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Détermination du statut nutritionnel du riz pluvial (Oryza Sativa) par le


Système Intégré de Diagnostic et de Recommandation (DRIS)

Technical Report · July 2023


DOI: 10.13140/RG.2.2.26324.37766

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4 authors:

Firmin Nonhouégnon Anago Cossi Tiburce Brice Oussou


Laboratory of Soil Sciences, School of Plant Production, Faculty of Agricultural Sc… National Institute of Agricultural Research of Benin
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Gustave. Dieudonné. Dagbenonbakin Guillaume Amadji


National Institute of Agricultural Research of Benin University of Abomey-Calavi
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MINISTEREDE L’AGRICULTURE, 01 B P 884 Cotonou -
DE L’ELEVAGE ET DE LA PECHE Bénin
Tél. + 2 2 9 6 4 28 3 7 0 2
REPUBLIQUE DU BENIN
+22921300410
www.inrab.org.
INSTITUT NATIONAL DES RECHERCHES AGRICOLES DU
BÉNIN (INRAB)
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Centre de Recherches Agricoles à vocation Nationale basé à Agonkanmey (CRA-
Agonkanmey)
Tél : (+229) 21 35 27 92 /66 02 99 78 E-mail : secragonkanmey@gmail.com
-----------------------------
Laboratoire d’Appui à l’Amélioration de la Santé des Sols, de la qualité des
Eaux et de la sauvegarde de l’Environnement (2A2S2E)
01 BP 988 Recette Principale, Cotonou Tél. (229) 21 03 82 90/ 21 04 87 75 E-mail : lssee2007@yahoo.fr

Fiche technique
Détermination du statut nutritionnel du riz pluvial (Oryza Sativa)
par le Système Intégré de Diagnostic et de Recommandation (DRIS)

Dr MSc. Firmin N. ANAGO, Assistant de recherche


MSc. Ir. Brice T. C. OUSSOU, Assistant de recherche
Dr Ir. Hervé S. N. AHOLOUKPE, Maître de recherche du CAMES
Dr Ir. Gustave D. DAGBENONBAKIN, Directeur de recherche du CAMES
Dr Ir. Lucien G. AMADJI, Professeur titulaire du CAMES

Dépôt légal N° 13561 du 07/12/2021, 4ème trimestre 2021.


Bibliothèque Nationale (BN) du Bénin, ISBN : 978-99982-60-15-3
1. Introduction
Au cours des années à venir, l’agriculture africaine devra relever un
défi : celui de subvenir aux besoins d’une population en croissance
rapide. Il lui faudra accroître suffisamment la production vivrière et
les revenus pour assurer la sécurité alimentaire en Afrique sub-
saharienne. Le défi de la recherche agricole est énorme. Elle doit
générer des technologies pour accroître la productivité et la
compétitivité de l’agriculture en améliorant les rendements des
cultures, la qualité des produits tout en conservant l’environnement.
Parmi les principales cultures devant conduire à cette sécurité
alimentaire, figure le riz ; l’une des principales céréales consommées
au Bénin. Comparativement aux autres céréales, le riz a conquis sa
place au sein des ménages et dans la restauration collective, en raison
de la facilité et de la rapidité de sa préparation et de sa cuisson. La
consommation de riz est un phénomène urbain qui enregistre une
ampleur beaucoup plus considérable au Bénin (Adégbola et al.,
2002). La consommation moyenne de riz par tête et par an est de 6 à
20 kg en zones rurales et de 10 et 30 kg en zones urbaines. La quantité
totale consommée chaque année est en pleine évolution. De 69.206
tonnes en 2003, elle passe à environ 110.800 tonnes en 2010 pour
atteindre 178.000 tonnes environ en 2018 (SNDR, 2011).
L’augmentation de la production rizicole pour approvisionner la
population béninoise, requiert l’augmentation des rendements en lieu
et place de l’augmentation des surfaces qui n’est plus une pratique
viable à cause de la forte croissance démographique (Fagade, 2000).
Il est évident que, l'augmentation de la production rizicole ne pourra
se faire sans une augmentation globale de l'utilisation des engrais de
synthèse (Koné et al., 2011). Mais des efforts doivent être consentis
afin d’améliorer l’efficience de l’utilisation des nutriments apportés
par ces engrais. Afin de développer une alternative de fertilisation
adéquate et de formuler des recommandations durables sur les
engrais, il est nécessaire d'évaluer le niveau de déséquilibre des
nutriments dans les plantes (Anago et al., 2020).
L'analyse foliaire a été largement pratiquée pour l'évaluation du statut
nutritionnel des plantes et la planification des programmes de
fertilisation. Elle est considérée comme un outil important pour
surveiller l'état nutritionnel des plantes (Singh et al., 2012).
Habituellement, l'évaluation de l'état nutritionnel des plantes est
effectuée par l'approche des valeurs critiques. Dans cette approche, la
concentration en nutriments des feuilles est comparée aux valeurs de
l'intervalle de suffisance. Une valeur inférieure est considérée comme
une carence, et une valeur supérieure est considérée comme un excès.
Cependant, cette approche des valeurs critiques a une applicabilité
limitée en raison de la variation causée par le moment de
l'échantillonnage, les étapes de la croissance de la plante et la position
spécifique du tissu foliaire échantillonné (Singh et al., 2012). En
revanche, la méthode DRIS (Système Intégré de Diagnostic et de
Recommandation), proposée par Beaufils (1973), est basée sur la
comparaison des rapports doubles dans les échantillons avec le
standard ou les normes de valeurs plutôt que sur la concentration
individuelle du nutriment pour interpréter l'analyse des tissus
foliaires. Dans le présent document, nous focalisons l’attention sur
l’utilisation de l’approche DRIS pour l’évaluation du statut
nutritionnel des plants de riz aux champs dans les systèmes de
riziculture pluvial en exposant.
L’objectif de ce manuel est de décrire la méthode DRIS en prenant
comme cas pratique les normes DRIS pour l’évaluation du statut
nutritionnel des plants de riz pluvial au centre Bénin. Ce document
vise également à mettre à la disposition des services et des agents
d’encadrement technique les normes DRIS pour l’évaluation du statut
nutritionnel des plants de riz au Centre-Bénin.

2. Matériels et méthodes
2.1. Matériels
Les plants de riz dans les systèmes de culture traditionnelle des
producteurs sont utilisés comme plante test dans cette étude. Les
autres matériels utilisés sont : un Global Positioning System (GPS)
pour prendre les coordonnées géographiques des champs ; un cordeau
et des piquets pour délimiter les champs ; un coupe-coupe pour la
récolte ; des sachets pour y mettre des échantillons de végétaux, un
cadre PVC de 4m² pour délimiter des carrés de rendement ; une
balance électronique pour peser des échantillons ; une étuve pour
sécher les échantillon avant de les broyer ; une balance mécanique
pour peser les échantillons sur le terrain.
2.2. Méthodologie de prélèvement des échantillons et du Système
Intégré de Diagnostic et de Recommandation
Afin de constituer une base de données pour le calcul des normes de
référence DRIS pour la culture du riz pluvial, 72 échantillons de
feuilles de riz ont été collectés sur 3600 plants de riz pluvial dans les
communes de Dassa-Zoumè et Glazoué au centre du Bénin (Figure
1). Les échantillons ont été collectés pendant la saison agricole 2017-
2018.

Figure 1. Zone d’étude et points d’échantillonnages de feuilles du riz


pluvial

L'échantillonnage des feuilles élémentaires est réalisé le long de deux


diagonales des champs tout en respectant un écart de 20 m avec les
bordures du champ (Roney et al., 2016). Les échantillons de feuilles
de riz les plus jeunes et pleinement développées ont été collectés en
échantillonnant quatre feuilles par plant (Figure 2). Pour constituer
l'échantillon composite, un total de 200 feuilles (4 feuilles sur 50
plants) a été prélevé comme recommandé par Schvartz et al. (2005)
pour les céréales.

Figure 2. Echantillonnage des feuilles du riz pluvial aux champs

Dans chaque champ où des échantillons de feuilles ont été prélevés,


les rendements de riz pluvial ont été estimés après la récolte par la
pose des carrés de rendements et le prélèvement des échantillons de
récoltes (Figure 3).

Figure 3. Pose de carré de rendement, récolte et estimation des


rendements du riz
Les échantillons de feuilles ont été séchés dans une étuve à 70 °C
jusqu'à un poids sec constant avant d'être broyés. Les échantillons de
récolte ont été également séché à l’étude à 70°C jusqu’à un poids sec
pour la détermination des rendements en matière sèche.
Les échantillons de feuilles ont été analysés au Laboratoire d’Appui
à l’Amélioration de la Santé des Sols, de la qualité des Eaux et de la
sauvegarde de l’Environnement (2A2S2E) ex-Laboratoire des
Sciences de Sol, Eaux et Environnement (LSSEE). Les données sur
la composition minérale des feuilles ont été divisées en deux sous-
populations en utilisant la moyenne du rendement + l'intervalle de
confiance comme critères de discrimination (Dagbenonbakin et al.,
2013a ; Agbangba et al., 2011). Il y a la sous-population à rendement
élevé dans laquelle les rendements en riz paddy étaient supérieurs à
2100,12 kg.ha-1, et la sous-population à rendement faible dans
laquelle les rendements étaient inférieurs à 2100 kg ha-1. Les ratios
deux à deux entre la concentration des nutriments ont été exprimés
sous autant de formes que possible, par exemple, N/P, P/N, K/N, N/K,
etc. Les valeurs moyennes pour les différentes formes d'expression
ainsi que les coefficients de variation et variances associés ont ensuite
été calculés pour les deux sous-populations. Le rapport de variance
entre les sous-populations pour toutes les formes d'expressions a été
calculé (Beauflis, 1973). Parmi les différentes formes d'expression,
celle qui présente le rapport de variance le plus élevé (variance de la
population à rendement faible / variance de la population à rendement
élevé) a été sélectionnée comme norme DRIS qui représente les
relations qui devrait exister entre les nutriments pour l’obtention d’un
rendement élevé. Les indices de chaque nutriment sont calculés en
utilisant la formule suivante :

Xindice f X/Af X/B... f M/X f N/X ...

où
f (X/A) 100(X/A) (x/ a) 1/CV si (X/A) (x/a) SD

f (X/A) 1001(X/A) / (x/a)/CV si (X/A) (x/a) SD

Dans ces relations, X/ A est le ratio des concentrations des nutriments


X et A dans l’échantillon, x/a, CV et SD, sont respectivement la
moyenne, le coefficient de variation, et l’erreur standard du paramètre
X/A dans la sous-population de rendement élevé.

2.3. Interprétation des indices de nutriments


Pour interpréter les indices DRIS, le concept du potentiel de réponse
de la fertilisation (Wadt et al., 1998) a été adopté (tableau 1). Cette
méthode compare l'indice des nutriments ou sa valeur absolue avec
l'indice d'équilibre nutritionnel (NBI). L'indice d'équilibre
nutritionnel est la moyenne de la distance à zéro de tous les indices
de nutriments. Pour N indices,
NBI= (|Index A | + | Index B | + .... + | Index N|)/N.
Tableau 1. Critères d'interprétation des indices de nutriments

Index Valeur absolue des index Statut nutritionnel


<0 >NBI Déficience
>0 >NBI Excès
Indépendant ≤NBI Adéquat
NBI= Indice d'équilibre nutritionnel
Cependant, selon Kelling et Shulte (1986), un indice DRIS compris
entre -15 et +15 indique un bon équilibre des nutriments dans la plante
; les valeurs comprises entre -25 et -15 indiquent une carence possible
et les valeurs inférieures à -25, montrent une plante probablement
déficiente en nutriments.

3. Résultats
3.1. Bilan nutritionnel des plants de riz
Les résultats montrent que les échantillons de feuille présentent des
concentrations en phosphore, potassium, calcium et magnésium
significativement plus élevées dans la sous population à rendement
élevé que dans la sous population à rendement plus faible. Cependant,
les concentrations d’azote, fer et zinc ne sont pas significativement
diffèrent (Figure 4).
5 250
Concentration des nutriments

Concentration des nutriments

4,5
4 NS
200
3,5 *** NS
(mg kg-1)

3 150
(g kg-1)

2,5
2 100
1,5
1 *
** 50 NS
0,5 **

0 0
N P K Ca Mg Fe Zn

Sous-population à rendement faible


Sous-population à rendement élevé

Figure 4. Concentrations des nutriments dans les feuilles du riz


3.2. Statut nutritionnel des plants de riz
Les résultats révèlent une adéquation du phosphore (P), de potassium
(K), du magnésium (Mg), du fer (Fe) et du zinc (Zn). Par ailleurs,
l’indice d’azote est compris entre -25 et -15 ce qui indique une
probable déficience en azote des plants de riz. Par contre, l’indice du
calcium (Ca) est supérieur à 15 et indique un excès de calcium au
niveau des plants de riz (Figure 5). Les normes DRIS développés pour
l’évaluation du statut nutritionnel des plants du riz pluvial sont
présentées dans le tableau 2. Il ressort de ce tableau que les
rendements élevés sont obtenus en riziculture pluviale lorsque les
nutriments sont dans les proportions présentées dans le tableau 1.
Lorsque les concentrations des nutriments dans les feuilles du riz
respectent ces normes, le rendement escompté est de 2,5 à 5,5 t ha-1.
L’approche DRIS a également permis d’établir les besoins du riz par
ordre d’importance. Ainsi, au Centre-Bénin, les besoins du riz pluvial
en nutriments sont N>Fe>Zn>K>Mg>P>Ca (Figure 5).

30,0
NBI = 13.22
20,0
Nutrient indices

10,0
0,0
N P K Ca Mg Fe Zn
-10,0
-20,0
-30,0
Figure 5. Indices de nutriments selon le Système Intégré de
Diagnostic et de recommandation (DRIS) pour le riz pluvial
Tableau 2. Normes des nutriments générées par le système intégré
de Diagnostic et de Recommandation (DRIS) pour le riz pluvial

Normes
Ratios choisis SD Variance CV
moyennes

N/P 6.9 4.4 19.4 64.2


N/K 1.1 0.6 0.3 52.4
N/Ca 5.3 4.6 21.6 88.4
N/Mg 11 5.8 34 53
N/Fe 240.9 204.6 41867.6 84.9
N/Zn 2026 1330 1768304 65.6
K/P 6.5 1.7 3 26.4
P/Ca 0.7 0.2 0 30.8
Mg/P 0.6 0.2 0 27.8
Fe/P 0 0 0 26.6
Fe/Mg 0.1 0 0 28.4
Zn/P 0 0 0 31.5
K/Ca 4.6 1.6 2.5 34.6
K/Mg 10.6 2 4.2 19.2
Fe/K 0 0 0 31.4
K/Zn 1926 589 347204 30.6
Mg/Ca 0.4 0.1 0 33.1

Fe/Ca 0 0 0 22.6
Zn/Ca 0 0 0 41.1
Zn/Mg 0 0 0 33.4
Fe/Zn 9.5 3.4 11.9 36.2
4. Implications pour le développement
Les normes DRIS établies dans cette étude peuvent servir de base au
calibrage d’apport de fertilisant dans le programme de gestion de la
fertilité des sols. Les résultats obtenus avec le système Intégré de
Diagnostic et de Recommandation (DRIS) ont des implications
agronomiques en terme d’amélioration de la fertilisation minérale
pour la culture du riz pluvial au centre Bénin.

5. Conclusion
Le Diagnostic de nutriments par le système Intégré de Diagnostic et
de Recommandation (DRIS) permet de connaitre le statut nutritionnel
du riz pluvial dans le centre Bénin. Un apport d’azote est fortement
recommandé pour maintenir des rendements élevés dans le temps.

Remerciements
Les auteurs remercient le Programme d’Amélioration de la
Productivité Agricole des Petites et moyennes Exploitations
(PAPAPE) pour avoir financé les activités de terrain ainsi que les
coûts d’analyse de laboratoire. Ils remercient aussi Dr Ir. Guy
Apollinaire Mensah, Directeur de recherche du CAMES pour la
lecture critique de la fiche technique.

Référence bibliographiques
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