Analyse de documents : le procès de Nuremberg

Document 1 : Les raisons d’un procès Document 2 : Les limites du procès de Nuremberg
Le 1er juin 1945, le procureur américain Jackson L’Union soviétique était complice de cette « guerre d’agression » à
présente au président Truman un rapport dans laquelle les Anglo-Saxons accordaient tant d’importance. Elle avait envahi la
lequel il énonce les raisons pour lesquelles il faut Finlande et une partie de la Pologne, où furent massacrés près de 15 000
créer un tribunal international. officiers de l’armée polonaise, dont plus de 4 000 à Katyn. Ce fut le terrible
non-dit de Nuremberg. […] On peut, face à l’Histoire, parler de déni de
Notre argumentaire doit se fonder sur des faits vérité : justice a été correctement rendue, mais dans des conditions morales
authentiques et constituer une histoire amplement parfois discutables, d’autant plus que tout le monde, accusation comme
documentée de ce qui fut, nous en sommes accusés, a bien conscience qu’il s’agit d’un procès pour l’Histoire. Mais, sur
convaincus, une vaste entreprise concertée, visant à Katyn, le déni de vérité est antérieur. Lors de la découverte du charnier, en
déclencher et imposer les agressions et la barbarie 1943, Churchill sait parfaitement que c’est l’œuvre des Soviétiques, mais il
qui ont horrifié le monde. Nous ne devons pas choisit de ne rien dire, pour préserver l’alliance de guerre. 1 Nuremberg se
oublier que, quand les plans nazis furent annoncés trouve dans cette continuité du front antinazi. C’est difficilement admissible
avec arrogance, ils étaient si extravagants que le aujourd’hui, mais cela se comprend dans le contexte de l’époque. […]
monde refusa de les prendre au sérieux. Si nous ne Il y a un paradoxe : l’anéantissement des Juifs, loin d’être passé sous
consignons pas ce que fut ce mouvement avec clarté silence, comme on le dit parfois, est constamment présent. […] Mais cela ne
et précision, nous ne pourrons blâmer les générations fait pas sens. Le mot « génocide » n’est presque pas employé, aucun témoin
futures si, lorsque la paix régnera, les accusations juif ne sera cité et la distinction fondamentale entre camps de concentration et
générales émises pendant la guerre leur paraissent camps d’extermination n’est pas encore opérée.
incroyables. Nous devons établir des faits
incroyables aux moyens de preuves crédibles. Interview de l’historienne Annette Wieviorka par Eric Conan, L’Express, 2 novembre
1995.
Cité par Christian Delage, « L’image comme preuve.
L’expérience du procès de Nuremberg », Vingtième siècle, 1. Les Soviétiques ont longtemps nié (jusqu’en 1990) être les auteurs du massacre de Katyn, dont
n° 72, 2001. ils accusaient les nazis.

Questions

1) D’après vos connaissances, pourquoi le procès se déroule-t-il à Nuremberg ?

2) Montrez à l’aide des documents ci-dessus que l’enjeu de ce procès n’est pas seulement de juger les criminels
nazis.
3) Quels sont les trois types de crimes retenus contre les accusés ? (doc 2 p. 138) Lequel constitue une
nouveauté juridique et pourquoi a-t-il été créé ?
4) Présentez les accusés : nombre, type de dirigeants, etc. (doc 5 p. 139) Quelle limite de ce procès constatez-
vous ?
5) Quelles autres limites de ce procès sont évoquées par l’historienne Annette Wieviorka ? (doc 2 ci-dessus)