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Le sujet « les systèmes dynamiques » m’est apparu comme évident à traiter, après avoir animé
toute cette année scolaire des ateliers en collaboration avec l’asbl « mathenjeans ».
En effet, mes élèves de 4ème travaillent depuis octobre 2022 sur le projet :
L’objectif de l’activité est de mettre les élèves dans la peau d’un chercheur en herbe, d’aborder
les mathématiques autrement, de manière autonome et ludique. J’ai donc été encouragée par mes
élèves qui ont participé aux ateliers et qui ont manifesté un réel intérêt pour le sujet abordé.
Certes, j’ai dû me limiter aux aspects relativement élémentaires de la théorie des systèmes dy-
namiques.
Un système dynamique est un modèle qui évolue au cours du temps. L’étude des systèmes
dynamiques remonte à Galilée, introduite pour la première fois dans l’étude de la chute des
corps et le mouvement de la Terre autour du Soleil.
D’ailleurs, certains mathématiciens, notamment Henri Poincaré, au début du XXe siècle, ont
mis en évidence plusieurs propriétés intéressantes des systèmes dynamiques, lors de leur étude
du système solaire.
L’objectif de ce travail est de fournir une version des systèmes dynamiques adaptée au niveau
secondaire (niveau 4e). Dans notre démarche, nous proposerons aussi une approche intuitive de
la notion de système dynamique chaotique mais nous n’aborderons pas cette notion de manière
formelle auprès d’élèves du secondaire car cela reste une notion peu abordable à ce niveau.
Ce travail est articulé en quatre chapitres. Le premier chapitre introduit les notions de base de
5
6 INTRODUCTION
la théorie des systèmes dynamiques. Il s’agit d’un précis de théorie avec très peu d’exemples car
il est écrit à l’intention d’un public de niveau universitaire et il est conçu uniquement pour aider
à la lecture de la suite du projet. Nous nous restreindrons aux notions relatives aux systèmes
dynamiques discrets, par opposition aux systèmes dynamiques continus. Pour une question de
prérequis des élèves ciblés par la matière, les systèmes dynamiques continus ne seront pas abordés
lors de ce travail. Le deuxième chapitre est rédigé comme un cours à l’intention des élèves de
4esecondaire traitant des systèmes dynamiques discrets. Ici, les motivations, les exemples et les
exercices prennent beaucoup plus d’espace que la théorie. Le chapitre 3 est une fiche pédagogique
de la leçon du chapitre 2. Il contient notamment les réponses aux questions, et les solutions
des exercices proposés dans le chapitre 2. Le quatrième et dernier chapitre présente l’activité
« mathenjeans » qui a motivé mon travail.
Chapitre 1
Nous introduirons, dans ce chapitre la notion de système dynamique, nous nous focaliserons sur
les systèmes dynamiques discrets, ainsi que sur des notions de base relatives à ces systèmes.
Nous aborderons aussi la notion de systèmes chaotiques mais nous nous limiterons à une ap-
proche intuitive car la formalisation de cette notion reste inaccessible à des élèves de quatrième
secondaire.
Définition 1.2. Un système dynamique discret est un système avec un nombre dénom-
brable d’états
Autrement dit : le système est discret si l’ensemble X des états est soit fini, soit infini
dénombrable.
Exemples :
— Soit la paire X = { 1, 0, 1} et f (x) = x2 . Cette paire est un système dynamique, contrai-
rement à la paire X = {0, 1, 2, 3, 4} et f (x) = x2 qui n’en est pas un.
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8 CHAPITRE 1. GÉNÉRALITÉS SUR LES SYSTÈMES DYNAMIQUES
— Autre exemple de système dynamique : Supposons qu’un éleveur possède une certaine
population de lapins, dont le nombre double à la fin de chaque année :
Si x0 est le nombre initial. Alors :
• f (x0 ) = 2 · x0 sera le nombre de lapins au bout de la première année ;
• f (f (x0 )) = f 2 (x0 ) = 2 · (2 · x0 ) = 4 · x0 au bout de la deuxième année ;
..
.
• f n (x0 ) = 2n · x0 le nombre de lapins au bout de la ne année.
Avec f n = f · · · f et f 0 = identité.
| {z }
n fois
x0 , 2 · x0 , 4 · x0 , . . . , 2n · x0 , . . . sont les différents états de ce système, de condition initiale
x0
Exemple :
le système suivant nous servira d’illustration tout au long de ce travail. Il s’agit de la suite de
Syracuse, ou l’algorithme de Collatz...
Parfois, ces points sont aussi appelés points d’équilibre ou points stationnaires.
Exemples :
— Le système de Collatz n’admet pas de point fixe.
— Le système X = 1, 0, 1 et f (x) = x2 , admet 2 points fixes.
En effet, il suffit de résoudre l’équation : f (x) = x $ x2 = x $ x(x 1) = 0 $ x =
0 ou x = 1
Exemples :
Remarque :
On peut toujours considérer Y = X mais ça sera une sorte d’« attracteur global trivial »
Orb(11, f ) = {11, 34, 17, 52, 26, 13, 40, 20, 10, 5, 16, 8, 4, 2, 1}
Orb(53, f ) = {53, 160, 80, 40, 20, 10, 5, 16, 8, 4, 2, 1}
La fameuse conjecture de Syracuse non démontrée à ce jour est que partant de toute valeur x 1,
la suite arrive forcément au bout d’un certain nombre d’itérations de f à la suite périodique
1, 2, 4, 1, 2, 4, . . .
On peut exprimer la conjecture de Syracuse en disant que l’ensemble {1, 2, 4} est un attracteur
global pour le système dynamique de Collatz.
Proposition 5.1. Soit (X, f ) un système dynamique discret avec X fini. Le système (X, f )
admet au moins un point périodique.
Preuve :
Soit x 2 X. Comme X est un ensemble fini, il existe forcément n < m tels que : f n (x) = f m (x) Le
point y = f n (x) est, dès lors périodique comme : f m n (y) = f m n (f n (x)) = f m (x) = f n (x) = y
CQFD
Proposition 5.2. Soit (X, f ) un système dynamique discret avec X fini. Il y a uniquement
trois cas possibles :
1. (X, f ) n’admet pas de point générant l’espace X.
2. (X, f ) admet exactement un point générant l’espace X.
3. Tous les points de X génèrent l’espace.
1.5. QUELQUES PROPRIÉTÉS DES SYSTÈMES DYNAMIQUES DISCRETS 11
Démonstration. Montrons que si (X, f ) admet deux points distincts générant l’espace alors tout
point de X génère l’espace.
En particulier, on a :
f n+m (y) = f m (f n (y)) = f m (z) = y
Soient x, x0 2 X :
0 0 0 0 0
f n+m+k k
(x) = f n+m+k k
((f k (y)) = f n+m+k (y) = f k (f n+m (y) = f k (y) = x0
CQFD
Proposition 5.3. Soit (X, f ) un système dynamique discret avec X infini dénombrable. Il
y a uniquement trois cas possibles :
— (X, f ) admet exactement un point générant l’espace X mais pas de points périodiques ;
— (X, f ) admet au moins un point périodique mais pas de points générant l’espace ;
— (X, f ) n’admet ni points périodiques ni points générant l’espace X.
Preuve :
« Il peut arriver que de petites différences dans les conditions initiales en engendrent de très
grandes dans les phénomènes finaux ; une petite erreur sur les premières produirait une erreur
énorme sur les derniers. La prédiction devient impossible et nous avons le phénomène fortuit »