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Série évaluation du programme

12/2021

Évaluation de cinq
projets de la FAO
financés par l’Agence
suédoise de coopération
internationale au
développement au
Cameroun, au Mali,
au Niger et au Tchad
Série évaluation de programme
12/2021

Évaluation de cinq projets de la FAO


financés par l’Agence suédoise de
coopération internationale au
développement au Cameroun, au Mali, au
Niger et au Tchad

OSRO/CMR/701/SWE
OSRO/MLI/701/SWE
OSRO/MLI/804/SWE
OSRO/NER/701/SWE
OSRO/CHD/701/SWE

ORGANISATION DES NATIONS UNIES POUR L’ALIMENTATION ET L’AGRICULTURE


Rome, 2021
Citer comme suit

FAO. 2021. Évaluation de cinq projets de la FAO financés par l’Agence suédoise de coopération internationale au développement au
Cameroun, au Mali, au Niger et au Tchad. Série évaluation de programme, 12/2021. Rome.

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ISBN 978-92-5-135447-6
© FAO, 2021

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licence (CC BY-NC-SA 3.0 IGO; https://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/3.0/igo/legalcode/legalcode).

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Crédits photographiques en couverture: ©FAO/Carl de Souza, ©FAO/Sia Kambou, ©FAO/Luis Tato, ©FAO/Sia Kambou
Abstract
L’évaluation porte sur cinq projets financés par l'Agence suédoise de coopération internationale au
développement (ASDI), mis en œuvre dans quatre pays: Cameroun, Mali, Niger et Tchad. Quatre projets
sont financés dans le cadre de la Stratégie suédoise d'aide humanitaire 2017-2020 alors qu'un projet est
financé dans le cadre de la stratégie de coopération suédoise au développement avec le Mali 2016-2020,
initié en réponse à la crise alimentaire au Mali en 2018.
Cette évaluation vise à fournir des preuves indépendantes sur la pertinence, les résultats et les
performances organisationnelles. L’évaluation vise également à tirer les leçons et mettre en avant les
bonnes pratiques qui serviront de base à l'apprentissage et aux améliorations stratégiques,
programmatiques et opérationnelles de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et
l'agriculture (FAO), l'ASDI et d'autres parties prenantes. Une approche méthodologique mixte de collecte
de données (quantitative et qualitative) a été utilisée, comprenant une revue documentaire, des entretiens
semi-dirigés avec des informateurs clés, des groupes de discussion avec les bénéficiaires et deux enquêtes
auprès des ménages au Mali et au Niger.
Les projets évalués avaient pour objectif d’améliorer la sécurité alimentaire et nutritionnelle et de
renforcer la résilience des ménages vulnérables grâce à la protection et à la réhabilitation des moyens de
subsistance dans un contexte d'urgence (crise du bassin du lac Tchad, déplacements et chocs climatiques).
Les constats de l’évaluation indiquent une amélioration de la production agricole, de la production
animale et de la diversité alimentaire, ainsi qu’un renforcement de la cohésion sociale au sein des
communautés. Plusieurs mesures mises en place par les interventions, telles que l’implication et la
formation des partenaires locaux, l’investissement dans les biens et équipements, et la mise en place
d’actifs productifs contribuent à la pérennisation des acquis des interventions. Il existe toutefois des
facteurs compromettant la durabilité de certains acquis.
La FAO devrait opérer des choix stratégiques pour la mise en œuvre d'interventions sur financements
pluriannuels pour une meilleure contribution à la résilience et dépasser la stricte intervention humanitaire.
Elle devrait également renforcer la synergie et la collaboration entre les projets de la FAO et d’autres
interventions pour un partage d’expériences permettant plus d’efficacité et d’efficience dans la mise en
œuvre des interventions. En outre, dans des contextes fragiles et d’urgence, il est important que la FAO
adapte ses outils et procédures pour être plus flexible et accélérer les procédures de contractualisation et
d’acquisition.

iii
Table des matières
Abstract ................................................................................................................................................... iii
Remerciements ..................................................................................................................................... vii
Abréviations, sigles et acronymes ..................................................................................................... viii
Résumé exécutif..................................................................................................................................... ix
1. Introduction..................................................................................................................................... 1
1.1 Finalité, portée et objectifs de l'évaluation .................................................................................................. 1
1.2 Méthodologie ......................................................................................................................................................... 2
1.3 Limites ........................................................................................................................................................................ 5
1.4 Structure du rapport ............................................................................................................................................. 5
2. Historique et contexte de l’intervention ..................................................................................... 7
2.1 Contexte de l’intervention .................................................................................................................................. 7
2.2 Description des cinq projets mis en œuvre ................................................................................................. 8
2.3 Théorie du changement ...................................................................................................................................... 9
3. Principaux constats....................................................................................................................... 13
3.1 Pertinence .............................................................................................................................................................. 13
3.2 Efficacité ................................................................................................................................................................. 20
3.3 Efficience ................................................................................................................................................................ 37
3.4 Coordination et partenariat ............................................................................................................................ 41
3.5 Genre ....................................................................................................................................................................... 43
3.6 Durabilité................................................................................................................................................................ 44
4. Conclusions et recommandations ............................................................................................... 47
4.1 Conclusions ........................................................................................................................................................... 47
4.2 Recommandations ............................................................................................................................................. 48
Bibliographie ......................................................................................................................................... 50
Appendices ............................................................................................................................................ 53
Appendice 1. Liste des personnes interrogées ...................................................................................................... 53
Appendice 2. Analyse de l’auto-perception de la résilience............................................................................. 56
Appendice 3. Matrice d’évaluation ............................................................................................................................. 58
Appendice 4. Théorie du changement ...................................................................................................................... 71

v
Encadrés, figures et tableaux
Encadrés
Encadré 1. Témoignage d'un bénéficiaire de semences et intrants – Mali ............................................................23
Encadré 2. Témoignage d'une bénéficiaire de petits ruminants – Mali ...................................................................26
Encadré 3. Témoignage d'une bénéficiaire de transfert monétaire en espèces – Mali .....................................28
Encadré 4. Témoignage d'une bénéficiaire du cash AGR – Mali ................................................................................29
Encadré 5. Les clubs Dimitra: des clubs d’écoute communautaires pour l’autonomisation des
femmes et des hommes ......................................................................................................................................32

Figures
Figure 1. Schéma de la théorie du changement ...............................................................................................................11
Figure 2. Bénéficiaires de kit d'élevage au Niger ..............................................................................................................25

Tableaux
Tableau 1. Principales activités et nombre de ménages ciblés par les cinq projets ...........................................10
Tableau 2. Activités pratiquées avant et après le projet au Niger .............................................................................35

vi
Remerciements
Le Bureau de l’évaluation de la FAO (OED) souhaite remercier toutes les personnes qui ont contribué à
cette évaluation.
L’équipe d’évaluation était composée d’un évaluateur chef d’équipe, M. Adama Belemviré, et de deux
experts, M. Eric Fradin responsable pour la collecte des données au Mali et au Niger et M. Séké Kouassi,
responsable pour la collecte des données au Cameroun et au Tchad.
Au niveau du Bureau de l'évaluation de la FAO, l’évaluation a été gérée par Mme Diane Abi Khalil, Sara
Holst et Amélie Solal-Céligny. L’enquête quantitative a été réalisée sous la responsabilité de l’Université
de Diffa au Niger et de l'association AMRAD au Mali.
L’évaluation a été menée avec l’assistance précieuse du personnel de la FAO au Cameroun, au Mali, au
Niger et au Tchad. Leur disponibilité, contributions et conseils ont facilité la conduite de cette évaluation.
L’évaluation a bénéficié en outre des contributions d’autres parties prenantes, dont les fonctionnaires des
pays, les organisations non gouvernementales (ONG) partenaires de mise en œuvre, le personnel d’autres
agences des Nations Unies et les bénéficiaires de l’intervention qui ont été mobilisés pour répondre aux
sollicitations de l’équipe d'évaluation. Leurs contributions ont été fondamentales pour le travail de
l’équipe et sont considérablement appréciées.

vii
Abréviations, sigles et acronymes

AGR Activités génératrices de revenus


AMRAD Association malienne de recherche-action pour le développement
ASDI Agence suédoise de coopération internationale au développement (en anglais Sida)
AVEC Activités villageoises d'épargne et de crédit
CEP Champ-école paysan
FAO Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture
ODD Objectif de développement durable
OED Bureau de l'évaluation de la FAO
ONG Organisation non gouvernementale
PDI Personne déplacée interne
PIV Périmètre irrigué villageois
PNUAD Plan-cadre des Nations Unies pour l’aide au développement
RRC Réduction des risques de catastrophes
WVI World Vision International

viii
Résumé exécutif
1. L’Agence suédoise de coopération internationale au développement (ASDI) a financé cinq projets
dans quatre pays – le Cameroun, le Mali, le Niger et le Tchad – dans le cadre de la Stratégie d'aide
humanitaire de la Suède 2017-2020 (Gouvernement de la Suède, 2017) et de la Stratégie pour la
coopération suédoise avec le Mali (Gouvernement de la Suède, 2016). Ces projets ont été mis en
œuvre par l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) de janvier
2017 à décembre 2019, à l’exception des deux projets au Mali, clôturés en décembre 2020.

2. Sur le plan de la pertinence, les interventions sont alignées sur les stratégies et programmes
nationaux, les priorités identifiées par les plans-cadres des Nations Unies pour l'aide au
développement (PNUAD, Système des Nations Unies au Cameroun, 2018, au Mali, 2015, au Niger,
2014 et 2019, et au Tchad, 2017), les plans de réponse humanitaire (Bureau des Nations Unies
pour la coordination des affaires humanitaires, 2017a, 2017b, 2017c, et 2019), les cadres de
programmation par pays de la FAO dans les pays respectifs (FAO Cameroun, 2013, FAO Mali,
2017, FAO Niger, 2013, FAO Tchad, 2017), la Stratégie ASDI pour l'aide humanitaire
(Gouvernement de la Suède, 2017) et la Stratégie ASDI au Mali 2016-2020 (Gouvernement de la
Suède, 2016). Leur conception découle d’une analyse du contexte et des besoins des bénéficiaires.
Les modalités d’intervention et les activités planifiées sont adéquates. Toutefois, les projets n’ont
pas prévu d'approche intégrée des activités (production, formation, activités génératrices de
revenus) au profit de chaque bénéficiaire, approche nécessaire pour le renforcement de la
résilience des communautés. Les interventions ont pris en compte les principes de la redevabilité,
de la sensibilité aux conflits et du nexus humanitaire-développement-paix. Les processus de
ciblage ont permis en outre d'identifier efficacement la population la plus vulnérable à considérer
pour l’appui. Certaines modalités se sont révélées toutefois peu efficaces. En particulier, les
partenaires opérationnels et techniques ne participent pas à la planification stratégique et la
qualité de l’analyse de sensibilité des interventions aux conflits a été entravée par le manque de
capacité des partenaires.

3. Sur le plan de l’efficacité, les interventions ont contribué à une augmentation de la production. La
disponibilité de légumes frais a été améliorée et les productions de contre-saison ont été
diversifiées. Les modèles de champs-écoles paysans (CEP) mis en place ont obtenu des résultats
mitigés. L’état sanitaire des animaux s’est amélioré et presque tous les bénéficiaires ont enregistré
des mises-bas, permettant la reconstitution du cheptel. Les interventions liées à la consommation
alimentaire ont contribué à une amélioration de la diversité alimentaire et des connaissances pour
une bonne ration alimentaire. Les capacités des parties prenantes ont été renforcées. Bien que le
nombre de moyens d’existence des ménages bénéficiaires ait faiblement évolué, la capacité des
communautés à faire face aux chocs a été renforcée, même si leur niveau de résilience est resté
modeste. Le soutien monétaire en espèces (cash) au profit des familles vulnérables, réalisé hors
soudure alimentaire, est apparu peu efficace. Enfin, les populations se sont appropriées l’approche
des clubs Dimitra contribuant à renforcer la cohésion sociale à travers des champs d’actions
diversifiés.

4. Sur le plan de l’efficience, la FAO s’est mobilisée pour assurer la bonne exécution des
interventions, mais les outils de suivi-évaluation n’ont pas été pleinement mis en œuvre et la
gestion adaptative des interventions a été insuffisante. Les processus internes ont contribué à
retarder la mise en œuvre des interventions. Les synergies ou complémentarités avec d'autres
interventions de la FAO existent, bien que certaines opportunités aient été manquées.

5. Une analyse genre approfondie a fait défaut dans la conception du projet; néanmoins, une forte
proportion de femmes a bénéficié des interventions, ce qui a contribué à renforcer leur accès au

ix
capital et à un rôle de premier plan dans les ménages. Les clubs Dimitra ont permis aux femmes
de renforcer leur voix au niveau communautaire, notamment au Niger.

6. Sur le plan de la durabilité, plusieurs mesures mises en place par les interventions, telles que
l’implication et la formation des partenaires locaux, l’investissement dans les biens et équipements
ou la mise en place d’actifs productifs contribuent à la pérennisation des acquis des interventions.
Cependant, l’absence de soutien à la production semencière locale, l’isolement du CEP ou le
démarrage tardif de certaines activités importantes, ne favorisent pas la pérennisation. Enfin,
malgré un financement pluriannuel pertinent, l'action de la FAO est restée circonscrite à la
réponse humanitaire. La complémentarité entre le financement humanitaire et le financement du
développement mise en place au Mali, bien que pertinente, n'a eu qu'une faible efficacité, en
raison des retards dans l’exécution des activités.

7. S'appuyant sur ces constats, l'évaluation énonce les recommandations suivantes: i) renforcer les
dispositifs internes de la FAO (tels que les procédures de contractualisation, de passation de
marché, de livraison des produits) pour une plus grande efficacité dans la mise en œuvre des
projets; ii) opérer des choix stratégiques pour la mise en œuvre des interventions sur
financements pluriannuels afin de dépasser l'aide humanitaire et contribuer à la résilience;
iii) valoriser les leçons apprises en matière de programmation et de suivi pour la formulation et la
mise en œuvre des interventions futures de la FAO; iv) renforcer l’efficacité de certains
investissements, à travers la formation et l’équipement des artisans réparateurs de moulins dans
les zones ayant bénéficié de l’appui en moulins, et finaliser les conventions de gestion négociées
et agréées avec les populations utilisant les espaces pastoraux aménagés; v) dans le cadre
d'interventions futures, soutenir la mise en place locale de groupements de producteurs
semenciers et organiser des foires aux semences comme mode de distribution aux bénéficiaires;
introduire les caisses de résilience comme approche durable de renforcement des capacités pour
accompagner les producteurs dans les différentes activités des CEP (production pluviale,
maraîchère ou élevage); vi) reconduire une nouvelle phase du projet au Mali afin de réhabiliter les
investissements réalisés et assurer l’impulsion d’un réel développement local intégré; vii) conduire
une analyse genre approfondie lors de la conception des projets afin de comprendre l’accès des
femmes aux ressources, leurs activités et les contraintes qu'elles affrontent; adapter les activités
en fonction des besoins identifiés; répliquer l’approche des clubs Dimitra, notamment au
Cameroun, au Mali et au Tchad.

x
1. Introduction
1. Le Bureau de l’évaluation de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture
(FAO) a été sollicité par la Division des urgences et de la résilience et l'Agence suédoise de
coopération internationale au développement (ASDI) pour évaluer des projets pluriannuels de
résilience financés par la Suède au Sahel. Ce rapport présente les résultats de l’évaluation finale
de cinq projets financés par l'ASDI et mis en œuvre par la FAO dans quatre pays, Cameroun, Mali,
Niger et Tchad, de janvier 2017 à décembre 2020, dans le cadre de la Stratégie d'aide humanitaire
de la Suède 2017-2020 (Gouvernement de la Suède, 2017) et de la Stratégie pour la coopération
suédoise au développement au Mali (Gouvernement de la Suède, 2016). L’évaluation, initiée en
juin 2020, est conduite par une équipe d’experts indépendants sous la coordination du Bureau de
l’évaluation de la FAO (OED). Elle tire ses principales sources de preuves de l'examen des projets
dans les cinq pays et forme une évaluation unique, n'évaluant pas chaque projet en tant qu'entité
distincte.

2. La partie qualitative de la mission d’évaluation, qui a eu lieu entre juillet et août 2020, a été
conduite par une équipe d’experts indépendants sous la coordination du Bureau de l’évaluation
de la FAO. Elle a été suivie par une enquête quantitative auprès des ménages qui s’est déroulée
entre mars et avril 2021. Les résultats de l’enquête sont intégrés dans ce rapport.

1.1 Finalité, portée et objectifs de l'évaluation


3. L’évaluation a une double finalité:

i. Elle vise d'une part à fournir des preuves indépendantes sur la pertinence, les résultats et
les performances organisationnelles et à rendre compte des principaux résultats atteints
à l'ASDI, à la FAO et aux bénéficiaires du projet.
ii. Elle vise d'autre part à tirer des leçons et les bonnes pratiques de cette expérience, qui
serviront de base à l'apprentissage et aux améliorations stratégiques, programmatiques
et opérationnelles de la FAO, de l'ASDI et des autres parties prenantes (homologues
gouvernementaux, autres organisations des Nations Unies, partenaires d'exécution,
ménages bénéficiaires, communautés, groupes et institutions au niveau local).

4. Les objectifs de l’évaluation sont multiples, à savoir:

i. analyser la pertinence du projet;


ii. apprécier l’efficacité du projet, les résultats atteints, les effets et changements générés;
iii. apprécier l’efficience du projet, l’obtention des résultats en temps opportun et l’efficacité
du système de suivi-évaluation et des mécanismes internes;
iv. analyser la coordination et le partenariat, la qualité de la collaboration, l’intégration
d’améliorations en lien avec le partenariat, la valeur ajoutée de la présence de projets
humanitaire-développement dans les mêmes zones;
v. analyser l’intégration de la dimension du genre et, de manière plus générale, les relations
et l'égalité entre les sexes dans la conception et la mise en œuvre du projet;
vi. analyser la durabilité du projet, la mise en œuvre d’une stratégie de sortie, l’appropriation
des acquis, la contribution de l’approche de financement pluriannuel et la pérennisation
des acquis sans aide extérieure.

5. L’évaluation s'articule autour de six critères d’évaluation:

i. Pertinence. Dans quelle mesure les projets étaient-ils pertinents pour répondre aux
besoins et aux priorités des pays, de la FAO, de l'ASDI et des populations ciblées?

1
Évaluation de cinq projets de la FAO financés par l’ASDI au Cameroun, au Mali, au Niger et au Tchad

ii. Efficacité. Les résultats escomptés ont-ils été atteints sur les ménages, les communautés
et les institutions et organisations locales ciblées, et des résultats inattendus (positifs et
négatifs) ont-ils été observés?
iii. Efficience. Dans quelle mesure les fonctions internes d'appui opérationnel de la FAO ont-
elles facilité l'efficacité des projets? Quels ont été les principaux défis?
iv. Coordination et partenariat. Dans quelle mesure les accords de coordination et de
partenariat dans les zones de projet et les activités de projet avec les partenaires sectoriels,
les institutions locales et les partenaires de mise en œuvre ont-ils contribué à la qualité,
l'appropriation, l'efficacité et l'efficience des interventions?
v. Intégration de la dimension genre. Les considérations d'égalité entre les sexes ont-elles
été prises en compte dans les objectifs et dans la conception du projet pour répondre aux
besoins, aux priorités et aux contraintes des femmes et des hommes, mais aussi dans
l'identification des bénéficiaires? Les relations entre les sexes et l'égalité ont-elles été ou
seront-elles affectées par les projets?
vi. Durabilité. Dans quelle mesure l'approche de financement pluriannuel de l’ASDI (et en
particulier le financement complémentaire entre humanitaire et développement au Mali)
a-t-elle contribué à accroître la durabilité des résultats et à améliorer la résilience des
populations? D'autres facteurs ont-ils contribué à la durabilité des résultats?

6. Afin de répondre à ces principales questions, ces dernières ont été décomposées et développées
dans une matrice d'évaluation1 élaborée par l’équipe de l’évaluation sous la coordination du
Bureau de l’évaluation de la FAO, pendant la phase initiale de la mission (voir appendice 3).

7. L’évaluation a porté sur toutes les activités mises en œuvre par les projets. La phase qualitative a
couvert l’ensemble des quatre pays, sur la base d’entretiens avec les parties prenantes à distance
(Mali et Niger), à distance ou en présence (Cameroun et Tchad), et de la revue documentaire.
L’enquête quantitative a, quant à elle, couvert deux pays (Mali et Niger).

8. Les principaux destinataires et utilisateurs visés par l'évaluation sont:

i. le personnel des Bureaux pays de la FAO au Cameroun, Mali, Niger et Tchad, des Bureaux
décentralisés de la FAO dans ces pays et des Divisions au Siège impliquées dans le projet
qui pourraient utiliser les résultats de l'évaluation dans la mise en œuvre d'initiatives
similaires futures au niveau national, régional ou global;
ii. les gouvernements des quatre pays et en particulier les ministères impliqués, qui pourront
utiliser les résultats de l'évaluation et les enseignements tirés dans le cadre d’autres
initiatives similaires dans le futur;
iii. l’Agence suédoise de coopération internationale au développement (ASDI) à travers sa
Division des urgences et de la résilience pour la prise de décisions sur le développement
et le financement d’autres interventions visant l’amélioration de la résilience des
communautés;
iv. les autres partenaires de mise en œuvre qui pourront intégrer les enseignements tirés de
cette expérience dans leurs propres initiatives.

1.2 Méthodologie
9. Pour répondre à la question sur la pertinence, l’équipe a conduit une revue documentaire pour
analyser l’alignement des projets sur: i) les politiques nationales pertinentes (sécurité alimentaire
et moyens d’existence, agriculture, élevage, environnement, adaptation aux changements

1 La matrice indique les sous-questions et/ou les besoins en informations pour chaque question, ainsi que la source des
informations et les méthodes de collecte de données.

2
Introduction

climatiques, protection sociale et soutien humanitaire); ii) les objectifs stratégiques de la FAO;
iii) les priorités de la FAO au niveau des pays; iv) les plans-cadres des Nations Unies pour l'aide
au développement (PNUAD) (dans le domaine du développement) (Système des Nations Unies
au Cameroun, 2018, au Mali, 2015, au Niger, 2019 et au Tchad, 2017) et/ou les plans de réponse
humanitaire (dans le domaine humanitaire) (Bureau des Nations Unies pour la coordination des
affaires humanitaires, 2017a, 2017b, 2017c et 2019), la Stratégie ASDI pour l'aide humanitaire
(Gouvernement de la Suède, 2017) et la Stratégie de la coopération suédoise au développement
avec le Mali 2016-2020 (Gouvernement de la Suède, 2016). Sur la base des échanges avec les
partenaires conduits lors de la première phase de l’évaluation, l’équipe a analysé la pertinence
des activités des projets par rapport aux besoins des bénéficiaires et au contexte et la qualité du
ciblage. Elle a en outre analysé la prise en compte des analyses de protection et sensibilité aux
conflits et le respect des principes humanitaires, reconstruit la théorie du changement de
l’intervention. Enfin, une analyse du nexus humanitaire-développement-paix dans la mise en
œuvre du projet a été réalisée2.

10. Pour répondre à la question sur l’efficacité, l’équipe d’évaluation s’est appuyée principalement
sur des entretiens avec les informateurs clés. L’évaluation a adopté une approche qualitative tout
en assurant la consultation d’un nombre suffisamment représentatif de partenaires. L’échantillon
a donné une bonne représentativité des différentes typologies d’intervention (distribution
d'intrants et de semences, distribution de petits ruminants et de kits d’élevage, activités
génératrices de revenus, éducation nutritionnelle, transferts monétaires en espèces, champs-
écoles paysans (CEP), associations villageoises d'épargne et de crédit, clubs Dimitra, etc.). L’équipe
d’évaluation a développé et testé des guides d’entretien pour animer les rencontres.

11. Certaines activités des projets ont été identifiées pour faire l’objet d’une enquête auprès des
ménages, à savoir i) la distribution d'intrants et de semences; ii) la distribution de petits ruminants
et de kits d’élevage; iii) les activités génératrices de revenus; iv) l'éducation nutritionnelle; v) les
transferts monétaires en espèces; vi) les CEP; vii) les associations villageoises d'épargne et de
crédit (AVEC); viii) les clubs Dimitra. Cette enquête auprès des ménages intègre le questionnaire
sur l’auto-perception de la résilience. La collecte des données quantitatives a été effectuée sous
la responsabilité de structures contractualisées localement par la FAO au Mali (AMRAD,
Association malienne de recherche-action pour le développement) et au Niger (Université de
Diffa). Au Niger, l’enquête a porté sur un échantillon de trois communes (Goudoumaria, Maïné-
Soroa, Chétimari), 17 villages, comprenant un total de 504 bénéficiaires dont 110 d’aliment bétail,
100 de cash AGR (activités génératrices de revenus), 98 de kits caprins, 63 de nutrition, 44 de
semences maraîchères et 89 de semences pluviales. Au Mali, elle a porté sur un échantillon de
deux communes (Alafia et Tombouctou) dans le cercle de Tombouctou, six villages comprenant
au total 360 bénéficiaires dont: 66 des activités de distribution d'intrants et de semences; 78 de
distribution de petits ruminants; 68 de restauration des terres; 76 de cash AGR; 72 d’éducation
nutritionnelle. Des groupes de discussion avec des groupes hétérogènes et homogènes de
bénéficiaires ont été également animés dans les mêmes localités. Au total, neuf groupes de
discussion mixtes (hommes, femmes, jeunes) ont été conduits avec les bénéficiaires des
différentes activités, dans neuf villages de trois communes au Niger et 14 groupes de discussion
mixtes dans six villages de deux communes au Mali. Les données ont permis d’évaluer le niveau

2L’analyse du nexus humanitaire-développement s'est appuyée sur une revue des types d’activités soutenues (urgence,
développement), de la séquence des activités et du passage de l’urgence au relèvement, réalisée à travers la revue
documentaire et les entretiens avec les parties prenantes.

3
Évaluation de cinq projets de la FAO financés par l’ASDI au Cameroun, au Mali, au Niger et au Tchad

de résilience des bénéficiaires et de mesurer la contribution du projet à l'impact. Les principaux


résultats de l’enquête ont été intégrés directement dans le présent rapport3.

12. Pour analyser l’efficience et la coordination/partenariat, l’équipe de l’évaluation a discuté


avec les partenaires opérationnels et techniques (Bureau pays de la FAO, organisations non
gouvernementales (ONG) partenaires de mise en œuvre, ministères concernés et services
décentralisés) pour échanger sur la qualité de la collaboration et identifier les points forts et les
aspects à améliorer. L’évaluation s’est penchée plu particulièrement sur les mécanismes internes
de la FAO et sur leur contribution à la réussite des interventions. Pour ce faire, l’équipe a échangé
avec le personnel FAO au niveau des pays (programme, achats, ressources humaines), la Division
de la résilience au Siège et le Bureau régional puis vérifié lors des rencontres avec les partenaires,
l’efficacité de ces mécanismes. En outre, l’équipe s’est entretenue avec l’ambassade de Suède et
la Division résilience au Siège au sujet des améliorations introduites grâce aux apprentissages
tirés des autres projets ASDI, des orientations du donateur, de la qualité de la collaboration entre
la FAO et les autres projets, de la valeur ajoutée du modèle de financement pluriannuel, de la
pertinence, de l’efficacité et de la complémentarité entre le financement humanitaire et celui du
développement au Mali.

13. Pour analyser la question d’intégration de la dimension de genre, l’équipe de l’évaluation a


conduit une revue documentaire qui a permis, entre autres, d’apprécier comment la dimension
de genre a été prise en compte dans les objectifs et la conception du projet pour répondre aux
besoins, aux priorités et aux contraintes des femmes et des hommes, mais aussi les dispositifs mis
en place pour accentuer la priorité donnée aux problématiques de genre dans l’identification des
bénéficiaires. De plus, l’équipe d’évaluation a échangé sur ce sujet avec le personnel de la FAO,
les partenaires de mise en œuvre et les services techniques. Une attention particulière a été
accordée à la consultation des femmes lors de l’enquête auprès des ménages de la deuxième
phase. La politique de la FAO sur l’égalité des sexes (FAO, 2021) a constitué une référence
importante pour l’évaluation, de même que les directives développées par l'OED sur l'évaluation
de l'intégration de la dimension de genre dans les interventions de la FAO (FAO, 2017a).

14. Pour répondre à la question sur la durabilité, l’équipe d’évaluation s’est appuyée
principalement sur des entretiens avec les informateurs clés parmi le personnel de la FAO, les
services techniques et les ONG partenaires de mise en œuvre pour analyser le développement
par les projets d’une stratégie de sortie et la durabilité des résultats. La Division de la résilience
FAO et l’ambassade de Suède ont été également consultées pour analyser la contribution du
financement pluriannuel à l’accroissement de la durabilité des résultats.

15. L’évaluation a appliqué les normes et règles d'évaluation du Groupe des Nations Unies pour
l’évaluation (GNUE, 2016) ainsi que ses directives éthiques (GNUE, 2008), permettant de protéger
la vie privée, la confidentialité et l'anonymat des participants. Elle s’est conformée également au
manuel, aux procédures et lignes directrices méthodologiques de l’OED. Elle a adopté une
approche collaborative et transparente à l’égard des parties prenantes internes et externes durant
tout le processus d’évaluation. La triangulation des preuves et des informations recueillies, ainsi
que les séances de retours d'observations en fin de mission ont permis d’étayer la validation et
l’analyse tout en confortant les conclusions et les recommandations.

16. Compte tenu du contexte sécuritaire et sanitaire, et de la difficulté d’accès aux zones
d’intervention pour la collecte directe des données, l’évaluation a opté pour la collecte des
informations en ligne directement au niveau des capitales ou chefs-lieux de régions selon les cas.

3 Les rapports d’enquête sont disponibles et peuvent être consultés si besoin.

4
Introduction

La phase qualitative de l’évaluation a donc été consacrée aux investigations auprès des
partenaires par téléphone ou entretien par Skype ou Zoom dans chaque pays, en tenant compte
des informations sécuritaires et sanitaires. Au Cameroun, certaines données supplémentaires ont
pu être collectées auprès de quelques bénéficiaires directs par téléphone.

1.3 Limites
17. La mission a relevé quelques difficultés qui pourraient être considérées comme des limites pour
cette évaluation, en particulier:

i. L’essentiel des entretiens de cette phase avec les partenaires étant assuré par téléphone,
Skype ou Zoom, la faible qualité des réseaux téléphoniques et des connexions à l’internet
a représenté une difficulté majeure. En effet, pour des entretiens qui auraient nécessité
deux heures en présentiel, certains échanges ont dû se dérouler sur plusieurs jours du fait
de la faible qualité et des interruptions du réseau.
ii. La faible réactivité de certains partenaires aux courriels envoyés pour prendre les rendez-
vous a posé problème. Plusieurs courriels de l’équipe d’évaluation sont restés sans suite
(partenaires ne consultant pas régulièrement leurs courriels ou très sollicités) contribuant
ainsi à prolonger la phase de collecte des données.
iii. Compte tenu des restrictions liées au contexte de la pandémie de covid-19, il n’a pas été
possible d’effectuer des voyages dans les zones d’interventions afin de rencontrer les
principales parties prenantes et de valider les résultats rapportés; cette situation pourrait
engendrer une moindre fiabilité des résultats et un biais dans les données collectées à
distance par téléphone.
iv. La mise en œuvre d'autres interventions par la FAO n’a pas facilité le recueil des
informations spécifiques à ces projets auprès des bénéficiaires, qui avaient tendance à se
confondre entre les différents projets. L'équipe a donc dû veiller à réorienter les
bénéficiaires de manière à ce qu'ils ne rapportent que les informations spécifiques à ces
projets.
v. Certains des bénéficiaires ont eu du mal à faire appel à leurs souvenirs compte tenu d'une
période d’observation relativement longue (depuis 2017), ce qui a rendu assez difficile le
recueil des informations. De ce fait, l'équipe a dû recourir à des faits récents et importants
qui se sont produits dans la région (inondations de 2017 et 2019, attaques par la secte de
Boko Haram en 2018 ou explosion de bombes au grand marché de Maroua 2017) en guise
de repères afin de minimiser les marges d’erreurs dans les informations rapportées.
vi. Enfin le processus de contractualisation avec l’Université de Diffa et l’ONG AMRAD a été
particulièrement long au regard des procédures de la FAO, ce qui a allongé la durée de
l’étude.

1.4 Structure du rapport


18. Le rapport de l’évaluation est structuré comme suit:

i. La section 1 donne une vue d’ensemble du sujet d’évaluation incluant la finalité, les
destinataires visés, la portée, les objectifs, la méthodologie et les limites de l’évaluation.
ii. La section 2 présente l’historique et le contexte du projet.
iii. La section 3 expose les résultats de l’évaluation organisés autour des questions
d'évaluation relatives aux critères de: i) pertinence; ii) efficacité; iii) efficience;
iv) coordination et partenariat; v) intégration de la dimension genre; et vi) durabilité.
iv. La section 4 énonce les principales conclusions et recommandations.

5
2. Historique et contexte de l’intervention
2.1 Contexte de l’intervention
19. En 2016, le Département des urgences et de la réhabilitation de la FAO a réalisé une étude sur les
enseignements tirés de l'accord de contribution de l'ASDI 2014-2016 (FAO et ASDI, 2016), visant
à orienter le cycle de programmation 2017-2019. Les principales conclusions de cette étude
étaient les suivantes:

i. L'accord de contribution triennal 2014-2016 entre l'ASDI et la FAO a été un mécanisme de


financement innovant qui répond clairement aux besoins humanitaires, en particulier dans
des contextes de crise prolongée. Il est particulièrement recommandé pour soutenir les
moyens de subsistance agricoles des ménages vulnérables qui doivent être construits au
fil du temps, conformément au calendrier agricole.
ii. L'établissement d'informations de référence au début de la mise en œuvre du projet
permettrait d'évaluer et de documenter correctement les résultats factuels afin d'indiquer
clairement les impacts des projets dans le processus de renforcement de la résilience des
communautés vulnérables.
iii. Aucune stratégie spécifique n'avait été définie dans cet accord. Ce manque d'orientation
signifie que l'implication de différents pays dans cet accord n'a pas été pleinement
exploitée (manque de partage d'expériences ou de mise en commun des ressources). Le
nombre de pays ciblés pourrait également être réduit et il serait opportun de capitaliser
sur les initiatives durables et à impact positif.
iv. Les femmes bénéficiaires des interventions occupaient rarement des postes de direction
dans les pays visités. Des efforts considérables doivent encore être consentis pour que la
FAO intègre encore davantage la dimension de genre, d'autant plus que l'ASDI y porte
une attention particulière.

20. L’étude a formulé les principales recommandations suivantes:

i. encourager les projets pluriannuels dans des contextes de crise prolongée pour réduire la
vulnérabilité et les besoins humanitaires à long terme et de manière durable;
ii. soutenir la flexibilité et la réactivité du financement humanitaire pour garantir que les
besoins soient couverts le plus tôt possible et ainsi réduits au minimum;
iii. définir les orientations stratégiques de l'accord pour assurer la cohérence entre les projets;
iv. établir, dans la mesure du possible, une continuité avec les projets de l'accord précédent,
en s'appuyant sur l'expérience opérationnelle et en renforçant les meilleures initiatives;
v. intensifier les efforts de la FAO en matière d'intégration de la dimension de genre dans
les projets financés par l'ASDI;
vi. augmenter le montant du financement humanitaire accordé par l’ASDI à la FAO pour
garantir l'exécution de son mandat, ce qui est particulièrement pertinent dans les
contextes de crise chronique; anticiper et, dans la mesure du possible, réduire les retards
lors de la conception du programme et des premières phases de décaissement, afin de
garantir que les réponses soient effectivement alignées sur le calendrier agricole.

21. Donnant suite à ces recommandations, cinq projets ont été élaborés et mis en œuvre dans le
cadre de la Stratégie d'aide humanitaire de la Suède, 2017-2020 (Gouvernement de la Suède,
2017) et de la Stratégie de la Suède au Mali (Gouvernement de la Suède, 2016). Ils devaient
contribuer à: i) une réponse humanitaire basée sur les besoins, rapide et efficace; ii) une protection
accrue des personnes touchées par les crises, avec un respect accru du droit international
humanitaire et des principes humanitaires; iii) une influence accrue pour les personnes touchées

7
Évaluation de cinq projets de la FAO financés par l’ASDI au Cameroun, au Mali, au Niger et au Tchad

par les crises; iv) une capacité et une efficacité accrues du système humanitaire. L'égalité des
sexes, la sensibilité aux conflits et la résilience devaient être intégrées dans tous les projets
élaborés dans le cadre de la ladite stratégie.

2.2 Description des cinq projets mis en œuvre


22. Au Cameroun, l'insurrection de Boko Haram dans la région de l'extrême nord a entraîné une
détérioration de la situation de la sécurité alimentaire. Le projet «Strengthening the resilience of
food insecure IDPs, returnees and host communities in Cameroon» vise à renforcer la résilience des
personnes déplacées à l'intérieur du pays, des rapatriés et des communautés d'accueil dans les
districts souffrant d'une grave insécurité alimentaire. Les districts (ou arrondissements) ciblés par
le projet sont Fotokol, Kousseri, Makari, Mora et Koza (tous situés dans l'extrême nord) qui, selon
une étude de l'Organisation Internationale de la Migration de mars 2017, ont accueilli le plus
grand nombre de personnes déplacées internes (PDI). Le projet a été mis en œuvre sur une
période de trois ans et visait trois résultats attendus: i) Résultat 1: amélioration des semences de
maïs, de sorgho et de niébé, des engrais et des pulvérisateurs pour les PDI vulnérables, les
rapatriés et les ménages hôtes; ii) Résultat 2: formation pratique par le biais des CEP offerte aux
groupes d'agriculteurs; iii) Résultat 3: transfert monétaire inconditionnel accordé aux bénéficiaires
(année 3 uniquement). Ce dernier résultat n'a pas été mis en œuvre en raison d'une décision du
gouvernement du Cameroun de ne pas autoriser la distribution inconditionnelle de cash dans le
pays.

23. Au Niger, le projet «Emergency assistance to refugees/returnees and IDP victims of Boko Haram
crisis and resilience building in Niger» est mis en œuvre dans la région de Diffa, qui est gravement
touchée par les variations climatiques récurrentes et où l'insurrection de Boko Haram a provoqué
la fuite de centaines de milliers de réfugiés et rapatriés du Nigéria vers la région. Le projet a été
mis en œuvre sur une période de trois ans et repose sur trois résultats attendus: i) Résultat 1: la
capacité de production des ménages vulnérables et des familles d'accueil est renforcée pour une
meilleure nutrition; ii) Résultat 2: amélioration des opportunités de revenus pour les
réfugiés/rapatriés et les déplacés internes afin d'améliorer la diversification de la consommation
alimentaire; iii) Résultat 3: responsabilisation et communication renforcées.

24. Au Tchad, le projet «Support to agropastoral households affected by the Lake Chad crisis in Chad»
est mis en œuvre dans la région du lac Tchad (limitrophe du Niger, du Nigéria et du Cameroun),
qui est l'une des zones les plus vulnérables du pays en termes socio-économiques. L'insécurité, la
menace de Boko Haram, la fermeture de la frontière libyenne et les mouvements de population
affectent négativement l'économie locale, qui souffrait déjà d'isolement, de fragilité climatique et
environnementale et de pression démographique. Le projet cible les ménages agro-pastoraux en
situation d'insécurité alimentaire ayant un déficit nutritionnel, les ménages pauvres avec une
faible production agricole récurrente, les ménages avec enfants mal nourris et les ménages
touchés par la crise de la région du lac (rapatriés, PDI et ménages des communautés d'accueil). Il
a été exécuté sur deux ans et les résultats suivants étaient attendus: i) Résultat 1: renforcer les
mécanismes de diversification, de transformation et de conservation des produits agricoles;
ii) Résultat 2: faciliter l'autonomisation des groupes de femmes grâce aux systèmes d'épargne et
de crédit; iii) Résultat 3: soutenir la recapitalisation des ménages grâce à la distribution de petits
ruminants; iv) Résultat 4: diversifier les sources de revenus des ménages grâce à des activités
génératrices de revenus; v) Résultat 5: renforcement des capacités des communautés en matière
de réduction de risques de catastrophes (RRC).

25. Au Mali, le nord du pays est confronté depuis 2012 à une crise sécuritaire persistante qui affecte
les moyens de subsistance des ménages, déjà affaiblis par les conséquences du changement

8
Historique et contexte de l’intervention

climatique. Deux projets financés par l’ASDI ont tous deux été mis en œuvre sur une période de
deux ans et demi.

26. Le projet «Strengthening the resilience of vulnerable agro-pastoralists' households affected by


security crisis in Mali» (OSRO/MLI/701/SWE) qui compte trois résultats i) Résultat 1: les ménages
acquièrent les biens et services nécessaires pour reconstruire leur production de capital;
ii) Résultat 2: des hectares de pâturages ont été restaurés et régénérés grâce à des activités
«argent contre travail» et de «nourriture contre travail»; iii) Résultat 3: des unités de production
ont été mises en place et améliorées.

27. Le deuxième projet, intitulé «Renforcement de la résilience des populations vulnérables à la


vulnérabilité climatique» (OSRO/MLI/804/SWE), a été mis en œuvre dans les régions de Mopti,
Gao et Tombouctou et visait à compléter l'assistance d'urgence fournie par les acteurs
humanitaires (y compris dans le cadre du premier projet mentionné OSRO/MLI/701/SWE) qui
consistait principalement en distribution d’intrants et en formation. Les bénéficiaires visés étaient
les mêmes ménages et devaient recevoir, à travers ce nouveau projet, davantage d'interventions
de développement (réhabilitation, restauration, AGR, etc.) afin de renforcer durablement la
résilience de la population. Ce projet et son évaluation devraient contribuer à la documentation
disponible sur les effets et impacts des interventions intégrant des aspects humanitaires et de
développement. Les trois résultats attendus du projet étaient: i) Résultat 1: les ménages ont des
capacités améliorées pour faire face à la variabilité climatique; ii) Résultat 2: augmentation des
revenus des ménages vulnérables, en particulier ceux dirigés par des femmes; iii) Résultat 3: la
nutrition et la protection sociale des communautés bénéficiaires sont améliorées.

2.3 Théorie du changement


28. Chacun des cinq projets avait un objectif spécifique déterminé par le contexte et les priorités du
pays, mais les projets présentaient également des caractéristiques et des objectifs communs.

29. L'objectif général des projets était d'améliorer la sécurité alimentaire et nutritionnelle et de
renforcer la résilience des ménages vulnérables grâce à la protection et à la réhabilitation des
moyens de subsistance dans un contexte d'urgence (crise du bassin du lac Tchad, déplacements
et chocs climatiques).

30. Le tableau 1 présente les principales activités et le nombre de ménages ciblés dans les cinq
projets.

9
Évaluation de cinq projets de la FAO financés par l’ASDI au Cameroun, au Mali, au Niger et au Tchad

Tableau 1. Principales activités et nombre de ménages ciblés par les cinq projets

Principales activités des interventions CHD/701 CMR/701 MLI/701 MLI/804 NER/701

Distribution d'intrants et de semences X X X X

Systèmes d'épargne et de crédit X

Distribution de petits ruminants X X

Distribution de kits d'élevage X

Unités de production animale X

Activités génératrices de revenus X X

Champ-école paysan X X

Renforcement des capacités en


X
gestion/réduction des risques de catastrophes

Argent contre Travail X X X

Éducation nutritionnelle X X

Restauration des terres X X

Clubs Dimitra X

Nombre de ménages ciblés 10 000 9 000 6 300 4 000 35 400

31. En général, la logique de l’intervention est réaliste au niveau de la conception et les activités
proposées sont pertinentes afin d’obtenir les résultats prévus. L’objectif des interventions est
d’améliorer la sécurité alimentaire et nutritionnelle et de renforcer la résilience des ménages
vulnérables grâce à la protection et à la réhabilitation des moyens de subsistance dans un
contexte d'urgence. La théorie du changement (voir figure 1) a formulé six hypothèses qui se
complètent mutuellement pour contribuer à l’atteinte de cet objectif.

10
Historique et contexte de l’intervention

Figure 1. Schéma de la théorie du changement

I
M
P
Améliorer la sécurité alimentaire et nutritionnelle et renforcer la résilience des
ménages vulnérables grâce à la protection et à la réhabilitation des moyens de
A
subsistance dans un contexte d'urgence
C
T
S

E Les ménages Les populations Les bonnes Les pratiques Les Les parte-
bénéficiaires ont bénéficiaires ont pratiques nutritionnelles communautés naires locaux
F augmenté leurs conservé leurs agricoles des ménages s’organisent et assurent la
F productions moyens sont vulnérables mettent elles- continuité de
alimentaires d’existence et ont promues et sont mêmes des l’appui et ac-
E (effet 1) augmenté leurs les conflits améliorées actions en œuvre compagne-
T revenus (effet 2) sont réduits
(effet 3)
(effet 4) pour soutenir les ment des bé-
néficiaires.
priorités RRC
S (effet 5) (effet 6)

P1: Les P1: La P1: Les


P
P1: La capacité P1: Les ménages P1: Les
de production ont augmenté bonnes promotion de communautés ont capacités des
R céréalière et leurs revenus pratiques régimes une meilleure partenaires
maraîchère des agricoles alimentaires locaux sont
O ménages est P2: Les moyens sont promues sains et
compréhension
des risques de renforcées
D reconstituée d'existence des équilibrés à catastrophes
ménages sont P2: Les travers
U P2: Le cheptel restaurés conflits sont l'éducation P2: Les
I des ménages réduits nutritionnelle communautés
vulnérables est
T
s'organisent pour
reconstitué mettre elles-
S mêmes en œuvre
des actions

Activités: Activités: Activités: Activités: Activités: Activités:

P1: 1) Mise à P1: 1)


A
P1:1) P1:1) P1:1) P1:1) Formations
disposition de Distribution de Animation des Formations sur et sensibilisations Formation des
C semences cash/AGR; champs-écoles les bonnes sur la protection partenaires
(pluviales et 2) Mise en place pratiques de locaux
T
paysans
maraîchères) et d’associations nutritionnelles; l'environnement (services
I d’intrants de d’épargne et de P2: 2) Démonstra- et la gestion des techniques,
qualité; crédit; tions culinaires; risques et des organisations
V 2) Formation sur 3) Mise en place
1) Promotion
des clubs 3) Distribution catastrophes partenaires de
I les techniques de de kits élevage; Dimitra de chèvres au mise en œuvre,
production 4) Unités de profit des etc.);
T
P2:1) Élaboration
agricole production femmes participative de 2) Association
É P2:
animale plans d’action de ces
partenaires à la
S
RRC;
1) Distribution de P2: 2) Mise en place mise en œuvre
petits ruminants; 1) Récupération des comités de des
2) Formation et et restauration protection et de interventions
soins vétérinaires des terres gestion des
risques

11
3. Principaux constats
3.1 Pertinence
Constatation 1. Les interventions sont cohérentes avec les stratégies et programmes nationaux, les
priorités identifiées par le PNUAD et le plan de réponse humanitaire dans les différents pays, les cadres
de programmation par pays de la FAO, l’objectif stratégique 5 de la FAO «amélioration de la résilience»,
les initiatives régionales de la FAO, la Stratégie ASDI pour l'aide humanitaire et la Stratégie de la
coopération suédoise au développement avec le Mali 2016-2020.

32. Au Mali, les deux projets font partie du plan de réponse humanitaire du Mali entre 2017 et 2019
qui s'inscrit dans le premier objectif du Pôle sécurité alimentaire notamment, «Fournir aux
personnes en situation d’urgence une assistance coordonnée et intégrée nécessaire à leur
survie» et poursuit également le deuxième objectif du pôle «Soutenir les populations vulnérables
à l’insécurité alimentaire et nutritionnelle afin de mieux faire face aux chocs agro-climatiques et
sécuritaires en renforçant leurs moyens de subsistance». Ils contribuent aux plans nationaux de
réponse (PNR) 2017, 2018 et 2019 dirigés par le Commissariat à la sécurité alimentaire
(République du Mali, 2017, 2018, 2019a), qui ciblent une population en situation de crise
alimentaire en soulignant les actions conjointes entreprises par le Gouvernement malien et ses
partenaires. Les deux projets s’inscrivent pleinement dans les priorités de développement
économique et social du Mali définies par le Cadre stratégique pour la relance économique et le
développement durable du Mali (CREDD) (République du Mali, 2016), dans la perspective
d’atteindre les Objectifs de développement durable (ODD), dont l’ODD 2 Faim Zéro «Éliminer la
faim, assurer la sécurité alimentaire, améliorer la nutrition et promouvoir l'agriculture durable» du
Mali d’ici 2030. Ils sont cohérents avec la Politique nationale de sécurité alimentaire et
nutritionnelle (République du Mali, 2019b) et avec les «Priorités résilience pays» du Mali 2015-
2019 (République du Mali et Alliance globale pour l'initiative résilience, 2015).

33. Au Niger, le projet est cohérent avec le Plan de développement économique et social (PDES)
2017/2021 (République du Niger, 2017). L’axe 3 de ce plan, «accélération de la croissance
économique», se décline en trois programmes, dont le second «la sécurité alimentaire et le
développement agricole durables» correspond à la Stratégie de l’Initiative 3N «les Nigériens
nourrissent les Nigériens», déclinaison de la stratégie «Faim Zéro» pour le Niger. Le projet, en
participant au renforcement de la capacité de production des ménages vulnérables et des familles
d'accueil et à l’amélioration des opportunités de revenus pour les réfugiés/rapatriés et déplacés
internes afin d'améliorer la diversification de la consommation alimentaire est parfaitement aligné
sur l’axe 6 de la stratégie Faim Zéro «Renforcement de la résilience à l’insécurité alimentaire des
plus vulnérables face aux chocs et crises».

34. Au Tchad, le projet est axé sur l’insécurité alimentaire des ménages et cible les ménages agro-
pastoraux en situation d'insécurité alimentaire ayant un déficit nutritionnel, les ménages pauvres
avec une faible production agricole récurrente, les ménages avec enfants mal nourris et les
ménages touchés par la crise de la région du Lac (rapatriés, PDI et ménages des communautés
d'accueil) pour le renforcement de leur résilience. Il est ainsi aligné sur la politique de
développement et de sécurité alimentaire et nutritionnelle, à travers: i) le Plan quinquennal de
développement 2016-2020 (République du Tchad, 2016); ii) le Plan national d’investissement du
secteur rural (PNISR 2016-2022) (République du Tchad et NEPAD, 2016); iii) la Politique nationale
de nutrition et d’alimentation (PNNA 2014-2025) (République du Tchad et UNICEF, 2013).

35. Au Cameroun, le projet est aligné sur la stratégie de croissance et emploi (République du
Cameroun, 2009) du pays dont l’objectif est de réduire la pauvreté à un niveau socialement

13
Évaluation de cinq projets de la FAO financés par l’ASDI au Cameroun, au Mali, au Niger et au Tchad

acceptable entre 2010 et 2020. En effet, il vise le renforcement de la résilience des communautés
dans les zones souffrant d’une grave crise alimentaire, à travers l’amélioration de l’accès aux
intrants pour les PDI vulnérables, rapatriés et ménages hôtes et la formation pratique par le biais
des CEP offerte aux groupes d'agriculteurs. Cette stratégie repose sur trois piliers: i) la stratégie
de croissance; ii) la stratégie de l’emploi; iii) la gouvernance et la gestion stratégique de l’État. Le
développement du secteur agricole est identifié comme l'une des principales sources de
croissance économique (d'après le PNIA, République du Cameroun et NEPAD, 2014) et une niche
importante d’emplois. Cette vision s'appuie sur la Stratégie de développement du secteur rural
(SDSR) (République du Cameroun, 2016) qui avait été développée en 2005, puis révisée en 2015
(pour la période 2015-2020) et sur un plan opérationnel (le Plan national d’investissement agricole
ou PNIA, République du Cameroun et NEPAD, 2014).

36. Les interventions soutenues par la FAO ont répondu aux plans de réponse humanitaires annuels
pour prendre en charge les crises qui sévissent dans les zones d’intervention depuis plusieurs
années. Elles ont plus particulièrement répondu aux besoins en sécurité alimentaire identifiés sous
la houlette des clusters de sécurité alimentaire et des groupes techniques de sécurité alimentaire
avec pour objectif de protéger les moyens d’existence des populations affectées par la crise et
leur permettre de résister aux chocs à travers une assistance d’urgence coordonnée. Cette
assistance vise également à poser des bases solides pour le relèvement précoce et la résilience
des populations affectées prioritairement par le conflit régional qui sévit dans le bassin du lac
Tchad et par d'autres chocs (inondations, crises alimentaires)4.

37. En ce qui concerne le projet 804 au Mali axé davantage sur une dynamique à moyen terme,
l’intervention est cohérente avec l’effet 5 de le PNUAD, signée entre le Gouvernement du Mali et
les agences du Système des Nations Unies (Système des Nations Unies au Mali, 2015): «Les
populations défavorisées particulièrement les femmes et les jeunes, bénéficient de capacités et
d’opportunités productives accrues, dans un environnement sain et durable, favorable à la
réduction de la pauvreté».

38. Les Cadres de programmation pays du Cameroun, du Mali, du Niger et du Tchad (FAO Cameroun,
2013, FAO Mali, 2017, FAO Niger, 2013 et FAO Tchad, 2017) établissent différents domaines
prioritaires de développement des pays pour guider le partenariat avec la FAO et l’appui fourni.
Les projets sont parfaitement cohérents avec les domaines prioritaires identifiés: la valorisation et
la gestion durable des ressources naturelles; le renforcement de la résilience des groupes
vulnérables à l’insécurité alimentaire et nutritionnelle face au changement climatique, aux crises
et catastrophes; le renforcement de la résilience et de la protection sociale des populations
vulnérables à l’insécurité alimentaire et nutritionnelle; l’intensification durable, la diversification
de la production et le développement des chaînes de valeurs agro-sylvo-pastorales et
halieutiques.

39. Les objectifs et orientations institutionnels de la FAO trouvent aussi leur matérialisation à travers
ces projets, notamment l’objectif stratégique 5 de la FAO qui exhorte toutes les actions de la FAO
à augmenter la résilience des moyens d’existence des populations face aux menaces et aux crises.
En outre, les projets s'intègrent parfaitement aux deux initiatives régionales majeures de la FAO,
à savoir l'initiative «Engagement pris par l’Afrique d’éradiquer la faim d’ici à 2025» (FAO, 2016a)

4 Les grands axes prioritaires des groupes de travail sont de faciliter le consensus sur les priorités et créer des synergies de
réponses; générer des informations et des preuves afin d’enrichir la qualité de la réponse alimentaire et s’assurer de la prise
en compte des aspects de protection, de redevabilité et de genre dans la mise en œuvre de la réponse.

14
Principaux constats

(désormais 2030) correspondant à l’ODD 2, et l'initiative «Renforcer la capacité d'adaptation dans


les zones arides d’Afrique» (FAO, 2016b)5.

40. Les interventions sont parfaitement alignées sur la Stratégie de l’ASDI pour l'aide humanitaire
(Gouvernement de la Suède, 2017). En effet, l’ASDI dispose d’un portefeuille humanitaire et le
financement pluriannuel humanitaire qui a permis d’ouvrir davantage la voie à des financements
axés sur le développement à destination du nord du Mali par exemple alors que les efforts de
développement étaient auparavant principalement dirigés vers le sud. L’accent mis sur la
protection et les besoins des rapatriés ainsi que sur la nécessité de viser systématiquement la
protection de l’enfance et d’impliquer les acteurs locaux a été une priorité absolue. Dans les pays
du Sahel, les crises se succèdent sur fond d’insécurité alimentaire chronique. Les interventions de
développement visant à freiner la tendance négative des besoins en aide alimentaire toujours
croissante ne parviennent pas à juguler ces crises. Avec l’augmentation des effets de la crise
nigériane au Niger, les ressources sont par exemple mobilisées pour répondre à la crise de Diffa
après celles des réfugiés maliens. L’ASDI a mis l’accent sur des solutions durables et des stratégies
de sortie dans la crise des réfugiés et des personnes déplacées, dans un contexte où le
financement humanitaire n’augmente pas ou reste faible malgré l’augmentation des besoins.
L’objectif de ces dernières années pour l’ASDI a été de répondre aux besoins immédiats
engendrés par les crises au Cameroun, au Mali, au Niger et au Tchad. Les interventions en sécurité
alimentaire se sont concentrées sur la malnutrition infantile et les initiatives de résilience avec un
fort degré d’apprentissage. Des approches pilotes innovantes spécifiques à ces contextes sont
continuellement soutenues alors que la coordination et l’accès continuent d’être une priorité.

41. Le Mali est un pays prioritaire pour les interventions de renforcement de la résilience pour l’ASDI.
Les interventions sont alignées sur la Stratégie de la coopération suédoise au développement
avec le Mali 2016-2020 (Gouvernement de la Suède, 2017) fondée sur trois piliers: i) le
renforcement de la démocratie et de l’égalité des genres et un respect accru des droits de
l’homme; ii) la protection et la sécurité des personnes et des biens et l’élimination des violences;
iii) l’amélioration de l’environnement, la réduction de l’impact climatique et le renforcement de la
résilience à l’impact environnemental, aux changements climatiques et aux catastrophes
naturelles. Le projet 701 ne s'inscrit pas directement dans cette stratégie mais vise tout de même
le renforcement de la résilience des populations vulnérables dans les régions les plus impactées
par le changement climatique et la dégradation de l’environnement. Le projet 804 répond au
troisième pilier. De plus, le ciblage en direction des femmes chefs de ménages et la tentative de
travailler sur l’analyse des conflits sont en partie reconductibles aux piliers 1 et 2. Par ailleurs, les
interventions sont également alignées sur le plan de travail développé par l’ambassade de Suède
à Bamako, basée sur la Stratégie de la coopération suédoise et caractérisée par une plus grande
intégration de la résilience dans le portefeuille et la manière d’assurer des liens étroits entre les
interventions humanitaires et les interventions de développement.

Constatation 2. Les projets sont issus d’une analyse du contexte et des besoins des bénéficiaires qui a
impliqué les parties prenantes à différents niveaux. Les interventions sont pertinentes et permettent de
renforcer les moyens de subsistance, la résilience et la protection des bénéficiaires. Cependant, certaines
modalités se sont révélées peu efficaces et les partenaires opérationnels et techniques interviennent dans
le cadre d'une relation contractuelle qui ne favorise pas la planification stratégique.

5Cette initiative se concentre sur: i) l’amélioration des systèmes d’information et d’alerte sur les menaces; ainsi que l’analyse
et la mesure de la résilience, par exemple au Burkina Faso, au Kenya, au Mali, au Niger, en Ouganda, au Sénégal, en Somalie
et au Tchad; ii) la promotion des systèmes et approches en matière de protection sociale dans le secteur de l’agriculture
dans les pays cibles du Sahel comme le Burkina Faso, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Tchad.

15
Évaluation de cinq projets de la FAO financés par l’ASDI au Cameroun, au Mali, au Niger et au Tchad

42. Les projets évalués sont basés sur une bonne compréhension du contexte rendue possible par:
i) la collaboration de la FAO avec les services techniques qui assurent une remontée des données
directes de terrain, ces derniers assurant l’encadrement et le suivi des communautés bénéficiaires,
et donc connaissant bien leurs contraintes; ii) la mise à disposition de résultats d’études sur les
localités d’intervention menées par des institutions partenaires à la FAO; iii) la participation des
parties prenantes aux rencontres sur le projet organisées par la FAO, permettant de prendre en
compte leurs suggestions; iv) les rapports des organisations partenaires de mise en œuvre sur
différents projets mis en œuvre par la FAO dans les localités.

43. Bien que les projets impliquent les acteurs à différents niveaux, il n’existe pas de mécanismes
directs de participation des communautés dans la conception des interventions en tant que telle,
à l’exception du Cameroun et du Niger, où les communautés participent à l’orientation du projet.
Au Cameroun, au début de chaque campagne, des ateliers d’échanges ont été animés dans les
villages sur les orientations à prendre concernant le type de spéculations, traduisant une prise en
compte non seulement des besoins existants dans la zone en termes d’intrants, mais plus
spécifiquement les spéculations qui y sont pratiquées par les bénéficiaires. Au Niger, pour les
appuis en AGR, les bénéficiaires définissent eux-mêmes le type d’AGR qu’ils souhaitent, alors que
les variétés de semence sont définies en accord avec les services techniques décentralisés qui
encadrent les producteurs. En ce qui concerne les partenaires opérationnels et techniques, ils sont
peu ou pas sollicités sur le plan stratégique. Ils réalisent les activités inscrites dans les protocoles,
sans planification stratégique, agissant uniquement dans le cadre d'une relation contractuelle.

44. Les interventions répondent dans l’ensemble aux besoins des groupes cibles dans des zones de
variations climatiques, d’insécurité alimentaire, de déficit nutritionnel et aux attentes bien
comprises des populations rurales défavorisées et touchées par l'insécurité en lien avec la secte
Boko Haram et les groupes armés. Les interventions sont appropriées par rapport aux différents
besoins de la population dans des zones moins accessibles (actuellement et depuis un certain
temps), moins encadrées6. L’intérêt des bénéficiaires pour les interventions est donc confirmé. Le
choix de ces interventions est justifié par l’exploitation et l’analyse de données nationales sur la
pauvreté, la sécurité alimentaire, le déficit nutritionnel, la crise sécuritaire persistante et le nombre
de personnes vulnérables en raison de l’insécurité et des chocs climatiques.

45. Les résultats visés par les interventions sont assez classiques. Les activités développées pour
atteindre ces résultats sont elles aussi les activités attendues et apparaissent adéquates7. Elles
contribuent à renforcer et à protéger les moyens de subsistance de la population.

46. Par exemple, au Mali, le nord du pays est confronté, depuis 2012, à une crise sécuritaire persistante
qui affecte les moyens de subsistance des ménages, déjà affaiblis par les conséquences du
changement climatique. Les interventions visaient à compléter l'assistance fournie à travers des
distributions d’intrants et la formation. Les bénéficiaires visés devaient être les mêmes ménages

6 Cela est confirmé par les parties prenantes, notamment, les équipes pays de la FAO, les services techniques, les ONG
partenaires de mise en œuvre
7 Dons d’intrants productifs, de distribution de kits de petits ruminants, formations associées aux soins vétérinaires, transfert

monétaire pour renforcer les AGR, mise en place des groupes AVEC pour renforcer la mobilisation de l’épargne locale et
faciliter l’accès des femmes au crédit, récupération et restauration des terres dégradées, animation des CEP, animation des
clubs Dimitra, formations sur les bonnes pratiques nutritionnelles/démonstrations culinaires, distribution de chèvres pour
améliorer la nutrition des jeunes enfants au profit des femmes essentiellement, formations et sensibilisations des
communautés et des chefs traditionnels sur la protection de l'environnement et la gestion des risques et des catastrophes,
élaboration participative des plans d’action de réduction de risques de catastrophes, mise en place des comités de
protection et gestion des risques, et formation et association des partenaires locaux dans la mise en œuvre des
interventions.

16
Principaux constats

et recevoir, à travers une seconde intervention, davantage d'interventions de type de


développement (réhabilitation, restauration, AGR, etc.), pour compléter les interventions
d'urgence et renforcer durablement la résilience de la population.

47. Par ailleurs, l’analyse quantitative montre que les domaines appuyés sont pertinents car ils
correspondent aux principales activités exercées par les ménages. Au Niger, l’agriculture (57 pour
cent), le commerce (15 pour cent) et l’élevage (12 pour cent) sont les trois activités les plus
pratiquées; contre l’agriculture (39 pour cent), l’élevage (13 pour cent) et le commerce (7 pour
cent) au Mali. Le ciblage des semences (mil, niébé et sorgho) est également pertinent comme le
montrent les données de l’enquête. Au Niger, le mil (26 pour cent) est la principale culture pluviale
devant le sorgho (18 pour cent). En culture, ils sont associés au niébé (17,6 pour cent), au sésame
(14,4 pour cent), à l’arachide (11,7 pour cent) et à l’oseille (9,6 pour cent).

48. Cependant, certaines modalités se sont révélées inadaptées indiquant des faiblesses
dans l’analyse de faisabilité de certaines activités. Au Niger, l'accès au foncier s'est avéré très limité
en raison du refus des communautés hôtes de mettre à disposition des terres pour la conduite
des CEP agricoles ou pastoraux. Dans un contexte sécuritaire extrêmement dégradé, il convient
d'examiner la faisabilité de contrats de service passés avec des sociétés extérieures aux zones
d’intervention. En effet, dans le contexte d’insécurité au Mali, les entreprises recrutées ont connu
de réelles difficultés pour réaliser les travaux en raison des difficultés d’accès aux zones
d’intervention. Il est également important de repenser la faisabilité d’opérations qui ont pu être
menées avec succès dans le passé dans des zones sécurisées mais qui sont à présent difficilement
réalisables en raison du contexte sécuritaire. C’est le cas des améliorations génétiques du cheptel
et l’installation des bio-digesteurs au nord du Mali qui n’ont pas été mises en œuvre en raison de
la situation sécuritaire.

49. En ce qui concerne le projet 804 au Mali, les objectifs visés sont parfaitement pertinents, en
particulier pour ce qui a trait à la recherche d'une transition entre urgence et développement.
Toutefois, la mise en œuvre des activités relatives (sept produits et 50 activités) reste ambitieuse
si l’on considère la courte durée du projet (entre 13 et 16 mois) et le contexte sécuritaire très
dégradé du septentrion malien.

Constatation 3. Les interventions ont pris en compte dans leur conception les principes de redevabilité
envers les populations affectées, de protection et sensibilité aux conflits, de respect des principes
humanitaires et du nexus humanitaire-développement-paix. De plus, les processus de ciblage ont permis
d'identifier efficacement la population la plus susceptible d'être considérée comme vulnérable pour
bénéficier de l’appui.

50. Les principes humanitaires n’ont pas souffert d’entorses dans le sens où l’indépendance et la
neutralité du ciblage et plus globalement des interventions ont été totales. Lors d’entretiens, ni le
personnel, ni les partenaires coopérants, ni les organisations travaillant directement avec la FAO
n’ont mentionné d’exemples de discrimination délibérée. Les projets ont ciblé des ménages
remplissant les conditions requises pour l'assistance humanitaire8. Les zones géographiques
ciblées sont des zones vulnérables en terme socio-économiques et caractérisées par des crises
sécuritaires persistantes9.

8 Des ménages agro-pastoraux en situation d'insécurité alimentaire ayant un déficit nutritionnel, les ménages pauvres avec
une faible production agricole récurrente, les ménages avec enfants mal nourris et les ménages touchés par la crise
sécuritaire (rapatriés, PDI et ménages des communautés d'accueil).
9 Diffa, Région du lac, nord du Mali, nord du Cameroun.

17
Évaluation de cinq projets de la FAO financés par l’ASDI au Cameroun, au Mali, au Niger et au Tchad

51. Le Niger fait face par exemple à une crise qui s’est installée à Diffa depuis si longtemps, que les
autorités comme les populations ont largement intégré les règles des interventions humanitaires.
Dans ce pays, les services de l’agriculture avec lesquels la FAO a collaboré pilotent
géographiquement les aides agricoles saisonnières de manière transparente en désignant les
zones en déficit. Concernant les autres appuis, kits caprins ou AGR, les communautés ont participé
à l’identification des bénéficiaires et respectent les critères choisis en accord avec les populations
ciblées. Enfin, les clubs Dimitra ont permis aux populations affectées d’être mieux informées et de
pouvoir communiquer avec le projet.

52. En général, le ciblage des bénéficiaires a été effectué sur une base communautaire, à partir de la
méthodologie household economic analysis. Des comités de ciblage ont été mis en place dans
chaque village pour identifier les bénéficiaires du projet et l’évaluation n’a pas noté de plaintes
quant à leur efficacité.

53. Une fois les comités de ciblage mis en place, ces derniers procèdent à un premier ciblage basé
sur les caractéristiques socioéconomiques des ménages en intégrant les femmes et les jeunes.
Cette classification est par la suite confrontée à l’analyse des données collectées sur le terrain au
niveau de la FAO indiquant les degrés de vulnérabilité. La validation finale des listes est faite avec
l’appui des populations/bénéficiaires qui désignent ceux qui sont idoines ou pas à bénéficier des
interventions. Le processus de ciblage a généralement été animé par les organisations partenaires
de mise en œuvre, sauf au Cameroun où le processus a été animé par les services techniques
(agents de vulgarisation de zone).

54. Les interventions ont également essayé de tenir compte de l'analyse des risques de protection
liés à l'assistance alimentaire ou agricole. Les activités d'assistance alimentaire ont renforcé ainsi
la prise en compte des vulnérabilités (genre, âge, groupes minoritaires, femmes chef de ménages,
femmes allaitantes et personnes en situation de handicap) et atténué les risques physiques et
psychologiques pour les communautés visées. Cette assistance alimentaire et agricole a toujours
été organisée dans des lieux publics durant la journée afin de ne pas exposer les bénéficiaires à
des risques sécuritaires, le choix de la modalité (nature, cash ou coupon) prenant en compte
l'exposition potentielle à des risques spécifiques des personnes ciblées.

55. La redevabilité vis-à-vis des populations reste modeste. Il y a eu peu d’espaces de retours et de
communication tant avec les bénéficiaires qu’avec les partenaires de mise en œuvre, réduite en
raison de l’insécurité surtout au Mali. Au Cameroun et au Tchad, la mise en place par le projet des
comités villageois a assuré un certain niveau de redevabilité envers les bénéficiaires. Les comités
ont opéré en étroite collaboration avec le Bureau de la FAO et participé à l’identification des
bénéficiaires et de leurs besoins. Au Niger, en particulier, les clubs Dimitra ont constitué un canal
de communication pour rendre compte des informations sur le projet aux populations, mais aussi
pour faire remonter les informations des populations vers le projet et plus largement. Des comités
de plainte ont également été mis en place dans chaque village, afin de donner l’opportunité à la
communauté de signaler d'éventuelles irrégularités. Il existe peu d’informations sur le
fonctionnement de ce mécanisme et encore moins de documentation sur les éventuelles plaintes.

56. Les projets au Mali ont tenté d’adapter des approches holistiques tenant compte du nexus
humanitaire-développement-paix10. La conception des interventions qui visaient essentiellement
la réhabilitation des actifs productifs, tels que les périmètres irrigués villageois et les petits

10 Il est de plus en plus question dans l’approche de l’aide, de lier deux domaines autrefois séparés, à savoir l’humanitaire
et le développement, composant le nexus. Le terme recouvre différentes réalités mais correspond à une réflexion globale
en pleine évolution: la frontière entre humanitaire et développement est poreuse, mouvante et la séparation stricte entre
les deux activités est souvent artificielle face à la réalité multiple des contextes.

18
Principaux constats

périmètres maraîchers, devait largement participer à ce chantier de relèvement des ménages et


de renforcement de leurs moyens d’existence. Tel était le cas au Mali, où la FAO a adopté une
approche séquentielle et synergique entre ces deux projets dont l’un (701) répond aux besoins
humanitaires alors que l’autre (804) est axé sur des activités de développement afin d’atteindre
des résultats collectifs. Le projet d’urgence 701 visait à sortir de l’urgence les ménages pastoraux
vulnérables touchés par la crise sécuritaire et le changement climatique dans les régions de Gao,
Menaka et Tombouctou à travers principalement des distributions d’intrants agricoles et
pastoraux, la formation et les activités «travail contre argent ou contre nourriture». Le projet 804
devait permettre lui d’appuyer les mêmes ménages en complétant les interventions d'urgence et
en renforçant leur résilience pour assurer leur relèvement, à travers des interventions de type
développement (réhabilitation, restauration, AGR, etc.).

57. Les investissements réalisés dans les périmètres irrigués villageois (PIV) et petits périmètres
maraîchers (PPM) (infrastructures et équipements) devraient considérablement améliorer les
moyens de production des populations concernées par ces investissements structurants.
Toutefois, les démarrages très lents des projets et parfois la qualité incertaine des réalisations
et/ou des investissements amènent à relativiser la portée de l’efficacité des projets sur cette
transition entre urgence et développement (voir section Efficacité). Par ailleurs la faible période
de suivi après la réception des aides et le manque de données collectées ne permettent pas
d’arguer d’une évolution franche des ménages soutenus à l’issue des projets11.

58. Une analyse de la sensibilité de l’intervention aux conflits a été conduite lors de la phase de
formulation dans les différents pays, où l’insécurité est maximale et s’est dégradée durant ces
trois années. Dans un tel contexte, l’analyse des conflits et de leurs facteurs apparaissent comme
une activité essentielle pour comprendre la situation et la manière dont elle affecte les
populations. Cependant, les projets ont surestimé les capacités des partenaires de mise en œuvre
qui reconnaissent qu’ils n’ont pas reçu l’appui nécessaire de la part de la FAO pour être à même
d'effectuer une analyse rigoureuse et plus structurée des causes immédiates et sous-jacentes à
ces conflits anciens ou nouveaux et notamment pour mener une analyse différenciée selon le
genre, les femmes faisant l’objet de violences importantes lors de ces périodes de conflits. Ces
réalités exigent que le partenaire dispose des outils et compétences techniques nécessaires pour
mettre en lumière les logiques en œuvre derrière les violences et éviter tout impact
potentiellement négatif inattendu.

59. En résumé, les interventions sont alignées sur les stratégies et programmes nationaux, les priorités
identifiées par le PNUAD/plans de réponse humanitaire, le cadre de programmation par pays de
la FAO, la Stratégie ASDI pour l'aide humanitaire et la Stratégie de la coopération suédoise au
développement avec le Mali 2016-2020. Elles sont issues d’une analyse du contexte et des besoins
des bénéficiaires. Les modalités d’intervention et les activités planifiées sont appropriées et
permettent de renforcer la résilience des communautés. Cependant, certaines modalités se sont
révélées peu efficaces. Les partenaires opérationnels et techniques ne participent pas à la
planification stratégique. Les interventions ont pris en compte les principes de redevabilité, de
sensibilité aux conflits et du nexus humanitaire-développement-paix. L’analyse de la sensibilité
des interventions aux conflits a été entravée par le manque de capacité des partenaires. Enfin, les
processus de ciblage ont permis d'identifier efficacement la population la plus susceptible d'être
considérée comme vulnérable pour bénéficier de l’appui.

11Le projet a été mis en œuvre avec un grand retard et les activités ont été mises en place presqu’à la fin du projet, limitant
ainsi la possibilité d'effectuer un suivi. L’absence de suivi n'a pas permis de générer des données permettant d'apprécier le
fonctionnement des activités et la situation des ménages bénéficiaires.

19
Évaluation de cinq projets de la FAO financés par l’ASDI au Cameroun, au Mali, au Niger et au Tchad

3.2 Efficacité

3.2.1 Augmentation des productions


3.2.1.1 Production pluviale
Constatation 4. Les interventions ont permis l’injection de semences de qualité dans un environnement
très pauvre en termes de variétés et de capacités de résistance aux conditions météorologiques,
renforçant ainsi les moyens de production et améliorant la production. Bien que les ménages soient en
grande partie satisfaits de la qualité et de la quantité des semences distribuées, les retards dans la mise
à disposition des semences et les attaques parasitaires sont très souvent cités, de même que l'insécurité
qui a réduit les possibilités de production sur certains sites. Enfin, l’encadrement technique et les
formations sur les techniques culturales sont estimés faibles.

60. Des semences de maïs, de sorgho, de mil et de niébé, des engrais et des pulvérisateurs ont été
acquis par la FAO et distribués aux PDI vulnérables, rapatriés et ménages hôtes dans les quatre
pays. Sur cette base, différents accords avec les services techniques ont permis d’assurer le suivi
et l’accompagnement technique des bénéficiaires. Grâce à cet appui technique, les interventions
ont permis d’améliorer la production et donc la disponibilité des céréales dans les zones
d’intervention, bien que les résultats et le niveau de satisfaction des ménages bénéficiaires varient
d’un pays à l’autre. Au Niger, selon les données de l’enquête, 50 pour cent des ménages interrogés
ont bénéficié d’un encadrement. Cet encadrement avait trait à la technique de compostage, aux
techniques de préparation du sol, à la méthode de défense des cultures et aux techniques
culturales (rarement). Au Mali, 62 pour cent des ménages bénéficiaires de la production rizicole
ont bénéficié d’un encadrement sur les techniques de préparation du sol, les techniques de
compostage et les techniques culturales. Les constats exprimés en groupes de discussion
indiquent que le renforcement des capacités des bénéficiaires sur les bonnes pratiques agricoles
et le suivi régulier des techniciens de l’agriculture sur le périmètre rizicole dans les villages de
Issafaye et Kabrara grâce au projet ont été très appréciés, tout particulièrement pour la culture du
riz qui reste l’aliment de base des populations du nord du Mali.

61. Au Cameroun et au Tchad, l’encadrement technique a permis de renforcer les capacités de


production des ménages, qui ont acquis des aptitudes et capacités de production leur permettant
de générer des stocks de céréales et de subvenir à leurs besoins tout en préservant les moyens
de subsistance déjà acquis. Selon les entretiens réalisés avec les parties prenantes, grâce à
l’amélioration de la production, les bénéficiaires ne sont plus obligés de vendre leurs moyens de
subsistance pour subvenir à leurs besoins immédiats.

62. Les résultats émergeant de l’enquête auprès des ménages réalisée au Niger indiquent des
tendances mitigées des productions moyennes entre le début et la fin de l’intervention. Alors que
la majorité des bénéficiaires (54 pour cent) affirme que la production a augmenté, une part non
négligeable (46 pour cent) affirme qu'elle a diminué (40 pour cent) ou est restée identique (6 pour
cent). Pour ceux qui estiment que leur production a augmenté, cette augmentation a été possible
grâce, entre autres, à la bonne qualité des semences (40 pour cent des répondants), à un suivi
technique régulier (21 pour cent), aux techniques de fertilisation appliquées (13 pour cent), à la
bonne pluviométrie (10 pour cent) et aux techniques culturales (7 pour cent). Toujours au Niger,
la production a permis d’assurer une couverture alimentaire de deux à quatre mois12. Dans deux
communes (Chetimari et Rakka) sur les neuf visitées au Niger, les bénéficiaires affirment que les
rendements ont augmenté. Certains producteurs affirment avoir stocké une certaine quantité de
semences pour la campagne prochaine, parce qu’ils ont apprécié la qualité et la productivité de

12 Enquête auprès des ménages au Niger, à Djajéri Dagra.

20
Principaux constats

cette variété de mil. Certains bénéficiaires affirment que leur production est passée de cinq sacs
à une quinzaine de sacs de mil entre le début et la fin de l’intervention.

63. Au Mali, 41 pour cent des bénéficiaires de la production rizicole affirment que la production a
diminué contre 59 pour cent qui affirment le contraire. Ceux qui ont enregistré des pertes de
production citent le retard dans la mise à disposition des semences et la montée des eaux qui ont
envahi les cultures13. Selon les résultats de l’enquête auprès des ménages à Issafaye et Kabara au
Mali, la production a permis d’assurer une couverture des besoins. Grâce aux dotations gratuites
en semences et intrants, les bénéficiaires ont considérablement augmenté les rendements
agricoles, ce qui a contribué à améliorer l’alimentation des ménages. Grâce à cette intervention,
les ménages ont récolté plus de sacs que par le passé et assurent une couverture des besoins
alimentaires de six mois en moyenne.

64. Des résultats notables à Tombouctou et Mopti, au Mali, ont été relevés par les parties prenantes14,
où les semences de fonio et de cram-cram ont été remises entre la première et la troisième décade
d’août. Dans le cas de Mopti, l’opérateur de mise en œuvre a encouragé les bénéficiaires à se
procurer des semences par d’autres moyens et à ne pas attendre la semence de la FAO. Les
populations ont donc pu réaliser les activités durant la bonne période. De manière générale, les
populations pastorales ont répondu positivement aux travaux d’intérêt commun qui ont permis
d’aménager des surfaces au-delà des attentes. Les communautés ont rapidement compris leur
intérêt et accepté que seules les familles les plus vulnérables soient rémunérées. Dans le cas des
bourgoutières, notons que ces travaux existaient auparavant mais avaient été abandonnés.

65. Plusieurs facteurs ont cependant affecté la mise en œuvre de l’intervention et entravé
l'accomplissement des résultats. Au Cameroun, la faible qualité des semences a réduit les
productions ou les possibilités de production sur certains sites. Il est à relever pour l’année 2018
que: i) la mauvaise qualité des semences (existence de sachets de semences de maïs moisi
réduisant le taux de levée et la superficie emblavée) a affecté les rendements; ii) l’attaque des
pucerons sur le niébé accentuée par l’inefficacité du traitement par Biobit vis-à-vis de ces
ravageurs a pu mettre à mal l’atteinte des résultats; iii) le faible débit de certains forages, compte
tenu du niveau très haut de la nappe phréatique lors du dernier trimestre, représente également
un handicap sérieux à la conduite d’une campagne de contre saison sur les deux hectares
aménagés (Mali).

66. Au Niger, l’enquête auprès des ménages montre que la production de la grande majorité d'entre
eux a été affectée par des phénomènes environementaux: attaques de ravageurs (31 pour cent)
et ennemis des cultures (5 pour cent), insuffisance des pluies (22 pour cent), infertilité des sols (17
pour cent), faible qualité des semences (2 pour cent)15 et des retards dans l’acquisition de
semences (3 pour cent)16. Par ailleurs, la pluviométrie est un facteur limitant dans la zone des
interventions avec des pluies mal réparties dans le temps et dans l’espace qui pourrait porter à

13 Enquête auprès des ménages au Mali.


14 Équipe pays FAO, services techniques, ONG partenaires de mise en œuvre.
15 Il convient de noter le risque de confusion chez les producteurs quant à la provenance des semences. La région de Diffa

a en effet accueilli une multitude d’acteurs humanitaires avec des approches très différentes et dont certains échappent au
contrôle des groupes techniques de sécurité alimentaire, supposés réguler les interventions pour éviter la duplication.
Certaines observations des producteurs peuvent ainsi être liées à d'autres semences venant d’autres régions du pays plus
humides. Par ailleurs, certaines semences données par d’autres partenaires ne proviennent pas toujours de fournisseurs
agréés.
16 Il ressort des groupes de discussion au Niger la faible quantité des semences pluviales distribuées, la bonne qualité des

semences de mil et de niébé, et la faible qualité des semences de sorgho dont la variété n’était pas adaptée à la zone, et
par conséquent n’a pas produit.

21
Évaluation de cinq projets de la FAO financés par l’ASDI au Cameroun, au Mali, au Niger et au Tchad

des semis avortés ou de faibles rendements. En raison des attaques parasitaires et des chenilles,
de nombreux bénéficiaires n’ont presque pas récolté17. Ils ont ainsi regretté que le projet n’ait pas
proposé de produits phytosanitaires pour combattre les ennemis des cultures rencontrés dans la
zone.

67. Les redistributions des semences ont également compromis l’atteinte des résultats au Niger. Dans
plusieurs localités, les bénéficiaires affirment que l’hospitalité africaine ne permet pas à un paysan
d'acquérir un bien et de le garder pour lui seul. Par conséquent, les bénéficiaires ont aussi partagé
les semences avec leurs proches parents et leurs voisins, ce qui ne leur a pas permis d’optimiser
en totalité les bénéfices de cette intervention18. Ce phénomène a été observé également par
plusieurs partenaires intervenant à Diffa19.

68. L’évaluation relève que l’encadrement des ménages sans accès au foncier et qui menaient
l’activité de maraîchage derrière leurs abris n’a pas été aisé à mettre en œuvre par les services de
l’agriculture qui préfèrent travailler en champ avec un public plus nombreux. Cette modalité aurait
été mieux suivie avec du personnel dédié. C’est d’autant plus dommage que cette proximité des
cultures maraîchères est un facteur de changement réel dans l’amélioration du régime alimentaire
si l’accompagnement est bien fait. En effet, les eaux résiduelles du ménage bénéficient aux plantes
cultivées à proximité qui peuvent faire une réelle différence dans la qualité nutritionnelle du repas
(moringa oleifera, tomate, patate douce à chaire orange, etc.). Il est également possible de faire
pousser des graminées ou haies appétées par les animaux qui, taillées régulièrement, peuvent
assurer l’alimentation d’une ou deux chèvres pendant les mois de soudure pastorale. Une chèvre
allaitante dans un ménage avec de jeunes enfants peut largement contribuer à la prévention de
la malnutrition infantile.

69. Enfin, l’abandon de certains sites en lien avec la situation sécuritaire au Mali doit être cité. Par
exemple, le petit périmètre maraîcher de Baima a été réceptionné le 12 mars 2020, mais les
tensions sur le terrain ont dégénéré, entraînant le départ des populations de ces localités.

17 Pachnoda interrupta de couleur noire qui attaque les épis au stade laiteux, Rhynifsia infescata (couleur brune) qui attaque
les épis avant le stade laiteux) et les chenilles (très noires) qui ont totalement dévasté les cultures.
18 Résultats émergeant des groupes de discussion.

19 Équipe de projet, Bureau FAO Niger.

22
Principaux constats

Encadré 1. Témoignage d'un bénéficiaire de semences et intrants – Mali

Un agriculteur, bénéficiaire de la distribution gratuite de semences et


intrants du projet FAO à Kabara au nord du Mali indique qu’«avant cette
assistance, j’avais toutes les difficultés à me procurer les semences et les
intrants. Je prenais les semences à crédit ou je sollicitais le soutien de
mes frères et de mes amis. L’intervention m’a aidé à renforcer mes
capacités dans la culture du riz qui est notre aliment de base, grâce à la
distribution gratuite de semences et intrants, aux formations, à la
vulgarisation des bonnes pratiques agricoles et au suivi régulier des
techniciens de l’agriculture sur le périmètre. Cette assistance m’a permis
d’augmenter considérablement mes rendements agricoles cette année
et d’améliorer l’alimentation de ma famille. Les semences et intrants
reçus sont de bonne qualité, j’ai semé après la plupart des gens dans le
village, mais j’ai récolté avant eux et j’étais très surpris cette année des
©AMRAD

bons rendements réalisés sur le périmètre de 0,25 hectares. Grâce à cette


intervention, j’ai pu avoir le nombre de sacs qu’il faut pour couvrir les
besoins alimentaires de mon ménage cette année».

3.2.1.2 Production de contre saison


Constatation 5. Les interventions ont permis d’aménager des petits périmètres maraîchers et de fournir
de petits équipements aux bénéficiaires. L’accompagnement technique était de qualité mais est resté
insuffisant. Les familles hôtes et les autorités ont attribué des lopins de terre aux PDI pour la pratique du
maraîchage, malgré les contraintes d’accès à la terre.

70. Les interventions ont permis de mettre à la disposition des bénéficiaires des moyens de
production tels que points d’eau, clôtures, intrants et petits matériels, permettant l’aménagement
de petits périmètres maraîchers. Ces moyens de production ont été accompagnés par des
formations et accompagnement techniques durant la campagne depuis les pépinières, assurés
par les services techniques. Selon les résultats de l’enquête confirmés par les groupes de
discussion, l’accompagnement technique a été insuffisant, car seulement la moitié des
bénéficiaires affirment avoir bénéficié d’un accompagnement. Compte tenu des difficultés accrues
d’accès au foncier, tous les cas de figures ont été explorés: les cuvettes et zones de dépression
naturelle gardant l’eau, les zones aménagées avec des forages hydro-agricoles et enfin les plates-
bandes de case ou jardinage ménager d’arrière-cour. Dans tous les cas, dans le cadre des
interventions, les bénéficiaires se sont vus attribuer un lopin au sein des zones cultivables par les
familles hôtes ou des espaces ont été choisis par les autorités locales pour les populations
déplacées.

Constatation 6. Les interventions ont permis l’amélioration de la disponibilité de légumes frais et la


diversification des productions de contre saison.

71. Les interventions ont considérablement élargi le panel des productions des bénéficiaires20. Ainsi
toutes les productions classiques, de la salade à la carotte en passant par la tomate, ont été
introduites et promues. De plus, il convient de signaler que la culture de maïs qui était très peu
productive au Niger, du fait d’un cycle trop long, a été relancée grâce à l’introduction de variétés
plus adaptées. En effet, au Niger, certains agriculteurs ont innové en démarrant la culture du maïs
au mois de mai par l’irrigation et en terminant le cycle avec l’hivernage. Les rendements étant
sans commune mesure avec ce qui se faisait traditionnellement pendant la campagne pluviale,
cette nouvelle pratique a été reprise par ceux qui avaient accès à l’irrigation. Mais le résultat le

20Résultats de l’enquête auprès des ménages et des groupes de discussion. Les populations ciblées au Niger pratiquaient
uniquement les cultures du poivron et du mil en alternance et de fait, maîtrisaient assez bien ces deux itinéraires techniques.

23
Évaluation de cinq projets de la FAO financés par l’ASDI au Cameroun, au Mali, au Niger et au Tchad

plus remarquable est lié à la période de récolte. En effet, la période la plus dure de soudure
alimentaire intervient généralement en septembre, avant la récolte du mil en novembre. Or, ce
maïs semé en mai est récolté en septembre, c'est-à-dire exactement à la période du pic de la
soudure.

72. Au Tchad, des bénéficiaires affirment que leurs productions de tomates, oignons et gombos ont
augmenté de deux à trois sacs chaque année et se stabilisent dorénavant autour de 10 à 15 sacs
par saison, alors qu'avant l’intervention, rares étaient les producteurs qui parvenaient à récolter
dix sacs au terme de la saison. Selon les entretiens avec les parties prenantes21, les interventions
ont généré une disponibilité accrue de légumes frais orientée à l’autoconsommation ou à des
opportunités économiques, en particulier pour les femmes. La tomate, introuvable et qui
voyageait mal depuis d’autres régions du Niger, est maintenant présente sur les étals des
marchandes pendant de nombreux mois.

73. Enfin il se dégage des entretiens réalisés avec les parties prenantes22, des indices satisfaisants du
volet «contre saison» au Mali. Tout d’abord la culture de la pomme de terre à Tombouctou et à
Mopti est devenue une réelle activité économique et une source de revenus. De plus, des
associations de femmes se sont lancées dans cette campagne de production de pomme de terre
grâce aux aménagements et espèrent profiter des gros marchés locaux pour générer des revenus
substantiels.

74. De plus, les bénéficiaires ont mis en exergue les formations reçues dans le cadre des interventions
en vue de l’amélioration de leur production agricole. Les formations ont fortement amélioré leurs
capacités relatives à la production, à la conservation, mais aussi à la transformation des produits
agricoles, spécifiquement pour ceux du maraîchage (tomate, betterave rouge, carotte). Alors
qu'auparavant leur production alimentaire était limitée au maïs, la situation a évolué vers une
bonne diversification et une amélioration conséquente de leurs pratiques nutritionnelles.

75. Au Niger (Goudoumaria, Kadelaboua), une amélioration et une diversification des productions
irriguées est observée grâce aux semences introduites par le projet (laitue, choux, tomate, carotte),
de meilleure qualité avec un bon pouvoir germinatif et une valeur nutritionnelle élevée. Il est
probable que la plupart des semences ait donné un rendement largement supérieur à celui que
le producteur obtenait avant l’intervention23.

3.2.1.3 Production animale


Constatation 7. De nombreux ménages ont reconstitué leur cheptel grâce aux kits de caprins. L’état
sanitaire des animaux s’est nettement amélioré depuis les dotations et presque tous les bénéficiaires ont
enregistré des mises-bas.

76. Au Niger, l’intervention a permis de doter les ménages vulnérables de kits caprins (trois chèvres
gestantes) et d’assurer leur vaccination et déparasitage. Ce kit caprin a été accompagné d’un don
d’aliment bétail de 100 kg par kit qui a été remis aux familles en même temps que les animaux,
en une seule fois durant le projet.

21 Équipe pays de la FAO, services techniques, ONG partenaires de mise en œuvre.


22 Équipe pays de la FAO, services techniques, ONG partenaires de mise en œuvre.
23 Constats émergeant des groupes de discussion.

24
Principaux constats

Figure 2. Bénéficiaires de kit d'élevage au Niger

© Université de Diffa
© Université de Diffa

77. Le projet a contribué à la sécurisation des systèmes pastoraux en facilitant l’accès à l’aliment bétail.
La modalité de vente à prix modéré de l’aliment bétail adoptée par le projet est une stratégie qui
s’aligne sur la pratique de l’État du Niger. Ce constat, émergeant des discussions avec les parties
prenantes24, a été confirmé par les groupes de discussion (à Chétimari et Djajér Djajeri)25. Les
animaux ont reçu un traitement prophylactique et curatif accompagné de soins et de mesures
d’hygiène. La FAO a responsabilisé les services de l’élevage pour la conduite d’une mise en
quarantaine permettant de garantir la bonne santé du kit caprin fourni; environ 50 pour cent des
bénéficiaires ont reçu une formation sur la conduite de l'élevage selon les résultats de l’enquête.
La plupart des ménages affirment être satisfaits de la période des distributions, de la qualité du
soin et des animaux. Plus de trois quarts des ménages ont reconstitué leur cheptel et développé
des activités génératrices de revenus grâce à l’intervention. Le bétail procure des revenus aux
éleveurs, mais aussi de la fumure organique qui est transportée dans les champs. Les effectifs de
caprins sont passés de 84 au début du projet à 410 à la fin du projet, soit une augmentation de
388 pour cent. Les bénéficiaires reconnaissent la relation entre cette augmentation et l’opération
de reconstitution du cheptel opérée par le projet FAO, qui a distribué des espèces de caprins
gestantes particulièrement indiquées pour la multiplication du cheptel. Cela est d'ailleurs
considéré comme une innovation qui a permis une reproduction élevée en un court laps de temps
et malgré le retard de l’opération. L'intégralité des bénéficiaires affirme avoir constaté des mises-
bas. Un total de 218 petits est issu des mises-bas des animaux distribués par le projet26. Pour
certains bénéficiaires au Tchad, «grâce à l’intervention, nous nous procurons du lait et les animaux
nous servent de capital pour les activités génératrices de revenus (AGR) lorsque nous les
vendons».

24 Équipe pays de la FAO, ONG partenaires de mise en œuvre.


25 Le fourrage aérien est menacé par les chenilles alors que, ces dernières années, les gousses d’Acacia tortilis qui constituent
le principal fourrage des ruminants pendant la saison sèche sont attaquées par des vers. Ainsi, les gousses sont de mauvaise
qualité et ne sont pas consommées par les ruminants. Le bétail qui les consomme contracte la maladie.
26 Enquête auprès des ménages au Niger.

25
Évaluation de cinq projets de la FAO financés par l’ASDI au Cameroun, au Mali, au Niger et au Tchad

Encadré 2. Témoignage d'une bénéficiaire de petits ruminants – Mali

«Avant le projet, je rêvais de pratiquer l’élevage, d'avoir quelques


têtes de petits ruminants dans ma famille, pour qu’en cas de besoin
urgent, ils puissent m’aider à faire face aux dépenses imprévues;
mais je n’avais pas les moyens de me les procurer. Grâce à
l’intervention du projet FAO, mon rêve est enfin devenu une réalité.
J’ai été sélectionnée dans mon quartier pour bénéficier de
l’assistance. J’ai reçu trois chèvres dont un mâle et deux femelles. Il
y a eu trois mises-bas qui m’ont permis d’avoir trois autres chèvres
dont deux mâles et une femelle. La disponibilité des chèvres m’a
vraiment aidé à faire face à certains besoins sans avoir recours à
l’aide d’une autre personne. Par exemple, j’ai vendu deux chèvres
mâles pour subvenir à deux besoins urgents de ma famille.
Actuellement, il me reste un mâle et trois femelles qui produisent
du lait que nous consommons et j’ai aussi l'espoir d’avoir d’autres
mises-bas les mois à venir. Actuellement je rends grâce à Dieu et je
©AMRAD

remercie la FAO pour cette assistance précieuse qui m’a permis de


réaliser mon rêve mais aussi de faire face aux besoins urgents grâce
à la vente de deux chèvres. Le projet a appuyé d’autres personnes
vulnérables du village en leur offrant quelques chèvres qui leur ont
permis de constituer à leur tour un noyau d’élevage. Nous
remercions tous vivement le projet FAO, son partenaire et les
bailleurs pour cette importante assistance et les exhortons à
poursuivre l’assistance aux personnes vulnérables en situation
difficile».

78. Plusieurs facteurs ont cependant affecté la mise en œuvre de l’intervention et entravé
l'accomplissement des résultats en particulier au Niger: i) les races non adaptées27; ii) l’état
sanitaire resté mitigé pour près de 50 pour cent des bénéficiaires qui affirment avoir reçu un
animal en mauvais état sanitaire.

3.2.2 Renforcement durable des moyens d’existence (groupes AVEC, AGR, kits d'élevage,
unités de production animale et restauration des terres)
Constatation 8. Plusieurs investissements conséquents ont été mis en place pour soutenir durablement
la production (aménagements de périmètres rizicoles, aménagements de zones de pâturage,
ensemencements avec du fonio et du cram-cram en zone exondée et du bourgou en zone inondée, et
équipements vitaux implantés pour les troupeaux). L'absence d'aboutissement du processus de signature
des conventions relatives à la gestion des espaces aménagés pourrait susciter des conflits potentiels sur
les ressources naturelles au Mali. Des opportunités pour renforcer la cohésion sociale et diminuer les
tensions ont été manquées.
79. Pour soutenir la campagne rizicole, la FAO a appuyé trois régions du Mali (Gao, Mopti et
Tombouctou) à travers des aménagements de quatre périmètres irrigués villageois, des
équipements (motopompes, motoculteur, batteuses), des intrants (semences, engrais, gasoil et
huile) et des formations. Grâce au partenariat avec la FAO, la Direction régionale du génie rural
au Mali a mis en œuvre les études de faisabilité technique. Les chantiers ont été réalisés pendant
l’hivernage 2018 pour 12 000 hectares et 2019 pour 7 500 hectares. La dernière année, un
renforcement technique et en petit matériel a ciblé les populations participant aux chantiers. De

27L’enquête au Niger montre que les bénéficiaires ont reçu des chèvres du Sahel et des chèvres rousses de Maradi en
général. Or, l'une de ces deux races distribuées ne peut pas bien exprimer ses potentialités dans le Niger oriental.

26
Principaux constats

manière générale, les populations pastorales ont répondu très positivement à ces travaux d’intérêt
commun.

80. Plusieurs forages pastoraux ont été réalisés durant deux campagnes agricoles: en 2018, une
dizaine de points d’eau a été réalisée majoritairement à Tombouctou et en 2019, l’ensemble des
étables a été construit à Tombouctou alors que Gao a été équipé d’un forage, soit dix sites et cinq
forages supplémentaires réalisés dans les trois régions. Cependant, les conventions de gestion au
niveau des espaces aménagés n’ont pas été revisitées comme prévu, jusqu’à la fin du projet28. Il
s'agit d'une grande opportunité manquée pour renforcer la cohésion sociale et diminuer les
tensions. En effet, en ces temps troublés, le repli communautaire est fort et la méfiance est telle
que les tensions sur les ressources naturelles peuvent rapidement dégénérer. L’occasion était
donc unique, dans le cadre de ces interventions et de ces opérations, de créer des espaces de
négociation pour s’entendre entre utilisateurs sur les modes de gestion des ressources naturelles
parfois disputées.

81. Au Cameroun, la mise en place de comités de village qui comprennent les autorités traditionnelles
et administratives (sous-préfet, etc.) a contribué à gérer et faire taire toute forme potentielle de
tensions. En outre, dans le sens de la prévention des conflits, le projet a contribué au renforcement
de la cohésion sociale, en ce sens que toutes les catégories socioéconomiques et culturelles
appartenant à ces localités étaient concernées par les activités mises en œuvre, et largement
représentées parmi les bénéficiaires.

Constatation 9. Les projets au Mali ont adopté une approche intégrée créant une synergie entre leurs
objectifs humanitaires et de développement. Une approche d’ingénierie sociale participative a permis
d’identifier les sites d’implantation et les bénéficiaires. Les sessions de sensibilisation organisées au profit
de toutes les parties prenantes ont favorisé une synergie entre les deux projets. Certaines activités ont
été mises en œuvre tardivement ou ont fait défaut; d’où la nécessité d’une nouvelle phase pour donner
l'impulsion au développement local intégré.

82. Au Mali, les projets ont adopté des approches intégrées qui s’inscrivent dans une vision de
développement à travers la mise en œuvre d’activités durables, telles que la combinaison de
forages29, étables et biogaz qui pourrait être poursuivie lors d’une seconde phase afin de donner
l'impulsion à un développement local intégré. La logique d’intervention était de répondre aux
besoins d’urgence des populations en distribuant les intrants au démarrage du projet puis de
consolider cette phase d’urgence par une phase de résilience en construisant des infrastructures
et en assurant une complémentarité entre les interventions pour mieux capitaliser sur leurs effets
(forages, étables, biogaz, kits de lait, AGR, plateforme). Selon les entretiens avec la FAO, une
approche d’ingénierie sociale a été adoptée impliquant les services techniques et les
représentants des communautés bénéficiaires pour identifier les sites d’implantations de forages,
les bénéficiaires de l’action et les besoins en termes de production et productivité animale. Par
ailleurs, des sessions d’information, de sensibilisation et de mobilisation des communautés, des
autorités locales sur le projet ont été tenues. L’introduction d’énergie renouvelable telle que la
technologie du biogaz avait pour objectif de contribuer à réduire les charges des travaux
ménagers en réduisant le temps de collecte du bois ou des bouses. Cependant, selon les

28Entretiens avec les parties prenantes: services techniques, ONG partenaires de mise en œuvre.
29Les forages pastoraux mis en place dans les trois régions sont des équipements destinés à la conduite des troupeaux
mais demandent un grand travail avant leur implantation afin de négocier les modes de gestion en amont. Pour cela, les
projets ont prévu des sessions d’information et sensibilisation des communautés, la signature de contrats avec les services
techniques pour encadrer les communautés, des réunions avec les ONG pour la mobilisation communautaire. Les forages
ont en outre été implantés là où le besoin d’eau est ressenti par les populations. Un comité de gestion a été mis en place
pour chaque forage.

27
Évaluation de cinq projets de la FAO financés par l’ASDI au Cameroun, au Mali, au Niger et au Tchad

entretiens avec les parties prenantes30, il n'existe aucune certitude quant à l’appropriation de cette
technologie par les communautés et sa durabilité reste fragile.

83. Plusieurs ateliers de formation ont été organisés au profit des 300 ménages identifiés dès 2018
afin de fournir un soutien au démarrage des AGR identifiées et une mise en œuvre efficace
permettant d'assurer la durabilité des prestations au-delà de la vie du projet. Toutefois des
facteurs techniques ont affecté l’efficacité de cette activité. Au Niger, une mise en œuvre
seulement partielle a été possible par exemple, en raison des retards dans la distribution du cash
prévue dans cette activité31. Les résultats ne seront donc probablement pas à la hauteur des
attentes de l’intervention. Au cours de l’intervention de 16 mois au Mali (projet 804), les
bénéficiaires se sont mieux appropriés les AGR, mais en dehors des plateformes
plurifonctionnelles qui ont été remises dans la période du projet (juillet à Mopti et décembre à
Gao), toutes les AGR ont attendu le transfert monétaire intervenu en juillet 2020 alors que le
matériel pour doter les associations laitières n’est arrivé qu’en juin 2020. Les AGR ont à peine
démarré avant la fin 2019, date de fin de projet. L’insécurité a eu un fort impact sur les délais.
Enfin, la majorité des bénéficiaires n’a bénéficié d’aucun renforcement de capacités pour les aider
à gérer les AGR, même si des contrats ont été signés avec les services techniques à cette fin. S’il
apparaît difficile de rendre compte des revenus d’activités à peine lancées, il n’est pas non plus
imaginable de mesurer l’impact de ces potentielles rentrées d’argent au niveau des ménages
ciblés. Il n'est donc pas possible d’en dresser dès à présent un bilan positif, en dehors du
renforcement présumé de leurs bénéficiaires.

84. Malgré cet état de fait, dans certaines localités au Mali, les AGR ont été appréciées, comme en
témoignent certains bénéficiaires (encadré 3).

Encadré 3. Témoignage d'une bénéficiaire de transfert monétaire en espèces – Mali

«Nous avons quitté notre village suite aux attaques répétées des bandits
armés au nord du Mali. Nous sommes partis en laissant tout derrière nous:
matériels, animaux, greniers, etc. La situation s’est calmée et nous sommes
revenus dans notre village; mais les bandits avaient tout emporté. Nous
étions en difficulté, lorsque le projet est arrivé. J’ai bénéficié d’un transfert
monétaire en espèces avec lequel j’ai démarré mon petit commerce. Les
revenus que je gagne me permettent de prendre en charge mes petits
©AMRAD

besoins et contribuent à l’alimentation de la famille. Vraiment je suis très


contente de l’arrivée du projet».

85. Au Mali, les bénéficiaires affirment que l’appui en «Argent contre Travail» dans le cadre des
travaux de réalisation des digues autour des périmètres rizicoles a permis aux agriculteurs de bien
délimiter les passages et d'éviter le débordement de l’eau. De leurs avis, et grâce à cet appui, ils
sont parvenus à faire de bonnes récoltes et leur regroupement autour des actifs productifs a
favorisé le rapprochement et la cohésion sociale au sein des villages32.

30 Services techniques, ONG partenaires de mise en œuvre.


31 Au Niger, les transferts en espèces qui devaient lancer les activités se sont fait attendre jusqu’au 19 et 20 avril 2019 pour
le premier lot et décembre 2019 pour le second lot. Le suivi et l’accompagnement ont par conséquent été très limités voire
inexistants pour le second lot.
32 Enquête auprès des ménages au Mali à Issafaye et Iloa.

28
Principaux constats

Encadré 4. Témoignage d'une bénéficiaire du cash AGR – Mali

Une vendeuse de riz, bénéficiaire du cash AGR, vit avec ses petits-
enfants au nord du Mali. «Avant l’intervention du projet, mon petit
commerce de riz local était presque en faillite. Je n’avais pas les moyens
de renforcer mon commerce car je suis veuve et je supporte seule
toutes les dépenses de la famille. Économiquement, je vivais dans une
situation de précarité et je n’avais aucun soutien extérieur. L’argent, je
n’en trouvais même pas et on ne peut parler d’en économiser. J’ai eu
la chance de bénéficier du cash AGR du projet FAO qui m’a beaucoup
aidée dans mon commerce. Les changements qui se sont produits dans
ma vie grâce à cette assistance de la FAO sont énormes. J’ai reçu de
l’argent pour pouvoir mener mon commerce de riz local et avec les
revenus que je gagne, je peux m’occuper de ma famille sur le plan
alimentaire et sanitaire. Grâce à l’intervention j’arrive à m’épanouir, car
je ne demande plus aux autres de m’aider pour me nourrir. Grâce à
Dieu, je peux travailler avec mes dix doigts et le projet m’a aidée
©AMRAD

réellement dans mon commerce. C’est avec les bénéfices de mon


activité de petit commerce que j’arrive à m’occuper de ma famille en
payant de la nourriture, des habits et autres nécessités. J’arrive aussi à
économiser un peu d’argent, et j’envoie mes petits enfants qui vivent
chez moi au Centre de santé communautaire quand ils sont malades.
Je leur donne aussi de l’argent pour la récréation à l’école. Je remercie
la FAO et ses partenaires de m’avoir soutenue dans les moments où
j’avais le plus besoin de soutien dans mon petit commerce qui est ma
principale source de revenu pour soutenir tout le ménage.»

86. Des améliorations dans la vie des communautés ont été possibles suite aux activités génératrices
de revenus appuyées par le projet, telles que la vente de condiments, de riz et de jus local. Ces
activités permettent aux femmes d’économiser et de prendre en charge, comme leurs conjoints,
certains besoins de la famille. Elles affirment avoir désormais une certaine indépendance au sein
de leurs ménages33.

3.2.3 Promotion des pratiques agricoles appropriées (champs-écoles paysans)


Constatation 10. Les modèles de CEP mis en place sont mitigés: ils sont souvent réussis mais parfois
difficiles à mettre en œuvre.
87. Grâce aux CEP développés au Cameroun, plusieurs bénéficiaires affirment avoir appris et mis en
pratique de nouvelles pratiques et connaissances agricoles à l’instar de l’utilisation des fumures
(incorporation de la fumure organique au sol), du semis en ligne, de la pratique du compostage,
du labour précoce, du traitement insecticide biologique, etc. Pour la plupart des bénéficiaires
ayant participé aux formations, une nette amélioration ou des changements positifs sont observés
dans leurs «habitudes agricoles» grâce à l’adoption de nouvelles pratiques qui ont un impact
probable positif sur les rendements agricoles34. Ainsi, chaque thématique a des formations qui lui
sont associées et répond à des problèmes/difficultés relevés par les bénéficiaires et aboutissant à
de nouvelles pratiques agricoles. Le bilan de la mise en œuvre des CEP au Cameroun reste
révélateur de l’engouement autour de cette initiative. Selon les rapports d’activités du projet, les
CEP ont vu une mise en œuvre partielle en raison de l'insécurité lors de la première année du
projet. 40 CEP ont été mis en œuvre au total contre 45 attendus sur l'ensemble du projet, soit 15

33 Groupes de discussion dans les villages de Kabara, Iloa, Dag Bodel Issafaye et Tombouctou dans les communes de
Tombouctou et Alafia au Mali.
34 Entretiens avec les parties prenantes.

29
Évaluation de cinq projets de la FAO financés par l’ASDI au Cameroun, au Mali, au Niger et au Tchad

CEP en 2018 (trois pour le niébé, sept pour le maïs et cinq pour le sorgho) et 25 CEP en 2019 (sept
pour le niébé, dix pour le maïs et huit pour le sorgho).

88. Toujours au Cameroun, le renforcement des capacités des partenaires locaux de mise en œuvre
sur l’approche est jugé suffisant par les services techniques de l’agriculture et le partenaire
opérationnel de mise en œuvre, pour conduire un bon processus CEP. Par exemple, en 2018, ce
sont 15 agents de vulgarisation zonaux et 25 représentants de groupes locaux qui ont vu leurs
capacités renforcées. En seconde année, les neuf agents de vulgarisation de zones et les deux
superviseurs dédiés au CEP ont reçu une formation à Kousseri. L’ONG partenaire de mise en
œuvre (CODAS CARITAS) et les services techniques du Ministère de l’agriculture et du
développement durable ont respecté le processus de déroulement du CEP globalement.
Toutefois, il convient de relever des retards dans le processus de mise en œuvre des CEP en lien
avec: i) l’insécurité rendant les déplacements risqués; ii) la mise à disposition tardive des espaces
communautaires dédiés aux CEP; iii) le non-respect des rendez-vous de suivi des activités par les
bénéficiaires; iv) la mise à disposition tardive des intrants.

89. Au Niger, le modèle CEP a été très difficile à mettre en place du fait de plusieurs éléments: i) les
problèmes de collaboration35 entre l’ONG partenaire de mise en œuvre et les services techniques;
ii) les populations ciblées qui ont eu des difficultés pour trouver des lopins de terre pour la mise
en place des parcelles de démonstration collectives; iii) le CEP qui n’a pas été la priorité des
services techniques; iv) la faiblesse dans les suivis faits par la FAO36. Le bilan reste maigre car
seulement deux CEP sur cinq ont été mis en œuvre au niveau agricole et aucun au niveau pastoral.
Le concept de CEP pastoral est intéressant mais n’a pas été bien partagé et explicité par la FAO
aux partenaires de mise en œuvre, même si la FAO a organisé des ateliers d’internalisation de sa
stratégie d’intervention à l’intention des parties prenantes au démarrage du projet; d’où la
nécessité de rencontres périodiques pour des bilans de planification entre la FAO et les
partenaires de mises en œuvre37.

90. Néanmoins, dans certaines communes, certaines activités de formation technique38 ont eu un
effet sur le capital humain. Lors des groupes de discussion, les bénéficiaires ont affirmé avoir
appris les techniques de préparation du terrain, du semis, du choix des variétés de semences et
de conduite des cultures, qu’ils mettent en pratique. Les résultats de l’enquête montrent
néanmoins que la réalisation des activités de CEP a rencontré quelques contraintes, telles que la
sécheresse, l’absentéisme des membres, l’insuffisance de semences pour les cultures, le manque
de sensibilisation des acteurs et le non-respect du calendrier par ordre décroissant.

35 Pour les champs-écoles pastoraux, le problème concernait la collaboration entre l’ONG WVI et la Direction de l’élevage.
Malgré l’intermédiation du Sous-Bureau de la FAO, ils ne se sont pas entendus sur les coûts des termes de référence de
mise en œuvre de l’activité jusqu’au dernier moment.
36 Les missions de suivi sont très limitées au niveau de la FAO pour des raisons de sécurité, limitant l’accès aux sites et par

conséquence, l’efficacité de ces missions. En effet, à plusieurs reprises, les missions de terrain ont été suspendues par les
autorités ou le système des Nations Unies et même quand elles sont autorisées, les mesures sécuritaires limitent le séjour
sur un site à un strict minimum (une heure à deux heures maximum), ce qui a limité l’efficacité de ces missions. Cette
situation conjuguée au partage tardif des rapports spécifiques par le partenaire n’a pas permis à la FAO de déceler et de
rectifier certaines insuffisances à temps.
37 Entretiens avec les parties prenantes.

38 Mesure et analyse des agro-écosystèmes, traitement phytosanitaire, etc.

30
Principaux constats

3.2.4 Promotion de la cohésion sociale (club Dimitra)


Constatation 11. Bonne appropriation de l’outil club Dimitra39 par les populations ciblées, permettant
un renforcement de la cohésion sociale et des améliorations dans d'autres domaines.
91. Les clubs Dimitra mis en place par l’intervention au Niger ont permis aux populations affectées
d’être mieux informées et de pouvoir communiquer avec le projet. D'après les discussions en
sous-groupe, ils ont renforcé la cohésion sociale au sein des communautés. Au sein de ces clubs,
l’organisation en classe d’âge et affinités montre les capacités des populations à s’associer, créer
des espaces de communication et réfléchir ensemble sur des solutions consensuelles pour faire
face à l’adversité. La thématique de la protection et sensibilité aux conflits a largement été
débattue au sein des clubs Dimitra permettant à chacun d’exprimer son expérience de la violence
dans cette crise. En dix mois de fonctionnement de ces clubs Dimitra dans les quatre sites
(Chétimari, Boudouri, Guidan Kadji et Sayam) les communautés ont elles-mêmes déclaré être
fières/satisfaites des différents résultats engendrés par des actions qu'elles ont initiées et
entreprises (bilan des activités 2018 de l'ONG APEBA).

92. Ainsi, les clubs Dimitra ont ouvert de vrais espaces de dialogues et d’échanges d’abord entre
femmes et hommes de manière séparée, mais aussi en plénière par la suite. Selon les entretiens
avec les parties prenantes, ils ont joué leur rôle de facilitation mais aussi de boîte de résonnance
pour faire remonter l’information des populations ciblées ou pas vers le projet et plus largement
les autorités. Ceci a renforcé de facto la participation des populations visées dans le suivi des
activités au jour le jour.

93. Les activités développées par les clubs Dimitra toujours actifs ont permis de libérer la parole et
de mettre en œuvre une réflexion au sein des populations touchées qui ne s’est pas arrêtée avec
l’intervention. Ces espaces ont permis d’éteindre les grandes tensions nées des déplacements de
foules et pourraient être utilisés autant que possible pour montrer aux populations qu’elles sont
les seules à pouvoir imposer leur volonté sur le terrain40.

94. Enfin, l’action des clubs Dimitra est allée bien au-delà des espérances de l’intervention avec un
taux de réalisation de 133 pour cent, avec 40 clubs mis en place par les bénéficiaires eux-mêmes
(soit 160 clubs mis en place pour une cible de 120)41. Ainsi, selon les entretiens avec les parties
prenantes42, l’appropriation de l’outil par les populations ciblées a permis d’ouvrir de multiples
possibilités que le projet n’a pas assez utilisées. En dehors de leurs propres actions
communautaires, dans presque tous les sites, les clubs Dimitra ont fait leurs premiers pas en
matière de partenariat avec d’autres programmes intervenant dans les localités.
L’institutionnalisation de plusieurs clubs derrière des actions d’intérêt économique, en agriculture
ou en élevage à travers l’obtention de leur reconnaissance juridique leur a procuré l'ouverture
nécessaire pour se lancer dans des activités économiques ainsi que dans la quête des partenaires
financiers. À Boudouri, plus d’une vingtaine de clubs ont déjà été immatriculés. Ces clubs Dimitra

39 Les clubs Dimitra sont des groupes de femmes, d’hommes ou de jeunes – mixtes ou non – qui décident de s’auto-
organiser pour agir ensemble sur leur propre environnement. Ils se réunissent régulièrement pour discuter des problèmes
auxquels ils sont confrontés dans leur vie quotidienne, pour prendre des décisions et passer à l’action afin d'y apporter une
solution.
40 Entretiens avec les parties prenantes.

41 69 clubs Dimitra de femmes adultes regroupant au total 2 070 membres; 38 clubs Dimitra d’hommes adultes totalisant

1 140 membres; 20 clubs Dimitra des jeunes filles avec 600 membres; 21 clubs Dimitra de jeunes garçons regroupant 630
membres; 12 clubs mixtes de jeunes composés de 180 filles et 180 garçons, soit au total 4 800 membres dont 2 850 femmes
impliquées directement dans la dynamique club Dimitra à Diffa. (FAO, Rapport Bilan des activités 2018 de l’ONG APEBA,
Janvier 2019).
42 ONG partenaires de mise en œuvre, équipes de la FAO.

31
Évaluation de cinq projets de la FAO financés par l’ASDI au Cameroun, au Mali, au Niger et au Tchad

reconnus ont déjà lancé des démarches de partenariat avec le Programme de l'Organisation
internationale pour les migrations chargé de la construction des habitats et des latrines au niveau
des sites ainsi qu’avec d’autres structures pour de fortes collaborations et alliances (selon le bilan
des activités 2018 de l’ONG APEBA, janvier 2019). Ce sont sûrement des organisations qui
resteront actives même après la fin du projet et qui pourront être utilisées par d’autres
interventions à l’avenir. Ceci a été confirmé lors des groupes de discussion avec les membres des
clubs Dimitra. En effet les populations qui se sont investies dans ces clubs n’ont pas besoin du
projet pour les faire vivre. D’ailleurs certains clubs ont mis en place des caisses villageoises
d’épargne et de crédit, permettant d'octroyer de petits prêts aux membres pour résoudre leurs
problèmes. Des ONG les ont souvent accompagnés à développer des activités de loisir (telles que
le Langa, lutte traditionnelle entre les communautés, le théâtre, la course hippique et les séances
de salubrité).

Encadré 5. Les clubs Dimitra: des clubs d’écoute communautaires pour l’autonomisation des
femmes et des hommes

Les clubs Dimitra sont des groupes ruraux de femmes, mais également d’hommes et de jeunes qui s'organisent
sur une base volontaire pour débattre des problèmes et défis en matière de développement et trouver des
solutions ensemble, dans leur communauté en utilisant leurs propres ressources, sans compter sur un soutien
extérieur. Ces clubs contribuent à la réalisation des projets et programmes de la FAO dans des domaines tels que
la nutrition, la paix, la sécurité alimentaire, l'adaptation au changement climatique. La FAO facilite leur mise en
place et leur fournit une formation et un encadrement. Ils sont autogérés et déclenchent une transformation
sociale et économique au sein de leurs communautés. Ces groupes travaillent avec des stations de radio
communautaires, qui diffusent des émissions interactives dans les langues locales pour améliorer la connaissance
et la compréhension de questions importantes pour la vie et les moyens d’existence des communautés. Ils
permettent à leurs membres et aux auditeurs de renforcer leur compétences dans les pratiques agricoles et
d’élevage, la réduction des pénuries alimentaires, le renforcement de la résilience, l’hygiène et l’assainissement,
la santé, la nutrition et la sûreté alimentaire.

Au Niger, par exemple, le club de Boudouri «Yaki Da Hamada» (c'est-à-dire lutte contre la désertification) a joué
un rôle essentiel dans la cohésion sociale au sein de la communauté et la diffusion d’activité liée à l'hygiène. Grâce
au soutien de la FAO, le club a bénéficié de radio, de batteries et de petits panneaux photovoltaïques qui chargent
la batterie. Doté d’un Secrétaire général qui veille sur l’agrément et la gestion administrative, le club est formé de
25 à 30 membres qui se sont organisés pour créer et cotiser dans une caisse commune qui soutient les membres
au besoin. Le club a soutenu un membre de la communauté pour construire un mur pour sa maison et un autre
membre pour payer les frais de santé auprès du centre de santé de Maloumdi. Les membres cherchent également
des appuis externes pour affronter des problèmes qui dépassent leurs capacités.

Source: FAO, site institutionnel. «Des clubs d'écoute communautaires pour l'autonomisation des femmes et des hommes en milieu rural» et
enquête auprès des ménages au Niger.

3.2.5 Diversification de la consommation alimentaire et de l’appropriation des pratiques


familiales essentielles (éducation nutritionnelle)
Constatation 12. Les interventions en matière de consommation alimentaire ont bien fonctionné, des
formations aux démonstrations culinaires au niveau des villages avec des partenaires de mise en œuvre
bien identifiés. Elles ont contribué à une amélioration de la diversité alimentaire et à des connaissances
pour une bonne ration alimentaire malgré quelques limites et des opportunités manquées au niveau des
formations nutritionnelles.

95. Au Niger, avec un partenaire comme World Vision International (WVI), l’intervention était bien
armée pour répondre aux objectifs liés aux pratiques familiales essentielles. De plus, reconnaissant
le lourd fardeau de la malnutrition infantile au Niger, la mission d’éducation nutritionnelle du
projet a été orientée sur un mode de prise en charge que World Vision maîtrise parfaitement.
Ainsi, son modèle bien rodé a été adopté dans toute la sous-région et consistait à rassembler des

32
Principaux constats

groupes de mères avec des enfants à risque de malnutrition aiguë modérée (ou à la limite) pour
apprendre et mettre en pratique des recettes à base d’aliments disponibles et accessibles afin de
renforcer la santé et le régime alimentaire du jeune enfant. Ce concept, basé sur la déviance
positive, c’est à dire le renforcement des bonnes pratiques érigées en exemple en évitant la
stigmatisation des ménages avec des enfants mal nourris, présente le gros avantage d’intégrer un
dépistage initial qui permet d’identifier les enfants à risque et donc de sauver des vies grâce à la
prévention.

96. Au Mali, l’intervention a permis de collecter auprès des populations bénéficiaires, l’ensemble des
bonnes pratiques nutritionnelles afin de les intégrer dans un manuel de formation, approche qui
renforce l’appropriation communautaire. Ensuite, les formations en cascade réalisées sur la base
du manuel de formation, associées à des démonstrations culinaires et des causeries villageoises
sur les pratiques familiales essentielles ainsi qu'à des programmes radiophoniques, ont permis de
mettre en œuvre de manière complémentaire tout le panel des media disponibles et efficaces au
niveau du terrain. Tout n’a cependant pas été parfait puisque les manuels de formation et les
fiches qui devaient être remis aux personnes formées ne sont jamais arrivés. Pourtant, selon les
entretiens avec les parties prenantes43, le déroulé des activités et le calendrier ont été appréciés
et laissent espérer un changement de comportement au niveau alimentaire. En revanche, les
changements de comportement sont le fruit de campagnes de sensibilisation et de formation
itératives qui nécessitent plus qu’un seul passage comme cela a été néanmoins le cas.

97. Enfin, WVI est restée dans sa sphère de confort en orientant seulement l’activité sur la «prise en
charge des cas modérés», même par le milieu communautaire, sans explorer le volet formation et
information des femmes mais aussi des hommes au sein des ménages en matière de prévention.
Or, la FAO aurait dû exiger de WVI qu'il mette en œuvre cette mission de formation nutritionnelle
des populations. Une collaboration avec les radios communautaires mais aussi et surtout avec les
clubs Dimitra aurait pu être mise en place pour informer et éduquer les jeunes, les femmes mais
aussi les hommes sur les bienfaits de tel ou tel aliment. Ceci aurait pu être programmé en
corrélation avec les différentes productions saisonnières (les légumes en saison sèche, le moringa,
etc.) et à l’attention des décideurs (exemple des belles mères dans les pratiques de sevrage qui
sont à l’origine de beaucoup de situation de malnutrition infantile). Il faut d’ailleurs noter la mise
en œuvre de démonstrations culinaires qui ont complété cette activité essentielle de promotion
de la consommation des produits du jardin.

98. Selon les entretiens avec les parties prenantes, l’introduction de nouveaux aliments et recettes
culinaires a permis une diversification alimentaire et nutritionnelle au niveau des ménages. Les
racines et tubercules, les fruits et légumes, les aliments énergétiques et les vitamines A font partie
des repas préparés par les ménages. Ces constats sont confirmés par les résultats des groupes de
discussion au Niger44. Une difficulté relevée reste toutefois que les légumes ne sont pas
disponibles pendant toutes les périodes de l’année.

99. Les aliments consommés par les ménages avant les interventions étaient surtout riches en énergie,
sous la forme de pâte/boule, riche en vitamine A, en protéine animale et en protéine végétale.
Suite aux interventions, les ménages consomment des aliments dominés par les légumes et fruits,
les tubercules et racines. 90,63 pour cent des femmes sont capables de donner quelques exemples
d’aliments nécessaires pour une bonne ration alimentaire. Ainsi les ménages utilisent davantage

43 ONG partenaires de mise en œuvre, équipes FAO, services techniques.


44 De nombreuses femmes affirment avoir appris à cuisiner des plats qu’elles n’avaient pas l’habitude de réaliser auparavant.
Elles ont appris la préparation de riz au gras, ragoût de pomme de terre, hors-d’œuvre, couscous associé à des feuilles de
moringa. Elles ont surtout utilisé le moringa, les choux et les carottes dans la préparation des aliments pour les enfants. Les
femmes qui ont appris à cuisiner ont participé à un concours culinaire et celles de Chétimari ont obtenu le premier prix.

33
Évaluation de cinq projets de la FAO financés par l’ASDI au Cameroun, au Mali, au Niger et au Tchad

le mil et le riz (énergétique), puis le niébé (protéines végétales), les patates douces, le manioc, la
pomme de terre (tubercule et racine). Ils utilisent et distinguent les aliments riches en vitamine A,
tels que les carottes, les tomates, la viande d’ovins, de caprins et la chair de poisson ou de la
volaille45. L’évaluation note une forte participation (96 pour cent) des femmes aux séances
d’éducation nutritionnelle organisées par le projet ce qui leur a permis de comprendre les bonnes
méthodes à suivre pour l’alimentation des bébés et de respecter l’hygiène alimentaire et
corporelle des enfants pour leur garantir une bonne croissance. Les femmes affirment que les
pratiques anciennes entraînent des problèmes de santé des enfants et que grâce aux
sensibilisations sur la malnutrition, l’alimentation des enfants et les démonstrations culinaires, les
mères adoptent progressivement un changement de comportement pour le bien-être des
enfants46. Par ailleurs, 88 pour cent des ménages ont introduit de nouveaux aliments qu’ils ne
consommaient pas auparavant, principalement des légumes.

Constatation 13. Les capacités des parties prenantes47 ont été renforcées.

100. Les services techniques et les ONG partenaires de mise en œuvre ont été associés et formés. Cela
confirme bien le niveau de renforcement de leurs capacités au Tchad, au Cameroun et un peu
moins au Niger et au Mali. La capacité à dupliquer ces formations reçues par les communautés et
les services techniques a été mise en exergue au cours des entretiens avec les parties prenantes
au Cameroun. Par exemple, au niveau du CEP, pour chaque thématique développée, on note une
association/implication des services techniques du Ministère de l’agriculture et du
développement durable d’une part et du CODAS CARITAS d’autre part. Cette situation a eu le
mérite de favoriser tout au long du projet une transmission efficace des connaissances entre la
FAO, les services techniques et les bénéficiaires. La FAO implique toujours les services techniques
et les ONG partenaires de mise en œuvre: les premiers pour le suivi et l’appui technique et les
seconds pour la mobilisation communautaire et l’appui-accompagnement. Grâce à ces actions,
leurs rôles sont mieux reconnus par les communautés. De même, compte tenu du renforcement
de capacités, notamment celles en lien avec les «bonnes pratiques agricoles et la gestion de CEP»,
il convient de relever l’aptitude des services techniques et des ONG locales à pouvoir continuer à
effectuer le suivi et à appuyer les bénéficiaires/personnes vulnérables dans leurs zones de
compétences respectives après le projet.

3.2.6 Contribution au renforcement de la résilience des populations vulnérables


Constatation 14. Les interventions ont généré une faible augmentation du nombre de moyens
d’existence.

101. Les résultats des enquêtes au Niger et au Mali montrent que le nombre de moyens d’existence
des ménages a certes évolué, mais faiblement. Certaines activités destructrices de
l’environnement comme la coupe et la vente du bois ont disparu pour faire place à davantage
d’activités d’élevage (+13), d’agriculture (+2) et de commerce (+14) promues par le projet.

45 Enquête auprès des ménages au Niger.


46 Enquête auprès des ménages et groupes de discussion au Mali.
47 Services techniques, ONG partenaires de mise en œuvre.

34
Principaux constats

Tableau 2. Activités pratiquées avant et après le projet au Niger


Avant Après Différence

Salarié 6 5 -1

Agriculteur 68 70 2

Éleveur 35 48 13

Ouvrier 6 10 4

Commerçant 23 37 14

Ménagère 19 15 -4

Marabout 3 4 1

Artisan 1 3 2

Pêcheur 3 2 -1

Sans emploi 2 0 -2

Élève/Étudiant 7 8 1

Vendeur de fourrage 2 0 -2

Bûcheron 1 0 -1

Constatation 15. La capacité des communautés à faire face aux chocs a été renforcée, mais leur niveau
de résilience reste modeste malgré l’appui de la FAO. Une approche intégrée bénéficiant aux mêmes
groupes cibles (production, formation, activités génératrices de revenus) et leur permettant de s’engager
dans des activités productives contribuant à renforcer leur résilience a fait défaut.
102. Au Tchad, la capacité à faire face aux chocs pour les bénéficiaires en général et en particulier pour
une dizaine de communautés, à travers le renforcement de leurs capacités et l’appui à
l’élaboration de plans de gestion/réduction des risques de catastrophe (RRC) au sein de chacune
de ces dix communautés a été renforcée durablement par le projet. Des formations ont été
organisées au profit des communautés des zones du projet afin de renforcer leurs connaissances,
compétences et capacités techniques et de contribuer à réduire les risques et catastrophes
(incendies, inondations, feux de brousse, sécheresses, épidémies, etc.). Les formations ont abouti
à la mise en place de dix comités de protection et de gestion des risques et des catastrophes
structurés et formés pour sensibiliser les communautés48.

103. L’élaboration participative de ces plans d’action de RRC au niveau des communautés a bien
permis d’autonomiser ces communautés à s’organiser pour mettre elles-mêmes en œuvre des
actions afin visant à soutenir leurs priorités RRC. La mise en place de ces plans a fait baisser la
conflictualité des structures de pouvoir au niveau local, c’est-à-dire les relations inégalitaires entre
les groupes en présence (inégalités liées au statut social, au revenu, au sexe, etc.). À cet effet,
l'accent a été mis davantage sur la sensibilisation du public et la formation des chefs traditionnels
en matière de protection de l'environnement et des aspects susmentionnés de la gestion des
risques de catastrophe49.

104. Les actions de formation et de sensibilisation aux risques et catastrophes ont été menées
uniquement dans le projet au Tchad. Elles se sont appuyées sur des mécanismes de gestion des
conflits transparents et participatifs en vue de garantir leur efficacité. À ce titre, la composition

48 Pour chacune des dix communautés, un plan de gestion des risques de catastrophe/réduction des risques de catastrophe
a été élaboré.
49 Entretiens avec les ONG partenaires de mise en œuvre, les équipes FAO, les services techniques.

35
Évaluation de cinq projets de la FAO financés par l’ASDI au Cameroun, au Mali, au Niger et au Tchad

des structures de gestion des conflits et leur mode de fonctionnement dans ces dix communautés
ont été adoptés de manière à compenser l’inégalité des relations de pouvoir entre les acteurs et
à assurer plus d’inclusion et de cohérence. Au total, dix comités de protection et de gestion des
risques et des catastrophes (dont trois se situent à Daboua, quatre à Bagassola et trois à Bol, selon
le rapport final du projet OSRO/CHD/701/SWE) ont été structurés et formés pour sensibiliser la
communauté au terme des actions entreprises dans le cadre de ce projet.

105. La FAO définit la résilience comme la capacité à prévenir les catastrophes et les crises ainsi qu’à
les anticiper, les absorber, les prendre en charge ou s’en relever de manière opportune, efficace
et durable. Cela induit la protection, la restauration et l’amélioration des systèmes de subsistance
face aux menaces qui ont un impact sur l’agriculture, la nutrition, la sécurité alimentaire et la
sûreté des aliments. Vu ainsi, les parties prenantes constituées par la FAO et les partenaires de
mise en œuvre, s’accordent à dire que les interventions en vue du renforcement de la résilience
ont bénéficié davantage aux autochtones qu'aux déplacés et réfugiés. En effet, ces bénéficiaires
autochtones au Mali, au Niger50 et au Tchad disposaient des ressources foncières nécessaires à la
mise en œuvre de leurs différentes activités agricoles sur le long terme. De ce fait, ils ont pu retirer
des interventions des éléments favorisant la protection, la restauration et l’amélioration de leur
système de subsistance face aux menaces qui pesaient sur l’agriculture. La situation diffère
souvent pour les déplacés et les réfugiés. Pour ces derniers, l'instabilité de leur situation
constituait déjà une entrave à leur possibilité d'accès au foncier pour exercer différentes activités
agricoles; ainsi la restauration et l’amélioration de leur système de subsistance issues des
interventions ont été très peu perceptibles.

106. Il est fort probable que les investissements structurants auront des impacts sur la vie des
bénéficiaires et renforceront les moyens d’existence des communautés bénéficiaires, mais compte
tenu de ces derniers constats, le niveau de résilience des ménages bénéficiaires reste mitigé. Ce
constat est renforcé par les résultats des enquêtes au Mali et au Niger sur l’auto-perception de la
résilience. Celles-ci indiquent des niveaux de résilience moyens, traduisant une capacité modeste
des bénéficiaires à faire face aux chocs et à diversifier leurs moyens ou modifier leur principal
moyen de subsistance, malgré l’appui du projet. Le renforcement de la résilience nécessite la mise
en œuvre des activités selon une approche intégrée (en combinant plusieurs activités telles que
la formation, la production et les activités génératrices de revenus), ce qui n’a pas été le cas des
interventions au Mali et au Niger. (voir appendice 2 pour les résultats de l’enquête sur le niveau
de résilience).

107. En résumé, les interventions ont contribué à une amélioration de la production. Les interventions
en matière de consommation alimentaire ont contribué à l'amélioration des productions de
contre saison, à la diversité alimentaire et à des connaissances pour une bonne ration alimentaire.
L’état sanitaire des animaux s’est nettement amélioré et presque tous les bénéficiaires ont
enregistré des mises-bas, permettant à la grande majorité d'entre eux de reconstituer leur cheptel.
Toutefois, certaines activités ont été mises en œuvre tardivement ou n’ont pas eu lieu,
compromettant l’atteinte des résultats escomptés. Les modèles de CEP mis en place sont restés
mitigés. Les capacités des parties prenantes ont été renforcées, mais restent limitées pour
poursuivre l'appui aux communautés bénéficiaires. Enfin, le nombre de moyens d’existence des
ménages bénéficiaires a faiblement évolué, mais la capacité des communautés à faire face aux

50Au Niger par exemple, la majorité des bénéficiaires a reçu des appuis en semences pluviales ou irriguées. Le projet a
adopté une stratégie de concentration de ses activités de manière intégrée: semences, cash AGR, kits caprins, nutrition sur
un nombre plus limité des bénéficiaires, chez qui la résilience a été réellement renforcée (Guidan Kadji, Boudouri, Chetimari).
Pour les bénéficiaires de semences, surtout pluviales, malgré la qualité des intrants, ils sont toujours dépendants des
caprices de la pluviométrie.

36
Principaux constats

chocs a été renforcée, même si leur niveau de résilience est resté modeste. Les populations ciblées
se sont bien appropriées l'outil des clubs Dimitra, qui contribue à renforcer la cohésion sociale
dans des domaines d’actions diversifiés. Les projets au Mali ont adopté une approche intégrée
créant une synergie entre leurs objectifs humanitaires et de développement.

3.3 Efficience
Constatation 16. La FAO a mis à contribution tout son dispositif pour assurer la bonne mise en œuvre
des interventions, mais l'appui du système administratif a fait preuve d'une faible efficacité, en raison des
lourdeurs inhérentes aux procédures.

108. La FAO a assuré une bonne gestion des interventions sur le plan financier. Grâce à sa contribution,
les fonds alloués ont été gérés suivant des procédures claires et transparentes. Selon les entretiens
avec les parties prenantes51, la FAO a également apporté une plus-value technique dans la mise
en œuvre des activités, telles que la mise à disposition des semences maraîchères et pluviales, la
formation sur le ciblage, etc. Elle a en outre affecté du personnel d’appui technique de qualité sur
le terrain.

109. L’évaluation a noté l’existence et l’efficacité de l’appui des unités opérationnelles et techniques
des Bureaux pays de la FAO, perceptibles à plus d’un titre. En effet, ces unités ont fait preuve
d’efficacité dans les actions de prise en compte réelle des besoins exprimés en lien avec les
interventions. En guise d’exemple, lorsque des besoins financiers se faisaient ressentir pour
l’opérationnalisation des actions, ces entités (unités opérationnelles et techniques) ont joué le rôle
crucial attendu dans l’accélération des processus d’octroi des financements. Même si les limites
du soutien du système administratif (ressources humaines, achats, administration) sont en totalité
imputables à la lourdeur des procédures administratives, il convient de noter que ce système
administratif (ressources humaines, achat, administration) a fait preuve, de manière générale,
d’une faible efficacité.

Constatation 17. Les outils de suivi et évaluation n’ont pas été pleinement mis en œuvre et la gestion
adaptative des interventions a été faible.

110. Le système de suivi et évaluation présente des faiblesses. Les indicateurs (loin d’être SMART) du
cadre logique se limitent à une collecte de donnée au niveau des produits et ne permettent pas
des analyses des résultats et des impacts atteints dans certains pays. Cette faiblesse a nui à la
possibilité d'assurer une gestion adaptative et de générer des leçons pour les projets futurs. De
plus, l’évaluation relève l’absence de collecte de données dans la situation de référence de départ
(baseline) ou de fin (endline) d’intervention. Seule l'intervention au Cameroun a élaboré une
situation de référence. Les données du suivi-évaluation ont permis dans ce cas d’influencer la
prise de décision à au moins deux niveaux: i) le quality assessment review prévu dans le protocole
d’accord avec un partenaire d’exécution a révélé des faiblesses ou manquements qui ont permis
de le remplacer; ii) la décision de constitution d’un stock de sécurité au niveau des Bureaux
régionaux sur la base de la remontée des informations de suivi des Bureaux locaux au niveau de
Yaoundé. Ces informations révèlent des difficultés à respecter les délais d’exécution en raison des
retards survenus dans la mise à disposition des intrants auprès des bénéficiaires.

111. Il convient de noter en général l’absence d'unité de suivi-évaluation au niveau des interventions,
ou lorsqu'elle existe, une mise en place tardive, presqu’à la fin de l’intervention, notamment au
Cameroun. Au Tchad, le dispositif de suivi-évaluation, relevant de la responsabilité des
consultants, a été affecté par le taux de remplacement élevé de ces derniers. L'instabilité

51 ONG partenaires de mise en œuvre, équipes FAO, Services techniques, UN.

37
Évaluation de cinq projets de la FAO financés par l’ASDI au Cameroun, au Mali, au Niger et au Tchad

contractuelle des responsables de ce dispositif a fragilisé le rendement du système de suivi-


évaluation.

Constatation 18. Les processus internes de la FAO ont ralenti la mise en œuvre des interventions.

112. Des procédures internes au niveau des décaissements, des protocoles et de l’approvisionnement
des intrants ont ralenti la mise en œuvre de certaines activités. Chaque année, le temps nécessaire
pour que les partenaires opérationnels disposent d’un protocole signé leur permettant de
commencer la mise en œuvre, reste un facteur de ralentissement qui affecte la planification et la
mise en œuvre des interventions. De plus, avec le processus de recrutements annuels des
partenaires de mise en œuvre et le changement de partenaires, les interventions sont mises à
l'arrêt pendant quelques mois, le temps que le nouveau partenaire puisse reprendre en main
l’intervention.

113. Selon les résultats des entretiens avec les parties prenantes52, sur plusieurs interventions et dans
la plupart des pays, l’évaluation relève des retards dans la distribution des semences et des
intrants à des périodes non conformes au calendrier agricole, en raison des procédures internes
de la FAO qui s’avèrent souvent longues53. Toutefois, ces retards sont aussi imputables à d’autres
facteurs tels que: i) les difficultés d’accès aux zones d’intervention en raison de la situation
sécuritaire; ii) le mauvais état des routes; iii) les capacités opérationnelles faibles des partenaires
de mise en œuvre résultant en une livraison tardive des intrants.

114. Au Tchad par exemple, l’évaluation relève de manière globale des retards survenus lors de la
première année de mise en œuvre; retards principalement dus aux mécanismes de décaissement
des fonds et d’octroi du code budgétaire. En effet, bien que l’accord de principe du financement
du projet soit connu, le déclenchement du mécanisme d’appel de fonds ou des acquisitions a
accusé une lenteur procédurale. Les deux autres années ont été également marquées par des
retards au niveau de l’acquisition des intrants; retards principalement dus à la stratégie d’achats
groupés mise en place, qui consistait à réunir l’appel d’offre de différents projets exerçant dans le
même secteur d’activité et ayant des besoins similaires afin de s’en acquitter au même moment.
Cette stratégie a affecté la planification de nombreux projets induisant ainsi un retard dans la
mise en œuvre des activités planifiées.

115. Au Cameroun, les campagnes ont été marquées par la mise à disposition tardive des semences
du fait des processus internes de la FAO et du retard dans le ciblage des bénéficiaires.

Constatation 19. Des retards dans l’achèvement des PIV et dans la mise à disposition des intrants et
équipements, ainsi qu'une finition inappropriée, ont été dommageables pour la campagne 2019 et pour
la durabilité des aménagements. Les retards dans la mise à disposition des semences de fonio et de cram-
cram ont également réduit la production de biomasse attendue, malgré les initiatives engagées pour
assurer la production. Enfin, le soutien monétaire en espèces au profit des familles vulnérables a été réalisé
hors soudure alimentaire au détriment de son efficacité. Les capacités de la FAO ont été insuffisantes pour
adapter ses procédures à l’urgence, mais des efforts sont consentis au niveau du plafond d’autorisation
des dépenses.

116. Plusieurs activités ont été mises en place avec du retard en raison des procédures internes et ont
donc eu des répercussions négatives sur les productions et les rendements attendus: la
distribution des caprins lors de la dernière campagne coïncidant avec la fin du projet54, la

52 ONG partenaires de mise en œuvre, équipes de la FAO, services techniques.


53 En effet, lorsque la commande des intrants dépasse le seuil de tonnage prévu au niveau du pays, le marché ne peut plus
être conclu localement. La procédure d’achat se fait alors au niveau régional (FAO) ou au niveau global.
54 Processus interne de commande.

38
Principaux constats

réception tardive (presque à la fin de l’intervention) de certains aménagements de petits


périmètres maraîchers55, certains intrants et équipements56 (dans les quatre pays).

117. Sur les quatre sites de PIV, seuls les deux sites de Tombouctou ont vu les entreprises de
réhabilitation se mettre au travail dans les temps pour assurer une réception des ouvrages avant
le début de la campagne agricole. Sur les deux autres sites:

i. Site 1: les travaux ont été engagés trop tardivement (réception en septembre 2019, alors
que la saison démarre en juin). Dans le cas de ce PIV, la brèche dans la digue étant le
problème majeur, dès que celle-ci a été colmatée, les riziculteurs ont pu se lancer dans le
repiquage et sauver ainsi une saison mal engagée. Les travaux de finition n’ont pas été
intégrés dans le devis initial. L’absence de recouvrement de la digue la rend sensible aux
ravinements qui sont importants à Mopti compte tenu du régime des pluies assez
conséquentes (jusqu’à 1 000 mm annuels), ce qui pourra remettre en cause rapidement
(en quelques années) l’investissement réalisé.
ii. Site 2: les travaux n’ont pas beaucoup avancé et le débordement du fleuve a tout arrêté
compromettant la campagne de casiers rizicoles.

118. Les intrants et équipements ont été remis aux producteurs rizicoles, avec plusieurs mois de retard,
ne permettant pas de développer tout l’appui mis en œuvre dans un climat serein. Par exemple à
Gao, les travaux sur le PIV étant arrêtés, les intrants remis ont été conservés pour la campagne
2020. Sur les autres sites, cette réception tardive a impliqué des semis avec des semences de tout
venant et ont réduit l’impact de l’intervention.

119. Les résultats des entretiens avec les parties prenantes, indiquent enfin, la mise à disposition
tardive57 en général des semences de fonio et cram-cram au Mali durant la troisième décade de
juillet 2018. Selon les services techniques, ce mois de retard a amoindri la production de biomasse
attendue sachant que ce pic de biomasse est atteint la dernière décade d’août. En 2019, la mise
à disposition des semences a été bien trop tardive dans deux régions sur trois pour espérer une
bonne production de biomasse.

120. Si les chantiers de réhabilitation des PIV ou des aménagements des espaces pastoraux n’ont pas
pu s’ouvrir en 2017, ils ont bien eu lieu (même avec un peu de retard) pendant les périodes de
vache maigre en 2018 et 2019. En revanche, le transfert monétaire (Argent contre Travail) prévu
en rétribution des journées de travail a connu des retards excessifs58 qui ont complètement
oblitéré l’objectif de soutien des populations pendant la soudure. Ainsi les travaux de 2018 ont
été payés en mars 2019 (soit huit mois après les chantiers) et ceux de 2019 ont été réglés en 2020
(soit 12 mois après les chantiers). La complexité des opérations de transferts monétaires dans ces
conditions sécuritaires très fragiles a empêché l’atteinte de l’objectif visé. De plus, dans la pratique,
faire travailler des populations vulnérables, en annonçant des rémunérations qui sont versées
l’année suivante, est une pratique qui peut générer des frustrations et n'est pas de nature à apaiser
des situations tendues.

55 Engagement tardif des travaux en lien avec les processus internes de la commande et l’insécurité.
56 Processus interne de commande.
57 Processus interne de commande.

58 Procédure interne pour rendre disponibles les espèces.

39
Évaluation de cinq projets de la FAO financés par l’ASDI au Cameroun, au Mali, au Niger et au Tchad

121. Une concertation entre agences des Nations Unies sur les meilleurs pratiques dans ce domaine
aurait permis d’éviter une telle situation et surtout une répétition en 201959.

122. La capacité de la FAO à adapter ses procédures à l’urgence était limitée. En témoignent les
procédures d’achat (semences, équipements, etc.) et les procédures de recrutement des
organisations partenaires de mise en œuvre, qui ont toujours accusé des retards.

123. Un aspect positif noté par l’évaluation concerne le plafond d’autorisation des dépenses qui a été
revu à la hausse au niveau du Bureau pays de la FAO du Cameroun60. Cette décision pourra
dorénavant rendre les procédures plus fluides en ce qui concerne les passations des marchés et
réduire ainsi les retards inhérents à l’obtention et la mise à disposition des semences pour les
opérations de distributions aux bénéficiaires par exemple.

Constatation 20. Des synergies et complémentarités avec d’autres interventions de la FAO ont été mises
en place, mais certaines opportunités auraient pu être optimisées.

124. Selon les entretiens avec les parties prenantes, les synergies et complémentarités avec d’autres
interventions FAO existent, mais restent modestes. Même si au niveau du Bureau pays, les
coordonnateurs participent à des rencontres pour parler des projets, sur le terrain, ces échanges
n’engendrent pas de réalisations concrètes.

125. Au Niger, la FAO a su assurer la complémentarité de ses projets intervenant dans la même zone
(NER/701/SWE et NER/804/ITA) qui ont mutualisé la mise en place des intrants (semences et
aliment bétail). De même, le projet NER/701/SWE présentait des synergies avec les interventions
des autres agences (Programme alimentaire mondial, Organisation internationale pour les
migrations et Haut-Commissariat aux réfugiés) dont les bénéficiaires ont reçu des semences et
inversement les bénéficiaires du projet ont reçu de l’aide alimentaire ou des abris.

126. Au Tchad, une complémentarité des actions est apparue dans certaines zones où, en plus des
activités du projet CHD/701/SWE, des activités complémentaires (comme celles du projet
CHD/803/SWE) étaient développées aussi bien en termes de mutualisation et utilisation des
équipements que de renforcement de capacités à travers l’organisation de formations. Un projet
à financement irlandais dans le Kanem a montré une situation similaire.

127. Des opportunités de complémentarité apparaissaient avec les deux projets (MLI/701 et MLI/804)
mis en œuvre par la FAO au Mali et en particulier avec le projet 701. Toutefois, le retard pris par
le projet MLI/804 n’a pas permis de fournir le soutien visé dans les temps (de même que pour le
projet MLI /701), ce qui a été une occasion manquée de complémentarité61.

128. Un manque de leadership apparaît au sein des interventions empêchant aux partenaires de mise
en œuvre d'avoir une vision globale de leur projet et a fortiori de synergie possible entre les
projets. Par exemple, au Mali, le projet MLI/804 a ciblé la région de Mopti pour réaliser les activités
d’un autre projet de l’ASDI à travers le Fonds climat Mali dans le domaine de la pêche et de la
pisciculture, mais aucune forme de collaboration n'a été encouragée entre les deux interventions.

59 Le Programme alimentaire mondial (et d’autres ONG) met en œuvre ce type d’activités saisonnières tous les ans pendant
la soudure alimentaire.
60 Le Représentant peut ordonner ou conduire certaines procédures de marché pour des montants supérieurs à 200 000

dollars des États-Unis, presque le double de ce qui était autorisé auparavant.


61 Le projet 801 était initialement prévu pour aider 1 500 éleveurs à faire face à la soudure pastorale en 2018 après un

mauvais hivernage en 2017.

40
Principaux constats

129. En résumé, la FAO s’est mobilisée pour assurer la bonne mise en œuvre des interventions, mais
les outils de suivi-évaluation n’ont pas été pleinement mis en œuvre et la gestion adaptative des
interventions a été faible. Les processus internes ont contribué à retarder la mise en œuvre des
interventions et des retards ont été enregistrés à plusieurs niveaux. Les retards dans la mise à
disposition des semences de fonio et de cram-cram ont réduit la production de biomasse
attendue, malgré les mesures prises pour assurer la production. Le soutien monétaire en espèces
au profit des familles vulnérables a été réalisé hors soudure alimentaire, au détriment de son
efficacité. Enfin, les capacités de la FAO ont été faibles pour adapter ses procédures à l’urgence
et les synergies ou complémentarités développées avec d'autres interventions de la FAO existent,
bien que certaines opportunités aient été manquées.

3.4 Coordination et partenariat


Constatation 21. Le processus de sélection des ONG partenaires a suivi une procédure bien définie et le
partenariat est apprécié; néanmoins, la signature des protocoles prend du temps et la coordination reste
faible.

130. Les ONG partenaires opérationnels de mise en œuvre sont sélectionnées suivant une procédure
transparente et documentée. Selon le personnel de la FAO du Sous-Bureau de Maroua et de
Kousséri interrogé, le mécanisme mis en place pour évaluer les performances ainsi que les forces
et les faiblesses de la collaboration avec les partenaires de mise en œuvre est adéquat et
fonctionnel. Il s’agit du quality assessment review, ou d'une évaluation sur la base du protocole
d’accord établi avec chaque partenaire en fonction des résultats attendus et atteints, effectuée
par la FAO.

131. En général, le partenariat est apprécié de part et d’autre, chaque partie prenante faisant preuve
de promptitude et d’efficacité dans l’exécution des tâches confiées. Seuls les retards dans la
signature des protocoles sont parfois relevés, car ils offrent souvent très peu de temps pour la
mise en œuvre au regard du calendrier agricole. Par ailleurs, en signant des protocoles annuels,
la FAO ne donne pas une bonne visibilité des interventions à ses partenaires.

132. Au niveau régional, les discussions avec les parties prenantes62 révèlent la faible coordination de
l’action entre la FAO, les services techniques et les ONG partenaires opérationnels de mise en
œuvre. Par exemple, au Mali et au Niger, ces acteurs travaillent très peu ensemble et rendent
compte chacun individuellement à la FAO. S’il existait une bonne coordination, les partenaires
partageraient les objectifs globaux du projet et participeraient plus activement au respect d’une
planification partagée.

133. Les parties prenantes font également le constat d’un faible leadership des chefs d’antennes dans
les quatre pays, au niveau local, donnant l’impression d’un vide. En effet, la Coordination de
l’intervention, basée dans la capitale semble très loin du terrain. Ceci est confirmé par les acteurs
locaux, pour qui le centre de décision est effectivement éloigné du terrain, ce qui ne facilite pas
sa proactivité. Les chefs d’antennes ont la responsabilité du suivi de plusieurs projets et à ce titre
ne sont que des coordinateurs représentants qui attendent les instructions de la Coordination.

Constatation 22. Malgré un financement pluriannuel pertinent, l'action de la FAO est restée circonscrite
à la réponse humanitaire, avec par conséquent peu de valeur ajoutée.

134. Devant des crises qui durent longtemps, la FAO et l'ASDI ont souhaité innover avec des fonds
d’urgence pluriannuels qui devaient: i) conforter la FAO et lui permettre de mieux s’organiser pour

62 ONG partenaires de mise en œuvre, équipes FAO, services techniques.

41
Évaluation de cinq projets de la FAO financés par l’ASDI au Cameroun, au Mali, au Niger et au Tchad

une efficacité accrue; ii) accompagner les populations au-delà du don annuel pour mieux travailler
sur le nexus urgence-développement-paix. Malgré ce nouveau type de financement, le mode
opérationnel est resté le même. Si la première année a été lancée avec difficulté, il convient de
constater que la grande majorité des appuis (kits caprins + aliments bétail et cash AGR) est
intervenue dans le dernier quart des interventions au Mali. La FAO n’a pas su exploiter la
pluriannualité du projet, pour mettre en place une organisation qui évite ou limite les retards qui
se reproduisent chaque année et avoir une meilleure efficacité.

135. L'action de la FAO est ainsi restée circonscrite à la réponse humanitaire, bien qu’elle utilise des
financements pluriannuels. En effet, les interventions ont très souvent ciblé chaque année des
bénéficiaires nouveaux/différents, sans assurer un suivi des bénéficiaires des années passées,
sauf au Tchad, où la FAO affirme que les bénéficiaires des années antérieures ont été suivis par
l’ONG partenaire de mise en œuvre dans le cadre des accords de l’année en cours et au Niger où
la FAO a opté pour une intervention centrée sur les mêmes bénéficiaires pour certaines activités
(cash AGR, kit caprins, nutrition) durant toute la vie du projet. Il aurait été plus pertinent de
travailler sur les mêmes cibles pendant quelques années afin de pérenniser les résultats. La
signature de protocoles annuels avec les partenaires de mise en œuvre s'inscrit également
davantage dans le cadre d'une réponse humanitaire supposée de courte durée. Il aurait été plus
pertinent de signer des protocoles pluriannuels ou d'autre forme de protocole adaptée à ce
contexte pour permettre aux partenaires une meilleure planification et efficacité.

136. En outre, il est évident pour l’ensemble des interventions que le groupe de partenaires est peu
sollicité pendant la mise en œuvre du projet en dehors de la réalisation des activités prévues dans
les protocoles annuels. La relation est contractuelle et les parties prenantes sont peu amenées à
contribuer d'un point de vue stratégique. Elles se limitent à réaliser ce qui leur est demandé. Un
projet de trois ans se réduit alors à la somme de trois années séparées sans planification
stratégique pour les partenaires. Les partenaires ont ainsi vu très peu de différences engendrées
par ce nouveau type de financement des interventions.

Constatation 23. La complémentarité entre le financement humanitaire et le financement du


développement est pertinente au Mali, mais a une faible efficacité.

137. Si la pertinence de la complémentarité entre les deux projets semble bien pensée (des
investissements agricoles au Mali tels que les PIV et les petits périmètres maraîchers du projet
804 devaient compléter l’appui pastoral du projet 701), le calendrier des interventions remet son
efficacité en cause, avec le projet de développement qui intervient presqu'à la fin de l’échéance.

138. Ces investissements sont toutefois complexes et demandent du temps avant d’aboutir au niveau
communautaire, par rapport à une simple distribution de caprins. Idéalement, un projet
pluriannuel d’urgence de type 701 devrait être complété par un projet 804 qui démarrerait 18
mois plus tard et lui survivrait 18 mois (soit deux projets de trois ans qui démarreraient avec un
décalage de 18 mois). Dans le cas du projet 804, la livraison d’une majorité des investissements
(avec parfois des malfaçons) dans le dernier trimestre 2019 (voire même au premier trimestre
2020) fait peser un vrai risque sur la durabilité de ces investissements. De plus, si le projet 804
avait duré plus longtemps, les volets AGR (prévus dans les deux projets) auraient pu être
accompagnés et donner finalement satisfaction. Mais les investissements ont été faits en dehors
de tout suivi.

139. Enfin, si l’abandon de la zone de Ménaka est compréhensible dans le projet 804 (car sans
possibilité de suivi satisfaisant et sans capacité à absorber des investissements purement
agricoles), il faut bien noter pour Mopti que le changement de partenaire de mise en œuvre dans
la région de Gao entre les deux projets 701 et 804 a créé une situation de flou sur les activités

42
Principaux constats

initiées lors du projet 701. Il est fréquent, en effet, qu'un nouvel opérateur hésite à prendre la
suite du travail d’un partenaire (surtout dans ces zones). C’est donc sans surprise que les étables
du projet 701 n’ont pas été suivies par l’opérateur du projet 804.

140. En résumé, le processus de sélection des ONG partenaires a suivi une procédure bien définie et
le partenariat est apprécié; néanmoins, la signature des protocoles prend du temps et la
coordination reste faible. Malgré un financement pluriannuel pertinent, l'action de la FAO est
restée circonscrite à une réponse de type humanitaire, avec par conséquent peu de valeur ajoutée.
Même si la pertinence de la complémentarité entre le financement humanitaire et le financement
du développement au Mali a été établie, son efficacité est demeurée faible.

3.5 Genre
Constatation 24. La prise en compte des considérations de genre a été pleinement intégrée dans le
processus de ciblage et les femmes ont fortement participé aux activités. Le système de suivi et évaluation
présente des données statistiques désagrégées selon le genre. Cependant, les projets n’ont pas prévu de
stratégie de genre visant l’égalité entre les sexes et l'autonomisation des femmes. Ceci aurait pourtant
permis l’identification d'activités adaptées spécifiquement à leurs besoins.

141. Lors de la conception du projet, aucune analyse genre approfondie n’a pas été effectuée. Des
indicateurs désagrégés par sexe dans les différents cadres logiques ne figuraient pas dans le
projet. Les activités prévues n’ont donc pas accordé d'attention particulière aux besoins
spécifiques des femmes dans un contexte sécuritaire tendu. Lors de la mise en œuvre, les efforts
se sont toutefois intensifiés pour atteindre l’objectif d’égalité des sexes. En outre, l’évaluation a
constaté que le ciblage a pris en compte des critères mettant en exergue la vulnérabilité des
ménages tels que la présence des enfants mal nourris, l’existence de ménages vulnérables ayant
une femme ou un jeune adulte à leur tête. Ces critères de ciblage ont permis de minimiser ainsi
tout risque de marginalisation d’un groupe de personnes ou des femmes.

142. L’évaluation note une bonne participation des femmes aux activités du projet. Les soutiens les
plus conséquents pour renforcer les moyens d’existence des ménages (kit caprin et AGR) ont ciblé
essentiellement, dans plus de 90 pour cent des cas, les ménages ayant une femme à leur tête, de
même que les activités sensibles de réception de transfert monétaire. Les femmes sont également
représentées au sein des comités de plainte et des comités de ciblage. Leur constitution même
prend en compte la dimension de genre afin d'assurer une représentation des femmes en leur
sein.

143. Des statistiques désagrégées par genre des groupes de bénéficiaires sont fournies au terme de la
mise en œuvre des interventions. Toutes les activités ont vu l’identité des bénéficiaires désagrégée
par sexe et par statut (réfugié, retourné, PDI, hôte). Cependant ces statistiques restent muettes en
ce qui concerne les groupes d’âge des bénéficiaires ou la prise en compte de handicaps
spécifiques rapportés au niveau des bénéficiaires.

Constatation 25. Les projets ont contribué à l’autonomisation sociale et probablement économique des
femmes, renforçant leur estime personnelle et leur rôle au sein du ménage.

144. Les projets en général ont contribué à l’autonomisation sociale des femmes et ont renforcé leur
voix au sein des communautés. Les clubs Dimitra au Niger en particulier ont permis aux femmes
de s’exprimer à travers de vrais espaces de dialogues et d’échanges d’abord entre femmes et
hommes de manière séparée, mais aussi en plénière par la suite. Ce travail au sein de
communautés très affectées par la crise a permis à la femme de faire valoir son point de vue dans
une société nigérienne où l’espace public est essentiellement masculin.

43
Évaluation de cinq projets de la FAO financés par l’ASDI au Cameroun, au Mali, au Niger et au Tchad

145. Le soutien fourni par les projets a permis aux femmes de développer une source de revenus, qui
leur procure des ressources financières et contribue potentiellement à leur autonomisation au
sein du ménage. Les activités génératrices de revenus devraient également augmenter leur
capacité à s’occuper des membres de leur famille, comme l'évoquent leurs témoignages. Les
entretiens réalisés auprès des femmes au Cameroun et au Tchad révèlent que les ressources tirées
des interventions ont renforcé le rôle de la femme au sein du ménage. En effet, la mise en œuvre
des activités agricoles leur a permis de développer leur autonomie financière et de renforcer ainsi
leur rôle de premier plan dans leur ménage. Par conséquent une part croissante de ces dernières
affirment que l'exercice d’activités agricoles à partir des intrants reçus de la FAO ont fait d’elles
des personnes actives qui ne dépendent plus ou dépendent moins des ressources qu’apportent
les hommes. Le renforcement de l’autonomie est encore plus mis en avant pour celles dont une
partie des récoltes procure des revenus destinés au soutien des dépenses au sein des ménages.

146. Selon des femmes en situation de décideur dans leur ménage au Mali et au Niger (voir encadré
2, encadré 3 et encadré 4), l’accès à un capital modeste, mais tout de même substantiel, n’était
pas quelque chose d’envisageable. Au Niger en particulier, les caisses d’épargne établies par les
femmes au sein des clubs Dimitra ont permis une mobilisation financière importante. Tous les
montants mobilisés sont gérés et utilisés par ces femmes à leur guise dans des activités diverses
de développement en vue de les faire fructifier et d'accroître leurs caisses (d'après le bilan des
activités 2018 de l'ONG APEBA).

147. Cette possibilité a changé la perception que les femmes dans ces situations avaient d’elles-mêmes
et leur confiance en elles a été renforcée.

148. Malgré ces constatations positives, il est encore précoce de parler de changements
transformateurs en matière de genre au niveau communautaire.

149. En résumé, les processus de ciblage ont permis d'identifier efficacement la population la plus
susceptible d'être considérée comme vulnérable pour bénéficier de l’appui et les considérations
de genre ont été pleinement intégrées dans le processus. Même si lors de la conception des
projets une analyse genre approfondie et des indicateurs désagrégés par sexe font défaut, une
forte proportion de femmes a bénéficié des interventions, ce qui a contribué à renforcer leur accès
à un capital et à un rôle de premier plan dans les ménages, contribuant à leur autonomisation
sociale et économique.

3.6 Durabilité
Constatation 26. Il est fort probable que les différentes mesures mises en place par les interventions,
telles que l’implication et la formation des partenaires locaux, l’investissement dans les biens et
équipements et la mise en place d’actifs productifs, contribueront à la pérennisation des acquis.

150. Au niveau institutionnel, l’implication des services techniques de l’État dans la mise en œuvre et
le suivi des interventions représente un gage de durabilité, favorisé et renforcé par la
reconnaissance de leur rôle par les communautés bénéficiaires, bien que celle-ci puisse être
entravée par les faibles moyens de l’État. De même, le renforcement de leurs capacités notamment
à travers les «bonnes pratiques agricoles» et la gestion de CEP leur permettra de continuer sans
ambages à assurer le suivi et l'appui des personnes vulnérables dans leurs zones de compétences
respectives. En revanche, les projets n’ont pas mis en place de stratégies de sortie bien définie, ce
qui représente une entrave à la durabilité des acquis des interventions.

151. Au niveau communautaire, les bénéficiaires ont démontré un engagement et une appropriation
des interventions soutenues par le projet. Il a été facilité par leur participation à la conception et

44
Principaux constats

à la mise en œuvre des activités. Ils ont acquis des compétences et des capacités qui leur
permettront à l'avenir de poursuivre les activités. Il y a donc une appropriation et un engagement
au niveau communautaire qui indique la durabilité des acquis des interventions. Il est possible de
signaler ici la grande vitalité des clubs Dimitra au Niger qui ont été initiés par le projet et qui n’en
sont absolument plus dépendants. En effet, les populations qui se sont investies dans ces clubs
n’ont pas besoin de l’intervention pour les faire vivre. Les bénéficiaires ont pris des initiatives en
dehors des activités des interventions mais inspirées par le projet. Selon les résultats des groupes
de discussion, les clubs Dimitra ont noué d’autres partenariats et élargi leur domaine d’activités;
les bénéficiaires de petits ruminants arrivent à trouver d’autres sources d’alimentation des
animaux. Ceci est également un aspect positif qui donne des preuves de leur engagement.

152. Au niveau technique, il convient de souligner la vitalité de la contre saison impulsée par le projet
au Cameroun et au Niger, avec des bénéficiaires qui arrivent à bien s’occuper en saison sèche
grâce au maraîchage. Les cultures de contre saison vont probablement se poursuivre, au regard
des enjeux économiques. Les femmes, les hommes et les jeunes sur les sites maraîchers affirment
tirer des ressources de leur activité de maraîchage, selon les résultats de l’enquête au Niger, ce
qui est une motivation pour poursuivre ces productions, même si l’accessibilité en semences
potagères risque vraisemblablement de poser un problème à courte échéance. Enfin, les
équipements mis à disposition sont désormais de la propriété des bénéficiaires. Ils pourront
poursuivre leurs activités même après le projet.

Constatation 27. Il existe toutefois des facteurs qui ne favorisent pas la durabilité de certains acquis, tels
que l’absence de soutien à la production semencière locale, l’isolement du CEP et le démarrage tardif de
certaines activités importantes.

153. Les interventions ont soutenu la mise à disposition de semences aux bénéficiaires, acquises
chaque année auprès de fournisseurs extérieurs. Ceux qui ont pu produire et conserver des
semences pourront les utiliser sur deux ou trois campagnes au maximum. Cette situation aurait
pu être différente si l’intervention avait procéder à l’identification et à la formation des groupes
de bénéficiaires œuvrant spécifiquement pour la production des semences. Cette approche aurait
eu le mérite tout au moins de renforcer les capacités de certains de ces bénéficiaires et aurait
rendu disponibles ces types de semences localement.

154. Les CEP tels que promus par les interventions ne sont pas durables car ils sont isolés, même si, au
Cameroun, les bénéficiaires ont continué par eux-mêmes à mettre en place quelques CEP après
l’intervention grâce au dynamisme des comités de villages.

155. La planification initiale de certaines interventions prévoyait la mise en œuvre des activités de plus
long terme (Mali, Niger), devant renforcer la résilience des ménages, durant les deux premières
années. Ces activités ont finalement démarré dans le dernier quart de l’intervention (parfois le
dernier mois, AGR et kits caprins). Ceci remet en cause leur efficacité et durabilité. Il en est de
même de la mise en place tardive des périmètres irrigués villageois. L’apprentissage des mesures
et règles d’entretien des sites et des équipements ne pouvant se faire pendant l’intervention
(comités de gestion), certains doutes demeurent quant à la poursuite de l’activité.

156. La mise en place de moulins dans le cadre de l’appui des AGR pour les bénéficiaires, sans former
d'artisans réparateurs, ne garantit pas la continuité de l’activité. En effet, les frais de réparation
des moulins constituent une source de dépenses importantes qui amenuisent les ressources tirées
des AGR ainsi mises en place. Ces fonds auraient pu être dédiés au renforcement du panier
nutritionnel du ménage plutôt qu'à la réparation quotidienne des moulins.

45
Évaluation de cinq projets de la FAO financés par l’ASDI au Cameroun, au Mali, au Niger et au Tchad

157. La mise en place d’interventions qui prennent en compte les besoins nouveaux exprimés par les
populations des zones affectées pourrait favoriser la durabilité. Ces besoins nouveaux expriment
par exemple le souhait d’introduire la spiruline et des semences d’aubergine dans le cadre des
interventions.

158. Enfin, l’approche des conventions de gestion négociées et agréées avec les populations utilisant
les espaces aménagés est pertinente. Cependant, le manque d'aboutissement du processus de
signature desdites conventions pourrait fragiliser ses acquis et le potentiel de cette approche en
terme de gestion de conflit.

159. En résumé, plusieurs mesures mises en place par les projets, telles que l’implication et la formation
des partenaires locaux, l’investissement dans les biens et équipements, et la mise en place d’actifs
productifs, contribueront à la pérennisation des acquis des interventions. Cependant l’absence de
soutien à la production semencière locale, l’isolement du CEP, le démarrage tardif de certaines
activités importantes et la faible capacité de l’État pourraient fragiliser certains acquis.

46
4. Conclusions et recommandations
160. En s'appuyant sur les résultats de cette évaluation, l'équipe d'évaluation énonce ses conclusions
et recommandations.

4.1 Conclusions
Conclusion 1. Les projets sont alignés sur les stratégies et programmes nationaux, les priorités identifiées
par le PNUAD et le plan de réponse humanitaire, le cadre de programmation par pays de la FAO, les
objectifs institutionnels de la FAO, les initiatives régionales de la FAO, la Stratégie ASDI pour l'aide
humanitaire et la Stratégie de la coopération suédoise au développement avec le Mali 2016-2020. Les
interventions sont pertinentes, issues d’une analyse du contexte et des besoins des bénéficiaires,
permettant de renforcer les moyens de subsistance, la résilience et la protection des bénéficiaires, bien
que la conception de certaines interventions se soit avérée peu adaptée à la durée de mise en œuvre. Les
processus de ciblage ont permis d'identifier efficacement la population la plus susceptible d'être
considérée comme vulnérable pour bénéficier de l’appui. Les modalités d’intervention sont adéquates
et impliquent les acteurs à différents niveaux, bien que certaines modalités se soient révélées peu efficaces
en raison du contexte sécuritaire et des difficultés d’accès au foncier. Les interventions ont pris en compte
les principes de redevabilité envers les populations affectées, de protection et de sensibilité aux conflits,
de respect des principes humanitaires et du nexus humanitaire-développement-paix. La qualité de
l’analyse de la sensibilité des interventions aux conflits a été toutefois peu satisfaisante et les comités de
plaintes nécessitent un encadrement leur permettant de réaliser les tâches attendues.
Conclusion 2. Les interventions ont contribué à une amélioration de la production agricole et animale à
travers l’aménagement de périmètres maraîchers et de zones de pâturage ensemencées, et à travers des
appuis en intrants couplés à des formations et accompagnements techniques. Il en ressort une
diversification des productions et de la disponibilité de produits frais, contribuant à une amélioration de
l’autoconsommation et à la création d’activités génératrices de revenus. Les appuis ont contribué
également à la reconstitution du cheptel et à l’amélioration de la santé animale. En dépit des contributions
positives, des facteurs externes (d’ordre sécuritaire et environnemental) et internes (procédures internes,
faible encadrement technique et modalités inadéquates) ont affecté l’atteinte optimale des résultats.
L’encadrement technique était de qualité, mais les formations sur les techniques culturales et maraîchères
ont été insuffisantes. Les retards dans la mise à disposition des intrants, et les attaques parasitaires ont
réduit les possibilités de production pluviale sur certains sites. Le cash AGR a été distribué tardivement,
ne permettant pas un accompagnement efficace des bénéficiaires. Certains investissements, tels que les
étables, les forages pastoraux et les bio digesteurs n’étaient pas appropriés pour obtenir des impacts forts
au regard de la durée du projet. Enfin, le processus de signature des conventions de gestion négociées
et agréées avec les populations utilisant les espaces aménagés n’est pas arrivé à terme, ce qui pourrait
générer des conflits potentiels au Mali sur les ressources naturelles.
Conclusion 3. Le processus d’appropriation des pratiques familiales essentielles a bien fonctionné, des
formations aux démonstrations culinaires au niveau des villages avec des partenaires de mise en œuvre
bien identifiés, renforçant ainsi les connaissances des communautés sur les bonnes rations alimentaires
et la diversification alimentaire. Une forte variété est notée dans la consommation des produits
alimentaires des ménages précisément au Niger, indiquant une bonne diversité alimentaire. Cependant,
ce processus d'appropriation a connu quelques limites en lien avec l’absence de manuels et fiches pour
les personnes formées et la faible influence de la FAO qui a laissé l’organisation partenaire effectuer des
choix pas nécessairement les meilleurs.
Conclusion 4. Les projets ont introduit des activités considérées comme innovantes dans leurs contextes,
parmi lesquelles les clubs Dimitra, les CEP, les conventions de gestion des espaces aménagés et
l'intégration de femelles gestantes dans la distribution de kits caprins, associée à un stock d’aliment de

47
Évaluation de cinq projets de la FAO financés par l’ASDI au Cameroun, au Mali, au Niger et au Tchad

bétail gratuit. L’approche des clubs Dimitra a connu une bonne appropriation par les populations ciblées.
Elle s’est avérée un élément clé pour renforcer la cohésion sociale, renforcer le rôle des femmes au sein
de la communauté et soutenir les moyens de subsistance au niveau local. De nouvelles pratiques agricoles
ont été adoptées par les bénéficiaires, grâce aux modèles de CEP bien que leur mise en œuvre ait connu
des retards. Les communautés pastorales ont apprécié les aménagements pastoraux et démontré une
bonne appropriation en participant aux travaux.
Conclusion 5. La capacité des communautés à faire face aux chocs a certes été renforcée, mais l’analyse
de l’auto-perception de la résilience montre que des communautés bénéficiaires demeurent peu
résilientes face aux chocs malgré l’intervention de la FAO. La promotion d’une approche intégrée qui
bénéficierait aux mêmes groupes cible (production, formation et activités génératrices de revenus), leur
permettrait de s’engager dans des activités productives et contribuerait à renforcer leur résilience a fait
défaut. La durabilité des acquis des interventions dépendant des suivis et appuis des services techniques
pourrait être entravée par les faibles moyens de l’État. Les acquis des interventions relevant des
communautés et ne demandant pas un appui additionnel des partenaires ont une forte probabilité de
pérennisation, étant donné l’engagement des bénéficiaires et leur appropriation de ces activités, en
particulier les clubs Dimitra.
Conclusion 6. La FAO a apporté une plus-value technique dans la mise en œuvre des activités et a affecté
du personnel d’appui technique de qualité sur le terrain. Toutefois, la lourdeur des processus internes de
l’Organisation associée à la faible capacité opérationnelle des partenaires a contribué à créer des retards
préjudiciables à l’efficience, à l’efficacité et à la durabilité de certaines interventions: retards dans la
fourniture des semences et intrants agricoles, retards dans l’achèvement des PIV, retards dans le soutien
monétaire en espèces aux familles vulnérables, etc. Tout cela pose la question de la capacité de la FAO à
adapter ses procédures à l’urgence. Les dispositifs de suivi-évaluation restent faibles et ne permettent pas
la génération des leçons sur les résultats des projets et encore moins une gestion adaptative des
interventions. De plus, certaines opportunités de synergie et de complémentarité avec les autres
interventions de la FAO auraient pu être optimisées.
Conclusion 7. Le processus de sélection des ONG partenaires de mise en œuvre a suivi une procédure
bien définie et le partenariat est apprécié; néanmoins, la signature des protocoles a pris du temps et la
coordination des interventions est restée faible. Malgré un financement pluriannuel pertinent, l'action de
la FAO est restée circonscrite à la réponse humanitaire, avec par conséquent peu de valeur ajoutée. Le
calendrier de mise en œuvre des deux types d’interventions n’a pas été idéal pour montrer l’efficacité de
la complémentarité entre le financement humanitaire et le financement du développement au Mali. Enfin,
en matière de pluriannualité, certains types d’activités prévues ne peuvent être envisagés dans des
interventions de moins de trois ans.

4.2 Recommandations
Recommandation 1. Renforcer le dispositif interne de la FAO pour une plus grande efficacité et efficience
dans la mise en œuvre des projets. Pour cela, les actions suivantes sont nécessaires: i) renforcer la
collaboration et la synergie entre les Unités des programmes et des achats pour limiter les retards dans
les marchés de fournitures d’intrants et les délais de contractualisation des partenaires; ii) renforcer la
coordination locale des interventions, bâtir un dialogue et une présence locale, et renforcer la synergie et
la collaboration entre les différents projets de la FAO; iii) renforcer les analyses de sensibilité des
interventions aux conflits à travers le développement d’outils appropriés; iv) renforcer les mécanismes de
redevabilité, notamment le mécanisme de plaintes.
Recommandation 2. Opérer des choix stratégiques pour la mise en œuvre des interventions sur
financements pluriannuels pour une meilleure contribution à la résilience en allant au-delà de
l’humanitaire: i) Promouvoir une approche intégrée visant les mêmes groupes cibles afin de leur
permettre de s’engager dans des activités productives et une gestion durable des ressources naturelles.

48
Conclusions et recommandations

Intensifier ainsi l’appui au niveau des bénéficiaires afin de faire profiter au même bénéficiaire des trois
activités: production, formation et activités génératrices de revenu; ii) Prendre en compte notamment, et
ce dès la conception du projet, le nombre et type de bénéficiaires suivis pendant toute la durée du projet,
la durée de contractualisation avec les partenaires de mise en œuvre, l’articulation sur plusieurs années
ou une durée plus longue des activités et une intégration entre les différentes activités pour contribuer à
la résilience des communautés.
Recommandation 3. Valoriser les leçons apprises dans les pratiques de programmation et de suivi dans
le cadre de la formulation et de la mise en œuvre des interventions futures de la FAO. Pour ce faire, les
actions suivantes sont nécessaires: i) mettre en place un système de suivi-accompagnement rigoureux et
rapproché des bénéficiaires; ii) réaliser des études de début et de fin de projet pour influencer la prise de
décisions dans le cadre d’une gestion adaptative.
Recommandation 4. Renforcer l’efficacité de certains investissements, à travers la formation et
l’équipement des artisans réparateurs de moulins dans les zones ayant bénéficié de l’appui en moulins,
et finaliser les conventions de gestion négociées et agréées avec les populations utilisant les espaces
pastoraux aménagés afin de garantir une meilleure gestion des équipements vitaux (forages pastoraux,
étables, forages simples, etc.) mis en place pour la conduite des troupeaux. Ce processus permettrait de
pérenniser les investissements. Explorer des opportunités à travers les clubs Dimitra et autres moyens de
dissémination afin de renforcer les effets des productions agricoles en les combinant à des formations en
éducation nutritionnelle.
Recommandation 5. Dans le cadre de futures interventions: soutenir la mise en place locale de
groupements de producteurs semenciers; organiser des foires aux semences comme mode de
distribution aux bénéficiaires; introduire les Caisses de résilience comme approche durable de
renforcement des capacités pour accompagner les producteurs dans les différentes activités CEP
(production pluviale, maraîchère ou élevage). L’approche intègre un volet technique (CEP), un volet
financier (groupe d’épargne) et un volet social (clubs Dimitra). Les attaques parasitaires s’étant révélées
le principal facteur défavorable aux productions, des solutions pour les contrer devaient être
expérimentées dans les CEP.
Recommandation 6. Reconduire une nouvelle phase du projet au Mali afin de réhabiliter les
investissements réalisés et donner l’impulsion à un réel développement local intégré. Les deux projets
précédents seraient ainsi mieux valorisés et l’efficacité de la combinaison entre urgence et développement
pourrait davantage s'exprimer.
Recommandation 7. Conduire une analyse genre approfondie lors de la conception des projets afin de
comprendre l’accès des femmes aux ressources, leurs activités et les contraintes rencontrées et adapter
les activités en fonction des besoins identifiés pour une amélioration de leur autonomisation économique
et sociale. Compte tenu des résultats positifs des clubs Dimitra au Niger, répliquer l’approche dans les
autres pays, notamment au Cameroun et au Tchad.

49
Bibliographie
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Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires. 2020. Plan de réponse
humanitaire au Cameroun. 2020
Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires. Plans de réponse
humanitaire au Mali (respectivement pour les années 2018, 2019, 2020).
Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires. Plans de réponse
humanitaire au Niger (respectivement pour les années 2018, 2019, 2020).
Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires. Plans de réponse
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51
Évaluation de cinq projets de la FAO financés par l’ASDI au Cameroun, au Mali, au Niger et au Tchad

République du Mali. 2019b. Politique nationale de sécurité alimentaire et nutritionnelle (PolNSAN).


Bamako.
République du Mali, Commissariat à la sécurité alimentaire. 2017. Plan national de réponse (PNR)
2017. Bamako.
République du Mali, Commissariat à la sécurité alimentaire. 2018. Plan national de réponse (PNR)
2018. Bamako.
République du Mali, Commissariat à la sécurité alimentaire. 2019a. Plan national de réponse (PNR)
2019. Bamako.
République du Mali et Alliance globale pour l'initiative résilience. 2015. Priorités résilience pays du
Mali 2015-2019. Bamako.
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(2013-2017). Yaoundé.
Système des Nations Unies au Cameroun. 2018. Plan-cadre des Nations Unies pour l’aide au
développement du Cameroun (PNUAD) 2018-2020. Yaoundé.
Système des Nations Unies au Mali. 2015. Plan-cadre intégré des Nations Unies pour l’aide au
développement au Mali (PNUAD+) 2015-2019. Bamako.
Système des Nations Unies au Niger. 2014. Plan-cadre des Nations Unies d'assistance au développement
(PNUAD) 2014-2017. Niamey.
Système des Nations Unies au Niger. 2019. Plan-cadre des Nations Unies d'assistance au développement
(PNUAD) 2019-2021. Niamey.
Système des Nations Unies au Tchad. 2017. Plan-cadre des Nations Unies pour l’Assistance au
Développement (PNUAD) 2017-2021. N’Djamena.

52
Appendice 1. Liste des personnes interrogées
Nom Prénom Structure Fonction

Abakar Mahamat Nour Délégation de l’élevage

Abolgo Pierre FAO Cameroun Point focal Sous-Bureau FAO Maroua

Aboukar Mamadou N'GADA Mutuelle d’épargne et Responsable programmes


de crédit de Diffa, Niger

Aliodjbril Hamza FAO Niger Chef d’antenne à Diffa et chef du


projet 701 en 2019

Baby Mohamed FAO Mali Chef d’antenne Gao et Kidal

Balfroid Camille FAO Fonctionnaire technique principal

Bealoum Marcel FAO Tchad Unité achats

Bichair Damaris Ministère de l’agriculture et du Délégué d’arrondissement, agent de


développement durable vulgarisation de zone Mora
(Cameroun)

Bitang Bitang Doubla CODAS CARITAS Maroua Secrétaire général du Comité


(Cameroun) diocésain

Boukar Mamadou Fédération des associations et Chargé de programme


collectifs pastoraux de Diffa
(FACPAD), Niger

Brou Landry FAO Niger Chef des opérations

Bruno Marta FAO, Rome (OED) Coordonnatrice portefeuille


évaluation de la résilience

Coumare Mahamadou Direction régionale de Point focal


l’agriculture Mopti, Mali

Dan Malam Moussa FAO Niger Chargé du suivi-évaluation

Diakité Luc Direction régionale de Directeur


l’hydraulique, Tombouctou,
Mali

Diarra Adama FAO Mali Chef de projet 804

Diarra Oumar Direction régionale de Directeur des productions animales


l’élevage Tombouctou, Mali

Dicko Alhousseyni FAO Mali Chef de projet 701

Diguera Wahilo FAO Tchad Administration et finances

Djakdjing Birwe Ministère de l’agriculture et du Agent de vulgarisation de zone


développement durable, Fotokol
Cameroun

Djiguy Cissouma ONG CSPEEDA Mopti, Mali Responsable du projet

Djimet Mahamat CHORA (Tchad)

Doumbia Abdoulaye ONG CSPEEDA Mopti, Mali Responsable du projet

Eba Etienne FAO Cameroun Responsable des achats

Gangnon Cyprien Programme des Nations Unies Coordinateur principal de projet


pour le développement
(PNUD)

53
Évaluation de cinq projets de la FAO financés par l’ASDI au Cameroun, au Mali, au Niger et au Tchad

Nom Prénom Structure Fonction

Genot Luc FAO Niger Représentant adjoint pays adjoint

Gori Abdallah ANADER Animateur

Guifayi Mateso Georgette Jolie Haut-Commissariat aux


réfugiés

Guedjeo Salomon Ministère de l’agriculture et du Agent de vulgarisation de zone Mawa


développement durable,
Cameroun

Haranga David CODAS CARITAS Yagoua, Secrétaire général du Comité


Cameroun Diocésain

Hategekimana Gabriel FAO Mali Responsable des opérations

Hinrichs Angela FAO, Rome Fonctionnaire du Bureau Urgences et


réhabilitation, OER - Point focal ASDI
au sein de la Division urgence FAO

Ingram Lewis FAO, Rome Spécialiste mobilisation des fonds et


partenariats, OER

Isseine Ben Douala CHORA, Tchad

Kanagara Alphonse FAO Cameroun Spécialiste opération d’urgences

Konaté Seiba FAO Mali Chef d’antenne Mopti

Lamana Adoum CHORA, Tchad

Mahama Ali Issaka FAO Niger Chargé du suivi évaluation

Mahamane Adamou FAO Niger Chef d’antenne Maradi

Mahanlmbaye Bandoum Délégation de l’agriculture

Maiga Amadou ONG APROMORS Directeur


Tombouctou, Mali

Maiga Issa ONG ANI Gao, Mali Responsable du projet

Mamadoultaibou Aissa FAO Fonctionnaire technique principal

Massao Mahamat Ministère de l’agriculture et du Agent de vulgarisation de zone


développement durable, Makary
Cameroun

Mbraougue Kidmo FAO Cameroun Chef Sous-Bureau Kousseri

Machinda Ndimba FAO Cameroun Responsable ressources humaines

Ngam Jean Clauzel FAO Cameroun Chargé suivi-évaluation

Ngardingal Joli Bonheur FAO Tchad Ancien Chef d’antenne provinciale du


Lac

Ngardinga Nodjimadji FAO Tchad Chef d'antenne de Bol

Ngueba Steve FAO Tchad Ressources humaines

Nzeyimana Christian Programme alimentaire


mondial

Omorou Soumana ONG NOHO Gao, Mali Responsable du projet

Ouattara Gustave FAO Tchad Responsable suivi-évaluation

Polini Céline FAO, Rome Équipe urgence Afrique de l’Ouest en


charge du Mali, Niger et Burkina Faso

54
Appendice1. Liste des personnes interrogées

Nom Prénom Structure Fonction

Robichaud Marc Entreprise FOREX, Mali Directeur

Sadou Abdoulwahidou FAO Tchad Responsable achats

Sorto Mahamat FAO Tchad Responsable programmes

Sow Coumba FAO, Bureau sous-régional Coordinateur sous-régional pour la


Afrique de l'Ouest Résilience Afrique de l'Ouest et Sahel

Sylla Mohamed FAO Cameroun Coordinateur des urgences

Tchatchoua Gerald FAO Cameroun Chargé de programme

Tengnäs Ana Ambassade de Suède

Vågberg Erik ASDI Membre du Bureau Sahel et


thématique migration

Yahyah FAO Niger Chef de projet WVI Diffa

Yattara Mahamane FAO Mali Chef d’antenne Tombouctou

55
Appendice 2. Analyse de l’auto-perception de la résilience
161. L’évaluation a collecté des données sur l’auto-perception de la résilience par les ménages
bénéficiaires. L’analyse a été organisée par capacité63, en cas de survenance des principaux chocs
suivants: risques climatiques, risques phytosanitaires/ravageurs, conflits/violences. Chaque choc
est alors évalué sur une échelle de perception de 1 à 5 où 1 représente la perception d'une forte
capacité de résilience et 5 celle de l'absence totale de résilience. La moyenne de l’ensemble des
notes de perception est présentée dans la matrice suivante.

Note Note moyenne


Capacité Chocs
moyenne Niger Mali
- Risques climatiques 3,3 3,3
Capacité d'absorption Niger: 3,3
- Conflits/Violences 3,5 3,6
Capacité d'absorption Mali: 3,4
- Phytosanitaire/ravageurs 3,1 3,4
- Risques climatiques 3,7 3,2
Capacité d'adaptation Niger: 3,7
- Conflits/Violences 3,8 3,5
Capacité d'adaptation Mali: 3,3
- Phytosanitaire/ravageurs 3,5 3,3
- Risques climatiques 3,0 3,6
Capacité de transformation Niger: 3,0
- Conflits/Violences 3,1 3,9
Capacité de transformation Mali: 3,7
- Phytosanitaire/ravageurs 2,9 3,7
- Risques climatiques 3,6 3,4
Capacité d'anticipation Niger: 3,5
- Conflits/Violences 3,7 3,6
Capacité d'anticipation Mali: 3,5
- Phytosanitaire/ravageurs 3,4 3,5
- Risques climatiques 2,9 2,5
Connaissances et informations Niger: 3,0
- Conflits/Violences 3,0 2,8
Connaissances et informations Mali: 2,8
- Phytosanitaire/ravageurs 2,9 3,2
- Risques climatiques 2,9 2,5
Capacité d'apprentissage Niger: 2,7
- Conflits/Violences 2,6 2,6
Capacité d'apprentissage Mali: 2,6
- Phytosanitaire/ravageurs 2,5 2,8
- Risques climatiques 3,7 3,7
Capital financier Niger: 3,7
- Conflits/Violences 3,9 3,8
Capital financier Mali: 3,8
- Phytosanitaire/ravageurs 3,6 3,8
- Risques climatiques 2,7 2,5
Capital social Niger: 2,7
- Conflits/Violences 2,7 2,8
Capital social Mali: 2,7
- Phytosanitaire/ravageurs 2,7 2,8
- Risques climatiques 3,3 3,2
Capital politique Niger: 3,2
- Conflits/Violences 3,2 3,5
Capital politique Mali: 3,4
- Phytosanitaire/ravageurs 3,0 3,5
Moyenne par pays 3,2 3,3
Moyenne des deux pays 3,25

162. L’analyse des données du tableau indique une note moyenne de 3,2 au Niger et de 3,3 au Mali
traduisant un niveau de résilience modeste et des difficultés pour les communautés bénéficiaires
à pouvoir s’en sortir en cas de chocs. Cela signifie qu’en majorité, les ménages ne sont pas

63Absorption, adaptation, transformation, anticipation, connaissances et informations, apprentissage, financier, social et


politique.

56
Appendice 2. Analyse de l’auto-perception de la résilience

préparés et ne sont pas capables de se relever de ces chocs. Ils ne sont pas capables de modifier
leur principale source de revenus ou de moyens de subsistance si nécessaire, ni de trouver un
moyen pour rebondir après un choc. En effet, ils ont affirmé en majorité ne pas disposer de
ressources financières pour survivre aux chocs. Cependant, leurs réponses restent mitigées en ce
qui concerne le soutien des politiques et du gouvernement en cas de chocs.

57
Appendice 3. Matrice d’évaluation
N° Sous-questions Mesure/Indicateur Principales sources Méthodes de Méthodes Qualité de
d’information collecte des d’analyse des l’information
données données
Question d'évaluation 1 (Pertinence) - Dans quelle mesure les projets étaient-ils pertinents pour répondre aux besoins et aux priorités des pays, de la FAO, de l’ASDI et des
populations ciblées?

1.1 Le projet est-il pertinent et 1.1.1 Niveau d’alignement des Personnel FAO Entretiens semi directifs Triangulation des Affectée par:
cohérent avec les stratégies et objectifs et activités du projet avec les
Partenaires de mise en Revue Informations - la situation
programmes nationaux et de politiques
œuvre sécuritaire et sanitaire
quelle manière? documentaire Validation lors de:
nationales pertinentes (sécurité
Services techniques feedbacks parties - les restrictions
alimentaire et Groupes de discussion
prenantes, atelier
Documents de d’accès aux
moyens d’existence, agriculture, Enquêtes d’analyse et atelier de
élevage, politiques et stratégies validation communautés
Restitution des résultats
environnement, adaptation aux nationales
préliminaires
changements
climatiques, protection sociale et
soutien humanitaire, etc.)
1.1.2 Niveau d’adéquation des actions
mises en
œuvre avec les priorités régionales
dans les secteurs
d’intervention
1.1.3 Les fonds proviennent de deux
sources (humanitaire et
développement): alignement sur les
priorités du gouvernement dans le
cadre du ML 804

1.2 Dans quelle mesure les parties 1.2.1 Niveau de participation des Personnel FAO Entretiens semi directifs Triangulation des Affectée par:
prenantes ont-elles été communautés
Partenaires de mise en Revue Informations - la situation
consultées et impliquées dans le
(hommes, femmes et œuvre sécuritaire et sanitaire
projet (atelier d’écriture avec documentaire Validation lors de:
partenaires potentiels, enquête jeunes) dans le choix, la conception, la Services techniques feedbacks parties - les restrictions
Groupes de discussion
de terrain préliminaire, quels planification, la mise en œuvre et le prenantes, atelier

58
Appendice 3. Matrice d’évaluation

N° Sous-questions Mesure/Indicateur Principales sources Méthodes de Méthodes Qualité de


d’information collecte des d’analyse des l’information
données données
sont les objectifs majeurs suivi des actions et dans le ciblage Leaders Enquêtes d’analyse et atelier de d’accès aux
poursuivis par le projet et ceux des bénéficiaires validation
communautaires Restitution des résultats communautés
qui ne le sont pas)?
1.2.2 Niveau de participation des
Autorités communales préliminaires
collectivités décentralisées (choix des
communes, sites, bénéficiaires) mise Bénéficiaires
en place des structures Documents de
communautaires (comités de gestion,
d’orientation, sélection et de conception et
coordination) planification des
1.2.3 Niveau de participation des activités
services techniques
Rapports d’activités
dans le choix, la conception, la
planification, la
mise en œuvre et le suivi des actions
et dans le
ciblage des bénéficiaires
1.2.4 Comment se fait la coordination
avec d’autres acteurs humanitaires
(ONG) et existe-t-il des preuves d’une
complémentarité sans
chevauchement ou de
chevauchement des actions?
1.2.5 Quel est le niveau de
collaboration ou d‘acceptation des
partenaires entre eux? La
pluriannualité du financement
permet-elle une plus grande
indépendance vis-à-vis des autorités
centrales? Le projet tchadien a changé
de partenaire au bout de la première
année car jugé trop proche de l’État.
Comment cette modification de

59
Évaluation de cinq projets de la FAO financés par l'ASDI au Cameroun, au Mali, au Niger et au Tchad

N° Sous-questions Mesure/Indicateur Principales sources Méthodes de Méthodes Qualité de


d’information collecte des d’analyse des l’information
données données
partenaires a-t-elle été perçue par le
Gouvernement et par la FAO?

1.3 L'approche et les activités 1.3.1 Niveau de pertinence des Personnel FAO Entretiens semi Directifs Triangulation des Affectée par:
planifiées et mises en œuvre par objectifs et activités du projet au
Partenaires de mise en Revue Informations - la situation
le projet étaient-elles adéquates regard de ces
œuvre sécuritaire et sanitaire
pour renforcer les moyens de documentaire Validation lors de:
besoins
subsistance, la résilience et la Services techniques feedbacks parties - les restrictions
Groupes de discussion
protection des bénéficiaires? 1.3.2 Niveau de pertinence des prenantes, atelier
Autorités communales d’accès aux
modalités (distribution, CEP, AVEC, Enquêtes d’analyse et atelier de
etc.) Leaders validation communautés
Restitution des résultats
communautaires
préliminaires
Bénéficiaires
Documents de
formulation du projet

1.4 Dans quelle mesure le projet a- 1.4.1 Redevabilité envers les Personnel FAO Entretiens semi directifs Triangulation des Affectée par:
t-il pris en compte dans sa populations affectées et respect des
Services techniques Revue Informations - la situation
conception les principes de principes humanitaires
sécuritaire et sanitaire
redevabilité envers les Division résilience FAO documentaire Validation lors de:
1.4.2 Protection et sensibilité aux
populations affectées, de feedbacks parties - les restrictions
conflits (quels dispositifs ont été Ambassade de Suède Restitution des résultats
protection et sensibilité aux prenantes, atelier
adoptés, quelles mesures ont été d’accès aux
conflits, de respect des Documents de préliminaires d’analyse et atelier de
mises en œuvre? Des analyses de communautés
principes humanitaires formulation du projet validation
sécurité ont-elles été menées (projet
et du nexus humanitaire- ML804)? Le cas échéant, ont-elles été
développement-paix? utilisées?
1.4.3 Nexus humanitaire-
développement-paix

1.5 Dans quelle mesure le projet 1.5.1 Niveau d’alignement du projet Personnel FAO Entretiens semi directifs Triangulation des Affectée par:
contribue-t-il au cadre de sur les objectifs stratégiques de la
Documents de Revue Informations - la situation
programmation par pays de la FAO
sécuritaire et sanitaire
FAO, à la stratégie de la Suède, politiques et stratégie documentaire Validation lors de:
1.5.2 Niveau d'alignement sur le CPP
ainsi qu’aux résultats feedbacks parties - les restrictions
FAO Ambassade de Suède Restitution des résultats
organisationnels et aux objectifs prenantes, atelier
d’accès aux

60
Appendice 3. Matrice d’évaluation

N° Sous-questions Mesure/Indicateur Principales sources Méthodes de Méthodes Qualité de


d’information collecte des d’analyse des l’information
données données
stratégiques du système des 1.5.3 Niveau d'alignement sur le Division résilience FAO préliminaires d’analyse et atelier de communautés
Nations Unies? PNUAD (développement) et/ou plans validation
de réponse humanitaire (humanitaire)
1.5.4 Niveau d’alignement sur la
stratégie ASDI pour l'aide humanitaire
1.5.5 Niveau d’alignement sur la
stratégie de la coopération suédoise
au développement avec le Mali 2016-
2020

Question d'évaluation 2 (Efficacité) - Les résultats escomptés des projets ont-ils été atteints sur les ménages, les communautés et les institutions et organisations locales ciblées, et
des résultats inattendus (positifs et négatifs) ont-ils été observés?

2.1 Dans quelle mesure le projet a- 2.1.1 Contribution à la protection, à la Personnel FAO Entretiens semi directifs Triangulation des Affectée par:
t-il contribué à protéger, réhabilitation et au renforcement des
Services techniques Revue Informations - la situation
réhabiliter et renforcer les moyens de subsistance:
sécuritaire et sanitaire
moyens de subsistance des ONG partenaires de mise documentaire Validation lors de:
- le ciblage des bénéficiaires intègre la
bénéficiaires (individuel, en œuvre feedbacks parties - les restrictions
dimension de protection (refugiés, Restitution des résultats
ménage, communauté)? prenantes, atelier
retournés, PDI, ménages avec Autorités communales d’accès aux
préliminaires d’analyse et atelier de
handicap, acceptation de toutes les Bénéficiaires communautés
Groupes de discussion validation
ethnies dans des contextes de
tensions communautaires); Enquêtes
- les activités mises en œuvre64,
écarts, réponse aux besoins des
bénéficiaires, quantité de l’appui,
qualité de la mise en œuvre (dans les
délais, qualité des intrants, contenu
de l’appui, suivi-formation, mobilité/
disponibilité des bénéficiaires,
redistributions, forces et faiblesses,
etc.) et leurs effets.

64Fournitured'intrants agricoles, distribution de petits ruminants et formation connexe, transfert monétaire en espèces, CEP, cohésion sociale, groupe AVEC, AGR, kits élevage, unités
de production animale, restauration des terres, gestion des risques de catastrophe, éducation nutritionnelle.

61
Évaluation de cinq projets de la FAO financés par l'ASDI au Cameroun, au Mali, au Niger et au Tchad

N° Sous-questions Mesure/Indicateur Principales sources Méthodes de Méthodes Qualité de


d’information collecte des d’analyse des l’information
données données
2.2 Le projet a-t-il permis aux 2.2.1 Augmentation de la production Personnel FAO Entretiens semi directifs Triangulation des Affectée par:
populations bénéficiaires agricole (distribution d'intrants et de
Services techniques Revue Informations - la situation
d’augmenter leur production semences)
sécuritaire et sanitaire
alimentaire? ONG partenaires de mise documentaire Validation lors de:
2.2.2 Augmentation de la production
en œuvre feedbacks parties - les restrictions
NB: Atteinte des résultats: animale (distribution de petits Restitution des résultats
prenantes, atelier
évaluation qualitative + ruminants, formation) Autorités communales d’accès aux
préliminaires d’analyse et atelier de
évaluation par rapport aux Bénéficiaires communautés
Groupes de discussion validation
indicateurs du cadre logique
Enquêtes

2.3 Le projet a-t-il permis aux 2.3.2 Protection des moyens Personnel FAO Entretiens semi directifs Triangulation des Affectée par:
populations bénéficiaires de d’existence (transfert monétaire en
Services techniques Revue Informations - la situation
protéger et renforcer espèces)
sécuritaire et sanitaire
durablement leurs moyens ONG partenaires de mise documentaire Validation lors de:
2.3.2 Renforcement durable des
d’existence? en œuvre feedbacks parties - les restrictions
moyens d’existence (groupes AVEC, Restitution des résultats
prenantes, atelier
NB: Atteinte des résultats: AGR, kits élevage, unités de Autorités communales d’accès aux
préliminaires d’analyse et atelier de
évaluation qualitative + production animale et restauration Bénéficiaires communautés
Groupes de discussion validation
évaluation par rapport aux des terres)
indicateurs du cadre logique Enquêtes

2.4 Le projet a-t-il permis aux 2.4.1 Promotion/ adoption de Personnel FAO Entretiens semi directifs Triangulation des Affectée par:
populations bénéficiaires de pratiques agricoles appropriées (CEP)
Services techniques Revue Informations - la situation
promouvoir des pratiques
2.4.2 Promotion de la cohésion sociale sécuritaire et sanitaire
agricoles appropriées et la ONG partenaires de mise documentaire Validation lors de:
(CEP, club Dimitra)
cohésion sociale? en œuvre feedbacks parties - les restrictions
Restitution des résultats
2.4.3 L’analyse sur la prévention des prenantes, atelier
NB: Atteinte des résultats: Autorités communales d’accès aux
conflits a-t-elle renforcé les préliminaires d’analyse et atelier de
évaluation qualitative + Bénéficiaires communautés
communautés sur cette thématique Groupes de discussion validation
évaluation par rapport aux
(notamment au Mali)
indicateurs du cadre logique Enquêtes

2.5 Le projet a-t-il permis aux 2.5.1 Diversification de la Personnel FAO Entretiens semi directifs Triangulation des Affectée par:
populations bénéficiaires de consommation alimentaire (éducation
Services techniques Revue Informations - la situation
diversifier leur consommation nutritionnelle)
sécuritaire et sanitaire
alimentaire et de promouvoir ONG partenaires de mise documentaire Validation lors de:
en œuvre feedbacks parties - les restrictions
Restitution des résultats
prenantes, atelier

62
Appendice 3. Matrice d’évaluation

N° Sous-questions Mesure/Indicateur Principales sources Méthodes de Méthodes Qualité de


d’information collecte des d’analyse des l’information
données données
des pratiques appropriées pour 2.5.2 Adoption de pratiques Autorités communales préliminaires d’analyse et atelier de d’accès aux
l'alimentation des enfants? appropriées pour l’alimentation des validation
Bénéficiaires Groupes de discussion communautés
enfants (éducation nutritionnelle)
NB: Atteinte des résultats:
Enquêtes
évaluation qualitative +
évaluation par rapport aux
indicateurs du cadre logique

2.6 Le projet a-t-il permis aux 2.6.1 Renforcement des capacités de Personnel FAO Entretiens semi directifs Triangulation des Affectée par:
populations bénéficiaires de gestion des risques de catastrophes
Services techniques Revue Informations - la situation
renforcer leurs capacités de (formation réduction des risques de
sécuritaire et sanitaire
gestion des risques de catastrophes) ONG partenaires de mise documentaire Validation lors de:
catastrophe? en œuvre feedbacks parties - les restrictions
Restitution des résultats
prenantes, atelier
NB: Atteinte des résultats: Autorités communales d’accès aux
préliminaires d’analyse et atelier de
évaluation qualitative + Bénéficiaires communautés
Groupes de discussion validation
évaluation par rapport aux
indicateurs du cadre logique Enquêtes

2.7 Dans quelle mesure les 2.7.1 Types et volume des formations Personnel FAO Entretiens semi directifs Triangulation des Affectée par:
capacités des parties prenantes proposées
Services techniques Revue Informations - la situation
(services techniques de l’État,
2.7.2 Niveau de renforcement des sécuritaire et sanitaire
autorités locales, communautés, ONG partenaires de mise documentaire Validation lors de:
capacités des parties prenantes
partenaires coopérants) ont- en œuvre feedbacks parties - les restrictions
Restitution des résultats
elles été développées? 2.7.3 Capacité à dupliquer ces prenantes, atelier
Autorités communales d’accès aux
formations préliminaires d’analyse et atelier de
Bénéficiaires validation communautés
Groupes de discussion
Enquêtes

2.8 Dans quelle mesure le projet a- 2.8.1 Les collectivités et les ménages Personnel FAO Entretiens semi directifs Triangulation des Affectée par:
t-il contribué au renforcement se sentent-ils désormais plus en
Services techniques Revue Informations - la situation
de la mesure d’anticiper, de réagir, de faire
sécuritaire et sanitaire
face et de se remettre des effets des ONG partenaires de mise documentaire Validation lors de:
résilience des populations
chocs et des stress? en œuvre feedbacks parties - les restrictions
vulnérables Restitution des résultats
prenantes, atelier
2.8.2 Le projet a-t-il pu assurer le Autorités communales d’accès aux
NB: Atteinte des résultats: préliminaires d’analyse et atelier de
relèvement des populations Bénéficiaires communautés
évaluation qualitative + Groupes de discussion validation
vulnérables, et ont-elles évolué et
sont-elles capables de se projeter

63
Évaluation de cinq projets de la FAO financés par l'ASDI au Cameroun, au Mali, au Niger et au Tchad

N° Sous-questions Mesure/Indicateur Principales sources Méthodes de Méthodes Qualité de


d’information collecte des d’analyse des l’information
données données
évaluation par rapport aux dans un développement social Enquêtes
indicateurs du cadre logique durable? Le projet a-t-il permis de les
relever, de sorte qu’elles soient
désormais aptes à d’autres activités?

2.9 Quels sont les résultats 2.9.1 Résultats inattendus positifs ou Personnel FAO Entretiens semi directifs Triangulation des Affectée par:
inattendus positifs ou négatifs négatifs induits par le projet au niveau
Services techniques Revue Informations - la situation
induits par le projet? communautaire
déconcentrés sécuritaire et sanitaire
documentaire Validation lors de:
2.9.1 Résultats inattendus positifs ou
ONG partenaires de mise feedbacks parties - les restrictions
négatifs induits par le projet au niveau Restitution des résultats
en œuvre prenantes, atelier
des institutions et organisations d’accès aux
préliminaires d’analyse et atelier de
locales ciblées Bénéficiaires
validation communautés
Discussion en groupes de
discussion

Question d'évaluation 3 (Efficience) - Dans quelle mesure les fonctions internes d'appui opérationnel de la FAO ont-elles facilité l'efficacité des projets? Quels ont été les principaux
défis?

3.1 Les résultats ont-ils été obtenus 3.1.1 Retards dans la mise en œuvre Personnel FAO Entretiens semi directifs Triangulation des Affectée par:
en temps opportun et selon le et justification des écarts
Services techniques Revue Informations - la situation
calendrier prévu?
3.1.2 Analyse des retards dans le régionaux sécuritaire et sanitaire
documentaire Validation lors de:
projet dus aux processus ASDI.
ONG partenaires de mise feedbacks parties - les restrictions
Restitution des résultats
3.1.3 Analyse des retards dans le en œuvre prenantes, atelier
d’accès aux
projet dus aux processus internes de préliminaires d’analyse et atelier de
Bénéficiaires
la FAO (comment les processus validation communautés
Groupes de discussion
internes FAO retardent-ils la mise en
œuvre?) Enquêtes

3.1.4 Est-ce que la FAO et l’ASDI sont


capables d’adapter leurs procédures
pour plus d’efficacité?

3.2 Dans quelle mesure les 3.2.1 Existence et efficacité de Personnel FAO Entretiens semi directifs Triangulation des Affectée par:
mécanismes internes de la FAO synergies/ complémentarités avec
(achats, ressources Revue Informations - la situation
ont-ils été efficaces et ont-ils d'autres activités/ projets de la FAO
humaines) sécuritaire et sanitaire
contribué à une intervention documentaire Validation lors de:
réussie ou moins réussie? feedbacks parties - les restrictions
Restitution des résultats
prenantes, atelier

64
Appendice 3. Matrice d’évaluation

N° Sous-questions Mesure/Indicateur Principales sources Méthodes de Méthodes Qualité de


d’information collecte des d’analyse des l’information
données données
3.2.2 Existence et efficacité de l’appui Services techniques préliminaires d’analyse et atelier de d’accès aux
du Siège et des hubs régionaux régionaux validation
communautés
(Dakar Accra)
ONG partenaires de mise
3.2.3 Existence et efficacité du Bureau en œuvre
régional FAO et de la Division
Division résilience
résilience
Bureau régional
3.2.4 Efficacité et limites de l'appui
des unités opérationnelles et
techniques du Bureau pays
3.2.5 Efficacité et limites de l'appui
des unités plaidoyer et gestion des
connaissances
3.2.6 Efficacité et limites du soutien du
système administratif (ressources
humaines, achats, administration)

3.3 Quelle est l’efficacité du 3.3.1 Existence et fonctionnalité du Plan de suivi et


système de suivi et évaluation? dispositif de suivi-évaluation (outils, évaluation
fréquence de collecte, moyen et
Document de projet et
mode de collecte, par qui, etc.)
cadre logique
3.3.2 Gestion adaptative: comment les
Outils de suivi de routine
données sont-elles utilisées pour
et annuels
influencer la prise de décisions dans le
cadre du programme? Procès-verbal de réunion
interne du programme
3.3.3 Analyse des indicateurs de
performance: qualité de la Rapports annuels sur les
formulation, pertinence, nombre progrès du programme

3.3.4 Principales faiblesses du


dispositif

3.4 Dans quelle mesure la relation 3.4.1 Suivis faits du projet par le Personnel FAO Entretiens semi directifs Triangulation des Affectée par:
de travail avec le donateur a-t- donateur
Ambassade de Suède Revue Informations - la situation
elle influencé la réalisation du
3.4.2 Orientations du donateur ayant sécuritaire et sanitaire
projet? Division résilience FAO documentaire
influencé la réalisation du

65
Évaluation de cinq projets de la FAO financés par l'ASDI au Cameroun, au Mali, au Niger et au Tchad

N° Sous-questions Mesure/Indicateur Principales sources Méthodes de Méthodes Qualité de


d’information collecte des d’analyse des l’information
données données
projet (positivement ou Restitution des résultats Validation lors de: - les restrictions
négativement) feedbacks parties
préliminaires d’accès aux
prenantes, atelier
d’analyse et atelier de communautés
validation

Question d'évaluation 4 (Coordination et partenariat) - Dans quelle mesure les accords de coordination et de partenariat dans les zones de projet et les activités du projet avec les
partenaires sectoriels, les institutions locales et les partenaires de mise en œuvre ont-ils contribué à la qualité, l'appropriation, l'efficacité et l'efficience des interventions?

4.1 Quelle est la qualité de la 4.1.1 Mode de sélection des Personnel FAO Entretiens semi directifs Triangulation des Affectée par:
collaboration entre la FAO et partenaires par la FAO.
Services techniques Revue Informations - la situation
ses partenaires de mise en
4.1.2 Efficacité des mécanismes mis en déconcentrés sécuritaire et sanitaire
œuvre? documentaire Validation lors de:
place pour évaluer leurs performances
ONG partenaires de mise feedbacks parties - les restrictions
et les forces et faiblesses de la Restitution des résultats
en œuvre prenantes, atelier
collaboration. d’accès aux
préliminaires d’analyse et atelier de
4.1.3 Qualité de la coordination et du validation communautés
Groupes de discussion
suivi des partenaires.
4.1.4 Qualité, appropriation, efficacité
et efficience des interventions grâce à
la collaboration de la FAO avec ses
partenaires

4.2 Dans quelle mesure les 4.2.1 Preuves de partages Personnel FAO Entretiens semi directifs Triangulation des Affectée par:
apprentissages à partir des d’expériences et d’apprentissages
Division résilience FAO Revue Informations - la situation
autres projets financés par avec les autres projets ASDI
sécuritaire et sanitaire
l’ASDI ont-ils permis d’intégrer Ambassade de Suède documentaire Validation lors de:
4.2.2 Appropriation, qualité, efficacité
des améliorations dans le feedbacks parties - les restrictions
et efficience des interventions grâce à Restitution des résultats
projet? prenantes, atelier
la collaboration de la FAO d’accès aux
préliminaires d’analyse et atelier de
4.2.3 Améliorations introduites grâce validation communautés
à l’apprentissage à partir d'autres
projets ASDI
4.2.4. Le projet participe-t-il à travers
ses partenaires aux coordinations
régionales?

66
Appendice 3. Matrice d’évaluation

N° Sous-questions Mesure/Indicateur Principales sources Méthodes de Méthodes Qualité de


d’information collecte des d’analyse des l’information
données données
4.2.5 Existe-t-il une complémentarité
entre projets? Le ciblage s’appuie-t-il
sur d’autres partenaires Bureau de la
coordination des affaires
humanitaires?

4.3 Quelle est la valeur ajoutée du 4.3.1 Pertinence de l'approche Personnel FAO Entretiens semi directifs Triangulation des Affectée par:
modèle de financement pluriannuelle pour respecter les
Division résilience FAO Revue Informations - la situation
pluriannuel? engagements de lien humanitaire-
sécuritaire et sanitaire
développement-paix Ambassade Suède documentaire Validation lors de:
feedbacks parties - les restrictions
4.3.2 Valeur ajoutée du modèle de Restitution des résultats
prenantes, atelier
financement pluriannuel d’accès aux
préliminaires d’analyse et atelier de
4.3.3 La planification longue induite validation communautés
par la pluriannualité des projets
donne-t-elle plus de temps aux
partenaires pour penser de manière
stratégique? Le financement
pluriannuel a-t-il été conçu comme la
somme des années séparées ou les
projets ont-ils capitalisé sur cette
approche humanitaire plurielle? Des
changements d’approches différentes
en lien avec la pluri-annualité sont-ils
observables?
4.3.4 Comment la FAO a-t-elle pu
capitaliser sur cet aspect, quelles en
sont les preuves?

4.4 Quelle est la valeur ajoutée de 4.4.1 Pertinence et efficacité de la


la présence de projets dits complémentarité entre le financement
humanitaire et de humanitaire et le financement du
développement sur la même développement au Mali
zone d’intervention?
4.4.2 Pertinence de ces projets pour
assurer une continuité après l’urgence

67
Évaluation de cinq projets de la FAO financés par l'ASDI au Cameroun, au Mali, au Niger et au Tchad

N° Sous-questions Mesure/Indicateur Principales sources Méthodes de Méthodes Qualité de


d’information collecte des d’analyse des l’information
données données
afin de prévenir une trop grande
fragilité et empêcher la redescente

Question d'évaluation 5 (Genre) - Les considérations d'égalité entre les sexes ont-elles été prises en compte dans les objectifs et dans la conception du projet pour répondre aux
besoins, aux priorités et aux contraintes des femmes et des hommes, mais aussi dans l'identification des bénéficiaires? Les relations entre les sexes et l'égalité ont-elles été ou
seront-elles affectées par les projets?

5.1 Dans quelle mesure la priorité 5.1.1 Prise en compte du genre dans Personnel FAO Entretiens semi directifs Triangulation des Affectée par:
a-t-elle été donnée à la les objectifs et la conception du projet
Partenaires de mise en Revue Informations - la situation
dimension de genre dans la pour répondre aux besoins, aux
œuvre sécuritaire et sanitaire
conception du projet? priorités et aux contraintes des documentaire Validation lors de:
femmes et des hommes Documents de feedbacks parties - les restrictions
Restitution des résultats
prenantes, atelier
5.1.2 Dispositifs mis en place pour formulation du projet d’accès aux
préliminaires d’analyse et atelier de
mettre l'accent sur le genre dans communautés
validation
l’identification des bénéficiaires
5.1.3 L’accès à la terre est un élément
important pour les femmes. Comment
la thématique a-t-elle été prise en
compte dans les activités menées?

5.2 Les relations et l'égalité entre 5.2.1 Des statistiques désagrégées des Personnel FAO Entretiens semi directifs Triangulation des Affectée par:
les sexes ont-elles été affectées groupes de bénéficiaires selon le
Partenaires de mise en Revue Informations - la situation
par le projet? genre sont-elles disponibles?
œuvre sécuritaire et sanitaire
documentaire Validation lors de:
5.2.2 Quelles sont les perceptions des
Bénéficiaires feedbacks parties - les restrictions
différents groupes (H, F) de l’impact Restitution des résultats
prenantes, atelier
du projet sur eux? Services techniques d’accès aux
préliminaires d’analyse et atelier de
5.2.3 Quels sont les effets du projet validation communautés
sur les relations et l'égalité entre les
sexes? Quelle est la valeur ajoutée du
modèle de financement pluriannuel?
5.2.4 Évolution/ Changement des
besoins de protection des femmes et
des hommes grâce au projet?

68
Appendice 3. Matrice d’évaluation

N° Sous-questions Mesure/Indicateur Principales sources Méthodes de Méthodes Qualité de


d’information collecte des d’analyse des l’information
données données
Question d'évaluation 6 (Durabilité) - Dans quelle mesure l'approche de financement pluriannuel de l’ASDI (et en particulier le financement complémentaire humanitaire et de
développement au Mali) a-t-elle contribué à accroître la durabilité des résultats et à améliorer la résilience des populations? D'autres facteurs ont-ils contribué à la durabilité des
résultats?

6.1 Le projet a-t-il élaboré et mis en 6.1.1 Stratégies de sortie élaborées Personnel FAO Entretiens semi directifs Triangulation des Affectée par:
œuvre une stratégie de sortie? par le projet
Services techniques Revue Informations - la situation
sécuritaire et sanitaire
ONG partenaires de mise documentaire Validation lors de:
en œuvre feedbacks parties - les restrictions
Restitution des résultats
prenantes, atelier
Bénéficiaires d’accès aux
préliminaires d’analyse et atelier de
validation communautés
Groupes de discussion

6.2 Dans quelle mesure les 6.2.1 Stratégies d’appropriation Personnel FAO Entretiens semi directifs Triangulation des Affectée par:
populations se sont-elles développées par le projet
Services techniques Revue Informations - la situation
appropriées les réalisations et
6.2.2 Niveau d’appropriation des sécuritaire et sanitaire
acquis du projet? ONG partenaires de mise documentaire Validation lors de:
réalisations et acquis par les
en œuvre feedbacks parties - les restrictions
populations Restitution des résultats
prenantes, atelier
Bénéficiaires d’accès aux
préliminaires d’analyse et atelier de
validation communautés
Groupes de discussion

6.3 L'approche de financement 6.3.1 Contribution du financement Personnel FAO Entretiens semi directifs Triangulation des Affectée par:
pluriannuel de l’ASDI (et en pluriannuel à l’accroissement de la
Division résilience FAO Revue Informations - la situation
particulier le financement durabilité des résultats.
sécuritaire et sanitaire
complémentaire humanitaire et Ambassade de Suède documentaire Validation lors de:
6.3.2 Autres facteurs ayant contribué
de développement au Mali) a-t- feedbacks parties - les restrictions
ou non à la durabilité des résultats. Restitution des résultats
elle contribué à accroître la prenantes, atelier
d’accès aux
durabilité? préliminaires d’analyse et atelier de
validation communautés
Groupes de discussion

6.4 Comment pourrions-nous faire 6.4.1 Quels processus sont en place


mieux à l’avenir? pour identifier, documenter, partager
et utiliser les meilleures pratiques et
leçons apprises?

69
Évaluation de cinq projets de la FAO financés par l'ASDI au Cameroun, au Mali, au Niger et au Tchad

N° Sous-questions Mesure/Indicateur Principales sources Méthodes de Méthodes Qualité de


d’information collecte des d’analyse des l’information
données données
6.4.2 Quelles sont les possibilités de
s’appuyer sur les réussites et
d’améliorer les domaines de
programmation plus faibles (mise en
œuvre et résultats)?

6.5 Dans quelle mesure les résultats 6.5.1 Mesure de la durabilité des Personnel FAO Entretiens semi directifs Triangulation des Affectée par:
atteints par le projet sont-ils résultats
ONG partenaires de mise Revue Informations - la situation
susceptibles de perdurer sans
-Quelles sont les preuves que les en œuvre sécuritaire et sanitaire
une aide extérieure (en documentaire Validation lors de:
résultats et les impacts du
particulier pour les groupes Bénéficiaires feedbacks parties - les restrictions
programme peuvent s’étendre au- Restitution des résultats
AVEC, CEP, etc.)? prenantes, atelier
delà de la durée de vie du d’accès aux
préliminaires d’analyse et atelier de
programme? communautés
Groupes de discussion validation
-Existe-t-il des preuves que des
activités et des résultats sont déjà, ou
peuvent être, reproduits sans le
projet?
-Que faudrait-il pour s’en assurer?
-Quelle est la capacité des dirigeants
communautaires d’assurer que les
résultats des programmes soient
durables, et quel soutien serait
nécessaire pour s’en assurer?

70
Appendice 4. Théorie du changement
163. Aucune théorie de changement n'a été élaborée pour les projets. Néanmoins, l'équipe
d'évaluation a jugé pertinent de construire une théorie du changement unique pour les cinq
projets en formulant six hypothèses principales.

164. L’intervention globale envisage d’atteindre son impact (améliorer la sécurité alimentaire et
nutritionnelle et renforcer la résilience des ménages vulnérables grâce à la protection et à la
réhabilitation des moyens de subsistance dans un contexte d'urgence) à travers six hypothèses,
elles-mêmes réalisées à partir de différents produits, résultats des activités des projets.

165. Hypothèse 1. Les ménages bénéficiaires ont augmenté leurs productions alimentaires. Pour
ce faire deux produits sont attendus. Premièrement, la capacité de production céréalière et
maraîchère des ménages est reconstituée, grâce à la mise à disposition de semences (pluviales et
maraîchères) aux ménages et d’intrants de qualité, et à la formation sur les techniques de
production agricole. Ces activités contribuent directement aux capacités de production des
ménages en termes de biens matériels (kits) et de connaissances, contribuant ainsi à la réalisation
du produit 1. Deuxièmement, le cheptel des ménages vulnérables est reconstitué grâce au soutien
à la recapitalisation, à travers la distribution de petits ruminants, la formation et les soins
vétérinaires. Ces activités contribuent directement à la reconstitution du cheptel des ménages en
termes de biens matériels (bêtes) et de connaissances, contribuant ainsi à la réalisation du produit
2. Ainsi, avec ces ressources supplémentaires, les ménages vulnérables devraient être en mesure
de réaliser l’hypothèse 1.

166. Hypothèse 2. Les populations bénéficiaires ont conservé leurs moyens d’existence et ont
augmenté leurs revenus. Pour ce faire, deux produits sont attendus. Premièrement les ménages
ont augmenté leurs revenus grâce à: la distribution de cash qui permet l’initiation d’activités
génératrices de revenus; la mise en place d’associations d’épargne et de crédit pour faciliter la
mobilisation de l’épargne locale afin de faciliter l’accès du petit crédit aux femmes; la promotion
d’AGR rentables et la mise en place des kits d'élevage et d’unités de production animale. Ces
activités contribuent directement à l’amélioration des revenus des ménages, contribuant ainsi à
la réalisation du produit 1. Deuxièmement, les moyens d’existence des ménages sont restaurés
grâce aux activités de récupération et de restauration des terres. Ces activités permettent de
protéger et de renforcer durablement les moyens d’existence des communautés, contribuant ainsi
à la réalisation du produit 2. Ainsi, les ménages vulnérables devraient être en mesure de réaliser
l’hypothèse 2.

167. Hypothèse 3. Les bonnes pratiques agricoles sont promues et les conflits sont réduits. Pour
ce faire, deux produits sont attendus. Premièrement, les bonnes pratiques agricoles sont promues.
Pour cela, le projet s’est engagé dans le renforcement des capacités des producteurs agricoles à
travers l’animation des CEP. Cette activité contribue directement à la promotion des bonnes
pratiques agricoles appropriées, contribuant ainsi à la réalisation du produit 1. Par ailleurs une
meilleure connaissance et appropriation des cycles de culture et donc des fertilités dans un
environnement sous pression (changement climatique) permet une gestion locale des ressources
naturelles plus pérenne et de minimiser les conflits pouvant résulter de la gestion et de
l'exploitation des ressources naturelles. Deuxièmement, les conflits sont réduits. Pour cela, le
projet envisage la promotion des clubs Dimitra. Cette activité contribue directement à minimiser
les conflits pouvant résulter de la gestion et de l'exploitation des ressources naturelles avec
l'arrivée de populations déplacées ou réfugiées et de renforcer la cohésion sociale. Ainsi, à la fin
de l’action, les communautés s’accepteront et vivront ensemble en bonne communion,

71
Évaluation de cinq projets de la FAO financés par l'ASDI au Cameroun, au Mali, au Niger et au Tchad

contribuant ainsi à la réalisation du produit 2. Ainsi, les ménages vulnérables devraient être en
mesure de réaliser l’hypothèse 3.

168. Hypothèse 4. Les pratiques nutritionnelles des ménages vulnérables sont améliorées. Pour
réaliser cette hypothèse, le projet envisage la promotion de régimes alimentaires sains et
équilibrés à travers l’éducation nutritionnelle en particulier des femmes et entend mettre en
œuvre plusieurs activités pour y parvenir: formations sur les bonnes pratiques nutritionnelles,
démonstrations culinaires et distribution de chèvres pour améliorer la nutrition des jeunes enfants
des ménages de réfugiés au profit des femmes essentiellement. Ainsi, les ménages pourront
diversifier leur consommation alimentaire et adopter des comportements qui améliorent leurs
habitudes alimentaires, ce qui devrait contribuer ainsi à la réalisation de l’hypothèse 4.

169. Hypothèse 5. Les communautés s’organisent et mettent elles-mêmes des actions en œuvre
pour soutenir les priorités en matière de réduction des risques de catastrophe (RRC). Pour
ce faire, deux produits sont attendus. Premièrement les communautés ont une meilleure
compréhension des risques de catastrophes, grâce aux formations et sensibilisations des
communautés et des chefs traditionnels sur la protection de l'environnement et la gestion des
risques et des catastrophes. Ces activités contribuent directement à l’amélioration des
connaissances des communautés en RRC, contribuant ainsi à la réalisation du produit 1.
Deuxièmement, les communautés s’organisent pour prendre des actions elles-mêmes, grâce à
l’accompagnement du projet pour l’élaboration participative des plans d’action RRC au niveau
village/commune en prenant en compte les priorités des hommes et femmes les plus pauvres/les
plus vulnérables, et la mise en place des comités de protection et de gestion des risques. Ces
activités permettent aux communautés de s’organiser pour mettre en œuvre elles-mêmes des
actions visant à soutenir leurs priorités RRC. Cela leur permet en cas de menace sérieuse, d'agir à
l’avance pour réduire les risques; contribuant ainsi à la réalisation du produit 2. Ainsi, les ménages
vulnérables devraient être en mesure de réaliser l’hypothèse 5.

170. Hypothèse 6. Les partenaires locaux assurent la continuité de l’appui-accompagnement des


bénéficiaires. Les activités qui consistent à former les partenaires locaux (services techniques,
organisations partenaires de mise en œuvre, etc.) et à les associer à la mise en œuvre des
interventions, permettent de développer localement des capacités. Cela leur permet après le
projet, d’assurer la continuité de l’appui-accompagnement des bénéficiaires.

171. Ensemble, les six hypothèses se renforcent mutuellement: i) les ménages bénéficiaires ont
augmenté leurs productions alimentaires; ii) les populations bénéficiaires ont conservé leurs
moyens d’existence et ont augmenté leurs revenus; iii) les bonnes pratiques agricoles sont
promues et les conflits sont réduits; iv) les pratiques nutritionnelles des ménages vulnérables sont
améliorées; v) les communautés s’organisent et mettent elles-mêmes des actions en œuvre pour
soutenir les priorités RRC; vi) les partenaires locaux assurent la continuité de l’appui-
accompagnement des bénéficiaires. Ainsi, la résilience aux chocs climatiques et économiques est
améliorée (impact).

72
Bureau de l'évaluation
evaluation@fao.org
www.fao.org/evaluation/fr/
CB7928FR/1/12.21

Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture


Rome, Italie

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