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Thème : La laïcité en Tunisie

La Tunisie est un pays de l’Afrique du Nord avec une population estimée à


11.80 millions d’habitants dont les 80% sont de confession musulmane. A la
question de savoir si la Tunisie est un pays laïc, il y’a lieu de faire une analyse
sur la question.
La laïcité est un principe politique établissant la séparation des différentes
institutions politiques des institutions religieuses. La laïcité implique la
neutralité de l’Etat et garantie aux croyants et non croyants le même droit à la
liberté d’expression de leurs croyances ou convictions.

I- La question de la laïcité de la Tunisie

Sous Bourguiba, le pays a fait une avancée dans la modernisation du pays : on


note l’abolition de la polygamie, le remplacement de la République, le divorce
civile, l’obligation du mariage devant l’autorité civile et l’autorité publique, la
suppression du tuteur matrimonial (le Wali), des valeurs de l’Islam. Tout cela a
conduit à un processus de démocratisation et laïcisation du pays.
Dans ce processus, un Accord a été signé en 1964 entre le Vatican et la Tunisie
affirmant que les chrétiens peuvent pratiquer leur religion en toute liberté.
Dans sa constitution de 2014, la Tunisie légitime la liberté de conscience
individuelle, ouvrant la voie à la laïcisation juridique de l’Etat tunisien. Bien que
le terme ne soit explicitement mentionné. Lisons ainsi l’article 6 de cette
constitution : « L’État protège la religion, garantit la liberté de croyance, de
conscience et de l’exercice des cultes. Il assure la neutralité des mosquées et des
lieux de culte à l’égard de l’exploitation partisane ».
La Tunisie dans sa constitution garantit le principe d’égalité de tous les citoyens
devant l’Etat et la loi : 1959 articles 6
« Tous les citoyens ont les mêmes droits et les mêmes devoirs. Ils sont
égaux devant la loi ». Montrant ainsi un processus dont le début ne date pas
de maintenant.
Aussi, Le ministère des Affaires religieuses a annoncé un projet de création d’un
département consacré aux minorités religieuses en mars 2021. Ce projet marque
la reconnaissance de ces minorités et reconnaissant qu’elles peuvent pratiquer
leur religion en toute liberté.
On relève également la non-interdiction de l’apostasie : l’apostasie suggère
l’abandon volontaire et public d'une religion. Ceci signifie alors que les
citoyens sont libres de renoncer à leur religion.
Article 34 de la Constitution de 2014 : « L’État veille à garantir la
représentativité de la femme dans les assemblées élues »
Dans les années précédentes, le droit musulman était appliqué comme le droit
positif. Des institutions avaient la charge de cette application. Mais on a constaté
la suppression des institutions chargées d’appliquer ce droit musulman.

II- Cependant, nous ne pouvons affirmer que la Tunisie est un Etat laïc.

- D’abord, le terme laïc ou laïcité n’est pas mentionné dans la constitution.


La même constitution de 2014, paradoxalement à l’article 6 qui garantit la
liberté de conscience, affirme dans son premier article : « La Tunisie est un Etat
libre, indépendant et souverain, l’Islam est sa religion, l’arabe sa langue et la
République son régime ». Cet article suppose que le pays n’a qu’une religion.
-D’ailleurs, dans ce même sens, l’article 74 de la constitution de 2014 comme
l’article 38 de celle de 1959 :
« La candidature à la présidence de la République est un droit reconnu à toute
électrice ou tout électeur de nationalité tunisienne par naissance et de confession
musulmane », « Le Président de la République est le chef de l'Etat. Sa religion
est l'Islam. ».
- L’article 78 de la constitution actuelle :
« Le Président de la République procède, par voie de décrets présidentiels : -
à la nomination du Mufti de la République tunisienne et met fin à ses
fonctions », Or, la laïcité suppose la séparation des institutions étatiques des
institutions religieuses, ce qui va à l’encontre de cet article de la constitution
car le Mufti est une autorité religieuse.

- Enfin, l’enseignement de l’Islam est obligatoire dans les écoles publiques


(primaire) en Tunisie.

- Encore, il y’ a lieu de se demander si le droit musulman n’est en réalité plus


utilisé dans cet Etat dont la population est à majorité musulmane.

-Il faut un Etat de droit profond pour un fonctionnement démocratique. Mais


encore faudrait-il une volonté du peuple de se séculariser. Car le peuple est
encore lié à l’Islam, c’est leur identité religieuse et / ou appartenance culturelle.
Ce sont en somme toutes ces raisons qui nous poussent à affirmer que la
Tunisie n’est pas encore un Etat entièrement laïc mais a des tendances laïques
depuis plusieurs années.

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