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Université Chouaïb Doukkali - Faculté des Sciences AU : 20 - 21

Département de Mathématiques Cours : Théorie de Galois


Filière SMA - Semestre 6 Responsable : A. Haïly

1 Appendice : Anneaux Factoriels


1.1 Divisibilité dans les anneaux intègres

Denition 1.1.1. Soit A un anneau intègre, a, b ∈ A.


1. On dit que a divise b, ou que a est un diviseur de b ou que b est un multiple a et qu'on
note a | b, s'il existe c ∈ A tel que b = ac.
Ce qui est équivalent à (b) ⊂ (a), où (u) désigne l'idéal principal engendré par u.
2. On dit que a et b sont associés si a|b et b|a. Ce qui est équivalent à (b) = (a), ou encore
équivalent à ∃  ∈ A inversible : a = b
A noter que la relation d'association : x est associé à y est une relation d'équivalence.
Exemples 1.1.2.
1. Dans Z, x et y sont associés, si et seulement si, x = ±y .
2. Soient K est un corps commutatif et f et g deux polynômes dans K[X]. Alors P et Q
sont associés, si et seulement si, il existe λ ∈ K , non nul tel que g = λf .
Denition 1.1.3.
1. Soit p ∈ A non inversible. On dit que p est irréductible dans A si tout diviseur de p est
ou bien inversible ou bien associé avec p.
2. p ∈ A non inversible et est dit premier, si ∀a, b ∈ A on a : p|ab ⇒ p|a ou p|b.
Proposition 1.1.4. Soit A un anneau intègre. Si p est un élément premier non nul de A,
alors p est irréductible. La réciproque est fausse en général.
Preuve. Supposons que p est un élément premier de A. Posons p = ab, avec a, b ∈ A.
Si p | a, comme a | p, on a a et p sont associés.
Si p - a, comme p est premier et p | ab, alors p | b. Or b | p. Par conséquent p et b sont
associés. 
Exemples 1.1.5.
1. Les éléments √premiers non nuls
√ de Z sont les nombres premiers.
2. Soit A = Z[i 3] = {a + bi 3 ∈ C : a, b ∈ Z}. Alors A est un sous-anneau de C, dans
lequel 2 est irréductible mais n'est pas premier.
Denition 1.1.6. Soient a, b ∈ A. Un élément d de a est dit Plus Grand Commun Diviseur
(PGCD) de a et b, si : d divise a et b et tout diviseur commun à a et b divise d.
Un élément m de A est dit Plus Petit Commun Multiple (PPCM) de a et b, si m est un
multiple de a et b et tout multiple de a et b est divisible par m.
Deux éléments a et b sont dits premiers entre eux si les seuls diviseurs communs à a et à b
sont les éléments inversibles.

1.2 Anneaux principaux

Un anneau A est dit principal, s'il est intègre (commutatif) et tout idéal de A est principal.
Exemple 1.2.1. L'anneau Z est principal.
Denition 1.2.2. Un anneau intègre A est dit euclidien, s'il existe une application appelée
stathme euclidien v : A∗ → N, telle que :
(1) pour tout a, b ∈ A, avec b 6= 0, il existe q ∈ A, tel que a = bq , ou v(a − bq) < v(b).
(2) ∀a, b ∈ A∗ , v(a) ≤ v(ab).

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Théorème 1.2.3. Tout anneau euclidien est principal.


Preuve. Soit A muni d'un stathme euclidien v . Si I est un idéal non nul, on considère z ∈ I
non nul tel que v(z) soit minimal. On a (z) ⊂ I . Réciproquement, soit x ∈ I , il existe q ∈ A
tel que v(x − qz) < z . On a x − qz ∈ I . Par minimalité de v(z), on a forcément x − qz = 0,
d'où x = qz ∈ I , donc x ∈ (z). Finalement I = (z). 
Théorème 1.2.4. Si K un corps commutatif, alors K[X] est un anneau principal.
Preuve. En eet, la fonction degré est un stathme euclidien sur K[X]. 
Remarque 1.2.5. Z[X] n'est pas principal. On montre que {P ∈ Z[X] : 2|P (0)} est un
idéal non principal de Z[X].
Théorème 1.2.6. Soit A un anneau principal, alors :
1. Pour tout a, b dans A il existe d un PGCD et m un PPCM dénis par : (a) + (b) = (d)
et (a) ∩ (b) = (m).
2. a et b sont premiers entre eux, si et seulement si, il existe u, v ∈ A tels que ua + vb = 1
(Bézout).
Théorème 1.2.7. Soit A un anneau principal p un élément de A, alors les assertions
suivantes sot équivalentes :
(i) p est premier et p 6= 0.
(ii) p est irréductible.
(iii) l'idéal (p) est maximal.
(iv) l'anneau quotient A/(p) est un corps.
Preuve.
(i) ⇒ (ii) est toujours vraie.
(ii) ⇒ (iii) Supposons que p est irréducible. Soit I un idéal de A tel que (p) ⊂ I ⊂ A.
Comme A est principal, I = (a). On a alors a | p. Comme p est irréductible, a est inversible
ou associé à p. Si a est inversible, (a) = A. Si a est associé à p, (a) = (p). Donc I = (p) ou
I = A. Par conséquent (p) est maximal.
(iii) ⇒ (iv) est toujours vraie.
(iv) ⇒ (i). Supposons A/(p) est un corps. Soient a, b ∈ A tels que p | ab. On a ā.b̄ = 0̄ in
A/(p) qui est un corps, donc intègre. D'où ā = 0̄ ou b̄ = 0̄. i.e. p | a ou p | b. Par suite, p est
premier. 
Exemples 1.2.8.
1. Les polynômes irréductibles dans C[X], sont les polynômes du premier degré.
2. Les polynômes irréductibles dans R[X], sont les polynômes du premier degré et les poly-
nômes du deuxième degré a discriminant strictement négatif.
3. X 2 + 1 est irréductible dans R[X]. L'anneau quotient est un corps isomorphe à C.

1.3 Anneaux factoriels

Denition 1.3.1. Un anneau A est dit factoriel, ou anneau à factorisation unique, s'il est
commutatif, intègre et tout élément non inversible et non nul de A est un produit d'éléments
premiers.
Théorème 1.3.2. Soit A un anneau intègre. Les assertions suivantes sont équivalentes :
(i) A est factoriel.
(ii) Tout élément non nul et non inversible est produit d'éléments irréductibles et tout irré-
ductible est premier.

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Théorème 1.3.3. Soit A un anneau factoriel. p1 , p2 , . . . , pn , et q1 , q2 , . . . , qm des éléments


premiers tels que p1 · p2 · . . . pn = q1 · q2 · . . . qm , alors m = n et il existe une permutation
σ ∈ Sn telle que ∀i = 1, . . . , n, pi et qσ(i) soient associés.
Preuve. Récurrence sur n.

Notation. Dans toute la suite on considère une famille P = (pi )i∈I d'éléments premiers de
A telle que :
"Tout élément premier de A est associé à un unique élément premier de P ".
Alors tout élément non nul x de A s'écrit de manière unique sous la forme x =  i∈I pαi ,
Q
où  est inversible et les αi sont nuls sauf un nombre ni.
Théorème 1.3.4. Dans un anneau factoriel A alors :
1. Tout élement
Q irréductible estQpremier.
2. Si x = 1 i∈I pαi i et y = 2 i∈I pβi i ∈ A, alors x | y ⇔ αi ≤ βi , ∀i ∈ I
3. On a le lemme de Gauss : ∀a, b, c ∈ A, si a | bc, et a et premier avec b, alors a | c
4. Deux éléments quelconques possèdent un PGCD et un PPCM. Plus précisément, si x =
i et y = 2 i∈I pi , alors d = est un PGCD de x et y et m =
βi min(αi ,βi )
1 i∈I pα
Q Q Q
i∈I pi
i

max(αi ,βi )
est un PPCM de x et y
Q
i∈I pi

1.4 Factorialité des anneaux principaux.

Lemme 1.4.1. Soit A un anneau principal et x ∈ A non inversible. Alors il existe un


élément premier p tel que p |x.
Preuve. On a (x) 6= A et d'après le théorème de Krull, il existe I = (p) maximal tel que
(x) ⊂ (p), donc p | x. Comme (p) est maximal, l'élément p est premier. 
Lemme 1.4.2. Soit A un anneau principal a1 , a2 , . . . , an , . . ., une suite d'éléments de A
telle que (ak ) ⊂ (ak+1 ). Alors il existe n ∈ N, tel que (an ) = (an+k ), ∀k ∈ N.
Preuve. Posons I = ∪k∈N∗ (ak ), alors I est un idéal de A. Comme A est principal, I = (a).
Il existe n ∈ N : a ∈ (an ), alors (a) = (an ) et ∀k ≥ n, (ak ) ⊂ (an ). 
Lemme 1.4.3. Soit A un anneau principal. Alors toute famille non vide F d'idéaux de A
contient un élément maximal, i.e. il existe J ∈ F , tel que ∀J ∈ F , J ⊂ I ⇒ I = J .
Preuve. Sinon, soit I = I1 ∈ F , il existe I2 ∈ F , tel que I1 I2 . Supposons I1 , I2 , . . . , In ,
construits tels que I1 I2 . . . In , comme F , ne possède pas d'élément maximal, il
existe In+1 ∈ F , tel que In In+1 . On a donc construit une suite strictement croissante
innie d'idéaux, en contradiction avec le lemme 1.4.2. 
Théorème 1.4.4. Tout anneau principal est factoriel.
Preuve. Par l'absurde, supposons qu'il existe un élément non nul et non inversible qui
n'est pas produit d'éléments irréductibles. Notons F l'ensemble des idéaux propres dont les
générateurs ne sont pas produit d'éléments irréductibles. On a F 6= ∅. D'après le lemme
précédent, F contient un élément maximal J = (a). On a a n'est pas inversible. Soit p un
élément premier divisant a. Alors a = pb. Par conséquent, (a) ( (b). D'où b ∈/ F . Il en
résulte que b est ou bien inversible, ou bien un produit d'éléments premiers. Par suite, a est
produit d'éléments premiers. Une contradiction. 

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1.5 Factorialité de l'anneau des polynômes

Denition 1.5.1. Soit A un anneau factoriel et f = Σnk=0 ak X k ∈ A[X] on appelle contenu


de f le PGCD de ces coecients, C(f ) = PGCD(a0 , a1 , . . . , an ). Un polynôme f est dit
primitif, si C(f ) = 1.
Pour tout f ∈ A[X], on a f = C(f )f1 , où f1 est primitif.
Lemme 1.5.2 (Gauss). Soit A un anneau factoriel, f, g ∈ A[X], alors C(f g) = C(f )C(g).
Preuve. Il sut de montrer que le produit de deux polynômes primitifs f et g est primitif.
En eet, sinon il existe un élément premier p ∈ A, tel que p | C(f g). En passant dans
A/(p)[X] qui est intègre, on a f¯ḡ = 0. Donc f¯ = 0̄ ou ḡ = 0̄ dans A/(p)[X]. D'où p | C(f )
ou p | C(g). Contradiction avec le fait que f et g sont primitifs. 
Proposition 1.5.3. Soit A un anneau factoriel de corps de fractions K et f ∈ A[X].
Si f = a est constant, alors f est irréductible dans A[X], si et seulement si, a est irréductible
dans A.
Si f est non constant, alors f est irréductible dans A[X], si et seulement si, f est primitif
et irréductible dans K[X]
Théorème 1.5.4. Si A est un anneau factoriel , alors A[X] est factoriel. En particulier
Z[X] est factoriel mais n'est pas principal.
Preuve. Soit K le corps de fractions de A et soit f ∈ A[X] primitif. Alors puisque K[X]
est principal, on a f = g1 g2 . . . gn , où les gi sont irréductibles dans K[X]. Posons gi =
ai Qn ai
hi , où chaque hi est irréductible dans A[X]. On a f = i=1 hi , d'où ( i=1 bi )f =
Qn
bQ
i bQ
i
( i=1 ai ) i=1 hi . Posons
Qn a = i=1 ai , b = i=1 bi , alors bf = a i=1 hi . En prenant les
n Qn Qn Qn n

contenus, C(bf ) = C(a i=1 hi ), on a a = b, où  ∈ A est inversible. Donc f = h1 h2 . . . hn .


Soit f ∈ A[X] irréductible. On a f est primitif dans A[X] et premier dans K[X]. Montrons
que f est premier dans A[X]. Soient g, h ∈ A[X] tels que f | gh. Donc f | gh dans K[X].
Comme f est premier dans K[X], on peut supposer par exemple que f | g , donc g = f u
a
dans K[X]. Posons u = v , avec v primitif, alors bg = af v . On a bC(g) = a, donc b | a. Par
b
conséquent f | g dans A[X]. 
Théorème 1.5.5. Soit A un anneau factoriel. Alors l'anneau des polynômes A[X1 , X2 , . . . , Xn ]
est factoriel. En particulier sont factoriels les anneaux Z[X1 , . . . , Xn ] et K[X1 , . . . , Xn ], où
K est un corps commutatif.
Théorème 1.5.6 (Critère d'Eisenstein). Soit A un anneau factoriel de corps de fractions
K , f = Σnk=0 ak X k ∈ A[X], on suppose qu'il existe un élément premier p ∈ A tel que :
(i) p | ak , ∀k = 0, 1, 2, . . . , n − 1
(ii) p - an
(iii) p2 - a0
Alors f est irréductible et dans K[X]. Si de plus il est primitif, alors il est irréductible dans
dans A[X].
Lemme 1.5.7. Soit A un anneau intègre g, h ∈ A[X] tels que gh = aX n , a 6= n et n ∈ N.
Alors g = bX m , h = cX r , où b, c ∈ A, m, r ∈ N et bc = a m + r = n.
En d'autres termes, si le produit de deux polynômes est un monôme, alors chacun de ces
polynômes est un monôme.
Preuve du Lemme. On a deg(f ) + deg(g) = n, et val(f ) + val(g) = n, où val désigne la
valuation.

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Donc deg(f ) − val(f ) + deg(g) − val(g) = 0. Comme deg(h) ≥ val(h) pour tout polynôme
non nul h, on a deg(f ) − val(f ) = 0 et deg(g) − val(g) = 0. Donc deg(f ) = val(f ) et
deg(g) = val(g).
Preuve du théorème. Supposons d'abord que f est primitif et que f n'est pas irréductible
dansPA[X]. Alors f = gh, où g, h ∈ A[X] sont non constants. Posons g = m k=0 bk X et
k
P
h = k=0 ck X . En réduisant modulo p, on a gh = an X dans A/(p) qui est intègre. Donc
r k n

d'après le lemme g = bX m et h = cX r . Par conséquent p | b0 et p | c0 . D'où p2 | b0 c0 = a0 .


Contradiction. Donc f est irréductible dans A[X] et dans K[X].
f
Si f n'est pas primitif, alors f = af1 , avec f1 = primitif et vérie aussi le critère d'Eisen-
a
stein avec l'élément irréductible p. Donc f1 est irréductible dans A[X] et f est irréductible
dans K[X] . 
Théorème 1.5.8. Soit A un anneau factoriel de corps de fractions K et f
Pn
= ak X n ∈
k=0
A[X]. Soit α = p
q ∈ K , avec p, q ∈ A premiers entre eux tels que α soit racine de f . Alors
p | a0 et q | an .
En particulier, si an = 1 est inversible dans A, alors toute racine de f dans K est dans A
et divise a0 .
On suppose que ak pqk = 0. En multipliant par q n , on obtient
Pn k
Preuve. k=0

an pn + an−1 qpn−1 + . . . + a1 q n−1 p + a0 q n = 0

On en déduit que q | an pn et p | a0 q n . Comme p et q sont premiers entre eux, on a q | an et


p | a0 .
Supposons que an est inversible dans A. Alors comme q | an , il en résulte que q est aussi
inversible dans A. par conséquent α ∈ A. 
Exemple 1.5.9.
1. Déterminons (si elles existent) les racines rationnelles du polynôme f = 3X 3 + 2X 2 +
2x − 1 ∈ Z[X].
Soit pq ∈ Q une telle racine. On a q | 3 et p | 1. Donc les seules possibilités sont 13 et − 31 . En
calculant on trouve f ( 13 ) = 0. On a alors f est divisible par 3X − 1. La division euclidienne
de f par 3X − 1 donne f = (3X − 1)(X 2 + X + 1).
2. Le polynôme g = X 3 − 3X − 1 est irréductible sur Q. En eet, comme c'est un polynôme
de degré 3, on vérie qu'il n'a pas de racine dans Q. Comme il est unitaire, s'il a une racine
rationnelle, cette racine est entière et divise le coecient constant qui est égal à −1. Par
conséquent, une racine rationnelle éventuelle serait égale à 1 ou à -1. Comme g(1) = −3 et
g(−1) = 1 sont non nulles, on en déduit que g est irréductible sur Q.

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