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Gabriel Sébilet Deloge

gabriel.sebilet-deloge@imj-prg.fr
Bureau T12, toits du DMA

TD de Logique 3 : Algèbre de Boole, Satisfaction


(corrigé)

Les exercices précédé d’un  sont primordiaux. Les questions/exercices précédés de ?, sont plus difficiles.

Algèbre de Boole et espace de Stone

1. On note A = i∈I Z / 2Z. Pour a ∈ A, on pose ||a = 0|| := {i ∈ I : ai = 0}, et on


Q
 Exercice 1.
considère pour B un idéal (propre) de A l’ensemble :

FB = {||a = 0|| : a ∈ B}

Montrons que FB est un filtre sur I. Soit a, b ∈ B, alors d’une part,

||a = 0|| ∩ ||b = 0|| = ||(a + b) + ab = 0||

En effet, pour i ∈ I, on montre facilement que ((a + b) + ab)i = (ai + bi ) + ai bi = 0 si et seulement si


ai = bi = 0, et ((a + b) + ab) ∈ B puisque B est un idéal de A. Et d’autre part, si X = ||a = 0|| ⊂ Y ,
alors on pose b ∈ A défini par bi = 0 si i ∈ Y , et bi = 1 sinon. Il vient alors que ba = b puisque X ⊂ Y ,
donc b ∈ B et Y = ||b = 0|| par définition de b. Enfin ∅ ∈ FB si et seulement si 1 = (1, 1, · · · ) ∈ B
auquel cas, si a ∈ A, comme a1 = a, il vient que a ∈ B et donc A = B et B n’est pas un idéal propre.
Donc FB est bien un filtre.
De plus, pour deux idéaux B et C de A, FB ⊂ FC si est seulement si B ⊂ C, donc FB = FC si et
seulement si B = C et les idéaux maximaux correspondent aux ultrafiltres.

2. Soit C un idéal premier de B, alors C est maximal (en exercice). Montrons qu’il existe un unique i ∈ N
tel que
C = {u ∈ B : ui = 0}
Si pour tout i ∈ N, il existe u(i) ∈ C tel que u(i)i = 1, alors e(i) l’élément de B défini par e(i)j = δij
(e(i)j = 1 ssi i = j) vérifie e(i)u(i) = e(i) ∈ C et on peut montrer que B = C. C’est impossible. Donc
il existe i ∈ N tel que pour tout u ∈ C, ui = 0. Si i, j ∈ N vérifient que u ∈ C, ui = uj = 0, alors

C 0 = {u ∈ B : ui = 0}

est un idéal propre de B qui contient C, donc C = C 0 et i = j.

3. On vérifie aisément que 0 et 1 sont les extrémités inférieures et supérieurs de (A, 6). Soit {x, y} une
paire d’élément de A montrons que xy est la borne de cet ensemble. D’une part (xy) · x = x2 y = xy
et (xy) · y = xy 2 = xy donc xy 6 x et xy 6 y. D’autre part, si z > xy vérifie zx = z et zy = z, alors
z(xy) = zy = z et donc z 6 xy. Autrement dit, comme 6 est un ordre, xy = z. Montrer que x + y + xy
est la borne supérieure de la paire (on rappelle que A est de caractéristique 2).
Relation entre ultrafiltre et idéaux maximaux : voir le théorème de Stone.
 Exercice 2. 1. (a) Voir que (1 + a) = {x ∈ A : ax = 0}. Si a est un atome, cet idéal est clairement
premier. Si l’idéal est premier, pour x ∈ A on obtient ax(1 + x) = 0 donc ax = 0 ou a + ax = 0.
(b) Supposons a atome. Si P ∈ Oa alors par maximalité de P il faut 1 + a ∈ P d’où (1 + a) ≤ P,
puis par maximalité de (1 + a) on a égalité. Ainsi Oa est singleton. Si a n’est pas un atome, soit
x tel que ax 6= 0, a. Soit P évitant ax : il évite a. Soit Q évitant a + ax : il évite a, donc Q = P
contient 1 + a et 1 + a + ax : il contient ax, absurde.
(c) Soit P un idéal premier. Si P est un point isolé de Spec A, alors il est isolé par un Oa : donc
P = (1 + a) est principal. Si P = (b), alors clairement P est isolé par O1+b .

1
2. Plongeons A dans un anneau de Boole dans lequel tout élément admet un diviseur. Remarquons que
A1 = AA muni des opérations coordonnées à coordonnées de A est encore un anneau de Boole. A se
plonge dans AA en associant à a ∈ A la fonction constante égale à a. Alors toute fonction constante
égale à a est divisible par (0, · · · , 0, a, 0 · · · ). Donc A ne contient aucun atome de A1 . Par récurrence,
on construit en réitérant le même procédé une suite croissante d’anneau An telle que An ne contient
aucun atome de An+1 . Donc A se plonge dans la colimite A∞ = n∈N An qui ne contient pas d’atome.
S

3. Plongeons maintenant A dans une algèbre de Boole atomique : par le théorème de Stone, on sait que
A ' Ferv(Spec(A)). Or Ferv(Spec(A)) se plonge dans P(P(A)) qui est un anneau de Boole atomique
(ses atomes sont les singletons).

4. Soit x, y deux atomes de A, supposons que a = xy 6= 0 alors ax = x2 y = a donc 0 < a 6 x donc a = x.


Symétriquement, on obtient a = y, d’où x = y. Donc si x, y sont deux atomes distincts de A, xy = 0.
Soit x un atome de A alors par ce qui précède, pour tout y ∈ A, yx = x ou yx = 0. Donc Ax ' F2 .

5. Soit A un anneau de Boole atomique. On a alors l’isomorphisme d’anneau :

ϕ : A → 2Atom(A)
a 7→ f: x 7→ 0, si ax = 0
x 7→ 1, si ax = x

6. Supposons que (S, T ) est un espace de Stone sans point isolé, tel que Ferv(T ) est dénombrable. L’ab-
sence de point isolé entraîne que Ferv(T ) est sans atome. Pour obtenir le résultat souhaité, nous allons
montrer qu’il n’existe qu’une seule algèbre de Boole dénombrable sans atome à isomorphisme près.
Un fois montré ce résultat, il viendra que Ferv(T ) ' Ferv(TC ) et le théorème de Stone permettra de
conclure.
Pour montrer le lemme, prenons A et B deux algèbres de Boole dénombrables sans atome et construisons
un isomorphisme entre A et B. Par récurrence nous allons définir les suites
S croissante pour l’inclusion
de sous-algèbres finies (An )n∈N et (Bn )n∈N tel que , Bn et une suite croissante
S
A = A n B =
d’isomorphisme (fn )n∈N entre An et Bn alors f = fn sera un isomorphisme de A dans B. Énumérons
S
A = {a0 , a1 , · · · } et B = {b0 , b1 , · · · }.
On pose A0 = {0, 1} et B0 = {0, 1} et f0 l’application de A dans B qui envoie 0 sur 0 et 1 sur 1. Sans
surprise f0 est un isomorphisme entre deux algèbres de Boole.

Si n est pair, supposons avoir construit An , Bn et fn : An → Bn un isomorphisme entre les deux. An
et Bn sont finies, donc atomiques. Atom(An ) = {p0 , · · · , pr } est donc une famille génératrice de A (il
suffit de regarder l’isomorphisme exhibé au début de la correction de cette question) et fn (Atom(An )) =
Atom(Bn ). Soit x le premier élément de l’énumération de A qui n’est pas dans An , et An+1 l’anneau
de Boole engendré par An et x. alors An+1 est finie, donc atomique et ses atomes sont les éléments non
nuls de
X = {xp0 , (1 − x)p0 , · · · , xpr , (1 − x)pr }
et on choisit alors y ∈ B comme suit : pour tout i 6 r, on pose xi = xpi , et yi ∈ B tel que
yi = 0 si xi = 0
yi = fn (xi ) si xi = pi
0 < yi < fn (xi ) sinon.

Alors on pose y = supi6r {yi } (pour la division) et Bn+1 la sous-algèbre de B engendré par Bn et y.
Comme précédement, Bn+1 est finies et ses atomes sont données par les éléments non nuls de

Y = {yfn (p0 ), (1 − y)fn (p0 ), · · · , yfn (pr ), (1 − y)fn (pr )}

Alors on étend fn en envoyant x sur y. Cela induit une unique bijection entre X et Y par définition
de y et donc un isomorphisme fn+1 entre An+1 et Bn+1 .
Si n est impair on procède de la même manière mais en inversant les rôle
S de An et Bn et en prenant
fn . Cette inversion est nécessaire pour assurer que A = An et B = Bn .
−1
S

2
Exercice 3. Débutons par montrer l’équivalence entre les deux premiers points de vue.

• Soit f : X → Y une surjection continue entre espaces profinis. On lui associe la relation « fibres »x1 ∼
x2 :si f (x1 ) = f (x2 ). Celle-ci est pro-compatible : en effet si x1 6∼ x2 , alors dans Y profini on peut
séparer f (x1 ) et f (x2 ) par des ferverts Gi ; les f −1 (Gi ) sont des ferverts disjoints et ∼-clos.

• Réciproquement, si ∼ est une relation pro-compatible sur X profini, on forme Y = X/ ∼ et π : X → Y ,


l’espace d’arrivée étant muni de la topologie quotient. Dans cette dernière, V ⊆ Y est ouvert ssi π −1 (V )
l’est. L’hypothèse de pro-compatibilité est exactement que Y est totalement séparé (i.e. séparé par ses
ferverts) ; comme il vérifie la propriété de Borel-Lebesgue, c’est un espace profini d’après l’exercice de
caractérisation des espaces profinis. Évidemment π est surjective et continue.

• La correspondance entre relations d’équivalence et fibres de surjections est bien connue, ce qui montre
l’équivalence des deux premiers points de vue.

L’équivalence du premier point de vue et du troisième est un cas particulier de la correspondance de Stone.
En effet toute fonction continue entre espaces profinis correspond à un morphisme d’anneaux de Boole ; la
surjectivité de l’une équivaut à l’injectivité de l’autre.

Exercice 4. 1. On prouve les implications une par une (et on en fait un peu plus que nécessaire)

1. ⇒ 2. Soit a ∈ A. Montrons que dans A, on vérifie ¬a = 1 − a (avec les notations de l’anneau sous-
jacent). D’une part, a(1 − a) = 0. D’autre part, si x > 1 − a vérifie xa = 0, alors x(1 − a) = 1 − a,
et ax = 0. Donc x = ax + (1 − a)x = 0 + 1 − a = 1 − a. Soit x la borne supérieure de la paire
(a, 1 − a), alors x = ax + (1 − a)x = a + 1 − a = 1.
1. ⇒ 3. Trivial en utilisant ¬a = 1 − a.
2. ⇒ 1. Montrons que A est un treillis de Boole. Par 2., il est complémenté : pour a ∈ A, a ∨ ¬a = 1 et
a ∧ ¬a = 0 car A est une algèbre de Heyting, donc ¬a est un complément de a. Donc A est un
treillis (une algèbre) de Boole.
3. ⇒ 2. Soit a ∈ A. Remarquons que a ∧ ¬a = 0 et ¬0 = 1. On utilise les lois de Morgan de la question
suivante (que l’on peut montrer indépendamment) et l’hypothèse 3. :

¬0 = ¬ (a ∧ ¬a)
= ¬¬ (¬a ∧ ¬¬a)
= (¬a ∧ ¬¬a)
= (¬a ∧ a) = 1

2. Notons tout d’abord que si x ≤ y dans T , alors ¬y ≤ ¬x puisque ¬y ∧ x ≤ ¬y ∧ y = 0 et ¬y ≤ ¬x


puisque ¬x est le plus grand tel élément. La négation renverse donc l’ordre sur T .
Montrons la première égalité par double inégalité. Soit x, y ∈ T , On a,

(x ∨ y) ∧ (¬x ∧ ¬y) = x ∧ (¬x ∧ ¬y) ∨ y ∧ (¬x ∧ ¬y) = (x ∧ ¬x) ∧ ¬y ∨ (y ∧ ¬y) ∧ ¬x = 0 ∨ 0 = 0

Donc (¬x ∧ ¬y) ≤ ¬(x ∨ y).


Puis, montrons que (¬x ∧ ¬y) ≥ ¬(x ∨ y). On veut montrer que la borne inférieure de deux pseudo-
complément est supérieur au pseudo-complément de la borne supérieure de ces deux élément. Il suffit
donc de montrer que ¬x ≥ ¬(x ∨ y) et ¬y ≥ ¬(x ∨ y). Par symétrie des rôles de x et y, il suffit de
montrer que ¬x ≥ ¬(x∨y). Or (x∨y) ≥ x, et on conclut ¬x ≥ ¬(x∨y) par notre remarque préliminaire
au début de cette question. Donc la première loi de Morgan est vérifiée. La seconde (utilisée dans la
question précédente) est laissée en exercice.
Supposons les deux lois vrais. Il suffit de remarquer que la relation d’équivalence engendrée par les
paire (a, ¬¬a) pour a ∈ T (la relation donnée dans l’énoncé n’est pas symétrique, il faut prendre les
paire (¬¬a, a) aussi.) est compatible avec ∨ et ∧. C’est exactement ce que donne les lois de Morgan.
L’ensemble quotient est donc bien une algèbre de Boole.

3
3. La structure de treillis distributif de (T ; ∩, ∪) est immédiate par définition de la topologie. Montrons
que → donne bien un quasi complément.
˚
c∪V.
(U → V ) = U
˚

D’une part, (U → V ) ∩ U ⊆ (U c ∪ V ) ∩ U = (U ∩ V ) \ U c ⊆ V . D’autre part, si W ∈ T vérifie


W ∩ U ⊆ V , alors on écrit W = U ∩ W ∪ U c ∩ W et, d’une part U c ∩ W ⊆ U c ⊆ (U → V ), d’autre
part U ∩ W ⊆ V entraîne immédiatement que U ∩ W ⊆ (U → V ). C’est donc une algèbre de Heyting.
De plus le treillis est complet : toute partie de T admet une borne supérieure (l’union de ses éléments)
et une borne inférieure (l’intérieur de l’intersection de ses éléments).
4. laissé en exercice. Vocabulaire : une partie X ⊂ O est fermée supérieurement si pour tout x, y ∈ O, x ∈
X ∧ x ≤ y ⇒ y ∈ X.
On notera que cette algèbre de Heyting est également complète : une partie de A admet une borne
inférieure (l’intersection de ses éléments) et une borne supérieure (l’union de ses éléments).
Pour répondre à la dernière remarque, on peut commencer par se demander si toute algèbre de Heyting
est complète.
Pour commencer, prenons un treillis non complet, mais avec extrémités. Les parties finies ou cofinies de
N ainsi que N tout entier forment un treillis T avec extrémités pour l’ordre de l’inclusion ⊂ avec les opération
d’intersection et d’union. Il n’est pas complet (la borne supérieure des ensembles finis d’entiers pairs n’existe
pas). Question : peut-on définir → de manière satisfaisant ? En posant par exemple : A → B = (N \ A) ∪ B.
On vérifie facilement que A → B ∈ T . A ∩ (A → B) ⊂ B est trivial et si C ∈ T vérifie A ∩ C ⊆ B, on écrit
C = (A ∩ C) ∪ (C \ A) et C \ A ⊆ N \ A. Donc C ⊆ (N \ A) ∪ B. Nous avons donc une algèbre de Heyting
qui n’est pas complète : elle ne peut donc pas être d’une des formes des question 1. et 2..

Satisfaction

Exercice 5. On énonce le théorème de lecture unique pour la logique du premier ordre Des théorèmes
similaires peuvent être établi pour les termes, mais aussi pour les formules logique du second ordre, ou
d’autres logiques avec des arguments similaires.
Nous donnerons une idée de la preuve sans en faire le détail exact car elle est plus laborieuse qu’intéres-
sante. Le détail est fait dans [CLK03]. L’existence est montrée en écrivant l’ensemble des formules F comme
l’union de la famille (Fn )n∈ définit par :
- F0 = {P (t1 , · · · , tn ) : t1 · · · tn sont des L-termes, P est un prédicat de L}
- Fn+1 = ψ∈Fn ,x∈V {(¬ψ)} ∪ {(∃xψ)} ∪ {(∀xψ)} ∪ ψ1 ,ψ2 ∈Fn {(ψ1 ? ψ2 ) : ? ∈ {∨, ∧}}
S S

Pour montrer l’unicité, on peut passer par deux lemmes pour montrer que : d’une part une formule a
toujours autant de parenthèses ouvrantes que de parenthèses fermantes et d’autre part que si ϕ est une
formule, vue comme la suite finie de symbole (ϕn )n6l , alors les sous-suites strictes de la forme (ϕn )n6l1 pour
l1 < l ont strictement plus de parenthèses ouvertes que de parenthèse fermantes : ce ne sont donc pas des
formules.
Pour montrer les lemmes, on peut raisonner par récurrence sur le nombre de caractère de ϕ (vu comme
suite finie purement syntaxique). Remarquons que moyennant l’introduction de plusieurs type de parenthèses
on peut différencier les parenthèses sur les fonctions et relation de L, et celle sur les connecteurs logiques.
On peut donc supposer que les formules de la forme ϕ = R(t1 , · · · , tn ) n’ont aucune parenthèse (et ce sont
les seules).
Montrons l’unicité dans chacun des cas : Prenons ϕ, tel qu’il existe une relation R de L et des L-termes
t1 , · · · , tn tels que ϕ = R(t1 , · · · , tn ) l’unicité vient essentiellement du théorème de lecture unique des termes
(à établir, preuve à nouveau syntaxique).
Si ϕ = (¬ψ), la forme de ϕ est donnée par ϕ1 = ¬ et ψ est uniquement définie par ψ = (ϕn )1<n<l−1
ou l désigne la longueur de ψ (vue comme suite finie de caractère). On agit essentiellement pareil pour les
quantificateurs ∀ et ∃. Enfin, si ϕ = (ψ1 ? ψ2 ) = (γ1 γ2 ) avec ? et  des connecteurs binaires, et ψi , γi des
formules, on en déduit que ψ1 ? ψ2 = γ1 γ2 et donc ψ1 est un segment initial de γ1 (quitte à les échanger).
il vient par le lemme, que ψ1 = γ1 , on en déduit le reste de l’unicité.

4
Exercice 6.

1. On veut montrer ∀x, y x + y = y + x. On utilise le schéma d’axiomes de récurrence, il suffit de


démontrer que ∀y 0 + y = y + 0 et (∀y, x + y = y + x) → (∀y, s(x) + y = y + s(x)). Pour le premier,
on utilise encore le schéma d’axiomes de récurrence, il suffit de démontrer que 0 + 0 = 0 + 0 (c’est
bon), et que 0 + y = y + 0 → 0 + s(y) = s(y) + 0. Supposons donc 0 + y = y + 0. On a alors
0 + s(y) = s(0 + y) = s(y + 0) = s(y) = s(y) + 0.
Pour le deuxième, supposons ∀y x + y = y + x. On veut montrer ∀y, s(x) + y = y + s(x). On utilise
(encore) le schéma d’axiomes de récurrence. Il suffit de démontrer que s(x) + 0 = 0 + s(x) (on vient de
le faire) et que s(x) + y = y + s(x) → s(x) + s(y) = s(y) + s(x). Supposons donc que s(x) + y = y + s(x)
(et on a toujours l’hypothèse ∀y x + y = y + x). On a alors s(x) + s(y) = s(s(x) + y) = s(y + s(x)) =
s(s(y + x)) = s(s(x + y)) = s(x + s(y)) = s(s(y) + x) = s(y) + s(x).

2. On veut montrer ∀x, y xy = yx. On utilise le schéma d’axiomes de récurrence, il suffit de démontrer
que ∀y 0y = y0 et (∀y, xy = yx) → (∀y, s(x)y = ys(x)). Pour le premier, on utilise encore le schéma
d’axiomes de récurrence, il suffit de démontrer que 0 · 0 = 0 · 0 (c’est bon), et que 0y = y0 → 0s(y) =
s(y)0. Supposons donc 0y = y0. On a alors 0s(y) = 0 + 0y = 0 + 0 = 0 = s(y)0. Pour le deuxième,
supposons ∀y xy = yx. On veut montrer ∀y, s(x)y = ys(x). On utilise (encore) le schéma d’axiomes
de récurrence. Il suffit de démontrer que s(x)0 = 0s(x) (on vient de le faire) et que s(x)y = ys(x) →
s(x)s(y) = s(y)s(x). Supposons donc que s(x)y = ys(x) (et on a toujours l’hypothèse ∀y xy = yx). On
a alors en utilisant les hypothèses et la commutativité de l’addition, s(x)s(y) = s(x)y + y = ys(x) + y =
y + yx + x = xy + y + x = xs(y) + x = s(y)x + x = s(y)s(x).

3. Laissé en exercice.

4. On a démontré que tous les modèles de PA1 ont ces propriétés, et il y a moult modèles de PA1 .

5. Pour le grand théorème de Fermat, on se référera à la preuve de Wiles (1995).

Exercice 7. Il faut d’abord vérifier que S est bien clos pour les opérations s, + et ·.
On montre ensuite que S vérifie chacun des axiomes, cela ne pose pas de problème.
Pour montrer que S n’est pas un modèle de PA1 , on trouve un énoncé ϕ qui est conséquence de PA1
mais qui n’est pas vérifié dans S. On peut prendre par exemple ∀x∃y (x = y + y ∨ x = s(y + y)). On montre
facilement que cet énoncé est conséquence de PA1 en utilisant le schéma d’axiomes de récurrence, et S ne
vérifie pas cet énoncé car le polynôme X ne peut pas s’écrire sous la forme P + P ou P + P + 1 avec P dans
S.

 Exercice 8. 1. On considère la théorie :


[
T = {∃x1 · · · ∃xn ∧16i<j6n ¬xi = xj }
n∈N\{0,1}

Tout modèle S de T satisfait donc card S > n pour tout entier n. Soit Tf ⊂ T fini. Il existe N ∈ N tel
que
N
[
Tf ⊂ {∃x1 · · · ∃xn ∧16i<j6n ¬xi = xj } = TN
n=2

et la structure S dans le langage vide, de domaine {n ∈ N : n 6 N } satisfait TN car elle contient N + 1


éléments, donc S satisfait Tf , mais pas T : T n’admet pas de sous-axiomatisation finie.

2. Notons R le symbole de la relation binaire. On considère la théorie des ordres totaux sans maximum,
axiomatisée par :

• ∀x¬xRx ;
• ∀x∀y∀z ((xRy ∧ yRz) → xRz) ;
• ∀x∀y(xRy ∨ yRx) ;

5
• ∀x∃yxRy ;

Cette théorie est finie et ses modèles sont infinis (en exercice).

3. On note L = (0, +, ·) le langage des anneaux. L’axiomatisation usuelle de ACF est donné par :

• les axiomes de corps (propriétés de la somme, du produit, distributivité et inverse), qui sont en
nombre finis et dont on note l’ensemble Tc ;
• le schéma d’axiomes pour n ∈ N∗ qui assure que tout polynôme (unitaire) de degré n admet une
racine :
∀a1 ∀a2 · · · ∀an ∃x(· · · ((x + a1 )x + a2 )x + · · · )x + an = 0
Comme précédement, on suppose que ACF admet une sous-axiomatisation finie Tf , alors il existe
N ∈ N tel que :
N
[
Tf ⊂ Tc ∪ {∀a1 ∀a2 · · · ∀an ∃x(· · · ((x + a1 )x + a2 )x + · · · )x + an = 0} = A
n=1

On veut alors montrer qu’il existe un modèle de A qui n’est pas modèle de ACF, ie qu’il existe un
corps k qui contient toutes les racines de ses polynômes de degré inférieur ou égal à N , mais tel
qu’il existe un polynôme P ∈ k[X] de degré supérieur à N + 1 qui n’admet pas de racine dans k.
Prenons k comme sous-corps de C :

k = {x ∈ C : ∃P ∈ Q[X]6N P (x) = 0}

k est un corps (indication : tous x, y ∈ k sont algébriques sur Q, donc les corps Q(x) et Q(x, y)
sont des extensions algébriques de Q contenues dans k). Soit p un nombre premier supérieur à
N + 2, alors P le polynôme cyclotomique des racines primitive p-ième de l’unité est de degré p − 1.
On affirme qu’il n’admet pas de racine dans k. En effet, si x ∈ k est une racine p-ième primitive
de l’unité, alors il existe Q ∈ Q[X] de degré au plus N tel que Q(x) = 0. Donc pgcd(P, Q) ∈
Q[X]>0 ∩ Q[X]<N +1 , et P n’est pas irréductible sur Q[X]. C’est impossible (on pourra regarder
la preuve de l’irréductibilité des polynômes cyclotomiques dans [PCD96] par exemple).
Bonus : pour p un nombre premier, existe-il une sous-axiomatisation finie de ACFp (les corps
algébriquement clos de caractéristique p) ? La réponse est non : en utilisant la même piste de
départ que précédement, il suffit de voir que le n-ème polynôme cyclotomique est irréductible sur
Fp ssi la classe de p engendre le quotient Z / nZ× (en exercice) et que pour tout N ∈ N, il existe un
nombre premier q > N , tel que la classe de p engendre Z / qZ× (ce second point est un corollaire
du théorème de la progression arithmétique de Dirichlet). On pourra s’amuser à chercher d’autres
contre-exemples utilisant des arguments moins brutaux que ceux donnés ici.

 Exercice 9. 1. Soient n0 = 2n et y 0 un uplet de variables de longueur n0 , indexé par P ({1, . . . , n})


(l’ordre d’indexation n’importera pas). Pour k ∈ {1, . . . , n} soit Jk = {A ⊆ {1, . . . , n} : k ∈ A}
l’ensemble des parties contenant k. Pour A ⊆ {1, . . . , n}, soit la formule
^ ^
ϕ0A (x) : ϕk (x) ∧ ¬ϕk (x).
k∈A k∈A
/

Soit enfin Ñ é
[ [
Φ0 (y 0 ) : Φ 0
yA ,..., 0
yA ;
A∈J1 A∈Jn

l’ordre où l’on écrit chaque réunion dépend a priori de l’indexation choisie, mais la commutativité
éliminera cette dépendance.
Nous affirmons que la famille (Φ0 ; ϕ01 , . . . , ϕ0n0 ) convient. En effet les ϕ0k sont deux à deux contradic-
toires et recouvrent le vrai, donc partagent 1 dans l’anneau des L(x)-formules. Reste à montrer la

6
détermination. W
On forme un produit de structuresSP = I Ai et l’on en prend un uplet p. Noter que
Q
|= ∀x ϕk (x) ↔ A∈Jk ϕ0A (x), si bien que Iϕk (p) = A∈Jk Iϕ0A (p) . Il suit :

P |= ϕ(p) ssi P (I) |= Φ(Iϕ1 (p) , . . . , Iϕn (p) )


Ñ é
[ [
ssi P (I) |= Φ Iϕ0A (p) , . . . , Iϕ0A (p)
A∈J1 A∈Jn
0
ssi P (I) |= Φ ((Iϕ0A (p) )).

2. Soient I 6= ∅ et (Ai )I une famille de L-structures : soient P = Ai et p ∈ Pm .


Q
I

• Supposons P |= ∃x0 ϕ(x0 , p). Il existe un point q = (qi )I ∈ P en témoignant, i.e. P |= ϕ(q, p). Par
hypothèse, P (I) |= Φ(Iϕ1 (q,p) , . . . , Iϕn (q,p) ). Par hypothèse encore les ϕk partagent 1 ; en outre
Iϕk (q,p) ⊆ I∃x0 ϕk (x0 ,p) . On a bien P (I) |= X(Iχ1 (p),...,χn (p) ).
• Supposons réciproquement P (I) |= X(Iχ1 (p),...,χn (p) ). Par hypothèse il existe des parties Ik ⊆ Iχk (p)
partageant 1 et telles que P (I) |= Φ(I1 , . . . , In ). Pour i ∈ I, il existe donc un unique k tel que
i ∈ Ik ; notamment i ∈ I∃x0 ϕk (x0 ,p) donc il existe qi tel que Ai |= ϕk (qi , p(i)). (Attention, il ne
suffit pas d’avoir i ∈ I∃x0 ϕk (x0 ,p) : sinon qi dépendrait de i et de k et cela créerait des conflits. Ce
n’est pas le cas ici.)
Soit q la famille résultante. Par construction, Ik ⊆ Iϕk (q,p) . Or les ϕk partagent 1, d’où l’égalité.
Ainsi P (I) |= Φ(Iϕ1 (q,p) , . . . , Iϕn (q,p) ), donc P |= ϕ(q, p) et P |= ∃x0 ϕ(x0 , p).

3. On procède par récurrence.

• ⊥ est déterminée par (⊥).


• R(t) est déterminée par (y = 1; R(t)).
• Si ϕ est déterminée par (Φ; ϕ1 , . . . , ϕn ), alors (¬ϕ)∗ l’est par (1 − Φ; ϕ1 , . . . , ϕn ).
• Si ϕ1 est déterminée par (Φ1 ; ϕ11 , . . . , ϕ1n1 ) et ϕ2 de même, alors ϕ1 ∧ ϕ2 l’est par (Φ1 (x1 ) ∧
Φ2 (x2 ); ϕ11 , . . . , ϕ1n1 , ϕ21 , . . . , ϕ2n2 ), avec un uplet y 1 , y 2 de longueur n1 + n2 .
• Le cas de ∃ a été vu.

Ceci permet de déterminer chaque formule.

4. Soit ϕ un L-énoncé élémentaire. Alors pour chaque i, on a Ai |= ϕ ssi Bi |= ϕ ; ainsi {i ∈ I : Ai |= ϕ} =


{i ∈ I : Bi |= ϕ}, que l’on continue à noter Iϕ sans conflit.
Soit (Φ; ϕ1 , . . . , ϕn ) une famille déterminant Appliquant ce qui précède aux , on a I Ai |= ϕ ssi
Q
ϕ. ϕk
P (I) |= Φ(Iϕ1 , . . . , Iϕn ) ssi I Bi |= ϕ.
Q

Références

[CLK03] Renée Cori, Daniel Lascar, and Jean-Louis Krivine. Logique mathématique, tome 1 : Calcul pro-
positionnel, algèbre de boole, calcul des prédicats, coll. Sciences Sup, Dunod, 2003.

[PCD96] Daniel Perrin, Marc Cabanes, and Martine Duchene. Cours d’algèbre, volume 30. Ellipses Paris,
1996.

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