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Comment l'évolution des pratiques culturales fait de la betterave à sucre une


culture performante et durable

Article · July 2016

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6 authors, including:

Céline Gouwie Séverine Dupin


Sugar beet Institute, ITB, France
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Suzanne Blocaille Remy Duval


Institut Technique de la Betterave Institut Technique de la Betterave
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SPÉCIAL SUCRES DOSSIER

Comment l’évolution des pratiques


culturales fait de la betterave à sucre
une culture performante et durable
Céline GOUWIE, Séverine DUPIN, Suzanne BLOCAILLE, Rémy DUVAL, Lucie VIOU, Hervé ESCRIOU
Institut Technique de la Betterave

Depuis 1997, un observatoire des pratiques agricoles est mené par l’Institut Technique de la Betterave (ITB) auprès des planteurs
de betterave afin de récolter des données sur les itinéraires techniques mis en œuvre sur leurs parcelles. L’analyse de ces données
permet de suivre l’évolution des pratiques depuis ces 20 dernières années. Il a ainsi pu être mis en avant que la forte augmentation
de la productivité de la betterave s’est faite de façon parallèle à une diminution des intrants, à une meilleure préservation des
différentes ressources telles que la structure du sol, ainsi qu’à une limitation des émissions de gaz à effet de serre. La fine
connaissance de l’évolution des pratiques mises en œuvre par les planteurs de betterave est un des outils clés de la filière
betterave-sucre pour assurer la compétitivité et la durabilité de cette culture.

compétitivité de la betterave, tout en assurant la préservation des


ABSTRACT ressources à l’échelle du système de culture.
Since 1997, the French Sugar beet Institute (ITB) has been carrying Dans cet objectif, l’ITB réalise un observatoire des pratiques
out a survey of cultural practices of French sugar beet growers, in culturales depuis 1997. Chaque année, en moyenne 500
order to gather data on the cultural technical itinerary used for their agriculteurs sont enquêtés sur leurs pratiques sur l’ensemble des
cultures. The analysis of this data put in light the evolution of practices parcelles de leur exploitation. Sur chaque parcelle, les pratiques
for the last 20 years and showed that in parallel to the strong increase agronomiques depuis la récolte de la culture précédente jusqu’à
in sugar beet productivity, many environmental improvements l’enlèvement des silos de betterave sont renseignées, ainsi que
have been managed: the reduction of mineral fertilizers and plant sur certains éléments de raisonnement. A partir de ces données,
protection products, a better resources preservation and a limitation des indicateurs sont calculés à différentes échelles, de la parcelle
of greenhouse gas emissions. The precise knowledge of the evolution au territoire, ce qui permet de disposer d’une connaissance fine
of agricultural practices of sugar beet growers is a major tool for the de l’itinéraire technique. Ces indicateurs sont des données de
sector to insure sugar beet competitiveness and sustainability. référence qui permettent de confirmer précisément les évolutions
de performances et de pratiques très favorables à la productivité et
à la durabilité de la betterave.
La betterave à sucre est cultivée sur près de 400 000 ha dans 29
départements et représente actuellement 1.4 % de la surface

©ITB
agricole utile. Elle permet de diversifier les systèmes de culture
tout en étant robuste et productive. En 2015, 26 000 betteraviers
ont produit 37 millions de tonnes de betteraves sucrières. Dans
l’objectif de produire du sucre compétitif au niveau européen, et
bientôt mondial du fait de la fin des quotas betteraviers en 2017,
tout en intégrant la nécessité de préserver les ressources, associée
à la demande sociétale d’une agriculture plus respectueuse de
l’environnement, une gestion précise et optimale de la culture de
la betterave est aujourd’hui essentielle.
Les différents partenaires de la filière, des semenciers aux
constructeurs de matériels, en passant par les organismes de
conseils (ITB, chambres d’agricultures…) étudient et mettent
au point des innovations à chaque étape de l’itinéraire technique Illustration 1 : Type de sol, climat et historique déterminent les pratiques
cultural. Ces progrès techniques sont adoptés progressivement par culturales spécifiques à la parcelle de betterave
les agriculteurs d’où une évolution constante et nécessaire de leurs
pratiques culturales, pour rester à la pointe de la compétitivité UNE CULTURE DE PLUS EN PLUS PRODUCTIVE
et dans le respect des normes règlementaires. De plus, une forte ET COMPÉTITIVE
diversité des pratiques existe selon les régions, les années, et La productivité de la betterave s’est fortement améliorée depuis
parfois même au sein des différentes parcelles d’une même 1977 avec une augmentation de 68 % du rendement sucre, passant
exploitation du fait de plusieurs facteurs tels que le climat, le type de 8 T/ha à 14 T/ha (Figure 1). Cette évolution est la résultante
de sol cultivé ou encore l’historique de l’exploitation (Illustration à la fois d’une augmentation du rendement racine, c’est-à-dire du
1). La connaissance des pratiques agricoles est donc essentielle poids de la racine, de l’ordre de 1 T/ha/an et de l’augmentation de
pour analyser et comprendre ces variations, trouver les facteurs la concentration en sucre des racines, c’est-à-dire leur richesse, de
qui les régissent et définir les leviers qui permettront d’assurer la l’ordre de 0,02 points/an.

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DOSSIER SPÉCIAL SUCRES

Figure 2 : Evolution comparée des quantités d’engrais minéraux apportées


Figure 1 : Evolution du rendement sucre de 1977 à 2014 en moyenne sur les zones betteravières sur les 20 dernières années

Si le climat et les évolutions génétiques des variétés de betterave sont • La première étape du raisonnement consiste pour l’agriculteur
les raisons principales de l’amélioration des rendements de cette à réaliser des prélèvements sur chacune de ses parcelles, afin de
culture, les pratiques culturales mises en œuvre par les agriculteurs mesurer finement les quantités d’éléments minéraux présents
représentent elles aussi un levier de progression du rendement. En dans la parcelle avant le semis de la betterave. Des logiciels de
effet lorsqu’elles sont optimisées, elles permettent de réaliser le plus en plus précis et intégrant dans leurs calculs des paramètres
potentiel génétique tout en s’adaptant aux conditions climatiques. tels que le détail des apports organiques appliqués en amont,
Par exemple, avec le réchauffement du printemps, les planteurs permettent d’ajuster les conseils de doses minérales. Aujourd’hui,
de betterave sèment de plus en plus tôt : depuis 1990, les dates 75 % des agriculteurs soit deux fois plus qu’en 1997, réalisent
moyennes de semis sont passées du 5 avril au 25 mars, soit une durée une mesure d’azote résiduel, appelée «reliquat azoté», sur leur
de végétation de 10 jours supplémentaires correspondant à un gain parcelle. En parallèle, pour déterminer les quantités disponibles
potentiel de 6% de rendement. du sol en éléments phosphate et potassium, une analyse de terre
Par ailleurs, les pratiques, lorsqu’elles sont optimisées, sont des est réalisée sur 48 % des surfaces soit une augmentation de 8 % des
sources d’économies. L’étape de la récolte en est un exemple : en surfaces sur 11 ans. Les logiciels certifiés par l’ITB sont utilisés par
effet, l’utilisation de matériels de récolte et de modes de stockages la moitié des agriculteurs réalisant une analyse.
en silo plus innovants ont permis, en 30 ans, une diminution de • La deuxième étape du raisonnement consiste à bien choisir les
50 % de la tare terre (l’ensemble des résidus végétaux et de terre modalités d’apport. En particulier, l’apport localisé au semis
qui entoure la betterave arrachée). Les betteraves récoltées sont de de l’azote permet d’améliorer l’efficience et d’adapter les doses
plus en plus propres ; les coûts de transport jusqu’à l’usine et de apportées, tout en limitant les pertes par volatilisation. Or cette
lavage sont optimisés, permettant des économies pour les sucreries, pratique concerne désormais 8 % des surfaces et garde un bon
bénéfiques à l’ensemble de la filière. potentiel de développement.
Au delà de leur rôle sur le rendement, les pratiques culturales
sont aussi un des leviers clé d’amélioration de la préservation des UNE OPTIMISATION DES APPORTS DE MATIÈRES
ressources et de l’environnement. ORGANIQUES
Les pratiques mises en œuvre favorisent de plus en plus la fourniture
UNE DIMINUTION DES INTRANTS FERTILISANTS en éléments fertilisants du sol afin de limiter les apports minéraux :
La betterave bénéficie en cours de végétation de la minéralisation • L’apport de matières organiques de type fumier, compost, eaux de
de l’humus du sol, des résidus végétaux de la culture précédente, et sucreries, etc., réalisé avant l’implantation de la betterave, permet
des matières organiques apportées. Ses besoins complémentaires d’apporter des éléments nutritifs au sol et aux cultures. Leur
en fertilisants azotés sont relativement modérés. Ces apports composition et les modalités d’épandage sont de mieux en mieux
complémentaires sont un levier délicat de l’itinéraire technique maîtrisées et contribuent à favoriser leur utilisation. Les surfaces
puisqu’un déficit et une sur-fertilisation peuvent avoir des impacts d’application de fertilisants organiques ont augmenté de 30 % sur
négatifs sur le rendement et la qualité de la récolte. La maîtrise de les 20 dernières années pour atteindre 70 % en 2014. Ces apports
la fertilisation azotée se révèle donc stratégique pour la culture, que permettent de réduire les compléments minéraux. Ils apportent
ce soit en termes de productivité, d’économies possibles et d’un principalement du phosphore et du potassium aux cultures.
meilleur respect de l’environnement. • Entre la récolte de la culture précédente qui a lieu en moyenne
début aout et l’implantation de la betterave qui a lieu en moyenne
Un ajustement important de la fertilisation minérale a été réalisé mi-mars, le sol est non cultivé, ce qui peut entrainer le lessivage
depuis 30 ans avec une diminution des intrants de l’ordre de 50 % des éléments nutritifs solubles. Afin de limiter cette période sans
pour les engrais azotés, et de 70 % pour les engrais phosphatés et couverture végétale, des cultures intermédiaires sont cultivées,
potassiques (Figure 2). Deux leviers ont permis cette diminution : avec pour objectif de piéger l’azote minéral et de maintenir un
une meilleure maitrise des compléments minéraux nécessaires grâce sol sous couvert végétal protecteur. Une évolution réglementaire
à un affinement des outils de conseil et des modalités d’apports, et de la directive nitrate a fortement favorisé la mise en place de ces
la valorisation des apports de matières organiques qui recyclent une cultures, passant en 30 ans de 30 % à 88 % des surfaces. En outre,
partie des éléments nutritifs exportés par les récoltes. certaines cultures intermédiaires permettent de capter l’azote de
l’air et le restituent au sol, ce qui renforce la fourniture d’éléments
UN RAISONNEMENT AFFINÉ DES APPORTS MINERAUX nutritifs azotés.
La diminution des engrais minéraux apportés en complément
s’explique par une meilleure précision des doses de fertilisants Ainsi, la réalisation d’analyses des éléments présents dans le sol ainsi
conseillées. Plusieurs leviers dans le raisonnement de la fertilisation que l’utilisation de logiciels certifiés de conseils de doses de plus
permettent d’améliorer cette précision. en plus précis ont permis de diminuer les doses apportées. Cette

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SPÉCIAL SUCRES DOSSIER

diminution se poursuivra grâce à leur utilisation par tous et pour • Le recyclage des écumes, produit résiduaire de la fabrication du
chaque parcelle de betterave. De plus, des logiciels de simulation de sucre, apporte au sol des carbonates de calcium qui permettent de
l’azote dans les sols devraient permettre de conforter ces démarches limiter les risques de battance et d’érosion en corrigeant le pH des
de raisonnement pour l’ensemble de la production betteravière. sols betteraviers naturellement acides.
Au-delà de l’optimisation de ces pratiques, l’évolution des matériels
LA PRÉSERVATION DES SOLS agricoles est associée à de nouveaux enjeux pour la préservation
La structure des sols est importante pour permettre une bonne des sols. En effet, l’évolution des types de machines durant les 20
implantation et croissance de la betterave : elle détermine le dernières années permet de récolter dans des conditions parfois
développement et la prospection racinaire et donc sa faculté à plus difficiles car plus humides, et favorise un allongement de la
exploiter les réserves du sol en eau et éléments nutritifs. Le pivot peut durée de campagne. Ainsi les surfaces récoltées par des machines
ainsi atteindre 2 m dans des sols très profonds et bien structurés. du type automotrice ont diminué de 41 %, ce qui est à relier avec
La betterave, culture implantée au printemps, demande une gestion du une augmentation de 48 % des surfaces récoltées par des machines
travail du sol différente des cultures d’hiver, avec un travail profond qui intégrales. Les premières sont moins lourdes, mais travaillent avec
est un élément favorable à une bonne structuration du sol. Le système des remorques dans les parcelles, les secondes peuvent travailler sans
de culture incluant la betterave est d’ailleurs très favorable puisque les recours aux remorques mais présentent des poids plus importants.
rotations comprenant de la betterave alternent en moyenne 3 cultures, On peut s’interroger sur les conséquences de cette évolution pour
dont 1 autre culture implantée au printemps. les sols, notamment en termes de tassement. Des études sont
De plus, les pratiques de gestion des sols ont été adaptées aux différents actuellement menées pour évaluer un éventuel impact et optimiser
contextes culturaux : la gestion des chantiers de récolte.
• Les techniques culturales sans labour continuent de se développer
dans une logique de simplification du travail du sol. Depuis 20 UNE DIMINUTION DES INTRANTS PHYTOSANITAIRES
ans, les surfaces en non labour ont augmenté de 5 à 15 %, ce qui La protection intégrée contre les bio-agresseurs a deux
contribue à limiter la battance et l’érosion et peut diminuer la objectifs : limiter les pertes de rendement, afin que la betterave
consommation énergétique. réalise son potentiel de rendement, et réduire la dépendance
• Des cultures intermédiaires désormais implantées après la récolte aux intrants phytosanitaires. Plusieurs solutions sont
du précédent et avant l’implantation de la betterave sur 88 % possibles : des méthodes préventives telles que la lutte variétale
des surfaces, permettent de limiter la durée de sol nu, et donc de qui permet de limiter le risque des bio-agresseurs, et/ou des
limiter les phénomènes de ruissellement, d’érosion et de lessivage méthodes curatives une fois la betterave implantée telles que
de l’azote. Cela a eu pour conséquences une diminution de la la lutte chimique pour limiter la pression des bio-agresseurs et
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Industries Alimentaires et Agricoles • Juillet - Août 2016 - 21 -


DOSSIER SPÉCIAL SUCRES

Les pratiques phytosanitaires ont été fortement ajustées depuis 30 UNE LUTTE AGRONOMIQUE
ans contribuant à la durabilité de la culture : 900 g de matières actives La recherche travaille en permanence à la mise au point de variétés
étaient nécessaires dans les années 1980 pour produire une tonne de plus tolérantes et/ou résistantes à certains ravageurs et maladies.
sucre contre 240 g actuellement. Cette évolution s’explique par un Ainsi depuis plusieurs années, des variétés résistantes ont permis des
meilleur raisonnement des pratiques phytosanitaires mais aussi par progrès considérables dans la lutte contre certains bioagresseurs :
une lutte agronomique plus développée. actuellement 100 % des variétés mises sur le marché sont résistantes
à la rhizomanie, 12 % aux nématodes à kystes et près de 29 % des
Cependant, cette évolution cache des disparités entre les variétés sont résistantes à au moins 2 maladies foliaires. Ces variétés
herbicides, fongicides et insecticides (Figure 3). En effet sur résistantes aux maladies du feuillage permettent de réduire le
les 30 dernières années, les fongicides ont diminué de 50 %, nombre d’interventions.
les insecticides de 75 % alors que l’utilisation des herbicides a Même s’il n’est qu’un complément des interventions chimiques, le
augmenté de 12 %. désherbage mécanique est une pratique très répandue en culture
de betterave : 30 % des surfaces sont désherbées mécaniquement
partiellement, sur des zones plus sales que d’autres zones, et 30 %
des surfaces sont désherbées mécaniquement sur l’ensemble de la
parcelle. Depuis plusieurs années, l’ITB contribue au développement
de techniques de désherbage mécanique performantes et rapides,
qui peuvent être une alternative aux interventions herbicides
chimiques. Mais leur utilisation reste fortement soumise aux
conditions climatiques.

En conclusion, les pratiques phytosanitaires ont été fortement


améliorées, en particulier pour la gestion des maladies et des
ravageurs. Cependant la gestion des mauvaises herbes reste toujours
délicate et il s’agit du premier poste d’utilisation des phytosanitaires :
les quantités de matières actives herbicides utilisées suivent une légère
Figure 3 : Evolution comparée des quantités minérales d’engrais apportées augmentation depuis quelques années malgré une réduction des
en moyenne sur les zones betteravières sur les 20 dernières années
interventions en pré-levée et une utilisation importante en betterave
du désherbage mécanique. L’intégration de ces solutions dans les
UNE AMÉLIORATION DU RAISONNEMENT DES pratiques culturales nécessite d’être complétée par un important
PRATIQUES PHYTOSANITAIRES travail de recherche, développement et accompagnement. Ainsi, dans
Les pratiques phytosanitaires ont été améliorées quels que soient les le cas du désherbage mécanique, compte tenu des fenêtres climatiques
bioagresseurs visés : d’intervention courtes, les matériels nécessitent d’être améliorés, pour
• Pour les ravageurs, la lutte était essentiellement réalisée par assurer des débits de chantier plus importants : guidage de précision,
des traitements insecticides en végétation. Dans les années largeur de travail, robotisation. De plus, le contexte réglementaire
1990, des traitements de semences insecticides ont été mis au évolue fortement, et rend la gestion des adventices l’un des enjeux
point, permettant de protéger la plantule fragile en début de essentiel de la culture de la betterave.
levée contre certains ravageurs et limitant les traitements en
végétation. Ainsi, les surfaces implantées avec des semences UNE LIMITATION DES ÉMISSIONS ATMOSPHÉRIQUES
protégées par des traitements de semence insecticides, ont Les évolutions fortes de pratiques ont entrainé une diminution des
progressivement augmenté jusqu’à 96 %, ce qui a permis de émissions de gaz à effet de serre. En effet, des interventions en moins
réduire le nombre de traitements en végétation de près de 80 %. entrainent notamment une consommation énergétique moindre.
En parallèle, les surfaces traitées en végétation ont diminué de De plus la réduction des intrants, en particulier les engrais minéraux
70 % à 20 %. Ces derniers 20% concernent des traitements azotés, limite également les émissions. Au final, en 2003, 3.6 tonnes
contre des bioagresseurs non-ciblés par le traitement de de CO2 étaient émises pour sa culture, contre 2.3 tonnes en 2014.
semences. De plus, les émissions d’ammoniac ont également été diminuées, en
• L’ITB a développé des seuils d’intervention sur les maladies lien avec les diminutions d’apport d’azote et le développement des
foliaires, afin de déterminer le moment opportun pour intervenir : apports localisés et enfouis au semis qui limitent la volatilisation.
si une intervention est trop tardive, la maladie est déjà bien
développée et la perte de productivité est effective. Si une POURSUIVRE LES AMÉLIORATIONS ET LE SUIVI DES
intervention est trop précoce, soit les conditions climatiques ne PRATIQUES
sont pas favorables à la maladie et le traitement est non valorisé, Depuis plus de 20 ans, les pratiques ont fortement évolué, en lien
soit la maladie se développe plus tard et il est nécessaire de ré- avec une évolution des outils d’accompagnement des agriculteurs,
intervenir, la rémanence du produit ne permettant pas de contenir de plus en plus utilisés. Leur adoption par tous est un préalable à une
la pression de la maladie. La mise en place des seuils d’intervention augmentation globale de la productivité de la filière. Au-delà de cet
pour les maladies foliaires permet d’optimiser les interventions accompagnement, les innovations réalisables aux différentes échelles,
fongicides, passant en moyenne de 1.7 à 1.4 interventions en 20 de la gestion du système de culture à l’utilisation d’outils numériques de
ans. précision, permettront d’assurer quant à elles une marge de progression
• Au niveau du désherbage, les premières interventions étaient importante, essentielle pour la compétitivité de cette culture.
réalisées avant la levée de mauvaises herbes, c’est-à-dire en pré- Le suivi des pratiques permet non seulement d’identifier les choix
levée, et ensuite à la vue des mauvaises herbes. L’ITB a préconisé de techniques utilisées par les agriculteurs et de les accompagner au
la diminution des ces interventions préventives ; les traitements mieux vers l’adoption de pratiques optimales mais aussi de mettre
herbicides en prélevée concernent actuellement 20 % des surfaces en lumière de nouveaux enjeux et de définir les axes de recherche à
contre 50 % il y a 10 ans. mener pour demain. n

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