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L'Afrique occidentale française est créée en 1895 pour regrouper au sein d'un même
ensemble, sous une administration commune, les colonies françaises d'Afrique occidentale,
initialement le Sénégal, la Guinée, la Côte d'Ivoire et le Soudan. Elle est étendue rapidement
au Dahomey en 1899 ; ensuite, la Mauritanie en 1920, le Niger en 1922 sont érigés en
colonies. En 1919, la Haute-Volta est constituée à partir de territoires enlevés au Soudan ;
dissoute en 1932, dépecée entre la Côte-d'Ivoire, le Soudan et le Niger, elle est reconstituée en
1947. L'AOF, étendue, de fait, au territoire sous mandat du Togo, réunit ainsi 4 689 000 km2,
avec 10 millions d'habitants à sa formation, 13 millions en 1921 et 25 millions en 1958. Elle
était alors sans doute trop vaste et trop diverse pour constituer une unique fédération
indépendante.
Les limites et le régime des différentes colonies furent modifiés à plusieurs reprises,
notamment par les décrets du 1er octobre 1902, du 18 octobre 1904, du 1er mars 1919, pour
tenir compte de l'avancée de la conquête. C'est seulement dans les Quatre Communes du
Sénégal, tôt acquises à la France, que les représentants de la population sont élus au Conseil
général et que les indigènes reçoivent le droit de suffrage, sans abandonner leur statut
personnel. Mais cela reste une exception ; dans les autres colonies, on voit seulement la
présence de deux, puis quatre notables désignés, à parité entre citoyens français et sujets
indigènes, par le gouverneur.
Des décrets, pris le 30 mars 1925, doivent associer les Africains à la gestion de leurs
intérêts, en instituant des collèges électoraux indigène, sur le modèle adopté en 1920 pour le
Sénégal. Toutefois ces collèges sont limités à plusieurs catégories de notables, âgés de plus de
vingt-cinq ans, et ils désignent seulement trois membres des conseils d'administration dans les
colonies jugées les plus avancées : Soudan, Côte d'Ivoire, Guinée et Dahomey. En Mauritanie
et Haute-Volta, il y a seulement quatre notables nommés : deux citoyens français et deux
sujets indigènes ; et au Niger, deux notables nommés : un citoyen et un sujet.
La loi électorale de 1946 pour les élections législatives établit le collège unique en AOF.
Elle prévoit deux députés pour le Sénégal, un pour la Mauritanie, un pour la Guinée, trois
pour le Soudan, un pour le Niger, trois pour la Côte-d'Ivoire et un pour le Dahomey ; 1
également pour le Togo. L'AOF compte vingt sénateurs au Conseil de la République, vingt-
deux conseillers à l'Assemblée de l'Union française.
Les assemblées territoriales sont organisées sur la base du double collège. Elles ont des
compétences un peu plus importantes que les conseils généraux métropolitains. Le corps
électoral, formé de catégories de plus en plus larges, passe de 939 454 inscrits en 1947 à 3
202 235 en 1951, avant que soit institué le suffrage universel.
La loi-cadre du 23 juin 1956 dote les huit territoires d'AOF d'un conseil de gouvernement
dont les ministres sont élus par l'Assemblée territoriale, elle-même élue au suffrage universel
avec un collège unique.
À la suite du référendum du 28 septembre 1958, la Guinée devient immédiatement indépendante, tandis que
les assemblées territoriales des autres territoires d'outre-mer choisissent le statut d'État membre de la
Communauté, conformément à la Constitution de la Ve République française et de la Communauté. Dès 1960,
ces États obtiennent leur pleine indépendance.
Décret.
Monsieur le Président,
L'administration des colonies s'est préoccupée depuis plusieurs années de la
nécessité de donner à nos Établissements des Rivières du Sud, de la Côte d'or et du
golfe de Bénin une organisation administrative en rapport avec l'importance
croissante que tendent à prendre ces possessions françaises sur la côte occidentale
d'Afrique. Le
système actuel de rattachement pur et simple au Sénégal est condamné par
l'expérience et doit être remplacé par un régime nouveau, plus approprié aux
besoins et à la situation du pays.
Très éloignées de la colonie proprement dite, n'entretenant avec elle que des
relations peu suivies, les Rivières du Sud en font toutefois partie intégrante au point
de vue administratif. Il y a là une anomalie d'autant plus frappante que les intérêts
du Sénégal et ceux des Rivières du Sud sont le plus souvent distincts et quelquefois
même opposés au point de vue commercial.
En plaçant ces possessions sous l'autorité du lieutenant-gouverneur du Sénégal, le
décret du 12 octobre 1882 n'avait pas défini, d'ailleurs, d'une manière précise les
attributions de ce haut fonctionnaire qui est resté, dans la pratique, en dehors des
missions spéciales dont il se trouvait chargé, un simple intermédiaire entre les
services installés dans la région et le gouverneur du Sénégal, il n'en pouvait être
autrement, du moment que le décret plaçait les Rivières du Sud sous la dépendance
complète du gouverneur au point de vue politique, administratif et financier.
Cet état de choses a paru défectueux à tous ceux qui, connaissant le pays, savent
qu'il est appelé à un grand développement commercial. Il importait donc d'étudier
dans quelle mesure une nouvelle organisation permettrait de doter ces régions d'un
régime autonome, condition indispensable de leur prospérité.
Telle est la mission qui a été confiée par M. le sous-secrétaire d'État des colonies à
une commission dont les travaux et les enquêtes ont permis de préparer, en
connaissance de cause, un projet complet d'organisation.
La commission a dû examiner tout d'abord si les Rivières du Sud avaient les
ressources financières nécessaires à l'alimentation d'un budget spécial, sans avoir
recours soit au Sénégal, soit à la métropole.
L'étude de la question n'a laissé aucun doute sur ce point et a démontré qu'en l'état
actuel, les ressources des Rivières du Sud, telles qu'elles figurent même au budget
des recettes du Sénégal, permettraient de couvrir leurs propres dépenses.
J'ai été dès lors amené à penser qu'il y avait un intérêt très sérieux à accorder à cette
région la gestion d'un budget propre et de lui attribuer une autonomie complète au
point de vue administratif et financier, tout en laissant subsister entre les Rivières
du Sud et le Sénégal une sorte de lien politique qui, sans gêner en rien leur action
respective, tendrait uniquement à régler leurs relations dans l'éventualité possible
d'une action commune sur certains points.
D'accord avec la commission, j'estime que cette autonomie doit s'arrêter à la limite
que je viens d'indiquer et qu'il serait
inutile, et non peut-être sans inconvénient pour le moment, de séparer
complètement du Sénégal les Rivières du Sud en les érigeant en colonie distincte.
Placé directement sous les ordres de la métropole, jouissant d'une indépendance
réelle et de pouvoirs propres, bien définis, disposant d'un budget spécial, le
lieutenant-gouverneur sera réellement en mesure d'assurer d'une manière utile et
complète le développement des intérêts considérables dont il aura la charge.
La réorganisation administrative des Rivières du Sud doit avoir pour conséquence
naturelle une importante modification dans l'organisation de nos établissements de
la Côte d'or et du golfe de Bénin qui, bien que considérés comme dépendances du
Sénégal, sont, tant par leur éloignement que par la différence de leurs intérêts
politiques et économiques, restés en dehors de l'action directe de la colonie.
Ces établissements, rattachés tantôt à nos possessions du Gabon, tantôt à la colonie
du Sénégal, ont été placés par le décret du 16 juin 1885 dans la sphère d'action du
lieutenant - gouverneur des Rivières du Sud.
Ces rattachements successifs témoignent des efforts infructueux qui ont été faits
pour donner à nos comptoirs du Grand-Bassam et de Porto-Novo une organisation
en rapport avec leur situation géographique.
Aussi éloignés du Sénégal que du Gabon, ces établissements ne doivent en réalité
faire partie intégrante ni de l'une ni de l'autre de ces colonies, et il m'a paru en effet
qu'il convenait de leur donner la plus grande autonomie au point de vue
administratif et financier. Les résidents chargés de représenter le Gouvernement
tant à la Côte d'or qu'au golfe de Bénin correspondraient directement avec le
département ; mais comme il pourrait y avoir des inconvénients
à laisser ces fonctionnaires sans contrôle, sans direction supérieure, ils seraient
placés sous l'autorité du lieutenant-gouverneur des Rivières du Sud, auquel ils
transmettraient la copie de leur correspondance.
En résumé, la nouvelle organisation prévoit l'institution de trois groupes distincts
au point de vue financier et administratif : les Rivières du Sud, les Établissements
de la Côte d'or, les Établissements du golfe de Bénin, sous la réserve, d'une part,
qu'au point de vue politique, le gouverneur du Sénégal continuera à être au courant
des affaires
des Rivières du Sud ; d'autre part, que l'autorité générale du lieutenant-gouverneur
des Rivières du Sud s'étendra également sur nos {Établissements de la Côte d'or et
du golfe de Bénin.
Le président du conseil,
ministre du commerce, de l'industrie et des colonies,
P. TIRARD.
Décret.
Art. 11. — L'administration des Établissements Français de la Côte d'or est confiée
à un représentant du
Gouvernement portant le titre de résident, choisi dans le corps des administrateurs
et qui est placé sous l'autorité du
lieutenant-gouverneur des Rivières du Sud.
Ce résident correspond directement avec le sous-secrétaire d'État des Colonies, et
adresse une copie de sa correspondance au lieutenant-gouverneur, qui fait parvenir,
s'il y a lieu, ses observations au sous-secrétaire d'État.
Art. 12. — Il est créé pour les Établissements Français de la Cote d'or un budget
local spécial, distinct de celui des Rivières du Sud. Ce budget, préparé par Ier
résident, est soumis par le lieutenant-gouverneur à l'approbation du sous-secrétaire
d'État ;
Il est rendu exécutoire par arrêté du lieutenant-gouverneur, qui est ordonnateur des
dépenses et qui peut, en cette
qualité déléguer ses pouvoirs au résident.
Art. 13. L'administration des Établissements Français du golfe du Bénin est confiée
à un représentant du
Gouvernement portant le titre de résident, choisi dans le corps des administrateurs
et qui est placé sous l'autorité du
lieutenant-gouverneur des Rivières du Sud.
Ce résident correspond directement avec le sous-secrétaire d'État des Colonies, et
adresse une copie de sa correspondance au lieutenant-gouverneur, qui fait parvenir,
s'il y a lieu, ses observations au sous-secrétaire d'État.
Art. 14. — Il est créé pour les Établissements Français du golfe de Benin un budget
local spécial, distinct de celui des Rivières du Sud.
Ce budget, préparé par le résident, est soumis par le lieutenant-gouverneur à
l'approbation du sous-secrétaire d'État ;
Il est rendu exécutoire par arrêté du lieutenant-gouverneur, qui est ordonnateurs des
dépenses et qui peut, en cette
qualité déléguer ses pouvoirs au résident.
Monsieur le Président,
La situation créée dans le Soudan méridional par les opérations militaires qui ont eu
lieu récemment au sud de Kong et les conflits d'attributions qui s'étaient produits
déjà l'année dernière entre des gouverneurs voisins au
sujet d'incidents survenus dans les contrées avoisinant notre protectorat du Fouta-
Djallon ont appelé mon attention
sur la nécessité, devenue impérieuse, de donner plus d'unité, dans nos possessions
du Nord-Ouest africain, à la direction politique et à l'organisation militaire. C'est
pourquoi j'ai l'honneur de proposer à votre haute approbation un décret qui
constitue un gouvernement général de l'Afrique occidentale française, s'étendant
sur les territoires du Sénégal, de la Guinée française, du Soudan et de la Côte
d'Ivoire, mais laissant à chacune de ces quatre colonies son autonomie
administrative et financière.
Le Dahomey demeurera en dehors de ce gouvernement général ; toutefois, la
nécessité de suivre une même politique dans tout l'ouest africain m'a conduit à vous
proposer, monsieur le Président, d'imposer au gouverneur de cette colonie
l'obligation d'envoyer en duplicata tous ses rapports politiques et militaires au
gouverneur général de l'Afrique occidentale française.
Dans le but d'assurer à la conduite des opérations militaires la même unité qu'à la
direction politique, il m'a paru nécessaire de donner le commandement en chef des
troupes de l'Afrique occidentale française à un officier général ou supérieur placé
sous la haute autorité du gouverneur général.
J'ai fait préparer dans cet ordre d'idées le projet de décret ci-joint, que j'ai l'honneur
de soumettre à votre haute sanction.
Décret.
Art. premier.
Art. 2.
Art. 3.
Art. 4.
Art. 5.
Art. 6.
Art. 7.
Art. 8.
FÉLIX FAURE.
Par le Président de la République:
Le ministre des colonies,
CHAUTEMPS.
Décret du 18 octobre 1904, portant réorganisation du Gouvernement général
de l'Afrique occidentale française.
Article premier.
Article 2.
Article 4.
Article 5.
Article 6.
Article 7.
Article 8.
Les budgets locaux des colonies de l'Afrique occidentale française sont alimentés
par les recettes perçues sur les territoires de ces colonies, à l'exception de celles
attribuées au budget général ou aux communes; ils pourvoient à toutes les dépenses
autres que celles inscrites à ce budget ou à celles des communes. Ces budgets
locaux, établis conformément à la législation eau vigueur, sont arrêtés par le
Gouverneur général en conseil de gouvernement et approuvés par décret rendu sur
la proposition du ministre des colonies.
Les recettes et les dépenses des territoires d'administration directe et des pays de
protectorat du Sénégal forment deux budgets distincts : le premier établi
conformément à la législation en vigueur dans la colonie actuelle du Sénégal; le
second établi par le lieutenant-gouverneur du Sénégal en conseil privé du Sénégal
qui fonctionne
comme conseil d'administration en ce qui concerne les pays de protectorat après
adjonction de deux notables indigènes.
Les recettes et les dépenses de la Mauritanie forment un budget annexe à celui du
Gouvernement général.
Article 9.
Article 10.
Article 11.
Article 12.
Sont abrogées toutes les dispositions des décrets ou arrêtés antérieurs en ce qu'elles
ont de contraire aux présentes dispositions dont l'application sera réglée par des
arrêtés du Gouverneur général.
Article 13.
Le ministre des colonies et le ministre des finances sont chargés, chacun en ce qui
le concerne, de l'exécution du présent décret, qui sera inséré au Journal officiel de
la République française, au Bulletin des lois et au Bulletin officiel des colonies.
Décrète :
Article premier.
Les conseils d'administration des colonies du Haut-Sénégal-Niger, de la Guinée
française, de la Côte d'Ivoire, du Dahomey et de la Haute-Volta sont composés
comme suit :
Le licutenant-gouverneur, président,
Le secrétaire général,
Le procureur de la République ou, à son défaut, un magistrat désigné par le
gouverneur général sur la présentation du lieutenant-gouverneur et après avis du
procureur général, chef du service judiciaire,
Le commandant militaire de la colonie ou, à son défaut, l'officier
réglementairement appelé à le suppléer en cas d'absence ou d'empêchement,
Un chef de service annuellement désigné par le lieutenant-gouverneur,
Le président de la chambre de commerce du chef-lieu de la colonie,
Quatre notables, dont deux citoyens français et deux sujets français,
Les notables sont nommés par arrêté du gouverneur général sur la présentation du
lieutenant-gouverneur ; leur mandat a une durée de deux ans ; il est indéfiniment
renouvelable ; ils doivent savoir parler couramment le français.
Quatre notables membres suppléants, choisis dans les mêmes conditions et nommés
dans la même forme, remplacent en cas de besoin les membres titulaires.
[...]
Article premier.
Article 2.
Article 3.
Le ministre des colonies est chargé de l'exécution du présent décret, qui entrera en
vigueur à compter du 1er janvier 1921.
Signé A. MILLERAND.
Le Ministre des colonies,
Signé A. SARRAUT.
Article 2.
Les sujets français des catégories spécifiées ci-dessus doivent, en outre, remplir,
pour être électeurs, les conditions suivantes :
1° Être âgés de vingt-cinq ans au moins au 1ter janvier de l'année de l'établissement
des listes électorales prévues à l'article 3 ci-dessous ;
2° Être domiciliés dans la colonie où Ils sont appelés à voter depuis au moins un an
au 1ter janvier de cette même année ;
3° Ne pas avoir subi de condamnation pour crime ; ne pas avoir été condamnés
pour vol, escroquerie ou abus de confiance ; ne pas avoir, dans les cinq années qui
précèdent celle de l'établissement des listes électorales, une peine
d'emprisonnement supérieure à un mois ; ne pas être en cours de peine
d'internement ou de résidence obligatoire.
Article 3.
Art. 4.
La liste est établie annuellement, dans le courant du mois d'octobre, et affichée dans
chaque chef-lieu de cercle ou de subdivision et dans chaque mairie, du 15 au 31
octobre.
Toute réclamation pour être recevable, doit être formulée pendant cette période
d'affichage.
Ces réclamations sont présentées oralement ou par écrit aux administrateurs chefs
de cercle, aux maires ou aux administrateurs maires, et consignées sur un registre
spécial.
Art. 5.
Art. 6.
Art. 7.
Art. 8.
GASTON DOUMERGUE.
Par le Président de la République :
Le ministre des colonies,
DALADIER