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CHAPITRE 3 : OUVRAGES DE SOUTENEMENT

Introduction :

Les ouvrages de soutènement des terres sont essentiels en génie civil. Les murs de soutènement sont
partout et seulement peu de personnes les remarquent. Sur un tronçon de route par exemple d’une
trentaine de minutes, on observera plusieurs ouvrages de soutènement. Les murs de soutènement
retiennent le sol et assure la stabilité d’ensemble. Il ya plusieurs types de murs de soutènement : les
murs – poids sont en gabions, en béton, en maçonneries et en pierre. Actuellement, le béton est le
plus utilisé pour les murs de soutènement (murs cantilever). Les gabions sont les grillages remplis de
pierres qui sont aussi utilisés pour le soutènement et dimensionnés comme les murs –poids, leur
drainage rapide et aisé constitue un avantage majeur. Les murs en gabions sont moins couteux que
les murs –poids en béton, d’où leur utilisation massive pour les soutènements des talus de route par
exemple.

1.1. Approche technologique

La présentation schématique des différents ouvrages de soutènement montre (Figures 3.1 à 3.4):

Figure 3.1 : mur –poids Figure 3.2 : mur en piles

Figure 3.3 : mur en gabions Figure 3.4 : mur en béton armé

La réalisation de ces murs demande une bonne maîtrise technologique (figures 3.4 et 3.5).

Figure 3.5 : réalisation du mur en gabions Figure 3.6 : réalisation d’un mur cantilever

Alors que le murs –poids restent stables du fait de leur important poids, les murs cantilever
eux sont stabilisés par optimisation du calcul béton armé (acier et béton) ; ces derniers ont des
dimensions géométriques plus petites. Le choix d’un type de soutènement est fonction de plusieurs
paramètres (ampleur, coût, délais, maîtrise technique, architecture, accessibilité).

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1.2. Stabilité des murs de soutènement

Le mur est stable s’il ne peut ni glisser sur sa base, ni se renverser par rotation, ni poinçonner.
En outre, on doit vérifier l’état de tensions à la base du mur pour prévenir des déformations
exagérées (figure 3.7).

Figure 3.7 : déformations possibles du mur de soutènement (volontairement exagérées)

Considérons le mur de soutènement suivant (figure 3.8) réalisé sur un sol de portance de
200kN/m², le poids volumique du sol homogène en place est γ = 18kN/m3, d’angle de frottement
interne ϕ =35° et pour lequel le coefficient d’adhérence entre le béton et le sol est f = 0.3:

Figure 3.8 : exemple d’un mur de soutènement

1. Vérification au glissement

Pour vérifier le mur au glissement, on doit :

1.1. Vérifier que la butée est considérée ou négligée ;


1.2. Faire le bilan de toutes les forces en présence ;
1.3. Faire la somme de toutes les forces qui tendent à déplacer le mur vers la gauche ;
1.4. Faire la somme des forces qui tendent à s’opposer au déplacement vers la gauche ;
1.5. Calculer le coefficient de sécurité et le vérifier.

Appliquons donc cette démarche au cas d’école de la figure 5.8.

 Le schéma ici montre clairement que la butée existe, et donc elle n’est pas négligée. Comme
tenue de la configuration simple (sol homogène et horizontal, pas de surcharge, pas de
cohésion), on peut utiliser l’approche de Coulomb pour la détermination des coefficients de
poussée et de butée : ka = tg²(∏/4- ϕ/2) = tg²(45-17.5) = 0.271

KP = tg²(∏/4-+ϕ/2) = tg²(45+17.5) = 3.69

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 Le bilan des forces et poids en présence se résume comme suit :

Ws : poids du sol = (2 × 6) × 18 = 216 kN

W1 : poids du béton de la fiche (mur) = (0.5 × 6) × 25 = 75 kN

W2 : poids du béton de la base du mur = (1 × 3.5) × 25 = 87.5 kN

W : Poids total = WS+W1+W2 = 216 kN + 75 kN + 87.5 kN = 378.5 kN

Ha : poussée = (KaγH) H/2 = (0.271 × 18 × 7) × 7/2 = 119.5 kN

et Hp : butée = (KPγ H) H/2 Hp = (3.69 × 18 × 1) × 1/2 = 33.2 kN

F : force de frottement à la base du mur = coefficient de frottement × poids total F = 0.3 × 378.5 =
113.55 kN

N.B : les directions et sens de ces forces sont déjà indiqués sur la figure 3.8.

 Forces qui tendent à déplacer le mur vers la gauche : Ha (uniquement) = 119.5 kN


 Forces qui tendent à s’opposer au déplacement : Hp et F ; Hp + F = 33.2 + 113.55= 146.75 kN
 Calcul du coefficient de sécurité : par définition,
somme des forces qui s′opposent au glissement 146.75
le coefficient de sécurité = somme des forces de glissement
= 119.5 = 1.23

Pour assurer la stabilité au glissement, on doit vérifier que le coefficient de sécurité est
supérieur à 2 (cas où la butée est considérée) ou supérieur à 1.5 (cas où la butée est négligée).

Nous avons un coefficient de sécurité de 1.23, donc inférieur à 2 ; par conséquent le mur n’est
pas stable au glissement.

Que faire dans ce cas ?

On peut augmenter la butée ou modifier le matériau sous le mur pour accroitre le frottement.

2. Vérification au renversement

La rotation du mur peut se faire autour du point A.

Pour vérifier le mur au renversement, on doit :

2.1. Vérifier que la butée est considérée ou négligée ;


2.2. Calculer la somme de moments moteurs ;
2.3. Calculer la somme des moments résistants ;
2.4. Calculer le coefficient de sécurité et le vérifier.

 Butée considérée dans ce cas d’étude.


 Somme des moments moteurs : deux forces peuvent avoir des moments moteurs ici, Ha et F.
Le bras de levier de Ha est de H/3 (distribution des contraintes dans le sol) et celui de F est 0
(la force passe par le point A) : somme des moments = Ha x H/3 = = 119.5 × 7/3 = 278.8 kN.m
 Somme des moments résistants : les forces qui peuvent avoir des moments résistants sont
Ws, W1, W2 et HP . La somme des moments résistants est donc = W1 × (1 + 0.5/2) + W2 ×
(3.5/2) + Ws × (1.5 + 1) + Hp × H/3 = 75 × (1 + 0.5/2) + 87.5 × (3.5/2) + 216 × (1.5 + 1) + 33.2 ×
1/3 = 797.94 kN.m

 Calcul du coefficient de sécurité : par définition,

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somme des moments résistants 797.94
le coefficient de sécurité = somme des moments moteurs
= 278.8 = 2.86

Pour assurer la stabilité au renversement, on doit vérifier que le coefficient de sécurité est
supérieur à 2 (cas où la butée est considérée) ou supérieur à 1.5 (cas où la butée est négligée).

Nous avons un coefficient de sécurité de 2.86, donc supérieur à 2 ; par conséquent le mur est
stable au renversement.

3. Vérification au poinçonnement

Pour assurer la stabilité au poinçonnement, on doit :


3.1. Vérifier l’état des tensions sous le mur ;
3.2. Trouver le centre de gravité du système ;
3.3. Trouver l’excentricité à partir de la somme des moments moteurs ;
3.4. Déterminer la position de la résultante de toutes les forces verticales ;
3.5. Trouver la contrainte générée par le mur sur le sol ;
3.6. Comparer la contrainte trouvée avec la portance et conclure.

 Etat des tensions sous le mur : quand la résultante des forces est appliquée dans le tiers
central de la base du mur alors il n’ya pas de tensions sous le mur (figure 3.9).
Diviser la base en trois parties, le milieu du tiers central se trouve entre P et Q.

Figure 3.9 : définition du tiers central du mur de soutènement

 Recherche du centre de gravité du système :

Soit X, la distance du centre de gravité au point A ; on a le poids total (mur et sol en


place) W = 378.5kN. On a alors : 378.5X = W1 × (1 + 0.5/2) + W2 × (3.5/2) + Ws × (1.5 + 1)

Donc 378.5X = 786.87 ; on en tire X = 2.08m

 Recherche de l’excentricité : Soit e l’excentricité (distance entre le point d’application


de la résultante et le centre de gravité du mur). On a trouvé la somme des moments moteurs
= 278.8 kN.m, ce qui doit être équilibré par Wxe (moment du poids total). Donc : Wxe = 278.8
278.8
et par conséquent e = = 0.75m
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Figure 3.10 : excentricité du mur

 Position de la résultante des forces verticales

Le centre de gravité de tout le système (mur et sol en place) est placé à 2.08 m à partir du point A. On
vient de trouver une excentricité de 0.75m ;

Donc la résultante sera appliquée à la distance 2.08 m - 0.75 m = 1.33 m du point A. Evidemment
l’excentricité se trouve du côté gauche du centre de gravité du fait du moment de renversement
(figure 3.10). La résultante se retrouve dans le tiers central de la base (figure 3.10), donc pas de tension
à la base du mur.

 Contrainte genrée par le système :


L’excentricité par rapport à la ligne centrale est égale à 1.75m – 1.33 m = 0.42 m

Figure 3.11 : excentricité par rapport à la ligne centrale

Trouvons les dimensions réduites de la base par rapport à cette excentricité :

Il n’y a pas d’excentricité dans le sens de la longueur, donc L’= L (on travaille souvent sur 1m).

Dans le sens de la largeur : B’ = B - 2e = 3.5 – 2 x 0.42 = 2.66 m

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La contrainte est calculée sur la surface réduite B’ x L’ ;

σ = W/( B’ x L’ ) = 378.5/(2.66x1) = 142.29 kN/m²

Comme on a σ strictement inférieure à la portance du sol (142.29kN/m² ˂ 200 kN/m²), il n’y a pas
risque de poinçonnement à la base.

Dans le cas contraire, on serait amené à améliorer le sol en place ou à agrandir les dimensions de la
base.

CAS DES MURS - POIDS

Sur les murs - poids, la pression des terres est limitée par le poids du mur. La figure 3.12 présente un
mur -poids simple. Les murs- poids modernes sont en béton ; le mur-poids peut céder suivant trois
voies :

1. Le glissement ;
2. Le renversement ;
3. Et le poinçonnement.

Figure 3.12 : mur-poids simple

 Stabilité au glissement : on doit vérifier que Ha ˂ F où F est la force de frottement entre la


base et le sol (F= W x tgδ) avec W poids du mur et δ angle de frottement entre le mur et le
F
sol. Le facteur de sécurité est Ha , à vérifier comme pour le mur cantilever.

 Stabilité au renversement : le mur de soutènement peut faire une rotation autour du point A
Moment moteur = Ha x h/3 et moment résistant = W x a
Facteur de sécurité = moment résistant/moment moteur = 3Wxa/Ha.h

 Stabilité au poinçonnement : vérifier l’absence des tensions à la base du mur et calculer la


contrainte comme pour le cantilever.

CAS DE PRESSION D’EAU SUR UN BARRAGE

 Distribution de la pression d’eau


La pression de l’eau est identique dans toutes les directions, la contrainte horizontale en un
point dans l’eau est égale à la contrainte verticale au même point :
σh = σv = γw x h ; avec γw = densité de l’eau (environ 9.81kN/m3) et h profondeur du point.

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Figure 3.13 : pression de l’eau sur un barrage

La poussée totale est à considérer sur l’ensemble du triangle des contraintes ;

F = γw x h x h/2 = γw x h²/2

Et on peut déduire le moment moteur M = F x h/3 = γw x h3/6 et le reste comme d’habitude.

CAS DE MURS EN GABIONS

Les calculs dans le cas de murs en gabions ne sont pas différents de ceux des murs- poids
réguliers. La pression des terres est calculée et la stabilité au glissement et au renversement assurée.
Les filets de gabions sont disposés suivant différentes dimensions, la dimension typique est de 3ft de
section. Les filets de gabions sont assemblés pour constituer un mur (figure 3.5).

Eude d’un cas de mur en gabions

On désire soutenir une zone de 4.5 m de hauteur à l’aide d’un mur en gabions. Les rangées de
gabions de 1.5 m sont disposées comme sur la figure 3.14. Trouver le facteur de sécurité de ce mur en
gabions.

On donne :

Densité du sol γ = 17.5 kN/m3

Angle de frottement interne du sol = 30°

Angle de frottement entre le mur et le sol δ = 20°

On suppose que la nappe est drainée.

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1. Le coefficient de poussée est : ka = tg² (45- 30/2)= 0.333 et la poussée des terres est Ha =
ka x γ x h²/2 = 0.333x17.5x4.5²/2=59 kN
2. Déterminons le poids des gabions en supposant leur densité = 22.85 kN/m3

On a 6 filets de gabions : W = 6 x 1.5 x 1.5 x 22.85 = 308. 475 kN

Poids des terres : 3 x 1.5 x 1.5 x 17.5 = 118.125 KN

Le poids total est donc : W = 426.6 KN

La force résistante au glissement est F = W x tgδ = 426.6 x tg 20 = 155.27 KN


F
Le coefficient de sécurité est donc = = 155.27/59 = 2.63 > 2 OK
Ha

3. Le moment moteur de rotation autour du point D agit en h/3,


M= Ha x h/3 = 59 x 4.5/3 = 88.5 kN.m

Figure 3.15 : points d’application des poids

Il ya en tout 6 blocs de gabions et 3 blocs de terres, donc :

Le moment résistant du fait des 3 blocs ABC est : 3 x (1.5 x1.5) x 0.75 x 22.85 = 115.68 kN.m

Le moment résistant du fait des 2 blocs DE est : 2 x (1.5 x1.5) x 22.25 x 22.85 = 347.03 kN.m

Le moment résistant du fait du bloc F est : 1 x (1.5 x1.5) x 3.75 x 22.85 = 192.8 kN.m

Le moment résistant du sol posé sur les filets de gabions :

1 x (1.5x1.5) x 2.25 x 17.5 + 2 x (1.5 x 1.5) x 3.75 x 17.5 = 383.9 kN.m.Le moment résistant total est
alors = 115.68 kN.m + 347.03 kN.m + 383.9 kN.m = 846.61 kN.m

Le coefficient de sécurité est donc = 846.61 kN.m/ 88.5 kN.m = 9.56 > 2. OK

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Plusieurs autres formes de soutènements peuvent être envisagées comme les billes de bois
assemblées (figure 3.15) ou les murs de terres renforcés avec des tirants (figure 3.16).

Figure 3.15 : billes assemblées Figure 3.16 : terres avec tirants

FIN DE CHAPITRE (voir fiche de TD)

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