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L'IRRIGATION DE SURFACE: Conception, fonctionnement et évaluation de


performance

Book · April 2019

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1 author:

Ahmed Skhiri
Ministry of Agriculture, Saudi Arabia
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Ahmed Skhiri

L’irrigation de surface

Conception, fonctionnement
et évaluation de performance

1
2
Introduction générale

1. Introduction
L’irrigation de surface consiste à amener l’eau au point le plus haut du terrain
et à la laisser s’écouler par gravité. Les méthodes d’irrigation de surface sont très
nombreuses car elles portent souvent des noms régionaux. Cependant, elles
peuvent être regroupées principalement en trois classes suivant le mode de
répartition de l’eau qui dépend lui-même du façonnage qui a été donné au terrain :
 L’eau est distribuée par submersion (irrigation par bassins) ;
 L’eau est distribuée par infiltration (irrigation par sillons) ;
 L’eau est distribuée par ruissellement (irrigation par planches).
L’apport d’eau se fait sous la forme d’un certain débit que l’on coutume
d’appeler main d’eau parce que c’est le débit qu’il faut avoir bien en main pour ne
pas en gaspiller, ni perdre de temps à l’utiliser. Cette main d’eau dépend à la fois de
la méthode d’irrigation, des caractéristiques du terrain et de l’habilité des irrigants.
En Tunisie, la superficie équipée pour l’irrigation est de l’ordre de 486 600 ha
(2012) dont 380 000 sont réellement irrigués (2011). De cette superficie totale 459
600 ha sont équipés pour l’irrigation en maîtrise totale. La répartition de cette
superficie entre les différents systèmes d’irrigation est illustrée dans le tableau
suivant :
Tableau 1. Répartition de la superficie irriguée en fonction du type de système
d’irrigation

Technique d’irrigation Superficie (ha) Pourcentage (%)


Irrigation de surface 189 400 39
Irrigation par aspersion 115 200 24
Irrigation localisée 155 000 32

3
De la superficie totale irriguée, on a 27 000 ha qui sont équipés pour l’irrigation
en maîtrise partielle dont la technique la plus utilisée c’est l’épandage des eaux des
crues.

2. Phénomène d’infiltration
En irrigation de surface, les caractéristiques d’infiltration commandent l’entrée
de l’eau dans le sol et également le mouvement de l’eau à la surface du terrain,
représentant ainsi une information de base indispensable pour l’évaluation et la
gestion des systèmes d’irrigation gravitaire.
Le terme infiltration traduit le flux vertical de l’entrée d’eau dans le sol. Le
phénomène d’infiltration peut être établi mathématiquement par des équations
empiriques, la plus utilisée est celle de Kostiakov ou par mesure directe sur le
terrain, la méthode la plus utilisée est celle de double-anneau.

2.1. Lois d’infiltration


Kostiakov (1932) a proposé une équation de type :
𝑍 = 𝑘×𝑇
où :
o Z : Hauteur d’eau infiltrée ;
o T : Temps d’infiltration ;
o k et a sont des constantes empiriques avec k > 0 et 0 < a < 1.
Ces dernières constantes sont normalement ajustées par des données
expérimentales mesurant le temps d’infiltration et les volumes d’eau infiltrés. Le
coefficient k désigne l’infiltration cumulée dans l’unité de temps. L’exposant a
correspond à la pente de la droite de la régression linéaire des variables après
transformation logarithmique.
Cette équation est simple et représente l’infiltration de façon satisfaisante dans
la plupart des cas. Cependant, elle ne décrit pas convenablement l’infiltration pour
des longues durées. Dans ce cas, l’équation veut que la vitesse d’infiltration (I) tende
vers zéro, une fois que « a » est toujours inférieur à l’unité.
𝐼 = 𝑎×𝑘×𝑇
Tandis que dans la réalité, I tend vers une valeur constante proche de la
conductivité hydraulique à saturation (Ks).
Une deuxième équation dite de Kostiakov-Lewis a été développée de la
manière suivante :

4
𝑍 = 𝑘×𝑇 + 𝑓 ×𝑇
où :
o f0 : Infiltration de base.

2.2. Mesure de l’infiltration


Parmi les méthodes de mesure de l’infiltration figurent du bassin infiltromètre,
du sillon infiltromètre bloqué, du sillon infiltromètre à recirculation. La plus utilisée
est celle de l’infiltromètre à double anneau (Figures 1 et 2).

Figure 1. Composantes d’un Figure 2. Vue schématique d’un


infiltromètre double anneau infiltromètre double anneau

L’infiltromètre double anneau est composé de deux anneaux métalliques


enterrés partiellement dans le sol en position concentrique (Figure 2). L’anneau
intérieur, par lequel se mesure l’eau infiltrée, a un diamètre de 30 cm ou plus et une
hauteur de 40 cm. Le second anneau, plus large, permet de maintenir l’entourage
du premier anneau avec une percolation verticale, de façon à maintenir un flux
monodimensionnel à l’aide d’une plaque métallique et d’un marteau, à une
profondeur d’environ 15 cm.
Le test commence par un remplissage soigneux des anneaux jusqu’à une
référence de niveau proche de celui vérifié dans l’irrigation (5 à 158 cm). Ainsi, le
volume de l’anneau intérieur permet de connaître le volume infiltré pour une
certaine période de temps qui correspond au volume d’eau ajouté pour remettre le
niveau à la référence.

2.3. Exemple d’application


Un essai d’infiltration a été réalisé au cours d’une irrigation à la planche. Trois
points ont été choisis au sein de la planche dans lesquels trois cylindres double-
anneau ont été implantés. Les résultats observés au sein des trois cylindres sont
représentés dans le tableau 2 ci-après.

5
Tableau 2. Données observées au sein des trois cylindres double anneau

Cylindre 1 Cylindre 2 Cylindre 3


T (mn) Z (m) T (mn) Z (m) T (mn) Z (m)
1 0,011 1 0,013 1 0,005
2 0,013 2 0,011 2 0,007
3 0,015 3 0,014 3 0,008
4 0,016 4 0,016 4 0,014
10 0,020 5 0,018 5 0,011
20 0,029 6 0,019 12 0,017
30 0,033 11 0,024 17 0,022
43 0,038 16 0,029 23 0,026
58 0,046 26 0,034 33 0,029
63 0,048 41 0,041 93 0,050
93 0,058 57 0,047 153 0,063
123 0,065 87 0,055 213 0,075
183 0,075 117 0,065 273 0,084
243 0,082 147 0,072 333 0,093
303 0,090 207 0,082 393 0,102
403 0,097 267 0,093 453 0,111
463 0,103 327 0,104 513 0,120
523 0,108 387 0,110
583 0,114 447 0,117

Le taux d’infiltration (I) entre deux observations est déterminé à partir de la


relation suivante :
𝑍 −𝑍
𝐼=
𝑇 −𝑇
où :
o Z : Hauteur cumulée d’eau infiltrée ;
o T : Temps d’infiltration ;
o j : rang d’observation.

6
Pour l’évaluation du taux d’infiltration, on s’intéressera dans notre cas uniquement
au cylindre 1 dans lequel les résultats sont représentés au sein du tableau 3 ci-après :
Tableau 3. Infiltration cumulée, taux d’infiltration et logarithmes décimales de
T et Z pour le cylindre 1

T (mn) Z (m) I (m mn-1) Log (T) Log (Z)


1 0,011 0,00200 0,00000 -1,95861
2 0,013 0,00200 0,30103 -1,88606
3 0,015 0,00100 0,47712 -1,82391
4 0,016 0,00067 0,60206 -1,79588
10 0,020 0,00090 1,00000 -1,69897
20 0,029 0,00040 1,30103 -1,53760
30 0,033 0,00038 1,47712 -1,48149
43 0,038 0,00053 1,63347 -1,42022
58 0,046 0,00040 1,76343 -1,33724
63 0,048 0,00033 1,79934 -1,31876
93 0,058 0,00023 1,96848 -1,23657
123 0,065 0,00017 2,08991 -1,18709
183 0,075 0,00012 2,26245 -1,12494
243 0,082 0,00013 2,38561 -1,08619
303 0,090 0,00007 2,48144 -1,04576
403 0,097 0,00010 2,60531 -1,01323
463 0,103 0,00008 2,66558 -0,98716
523 0,108 0,00010 2,71850 -0,96658
583 0,114 2,76567 -0,94310

La régression linéaire des logarithmes Z et T nous permet de déterminer les


paramètres de l’équation d’infiltration de Kostiakov :
𝐿𝑜𝑔 𝑍 = 0,3859×𝐿𝑜𝑔 𝑇 − 2,016
Par identification on obtient :
𝑘 = 0,0096
𝑎 = 0,3859

7
3. Phases de l’irrigation de surface
L’une des spécificités de l’irrigation de surface par rapport aux autres modes
d’irrigation (aspersion, irrigation localisée) est d’utiliser la surface du sol (d’où son
appellation) comme lieu d’infiltration de l’eau d’irrigation et comme moyen de
transport de celle-ci. Le mode de fonctionnement habituel de l’irrigation de surface
se divise en quatre phases (Jensen, 1980) telles qu’elles sont illustrées par la figure 3 :

3.1. Phase d’avancement


C’est la phase comprise entre le début de l’irrigation (T0) et le moment où
l’écoulement atteint l’extrémité inférieure de l’ouvrage d’irrigation (TL). En d’autres
termes, c’est la période durant laquelle le front d’irrigation avance jusqu’à l’aval de
la parcelle ;

Figure 3. Schématisation des principales phases de l’irrigation de surface.

3.2. Phase d’entretien ou stockage


Elle dure entre le moment où le front atteint l’aval de la parcelle (TL) et celui
où l’alimentation en eau sur le poste d’irrigation est coupée à l’extrémité amont de
la parcelle (TC). Lorsque le front d’eau arrive à l’extrémité avale de l’unité
d’irrigation, la lame d’eau infiltrée est généralement inférieure à la dose requise. Un
temps supplémentaire appelé temps requis (Treq) est nécessaire pour assurer
l’infiltration de la dose d’irrigation nécessaire ;

8
3.3. Phase d’épuisement ou de déplétion
Elle débute à l’arrêt de l’alimentation du poste et dure jusqu’à ce que l’eau
commence à disparaître d’une partie du bassin, de la planche ou bien du sillon (TD) ;

3.4. Phase de récession


Elle débute à l’arrêt de l’alimentation du poste d’irrigation et dure jusqu’à la
disparition totale de l’eau de tous les points du secteur de la parcelle arrosée (TR).
Dans ce mode de fonctionnement, le surplus de débit mis en jeu par rapport
au cumul de l’infiltration sur le parcours se déverse en colature à l’aval du champ
durant la phase d’entretien et celle de récession. Dans ce cas on parle de pertes en
colature.
Dans ce mode de fonctionnement également, le temps de présence de l’eau sur
la partie amont du parcours est généralement plus élevé que sur la partie avale. La
quantité d’eau infiltrée étant directement reliée au temps d’humidification, la
satisfaction des quantités d’eau requises à l’aval est obtenue au prix de pertes en
percolation (infiltration au-delà de la zone exploitée par les racines) sur le parcours
amont.
La connaissance de l’infiltration est essentielle pour apprécier les quantités
d’eau utiles aux plantes et dégager des consignes d’amélioration pour la conduite
de l’irrigation. Or, l’infiltration est un processus physique complexe, excessivement
variable dans l’espace et à diverses échelles de temps, et s’avère difficile à
appréhender directement. En irrigation à la raie par exemple, l’infiltration est un
processus bidimensionnel faisant intervenir les propriétés hydrodynamiques
verticale et horizontale du sol en place.

4. Principales techniques de l’irrigation de surface


Généralement l’irrigation de surface comprend trois grands types de
techniques d’irrigation de surface, à savoir :

4.1. Irrigation par bassin


Les bassins sont constitués de cuvettes en terre, à fond à peu près plat,
entourées de diguettes de faible hauteur. Ces diguettes sont conçues pour empêcher
le passage de l’eau aux champs adjacents. Cette technique est utilisée, d’une façon
générale, pour l’irrigation des rizières sur terrain plat (Figure 4), ou des terrasses à
flanc de coteau (Figure 5). La méthode par bassins est aussi utilisée pour l’irrigation
des arbres forestiers (Figure 6) ou bien les arbres fruitiers (Figure 7) ; dans ce cas

9
une petite cuvette (bassin) est aménagée autour de chaque arbre. En général, cette
technique d’irrigation s’applique à toutes les cultures qui peuvent tolérer la
submersion par les eaux pour une longue durée (exemple 12 – 24 heures).

Figure 4. Irrigation par bassins des Figure 5. Irrigation par bassins à flanc
rizières de coteau.

Figure 6. Irrigation par bassins pour Figure 7. Irrigation par bassins pour
les arbres forestiers. les arbres fruitiers.

4.2. Irrigation à la raie


Les sillons sont des petites rigoles en terre, aménagées dans le sens de la pente
du terrain, pour transporter l’eau entre les rangées de cultures. L’eau s’infiltre dans
le sol, principalement par les côtés du sillon, tout le long de son trajet dans le sens
de la pente du terrain. Généralement, les plantes sont cultivées sur les billons
séparant les sillons (Figures 8 et 9). Cette technique est valable pour l’irrigation de
toutes les cultures en lignes que ce soient cultures maraîchères (Figure 8) ou bien
pour les arbres fruitiers (Figure 9) et pour toutes les cultures qui ne tolèrent pas la
submersion par les eaux de leur feuillage ou de leur collet pour une longue durée
(exemple 12 – 24 heures).

10
Figure 8. Irrigation par sillon pour les Figure 9. Irrigation par sillons pour les
cultures maraîchères. arbres fruitiers.
Les sillons sont alimentés par des prises d’eau aménagées sur les berges du
canal d’amenée. Ces ouvrages de prise peuvent être soit des simples ouvertures
aménagées sur les berges du canal d’amenée (Figure 10), soit des siphons (Figure
11), ou bien des tuyaux d’alimentation passant à travers la berge du canal d’amenée
(Figure 12).

Figure 10. Sillons alimentés par Figure 11. Sillons alimentés par
ouvertures. siphons.

Figure 12. Sillons alimentés par tuyau.

11
4.3. Irrigation par planches
Les planches sont des bandes de terrain, aménagées en pente douce et séparées
par des diguettes. Elles sont aussi appelées calants ou planches d’irrigation (Figure
13). L’alimentation en eau des planches est faite de plusieurs façons : soit à l’aide de
prises d’eau aménagées sur le canal d’amenée et équipées d’une vannette, soit par
des siphons, ou bien par des tuyaux d’alimentation passant à travers les berges du
canal d’amenée. La lame d’eau introduite ruisselle en descendant la pente de la
planche, guidée par les diguettes des deux côtés de celle-ci.

Figure 13. Irrigation de surface par planches (ruissellement).

12
Chapitre I
Relations eau-sol-plante

I.1. Introduction
Les plantes poussent et croissent sur des sols qui leur fournissent de l’eau et des
nutriments. Généralement, elles absorbent l’eau à partir du sol par leurs racines et
elles utilisent seulement entre 1,0 et 1,5 %, du volume d’eau absorbé, pour leur
croissance végétative ainsi que l’exécution de certaines activités physiologiques et
biochimiques. Le reste d’eau absorbée sera perdue par voix de transpiration.
Il existe cependant une relation très étroite entre l’eau, le sol et la plante. Cette
relation doit être clairement compréhensible pour pouvoir décider le temps et la
dose d’irrigation opportuns et réaliser une utilisation efficiente de l’eau d’irrigation
conduisant ainsi à une bonne gestion de l’eau à l’échelle de la parcelle. Le but de ce
chapitre est de présenter les éléments de bases concernant le sol, l’eau, la plante et
les relations entre eux et qui sont d’intérêt pour la gestion de l’eau à la parcelle.
Pour conduire une irrigation efficace et économe en eau, il convient de
connaître les caractéristiques principales des relations de l’eau avec ces différents
milieux. Ces caractéristiques sont décrites brièvement dans ce qui suit.

I.2. L’eau et l’atmosphère


L’essentiel de l’eau apportée au cours d’une irrigation sert à assurer les besoins
de transpiration des plantes. La transpiration est en réalité une évaporation de l’eau
à partir des feuilles vers l’atmosphère. Ce phénomène est donc très lié aux facteurs
climatiques tels que la température, l’humidité de l’air, le vent et le rayonnement
solaire. Ces éléments ne sont que l’expression de l’énergie disponible dans l’air pour
assurer l’évaporation d’une certaine quantité d’eau qui a pour origine le
rayonnement direct et indirect du soleil (Figure I.1).

13
Figure I.1. Rayonnement du système terre-atmosphère (Ducrocq, 1990)
A l’échelle de la terre, la transpiration des végétaux, cultivés ou non, est une des
composantes du cycle de l’eau (Figure I.2). Ce dernier se traduit par des
mouvements continus de l’eau entre la surface terrestre et l’atmosphère, sous forme
d’évaporation dans un sens et de précipitation (pluie et neige) dans un autre sens.
Les quantités d’eau ainsi échangées en permanence sont toutefois très variables
selon les climats. Malgré les grandes possibilités énergétiques d’évaporation, les
zones arides et semi-arides ont des échanges très réduits, car elles ne reçoivent que
de faibles apports d’eau.
La Tunisie qui est de climat méditerranéen souffre pendant une grande partie
de l’année d’une sécheresse presque totale : ce manque de pluies, aggravé par une
forte demande climatique d’évaporation, oblige à irriguer toute culture d’été dont
on vent garantir le rendement (Ben Alaya, 1997).
Ce recours indispensable à l’irrigation se fait par ailleurs dans des conditions
de plus en plus difficiles : d’une part il exige de stocker et de récupérer par des
ouvrages de plus en plus couteux les eaux tombées pendant la saison pluvieuse,
d’autre part, les besoins croissants en eau pour l’irrigation subissent la concurrence
de plus en plus forte des besoins en eau des usages domestique et industriels, liés au
développement économique (Ducrocq, 1990). La nécessité d’une irrigation de plus
en plus efficace s’impose donc à tous les praticiens (Ben Alaya, 1997).

14
Figure I.2. Principaux circuits du cycle de l’eau.

I.3. L’eau et la plante


I.3.1. Utilisation de l’eau
La plante utilise l’eau de plusieurs façons, à savoir :
 En l’accumulant en elle-même, puisqu’elle forme de 60 à 95 % du poids
total, variant d’ailleurs avec la période de végétation. L’eau fait partie de la structure
cellulaire elle-même ;
 Comme véhicule des substances minérales qui servent à son alimentation.
L’eau sert à transporter les aliments, d’une part du sol vers les racines et d’autre part
des tiges vers les feuilles ;
 Comme système de régulation de la température, et d’évacuation de l’eau
de végétation, par la transpiration ;
 Au niveau de la cellule, l’eau permet la transformation des substances
nutritives absorbées qui se passent toujours en milieu liquide. Elle entre
directement dans certaines réactions, c’est le cas par exemple de la photosynthèse
qui permet aux végétaux de produire, en présence de lumière, de la matière
organique à partir du gaz carbonique (CO2) de l’air.
On estime généralement que la production d’un gramme de matière sèche
exige une consommation variant entre 300 et 800 grammes d’eau. Cette
consommation est repartie de façon très inégale :
 La plus grande partie sert à assurer la transpiration et le transport des
minéraux puisés dans le sol ;
 Une petite partie est stockée dans la plante ;
 Une très faible partie est utilisée pour la croissance, la formation des fruits,
de graines etc.

15
I.3.2. État, circulation et potentiel de l’eau
Lorsque l’eau circule à la surface du sol, elle coule, toujours d’un point haut
vers un point bas et cela semble évident à tout le monde. En revanche, on ne
s’étonne pas que l’eau absorbée par les racines à 1 ou 2 mètres de profondeur
ressorte des plantes au niveau des feuilles or cela représente une ascension (ou
montée) qui peut, dans le cas de certains arbres, atteindre plusieurs dizaines de
mètres. En réalité tous ces phénomènes, en apparence différents, s’expliquent par
l’état de l’eau dans les différents milieux qu’elle traverse.
Quel que soit le milieu dans lequel elle se trouve (la cellule végétale, le sol, l’air),
l’eau n’est pas libre de circuler n’importe où : elle est soumise à certaines forces qui la
« retiennent » à son milieu et à d’autres qui tendent à « l’arracher » à celui-ci. Selon le
sens de la force dominante, l’eau restera par exemple dans le sol que l’on vient d’irriguer,
ou s’écoulera au contraire en profondeur. On retiendra simplement que :
 Plus le milieu est sec, plus il retient le peu d’eau qu’il contient (eau liquide
dans le sol et la plante, vapeur dans l’air) ;
 L’eau va du milieu où elle est la plus libre vers celui où elle est la plus liée ;
 En pratique, l’eau va du milieu le plus humide vers le milieu le plus sec :
tout se passe en quelque sorte comme si le sens de circulation de l’eau tendait à
rétablir un tel équilibre entre l’humidité des différents milieux.
La liaison de l’eau avec son milieu (sol, plane, air) peut être exprimée par le potentiel
de l’eau dans ce milieu. Dans le sol, la plante et l’air, l’eau se trouve généralement à des
potentiels différents (Figure I.3.) : Ces différences expliquent le mouvement de l’eau.

Figure I.3. Répartition des potentiels d’eau

16
Le potentiel de l’eau dans le sol varie de :
 0 atmosphère, lorsque le sol est rempli d’eau ;
 A plusieurs dizaines d’atmosphères, dans le cas par exemple d’un sol
desséché à la fin de l’été.
On retiendra que lorsque le potentiel de l’eau dans le sol dépasse 15
atmosphères, la plupart des végétaux cultivés ne peuvent plus absorber cette eau par
leurs racines. On atteint ce qu’on appelle le point de flétrissement.
Le potentiel de l’eau dans la plante dépend en fait de la teneur en eau dans les
vacuoles des cellules. Pour la plupart des végétaux cultivés, le potentiel varie de 0 à 20
atm. Pour certaines plantes des zones arides, le potentiel peut atteindre 50 à 60 atm. Le
potentiel est maximum au début du flétrissement et il devient plus faible lorsque la
plante reconstitue ses réserves en eau à la suite d’une pluie ou d’une irrigation.
Le potentiel de l’eau dans l’air dépend de la température et de l’humidité
relative de l’air. Sa valeur varie de 0 à 1500 atm.

I.3.3. Transpiration
Les rapports entre l’eau et la plante sont exprimés par la transpiration qui
représente l’évaporation de l’eau à partir des feuilles vers l’atmosphère. L’eau ainsi
transpirée ne provient pas des réserves de la plante, mais du sol dans lequel celle-ci
puise par ses racines au fur et à mesure de ses besoins. Ceux-ci sont fixés par la
demande d’évaporation de l’air, elle-même déterminée par la température, la
sécheresse de l’air, le vent, etc. La transpiration, qui permet notamment à la plante
exposée aux rayons du soleil d’être suffisamment refroidie, n’est donc qu’une étape
dans la circulation continue de l’eau entre le sol et l’atmosphère.
Lorsque les conditions climatiques créent une demande d’évaporation plus
forte que les possibilités d’absorption et donc de transpiration de la plante, celle-ci
se protège, dans certaines limites, par la régulation stomatique. II s’agit d’un
mécanisme de fermeture progressive des orifices situés sous les feuilles, appelés
stomates, par lesquels sort l’essentiel de l’eau transpirée.
Comme tous les échanges gazeux de la plante passent par ces stomates, leur
fermeture ralentit aussi l’absorption du gaz carbonique de l’air que les plantes
transforment en matière organique (phénomène de photosynthèse). Autrement dit,
le déclenchement de la régulation stomatique diminue la production végétale. Pour
éviter cette régulation ou en réduire l’intensité et la durée, on doit donc chercher à
augmenter les possibilités de transpiration de la plante et à diminuer la demande
d’évaporation de l’air.

17
L’irrigation, en augmentant l’humidité du sol, facilite l’absorption de l’eau par
les racines et par conséquent la transpiration des feuilles. De ce point de vu,
l’irrigation a un effet bénéfique sur les rendements des cultures.

I.4. L’eau et le sol


L’eau transpirée par les plantes provient naturellement des réserves que le sol
stocke au moment des pluies. Sous climat méditerranéen, celles-ci sont
généralement insuffisantes et dans tous les cas trop mal reparties pour assurer aux
végétaux une alimentation en eau correcte. Dans ces conditions, pour augmenter et
garantir les rendements il faut arroser de façon à reconstituer les réserves du sol
lorsque la pluie est faible.

I.4.1. Le réservoir sol : caractéristiques principales


I.4.1.1. Densité, porosité et humidité
Les particules solides du sol sont rassemblées en morceaux de taille variable,
entre lesquels des espaces vides remplis d’eau ou d’air. Les définitions de base sont
rassemblées dans le tableau I.1. :
Tableau I.1. Densité, porosité et humidité caractéristiques d’un sol.

Terme Symbole Définition Ordre de grandeur Observations


Densité Ms
Dr Sol moyen : 2,6 à 2,7 Unité : g cm-3
réelle Vs
o Sol sableux : 1,3 à 1,4
o Unité : g cm-3
o Sol limoneux : 1,2 à
Densité Ms o Permet de
Da 2,5
apparente Vt calculer Ɵ à partir
o Sol argileux : 1,1 à
de ω
1,3
o Sol limoneux : 40 à
Ve + Va
Porosité P ×100 60 Unité : %
Vt o Sol argileux : 50 à 70
Humidité Me Déterminée par le
pondérale
ω ×100
laboratoire
Ms
θ = Da × ω
Humidité Ve Utilisé par
θ ×100
volumique Vt l’irrigant
Avec Ms : masse des solides, Me : masse de l’eau, Vt : volume échantillon,
Vs : volume des solides, Ve : volume de l’eau et Va : volume de l’air.

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I.4.1.2. État de l’eau dans le sol

Figure I.4. Représentation simplifiée des différents types d’eau


dans un agrégat de sol.
L’eau du sol est soumise à différentes forces qui la tiennent plus ou moins
fortement aux particules solides (Figure I.4.) ou au contraire tendent à la chasser.
Après un arrosage ou une pluie abondante par exemple, l’eau occupe tous les vides,
on dit alors que le sol est saturé. Mais cette situation ne dure pas (sauf si le sol est
recouvert d’eau en permanence). En général une partie de l’eau s’écoule en
profondeur sous l’effet de la pesanteur (forces de gravité). Au bout d’un certain
temps, ce mouvement de descente s’arrête lui-même. On se trouve alors devant un
sol non saturé où les forces qui retiennent l’eau (forces de rétention) sont
supérieures aux forces de gravité. L’eau qui reste est liée au sol et ne quittera celui-
ci que sous l’effet de forces supérieures à celle de rétention.

I.4.1.3. Potentiel de l’eau


a) Signification
Le potentiel exprime l’intensité des forces qui retiennent l’eau dans le sol et,
par conséquent, l’importance du travail qu’il faudra fournir pour extraire cette eau.
On retiendra en particulier que :
 Plus le sol est humide, plus le potentiel de l’eau est faible, plus l’eau est
« mobile » ;

19
 Au fur et à mesure que le sol se dessèche, les forces de rétention du sol et le
potentiel de l’eau augmente : quelle que soit la quantité d’eau présente dans le sol,
celle-ci devient de moins en moins « disponible » pour les plantes.
b) Unité de mesure du potentiel
Pour mesurer le potentiel (ou tension) de l’eau dans le sol, on utilise, en plus
des unités telles que l’atmosphère ou la hauteur d’eau en cm, une unité particulière :
le pF. Le tableau I.2. exprime la correspondance entre ces diverses unités.
Tableau I.2. Correspondance entre les principales unités de potentiel.

Hauteur 1 10 100 1000 10000 15000 100000


d’eau (cm)
Atmosphère - - 1/10 1 10 15 100
pF 0 1 2 3 4 4,2 5

c) Relation entre potentiel et teneur en eau


La plus grande partie de l’eau stockée dans le sol est retenue dans les espaces
libres existant entre les particules solides : ces espaces sont appelés capillaires. Du
point de physique, les forces qui retiennent l’eau dans ces capillaires sont d’autant
plus fortes que ceux-ci sont petits. Autrement dit, l’eau stockée dans un capillaire
très fin aura un potentiel plus élevé qu’une même quantité d’eau retenue par un
capillaire de grand diamètre. Or, dans le sol, la répartition des espaces vides entre
« gros », « moyens » et « petits » capillaires dépend de la nature du sol : dans
l’ensemble, les sols argileux et limoneux sont plus riches en petits capillaires que les
sols sableux. Ceci explique qu’il y ait pour chaque sol, une relation caractéristique
entre l’humidité et le potentiel correspondant de l’eau. Pour en montrer les
applications pratiques en irrigation, on a représenté, sur la figure I.5. trois courbes
d’humidité-potentiel concernant l’une un sol sableux, un sol limoneux et l’autre un
sol argileux. L’examen et la comparaison de ces courbes permettent de tirer
quelques conclusions pratiques :
 L’humidité maximum d’un sol dépend de sa nature, pour un même volume
de terre, un sol argileux peut retenir plus d’eau qu’un sol limoneux ou sableux ;
 Dans tous les cas, plus l’humidité augmente, plus le potentiel de l’eau
diminue, plus celle-ci est facilement absorbable par les racines ;
 Deux sols de nature différente, ayant la même humidité, n’offrent pas aux
plantes les mêmes possibilités d’absorption ;
 A volumes égaux, un sol sableux stocke moins d’eau qu’un sol argileux mais
il cède celle-ci plus facilement ;

20
 Enfin, quelque soit le type de sol, l’humidité varie peu lorsque le sol se
dessèche, alors que le potentiel de l’eau augmente au contraire très fortement (les
courbes deviennent presque verticales).

Figure I.5. Exemple de courbes Humidité-Potentiel.

I.4.1.4. Valeurs références de l’humidité dans le sol


Différents concepts et définitions relatifs à l’humidité des sols ont été
développés dans l’optique d’une utilisation pratique. Les concepts d’humidités
caractéristiques sont présentés à la figure I.6. et ils sont aussi en relation avec
l’utilisation de l’eau par la plante.

Figure I.6. Teneurs en eau caractéristiques des sols et croissance des plantes.
Les définitions des humidités caractéristiques sont :

21
a) L’humidité à la saturation ƟSAT
Teneur en eau à saturation du sol en condition de champ lorsque tous les vides
sont remplis d’eau. En réalité, le sol n’atteint jamais une saturation complète car
une certaine quantité d’air y reste toujours emprisonnée.
b) L’humidité à la capacité au champ ƟCC
Teneur en eau du sol après que l’excédent d’eau se soit drainé et que le régime
d’écoulement vers le bas soit devenu négligeable, ce qui se produit habituellement
de un à trois jours après une pluie ou une irrigation. C’est en quelque sorte la limite
supérieure de l’eau utile pour les racines.
c) L’humidité au point de flétrissement ƟPF
Comme son nom l’indique, l’humidité au point de flétrissement représente la
teneur en eau du sol en dessous de laquelle l’absorption de l’eau par les racines est
bloquée (ceci entraine le flétrissement). A ce moment, le potentiel de l’eau du sol
est supérieur à celui de l’eau dans la plante.
d) L’humidité au point critique ƟPC
Teneur en eau du sol lorsque la plante commence à souffrir d’un manque d’eau
et que sa croissance en est affectée. Cette teneur en eau est utilisée dans la gestion
de l’irrigation. Il est aussi appelé point de flétrissement temporaire par certains.
Cette valeur se situe entre le tiers et les deux tiers de la différence entre le point de
flétrissement et la capacité au champ.
e) Valeurs pratiques
Dans la pratique, les calculs de ƟCC et ƟPF se font en utilisant l’humidité
équivalente ƟE, à partir des relations suivantes :
θ CC = θ E
θ PF = θ E 1,84

L’humidité équivalente ƟE est la quantité d’eau retenue par un échantillon de


sol soumis à l’action de la force de centrifuge dans une essoreuse. Elle correspond à
un potentiel de l’eau dans le sol égale à 1 atmosphère (ou pF = 3).
Tableau I.3. Valeurs moyennes de ƟCC ƟPF ƟE.
Dénomination
Valeurs moyennes de l’humidité et du potentiel du sol
(symbole)
Sol sableux Sol limoneux Sol argileux
Capacité au Humidité 5 à 15 % 15 à 30 % 30 à 45 %
champ (ƟCC) 2/10 atm ou pF
potentiel 2 atm, pF 3,3
2,3

22
Point de Humidité 1à3% 5 à 15 % 15 à 30 %
flétrissement
potentiel 15 atmosphères ou pF 4,2
(ƟPF)
Humidité
Potentiel 1 atmosphère ou pF 3
équivalente (ƟE)

f) détermination des valeurs des humidités


Le dispositif utilisé pour déterminer les valeurs des humidités correspond à une
presse à membrane de Richard (Figure I.7.). Les sols à l’état d’humidité de
prélèvement sont tamisés à 2 mm et placés dans des anneaux de 1 cm de hauteur et
2 cm de diamètre (3 répétitions par échantillon). L’ensemble est mis dans l’enceinte
à l’équilibre à 0,33 bars, pour la ωcc, et à 15 bars, pour la ωPF, pendant 24 heures.
L’eau en excès est donc éliminée à travers une membrane cellulosique
préalablement saturée en eau, jusqu’à la réalisation d’un équilibre entre la force
appliquée et la force de rétention de l’eau par les particules du sol.

Figure I.8. Étuve de séchage des


Figure I.7. Presse à membrane de
échantillons de sol.
Richards.
A la sortie de la presse, les échantillons sont séchés à l’étuve pendant 24 heures
(Figure I.8.), puis pesés. La teneur en eau pondérale à 0,33 et 15 bars est calculée par
la même formule suivante :

ωCC =
(M h − M s )
Mh

ωPF =
(M h − M s )
Mh

o Mh : poids humide de l’échantillon ;
o Ms : poids de l’échantillon après passage à l’étuve.

23
I.4.2. Les réserves en eau du sol
I.4.2.1. La réserve utile maximum (RUMAX)
Elle représente le volume maximum d’eau que peut stocker un sol sur la
profondeur exploitée par les racines. Ce volume est compris entre la capacité au
champ et celle au point de flétrissement (Figure I.9.). La réserve utile maximum se
définie :

RU MAX =
(θCC − θ PF ) × Z
100
ou bien :

RU MAX =
(ωCC − ωPF ) × Da × Z
100
où :
θ CC : Humidité volumique à la capacité au champ (%) ;
θ PF : Humidité volumique au point de flétrissement (%) ;
ω CC : Humidité pondérale à la capacité au champ (%) ;
ω PF : Humidité pondérale au point de flétrissement (%) ;
Da : Densité apparente (g cm-3) ;
Z : Profondeur du sol exploitée (mm).

Figure I.9. Représentation graphique de la réserve utile maximum (RUMAX)


dans le sol exploitée par les racines.

24
Figure I.10. Ordre de grandeur de la réserve utile (mm m-1)
en fonction de la texture du sol.
La figure I.10. présente un ordre de grandeur de la réserve utile maximum ou
bien appelée aussi eau disponible pour la consommation de la plante. Le tableau I.4.
présente les valeurs moyennes de la réserve utile maximum pour 1 mètre de
profondeur de sol selon sa nature :
Tableau I.4. Ordre de grandeur de RUMAX (mm m-1) en fonction de la texture du sol.

Texture du sol Gamme Moyenne


(mm m-1) (mm m-1)
Très grossière – sable très grossier 33 – 62 40
Grossière – sable grossier, fin et sable 62 – 104 80
limoneux
Grossière à modérée et sablo limoneuse 104 – 145 125
Moyenne sablo-limoneuse très fine, 125 – 192 170
limoneuse et argilo-limoneuse
Fine à modérée et argilo-limoneuse 145 – 208 180
Fine argilo-sableuse, limono-argileuse et 133 – 208 190
argileuse
Tourbe et fumier 167 – 250 210

Les sols sableux ont une forte proportion en éléments grossiers et une faible
capacité de rétention de l’eau. Les sols argileux, qui sont riches en matière organique

25
et en humus, emmagasinent d’importantes quantités d’eau pour raison de leur forte
proportion en particules fines, mais ceci n’implique pas nécessairement une plus
grande disponibilité de cette eau à la plante.

Figure I.11. Détermination de la réserve utile du sol (mm)


en fonction du triangle textural.
La valeur de la RUMAX peut être calculée à partir du triangle textural tel qu’il
démontré dans la figure I.11. En déterminant les pourcentages de sable, limon et
argile, l’intersection de ces valeurs sur le triangle textural nous renseigne sur la
RUMAX du sol.

I.4.2.2. La réserve utile disponible (RUd)


Elle représente la quantité d’eau utile stockée dans le sol. Sa valeur dépend,
entre autres, de l’humidité du sol Ɵ qui varie entre ƟCC et ƟPF selon les conditions
auxquelles le sol est soumis (Figure I.12.). Son expression est la suivante :
(θ − θ PF )
RU d = ×Z
100
où :
θ : Humidité volumique du sol (%) ;

26
θ PF : Humidité volumique au point de flétrissement (%) ;
Z : Profondeur du sol exploitée par les racines (mm).
La valeur RU d peut être nulle si θ = θ PF ou égale à celle de RU MAX si θ =
θ CC . Elle également comprise entre zéro et RU MAX .
0 ≤ RU d ≤ RU MAX

Figure I.12. Représentation graphique de la réserve utile disponible (RUd)


en eau dans le sol exploitée par les racines.
 Estimation de la réserve utile disponible (RUd)
Pour les parcelles irriguées, l’estimation de la RUd se fait selon trois possibles :
Cas nº1 :
Si RUdi-1 + Pui + Ii – ETci ≤ 0 → RUdi = 0
Cas nº2 :
Si 0 < RUdi-1 + Pui + Ii – ETci < RU → RUdi = RUdi-1 + Pui + Ii – ETci
Cas nº3 :
Si RUdi-1 + Pui + Ii – ETci ≥ RU → RUdi = RU

I.3.2.3. La réserve facilement utilisable (RFU)


Au fur et à mesure que le sol se dessèche, sous l’effet de l’évaporation directe et

27
de la transpiration des plantes, l’eau restante est de plus en plus fortement retenue
par le sol : l’absorption de l’eau par les racines diminue donc peu à peu, pour
finalement s’arrêter au point de flétrissement. Toute l’eau de la RUMAX n’a pas le
même effet sur le rendement des cultures. On définit donc la Réserve Facilement
Utilisable (RFU) comme étant la quantité d’eau de la RUMAX que les plantes peuvent
absorber sans effort particulier et qui représente les meilleures conditions de
rendement (du point de vue de l’alimentation en eau).

Figure I.13. Représentation graphique de la réserve facilement utilisable (RFU)


en eau dans le sol exploitée par les racines.
La RFU est proche de la RUMAX lorsque la demande d’évaporation de l’air est
faible (en hiver), l’humidité du sol est proche de la capacité au champ et
l’enracinement des plantes profond est bien développé. Dans le cas contraire
(sécheresse de l’été, sol sec et peu profond, mal exploité), la RFU peut ne représenter
qu’une faible partie de RUMAX.
En pratique, il est impossible d’obtenir par le calcul la valeur de la RFU qui
dépend de la nature du sol et des conditions climatiques. Le praticien est alors
partagé entre deux attitudes extrêmes et opposées :
 Attendre pour arroser que la totalité de la RUMAX soit utilisée : mais ceci
peut avoir des conséquences défavorables sur le rendement des cultures ;

28
 Décider que l’humidité du sol doit être en permanence maintenue au
niveau de la capacité au champ : mais alors, à moins d’utiliser la technique de
l’irrigation localisée, avec un appareillage d’emploi délicat, on risque dans les
conditions courantes d’arrosage d’asphyxier le sol et la plante et surtout d’alourdir
les dépenses en eau et en main d’œuvre.
L’expérience montre que, entre ces deux extrêmes, la détermination du volume
et de la fréquence des irrigations peut être opérée sans risque d’erreur sur la base de
2/3 ou de 1/2 de la RUMAX (Figure I.13.)
1 2
RFU = à de RU MAX
2 3

I.4.2.4. La réserve facilement utilisable disponible (RFUd)


C’est la partie facilement utilisable de la RUd : autrement dit, c’est la quantité
d’eau facilement utilisable qui est stockée dans le sol. La valeur de la RFUd dépend
des cas suivants :
 Si RUd ≤ (RUMAX – RFU)  RFUd = 0 ;
 Si RUd > (RUMAX – RFU)  RFUd = RUd – (RUMAX – RFU) ;
 Si RUd = RUMAX  RFUd = RFU.
Le tableau I.5. présente un ordre de grandeur de quelques paramètres du sol en
fonction de sa texture :
Tableau I.5. Valeurs de quelques propriétés physiques du sol en fonction de sa
texture.

Texture Texture Texture


lourde moyenne légère
Humidité de saturation 55 – 65 35 – 45 25 – 35
Humidité à la capacité au champ (%) 32 – 42 18 – 26 8 – 10
Humidité au Point de flétrissement (%) 20 – 24 10 – 14 4–5
ƟCC/ƟPF 1,75/1 1,85/1 2,0/1
-3
Densité apparente (g cm ) 1,0 – 1,2 1,2 – 1,4 1,4 – 1,6
Tension du sol à la capacité au champ (bar) 0,3 0,2 0,1
Tension du sol au point de flétrissement (bar) 15,0 15,0 15,0
Temps requis pour passer de sat. à la ƟCC (h) 36 – 89 24 – 36 18 – 24
-1
Taux d’infiltration (mm h ) 2–6 16 – 85 25 – 75

29
30
Chapitre II
Calcul des besoins en eau

II.1. Besoins en eau de la culture


II.1.1. Définition
Les besoins en eau de la culture sont représentés par l’évapotranspiration
maximum d’une parcelle (ETc) cultivée dans les meilleures conditions possibles et
bien alimentée en eau. Le niveau d’évapotranspiration correspond au rendement
maximum de la culture. L’ETc représente non seulement la quantité d’eau évaporée
à partir des feuilles (transpiration) mais aussi celle évaporée à partir du sol lui-
même (évaporation) (Ben Alaya, 1997). L’ETc est généralement exprimée en mm j-
1
, mm mois-1 ou mm an-1. Elle peut être exprimée aussi en m3 ha-1 jour-1, m3 ha-
1
mois-1 ou bien m3 ha-1 an-1.

II.1.2. Evapotranspiration potentielle de référence (ETo)


II.1.2.1. Introduction
L’évapotranspiration potentielle de référence est un paramètre important du
cycle terrestre de l’eau. Elle désigne l’évaporation maximale possible,
indépendamment de la quantité d’eau que les plantes ont effectivement à
disposition. Elle est considérée comme l’indicateur du développement optimal de
la végétation et joue un rôle capital pour l’évaluation des aptitudes climatiques
d’une région pour l’agriculture. L’appréciation de l’évapotranspiration potentielle
de référence est nécessaire notamment pour estimer les besoins en eau d’irrigation
pour l’agriculture.
Les Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a introduit dans
son rapport 56 sur l’irrigation et le drainage le concept d’évapotranspiration
potentielle de référence (ETo), c’est-à-dire l’évapotranspiration d’un peuplement

31
végétal idéal, disposant d’eau à volonté. C’est le taux d’évapotranspiration à partir
d’une surface étendue de gazon vert (Ray Grass) ayant une hauteur uniforme de 8
à 15 cm poussant activement couvrant complètement le sol sans aucun stress
hydrique (Figure II.1.).

Figure II.1. Evapotranspiration potentielle de référence (ETo)


à partir un gazon.
L’ETo est mesurée en mm (1 mm = 10 m3 ha-1). Elle varie selon le temps (mois)
et la région.

II.1.2.2. Méthodes de détermination directe de ETo


 Lysimètre de référence
La méthode du lysimètre de référence est la méthode la plus appropriée pour
la mesure directe de l’ETo (Figure II.2.). Elle se base sur l’équation du bilan
hydrique et sur la déduction de l’évapotranspiration à partir de la détermination
des autres termes de l’équation (Figure II.3.). Cette méthode peut se justifier dans
la mesure où les autres termes de l’équation du bilan sont souvent relativement plus
faciles à déterminer.
Le lysimètre est constitué d’une cuve cylindrique de 1,80 m de profondeur,
remplie de sol non perturbé couvert d’une végétation de référence, généralement
de Ray Grass. Le tout pèse près de 3 tonnes. Sa surface évaporante est de 1 m2 ; ce
choix était délibéré, il permet une conversion facile (1 litre d’eau = 1 mm m-2).

32
Figure II.2. Lysimètre de référence Figure II.3. Représentation
cultivé de Ray Grass. schématique de la mesure directe de
l’ETo
Le bilan hydrique simplifié s’écrit comme suit :

 Apports =  Sorties
L’équation du bilan hydrique, dans son expression la plus complète, s’écrit :

Pu + I = ETo+ D ± ΔS
ETo = I + Pu − D ± ΔS
(mm j-1)

o Pu : précipitation utile ;
o I : irrigation ;
o D : drainage ;
o ETo : évapotranspiration potentielle de référence ;
o ΔS : stock d’eau dans la zone racinaire.

ΔS = StockFinal − StockInitial
 Bac d’évaporation classe A
Un bac d’évaporation est un évaporomètre constitué par un bassin ou un bac
d’eau d’assez grande surface et assez profond où l’on mesure le changement du
niveau de l’eau dû à l’évaporation (Figure II.4.). Les bassins vont de 1 à 5 mètres de
diamètre et de 10 à 70 cm de profondeur. Ils sont posés sur ou dans le sol (bacs
enterrés) ou encore dans l’eau (bacs flottants).
Le bac de classe A est recommandé par l’Organisation Météorologique
Mondiale. Il s’agit d’une cuve ronde de 121,92 cm de diamètre et 25,4 cm de
hauteur, rempli jusqu’à entre 5,08 cm et 7,62 cm de son bord (Figure II.5.). Le bac

33
d’évaporation est surélevé du sol (en général 15,24 cm) sur une palette en bois
ajouré afin que l’air puisse circuler sous celui-ci. Cela empêche la transmission de
chaleur du sol vers le bac qui pourrait fausser les résultats. Il permet de mesurer la
vitesse d’évaporation d’un volume d’eau et d’une surface donnée exposée à l’air
(exprimée en mm par jour, par mois ou par an) et l’évapotranspiration. Cette
donnée dépend exclusivement de la température, de l’humidité ambiante et des
précipitations.

Figure II.4. Bac d’évaporation Figure II.5. Diagramme schématique


Classe A installé sur terrain d’un bac Classe A

La mesure de l’ETo par la méthode du bac d’évaporation classe A se fait par le


moyen de la formule suivante :

ETo = Kbac × Ebac (mm j-1)



o ETo : évapotranspiration potentielle de référence ;
o Kbac : coefficient de conversion (varie de 0,7 à 0,8) ;
o Ebac : évaporation du bac.
Le choix de la valeur du coefficient du bac (Kbac) se fait sur un tableau qui prend
en compte la vitesse du vent (m s-1), l’humidité relative (%) et la distance du bac par
rapport au gazon (m).
 Evaporomètre de Piche
Il s’agit d’un tube de verre rempli d’eau (Figure II.6.) et fermé à son extrémité
inférieure par une rondelle de papier buvard (Figure II.7.). La tranche d’eau
évaporée à partir de celle-ci se lit directement sur les graduations de tube.

34
Figure II.6. Evaporomètre de Piche Figure II.7. Papier buvard

II.1.2.3. Méthodes de détermination par estimation de ETo


Pour estimer l’évapotranspiration de référence on utilise des formules
empiriques qui se basent sur des paramètres climatiques tels que la température, le
rayonnement solaire, vitesse de vent, l’humidité relative,…). Celles-ci ont
l’avantage d’être en général assez facilement mesurables et de plus disponibles
immédiatement dans des nombreuses régions : de telles formules représentent un
outil commode pour le praticien.
Une fois mise au point, la formule de calcul de l’ETo on peut alors envisager
d’y introduire un facteur correctif cultural Kc permettant de déterminer l’ETc en
fonction de l’espèce végétale et pour différentes périodes du cycle végétatif.
Les différentes données entrant dans les formules de calcul de l’ETo sont la
température, la radiation solaire, l’humidité relative de l’air, la vitesse du vent, etc…
La difficulté de connaître l’importance exacte de chacun de ces paramètres dans le
phénomène d’évapotranspiration explique le nombre considérable de formules
mises au point par les chercheurs.
Il existe cependant des conditions d’application des formules d’estimation de
l’ETo :
 Elles sont valables pour des superficies de l’ordre d’une dizaine d’hectares
au moins ;
 Elles ont été établies pour la mesure de l’ETo, et donnent donc des
évaluations des besoins en eau généralement supérieures aux besoins en eau des
cultures (ETc), sauf pour la période de la pleine croissance où l’ETc se rapproche
de l’ETo ;
 Généralement leurs résultats sont d’autant plus approximatifs que les
formules qui tiennent compte de moins de données ;

35
 Ces formules sont mises au point et testées à partir d’expérimentation dans
certains pays, elles demanderaient normalement d’être vérifiées, et éventuellement
corrigées, avant d’être utilisées dans d’autres pays ou régions ;
 La plupart de ces formules donnent une valeur de l’ETo à une échelle
mensuelle.
Parmi les formules les plus utilisées on cite :
a) Estimation de l’ETo par la méthode FAO Penman-Monteith
La formule FAO Penman Monteith a été proposée par Allen et al (1988), en
simplifiant l’équation originale de Penman Monteith à partir d’un certain nombre
de suppositions sur des paramètres considérés constants. Ainsi, ils ont fixé la valeur
du flux de chaleur latente de vaporisation (λ = 2,45 MJ kg 1), la résistance du couvert
végétal rs = 70 s m-1 et ils ont simplifié l’expression de la résistance aérodynamique
en l’approximant par une fonction inverse de la vitesse du vent (ra = 208/u).
La formule FAO Penman Monteith pour l’évapotranspiration potentielle de
référence est :

900
0,048 Δ (Rn − G ) + γ u2 (es − ea )
ETo = T + 273
Δ + γ (1 + 0,34u2 )
où :
o ETo : Évapotranspiration de référence (mm j-1) ;
o T : Température de l’air (°C) ;
o u2 : Vitesse du vent à 2 m au-dessus du sol (m s-1) ;
o Δ : Rapport entre la différence de pression de vapeur et la différence de
température correspondant (kPa °C-1) ;
o γ : Constante psychrométrique (γ ~ 66 Pa °K-1) ;
o Rn : Rayonnement net à la surface du sol (MJ m-2 j-1) ;
o G : Flux de chaleur du sol (MJ m-2 j-1) ;
o ea : Pression de vapeur (kPa) ;
o es : Pression de vapeur saturante à la température T (kPa).
b) Estimation de l’ETo par la méthode de Thornthwaite
D’après Brochet et al. 1974, cité par Lorenzini, 2007, La formule de
Thornthwaite s’exprime sous la forme suivante :
a
 10Tm 
ETo = F (λ ) − ×16 × 10
 I 

36
où :
o ETo : Évapotranspiration de référence (mm j-1) ;
o Tm : Température moyenne mensuelle de l’air (°C) ;
o a = 6,75 * 10 7 * I3 7,71 * 10 5 * I2 + 1,79 * 10 2 * I + 0,49239 ;
o im : indice thermique mensuel, im = (Tm/5) 1.514 ;
o I : indice thermique de l’année, I = Σim, pour m = 1,…, 12 ;
o F (λ), coefficient de correction tenant compte de la latitude et du mois.
Le coefficient F (λ) tient compte du nombre d’heures d’ensoleillement mensuel
moyen. Ces valeurs varient en fonction de la latitude et du mois de l’année.
c) Estimation de l’ETo par la formule de Blanney Criddle
Cette formule ne fait intervenir directement qu’un seul facteur météorologique
à savoir la température. Elle s’écrit comme suit :
ETo = (8,13 + 0 , 46 × T ) × p
où :
o T : température moyenne mensuelle (ºC) ;
o p : pourcentage d’heures diurnes pendant le mois considéré par rapport au
nombre d’heures diurnes annuelles ; p est en fonction uniquement de la latitude du
lieu.
d) Estimation de l’ETo par la formule de Riou
L’estimation de l’ETo par la formule de Riou se fait par la formule suivante qui
tient compte de la température maximale :

 T + (2 × Tn+1 ) 
ETo = 0,31×  n −b
 3 
où :
o Tn : température maximale moyenne du mois n (ºC) ;
o Tn + 1 : température maximale moyenne du mois n + 1 (ºC) ;
o b : coefficient d’ajustement.

b = 7,1 − 0,1ϕ
où :
o φ : latitude de la région considérée.
e) Estimation de l’ETo par la formule de Turc
Riou a développé deux catégories de formules pour calculer l’ETo : une
formule à base annuelle et une autre formule à base mensuelle et journalière.

37
Formule annuelle
P
ETo =
P2
0,9 +
L2
où :
o T : température moyenne sur 1 an (°C) ;
o P : pluie annuelle (mm an-1) ;
( )
o L : 300 + (25 × T ) + 0,05 × T 3 .

 Formule mensuelle et journalière


Suivant la valeur de l’humidité relative (Hr) la formule de Turc à l’échelle
mensuelle et journalière s’écrit de la manière suivante :
Si Hr > 50 % :
T
ETo = 0,13 × (RG + 50) ×
T + 15
Si Hr ≤ 50 % :

T  50 − Hr 
ETo = 0,13 × ( RG + 50) × × 1 + 
T + 15  70 
où :
o T : température moyenne (°C) ;
o RG : rayonnement global (cal cm-2 jour-1).
Dans le cas où le rayonnement global RG (i.e. solaire incident donc tout ce qui
arrive au sol) est exprimé en W m-2, les relations ci-dessus s’expriment en
multipliant la valeur de RG par 2,065.

II.1.3. Evapotranspiration potentielle de culture (ETc)


II.1.3.1. Introduction
C’est le taux d’évapotranspiration à partir d’une culture donnée exempte (qui
n’a pas été attaquée) de maladies, poussant activement dans un vaste champ
bénéficiant de conditions pédologiques, hydriques optimales et d’une fertilité
suffisante pour réaliser totalement son potentiel productif (selon le milieu et le stade
de croissance).
Unité : mm j-1 ; mm mois-1 ; m3 ha-1 j-1.

38
L’ETc représente l’évapotranspiration réelle maximum d’une parcelle cultivée
dans les meilleures conditions possibles et bien alimentée en eau. Le niveau
d’évapotranspiration correspond au rendement maximum : aussi est-il intéressant
d’en connaître les facteurs afin de pouvoir les améliorer ou les corriger pour les
porter à leur valeur optimale.
Les facteurs climatiques
Ceux-ci sont pratiquement imposés, sous réserve toutefois d’intervention telle
que la mise en place de brise-vent, qui en diminuant l’ETo, permettent d’augmenter
le rapport ETc/ETo.
Les facteurs liés à la plante
 L’espèce végétale : chaque espèce, selon la taille et la forme de ses feuilles,
sa surface foliaire, son mode de semis (écartement entre rangs par exemple), etc.
couvre différemment le sol : c’est pourquoi, même lorsque la surface foliaire est
maximum (stade de la pleine croissance), on observe des variations sensibles du
rapport ETc/ETo selon l’espèce végétale ;
 Stade de développement : du semis à la récolte, la surface foliaire et le
système racinaire, organes principaux de la transpiration, se modifient : ils
grandissent, passent par un maximum, puis régressent (à partir de la maturité).
Cette évolution de l’appareil transpiratoire des plantes est parallèle à celle de l’ETc
de la culture ;
 Etat sanitaire, fertilisation, qualité des semences et façons culturales :
tous ces éléments peuvent évidemment faire varier beaucoup la transpiration totale
d’une parcelle cultivée. A la différence toutefois des facteurs précédents qui sont
pratiquement imposés, ces derniers peuvent être améliorés par l’agriculteur dans le
sens d’une augmentation de l’ETc.
Les facteurs liés au sol
 Les réserves en eau du sol : on a vu que l’alimentation hydrique la plus
favorable correspondait à l’utilisation de la réserve en eau facilement utilisable
(RFU). Pour un même type de sol, une parcelle cultivée aura une ETr d’autant plus
forte que l’humidité du sol sera proche de la capacité de rétention (eau à faible
potentiel, c’est-à-dire faiblement retenue par les agrégats du sol) ;
 Texture et structure du sol : si la texture d’un sol est peu modifiable, il n’est
pas de même de la structure, dont l’amélioration par les façons culturales, l’apport
de matière organique, etc…, peut favoriser le développement du système racinaire
dans toutes les directions et augmenter ainsi les possibilités d’absorption de l’eau
par la plante.

39
II.1.3.2. Méthodes de détermination directe de ETc
La méthode du bilan hydrique appliquée à un lysimètre est la méthode la plus
appropriée pour la mesure directe d’ETc. Elle se base sur l’équation du bilan
hydrique et sur la déduction de l’évapotranspiration de culture à partir de la
détermination des autres termes de l’équation. Cette méthode sera appliquée sur
une case lysimétrique cultivée par une culture donnée exempte (qui n’a pas été
attaquée) de maladies, poussant activement bénéficiant de conditions
pédologiques, hydriques optimales et d’une fertilité suffisante pour réaliser
totalement son potentiel productif (selon le milieu et le stade de croissance).
Le bilan hydrique simplifié s’écrit comme suit :

 Apports =  Sorties
L’équation du bilan hydrique, dans son expression la plus complète, s’écrit :

Pu + I = ETc + D ± ΔS
ETc = I + Pu − D ± ΔS (mm j-1)


o Pu : précipitation utile ;
o I : irrigation ;
o D : drainage ;
o ETc : évapotranspiration potentielle d’une culture ;
o ΔS : stock d’eau dans la zone racinaire.

ΔS = StockFinal− StockInitial

II.1.3.3. Méthodes de détermination par estimation de ETc


Par cette méthode, l’évapotranspiration des plantes est estimée en tant que
fraction de l’évapotranspiration de référence ETo.
𝐸𝑇𝑐 = 𝐾𝑐×𝐸𝑇𝑜
où :
o Kc : coefficient cultural déterminé expérimentalement ;
o ETc : évapotranspiration potentielle d’une culture ;
o ETo : évapotranspiration potentielle de référence.
Le coefficient cultural Kc représente une intégration des caractéristiques qui
distinguent l’évapotranspiration d’une culture donnée, de l’évapotranspiration de
référence.

40
Il existe pour chaque culture quatre stades végétatifs (Figure II.8.) :
 Stade initial : plantation, semis (blé ou orge), dormance,… ;
 Stade de croissance ou développement : la culture est en train de
développer son potentiel végétatif ;
 Stade de floraison et fructification : il s’agit d’une phase critique au cours
du cycle végétatif de la plante. Il faut qu’il y ait un maximum d’eau pour avoir un
bon calibre des fruits ;
 Stade de maturation et récolte.
La figure suivante représente la courbe de différentes phases du coefficient
cultural en fonction des stades de développement de la culture. Les caractéristiques
de Kc sont : la hauteur des cultures (qui affecte la résistance aérodynamique et la
rugosité), la résistance de surface des cultures (affectée par la surface foliaire, la
fraction du sol couverte par la végétation, l’humidité à la surface du sol) et l’albédo
(affecté par la fraction du sol couverte et l’humidité à la surface du sol).

Figure II.8. Courbe de variation du coefficient cultural Kc.


Le tableau II.1. montre les valeurs de Kc pour les principales cultures cultivées
en Tunisie :
Tableau II.1. Valeurs de Kc pour quelques cultures cultivées en Tunisie.
Culture JAN FEV MAR AVR MAI JUI JUL AOU SEP OCT NOV DEC

Tomate 0,63 0,95 1,15 1,1 0,75


Tomate I. 0,60 0,78 1,13 1,09 0,83
Poivron 0,60 0,68 0,99 1,05 0,94

41
Oignon 0,70 0,90 1,05 0,98
Ail 0,70 0,90 1,05 0,98
Courgette 0,50 0,53 0,87 0,97 0,80
Choux 1,05 0,99 0,70 0,72 0,88 1,03
Fève verte 1,12 1,14 0,50 0,65
Haricot 0,50 0,71 1,05 0,94
vert
Petit pois 0,85 1,15 1,13 0,50
carotte 1,05 1,0 0,70 0,73 0,91 1,05

II.1.4. Evapotranspiration réelle de culture (ETr)


II.1.4.1. Introduction
C’est la quantité d’eau réellement évapotranspirée par un couvert végétal. C’est
une donnée difficilement, voire même impossible, de mesurer à l’échelle d’une
parcelle. L’ETr dépend de :
 de la culture considérée ;
 du stade phrénologique de cette culture ;
 du contenu en eau du sol ;
 des conditions météorologiques observées.
Facteurs de l’ETr liés à la culture
 La densité et le mode de semis (en ligne, à la volée, etc.) : il s’agit des
caractéristiques propres à chaque culture qui peuvent expliquer une couverture des
feuilles insuffisante pour atteindre une évaporation égale à l’ETo ;
 La période de croissance considérée : quelques jours ou quelques semaines
après le semis, les jeunes plantes ne peuvent couvrir totalement le sol et donc
évapotranspirer jusqu’à atteindre en importance le niveau de l’ETo, de même que
leurs racines ne peuvent utiliser toutes les réserves en eau du sol ;
 L’état sanitaire de la culture : des feuilles malades ou attaquées par des
parasites transpireront mois que des feuilles saines.
Facteurs de l’ETr liés au sol
Si l’humidité du sol est très faible, si le potentiel de l’eau est très élevé,
l’évapotranspiration réelle de la parcelle sera inférieure à l’ETo. Dans ce cas les
mouvements de l’eau du sol vers les feuilles seront alors ralentis.
L’ETr reste cependant une définition générale, comme le cas de la notion
d’humidité du sol. Dans la pratique, on cherche à baser l’irrigation sur les besoins
en eau correspondant à l’ETc, de façon à placer les plantes dans les conditions les

42
plus favorables de production, celle-ci étant en effet directement liée à la valeur du
rapport suivant :
T Transpiration ET
= =
PE Pouvoir évaporant de l ' air ETo

II.1.4.2. Méthodes de détermination directe de ETr


 Méthode du bilan hydrique
Il s’agit d’estimer l’évapotranspiration réelle à partir des mesures de variation
du stock d’eau du sol. Cette méthode se base sur l’équation du bilan hydrique et sur
la déduction de l’évapotranspiration à partir de la détermination des autres termes
de l’équation. Cette méthode sera appliquée sur une parcelle cultivée par une
culture donnée comme le montre la figure II.9. :

Figure II.9. Mesure de l’évapotranspiration réelle (ETr) sur une parcelle cultivée
Le bilan hydrique simplifié s’écrit comme suit :

 Apports =  Sorties
L’équation du bilan hydrique, dans son expression la plus complète, s’écrit :

Pu + I = ETr + D ± ΔS
ETr = I + Pu − D ± ΔS (mm j-1)


o Pu : précipitation utile ;
o I : irrigation ;

43
o D : drainage ;
o ETr : évapotranspiration réelle d’une culture ;
o ΔS : stock d’eau dans la zone racinaire.

ΔS = stock final− stockinitial


L’utilisation de la réserve utile disponible peut nous aider à estimer ETr. Deux
cas sont possibles :
Cas nº1 :
Si Pui + RUdi-1 < ETci → ETri = Pui + RUdi-1
Cas nº2 :
Si Pui + RUdi-1 ≥ ETci → ETri = ETci
 Méthode du bilan énergétique
Le but de cette méthode est d’estimer l’évapotranspiration réelle à partir de
l’équation du bilan d’énergie. A l’image de la méthode du bilan hydrique, on
voudrait estimer l’évapotranspiration comme résidu d’une équation dont tous les
autres termes seraient connus.
L’expression du bilan d’énergie instantané à la surface du sol, est :

Rn = G + H + λ E + A

o Rn : rayonnement net ;
o G : flux de chaleur du sol ;
o H : flux de chaleur sensible ;
o A : assimilation photosynthétique ;
o λE : flux de chaleur latente.
L’évapotranspiration (en W m-2) correspond au terme du flux de chaleur
latente, λE. L’utilisation de l’équation du bilan d’énergie pour la détermination de
l’évapotranspiration peut se justifier par le fait que, d’après de nombreux auteurs,
le terme du flux de chaleur latente, soit le terme le plus difficile à estimer de
l’équation.
 Méthode par télédétection
Plusieurs méthodes sont utilisées pour l’estimation de l’évapotranspiration par
télédétection à savoir :
 Les méthodes empiriques directes où les données de télédétection sont
directement introduites dans des modèles semi empiriques d’estimation de
l’évapotranspiration (exemple : modèle simplifié de Jackson et al., 1977) ;

44
 Les méthodes résiduelles du bilan d’énergie combinant certaines relations
empiriques avec des modules physiques (exemple : SEBI, SEBAL) ;
 Les méthodes déterministes généralement basées sur des modèles plus
complexes tels que les modèles de transfert sol-végétation atmosphère (SVAT) qui
calculent les différents termes du bilan d’énergie ;
 Les méthodes basées sur les indices de végétation, ou méthodes
inférentielles basées sur l’utilisation de la télédétection pour le calcul de facteurs de
réduction tels que Kc, pour l’estimation de l’évapotranspiration.

II.2. Besoins en eau d’irrigation


II.2.1. Besoins nets en eau d’irrigation
La formule de base déterminant les besoins nets en eau d’irrigation (Bnets), est
déduite de la méthode du bilan hydrique dont l’expression est comme suit :

 Apports =  Sorties
I + Pu = ETc + D ± Δ S
D’où I = ETc − Pu + D ± Δ S

o Pu : précipitation utile ;
o I : irrigation ;
o D : drainage ;
o ETc : évapotranspiration potentielle d’une culture ;
o ΔS : stock d’eau dans la zone racinaire.
Si l’eau d’irrigation est de bonne qualité D = 0 et si les irrigations sont régulières
ΔS = 0. Dans ce cas :

I = ETc − Pu
D’où I = Kc × ETo − Pu
Bnets = ETc − Pu

II.2.2. Besoins bruts en eau d’irrigation


Pour calculer les besoins bruts en eau d’irrigation (Bbruts) il faut tenir compte de
l’efficience globale (EG) d’irrigation (réseau et parcelle)
Kc × ETo − Pu
Bbruts =
EG

45
EG = Ep × Er

o EG : efficience globale ;
o Ep : efficience parcelle ;
o Er : efficience réseau.
o L’efficience réseau Er est de l’ordre de 0,95, tandis que l’efficience à la parcelle
dépend du système d’irrigation utilisé :
o Irrigation de surface ou par gravité : Ep ≈ 40 à 65 % ;
o Irrigation par aspersion : Ep ≈ 70 à 85 % ;
o Irrigation localisée ou micro-irrigation : Ep ≈ 80 à 90 %.
Le tableau II.2. représente l’efficience d’application de l’irrigation pour divers
systèmes ou méthodes d’irrigation au niveau de la parcelle :
Tableau II.2. Efficience d’application de l’irrigation pour divers systèmes ou
méthodes d’irrigation au niveau de la parcelle.

Système ou méthode d’irrigation Ea (%)


Réseau de canal en terre, irrigation de surface 40 – 50
Réseau de canal revêtu, irrigation de surface 50 – 60
Réseau de conduites sous pression, irrigation de surface 65 – 75
Systèmes d’irrigation par tuyaux souples 70 – 80
Systèmes d’aspersion basse et moyenne pression 70 – 75
Micro-asperseurs, micro-jets, mini-asperseurs 75 – 85
Irrigation goutte-à-goutte 80 – 90

II.2.3. Besoins de lessivage


Le lessivage consiste à évacuer les sels qui ont tendance à s’accumuler dans la
zone racinaire. La dose de lessivage nécessaire pour maintenir le niveau de la salinité
à une valeur tolérable par les cultures, sera appliquée en dehors des mois de
l’irrigation. Les besoins de lessivage (BL) seront calculés à partir de la fraction de
lessivage (FL). Cette dernière est estimée par la formule suivante :
CEw
FL =
(5 × CEe) − CEw

o FL : fraction de lessivage en % des besoins des cultures ;
o ECw : conductivité électrique de l’eau d’irrigation (mmhos cm-1) ;

46
o ECe : conductivité électrique de la pâte du sol en fonction de la chute
admissible des rendements (mmhos cm-1).

BL = Bbruts × FL

o BL : besoins de lessivage en mm ou m3 ;
o FL : fraction de lessivage (%) ;
o Bbruts : besoins bruts de la culture (mm ou m3).
Il existe une relation entre le résidu sec exprimé en g L-1 et la conductivité
électrique exprimée en mmhos cm-1. Cette relation est comme suit :

RS ( g L−1 ) = 0,64× CE (mmhoscm−1 )

II.2.4. Besoins totaux en eau d’irrigation


En tenant compte de la qualité des besoins de lessivage, on calcule les besoins
totaux en eau d’irrigation :

Btotaux =
(Kc × ETo ) − Pu + BL
EG

o BL : besoins de lessivage ;
o Btotaux : besoins totaux.
La pluie utile est la portion d’eau tombée contribuant à la satisfaction des
besoins en eau de la culture. Elle peut être définie par la relation :

Pu = Pt − R − D

o Pu : précipitation utile ;
o Pt : pluie totale ;
o R : quantité d’eau ruisselée ;
o D : quantité d’eau drainée au-dessous de la zone de sol exploitée par les
racines.
Généralement, la pluie utile est calculée comment étant 80 % de la pluie totale
(0,80) ou bien moyennant la formule suivante :

( )
Pu = 1,25× Pt0,824 − 2,93 100,000955×ETc

47
II.2.5. Aptitudes des sols à l’irrigation
Un certain nombre de propriétés physiques du sol sont prises en compte pour
savoir s’il peut ou non supporter l’irrigation. Ces propriétés varient :
 Selon ta texture du sol
L’eau s’infiltre plus ou moins vite à une même humidité. Un sol sableux a une
vitesse d’infiltration supérieure à celle d’un sol argileux. La diffusion de l’eau est
également importante à prendre en compte, surtout en irrigation localisée.
L’importance de la zone saturée en surface, située sous le point d’apport, dépend de
la texture du sol ; elle est surtout liée au débit du distributeur d’eau, mais également
à la dose d’eau apportée à chaque irrigation.
 Selon la texture du sol
A dose égale, certaines terres ne réagiront pas de la même façon à l’irrigation.
Une terre à structure meuble, à agrégats, à haute stabilité, peut être irriguée sans
grande précautions. En revanche, dans une terre instable, dont la structure se
détruit facilement sous l’effet de l’eau, les mottes se désagrègent, il faut prendre des
précautions particulières.

II.3. Paramètres fondamentaux de l’irrigation


II.3.1. Module maximum d’irrigation
Le module maximum d’irrigation (QMAX) est le débit que le sol peut accepter,
exprimé aussi en L s-1 ha-1 ou m3 s-1 ha-1. Donc, il est fonction de la perméabilité K
du sol. Sa valeur est estimée au moyen de l’expression :

Q MAX = K × S × i , i ≈ 1 d’où Q MAX = K × S



o K : perméabilité du sol ;
o S : Surface du sol ;
o i : gradient hydraulique.

Pour une surface du sol d’un hectare (104 m2), QMAX = K ×1× 104 ,
Q MAX = K × 10 7
En aspersion, QMAX s’exprime sous forme de hauteur d’eau. On l’appelle alors
pluviométrie maximale (mm heure-1).
On peut classer les sols selon la perméabilité K :
 Si K < 10-6 m s-1 : le sol est imperméable et son irrigation est aléatoire ;
 Si 10-6 ≤ K < 5.10-6 m s-1 : le sol est peu perméable et peu irrigable ;

48
 Si 5.10-6 ≤ K < 5.10-5 m s-1 : le sol est perméable et parfaitement irrigable ;
 Si K ≥ 5.10-5 m s-1 : le sol est très perméable, irrigable avec précaution
(lessivage excessif).

II.3.2. Débit fictif continu


Le débit fictif continu (Qfc) représente le débit qu’il faut apporter à la parcelle
24 h sur 24 pour couvrir les besoins en eau des plantes en tenant compte des pertes
à la parcelle. Il est exprimé par la formule suivante :
besoin total du mois de po int e
Qfc = ×104
24 × 3600 × n j

o Qfc : débit fictif continu ;
o nj : nombre des jours du mois de pointe.

II.3.3. Débit effectif


Le débit effectif (Qeff) le débit de pointe qu’il faut d’introduire dans le réseau
pour pouvoir combler le déficit en eau de la période de pointe du cycle. Autrement
dit, c’est le débit réel pour lequel le réseau est calibré. On supposera que l’agriculteur
travaille X heures par jour et Y jours par mois. Ceci nous permet de calculer le débit
effectif ou aussi appelé débit d’équipement exprimé par la formule suivante :
nombre de jours du mois de po int e 24
Qeff = Qfc × ×
Y X

o Qeff : débit effectif ou débit d’équipement ;
o X : nombre d’heures de travail par jour ;
o Y : nombre de jours de travail par mois.

II.3.4. Main d’eau


La main d’eau (M) est le débit qu’un irrigant dispose en tête de sa parcelle sans
être freiné dans son travail par son insuffisance ni au contraire débordé par son
ampleur. Il est exprimé généralement on L s-1.

II.3.5. Unité parcellaire maximum d’irrigation


L’unité parcellaire maximum d’irrigation (SMAX) C’est la surface que l’on peut
irriguer en une seule fois en utilisant toute la main d’eau M. Elle est exprimée en ha
et déterminée au moyen de la relation :

49
M
S MAX =
Qfc

II.3.6. Dose souhaitable d’irrigation


La dose d’irrigation est la quantité d’eau apportée à la culture pendant une
irrigation. Elle permet de remplir le réservoir sol jusqu’à la capacité au champ (ƟCC).
Autrement dit, D représente la réserve facilement utilisable du sol :

D (mm ou m3 ha −1 ) = RFU
On définit la dose d’irrigation maximum ou souhaitable (DMAX) comme étant :
D ≤ D MAX

DM AX = RFU

1 2  θCC −θ PF 
DMAX = à  × Z
2 3  100 

D=
(θCC − θi ) × Z
100

o Ɵi : humidité du sol avant irrigation (%) ;
o ƟCC : humidité du sol á la capacité au champ (%) ;
o ƟPF : humidité du sol au point de flétrissement (%) ;
o D : dose d’irrigation (mm) ;
o DMAX : Dose d’irrigation maximum ou souhaitable (mm) ;
o Z : profondeur racinaire (mm).

II.3.7. Nombre d’irrigation par saison


C’est le nombre N des doses D à apporter à la culture pendant la durée T de la
saison d’irrigation. II est déterminé au moyen de l’expression :
Besoin en eau ETc
N= =
Dose d ' Irrigation D

o N : nombre d’irrigations par saison ;
o ETc : besoin en eau d’une culture (mm) ;
o D : dose d’irrigation (mm).

50
II.3.8. Temps d’irrigation
Le temps d’irrigation (ta) est le temps écoulé entre le début et la fin d’une
irrigation. Autrement dit, c’est le temps nécessaire pour apporter une dose
d’irrigation. Il est donné par l’expression suivante :
dose d ' irrigation D
ta = =
mod ule d ' irrigation Q

o ta : durée d’irrigation (s ou h) ;
o D : dose d’irrigation (mm ou m3 ha-1) ;
o Q : module d’irrigation (mm h-1 ou m3 s-1 ha-1).

II.3.9. Période d’irrigation


La période d’irrigation (Pa) est l’intervalle de temps séparant deux irrigations
successives de la même culture. Autrement dit, c’est le temps nécessaire pour
l’épuisement, par la culture, de la dose irrigation. II est estimé par la relation :
dose d ' irrigation D
Pa = =
besoin en eau journalier ETc

o Pa : intervalle d’irrigation (j) ;
o D : dose d’irrigation (mm ou m3 ha-1) ;
o ETc : besoin en eau journalier d’une culture (mm j-1 ou m3 ha-1 j-1).
La période Pa est donnée généralement en jours, elle représente la période qui
sépare deux irrigations consécutives. Elle peut être aussi estimée par :

Pa =
(T − N × ta )
(N − 1)

o Pa : intervalle d’irrigation (j) ;
o ta : durée d’irrigation (s ou h) ;
o N : nombre d’irrigations par saison ;
o T : durée de la saison d’irrigation.

II.3.10. Diagramme résumé


La figure II.10. résume les principaux paramètres fondamentaux qui
caractérisent une irrigation :

51
Figure II.10. Représentation graphique
de certains paramètres fondamentaux de l’irrigation.

o Pa : intervalle d’irrigation (j) ;
o D : dose d’irrigation (mm ou m3 ha-1) ;
o T : durée de la saison d’irrigation (s ou j) ;
o ta : temps d’irrigation (s ou h) ;
o Q : module d’irrigation (L s-1 ha-1) ;
o N : nombre d’irrigations ;
o Qfc : débit fictif continu (L s-1 ha-1).

52
Chapitre III
Techniques d’irrigation de surface

III.1. Irrigation par bassin ou par submersion


III.1.1. Généralités
La submersion concerne les techniques dites « de bassins », généralement à
fond plat. L’apport d’eau s’effectue par la mise en place rapide d’une lame d’eau
importante et équivalente à la dose, sur la totalité de la surface du bassin, ou par
maintien du niveau du plan d’eau dans le cas particulier de rizières. Dans cette
technique, on considère que la différence de temps d’humidification susceptible
d’être relevée entre différents points de la parcelle n’est pas importante.
Plusieurs techniques ou systèmes d’irrigation de surface utilisent la submersion
comme mécanisme d’application d’eau, à savoir :
 Les bassins à inondation temporaire ;
 Les bassins à inondation permanente ;
 Les cuvettes.
Pour les bassins d’inondation, le canal de colature permet :
 Collecter les eaux excédentaires ;
 Servir pour alimenter les autres bassins d’irrigation situés au-dessous.
L’irrigation par bassin ou par submersion présente des avantages et des
inconvénients :
 Avantages
 Pas d’investissement pour l’achat du matériel ;
 Elle s’adapte aux sols à infiltration modérée ou faible ;
 Elle s’adapte aux sols à pente nulle ou faible ;
 Elle peut être utilisée lorsque l’eau est saumâtre ou légèrement salée.

53
 Inconvénients
 Nécessité du terrassement du terrain ;
 Nécessité de débit important pour l’irrigation ;
 Problème de terrassement du terrain ;
 Les pertes d’eau par infiltration et évaporation sont souvent importantes ;
 La structure du bassin : les digues entourant les bassins constituent des
obstacles pour les déplacements. Elles doivent être confectionne après chaque
opération de travail de sol.
 Efficience
Relativement bonne (voisine de 80 %), les pertes correspondent généralement
aux percolations excessives vers le sous-sol. Elle est d’autant meilleure que :
 Les bassins sont petits ;
 La mise en eau est rapide ;
 La perméabilité du sol est faible.
La technique d’irrigation par bassins convient à l’irrigation d’un grand nombre
de cultures. C’est la technique la plus appropriée à l’irrigation des rizières. La
productivité des rizières est plus forte quand elles sont submergées d’eau.
Cette technique est aussi utilisée pour l’irrigation d’autres types de cultures, à
savoir :
 les pâturages, exemple la luzerne, le trèfle ;
 les arboricultures, exemple les agrumes, le bananier ;
 les cultures semées à la volée (céréales) ;
 les cultures en lignes (tabac).
L’irrigation par bassins n’est pas recommandée pour les cultures qui ne
tolèrent pas la submersion par les eaux pour des durées supérieures à 24 heures. La
méthode par bassins n’est généralement pas recommandée pour l’irrigation des
cultures à racine tubercule (les carottes) et à tubercules (pomme de terre) qui
nécessitent un sol bien meuble et bien drainé.
L’adoption de la technique d’irrigation par bassins pour un type de sol donné
n’est jamais arrêtée indépendamment de la nature des cultures pratiquées. Une
distinction doit être faite entre le riz et les autres cultures.
Les sols argileux sont les plus favorables aux rizières du fait de leur quasi-
imperméabilité qui limite les pertes par percolation en profondeur. Le riz est aussi
cultivé sur des sols sableux, mais alors la dose d’irrigation doit être forte pour
compenser les pertes par percolation. Ces cas sont généralement rencontrés dans les
bas-fonds. La méthode des bassins pourrait être utilisée pour l’irrigation de toutes sortes

54
de cultures autres que le riz sur sols argileux, mais les sols limoneux sont préférables.
En effet, pour les sols limoneux, les problèmes d’engorgement d’eau
(saturation permanente du sol) sont inexistants. Cette technique n’est pas à adopter
sur du gros sable où les pertes par percolation profonde sont trop fortes. De la
même manière, la méthode d’irrigation par bassins n’est pas recommandée pour
des sols qui forment une croûte dure (encroûtement) quand ils sont secs.

III.1.2. Taille du bassin


La technique d’irrigation de surface par bassin est appliquée en terrain plat à
pente faible pour permettre l’avancement lent de la lame d’eau appliquée. Comme
le montre la figure III.1., la surface d’un bassin de submersion (S, m2) dépend du
débit (qr, m3) utilisé pour le remplissage et de la nature du sol ainsi que ses
conditions hydrauliques (K : perméabilité) ainsi que le temps de remplissage (Tr).

Figure III.1. Schématisation des paramètres d’un bassin d’inondation.


Pour constituer la lame d’eau (h), c’est-à-dire remplir rapidement le bassin il
faut que qr soit suffisamment élevé par rapport à la surface du bassin(s).
1
S= × qr
n

o n : facteur qui tient compte de la perméabilité du sol (n < 1).
 Si K est élevée → n sera élevé → S sera faible ;
 Si K est faible → n sera faible → S sera élevée.

55
Le facteur n tient compte également des conditions hydrauliques du terrain
(rugosité de la surface du sol, nombre de prises pour le déversement, la profondeur
du sol à humecter).
 Si K est élevée → n = 0,1 à 0,02 ;
 Si K est modérée → n = 0,02 à 0,01 ;
 Si K est faible → n = 0,005 à 0,002 .
La technique d’irrigation par bassin cause plusieurs pertes d’eau par infiltration
profonde. Pour limiter ces pertes d’eau on peut procéder de la manière suivante :
1. Il faut que le temps de remplissage du bassin soit rapide :
1
Tr < × Ti
3

o Tr : temps de remplissage du bassin (secondes) ;
o Ti : temps d’infiltration de la lame d’eau (secondes).
h
Ti =
K

o h : hauteur de la lame d’eau (m) ;
o K : perméabilité du sol (m s-1).
2. Augmenter le nombre de prise d’eau pour le déversement d’eau dans le
bassin ;
3. Dans le cas des sols à faibles pentes (i, m m-1) nous avons des pertes d’eau
par infiltration profonde. Dans ce cas on doit limiter la largeur (l) du bassin :
ΔZ = l × i
1
ΔZ ≤ ×h
4
1
l ×i ≤ ×h
4
h
l≤
4×i

Exemple d’application :
Si on veut irriguer par submersion :
• h = 12 cm = 120 mm ;

56
• i = 4‰.
Déterminer la largeur maximale d’un bassin (l) ?
0,12
l≤ → l ≤ 7 ,5 m
4 × 0,004
La forme du bassin peut être carrée, rectangulaire ou irrégulière. La forme est
essentiellement fonction de la pente. Dans les terrains à pente forte et irrégulière,
les bassins sont généralement longs et étroits. Le grand côté suit la courbe de niveau.
Comme la pente du terrain est irrégulière, la courbe de niveau le sera aussi, et il
s’ensuit que la forme du bassin sera elle aussi irrégulière.

En résumé
Les bassins doivent être petits SI :
1. La pente de terrain est forte ;
2. Le sol est sableux ;
3. Le débit du courant d’eau dérivé est faible ;
4. La dose d’irrigation est faible ;
5. La préparation du terrain est faite avec de la main-d’œuvre ou bien par traction
animale.
Les bassins peuvent être grands SI :
1. Le terrain est plat ou à pente douce.
2. Le sol est argileux.
3. Le débit du courant d’eau dérivé est important.
4. La dose d’irrigation est importante.
5. Les travaux de préparation sont mécanisés.

III.1.3. Débits caractéristiques de l’irrigation par bassin


L’irrigation par bassin de submersion est caractérisée généralement par trois
débits caractéristiques :
1. Débit de remplissage (Q1) : c’est le débit de remplissage d’un bassin.
Soit
o S : surface du bassin ;
o h : lame d’eau ;
o K : perméabilité du sol ;
o Tr : temps de remplissage.
Q1 = S × h

57
Q1 × Tr = ( S × h ) + ( K × S × Tr )
Tr × (Q1 − K × S ) = S × h

S ×h
Tr =
Q1 − S × K
2. Débit d’entretien (Q2) : pour maintenir la lame d’eau constante, il faut
continuer à apporter de l’eau pour compenser les pertes par infiltration et
évaporation.
Q2 = ( K + E ) × S

o E : vitesse d’évaporation (m s-1) ;
o K : perméabilité du sol (m s-1).
3. Débit de renouvellement (Q3) : pour éviter l’usure de l’eau stockée dans le
bassin, on doit la renouveler continuellement pendant le temps T.
S ×h
Q3 =
T

o T : durée maximum de séjour de l’eau dans le bassin (jour).

III.1.4. Aménagement des bassins


L’aménagement des bassins n’est pas uniquement limité à définir leur forme et
leur taille, mais aussi celles des diguettes ou des levées de terre.

III.1.4.1. Forme et la taille des bassins


La forme et la taille d’un bassin sont essentiellement déterminées en fonction
de la pente du terrain, du type du sol, du débit du courant d’eau disponible (faible,
suffisant ou fort), de la dose d’irrigation à fournir, et des pratiques agricoles.
 Largeur du bassin
La contrainte principale qui limite la largeur d’un bassin est la pente du terrain.
En terrain à forte pente, la largeur du bassin doit être faible pour éviter des
excavations importantes. Le tableau III.1. donne des ordres de grandeur de la valeur
maximum de la largeur d’un bassin ou d’une terrasse, en fonction de la pente du
terrain.

58
Tableau III. 1. Ordre de grandeur des largeurs valeurs maximums de la largeur
d’un bassin

Pente (%) Largeur maximum (m)


Minimum Moyenne Maximum
0,2 45 35 55
0,3 37 30 45
0,4 32 25 40
0,5 28 20 35
0,6 25 2 30
0,8 22 15 30
1,0 20 15 25
1,2 17 10 20
1,5 13 10 20
2,0 10 5 15
3,0 7 5 10
4,0 2 3 8

Parmi les facteurs qui peuvent aussi affecter la largeur d’un bassin, on peut
citer :
 la profondeur du sol fertile ;
 la technique adoptée pour l’aménagement ;
 les pratiques agricoles.
Au cas où la couche en surface est peu profonde, il faut éviter les excavations
importantes qui peuvent atteindre les couches infertiles du sol. Pour cela les bassins
sont de faible largeur pour que le nivellement soit fait avec des excavations peu
profondes ou de faible importance.
La largeur d’un bassin aménagé à l’aide de la main-d’œuvre est généralement
plus faible que celle d’un autre aménagé à l’aide des machines agricoles. En effet,
dans ce dernier cas la largeur du bassin doit être au moins égale à la largeur
nécessaire à la manœuvre des machines agricoles.
De même, les bassins sont de faible largeur si le labourage et les autres travaux
agricoles sont faits à l’aide de la main-d’œuvre ou bien par traction animale.
L’utilisation des machines agricoles requiert l’adoption de bassins de largeur plus

59
importante, qui sont un multiple entier de la largeur de la machine agricole utilisée.
Ceci permet une large mécanisation des activités agricoles.
 Taille des bassins
La taille d’un bassin dépend de la pente du terrain, de la nature du sol et du
débit d’eau dérivé. Le tableau III.2. donne l’ordre de grandeur de la superficie
maximum que peut avoir un bassin, en fonction de la pente du terrain et du débit
du courant d’eau dérivé.
Tableau III. 2. Ordre de grandeur des superficies maximum des bassins (m2)
pour différents types de sols en fonction du débit d’irrigation (L s-1)

Débit (L s-1) Sable Limon- Limon- Argile


sableux argileux
5 36 100 200 350
10 65 200 400 650
15 100 300 600 1000
30 200 600 1200 2000
60 400 1200 2400 4000
90 600 1800 3600 6000

Par ailleurs la taille du bassin est aussi fonction de la dose d’arrosage (en mm).
Si la dose d’arrosage requise est importante, le bassin doit avoir une grande
superficie. Par contre si la dose d’arrosage est faible, la superficie du bassin doit être
plus petite, pour que l’eau puisse couvrir d’une manière uniforme la totalité de la
cuvette du bassin.
Comme il a été indiqué plus haut, les pratiques agricoles peuvent aussi limiter
les dimensions des bassins. En effet, dans les pays en voie de développement, les
exploitations sont de petites tailles et les travaux agricoles sont faits à l’aide de la
main-d’œuvre. Pour cela, les bassins sont généralement de faibles dimensions, à
préparation facile, et la mise en eau est faite avec des courants d’eau à faibles débits.
Dans les grandes exploitations, les bassins seront aussi larges que possible pour
pouvoir manœuvrer les machines agricoles sur une grande superficie de terrain. Les
dimensions du bassin seront autant que possible des multiples entiers de la largeur
des machines pour faciliter les travaux agricoles. Par ailleurs, pour les grands
bassins, les pertes de terrain agricole sont réduites (moins de surface perdue pour
les diguettes), la mise en eau est faite par des courants d’eau à gros débits, et les
doses d’arrosage sont fortes.

60
La forme du bassin peut être carrée, rectangulaire ou irrégulière. La forme est
essentiellement fonction de la pente. Dans les terrains à pente forte et irrégulière,
les bassins sont généralement longs et étroits. Le grand côté suit la courbe de niveau.
Comme la pente du terrain est irrégulière, la courbe de niveau le sera aussi, et il
s’ensuit que la forme du bassin sera elle aussi irrégulière.

III.1.4.2. Forme et dimension des diguettes


Les diguettes sont des petits bourrelets de terre qui servent à retenir l’eau
d’irrigation dans les bassins. Elles sont parfois appelées billons, ados ou levées. La
hauteur de la diguette est fonction de la dose d’arrosage et de la revanche. La
revanche est la marge de sécurité entre le plan d’eau dans le bassin et la crête de la
diguette, pour éviter le débordement des eaux.
La diguette doit être suffisamment large pour assurer sa stabilité et pour
bloquer les fuites d’eau.
 Les diguettes provisoires
Les diguettes provisoires (Figure III.2.) ont des largeurs de 60 à 120 cm à la base
et une hauteur de 15-30 cm au-dessus du terrain naturel. Pour une revanche de
10 cm, la retenue d’eau sera d’une hauteur de 5-20 cm. Les diguettes provisoires
sont pratiquées dans les champs à cultures annuelles, elles sont donc à refaire â
chaque saison d’irrigation.

Figure III.2. Forme et dimensions des diguettes provisoires.


 Les diguettes permanentes
Les diguettes permanentes (Figure III.3.) ont généralement des largeurs de
130-160 cm à la base. La hauteur est de 60-90 cm au départ ; après tassement cette
hauteur devient 40-50 cm. Le tassement définitif (l’affaissement de la masse de la
diguette sous son propre poids) est généralement atteint au bout de quelques mois.

61
Figure III.3. Forme et dimensions des diguettes permanentes.
Les diguettes permanentes sont principalement rencontrées dans les rizières et
dans les champs où la même culture est pratiquée pour plusieurs années de suite
(cultures pluriannuelles). Elles sont aussi utilisées comme voies de passage entre les
champs de riz. Les diguettes provisoires sont aussi utilisées pour subdiviser les
champs délimités par les diguettes permanentes.

III.1.4.3. Aménagement des bassins


L’aménagement des bassins comprend les étapes suivantes : piquetage,
façonnage des diguettes, nivelage et régalage des cuvettes des bassins

Piquetage (ou délimitation) des bassins


Avant de procéder aux travaux d’aménagement proprement dits, il faut
délimiter les bassins et matérialiser l’emplacement des diguettes. L’alignement des
diguettes est matérialisé par des piquets en bois (piquetage) ou en métal, des ficelles
ou bien de la poudre de craie.
En terrain plat, la forme des bassins est soit carrée, soit rectangulaire. Ainsi la
délimitation des bassins est une opération simple, car elle implique uniquement des
tracés en ligne droite (Figure III.4.).

62
Figure III.4. Délimitation des bassins.
En terrain accidenté ou en pente, les bassins ont une forme irrégulière et sont
aménagés en terrasses. Les terrasses sont conçues de façon que les diguettes suivent
les courbes de niveau ; les dénivellations dans chaque bassin ne doivent pas être
fortes pour que le nivelage n’entraîne pas des excavations excessives.
L’implantation des terrasses consiste en premier lieu à matérialiser une courbe
de niveau appropriée (Figure III.5.). C’est sur cette ligne que la première diguette
sera mise en place. En remontant la pente du terrain, on matérialise une deuxième
courbe de niveau pour mettre en place la deuxième diguette, et ainsi de suite.

Figure III.5. Matérialisation d’une courbe de niveau.

63
Façonnage des diguettes
Les diguettes permanentes ou provisoires sont amassées soit à l’aide de la main-
d’œuvre locale, soit avec des équipements actionnés par traction animale ou par des
tracteurs. Les matériaux sont pris de la zone d’emprunt au voisinage immédiat de
la diguette, ce qui laisse une dépression de part et d’autre de celle-ci (sillon
d’emprunt). Cette dépression est soit surfacée ultérieurement, soit utilisée à d’autres
fins comme une rigole ou un drain.
L’adosseur en forme de A est l’outil le plus pratique pour la mise en place des
diguettes (Figure III.6.). L’adosseur consiste en deux flasques (en bois ou en métal),
placées de champ et entretoisées de façon à présenter une large ouverture à l’avant
et une ouverture resserrée à l’arrière. Les flasques servent de lames pour creuser le
sol et le tasser en forme de diguette ou de levée. L’adosseur type à traction animale
est fait de flasques de 20 cm d’épaisseur, de 2 m de long, avec une ouverture de
1,5 m en tête et de 30 cm à l’arrière.

Figure III.6. Adosseur en forme de A.


Avant de procéder à la mise en place des diguettes, il est toujours préférable de
défoncer et d’ameublir la croûte du sol sur une profondeur de 10-15 cm. Ainsi les
lames de l’adosseur pourront facilement amasser le sol meuble et former les
diguettes.
Quelle que soit la méthode utilisée, il est primordial que les diguettes soient
bien compactées pour éviter les fuites d’eau par infiltration.

Nivelage et réglage de terrain


Cette étape est la plus difficile dans l’aménagement des bassins, car elle requiert
des travaux de nivellement assez soignés. En terrain plat, les travaux de nivellement
se limitent à l’arasement des mottes de terre et au surfaçage des dépressions, de
façon que la cuvette du bassin soit plane à ±3 cm près. Ce travail peut être fait selon
la taille du bassin soit à la main, soit par un traîneau en bois remorqué par un

64
tracteur. En tout cas, il est difficile de déceler à l’œil nu des irrégularités de surface
de ± 3 cm, et ce n’est qu’à la mise en eau qu’on peut déceler les imperfections. Pour
cela le régalage et le surfaçage d’un bassin sont faits en plusieurs étapes.
La préparation des rizières est beaucoup plus simple. Le bassin est planté, puis
mis en eau. Une fois que le plan d’eau est formé, les imperfections sont décelées à
l’œil nu et les mottes de terre repérées. Celles-ci seront tout de suite arasées, ce qui
rabaisse le plan d’eau, permettant ainsi le repérage d’autres imperfections, et ainsi
de suite. Ce travail de régalage est généralement effectué par une planche à niveler
actionnée par traction animale ou par un tracteur. Cette méthode rompt la
structure du sol ; pour cela elle n’est pas à conseiller pour le surfaçage des champs
de cultures à part les rizières.
Dans le cas des terrains en pente, le nivelage des terrasses est effectué par
déplacement des terres des régions hautes aux régions basses du terrain (Figures
III.7., III.8. et III.9.). Une fois la terrasse constituée et la diguette formée, on procède
au rétablissement des fossés d’emprunt. Cette dernière opération doit être faite avec
soin, puisqu’elle ne doit pas entraîner la réduction de la hauteur des diguettes, et
par suite courir le risque de débordement des eaux.

Figure III.7. Mise en place de la 1ère banquette.

Figure III.8. Nivellement de la 1ère terrasse.

65
Figure III.9. Mise en place de la 2ème banquette.

III.1.5. Mise en eau des bassins


Il y a deux méthodes de mise en eau des bassins : la méthode directe et la
méthode en cascade.

III.1.5.1. Mise en eau directe


Les eaux d’irrigation sont directement introduites dans le bassin à partir du
canal d’amenée par l’intermédiaire soit de siphons, soit de tuyaux d’alimentation
traversant la diguette, ou bien par des ouvertures aménagées dans la diguette. La
figure suivante illustre cette technique d’irrigation où le bassin « A » est irrigué en
premier, le bassin « B » ensuite « C », etc. Les bassins se suivent sur le canal
d’amenée. Cette technique est recommandée pour l’irrigation de la plupart des
cultures et s’adapte à l’irrigation de la plupart des types du sol.

Figure III.10. Mise en eau directe dans le bassin de submersion.

66
III.1.5.2. Mise en eau en cascade
Dans les terrains en pente, la mise en eau des terrasses est faite en série. D’abord
la première à partir du canal d’amenée, ensuite les eaux sont acheminées à la
suivante en pratiquant une ouverture dans la diguette aval de la première, et ainsi
de suite jusqu’à atteindre la diguette le plus en aval (Figure III.11). Sur la figure
suivante on voit que la terrasse A1 a été desservie en premier ; l’eau a ensuite été
acheminée sur la terrasse A2, et ensuite sur la terrasse A3 jusqu’à ce que les trois
terrasses aient été complètement mises en eau. La prise d’eau sur A1 est ensuite
fermée, et une ouverture est aménagée sur le canal d’amenée pour introduire les
eaux sur les terrasses B1, B2, et B3. Les trois terrasses sont mises en eau
successivement, et ainsi de suite pour les autres séries de terrasses en cascade.

Figure III.11. Mise en eau en cascade dans les bassins de submersion.


Cette méthode est très appropriée à l’irrigation des rizières à sols argileux, où
les pertes par infiltration et par percolation sont faibles. Cependant, cette technique
n’est pas la meilleure pour l’irrigation des terrasses en cascade, à sols sableux ou
limoneux. En effet, les pertes par percolation sont excessives, lors du transit de l’eau
des terrasses en amont vers les autres en aval. Pour surmonter cette difficulté, on
peut utiliser un sillon d’emprunt ou bien aménager une rigole pour transiter l’eau
vers les terrasses en aval. Ainsi, les terrasses en aval seront mises en eau en premier,
la terrasse se trouvant immédiatement en amont en second, et ainsi de suite. Il
s’ensuit que les terrasses qui sont en amont, au voisinage immédiat du canal
d’amenée, seront les dernières à être mises en eau.

67
III.1.6. Profil d’humectation
Pour avoir une bonne productivité, il est primordial que la zone radiculaire des
cultures reçoive exactement la dose d’arrosage requise et que l’humidification soit
uniforme sur toute cette zone radiculaire.
Si la dose d’irrigation est insuffisante, les cultures vont souffrir d’un déficit
hydrique, et par suite leurs productivités vont baisser. Par contre, si la dose
d’irrigation est excessive, soit l’eau sera perdue par percolation, soit des flaques
d’eau vont se former sur les sols argileux, et les cultures seront noyées.

III.1.6.1. Profil d’humectation idéal


Pour obtenir une humidification uniforme de la zone radiculaire, il faut que la
surface du bassin soit bien plane et que le temps nécessaire de mise en eau soit court.
La figure III.12 montre le profil d’humectation idéal : la surface du bassin est bien
plane, la quantité d’eau nécessaire est fournie en dérivant un courant d’eau à débit
convenable. Comme on le voit sur cette figure, il est impossible d’avoir un profil
d’humectation parfaitement uniforme tout le long de la zone radiculaire des
plantes.
En effet, en amont du bassin la durée de mise en eau est plus longue qu’en aval.
Pour cela des pertes par percolation vont avoir lieu à proximité immédiate du canal
d’amenée, si l’on veut que la partie aval reçoive la quantité suffisante d’eau
d’irrigation.

Figure III.12. Profil d’humectation idéal.

68
III.1.6.2. Profil d’humectation irrégulier
L’irrégularité d’un profil d’humectation suite à une mauvaise humidification
du sol peut résulter :
 des conditions naturelles défavorables, telles qu’un sous-sol de bassin quasi
imperméable, ou bien un sous-sol à texture non homogène ;
 d’un aménagement inadéquat, tel qu’un surfaçage insuffisant ;
 d’une mauvaise gestion de l’eau, telle que l’utilisation d’un courant d’eau
inadéquat ou bien une distribution d’eau insuffisante ou excessive.
 Conditions naturelles défavorables
On peut rencontrer une couche compacte ou quasi imperméable dans le sous-
sol du bassin à 30-50.cm de la surface. Sa perméabilité est certainement très faible.
L’eau va s’accumuler par capillarité au-dessus de cette couche en nappe d’eau
perchée (Figure III.13). Il en résulte l’engorgement en eau du sous-sol.

Figure III.13. Une nappe d’eau perchée au-dessus d’une couche


quasi-imperméable du sous-sol.
Cette situation est très favorable pour la culture du riz, mais elle est
certainement défavorable pour les autres types de cultures. Cette couche compacte
peut être ameublie à l’aide des sous-soleuses ou défonceuses.
La mauvaise répartition de l’eau dans la zone radiculaire peut aussi résulter
d’un sous-sol à texture non uniforme. Dans cette situation, la solution consiste à
retracer les bassins afin de n’avoir qu’un sous-sol uniforme par bassin.

69
 Aménagement insuffisant
La figure III.14 illustre le profil d’humectation dans le cas d’un bassin à surface
ondulée ou à nivellement insuffisant. Au voisinage des mottes de terre,
l’humidification est insuffisante et la zone radiculaire est sèche. Aux points bas, des
flaques d’eau se forment et l’eau est perdue par percolation profonde. Les plantes
vont dépérir par manque d’eau dans les parties sèches. Dans les parties humides les
plantes vont soit souffrir d’un manque de matières nutritives entraînées par
percolation profonde, soit être complètement inondées. Ces défauts peuvent
facilement être corrigés par un bon nivelage des bassins.

Figure III.14. Profil d’humectation d’un bassin à nivellement insuffisant.


 Mauvaise gestion de l’eau
La figure III.15 illustre le cas de la mise en eau d’un bassin à l’aide d’un courant
d’eau à débit faible. Par suite, le temps de mise en eau du bassin est trop long.
L’amont du bassin au voisinage immédiat du canal d’amenée recevra une quantité
excessive d’eau du fait de sa mise en eau pour un temps trop long. Par contre, l’autre
extrémité du bassin recevra une quantité insuffisante d’eau ou restera sèche, et les
plantations â cette extrémité vont dépérir par manque d’eau.

70
Figure III.15. Profil d’humectation dans le cas où le débit d’eau est insuffisant.
Les corrections à faire seraient :
o soit d’augmenter le débit du courant d’eau pour réduire le temps de mise
en eau du bassin ;
o soit de subdiviser le bassin en d’autres plus petits. En effet, ces derniers
peuvent être irrigués par des courants d’eau à faibles débits.

Figure III.16. Profil d’humectation dans le cas d’une sous-irrigation.


Le cas d’un apport d’eau insuffisant est illustré à la figure III.16 ; dans ce cas le
profil d’humectation est nettement au-dessus de la limite inférieure de la zone
radiculaire. C’est ce qu’on appelle la « sous-irrigation », et elle a pour origine la
sous-estimation du temps requis pour humidifier la totalité de la zone radiculaire.
En sous-irrigation, les pertes par percolation sont pratiquement nulles. Par
conséquent cette technique est d’une haute performance à l’irrigation ; mais d’un

71
autre côté elle requiert des arrosages fréquents (tour d’eau trop court) pour couvrir
les besoins en eau des plantes. D’autre part, le manque d’eau continu entraîne le
sous-développement des racines des plantes qui risquent le dépérissement en cas de
retards dans les irrigations (tour d’eau long).
La figure III.17 illustre le cas où l’apport d’eau est excessif. C’est ce qu’on
appelle « irrigation excessive ou surirrigation ». Les pertes par percolation sont trop
fortes. Les matières nutritives des plantes sont lessivées, ou bien, dans le cas
particulier des sols argileux, les plantes sont noyées. La solution est évidemment
d’apporter moins d’eau.

Figure III.17. Profil d’humectation dans le cas d’une sur-irrigation.

III.1.7. Entretien des bassins


Les diguettes peuvent s’éroder soit à cause de la pluie, soit par débordement
des eaux, ou bien à cause de leur utilisation comme passages pour piétons. Il est par
conséquent nécessaire de contrôler périodiquement les diguettes, noter les
imperfections et les corriger immédiatement pour prévenir d’autres dégâts plus
importants. La surface des bassins doit être contrôlée au début de chaque campagne
agricole. La pré-irrigation pourrait bien servir à déceler les imperfections de surface,
localisation des mottes de terre et des points bas, et constituerait par conséquent le
meilleur moyen pour améliorer le régalage et le surfaçage. Par ailleurs, le curage des
canaux d’amenée doit être fait au début des irrigations pour éliminer tout dépôt de
vase et arracher les mauvaises herbes.

72
III.2. Irrigation par sillon (irrigation par infiltration)
III.2.1. Généralités
Les sillons sont des petites rigoles parallèles en terre, aménagés pour le
transport des eaux d’irrigation. Les plantes sont généralement cultivées sur les raies
ou les billons séparant deux sillons consécutifs (Figures III.18 et III.19).

Figure III.18. Irrigation par sillons. Figure III.19. Sillons et billons.

La méthode d’irrigation par sillons est appropriée pour la plupart des cultures.
Elle convient pour les terrains en pente, et pour plusieurs types de sol.
La méthode d’irrigation par sillons est recommandée pour plusieurs sortes de
cultures, principalement pour les cultures en lignes. Cette technique est
essentiellement recommandée pour les cultures qui ne tolèrent pas la submersion
de leur feuillage ou de leur collet par les eaux pour un temps trop long.
En résumé, les cultures recommandées pour l’irrigation par sillons sont :
 les cultures en lignes, telles que le maïs, le tournesol, la canne à sucre et le
soja ;
 les cultures qui ne tolèrent pas la submersion par les eaux comme les
tomates ;
 les légumes, les pommes de terre et les haricots ; les arbres fruitiers tels que
les agrumes et les vignes ;
 les cultures semées à la volée (méthode par microsillons) telles que le blé.
La méthode d’irrigation par sillons peut être adoptée pour l’irrigation des
cultures sur la plupart des sols. Cependant, cette technique, comme pour toutes les
autres techniques d’irrigation de surface, n’est pas à utiliser sur des sols sableux où les
pertes par percolation sont importantes. L’irrigation par sillons est particulièrement
recommandée pour les sols à encroûtement rapide. En effet, l’eau étant distribuée
dans les sillons, les risques de formation de croûtes par dessèchement de la zone des

73
plantations (billons) sont réduits, et le sol reste ainsi friable.
La technique d’irrigation par sillons présente comme toutes les autres
techniques des avantages et des inconvénients :
Avantages :
 Une partie seulement de la surface du sol est mouillée (de la moitié au
cinquième) ;
 Diminution des pertes par évaporation ;
 Moindre formation de boue dans les sols lourds ;
 Faible modification de la structure du sol et bonne aération ;
 Travail du sol possible peu après l’irrigation ;
 Le feuillage des plantes n’est pas mouillé, ce qui évite certaines maladies ;
 Les frais d’aménagement sont réduits et l’adaptation est possible à tous les
terrains présentant une pente d’au moins 0,5 %.
Inconvénients :
 Irrigation parfois moins homogène que par ruissellement ou submersion ;
 Risques de pertes importantes par infiltration profonde dans les sols
perméables ;
 Temps d’irrigation assez long ;
 Besoin important en main d’œuvre.
Efficience
Elle peut être variable selon les conditions d’application d’eau dans les sillons.
On peut dire qu’elle varie généralement entre 60 % et 80 %.

III.2.2. Paramètres des sillons


L’aménagement des sillons concerne généralement la forme, la longueur et
l’espacement des sillons. Généralement ces grandeurs dépendent du milieu naturel, e.g.
la pente et le type du sol, et de la valeur du débit du courant d’eau dérivé. Cependant,
d’autres considérations inhérentes à l’irrigation interviennent dans le tracé des sillons,
e.g. la dose d’arrosage, les pratiques agricoles, et la longueur du champ.

III.2.2.1. Forme de la section des sillons


La forme d’un sillon dépend de la nature du sol et du débit du courant d’eau
dérivé.
 Nature du sol
En sol sableux, l’infiltration verticale des eaux est plus importante que
l’infiltration latérale. Dans ces conditions les sillons sont profonds et de faibles

74
largeurs en gueule (forme en V), pour réduire la surface offerte à la percolation des
eaux (Figure III.20). Mais comme les sols sableux sont peu stables, les parois du
sillon ont tendance à s’effondrer, ce qui réduit la performance du système.
En sol argileux, la percolation est beaucoup plus faible qu’en sol sableux.
L’écoulement latéral des eaux se fait par infiltration à travers les parois du sillon,
par conséquent les sillons seront larges, peu profonds pour augmenter le périmètre
mouillé (Figure III.21) utile pour l’infiltration.

Figure III.20. Sillon profond et de Figure III.21. Sillons large et de faible


faible ouverture pour sol sableux. profondeur pour sols lourds.

 Débit du courant d’eau


En général, la largeur en gueule des sillons est d’autant plus grande que le débit
du courant d’eau est plus fort.

III.2.2.2. Longueur des sillons


La longueur des sillons dépend de la pente du terrain naturel, du type du sol,
du débit d’eau, de la dose d’irrigation, des pratiques agricoles et de la longueur du
champ. L’impact de chacun de ces facteurs sur la détermination de la longueur du
sillon est discuté ci-dessous.
 Pente du terrain (i)
Un sillon est d’autant plus long que la pente du terrain est plus forte. Mais pour
éviter l’érosion, la pente du sillon ne doit pas être supérieure à 0,5 %. Les sillons
peuvent aussi être aménagés en bassins longs et étroits, mais ils doivent avoir une
pente au moins égale à 0,05 % pour assurer le drainage des eaux excédentaires
d’irrigation et l’évacuation des eaux de pluie. Si la pente du terrain naturel est
supérieure à 0,5 %, et pour garder la pente du sillon dans des limites admissibles,
les sillons seront tracés en biais ou bien le long des courbes de niveau. Cette
technique s’applique jusqu’à une limite maximum de 3 % de pente du terrain

75
naturel. Au-delà de cette limite, les risques d’érosion sont réels et des brèches sont
à craindre dans les billons. Dans les terrains à forte pente, le terrain est d’abord
aménagé en terrasses, à l’intérieur desquelles les sillons seront tracés.

i↑  L↓
i↓  L↑
 Type du sol (perméabilité K)
L’eau s’infiltre très rapidement dans le sable. Pour cela les sillons doivent être
courts (longueur inférieure à 110 m) en sols sableux, de sorte que l’eau puisse
atteindre l’extrémité du sillon, sans que les pertes par percolation soient excessives.
Par contre, le taux d’infiltration de l’eau est très faible dans l’argile. Par suite, la
longueur des sillons pourrait être plus grande en sols argileux qu’en sols sableux.

K ↑  L↓
K ↓  L↑
 Débit du courant d’eau (q)
Pour un sillon de longueur moyenne, les débits des courants d’eau les plus usuels
sont de l’ordre de 0,5 L s-1. Pour des débits plus forts, la vitesse d’écoulement est plus
importante, et la longueur du sillon est elle aussi importante. Les risques d’érosion et
la pente du terrain vont limiter le débit maximum du courant d’eau à dériver dans le
sillon. En aucun cas le débit unitaire du sillon ne doit être supérieur à 1 L s-1.

q↑  L↑

q↓  L↓
 Dose d’irrigation (D)
La longueur d’un sillon varie dans le même sens que la dose d’irrigation. En
effet avec une dose d’irrigation forte les sillons peuvent être plus longs, car dans ce
cas l’eau aura suffisamment de temps pour atteindre l’extrémité aval du sillon avant
de s’infiltrer.

D↑  L↑

D↓  L↓
 Pratiques agricoles
Lorsque les travaux de ferme sont mécanisés, les sillons seront longs pour
faciliter les travaux agricoles. D’autre part, la gestion de l’eau est difficile avec des
sillons courts. En effet, le passage des eaux d’un sillon à un autre est plus rapide

76
dans les courts sillons que dans les longs sillons. Par contre, les pertes par
percolation dans les courts sillons sont inférieures à celles dans les grands sillons,
ce qui fait que la performance des premiers est supérieure à celle des derniers.
 Longueur de la parcelle
La longueur du sillon est égale à la longueur du champ au cas où cette dernière
est très voisine de la longueur maximum du sillon. De même si la longueur du
champ est inférieure à la longueur idéale du sillon, celui-ci sera tracé en fonction
des limites du champ.
Le tableau suivant donne des ordres de grandeur des longueurs maximums des
sillons dans les petites exploitations. Les valeurs indiquées sont en général
inférieures à celles indiquées dans les manuels d’irrigation. En effet, ces dernières
sont beaucoup plus indiquées pour les exploitations importantes où les travaux
agricoles sont entièrement mécanisés.
Tableau III.3. Ordre de grandeurs de longueurs maximales des sillons en
fonction de la pente, du débit unitaire, de nature du sol ainsi que la dose d’irrigation.

Argile Limon Sable


Pente Débit
Dose d’irrigation (mm)
(%) (L s-1)
50 75 50 75 50 75
0,0 3,0 100 150 60 90 30 45
0,1 3,0 120 170 90 125 45 60
0,2 2,5 130 180 110 150 60 95
0,3 2,0 150 200 130 170 75 110
0,5 1,2 150 200 130 170 75 110

L’estimation de la longueur maximale d’un sillon se fait en tenant compte des


paramètres suivants :
o K : perméabilité du sol ;
o p : périmètre mouillé ;
o q : débit du courant d’eau.
q = K × p × L MAX

q
LMAX =
K× p
Généralement on évite les longueurs maximales pour limiter les pertes d’eau
par infiltration profonde.

77
L REELLE < LMAX
LREELLE = k × LMAX

o k : coefficient de réduction qui varie selon la nature du sol de 0,6 à 0,8.

Exemple d’application :
Si on veut irriguer par sillon :
• q = 2 L s-1 ;
• K = 10-5 m s-1 ;
• p : 0,5 m ;
• k : 0,7.
Déterminer la longueur maximale du sillon (LMAX) ?
2.10 −3
LMAX = → LMAX = 400 m
10 −5 × 0,5
L REELEE = 0 ,7 × L MAX → LREELEE = 280 m

III.2.2.3. Espacement entre les sillons


Généralement l’espacement des sillons dépend de la nature du sol et des
pratiques agricoles.
 Nature du sol

Figure III.22. Sillon à billon double.

78
En règle générale, l’espacement des sillons varie entre 30 et 60 cm en sol
sableux, i.e. 30 cm pour le gros sable et 60 cm pour le sable fin. En sol argileux,
l’espacement entre deux sillons consécutifs est de l’ordre de 75 à 150 cm. Dans ce
type de sol la crête du billon, qu’on appelle aussi bande ou assise, est égale au double
de la largeur en gueule du sillon. L’avantage de cette méthode est qu’elle offre la
possibilité de cultiver plusieurs lignes de plantations sur le billon, et de faciliter le
désherbage manuel. Les bords des billons seront légèrement arrondis afin de
faciliter l’écoulement des eaux de pluie vers les sillons, et par conséquent éviter la
stagnation des eaux sur les billons doubles (Figure III.22).
 Pratiques agricoles
Dans les fermes où les travaux agricoles sont mécanisés, un juste milieu doit
être trouvé entre l’espacement idéal des plantes et les caractéristiques des machines
utilisées pour l’ouverture du sillon. En mécanisation, la masse des travaux pourrait
être réduite par l’adoption d’un espacement uniforme entre les sillons, même si les
cultures pratiquées requièrent des espacements non uniformes. Ainsi on n’est pas
amené à changer l’écartement des outils quand on passe d’une culture à une autre.
Néanmoins, il faut vérifier que l’espacement standard des sillons est suffisant pour
assurer l’humidité requise à chaque type du sol.

III.2.3. Aménagement des sillons


L’ouverture des sillons est faite généralement avec l’adosseur. Les figures III.23
et III.24 montrent des adosseurs ou des sillonneurs à traction animale et à traction
mécanique.

Figure III.23. Sillonneur à traction Figure III.24. Sillonneur à traction


animale. mécanique.

III.2.3.1. Aménagement des sillons en terrain plat ou en légère pente


L’implantation des sillons comporte les étapes suivantes : la matérialisation,

79
l’ouverture d’un ou de plusieurs sillons de base, l’ouverture des autres sillons parallèles.
 1ère étape
Une ligne droite est matérialisée tout le long du sillon projeté. La
matérialisation peut être faite soit à l’aide des jalons d’alignement, soit avec de la
poudre de craie, ou bien avec de petites levées de terre. Un ouvrier expérimenté est
en principe capable d’aligner les jalons ou les levées de terre à l’œil nue.
 2ème étape
L’ouverture d’un sillon est faite à l’aide de l’adosseur sillonneur. Le sillon doit
être parfaitement aligné, sinon la tranchée serait à remblayer (c’est-à-dire le sillon
effacé) et le processus d’alignement repris.
 3ème étape
Les autres lignes seront matérialisées tous les cinq (5) mètres. A l’aide d’une
barre d’attelage (palonnier) remorquée à un tracteur, on peut ouvrir plusieurs
sillons à la fois. Lors d’un passage de l’ensemble, et en vue de garantir le parallélisme
des sillons, l’outil adosseur le plus à gauche repasse le dernier sillon ouvert. Par
ailleurs, l’axe de la barre suit une ligne droite matérialisée sur le terrain pour que les
sillons soient bien en ligne droite.

III.2.3.2. Aménagement des sillons en terrain en pente ou à pente irrégulière


Le processus d’implantation des sillons de contour sur des terrains en pente ou
à pente irrégulière est une opération délicate. Il comporte les étapes suivantes :
 1ère étape
A l’aide d’un dispositif de nivellement approprié, on commence par
matérialiser le premier sillon le long d’une courbe de niveau, à la limite supérieure
de la parcelle, et au voisinage immédiat du canal d’amenée. D’autres sillons de base
auxiliaires peuvent être matérialisés selon la configuration du terrain, i.e. tous les
5 mètres en terrain à pente irrégulière, et tous les 10 mètres en terrain à pente
uniforme.
 2ème étape
Partant du sillon de base, les sillons sont ouverts jusqu’à mi-chemin à partir du
deuxième sillon de base.

III.2.4. Mise en eau des sillons


L’eau est introduite dans les sillons par des prises individuelles aménagées sur
le canal d’amenée, en forme de siphons ou de tuyaux d’alimentation traversant la
berge du canal. Parfois le canal d’amenée est remplacé par une conduite ; les

80
siphons et les tuyaux d’alimentation sont alors remplacés par des vannettes qui
servent comme prises d’alimentation pour les sillons. Le nombre des sillons qui
peuvent être mis en eau simultanément est fonction du débit du canal d’amenée.

Figure III.25. Irrigation par sillons alternés.


En périodes de sécheresse où il y a une pénurie d’eau, on peut réduire la
consommation d’eau en utilisant la technique d’irrigation par sillons alternés, c’est-
à-dire en irriguant un sillon sur deux au lieu d’irriguer tous les sillons en même
temps. La figure III.25 illustre cette procédure.
Au lieu d’alimenter tous les sillons chaque dix jours, les sillons 1, 3, 5 etc. sont
mis en eau au bout de 5 jours, et les sillons 2, 4, 6 etc. sont mis en eau au bout de
dix jours. Ainsi les cultures reçoivent une quantité réduite d’eau tous les cinq jours
au lieu d’en recevoir une grande quantité tous les dix jours. Un tour d’eau de courte
durée et à faible débit est généralement plus bénéfique aux cultures que l’irrigation
avec des tours d’eau plus longs et à des débits plus forts.
Dans les terrains en pente, il faut évacuer les eaux à l’extrémité aval des sillons.
La quantité à évacuer peut atteindre 30 % du volume introduit, même dans les
meilleures conditions. Pour cela un réseau de drainage peu profond doit être conçu
pour évacuer les eaux en excès, sinon les plantes risquent de périr par engorgement
d’eau.

81
III.2.5. Pratiques agricoles
Avec la méthode d’irrigation par sillons, la technique de plantation des cultures
n’est pas unique. En effet, elle dépend des conditions naturelles. Nous reportons ci-
dessous quelques exemples pour illustrer ce fait.
Dans les régions à fortes précipitations, les plantes se trouvent au sommet du
billon, et ce pour éviter le dépérissement des plantes par engorgement d’eau (Figure
III.26).

Figure III.26. Plantation adéquate pour protection contre l’engorgement.


Lorsqu’il y a une pénurie d’eau, les plantations seront placées dans le sillon, en
vue d’assurer une meilleure humidification de la zone radiculaire (Figure III.27).

Figure III.27. Plantation adéquate en cas sols salins


Comme les sels ont tendance à s’accumuler aux points hauts, il faut éviter de
planter en sols salins. Ainsi les plantations seront placées sur les deux côtés du billon
et non au sommet (Figure III.28). Cependant, il faut dans ce cas veiller à éviter le
problème d’engorgement d’eau.

82
Figure III.28. Plantation adéquate en cas de pénurie d’eau.
Les cultures d’hiver et celles du début du printemps peuvent être placées sur le côté
ensoleillé du billon (Figure III.29) ; dans les régions arides (très chaudes), les plantations
seront placées sur le côté opposé pour les protéger de la chaleur du soleil.

Figure III.29. Plantation adéquate pour les cultures d’hiver et du début de


printemps : plantation sur le côté ensoleillé du billon.

III.2.6. Profil d’humectation


En vue d’obtenir une humidification uniforme de la zone radiculaire, les sillons
seront en pente uniforme, régulièrement espacés, et le temps de mise en eau doit
être court.
Comme les plantes sont cultivées sur les billons, l’humidification de la zone
radiculaire se fait par l’infiltration des eaux à travers les parois des sillons. Il s’ensuit
que l’écoulement latéral des eaux est beaucoup plus important que l’écoulement
gravitaire (vertical descendant). L’écoulement vertical ou latéral des eaux dépend
de la nature du sol, comme l’indique la figure III.30.

83
Figure III.30. Les différents types des profils d’humectation
en fonction du type du sol.

III.2.6.1. Profil d’humectation idéal


Le cas idéal correspond au chevauchement de deux profils d’humectation
adjacents sous le billon pour créer un mouvement ascendant de l’eau par capillarité
(ascension capillaire). Ce qui a pour effet l’humidification de tout le sous-sol du
billon (Figure III.31), et par conséquent la totalité de la zone radiculaire.

Figure III.31. Profil d’humectation idéal


Pour obtenir une répartition uniforme de l’eau le long du sillon, il est essentiel
que sa pente soit uniforme et que le débit du courant d’eau soit suffisant pour que
la mise en eau du sillon soit rapide. De cette manière les pertes par percolation
profonde à l’amont du sillon seront réduites au strict minimum. Le « quart » du
temps requis pour humidifier la zone radiculaire est adopté comme durée pratique
pour le transit de l’eau à partir du canal d’amenée jusqu’à l’extrémité aval du sillon.
Cette pratique permet de limiter les pertes par percolation.

84
III.2.6.2. Profil d’humectation irrégulier
L’irrégularité d’un profil d’humectation, suite à une mauvaise humidification,
peut résulter soit :
 des conditions naturelles défavorables, exemple couche compacte, sous-sol
non homogène, pente irrégulière ;
 d’un mauvais tracé, exemple sillons trop espacés ;
 d’une mauvaise gestion de l’eau : débit d’eau trop fort ou insuffisant, arrêt
prématuré de l’alimentation en eau.
 Conditions naturelles défavorables
La présence de couches compactes dans le sous-sol et l’existence d’un sous-sol
non homogène ont le même effet sur l’irrigation par sillons que sur l’irrigation par
bassins. Les solutions de ces problèmes sont les mêmes que pour l’irrigation par
bassins.
Une pente irrégulière conduira à un profil d’humectation irrégulier le long du
sillon. La vitesse d’écoulement est certainement plus forte dans les sections à fortes
pentes que dans celles à pentes faibles. Ce phénomène aura un effet adverse sur
l’infiltration des eaux, et il en résulte une mauvaise distribution d’eau. La solution
consiste à refaire le nivelage du terrain pour avoir une pente uniforme.
 Mauvais tracé
Au cas où les sillons sont trop espacés, l’humidification de la zone radiculaire
des plantes peut être insuffisante ou nulle (Figure III.32). L’espacement des sillons
doit être soigneusement déterminé en vue d’assurer la bonne humidification de la
zone radiculaire.

85
Figure III.32. L’espacement entre deux sillons adjacents est trop grand.
 Mauvaise gestion de l’eau
Un faible courant d’eau serait insuffisant pour assurer une humidification
adéquate de la zone radiculaire (Figure III.33). Les eaux infiltrées pourraient ne pas
atteindre la zone radiculaire des plantes, même si celles-ci sont cultivées sur les
côtés du billon. De la même manière, la répartition des eaux le long du sillon serait
inégale et insuffisante. Par ailleurs, avec un courant d’eau à faible débit, le temps de
mise en eau du sillon est assez long, et il en résulte des pertes par percolation à
l’extrémité amont de celui-ci.

86
Figure III.33. Le courant d’eau est trop faible pour assurer l’humidification
des billons débordement par les eaux
Par contre si le sillon est alimenté avec un courant d’eau à fort débit et si sa
pente est faible ou nulle, les eaux pourraient déborder au-dessus de la crête du billon
(Figure III.34). Par contre, si la pente du sillon est forte, l’écoulement se fera à
grande vitesse provoquant ainsi l’érosion des parois du sillon et la déformation de
son lit (Figure III.34).

Figure III.34. Courant d’eau à fort débit entraînant


le débordement par les eaux ou l’érosion
L’arrêt prématuré des eaux d’irrigation est une erreur courante. D’un côté,
cette pratique réduit les pertes d’eau par écoulement en excès à l’extrémité aval du

87
sillon, mais d’un autre côté il en résulte une mauvaise distribution des eaux le long
du sillon. En effet, les plantations se trouvant à l’extrémité aval du sillon ne
recevront pas ainsi une quantité suffisante d’eau. D’autre part, si l’alimentation en
eau n’est pas arrêtée au bon moment, l’écoulement des eaux en excès entraîne la
submersion des plantations à l’extrémité aval du sillon, à défaut d’un système de
drainage pour évacuer ces eaux.

III.2.7. Entretien des sillons


Les sillons doivent faire l’objet d’un entretien régulier. Lors des irrigations, il
faut toujours vérifier que l’écoulement des eaux se fasse correctement et que l’eau
atteigne l’extrémité aval de tous les sillons. Les sillons ne doivent pas présenter des
tronçons à sec, ni d’autres tronçons de stagnation d’eau. Par ailleurs, les eaux ne
doivent pas déborder au-dessus de la crête des billons. Il faut aussi procéder au
désherbage régulier des canaux d’amenée et des drains, en vue d’éliminer les
mauvaises herbes qui peuvent bloquer l’écoulement des eaux.

III.3. Irrigation par planches (irrigation par ruissellement)


III.3.1. Généralités
Les planches sont généralement des bandes de terre assez longues, à pente
uniforme, et séparées par des diguettes. On peut dire que la planche est un sillon
très large. Contrairement à 1’irrigation par bassins, les diguettes ne sont pas
conçues pour former une cuvette pour contenir les eaux, mais pour guider les filets
d’eau dans leur ruissellement à travers la planche (Figures III.35 et III.36).

Figure III.35. Schéma d’une Irrigation Figure III.36. Planches en cours


par planche. d’irrigation.
Cette technique d’irrigation de surface est applicable à la plupart des cultures
et elle est très répandue. Son application est l’une des plus délicates : elle exige une

88
très grande dextérité de la part des irrigants. En effet elle consiste à répartir l’eau
par ruissellement sur toute la surface d’une sole.
Le terrain est façonné en planches rectangulaires dont la surface aussi plane que
possible est inclinée (dans un seul sens ou dans les deux sens). L’eau toujours distribuée
sous forme d’une main d’eau, arrive à la partir supérieure de la planche par une rigole
quasi horizontale. Cette rigole doit être tracée et calibrée de façon qu’elle déborde
régulièrement, ce qui est une première difficulté. L’eau de débordement ruisselle alors
le log de la pente sous fore d’une nappe qui doit couvrir la totalité de la largeur de la
planche, ce qui représente la deuxième difficulté. Pour éviter que cette eau se dirige vers
la planche voisine, on trace généralement de petites diguettes faisant limites.
Le long de son parcours cette eau s’infiltre et doit ainsi humidifier le sol. Il faut
donc que l’humidité soit homogène que possible et qu’aucune eau excédentaire ne
parvienne à l’extrémité de la planche sans être infiltrée, ce qui présente la troisième
difficulté. En général une rigole de colature est destinée à recueillir cette eau
excédentaire.

III.3.2. Conditions d’utilisation


L’irrigation par planches est recommandée pour les exploitations de grande
taille, où les travaux agricoles sont mécanisés. En effet, une exploitation aménagée
en planches de grande longueur offrirait de longues périodes d’utilisation
ininterrompue des machines agricoles. Les planches peuvent atteindre 800 m de
longueur, la largeur varie de 3 à 30 m. Les dimensions définitives des planches
dépendent de plusieurs facteurs. Cette méthode d’irrigation n’est pas pratique dans
le cas des petites exploitations où les travaux agricoles sont faits à l’aide de la main
d’œuvre, ou bien par traction animale.
 Pentes adéquates
La pente des planches doit être uniforme, avec un minimum de 0,05 % pour
faciliter le drainage, et un maximum de 2 % pour éviter l’érosion.
 Types de sol appropriés
Les sols appropriés à ce mode d’irrigation sont les sols profonds limoneux et
argileux, à taux d’infiltration moyen. Cette technique n’est pas recommandée pour
les sols argileux lourds, où l’infiltration des eaux est assez lente. Dans ce dernier cas,
l’irrigation par bassins est préférable.
 Cultures recommandées
Cette méthode convient particulièrement à l’irrigation de la luzerne, des
céréales et des pâturages.

89
 Avantages
 Homogénéité de la répartition de l’eau lorsque la planche est correctement
nivelée et la main d’eau bien calibrée.
 Inconvénients
 Façonnage délicat du terrain et de la rigole de déversement ; entretien et
surveillance ;
 Érosion possible du sol si la nappe liquide est irrégulière et si la main d’eau
est trop élevée.
 Efficience
Relativement faible (d’environ 70 %).
III.3.3. Aménagement des planches
Comme c’est le cas pour l’irrigation par bassins et par sillons, les dimensions
et la forme des planches sont fonction du type du sol, du débit du courant d’eau, de
la pente du terrain, de l’a dose d’arrosage et d’un certain nombre de facteurs tels
que les pratiques culturales et la taille de l’exploitation.
Toutes les considérations présentées à propos de l’irrigation par bassins et par
sillons sont généralement applicables à l’irrigation par planches. Pour cela on ne va
pas les reprendre dans ce chapitre. Le tableau suivant donne une idée générale des
dimensions les plus pratiques des planches. Cependant, il est à noter que les valeurs
indiquées dans le tableau sont des ordres de grandeur plutôt que des valeurs strictes.
En effet, ce sont des valeurs empiriques qui n’ont pas la rigueur des valeurs calculées
à partir des relations scientifiques.
Tableau III.4. Ordre de grandeur des longueurs et des largeurs des planches
d’irrigation.
Type de sol Pente Débit Largeur Longueur
(%) unitaire (m) (m)
0,2 – 0,4 10 – 15 12 – 30 60 – 90
Sable : taux d’infiltration
0,4 – 0,6 8 – 10 9 – 12 60 – 90
supérieur à 25 mm h-1
0,6 – 1,0 5–8 6– 9 75
0,2 – 0,4 5–7 12 – 30 90 – 250
Limon : taux d’infiltration
0,4 – 0,6 4–6 6 – 12 90 – 180
de 10 à 25 mm h-1
0,6 – 1,0 2–4 6 90
0,2 – 0,4 3–4 12 – 30 180 – 300
Argile : taux d’infiltration
0,4 – 0,6 2–3 6 – 12 90 – 180
inférieur à 10 mm h-1
0,6 – 1,0 1–2 6 90

90
III.3.4. Mise en eau des planches
La mise en eau des planches consiste à introduire un courant d’eau à partir du
canal d’amenée, à l’extrémité supérieure de celles-ci. L’eau ruisselle en descendant
la pente de la planche. Une fois le volume d’eau nécessaire introduit dans la planche,
le courant d’eau est arrêté. La fermeture de la prise peut bien avoir lieu avant
l’arrivée du front d’eau à l’extrémité aval de la planche. Il n’y a pas de règles précises
qui dictent cette décision. Cependant, si le débit d’eau est arrêté plus tôt que
nécessaire, on risque une couverture incomplète de la planche, et l’eau n’atteindra
pas l’extrémité aval de celle-ci. Par contre si le débit d’eau est arrêté plus tard que
nécessaire, on aura un débit sortant à l’extrémité de la planche, et l’eau sera perdue
dans le réseau de drainage.
Comme ordre de grandeur, la fermeture de la prise d’eau doit intervenir,
suivant les cas, comme suit :
 En sol argileux, le courant d’eau est arrêté quand l’eau couvre 60 % de la
planche. Par exemple, si la longueur de la planche est de 100 m, un jalon sera placé
à 60 m de l’amont. Quand l’eau atteint le jalon, la prise d’eau est fermée ;
 En sol limoneux, le débit d’eau est arrêté quand l’eau couvre 70 à 80 % de
la planche ;
 En sol sableux, la fermeture de la prise d’eau intervient uniquement quand
l’eau couvre la totalité de la planche. Comme on vient de le dire, ce sont des
directives. Les règles définitives sont arrêtées cas par cas, et après avoir testé leur
validité.

III.3.5. Evaluation et conception


III.3.5.1. Introduction
L’évaluation et le dimensionnement des systèmes d’irrigation à la planche
dépendent des possibilités de prédiction de la distance d’avancement en fonction
du temps, compte tenu du débit délivré, de la pente de la surface du sol et de la
variation des caractéristiques d’infiltration du sol durant l’irrigation. Cette
variation, due à celle des propriétés hydrodynamiques et aux conditions initiales et
aux limites de l’irrigation, engendre un écoulement de surface transitoire, non
uniforme et graduellement varié.
La quasi-totalité des modèles de l’irrigation à la planche peuvent être classés en
trois classes :
 Les modèles de bilan volumique, dits modèles hydrologiques ;
 Les modèles cinématiques ;

91
 Les modèles dynamiques.
Les modèles de bilan volumique sont fondés sur l’équation de continuité et
quelques hypothèses ; le plus connu de ces modèles est celui de Lewis et Milne
(1938). Dans ce modèle, l’écoulement de surface est supposé de type piston (le tirant
d’eau est considéré constant dans l’espace et dans le temps) et l’écoulement
souterrain est souvent décrit par une équation empirique à 2 ou 3 paramètres de
type Horton (1940).
Les modèles dynamiques utilisent les équations complètes de Saint-Venant
pour décrire l’irrigation à la planche. Ces équations sont les plus précises mais les
plus difficiles à résoudre. Cette difficulté de résolution est liée au fait que la vitesse
d’avancement et de récession en irrigation de surface n’est pas connu à priori, et
par conséquent les limites de la région de l’écoulement constituent une partie de la
solution. Sous différentes hypothèses sur les limites de la région de l’écoulement,
ces équations ont été résolues numériquement. De même certaines simplifications
ont été apportées à celles-ci en vue de réduire la complexité de la solution
numérique.
Les modèles cinématiques ont comme origine la théorie de l’onde cinématique.
Des solutions analytiques ont été obtenues pour une infiltration constante et pour
des conditions aux limites simples. Dans le cas d’une infiltration variable et des
conditions aux limites complexes, des solutions hybrides peuvent être facilement
développés.
Dans la plupart des ces modèles, l’écoulement de surface est décrit d’une façon
rigoureuse et précise alors que l’écoulement souterrain est négligé : il décrit par une
équation d’infiltration empirique dont les paramètres sont obtenus pour des
conditions très différentes de celles de l’irrigation. De plus, les essais de
caractérisation de l’infiltration sont limités à quelques points de l’ensemble de la
surface aménagée pour l’irrigation ; il est alors évident que les paramètres qui en
découlement (par calage) ne sont pas représentatifs pour la planche (ou l’ensemble
des planches) d’irrigation.

III.3.5.2. Méthode de Crevat


Crevat a introduit tout d’abord deux paramètres, constituant les deux facteurs
principaux de ruissellement illustrés dans la figure suivante :
1. La vitesse de ruissellement d’une nappe d’eau sur un sol incliné : il a pensé
que cette vitesse pouvait s’exprimer par la formule suivante, ayant comme origine
la formule de Bazin pour un écoulement uniforme dans les canaux :

92
V = n×h× I

o n : rugosité de la surface de terrain ;
o I : la pente de la surface supérieure de la lame d’eau (sensiblement égale à
la pente de la surface du sol) ;
o h : tirant d’eau à une distance X du canal de déversement.
H
I =i+ → I ≅i
L
V = n×h× I =α ×h
 Si X = 0 → V = α × H
 Si X = L → V = α × 0 = 0

Figure III.37. Irrigation à la planche : profil longitudinal de la planche.


2. Le débit unitaire de ruissellement, ou débit de déversement de la rigole en
tête par mètre de largeur de la planche.
Q = s ×V
Si :
o H = 0,05 m ;
o V = 0,1 m s-1.
Qunitaire = 5 L s-1 m-1.

III.3.5.3. Relations fondamentales


On considère un élément assez petit d’une irrigation par planche tel qu’il est illustré
dans la figure III.38. On applique à cet élément le principe de la conservation de masse :

93
Figure III.38. Représentation de la hauteur de la lame d’eau ainsi que la vitesse
o La vitesse V + dV ;
o La hauteur d’eau h + dh.
Pour la section ABCD : V × h × 1m ;
Pour la section A’B’C’D’ : (V + dV) × (h + dh) × 1 m.
A partir de ces deux relations :
V × h×1m = (V + dV) × (h + dh) × 1m + (K × dl ×1m) + (E × dl)
o K × dl ×1m : représente l’infiltration ;
o E × dl : représente l’évaporation.
V × h = (V × h) + (V × dV) + (dV × h) + (dV × dh) + (K × dl) + (E × dl)
o dV × dh : négligeable ;
o E × dl : négligeable.
V × dV + h× dV = −K × dl
Or
V = α × h → dV = α × dh
D’où

α × h × dh + h × α × dh = − K × dl
Ou bien
dV dV
V× +V × = − K × dl
α α

94
 Forme de la nappe ruisselante
2 × h × α × dh = − K × dl
Je fais l’intégration :

h2
2 ×α × = − K × l + cste
2
 pour l = 0  h = H

 pour l = L  h = 0
α × 0 = − K × L + cste  K × L = cste

α × h = − K × l + K × L = K × ( L − l )
2

K
h= (L − l )
α
o α :n× I ;
o L : longueur maximale de la planche.
Vitesse en un point quelconque

K
V =α ×h =α × (L − l )
α
α2 ×K
V= (L − l ) = K × α (L − l )
α
{si l = 0 V (0) = α×K×L
si l = L  V( L ) = 0
 Temps de ruissellement
dl dl dl
V=  dl = V × dt  dt = =
dt V K × α × (L − l )
dl − 2 × dh − 2 ×α
dt = = car V = α × h et dl = × h × dh
V K K
−2
 Tr = × h + cste
K
2
à t = 0  h = H  cste = ×H
K

95
2
Tr = ×H
K
En particulier pour atteindre l’extrémité de la planche (h = 0) le temps de
ruissellement est :

2
Tr = × (H − h )
K

III.3.5.4. Conditions de l’irrigation par ruissellement


 Position du problème

Figure III.39. Détermination de la longueur maximale de la planche


M M
UPA = =S=
Q K

o UPA : Unité Parcellaire d’arrosage ;
o M : main d’eau ;
o Q : débit d’irrigation ;
o K : perméabilité.
M
UPA = L × λ =
K
 Détermination de la longueur de la planche
Condition de Crevat :
La longueur de la planche doit être tel que le temps de déversement de l’eau en
tête de la planche (durée d’irrigation) soit égale au temps de ruissellement (temps
d’avancement quand l’eau arrive en aval).

96
2 dose d
Tr = × H Or Ti = =
K K K
Appliquant de la condition de Crevat :
2× H d
Tr = Ti  =  2× H = d
K K
K d2 α
 2× L× = d  L = ×
α 4 K
d2 α
L= ×
4 K
M M
λ×L = λ =
K K×L
M
λ=
K×L
Exemple d’application
o I=1%;
o n = 20 ;
o K = 10-4 m s-1 ;
o d = 100 mm ;
o M = 40 L s-1.
Déterminez le temps d’irrigation et la longueur de la planche
o α = n × I = 20× 0,001  α = 2

o L=
d2 α
× 
(0,1) × 2  0,5 ×102  L = 50 m
2

4 K 4 ×10−4
M M 40 ×10−3
o λ×L = λ = = = 8m
K K × L 50 ×10−4
d 0,1
o Ti = = −4  Ti = 1000sec ondes
K 10

Résumé
d
1. Temps d’irrigation : Ti =
K
2× H
2. Temps de ruissellement : Tr =
K

97
d2
3. Tirant d’eau en tête de la planche : H =
2
α ×d2
4. Longueur maximale de la planche : L =
4× K

III.3.6. Profil d’humectation


Comme c’est le cas avec les autres méthodes d’irrigation, il est important de
veiller à ce que la quantité d’eau nécessaire soit fournie à la planche, pour que
l’humidification de la zone radiculaire soit uniforme. Cependant, il faut noter que
certaines erreurs courantes sont à l’origine d’une mauvaise distribution d’eau. Cette
mauvaise distribution d’eau peut résulter soit :
 d’un nivellement insuffisant du terrain ;
 d’un courant d’eau inadéquat ;
 de l’arrêt inopportun de l’alimentation en eau.
 Nivellement insuffisant du terrain
Si le nivellement du terrain est insuffisant et improprement réalisé, la planche
aura une pente transversale et l’eau d’irrigation ne pourra pas couvrir la totalité de
la planche. L’eau ruissellera sur la planche vers les régions des plus basses côtes
(Figure III.40). Ces malfaçons peuvent être corrigées en reprenant le nivellement
de la planche, ou bien en aménageant des diguettes de guidage pour éviter
l’écoulement transversal des eaux.

Figure III.40. Effet de la pente transversale sur le ruissellement


des eaux sur la planche.

98
 Courant d’eau inadéquat
Un courant d’eau à faible débit sera perdu par percolation profonde au
voisinage immédiat du canal d’amenée (Figure III.41), spécialement en sol sableux.

Figure III.41. Courant d’eau à faible débit


Par contre, si le courant d’eau est à fort débit, l’eau ruisselle rapidement et atteint
le point qui marque la fermeture de la prise avant qu’une quantité suffisante d’eau soit
introduite pour humidifier la zone radiculaire (Figure III.42). Dans ce cas, la prise doit
rester ouverte jusqu’à ce que l’humidification de la zone radiculaire soit adéquate. Il va
en résulter des pertes d’eau par écoulement en excès, qui seront collectées dans le réseau
de drainage. Les courants d’eau à forts débits peuvent provoquer l’érosion de la planche.

Figure III.42. Courant d’eau à fort débit

III.3.7. Entretien des planches


L’entretien des planches consiste à les débarrasser des mauvaises herbes et à
maintenir leur pente uniforme. Toute défection dans les diguettes doit être
immédiatement réparée, les canaux et les drains doivent faire l’objet d’un curage et
d’un désherbage régulier. Le contrôle régulier et l’entretien rapide peuvent garantir
la sécurité des ouvrages et prévenir les dégâts importants.

99
100
Chapitre IV
L’irrigation de surface améliorée

IV.1. Introduction
L’irrigation de surface est l’une des techniques d’irrigation les plus inadéquates
vue qu’elle présente plusieurs inconvénients :
 Besoin en main d’œuvre important pour la conduite de l’irrigation ;
 Temps de répartition et de surveillance important ;
 Coûts importants en cas d’ouvrages d’art (aqueduc, galerie) ;
 Nécessité d’un un terrain plat ou un nivellement ;
 Faible efficience ;
 Estimation du volume réellement consommé difficile ;
 Pollution possible par déversement ;
 Pertes d’eau importantes dans les canaux selon la nature du sol : nécessité
d’étanchéifier les canaux d’amenée d’eau.
Pour ces différentes raisons, les chercheurs ont toujours pensé à inventer des
technologies qui permettent d’améliorer le rendement des différentes techniques
d’irrigation de surface. Parmi ces technologies, on cite :
 Les siphons ;
 La gaine souple ;
 Les tubes à vannettes ;
 Les tuyaux enterrés avec canne ;
 La transirrigation.
Ces différentes méthodes ou technologies ont permis aux irrigants, surtout qui
possèdent des grandes surfaces à irriguer de :
 Diminuer la charge de la main d’œuvre ;
 Améliorer le rendement de leurs cultures ;

101
 Maîtriser l’application de l’eau d’irrigation.

IV.2. Technologies modernes d’irrigation de surface


IV.2.1. Les siphons
A partir d’un portau ou d’un canal arroseur, on alimente les raies ou les
planches par le système de siphonage à l’aide de tuyaux mobile déplacés de poste en
poste (Figures IV.1. et IV.2.). Le portau doit avoir une section suffisante et une
pente régulière.
 Avantages
 Éviter le débordement ;
 Investissement négligeable ;
 Bonne répartition du débit.
 Inconvénients
 Manutention des siphons : transport et amorçage ;
 Risque de rupture du portau ;
 Risque de désamorçage.

Figure IV.1. Sillons alimentés par Figure IV.2. Planches alimentées par
siphons multiples siphons
Cette technique est destinée pour toutes les cultures irriguées à la raie ou par
planche où il n’est pas nécessaire d’intervenir avec des outils agricoles pendant la
période d’irrigation. Les tuyaux sont de petit diamètre (inférieur à 60 mm). Ils sont
constitués avec des matériaux rigides ou semi-rigides. La majorité des siphons est
réalisée avec du PVC rigide de 1,5 mm d’épaisseur, dans une gamme de diamètre
qui va de 20 à 43 mm. On peut utiliser des tuyaux semi-rigides, du tuyau annelé ou
gaine armée, qui se courbent sans s’aplatir. Le poids moyen d’un siphon est
d’environ 300 g pour une longueur comprise entre 1 m et 1,5 m.
Avec les matériaux semi-rigides il s’agit uniquement de découper des éléments

102
de longueur adéquate. Avec du PVC rigides, le cintrage à chaud est préférable à
l’utilisation des coudes qui provoquent des pertes de charges singulières. Il faut
remplir le tuyau avec du sable ou y introduire un boudin gonflable pour éviter qu’il
s’aplatisse lors du cintrage. Il vaut mieux que l’extrémité du siphon qui plonge dans
le portau soit biseautée, avec une coupe à peu près parallèle au plan d’eau.
Le débit d’un siphon est fonction de son diamètre ainsi que la charge motrice
tel qu’il est illustré dans la figure suivante :

Figure IV.3. Illustration de la charge motrice


d’un siphon alimentant un sillon d’irrigation
Le tableau suivant présente le débit d’un siphon (L s-1) de diamètre 43 mm pour
différentes valeurs de charge motrice (cm) :
Tableau IV.1. Débit d’un siphon en fonction de la charge motrice.

Charge motrice (cm)


Diamètre (mm)
5 10 15 20
20 0,25 0,40 0,45 0,55
23 0,35 0,50 0,60 0,70
Avec limiteur
26 0,45 0,65 0,80 0,90
30 0,60 0,85 1,05 1,20
Sans limiteur 43 1,00 1,40 1,70 2,00

 Procédure d’amorçage des siphons


Pour que le siphon fonctionne normalement, il faut qu’il soit vide d’air ; pour
cela on le remplit d’eau pour chasser l’air. C’est ce qu’on appelle l’amorçage du
siphon (Figures IV.4. et IV.5.).

103
Figure IV.4. Exemple d’un Figure IV.5. Amorçage manuel d’un siphon
siphon amorcé et non amorcé

 Une extrémité du siphon est noyée dans l’eau, l’autre est bouchée à la main
pour empêcher l’entrée d’air dans le siphon ;
 Ensuite, le siphon est posé sur la diguette du canal d’amenée, et l’autre
extrémité est placée dans le fossé ;
 Le plan d’eau dans le fossé va monter et l’eau se déverse dans les rais ou
dans les planches ;
 Une charge de 10 cm est suffisante pour travailler dans de bonnes
conditions.

IV.2.2. La gaine souple


Sur une manche souple qui sert au transport de l’eau, on fixe des manchettes
de dérivation aux emplacements désirés. Elles permettent de répartir l’eau entre les
différentes raies d’un poste d’irrigation (Figures IV.6. et IV.7.).
 Avantages
 Installation rapide ;
 Franchissement aisé.
 Inconvénients
 Débits peu précis ;
 Sensibilité au bouchage ;
 Stockage à l’abri des rats.

104
Figure IV.6. Gaine d’irrigation Figure IV.7. Gaine d’irrigation aplatie
en fonctionnement en arrêt

 Installation
La gaine est posée dans une rigole préalablement aménagée au ras des lignes de
culture. Le raccordement des tronçons de gaine entre eux est réalisé avec des
manchons en PVC de 200 mm de diamètre.
Pour une utilisation correcte, il faut travailler avec une charge disponible
comprise entre 40 cm et 1 m. D’autre part, à titre indicatif, le débit à pleine
ouverture d’une dérivation est de 2 L s-1 pour une charge résiduelle sur la sortie de
50 cm. On condamne une dérivation inutilisée en la pliant et en la coinçant sous la
gaine. En fin de saison, une chasse permet d’évacuer les dépôts qui se sont
accumulés quand on utilise des eaux chargées.
 Montage
La gaine est perforée à l’écartement souhaité avec un emporte pièce à frapper.
Les raccords sont insérés dans chaque perforation et fixés par serrage d’un écrou.
Ce travail est réalisé en atelier. Si on prévoit une utilisation sur plusieurs cultures
avec des écartements différents, il est préférable de monter les manchettes à
l’espacement le plus faible.

IV.2.3. Les tubes à vannettes


Sur des tuyaux rigides qu’on assemble facilement, on fixe des vannettes
coulissantes, à l’écartement souhaité, qui permettent de répartir équitablement le
débit entre les différentes raies ou planches en service (Figures IV.8. et IV.9.).
 Avantages
 Facilité de pose et de dépose ;
 Précision et fiabilité de réglage de débits.

105
 Inconvénients
 Difficilement franchissable ;
 Organisation du stockage.

Figure IV.8. Tube à vannette Figure IV.9. Vannette coulissante


en cours d’irrigation installée sur tube

 Utilisation
Les tubes sont posés au ras de la culture, en alignant toutes les vannettes, sur
un sol qui aura été régalé au préalable. En maraîchage, on peut aussi installer les
tubes en haut de tourière pour laisser un passage aux engins, en prolongeant les
têtes de raies (à la pelle le plus souvent).
Le raccordement des tubes au canal arroseur ou à la pompe est réalisé avec des
pièces en PVC, de la gaine souple ou des raccords en acier.
Pour gagner un peu de charge et diminuer l’érosion à l’endroit où retombe le
jet, on peut enterrer le tube jusqu’au niveau des vannettes.
On peut envisager l’équipement d’une parcelle à partir d’une charge disponible
de 30 cm. La charge maximale n’est pas limitée car les joints sont étanches jusqu’à
1 kg de pression. Une charge résiduelle au-dessus des vannettes de 20 cm facilite le
réglage des débits.
Tableau IV.2. Débit d’une vannette en fonction de l’ouverture ainsi que la charge
motrice.

Ouverture Charge motrice (cm)


mm 10 20 30 40 50 100
10 0,35 0,50 0,60 0,70 0,80 1,10
20 0,65 0,95 1,15 1,30 1,45 2,10
30 0,95 1,35 1,65 1,90 2,10 3,00
40 1,20 1,75 2,10 2,45 2,75 3,85

106
 Montage
On découpe des fenêtres rectangulaires de 32 mm x 67 mm dans le tube, sur
lequel on fixe les vannettes. Ceci est réalisable avec une scie sauteuse ou un gabarit
et une défonceuse (Figures IV.10 et IV.11).
On prendra deux précautions :
 Alignement des vannettes sur le tube ;
 Fabrication des vannettes régulières et nettes.

Figure IV.10. Vue éclatée Figure IV.11. Montage d’une vannette


d’une vannette d’irrigation dur tube

IV.2.4. Tuyaux enterrés avec cannes (Système Californien)


Sur un tuyau en PVC rigide enterré, on fixe des cheminées verticales (les
cannes) qui alimentent les raies ou les planches, en les plaçant dans l’alignement
des rangées d’arbres (Figure IV.12).

Figure IV.12. Tuyau enterré avec canne (Système californien)

107
En fonction des situations, les cheminées sont équipées de dispositifs qui
permettent de régler ou d’orienter le débit. On trouve différents types de sorties
(Figure IV.13.). Les sorties à orifices sont conseillées car on obtient une meilleure
répartition des débits.

Figure IV.13. Différents types de sortie d’eau à partir du système californien


 Avantages
 Aucune gêne pour les travaux agricoles ;
 Facilité d’utilisation.
 Inconvénients
 Étude hydraulique nécessaire pour dimensionner le réseau.
 Destination
Ce système concerne surtout l’arboriculture. Il est aussi appelé système
californien. Il ne gêne pas pour intervenir dans la parcelle pendant la période
d’irrigation. Il peut être utilisé pour irriguer à la raie ou à la planche.
 Montage
Ces installations sont réalisées en PVC rigide. Il faut faire une étude pour les
dimensionner correctement.
Tableau IV.3. Caractéristiques du tuyau enterré ainsi que les cannes utilisées
dans le système californien.

Dimensions Épaisseur (mm) Diamètre (mm)


Tuyau enterré 3,5 à 4,9 160 – 300
Cannes 1,0 70 – 100

Comme c’est illustré dans la figure IV.14. on commence par creuser une
tranchée dans laquelle on posera le tuyau ainsi que les cannes d’irrigation :

108
Figure IV.14. Mise en place d’un système californien
 Utilisation
Le système californien peut être utilisé pour délivrer un débit unique ou bien
deux débits en même temps.
 Irrigation à débit unique :
Si la parcelle est arrosée en une seule fois, il s’agit simplement de manœuvrer
un martelière en début et en fin d’irrigation. Quand il y a plusieurs postes, les sorties
qui ne fonctionnent pas doivent être étanches, car elles restent en charge et il est
important que les collages soient bien faits.
 Irrigation à double débit :
On arrose avec un débit fort pendant l’avancement et faible en entretien. Ceci
suppose de pouvoir faire varier la section des orifices en obturant avec un cache
coulissant. Si on se contente de diminuer la charge et le débit en fermant un peu la
martelière, la répartition des débits est mauvaise.

IV.2.5. Transirrigation de surface


Un tuyau rigide, posé selon une pente régulière, est percé d’orifices calibrés en
face de chaque raie d’irrigation. Le déplacement d’un piston à l’intérieur du tube
entraîne automatiquement le déplacement de la main d’eau sur l’ensemble de la
parcelle (Figure IV.15.).

109
Figure IV.15. Système de transirrigation de surface
 Avantages
 Peu de travail pendant la période d’irrigation ;
 Bonne maîtrise de la dose apportée ;
 Modulation des débits automatique.
 Inconvénients
 Étude hydraulique nécessaire pour dimensionner le réseau ;
 Technique pointue qui ne laisse pas de place à l’improvisation ;
 Coût élevé d’installation.
 Destination
Cette technique est destinée pour les cultures qui ne nécessitant pas de passage
(pour les façons culturales, les traitements, etc.) pendant la période d’irrigation. La
parcelle irriguée doit être suffisamment grande (au moins 6 ha) avec des raies assez
longues (au moins 200 m).
 Caractéristiques techniques
 Le tuyau : en PVC rigide traité anti-ultraviolet (Φ = 250 mm, épaisseur :
4,9 mm) ;
 La pente : comprise entre 2,5 et 6 mm m-1 (soit 25 à 60 cm pour 100 m), elle
doit être d’autant plus régulière qu’elle est faible ;
 Les orifices : leur diamètre est calculé selon le débit que l’on souhaite
obtenir. Ils sont alignés et seront orientés à la pose des tubes avec un angle de 30°
par rapport à la verticale ;
 Le dispositif de commande (Figure IV.16.) : il existe une version où

110
l’avancement du piston est contrôlé par un micro-ordinateur et des balises qui
détectent le déroulement de l’irrigation. Dans sa version simple, une minuterie
permet de régler manuellement l’avancement du piston ;
 L’énergie : elle est fournie par une batterie qui assure une autonomie pour
plusieurs irrigations ;
 Le débit : selon la pente, ces installations débitent entre 30 et 50 L s-1.

Figure IV.16. Dispositif de commande de transirrigation de surface


 Installation
Le perçage des tuyaux est facile avec une scie-cloche. Il est préférable de faire des
tuyaux identiques et de condamner les orifices inutilisés avec du ruban adhésif. Une
lame guidée par laser permet de planer rapidement et précisément la butte où l’on
pose la conduite, mais on peut faire un travail correct avec un simple niveau de
géomètre. Après la pose du bac d’alimentation de tête, les tubes sont emboîtés en
respectant l’inclinaison des trous. Quand la butte est surélevée, il faut avant la pose
des tuyaux, la protéger avec un film plastique pour éviter son érosion (Figure IV.17.).
En fonctionnement, le nombre de trous alimentés est toujours le même, et le
débit décroît (jusqu’à s’annuler) quand on s’éloigne du piston. Ceci oblige à faire
une temporisation (piston en position fixe) en début et en fin d’installation, entre
ces deux positions, c’est la vitesse d’avancement du piston qui influence la qualité
de l’arrosage.
Dans un premier temps, on peut faire un réglage en fonction de la dose brute
que l’on souhaite apporter. Après vérification, on le modifiera de telle sorte que la

111
proportion des raies en service qui coulent en colature à un moment donné soit
égale à 1/2 ou 1/3. Après avoir coupé l’eau, on récupère le piston au bout de
l’installation et on le ramène en tête. On rembobine la drisse et on y attache le
piston. Le système est prêt pour le prochain arrosage.

Figure IV.17. Mise en place de la conduite d’irrigation

IV.2.6. Transirrigation enterrée


Ce système correspond à une installation du type enterré avec cannes, mais
conçue comme une transirrigation de surface (Figure IV.18.).

Figure IV.18. Dispositif de transirrigation enterrée.

112
Les orifices sur les sorties sont percés selon une ligne de pente qui remplace la
butte inclinée où l’on installe une transirrigation de surface. A l’intérieur du tuyau
enterré, on fait passer un piston qui a le même rôle et les mêmes caractéristiques
que celui d’un système de surface.
 Avantages
 Peu exigeant en main d’œuvre ;
 Bon contrôle de la qualité de l’irrigation réalisée.
 Inconvénients
 Étude hydraulique nécessaire pour dimensionner le réseau ;
 Technique pointue adapté seulement aux grandes exploitations ;
 Coût élevé d’installation ;
 Demande d’une installation minutieuse.
 Destination
Cette technique est destinée principalement les vergers irrigués à la raie, d’une
surface suffisante (6 ha) avec des raies assez longues (200 m), et les vergers irrigués
au calants, à condition que les caractéristiques du site permettent d’obtenir des
débits adaptés.
 Caractéristiques techniques
 Le tuyau enterré : en PVC rigide (Φ = 250 mm, épaisseur : 6,1 mm) ;
 Le tuyau de sortie : en PVC rigide (Φ = 100 mm, épaisseur : 1,0 mm) ;
L’emploi d’autres diamètres est possible. L’important est de choisir une
épaisseur qui offre une certaine résistance à l’écrasement des tubes. Le dispositif de
régulation fonctionne sur le même principe que la transirrigation de surface, mais
ses dimensions sont plus importantes car il doit résister à une poussée de 150 kg.
 Réalisation
La réalisation est comparable à celle d’un système avec cannes, mais on prévoit
en tête d’installation un regard pour supporter le mécanisme de commande, qui
permet aussi d’engager le piston dans le tuyau (Figure IV.19.). L’idéal est que la
conduite débouche dans un émissaire. Sinon, il faut prévoir un puits perdu et un
regard pour récupérer le piston. Il est important de réaliser une filtration pour éviter
l’entrée de cailloux dans la canalisation.

113
Figure IV.19. Mécanisme de commande de la technique
de transirrigation enterrée
Avant de remblayer la tranchée, on doit recouvrir les tuyaux avec du sable et
faire un remblai hydraulique. Les orifices sont percés avec une scie-cloche. Si on
veut obtenir un débit d’attaque important, il est astucieux de percer deux orifices
superposés.
L’utilisation est la même que celle d’une transirrigation de surface (problème
du calage de la vitesse d’avancement du piston, c’est-à-dire du choix de la
temporisation). Si le système arrose plusieurs parcelles ayant des besoins distincts
(variétés ou âges de plantation différents), on peut envisager d’adapter le réglage de
l’avancement du piston à chacune des parcelles.

IV.3. Technique modernes d’irrigation de surface


IV.3.1. Utilisation des sillons fermés
La technique d’utilisation de sillons consiste principalement à faire une
irrigation normale et courante. Dans le cas de cette technique on doit arrêter le
déversement de l’eau dans le sillon lorsque l’eau atteint ⅔ à ¾ de la longueur du
sillon. Ceci nous permet d’éviter le débordement de l’eau à l’extrémité aval du sillon.

IV.3.2. Utilisation de deux débits d’irrigation


Il s’agit de déverser l’eau dans le sillon au moyen de deux débits, le premier
appelé débit d’attaque et le second appelé débit d’entretien.

114
 Débit d’attaque
C’est un débit assez élevé pour couvrir rapidement toute la longueur du sillon,
ce qui permet de réduire les pertes d’eau par infiltration ou par colature. Ces eaux
perdues ne peuvent pas être par la suite utilisées par le système radiculaire des
plantes.
 Débit d’entretien
Une fois l’eau atteint l’extrémité de la raie, on doit réduire le débit d’attaque à
une valeur faible pour entretenir l’infiltration de l’eau sur le long du sillon ce qui
permet de réduire les pertes d’eau par ruissellement ou colature. Cette technique
requiert une meilleure surveillance et un dispositif pour varier le débit.

IV.3.3. Utilisation de l’irrigation par vagues (Surge flow)


L’irrigation par vagues est technique avancée et innovante dans le domaine de
la gestion de l’irrigation de surface. Cette technique a été développée il ya plus de
trois décennies aux Etats Unis d’Amérique. Avec cette technique l’eau est appliquée
sous forme d’impulsions (des cycles ON et OFF), par opposition à l’application d’un
flux continu d’eau. Il s’agit de déverser une certaine quantité d’eau en tête de sillon
pendant un certain temps (TON) puis on arrête le déversement pendant un temps
(TOFF). On répète cette opération autant de fois qu’il est nécessaire jusqu’à la
profondeur racinaire.
L’Application des vagues d’eau réduit le taux d’infiltration de l’eau dans le sol
et permet le mouvement rapide de l’eau en bas du champ. Lors de chaque vague
l’eau va avancer sur un sol déjà mouillé. Dans ce cas l’eau va avancer rapidement,
d’où la diminution des pertes d’eau par infiltration profonde.
Les vagues d’eau peuvent être appliquées en utilisant des tuyaux fermée avec
vannes automatiques. La vanne alterne l’irrigation entre deux postes d’irrigation.
On commence par irriguer un premier poste d’irrigation (qui peut être un ensemble
de sillons ou de planches ou même de bassins). Après un certain temps d’irrigation,
on arrête l’alimentation de ce poste et on se dirige à irriguer un autre poste. Pendant
le temps d’irrigation du deuxième poste, le premier poste se déshydratée, les
sédiments se décantent et le taux d’infiltration est réduit. Les cycles sont répétés
jusqu’à ce que l’eau atteigne la fin de la queue du champ. A ce moment un flux
continu d’eau pourrait être maintenu pour remplir la zone racinaire. Avec cette
technique l’eau arrive à la fin du sillon ou bien de la planche approximativement au
même temps que le flux continu, mais avec seulement 50 pour cent à 60 pour cent
du volume appliqué en flux continu.

115
116
Chapitre V
Évaluation de l’irrigation de surface

V.1. Introduction
L’efficience et la productivité de l’eau sont des indicateurs utilisés dans de
nombreuses disciplines scientifiques, généralement pour rendre compte des pertes
en eau qui surviennent au cours de son usage ou des produits générés par unité
d’eau consommée. Leur perception est très diversifiée dans la littérature. Mais les
définitions les plus partagées présentent l’efficience de l’irrigation comme une
mesure de l’efficacité de l’irrigation et l’efficience de la productivité de l’eau comme
une mesure de l’efficacité du processus physiologique de production de biomasse
et de formation de rendement des cultures, liée à leur consommation réelle en eau.
Ainsi, un consensus semble se dégager en faveur de la considération de
l’efficience d’application de l’eau (Ea) comme le rapport de l’évapotranspiration
réelle à l’eau appliquée à la parcelle et de la productivité de l’eau comme le rapport
du rendement à l’évapotranspiration réelle. Le point de divergence réside
fondamentalement dans la compréhension des termes constitutifs des expressions
de la productivité (PE, Produit/ » eau consommée ») et de l’efficience d’application
de l’eau (Ea, « eau consommée »/ » eau appliquée »). En effet, le terme « eau
consommée » est considéré selon les auteurs comme « l’évapotranspiration réelle »,
« l’irrigation brute plus l’eau de pluie », « l’évapotranspiration plus les eaux perdues
à la parcelle mais profitables à d’autres usagers », etc. Par ailleurs, tout en apportant
plus de précision sur les concepts d’efficience et de productivité de l’eau, cette revue
montre que les facteurs qui affectent ces indicateurs sont peu élucidés. Ainsi, un des
axes de recherche pourrait être la modélisation de l’efficience d’application de l’eau
en fonction des pratiques de gestion et de la productivité de l’eau en fonction de la
période de mise en place de la culture.
La raréfaction des ressources en eau et l’augmentation croissante de leur

117
demande globale, particulièrement dans le secteur agricole qui détient 83 % de la
consommation en eau dans le monde, nourrit le débat sur la problématique de
l’amélioration de l’efficience d’utilisation et de la productivité de l’eau. Les acteurs
du secteur de l’irrigation, notamment les décideurs et les irrigants, ont besoin
d’indicateurs sur l’efficience de l’irrigation et la productivité de l’eau afin de mettre
en place des stratégies appropriées de gestion durable des ressources en eau.
Cependant, ces concepts sont de plus en plus différemment perçus, entrainant des
confusions dans leur appréhension, ce qui complique leur application et
exploitation objective et consensuelle.

V.2. Notions d’efficience et productivité de l’eau agricole


Le choix d’une technique d’irrigation doit être fait sur la base :
 Des conditions du sol (topographie, structure, perméabilité,…) ;
 De la qualité de l’eau d’irrigation (salinité, matériaux en suspension,…) ;
De la nature de la culture :
 Céréales, cultures fourragères (submersion ou aspersion,…) ;
 Tomate, pomme de terre (sillon, goutte à goutte,…) ;
 Des conditions climatiques (le vent, la température,…) ;
Chaque système d’irrigation associe des pertes d’eau qui seront plus ou mois
importantes suivant le cas :
 Les pertes lors du transport entre la source et le périmètre à irriguer (les
canaux à ciel ouvert causent beaucoup de pertes, conduites sous pression,…) ;
 Les pertes dans le réseau de distribution (les canaux à ciel ouvert causent
beaucoup de pertes, conduites sous pression,…) ;
 Les pertes d’eau à l’échelle de la parcelle (réseau interne de distribution) ;
 Les pertes à l’échelle de la culture, c’est-à-dire à la technique d’irrigation.
Ce sont les pertes dues à la mauvaise application d’eau (la gestion de l’irrigation :
besoins, doses, temps,…) ;
 Pour limiter les pertes, malgré le bon choix de la technique d’irrigation, il
faut assurer une bonne maitrise de la technique d’irrigation, de la distribution de
l’eau au sein du périmètre, au niveau de la canalisation d’adduction. Pour évaluer
l’importance des pertes d’eau au sein d’un projet d’irrigation, on utilise la notion
d’efficience de l’irrigation.

V.2.1. Efficiences de l’irrigation et évaluation des pertes


Les différents types de pertes peuvent être évalués en partant de la parelle
irriguée vers la source d’eau.

118
V.2.1.1 Pertes d’eau au niveau de la parcelle
L’efficience de l’application de l’eau à l’échelle de la parcelle permet d’évaluer
l’importance des pertes dues à la technique d’irrigation :
 Coefficient d’uniformité (CU, %) :
Il permet de décrire la qualité de répartition de l’eau sur la surface du sol et par
conséquent dans la zone racinaire. Il est exprimé par la formule suivante :


( ) 
n
  wi − w
CU = 100 × 1 − i=1 
 n× w 
 
 

o w : hauteur moyenne d’eau enregistrée (mm) ;
o wi : hauteur d’eau mesurée au point i (mm) ;
o n : nombre de point mesure de la hauteur d’eau.
 Efficience de stockage (Es, %) ou d’emmagasinement de l’eau dans la
zone racinaire :
Elle permet de juger l’importance de la quantité d’eau stockée dans la zone
racinaire par rapport à la quantité totale d’eau apportée :
volume stocké dans la zone racinaire
Es = 100 ×
volume de stockage potentiel de la zone racinaire
L’efficience de stockage ne permet pas de donner une idée sur les pertes d’eau
à l’échelle de la parcelle.
 Efficience d’application (Ea, %) :
Elle permet de mettre en évidence l’importance des pertes d’eau lors d’une
irrigation. On considère eau perdue tout ce qui est infiltrée au dessous de la zone
racinaire :

volume stocké dans la zone racinaire


Ea = 100 ×
volume total apporté
 Efficience du réseau de distribution à la parcelle (Edp, %) :
Elle permet de mettre en évidence l’importance des pertes d’eau au niveau du
réseau de distribution d’eau à l’échelle de la parcelle. Cette efficience est exprimée
par la formule suivante :

119
volume d ' eau reçu à la parcelle
Edp = 100×
volume reçu au niveau de la vanne d ' irrigation
Les pertes d’eau au niveau de la parcelle sont caractérisées ou évaluées par
l’efficience totale (Et) :

Et = Eu × Es × Ea × Edp
V.2.1.2 Pertes d’eau au niveau du réseau de distribution (Ed, %)
Elle permet de mettre en évidence l’importance des pertes d’eau au niveau du
réseau de distribution d’eau. Cette efficience est exprimée par la formule suivante :
volume d ' eau comptabilisé
Ed =
volume d ' eau reçu en tête du périmètre

V.2.1.3 Pertes d’eau au niveau du réseau de l’adduction (Ead, %)


Elle permet de mettre en évidence l’importance des pertes d’eau au niveau du
réseau d’adduction. Cette efficience est exprimée par la formule suivante :

volume d ' eau reçu à l ' entrèe du périmètre


Ead =
volume refoulé à la ressource

V.2.1.4 Efficience globale d’irrigation (EG, %)

EG = Ea × Es × Ed × Ead < 1
o Irrigation de surface ou par gravité : Et ≈ 40 à 65 % ;
o Irrigation par aspersion : Et ≈ 70 à 85 % ;
o Irrigation localisée ou micro-irrigation : Et ≈ 80 à 95 %.

V.2.2. Productivité de l’eau d’irrigation (PE)


La productivité de l’eau (PE) a longtemps été définie comme le rendement des
cultures par unité de transpiration. Dans sa signification actuelle, la notion de
productivité de l’eau dans le secteur de l’irrigation se fonde sur l’idée de « Produire
plus de grains par goutte d’eau ». Il s’agit d’une mesure de l’accroissement des
productions par unité d’eau consommée et s’exprime par :
P
PE =
Ec

120
o PE : productivité de l’eau d’irrigation (kg m-3 ha-1) ;
o P : produit ou rendement (kg) ;
o Ec : eau consommée (m3 ha-1).
Des divergences et des nuances apparaissent dans la compréhension des termes
« produit » du numérateur et « eau consommée » du dénominateur dans
l’expression de la productivité. En effet, certains auteurs comprennent par « eau
consommée », eau livrée, eau appliquée, eau disponible, etc., ce qui entraine
naturellement une confusion dans l’appréhension de la notion de productivité.
D’autres auteurs présentent l’indicateur de la productivité de l’eau (PE) comme le
rapport de la production (P) au volume d’eau reçu (Ve) pour l’irrigation de la
parcelle :
P
PE =
Ve

o PE : productivité de l’eau d’irrigation (kg m-3 ha-1) ;
o P : produit ou rendement (kg) ;
o Ve : volume d’eau reçu (m3 ha-1).
Des hauteurs pensent même que d’autres indicateurs de productivité peuvent
être dérivés de l’équation précédente en faisant varier le « dénominateur » qui peut
correspondre à : « eau fournie » (irrigation + pluie) ; « besoins bruts d’irrigation »
(évapotranspiration + besoins de lessivage), etc. Dans ces conditions, il devient
difficile de comparer des valeurs de productivité, les bases de calcul utilisant des
variables fondamentalement différentes.

V.2.3. Efficience d’utilisation de l’eau d’irrigation (EUE)


Une autre confusion découle de la perception de la notion d’efficience
d’utilisation de l’eau (EUE). On doit faire la différence entre l’efficience
agronomique d’utilisation de l’eau (EAUE en kg m-3) et l’efficience économique
d’utilisation de l’eau (EEUE en DT m-3). Ces deux efficiences sont généralement
définies comme suit :
Y
EAUE =
Ea
P
EEUE =
Ea

121
o EAUE : efficience agronomique d’utilisation de l’eau (kg m-3) ;
o EEUE : efficience économique d’utilisation de l’eau (DT m-3) ;
o Y : rendement (kg) ;
o P : produit (DT) ;
o Ea : eau appliquée (m3).
Dans cette expression, le dénominateur « eau appliquée ou eau disponible » est
généralement considéré comme l’eau d’irrigation majorée des eaux de pluie. L’eau
appliquée dans cette logique correspond à la quantité d’eau brute disponible à la
parcelle ou au champ. De cette eau, une portion indéterminée équivalant à
l’évapotranspiration réelle de la culture (ETr) est utilisée pour la production de
biomasse par la plante. Cette notion prend en compte la nécessité de maximiser la
production par unité d’eau disponible dans un contexte de demande alimentaire
croissante et de ressources en eau limitées.

V.2.4. Approvisionnement relatif en eau d’irrigation (ARE)


Un autre indicateur utilisé fréquemment dans le calcul de l’efficience de
l’utilisation de l’eau à l’échelle de la parcelle qui est connu dans la littérature comme
étant l’approvisionnement relatif en eau d’irrigation (ARE), qui s’exprime par :
Volume d ' Eau Disponible
ARE =
Besoins Réels en Eau des Cultures
Dans cette expression, les besoins réels en eau de la culture correspondent à
l’évapotranspiration réelle de la culture. Si ARE = 1, cela signifie qu’il y a adéquation
entre l’eau disponible et la consommation d’eau par la culture. Pour le calcul de
ARE, on introduit dans son expression au dénominateur l’évapotranspiration (ET)
et les eaux perdues par percolation profonde (PP) et considère au numérateur les
pluies utiles (Pu) et l’irrigation (I), ce qui donne :
I + Pu
ARE =
ET + PP
Cette expression a été utilisée dans la littérature pour l’évaluation des
performances à la parcelle de périmètres irrigués.

V.2.5. Déficit hydrique (DH)


Le déficit hydrique est défini comme étant la différence entre
l’évapotranspiration potentielle de culture (ETc) et l’évapotranspiration réelle de
culture (ETr). Son expression est comme suit :

122
DH = 100 ×
(ETc − ETr )
ETc

o DH : déficit hydrique (%) ;
o ETc : l’évapotranspiration potentielle de culture (mm) ;
o ETr : l’évapotranspiration réelle de culture (mm).

V.3. Principaux indicateurs de performance en irrigation de surface


Pour apprécier les performances de l’irrigation à la parcelle, deux indicateurs
sont généralement utilisés : l’uniformité de distribution (UD) et l’efficience
d’application (Ea). En irrigation de surface, trois indicateurs de performance sont
utilisés :
 L’uniformité de distribution ;
 Le coefficient de stockage ;
 l’efficience d’application.

V.3.1. Uniformité de distribution (UD)


L’une des qualités majeures de l’irrigation est d’obtenir la plus grande
régularité de la dose d’irrigation sur toute la parcelle, ce qui se traduit par
l’uniformité de distribution. Elle indique la qualité de la répartition de la hauteur
d’eau infiltrée dans la parcelle et s’exprime par :
HME infiltrée dans les 25% de la surface irriguée
UD = 100×
HME infiltrée dans la parcelle

o HME : hauteur moyenne d’eau d’irrigation.
La hauteur moyenne d’eau infiltrée dans les25 % de la surface la moins irriguée
est définie comme étant la moyenne des 25 % des valeurs les plus basses de la
hauteur d’eau infiltrée. Ainsi, l’uniformité de distribution dépend des paramètres
qui caractérisent le système d’irrigation et son mode de gestion, notamment
l’approvisionnement en eau de la parcelle (réseau, débit, temps d’irrigation), la
qualité de l’aménagement parcellaire (dimensionnement des planches, raies ou
bassins et les pentes, etc.), et les caractéristiques hydrodynamiques du sol qui
influencent les vitesses d’écoulement de l’eau (écoulements de surface et
souterrain). Elle peut être exprimée en fonction des variables qui la caractérisent :

UD = fl (Q, L, n, So, Ic, Fa, Tco)

123

o Q : débit d’alimentation ;
o L : longueur de la raie, de la planche, ou du bassin ;
o n : coefficient de la rugosité hydraulique ;
o So : pente longitudinale de la parcelle ;
o Ic : caractéristiques d’infiltration du sol ;
o Fa : caractéristiques de la section transversale de la raie, de la planche ou du
bassin ;
o Tco : temps écoulé jusqu’à l’interruption de la parcelle.
L’uniformité de distribution est une condition nécessaire pour l’efficience
d’une irrigation. Toutefois, elle n’est pas suffisante pour apprécier la qualité de
l’irrigation car on peut avoir une irrigation très uniforme mais avec une très faible
efficience d’application.

V.3.2. Coefficient de stockage (CoS)


Le coefficient de stockage est également un paramètre d’appréciation de la
qualité de l’irrigation de surface. Il représente le pourcentage du déficit hydrique du
sol comblé par l’irrigation :
HME stockée dans la zone racinaire
CoS = 100×
Déficit hydrique du sol comblé par l ' irrigation

V.3.3. Efficience d’application (Ea)


En ce qui concerne la détermination de l’efficience d’application de l’eau à
l’échelle de la parcelle, qui s’exprime couramment comme le rapport entre la
quantité d’eau réellement stockée dans la zone racinaire et la quantité apportée au
niveau du champ. Différentes approches, inspirées de l’équation traditionnelle ont
été proposées.
 Approche de Merriam et Keller (Eamk)
Cette approche estime l’efficience d’application de l’eau à la parcelle à partir de
la dose moyenne appliquée ( Da ), la dose minimale moyenne infiltrée ( Dinf, min ) et
le déficit hydrique du sol avant l’irrigation (DH), à partir de deux alternatives.
1. Première alternative : le déficit en humidité du sol est comblé par
l’irrigation, mais tout excès d’eau est perdu par percolation :

Dinf, min
Si Dinf, min < DH , alors Eamk = ×100
Da

124
2. Deuxième alternative : l’eau appliquée est destinée à réalimenter la zone
racinaire sans que le déficit hydrique du sol ne soit comblé par l’irrigation :
DH
Si Dinf, min > DH , alors Eamk = × 100
Da
La complexité de cette approche réside dans la détermination du déficit
hydrique du sol et de la dose moyenne infiltrée et les précisions dans les applications
d’eau.
 Approche d’Elliot et Walker (Eaew)
Le calcul de l’efficience d’application à la parcelle dans l’approche d’Elliot et
Walker est bâtie sur le rapport entre la dose moyenne efficace infiltrée ( D eff ) et la
dose moyenne appliquée ( D a ). Elle s’exprime par la relation suivante :

D eff
Eaew =
Da
Cette expression tient compte de la dose effectivement stockée dans la zone
racinaire utile pour la plante et sa complexité relative réside également dans la
détermination de la dose moyenne infiltrée.
 Approche de Walker (Eaw)
Dans cette approche Walker suggère la prise en compte de la dose infiltrée
requise par unité de longueur à travers la formule suivante :

Z req × L
Eaw =
Q0 × 60 × tco

o L : longueur des raies (m) ;
o tco : temps de coupure (min) ;
o Zreq : dose d’eau infiltrée requise en m3 m-1 de raie ;
o Q0 : débit entrant dans la raie (m3 h-1).
Cette approche apporte, certes, plus de précision dans l’estimation de
l’efficience mais requiert beaucoup plus de variables à déterminer. Elle est indiquée
pour l’irrigation de surface à la raie.

125
126
Table des matières

Introduction générale ................................................................................ 3


1. Introduction ................................................................................................. 3
2. Phénomène d’infiltration ........................................................................... 4
2.1. Lois d’infiltration ................................................................................. 4
2.2. Mesure de l’infiltration ........................................................................ 5
2.3. Exemple d’application ......................................................................... 5
3. Phases de l’irrigation de surface ................................................................ 8
3.1. Phase d’avancement ............................................................................. 8
3.2. Phase d’entretien ou stockage ............................................................ 8
3.3. Phase d’épuisement ou de déplétion ................................................. 9
3.4. Phase de récession ................................................................................ 9
4. Principales techniques de l’irrigation de surface ..................................... 9
4.1. Irrigation par bassin............................................................................. 9
4.2. Irrigation à la raie ................................................................................. 10
4.3. Irrigation par planches ........................................................................ 12
Chapitre I – Relations eau-sol-plante ....................................................... 13
I.1. Introduction............................................................................................... 13
I.2. L’eau et l’atmosphère ................................................................................ 13
I.3. L’eau et la plante ........................................................................................ 15
I.3.1. Utilisation de l’eau ............................................................................. 15
I.3.2. État, circulation et potentiel de l’eau ............................................... 16
I.3.3. Transpiration ..................................................................................... 17
I.4. L’eau et le sol .............................................................................................. 18
I.4.1. Le réservoir sol : caractéristiques principales................................. 18

127
I.4.1.1. Densité, porosité et humidité .................................................... 18
I.4.1.2. État de l’eau dans le sol .............................................................. 19
I.4.1.3. Potentiel de l’eau ......................................................................... 19
I.4.1.4. Valeurs références de l’humidité dans le sol ........................... 21
I.4.2. Les réserves en eau du sol.................................................................. 24
I.4.2.1. La réserve utile maximum (RUMAX) ......................................... 24
I.4.2.2. La réserve utile disponible (RUd) .............................................. 26
I.3.2.3. La réserve facilement utilisable (RFU) ..................................... 27
I.4.2.4. La réserve facilement utilisable disponible (RFUd) ................ 29
Chapitre II – calcul des besoins en eau ...................................................... 31
II.1. Besoins en eau de la culture .................................................................... 31
II.1.1. Définition........................................................................................... 31
II.1.2. Evapotranspiration potentielle de référence (ETo)...................... 31
II.1.2.1. Introduction ............................................................................... 31
II.1.2.2. Méthodes de détermination directe de ETo .......................... 32
II.1.2.3. Méthodes de détermination par estimation de ETo ............. 35
II.1.3. Evapotranspiration potentielle de culture (ETc) .......................... 38
II.1.3.1. Introduction ............................................................................... 38
II.1.3.2. Méthodes de détermination directe de ETc........................... 40
II.1.3.3. Méthodes de détermination par estimation de ETc ............. 40
II.1.4. Evapotranspiration réelle de culture (ETr) ................................... 42
II.1.4.1. Introduction ............................................................................... 42
II.1.4.2. Méthodes de détermination directe de ETr ........................... 43
II.2. Besoins en eau d’irrigation...................................................................... 45
II.2.1. Besoins nets en eau d’irrigation ...................................................... 45
II.2.2. Besoins bruts en eau d’irrigation .................................................... 45
II.2.3. Besoins de lessivage .......................................................................... 46
II.2.4. Besoins totaux en eau d’irrigation .................................................. 47
II.2.5. Aptitudes des sols à l’irrigation....................................................... 48
II.3. Paramètres fondamentaux de l’irrigation ............................................. 48
II.3.1. Module maximum d’irrigation ....................................................... 48
II.3.2. Débit fictif continu ........................................................................... 49
II.3.3. Débit effectif ...................................................................................... 49
II.3.4. Main d’eau ......................................................................................... 49
II.3.5. Unité parcellaire maximum d’irrigation ....................................... 49
II.3.6. Dose souhaitable d’irrigation .......................................................... 50
II.3.7. Nombre d’irrigation par saison ...................................................... 50

128
II.3.8. Temps d’irrigation ........................................................................... 51
II.3.9. Période d’irrigation .......................................................................... 51
II.3.10. Diagramme résumé ....................................................................... 51
Chapitre III – Techniques d’irrigation de surface .................................... 53
III.1. Irrigation par bassin ou par submersion ............................................. 53
III.1.1. Généralités ....................................................................................... 53
III.1.2. Taille du bassin ............................................................................... 55
III.1.3. Débits caractéristiques de l’irrigation par bassin........................ 57
III.1.4. Aménagement des bassins ............................................................. 58
III.1.4.1. Forme et la taille des bassins .................................................. 58
III.1.4.2. Forme et dimension des diguettes ........................................ 61
III.1.4.3. Aménagement des bassins ..................................................... 62
III.1.4.1. Piquetage (ou délimitation) des bassins ............................... 62
III.1.4.2. Façonnage des diguettes ......................................................... 64
III.1.4.3. Nivelage et réglage de terrain ................................................ 64
III.1.5. Mise en eau des bassins .................................................................. 66
III.1.5.1. Mise en eau directe.................................................................. 66
III.1.5.2. Mise en eau en cascade ........................................................... 67
III.1.6. Profil d’humectation ........................................................................... 68
III.1.6.1. Profil d’humectation idéal...................................................... 68
III.1.6.2. Profil d’humectation irrégulier.............................................. 69
III.1.7. Entretien des bassins ...................................................................... 72
III.2. Irrigation par sillon (irrigation par infiltration) ................................ 73
III.2.1. Généralités ....................................................................................... 73
III.2.2. Paramètres des sillons .................................................................... 74
III.2.2.1. Forme de la section des sillons .............................................. 74
III.2.2.2. Longueur des sillons ............................................................... 75
III.2.2.3. Espacement entre les sillons .................................................. 78
III.2.3. Aménagement des sillons .............................................................. 79
III.2.3.1. Aménagement des sillons
en terrain plat ou en légère pente ......................................................... 79
III.2.3.2. Aménagement des sillons en terrain en pente ou à pente
irrégulière ................................................................................................. 80
III.2.4. Mise en eau des sillons ................................................................... 80
III.2.5. Pratiques agricoles .......................................................................... 82
III.2.6. Profil d’humectation ...................................................................... 83
III.2.6.1. Profil d’humectation idéal...................................................... 84

129
III.2.6.2. Profil d’humectation irréguliers ............................................ 85
III.2.7. Entretien des sillons ........................................................................ 88
III.3. Irrigation par planches (irrigation par ruissellement) ....................... 88
III.3.1. Généralités ....................................................................................... 88
III.3.2. Conditions d’utilisation.................................................................. 89
III.3.3. Aménagement des planches .......................................................... 90
III.3.4. Mise en eau des planches ............................................................... 91
III.3.5. Evaluation et conception ................................................................ 91
III.3.5.1. Introduction ............................................................................. 91
III.3.5.2. Méthode de Crevat .................................................................. 92
III.3.5.3. Relations fondamentales ......................................................... 93
III.3.5.4. Conditions de l’irrigation par ruissellement ........................ 96
III.3.6. Profil d’humectation ....................................................................... 98
III.3.7. Entretien des planches .................................................................... 99
Chapitre IV – L’irrigation de surface améliorée ....................................... 101
IV.1. Introduction ............................................................................................ 101
IV.2. Technologies modernes d’irrigation de surface ................................. 102
IV.2.1. Les siphons ....................................................................................... 102
IV.2.2. La gaine souple ................................................................................ 104
IV.2.3. Les tubes à vannettes ...................................................................... 105
IV.2.4. Tuyaux enterrés avec cannes (Système Californien) .................. 107
IV.2.5. Transirrigation de surface .............................................................. 109
IV.2.6. Transirrigation enterrée ................................................................. 112
IV.3. Technique modernes d’irrigation de surface ...................................... 114
IV.3.1. Utilisation des sillons fermés ......................................................... 114
IV.3.2. Utilisation de deux débits d’irrigation ......................................... 114
IV.3.3. Utilisation de l’irrigation par vagues (Surge flow)...................... 115
Chapitre V – Évaluation de l’irrigation de surface ................................... 117
V.1. Introduction ............................................................................................. 117
V.2. Notions d’efficience et productivité de l’eau agricole ......................... 118
V.2.1. Efficiences de l’irrigation et évaluation des pertes ....................... 118
V.2.1.1 Pertes d’eau au niveau de la parcelle........................................ 119
V.2.1.2 Pertes d’eau au niveau du réseau de distribution (Ed, %) .... 120
V.2.1.3 Pertes d’eau au niveau du réseau de l’adduction (Ead, %) ... 120
V.2.1.4 Efficience globale d’irrigation (EG, %) .................................... 120

130
V.2.2. Productivité de l’eau d’irrigation (PE) .......................................... 120
V.2.3. Efficience d’utilisation de l’eau d’irrigation (EUE)...................... 121
V.2.4. Approvisionnement relatif en eau d’irrigation (ARE) ................ 122
V.2.5. Déficit hydrique (DH) ..................................................................... 122
V.3. Principaux indicateurs de performance en irrigation de surface ...... 123
V.3.1. Uniformité de distribution (UD) ................................................... 123
V.3.2. Coefficient de stockage (CoS)......................................................... 124
V.3.3. Efficience d’application (Ea) ........................................................... 124

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ISBN papier : 978-2-414-29927-0


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ISBN epub : 978-2-414-29929-4
Dépôt légal : décembre 2018

© Edilivre, 2018

Imprimé en France, 2018

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