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Claire CHERAMY

L’HISTOIRE DES STYLES


SOMMAIRE

Avant propos………………………………………………………………………… page 3

Le Style Moyen-âge………………………………………………………………… page 4

Le Style Renaissance………………………………………………………………… page 6

Le Style Louis XIII…………………………………………………………………… page 12

Le Style Louis XIV…………………………………………………………………… page 17

Le Style Régence……………………………………………………………………… page 22

Le Style louis XV…………………………………………………………………… page 27

Le Style Transition…………………………………………………………………… page 34

Le Style louis XVI…………………………………………………………………… page 38

Le Style Directoire…………………………………………………………………… page 45

Le Style Empire……………………………………………………………………… page 51

Le Style Restauration………………………………………………………………… page 57

Le Style Louis Philippe……………………………………………………………… page 62

Le Style Napoléon III………………………………………………………………… page 69

Le Style Art Nouveau………………………………………………………………… page 76

Le Style Art Déco…………………………………………………………………… page 81

Le Style Art Contemporain…………………………………………………………… page 86

Bibliographie………………………………………………………………………… page 90

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AVANT PROPOS

Les styles ne correspondent pas vraiment aux règnes des monarques dont ils portent le nom.
Chaque époque a eu ses avant-gardes et ses conservatismes et les crédences médiévales
flamboyantes se retrouvent jusqu’au milieu du XVIème siècle, tout comme le commode galbée « à
la Régence » séduit encore la veille de la Révolution.
Inversement, c’est sans anachronisme que Louis XV et la comtesse du Barry s’asseyent, avant
1770, sur des fauteuils « Louis XVI » et l’on ne doit pas non plus s’étonner se découvrir des
sphinx et des Egyptiennes sur des meubles d’acajou très antérieurs à l’expédition de Bonaparte.
Du coffre de chêne des temps héroïques au bonheur-du-jour de l’époque Louis XVI, le mobilier
passe en douceur d’une rusticité extrême à un raffinement presque excessif, en observant une
alternance irrégulière entre la droite et la courbe, la ligne er l’ornement, le classicisme et le
maniérisme.
Le XVème siècle flamboyant fait du meuble un élément de décor, le XVIème érudit lui applique
une rigueur architecturale que la fin du siècle alourdit de sculptures en ronde bosse.
Au noyer sombre du mobilier Louis XIII succède la magnificence sculptée et dorée du style Louis-
quatorzien. La Régence se veut sage et classique; puis la rocaille apporte sinuosités, fantaisie et
chinoiseries qui provoquent, vers 1760, la réaction des théoriciens du « style grec ».
De l’avènement de Louis XVI à la chute de Napoléon, la droite règne sur le meuble pendant plus
de quarante ans. La courbe revient timidement sur les aimables meubles en bois clair du style
Charles X, auxquels succèdent le Louis-Philippe et les extravagants pastiches du second empire.
Enfin aux voluptueuses efflorescences Art nouveau succèderont les rigueurs de l’Art déco et du
design contemporain, en attendant peut-être une prochaine offensive des tenants de la fantaisie ?

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Le STYLE MOYEN AGE
Vème Siècle-1492

Contexte historique
Faisant suite à une période très instable et de nombreuses invasions dues à la présence des peuples
nomades comme les barbares, les Goths ou les Francs, le Moyen Age est le début de la
stabilisation du régime en France. Les populations nomades vont peu à peu disparaître pour laisser
place à un peuple français uni et gouverné par un pouvoir centralisé.
Cette réorganisation du royaume, accompagnée d’un climat de stabilité, déclenchent ainsi un
développement artistique notable qui donnera naissance aux arts roman et gothique.

Caractéristiques

Le mobilier du Moyen Age se caractérise en premier lieu par la stabilité exceptionnelle de son
style : du XIème siècle à la fin du XVème siècle ses formes et ses lignes évoluent à peine.
Toutefois cette uniformité est en quelque sorte compensée par l’abondante diversité de
l’ornementation. Ceci s’explique aisément par :
• les meubles de cette époque répondent à des conditions sociales et économiques qui sont les
mêmes dans toute l’Europe.
• En raison de la difficulté et de la lenteur des moyens de transport ; ils reflètent fortement dans
les thèmes et les techniques d’ornementation, les particularismes régionaux ou locaux.
• Le chêne est d’un emploi exclusif jusqu’à la fin du XVème Siècle, époque à laquelle il est peu
à peu détrôné par le noyer.
Outre le bois, seul le fer forgé est utilisé dans la fabrication des meubles. Servant aux pentures,
serrures, poignées, cloutage des tissus, il est le plus souvent apparent et parfois très ouvragé.

L’ornementation

Elle est peinte ou sculptée.


L’incrustation et la marqueterie sont, sinon tout à fait inconnues, du moins très rarement
employées et uniquement en Italie et dans le sud de l’Espagne. Les façades et les montants des
meubles qu’elles décorent sont divisés en nombreux panneaux, juxtaposés ou superposés, servant
de cadre à un motif ou à un sujet ; la symétrie de ces panneaux est parfois assez maladroite.
Les thèmes de l’ornementation sont exclusivement d’inspiration religieuse.
Les thèmes architecturaux évoquent les rosaces, les ogives, les colonnes à crochets, les entrelacs
des églises dites gothiques.
Les thèmes figuratifs reproduisent des scènes évangéliques ou tirées de l’inépuisable légende des
saints.

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Les Créations

Les sièges sont très rudimentaires à cette époque. Ce sont surtout des bancs, trônes ou des
tripodes.
Le banc: simple planche de chêne fixée sur deux ou trois tréteaux, est le plus répandu. Certains
comportent un dossier bas, parfois sculpté ou peint, et des accotoirs de même hauteur que le
dossier.
La chaire : est un siège en bois avec un dossier. Ce dernier s’élève pour être surmonté d’un diais.
Sur le fond de ce siège l’on pose « un carreau » qui est un coussin.
Le faudesteuil: est peut être l’ancêtre du fauteuil, tel le trône de Dagobert à l’armature de bronze et
dont le fond est tendu d’une peau.

chaires du moyen âge

Cathèdre du XVème

Les tissus

En France le lin est communément employé. Le dessin des étoffes est simple et souvent aux
armes du royaume et à fleurs de lys.

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Le STYLE RENAISSANCE
1492-1589

Contexte historique
En France, la première renaissance (1495-1540) débute à la fin du XVe siècle: la grande nouveauté
est le développement du décor architectural. Le milieu français est prêt à changer de mode de vie.
Nous choisissons ici la date de 1497 et la construction de la porte de la tour Hurtault au château
d'Amboise, considérée comme le premier édifice de style Renaissance. Cette période se termine
par l'école de Fontainebleau en Île-de-France: la galerie François Ier au château de Fontainebleau
est terminée vers 1539.

La deuxième renaissance française (1540-1589) commence sous Henri II; les artistes français
prennent la relève de leurs confrères italiens et développent un art savant et original, mélange
d'antique, de Renaissance italienne et de tradition nationale, jusqu'à la fin des Valois.

Nous distinguons trois styles :


- le style Louis XII (1498 à 1515)
- le style François Ier. (1515 à 1540)
- le style Henri II (1540 à t55s)

Caractéristiques

• Bois utilisé : noyer travaillé richement en bas-reliefs.


• Technique : début du tour à bois ; le piètement est souvent tourné.
• Décor : référence à l’Antique comme architecture mais aussi médaillons avec profil.
Rinceaux de feuilles, colonnes fuselées.
• Début du travail du tapissier pour les sièges. Les surfaces dures en bois naturel seront
progressivement remplacées par une garniture de cuir, de tapisserie ou de tissu fin, tendue sur
des sangles et rembourrée de feutre.
• Médaillon : reprise de l’art romain à l’effigie de l’empereur que l’on retrouve sur plusieurs
meubles.

Style Louis XII : ornementation végétale, les fonds ne sont pas très garnis, les feuillages assez fins
sortent d'un axe médian très marqué et prennent naissance dans un vase. Emblème: le porc-épic.

Style François Ier : ornementation plus chargée que sous louis XII. Utilisation de sujets
mythologiques pour la décoration murale.

Style Henri II : moins chargé que le style François Ier. Les fruits sont souvent employés dans un
décor qui est plus géométrique.

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L’ornementation
• Le balustre
• Les rinceaux : enroulements d'acanthes contrariés et alternés, plus légers que ceux de
l'Antiquité
• Les Putti : angelots ou figures dérivés de Cupidon
• Encadrements architecturaux
• Le tondo : tableau de forme ronde ou médaillon
• L'arabesque : composition florale symétrique de feuillages légers autour d'un motif central,
souvent une tige très fine, un ruban noué, une vasque ou un candélabre
• Les grotesques : sans symétrie, contrairement aux arabesques, elles peuvent comporter des
motifs animaliers ou mythiques, elles sont aussi souvent plus légères. En France on parlera
plus souvent de grotesques plutôt que d'arabesques.
• Le mascaron
• La coquille

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Les créations

La grande nouveauté du XVIème siècle est l’intrusion de l’architecte et du dessinateur dans la


conception du meuble. Ainsi apparaît l’ornemaniste, ancêtre de nos décorateurs ensembliers,
designers dont le rôle est désormais inséparable de l’histoire des styles.

Les deux principaux noms attachés au mobilier Renaissance sont Androuet Du Cerceau et Hugues
Sambin.

Les Sièges
• La chaise à haut dossier : cette chaise monumentale possède souvent un fronton. Elle
contient un coffre dans son assise mais perd son dais. Le dossier est formé par des planches
jointes sur lesquelles se développe une ornementation. Applications collées : corniches,
plinthes, chapiteaux. Le fenestrage est remplacé par des rinceaux et le couronnement fait
référence aux arts gréco-romains, par un entablement se terminant par une corniche et une
architrave. On retrouve souvent, sur la partie haute du dossier, un motif en forme d'écusson
ou un miroir (sorte de cercle bombé en bois poli).

• La sedia dantesca : fauteuil en X fait de quatre montants qui se croisent deux par deux en
formant l'arc brisé du gothique; cet arc supporte le siège constitué d'une large sangle de
cuir. Un dossier droit, deux accotoirs et deux patins lui donnent l'aspect d'un faudesteuil.

• La sedia savonarola (ou fauteuil en tenailles) : fauteuil en X issu du faudesteuil médiéval.


Il est constitué de huit montants parallèles affectant un mouvement de contre-courbe
formant un arc en accolade. Le dossier caractérisé par une découpe très sinueuse est
souvent orné, en son centre par un écusson.

Nouveaux meubles

• Le scabello : siège mobile tout à fait caractéristique de la Renaissance italienne. Il apparaît


dès le XVe siècle. Il se caractérise par le curieux assemblage de deux planches, légèrement
inclinées vers le siège muni d’un dossier trapézoïdal. La décoration de ce siège est faite de
mascarons, de volutes et de découpures.

• La chaise à bras : le dossier ne dépasse plus la tête, souvent garnie de coussins mobiles; à la
fin du XVIe siècle, elle sera recouverte de cuir, de tapisserie à gros points ou de damas de
Naples et même de satin. Au XVIIe siècle, elle prendra le nom de fauteuil, sauf à la cour où
elle prendra le nom de chaise. Elle est souvent associée au Style Henri II.

• Le caquetoire : réservé aux femmes, il a une assise trapézoïdale fixe ou à pivot. Du point de
vue du confort, il marque un progrès dans la mesure où les pieds sont reliés soit par des
traverses, soit par une seule entretoise en H.

• Le fauteuil à haut dossier : il apparaît en Italie durant la première moitié du XVIe siècle puis
se développe très rapidement dans toute l’Europe. Le siège, tout comme le dossier, est fait
de cuir gaufré, piqué de gros clous dorés. Sous le siège, deux bandeaux sculptés forment la
décoration.

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Scabello renaissance italienne

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Chaise à dos en noyer sculpté Chaise à bras « en forme de tallemouze » ou
caquetoire

Chaise à bras

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Les tissus :

Couleurs : rouge, vert, or et argent (couleurs héraldiques)


Etoffes : damas, brocatelles, velours d’Italie, tapisseries à points.
Finition à l’aide de gros clous décoratifs à tête forgée.

Etoffe avec fleurs de lys Tapisserie point de Hongrie

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Le STYLE HENRI IV-LOUIS XIII
1589-1661

Contexte historique
Le roi Louis XIII a régné de 1610 à 1643, mais on désigne sous le nom de « style Louis XIII » une
période beaucoup plus étendue qui commence au début du XVIIe siècle et se termine aux environs
de 1660.
Le style Louis XIII s’étend de la mort d’Henri II à la prise de pouvoir de Louis XIV, donc bien
plus longtemps que le règne de l’homme qui en donne le nom. Beaucoup de différentes influences
se croisent en Europe à cette époque : espagnoles, flamandes, et italiennes. Les modes se font et se
défont très rapidement.
Le goût est à la surabondance, les intérieurs sont divisés en de nombreuses pièces et de ce fait la
création de meubles en tout genre s’intensifie. Au départ le style est assez confus mais peu à peu
on assiste à la naissance d’un véritable style national. L’allure est géométrique voire architecturée,
sobre mais massive. Les meubles sont moulurés, tournés et plaqués.

Caractéristiques
Nombreuses influences étrangères (flamandes, italiennes ou espagnoles)

• Les bois les plus utilisés sont : le chêne, le noyer, le poirier.


Bois indigènes (noyer, hêtre) pour les bâtis et pour les sièges
Bois exotiques (ébène principalement) pour la décoration
• Technique du placage qui consiste à recouvrir des bâtis de bois indigènes non précieux par
des épaisseurs d'environ 10 à 12 millimètres de bois exotique afin d'y sculpter des bas-
reliefs. Apparition de la technique dite d'ébénisterie dans la fabrication du meuble.
• Lignes droites
• Utilisation de plusieurs types de tournages :
Tournage Tors : tournage hélicoïdal
Tournage en chapelet : succession de masses ovoïdes
Tournage en balustre : forme de poire
Tournage en tambours : bossages circulaires
Tournage en Salomonique : spirales
• Moulures Tas de sable
Pointes de gâteaux
Pointes de diamants
• Persistance de l'entretoise en H
• Les sièges gardent une traverse de façade qui rappelle les sièges à piètement non ajouré de
la Renaissance (scabello)
Dans l'ornementation des meubles les plus luxueux commencent à apparaître des
marqueteries à base de bois exotiques (ébène, amarante); des métaux (étain, cuivre, argent);

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L’ornementation
• Guillochis
• Oves
• Socles et corniches
• Rinceaux d'Acanthe

Ce qui caractérise le mobilier Louis XIII est le tournage. Les pieds, les entre-jambes des tables,
les montants et les traverses des sièges, les colonnettes d'angle des buffets, se tournent.
Les tournages varient à l'infini. Tournages en chapelet (boules régulières juxtaposées), en
spirales (spirales simples ou spirales comportant un filet), en balustre, en poire, en vase, en
toupie.
On tourne les montants de gauche à droite, mais pour les meubles plus soignés il arrive que
deux montants se faisant vis-à-vis soient tournés en sens inverse.
Notons aussi que deux sortes de tournages différents peuvent décorer une seule et même pièce.
Les colonnettes d'angle des buffets sont quelquefois constituées par des colonnettes tournées,
mais sciées en deux et appliquées par collage sur le meuble.
On emploie aussi la mouluration. De larges et pesantes moulures ornent les corniches, les
socles, les encadrements de tiroirs. Cette mouluration gaine le centre des panneaux. Le décor
est dit alors en pointe de diamant. La moulure est taillée selon une multiplicité de combinaisons
géométriques, (triangle, carré, losange). La surface délimitée par les moulures reçoit une
épaisseur.

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Détails d’accotoirs

Les créations
Le siège, proprement dit se situe à 45 cm du sol au lieu de 50 auparavant. Cette dimension
demeurera inchangée par la suite. La plus grande innovation de l'époque consiste à remplacer les
coussins mobiles, (dits carreaux), qui recouvraient au Moyen Age les coffres, par une garniture
fixe clouée sur le châssis à même du siège. Une couche de crin recouverte d'une très grosse toile
sert de support à la garniture qui peut être de cuir de boeuf doré ou peinte, mais qui est le plus
souvent constituée par de la tapisserie à l’aiguille aux petits points ou de l'étoffe (velours, satin
brocard, taffetas).
Les clous, à grosse tête forgés à la main, constituent un décor car leur grosseur, leur espacement
donnent lieu à des combinaisons variées.

Architectes : Lemercier, Mansard, de Brosse


Menuisiers tourneurs : P. Boulle
Menuisiers en ébène : J. Macé, L. Stabre

Les sièges
C'est à cette époque qu'apparaît le fauteuil. Désormais un fauteuil caractérisé par des accotoirs
(accoudoirs) et un large dossier.
Trois types de fauteuils :
Fauteuil à dossier bas
Le dossier est quelquefois carré, mais il est assez souvent plus large que haut. Le piètement est
constitué de pièces tournées et entretoisées. Une traverse supplémentaire richement ornée réunit les
deux pièces antérieures. Les consoles qui soutiennent les accotoirs sont rigides et terminées par des
têtes de lions, de béliers, ou des corps de femmes.

Fauteuil à haut dossier


Le dossier est plan. II est recouvert d'étoffe qui dissimule entièrement le bois. II est séparé du
siège. Les piétements sont toujours entretoisés, le plus souvent ils sont tournés, mais dans quelques
modèles spécialement riches, ils sont moulurés.

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Fauteuil canné
Des joncs en minces lamelles sont enfilés dans des petits trous pratiqués à l'avance dans le chassis
du siège. L'ornementation est très riche et comporte des volutes, des mascarons et des motifs
floraux.

Chaises
Elles ont les mêmes caractéristiques que les fauteuils, mais sont dépourvues de bras.

Tabourets

Nouveaux meubles

Armoires
Elle apparaît à cette époque et présente un décor en relief très prononcé souvent en pointe de
diamant.
Cabinet
Meuble dont toute la façade comporte des tiroirs, comportant parfois un piètement à colonnettes
torsadées. Les plus précieux sont plaqués d'ébène. Il sert essentiellement à conserver des objets
précieux.

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Les tissus

La soierie tient une place privilégiée dans la couverture des sièges.


Les tons sont assez vifs : jaune, vert, rouge, bleu.
Les satins, les damas, les velours de soie unis ou à larges rayures multicolores, le velours de laine
sont d’un usage courant.
La tapisserie aux petits points représentant des motifs très colorés, le point de Hongrie.
Les peaux, très à la mode, sont de qualités très différentes et de provenances variées. Le cuir de
Cordoue est très réputé
Finitions : clous de cuivre à tête « pointe de diamant » ou clous « perles » de fort diamètre; ces
clous servant souvent d’élément de décor.

Coll. Tassinari et Chatel Panneau de cuir de Cordoue

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Le STYLE LOUIS XIV
1661-1715

Contexte historique
Louis XIV, monarque absolu, impose son style à toutes les créations artistiques de l’époque. Au
delà de la France, son style influencera toute l’Europe. On doit cette réussite au peintre Le Brun
qui gère toute la politique artistique de l’époque.
Comme tout style, il ne s’impose pas dès les premières années. Au départ il s’inscrit dans la
continuité du style Louis XIII, puis au fur et à mesure les grandes lignes s’affirment.

Caractéristiques

Le style se caractérise avant tout par sa symétrie absolue et une dimension importante et
ostentatoire. Inspiration italienne et antique (Rome victorieuse, gracieuse, Julius Caesar, etc.)

Il se distingue par la recherche du grandiose, par la symétrie parfaite des motifs, par l'emploi dans
l'ameublement du bois doré, des marqueteries de cuivre, d'étain et d'écaille (dans lesquelles excelle
André Charles Boulle, qui en recouvre commodes: meubles apparus vers 1690 et dont il est peut-
être l'inventeur, armoires, cabinets et bureaux).

Pour ce style, nous aurions pu ne pas donner le parallèle en architecture ; c'est là un des caractères
principaux du mobilier, nos ébénistes ont su s'affranchir de l'architecture, Les meubles Louis XIV
ne représentent plus rien d'un monument. L'architecture est très sobre alors que le mobilier est très
luxueux. Pour répondre à la magnificence qui caractérise, l'époque, les fabricants de mobilier
sacrifient la logique à la somptuosité. La Construction rationnelle des travaux de menuiserie
disparaît, montants et traverses ne sont plus visibles et ne fournissent plus les éléments de départ
d'une décoration. Des panneaux unis occupent toute la façade et les portes ainsi dissimulées
donnent aux meubles une apparence de coffres pleins, sans ouverture.

• Les bois les plus utilisés sont le noyer, chêne, châtaignier.


• Techniques utilisées : la marqueterie, la laque et le bronze.

Caractéristique des pieds

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L’ornementation

Tous les détails de l'ornementation concourent à donner une impression de richesse : cornes
d'abondance généreusement ouvertes, lourdes guirlandes de fruits et de fleurs, puissants rinceaux,
acanthes fortes et nourries. Et au centre de cette iconographie puissante, le motif royal, le soleil, se
retrouve sur l'or des boiseries, des linteaux, des encadrements de glaces – lesquelles deviennent un
important élément de décor –, sur les bronzes des horloges et du mobilier de Versailles. Le signe
distinctif du règne de Louis XIV est la grandeur et l'éclat. L'art sera rapidement mis au service de la
gloire du roi.

Le mobilier contient une multitude de sculptures et de dorures. Le placage d'ébène s'étend à


d'autres matières telles que le cuivre, l'étain, l'écaille ou les bois de couleurs. On trouve des motifs
tels que des coquilles à nervures, des soleils rayonnant. Les panneaux sont échancrés, à angle droit
et cintré ou cintrés à ressaut. le caractère principal de l'ornement Louis XIV reste la symétrie avec
une exécution parfaite. De l'Antique nous trouvons tous les éléments de décoration : oves, rais de
coeur, godrons et denticules. Sont empruntés à la nature végétale : la feuille de chêne, de laurier,
d'acanthe, les fleurs sont groupées en guirlande. Les crossettes, les palmettes et les culots sont des
interprétations de la feuille d'acanthe. La corne d'abondance symbolise la richesse de la France. Du
règne animal, on emprunte le mufle et les pattes de lion, les dauphins, les aigles. Des animaux
fantastiques on trouve : des chevaux ailés, les griffons et les sphinx.

Les insignes de la royauté : fleur de lis, sceptre. Les emblèmes personnels du roi : le soleil et les
deux L dessinés symétriquement, masque rayonnant et palmette.

Palmette - 1650 Palmette Louis XIV - 1690

L entrelacés

Les ornements nouveaux sont : le fleuron, la coquille. Les fonds sont quadrillés et chaque carré est
orné d'une fleurette. Les rosaces s'inscrivent dans un cercle ou un ovale. Dans l'art oriental on puise
les ornements : personnages chinois et fantastiques, singes.

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Coquilles

Les créations
Le mobilier est de plus en plus luxueux.
Il y a deux sortes de mobilier: le mobilier d'apparat richement orné de placages et d'incrustations
(André-Charles Boulle), de bois massifs dorés et le mobilier bourgeois en bois massif.
Les meubles les plus représentatifs sont sans aucun doute la commode Boulle, le bureau Mazarin et
la table-console

Bureau Mazarin

Peintres : Lebrun – Poussin - Mignard


Graveur : J. Berain
Ebénistes : Boulle et Cucci

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Ornemanistes : Le Pautre, Marot
Sculpteurs sur bois : Caffieri, Girardon
Jardinier – paysagiste : Le Nôtre

Les sièges
Les sièges sont à 45 cm, mais les dossiers sont très élevés. Ils peuvent monter jusqu'à 1,45 m, du
sol. Les accotoirs sont garnis d'étoffe. Cette garniture prend le nom de manchette. Ils se terminent
par une volute ou une crosse reposant sur des montants droits.

Les pieds en façade sont en gaine, en balustre ou en console. Ils reposent sur des griffes de lion,
des boules aplaties ou sur un élément carré.

Petit à petit, les assises vont être ornées d'un coussin, de tissus, de tapisseries à l'aiguille (gros
points, petits points ou cuir doré ou gaufré), de velours de Gênes, ou de Damas, etc..., fixés par des
petits clous cachés par des crépines.
Fauteuils
L'emploi du fauteuil se généralise. C'est un siège à haut dossier rectangulaire, entièrement garni,
sans bois apparent. Les accotoirs sont en bois nu, profondément incurvés et se terminent par des
crosses massives agrémentées de feuillages (souvent feuilles d'acanthe). Le siège carré est supporté
par des pieds sculptés et moulurés en balustre, en gaine, en console. Leurs pieds sont toujours
réunis par une entre-jambe. Quand celle-ci est en X, elle est le plus souvent constituée par 4
volutes s'affrontant pour se réunir au centre dans une agraphe richement sculptée.
Chaises
La chaise ne diffère du fauteuil que par l'absence de bras,
Le fauteuil de commodité, « en confessionnal »:
Ce haut fauteuil se caractérise par l'adjonction au sommet du dossier, de deux demi-lunes
rembourrées, dénommées « oreilles » et destinées à protéger la personne assise des courants d'air.
Tabouret, dit « ployants »
C'est une sorte de pliant mais dont le piètement est constitué de montants en bois sculpté et doré,
d'une grande richesse.
II y a jusqu'à 1 300 ployants à Versailles, car l'étiquette ne permettait qu'aux très grands seigneurs
d'utiliser une chaise ou un fauteuil.
Lits de repos, canapés

Le placet Le ployant

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Fauteuil Louis XIV Fauteuil en confessionnal

Les tissus
Les tissus : velours, damas, lampas, brocart (soierie à motifs rehaussée de fil d’or ou d’argent),
brocatelle, satin, taffetas, soie teintée, moire, crêpe s'enrichissant de fils d'or et d'argent proviennent
des manufactures des Gobelins et de Beauvais
Coloris vifs ayant pour teintes dominantes : le rouge, jaune, vert, bleu.
La passementerie est indissociable des tissus. Finition : clous « perles »cuivre, effilés, dorés.

Brocart réhaussé de fils d’or et d’argent


Coll.Tassinari Coll.Tassinari (chambre du roi à Versailles)

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Le STYLE REGENCE
1715 à 1730

Contexte historique
La régence est une période transitoire durant laquelle une personnalité (généralement de la famille
royale) exerce le pouvoir au nom du monarque en titre, trop jeune, absent, incapable de gouverner
par lui-même ou ne pouvant assumer ses fonctions généralement de roi. L'équivalent républicain de
la régence est l'intérim.

D’un point de vue historique, la Régence couvre la période allant de 1715 à 1723. Celle-ci
correspond à la minorité de Louis XV, durant laquelle le royaume est dirigé par le régent Philippe
d’Orléans.

Caractéristiques
Le style Régence correspond aux années 1700-1720. L’ébénisterie et la menuiserie possèdent alors
la noblesse et la symétrie propre au style Louis XIV, mais se sont débarrassées de ses aspects les
plus formels et solennels en faveur d’une souplesse et d’une grâce annonçant le Louis XV.

Au style pompeux et raide du Versailles de Louis XIV répond l'aimable intimité du style rocaille,
aux lignes assouplies, dont le style Régence est le premier stade, et qui atteindra son apogée avec le
style Louis XV. La coquille, aux bords festonnés, associée à d'autres motifs issus de la nature,
marque le sommet des miroirs et des boiseries et orne les meubles. Ceux -ci, en bois massif ou
plaqués de palissandre, de bois de rose sont désormais moins lourds, plus élégants et plus
confortables.

Charles Cressent (1685 -1768), l'ébéniste le plus représentatif du style rocaille, innove avec le
profil chantourné de ses commodes ventrues à pieds courts, «en tombeau », et avec les mascarons
faunesques et les «espagnolettes » (petits bustes de femmes gracieuses) en bronze ciselé dont il
orne les angles de ses tables et de ses bureaux.

• Les principaux matériaux utilisés sont le chêne, le hêtre, le noyer, le sapin, le peuplier, le
poirier noirci, les bois exotiques, asiatiques et africains importés par la compagnie des Indes.

• Le placage, la marqueterie, la dorure à feuille d’or et les bronzes dorés au mercure sont les
techniques classiques de cette période.

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L’ornementation
Les motifs décoratifs sont :

• les jeux de fond : quadrillés, losanges.


• les motifs humains : espagnolette (à l'origine du sculpteur bronzier Cressent), masques
féminins.
• les motifs animaux : singes, coquilles, ailes de chauve-souris.
• les motifs végétaux : palmette, tournesol, feuilles godronnées, feuilles d'acanthe.
• Les motifs géométriques de marqueterie Boulle.
• les motifs exotiques : plume de paon, pagodes.

Les motifs les plus employés sont la palmette, le visage de femme, et surtout l'espagnolette,
ornementation en forme de torse féminin en relief, inspirée du peintre Watteau. De plus, on
rencontre des symboles de la vie quotidienne (instruments de chasse ou de musique) ou de l'amour
(angelots, couronne de roses).

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Décor du dossier

Les créations
A cette époque, l’étude des chaises nous donne la vision la plus complète de l’évolution ou de la
transition entre le Louis XIV et le Louis XV.

La différence majeure entre une chaise Louis XIV tardif et une autre appartenant déjà au style
Régence est située au niveau des consoles d’accotoirs qui, dans le deuxième cas de figure, sont
légèrement en retrait pour permettre aux robes à paniers d’y trouver place. Typiques de la Régence,
sont également d’une part les manchettes, d’autre part, en ceinture, une traverse frontale en bois
sculpté formant avec le piètement une ligne sinueuse ininterrompue, puis la disparition progressive
de l’entretoise et finalement le choix d’un dossier encadré d’un châssis en bois apparent. Les pieds
galbés, au lieu de se terminer en sabots de biche, présentent généralement une petite volute parfois
agrémentée d’une feuille d’acanthe. Les éléments Louis XIV les plus tenaces sont les montants
rectilignes du dossier et la forme quadrangulaire de l’assise. Quand la transition sera parfaitement
accomplie, la chaise ne possédera plus une seule ligne droite, annonçant ainsi le style Louis XV.

Architectes : Oppenordt, de Cotte


Ebéniste : Cressent
Peintre : Watteau

Les sièges
Ils sont moins encombrants que sous Louis XIV. Le dossier est de plus en plus violoné, les
accotoirs sont plus en retrait dans la chaise. Ils sont recouverts de tapisserie ou de riches tissus, de
garniture particulière : le cannage. Jusque vers 1720. Les fauteuils ont leurs quatre pieds droits ou
légèrement cambrés, reliés par une entretoise en H ou en X. Le bois n'apparaît ni au dossier ni a la
ceinture.

Les fauteuils.
Les bergères à oreilles (Apparition vers 1720/1725).
Les tabourets.
Les banquettes d’applique - canapé - la chaise longue.
Les voyeuses ou ponteuses : chaises sur lesquelles on s'assied à califourchon pour regarder les gens
jouer ou discuter.

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Fauteuils à la reine

Chaine cannée chaise longue

25
La voyeuse

Les tissus

Etoffes courantes : le damas puis le lampas qui est une nouveauté : fond uni à motifs multicolores,
la brocatelle, le velours de gênes et le brocard.
La finition de ces sièges se fait en fond de feuillure avec du galon ou des clous décoratifs en cuivre,
à têtes en forme de perle.
Les coussins sont à plate bande et le raccordement avec le plateau se fait avec un passepoil monté à
la main.
Couleurs dominantes : vert mousse, jaune tilleul, blanc cassé, bleu lavande, rose…

Collection .Tassinari et Chatel

26
Le STYLE LOUIS XV
1730-1760

Contexte historique

Le style Louis XV s'annonce déjà dans le style Régence et se prolonge dans les périodes suivantes,
surtout en province. Il ne coïncide que très approximativement avec le long règne du monarque:
1715-1774.
Le style louis XV succède au style Régence qui en est une ébauche par l'abandon progressif de
l'inspiration classique qui prévalait depuis la Renaissance, et qui se laisse tenter par le baroque.
Comme pour le style Régence, les pièces des demeures sont moins vastes et plus nombreuses. On
doit meubler des pièces telles que le boudoir, les différents salons, la bibliothèque et la salle à
manger vers 1740.
C’est l’âge d’or des favorites qui modèle leur quotidien et leur intérieur à leur préférence, voir à
leurs caprices. De ce fait, les maîtres mots de cette époque sont raffinement, élégance et bien-être.

Caractéristiques
Le style Louis XV est un style que l'on pourrait qualifier de féminin :

• il se caractérise par sa légèreté, en réaction au style Louis XIV où le mobilier devait dégager
de la puissance et imposer le respect au point d'en devenir écrasant : le mobilier Louis XV
est charmant, élégant, léger et invite plus à la détente et aux futilités de la cour qu'à la
solennité.
• c'est un mobilier commandé le plus souvent par ou pour les femmes : celles-ci, en effet,
prennent une place importante à la cour, et font autorité en matière de décoration.

C'est un style d'invention :

On voit ainsi apparaître le pied galbé (dit "pied Louis XV") qui est une évolution des pieds en
forme de pattes animales, mais ici ce sont les pattes de biche, et non plus de lion qui sont prises
comme modèle.
Pour la première fois depuis le Moyen Âge, on voit réapparaître l'asymétrie; il en résulte une
impression de fantaisie, sans pouvoir dire pourquoi au premier coup d'œil.
On donne priorité au décor et plus à la forme utile, par exemple sur les commodes les décors en
bronze se prolongent d'un tiroir à l'autre jusqu'à faire disparaitre l’intersection entre eux.
Le mobilier est repensé pour occuper tout l'espace des pièces, et non plus seulement la
périphérie comme on peut le voir encore de nos jours au Château de Versailles. C'est ainsi que
l'envers des dossiers se fait plus travaillé.
La ceinture des sièges devient galbée en plan mais aussi pour la première fois en élévation
C'est l'apparition du dossier Violoné et du dossier cabriolet (courbe en plan), bien qu’on utilise
toujours le dossier à la reine (droit en plan), violoné ou non.

• Matériaux utilisés : Pour les sièges, ils sont souvent en bois massif, notamment en noyer,
merisier, et acajou (même si cette essence se prête assez mal au siège, car l'acajou est
cassant). Ils sont souvent peints ou entièrement dorés.

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Les nouvelles formes ont nécessité un nouvel outillage : on invente notamment le wastringue pour
réaliser les pieds et les panneaux galbés (cet outil est le dernier outil d'ébénisterie à avoir été
inventé).
De nouvelles techniques sont imaginées pour plaquer les panneaux galbés qui, rappelons-le, ont
une courbure dans deux plans ce qui empêche de préparer la marqueterie à plat.
Dans le domaine du siège, le cannage reste la technique qui apporte le plus de confort, mais pour
des raisons esthétiques on lui préfère souvent une assise de crin et de laine tendue de brocard (le
ressort n’apparaîtra dans les garnitures de siège qu’à partir du début du XIXe siècle).

L’ornementation
C’est le règne des ornemanistes, nouvelle profession ancêtre des décorateurs: ils s'intéressent à un
projet de décoration intérieure dans son intégralité, depuis les lambris, stucs et peintures jusqu'aux
meubles et aux lustres.

Les meubles Louis XV sont souvent ornés de motifs en bronzes dans le style rococo.

Elle est caractérisée par l’emploi des lignes courbes, de la rocaille et thèmes exotiques dans un
esprit d’asymétrie.
Les lignes sont systématiquement courbes, mais pour autant on voit des cassures dans les lignes en
C ou en S.
La rocaille puise sa source dans le répertoire de la nature. Ces créateurs sont les ornemanistes
Oppenordt et Meissonnier.
L’exotisme est très présent, dans un premier temps il est copié des pièces d’Orient, puis il détourné
avec la grâce propre à cette époque.

Les décors sont organisés de manière discontinue de manière à attirer le regard. Ils sont issus de la
faune et de la flore.
La coquille toujours employée est déchiquetée. Quant aux animaux de prédilection, on trouve le
dauphin et la colombe.
Les cartouches sont bombées et encadrées de motifs floraux.
Les fleurs sont stylisées. Elles sont en bouquet, seules ou par trois, souvent placées au sommet du
dossier et entourées de fins feuillages.
La feuille d’acanthe est toujours présente mais effilée. On emploie beaucoup les branches de
chêne, de laurier, d’olivier, les palmiers et les joncs.
Les attributs amoureux, de chasse, de musique, ou pastoraux sont très représentés pour leur
évocation de la douceur de vivre. Il en est de même avec les thèmes orientaux.

28
Les créations

Outre le raffinement des formes et des décors, le siège acquiert plus de confort à cette époque et
cette grâce à l’invention des ressorts.

Les dossiers s’arrêtent généralement au niveau des épaules pour ne mettre en désordre les coiffes.
Cependant, il existe des bergères à oreilles pour s’assoupir.
Les dossiers de forme droite sont dits « à la reine » et les dossiers concaves « en cabriolet ». Ils
sont plus ou moins violonés.

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Les pieds sont en S et se termine par une feuille d’acanthe ou un roquillard (enroulement).
Sous Louis XV, le cannage se fait encore beaucoup.

les menuisiers les plus représentatifs : Jean-Baptiste Gourdin, Nicolas Heurtaut, Lebas, Potier,
Nadal, Pluvinet, les Foliot, Claude Séné, Jean-Baptiste Tillierd, Louis Delanois

Les ébénistes : Cressent poursuit une carrière commencée sous la Régence, de nouveaux noms
apparaissent : Jacques Dubois, Garnier, Nicolas Petit, Adrien Delorme. Il faut aussi noter les
nombreux ébénistes étrangers installés en France, parmi lesquels les plus célèbres du siècle : Œben
(créateur du bureau de Louis XV), B.V.R.B. (Bernard Van Riesenburgh), Lacroix (Roger
Vandercruse), Kemp, Baumbauer.

Vernis laque : les frères Martin

**Obligation de signer les meubles JME (Jurande des Menuisiers Ebénistes**

Les sièges
• Dans le domaine du siège apparaît le dossier droit dit "à la reine" et le dossier concave dit
"en cabriolet" à différentes échancrures
• La bergère, fauteuil de dame large et bas pour accueillir les robes à panier, garni d'un
coussin et de riches soieries à motif de fleurs et chinoiserie
• Le fauteuil de cabinet ou de bureau
• Le fauteuil de paille
• Les tabourets
• Banquettes, canapés. ottomane
• Chaises longues

Duchesse brisée Fauteuil de cabinet

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Fauteuils à la reine

Canapé

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Cabriolets

Bergère ou fauteuil d’aisance

Veilleuse

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Les tissus
Les étoffes sont très variées et la tendance s’oriente vers des tons pastels ( or, vert, bleu, carmin).
Les étoffes à motifs comme le lampas ou la brocatelle sont de fond assez clair aux décors colorés ;
les fonds de damas sont de couleurs plus soutenues.
Dessins d’inspiration chinoise. La majorité des étoffes est en soie.
Les finitions en feuillure sont galonnées, cloutées ou les deux à la fois. Clous « perles » en cuivre.

Collection Tassinari et chatel

33
Le STYLE TRANSITION
1750-1774

Contexte historique
Style qui fait la transition (d'où son nom) entre la nouveauté et l'originalité du style Louis XV, et le
retour à l'inspiration classique du style Louis XVI et de toutes les périodes néo-classiques qui
suivent.

Ce style est né sous l'impulsion d'architectes novateurs qui voulaient se démarquer du Louis XV
qui, malgré son originalité, commençait à partir des années 1750 à stagner dans ses formes,
n'évoluant plus que vers une surenchère ornementale. Face à aux excès de certains ornemanistes,
certains artistes reviennent à la rigueur et à la symétrie fortement inspirée du monde gréco romain.

Caractéristiques
Le mobilier Transition est appelé à l'époque "dans le goût grec", ce qui montre bien qu'il tend à se
rapprocher de l'image qu'ont ses contemporains de l'Antiquité gréco-latine. Influencé par le
néoclassicisme, il aspire à la simplicité d'un mobilier qui s'inspire en grande mesure des Anciens.

Les découvertes d’Herculanum (1738) et de Pompéi (1748), poussent les élites à se passionner
pour les civilisations antiques et contribuent à créer un nouveau style plus épuré. En abandonnant
les excès du rococo du style Louis XV et en adaptant les canons des anciens Romains et la
sensibilité des Lumières.

En quelques années seulement, la ligne droite, le respect scrupuleux des proportions et de


l’équilibre, s’imposent comme les références d’une nouvelle élégance qui fait la part belle aux
influences venues d’Italie mais aussi à l’exotisme dépaysant de la Chine et du monde ottoman.

Les meubles se font plus architecturés, les formes se raidissent, on se remet à employer de l'ébène
et des bronzes d'inspiration antique comme sur les meubles de Boulle. Le galbe est abandonné,
quoique les côtés fussent encore parfois cintrés. La forme caractéristique du style Transition est
celle de la commode dite « sauteuse » : la caisse, droite, est portée par des pieds hauts, droits du
sommet jusqu'au bas de celle-ci, puis cambrés (encore dans le style Louis XV) en-dessous du tiroir
bas. L'ensemble donne l'impression que le meuble est sur le point de bondir, d'où son nom.

• Les principaux bois utilisés sont : le hêtre, le noyer, le frêne.


• Grande nouveauté avec l’usage de l’acajou.

34
L’ornementation
Les deux grandes caractéristiques sont:

• les bronzes d'inspiration antique représentant des figures humaines, de couronnes de laurier,
des postes, des rinceaux, des cannelures, des trophées, des masques d'animaux... Ils
s'épanouissent en haut des pieds et descendent orner les traverses, des griffes renforçant la
chute des pieds
• la marqueterie continue à s'imposer et s'améliore même par rapport au style précédent. On
retrouve les mêmes bouquets de fleurs de plus en plus naturalistes, mais ils sont désormais
concurrencés par des frisages géométriques.

35
Les créations
L'utilisation du chêne se généralise pour la fabrication des carcasses de meubles.
Les laques de Chine sont utilisées de deux façons : Soit elles sont récupérées sur des paravents et
meubles importés puis intégrées à des meubles, soit les carcasses sont envoyées en chine, laquées
sur place puis réexpédiées en France.
De nombreuses matières sont essayées ou intégrées au mobilier en bois. Citons par exemple la tôle
d'acier ou de bronze et la porcelaine de Sèvres.

• La commode reste un meuble très répandu, mais sa caisse se raidit ;


• L'armoire revient à la mode ;
• Le secrétaire à abattant (la partie frontale est constituée d'un panneau fixé par des
charnières de façon à s'ouvrir en basculant vers l'avant) est droit, sans doucine, sur un
piètement encore Louis XV.
• Les bureaux dos d'âne, à cylindre et à lattes. Bonheur du jour.

Nicolas Petit (1732-1791), maître Ebéniste en 1761


Louis Delanois : menuisier en siège, reçu maître en 1761
Nicolas Heurtaut (1720-1771), menuisier en siège, reçu maître en 1753
Jean-Baptiste Boulard : ses sculptures sont particulièrement soignées.

Les sièges
Un fauteuil peut posséder un dossier, des accotoirs et un siège galbé Louis XV mais, ses pieds
tournés ornés de feuille d’acanthe se raccordent à la ceinture décorés de rangs de perles et de
piastres (monnaie) Louis XVI.
Inversement, le dossier, les accotoirs et le sièges peuvent être rectilignes (Louis XVI) mais les
pieds galbés Louis XV se raccordent à la ceinture par un dé carré (ou un dé de raccordement) Louis
XVI.
Il y a ainsi une infinité de nuance.
Apparition du dossier médaillon vers 1765 et des dossiers carrés.

Dé de raccordement

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Chaise transition Fauteuils cabriolets

Fauteuils à la reine

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Le STYLE LOUIS XVI
1774-1790

Contexte historique

Louis XVI accède au pouvoir en 1774 et il n’est pas à l’origine du style qui porte son nom
puisqu’il débute prés de quinze ans avant qu’il ne monte sur le trône.
Il reflète néanmoins l’esprit de Louis XVI et Marie-Antoinette qui tend à délaisser la fantaisie et
l’exotisme du style rocaille au profit de fraîcheur et de naturel. La mode est à la nature, plus ou
moins vraie. On abandonne les appartements citadins pour les petits châteaux champêtres. C’est à
cette époque que les ruines de Pompeï sont découvertes et de ce fait la manière de vivre au premier
siècle de l’ère chrétienne. On est loin de la simplicité mais s’évertue à s’y approcher.

Caractéristiques

Le style Louis XVI est en opposition au style Louis XV : il rejette les formes rocailles du style
Louis XV et revient à la rigueur de forme géométriques inspirées, entre autres, par la découverte de
vestiges de l'antiquité à Herculanum et Pompéi ( deux villes proches de Naples englouties par
l'éruption volcanique du Vésuve).
Ce style est sans conteste le plus apprécié de nos jours, tant par la légèreté de ses formes, que par la
grâce des dimensions. La ligne droite, visible dans les pieds fins, et les fines dorures le
caractérisent particulièrement.
Quand la transition du Louis XV au Louis XVI se fut achevée, le mobilier était toutefois entré dans
l’ère de l’orthogonalité et des courbes circulaires ou elliptiques, ces dernières supplantant les
courbes sinueuses du rococo. Un piètement composé d’éléments fuselés et droits remplaça les
pieds galbés du Louis XV. La grâce et la beauté résidaient dans la perfection des proportions,
l’harmonie de toutes les parties et la division des surfaces en panneaux et leur encadrement.
En outre, le passage du style Louis XV au style Louis XVI est marqué par la pérennité des
extraordinaires qualités techniques développées par les ébénistes parisiens sous le règne du « Bien-
Aimé ».

• En effet, les mêmes bois étaient utilisés, indigènes ou exotiques ; l’acajou, en particulier,
était l’objet d’une véritable ferveur. Ainsi, de simples placages d’acajou étaient adoptés
pour couvrir les bâtis des commodes et recevaient des ornements en bronze doré. Les
dessus de marbre conservaient leur prestige et étaient spécialement choisis en fonction de
leur couleur.
• Les carcasses de meubles de menuiserie sont le plus souvent réalisées en hêtre ou en noyer;
en revanche, s'agissant des meubles d’ébénisterie, on utilise du sapin ou du chêne pour
l’ossature et de l’acajou, de l’amarante ou du bois de violette pour le placage.
• Techniques: La marqueterie: L'acajou, est de plus en plus fréquemment employé; La Laque
d'Extrême-Orient; les vernis français; Les plaques de porcelaines.
Les métaux font leur apparition dans la fabrication du meuble.

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L’ornementation

Le style Louis XVI se caractérise ainsi par une simplicité raffinée, une élégance contenue et une
précision agrémentée d’une abondance d’ornements gracieux et délicats. Jamais avant dans
l’histoire du mobilier français, les ébénistes n’avaient fait montre d’une telle finesse dans
l’exécution des détails. Ils surent faire preuve d’un goût très assuré dans le choix des motifs
décoratifs, assez riches pour alléger l’aridité des formes orthogonales, toujours dans les limites
imposées par une modération assumée. Un trait incomparable du Louis XVI réside dans la minutie
du traitement des ornements par les sculpteurs et surtout par les travailleurs du bronze. En effet, la
qualité des montures de bronze – de véritables bijoux – fait davantage penser au travail d’un
orfèvre qu’à celui d’un fondeur-ciseleur. Parmi les motifs les plus courants, souvent hérités de
l’architecture antique, il convient de citer les denticules, les frises d’acanthe, de chêne ou de perles,
les entrelacs, les rubans, les chapelets et les lancettes.

Aussi empruntés au vocabulaire antique et intégrés au mobilier sont les pilastres, consoles et
balustres. L’élément de loin le plus important sont les colonnes, soit détachées, soit plus
fréquemment engagées, avec chapiteau, fût tourné et cannelé, situées aux angles des commodes et
autres pièces de mobilier.

Les pieds cambrés des styles précédents sont remplacés par des pieds droits, et recoivent des
formes diverses (en carquois, en gaine ou en toupie) mais restent sobres. Le haut des pieds est
souvent orné d'un cube.

La structure du meuble devient géométrique et architecturale : la ligne droite, les arêtes vives, les
surfaces planes inspirées par la copie de l'art antique sont cependant adoucies par l'habileté de
l'ébéniste.
Par exemple : on échancre un panneau carré ou rectangulaire et on place une rosace ou une
fleurette dans les écoinçons
Sobriété, justesse des proportions, équilibre des masses caractérisent le meuble Louis XVI.
Le décor est envahi par l'arsenal des motifs copiés sur les monuments de l'Antiquité Gréco-Latine :
- Colonne, pilastre, cannelures
- denticules, triglyphes, gouttes.
- grecques, postes, entrelacs, piastres, rais de coeurs, rosaces, oves, perles,
- griffes et mufle de lion.
La sécheresse de ces ornements est tempérée :
- par le mélange avec les attributs de la vie champêtre : fruits, feuillages, fleurs; instruments de
musique ou jardinage, - par des éléments empruntés à l'art du tapissier: noeud de ruban, cordelettes,
draperies, franges, festons.

39
Nœud de ruban

40
Les créations
Le style Louis XVI sont généralement plus anguleux que ceux appartenant au style précédent, et
par conséquent moins confortables, en tout cas en apparence.

D’un autre côté, ils présentent plus de variété dans la forme et l’ornement.

La différence majeure entre un siège Louis XV et un siège Louis XVI réside dans le fait que le
première ne possède pas une seule ligne droite, alors que le deuxième est au moins constitué d’un
piètement rigoureusement droit.

Les sièges Louis XVI sont également caractérisés par des éléments très clairement séparés les uns
des autres par des joints de raccordement visibles

Le dossier du siège Louis XVI est simplement mouluré ou sculpté de motifs dérivés des modèles
antiques. Il peut présenter un certain nombre de formes différentes et, quand il est légèrement
concave en plan, il est dit en cabriolet. Les dossiers en forme de médaillon ou de forme
rectangulaire sont particulièrement caractéristiques du style. Un grand nombre présente des formes
carrées (garniture à tableau). D’autres possèdent des montants droits ou légèrement obliques avec
une traverse supérieure en forme d’anse de panier. Au sommet des pieds figurent généralement un
dé de raccordement – un renforcement nécessaire – situé en ceinture et souvent orné de deux côtés
par une rosace.

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Menuisiers en sièges : Jacob, Sené , Boulard, Tilliard
Sculpteurs : Houdon

Les sièges
La variété des sièges est infinie et si longue que la liste ci-dessous n'est pas exhaustive:

Le fauteuil à dossier en cabriolet subsiste, mais les consoles d'accotoirs sont situées dans le
prolongement des pieds antérieurs. Les piètements, sont droits «à l'antique». La forme «en
carquois» est la plus fréquente, c'est-à-dire que les pieds sont constitués par une colonne cannelée
verticalement et évasés au sommet. On remplit quelquefois les cannelures, sur un tiers de la
hauteur, par des baguettes, on dit alors cannelures «rudentées». Les cannelures peuvent aussi être
en spirales.
Le fauteuil à dossier de plan droit, soit carré, soit rectangulaire. Très souvent ce dossier est
échancré à sa partie supérieure ou adopte la forme dite en chapeau.
Le fauteuil à dossier en médaillon
Les chaises sont soit à dossier en cabriolet, à dossier droit, soit à dossier en médaillon, du même
type que les fauteuils, mais la nouveauté est la chaise à dossier ajouré. La découpe la plus courante
est en forme de lyre, mais il en existe qui représente soit une corbeille de vannerie, soit une gerbe,
soit même une montgolfière.
- La Bergère,
- La Marquise,
- Le Canapé,
- Le Fauteuil de bureau,
- Le Fauteuil à coiffer,
- La Voyeuse,
- La Duchesse,
- L'Ottomane.

Voyeuse Chaise à gerbes Bergère

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Fauteuil chapeau de gendarme fauteuils cabriolets

Canapé
Bergère gondole

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Les tissus

Les étoffes sont toujours aussi somptueuses et variées. Les coloris sont plus doux, dans des
gammes de rose, bleu, jaune et vert. Ces étoffes reprennent les motifs utilisés pour l’ensemble des
décors ; entre autres le ruban et le nœud, le bouquet de fleurs, le panier à anse ou de larges rayures
sur lesquelles se fondent de gros bouquets.
Les soieries restent les mêmes : damas, lampas, brocatelle, soieries brochées, velours de gênes
auxquelles il convient d’ajouter le gourgouran : soierie à rayures à deux tons dont la une est
toujours crème.
Lorsque le dossier est en tableau, on applique fréquemment un galon sur l’arête que forme le
bourrelet.
Les finitions sont toujours en fond de feuillure avec galon ou clous perles ou olives.

Collections Tassinari et chatel

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Le STYLE DIRECTOIRE
1789-1804

Contexte historique

Tirant son nom du Directoire, c’est-à-dire du gouvernement des Directeurs qui dura quatre ans, de
1795 à 1799, ce style ne forme pas une entité indépendante, mais doit être défini comme un
phénomène de transition, faisant le lien entre les styles Louis XVI et Empire. En un mot, c’est un
style qui relève à la fois du Louis XVI finissant et des prémices de l’Empire. Déjà sous le règne de
Louis XVI, un mouvement prônant une imitation plus fidèle des modèles antiques avait vu le jour;
ce n’est cependant qu’avec l’Empire qu’il atteignit sa pleine maturité. Si la Révolution de 1789 ne
fut pas à l’origine d’un changement radical dans le domaine du mobilier, elle permit tout de même
d’accélérer le mouvement, celui-ci répondant précisément au goût des révolutionnaires pour les
idéaux républicains des sociétés de l’Antiquité.
Le Style Directoire adopté pendant cette période en ce qui concerne les arts décoratifs,
l’architecture et le mobilier est une évolution du néoclassicisme et il annonce l’empire. Ce style se
veut sobre et les formes carrées.

Caractéristiques
Les formes se simplifient : les courbes discrètes et les lignes droites sans rigidité s'allient dans une
grande élégance. Le style Directoire annonce le style Empire sans en avoir toutefois la lourdeur.

Nombre de pièces appartenant au style Directoire prolonge la tradition classique du Louis XVI,
mais avec un traitement plus sévère. A cette époque friande d’allégories de toutes sortes, les
emblèmes révolutionnaires envahissent le mobilier, le décor mural et les textiles. Parmi ceux-ci
figurent ainsi le bonnet phrygien (liberté), les niveaux à bulle (égalité), les mains jointes
(fraternité), les pics (liberté de l’homme), l’oeil inscrit dans un triangle (raison), les trois ordres de
la nation soit la croix (clergé), l’épée (noblesse) et la pelle sommée du bonnet phrygien (le tiers
état), etc.
Le mobilier se devait d’être la copie conforme de pièces mises à jour par les fouilles de Pompéi, ou
s’inspirer de représentations figurant sur des vases antiques ou des bas-reliefs.

Exécutés en acajou, sièges et lits de repos, aux larges courbes rappelant de manière très
convaincante leurs modèles grecs, sont souvent remarquables dans leur traitement raffiné et
archéologiquement documenté. D’autres types de meubles de cette époque arboraient souvent des
ornements extravagants, à la fois archéologiques et symboliques, comme les glaives romains, la
foudre de Jupiter, des pieds d’animaux crochus et des mufles de lions.

Dans le domaine du siège, deux types très fréquents sont discernables et, à l’instar de tous les
sièges Directoire, leurs pieds postérieurs, de section carrée, présentent une courbure en forme de
sabre. Ceux-ci sont ensuite prolongés par les montants du dossier; ce trait spécifique est le premier
élément que l’on remarque dans les imitations du klismos grec et ne manque pas d’élégance. Des
deux types de siège Directoire, le premier est encore proche du style Louis XV. Le dossier,
légèrement concave, possède des montants évasés formant des angles plus ou moins prononcés
avec la traverse supérieure. Le deuxième possède quant à lui, un dossier renversé en crosse, à la

45
manière du klismos. Communs aux deux types sont les formes des pieds antérieurs, toujours
tournés et fuselés ; les accoudoirs se terminent en pommeaux, volutes ou sont à angle droit et
ornés, au raccordement avec le dossier, d’une palme ou d’une coquille sculptée. Les supports
d’accotoir sont en forme de balustre ou de colonnes ; parfois, comme c’est le cas pour l’un des
fauteuils de Madame Récamier, les supports adopte la forme d’un sphinx ailé ou un motif
similaire.

• L'acajou est le bois privilégié. On peut cependant noter l’usage de bois fruitiers et de noyer.
On voit aussi des ossatures de meubles en hêtre dorées, peintes ou bien plaquées d'acajou.
Peindre les meubles se fait fréquemment, en gris, vert d’eau, tilleul, souvent rehaussés d’un
ton contrasté en camaïeu.
• Les incrustations sont très pratiquées ainsi que la marqueterie et les bronzes pour meubles
en général.

L’ornementation
L’ornementation gagne en sobriété, d'autant que la Révolution a entrainé la fermeture de nombreux
ateliers d'ébénisterie. Le style pompéien prédomine, mais les motifs d'inspiration Renaissance sont
également très à la mode et les premiers décors à l'égyptienne apparaissent, tous interprétés dans
une gamme de coloris très particuliers. Les motifs de stuc ou les sculptures se détachent en
couleurs vives et heurtées sur des parois brun pompéien, les violets, les orangés, le noir étant les
couleurs favorites pour les tentures. S'agissant des motifs, on voit apparaître la palmette et surtout
des motifs d'inspiration antique (cygne, sphynges) ou militaire (casques, trophées, sabres). On note
l'utilisation fréquente de motifs géométriques (losanges, hexagones).

L’ornement sculpté, peu tourmenté à cette époque, se décline en marguerites, étoiles, soupières –
un type de vase antique –, des filets en relief ; le losange, complet ou à angles rabattus, est l’un des
motifs Directoire les plus fréquemment répété.

Les meubles sont souvent laqués.


Le bronze est souvent utilisé pour les piètements et les quelques ornements des tables. Le marbre et
la porcelaine sont alloués à la réalisation des plateaux.

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Les créations
La Révolution eut pour conséquence la suppression des corporations de métiers ; celles-ci furent
en effet supprimées en 1791. Cela signifia que les règles grâce auxquelles les corporations avaient
contrôlé la formation des artisans, leur apprentissage et leur compagnonnage, furent abolies et que
rien n’entravait plus la libre production de biens ouvragés, quel que soit le métier concerné. Les
arts du luxe, comme la production de mobilier, commencèrent ainsi à décliner à partir de cette date,
exception faite du mobilier de prestige exécuté sous le Premier Empire par des artisans ayant
conservé les traditions d’excellence issues des règnes des trois Louis.

David, le célèbre peintre, fit plus pour l’établissement de ce nouveau goût que nul autre. Il dessina
une série de pièces – copies plus ou moins exactes de modèles Gréco-romains – et donna l’ordre à
Jacob de les produire à son attention en 1789 ou 1790. Parmi ces fameuses pièces, figuraient des
sièges en acajou de forme curule avec piètement en X, inspiré du klismos grec, et le gracieux lit de
repos aux lignes pures sur lequel David représenta Madame Récamier.
Le décor intérieur le plus célébré des dernières années de la République appartenait
incontestablement à Madame Récamier. A la pointe de l’évolution stylistique, cet ensemble était
dû au génie de deux hommes, Percier et Pierre-François-Léonard Fontaine, les fameux
ornemanistes.
Le Galuchat est l’artisan qui a inventé le procédé qui consistait à appliquer de la peau de squale
pour gainer les coffrets. Cette peau est de couleur verte et son utilisation est très en vogue à partir
de 1750.

47
Les sièges
Ils sont seuls à révéler l’esprit créateur des artisans. Ils sont légers, élégants et sveltes sans pour
autant être fragiles.

Nombreuses formes de dossiers : renversés à l'arrière dits "à crosses" souvent à claire-voie ; pleins
dits « à cornes », et à bandeaux.
Les pieds avant sont droits et souvent tournés (en carquois, en balustre, en colonnette) et bagués.
Ils sont rarement de sections carrées. A l’inverse les pieds arrière en forme de sabre (recourbés vers
l’extérieur), le sont toujours.
Les accotoirs sont de section carrée et se terminent par des boules ou par des volutes. Leur raccord
au montant est décoré par une palmette ou une coquille. Les balustres sont en forme de balustre, de
colonnette, ou de dents de scie.
Les beaux sièges ont des accotoirs qui se terminent par une tête de lion ou d’aigle.

• Fauteuils
• Chaises : légères et décoratives. Mêmes caractéristiques que les fauteuils à l’exception des
accotoirs. La chaise gondole est une des rares nouveautés du Directoire, la chaise curule.
• Canapé
• Lit de repos
• méridienne ou lit de repos : c'est la pièce de mobilier la plus emblématique du Directoire ;
elle est sans doute d’inspiration grecque. Elle se caractérise par des dossiers renversés, soit
de dimensions identiques, comme celui rendu célèbre par le portrait de Madame Récamier
peint par David, soit de tailles légèrement inégales, alors que les pieds peuvent être en
toupie ou affecter la forme gracieusement courbe des pieds postérieurs des sièges. Le lit en
bateau, typique de l’Empire, fit son entrée avant le début du Premier Empire.

Madame Récamier sur un lit de repos de style directoire chaise gondole

48
Bergères

Canapé

Fauteuil curule Chaises

Fauteuil

Les tissus

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On retrouve toujours les soieries : damas, lampas avec des coloris dominants : vert, carmin et
jaune.
Les motifs sont petits, nombreux et répétitifs ; parmi ceux ci : la victoire ailée, le flambeau, les
angelots, la cassolette, la lyre, la harpe…
Nous avons également les petites rayures sur fond blanc ou crème, le gourgouran et les velours
ciselés.
Des toiles de lin ou de coton imprimées dont l’une des plus célèbres est la toile de Jouy.
La finition dominante des couvertures de sièges se réalise avec un galon.

Collection Tassinari et Chatel


Le STYLE EMPIRE

50
1804-1815

Contexte historique
Le style Empire est de courte durée. II recouvre exactement la période de règne de Napoléon ler
(1804-1814).Le style est très nettement influencé par l'Empereur Napoléon Ier qui impose son goût
pour les éléments massifs et imposants. Les campagnes militaires, notamment celle d'Égypte,
inspirent certains décors. Les attributs guerriers foisonnent. C'est aussi grâce à l'expansion de
l'Empire que le style s'impose dans toute l'Europe.

Caractéristiques

Les caractéristiques de ce style sont


*La copie la plus stricte de l'art antique : ainsi les lois les plus élémentaires du confort sont
sacrifiées à l'imitation trop absolue d'un art étranger.
*L'uniformité voulue par Napoléon lui-même qui veut créer un art homogène, cohérent,
représentatif, de son pouvoir impérial, a limité les créations.
*Une tendance à des structures monumentales en accord avec la puissance politique du souverain.

• Rigueur des lignes droites et scrupuleusement orthogonales.


• Hiératisme de l'ensemble.
• Absence de marqueterie remplacée par l’incrustation.
• Décor de bronze en applique : couronnes de laurier, étoiles, palmettes, abeilles, nymphes
dansantes
• forme architecturale.
• les sièges massifs aux pieds raides se terminant en griffes de lion, les pieds postérieurs en
"sabre".
• L'acajou est le seul bois employé couramment. II est employé en massif ou en placage.
Toutes sortes d'acajous différents sont utilisées : acajou clair ou acajou foncé, mais surtout
des acajous présentant un veinage intéressant : moiré, ronceux, flammé, pommelé, zoné. À
partir de 1806 et du blocus britannique, on utilisera le noyer, l'érable, le tilleul et le frêne.
Les ébénistes qui préfèrent travailler la veine du bois utiliseront la loupe d'orme, la racine
d'if ou le thuya pour leurs effets décoratifs.
• Les bronzes jouent un rôle primordial. Les formes sévères, les larges panneaux unis
appellent un décor. Le décor est presque uniquement confié à des bronzes d'applique
finement ciselées qui requièrent le talent d'artistes spécialisés.

L’ornementation
La symétrie voulue, calculée, absolue, de la structure ou du décor, donne au mobilier napoléonien
un caractère souvent artificiel, impersonnel, C'est au bronze qu'on demande d'égayer, de
personnaliser les monotones surfaces planes d'acajou. Sur un même meuble, les thèmes les plus

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différents sont utilisés, par exemple : une ceinture de meuble est garnie de palmettes, d'étoiles,
couronnes, abeilles, chiffres semés au hasard.
Une rigueur plus grande dans l'exécution des motifs décoratifs empruntés à l'Antiquité appauvrit le
formulaire décoratif :
Figures géométriques : Cercles, carrés, ovales, losanges, hexagones, octogones.
Flore : Laurier, olivier, chêne, palmier, nénuphar, lierre. Tous ces plans sont raidis par une
stylisation trop poussée.
Animaux réels : cygnes (dans les armes de Joséphine), Aigle héraldique symbole de la puissance
impériale. Lion, bélier, chevaux ailés.
Animaux chimériques : sphinx, dragon.
Figures humaines : divinités nues ou drapées à l'antique représentant par exemple une victoire qui
porte des palmes ou des couronnes, ou une victoire ailée sur un char triomphal, des danseuses
grecques aux écharpes flottantes.
Motifs antiques : corne d'abondance, amphore, coupe plate, caducée, trident, foudre, thyrse.
Attribut guerrier : couronne de chêne, d'olivier ou de laurier, glaive, épée, bouclier, casque,
carquois.
Instruments de musique antiques : cistre, tuba, crotale. La lyre utilisée sous Louis XVI figure
encore largement à l'époque Empire.
Monogrammes couronnés des souverains, abeilles et étoiles, symboles de l'Empire, complètent
cette liste déjà très longue des motifs le plus souvent traités en bronze d'applique.

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Les créations
L'Empire n'emploie pas toutes les ingénieuses créations du XVIIIème siècle. N'ayant pas pour but
de s'adapter aux besoins d'une vie agréable et intime, l'Empire abandonne toute une série de
meubles qui faisaient le charme de l'époque précédente.

Architectes : Percier , Fontaine


Ebénistes : Molitor, les Frères Jacob
Peintres : David, Gros Ingres, Géricault
Ciseleur : Thomire

Les sièges

• le fauteuil a de vastes proportions. II n'est pas destiné à être mobile, pour faciliter la
conversation familière. II reçoit une place fixe le long du mur. Le dossier est de plan droit
rectangulaire, surmonté quelquefois d'un fronton il peut aussi être enroulé. Il est toujours
rembourré.
Le siège du fauteuil est carré, les accotoirs munis de manchettes sont soutenus par des
montants d'une grande variété. Dans la majorité des cas le support continue le pied
intérieur, sans marquer d'arrêt à la ceinture : caryatides, lions monopodes, cygnes, angles,
chimères, dragons. Si la console d'accotoirs s'arrête à la ceinture, les piétements sont à
section carrée, cylindrique ou cannelée en faisceaux tournés.
• La chaise a la même caractéristique.
• Le fauteuil gondole, créé sous le Directoire, est très vivement apprécié dans les intérieurs
modestes. Le tabouret est utilisé, de même que sous Louis XIV, en raison des questions de
préséances. II est en forme d'x entretoisés, recouvert d'étoffe.
• Le canapé présente exactement la même structure que le fauteuil. Le siège est élargi pour
permettre à deux ou trois personnes de s'asseoir côte à côte.
• La chaise longue présente deux types :
Chaise longue à deux dossiers légèrement renforcés et souvent enroulés;
Chaise longue dite «Méridienne; les deux dossiers de hauteur inégale sont réunis par le
dossier du fond.
• Autres meubles : lits, bureaux, psyché, guéridon, commodes,

Dossiers

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Pieds

Fauteuils

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Canapé Fauteuil gondole

Placet

Voyeuse

Fauteuil dit « Paumier au coin du feu »

Les tissus

Le tissage de la soie atteint la perfection et va mettre en valeur l’ensemble de l’ameublement à


l’aspect froid.
Les étoffes sont le reflet impérial puisque les motifs sont marqués de son empreinte avec : la
couronne de laurier, le N, l’abeille, le flambeau, la palmette…

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Les couleurs sont franches : vert empire, carmin, jaune bleu nuit, beige avec des motifs jaune
d’or.
Les étoffes sont le lampas, damas, brocatelle, les satins brochés, le gros de Tours.
Les velours ciselés ou gaufrés et le tissu de crin ont la faveur de l’empereur pour leur
résistance.
Le galon en feuillure est une finition courante.

Collection Tassinari et Chatel

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Le STYLE RESTAURATION
1815-1830

Contexte historique
Durant la Restauration, les deux frères de Louis XVI se partagent le pouvoir :
Louis XVIII (de 1815 à 1823) et Charles X (de 1824 à 1830), qui sera le dernier des bourbons.
Ils cherchent à faire renaître l’état d’esprit de la monarchie ainsi que ses décors mais n’y
parviennent que partiellement.
Cette période est en effet partagée entre les restes du style Empire et un retour aux goûts du Moyen
Age.

Caractéristiques
Le meuble de la Restauration se caractérise par l'éclectisme dans le choix des bois, par la
perfection et la variété des techniques mises en oeuvre.
Les structures sont moins massives, moins rectilignes. Pour certaines parties du meuble il y a
retour à la ligne courbe.
Les bois sont indifféremment utilisés en massif ou en placage. Les meubles sont encore exécutés à
la main, mais les outils sont perfectionnés et permettent de travailler les parties de l'arbre les plus
dures (loupe, racines).
Le perfectionnement de l'outillage permet de couper les bois perpendiculairement aux fibres (bois-
debout) ou obliquement (semelle) et ainsi de varier les veinages.
Pour la même raison, on commence à utiliser les loupes (excroissances).
L'emploi de l'acajou est concurrencé par les bois clairs indigènes : sycomore, platane, frêne, orme,
tuya, buis, érable, citronnier. Les quelques bois exotiques qui sont encore utilisés servent surtout à
l'incrustation : amarante, chêne, palissandre, etc.
- La mouluration réapparaît ainsi que la structure décorative.
- La marqueterie est pratiquée avec les bois indigènes : frêne, tuya, buis, etc.
- L'incrustation est utilisée avec une très grande habileté, par exemple, un motif en amarante est
incrusté dans un bois clair comme l'érable ou un bois clair comme le citronnier est incrusté dans un
bois foncé, le palissandre.
Apparition des ressorts dans la garniture.

L’ornementation
Rien d’étonnant donc à ce que le répertoire ornemental s’inspire à la fois des styles Louis XVI,
Directoire et Empire.
Tous ces motifs ont pourtant tendance à s’alourdir, à se tasser ; les proportions ne sont plus aussi
harmonieuses. L’imitation de l’antique conduit à prôner de riches décors intérieurs.
Des ornements peu variés sont employés avec beaucoup de discrétion.

Des éléments empruntés à l'Empire : animaux fabuleux (chimères, griffons, dauphins), mais de
moindre dimension et d'usage moins fréquent.
La palmette empruntée au Directoire revêt des formes multiples et est utilisée aussi bien pour la
mouluration que pour les bronzes.

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La lyre imitée du Directoire et de l'Empire s'utilise en sculpture et en marqueterie, en bronze
d'appliques et aussi dans les piétements de meubles.
Les oves, rosaces, perles, feuillages, rinceaux, guirlandes, reprises du XVIIIème siècle se
transforment insensiblement et sont très utilisés.
Les figures géométriques : carrés, losanges, rectangles, cercles, ellipses, se combinent à l'infini

Motifs propres à Charles X

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Les créations
En général moins volumineux que leurs prédécesseurs. Les modèles légers, de petites dimensions
se multiplient, ils sont solides et gracieux. La forme gondole est très à la mode, l’ornementation le
plus souvent faite de filets, se trouve sur la traverse supérieure du dossier ainsi sur la traverse avant
du siège. Les plus riches sont marquetés.

Artisans : Jacob-Desmalter, Werner, Jeanselme, Bigot, Bénard, Le Sage, Durand, Lemarchand

Les sièges
Les fauteuils : toujours de proportions harmonieuses, sont très variés. Ils se distinguent par la
forme de leur dossier : droit, incurvé ou en gondole. Le fauteuil voltaire est inventé à cette époque,
il a un haut dossier rembourré avec une cambrure à la hauteur des reins qui le rend très confortable.

Fauteuil à dossier droit plus maniable et plus confortable que sous l'Empire. Le dossier rembourré
est soit droit, soit enroulé. Les pieds postérieurs sont en sabre, les pieds intérieurs à section carrée
mais incurvés vers l'avant. Ce type de fauteuil un peu solennel est plus souvent peint en blanc avec
rehauts d'or.
Fauteuils à dossier incurvé pour emboîter le dos de la personne assise. La traverse supérieure est
constituée :
- soit par 2 volutes affrontées, en profil d'arc,
- soit par une traverse arrondie. Les pieds sont en fuseau ou en balustre. Sous Charles X, ils sont
plutôt courbés.
Fauteuil gondole : II a une très grande vogue. Le dossier épouse étroitement la forme du dos, les
accotoirs viennent se raccorder au siège peu élevé, le piétement est souvent muni de roulettes.

La bergère : elle est assez lourde et est munie d’un gros coussin mobile. Sa structure est la même
que celle des fauteuils.

Les chauffeuses : assez semblables au fauteuil voltaire, mais des piètements assez bas.

Les Chaises : correspondant aux trois types de fauteuils cités, sont d'un usage courant.
Chaises à dossier ajouré, très typiques du style.
Le dossier est formé :
- d'un croisillon, d'une plaque rectangulaire à grilles, d'un éventail, de deux coquilles renversées et

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découpées.
La traverse supérieure est croisée en demi-lune pour servir de poignée ou bien un fuseau réunit les
deux montants du dossier
Chaises avec un motif dit «à la cathédrale» imité de l'art néo-gothique. Les traverses supérieures
sont légèrement incurvées. Elles peuvent être découpées pour former une poignée ou surmontées
d'une poignée sculptée.
Les chaises de bureau, sont parfois rondes pivotant sur un pied tripode.

Les tabourets : nombreux et légers, ils ont un piètement en X qui supporte un siège rectangulaire.
Ils ont parfois des accotoirs renversés vers l’extérieur très élégants.

Les méridiennes et les canapés ne diffèrent guère de l’Empire si ce n’est par l’emploi des bois
clairs et l’abaissement du siège.

Fauteuil pieds en crosse et accotoirs en volutes

Bergère Fauteuil gondole

Méridienne
Fauteuil et chaise « à la cathédrale »

60
Chaises

Les tissus
Sous Louis XVIII les étoffes évoluent peu ; les motifs sont les mêmes que sous l’empire, le fond
est plus clair jusqu’à devenir crème ou blanc. Les petits motifs sont également à la mode tel le
semis de rosaces. Le lampas, le damas sont des soieries toujours en vigueur mais les mêmes motifs
sont reproduits également sur des toiles de lin ou des velours bouclés.
Les étoffes de soie sont toujours la brocatelle, les soieries brocardées, brochées, les velours de soie
ciselés, le gros Tours. Les impressions sont les toiles de Jouy, de Nantes ou de Mulhouse.

Coll.Tassinari et Chatel

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Le STYLE LOUIS-PHILIPPE
1830-1848

Contexte historique
Après l’insurrection de Juillet, Louis-Philippe (fils de Philippe d’Orléans et Louise de Bourbon)
renverse Charles X et met fin à la branche des Bourbons. Le début du règne est perturbé jusqu’aux
années 1840 dû à l’opposition légitimiste, l’insurrection républicaine, les complots bonapartistes,
les attentats contre le roi et les révoltes ouvrières. A partir de 1840, son ministre Guizot dirige un
gouvernement conservateur et prudent, il refuse la moindre réforme : il refuse le droit de vote aux
personnes munies d’un diplôme.

Caractéristiques
Le style Louis-Philippe est animé par un souci de confort et d'économie. Il est le prolongement
direct du style Restauration dont il conserve les lignes sobres mais pas l'élégance raffinée. Il ne
brille pas par son originalité : il est vrai que l'industrialisation de la fabrication se fait au détriment
de l'ornementation : les motifs sont peu nombreux.
Le mobilier de l'époque Louis-Philippe se caractérise par :
- le goût du confort bourgeois,
- La méfiance envers les créations originales d'où l'imitation des styles anciens,
- l'introduction du machinisme dans la fabrication du meuble d'où la création de meubles de séries.
L'époque Louis-Philippe est donc un tournant important dans la conception de l'ameublement.
Les seules "créations" du style Louis-Philippe sont le motif "cuisse de grenouille" et le "pied
parapluie" : on les trouve dans le piétinement des meubles et des sièges.
Vers 1840, le goût pour les pastiches annonce le style Second Empire et l'éclectisme tout comme,
en Angleterre, le style Victorien.
• Les bois sombres sont à la mode.
- Soit les bois exotiques : acajou, palissandre, ébène;
- soit les bois indigènes : If, noyer, hêtre;
- soit des bois noircis : poirier. hêtre.
• La Mouluration exécutée maintenant par des Machines-outils est extrêmement sèche.
Elle consiste :
- en doucines larges et profondes pour les corniches et piétement des meubles,
- en torsades, godrons, chapelets de boules.
• L'incrustation et les bronzes deviennent de plus en plus rares car ces techniques nécessitent
l'intervention manuelle.

L’ornementation

La sculpture décorative se résume à :


- des volutes,
- crosses,
- palmettes,
- motifs dits, «cuisses de grenouille» pour le sommet des piétements

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Les panneaux sont plats et sans moulures, les montants sont droits et lisses et les angles quelque
peu adoucis.
On note la présence de cannelures, de doucines, de doubles boudins, de torsades, de chapelets et de
larges godrons.

Les créations
Les seules "créations" du style Louis-Philippe sont le motif "cuisse de grenouille" et le "pied
parapluie" : on les trouve dans le piétinement des meubles et des sièges.
Les sièges de cette époque sont solides et confortables mais sont pauvres en décors.

Les dossiers sont droits et rectangulaires et ont leur traverse supérieure légèrement incurvée vers
l’arrière ou bien en gondole.
Les pieds avant peuvent être galbés en forme de console avec un renflement en haut que l’on
appelle en « cuisse en grenouille », ou encore droit, tournés ou cannelés.
Les pieds arrière sont de section carrée et en sabre. Les pieds des sièges s'épaississent.

Ornemanistes : Aimé Chevanard « Le Frelon ».

Dossier gondole Dossier droit et rectangulaire

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Les sièges
Les sièges sont très caractéristiques de cette époque. Leur silhouette est massive. Le souci du
confort l'emporte sur les préoccupations esthétiques.
Deux innovations sont à signaler :
- Les piétements des sièges sont souvent munis de roulettes;
- La garniture du siège est rembourrée de crins ou de ressorts

Fauteuil à dossier droit légèrement incurvé en arrière. Les accotoirs à section carrée sont terminés
par des volutes.

Fauteuil-gondole. Même caractéristiques qu'à l'époque précédente mais souvent munis de roulettes.

Fauteuil-Voltaire. Ce modèle existe déjà sous la Restauration, mais son utilisation ne devient très
courante qu'à l'époque Louis-Philippe. Bas sur pieds, profond de siège, le haut dossier

64
judicieusement cambré à la hauteur des reins est capitonné. Les accotoirs sont élevés et
rembourrés.

Fauteuil-crapaud. C'est une nouveauté. II est entièrement recouvert de tissu, sans ébénisterie
apparente. Son dossier est cintré et légèrement arrondi en haut. De hautes franges dissimulent les
pieds, le plus souvent munis de roulettes.

Chaise à dossier ajouré. Les dossiers des chaises sont rarement rembourrés. La facture la plus
courante est un dossier ajouré :
- en forme de croisillons
- avec des barres transversales
Les piétements :
- Les pieds supérieurs sont en sabre.
- Les pieds antérieurs tournés en balustre avec un anneau sont galbés.
Chauffeuses. II existe deux types très différents portant cette même dénomination :
* sièges très bas à dossier rembourré
* chauffeuse sans ébénisterie, qui ressemble à un fauteuil crapaud sans bras, le fauteuil gondole
(très fréquent),

Canapés. Le canapé a deux ou trois places. Très utilisé, c'est en fait un fauteuil droit à dossier
élargi.
Méridienne. Même forme qu'à l'époque précédente, mais elle repose sur des pieds lourds à larges
volutes.

Fauteuil Pompadour

Méridiennes

Chaise de bureau

Fauteuil crapaud

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Fauteuil à haut dossier

Chaises volantes

Canapés

Fauteuils Voltaire Lit

66
Fauteuil transformable

Fauteuil droit

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Les tissus
Une grande variété de matériaux est employée pour la couverture des sièges : tissus de crin noir,
soierie unies ou imprimées, velours unis ou frappés, tapisseries à bouquets de fleurs cousus en
bandes sur un fond de velours.
On revient à des étoffes aux motifs colorés sur fonds sombres.
Le velours mohair est utilisé pour les sièges courants en raison de sa grande résistance.
Les coloris sont sombres aux tons pourpres, violets, bleus

Coll.Tassinari et Chatel

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Le STYLE NAPOLEON III
1848-1870

Contexte historique

Le style Second Empire dit aussi style Napoléon III est né en France sous le Second Empire, le
règne de Napoléon III.
L’armée impériale capitule en septembre 1870 devant l’armée Prussienne, la république est
proclamée.
Le pays s’industrialise avec le développement des lignes de chemin de fer sur tout le territoire. On
voit apparaître une nouvelle architecture (gare, hôtels, hall<d’exposition), en l’occurrence
l’architecture métallique, dite industrielle. C’est à cette époque que le Baron Haussmann
reconstruit entièrement Paris en quelques années.
Il connaît un grand succès auprès de la bourgeoisie de l'époque et se prolonge sous la IIIe
République jusqu'à la fin des années 1920.

Caractéristiques

Durant les vingt années que dure le règne de Napoléon III, le Gothique, le Renaissance, le Louis
XV, le Louis XVI, le Régence, l’art chinois et l’art japonais sont simultanément à la mode. Les
ébénistes ne s’en inspire pas seulement, ils vont jusqu’a copier les style précédents. Malgré ce
manque d’originalité, le style Napoléon III, possède une personnalité très marquée.

Ce qui caractérise ce style : C’est l’éclectisme


L'imitation: tous les styles français et même étrangers (anglais, chinois, etc.);
La redondance: on accumule pêle-mêle des éléments hétéroclites d'où une surcharge
décorative.
Les ornementations sont souvent en relief, très élaborées et surabondantes.
Luxe et goût du faste
L’utilisation de tentures
Les franges : elles agrémentent les sièges.

La variété des matériaux utilisés est infinie : presque tous les bois d'ébénisterie sont utilisés.
Pour les meubles courants:
- l'acajou - surtout en placage,
- le noyer,
- le poirier et le hêtre noirci,
- le pichpin, bois jaune à veines rougeâtres importé récemment d'Amérique du Nord.
Pour les meubles luxueux :
- l'ébène pour certains meubles Renaissance, et l'imitation des meubles Boulle,
- le chêne pour les meubles néo-Renaissance, taillés en plein bois.
A vrai dire, pour les meubles luxueux, le bois n'est qu'un support car on incruste :
- des bois précieux (amarante, bois de rose).
- des métaux (argent et acier).
- des matières d'origine animale (nacre, écailles, ivoire).
- des cubes de pierre colorée pour former des mosaïques.

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- des émaux.
On applique sur les panneaux :
- des plaques de porcelaines de Sèvres, de Wedgwood.
- des tôles peintes ou vernies;
- des fleurs desséchées, placées sous une plaque de verre.
On peint :
- les bois sombres de massifs floraux aux vives couleurs.

Les bronzes dorés: Ces bronzes ne sont pas exécutés à la feuille d'or, mais par le procédé nouveau
de la galvanoplastie. Ils sont empâtés et de facture toujours très tourmentée. Ils surchargent les
montants, les ceintures, les corniches. Ils sont même utilisés pour la fabrication de certains meubles
: tables, bibliothèques, lits.
La fonte fait son apparition dans le mobilier. C'est un matériau industriel. II sert à fabriquer des
canapés, des lits, des piétements, des guéridons.
Le papier mâché ou carton déguisé. Du papier détrempé et réduit en pâte est ensuite pressé dans un
moule de métal, puis recouvert de vernis. Incrusté le plus souvent de nacre, il est utilisé pour de
frêles chaises volantes aux formes simples, ou pour de petits guéridons.
Le papier cuir ou cuir bouilli est obtenu par du cuir de vache cuit dans l'eau jusqu'à durcissement.
Les effets obtenus sont voisins de ceux du papier mâché. L'osier est aussi une nouveauté pour
certains sièges. L'utilisation des machines-outils se généralise et de nombreux meubles sont
fabriqués à la chaîne, par élément. Montants, pieds, traverses, ornementation, etc. L'assemblage est
réalisé avec beaucoup de soin et la qualité technique du meuble Second Empire est encore très
grande.

L’ornementation

Les décors de cette époque sont très chargés et les matériaux d’incrustation très variés : cuivre,
étain, nacre, ivoire, porcelaine.
L’inspiration de cette époque puise ces origines à la Renaissance, à Louis XV avec le rococo,
Louis XVI avec le style Louis XVI-impératrice. Dans de cas, comme dans d’autres, le souci
d’authenticité est poussé très loin. On retrouve tous les décors floraux, et exotiques de ces styles.
L’extrême orient, les nègres et les indiens sont particulièrement à la mode. On voit des nègres-
cariatides en guise de piètement.
Aussi voit-on les imitations de bambou ou de cordages sur les sièges.

70
Les créations

Le second empire est par excellence l’époque des sièges. Jamais on inventa et on ne fabriqua autant
de chaises, de fauteuils, de tabourets, de canapés, et de poufs de toute sorte.

Le style Louis XIV donne naissance à des sièges rigides, abondamment sculptés et dorés et
quelquefois rehaussés de bronze. Les meubles imités de la technique Boulle ont une très grande
vogue. On fabrique ainsi des bas d'armoires, des encoignures, de petites tables, mais l'os, la fausse-
écaille et l'acier remplacent trop souvent le cuir et l'étain.
Les emprunts faits au style Louis XV sont encore plus nombreux. La rocaille s'adapte bien aux
conceptions esthétiques d'une époque pour laquelle la surcharge ornementale est synonyme de faste
et de luxe. Volutes, fleurs, arabesques, coquilles grasses et redondantes ornent à profusion des
meubles aux formes chantournées. On rencontre surtout des coiffeuses, des serre-bijoux, de petites
tables et des fauteuils de cette facture.
Le style Louis XVI qu'on a baptisé «Louis XVI Impératrice», aura une vogue encore beaucoup
plus exceptionnelle. L'Impératrice a eu un réel engouement pour tout ce qui a été utilisé par Marie-
Antoinette, Elle fait sortir des réserves tous les meubles fabriqués sous Louis XVI et les fait copier
par les meilleurs ébénistes du temps. Ainsi naissent : commodes, tables, encoignures, bonheurs du
jour parés de motifs gréco-romains.

Pour être complet, il faudrait rapidement signaler l'imitation du style Anglais, surtout
«Chippendale» qui inspire des chaises en acajou de structure rigide et à dossiers ajourés.
La Chine de fantaisie amène les ébénistes à créer des meubles à panneaux, secrétaires à abattants,
encoignures etc., revêtus de laque noir et or. II existe de même des chaises dont le montant imite le
bambou.

Ebénistes : Jeanselme, Frères Grohé, Fourdinois, Charon, Giroux.


Grollé est à l’origine du style Louis XVI-impératrice

71
Les sièges
L'ingéniosité des fabricants crée une gamme de sièges presque infinie. Notons que les intérieurs
Second Empire sont encombrés par la multiplicité des sièges et des petites tables.

On peut distinguer deux grandes catégories :


* Les sièges imités par les styles anciens :
Ils sont cependant très différents d'aspect car si leur structure générale et la structure décorative est
copiée, l'adjonction des roulettes, du capiton, des franges, transforme leur aspect.
Fauteuil de style Louis XV. II se distingue de celui du XVIII° siècle par le fait qu'il est plus
confortable: plus bas, plus enveloppant, garni de capiton ou de ressorts. Le piétement est muni de
roulettes. La structure décorative est moins variée, mais elle envahit les parties du siège jadis
laissées nues.

Fauteuil de style Louis XVI. De structure plus molle que celui du XVIII° siècle. Mêmes remarques
que pour le fauteuil précédent.
Fauteuil Gondole, Fauteuil Crapaud, Fauteuil Voltaire sont copiés sur l'époque précédente.
Chaise de style Henri II «Renaissance»
Ce type est presque exclusivement utilisé comme chaise de salle à manger. En noyer ou en chêne à
haut dossier droit, orné d'une sculpture décorative empruntée à la Renaissance (pilastre, grotesque,
mascaron). Le dossier peut aussi être recouvert de cuir.
Chaise de style Louis XV Louis XVI. Elles sont modifiées par les mêmes adjonctions que les
fauteuils de ces styles.
Canapés de style traditionnels sont des fauteuils Louis XV, Louis XVI, ou crapauds à sièges
élargis.

72
* Créations d'époque Second Empire.
Fauteuil Confident : II est composé de deux fauteuils accolés et inversés réunis par une traverse
supérieure du dossier en forme d'S plus ou moins prononcé. Dans ce type de siège, il n'existe en
général aucun bois apparent. Capitonné et juponné, il se pare le plus souvent d'étoffes aux couleurs
claires et chatoyantes.
Fauteuil indiscret : C'est une variété du siège précédent : trois fauteuils accolés sont réunis par une
traverse supérieure en forme d'hélice à trois pales. De même que le confident, ce siège est
entièrement recouvert d'étoffe.
Les chaises
* * Chauffeuse capitonnée. De même facture que le fauteuil-crapaud, mais sans bras. Des glands et
des franges traînant jusqu'au sol dissimulent les piétements munis de roulettes.
** Chauffeuse à haut dossier. Le siège bas et rectangulaire est capitonné. Le dossier adopte des
formes très variables : bois doré et sculpté, bois laqué noir avec incrustations de nacre, papier
mâché
**Chaise à dossier en médaillon. Le siège est canné et repose sur quatre pieds légèrement courbés.
Deux jambages soutiennent un médaillon évidé, le plus souvent en bois sombre incrusté de laque
ou peint.
** Chaise «bambou». Le siège rectangulaire est capitonné. Les pieds, les montants du dossier, les
traverses Imitent le bambou. lis sont, soit en bois sombre, soit en bronze patiné.
** Chaise à «cordes». Le siège est recouvert d'une étoffe riche soie damassée. Les piétements, le
dossier, la ceinture en bois noir imitent par leurs sculptures les tresses et les noeuds d'un cordage,
** Chaise « chinoise». Le siège peut être de hauteur normale ou bas. Le dossier est rectiligne. Elle
imite la Chine de fantaisie en utilisant des barreaux laqués noir et or, avec incrustations de nacre ou
d'Ivoire.
** Chaise «Charivari». Siège capitonné; dossier constitué d'une série de barreaux tournés et dorés;
ces chaises sont celles qu'offrent à l'heure actuelle les loueurs de sièges pour les réceptions.
Les Tabourets
Le siège carré ou légèrement rectangulaire est toujours Capitonné. Le piétement est constitué par 4
pieds courts réunis par une entretoise en X. Le Second Empire a innové en tressant le piètement en
forme de cordage, voir ci-contre « chaise ».
Les Poufs
Les crinolines des femmes ont incité les fabricants à multiplier les types de sièges sans dossier. Les
poufs sont des sièges ronds, bas, capitonnés, ornés d'un volant ou d'une frange qui dissimule le
piétement.
La Borne
Trois canapés à deux bras sont adossés à un socle triangulaire. Ce socle est parfois surmonté d'un
lourd motif ornemental en bronze, en céramique, en bois doré. Cet élément décoratif peut être une
sorte de jardinière dans laquelle on place des fleurs. Ce genre de siège est entièrement recouvert
d'étoffe

L’indiscret

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Le confident Canapé

Pouf à cordages Chaises Charivari

La borne
Chauffeuse à coussins

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Fauteuil crapaud à tranches Fauteuil Napoléon III

Les tissus
Les étoffes sous Napoléon III sont moins prestigieuses et on a encore recours à la soie avec la
brocatelle, le lampas, le velours, le satin et les failles. Ces deux derniers sont souvent imprimés de
gros bouquets de fleurs aux tons pastel sur fond clair ou sur fonds sombres aux motifs sombres.
Les étoffes du siècle précédent sont reproduites pour les copies des sièges de style.
La couverture des sièges courants se réalise avec des velours de laine ou de mohair dans des
coloris foncés : violets, marrons, rouges, verts. Dans un esprit décoratif on utilise souvent des tons
opposés : c’est la combinaison de deux étoffes : velours et tapisserie, toile ou satin imprimés que
l’on dispose au milieu de la couverture.
La passementerie connaît une période faste, utilisée pour les décors et les finitions en tous genres.
La variété des franges est prodigieuse. Les volants sont un autre moyen de finition : froncés,
plissés, drapés.

Collection Tassinari et Chatel

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Le STYLE ART NOUVEAU ou MODERN’STYLE
1890-1910

Contexte historique

Le 4 septembre 1870, le ministre Gambetta proclame la III ème République et la constitution d’un
gouvernement provisoire, dit « de la défense nationale » dont il est le ministre de l’intérieur.
La France semble riche et heureuse, paisible et travailleuse.
Le mobilier Second Empire continue à se fabriquer jusqu'à la première guerre mondiale, mais
parallèlement se crée, en réaction contre l'éternelle redite des styles anciens, un style original
dénommé en France Art Nouveau et qui se développera de 1890 à 1910 environ.
Cet Art Nouveau affecte presque tous les autres pays européens Angleterre (Modern'Style);
Allemagne (Jugendstil); Italie (stile Liberty); Espagne, Belgique, etc.

Caractéristiques

II est caractérisé par :


- la volonté de créer un mobilier contemporain n'adoptant ni les formes, ni les décors déjà
utilisés.
- le désir d'imaginer des meubles esthétiquement valables, mais fabriqués au moyen de la
machine, c'est-à-dire, à prix de revient permettant à tous de se meubler au goût du jour.
- le décor du meuble ne doit pas être plaqué, mais la forme est en elle-même ornementale. Ces
formes simples s'inspirent de la nature (faune, flore).

• Les matériaux les plus variés entrent dans la composition du meuble.


Les bois indigènes sont très utilisés (noyer, chêne, poirier).
Les résineux, laqués ou peints de couleurs claires constituent une nouveauté.
- Les bois exotiques - l'acajou du Brésil - sont remis en honneur, mais une grande variété de
bois exotiques qui jusqu'alors ne rentraient pas dans la composition du meuble (exemple : le
tamarin) sont utilisés, soit dans la structure, soit dans le décor.
• Fer, acier, bronze, fonte sont travaillés en volutes, en torsades, en rinceaux, en chutes. Ils
imitent les tiges souples des fleurs. Ils sont d'un usage fréquent pour les ferrures, les sabots
des meubles à motif floral, les entrées de serrures, etc.
• Le vitrail est une nouveauté. Constitué par du verre serti de plomb, il est un élément
important du décor. Pour le meuble il remplace les panneaux vitrés des buffets et
bibliothèques.
• la mouluration est un élément primordial du décor. Cette mouluration est souple.
D'inspiration florale elle envahit quelquefois les panneaux.
• La sculpture décorative est aussi un élément très utilisé. Elle est à base d'éléments floraux.
Elle orne toutes les parties du meuble : piétement, ceinture et même panneaux.
• La marqueterie utilise des bois indigènes, mêlés à des bois exotiques, par exemple le frêne
est marqueté d'amarante. Cette marqueterie est rarement de facture géométrique. Les lignes
sinueuses prédominent. Les thèmes les plus courants sont empruntés à la flore et à la faune.

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L’ornementation
L'art nouveau veut exprimer la beauté du meuble uniquement par une structure aux courbes
flexibles et ondulantes. Les formes souples, mouvementées, asymétriques du meuble veulent être,
par elles-mêmes, ornementales. Elles imitent les formes végétales. Par exemple, une feuille de
nénuphar constitue le plateau d'une table.
Le bois est traité à la manière d'une draperie qui se plie, retombe et forme un lacis de surfaces
concaves et convexes. La ligne droite, l'angle droit, sont bannis de toutes les structures.
Le décor est indissociable de la structure. Il n'est pas surajouté. II est à base florale, mais les fleurs
qui inspirent le décor sont :
- celles qui poussent uniquement dans les jardins : violettes, narcisses, iris, chardons, houx,
marguerites, anémones, etc.;
- la flore aquatique : algue, nénuphar;
- la flore tropicale fournit des motifs de lianes enchevêtrées.
Certains détails précieux sont empruntés à l'Extrême-Orient de fantaisie (japonisme).
Quelques artistes ajoutent des inscriptions, le plus souvent pyrogravées, tel Emile Gallé sur une
table de travail : «Travail et Joie».

Les créations

Ces sièges Modern'style sont à l'origine de toutes les recherches du XXe siècle dans ce domaine.
Les sièges Art Nouveau ont une ligne très épurée. On a souvent tendance à dire que le siège lui-
même est ornemental.
Les pieds, les traverses et les montants du dossier dont d’un seul tenant, de forme sinueuse ou
galbée.

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Le dossier est généralement assez haut. Ses montants droits se rejoignent dans un arrondi et se
termine par un entrelacs.
Il n’est pas rare que la tapisserie de l’assise se prolonge sur le dossier. Cela donne de la grâce et un
côté aérien à la chaise ou au fauteuil

Architectes : Guimard ; créateur le plus représentatif


Majorelle, Vallin pour les meubles luxueux
Céramistes : Gaillard et Gallé
Ebéniste orfèvre : Coma

En 1886 création de l’école Boulle

Les sièges
Contrairement aux meubles, les sièges adoptent le plus souvent une ligne très dépouillée et très
nouvelle. Leur ornementation ne fait pas appel à la sculpture, mais à l'incrustation et à la
marqueterie. C'est de leur forme que naît la beauté ornementale.
Ces sièges Modern'style sont à l'origine de toutes les recherches du XXe siècle dans ce domaine.

Fauteuils et chaises sont traités exactement de la même manière. Le siège n'est ni carré, ni rond, ni
trapézoïdal. De plus, ce siège n'est pas plan. II épouse la forme du corps. II existe plusieurs
solutions pour les dossiers :
- Le dossier est souvent haut et ajouré. Les barreaux ne sont pas droits, Ils sont formés par des
courbes et contre-courbes. La traverse du sommet n'est jamais horizontale, elle dessine une ligne
sinueuse savamment calculée.
- Le dossier est rembourré, mais il est séparé du siège et repose sur deux montants galbés et
moulurés.
- Le dossier est un mélange entre le dossier ajouré et le dossier rembourré. C'est la solution la plus
originale et la plus fréquente. Par exemple, un rectangle rembourré est situé à la hauteur des
épaules. II est raccordé au siège par quatre barreaux galbés. La partie rembourrée peut aussi se
situer à la hauteur des reins.

78
.

79
Les tissus
Les étoffes sont moins précieuses en ce début de siècle. Quelques soieries sont encore utilisées.
Parmi celles-ci le damas, le lampas, les étoffes brochées et la brocatelle. Le velours de laine ou de
coton sont en usage ainsi que les étoffes imprimées sur toile ou satin.
La surface réduite des sièges permet de les recouvrir en peau.
Avec le retour des sièges à feuillure, on revient au cloutage et au galonnage en finition. Le
passepoil sert à souligner quelques parties de sièges afin de mettre en valeur la garniture et les
plates bandes.
Collection Prelle

Coll.Tassinari

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Le STYLE ART DECO
1918-1939

Contexte historique

En France, l’après guerre est marquée par un regain d’activité économique. L’exposition des Arts
Décoratifs de 1925 à Paris cherche à montrer une France nouvelle qui allie modernisme et
tradition.
Le Front Populaire fait naître en France d’importants mouvements de grèves du fait de la crise
économique. La montée du fascisme en Europe, se réalise en indifférence et entraîne un second
conflit mondial.
Le style Art déco tire son nom de l'Exposition internationale des Arts Décoratifs et industriels
modernes qui se tint à Paris en 1925.

Caractéristiques

Un mouvement de réaction contre l’Art nouveau était déjà apparu dès 1910 en France, et encore
plus tôt à l’étranger comme en Belgique, en Allemagne, aux Pays-Bas, en Autriche, etc. : on
qualifie alors les formes Art nouveau de « molles » ou encore de « style nouille ». On s’oriente dès
lors vers des lignes simples, des formes droites, inspirées par la peinture cubiste et l’architecture
aux structures orthogonales de béton armé.

Le mobilier Art déco est l’œuvre d’artistes décorateurs destinée à une clientèle aisée, ayant soif de
nouveauté, mais qui demeure relativement conformiste. Il s'agit de meubles réalisés par des
ébénistes qui cherchent le luxe et la perfection. Les meubles sont donc des pièces uniques.

Les formes restent classiques, avec parfois des rappels des styles antérieurs : Louis XVI,
Directoire, Louis-Philippe. Mais l’art cubiste va pousser à une simplification des formes.

Les volumes sont parallélépipédiques, aux angles vifs, ou arrondis, ou à pans coupés. Le cercle et
l’octogone sont également appréciés.

Les meubles sont souvent supportés par des socles.

Les bois utilisés sont souvent exotiques et de couleur foncée, comme l’ébène et le macassar. On
emploie également le palissandre, l’amboine jaune ou rosé et l’acajou. On trouve aussi beaucoup
de bois laqué.
Les métaux tels que le cuivre, le bronze doré, l’argent ne sont pas rares. Le fer forgé est à
l’honneur.
L’ivoire est employé pour la marqueterie.

L’ornementation
Les techniques restent les mêmes : marqueterie, incrustation, panneaux décoratifs. La sculpture sur
bois est quelque peu abandonnée.

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Quant aux thèmes ornementaux, ils sont complètement nouveau et reflète les tendances de cette
époque. L’ornementation est souvent lourde.

Le cubisme et l’abstrait très en vogue fait naître un goût pour les motifs géométriques ou linéaires,
des volumes et des figues dépourvues de signification.
L’Art Moderne continue d’exister mais enrichi par l’Art Africain. Elle affectionne les contrastes de
couleurs et les matériaux précieux.

Les créations
Les sièges sont souvent d’inspiration Directoire ou Restauration. Un souci de confort est à
remarquer dans les fauteuils, inspirés du fauteuil club, aux formes profondes. Le bois est peu
apparent et souvent dissimulé par un revêtement en cuir ou en textile.

Le cosy-corner, création de l’époque, fait fureur. C’est un divan d’angle, encastré dans une boiserie
avec diverses étagères.

Les commodes et meubles d’appui ont une façade très souvent galbée, voire ventrue.

Les bâtis sont le plus souvent en chêne. Les structures moulurées ou plaquées utilisent l’acajou, le
palissandre, le thuya, l’amarante, le citronnier… Contrastes de bois clairs (citronnier) et de bois
foncés (amarante), de couleurs et de matières.

Créateurs de meubles en série : Dufrêne, Follot.


Ebéniste : Ruhlmann
Dessinateur : Iribe, Leleu

82
Les sièges
Les chaises
Le dossier est souvent bas et largement ajouré. La garniture déborde largement du siège. Les pieds
sont fuselés, galbés et minces.
On trouve beaucoup de chaises d’inspiration rustique. De forme simple (en chêne ciré avec un
siège canné), elles évoquent parfois les styles régionaux.
Les fauteuils
Ils sont en général assez bas. Les pieds sont épais, incurvés ou droits et parfois inclinés. Les
dossiers sont eux aussi bas et souvent fortement inclinés.
Les fauteuils cannés sont très la mode, ainsi que le fauteuil club, inspiré de modèles anglais.
Les canapés
Ils sont eux aussi d’inspiration anglaise, entièrement capitonnés, courts avec des bras épais et le
dossier fortement incliné. On trouve aussi des modèles classiques dotés d’une riche ornementation.

Fauteuil bridge
Fauteuil fond suspendu et coussin

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Fauteuils club

Fauteuil club
Canapé année 1930

Chaises

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Les tissus
La mode de ce moment est de couvrir les sièges avec du cuir : fleurs des peaux de vache, de
mouton pour les travaux de qualité et croûte de cuir pour les sièges courants.
Vers 1925 les étoffes courantes sont en coton souvent imprimées de décor floral stylisé sur fond
sombres et motifs en demi-teintes.
Les années 1930 reviennent à des fonds clairs et aux motifs éclatants.
Les soies sont variées : soie grège, soie sauvage. Etant d’un prix élevé, elles sont remplacées par
des soies artificielles (la rayonne) qui reprennent des motifs anciens.
Les velours de grande diffusion sont de teintes sombres : marron, bleu soutenu, mauve.
Pour les sièges bon marché, la fixation du tissu est en feuillure avec une finition cloutée ou avec un
galon assorti.
Au cours de 1930 : couverture à plate bande dont le passepoil souligne l’arête de la garniture.

Ed.Lelièvre

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L’ART CONTEMPORAIN
1945-1990

Contexte historique
Après plus de quatre années de guerre et de privations, on assiste à un irrésistible appétit de vie et
de renouveau.
La priorité est de se loger et de se meubler, jeune et pas cher. Et à acquérir au plus vite le nouveau
confort électroménager, encore coûteux, mais qui allège le travail de la maitresse de maison.
Le style de vie et même le visage de la société s’en trouvent modifier.

Caractéristiques

La tendance est à la simplification, les meubles sont de moins en moins nombreux dans les
intérieurs contemporains.
Le meuble qui représente le mieux l’époque est l’étagère.
Mais c’est le siège qui se montre le support des idées les plus novatrices et dont les designers ont
fait leur cheval de bataille. Les nouveaux matériaux (skaï, mousse, plastique moulé) permettent de
lui donner des formes nouvelles, fonctionnelles ou plus ou moins saugrenues.

Le bois n’est plus le matériau unique ni même basique du mobilier. Il ne disparaît pas pour autant
et reste même le favori des scandinaves.
Le métal, fétiche à l’époque précédente, du Bauhaus et des modernistes des années trente, apparaît
comme le matériau vedette de l’après guerre, sous une forme froide et blanche qui n’a rien à voir
avec les bronzes dorés d’antan. Tubes chromés et lames d’acier forment l’ossature des meubles,
associés au verre ou au bois, au cuir ou aux étoffes.
Les matières plastiques, dérivés des produits de synthèse des industries lourdes nées de la guerre,
sont la véritable nouveauté de l’après guerre. Traitées et colorées dans la masse, elles se prêtent à
toutes les fantaisies de formes et de couleurs et donnent au style de l’époque son caractère
insouciant et joyeux.

L’ornementation

Le rôle décoratif du meuble réside dans la recherche de la forme, ce qu’on appelle le « design » et
l’aspect de la matière : la transparence du verre, la brillance du métal blanc, les couleurs vives du
plastique ou du bois laqué.
L’ornement survit cependant chez les tenants de la tradition. Les arabesques, rinceaux et
personnages de Pascaud, or sur noir, sonnent comme un écho lointain du décor à la Beraïn, tandis
qu’on est surpris de retrouver, adaptés et réinterprétés sur les meubles de d’Arbus et de Poillerat,
quelques éléments de l’antique : cannelures, godrons, torsades, entrelacs, balustres et même
cariatides.

86
Les créations

En 1954, des ingénieurs aux Etats-Unis mettent au point une mousse synthétique utilisable en
remplacement de la garniture de crin. Cette mousse va détrôner la mousse de latex et connaître une
extraordinaire expansion après les années 1960 en raison de son faible prix de revient, ce qui
permettre de réaliser des sièges bon marché.
Vers 1965 on assiste en France à un retour aux meubles rustiques inspirés des styles Régence et
Louis XV. A partie de 1970, la mode pour les antiquités se portent sur le mobilier Louis Philippe et
Napoléon III .En 1986, on revient aux années 1930 et depuis 1990 nait un engouement du
modern’style et des années1925.
Toutefois une tendance se dégage depuis les années1980 pour des sièges entièrement recouvert de
tissu ou de cuir. La plupart du temps ces sièges sont d’inspiration anglaise. Ils sont réalisés en
mousse et souvent déhoussables afin de permettre un entretien facile.

Architectes créateurs : Chareau, Le Corbusier, …

Les sièges

Les sièges à bois apparent sont composés de lignes droites, très sobres et sans fioritures, la
sculpture a complètement disparue. Ils sont de fabrication industrielle et construits avec des
traverses ou des montants de section trop faibles, ce qui fragilise les assemblages.

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Fauteuil entièrement en mousse de polyéther

Chaises d’inspiration scandinave

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Fauteuil confortable Projet de réalisation d’un confident

Les tissus

Au sortir de la seconde guerre mondiale, la fibranne prend le relais sur le coton.


Le simili cuir est supplanté par un matériau expansé sur jersey d’une grande souplesse imitant
aussi bien le cuir
On trouve toujours des étoffes de grande qualité mais elles ne sont pas toujours d’un prix
abordable.
Depuis 1950 les dessins des étoffes sont de formes géométriques aux coloris vifs.
La mode étant aux finitions à plates bandes, on a toujours recours au passepoil.
Pour les sièges houssés, les finitions sont réalisées à l’aide de fermeture à glissière ou à crochet et
astrakan.

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BIBLIOGRAPHIE

. Guide des meubles et des styles. Françoise Deflassieux, Editions Solar.

. Tous les styles du louis XIII à l’Art Déco. S.Chadenet et M.Espérance, éditions Elina-Sofedis.

. Le siège et sa garniture. Claude Ossut, éditions Vial.

. Les sièges. Guillaume Janneau, éditions Vincent,Fréal et cie.

. Etude des styles de mobilier. André Aussel et Charles Barjonet, éditions Dunod.

. Musée des Arts Décoratifs, Maison Lelièvre pour les tissus.

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