Dans toutes les langues, jouer avec les mots est un
passe-temps fort agréable, à la portée de tout le monde, des blancs-becs, des rimailleurs, des étudiants, comme des linguistes chevronnés et des académiciens tout de vert vêtus. Les mots sont des amis fidèles, des serviteurs zélés, qui se sont toujours prêtés à nos fantaisies, à nos manigances, à nos acrobaties intellectuelles. Les mots sont des cailloux, des bijoux, des cachous, des joujoux.
Sauf homonymie, chaque mot a un son qui n’appartient
qu’à lui. Il y a des mots moelleux et des mots âpres. Des mots bien-aimés et des mots dont la réputation est détestable. Des mots vifs comme des libellules et des mots lourds comme des hippopotames. Des mots discrets comme des violettes et des mots m’as-tu-vu. Mais, quels qu’ils soient, tous les mots, même ceux qui désignent les maux les plus effroyables de l’humanité, méritent d’être connus. A nous de faire prospérer ceux qui nous font honneur.