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Fiches d'orientation

Blockchain | Juillet 2022

Définition

Selon les pouvoirs publics, la blockchain – ou « chaîne de blocs » en français – constitue un « mode
d'enregistrement de données produites en continu, sous forme de blocs liés les uns aux autres dans l'ordre
chronologique de leur validation, chacun des blocs et leur séquence étant protégés contre toute modification ».
Cette chaîne de blocs « est notamment utilisée dans le domaine de la cybermonnaie, où elle remplit la fonction de
registre public des transactions » (Lexique de l'informatique, JO 3 mai 2017).

Texte :
C. mon. fin., art. L. 54-10-1 s., art. L. 211-3 s., L. 223-12

Sommaire
1. L'appréhension de la blockchain par le droit
2. Réglementations particulières de la blockchain
2.1 Titres financiers
2.2 Émission de jetons
Bibliographie

1. L'appréhension de la blockchain par le droit

Comme tout phénomène technique, de surcroît évolutif, la blockchain se laisse malaisément appréhender par le droit,
alors même qu'elle lui pose de nombreux défis, au premier chef sur le terrain de la preuve. On s'est demandé si, au
nom de l'impératif de sécurité juridique, une régulation spécifique de la blockchain s'imposait. Les avis sont partagés.
De manière générale, l'attentisme est de mise.
Un certain consensus semble toutefois se développer : une réglementation de la technologie blockchain est
prématurée, car il ne faut pas entraver l'innovation, voire même inopportune. Ce sont plutôt les usages particuliers qui
en sont faits qu'il convient, le cas échéant, d'encadrer. Il existe d'ailleurs d'ores et déjà des réglementations parcellaires,
qui s'appliquent à des domaines d'application particuliers de la blockchain.

2. Réglementations particulières de la blockchain

2.1 Titres financiers


L'ordonnance n° 2017-1674 du 8 décembre 2017, complétée par le décret d'application n° 2018-1226 du 24 décembre
2018, adapte notre législation pour permettre la représentation et la transmission, au moyen d'un « dispositif
d'enregistrement électronique partagé » (DEEP, en anglais, distributed ledger technology ou DLT), c'est-à-dire de la
technologie blockchain, de certains titres financiers. Sont visés les titres qui ne sont pas admis aux opérations d'un
dépositaire central ni livrés dans un système de règlement et de livraison d'instruments financiers, à savoir : les titres de
créance négociables, les parts ou actions d'organismes de placement collectif, enfin les titres de capital émis par les
sociétés par actions et les titres de créance autres que les titres de créance négociables et à condition qu'ils ne soient
pas négociés sur une plateforme de négociation. Le DEEP peut être défini comme « une technologie informatique
innovante qui permet à des participants d'un réseau de valider par consensus des échanges et des transactions entre
plusieurs participants sans faire intervenir d'organe central. Elle pourrait trouver de nombreuses applications,
notamment pour l'enregistrement des transactions ayant lieu sur les marchés financiers de titres » (DG Trésor).
L'ordonnance du 8 décembre 2017 permet de conférer à l'inscription d'une émission ou d'une cession de titres
financiers dans une blockchain les mêmes effets que l'inscription en compte de titres financiers. Ainsi est-il proclamé :
« L'inscription dans un dispositif d'enregistrement électronique partagé tient lieu d'inscription en compte » (C. mon. fin.,
art. L. 211-3, al. 2). C'est l'émetteur qui décide de recourir au DEEP (C. mon. fin., art. L. 211-7). S'il s'agit d'une société,
il convient dès lors que cette possibilité soit prévue par les statuts.
La blockchain peut également être utilisée à des fins de garantie. En effet, cette ordonnance prévoit, à côté du
nantissement de compte-titres qui existe déjà, la possibilité d'un nantissement de titres inscrits dans un DEEP (C. mon.
fin., art. L. 211-20, VII).

2.2 Émission de jetons

La loi n° 2019-486 du 22 mai 2019 relative à la croissance et la transformation des entreprises, dite loi PACTE,
consacre un cadre juridique pour les émissions de jetons au moyen d'une blockchain. Ce texte instaure un cadre pour
les levées de fonds par émission de jetons (Initial Coin Offering ou ICO) et les prestataires de services sur actifs
numériques (PSAN). Il prévoit, pour les porteurs de projets qui le souhaitent, la possibilité de soumettre leur document
d'information à un visa optionnel délivré par l'Autorité des marchés financiers à la condition de satisfaire à certaines
exigences (C. mon. fin., art. L. 54-10-1 s.).

Fiches associées :
Nantissement de compte-titres
Offre au public de jetons
Reçu d'entreposage
Titres financiers

Bibliographie
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Revues Dalloz

Articles de références

Les contraintes du droit des obligations sur les opérations d'ICO, A.-S. Choné-Grimaldi,
D. 2018. 1171
Blockchain et tiers de confiance : incompatibilité ou complémentarité ?, T. Douville et T.
Verbiest, D. 2018. 144
Les mystères de la blockchain, M. Mekki, D. 2017, 2160
Enjeux de la technologie de blockchain, Y. Moreau et C. Dornbierer, D. 2016. 1856

Ouvrages feuilletables

Thèmes et commentaires

Blockchain et droit, Franck Marmoz, Actes, 1re éd., 2019


Blockchain et droit des sociétés, Véronique Magnier/Patrick Barban, Études, 2020

Précis

Droit financier, Alain Couret/Hervé Le Nabasque/Marie-Laure Coquelet/Thierry Granier/Didier


Poracchia/Arnaud Raynouard/Arnaud Reygrobellet/David Robine, Droit privé, 3e éd., 2019

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