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Traumatismes Récents Du Rachis Cervical Inférieur Chez L'adulte
Traumatismes Récents Du Rachis Cervical Inférieur Chez L'adulte
Les lésions du rachis cervical inférieur (RCI) sont dues à des vecteurs traumatiques multiples : compres-
sion, flexion, extension et rotation. On peut individualiser et classer les lésions corporéales, de l’arc
postérieur, des disques et des ligaments en plusieurs entités qui doivent être parfaitement connues par
les médecins susceptibles de prendre en charge ces patients. Le but de l’étude des lésions est d’apprécier :
le déplacement, la compression neurologique, l’instabilité osseuse immédiate mais qui peut s’amender
après consolidation, l’instabilité discoligamentaire qui peut être définitive. Les lésions médullaires sont fré-
quentes et peuvent être définitives. L’exploration standard fait appel à trois clichés : face, profil et bouche
ouverte. L’iconographie standard doit être renouvelée à distance pour dépister les entorses graves. La
tomodensitométrie est un examen de « dépistage » chez les polytraumatisés, de nécessité en cas de doute
ou pour affiner un diagnostic posé. L’imagerie par résonance magnétique (IRM) est surtout indiquée en
cas de lésion médullaire. La prise en charge doit être la plus précoce en cas de lésion médullaire afin au
moins de réduire et d’immobiliser une lésion traumatique compressive. Les modalités chirurgicales sont
nombreuses et leur mise en œuvre dépend de l’expérience et de la formation du chirurgien. Il n’y a pas de
traitement univoque et l’on ne peut pas dire qu’une voie antérieure ou postérieure est toujours préférable
dans telle ou telle indication. L’étude de la littérature ne permet pas de dire que les lésions médullaires
secondaires à des fractures ou des luxations réduites sont des indications de chirurgie en extrême urgence
si la compression a été levée par manœuvre orthopédique. Il est néanmoins recommandé d’opérer ces
patients dès qu’on le peut dans les meilleures conditions après avoir stabilisé les fonctions vitales. Les
lésions médullaires sur rachis rétréci sans lésion traumatique osseuse ou discoligamentaire sont de plus
en plus fréquentes vu le vieillissement de la population. Elles sont généralement traitées par la méthode
fonctionnelle mais peuvent entraîner des indications secondaires de décompression. En cas de lésion
médullaire, la corticothérapie à fortes doses n’a pas fait la preuve de son efficacité et expose le patient
aux risques connus de ce traitement. Les patients sans trouble neurologique ont en général un bon résul-
tat après traitement adapté. Les blessés médullaires incomplets avec persistance de bastions moteur et
sensitif ont toutes les chances de remarcher après traitement adapté. L’imputabilité d’une hernie dis-
cale diagnostiquée à distance d’un traumatisme cervical ne peut être retenue que s’il y a une continuité
clinique entre le traumatisme et le diagnostic. Le syndrome subjectif des traumatisés du rachis cervical
peuple les cabinets d’expertise et est reconnu par les barèmes des assurances. Son existence réelle et
surtout la cause de la symptomatologie sont diversement appréciées par une partie de la littérature.
© 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Mots-clés : Traumatisme du rachis cervical inférieur ; Moelle ; Fracture du rachis cervical inférieur ;
Luxation du rachis cervical inférieur ; Hernie du rachis cervical inférieur
Lésions par vecteur traumatique dominant • écart interépineux anormal ou avulsion du processus épineux ;
on peut y ajouter un léger tassement ou un arrachement du
en flexion ou type B d’Argenson coin antérosupérieur du corps de la vertèbre inférieure.
Le vecteur dominant en flexion peut être suivi ou précédé d’une Le diagnostic peut être fait sur des clichés tardifs car la contrac-
extension créant un traumatisme en « coup de fouet » ou whiplash ture musculaire peut empêcher le déplacement initial de la lésion.
injury [8] des Anglo-Saxons. Six des 35 entorses graves de la série prospective du symposium
2001 [6] furent diagnostiquées au-delà de la première semaine.
Elles représenteraient 10,3 % des lésions du RCI [6] et sont associées
Entorses bénignes ou type B1 une fois sur deux à des lésions radiculaires.
La littérature ne permet pas d’en connaître la fréquence
et l’anatomopathologie. Ces blessés fréquents remplissent Luxations biarticulaires ou lésions du type BIII
les cabinets médicaux et les cabinets d’expertise. Les rec- d’Argenson
titudes du rachis cervical et les inflexions de courbure Elles sont de trois types (Fig. 7) :
des rachis cervicaux longs et laxes des sujets jeunes sont • soit luxation complète ;
souvent nommées entorses sans aucune preuve par des • soit luxation associée à une fracture de processus articulaire ;
médecins peu avertis du problème. Le manque de cri- • soit luxation perchée ou dite « pointe à pointe ». Les luxa-
tères diagnostiques ne permet pas d’en décrire l’anatomopa- tions biarticulaires représenteraient 10,3 % des lésions [6] et sont
thologie [6] . presque toujours associées à des lésions médullaires ou radicu-
laires.
Entorses graves ou lésions BII d’Argenson
Définies par Roy-Camille et al. [9] , elles sont diagnostiquées sur Lésions par vecteur traumatique dominant
au moins trois des cinq signes énoncés par Louis [10] (Fig. 5, 6) : en extension ou lésion du type C d’Argenson
• antélisthésis corporéal supérieur à 3,5 mm au-dessous de C4 et
à 2,5 mm au-dessus ; Là aussi, le vecteur dominant d’extension peut être suivi ou
• angulation des plateaux vertébraux de plus de 10◦ ; précédé d’une flexion créant une lésion en « coup de fouet ». Il ne
• perte de parallélisme (décoaptation) des apophyses articulaires ; faut pas les confondre avec le « coup du lapin » où existe un choc
• découverte de plus de 50 % des apophyses articulaires ; direct postérieur entraînant une hyperextension.
B
Figure 6. Radiographies dynamiques tardives mettant en évidence une
entorse grave (A, B, flèches).
Figure 5. Entorse grave. 1. Antélisthésis corporéal de plus de 2,5 mm ;
2. angulation des plateaux vertébraux d’au moins 10◦ ; 3. découverte de
médullaire la plus fréquente est le syndrome central de la moelle
50 % au moins des apophyses articulaires ; 4. écart interépineux anormal ;
de Schneider et Kahn caractérisé par une atteinte plus impor-
5. décoaptation des apophyses articulaires.
tante des mains et des membres supérieurs que des membres
inférieurs. Cette lésion neurologique « mord les mains et lèche
Entorses en hyperextension sans lésion les pieds ». Les autres types d’atteinte médullaire sont plus rares :
tétraplégie, Brown-Séquard, syndrome cordonal antérieur ou pos-
ostéoarticulaire traumatique décelable associées térieur. L’imagerie par résonance magnétique (IRM) peut montrer
à une lésion médullaire ou lésion du type CI un hypersignal médullaire en T2 précoce (Fig. 10) et des signes
d’Argenson d’hémorragies intramédullaires. Ces derniers sont aussi rares que
de mauvais pronostic.
La lésion médullaire est due à un « pincement » médullaire dans
un canal étroit qui a trois origines possibles :
• origine congénitale chez les sujets jeunes. Elle est caractérisée Entorses graves en hyperextension ou lésion
par un rapport de Torg [11] , c’est-à-dire la taille antéropostérieure du type CII d’Argenson
du canal rachidien sur taille antéropostérieure du corps verté- Elles sont caractérisées par une ouverture discale (Fig. 11) ; elles
bral (Fig. 8) (moyenne à 0,8) atteignant 0,6 pour les patients peuvent être pures ou associées à un tear drop inversé du corps ver-
ayant eu des troubles neurologiques médullaires transitoires tébral. Elles représenteraient 1,7 % des lésions [6] et sont associées
après traumatisme en hyperextension ; à des lésions médullaires ou radiculaires.
• origine arthrosique ou acquise (Fig. 9), c’est la lésion décrite par
Schneider et Khan [12] ; Luxations–fractures en hyperextension ou lésions
• origine mixte.
Ces lésions représenteraient 8,9 % des traumatismes du RCI [6] ,
du type CIII d’Argenson
l’âge moyen serait de 59 ans, plus élevé que pour les autres lésions, Le traumatisme est violent, la lésion peut être figée en hyperex-
et il y aurait quatre fois plus d’hommes que de femmes. La lésion tension ou déplacée en avant par un rebond en flexion (Fig. 12).
Figure 12. Luxation-fracture par hyperextension ; variété figée en Figure 13. Fracture articulaire unilatérale.
extension avec recul. A. Fracture de l’apophyse articulaire inférieure de la vertèbre supérieure.
B. Fracture de l’apophyse articulaire supérieure de la vertèbre inférieure.
C. Fractures des deux apophyses du même massif articulaire.
Luxations articulaires unilatérales ou lésions
du type DIII d’Argenson
Elles peuvent être complètes ou perchées « pointe à pointe » associées à des lésions neurologiques le plus souvent médullaires.
(Fig. 17). Elles représenteraient 4,1 % [6] des lésions et seraient asso- Ceci les différencie des hernies mixtes cervicales habituellement
ciées une fois sur deux à des lésions médullaires ou radiculaires. diagnostiquées dans le cadre d’une pathologie chronique.
B
Figure 14. Fracture uniarticulaire unilatérale avec antélisthésis corpo-
réal.
A. De profil.
B. De trois-quarts.
Cette classification AO tente d’adapter au RCI les principes des les lésions osseuses qui entraînent une instabilité immédiate qui
autres classifications de l’AO. Nous la trouvons critiquable car disparaît après consolidation et d’autre part les instabilités dis-
d’une part elle décrit des lésions inexistantes et d’autre part place coligamentaires susceptibles de créer une instabilité définitive à
dans les B1 (distraction avec lésion postérieure ligamentaire) aussi cause de l’absence de cicatrisation discale et des faibles capacités
bien les entorses graves et les luxations biarticulaires que les tear de guérison des lésions ligamentaires. Le but des classifications
drops qui sont des lésions sans aucun rapport et ne répondant pas est d’établir une attitude thérapeutique cohérente. Récemment,
au même mécanisme traumatique. Elle a le mérite d’avoir été éta- Patel [13] a présenté le Subaxial Cervical Injury Classification Sys-
blie sur 448 cas. En revanche, la classification d’Argenson présente tem qui cote de 0 à 4 points la déformation traumatique (absence,
une répartition plus harmonieuse des lésions sans individualiser compression, éclatement, distraction, rotation), de 0 à 2 points
les entités rarissimes. la lésion discoligamentaire (absence, isolée, totale) et de 0 à
4 points la lésion neurologique (absence, radiculaire, médullaire
incomplète, médullaire complète, compression médullaire + 1). Le
Classifications : conclusion traitement chirurgical était recommandé au-dessus de 4 points.
Pour conclure le chapitre des classifications, nous insistons sur Aucune classification ne s’intéresse aux lésions isolées des proces-
le fait que toutes décrivent les lésions et individualisent d’une part sus épineux ou transverses. Les fractures des processus épineux
peuvent être associées à des lésions en flexion ou en extension.
Quant aux fractures isolées des processus transverses, elles ont la
réputation d’être bénignes [14] .
Figure 18. Fracture par ouverture discale sur rachis ankylosé. Figure 20. Fracture en « trait de lime » sur rachis ankylosé.
Blessés conscients
Pour les blessés parfaitement conscients souffrant de la région
craniocervicale, l’examen neurologique est noté, le rachis cervi-
cal est immobilisé par un collier et les radiographies du rachis
cervical sont réalisées. Classiquement, cinq incidences sont effec-
tuées : face, profil, face bouche ouverte et obliques. Mal réalisées,
les incidences obliques sont dangereuses et un protocole compre-
nant face, profil, face bouche ouverte est considéré comme
suffisant [17, 18] . Il n’y a pas lieu de réaliser systématiquement des
radiographies du rachis cervical qui peuvent être inutiles ou mal
interprétées par un médecin insuffisamment entraîné chez un
blessé monotraumatisé ne souffrant pas de la région craniocer-
vicale.
L’étude américaine Nexus [19] précise qu’il n’est pas nécessaire
de faire de radiographie : en l’absence de douleur à la pression
des épineuses, de déficit neurologique, de trouble de la vigilance,
d’intoxication, d’une autre lésion douloureuse pouvant occulter
une fracture du rachis. Ces cinq critères auraient une valeur pré-
Figure 19. Fracture en « trait de scie » sur rachis ankylosé. dictive négative de 99,8 %.
L’étude canadienne [20] sur les patients sans trouble de la
vigilance précise qu’en l’absence de critère en faveur d’un trau-
cervicocéphalique sont suspects d’avoir une lésion du RCI et matisme même bénin du rachis cervical, les radiographies sont
sont manipulés en monobloc et transportés immobilisés. Les indiquées s’il existe un risque lié au terrain, aux circonstances de
précautions semblent connues universellement car l’étude pros- l’accident, à l’examen clinique initial, ou si le patient est inca-
pective du symposium de la Sofcot 2001 n’a retrouvé que 3 % pable d’effectuer une rotation cervicale de 45◦ vers la droite et la
d’aggravation neurologique au cours du transport. gauche.
Blessés confus
Pour les blessés confus, polytraumatisés, intoxiqués, le scanner
est plus sensible que les radiographies [18] et est rarement pris en
défaut face à l’IRM. Le scanner multicoupe millimétrique permet
d’explorer en quelques secondes le rachis cervical et peut être asso-
cié à l’exploration d’autres régions. Son irradiation est compensée
par son bénéfice.
Chirurgie par voie combinée neurologique, comme les tassements corporéaux et les
fractures comminutives non déplacées, et parfois pour les
Ce n’est pas l’attitude chirurgicale habituelle de la prise en
lésions articulaires sans déplacement et les tear drops sans
charge des lésions ostéoarticulaires du RCI. Le recours aux doubles
déplacement.
abords survient lorsque la voie choisie initialement s’avère insuf-
fisante, lorsqu’il y a un déplacement secondaire ou lorsqu’une
complication neurologique imprévue survient [6] . Chirurgie par voie antérieure
Elle est préférentiellement indiquée pour :
Indications thérapeutiques • les entorses graves ;
• les fractures-éclatements du corps vertébral ;
Elle fait appel à l’expérience et à la formation qu’a l’opérateur. • les hernies discales ;
Il n’y a pas d’attitude univoque. Nous allons tenter de résumer les • les tear drops ;
indications en fonction de notre expérience et de la revue de la • les lésions discales autres que les hernies (ouvertures discales,
littérature [6, 26, 30–41] . antélisthésis et rétrolisthésis traumatiques).
Résultats et séquelles récupérèrent partiellement ou totalement une fois sur deux. Les
patients Frankel D ont une fois sur deux une récupération partielle
Traumatismes sans lésion traumatique et une fois sur six une récupération totale.
Quelle que soit l’atteinte neurologique médullaire, il y a d’une
sur l’iconographie et sans trouble part des risques d’aggravation spontanée, même avec un traite-
neurologique ment bien conduit, par œdème ou nécrose médullaire, et d’autre
part des risques de décès surtout chez les sujets âgés présentant
Il s’agit de l’éventualité la plus fréquente qui représente les une tétraplégie complète ou quasi complète. Les complications
séquelles des traumatismes en « coup de fouet » cervical, whiplash respiratoires sont la première cause de mortalité.
des Anglo-Saxons ou « fléau cervical » des Français. Nous ne par- Les mêmes principes sont applicables aux patients présentant
lons ici que des entorses « bénignes » du RCI qui correspondent une lésion médullaire sur canal rétréci ou étroit sans lésion trau-
aux grades I, II, III de la classification du Quebec Task Force [8] . matique décelable [58] .
Les doléances sont souvent plus importantes qu’après les trauma-
tismes avec fractures [42] . Ceci est paradoxal. La symptomatologie
associe douleur avec irradiation dans les épaules, raideur cervicale
avec anxiété [43] . Il est communément nommé syndrome subjectif
Conclusion
des traumatisés du RCI. Pour Kamper [43] , la récupération s’effectue Sur les lieux de l’accident, les traumatisés du RCI doivent
dans la majorité des cas en 3 mois, date à laquelle le pronostic bénéficier d’une manipulation monobloc et d’un transport avec
serait établi [42] . Les patients qui récupèrent le mieux sont ceux immobilisation. Les radiographies standards sont face, profil et
qui ont été traités par physiothérapie [44, 45] . Le port du collier cer- bouche ouverte. Le scanner est l’examen-clé pour explorer l’arc
vical plus de 2 jours fut un élément péjoratif pour Dehner [46] . postérieur et en cas de doute. L’IRM est l’examen-clé pour explo-
Pour Scholten-Peeters [47] , le seul facteur prédictif de mauvais résul- rer le contenu du canal vertébral. Pour interpréter l’iconographie,
tat fut l’intensité de la douleur initiale. Pleguezuelos Cobo [48] y il faut connaître l’anatomopathologie des lésions et savoir indi-
ajouta l’âge avancé et l’anxiété initiale, et Sterling [49] y ajouta le vidualiser les lésions osseuses et les lésions ligamentaires. Il faut
milieu socioéconomique faible. Carstensen [50] retrouva d’une part donc pouvoir classer les lésions en différents types adaptés à la
comme facteur de non-reprise du travail, un état douloureux préa- classification que l’on utilise. L’examen neurologique doit être
lable à l’accident, le sexe féminin, un bas niveau d’éducation, le mentionné permettant d’individualiser les patients avec ou sans
chômage et le statut d’ouvrier, et d’autre part comme facteur de troubles neurologiques et les patients pour lesquels l’examen
douleur cervicale résiduelle importante, un état douloureux et une neurologique n’est pas réalisable ou n’est pas fiable. Le diagnos-
anxiété préalables à l’accident, le sexe féminin et un bas niveau tic établi, le patient doit être pris en charge par un thérapeute
d’éducation professionnelle. entraîné connaissant la lésion du blessé.
L’étude de la littérature montre une discordance sur l’évaluation Les patients avec troubles neurologiques ont un traitement
des séquelles. associant réduction, décompression, contention lorsqu’il a une
Represas [51] nia même l’existence des séquelles car elles seraient lésion traumatique osseuse ou discoligamentaire. Les patients avec
fonction du type légal d’indemnisation et variables d’un pays à troubles neurologiques consécutifs à des traumatismes sans lésion
l’autre. Mykletun [52] pensait que la difficulté à obtenir une indem- discoligamentaire ou osseuse traumatique ou avec lésion trauma-
nisation était la cause de l’anxiété et Carroll [53] pensait que la tique minime, et associés à un canal étroit, sont essentiellement
réparation légale était facteur de guérison. Le problème est donc traités médicalement au début. Dans ces deux cas, le pronostic est
encore flou... et ce d’autant plus que certains comme Kehr [54] essentiellement fonction de l’intensité initiale de la lésion neuro-
ajoutèrent le « syndrome céphalique ascendant » avec syndrome logique.
vertébrobasilaire qui serait dû à une souffrance de l’artère verté- Les patients sans trouble neurologique et présentant une lésion
brale. osseuse et/ou discoligamentaire instable sont en général opérés,
les autres sont traités médicalement. Leur pronostic est excellent.
Déformations post-traumatiques
L’évolution spontanée se fait vers l’aggravation en cyphose et Références
le retentissement neurologique par compression et étirement de
la moelle [55] ; elle peut nécessiter une correction chirurgicale. [1] Allen BL, Ferguson RL, Lehman RT, O’Brien RP. A mechanistic clas-
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mement modérée. Mais là aussi, les facteurs péjoratifs que nous [4] Argenson C, Lovet J, Sanouiller JL, de Peretti F. Traumatic rotatory
avons décrits pour les traumatismes par fléau cervical sont retrou- displacement of the lower cervical spine. Spine 1988;13:767–73.
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atteintes médullaires [6] sont nettement plus graves. Classification of injuries of the subaxial cervical spine. In: Aebi M,
Pour Dvorak [56] , l’intensité de la récupération était d’autant plus Arlet V, Webb J, editors. AO Spine Manual. vol 2 Stuttgart: Thieme
faible que l’atteinte initiale était importante. Pour Ditunno [57] , Verlag; 2007. p. 20–38.
la récupération pouvait être prévue dès la première semaine en [8] Spitzer WO, Skovron ML, Salmi LR, Cassidy JD, Duranceau J,
fonction de l’intensité de l’atteinte car elle était plus faible chez Suissa S. Scientific monograph of the Quebec task force on whiplash-
les patients les plus gravement atteints. associated disorders: redefiding “whiplash” and its management.
Dans l’étude prospective du symposium de la Sofcot [6] , les Spine 1995;20(suppl8):1–73.
patients Frankel A s’améliorèrent d’un grade ou deux et passèrent [9] Roy-Camille R. Rachis cervical traumatique non neurologique. In:
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F. de Peretti (deperetti.f@chu-nice.fr).
M. Challali.
Service de traumatologie-orthopédie, Hôpital Saint-Roch, Centre Hospitalier Universitaire de Nice, 5, rue Pierre-Dévoluy, 06006 Nice cedex 1, France.
Toute référence à cet article doit porter la mention : de Peretti F, Challali M. Traumatismes récents du rachis cervical inférieur chez l’adulte. EMC - Appareil
locomoteur 2012;7(4):1-15 [Article 15-826-A-10].
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Fracture en « trait de lime » après déplacement, décès du patient.
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