lésions et savoir indi-
ajouta l’âge avancé et l’anxiété initiale, et Sterling [49] y ajouta le vidualiser les lésions osseuses et les lésions ligamentaires. Il faut
milieu socioéconomique faible. Carstensen [50] retrouva d’une part donc pouvoir classer les lésions en différents types adaptés à la
comme facteur de non-reprise du travail, un état douloureux préa- classification que l’on utilise. L’examen neurologique doit être
lable à l’accident, le sexe féminin, un bas niveau d’éducation, le mentionné permettant d’individualiser les patients avec ou sans
chômage et le statut d’ouvrier, et d’autre part comme facteur de troubles neurologiques et les patients pour lesquels l’examen
douleur cervicale résiduelle importante, un état douloureux et une neurologique n’est pas réalisable ou n’est pas fiable. Le diagnos-
anxiété préalables à l’accident, le sexe féminin et un bas niveau tic établi, le patient doit être pris en charge par un thérapeute
d’éducation professionnelle. entraîné connaissant la lésion du blessé.
L’étude de la littérature montre une discordance sur l’évaluation Les patients avec troubles neurologiques ont un traitement
des séquelles. associant réduction, décompression, contention lorsqu’il a une
Represas [51] nia même l’existence des séquelles car elles seraient lésion traumatique osseuse ou discoligamentaire. Les patients avec
fonction du type légal d’indemnisation et variables d’un pays à troubles neurologiques consécutifs à des traumatismes sans lésion
l’autre. Mykletun [52] pensait que la difficulté à obtenir une indem- discoligamentaire ou osseuse traumatique ou avec lésion trauma-
nisation était la cause de l’anxiété et Carroll [53] pensait que la tique minime, et associés à un canal étroit, sont essentiellement
réparation légale était facteur de guérison. Le problème est donc traités médicalement au début. Dans ces deux cas, le pronostic est
encore flou... et ce d’autant plus que certains comme Kehr [54] essentiellement fonction de l’intensité initiale de la lésion neuro-
ajoutèrent le « syndrome céphalique ascendant » avec syndrome logique.
vertébrobasilaire qui serait dû à une souffrance de l’artère verté- Les patients sans trouble neurologique et présentant une lésion
brale. osseuse et/ou discoligamentaire instable sont en général opérés,
les autres sont traités médicalement. Leur pronostic est excellent.
Déformations post-traumatiques
L’évolution spontanée se fait vers l’aggravation en cyphose et  Références
le retentissement neurologique par compression et étirement de
la moelle [55] ; elle peut nécessiter une correction chirurgicale. [1] Allen BL, Ferguson RL, Lehman RT, O’Brien RP. A mechanistic clas-
sification of closed, indirect fractures and dislocations of the lower
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Séquelles des lésions sans trouble [2] Harris JH, Eideken-Monroe B, Kopaniky DR. A practical classifica-
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mement modérée. Mais là aussi, les facteurs péjoratifs que nous [4] Argenson C, Lovet J, Sanouiller JL, de Peretti F. Traumatic rotatory
avons décrits pour les traumatismes par fléau cervical sont retrou- displacement of the lower cervical spine. Spine 1988;13:767–73.
vés. [5] Argenson C, de Peretti F, Eude P, Ghabris A, Hovorka I. Classifica-
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Les atteintes périphériques, névralgie et atteinte motrice radi- inférieur. Rev Chir Orthop 2002;88(suppl5):103–57.
culaire récupèrent en 3 mois, généralement sans séquelle. Les [7] Blauth M, Kathrein A, Mair G, Schmid R, Reinhold M, Rieger M.
atteintes médullaires [6] sont nettement plus graves. Classification of injuries of the subaxial cervical spine. In: Aebi M,
Pour Dvorak [56] , l’intensité de la récupération était d’autant plus Arlet V, Webb J, editors. AO Spine Manual. vol 2 Stuttgart: Thieme
faible que l’atteinte initiale était importante. Pour Ditunno [57] , Verlag; 2007. p. 20–38.
la récupération pouvait être prévue dès la première semaine en [8] Spitzer WO, Skovron ML, Salmi LR, Cassidy JD, Duranceau J,
fonction de l’intensité de l’atteinte car elle était plus faible chez Suissa S. Scientific monograph of the Quebec task force on whiplash-
les patients les plus gravement atteints. associated disorders: redefiding “whiplash” and its management.
Dans l’étude prospective du symposium de la Sofcot [6] , les Spine 1995;20(suppl8):1–73.
patients Frankel A s’améliorèrent d’un grade ou deux et passèrent [9] Roy-Camille R. Rachis cervical traumatique non neurologique. In:
donc de Frankel A à Frankel B ou C dans 50 % des cas. Un patient 1res journées d’orthopédie de la Pitié. Paris: Masson; 1979.
Frankel A sur trois décéda et les autres restèrent inchangés. Il en [10] Louis R. Traumatismes du rachis cervical. 1. Entorses et hernies
était de même pour les patients Frankel B. Les patients Frankel C discales. 2. Fractures et luxation. Presse Med 1979;8:1843–9.

EMC - Appareil locomoteur 13


15-826-A-10  Traumatismes récents du rachis cervical inférieur chez l’adulte

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14 EMC - Appareil locomoteur


Traumatismes récents du rachis cervical inférieur chez l’adulte  15-826-A-10

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F. de Peretti (deperetti.f@chu-nice.fr).
M. Challali.
Service de traumatologie-orthopédie, Hôpital Saint-Roch, Centre Hospitalier Universitaire de Nice, 5, rue Pierre-Dévoluy, 06006 Nice cedex 1, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : de Peretti F, Challali M. Traumatismes récents du rachis cervical inférieur chez l’adulte. EMC - Appareil
locomoteur 2012;7(4):1-15 [Article 15-826-A-10].

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