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IL N’Y A PAS DE
CRÉATION
DANS LA BIBLE
LA GENÈSE NOUS RACONTE UNE
AUTRE HISTOIRE
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Titre original : Non c’è creazione nella Bibbia. La Genesi ci racconta un’altra
storia
2
Introduction
J
e souhaite ici vous présenter les conditions générales qui vous
aideront à comprendre les bases et la méthodologie adoptée dans
cette recherche. Après les deux premiers ouvrages, elle s’applique
pareillement.
Il existe de nombreux ouvrages dédiés à un possible contact avec des
civilisations extraterrestres ou des civilisations terrestres plus évoluées,
puis disparues. Des livres qui formulent l’hypothèse que de telles
civilisations aient été à l’origine de notre création et de notre évolution,
aussi bien physique que culturelle. Cette production très riche cite et
analyse, dès l’abord, certains passages de l’Ancien Testament. L’on cite
des traductions connues à partir de versions de la Bible que nous
possédons tous.
Mais existe-t-il une possibilité d’en savoir davantage, d’aller plus loin,
de transformer les hypothèses en certitudes confirmées, d’obtenir des
réponses précises ?
À partir de l’Ancien Testament, ces ouvrages poursuivent le récit de ce
qui n’a pas encore été mis en évidence ou, pire encore, a été
volontairement oublié ou interprété différemment dans le but d’en
dissimuler les possibles effets dévastateurs.
L’inexplicabilité doctrinale de nombreux passages bibliques a conduit
les exégètes et théologiens de toutes les époques à user largement des
possibilités interprétatives de l’allégorie, de la métaphore ou du mythe.
Fort de telles clés de lecture, on affirme que, dans certains passages, le
sens le plus évident en cache un autre plus important et profond, qui
constitue la véritable valeur du texte.
On affirme que les auteurs bibliques, dans les passages considérés
comme inacceptables ou pour le moins discutables au regard de la
pensée religieuse, ont remplacé des termes par d’autres, reliés aux
premiers par un rapport de superposition sémantique partielle. Ou bien y
ont introduit un langage figuré, translaté.
3
Fait curieux – et c’est selon moi inacceptable – l’allégorie, la
métaphore ou le mythe sont utilisés par les interprètes dogmatiques
exclusivement pour expliquer ces parties du texte qui sont en opposition
totale avec la doctrine. Parties inacceptables, impossibles à inclure dans
le contexte religieux telles qu’elles ont été formulées par les auteurs
anciens.
Ainsi, le terme pluriel Elohim, pour l’exégèse traditionnelle, signifie
presque sans équivoque « Dieu ». À l’exception du Psaume 82 où l’on
postule que les Elohim « mourront comme les hommes » : dans ce cas,
les traducteurs qui respectent la doctrine affirment étrangement
qu’Elohim ne signifie plus « Dieu » mais « juges ». Et les voilà qui
tentent de résoudre la question des plus épineuses de ce tour de passe-
passe.
Dans ce cas, ils acceptent même la valeur plurielle qu’ils ont rejetée
dans les autres passages.
Mais même ainsi, il reste d’innombrables versets qui devraient se voir
refusés, rejetés. Face à l’impossibilité d’y parvenir, les théologiens
résolvent la question – ou croient la résoudre – en introduisant la
catégorie du mystère : le mystère de la foi, le mystère de Dieu.
Je suis, dans mes travaux, tenté d’adopter une approche qui vise à
susciter une compréhension linéaire, simple, littérale, concrète et
cohérente. Sans aucune autre catégorie herméneutique. Encore moins
celle du mystère, capable de tout faire accepter sans rien expliquer.
Je ne prétends pas posséder la vérité. Je présente ce que je continue à
découvrir en examinant attentivement ce que raconte le texte biblique
selon les plus anciens codex hébraïques : la Biblia Stuttgartensia rédigée
sur le fondement du Codex de Leningrad.
Comme dans le précédent ouvrage, tous les passages dans lesquels l’on
rencontre un contenu non conventionnel, inattendu, extraordinaire, sont
rapportés dans la langue d’origine et accompagnés de la traduction
littérale. Elle est transcrite fidèlement mot à mot, à l’aide d’un système
graphique qui rend la référence au texte d’origine immédiate et offre au
lecteur un accès direct aux écrits bibliques.
Ce travail est né de la volonté de mener une analyse du texte en
recourant à la signification d’origine possible des racines consonantiques
à la base des mots hébreux, une signification donnée dans les
dictionnaires d’hébreu et d’araméen bibliques comme dans les études
d’étymologie et de lexicographie de la langue hébraïque spécifique de
l’Ancien Testament. Cette méthode s’inspire pleinement de celle qui
4
caractérise l’intégralité de la pensée hébraïque, animée de discussions
toujours ouvertes et d’interprétations jamais définitives au nom de la
certitude, comme le dit le Talmud, que « la Torah n’est pas dans les
cieux1 », une affirmation qui soutient l’indépendance de l’interprétation
rabbinique de l’intervention divine.
L’obligation d’analyser sans répit et de comparer continuellement les
convictions de chacun a mené à l’établissement d’une tradition qui vit de
commentaires, d’interprétations opposées les unes aux autres et donc
constamment précaire, jamais stable, toujours critique, représentée par
un adage populaire qui l’exprime et la résume très efficacement : « Un
Hébreu, deux idées, trois Hébreux, cinq idées. »
Avec respect et humilité, j’ai essayé de m’inscrire dans cette liberté
d’analyse, fort d’une démarche caractérisée par des choix précis : texte
hébraïque original, littéralité des traductions, mais surtout volonté de
maintenir la plus grande cohérence possible dans nos déductions.
L’étude des nombreux débats séculaires de nature philologique, qui
nous amène souvent à des résultats certains et universellement acceptés,
m’a poussé à préférer un comportement qui privilégie le moyen de
trouver un fil conducteur capable de sous-tendre les récits bibliques.
Un examen mené a posteriori sur le travail achevé confirme que ce
choix a été utile pour maintenir un axe de lecture relevant d’une
cohérence logique, à même d’expliquer ce que souvent la philologie –
surtout lorsqu’elle est influencée par telle ou telle forme de pensée
théologique – laisse souvent sans solution.
Précisons donc pour les chercheurs universitaires que mon texte ne
prend pas en compte l’hypothèse que telle expression doive être
considérée comme une « proposition relative paronomastique » ou une «
proposition avec un antécédent nominal » ou encore une « proposition
avec un sens corrélatif »…
Je ne me suis pas non plus soucié d’établir la priorité ou non de la
valeur sémantique par rapport à l’aspect grammatico-syntaxique, à
laquelle s’intéresse souvent l’exégèse traditionnelle. J’ai surtout cherché
à lire le texte armé de la conviction que ceux qui l’ont écrit ne se
posaient pas de questions de ce genre.
Selon Kamal Salibi2, professeur à l’université américaine de Beyrouth,
les massorètes qui ont rédigé le Codex de Leningrad, défini chaque mot
et introduit les sons vocaliques, n’étaient pas eux-mêmes de grands
connaisseurs de l’hébreu. Et pour cause, ils parlaient araméen.
5
Le professeur Giovanni Garbini3, qui intervient en philologie sémitique
à l’université La Sapienza de Rome, est parti d’une considération tout
aussi intéressante : selon lui, les massorètes ont opéré sur une base
idéologique et théologique, et non linguistique.
Je suppose donc que les rédacteurs de l’Ancien Testament ont souhaité
raconter ce qu’ils avaient vu ou entendu, avec l’émerveillement et la
stupeur inévitables face aux contenus traités de manière spécifique et
présentés dans mes ouvrages. Un émerveillement et une stupeur qui
m’ont frappé de même, au fil de mes recherches. Il me reste à espérer
qu’elles vous passionneront tout autant et qu’elles se montreront
accessibles aux lecteurs qui s’intéressent à ce sujet pour la première fois.
Il s’agit bien évidemment d’un choix personnel et donc discutable, mais
il est délibéré et déclaré afin de clarifier pour le lecteur une
caractéristique de ce travail qui tend à privilégier la vision synoptique, au
contraire de la « chirurgie philologique » qui se consacre à une analyse
spécifique. Dans ce but, il est loisible de regrouper certains passages
bibliques à titre d’exemple dans un même chapitre afin de mettre en
lumière les correspondances de contenu et d’identifier les passages
susceptibles de se confirmer mutuellement. Le tout dans un cadre qui se
construit lentement au fil des recherches.
6
Égypte opérée par Ménès, il existe des variations de 2 500 ans (!) entre
deux égyptologues4.
Souvenons-nous également de la manière dont la date de l’occupation
progressive du continent américain est passée des premières « certitudes
», qui lui donnaient une valeur d’environ 10 000 à 12 000 ans, aux
théories actuelles qui la placent à quelque 20 000-30 000 ans plus tôt.
Poursuivons donc sereinement. Il demeure encore beaucoup de choses
à mettre en lumière, et la recherche doit forcément avancer avec la
conviction que ce que nous pensions savoir jusque-là pourrait ne pas
correspondre à la vérité vraie.
Exemple :
7
2. Termes sumériens et akkadiens
Comme je l’ai déjà dit pour l’hébreu, pour la transcription des
termes appartenant aux langues sumérienne et akkadienne, j’ai
choisi d’utiliser une graphie simplifiée, sans recourir aux
multiples composantes des symboles ou aux divisions des termes
afin de fluidifier la lecture sans générer de confusions. J’ai opté
pour les « PETITES MAJUSCULES » car c’est la forme la plus
communément utilisée. Elle sert à identifier et distinguer les
termes.
Exemple : KHARSHAG
8
Chapitre 1
De quoi parlons-nous ?
L
a Bible a fait l’objet des clés de lecture les plus diverses, pour la
plupart compréhensibles mais parfois, aussi, beaucoup trop
fantaisistes. C’est ainsi que sont nées les interprétations
théologiques, allégoriques, métaphoriques, théosophiques,
anthroposophiques, ésotérico-initiatiques, psychanalytiques… Des clés
de lectures qui considèrent toutes comme acquis que la Bible contient
avant tout – voire exclusivement – un message d’ordre spirituel, en
provenance d’un Dieu unique, universel, transcendant, créateur de
l’Univers. Au contraire, j’essaie ici de penser que les auteurs bibliques
ont voulu nous dire exactement ce qu’ils nous ont dit, sans conspiration,
sans mystère à dévoiler en empruntant des chemins difficiles et obscurs.
Nous savons bien que la Bible a de quoi se lire, ce qui fut d’ailleurs le
cas au fil des siècles, selon des angles multiples que l’on désigne par le
terme [PaRDeS] : une référence aux divers registres ou clés de lecture :
Peshat : littéral, immédiat.
Remez : allégorique, qui procède par le biais d’indices tels que les
acronymes ou valeurs numériques.
Drash : homilétique (homélie, commentaire de circonstance).
Sod : profond, caché, comme pour l’approche kabbalistique5.
Les trois derniers degrés de lecture sont utilisés et présentés depuis des
siècles, aussi bien de manière indépendante qu’en parallèle les uns avec
les autres.
Conservons donc l’hypothèse que le premier, littéral, possède une
valeur jusque-là méconnue, pour ne pas dire souvent délibérément niée
et omise, à cause de son caractère inacceptable pour une majorité de
lecteurs fidèles à la pensée traditionnelle. Laquelle voit dans la Bible des
intentions vraisemblablement étrangères aux auteurs antiques. Par
9
exemple l’évocation d’un Dieu spirituel, transcendant, créateur de
l’Univers, etc.
Notre cheminement paraît absolument légitime puisque qu’il a été
prévu dans l’histoire même de la pensée et de l’exégèse judaïque, comme
le montre l’acronyme cité plus haut : il faut considérer [peshat] comme
l’une des manières possibles de lire l’Ancien Testament.
Je n’ai pas l’intention d’examiner ici l’histoire séculaire des diatribes
rabbiniques qui ont impliqué des commentateurs tels que Hillel Hazaken
et Shammaï, Rabbi Akiva et Rabbi Ishmael, Rachi de Troyes, les
courants hébreux maximalistes ou minimalistes…
Pour preuve de la valeur et de la légitimité absolue de la méthode
appliquée ici, voici une affirmation contenue dans l’un des volumes de la
Jewish Publication Society (New York) qui recueille les travaux des plus
grands intervenants de la Rabbinical Assembly des États-Unis. Le Dr
Jeffrey H. Tigay, professeur de langue et littérature hébraïques et
sémitiques à l’université de Pennsylvanie, à Philadelphie, rapporte dans
Etz Hayim (JPS, New York, 2005), la pensée des rabbins selon lesquels «
la Torah ne se veut pas métaphorique ».
Mon hypothèse est donc légitime, en dépit de diverses tentatives qui
ont visé à la discréditer. Elle part de ce point et se développe sur des
bases que de trop nombreuses personnes, par commodité ou intérêt
dogmatique, ont volontairement oubliées. Un exercice dont l’utilité se
dévoile maintenant dans tous ses aspects les plus pratiques et concrets :
considérons l’Ancien Testament comme un livre d’histoire, un texte dans
lequel les multiples auteurs d’un peuple ont voulu raconter, avec leurs
instruments culturels et linguistiques, ce qu’ils ont réellement vu.
Et nous obtenons dès lors des confirmations que nous n’aurions pu
soupçonner : l’histoire se dévoile sous nos yeux, sous son aspect le plus
inattendu.
Ce livre s’intéresse de manière spécifique à la technologie présente
dans les textes bibliques. Il avoue donc un objectif déclaré : contribuer à
diffuser des informations sur les étapes de nos origines et les racines de
la connaissance que nous sommes censés ignorer. Éclairer ce qui, selon
toute probabilité, s’est réellement produit sur notre planète il y a des
milliers d’années.
Ce n’est pas un hasard si le titre choisi représente la synthèse de ce qui
a été illustré dans les deux précédents : même ce qui est considéré et
présenté comme l’acte divin par excellence, la prétendue « création à
10
partir de rien », n’est autre que l’une des très nombreuses interventions
techniques et absolument matérielles menées par ces individus.
On comprendra donc comment la pensée théologique a agi dès le
premier verset de la Genèse dans son intention de transformer un recueil
de chroniques en un livre de spiritualité religieuse.
En poursuivant le récit et l’approfondissement de ce que j’ai entrepris
dans La Bible comme vous ne l’avez jamais lue et Le Dieu de la bible
vient des étoiles, je me concentre ici sur les aspects spécifiques qu’est la
concrétude des connaissances technologiques de ceux qui nous ont
vraisemblablement « faits » à leur image et à leur ressemblance.
Foin de religion, de spiritualité, d’ésotérisme, de mysticisme
kabbalistique… Le texte fait tout simplement état d’une information
concrète. De connaissances technologiques reconstituées et
fonctionnelles. De documents qui illustrent ce passé vécu par l’humanité.
Par rapport aux deux ouvrages précédents, j’ai ici laissé une plus
grande place aux hypothèses en relation avec les contenus bibliques. J’ai
aussi considérablement amplifié et enrichi mes constructions théoriques
par des apports extérieurs à ce texte. Accordé plus de place aux
suppositions évocatrices de l’hypothèse d’un récit romancé
d’événements sur lesquels l’Ancien Testament ne fournit pas
d’informations précises, mais laisse entrevoir des indices disséminés çà
et là. Des signaux que l’on saura capter par une lecture attentive et
répétée, susceptible de découvrir des correspondances et des échos en
apparence sans rapport entre eux mais qui, peut-être, sont liés par une
connexion subtile, que la tentative de dissimulation opérée par les
massorètes n’est pas parvenue à cacher totalement.
Les diverses conclusions établies dans les livres antérieurs sont très
largement illustrées par les traductions des plus anciens textes hébreux
universellement acceptés (Codex de Leningrad). Les résumer ici se
révèle indispensable : elles constituent un préambule indispensable pour
comprendre le développement à venir.
11
cité), il semble peu crédible que l’histoire racontée dans la Genèse se
soit déroulée en Palestine.
12
territoire précis. Mais, en vérité, nous ne pouvons pas même en être
certains. il pourrait également s’être attribué de manière
indépendante le pouvoir sur un territoire et sur un peuple que
personne ne lui avait désignés (mes recherches se poursuivent
également dans cette voie).
13
Sud ; Tuatha de Danann et Ases dans certaines parties du nord de
l’Europe et de la tradition germanique.
Ceux que l’on nomme anges étaient des êtres de chair et de sang,
souvent dangereux à rencontrer, qui avaient besoin de manger,
dormir, se reposer, se laver. Ils pouvaient même être agressés et
devaient se défendre. Ils appartenaient aux rangs intermédiaires de la
hiérarchie et jouaient le rôle de messagers et d’observateurs. Ils
correspondaient sûrement aux Igigi/Igigu de la culture suméro-
akkadienne : rien à voir donc avec les entités spirituelles dont nous
parle la tradition doctrinale.
14
Tous ces sujets font encore l’objet d’analyses et d’autres thèmes seront
également abordés dans ce livre.
Ce n’est pas un hasard si j’ai choisi de consacrer les trois derniers
chapitres à deux événements fondamentaux décrits dans le premier
chapitre du premier livre de l’Ancien Testament : la « formation » de l’«
homme » et la « non-création » de l’Univers.
15
Chapitre 2
À
partir de ces éléments, posons-nous cette question : comment les
Elohim se déplaçaient-ils ?
Dans l’Ancien Testament, on cite le « char » de Yahvé et on en
décrit les caractéristiques de diverses façons : la manière dont il se
présente, les effets extérieurs produits par ses déplacements, des
descriptions plus ou moins détaillées…
Les termes utilisés dépendent des auteurs bibliques divers et variés –
surtout en fonction des aspects que chacun veut mettre en avant. Voici
les principaux :
1. [kavod]
2. [ruach]
3. [rechev, merkava]
16
Ce qui ne change évidemment rien dans le cadre de l’analyse que
nous sommes en train de mener.
17
Ce qui était lourd est donc devenu glorieux à travers un parcours
conditionné par des formes de pensées qui ne correspondent
probablement pas aux intentions réelles des auteurs bibliques.
En d’autres termes, les sens de « poids » et « honneur » ont été
interprétés comme des attributs d’un Dieu vu en tant qu’entité spirituelle
transcendante et capable de se rendre immanent lorsqu’il choisit de
révéler sa présence au peuple des fidèles.
Le [kavod] suméro-akkadien
Voici la synthèse de recherches7 qui nous a été envoyée avant leur
publication par Alessandro Demontis, dont je cite les œuvres dans la
bibliographie en fin d’ouvrage.
Il écrit que dans le dictionnaire hébreu Strong, à l’entrée [kabod,
kebod], identifiée 3518a/3519, on trouve cette définition :
18
proto-sémitique : KABAD
hébreu : KABAD
19
interprétations de sa signification d’origine plus spécifique. Si tel est
le cas, il doit exister un terme qui a précédé l’akkadien, qui servait de
source, et dont le sens doit se montrer encore moins figuré.
Eh bien les dictionnaires akkadiens rapportent que « KABATU » était
l’akkadien pour le mot sumérien « DUGUD ». Voici l’écriture
cunéiforme d’origine de ce mot :
Encore une fois, les sens « être lourd, énorme », et une extension vers
« important ».
Ici encore, pas de trace de gloire.
Mais ce n’est pas fini, quelque chose se révèle encore plus surprenant.
20
down-sinking night »), dont il tira la signification « être lourd » et
qu’il relia au terme akkadien que nous avons déjà vu, KAB(A)TU = «
lourd ».
Afin de compléter les informations, voici les racines hébraïques avec les
vocalisations et les significations délivrées par le « Dictionnaire d’hébreu
et d’araméen biblique » de la Société biblique britannique8 :
[kaved] (en tant que verbe) : être lourd, peser, être honoré,
être dur, être insensible.
[kaved I] (en tant qu’adjectif) : lourd, difficile, important,
insensible, maladroit, riche.
[kaved II] (en tant que substantif) : foie, force.
[koved] (en tant que substantif) : poids, multitude.
21
[kavod] (en tant que substantif) : poids, masse, honneur,
respect, gloire, splendeur.
22
Pour être tout à fait précis, il me faut ajouter que certains considèrent
cette image d’origine phénicienne, mais cette culture à son tour, comme
toutes les cultures moyen-orientales, y compris hébraïque, est originaire
de cette zone géographique qui a été influencée par la civilisation
sumérienne. Le chercheur que nous avons évoqué fait observer que le
dessin contient deux éléments distincts : un objet à la forme précise et
définie (possiblement – même si ce n’est pas certain – le son « RU »)
placé au-dessus d’une étendue d’eau (un son dont l’interprétation est plus
certaine et partagée : « A »). L’élément du dessus surplombe celui du bas
sans le toucher. Pour ne pas nous laisser aller à une fantaisie excessive,
nous n’affirmerons pas avec une certitude absolue de quoi il s’agit, mais
nous utiliserons un acronyme que nous emprunterons au Lexicon recentis
latinitatis, un dictionnaire de langue latine publié par la Libreria Editrice
Vaticana, et le qualifierons de R.I.V, c’est-à-dire Res Inexplicata Volans
(que nous pourrions traduire par « Objet volant non identifié » – en
anglais, Unidentified Flying Object…).
Car au moins, soyons sûrs que cette « chose qu’on ne peut pas mieux
identifier » reste de façon flagrante suspendue au-dessus d’une étendue
d’eau. L’interprétation de Christian O’Brien risque, comme il l’a admis
lui-même, selon le strict point de vue philologique, de pâtir
naturellement des inévitables incertitudes issues de notre connaissance
incomplète de la langue cunéiforme et de ses représentations
pictographiques.
Lorsqu’on travaille à partir de langues antiques, les erreurs sont
toujours possibles, pire, leur probabilité se montre même statistiquement
très élevée. Il suffit de constater les différences de traductions relevées
chez les divers chercheurs accrédités pour comprendre que la seule
méthode convenable consiste à procéder par hypothèses.
Une telle clé de lecture pourrait forcément générer des doutes, c’est
pourquoi nous rendrons également compte plus loin d’autres
interprétations intéressantes.
Vu l’impossibilité de disposer de connaissances précises sur ce sujet,
pour le moment, et dans le respect de ma façon de procéder, je tenterai
de parvenir à une première compréhension à travers l’étude des contextes
: aussi bien celui que nous définirons de manière générale comme «
antique », que celui plus spécifiquement « biblique ».
Dans cette perspective, nous verrons plus loin à quel point la
représentation iconographique examinée est surprenante dès lors qu’on
l’analyse en parallèle avec le récit qui introduit pour la première fois le
[ruach] dans l’histoire biblique.
23
À titre de pure curiosité, soulignons encore que dans le Lexicon cité
précédemment, le Vatican a inséré d’autres termes qui renvoient au
milieu spatial : aeria navis, navis sideralis, arius viator, soit,
respectivement, « aéronef », « astronef » et « aéronaute ». Des
distinctions importantes si nous les considérons dans le cadre de l’intérêt
du Vatican pour le sujet : il investit de l’argent, des hommes et du temps
dans des observatoires astronomiques et organise des conventions
consacrées à la recherche et à l’étude de possibles vies extraterrestres.
Pour paraphraser Héraclite, disons que dès lors que nous sommes
simplement ouverts à l’accueil de l’inattendu, il devient possible de
progresser vers une vérité probable – et l’inattendu se loge
nécessairement dans le nouveau, et non dans ce que nous connaissons
déjà.
Si les hypothèses que nous observons se révèlent infondées, nous les
abandonnerons, mais elles auront au moins contribué à déclencher des
recherches, des vérifications, des comparaisons entre les multiples lignes
de pensée : des attitudes indispensables pour vaincre la stagnation du
dogmatisme replié sur lui-même depuis des siècles.
Nous pensons cependant que ces hypothèses montrent de bonnes
raisons de rester valides pour longtemps.
Pour résumer
24
Les termes examinés, [kavod], [ruach] et [merkavah] désignent de
manière globale un moyen de transport mal identifié (R.I.V., Res
Inexplicata Volans) qui :
est massif et lourd (glorieux ?),
voyage dans l’air comme une sorte de vent,
est utilisé pour le transport.
25
Nous découvrons donc que cet Elohim disposait d’une demeure mobile
qui devait toujours se trouver à une petite distance des gens : le contact
rapproché n’était ainsi pas prévu et encore moins apprécié.
Dans ses déplacements vers la Terre promise, le peuple était guidé par
une colonne de nuée qui, durant la nuit, devenait une colonne de feu.
Lorsque Moïse devait s’entretenir avec l’Elohim, il s’approchait de la
tente, y entrait et (Exode 33:9) :
26
l’Elohim est avec eux, sinon il n’y a pas de distinction entre ce peuple et
les autres.
La présence « divine » doit en somme se montrer claire et visible.
Le fondateur du peuple d’Israël veut la voir concrètement. Il demande
alors (Exode 33:18) :
27
L’Elohim se montre en somme contraint de prendre des précautions
précises. Et pour cause, après avoir dit à Moïse qu’il ne pourra « voir sa
face » (se placer devant ?) car il en mourrait, il ajoute un conseil, une
indication pratique (Exode 33:21) :
28
Nous remarquons à nouveau un fait indiscutable : la « gloire » [kavod]
de Dieu est quelque chose qui « passe », et donc pas une manifestation
statique qui saisit par sa magnificence celui qui l’observe. Nous assistons
à un découpage temporel net :
Moïse doit se placer dans le creux du rocher,
la gloire passe,
au cours du passage, Moïse doit être protégé,
à la fin, Moïse pourra abandonner sa protection et regarder la
partie arrière de la « gloire » [kavod] qui est passée.
29
Il est certain que nous sommes face à une description dépourvue de la
clarté que nous aurions souhaité y trouver, mais nous pouvons imaginer
dissiper les doutes d’interprétation en émettant l’hypothèse globale que
l’Elohim a conseillé à Moïse de se placer dans le creux de la roche et
qu’il a lui-même couvert d’une manière ou d’une autre ce creux afin de
garder Moïse à l’abri jusqu’à ce que la « gloire » [kavod] soit passée.
Bref, Yahvé accepte de montrer le [kavod] en action et, pour le faire
sans entraîner des conséquences irréparables sur son serviteur, il lui
ordonne de se mettre à l’abri dans le creux de la roche.
On pourrait également penser que Yahvé protège personnellement
Moïse tandis que, par un système que nous ne connaissons
malheureusement pas, « il fait passer » son [kavod] qui peut donc se
déplacer sans même que Yahvé soit en contact direct avec lui.
Nous ne le savons malheureusement pas mais, une fois établies les
modalités selon lesquelles Moïse pourra voir le [kavod] sans en mourir,
le récit se poursuit avec des indications sur ce qui devra se produire dans
la suite de l’événement et comment.
Le chapitre 34 de l’Exode débute sur les ordres que Yahvé donne à
Moïse. Il lui fournit en outre d’autres indications sur les précautions qui
visent cependant cette fois à protéger le peuple et les animaux.
Moïse doit tailler deux tables de pierre sur lesquelles seront écrits les
mots qui figuraient sur celles qu’il a brisées précédemment, dans la
foulée de l’épisode du Veau d’or (nous en parlerons plus loin).
Ce sont les Dix commandements. Mais, si l’on suit à la lettre le texte
biblique, ce ne sont pas ceux qui ont été enseignés : j’ai consacré un
chapitre entier au véritable contenu de ces tables dans l’un de mes
précédents ouvrages.
Yahvé lui dit alors (Exode 34:2) de se tenir prêt le matin pour grimper
sur le mont : arrivé au sommet, Moïse doit se tenir en attente.
Viennent ensuite des précisions que l’on peut lire en parallèle avec les
précautions prises pour préserver la sécurité physique de Moïse (Exode
34:3) :
30
Le peuple pouvait, et même devait, rester tranquillement au campement
car, évidemment, il serait ainsi à l’abri des conséquences à bonne
distance.
La manifestation du [kavod] aurait en revanche mis en péril la
montagne entière : personne, ni homme ni animal, ne devait se trouver
sur ses flancs à l’arrivée de l’objet que la tradition voit comme la gloire
incarnée, spirituelle, transcendante de « Dieu ».
Voici, dans Exode 40:34-35, une ultérieure confirmation que la
proximité avec cette « gloire » était plutôt dangereuse, et donc à éviter
absolument. Il y est dit clairement :
et donc :
31
Mais relevons une donnée supplémentaire : lorsque le [kavod] était
dans la tente, il n’avait aucun effet sur les gens restés dans le campement
: nous avons commencé par remarquer comment Yahvé prenait toujours
soin de faire construire sa demeure dans un lieu éloigné des tentes où
vivait le peuple.
La proximité était de toute évidence dangereuse, peut-être pour
l’Elohim qui voulait éviter les contacts, mais certainement pour le
peuple, qui ne devait pas se trouver dans les parages lorsque la « gloire »
arrivait sur la demeure.
32
Pourquoi inventer que ce que « Dieu » n’est pas capable de
maîtriser sera en revanche contrôlé par des rochers tout à fait
normaux, ceux derrière lesquels se cache Moïse ?
Quel besoin avaient les auteurs de raconter que les rochers se
révèlent plus puissants ou efficaces que « Dieu », puisqu’ils font
ce que « Dieu » ne peut pas faire ?
Concevoir l’idée d’une « gloire » spirituelle dotée de côtés, d’un
avant et d’un arrière a-t-il un sens ?
Quel sens prend l’affirmation que la « gloire » n’est seulement
visible que dans sa partie postérieure ?
Est-il normal de penser qu’une « gloire » spirituelle ait des
directions dans lesquelles se déplacer ?
Est-il normal que la « gloire » passe devant une personne puis
continue son chemin, offrant de voir sans risque sa face arrière ?
33
introduiraient autant de limitations, autant d’éléments négatifs et des
capacités aussi restreintes pour Yahvé.
Pas de doute : si les auteurs bibliques ont inventé les allégories et les
métaphores pour accroître la gloire de la Dieu, nous devons admettre
qu’ils s’y sont franchement mal pris !
Mais mon hypothèse préfigure un scénario qui n’a pas besoin de
constructions littéraires et artificielles : les limitations et tous les aspects
négatifs ont été décrits parce qu’ils existaient réellement.
34
Exode 19:18 et suiv.
La prétendue « théophanie » décrite au chapitre 19 se montre
particulièrement impressionnante. L’Elohim se manifeste sur la
montagne au milieu de phénomènes qui devaient apparaître comme
terrifiants : tonnerre, éclairs, un son puissant et prolongé rappelant celui
d’une trompette…
À cette occasion, devant les yeux ébahis des Israélites, le mont Sinaï
(verset 18)…
Ces phénomènes sont donc très visibles et la Bible les décrit ainsi :
35
sur sa praticabilité et, dans le cas d’un territoire, sur son accès, permis
aux uns et interdit aux autres.
LE CONCEPT DU SACRÉ
Nous abordons ainsi le concept de la sacralité. Il est donc nécessaire
d’approfondir brièvement ce point afin de comprendre ce
qu’entendaient les auteurs bibliques lorsqu’ils utilisaient le terme [
, kodesc] « sacré » : un vocable qui, dans son acception typique pour
l’Ancien Testament, signifiait « séparé de… et destiné à… ».
Cette signification particulière offrait donc une valeur totalement
différente de celle qu’elle a prise par la suite, lorsqu’elle a fait l’objet
d’un traitement théologique ou spiritualiste. En résumé, nous dirons
qu’un territoire devenait sacré dès lors que Yahvé se le réservait, en
interdisant l’accès à quiconque. Un animal devenait sacré lorsqu’il
était choisi, séparé du troupeau et destiné à la consommation des
Elohim selon les diverses modalités prévues dans les cas répertoriés.
Rappelons ce qu’écrivait Mgr Ravasi dans une présentation du Livre
du Lévitique2 :
36
exclusivement était sacré : aussi bien la tente, le sol, le territoire, les
animaux que les hommes.
Pour une analyse de ce thème, nous vous renvoyons aux ouvrages
précédents.
Ils sont donc reçus dans un environnement dont le sol est constitué de
briques/carreaux de saphir qui semblent de la même matière que le ciel et
d’une pureté égale.
Le texte précise que Yahvé en cette occasion n’étend pas la main vers
les fils d’Israël qui, tranquillement, voient les Elohim, puis mangent et
boivent. Ils s’entretiennent donc dans une atmosphère extrêmement
conviviale puis Yahvé demande à Moïse de le suivre au sommet de la
montagne tandis que les autres sont invités à l’attendre en bas.
Il me semble comprendre que toutes ces personnes sont entrées dans le
[kavod] et n’en ont subi aucune conséquence : peut-être ne représentait-il
aucun danger lorsqu’il était arrêté (éteint ?) ?
Si nous pensons à certains de nos moyens de transport particulièrement
puissants et dangereux, la situation ne nous est certainement pas nouvelle
ou incompréhensible, et nous ne nous en étonnons donc pas.
En cette occasion, le [kavod] de Yahvé reste sur la montagne qui,
durant six jours, est recouverte d’une nappe de vapeur, et le verset 17
37
explique clairement que le [kavod] était « comme un feu dévorant sur le
sommet de la montagne ».
Moïse entre ensuite dans la nuée et y reste durant quarante jours,
pendant lesquels il reçoit des indications opérationnelles afin de réaliser
le nécessaire au maintien dans le désert de la présence de Yahvé : la
demeure, le mobilier, l’Arche d’Alliance, le candélabre, les tables et les
autels pour les diverses fonctions à remplir quotidiennement. Les habits
et outils des sacerdotes, y compris certains éléments que nous
évoquerons plus loin.
Cette longue permanence de Yahvé entraînera également une rébellion
contre la construction de l’idole connue sous le non du Veau d’or, que
nous évoquerons plus tard, car cet événement éveille un certain nombre
de soupçons et trouve peut-être son explication justement dans l’élément
« technologique » qui est le contenu fondamental de cet ouvrage.
Exode 24:15-17
Dans ce passage, il est dit que, lorsque Moïse monte sur la montagne, le
[kavod] de l’Elohim demeure sur le sommet et :
38
C’est donc ce que voyaient les Hébreux d’en bas, du pied de la montagne
: le [kavod] se présentait tel un feu ou une nuée, et l’Elohim appelait
souvent Moïse depuis le milieu de cette « nuée », dans laquelle il
pénétrait.
Il s’agit de la description d’un phénomène physique, concret, tangible,
qui se déroule aux yeux de tous et est bien visible même depuis le pied
de la montagne, où se trouvait le campement du peuple.
Exode 40:36-38
Nous avons déjà souligné la façon dont le [kavod] change d’apparence. Il
est alternativement une nuée le jour et une colonne de feu la nuit. Sa
présence visible constituait le point de référence pour les étapes et un
signal lors des déplacements :
39
Le lien entre la présence et les mouvements de la nuée et ceux du peuple
était direct : le [kavod] qui se trouvait au cœur de cette sorte de vapeur,
par ses déplacements ou ses stationnements, fournissait les indications
précises sur la direction à prendre et sur les lieux où monter le
campement.
Le verset 38 explique bien que, la journée, la nuée était directement au-
dessus de la demeure. La nuit, elle y stationnait sous forme de feu. Il
précise en outre que le phénomène se produisait [ene-le] « aux yeux
de toute la maison d’Israël ».
Ils le voyaient et y assistaient tous, c’était un fait réel et concret, et non
pas une vision ou une hallucination collective. Du stationnement ou du
mouvement du [kavod], l’on déduisait s’il fallait rester sur place ou si le
moment de partir était venu.
L’on n’avait besoin d’aucun autre signal ou ordre de la part de Moïse.
Nombres 9:15-23
Ce passage constitue une confirmation supplémentaire de mes propos.
L’auteur biblique rappelle ainsi qu’au jour où la demeure (dans le désert)
est construite , « la nuée couvre » la Tente de la Rencontre,
tandis que, du soir au matin, on voit comme un feu.
Ainsi, c’était simple : la nuée couvrait la demeure et le cheminement du
peuple était indiqué et déterminé par les déplacements de cette « nuée »
qui, de nuit, avait « l’apparence d’un feu ».
Il est intéressant de souligner que pour indiquer ce qu’on voyait durant
la nuit, la Bible utilise l’expression que j’ai reprise :
L’auteur nous dit qu’il ne s’agit pas d’un feu comme celui qu’ils
connaissaient, mais de quelque chose de semblable, c’est-à-dire une
quelconque forme d’énergie qui émettait de la lumière et, très
probablement, produisait de la chaleur.
Ici aussi, le récit est très précis et nous fait comprendre que toutes les
étapes et toutes les périodes de déplacement étaient déterminées avec
précision par les mouvements de cette nuée/colonne de feu. Les étapes
pouvaient durer une nuit ou plusieurs mois, mais dépendaient toujours de
40
la volonté de Yahvé : lorsqu’il s’élevait avec son [kavod], le peuple
démontait le campement et partait.
Nombres 14:10
Durant la journée, néanmoins, le [kavod] pouvait à l’occasion également
se manifester sous sa forme visible sans être entouré par la nuée que
nous avons évoquée.
Au chapitre 13 du livre des Nombres, Moïse envoie des explorateurs au
pays de Canaan. Ils sont sur le point de se lancer à la conquête du
territoire et doivent obtenir à son sujet et sur les populations qui y
habitent le plus d’informations possible.
La patrouille remplit son devoir et revient pour présenter son rapport,
assez peu encourageant. Les envoyés racontent avoir vu que les peuples
qui y vivaient possédaient des cités fortifiées et que de nombreux lieux
étaient encore habités par les [anakim], les géants, ceux au long cou, des
individus de haute stature contre lesquels il serait inutile et donc très
dangereux de combattre (cf. mes précédents ouvrages).
Ces indications plongent le peuple dans la consternation : les Israélites
sont désespérés et décident de se rebeller contre Moïse. Ils menaçant de
le lapider, lui et les chefs qui souhaitent tout de même suivre ses
directives et poursuivre leur tentative de conquête.
La situation est donc grave. Yahvé comprend qu’il est nécessaire
d’intervenir en personne pour empêcher la mise à mort de ses fidèles.
Alors :
41
Nous avons encore une fois la description d’un événement concret : le
[kavod] se place de telle sorte qu’il soit vu de tous. Cette présence
détermine un renversement total de la situation en passe de devenir
dramatique, et Moïse reprend le contrôle sur le peuple par un acte aussi
spectaculaire que tragique pour certains des membres de la patrouille.
Nous verrons plus loin la suite de ces événements, lorsque nous
aborderons une utilisation particulière de l’Arche d’Alliance.
42
Yahvé se présente donc avec son [kavod] aux rebelles rassemblés et,
après avoir, à raison, fait s’éloigner le peuple, il les brûle. Dans le
chapitre consacré à l’Arche d’Alliance, nous examinerons une autre
interprétation possible de l’épilogue de ces événements.
Comme dans Lévitique 9:23-24 et 10:1-3, et 1 Rois 18:38, nous avons
là une indication claire d’une énergie, pas mieux identifiée mais
puissante, laquelle, en sortant de la « partie antérieure » de Yahvé et/ou
de son [kavod], frappe à mort les individus ou incendie ce qui se trouve
dans son rayon d’action. La révolte est écrasée par cette arme
extrêmement puissante et efficace.
Nombres 17:7
Ce passage nous livre une information très concrète : la description d’un
geste qui, dans sa banalité apparente mais significative, nous indique que
la « gloire » supposée de Yahvé possède une connotation matérielle et
spatiale très nette.
Nous nous trouvons au campement, le peuple fomente encore une
rébellion contre Moïse et Aaron, le mécontentement est palpable, ces
nomades sont sur le point de se soulever contre leurs chefs et Yahvé
comprend qu’il faut intervenir.
Moïse et Aaron sont en mauvaise posture. Alors que la communauté se
réunit pour agir contre eux :
La scène qui se déroule devant nos yeux est claire : Moïse et Aaron se
tournent vers la tente et voient que la nuée la recouvre (Yahvé est arrivé).
C’est seulement dans un deuxième temps que l’on voit le [kavod] – qui
n’est donc pas la nuée mais ce qui se trouve à l’intérieur. Il était peut-être
caché jusqu’au moment où, d’une manière ou d’une autre, il change de
statut et devient visible.
43
Une situation semblable est décrite dans Nombres 20:6 : Moïse et
Aaron sont à nouveau là. Pour rencontrer la « gloire », ils doivent
s’approcher de la tente sur laquelle le [kavod] se rend une fois de plus
visible. La scène se répète avec les mêmes caractéristiques : localisation
physique et visibilité de l’objet, qui apparaît en alternance avec les
moments durant lesquels il est dissimulé par la nuée qui l’entoure.
C’est même une situation que nous pouvons définir comme son état
normal.
44
On trouve ensuite dans le verset la remarque à laquelle nous sommes
désormais habitués : les sacerdotes ne peuvent entrer car la « gloire » est
là, ce qui illustre une fois encore que lorsque la prétendue « gloire de
Dieu » est présente, l’homme doit se tenir à distance à cause des effets
létaux que nous avons découverts en analysant le récit qui évoque Moïse
sur la montagne.
Cet aspect est constamment rappelé par les auteurs bibliques : ce devait
donc être véritablement un comportement ancré, habituel, auquel on ne
pouvait déroger sous peine de mort.
Une scène semblable se trouve également décrite dans 2 Chroniques
5:14 et 1 Rois 8:11, où l’on dit que les sacerdotes ne pouvaient rester
dans la demeure pour accomplir leur service habituel à cause de la nuée
produite par la présence du [kavod].
Ézéchiel
Dans le livre de ce prophète, qui opérait durant les années d’exil à
Babylone, les manifestations extraordinaires de la présence de l’Elohim
sont représentées par l’apparition du [ruach] qui est lié au [kavod] par
certains points fondamentaux. Mais l’on distingue nettement dans le
[ruach] un aspect mécanique. Je lui consacrerai donc une partie
spécifique.
Analysons pour le moment quelques passages dans lesquels la dimension
physique de l’objet appelé [kavod] est frappante.
Dans le chapitre 8, Ézéchiel rappelle un événement survenu en l’an 591
av. J.-C., tandis que, déporté au royaume de Babylone, il se trouvait dans
sa maison avec les Anciens de Juda, que l’on imagine souvent réunis
dans sa cour pour discuter avec lui.
Il écrit (versets 1 et 2) que sur lui descend la « main » de son seigneur
Yahvé et décrit ainsi sa présence :
45
Ce passage est souvent traduit de manière erronée dès les premiers mots :
l’apparence du feu évoquée au début se trouve inopinément transformée
en apparence humaine, dans le but de permettre d’interpréter tout le
passage à la lumière d’une apparition angélique, mais ce n’est
absolument pas le cas.
Comme on le déduit clairement du texte biblique reporté cidessus,
Ézéchiel ne fait pas référence directe ou indirecte à une figure à
rapprocher des anges ni d’une quelconque image anthropomorphique.
Nous avons là un objet très lumineux qui émet une quelconque forme
d’énergie clairement visible de la taille (flancs) vers le bas, tandis que
vers le haut elle possède un éclat attribuable à quelque chose qui n’est
malheureusement pas décrit avec précision par le narrateur biblique. En
nous en tenant aux autres descriptions de l’objet que nous verrons dans le
chapitre consacré à Ézéchiel, nous pouvons penser à un dôme transparent
dont émane une lumière intense : peut-être l’œil cité par le prophète.
Le terme [chashmalah] qui clôt le verset ne répond pas à une
traduction précise et renvoie généralement à quelque chose de
resplendissant, lumineux, étincelant.
Nous ne sommes donc pas en présence d’un ange ni d’une quelconque
forme humaine : il nous semble plutôt voir un objet aux caractéristiques
métalliques et mécaniques.
La description se poursuit par d’autres éléments qui confirment cette
impression (verset 3) :
46
Cet objet scintillant déploie donc un élément préhensile (en forme de
main) qui prend Ézéchiel par en haut et le soulève dans les airs. Le
vocable [tzizit] désigne un système de blocage utilisé
principalement pour les vêtements et les turbans : ce à quoi semble se
référer le verset qui évoque le [tzizit] de sa tête.
La description du système qui le soulève laisse cependant trop de place
au doute pour en préciser les modalités et techniques spécifiques, mais il
est clair dans son ensemble. Sans vouloir formuler des hypothèses
fantaisistes et impossibles à démontrer sur des « bras mécaniques » ou
autres « rayons tracteurs », nous nous contenterons de souligner la
présence d’un quelconque système préhensile provenant d’en haut, qui
soulève le prophète.
Ézéchiel poursuit. Après avoir été « soulevé », il est emmené à
Jérusalem dans un lieu bien précis : l’entrée de la porte intérieure qui
donne vers le nord. Nous voilà encore une fois informés d’une
localisation spatiale bien spécifique. Le prophète sait bien où il se trouve
et sait y avoir été emmené par un [ruach], c’est-à-dire probablement un
objet volant.
Le récit se poursuit par l’introduction dans l’action du [kavod]. Dès
qu’il arrive à la ville, il voit quelque chose qui s’y trouvait de toute
évidence avant lui, la fameuse « gloire » de Dieu (verset 4) :
47
Nous remarquons immédiatement qu’il arrive sur place transporté par le
[ruach] puis voit le [kavod].
S’il s’agissait respectivement de l’« esprit » et de la « gloire » de Dieu,
nous devrions constater qu’ils sont clairement séparés et distincts : l’un
arrive tandis que l’autre est déjà sur place.
Je parlerai de cette « vision » dans une partie spécifique. Restons pour
le moment à Jérusalem et suivons le prophète accompagné dans un
parcours qui l’amène à observer plusieurs situations sur lesquelles je
passe : il s’agit en résumé de l’impiété du peuple qui allait jusqu’à
célébrer des rites idolâtres au sein même du Temple.
Dans le chapitre 9, on nous décrit une véritable inspection : de la porte
supérieure septentrionale arrivent six individus, porteurs chacun dans sa
main du [keli mapatzo], son instrument de destruction (verset
2).
Parmi eux, se trouve un individu vêtu de lin avec une écritoire à la
ceinture, et :
48
Restons-en là pour le moment dans l’analyse de cet événement (j’y
reviendrai ultérieurement).
Nous remarquons seulement que, une fois encore, la prétendue « gloire »
de Dieu se déplace dans l’espace. Elle est vue dans un rapport
dynamique avec des bâtiments et d’autres objets mécaniques. Elle décrit
des mouvements précis.
Répétons notre certitude : il ne s’agit pas d’une « gloire » mais de
quelque chose de bien plus concret, qui avait l’apparence typique d’un
moyen de transport mécanique brillant, lequel utilisait et émettait une
quelconque forme d’énergie bien visible.
49
« … et son de l’intromission/entrée comme son de nombreux
qui se multipliaient et la terre était resplendissante comme
lumière (provenant) de gloire autour… »
2. [ruach]
Soulignons pour commencer que le [ruach] fait son apparition dès le
commencement : c’est l’un des éléments présents alors qu’aucune
intervention d’un quelconque type n’a encore été faite sur terre, pas
même celles dont je parlerai dans les deux derniers chapitres de ce livre.
Livre de la Genèse
Voici ce que dit le deuxième verset du premier chapitre :
50
Le verbe [rachaf] – dont le terme [merachefet, oscillant] constitue
le participe – indique un « tremblement » (Jérémie 23:9), la « vibration
», l’état d’« être léger ». Mais dans la Bible, il décrit surtout cette
manière particulière de voler qu’ont les rapaces qui s’appuient sur l’air
en se faisant transporter par les courants sans battre des ailes
(Deutéronome 32:11). C’est pourquoi nous pouvons facilement imaginer
le « vent » des Elohim qui flottait au-dessus de la surface de l’eau,
exactement comme le représente le plus ancien pictogramme sumérien
évoqué dans la première partie de ce chapitre.
Nous voyons donc clairement que les deux descriptions, la verbale et la
pictographique, correspondent : j’ai déjà évoqué les doutes philologiques
sur la lecture syllabique du pictogramme, mais la correspondance entre
le récit biblique et l’hypothèse formulée par le chercheur britannique est
trop frappante pour ne pas être prise en considération, encore moins en
tant qu’hypothèse. L’image et les mots semblent vraiment vouloir nous
représenter la même situation.
Rachi de Troyes (l’un des plus grands exégètes hébreu), en commentant
ce passage de la Genèse (1:2), fournit une description très réaliste du «
Trône de la Gloire de Yahvé » lorsqu’il dit qu’à l’origine de la création il
était suspendu dans les airs et flottait au-dessus de la surface des eaux
telle une colombe suspendue audessus de son nid.
Mais il va plus loin : il affirme qu’il « répondait à ses ordres10 ».
En somme, même pour ce commentateur juif, la prétendue présence
spirituelle de « Dieu » qui volait telle une colombe était en réalité un «
quelque chose » d’extérieur à « Dieu », un instrument dont il se servait
pour se déplacer, « en le commandant ».
L’un des plus grands experts de la langue hébraïque, Rabbi Matityahu
Clark, a dirigé un dictionnaire étymologique de l’hébreu biblique11 et, à
l’entrée de la racine [ruach], il attribue en premier lieu les
significations que voici (citation littérale) :
51
Forcing space (forcer l’espace aérien), leaving space (quitter
l’espace aérien), winnowing (vannage au vent), wind (vent),
direction (direction), power (puissance).
52
Nous avons la représentation d’une scène qui s’adapte parfaitement à
ce qui est décrit dans la Genèse : un objet qui oscille –
[merachefet] – au-dessus des eaux.
53
rendre vivable en fonction de leurs exigences. Il s’agit bien évidemment
d’hypothèses qui restent à vérifier, mais nous devons reconnaître qu’il
existe de nombreux éléments qui y semblent liés : l’image sur la stèle, la
culture à laquelle elle appartient, les récits des tablettes cunéiformes qui
évoquent un lien fort entre les ANUNNA et l’eau des origines (j’en aborde
le détail dans les deux derniers chapitres), le verset de la Genèse, tous
ces éléments présentent des correspondances impossibles à écarter trop
rapidement et trop facilement.
L’approfondissement de ces rapprochements est important, en outre
parce qu’il existe d’autres confirmations possibles intéressantes.
DU
To be finished, complete, to be suitable, fitting; to be necessary;
to butt, gore, toss.
Être terminé, complet, parfait, adapté, idoine, nécessaire ;
frapper, heurter ; jeter, lancer en l’air.
Nous avons déjà vu précédemment que DUGUD signifiait aussi «
poids » et « nuage ».
UL
– En tant que substantif : joy, pleasure, satisfaction; star, flower;
bud; ornament.
Joie, plaisir, satisfaction ; étoile, fleur ; bourgeon ; ornement.
– En tant que verbe : to glitter ; shine.
Briller, scintiller, resplendir.
– En tant qu’adjectif : remote, distant (in time), ancient,
enduring.
Loin, distant (dans le temps), ancien ; qui dure et subsiste.
54
Comme on le voit, les clés de lecture sont nombreuses, mais la plus
grande partie des significations correspond parfaitement à mon
hypothèse. En l’absence des certitudes dont nous privent les langues
anciennes, nous pouvons au moins remarquer que, dans leur ensemble, il
s’agit de propositions cohérentes et compatibles avec l’hypothèse
examinée.
Il est nécessaire de rappeler qu’il s’agit d’hypothèses, certes fondées,
documentées, vraisemblables, néanmoins d’hypothèses sur lesquelles on
continue à travailler, dans l’espoir que même les chercheurs des milieux
traditionnels choisissent une approche plus ouverte face aux sujets qui
témoignent de la possibilité, et je devrais même écrire de la nécessité,
d’être examinés dans une perspective différente.
Toute l’histoire de la connaissance humaine nous apprend que ce n’est
que lorsqu’on cherche que l’on peut espérer trouver. Si l’on explore des
chemins différents, on arrive parfois à des résultats à jamais
inaccessibles faute de les explorer, étouffés par cette stagnation
dogmatique qui, par principe, tend à exclure toute nouveauté.
55
puisqu’Élie part consciemment, sous le regard de ses disciples qui l’ont
accompagné.
L’épisode est cité dans le Livre des Rois : le récit débute par le départ
d’Élie et de son disciple Élisée de la ville de Guilgal lorsque :
Le prophète invite son jeune disciple à rester, lui disant que Yahvé n’a
ordonné qu’à lui de se rendre à Béthel (Bet-El « Maison de El »), mais
Élisée refuse d’obéir et suit son maître.
Lorsqu’ils arrivent, ils y trouvent d’autres disciples du prophète qui
disent à Élisée (2 Rois 2:3) :
Il ne fait donc aucun doute que tous sont conscients de ce qui est sur le
point de se produire et savent également quand : « aujourd’hui » (c’est la
signification de l’expression « le jour »). Yahvé est sur le point «
d’amener en hauteur » le prophète.
Élie et Élisée se rendent ensuite à Jéricho et y rencontrent également
des disciples qui sont au courant de l’éloignement imminent d’Élie (2
Rois 2:5).
Les deux repartent en direction du Jourdain accompagnés par cinquante
fidèles qui se tiennent cependant à distance.
Après avoir traversé le fleuve, Élie demande à Élisée (2 Rois 2:9) :
56
Élisée demande qu’il y ait sur lui une double portion (deux tiers) de
l’esprit de son maître, lequel lui répond que ce sera possible s’il parvient
à le voir au moment où « il sera pris ».
Le verset 11 raconte l’arrivée du char céleste.
Tandis que les deux marchent en discutant :
Nous voyons ici que le terme par lequel est désigné le moyen de
transport est [rechev], « char » : nous avons donc un char ardent tiré
par des « chevaux de feu » qui s’interpose entre les deux hommes qui
marchent et :
57
Avant tout, Élisée :
« Regardait, […] ne le vit plus ».
« Saisit ses vêtements et les déchira en deux morceaux (2 Rois
2:12) ».
« Releva le manteau qu’Élie avait laissé tomber ».
« Retourna en arrière ».
« S’arrêta au bord du Jourdain ».
Par leur comportement, ils montrent que ce à quoi ils ont assisté était réel
: le vent de Yahvé – dont nous avons déjà examiné la signification
possible au début de ce chapitre – a pris physiquement Élie et pourrait
l’avoir déposé quelque part aux environs, dans les montagnes ou les
vallées.
Dans un premier temps, Élisée ordonne de ne lancer aucune recherche.
Mais il finit ensuite par céder devant l’insistance de ses compagnons : les
recherches sont menées durant les trois jours qui suivent, mais ne
donnent aucun résultat.
Élie a disparu définitivement, emporté (aux cieux) par le char de
Yahvé.
Comme le fait remarquer le pasteur presbytérien Barry Downing14, on
a l’impression que le prophète a l’habitude de voyager sur ce que ce
chercheur chrétien définit sans crainte comme un ovni. Pour étayer ses
propos, il cite également 1 Rois 18:12, où, là encore, on dit que le [ruach]
de Yahvé a transporté le prophète dans un lieu inconnu.
58
Il ne s’agit donc pas d’une possession spirituelle mais de voyages au
sens propre, et qui ont eu lieu en diverses occasions.
Comme d’habitude, l’aspect concret de l’épisode est illustré par la
multitude de détails avec lesquels il est raconté. Mais ce qui m’intéresse
ici est de souligner que le [ruach] est une structure absolument
matérielle, mécanique, c’est-à-dire une machine volante avec laquelle
Élie quitte ce territoire pour rejoindre les Elohim.
Si [ruach] en l’espèce signifiait « esprit », nous devrions
nécessairement nous poser des questions de ce type :
Pourquoi est-il également qualifié de « tourbillon de vent » et «
char de feu » ? (souvenons-nous également que le tourbillon
rappelle très nettement le vent de tempête qui accompagne la
manifestation du [kavod] : les deux éléments que les doctrines
spiritualistes définissent comme « gloire et esprit » produisent
donc des conséquences matérielles très semblables).
Pourquoi, comme pour la manifestation du [kavod] de Yahvé à
Moïse, un rendez-vous est-il nécessaire avec des indications de
lieu et date ?
L’esprit, comme la gloire de Dieu, a-t-il besoin d’un lieu précis
pour se rendre présent ?
L’esprit de Dieu ne peut-il pas agir sur Élie en tout lieu et en tout
temps, pour l’emporter avec lui au moment qui lui semble
opportun ?
Pourquoi lui faire parcourir tant de chemin pour atteindre un
emplacement précis d’où l’enlever ?
Est-ce un hasard si le lieu se nomme Béthel, c’est-à-dire la «
maison d’El » ? Était-ce une base pour les Elohim ?
Pourquoi l’esprit s’interpose-t-il physiquement entre Élie et
Élisée ?
Pourquoi le voit-on monter physiquement jusqu’à ce qu’il
disparaisse en hauteur ?
Pourquoi les disciples partent-ils à sa recherche, avec la certitude
que l’esprit l’a déposé quelque part aux environs ?
59
LE CAMP
Dans l’une des questions posées, j’ai émis l’hypothèse que Béthel
était une base pour les Elohim. Un passage de la Genèse très court
mais très significatif et (peut-être justement pour cette raison)
étrangement oublié par les commentateurs, semble illustrer qu’ils en
possédaient plusieurs, réparties sur le territoire.
Le patriarche Jacob rentre au pays de Canaan de la terre de ses pères
où il était parti pour chercher une épouse.
Accompagné de sa nouvelle famille, de serviteurs et d’animaux, il
quitte Mitspa (probablement une localité en Cisjordanie) et, à un
certain moment (Genèse 32:2-3) :
60
Avec le terme [machanaim], il a voulu indiquer que lui et les
siens ont campé à proximité des Elohim ou peut-être que le
campement qu’il a vu avait l’aspect habituel des campements
militaires, dans lesquels on distingue nettement les logements des
commandants [Elohim] et ceux des troupes [malakhim], si bien qu’il
avait l’allure d’un campement double ?
Fait encore plus curieux : Rachi de Troyes, dans son travail de
commentaire de la Genèse (cité en bibliographie), affirme que le
terme [machanaim] fait référence à deux troupes opérant de chaque
côté d’une frontière. L’une servait en dehors du territoire d’Israël,
l’autre à l’intérieur.
Quel que soit le scénario exact, nous pouvons dire que nous sommes
toujours dans le domaine militaire : la scène est très claire.
La Bible nous dit ici que les Elohim disposaient de troupes et de
bases.
Béthel, où Élie doit se rendre pour être enlevé, était-elle l’une d’elles
?
Comme pour la supposée « gloire » vue par Moïse, la définition des lieux
où se déroulent les phases de l’événement et celle des moments de leur
survenue ne laisse pas de place au doute.
Soulignons que [ruach] et [kavod], les deux éléments que les doctrines
traditionnelles qualifient d’« esprit » et de « gloire », produisent des
conséquences matérielles très similaires : il serait très étrange qu’ils
représentent véritablement des attributs spirituels et transcendants de la
manifestation divine.
Comme pour la « gloire de Dieu », je dois souligner que, s’il s’agit
d’allégories ou de métaphores visant à renforcer l’action de l’esprit
divin, les auteurs bibliques ont fait preuve d’une ingénuité désarmante :
ils l’ont rendu très matériel, concret, prévisible, et surtout limité dans le
temps et dans l’espace.
Mais je soutiens que les choses ne correspondent pas à ce qu’affirme la
tradition. J’émets l’hypothèse que les auteurs aient décrit la situation
telle qu’elle avait été mémorisée et transmise à l’origine par ceux qui y
ont assisté.
61
Dans 2 Samuel 22:11 et suiv., nous observons un lien direct entre le
[ruach] et d’autres éléments mécaniques dont la description nous frappe
de manière encore plus surprenante : on parle en effet de Yahvé qui «
chevauche un chérubin » et est vu en perspective sur les ailes du [ruach].
Cet texte constitue une véritable louange que David adresse à Yahvé
pour le remercier de son intervention à un moment particulièrement
critique pour lui. Il se trouvait en difficulté parce qu’il était entre les
mains de ses ennemis, et son Elohim l’a mis en sécurité d’une manière
qui a de quoi sembler curieuse :
Poursuivant son récit, David dit qu’il le sauva des adversaires qui étaient
plus forts que lui et (22:30)…
Dans ces versets, nous discernons la présence simultanée des deux objets
volants précédemment mentionnés : le [ruach] et l’un des [kerubim] que
l’on voit voler en même temps, en perspective l’un par rapport à l’autre.
J’ai déjà dit un mot des chérubins, précisons immédiatement que leur
aspect mécanique saute aux yeux, il mérite un traitement particulier : un
62
chapitre spécifique leur est consacré, ainsi qu’à la représentation du
[kavod-ruach] décrit par Ézéchiel.
3. Les choses sont différentes lorsque dans Job (12:10) il est dit que
Yahvé a dans sa main le [ruach], c’est-à-dire le « souffle », ou la
« vie » de tout être humain. La Bible est pleine d’exemples dans
lesquels Yahvé prend des décisions liées à la vie ou la mort de
ceux qui ont affaire à lui.
63
4. Ou lorsque dans l’Ecclésiaste (Qohelet) (3:19), on dit
littéralement que « les hommes et les animaux ont le même
[ruach] », c’est-à-dire le même « souffle », la même « respiration
» et que « l’avantage de l’homme sur la bête est nul ».
3. [rechev] [merkavah]
Nous avons déjà rencontré le terme [rechev] dans l’un des passages
étudiés précédemment. Nous analyserons ici l’un des extraits bibliques
dans lesquels la présence d’objets volants non identifiés s’annonce
vraiment impressionnante : nous y trouverons le deuxième vocable.
Zacharie
Dans le livre qui lui est attribué, le prophète raconte à la première
personne les « visions » qu’il a eues et que nous allons résumer :
Examinons certains passages (5:1-11), en commençant par exclure que
ce que nous lisons soit le fruit d’un rêve, d’une vision onirique ou de
quelque chose de semblable, car le prophète, peu avant (Zacharie 4:1)
précise : « Le [malakh] (ange) qui parlait avec moi revint, et il me
réveilla comme un homme que l’on réveille de son sommeil. »
64
RÊVES ET PROPHÉCIES
Nous avons mis en évidence l’état éveillé de Zacharie car, souvent,
ces visions prophétiques sont représentées et interprétées comme des
situations psychologiques particulières caractérisées par des états de
conscience altérés ou comme des visions survenues durant le
sommeil, au cours duquel Yahvé se serait adressé à ses porte-parole.
Précisons pour le moment que le [navi], « prophète », n’est pas
celui qui « prédit le futur » mais celui qui « parle pour le compte de »,
comme l’exprime parfaitement le verbe grec profeteuein qui désigne
l’acte d’interpréter les volontés de quelqu’un. Le prophète est donc
celui qui parle dans le but de divulguer la pensée et les volontés de
son commanditaire.
Yahvé lui-même choisit ses porte-parole et leur transmet ses volontés
en les leur communiquant oralement et en personne. Ce qui n’a pas
empêché bon nombre de « petits malins » d’inventer à toutes les
époques (et c’est encore le cas aujourd’hui) des mensonges pour
duper les plus crédules. Ces fausses prophéties étaient si nombreuses
en ce temps-là qu’elles en devinrent intolérables.
C’est ainsi que Yahvé ressentit le besoin de désavouer ceux qui
assuraient parler pour son compte après avoir reçu des messages
durant leur sommeil.
Dans Jérémie 23, on lit cette affirmation très claire :
(Verset 25)
« J’ai entendu ce que disent les prophètes qui prophétisent en mon
nom le mensonge, disant… »
(Verset 26)
« Jusques à quand ces prophètes veulent-ils prophétiser le mensonge,
prophétiser … »
65
(Verset 27)
« Ils pensent faire oublier mon nom à mon peuple… »
(Verset 28)
« Que le prophète qui a eu un songe raconte ce songe, et que celui…
»
(Versets 30 et suiv.)
« C’est pourquoi voici, dit l’Éternel, j’en veux aux prophètes… qui
prennent leur propre parole et la donnent pour ma parole. Voici, dit
l’Éternel, j’en veux à ceux qui prophétisent… »
66
La construction « revenir et faire quelque chose » est souvent utilisée en
hébreu pour dire que l’on fait quelque chose « à nouveau » : la
signification de l’expression est donc « je levai à nouveau les yeux ».
Puis il poursuit :
67
Puis Zacharie est invité à lever les yeux encore une fois pour observer
ce qui s’approche (Zacharie 5:6), mais cette fois c’est lui qui demande à
l’ange [malakh] ce dont il s’agit. Lequel précise que c’est « l’[efah] qui
sort » .
Il faut savoir que l’[efah] (épha) était une unité de mesure utilisée pour
les céréales (correspondant à environ 40 litres de farine). C’est pourquoi,
à cet endroit du récit, on se demande ce qu’était cet objet d’usage
apparemment commun qui sortait de manière autonome.
Le contenu du verset 7 clarifie le tout et rend l’ensemble intéressant :
Ces deux femmes volantes (dont les ailes étaient comme celles de la
cigogne, nous dit le prophète) :
68
s’ouvre et dévoile une femme assise. Puis deux autres femmes arrivent
en volant et soulèvent cet « objet », pas mieux identifié.
À ce moment, le prophète demande où elles l’emmènent et le [malakh]
lui répond (Zacharie 5:11) :
Cet objet non identifié, capable de contenir une femme, arrive en volant,
est soulevé par deux femmes volantes et est emmené au pays de Shinear
où il sera déposé – laissé – sur une plate-forme qui aura entre-temps été
préparée.
Le point encore plus curieux est que Shinear est le terme utilisé dans
l’Ancien Testament pour désigner la terre de Sumer. Nous avons donc un
rapport direct de ces objets et êtres volants avec la terre qui les a vus
arriver en premier, qui les a hébergés et dont ils sont ensuite partis : le
pays des Gardiens, des « dieux » volants, des ANUNNAKI (ou ANUNNA)
comme on les appelle plus fréquemment.
Une coïncidence vraiment extraordinaire entre ces machines volantes,
les êtres qui les conduisent et la terre dont ils proviennent.
Cette scène à peine achevée, Zacharie affirme pour la énième fois
devoir lever les yeux : il assiste ainsi à un autre événement extraordinaire
(Zacharie 6:1 et suiv.) :
69
Le prophète nous décrit donc quatre chars sortant d’un espace situé entre
deux montagnes indubitablement métalliques : tours, silos, rampes ?
Chaque char est tiré par des « chevaux » de couleurs variées et le
[malakh] explique qu’il s’agit des quatre « vents » [ruchot, pluriel de
ruach] des cieux qui sortent de l’être [présence] face au seigneur de toute
la terre (Zacharie 6:5).
Ils sortent en direction des quatre points cardinaux : le [malakh] qui parle
avec le prophète leur ordonne (Zacharie 6:7) de parcourir la terre (le
pays) comme pour accomplir une sorte de reconnaissance. Il précise en
outre que ces vents sont poussés par des « chevaux » (propulseurs ?) de
multiples couleurs et accomplissent diverses tâches.
Ceux qui vont vers le nord viendront de loin et (6:15)…
Si nous voulons penser que dans Zacharie les termes [kavod, ruach,
rechev, merkavah] désignent l’essence spirituelle de Dieu ou une forme
quelconque de sa manifestation, nous devons accepter l’idée que :
Pour la voir il fallait lever les yeux (6:1).
Elle n’est pas reconnaissable, au point que le prophète ait à
demander des explications (6:4).
Elle se trouve au milieu de – ou provient de – tours métalliques
(6:1).
Elle est constituée de divers composants aux caractéristiques
physiques (comme des couleurs) distinctes (6:6).
70
Elle doit se mouvoir dans l’espace pour couvrir certaines
distances (6:6 et suiv.).
Elle est constituée de nombreux éléments (tous les verbes qui s’y
réfèrent sont au pluriel).
Chaque partie doit demander si elle peut parcourir le territoire
(6:7).
Chaque partie n’agit qu’après avoir reçu l’ordre de le faire de la
part d’un simple [malakh] (6:7).
Chaque partie rejoint des territoires donnés pour y jouer diverses
fonctions (6:8 et suiv.).
En conclusion
Ces descriptions du [kavod, ruach, rechev, merkavah] et des chérubins
qui y sont liés sont trop précises pour se voir interprétées comme des «
visions » ou comme le souvenir de phénomènes atmosphériques naturels
(auxquels les nomades étaient certainement habitués). Ils ne sauraient
encore moins être attribués à une volonté ingénue d’inventer une
quelconque forme d’apparition dans le but d’émerveiller le lecteur.
Nous sommes face à la présentation d’événements extraordinaires
auxquels assistait le peuple entier : des phénomènes précis, qui, pour ces
gens, n’avaient rien d’ordinaire. Ils étaient constitués d’images,
situations et son qui – si nous nous libérons des préjugés et suivons
librement la pensée et les connaissances actuelles – seront très facilement
mis en relation avec la présence d’un « quelque chose » qui se manifeste
avec une grande puissance.
Compte tenu de l’ensemble des éléments mis en évidence, je suis en
mesure de déclarer aujourd’hui que les caractéristiques définies par les
quatre termes propres à cet objet [kavod, ruach, rechev, merkavah], nous
renvoient à un transport aéromobile, ou du moins aux véhicules spatiaux
que nous connaissons bien : il s’agit d’un objet lourd qui se déplace dans
71
les airs et crée du vent, fait du bruit, émet une quelconque forme de
lumière ou d’énergie et transporte hommes et marchandises.
Cette hypothèse me semble la plus cohérente avec les descriptions
bibliques des modalités selon lesquelles ces objets se présentaient et
agissaient sous les yeux des spectateurs, générateurs d’effets concrets –
potentiellement fatals ! – dans l’espace immédiatement environnant.
Mais si ces individus volaient, nous devons nous poser une question :
étaient-ils les représentants d’une civilisation terrestre évoluée, comme
l’affirment certains, ou bien venaient-ils d’ailleurs, comme le soutiennent
d’autres ?
Une réponse possible se révèle dans l’encadré intitulé « Récits extra-
bibliques », que vous trouverez au dernier chapitre.
[…]
72
En bref, la tradition mosaïque est l’effet visible d’un ovni qui agit
sous un contrôle intelligent : des individus provenant d’un autre
monde.
[…]
Dans les Psaumes, la colonne de nuée est vue comme le véhicule avec
lequel Dieu voyage.
[…]
La colonne de nuée et de feu ne concerne pas seulement les ovnis
modernes, mais est associée aux “anges de Dieu” : hommes ou êtres
provenant d’un autre monde.
Si la tradition mosaïque raconte des événements historiques et si les
ovnis existent, nous pouvons être certains que les êtres dans les ovnis
ont été les causes directes de la religion de l’Ancien Testament.
[…]
Nombre des événements bibliques semblent s’être déroulés tels qui
sont racontés. La Bible est peut-être en mesure d’offrir un degré de
précision scientifique assez élevé.
[…]
Je suis à peu près certain que la colonne de nuée et de feu de l’Exode
ait présenté de nombreux signes visibles et indirects de rayonnements.
[…]
Je partage avec von Däniken16 l’idée que les anciens astronautes, ou
du moins des êtres appartenant à une civilisation plus élevée, ont
influencé la religion biblique.
[…]
Je pense que la religion biblique est l’œuvre délibérée d’anciens
astronautes ou, du moins, d’une civilisation plus élevée. »
73
Nous lisons en Exode 16:7, « Et, au matin, vous verrez la gloire
de l’Éternel. » Que signifie donc « gloire » de Yahvé ?
Reconnaissons d’abord que cette « gloire » est quelque chose de
visible. Ensuite que le mot « gloire » est en soi un vocable
abstrait. En remarquant qu’il apparaît aux côtés d’autres mots
dans des passages poétiques de la Bible, force est d’admettre sa
signification concrète originelle. En Paume 3:3, le kavod de Dieu
est assimilé à son « bouclier ». En Job 29:20, le kavod de Job est
assimilé à son « arc ». En Psaume 24:8, nous lisons « Qui est ce
roi du kavod ? – L’Éternel (Yahvé) fort et puissant, L’Éternel
(Yahvé) puissant dans les combats ». Le sens concret initial de
kavod est « armes de combat ». Un sens en accord avec la
signification littérale de la racine de kavod, « lourd », tout
comme l’armement renvoie aux armes lourdes et aux armes de
défense de la bataille. En Exode 16:7, Israël aura « vu » l’«
armement » de Yahvé, celui qui a combattu à leurs côtés contre
les Égyptiens. » (www.ancient-hebrew.org/27_glory.html)
74
Chapitre 3
É
zéchiel (nom qui signifie « El est fort, El fortifie »), fils de Buzi,
naquit aux environs de 620 av. J.-C. Il appartenait à une famille
sacerdotale mais agit en qualité de prophète.
Déporté à Babylone en 597 av. J.-C., il s’établit dans le village de Tel
Aviv, sur la rivière Khabur. On a peu d’informations sur sa vie, et il se
livra sûrement à des activités très diverses : on sait en effet qu’il jouissait
d’un grand prestige car les Anciens du peuple s’adressaient souvent à lui
pour gérer des affaires importantes, même si parfois ils ne comprenaient
pas le contenu de ses prophéties ou, délibérément, décidaient de ne pas
leur accorder de crédit.
Sa mission était de redonner l’espoir au peuple en exil : après les
souffrances, arriverait le moment de la fondation d’Israël, débutant par la
renaissance de la ville sainte de Jérusalem et du Temple.
Il fut actif quelques décennies après la réforme religieuse opérée par le
roi Josias, qui visait à ramener à une sorte de pureté originelle la fidélité
du peuple envers Yahvé. Sa prédiction la plus marquante reste la chute
de Jérusalem : à l’occasion de cet événement tragique, il poussa ses
compatriotes à replacer leur foi en Yahvé, tandis que nombre d’entre eux
auraient préféré s’en remettre aux Égyptiens pour prévenir et éviter la
conquête de la part des Babyloniens. Après la chute de la ville et du
royaume de Juda, il exhorta le peuple exilé à croire en une libération
certaine et en un retour vers leur patrie, ainsi qu’en la reconstruction du
Temple, la restauration de la souveraineté nationale et du culte sous la
conduite d’un nouveau sacerdoce.
Il faut préciser que ces textes ont été rédigés après que tous ces
événements s’étaient déroulés : il s’agit donc des classiques prophéties
dites post eventum, comme d’ailleurs le sont toutes les prophéties
bibliques en notre possession. Les documents qui les contiennent et que
75
nous possédons ont toujours été compilés à une époque successive à
celle à laquelle les événements font référence, et leur valeur prophétique
est donc définie et reconnue exclusivement par la doctrine et la foi et non
par des preuves textuelles.
Le Livre d’Ézéchiel a été écrit au Ve siècle av. J.-C. et donc plus de cent
ans après les événements auxquels il fait référence : Jérusalem tomba
définitivement en 587 aux mains de Nabuchodonosor, et les Hébreux
déportés purent regagner leur patrie à partir de 538 av. J.-C., suite à l’édit
de Cyrus, roi de Perse, qui avait conquis Babylone.
La Bible évoque cette permission de revenir sur leurs terres dans
Esdras, confirmée par une pièce en argile du VIe siècle av. J.-C., gravée
de caractères cunéiformes en akkadien, conservée au British Museum.
Connue sous le nom de Cylindre de Cyrus, elle atteste entre autres de
l’autorisation que le roi perse accorde aux populations exilées – parmi
lesquelles probablement les Hébreux – à retourner dans leurs contrées : «
Je rassemblai tous leurs habitants et leur redonnai leurs résidences », dit
l’inscription.
Voici en résumé le cadre historique des événements et des expériences
d’Ézéchiel auxquels nous nous intéressons.
RÉFORME DE JOSIAS
Dans un précédent ouvrage, j’ai analysé l’un des comportements
spécifiques des Elohim, et précisément le plaisir – ou, pour être plus
précis, le besoin – de humer la fumée produite par la graisse brûlée
des victimes. Nous ne reviendrons pas sur ce sujet précis, mais nous
nous contenterons de donner un élément qui illustre le changement de
comportement de la part de Yahvé envers son peuple : Ézéchiel agit
donc dans le cadre de ces nouveaux rapports.
Les versets 25-26 du chapitre 20 sont extrêmement significatifs.
Yahvé s’entretient avec le prophète, évoque le passé et, parmi les
nombreux sujets abordés, il reconnaît, dans sa grande bonté, qu’au
cours des siècles précédents, lui-même avait donné :
76
En d’autres termes, il admet avoir imposé des règles qui n’était pas
proprement compatibles avec la vie, et dit, juste après, qu’elles étaient
cruelles et mortelles.
Il reconnaît qu’il les a lui-même « (souillé) par leurs offrandes »,
celles-là même qu’il imposait et qui consistaient à :
Il précise en outre que cet ordre était imparti dans le but de frapper
durement le peuple et faire en sorte que ses fidèles comprennent
clairement qui il était. Il n’y a aucun doute : il demandait qu’on brûle
pour lui les premiersnés, qu’il voulait qu’on lui apporte à l’âge de huit
jours (Exode 22:29-30 ; Lévitique 22:27) et nous avons compris – cf.
précédents ouvrages – que c’était nettement pour des raisons d’ordre
neurophysiologique.
77
En revanche, ce que signifie expressément le prophète est bien
différent, puisqu’il dit avoir vu les Elohim après que les cieux se sont
ouverts : il s’agit en effet de « visions », c’est-à-dire d’une pluralité de
sujets et objets réellement présents, comme il apparaît clairement dans la
description complète de l’événement.
78
Nous tenons donc là une précision importante : le [ruach], c’est-à-
dire le prétendu esprit divin de la théologie, est en réalité un « vent » qui
se présente par des manifestations physiques évidentes, aussi bien sur le
plan visuel que sonore, comme nous le verrons prochainement.
Pour le moment, soulignons que le [ruach] provient d’une direction
géographique précise (le nord), tandis qu’Ézéchiel se trouve sur les bords
d’un canal, le Kevar, qui s’avère correspondre au Nil, un cours d’eau
dérivé de l’Euphrate, en Basse Mésopotamie.
Comme pour Zacharie, que nous avons déjà évoqué, nous ne nous
trouvons pas en présence d’une expérience mystique ni d’une vision
onirique, mais d’un événement concret, une expérience réellement vécue
par le prophète.
Le texte cité précise que cet « œil qui scintille » se trouve au « centre
du feu ». Dans les traductions, Le terme « œil » désigne le centre et «
scintille » fait référence à l’ambre ou l’électrum (airain dans les
traductions). Nous avons donc la description de ce qui pourrait
correspondre à une véritable rencontre rapprochée avec un objet pas
mieux identifié et qui était indubitablement dans les airs : une nuée
tempétueuse provenant du nord, avec en son milieu un feu (des systèmes
de propulsion ?) qui tournait sur lui-même, le rayonnement lumineux
autour et, en son centre, quelque chose de brillant comme de l’électrum.
Cette image sert probablement à décrire la couleur et la luminescence
de la partie centrale (l’électrum était un alliage aussi bien naturel
79
qu’artificiel d’or et d’argent) ou peut-être à représenter des phénomènes
électromagnétiques, les propriétés électriques de l’ambre (que les Grecs
appelaient électron) étaient déjà bien connues dans l’Antiquité.
80
« Et mains d’adam sous ailes leurs, sur leurs quatre côtés » (le
terme [kanàf] possède diverses significations : « aile, extrémité,
bord ») ;
Les ailes [extrémités] « étaient approchées l’une de l’autre » («
femelle à sœur sa », dit le verset 9) ;
« Ils ne tournaient pas dans leur déplacement » ;
« Chacun se déplaçait dans la direction de sa face [partie frontale,
avant] » ;
Forme de face leur face d’adam, et pour tous les quatre face de
lion à droite et face de bœuf de la gauche, et face d’aigle (selon le
côté duquel on les observe, il se présentaient donc sous diverses
apparences) ;
« Face leur et ailes leurs étaient séparées par au-dessus » ;
« Chacune en avait deux jointes à une autre et deux couvrant leur
corps » ;
« Chacune se déplaçait en direction de sa face (partie antérieure),
vers là où le vent était sur le point d’aller » ;
« Ils allaient et ils ne tournaient pas dans leur déplacement » (ils
avaient donc la possibilité de changer de direction sans devoir
tourner comme le font les moyens de transport normaux ?) ;
« Et ressemblance (forme) des (choses) vivantes apparence leur
comme bras de feu brûlant comme apparence de les flambeaux
allant avant et arrière parmi les vivants » ;
« Et splendeur avait le feu et du feu sortant (sortait) des foudres »
;
Et les (choses) vivantes courir et tourner (zigzaguer dans toutes
les directions) comme visions de l’éclair » ;
« Et une roue à terre près de (à côté de) les vivants par quatre
faces (parties antérieures) leur » ;
« Et aspect de les roues et structure leur comme œil de Tarscisc
(scintillement de pierre précieuse, chrysolithe) » ;
« Et ressemblance une à quatre » ;
81
« Et apparence leur et structure comme que (si) était la roue au
milieu de la roue (une roue à l’intérieur de l’autre) » ;
« Sur quatre de (quatre) côtés (directions) leur dans déplacement
leur » ;
« Ils ne tournaient pas dans déplacement leur ».
Le verset 13 mérite une attention particulière parce qu’il nous dit que
leur aspect était :
82
les ailes ouvertes ou fermées et le type de mouvement dont elles étaient
animées, les rendaient semblables à des formes particulières ou
évoquaient peut-être des fonctions et activités descriptibles à l’aide
d’exemples tirés du monde animal.
La tradition a vraiment laissé libre cours à sa fantaisie en tentant
d’expliquer et de représenter de plusieurs manières les similitudes et
comparaisons dans le texte : homme, aigle, lion et bœuf.
Chaque interprétation donnée prend donc origine dans le spiritualisme
qui conditionne de façon dogmatique et préjudiciable la lecture du texte
biblique.
Nous essayons de formuler une hypothèse qui, comme toujours, tient
compte de la simplicité concrète avec laquelle les auteurs bibliques
tentaient de représenter ce qui sortait de l’ordinaire. L’utilisation des
images d’animaux était un moyen naturel et immédiat qui facilitait la
compréhension de ceux qui n’avaient pas assisté à l’événement et
écoutaient le récit.
Ces « choses automobiles » pouvaient être décrites dans leurs
agissements par des ressemblances avec le monde que tous connaissaient
: l’aigle, pourvu d’ailes, vole ; le lion est agressif et attaque ; le bœuf est
connu pour sa force tranquille et, concernant la « face antérieure »,
l’adam, homme, commande ou pilote la totalité de la « chose vivante ».
La ressemblance, en effet, ne doit pas être exclusivement ou
nécessairement formelle. Pensons aux Indiens d’Amérique du Nord qui
appelaient le train « cheval de fer » même si, de toute évidence, il ne
ressemble en rien à un cheval : ils le qualifiaient ainsi parce qu’ils
évoquaient son rôle de moyen de déplacement à une vitesse supérieure à
celle consentie à l’homme.
Ces descriptions pourraient donc offrir une valeur surtout fonctionnelle
et trouvent une correspondance possible dans les analyses menées par les
sumérologues du Christ College de Cambridge18.
Pour Christian O’Brien, le terme [keruv] provient de l’assyrien et,
encore avant, du suméro-akkadien KA-RI-BU.
Les trois syllabes étaient représentées par des pictogrammes avec les
significations que voici :
83
désignant probablement la parole,
le fait de commander.
Il semble représenter un oiseau très
stylisé, pour indiquer la capacité de
RI voler ; en akkadien, le pictogramme
se lit HATANU et indique l’action de
protéger.
L’image représente une lance
pointue et semble donc évoquer
BU l’activité militaire ou un système de
propulsion ou de lancement.
C’est ce que nous dit la philologie et, comme nous l’avons déjà souligné,
l’étude analytique de la signification des termes est fondamentale, mais
n’est parfois pas suffisante par elle-même pour en garantir une
compréhension complète.
La contextualisation nous est donc utile, par la description des
situations dans lesquelles les éléments que nous examinons opèrent. Elle
révèle leur fonction et donc leur nature, celle-là même que la philologie
ne parvient souvent pas à mettre en évidence de manière claire et sans
équivoque.
Nous pouvons donc avancer ici que l’usage que l’on fait des chérubins
constitue l’une de leurs caractéristiques fondamentales. Un usage décrit
dans des passages bibliques que nous étudierons dans les pages à venir :
et alors l’on pourra difficilement douter de leur réelle nature, celle de «
choses en mouvement », bien exprimée par le vocable à la forme
féminine.
84
Ces cercles devaient décidément sembler imposants et tous les quatre
étaient dotés de ce que le prophète appelle des « yeux » à l’intérieur.
Nous pourrions les qualifier de hublots, avec la certitude de ne pas faire
preuve en cela de trop d’imagination.
Les versets 19-21 nous décrivent ensuite quelques modalités de
déplacement de cette machine :
« Et dans (quand) avancer de les (choses) vivantes avançaient les
roues près de (à côté de) celles-ci » ;
« Et dans (quand) se soulever les (choses) vivantes de sur la terre
se soulevaient les roues » ;
« Vers (où) était là le vent pour aller allaient là [où] le vent pour
aller » ;
« Et les roues se soulevaient à côtés leurs (avec elles) car vent de
la (chose) vivante dans (avec) les roues » ;
« Dans (quand) aller elles allaient et dans (quand) rester
(s’arrêter) elles restaient (s’arrêtaient) » ;
« Et dans (quand) se soulevaient elles de sur la terre, se
soulevaient les roues à côtés leurs (avec elles) » ;
« Car vent (énergie) de la (chose) vivante dans (avec) les roues ».
Donc, des roues se déplacent avec l’ensemble de cet « objet » pas mieux
identifié qui en outre, montent et descendent sur le sol.
Le verset 22 à venir nous décrit une autre caractéristique qui nous est
décidément familière :
85
cette dernière image, des coupoles transparentes situées audessus des
têtes de ceux que nous pouvons désormais, arrivés à ce stade de la
description, qualifier sans trop de doutes de « pilotes » ? Nous pouvons
sereinement répondre « non » : la description semble donc très claire, et
sans équivoque.
Les versets 23 et 24 nous dépeignent enfin la position des ailes et même
le bruit produit par le déplacement :
« Et sous la voûte (coupole) les ailes leurs dirigées une à sœur sa
»;
« À chacun deux couvrant à eux et à chacun deux couvrant à eux
corps leurs » ;
« Et entendis son (bruit) de ailes leurs comme son [voix, bruit]
d’eaux nombreuses » ;
« Comme son (voix, bruit) de Shaddai (un terme par lequel on
indiquait la puissance de l’Elohim) dans (quand) se déplacer eux ;
« Son (voix, bruit) de vacarme comme son (bruit) de campement
»;
« Dans (quand) s’arrêtaient eux faisaient tomber (abaissaient) les
ailes ».
86
« Et sur forme (ressemblance) de trône [ , chisse] forme
(ressemblance) comme d’apparence d’adam sur celui-ci d’au-
dessus ».
En somme, au-dessus des coupoles qui étaient sur les têtes des vivants
s’élevait une structure en forme de siège (trône) sur laquelle se trouvait
un être semblable à un homme.
Le prophète poursuit avec la description des détails et raconte
également avoir vu quelque chose qui l’avait déjà frappé précédemment
(Ézéchiel 1:27) :
« Comme œil de l’étincelle (électrum, ambre) » ;
« Comme apparence de feu » ;
« Maison à lui autour (l’entourait) » ;
« D’apparence (ressemblance) de flancs ses et au-dessus » ;
« Et d’apparence (ressemblance) de flancs ses et en dessous » ;
« Je vis comme apparence (ressemblance) de feu et splendeur à
lui autour ».
87
Cet « être semblable à un homme » assis au poste de commande diffusait
donc une lueur particulière, qui rappelait peut-être la couleur de
l’électrum ou de l’ambre : une lueur dorée, donc, avec des reflets
lumineux particulièrement évidents dans la partie inférieure.
Soulignons un fait curieux : le terme par lequel le texte biblique définit
l’ambre (ou électrum) est [chashmal], celui par lequel l’hébreu
moderne désigne… l’électricité.
Le récit se conclut par une affirmation qui nous renvoie au chapitre que
nous avons consacré au [kavod], c’est-à-dire à la « gloire de Dieu ».
Ézéchiel dit (1,28) :
Ce qui a jusque-là été qualifié de [ruach] est soudain identifié en tant que
[kavod] :
[ruach] et [kavod] renvoient-ils donc à la même chose ?
Sont-ce deux manières différentes de définir des caractéristiques
propres à un même objet volant non mieux identifié : vent, air en
mouvement, et poids, puissance ?
Nous avons une fois de plus considéré qu’il était impossible de traduire
le terme [kavod] par « gloire », car ce qui est décrit ne fait que confirmer
que face à Ézéchiel – comme précédemment face à Moïse – se trouve
quelque chose de « grand, puissant et bruyant », exactement comme nous
l’avions souligné précédemment. Et ici Ézéchiel, exactement comme
88
Moïse, décrit en détails tous les événements qui aident à définir ce qu’il a
vu comme « grand et puissant » sans le moindre doute.
Selon Ézéchiel, il nous semble ici entendre le bruit produit par les divers
instruments de vol (ailes, hélices ?) et les roues (turbines ?) avec
lesquelles la machine se déplace sur le sol.
Nous remarquons également le « bruit de tremblement de terre » que
nous avons tous entendus chaque fois que nous nous sommes trouvés à
proximité d’une piste sur laquelle décollait un avion (ou que nous avons
par exemple regardé une émission de retransmission du décollage des
navettes spatiales de la NASA…).
Cette expérience se conclut par la description nette et concise d’un
événement (verset 14) :
Nous remarquons encore une fois la manière dont les termes [ruach] et
[kavod] sont interchangeables au fil du récit.
89
Il s’agit du chapitre 10 : les événements se déroulent à Jérusalem.
Ce qui nous intéresse ici est de donner un élément de réponse à une
question que nous avions laissée en suspens lorsque nous avons déclaré
que le prophète lui-même avait révélé ce qu’étaient ces « choses vivantes
» dotées d’extrémités qui s’ouvrent, de cercles, de roues insérées les unes
dans les autres et, surtout, de ce type de déplacement horizontal et
vertical si particulier que nous avons déjà étudié.
Ézéchiel poursuit ainsi son récit (Ézéchiel 10:1) :
90
L’ordre nous confirme que les chérubins sont munis de roues et, qu’entre
elles, existe un espace à l’intérieur duquel un individu peut entrer pour
accomplir des actions auxquelles nous ne nous intéresserons pas pour le
moment.
Le verset suivant nous raconte que tandis que l’homme accomplit la
tâche qui lui a été confiée (10:3) :
91
Nous avons déjà évoqué la nuée et son origine possible mais dans le
verset suivant nous prenons connaissance d’un autre élément qui nous
étonne fortement si on pense à l’apparence sous laquelle la tradition
doctrinale décrit les chérubins.
Notons au passage que le [kavod] et le [ruach] produisent exactement
les mêmes effets visuels et sonores, prouvant une fois de plus que le
[ruach] ne représente pas toujours la manifestation éthérée et impalpable
de « l’esprit divin » mais est souvent un objet concret, matériel, solide,
évident, bruyant, que tous peuvent voir et entendre lors de ses
déplacements. Dans certaines situations déterminées, son hypothétique
essence spirituelle serait inexplicablement articulée et complexe, vu les
nombreuses structures qui le composent et qui agissent aussi bien de
manière synchronisée que séparément.
D’ailleurs, tous ces mouvements ne sont pas ici simplement vus par
Ézéchiel, mais également entendus par ceux qui se trouvent dans
l’impossibilité d’assister aux déplacements des divers moyens de
transport mécaniques présents sur le lieu des événements. En effet (10:5)
:
Il n’y a donc pas seulement Ézéchiel qui voit ce qui se produit sur le
parvis interne mais aussi ceux qui, de la cour extérieure, entendent le
bruit émis par les chérubins.
Ce détail aussi nous fait comprendre qu’il ne s’agit pas d’une vision
mystique ou d’une expérience onirique : les perceptions auditives de
ceux qui étaient présents mais ne pouvaient rien voir à cause du mur
d’enceinte nous sont décrites.
Les versets 6-8 exposent l’action menée par l’individu vêtu de lin entre
les roues des chérubins, tandis que les versets 9 à 12 reprennent la
description que le prophète considère comme importante, surtout à
propos des détails qui suivent (comme précédemment, nous évitons de
reporter le texte hébreu afin de faciliter la lecture) :
« Et je vis et voici quatre roues à côté de les chérubins » ;
92
« Roue une à côté de le chérubin un » ;
« Et roue une à côté de le chérubin un » ;
« Et apparence de les roues comme œil d’une pierre de
chrysolithe » ;
« Et apparence de elle ressemblance de une à quatre elles (elles
étaient semblables) » ;
« Comme que (si) était la roue au milieu de la roue » ;
« À quatre leurs roues leurs (chacun avait sa roue) ».
93
Ézéchiel nous annonce déjà ce qu’il confirmera bientôt : la « chose »
qu’il avait vue sur le fleuve (chap. 1) avec les « choses vivantes, choses
automobiles », était celle qu’il voit à nouveau avec les chérubins.
Les chérubins s’élèvent et, lorsqu’il observe ce mouvement, Ézéchiel
souligne que (versets 16-17) :
« Dans (quand) se déplacer de les chérubins se déplaçaient les
roues de côté de eux » ;
« Et dans (quand) porter de les chérubins ailes leurs à être hautes
de sur la terre ne tournaient pas autour les roues même elles de
côté leur (ne s’éloignaient pas) » ;
« Dans (quand) être arrêtés elles s’arrêtaient » ;
« Et dans (quand) être hauts elles montaient avec eux ».
En résumé : nous avons des roues directement liées aux chérubins ; des
ailes qui s’élèvent et s’abaissent en fonction de la surface du sol avec des
roues qui suivent ce mouvement, s’élevant et s’abaissant avec l’ensemble
de la structure.
L’uniformité et la simultanéité du mouvement sont apportées par la
notation que sur l’ensemble de la structure agit le :
94
Ézéchiel assiste à ce que nous pourrions définir comme l’attelage du
[kavod] qui sort du parvis intérieur, franchit le seuil, pour se placer au-
dessus des chérubins qui étaient restés à l’extérieur. Lorsque le [kavod]
est au-dessus d’eux, ils activent leurs instruments de vol pour l’élever
dans les airs.
Cette action est décrite encore plus précisément :
Le [kavod] des Elohim qui au verset 4 s’était envolé pour se placer dans
la cour intérieure du Temple s’élève à nouveau, franchit le seuil, sort et
95
retourne se poser sur les chérubins qui étaient immobiles près de la porte
orientale du Temple.
Au verset 20, nous avons une affirmation qui nous aide à comprendre
l’ensemble des visions que le prophète décrit au fil des chapitres et qui
nous autorise ce que l’angélologie traditionnelle oublie, peut-être
volontairement : découvrir ce que sont véritablement les chérubins.
Ici, Ézéchiel admet que, jusqu’à ce moment, il n’avait pas bien compris
ce qu’il avait vu au chapitre 1 de son livre et ce n’est qu’après avoir
assisté à la succession de ces événements qu’il peut affirmer avoir saisi
ce qu’était la [chaia, singulier de chaiot], c’est-à-dire la « chose
vivante » (automobile) qu’il avait vue [Israel-elohe
tachat], « sous Elohim d’Israël », sur les rives du fleuve Kevar et :
96
Le scénario d’un film pourrait difficilement décrire cette manœuvre plus
précisément : l’Elohim nommé Yahvé s’envole dans son moyen de
transport pourvu des chérubins qui s’y sont rattachés, quitte la ville et va
se placer sur les hauteurs situées immédiatement à l’est.
La scène qui se déroule sous nos yeux est très claire et se passe de
commentaires ultérieurs.
Tous ces événements se poursuivent par un voyage en Chaldée à bord
du [ruach] et trouve son épilogue définitif au verset 24 du chapitre 11,
qui ne nécessite pas davantage d’explications :
Après avoir accompli ce pour quoi il était venu, l’Elohim s’envole dans
les cieux.
97
Nous savons grâce au chapitre 40 qu’il a été « posé, placé » sur une
hauteur – [inicheni] « il me posa, me fit rester », traduit
littéralement – et que là il rencontre un [Ézéchiel 40:3) :
98
redescendent et, à des décennies d’intervalle, reviennent toujours avec
les mêmes caractéristiques.
Nous nous en tiendrons là avec le [kavod, ruach], mais les chérubins
méritent encore un peu notre attention.
99
Chapitre 4
Les chérubins
L
es lecteurs qui souhaitent savoir ce que l’Église catholique et
l’angélologie traditionnelle affirment à propos des chérubins et
leur appartenance aux rangs des anges sont invités à se référer à
mes précédents ouvrages. J’y ai examiné l’inconstance du parallèle qui
est souvent établi avec les figures des [karibu] assyro-babyloniens.
Dans la logique du but de cet ouvrage, je poursuivrai ici l’analyse des
extraits de la Bible dans lesquels sont décrits leurs aspects et fonctions
particulières.
Nous avons déjà vu dans le chapitre précédent que les [keruvim]
de la tradition de l’Ancien Testament semblent offrir une spécificité qui
les identifie, les distingue et les caractérise comme des éléments
difficilement rapprochables de l’iconographie angélique à laquelle nous
sommes habitués.
Après avoir lu ce que nous a transmis Ézéchiel, suivons un parcours qui
nous mènera à la découverte progressive d’éléments que le texte biblique
présente d’une manière que nous pourrions qualifier d’occasionnelle, car
malheureusement les auteurs anciens n’attachaient que peu d’importance
aux descriptions systématiques qui constituent pour nous une nécessité.
Ils ont distribué dans divers passages les éléments descriptifs qui
frappaient l’observateur du moment et nous devons les trouver au moyen
de recherches aussi patientes que fascinantes.
Genèse, chapitre 3
Les chérubins font leur apparition dès le premier livre de l’Ancien
Testament, et précisément au quatrième chapitre de la Genèse.
Nous sommes au jardin d’[eden]. Le serpent tentateur a mené à bien
son œuvre de déstabilisation, il a convaincu Ève de manger le fameux
fruit défendu et la violation de l’interdit a été consommée (j’en ai
largement parlé dans mes précédents ouvrages). À ce moment, Adam et
100
Ève s’aperçoivent qu’ils sont nus. L’Elohim nommé Yahvé leur fournit
des tuniques de peau, les habille et les éloigne de ce lieu que la Bible
qualifie de protégé.
C’est en effet le sens de [be-eden gan] : lieu clos et protégé
situé dans un territoire nommé [eden] – dont nous verrons plus loin la
localisation possible.
Les chasser ne suffit cependant pas. Yahvé veut se montrer certain
qu’ils ne pourront pas tenter de rentrer. Et alors (Genèse 3:24) :
Ce verset nous dit avant tout que l’[eden] avait un seul accès,
probablement situé à l’est, qu’il était donc suffisant de contrôler pour
bloquer toute intrusion indésirable. Nous notons ici une confirmation
qu’il s’agit d’un événement concret survenu dans un lieu physique
matériel : un territoire clos et protégé, doté d’un accès dont la garde est
nécessaire et qui suffit à empêcher quiconque de rentrer.
Le passage nous révèle que ce « Dieu » a besoin de mettre des gardes
pour empêcher l’accès du lieu dans lequel il réside. Je le dis, voilà qui est
très étonnant si nous pensons à lui comme à une entité spirituelle
omnisciente et omnipotente. Le couple d’Homo sapiens (ou sapiens
sapiens) pouvait même envisager de désobéir à un ordre précis et tenter
de retourner dans ce lieu spécial, et « Dieu » se trouvait dans l’obligation
d’en garder matériellement l’accès.
Rien à voir avec l’image mystique d’un paradis de délices spirituels
dans lequel l’homme contemple son créateur omnipotent et transcendant.
Au contraire de ce qu’on peut lire dans le Livre d’Ézéchiel, la figure
des chérubins, dans ce passage, ne s’accompagne pas de descriptions qui
nous aident à en comprendre la forme, les dimensions, l’apparence. Nous
apprenons seulement qu’ils étaient accompagnées, flanqués de – ou peut-
être connectés à – une « lame qui tournoyait ».
101
Dans la traduction de [kherev] par le terme « lame », j’ai ajouté
entre parenthèses le mot « brûlante », car c’est le sens de la racine
hébraïque19 que l’on traduit normalement simplement par « épée », en
perdant ainsi un détail qui possède un certaine importance, comme nous
le verrons mieux plus loin.
Malgré l’absence de description précise et en présence de peu
d’éléments fournis par le texte, il semble tout de même clair que la
représentation traditionnelle du chérubin (singulier) vu comme un ange
ailé, en main une épée pour défendre l’entrée, ne correspond pas à ce que
nous raconte la Bible : nous sommes en présence de plusieurs chérubins,
d’une lame tournoyante qui brûle, c’est-à-dire une roue de feu, dont le
lien physique avec les chérubins n’est cependant pas précisé ici.
Heureusement, le livre d’Ézéchiel que nous avons examiné et les
passages que je traduirai plus loin nous aident dans leur ensemble à
concevoir une image possible cohérente.
L’ÉDEN
Ce que nous connaissons comme le « Paradis terrestre » était en
réalité un territoire dans lequel les Elohim avaient probablement placé
un centre de commandement et, en tout cas, un jardin expérimental
dans lequel cultiver des végétaux et élever des animaux.
La définition de Paradis terrestre utilisée traditionnellement ne rend
pas compte de sa nature réelle et provient d’une succession de termes
et de significations que je résume ainsi :
KHARSHAG ou EDIN (suméro-akkadien) : lieu protégé placé en
hauteur ou maison des seigneurs, maison des justes.
[be-eden gan] (hébreu) : jardin clos et protégé placé à
[eden]. Le terme [gan] provient de la racine [ganan] qui
signifie justement « clôturer ». Le vocable [eden] renvoie
à la racine [adhan] qui porte en elle le concept de joie liée à
une vie heureuse : la vie que le couple menait en compagnie
des Elohim.
Pairidaeza (iranien) : le terme avestique de la religion
zoroastrienne (originaire justement du territoire dans lequel on
peut situer l’[eden]), signifie « lieu clos ».
102
Paradeisos (grec) : terme utilisé par l’historien athénien
Xénophon (425-355 av. J.-C.) pour définir les jardins clos et
protégés des gouverneurs perses.
Paradisum (latin) : dont provient le mot français paradis.
103
Le livre de la Genèse nous fournit une série d’indications
géographiques utiles pour tenter d’en définir une localisation
possible.
104
territoire identifié comme le lieu probable de l’[eden] biblique. Il
existe de nombreux lieux habités qui s’appellent aujourd’hui encore
Noqdi ou Noadi, lesquels signifient respectivement « appartenant à
Noqd et à Noad ».
Les chérubins auxquels l’on a confié la garde du jardin sont d’une
certaine manière évoqués par la localité de Keruhabad la « résidence
des kheru », qui se trouve elle aussi à l’est de la zone que nous avons
désignée comme localisation possible du paradis.
Parce que le terme « kheru » désigne une tribu très belliqueuse, ce
toponyme pourrait indiquer que les chérubins étaient des sortes de
gardiens du territoire résidant à l’est de l’[eden].
Voilà les indications que nous apportent la philologie et la
toponomastique.
Pour d’autres hypothèses sur la localisation des événements bibliques,
consultez également les travaux du professeur Emilio Spedicato, cités
dans la bibliographie.
Au début de ce chapitre, je vous ai dit que les informations que nous ont
laissées les auteurs bibliques sur les chérubins étaient très fragmentaires :
le manque d’une description complète, claire et systématique nous oblige
nécessairement à mener un travail de bénédictin, néanmoins agréable,
pour trouver les récurrences textuelles par lesquelles tenter de
reconstruire l’apparence, la fonction et les utilisations des chérubins.
Étudions-les dans l’ordre. Au terme de l’étude de chaque passage, nous
ajouterons une caractéristique mise en lumière et pourrons ainsi tracer
des contours satisfaisants.
105
Le verset nous dit également que l’autre aile mesurait cinq coudées de
long : soit un total de [amot eser] « dix coudées », c’est-à-dire
environ cinq mètres, d’une extrémité à l’autre.
J’ai ajouté un point d’interrogation dans la traduction car le terme
[kanaf], que l’on traduit normalement par « aile », désigne en réalité
avant tout une partie latérale, une extrémité, comme nous pourrions
parler de l’aile d’un édifice ou de l’extrémité du bras d’une grue.
Il faut savoir que son étymologie d’origine indique précisément
quelque chose qui recouvre, protège et dissimule, et nous ne sommes
donc pas en présence d’un élément dont la fonction essentielle ou
exclusive est de voler. Avec [kanaf], nous avons une structure de
protection, y compris pour se protéger de la vue de ceux qui sont
présents : « Couvrir et dérober à la vue, recouvrir, protéger », comme le
mot est défini dans l’Etymological Dictionary.
Une petite remarque : les lecteurs qui connaissent les chapitres
consacrés aux soi-disant anges dans mes précédents ouvrages auront
certainement remarqué quelque chose pour le moins étrange.
Avec les chérubins, la Bible introduit et utilise le terme [kanaf], qui
n’est pas présent dans les descriptions des anges : nous devons
remarquer que cette structure, qui renvoie au concept d’ailes, est
étrangère aux figures des [malakhim], les « anges », qui sont cependant
traditionnellement représentés comme des êtres ailés.
Nous savons en effet que les ailes, qui ont été attribuées aux anges de la
hiérarchie décrite par la religion chrétienne, l’ont été très tardivement.
On le fit parce que des ailes étaient présentes sur des êtres vénérés par
d’autres cultes et qu’on ne pouvait accepter que les anges chrétiens n’en
possèdent pas.
Il n’y a que dans Isaïe 6:2 que l’on parle de « séraphins munis d’ailes »,
mais ils ne sont pas définis comme des anges, et leur description et
étymologie renvoient à « quelque chose d’ardent ». De l’étude de
l’iconographie hébraïque l’on déduit que les [malakhim] étaient
probablement représentés comme des étoiles, et que ce n’est que dans un
second temps qu’on leur attribua des ailes, symbole de la rapidité de
leurs mouvements.
Quoi qu’il en soit, la forme humaine pour représenter les anges
n’apparaît qu’au IVe siècle après J.-C., tandis que les ailes commencent à
106
faire leur apparition dans l’iconographie au siècle suivant.
En poursuivant notre recherche des caractéristiques des chérubins, nous
comprendrons leurs fonctions et, surtout, découvrirons que les deux
types d’êtres – [malakhim] et [keruvim] – appartiennent à des catégories
totalement différentes.
Cette brève digression close, disons que, pour le moment, nous n’avons
toujours pas trouvé de description des chérubins, mais nous avons
compris qu’ils sont certainement de dimensions considérables et, surtout,
nous commençons à deviner à quoi servaient ces extrémités qui ont
toujours été considérées et représentées exclusivement comme des ailes :
nous savons désormais qu’elles répondaient à de nombreuses fonctions,
comme le montre le premier sens de la racine hébraïque.
107
Premier livre de Samuel 4:4 / Deuxième livre de Samuel
6:2 / Premier livre des Chroniques 13:6
Tous les passages cités sont caractérisés par un élément : on y évoque
l’Arche d’Alliance avec un lien particulier entre Yahvé et les chérubins.
Le lecture complète des extraits n’est pas utile pour le sujet que nous
traitons actuellement, c’est pourquoi j’y renvoie les lecteurs qui seraient
intéressés. Je me contenterai de relever une expression qui est répétée, un
peu comme une sorte de formule stéréotypée.
J’ai cité trois extraits :
Dans le Premier livre de Samuel, on évoque la défaite des
Israéliens contre les Philistins. Nous apprenons que 4 000
Hébreux ont été tués et que la défaite dépend de l’absence de
l’Arche d’Alliance, dont nous verrons plus tard l’utilisation
possible en tant qu’arme.
Dans le Deuxième livre de Samuel, nous avons le récit du
transport de l’Arche.
Dans le Premier livre des Chroniques, David propose de rappeler
au peuple entier l’existence de l’Arche, il regrette en substance
qu’elle ait été oubliée depuis le temps de Saül.
108
lecture susceptibles de résoudre l’incongruité que représente un Dieu qui
s’assoit ou se pose sur des anges.
Nous verrons dans ce chapitre que cette manière de se positionner
pourrait s’avérer très concrète.
Nous savons déjà que ce qui représente un obstacle pour
l’interprétation religieuse ne l’était pas pour ceux qui connaissaient les
personnages, faits, lieux et objets, comme par exemple le [kavod] de
Yahvé et les structures qui y étaient liées.
Pour le moment, enrichissons notre liste avec des informations
supplémentaires sur les chérubins :
Ils se déplacent en relation avec le [kavod, ruach].
Ils se déplacent également de manière autonome par rapport au
[kavod, ruach] et le font de manière rapide et dans toutes les
directions sans avoir besoin de tourner.
Ils peuvent rappeler dans leur fonctionnement des figures
animales.
Ils possèdent des éléments resplendissants comme des flammes.
Ils brillent comme des pierres précieuses.
Ils utilisent des roues concentriques.
Ils possèdent une base d’appui plate.
Ils sont liés à une lame brûlante et tournoyante.
Ils disposent d’éléments qui rempliraient de nos jours les
fonctions de couverture/protection et vol.
Ils sont quelque chose sur lequel l’Elohim se pose, s’assoit et
stationne.
109
descendants de Rapha », c’est-à-dire les Rephaïm (2 Samuel 21:15-22) y
prenaient fréquemment part.
On note donc la présence d’êtres appartenant à ces branches que la
Bible définit comme les [nephilim] ou [anakim]. Ce dernier terme
rappelle également les sonorités du mot sumérien ANUNNAKI : il
s’agissait des fils de [Anàk], des individus aux caractéristiques physiques
très particulières.
Même si cette nouvelle n’est pas directement liée à la technologie à
laquelle nous nous intéressons, il vaut la peine de rappeler que durant ces
affrontements étaient présents Goliath (le géant dont nous connaissons
tous l’histoire), quatre [refaìm] de la petite ville de Gath et un autre
homme de grande taille, lui aussi descendant de [Rafah] et doté
d’une particularité surprenante. Il est en effet décrit ainsi (2 Samuel
21:20) :
Vous avez bien lu, et l’auteur a choisi d’être très précis en donnant les
particularités qui distinguaient cet être : il avait six doigts à chaque
membre, soit 24 en tout.
La présence de cet individu hexadactyle et son appartenance à une
branche particulière sont à nouveau confirmées de manière tout aussi
scrupuleuse dans 1 Chroniques 20:6, où l’on affirme qu’il y avait un :
Le Bible veut ici nous signaler sans l’ombre d’un doute que cet être
appartenait réellement à cette branche un peu spéciale.
110
J’ai consacré un chapitre dans mes ouvrages précédents aux fils de
Rapha [Refaim], aux [emim], aux [zamzummim], aux [anakim] à toutes
ces populations classifiées comme des « géants », ainsi qu’aux lieux dans
lesquels ils vivaient, et je ne reviendrai donc pas dessus, si ce n’est pour
rappeler que la petite ville de Gath était l’une de leurs places-fortes, citée
dans Josué 11:22 où l’on dit que Josué avait exterminé tous les fils
d’Anak, c’est-à-dire les [anakim] qui étaient dans les montagnes, et qu’il
n’en restait plus qu’à Gaza, Gath et Asdod.
Leur présence dans les rangs de Philistins rendait le combat très
compliqué pour David, et la participation active de son Elohim était plus
que providentielle. En décrivant les modalités de l’intervention « divine
», David met en évidence tous les aspects que nous retrouvons chaque
fois que Yahvé fait son entrée sur la scène.
On a donc les aspects typiques de la manifestation technologique de ces
Elohim (2 Samuel 22:8 et suiv.) qui est toujours accompagnée de
phénomènes physiques qui impressionnent les personnes présentes :
La terre [tirash] « fut ébranlée et trembla » ;
Il sortit [asan] de la « fumée » des narines de Yahvé (partie
antérieure ?) ;
De [piw] « sa bouche » (partie antérieure ?) sortit du feu ;
Des [ghechalim] « charbons » embrasés jaillirent.
Il abaissa les cieux et [iarad] « descendit », produisant une
[arpel] « épaisse nuée » sous ses pieds ;
Il [jishlach] « lança » des flèches et la foudre décimant les
ennemis sur le champ de bataille.
Durant cette suite d’actions, Yahvé accomplit un geste qui nous intéresse
tout spécialement et qui conclut la succession d’événements que nous
venons de résumer.
111
La notion de « se poster sur » que nous avons rencontrée auparavant
prend ici une forme nettement plus précise et dynamique. Il ne s’agit pas
seulement de s’asseoir et de rester, car le verbe [rakav] indique avec
exactitude l’action consistant à se placer de la manière spécifique dont
on monte à cheval et l’action de chevaucher est rappelée par le
mouvement suivant du chérubin qui porte son passager.
Nous pouvons résumer en disant que Yahvé, après être descendu du ciel
au milieu des événements lumineux et bruyants habituels, semble quitter
son moyen de transport principal, le [ruach], pour monter sur un autre et,
à l’aide de cet engin, entrer dans la bataille : il arrive, il observe puis «
monte à cheval » sur un chérubin.
Dans la seconde partie du verset, la scène s’enrichit d’un élément visuel
supplémentaire : l’Elohim assis à califourchon sur son chérubin est vu de
bas en haut, comme en perspective, avec en fond les ailes du [ruach].
Cet élément est particulièrement digne d’être souligné.
Comment ne pas remarquer en effet la singularité et l’extra-ordinaire
réalisme de cette description dans laquelle ce [ruach] sert de fond pour la
scène dans laquelle Yahvé chevauche son chérubin : une bizarrerie de
taille si l’on veut affirmer que le terme [ruach] représente
indiscutablement l’esprit divin et si le [keruv], c’est-à-dire le
chérubin du verset 11, est une entité angélique dotée d’une personnalité
individuelle propre.
Je vous rappelle ce que nous avons observé dans l’analyse détaillée de
la vision d’Ézéchiel menée au chapitre précédent : les chérubins se
déplaçaient aussi bien par eux-mêmes qu’en association (attelés ?) au
[kavod, ruach].
Ceux qui seraient tentés de m’accuser de faire preuve d’un excès
d’imagination dans la description que je tire de la traduction littérale,
doivent alors forcément accepter l’idée que David lui-même ait fait
preuve de fantaisie en représentant la scène de son sauvetage. S’il
s’agissait de l’unique apparition des chérubins dans la Bible, je pourrais
me résigner à la considérer comme une sorte de composition poétique,
avec toute la licence que l’on pourrait lui accorder. Cependant, ce que
112
nous lisons ici n’est que l’un des passages dans lesquels sont décrits les
chérubins, et l’ensemble des éléments que nous recueillons l’un après
l’autre forme un cadre cohérent dans lequel chaque détail, bien que
présenté dans des situations et des livres différents, confirme, complète
et explique les autres.
Nous avons également d’autres éléments que nous avons déjà évoqués
dans le chapitre consacré au [kavod] : un halo qui empêche la vue et dans
le même temps une lueur flamboyante.
On les retrouve aux versets 12 et 13 :
Les deux premières lignes nous disent qu’il place autour de lui un amas
de vapeur épaisse qui, comme une tente ou des arbustes, bloque la
lumière et le cache à la vue. Les deux lignes suivantes mettent en
revanche en avant la lueur produite par des charbons qui brûlaient devant
lui.
Ces mots, même s’ils sont le fruit de l’emphase que David a mise dans
son récit de l’événement, confirment que Yahvé et le chérubin
constituaient un ensemble bien défini qui pouvait être entouré et
circonscrit d’un halo de vapeur dense et brumeuse.
113
et nous ne savons donc pas ce qu’il a étendu ou envoyé. Dans tous les
cas, cette chose a saisi David, l’a sauvé [az aivi-me] « de
l’ennemi puissant » et le [merchav-le iotze] « fit sortir dans
un lieu spacieux ».
Nous sommes peut-être face à un moyen de transport qui se
déplace avec agilité et à partir duquel il peut saisir David et
l’amener dans un espace ouvert ?
114
d’accréditer auprès des fidèles l’image d’un « Dieu » unique,
universel, spirituel et transcendant ?
115
pourrait distinguer ces cercles qu’Ézéchiel a décrits à de nombreuses
reprises :
Étaient-ce des moteurs à propulsion ou à réaction ?
Nous n’en savons rien, mais qu’en 1000 av. J.-C. quelqu’un ait réalisé
cet objet qui nous semble si familier ne devrait pas être passé sous
silence, comme c’est pourtant malheureusement le cas puisqu’aucun
chercheur universitaire ne prend sur lui d’étudier la question, et que
l’objet repose dans une réserve interdite au public.
Nous ne pouvons certes pas savoir si l’Elohim de David se déplaçait
sur un véhicule comme celui-ci ou du moins qui lui ressemblait, mais la
correspondance entre la sculpture et l’ensemble des caractéristiques que
nous avons mises en évidence jusque-là pique notre curiosité : il est
assez évident que cette navette monoplace correspond bien mieux aux
versets bibliques que ne le font les représentations des chérubins comme
des êtres spirituels, souvent blonds, aux cheveux longs, vêtus de longues
tuniques blanches et dotés de douces ailes de plumes. La sculpture est si
claire qu’il est impossible de ne pas la rapprocher de ce qu’a représenté,
sur l’autre hémisphère, une culture qui, comme celle de la Bible,
connaissait déjà les dieux venus d’en haut.
La représentation maya de l’« astronaute » de Palenque présente des
ressemblances assez marquées :
116
Palenque est un site archéologique découvert dans l’état du Chiapas, au
Mexique. La dalle représentée ci-dessus est une pièce très importante.
Comme dans la sculpture de Toprakkale, on y voit un homme
apparemment assis à califourchon sur un moyen de transport monoplace
dont la forme est absolument semblable à celle de la statuette. Au centre,
on le voit manœuvrer des commandes, tandis que dans la partie
postérieure sont représentés des éléments que l’on pourrait assimiler à
des flammes.
Ces deux pièces archéologiques représentent-elles le même objet
selon les talents et goûts artistiques de leurs créateurs qui
appartenaient à des cultures si éloignées dans le temps et l’espace
?
Nous ne pouvons pas le savoir avec certitude, mais ces preuves et leur
ressemblance avec la description biblique de certains éléments
structurels et fonctionnels des chérubins nous font regretter la disparition
(accidentelle ou voulue ?) du Livre des guerres de Yahvé, mentionné dans
les Nombres 21:14-15 qui en reproduisent un très court extrait (ici encore
traduit littéralement) : « Vaheb en Supha et les fleuves de Arnon et partie
basse de les fleuves qui plie vers habiter de Ar (mont) et s’appuie à
confins/territoire de Moab. »
La précision de cette très courte description du territoire nous donne le
moyen d’imaginer que la quantité d’informations concrètes sur les
instruments et les modalités selon lesquels cet Elohim combattait
auraient été pour nous d’un immense intérêt.
On aurait peut-être pu y trouver des correspondances avec les
descriptions de Vimana des textes hindous comme le Ramanaya, le
Mahabharata, le Vaimanika-Shastra, les Puranas (dont le Bhagavata),
ou peut-être aurions-nous trouvé des descriptions plus précises des
chérubins eux-mêmes.
En l’état actuel, cette comparaison est cependant impossible.
Il ne nous reste qu’à espérer que, dans un futur moins conditionné par
les dogmes qui limitent les recherches, ce texte réémerge d’une
quelconque bibliothèque où il est peut-être enterré.
Dans tous les cas, quelle que soit l’explicitation officielle que l’on
donne et accepte pour ces deux figures, notre lecture du texte biblique
n’en sera ni modifiée ni conditionnée : que ces pièces archéologiques
soient vraies ou fausses, la traduction du texte massorétique ne change
pas, car elle n’en dépend pas.
117
Si ces images sont réalistes, elles constituent une confirmation. Sinon,
la Bible conserve néanmoins sa signification littérale.
Dans le passage que nous venons d’examiner, nous avons recueilli un
nouvel élément descriptif et nous pouvons donc allonger encore la liste
des caractéristiques des chérubins que nous découvrons peu à peu :
Ils se déplacent en relation avec le [kavod, ruach].
Ils se déplacent également de manière autonome par rapport au
[kavod, ruach] et le font de manière rapide et dans toutes les
directions sans avoir besoin de tourner.
Ils peuvent rappeler dans leur fonctionnement des figures
animales.
Ils possèdent des éléments resplendissants comme des flammes.
Ils brillent comme des pierres précieuses.
Ils utilisent des roues concentriques.
Ils disposent d’une base d’appui plate.
Ils sont liés à une lame brûlante et tournoyante.
Ils disposent d’éléments qui rempliraient de nos jours les
fonctions de couverture/protection et vol.
Ils sont quelque chose sur lequel l’Elohim se pose, s’assoit et
stationne.
Ils sont quelque chose qui peut se détacher de la structure
principale [kavod, ruach] de Yahvé.
Ils sont quelque chose sur lequel l’Elohim peut monter en s’y
asseyant comme s’il était à cheval et dont il peut se servir pour se
déplacer.
Les extraits de la Bible que nous avons examinés auront peut-être suscité
chez vous une certaine confusion, c’est pourquoi je les résume ici, en
prenant en compte les aspects structurels et fonctionnels qui nous
permettent de comprendre comment, lorsqu’il parle des chérubins,
l’Ancien Testament se réfère à des objets mécaniques possédant une
forme et des fonctions que l’on ne peut attribuer à des individus ou à des
entités angéliques spirituelles.
Nous conseillons aux lecteurs qui en auraient l’envie une lecture
attentive des passages mentionnés, à travers par exemple l’une de ces
118
Bibles que nous possédons (presque) tous chez nous. Nul besoin de
consulter des traductions spéciales pour saisir les aspects étranges qui ont
surgi de l’analyse que nous venons de mener.
Une lecture soigneuse, menée avec un esprit serein et avec
détachement, est suffisante pour comprendre que ce qui est diffusé par la
doctrine religieuse ne trouve pas d’écho dans le texte auquel elle prétend
faire référence, bien au contraire…
119
Ils sont munis de structures qui les couvrent et les protègent
lorsqu’elles sont fermées, mais qui, ouvertes, servent à voler
(10:5-19) : souvenez-vous de la pictographie reproduite au
chapitre précédent avec l’analyse du terme akkadien HATANU qui
signifie justement « protéger ».
Lorsqu’ils se déplacent, ils produisent un bruit audible à distance,
même par ceux qui ne peuvent les voir parce qu’ils sont
dissimulés, par exemple, par des murs (10:5).
Lorsqu’ils se déplacent, ils sont accompagnés de toutes les
manifestions que l’on attendrait d’un moyen de transport
mécanique doté de systèmes de propulsion et peut-être aussi de
caractéristiques typiques d’une technologie supérieure à celle que
nous possédons actuellement : bruit assourdissant, émission
d’énergie et halos qui entourent l’objet (2 Samuel 22:12-14).
Ils sont ce moyen de transport sur lequel l’Elohim se pose,
s’assoit, stationne, en y étant assis comme à cheval, et vole avec
des déplacements agiles et rapides (1 Samuel 4:4 ; 2 Samuel 6:2 ;
2 Samuel 22:10-13 ; 1 Chroniques 13:6 ; 1 Chroniques 28:18…).
Ils sont dotés d’une sorte d’arme qui frappe à distance (2 Samuel
22:15). Souvenez-vous de la pictographie suméroakkadienne que
nous avons reproduite au chapitre précédent : elle représente
clairement un instrument offensif en forme de flèche ou de lance.
Ils se déplacent conjointement au [kavod, ruach] de l’Elohim,
mais aussi de manière indépendante, comme il apparaît dans la
succession de déplacements qui a eu lieu à Jérusalem (Ézéchiel 8-
10-11) : ils sont présents avec le char de l’Elohim, ils se
positionnent à la droite du Temple tandis que le char se soulève et
se place à l’intérieur, ils produisent un bruit perceptible aux
oreilles de ceux qui ne peuvent pas les voir depuis le parvis
extérieur. Lorsque le char revient sur eux, ils déploient leurs ailes
et se soulèvent, l’ensemble de la structure s’élève, quitte le
Temple et se positionne à la porte est, d’où elle décolle à nouveau
pour quitter la ville et atterrir dans les reliefs situés à l’est de la
ville.
120
Je vous rappelle une fois de plus que mon but n’est pas d’établir si les
figures angéliques existent ou non dans l’absolu, mais bien d’en
rechercher la présence et la description dans l’Ancien Testament et de les
comparer avec les contenus de la tradition religieuse et spiritualiste en
général.
Sur la base de ces précisions, je peux dire que l’ensemble des données
réparties dans les divers extraits bibliques analysés suscite des questions
:
Les chérubins sont-ils réellement présents dans l’Ancien
Testament en tant qu’individus ?
Développent-ils une personnalité propre ?
Sont-ils dotés qu’une quelconque forme de libre arbitre ?
Se déplacent-ils comme des êtres humains ?
Se déplacent-ils comme des êtres vivants ailés ?
Se rencontre-t-il une quelconque situation dans laquelle des
hommes, ou « Dieu » lui-même, s’adressent à eux de manière
directe ou indirecte ?
Servent-ils d’intermédiaires entre les hommes et « Dieu » ?
Reçoivent-ils et exécutent-ils des ordres de manière consciente ?
Interagissent-ils avec les hommes en jouant une des fonctions que
la théologie, les courants spiritualistes et la croyance populaire
leur ont attribuées ?
Sont-ils dotés des caractéristiques que leur attribue le catéchisme
de l’Église catholique qui affirme comme vérité de foi que les
anges, « En tant que créatures purement spirituelles, possèdent
une intelligence et une volonté : ce sont des créatures immortelles
dotées d’une personnalité propre. Ils surpassent en perfection
toutes les créatures visibles. La splendeur de leur gloire en
témoigne » ? Ou encore : « Depuis la création et tout au long de
l’histoire du salut, ils annoncent de loin comme de près ce salut et
servent à réaliser le dessein salvateur de Dieu » ?22
121
Chapitre 5
L
e sujet des chérubins nous mène à un autre élément biblique
auquel ils sont liés : l’Arche d’Alliance.
Je précise immédiatement que les chérubins de l’Arche sont
différents sur les plans morphologique et fonctionnel de ceux que nous
avons étudiés dans le chapitre précédent. Ce qu’ils ont en commun et la
raison pour laquelle ils portent la même appellation provient de la
signification d’origine de la racine hébraïque [krv] qui signifie « couvrir.
» Posséder des éléments qui couvrent, comme nous l’avons vu, ou bien
être soi-même une structure qui couvre, explique qu’ils partagent ce
même substantif qui les désigne : les chérubins, en tant qu’objets volants,
possédaient des ailes qui, une fois refermées, couvraient la structure. Et
les chérubins dont nous parlons maintenant servaient de fonction
couvrante sur le couvercle de l’Arche.
122
qui ne devaient jamais être retirées des anneaux.
123
père de Moïse, les Madianites de Jéthro, qui lui avaient probablement
octroyé, contre compensation, l’utilisation de terres et de sources : ce
n’est pas un hasard si Moïse apparaît en effet un peu comme le patron
des eaux, élément vital dans un tel environnement. Ceux qui en
contrôlaient l’accès et la distribution disposaient d’un grand pouvoir :
sans métaux avec lesquels payer, le peuple dépendait de lui. Dans le
chapitre consacré à l’or, nous verrons la quantité de métaux qu’ils
parvinrent à faire sortir d’Égypte sur des indications précises de Yahvé.
Elles n’avaient rien d’un hasard.
Retour à l’Arche : soulignons que Yahvé recommande à Moïse au
moins trois fois de suivre fidèlement le [tavnit], « projet, dessin,
modèle » qu’il lui a montré sur la montagne (Exode 25:9 ; 25:40).
La Bible, ici, se montre claire et ne laisse pas de place au doute :
l’Elohim, durant l’une de ces rencontres sur la montagne où il résidait, a
montré à Yahvé une représentation précise (dessin, projet ou modèle) de
ce qu’il devait faire réaliser.
Le texte ne permet pas même d’émettre l’hypothèse qu’il ait pu s’agir
d’une vision, d’un rêve, d’une révélation ou quoi que ce soit d’autre :
l’immédiateté du récit nous transmet la sensation claire que, sur le mont,
Moïse a pu/dû consulter et examiner un modèle/dessin précis, doté de
toutes les mesures.
Je reviendrai sous peu sur cet élément en traduisant un terme qui,
comme nous le verrons, renvoie au caractère technique sans équivoque
des indications touchant au mobilier.
124
sens d’expier ses fautes, notamment par des sacrifices propitiatoires tels
que ceux accomplis durant le rite solennel de l’expiation, célébré une
fois par an par le grand prêtre (Lévitique 16:14-15).
Mais, loin de toute interprétation et attribution successives, le but
originel est expliqué précisément par Yahvé lui-même, comme nous le
verrons bientôt.
125
Dictionary, cité au chapitre 4.
Les deux chérubins sont placés certainement face à face, mais nous
pouvons nous interroger sur leur positionnement par rapport au «
propitiatoire ». Toutes les traductions bibliques et toutes les
représentations iconographiques de l’Arche placent invariablement les
chérubins « au-dessus » du propitiatoire, mais le texte n’est pas aussi
explicite en ce sens. Il dit en effet qu’ils…
sont positionnés « aux extrémités » du propitiatoire,
sont tournés « vers » le propitiatoire,
ont des ailes qui s’étendent pour le couvrir.
Nous ne pouvons donc être certains que ces deux structures se soient
trouvées au-dessus du couvercle. À la lumière de la fonction qu’ils
jouaient pour le [kavod], étudiée précédemment, j’ai tendance à penser
qu’ils devaient en réalité se situer à l’extérieur du propitiatoire. Mais il
n’est pas facile de forger des certitudes à ce sujet.
L’ensemble du propitiatoire avec les chérubins fit l’objet de
nombreuses interprétations symboliques, à résumer dans cette fonction
supposée : ils devaient manifester la présence spirituelle de « Dieu »,
telle une sorte de demeure virtuelle censée perpétuer la sensation de
plénitude divine, toujours présente même lorsque Moïse ne serait plus là
pour lui servir d’intermédiaire et de porte-parole.
Mais la description qu’en fournit le passage de l’Exode prend une
allure nettement plus fonctionnelle. Elle ne justifie pas une interprétation
symbolique ni n’évoque une utilisation à portée expiatoire.
126
Nous verrons bientôt que c’est plutôt son aspect mécanique qui frappe
ceux qui analysent le texte l’esprit libéré des conditionnements
théologiques ou spiritualistes.
C’est Yahvé lui-même qui explique à Moïse l’utilisation qu’il entend en
faire (Exode 25:22) :
127
Pourquoi « Dieu » aurait-il dû se servir d’un instrument pour
entendre la voix de son interlocuteur et pour donner ses ordres ?
Comment est-il possible que l’entité supérieure ait besoin d’un
appareil physique ?
Pourquoi ne pas communiquer par des systèmes qui lui étaient
certainement accessibles, sans devoir passer par des instruments
mécaniques ?
Pourquoi limiter physiquement la possibilité de discuter alors
qu’il aurait pu le faire à tout moment et en tout lieu ?
Devons-nous prendre acte du constat qu’il ne pouvait pas faire
autrement ?
L’Arche, avec tout son équipement, était-elle donc un véritable
système de réception et de transmission ?
L’Elohim parlait donc en personne avec Moïse, qui le voyait de ses yeux.
Le rabbin Moshe Levine, dans son ouvrage The Tabernacle [l’Arche
d’Alliance]23, affirme que l’Arche, selon les écrits bibliques, est
assimilable à un condensateur électrique constitué de deux armatures
(l’or à l’intérieur et à l’extérieur) séparées par un diélectrique (le bois à
l’intérieur).
Comme nous l’avons vu, elle est en effet constituée de trois éléments :
1. Un laminé intérieur en or pur, dont nous savons qu’il s’agit d’un
excellent conducteur.
128
2. Une couche intermédiaire en acacia, dont le bois sert d’isolant,
résiste à l’humidité et garantit une bonne durée de vie.
3. Une autre couche d’or comme revêtement extérieur.
129
d’Ézéchiel avec le [kavod], et toutes les manifestations qui
accompagnent toujours son arrivée.
130
la compréhension, nous vous présentons cidessous une image réalisée sur
la base des instructions précises du rabbin Moshe Levine.
131
produire des effets précis.
132
La peau de ceux qui entraient en contact avec le système devait être
ointe d’un mélange composé de multiples éléments : myrrhe,
cannelier, cannelle, gomme cassia et, surtout, huile d’olive. Loin de
l’acte sacré, à la valeur spirituelle indéfinissable, l’onction était en
réalité une précaution supplémentaire de protection pour ceux qui
entraient en contact avec ce système de production et conservation
d’énergie. On connaît bien les propriétés isolantes des huiles
végétales ou minérales, leur faible conductivité et la capacité qui en
découle d’augmenter la résistance électrique, c’est-à-dire l’opposition
au passage des charges électriques. Étant donné la difficulté de se
procurer les matières premières pour le fabriquer, ce mélange devait
se révéler fort précieux, notamment au vu des quantités nécessaires à
son utilisation en continu. De quoi expliquer l’interdiction adressée au
peuple de le fabriquer en privé, hors, donc, des activités dans le
sanctuaire.
Exode 30:32 dit expressément que celui qui fabriquera un tel mélange
et l’utilisera sur des individus étrangers à la famille d’Aaron (c’est-à-
dire ceux choisis pour servir directement l’Elohim) « sera retranché
de son peuple » (mis à mort).
Je souligne au passage que le terme [mashiach], « oint, messie
», provient du verbe [mashach], qui désigne sur le plan matériel
l’action de « frotter, frictionner » avec une substance huileuse25. Il
s’agit évidemment d’un rappel de la nature concrète de cette action,
opposée à la clé de lecture ultérieure qui l’a artificiellement
transformée en geste à la valeur symbolique et spirituelle.
Cependant, on peut également établir que cet appareil complexe
constitué de l’[efod] et du pectoral n’offrait pas de fonction
ornementale – en dehors de l’affirmation explicite que nous avons
déjà examinée, ( [choscev maase], « travail d’un
assembleur, œuvre d’un penseur ») – dans la mesure où il était
entièrement recouvert d’une robe tissée en une seule pièce qui
s’enfilait par la tête à travers un trou en son milieu, un peu comme un
poncho, si on peut dire.
Dans Exode 28:31 et suiv., l’auteur biblique en donne diverses
caractéristiques : la robe devait être entièrement tissée de fil violet,
dotée d’une ouverture centrale pour la tête et présenter un ourlet tissé
tout autour. Elle est décrite ainsi :
133
Elle devait donc s révéler très résistante, comme l’indiquent bien les
recommandations qui suivent :
Mais ce n’est pas tout : la Bible nous décrit un autre accessoire dont
la présence pourrait se révéler purement ornementale si elle n’était
accompagnée d’une affirmation aussi étrange qu’éclairante.
Dans Exode 28:33 et suiv., on dit que le bas de la robe devra être
décoré de grenades en alternance avec des « clochettes d’or
» : une grenade, une clochette, une grenade, une clochette… et ainsi
de suite tout autour.
134
Aaron devra la porter en entrant dans la partie la plus interne du
sanctuaire. Nous pourrions, jusque-là, penser que Yahvé aime
entendre le tintinnabulement… Mais nous apprenons juste après que
leur fonction était nettement moins récréative.
Les clochettes devaient être audibles lorsqu’Aaron entrait et sortait,
car Yahvé dit clairement que grâce à ce son (verset 35) :
135
mieux explicitée, lui est confié en cette occasion.
Nous en découvrirons bientôt l’utilité.
Saül, rival de David pour le trône du pays de Juda, décide de mener un
assaut contre Keïla, en pensant capturer facilement l’armée adverse
(verset 8), composée d’environ 600 soldats.
Cette troupe militaire est menée par David, qui est informé de ce qui
arrive. Il s’adresse alors au sacerdote Abiathar par ces mots (versets 9-
10) :
136
demander conseil à son « chef », mais l’Elohim est loin. Il s’adresse
alors à nouveau au sacerdote Abiathar et lui ordonne (1 Samuel 30:7 et
suiv.) :
Et, encore une fois, ce n’est que lorsqu’Abiathar lui a mis l’[efod] à
disposition que David peut parler avec son chef, éloigné du théâtre des
événements.
Ici, plus encore que dans l’extrait précédent, nous relevons une
expression familière introduite par la particule [na], le genre
d’expression que nous employons pour exhorter quelqu’un à faire
quelque chose rapidement : « allez, vas-y… »
David, de toute évidence, ressent de la hâte de consulter son Elohim et
demande au sacerdote Abiathar de s’empresser de lui amener l’[efod]. Il
en a un besoin urgent, nous pouvons le comprendre, car nous savons
désormais que, sans lui, il ne peut s’adresser à son chef : et pour cause,
comme dans la situation précédente, ce n’est qu’après l’avoir obtenu
qu’il se trouve en mesure de s’entretenir avec Yahvé pour obtenir des
conseils.
Il nous semble lire le résumé d’une opération militaire tout à fait
classique. Si nous le trouvions dans des pages écrites de nos jours par un
chroniqueur de guerre, nous n’aurions aucun doute sur les faits : le
commandant de la troupe qui se trouve sur le lieu de la bataille
communique par radio avec le commandement supérieur pour obtenir
des informations et prendre les justes décisions en fonction de la
situation.
La difficulté surgit dès lors que ce récit figure dans l’Ancien Testament
: c’est ce point qui le rend inacceptable aux yeux de ceux qui ne
disposent pas de la sérénité ni du détachement nécessaires pour saisir la
concrétude des récits bibliques.
Je garde pour ma part l’esprit ouvert, et relie ces événements aux
mouvements du [kavod], aux caractéristiques des chérubins, aux
instructions techniques pour la fabrication de tels objets, aux agissements
de Yahvé, ce qui forme ainsi une mosaïque dont la vision d’ensemble est
cohérente en elle-même sans besoin d’y ajouter des caractéristiques
théologiques pour la comprendre.
137
Cette ouverture d’esprit demande bien évidemment d’avancer
prudemment. Je vais donc résumer sous la forme interrogative les
éléments que nous avons pu rassembler jusqu’alors en analysant la
seconde hypothèse à propos des chérubins :
L’[efod], avec le pectoral auquel il était fixé, servait-il
d’émetteur-récepteur ?
Comment l’[efod] se rechargeait-il ?
L’Arche était-elle un condensateur capable d’accumuler de
l’énergie ?
Comment cette énergie était-elle produite ?
Yahvé parlait-il dans le sanctuaire en se positionnant dessus ou
bien faisait-il entendre sa voix « d’au-dessus » du couvercle de
l’Arche ?
Pouvons-nous supposer que les chérubins servaient d’électrodes
opposées, afin de décharger l’électricité statique accumulée par le
condensateur qui alimentait l’instrument émetteur-récepteur ?
138
OURIM ET THOUMMIM
[Urim et tummim] méritent une brève digression. Il s’agit de deux
petits objets qui étaient conservés dans la poche du pectoral du
sacerdote. Ils étaient utilisés pour une consultation rapide et, disons,
binaire de Yahvé (Exode 28:30 ; Lévitique 8:8 ; Nombres 27:21 ;
Deutéronome 33:8 ; Esdras 2:63).
On posait à l’aide de ces instruments des questions fermées qui se
résumaient au choix entre deux possibilités. L’exemple le plus
explicite se trouve dans 1 Samuel 14:41 : Saül souhaite identifier qui
portera la faute d’un péché commis. Il procède par utilisations
successives de l’Ourim et du Thoummim grâce auxquels il finit par
trouver le coupable par élimination.
La racine du terme [or] d’où provient [urim] renvoie clairement au
concept de lumière, tandis que [tummim] est traditionnellement
interprété comme « vérité et perfectionnement, intégrité », à partir de
la racine [tamam], signifiant « terminer, être accompli », ou bien
« arriver pour mener à terme ». La racine ougaritique dont dériverait
[tummim] semble renvoyer plus généralement à l’idée d’« appeler,
faire venir, faire descendre, faire s’approcher » : dans ce cas, nous
aurions une bonne description de la fonction qui consiste à «
rapprocher, rendre disponible » Yahvé, « faire la lumière » sur sa
volonté aux moments où il n’est pas présent physiquement là où se
déroulent les événements ou lorsque des décisions doivent être prises.
Ce ne sont bien sûr que des hypothèses, car on n’a que peu de
certitudes. Dans le cadre de la technologie que nous sommes en train
d’examiner, on peut penser que leur utilisation était liée à l’allumage
ou à l’extinction de led, de symboles ou de lettres : ils pouvaient
probablement fonctionner comme de petits affichages lumineux qui
fournissaient justement des réponses nettes, éteint-allumé, ouinon,
etc., au moyen desquels Yahvé faisait connaître sa volonté de manière
directe et immédiate.
Mais je ne veux pas laisser mon imagination prendre le dessus et je
procéderai donc à des recherches plus approfondies pour un futur
ouvrage.
139
et peut-être également de natures différenciées :
1. Ceux liés au [kavod] offrent l’aspect d’objets volants qui se
déplacent avec lui, montent et descendent, mais sont également
des sortes d’avions capables de déplacements autonomes, grâce
à des systèmes de propulsion que nous pouvons entrevoir dans
ces structures que la Bible décrit en permanence comme des
cercles tournoyant rapidement (des turbines ?).
2. Ceux qui se trouvent sur l’Arche pourraient en revanche adopter
une forme et définir des fonctions étroitement liées à la nature
de cet objet qui se présente comme un condensateur, un système
d’émetteur-récepteur et, comme nous allons le voir maintenant,
également une arme puissante.
140
Comme on le voit dans le récit, le rôle de l’Arche n’est pas clair,
aucune utilisation spécifique n’est décrite, et je ne me sens donc pas
autorisé à laisser trop vagabonder mon imagination. La scène est de
nature à évoquer une volonté de donner dans le spectaculaire, à des fins
psychologiques et de diversion.
Il fallait détourner l’attention des défenseurs de ce qui était
probablement en train de se produire. L’un des systèmes d’attaque contre
les villes fortifiées utilisés dans l’Antiquité, et encore au Moyen Âge,
consistait en effet à creuser sous les fondations des murs pour les faire
s’effondrer. Ce travail demandait du temps et comportait évidemment un
risque de se faire découvrir trop tôt par les défenseurs. Qu’il fallait donc
distraire par des manœuvres propres à attirer leur attention tandis que
l’on procédait aux excavations. Il fallait également couvrir le bruit des
travaux : était-ce le rôle du son des trompettes ?
La parade d’une armée silencieuse, la procession des sacerdotes avec
leurs trompettes qui accompagnent un instrument comme l’Arche
(entourée des récits qui en magnifiaient la puissance peut-être bien au-
delà de ce qu’elle était en réalité capable d’accomplir), la tension de
l’attente d’une attaque que cette armée pouvait lancer à tout moment,
étaient suffisants pour focaliser l’attention des défenseurs et donner le
temps aux sapeurs de déchausser les fondations en divers points.
Dans les instants précédant la chute du mur, le peuple est incité par
Josué à crier le plus fort possible. Il est loisible de penser qu’il l’a exigé
pour masquer par cette mise en scène l’intervention de ceux qui ôtaient,
ou peut-être incendiaient, les supports temporaires installés au cours des
jours précédents pour renforcer les tunnels progressivement creusés. Le
cri de guerre qui précède l’attaque était un système largement utilisé lors
des assauts traditionnels de l’époque.
Nous ne pouvons certes pas exclure que l’Arche ait possédé des
propriétés extraordinaires, peut-être liées à des sons ou à des vibrations à
haute fréquence, mais nous ne possédons pas d’éléments bibliques
concrets qui nous permettent de l’affirmer – et dans ce cas, cette mise en
scène sur plusieurs jours aurait été inutile.
Après avoir examiné le déroulement réel probable de l’une des actions
les plus éclatantes attribuées à cette boîte et exclu du champ des
possibles des idées trop fantaisistes, il nous reste à affirmer qu’il existe
une donnée indiscutable : vu la nature particulièrement dangereuse de
l’Arche et de ses fonctions, Yahvé avait également prévu des règles
précises pour protéger la vie de ceux qui l’approchaient.
141
Je vous rappelle brièvement ce qui est dit dans Exode 28:36 au sujet
d’un objet à placer sur la tête d’Aaron, dont les fonctions l’amenaient à
venir quotidiennement en contact avec l’Arche : une lame d’or pur à
fixer par un cordon bleu sur le devant de la tiare.
Les serviteurs devaient être couverts par des vêtements des pieds à la
tête, aucune partie du corps de ceux qui entraient dans le sanctuaire ne
devait rester découverte.
La tête et les bras – considérés bien évidemment comme des parties
sensibles puisqu’ils étaient davantage exposés – devaient se voir oints
d’huile qui, comme dit précédemment, servait à protéger la peau. La robe
portée en passant la tête dans l’ouverture centrale devait présenter un
bord tissé de grenades et de clochettes qui, par leur tintement, signalaient
que l’officiant était sur le point d’entrer ou de sortir et qu’une fois à
l’intérieur, il se déplaçait régulièrement et n’avait donc pas été
immobilisé (par une décharge électrique ?) et donc en danger de mort.
Le verset Exode 28:35 affirme clairement que lorsqu’Aaron entre et
sort du lieu saint :
142
David fut tellement frappé et terrorisé par ce qui venait de se produire
qu’il refusa de garder l’Arche près de lui et la fit amener dans la maison
d’Obed-Edom de Gath (2 Samuel 6:2-11) : il ne voulait absolument pas
garder près de lui cet objet potentiellement mortel, et il préférait faire
courir ce risque à quelqu’un d’autre.
L’Arche demeura dans cette maison durant trois mois et Yahvé fit en
sorte de récompenser son hôte : ce n’est qu’après en avoir pris
connaissance que David veilla à la faire transporter auprès de lui et la
plaça sous une tente qu’il avait fait ériger spécifiquement à cette fin (2
Samuel 6:1-19).
Le chapitre 3 du livre de Josué confirme encore cette caractéristique,
puisqu’on y trouve un épisode très significatif : on recommande au
peuple de se tenir à une distance, plus que large, de 2 000 coudées, soit
environ un kilomètre !
Le peuple campe à Sittim, face au Jourdain. On se prépare à traverser le
fleuve. Après une étape de trois jours, le moment vient de passer sur
l’autre rive et les officiels parcourent le campement pour transmettre un
ordre précis.
Le peuple doit attendre que les Lévites transportent l’Arche avant de la
suivre, mais en observant des précautions révélatrices (Josué 3:4) :
143
commandants, pourrait se rendre par : « entre vous et l’Arche, il devra
absolument se maintenir une distance d’au moins 2 000 coudées. »
Puis vient l’invitation finale du verset qui souligne à nouveau la
nécessité de ne pas s’approcher : l’ordre devra être clair et, surtout,
exécuté sans faille.
L’Arche était-elle particulièrement chargée d’énergie et donc
dangereuse ?
144
Mais la Bible établit un lien direct entre l’arrêt du cours d’eau et la
présence physique de l’Arche. Elle en fait autant, quoiqu’en sens inverse
au cours d’un événement raconté au chapitre 14 des Nombres.
Dans l’extrait que nous allons examiner maintenant, nous trouvons une
situation à la fois similaire et opposée à celle que nous venons d’évoquer
: l’absence de l’Arche empêche d’atteindre un objectif. Nous devons
revenir en arrière. Nous étions jusqu’à présent sur les rives du Jourdain
et nous retournons dans le désert, alors que la Terre Promise n’est pas
encore en vue. Moïse avait envoyé quelques éclaireurs pour examiner les
caractéristiques du territoire qu’ils s’apprêtaient à occuper (ce passage a
été analysé en détail dans mes précédents ouvrages). Ils avaient
découvert des difficultés objectives et transmis leurs inquiétudes : le
peuple en était resté atterré et se soulevait donc contre Moïse qui, selon
eux, les conduisait de façon certaine à leur perte.
Il les réprimanda durement, dit qu’en raison de leur infidélité et de leur
manque de confiance en leur Elohim, ils n’entreraient pas dans la Terre
Promise, que seuls leurs enfants connaîtraient. Le peuple décida alors de
lancer la conquête en gagnant les montagnes par lesquelles ils auraient
commencé à occuper le territoire (Nombres 14:40 et suiv.).
Moïse, cependant, les rappela. Il les dissuada d’agir de la sorte car
Yahvé ne serait pas avec eux, ne les accompagnerait pas au combat, et
qu’ils se feraient battre par les Cananéens et les Amalécites. Et c’est ce
qui se produisit : ils furent frappés durement et réduits en pièces jusqu’à
Horma, dans le désert du Néguev.
Mais ce qui nous intéresse ici est que la défaite est mise en relation
directe avec l’absence de l’Arche d’Alliance. Ils furent vaincus parce
que (Nombres 14:44)…
145
Le prétendu Dieu de la doctrine religieuse œuvre à l’aide d’instruments
qui n’ont pas grand-chose de symbolique ni d’abstrait : il montre des
projets, en ordonne la construction et conditionne ses interventions à leur
fonctionnement, comme nous le verrons bientôt.
Pour être honnête, nous devons dire que les actions que la Bible
rapporte à l’Arche avec la description de ses effets réels se révèlent
surtout d’ordre « interne », c’est-à-dire qu’il s’agit d’électrocutions dont
ont fait les frais les membres du peuple d’Israël.
Nous n’avons malheureusement pas de description précise de son
utilisation au combat. Nous pouvons déduire sa puissance de l’effet
dissuasif qu’elle produisait sur les ennemis lorsqu’ils la voyaient arriver :
ils étaient saisis de terreur, tandis que le peuple de Moïse se sentait fort et
protégé en présence de cet instrument.
Moïse, malheureusement, n’a pas laissé d’instructions écrites sur son
utilisation. Nous ne disposons pas plus d’informations précises,
détaillées et circonstanciées sur ses fonctions et ses modalités
d’utilisation après la disparition du patriarche : les manifestations de sa
puissance et de son efficacité mortelle diminuent considérablement après
la mort de Moïse.
On pourrait penser qu’il s’agissait surtout d’un instrument destiné à
exercer un pouvoir sur le peuple, assujetti par la menace et la terreur, et
paralysé par la peur de subir les conséquences de la colère de Yahvé qui
se déchaînait à travers elle. Malheureusement, nous ne savons pas avec
certitude si ses capacités et son efficacité s’étendaient au-delà. Au-delà
de l’effet psychologique que sa présence provoquait sur les Hébreux et
leurs ennemis, nous n’avons en effet pas de descriptions concrètes de ses
modalités d’utilisation au combat. Nous ne pouvons qu’une fois de plus
regretter la perte du Livre des Guerres de Yahvé, que la Bible cite dans
les Nombres (21:14-15), car il nous aurait peut-être fourni davantage de
détails sur la manière dont l’Arche était utilisée lors des affrontements.
Il ne nous reste qu’à espérer sa future réapparition.
146
Les Hébreux combattent les Philistins et sont vaincus dans la région
d’Aphek. Les Anciens pensent qu’il faut attribuer cette défaite à
l’absence de l’Arche. Ils ordonnent donc d’aller la chercher et de
l’amener au campement : lorsqu’elle y parvient, les Hébreux jubilent,
ce qui provoque un tel tumulte qu’il est entendu par les Philistins. En
comprenant la raison de cette exaltation, ils s’inquiètent à l’idée que
le « Dieu » des Hébreux soit désormais présent avec sa puissance
destructrice. Cependant, ils ne laissent pas la peur les arrêter : ils
attaquent les Hébreux avant que leurs adversaires puissent s’organiser
et leur imposent une lourde défaite, 30 000 hommes tués. Ils
parviennent même à prendre possession de l’Arche.
Néanmoins, entre les mains de ceux qui en ignorent le
fonctionnement, elle produit une série d’effets désastreux : en sept
mois de présence chez les Philistins, elle abat la statue du « Dieu »
Dagon à Ashdod, elle propage des épidémies mortelles qui se
traduisent par des éruptions cutanées et des hémorroïdes dans
diverses villes où elle est emmenée (produisait-elle des radiations ? Il
existe peut-être une explication bien plus simple).
Tout cela survient jusqu’à ce qu’ils décident de la rendre.
Les Philistins la font donc parvenir à Bet-Shemesh, où elle est reçue
et conservée en attendant qu’on lui trouve un autre endroit. Entre-
temps, pourtant, elle continue à produire ses effets mortels : elle tue
70 hommes qui, poussés par la curiosité, [aron-ba rau], «
avaient regardé dans l’Arche » (1 Samuel 6:19).
La Bible n’est pas très précise à ce sujet, on ne dit pas s’ils moururent
foudroyés ou s’ils contractèrent eux aussi la maladie, elle rappelle
simplement qu’elle frappa les curieux et que le peuple fut dans la
désolation parce que Yahvé avait envoyé un grand fléau. Nous
pouvons penser qu’ils furent victimes de la même maladie qui avait
frappé leurs ennemis. Même si elle avait été à l’origine utilisée
volontairement comme instrument pour la diffuser, l’Arche continuait
à faire peur après avoir été restituée. Pour avoir constaté ses effets sur
les soixante-dix curieux, les habitants de Bet-Shemesh décidèrent de
s’en débarrasser et invitèrent ceux de Kiryat-Yéarim à venir la
chercher : il valait mieux ne pas subir sa proximité.
Je l’ai déjà évoqué, la Bible ne contient pas de description technique
de son utilisation spécifique contre les adversaires. En cette occasion
particulière, l’Arche devait s’être révélée décidément peu efficace :
elle put carrément être volée.
147
Mais nous ne pouvons imaginer que le peuple d’Israël se la soit laissé
prendre trop facilement. Puisqu’il s’agissait pour eux d’un instrument
qui illustrait d’une certaine manière la puissance d’action de Yahvé,
ils durent le défendre par tous les moyens et jusqu’au dernier homme,
à moins que l’on suppose, comme le fait L. bat Adam27, que le vol de
l’Arche et la diffusion des tumeurs dans la population des Philistins
qui s’en est ensuivi aient été d’une quelconque manière prémédités.
L’Arche n’était plus utilisée depuis très longtemps, et elle était donc
potentiellement déchargée. On la remplit très probablement de
rongeurs infectés qui, une fois libérés, répandirent la maladie. Ce
n’est peut-être pas un hasard si les Philistins la restituèrent en
l’accompagnant d’offrandes particulières : cinq tumeurs d’or et cinq
souris d’or qui semblent rappeler directement le lien entre la cause et
les effets produits et, probablement, planifiés par les Hébreux.
Puisque nous avons ensuite l’épisode que nous avons déjà examiné de
la mort du pauvre Uzza, nous devons penser qu’entre-temps elle fut
peut-être remise en fonction. Avait-elle été rechargée ?
Nous n’en savons rien. Les auteurs bibliques ne partageaient pas nos
exigences : la précision dans la description des événements et des
situations n’était pas fondamentale pour eux. J’en suis attristé, car ce
comportement nous a souvent ôté la possibilité d’obtenir des
informations précises et détaillées, mais je dois me faire une raison et
travailler avec le matériel disponible.
L’Arche ou Yahvé ?
Concluons ce chapitre en examinant deux faits dont la clé de lecture
offre une double interprétation. Il s’agit de meurtres dont ont été victimes
des membres du peuple d’Israël et dont le récit nous conduit à formuler
cette question : ont-ils été commis directement par Yahvé ou bien sont-ils
un effet de l’énergie accumulée dans l’Arche ?
Dans le Lévitique 10:1-3, nous trouvons l’épisode dramatique qui
implique deux fils d’Aaron, tués pour une raison qui paraît franchement
inexplicable et, surtout, inacceptable. Nous sommes dans le désert,
Yahvé dispose de sa demeure, le sanctuaire. Il séjourne dans cette
structure démontable et ses serviteurs (les sacerdotes) doivent accomplir
une série de tâches qui leur sont confiées et décrites avec une grande
précision. Comme nous l’avons dit, deux enfants d’Aaron, Nadab et
148
Abihou, prennent des brasiers, y mettent le feu et les présentent à
l’Elohim. Le verset 1 dit qu’il s’agissait cependant d’un feu [zara] «
étranger », qui ne leur a pas été commandé.
Le terme [zara] provient de la racine [zur] et désigne un élément «
étranger, séparé, différent ». Il porte cependant également le sens de «
répugnant », « dégoûtant ».
Dans mes précédents ouvrages, j’ai expliqué et illustré le type et la
valeur fonctionnelle concrète de ces offrandes de fumées qui devaient
être amenées dans la demeure. Je ne le referai pas ici et me contenterai
d’expliquer en résumé que leur but n’était en rien symbolique ou
spirituel : l’Elohim nommé Yahvé voulait physiquement respirer des
fumées qui devaient être préparées selon des instructions précises.
Comme nous l’avons vu dans les livres mentionnés, les indications
étaient détaillées. Donc, rencontrer ici un terme comme [zara] avec la
signification de « répugnant, dégoûtant », n’a rien d’étonnant.
Évidemment, Yahvé ne voulait pas d’autres odeurs que celles qu’il
exigeait.
149
L’indication est claire : si Aaron ne veut pas courir le risque de mourir, il
doit éviter d’entrer dans la partie située le plus à l’intérieur du sanctuaire
à tout moment ; il ne peut s’y risquer qu’en des circonstances bien
précises, car si, par malheur, il se trouvait dans le [kodesc], « partie
réservée » alors que Yahvé est présent avec sa « nuée » habituelle, il
serait tué.
Évidemment, la présence de cet Elohim avec son appareil pas mieux
défini – improprement identifié comme la « gloire de Dieu » – produisait
des effets déterminés lorsqu’on se trouvait à proximité. Aaron devait
donc avoir la prudence de ne pas se trouver dans le sanctuaire à un
moment inopportun.
Donc, à la question précédemment formulée, s’agissait-il d’un meurtre
volontaire ou d’une mort provoquée par une fatalité tragique due à un
mauvais choix de « timing », nous ne pouvons répondre avec certitude.
Cependant, il nous semble qu’un élément ne fait aucun doute : faire les
choses de la mauvaise manière ou au mauvais moment pouvait vous
coûter la vie.
Gardons un détail à l’esprit : les deux jeunes gens tenaient en main leur
[machtah], « récipient métallique, brasier » pour brûler les encens.
Souvenons-nous que toutes les indications et tous les interdits propres à
l’Arche se concluaient toujours par un avertissement ou, plutôt, une
menace : le chapitre 4 des Nombres en représente une synthèse claire, la
peine pour chaque action autonome qui n’a pas été ordonnée était
toujours la mort.
150
Est-il probable qu’on entendait par là mettre en évidence le
danger mortel qui guettait ceux qui agissaient sans la préparation
et les précautions nécessaires ?
Nous pouvons peut-être penser à une sorte de « danger haute
tension » avant la lettre ?
151
… les 250 hommes qui offraient le parfum avec leurs brasiers !
Nous ne le savons pas avec certitude, mais je suis bien tenté de le penser.
152
En résumé
Il nous est possible maintenant de conclure en affirmant que, à la lecture
des textes, on constate que l’Arche se présente clairement comme un
objet technologique caractérisé au moins par une double utilisation : en
tant qu’arme et pour les communications à distance.
Ces deux fonctions, d’une certaine manière, se ramènent à sa structure
fondamentale, un générateur et/ou un condensateur d’énergie (comme le
définissait le rabbin Moshe Levine), utilisé tour à tour pour frapper des
hommes ou pour alimenter le système de transmission radio, dont les
éléments spécifiques étaient constitués des lames latérales des prétendus
chérubins placés sur le couvercle.
Il faut préciser que les données bibliques qui la décrivent, ses modalités
d’utilisation et les occasions durant lesquelles nous la voyons en
fonction, n’autorisent pas à fantasmer sur d’improbables pouvoirs
extraordinaires, mais rendent cependant compte de l’existence dans le
désert de cet objet qui, au vu des connaissances possédées par ces
cultures à cette période de l’histoire, n’aurait pas dû ou pu s’y trouver.
Mais la Bible n’est pas le seul texte antique qui nous rappelle de tels
objets, capables d’émettre des rayons ou, du moins, une quelconque
forme d’énergie aux effets extraordinaires, voire mortels. Souvenez-
vous, de manière générale, des armes divines de la culture égyptienne,
l’Œil de Balor ou la Lance de Lug dans les sagas celtiques, le Gae bolga,
une autre arme magique, les armes et les foudres des dieux de l’Olympe,
sans oublier la pile électrique de Bagdad ou les fameuses lampes de
Denderah, représentées dans le Temple de la déesse Hathor avec le [zed]
ou les éclairs en forme de serpents décrits scientifiquement par le
professeur Clarbruno Vedruccio28.
En somme, nous disposons de récits, de pièces archéologiques et
d’illustrations qui rappellent une civilisation ou des individus dotés
d’instruments apparemment incompatibles avec les périodes historiques
en question.
De quoi me faire sérieusement réfléchir sur cette littérature qui a fleuri
autour de l’Arche et qui a été chargée de valeurs mysticospirituelles,
ésotériques, allégoriques et symboliques, fruit d’une construction
fantaisiste, caractérisée par des abstractions qui n’ont pas le moins du
monde tenu compte de l’aspect concret des récits qui concernent cet
objet de bois et d’or, construit selon des instructions techniques précises
pour viser clairement à produire des effets concrets.
153
Chapitre 6
D
ans l’Ancien Testament, on trouve des événements qui se
construisent au fur et à mesure sous les yeux des lecteurs et qui
ne se présentent dans leur intégralité qu’après plusieurs lectures.
C’est le cas des passages dans lesquels est évoqué l’or, le métal
précieux. Sa présence se retrouve dans plusieurs livres et de nombreux
chapitres dont la lecture suscite une étrange sensation, une sorte de
conviction qu’il existe des non-dits, des vérités cachées. On a
l’impression que le texte contient quelque chose « qui ne peut être dit »
parce que retentissant et surtout inacceptable pour les lecteurs d’un livre
considéré comme sacré et porteur de la parole divine infaillible.
Et pourtant, un petit quelque chose ne semble pas très convaincant : l’or
est important, il est accumulé et utilisé, mais peut-être pas totalement et
d’une manière pas aussi claire que le texte voudrait nous le faire croire.
Exode
Les Hébreux vivaient en Égypte depuis des siècles lorsque leur « Dieu »
se souvint tout à coup des promesses qu’il avait faites aux patriarches
Abraham, Isaac et Jacob.
Cet Elohim gouvernait des territoires compris entre le Sinaï et
l’Arabah, où son représentant local était le Madianite Jéthro/Réuel, qui
deviendrait par la suite le successeur de Moïse.
154
Voici les événements qui se sont déroulés précédemment en Égypte
(Exode chap. 2) : Moïse tue un Égyptien et se rend compte qu’il doit fuir
pour ne pas être condamné. Il quitte le pays et se rend dans les territoires
contrôlés par Yahvé et son lieutenant Réuel (l’ami d’El). Il se met à son
service, épouse sa fille Séphora et travaille pour lui durant de
nombreuses années, à mener son bétail en pâture.
Où ? Dans le territoire constitué en substance par le nord-est du Sinaï,
dans lequel il conduira ensuite le peuple après l’avoir mené hors
d’Égypte. Traditionnellement, cette lande désolée est qualifiée de «
désert », mais cette définition n’est que partiellement vraie et introduit
des éléments qui nous sont familiers sans correspondre probablement à la
réalité géomorphologique et climatique de l’époque. Le terme « désert »
désigne habituellement un territoire aride, presque inhabitable, constitué
de sable et de roches affleurantes sur lesquelles pousse parfois une
végétation sporadique.
Le terme hébreu [page 198] [midbar] est toujours traduit par « désert »,
même s’il ne rend compte que d’un seul des aspects qui le caractérisent :
ne pas être habité de manière importante et permanente. « Désert »,
donc, au sens de territoire sauvage, pas exploité par l’homme et
dépourvu d’installations, constructions…
Le terme hébreu [midbar] provient cependant du verbe [davar]
qui désigne l’activité de « mener en donnant des ordres » et se rapproche
du terme [dobher] qui signifie « pâturage » de la même manière que
l’araméen [dabar] indique « mener les troupeaux ».
[Midbar] désigne donc un territoire libre, sauvage, dans lequel on
conduit les troupeaux et le bétail en général : un lieu dans lequel on
pouvait élever de très nombreux animaux parce qu’il était probablement
très riche en herbe et en sources d’eau, indispensables pour les nourrir et
les abreuver.
Moïse devint donc un véritable expert et connaisseur de toute cette
région, il y vécut durant des années, en découvrit les recoins les plus
cachés et devint pour ces raisons la personne idéale pour réaliser un
objectif précis.
Il fut chargé de guider le peuple et de le faire vivre dans ce lieu, en lui
garantissant l’accès à toute forme d’approvisionnement indispensable à
la survie : eau et fourrage pour les bêtes, possibilité d’utiliser tout ce que
la nature mettait à disposition, du passage des cailles à la manne que
constituait un lapin, dont Moïse devait forcément s’être nourri durant les
longues périodes passées avec les animaux de son beau-père
155
Jéthro/Réuel. Ce récit se trouve dans le livre de l’Exode, mais, dans la
mesure où il n’entre pas directement dans l’objectif de cet ouvrage, nous
ne l’examinerons pas ici.
Nous ne nous intéresserons qu’à un thème en particulier, que la
tradition religieuse a toujours présenté sous un jour en accord avec la
vision monothéiste et spiritualiste des événements : Jéthro/Réuel, le soi-
disant sacerdote. Je souligne immédiatement qu’il ne faut pas se laisser
dérouter par des siècles de doctrines et d’utilisations religieuses qui ont
présenté la figure du sacerdote sous un jour qui n’a pratiquement rien à
voir avec celui auquel se référaient les cultures moyen-orientales de
l’époque.
Dans la culture suméro-akkadienne, le sacerdote était appelé ENSI et ses
fonctions étaient celles d’un gouverneur territorial : c’était une sorte de
représentant local du seigneur/ANUNNA qui présidait une région
spécifique.
Les fonctions de l’ENSI correspondaient en substance à celles du
personnage défini par le terme akkadien ISHAKKU (qui rappelle l’Isaac
biblique, fils d’Abraham).
Dans la langue sémitique occidentale, le sacerdote était le [cohen],
un terme qui désignait la tâche de « celui qui servait en qualité de chef ».
C’était donc là encore une sorte de gouverneur, de prince, un personnage
agissant pour le compte du seigneur local.
Ce n’est donc pas un hasard si, après la sortie d’Égypte, Moïse a
rencontré son beau-père qui lui a fourni des indications précises sur la
manière d’organiser cet ensemble de tribus qu’il avait la mission de
transformer en une nation. Jéthro/Réuel – [cohen] « sacerdote/officiant »
pour le compte de l’Elohim du lieu et donc expert dans l’art de
gouverner – transmit à son gendre toutes les informations nécessaires
(Exode 18:13 et suiv.). Moïse devait…
Servir d’intermédiaire entre le peuple et l’Elohim.
Soumettre à l’Elohim les diverses questions qui surgissaient.
Transmettre au peuple les lois et décrets.
Choisir parmi le peuple des hommes vertueux – c’est-à-dire qui
craignent l’Elohim et lui obéissent aveuglément – et les nommer
chefs de groupes de diverses dimensions (milliers d’hommes,
centaines, cinquantaines ou dizaines) : ils auraient pour but de
gérer les besoins du quotidien et la justice, en traitant
156
personnellement les questions d’ordre mineur et en ne demandant
son intervention qu’en cas de décisions à plus forte portée.
LA MATÉRIALITÉ DU SACERDOTE
J’ai dit que la figure du sacerdote était celle d’un gouverneur local,
d’un lieutenant, qui n’avait quasiment rien à voir avec les fonctions
spirituelles qui lui ont été attribuées plus tard.
Yahvé lui-même identifiait a priori ses sacerdotes à tous les
descendants d’Aaron, indépendamment de leur vocation – inexistante
– et de leurs aptitudes personnelles. Tous les enfants de cette famille
étaient donc, de fait et de droit, des sacerdotes, à l’exception de
quelques caractéristiques qui interdisaient expressément l’exercice de
cette tâche.
Les « vices » susceptibles d’empêcher un descendant d’Aaron
d’accomplir des fonctions sacerdotales – contrairement à ce que deux
mille ans de doctrine religieuse pourraient nous mener à penser – sont
listés avec une extrême clarté dans le Lévitique (21:16 et suiv.). Voici
l’une des versions que l’on trouve dans les Bibles les plus répandues,
sans besoin de traduction ou interprétation particulières :
157
manger l’aliment de son Dieu, des choses très saintes et des
choses saintes. Mais il n’ira point vers le voile, et il ne
s’approchera point de l’autel, car il a un défaut corporel…
(verset 23)
158
pureté spirituelle qui conduit à la « sainteté » de l’âme. Est-ce
que quelqu’un se décidera une bonne fois pour toutes à
expliquer que la « pureté » et la « purification » ne sont en fait
qu’une banale propreté ? »
Les contacts de Yahvé avec Moïse ont été largement analysés dans mes
précédents travaux et je ne reviendrai pas dessus, de la même manière
que je n’analyserai pas la célèbre histoire des sept plaies à la suite
desquelles le Pharaon permit à Moïse et aux siens de sortir d’Égypte
pour aller honorer leur Dieu.
L’élément auquel nous nous intéressons ici est l’or, son importance, le
besoin évident qu’il y avait d’en accumuler.
Alors qu’ils s’apprêtent à quitter définitivement l’Égypte, Yahvé fait
une observation et prend des dispositions précises. Il dit qu’il ne les fera
pas partir « à vide », mais, surtout, il ordonne (Exode 3:21 et suiv.) :
159
Lui savait bien entendu que la sortie serait définitive, et en réalité tous le
savaient, c’est pourquoi je m’interroge sur certaines incohérences dans
cette situation :
Si les Hébreux, comme la Bible voudrait nous le faire croire,
étaient des esclaves, comment pouvaient-ils penser demander à
leurs oppresseurs et obtenir d’eux de l’or ou d’autres objets de
métaux divers ?
Vu l’impossibilité évidente de l’obtenir sur simple demande, ne
pourrait-on pas penser qu’ils vendirent leurs biens en se faisant
payer avec des objets en métaux précieux ?
Mais des esclaves possédaient-ils des biens vendables ?
Ce commerce pouvait-il se faire au sein du petit peuple, et ne
devrions-nous pas plutôt penser que seules les classes aisées
disposaient d’or sous de multiples formes ?
Si tel était le cas, pourquoi la Bible ne rend-elle pas compte de la
réaction des Égyptiens qui ont, semble-t-il, tranquillement –
miraculeusement ? – satisfait les requêtes de ces gens qui étaient
sur le point de partir ?
Pourquoi se charger d’un tel poids alors qu’on s’apprête à fuir et
qu’on est sûr d’être poursuivis ?
Pourquoi se charger d’un tel poids alors qu’on s’apprête à
traverser des contrées inhabitées, dans lesquelles nulle possibilité
d’échange commercial ne justifierait une telle accumulation ?
(nous verrons bientôt quelle quantité d’or ils sont parvenus à
obtenir).
À quoi tout cela devait-il donc servir ?
Dans l’Exode 12:35-36, on dit clairement que les Israélites firent ce que
Yahvé avait ordonné…
160
miraculeux. Il mérite un peu d’attention : la supposée traversée de la mer
Rouge.
161
Nous avons la description d’un phénomène naturel bien précis : un
fort vent d’est qui souffle et divise les eaux, libérant un passage à sec
par lequel avance le peuple guidé par Moïse, puis les eaux reviennent
et recouvrent le tout, emportant les poursuivants.
Comme pour l’Arche à Jéricho, on a fourni, ou plutôt inventé, pour
cet événement, des explications qui semblent nettement fantaisistes :
du miracle à une extraordinaire intervention technologique.
Il existe une explication naturelle qui a été confirmée au XIXe siècle.
Alexander Tulloch, un officier de l’armée britannique, était en
garnison dans le territoire dont nous parlons. Il a noté dans son
journal un phénomène absolument identique à celui décrit dans le
livre de l’Exode.
Il écrit qu’une « colonne de vent arriva qui l’empêcha de travailler, et
le matin suivant était apparue une zone sèche que les habitants du lieu
traversaient en marchant dans la boue ». En quelques heures, elle fut
de nouveau recouverte d’eau.
Ce phénomène s’est donc répété et a été étudié grâce à quatorze
simulations informatiques menées à l’US National Centre for
Atmosphere Research et à l’université du Colorado : la recherche fut
publiée par la revue Public Library Research. Elle illustre la manière
dont un vent soufflant dans cette région à 100 km/h durant 10-12
heures parvient à créer un pont de terre à sec long de 5 kilomètres et
large de trois : plus que suffisant pour autoriser le passage de milliers
de personnes.
Mais ce n’est pas tout : la Bible précise que les eaux de chaque côté
protégeaient les fugitifs. L’imagination des interprètes s’est là encore
laissée emporter à imaginer d’étranges murs d’eau tenant
miraculeusement à la verticale grâce à des forces surnaturelles ou à
des énergies pas mieux identifiées.
162
L’explication me paraît en revanche simple et naturelle : le passage de
l’Exode (14:22) décrit que « sur les côtés, l’eau était pour eux comme
[chomah] », un terme qui signifiait aussi bien « mur » que «
protection » : il n’est pas difficile de comprendre, et c’est même
évident, que l’eau de chaque côté du passage à sec les protégeait, car
elle empêchait les éventuels poursuivants d’encercler les fugitifs, de
les dépasser et de leur barrer la route.
Ces événements confirment une fois de plus l’hypothèse que j’ai
émise comme base de mon travail : la Bible, étudiée et analysée de
façon littérale, apparaît toujours davantage comme un texte racontant
des chroniques concrètes.
Reprenons notre récit : les fugitifs traversent la mer de jonc [yam suf]
dans laquelle s’enlisent leurs poursuivants, continuent leur chemin et,
une fois acquise la certitude de leur liberté définitive, commencent à
organiser leur camp, leurs déplacements, leur vie quotidienne dans cet
environnement nouveau et certainement assez hostile.
Yahvé, de son côté, ne perd pas de temps. Il met en place une série de
normes pour réguler et imposer la coexistence, et commence à récolter
de l’or en ordonnant à son peuple, par l’intermédiaire de Moïse, de
déposer des offrandes en sa faveur.
En vérité, la succession des événements relatifs aux réquisitions forcées
ou aux donations plus ou moins volontaires n’est pas toujours très claire,
mais elle raconte de façon synthétique l’opération dans son ensemble.
Dans Exode 25:1, il leur demande expressément de l’or, de l’argent et
du bronze. Une requête qui se répète aux chapitre et verset 35:4, jusqu’à
ce que la quantité obtenue soit déclarée suffisante (36:7).
Entre-temps, cependant, survient un événement que le texte ne décrit
pas, mais dont nous comprenons qu’il irrite l’Elohim – ou plutôt
devrions-nous dire que Yahvé crée une occasion de s’irriter : il
réprimande le peuple, le qualifie de peuple au « cou roide » et lui
ordonne de ne pas porter ses ornements.
Le verset Exode 33:6 nous dit que les fils d’Israël :
163
La collecte de l’or de la part de Yahvé devenait évidemment une
exigence constante.
164
Mais il pourrait ne s’agir que l’une des raisons qui conduisit à la
spoliation du peuple.
Nous ne devons pas oublier que les propriétés de ce métal a de quoi en
expliquer l’importance d’une autre manière : il est ductile, malléable, ne
rouille pas, est inaltérable, homogène, bon conducteur de chaleur et
d’électricité, et les bactéries se développent difficilement à sa surface.
Nous pouvons donc comprendre que Yahvé l’ait choisi puisqu’il avait,
entre autres, le besoin de vivre dans un environnement le plus aseptisé
possible au regard de sa nature radicalement différente et étrangère à
celle du peuple.
Une différence qui comportait certains risques non négligeables,
comme le savent tous ceux qui s’aventurent dans des pays où l’hygiène
ne correspond pas aux canons auxquels ils sont habitués.
De nombreux passages témoignent de l’obsession de Yahvé pour
l’hygiène et les questions sanitaires. En guise d’exemple, cet extrait des
Nombres 5:1-3 :
Tous ces ordres précis qui touchent au lavage et aux ablutions auxquels
devaient se soumettre tous ceux qui étaient admis en sa présence sont
une preuve supplémentaire de cette exigence qui semble évidente : il
suffit de voir à ce sujet l’ordre péremptoire donné dans Exode 30:17-21 :
Aaron et ses fils, s’ils ne veulent pas mourir, doivent se laver les mains et
165
les pieds dans la vasque de bronze prévue à cet effet avant de
s’approcher pour accomplir leur tâche.
Et lorsque Yahvé parle de propreté, ce n’est pas une invitation
métaphorique ou allégorique à s’assurer de la pureté de l’esprit, mais
bien un ordre indiscutable qui vise à imposer la nécessité concrète de se
laver et d’enfiler des vêtements propres avant de se trouver en sa
présence.
Soit on se lavait à chaque fois, soit on prenait le risque de mourir : il
n’était pas question d’élévation spirituelle progressive.
La demeure, le sanctuaire, était en outre placée à une faible distance du
campement, justement pour éviter tout type de conséquences imprévues
possibles.
Même lorsque le peuple devint sédentaire et qu’on construisit à Yahvé
une demeure en dur, le Temple de Jérusalem, cette nécessité de se
nettoyer perdura. Puis, au fil du temps et après la disparition des contacts
directs, les ablutions suivirent un processus de ritualisation qui les amena
à devenir des actes symboliques dont la fonction n’était donc plus liée
aux besoins d’hygiène pressants auxquels elles correspondaient à
l’origine.
166
Le but, peut-être, visait à créer une sorte de chambre métallique dans
laquelle l’Arche, dont nous avons vu qu’il s’agissait probablement d’un
générateur ou d’un condensateur électrique, pouvait se maintenir dans un
certain isolement ?
Nous n’en savons rien, mais l’obsession de l’or, utilisé même – et de
manière inattendue – pour les charnières des portes, donne à réfléchir.
Je vous renvoie à des auteurs tels que Volterri, bat Adam ou Barbiero
pour des approfondissements techniques. Leurs travaux sont cités en
bibliographie. Je resterai pour ma part dans le désert, pour essayer de
comprendre les intentions de ce « Dieu ».
Et pour en revenir à la fuite hors d’Égypte et à la période passée dans le
Sinaï, je m’interroge :
Quelle quantité d’or les Israélites ont-ils accumulée lorsqu’ils ont
dépouillé les Égyptiens, comme le dit la Bible ?
Le Veau d’or
167
Un événement, cependant, se révèle de nature à éveiller l’attention du
lecteur en raison d’une série d’incohérences : l’histoire du Veau d’or.
Précisons-le immédiatement, il s’agit d’un épisode qui présente des
caractéristiques communes à tous ceux qui ont été orchestrés et contrôlés
en détail par les dirigeants qui avaient le besoin d’accumuler de l’or, y
compris à des fins probablement peu avouables.
Les auteurs bibliques prouvent qu’ils ont connaissance des métaux
récoltés et de leur utilisation dans la construction de la demeure de
Yahvé, de son mobilier et de ses divers ustensiles, mais quelque chose
semble avoir échappé au recensement.
Ces événements sont racontés au chapitre 32 de l’Exode et débutent
avec Moïse qui se trouve sur la montagne pour rencontrer l’Elohim et
recevoir les lois et règles à transmettre au groupe d’individus qu’ils
s’efforçaient tous deux péniblement de transformer en un véritable
peuple, par une vie organisée et réglementée par toutes ces normes
censées rendre la coexistence civile possible.
Moïse demeura sur le mont durant un temps qui sembla excessif et
inexplicable au peuple. Beaucoup se rassemblèrent autour d’Aaron – le
grand sacerdote, premier responsable du culte et du service à Yahvé – et,
vu qu’ils n’avaient plus aucune nouvelle de Yahvé, lui adressèrent une
invitation claire (Exode 32:1) :
168
vers d’autres Elohim, trahison de fait à l’encontre de Yahvé.
Que pourrions-nous attendre du premier garant du culte de Dieu ?
Aucun doute : un refus ferme et définitif.
Un rappel net, décidé et péremptoire du culte dû au « Dieu » qui les a
menés hors d’Égypte et auquel ils doivent une fidélité absolue.
Et au contraire, il se produit quelque chose d’inattendu : Aaron accepte
immédiatement !
Il ne manifeste aucune tentative de convaincre les rebelles. Ne dit pas
un mot en faveur de Yahvé. Pas un rappel. Pas une tentative de les
ramener à la raison… Rien.
Il écoute leur requête et, avec un naturel immédiat et incompréhensible,
s’adresse au peuple et lui dit (verset 2) : « Ôtez les anneaux d’or qui sont
aux oreilles de vos femmes, de vos fils et de vos filles. »
Il se les fait apporter très rapidement.
Le peuple s’exécute immédiatement et l’or qui n’avait pas été
réquisitionné pour la demeure et son mobilier est fondu dans un moule
pour fabriquer un « veau » : un simulacre d’Elohim à adorer demandé
par les rebelles.
On débute une série de rites et de fêtes.
C’est alors que Yahvé invite Moïse à descendre de la montagne et lui
fait part de son intention d’intervenir en punissant sévèrement les
coupables d’une telle attitude.
L’auteur biblique raconte que Moïse intercède pour le peuple, parvient
à apaiser la colère de son Elohim, descend du sommet et regagne le
campement.
En voyant ce qui s’est produit, il se met en colère, jette au sol les
tablettes avec les commandements, brise le « veau d’or » en mille
morceaux, le réduit en poudre, la répand à la surface de l’eau (la Bible ne
précise pas où se situe cette eau) puis la fait boire au peuple.
Juste après, il exprime son ressentiment (apparent ?) envers Aaron,
l’accuse d’avoir laissé le peuple se détourner du culte de l’Elohim unique
auquel il devait s’adresser.
Il accomplit ensuite une action étrange et décidément contradictoire.
Nous avons vu que, peu avant, il avait convaincu Yahvé de ne pas
intervenir contre les rebelles. Désormais, il se place à l’entrée du
campement et crie de toutes ses forces (Exode 32:25-28) :
169
Autour de lui se rassemblent tous les enfants de Lévi et ils reçoivent un
ordre précis : « Que chacun de vous mette son épée au côté ; traversez et
parcourez le camp d’une porte à l’autre, et que chacun tue son frère, son
parent. »
Le massacre ne totalise pas moins de trois mille morts (verset 28).
Étrange succession d’événements, donc : Moïse commence par
convaincre apparemment Yahvé de ne pas agir, puis il transmet lui-même
un ordre de son commandant (et donc ce même Yahvé) et fait tuer trois
mille personnes.
Nous remarquons au passage qu’il ne s’agit que d’une des
innombrables incohérences présentes dans la Bible qui voudrait se
prétendre un livre infaillible, car inspiré directement par Dieu.
Face à ce massacre, nous ne pouvons que noter une étrangeté
inexplicable : Aaron, qui n’est autre que le sacerdote en chef coupable
d’avoir immédiatement soutenu le peuple et de n’avoir rien fait pour
l’arrêter, n’est même pas puni.
D’ailleurs, si on y regarde de plus près, c’est même lui qui a décidé de
fabriquer un Veau d’or : le peuple avait demandé de manière générique
de lui « faire des Elohim qui marchent devant eux ».
Et cependant, le verset 35 nous dit que Yahvé, ce jour-là, « frappa le
peuple, parce qu’il avait fait le veau, fabriqué par Aaron ».
Ce « Dieu » montre un sens de la justice vraiment incompréhensible.
Ce ne sont donc pas les bizarreries qui manquent, mais ce qui nous
frappe tout particulièrement est que l’or utilisé pour fabriquer l’idole en
forme de veau soit gaspillé de la sorte : le texte nous dit qu’il fut mis en
poudre, jeté dans l’eau et donné à boire à un peuple qui devait en réalité
être puni.
Pourquoi gaspiller un métal si précieux ?
Pourquoi jeter ce qui avait été récolté si péniblement en Égypte et
transporté péniblement au cours du voyage ?
170
du métal était donc sous le contrôle de superviseurs qui en inscrivaient le
poids, la quantité et l’usage.
D’où ces autres questions :
L’histoire du Veau d’or fut-elle une sorte de répétition générale
pour vérifier la disponibilité des gens à remettre spontanément
leurs métaux précieux ?
Fut-elle habilement orchestrée pour démasquer les dissidents
potentiels ou les rebelles et les éliminer à titre d’exemple ?
Fut-elle un véritable piège afin de procéder à une épuration
drastique ?
Ou bien était-il nécessaire d’avoir de l’or qui serait destiné à des
utilisations que le peuple n’aurait pas comprises et encore moins
approuvées ?
171
L’or utilisé pour la statue est réduit en poudre et disparaît dans
l’eau qu’on fait boire (!?) au peuple rebelle.
172
que son poids le fait immédiatement se déposer sur le fond,
comme le savent bien les orpailleurs qui tamisent les fleuves ?
173
position de commandement lui fut utile pour transformer en peuple ce
fouillis hétérogène d’individus ingouvernables, rebelles, sans lois et
dépourvus même des principes les plus élémentaires de coexistence,
comme le démontrent les préceptes apparemment banals que Moïse dut
leur donner, tels que les règles d’hygiène basiques en vue de rendre leur
cohabitation vivable et à prévenir des épidémies mortelles.
Nous ne disposons pas d’éléments suffisants pour prouver que telle ou
telle thèse est exacte, et je me contenterai donc de ce que la Bible nous
permet de supposer.
Dans Exode 2:11-22, on raconte ce qui déterminera des
développements de toute l’histoire : son appel, le début de sa
collaboration avec Yahvé, la sortie du peuple d’Égypte, etc.
Il assiste à une bagarre entre un Égyptien et un Hébreu ; il intervient
violemment, donne un coup mortel à l’Égyptien et dissimule son cadavre
sous le sable. Il comptait sur l’espoir que personne ne connaîtrait cet
assassinat, mais découvre bien vite que l’affaire a été ébruitée, et le voilà
contraint de fuir.
Il quitte l’Égypte, traverse la péninsule du Sinaï et rejoint le pays de
Madian.
Il s’assoit près d’un puits où s’abreuve le bétail du fameux Jéthro/Réuel
dont nous avons déjà parlé. Arrivent alors les filles de ce
sacerdote/lieutenant de Yahvé qui se font cependant durement chasser
par les bergers. Moïse intervient pour les défendre et les autorise à
accéder à l’eau. Revenues à leur campement, elles racontent ce qui s’est
produit à leur père, en lui disant que celui qui les a sauvées des mains de
leurs agresseurs était (Exode 2:19) :
174
Cependant, ce qui m’intéresse ici est surtout de souligner que Moïse
possédait nécessairement une culture et des croyances égyptiennes, à
propos desquelles nous rappelons l’importance absolue qui était accordée
au tombeau, dont l’aménagement était la garantie d’une hypothétique vie
future : il devait se montrer richement fourni, contenir divers objets et ne
devait pas manquer d’or.
Je ne pense pas être très éloigné de la vérité si je suppose qu’il devait
s’agir de l’une des préoccupations de Moïse :
175
Dans le chapitre 32 du Deutéronome, elles sont évoquées de manière
très laconiques.
On dit que Moïse monta sur le mont Nébo, au sommet du Pisga, au
pays de Moab, face à Jéricho et que, de là, il observa la Terre promise
tandis que l’Elohim lui expliquait qu’il allait la donner à ses descendants,
car il ne lui serait pas permis d’y entrer.
On dit enfin que Moïse mourut juste après au pays de Moab et qu’il fut
enterré dans la vallée qui fait face à Beth-Péor mais, comme le dit la
Bible : (Deutéronome 34:6) :
176
Chapitre 7
V
oyons maintenant le récit de la formation d’[adam] et de
[chawwàh], Adam et Ève, le couple que les Elohim produisirent
dans le but de l’introduire dans le [gan be-eden], le prétendu
Paradis terrestre déjà évoqué.
L’étude de l’intervention de nos « créateurs » n’est pas hors sujet dans
un texte qui s’intéresse spécifiquement à la technologie : le récit
biblique, en effet, nous rend compte de la probable application d’une
connaissance et d’une façon d’opérer très sophistiquées, que nous
connaissons dans leur ensemble sous le nom d’ingénierie
biomoléculaire.
J’ai étudié ces faits en détail dans mes précédents ouvrages, c’est
pourquoi je vous proposerai ici un résumé de l’intervention génétique
qui, selon la Genèse, a été menée à bien par les Elohim pour produire
l’exemplaire masculin, c’est-à-dire l’Adam.
Nous analyserons en revanche plus en profondeur la formation de l’être
féminin, car la description biblique nous fournit des détails qui renvoient
directement à une véritable intervention chirurgicale.
Adam
La Bible nous raconte la création de l’homme à divers moments et nous
présente deux modalités différenciées selon lesquelles le prétendu « Dieu
» de la théologie est intervenu.
Les deux interventions réalisées par les Elohim apparaissent comme
totalement différentes et semblent si incompatibles que l’exégèse
traditionnelle les attribue à deux traditions rédactionnelles distinctes,
identifiées par la manière dont les auteurs appellent « Dieu » : dans la
177
Genèse 1:26, on utilise le terme générique Elohim, tandis qu’au verset
2:7, on attribue de manière spécifique l’acte à Yahvé.
Dans le premier cas, la narration nous explique que les Elohim ont
décidé de faire l’[adam] « à leur image, selon leur ressemblance », tandis
que dans le second on affirme que Yahvé a utilisé de la « poussière », lui
insufflant le « souffle de vie ».
On parle donc de traditions différentes, en supposant que les auteurs
qui relèvent de l’une ou de l’autre aient opéré de manière parfaitement
autonome en rapportant des récits antiques, caractérisés par des origines
diverses et donc, c’est compréhensible, incompatibles.
Les commentateurs traditionnels qui tentent de les concilier sur le plan
purement spirituel, métaphysique, se retrouvent avec le besoin
d’introduire des concepts qui dépassent l’aspect purement concret des
récits, en allant jusqu’à l’annihiler au nom d’une vision d’ordre
théologique qui, selon moi, n’appartenait pas aux auteurs bibliques.
Essayons une fois de plus de « faire semblant de croire » que la Bible
rapporte fidèlement ce qui avait été mémorisé et transmis, en dépit de
son étrangeté et des difficultés de compréhension dont on peut
facilement imaginer l’existence chez un peuple qui ignorait tout des
molécules, de l’ADN, de la structure cellulaire, etc.
J’émets l’hypothèse que les deux passages nous racontent exactement
les mêmes événements, le même acte concret accompli par les Elohim,
parmi lesquels figure évidemment celui appelé Yahvé. Les versets de la
Genèse 1:26-28 contiennent la première version de la création de
l’homme et la présentent ainsi :
178
Ceux qui ont écrit puis vocalisé les versets voulaient être certains que le
lecteur ait bien saisi que les Elohim avaient produit l’homme en utilisant
leur [tselem].
Le verbe [bara] est traditionnellement traduit par « créa » mais
nous comprendrons dans les deux derniers chapitres que ce terme n’est
pas approprié.
Nous verrons qu’il indique en substance l’acte d’intervenir en
modifiant quelque chose qui existe déjà, de donner forme, de concrétiser
un projet : exactement comme nous supposons que les Elohim l’ont fait
au moment où ils ont décidé de fabriquer cette nouvelle espèce capable
de comprendre une forme de langage articulé et de recevoir, et exécuter,
des ordres.
Je souligne que la Bible nous raconte comment les Elohim ont pris
cette décision et se sont dit « faisons », un verbe à la première personne
du pluriel de l’impératif : il a donc une valeur d’exhortation, invitation à
agir, de sollicitation, une espèce de : « Allez, activons-nous,
continuons… »
Le sujet du terme « Elohim », de la multiplicité de ceux qu’il désigne,
de l’inexistence du monothéisme dans l’Ancien Testament et de son
utilisation avec des verbes au pluriel (pas moins de dix dans le Psaume
82) a été largement traité dans mes précédents ouvrages et je n’y
reviendrai pas ici. Je souligne simplement que ce verset contient deux
concepts qui vont de pair dans leur dimension concrète : nous sommes
faits comme les Elohim et, comme eux, nous sommes séparés en mâles
et femelles.
Nos espèces sont véritablement semblables en tout point et nous
verrons qu’elles sont même compatibles sur le plan sexuel, aussi bien du
point de vue anatomique que fonctionnel.
179
Pour en revenir au sujet qui nous intéresse, je remarque que les auteurs
bibliques utilisent le terme [tselem], toujours traduit par « image » :
un mot qui, dans nos langues actuelles, renvoie à un concept abstrait. La
racine hébraïque, cependant, ne renvoie pas à cette idée abstraite de
ressemblance constamment défendue par la littérature religieuse et la
théologie traditionnelle.
Commençons par préciser que le [tselem] désigne de manière
spécifique « une chose matérielle qui contient l’image », une « complete
form » (« modèle complet »), comme le dit l’Etymological Dictionary…
31
En outre, dans le texte biblique, les deux termes qui désignent l’«
image » et la « ressemblance », dans le passage de la Genèse 26-28
rapporté plus haut, sont précédés des préfixes [be] et [ki], qui
possèdent deux significations à la nuance non négligeable :
1. [be] signifie « avec, au moyen de, en, dedans… »,
2. [ki] signifie « comme, selon ».
180
Dans Genèse 6:1 et suiv., nous héritons d’un récit stupéfiant si l’on
considère qu’Elohim signifie « Dieu » : nous découvrons que ce «
Dieu » ne désire rien de moins que s’unir charnellement aux femmes
humaines !
Nous lisons que « Lorsque l’[adam] eut commencé à se multiplier sur
la face de la terre, et que des filles lui furent nées (générées) »…
181
En gros, des hommes « fameux » (Genèse 6:4).
[Ghibborim] est le pluriel de [ghibbor], et en hébreu on trouve
également la racine [ghever], dont le pluriel est [ghevarim].
Nous avons là, en effet, deux racines consonantiques /
[ghever, ghibbor] qui renvoient en substance à la même signification :
« être fort, puissant, valeureux, fameux ».
Comme nous l’avons dit, [ghibborim] est un terme pluriel, son
singulier est [ghibbor], dont la signification rappelle celle de [ghever].
Homme fort d’El ou puissance d’El devient en hébreu [ghevriel],
c’est-à-dire Gabriel.
[Ghevriel] est en effet une forme particulière du génitif (état
construit) qui signifie [ghever de El].
Pouvons-nous imaginer un lien entre [ghevriel] et la race de
demi-dieux ?
Gabriel était-il un [ghibbor/ghever] d’El ?
Un homme de pouvoir de la race des [ghibborim] ou des
[ghevarim], pluriel de [ghever] ?
L’angélologie et la théologie en ont fait un individu précis, un
être spirituel, qu’ils ont placé dans la catégorie des archanges,
mais était-ce vraiment le cas ?
182
Le prophète nous dit clairement que celui qui se présente à lui
ressemble à un [ghever] et ne lui donne donc pas une identification
individuelle. Il connaissait bien évidemment cette catégorie
particulière d’êtres reconnaissables soit par leurs caractéristiques
physiques, soit par un quelconque élément extérieur qui rendait
évidente leur fonction, celle d’individus exerçant le pouvoir pour le
compte d’un El (singulier d’Elohim).
Ce [ghever] est ensuite mieux défini comme [gavriel], c’est-à-
dire un « homme fort d’El, puissance d’El » et il se présente une
nouvelle fois au prophète en une autre occasion.
Le verset qui raconte cette seconde rencontre nous fournit certaines
informations surprenantes sur la vraie nature possible de ce
personnage.
Alors que Daniel parle, il est rejoint par (Daniel 9:21) :
183
Mais si le [gavriel] était un [isc], c’est-à-dire un homme,
que penser de la grossesse de Marie, survenue immédiatement
après sa « visite » ?
Que s’est-il réellement produit durant la fameuse «
annonciation » ?
184
professeur libanais, la vie de leurs successeurs raccourcit
inexorablement.
Nous ne pouvons malheureusement pas tabler sur des certitudes, mais
la coïncidence mérite d’être soulignée.
185
Je vous rappelle que les Sumériens disaient que l’homme avait été
fabriqué par les ANUNNA (le probable équivalent sumérien des Elohim
bibliques) et leurs récits nous autorisent une lecture plus simple de ce
pluriel dont nous parlions plus tôt (lorsque les Elohim déclarent « faisons
l’[adam]) », car ils retranscrivent les paroles d’ENKI (l’un des deux chefs
des ANUNNAKI), adressées à ceux qui devaient agir avec lui au cours de
cette expérimentation.
Les ANUNNA/Elohim sont réunis et ils décident entre eux quoi faire et
comment le faire : voilà le pluriel biblique qui crée tant de cas de
conscience à ceux qui continuent à soutenir qu’Elohim désigne le « Dieu
» unique.
Dans mes précédents ouvrages, nous avons vu comment les récits
suméro-akkadiens rapportaient avec une grande honnêteté les résultats
des nombreuses tentatives des ANUNNAKI, certaines avec des issues peu
glorifiantes pour des « dieux » que la tradition religieuse s’obstine à
vouloir nous décrire comme le Dieu unique, omniscient et omnipotent.
Des tentatives qui ont donné des êtres absolument imparfaits aux défauts
apparents. Seule la Bible nous raconte ces événements comme si la mise
en œuvre de la décision avait été immédiate. Or ce livre devait glorifier
Yahvé et sa puissance, et il n’y avait donc pas de place pour ces parties
de l’événement qui auraient pu mettre en évidence son besoin de
diverses tentatives avant d’obtenir le résultat souhaité : Yahvé devait
nécessairement prendre des décisions et les mettre en œuvre sans
erreur34.
186
Je remarque avant tout qu’ici le verbe a changé : ce n’est plus [bara]
mais [iatzar], qui possède le sens univoque de « donner forme,
façonner, modeler ».
Nous trouvons donc une confirmation possible de ce qui a été dit pour
le verbe [bara] utilisé dans le premier récit de la formation de l’homme :
il ne s’agit pas d’une création, mais d’une intervention destinée à donner
une nouvelle forme à ce qui existait déjà, mais dont l’état ne
correspondait pas aux objectifs des Elohim.
On précise ici que l’Elohim nommé Yahvé forme l’homme en utilisant
« quelque chose » qui se trouve sur la planète Terre : et pour cause, nous
remarquons en effet tout de suite la correspondance entre [adam] «
homme » et [adamah] « terre ».
Dans le récit précédent (Genèse 1:27), le vocable fondamental était
[tselem] tandis qu’ici (2:7) apparaît le terme [afar] que l’on traduit
communément par « poussière, terre séchée, argile ». Il possède en effet
ces significations, mais la valeur d’origine renvoie à un concept plus
large d’une « earthly substance35 », c’est-à-dire une « substance terrestre
», quelque chose qui appartient à la Terre et qu’on peut prélever de celle-
ci pour l’utiliser de la manière souhaitée.
L’auteur a certainement repris un vocable suméro-akkadien qui
possédait plusieurs significations…
Mais il faut prendre les choses dans l’ordre.
Les textes connus sous les noms d’Épopée d’Atrahasis ou Épopée de
Gilgamesh nous racontent que les ANUNNAKI décidèrent de former un
être qui travaillerait à leur place et que, pour ce faire, ils utilisèrent le
TEEMA, une substance qui était extraite de leur corps, et la mélangèrent
avec le TIIT de l’ABZU.
Le TEEMA désigne l’essence vitale, c’est-à-dire ce qui fait qu’un être est
tel qu’il est. Nous parlerons très vite du TIIT.
En utilisant le langage biblique, disons qu’ils prirent le [tselem] des
Elohim et le greffèrent sur le TIIT [afar] de la partie basse de la Terre :
187
l’hémisphère sud, qui peut-être identifié par ce qu’on appelle justement
ABZU.
188
Après une série d’expériences ratées, le projet rencontre enfin le succès
et alors les diverses « divinités » impliquées célèbrent l’événement par
un grand banquet à base de viandes, pain, pousses de roseaux et bière.
Concluons ici cette brève digression qui a été utile pour mettre en
évidence les parallélismes qui aident à comprendre la manière dont les
deux récits bibliques de la formation de l’homme ne sont pas des
allégories ou des fables lorsqu’on les compare l’une à l’autre, mais se
complètent en réalité pour souligner le « mélange » entre les patrimoines
génétiques, nécessaire à la création de la nouvelle espèce.
189
femelle hominidé dans un récipient en argile prévu à cet effet. Dans la
Maison de la Vie, la « déesse » NINMAH créa un conteneur d’argile, le
modela, lui donna la forme d’une vasque de purification afin de créer à
l’intérieur le mélange, et l’opération fut répétée pour les greffes
successives : elle prit quatorze morceaux d’argile et mit sept morceaux à
droite et sept à gauche. Dans les conteneurs façonnés en argile, NINMAH
introduisit les ovules des femelles bipèdes et les unit au sang purifié des
ANUNNAKI mâles (Atrahasis). Il faut noter que NINMAH était également
appelée « Mère des vivants », c’est-à-dire qu’on utilisait pour elle la
même expression qui identifiait [chawwàh], l’Ève biblique.
On créa des mâles dans la moitié de ces récipients et dans l’autre moitié
des femelles, exactement comme le dit le verset 27 du premier chapitre
de la Genèse :
190
Concentrer les produits présents dans la soupe primitive chaude
ou pour protéger l’ADN parvenu sur Terre de l’espace.
Protéger les structures génétiques de la destruction opérée par les
radiations UV et X.
Catalyser la polymérisation des nouveaux composés jusqu’à
obtenir des molécules plus complexes.
Garantir à l’ADN le maintien de la capacité de transformer les
cellules bactériennes.
191
Ce geste est souvent représenté comme le moment où « Dieu » exerce
son pouvoir fondamental, celui s’insuffler la vie à travers l’attribution à
la nouvelle créature de sa substance spirituelle, l’âme.
Mais ce n’est très probablement pas ce que voulaient dire les auteurs
bibliques, qui ne parlaient absolument pas d’« âme » ou de « mondes
spirituels ». Le récit semble extrêmement concret y compris dans ce
passage. Là encore, appuyons-nous sur la comparaison avec les termes
suméro-akkadiens dont proviennent ces récits bibliques de la supposée
création de l’homme.
Les interventions d’ingénierie génétique furent accomplies par les
ANUNNAKI/Elohim dans ce que nous qualifierions, selon la terminologie
moderne, de « laboratoire », et qu’ils appelaient BITSHIMTI ou
simplement SHIMTI, des vocables qui sont traduits par « lieu dans lequel
est insufflé le souffle de vie ».
Cette précision sur le souffle ne saurait relever d’un hasard : le lieu
dans lequel les nouveaux êtres vivants étaient créés était lié à la
respiration, élément fondamental et primaire de la vie. Le nouveau LULU
(mélange), comme tout nouveau-né, ne prit le statut de « vivant » qu’au
moment où il commença à respirer, et c’est son « formateur » qui lui
fournit cette possibilité.
En outre, le terme sumérien SHIMTI était traduit en mésopotamien par
[naphishtu], qui correspond à l’hébreu [nephesh], avant-dernier mot
du verset que nous venons de citer, et qui signifie « gorge, cou, personne,
respiration, quelqu’un… ».
Après l’intervention, l’[adam] devient donc une « personne » dotée
d’une nouvelle vie introduite par le « créateur » qui lui insuffle le
souffle. Il ne s’agit pas de la transmission d’éléments spirituels mais de
l’acte par lequel le nouvel être commence à respirer de manière
autonome, devenu ainsi un individu doté de vie.
C’est ce que nous racontent les Sumériens, et c’est ce que semble
confirmer la Genèse.
Nulle symbologie, pas d’allégorie, il n’est pas nécessaire d’introduire
des catégories herméneutiques particulières, nous sommes probablement
192
face au récit d’une intervention d’ingénierie génétique sophistiquée dans
laquelle sont indiqués les deux patrimoines chromosomiques impliqués.
L’union des deux éléments produit la nouvelle espèce : le LULU [adam],
l’Homo sapiens (ou le Sapiens sapiens ?), qui vit de la nouvelle vie
[nishmàt chajim], c’est-à-dire la « respiration des vivants » que lui a
donné le soi-disant créateur.
Mais, comme nous l’avons vu, dans la Bible il n’y a pas de « création »
de l’humanité.
David Wolpe (grand-rabbin du Sinaï Temple de Los Angeles), dans son
analyse du midrash de Genèse 2:7, donne cette signification littérale du
verset : « The Lord God formed man », c’est-à-dire « Le Seigneur Dieu
forma l’homme », il ne le créa pas38.
[Chawwah] Ève
Nous avons déjà vu le verset de la Bible qui dit que Yahvé produisit les
nouveaux vivants et « créa l’homme et la femme » (Genèse 1:27). Après
cette affirmation générique, le chapitre deux précise les modalités selon
lesquelles la femme fut produite : il raconte qu’Elohim ressentit le besoin
de donner à l’[adam] une [ezer] « aide » et, pour ce faire, accomplit
une opération qui semble incompréhensible si nous imaginons qu’elle fut
menée par un « Dieu » omnipotent.
Avant tout, il constate que les animaux présents sur terre ne constituent
pas une aide suffisante pour l’homme (Genèse 2:20) :
Dieu » cherche donc de l’aide parmi les animaux mais ne trouve pas un
type d’êtres vivants qui puisse comporter des caractéristiques semblables
à celles de l’[adam]. Il prend alors la décision de produire un être qui lui
ressemble davantage, c’est-à-dire la femme.
Il met donc en place une procédure stupéfiante si on le considère
comme « Dieu » mais qui en réalité confirme encore davantage
l’hypothèse que nous sommes en train d’explorer, celle d’une
intervention d’ingénierie génétique (Genèse 2:21 et suiv.) :
193
Nous apprenons avec clarté que cet Elohim a besoin d’endormir l’[adam]
pour accomplir sur lui une intervention, une opération, en somme
quelque sorte de manipulation qui devait certainement être douloureuse
si elle nécessitait que le sujet soit plongé dans un « profond sommeil ».
Tout cela m’évoque une anesthésie classique qui donne le moyen de
prélever des cellules (?) de ce que l’on traduit habituellement par « côte
» mais qui était peut-être en réalité quelque chose d’autre.
Dans la traduction du verset, j’ai volontairement suivi la version
traditionnelle selon laquelle « Dieu » a pris une côte d’Adam et fait Ève
à partir de celle-ci, mais il est maintenant temps de passer à l’analyse de
ce qui est probablement la véritable signification.
Le terme [tsela], communément traduit par « côte », signifie en
réalité « partie latérale », et est utilisé en ce sens dans divers passages de
l’Ancien Testament : il désigne une partie latérale pas nécessairement
symétrique (Exode 25:12 ; 26:20 ; 1 Rois 6:5 ; 6:15 ; 7:3 ; Ézéchiel 41:5 ;
41:26). Dans certains cas, la symétrie est même clairement exclue (2
Samuel 16:13 ; Job 18:12). En outre, le verbe qui dérive de la même
racine, [tzalà], désigne l’acte d’« avancer en boitant et tourner » et exclut
donc totalement l’idée de symétrie.
La Bible affirme que l’Elohim Yahvé prit « l’une des parties latérales »
et non « la » partie latérale ou moitié, ou côte. Nous sommes donc face
au prélèvement de quelque chose qui n’est pas mieux identifié, tiré des
parties latérales du corps de l’[adam] mâle, qui, pendant ce temps-là, est
anesthésié.
Voici donc les données fondamentales (Genèse 2:21) :
194
Avant de procéder au prélèvement, Yahvé plonge l’Adam dans un
sommeil profond.
Il réalise le prélèvement en prenant « quelque chose » de la partie
latérale de l’[adam].
Après le prélèvement, il referme les chairs.
Nous savons bien que pour acquérir du matériel génétique, tel que les
chromosomes, nous n’avons normalement pas besoin d’intervention : il
suffit de prélever de la salive ou une petite quantité de sang.
Il n’est donc pas nécessaire d’anesthésier le sujet et, par conséquent,
nul besoin non plus de « refermer les chairs », chose que Yahvé a
cependant clairement dû accomplir.
Ce qui nous pousse naturellement à penser à une opération sanglante
qui a requis une anesthésie et une suture.
À partir de ces données, libre à nous de penser que [tsela] désigne la
partie latérale et arrondie du corps humain dans laquelle on prélève
aujourd’hui encore les cellules-souches, au moyen d’une petite
intervention chirurgicale qui requiert néanmoins une anesthésie. On
pense au prélèvement de cellules-souches hématopoïétiques, assuré dans
les laboratoires modernes à partir de la partie latérale de l’os iliaque : une
intervention qui se pratique sous anesthésie parce qu’elle est
douloureuse. Les cellules prélevées sont utilisées pour assurer des
transplantations en vue de soigner certaines pathologies, mais on sait
qu’il s’agit de cellules-souches multipotentes, utilisables à diverses fins,
y compris des procédés de clonage.
195
multiples actes qu’il accomplit, deux nous intéressent
particulièrement car ils sont en lien avec sa fonction spécifique :
1. Auprès du fleuve Tigre, il dit à Tobie d’attraper un poisson
qui avait mordu le pied du jeune homme et lui apprend à en
utiliser le fiel, le cœur et le foie comme médicaments pour
soigner les crises d’épilepsie et les maladies des yeux (6:4-9).
2. Avec le fiel extrait du poisson, il soigne la cécité du père de
Tobie, fait disparaître les marques blanches (cataracte) des
yeux (11:7 et suiv.).
196
signification d’origine probable : Sérapion était un célèbre médecin
qui vécut au IIIe siècle avant J.-C. Sarapis était une divinité dotée,
entre autres, du pouvoir de guérison, et on lui dédia de nombreux
temples dans toutes les cultures occidentales. Lorsqu’elle était
identifiée au dieu médecin Asclépios, on lui attribuait de nombreux
miracles (il existait même à Délos un fonctionnaire religieux appelé
άρεταλόγος, arétalogue, qui avait le devoir de recenser les miracles
présumés qu’il accomplissait).
Les vocables [refael, rafael] et [serafim] pourraient porter
le souvenir d’individus qui se consacraient de manière spécifique aux
activités thérapeutiques, y compris naturellement les interventions
chirurgicales parfois complexes dont on a d’autre part de nombreuses
traces dans l’Antiquité.
197
Quel besoin a eu le « Dieu » de la religion, être spirituel et
omnipotent, d’opérer matériellement sur un corps ?
Et si nous voulons considérer ces récits comme rien de plus que le fruit
de l’imagination des auteurs bibliques ou de leur volonté d’utiliser des
allégories et des métaphores, nous devons constater qu’ils avaient
vraiment peu de considération pour l’unique seigneur de leurs vies dans
la mesure où ils le décrivaient comme lié à des opérations aussi
matérielles au moment même de ce qui est considéré comme le sommet
de la création.
198
proches de nous montrent des temps d’évolution nettement plus longs :
les chimpanzés n’ont pratiquement pas changé depuis quelque 5 millions
d’années. L’erectus est resté quasi identique durant environ 1,3 million
d’années… le sapiens est apparu en revanche avec une célérité à laquelle
on n’a pas encore trouvé d’explication satisfaisante.
Il existe en vérité des théories qui semblent nous fournir des hypothèses
envisageables sur le sujet, connues sous le nom de « néodarwinisme » et
« théorie des équilibres ponctués ». Lesquelles, pourtant, n’excluent de
toute façon pas la possibilité d’une intervention extérieure.
L’explication se trouve peut-être dans les récits des peuples de tous les
continents de la terre, eux qui nous racontent tous la même histoire :
celle des enfants des étoiles arrivés dans leurs machines volantes, avec
tout ce qui en a découlé, de la formation de l’homme aux événements
successifs…
La Bible ne fait exception !
Que cela plaise ou non, semble dérangeant ou pas, les récits sumériens
et l’Ancien Testament paraissent véritablement très proches. La Bible
nous raconte, dirait-on, une histoire par la suite retravaillée de manière
artificielle à la lumière d’une vision monothéiste mûrie au fil des siècles.
On a conservé du récit originel la pluralité des Elohim et l’aspect
matériel concret de ce que ces « dieux » ont utilisé pour créer l’homme «
avec » leur image et selon leur ressemblance. Le Dieu spirituel,
transcendant et unique, était étranger aux auteurs bibliques qui ont au
contraire raconté des événements largement concrets, en utilisant
naturellement les instruments culturels et linguistiques dont ils
disposaient à l’époque.
199
L’Elohim intervient et ne punit pas Caïn pour cet assassinat
gravissime, mais se contente de le chasser, l’éloigne de ce territoire.
Caïn s’en désole et, entre autres choses, affirme qu’il devra demeurer
errant et vagabond sur la terre et se lamente (Genèse 4:14) :
Certainement pas par ses sœurs ou frères tous plus jeunes que lui. En
outre, eux ne semblent pas avoir été exclus du clan tribal, donc il
devait forcément faire référence à d’autres gens.
200
Après la naissance de son fils Hénoch, Caïn se lance dans la
construction d’une ville (Genèse 4:1) : pour qui ? Pour quels
habitants, vu qu’il n’y a personne d’autre qu’eux et que Caïn a
été éloigné du groupe ?
Devons-nous supposer que les frères et sœurs aient
volontairement quitté Adam et Ève pour suivre Caïn qui avait
été banni ?
Ou bien pouvons-nous penser qu’Adam et Ève étaient les
fondateurs d’un groupe particulier que les Elohim s’étaient «
fabriqué » afin qu’il s’occupe de leur gan-eden ?
Une race spéciale, destinée à avoir avec eux un rapport spécial
? Privilégié ?
201
toutes les formes vivantes. Dans ce second cas, les durées se
mesurent en millions d’années.
202
Citons également la théorie des « équilibres ponctués », formulée par
les paléontologues Stephen Jay Gould et Niles Eldredge : ils tentent de
fournir une explication en affirmant que les changements évolutifs ont
lieu par sélection naturelle dans des laps de temps relativement courts
(200 000-300 000 ans). Ces phases de changement seraient entrecoupées
de longues périodes durant lesquelles les formes de vie demeureraient
substantiellement stables.
La science fait ce qu’elle a à faire : elle discute, débat, s’oppose.
Parmi ces montagnes d’hypothèses, je me permets de considérer
comme légitime celle qui envisage la possibilité d’une intervention
extérieure, et je suggère l’idée que les récits antiques puissent offrir la
solution.
Les interrogations et les doutes trouveront une réponse si, en
abandonnant l’entêtement dogmatique religieux et scientifique, on essaie
d’imaginer que les textes prétendument sacrés aient raison lorsqu’ils
nous exposent que des êtres intelligents venus des étoiles, parvenus sur la
planète Terre, sont intervenus pour former l’homme tel que nous le
connaissons.
Le chaînon manquant capable d’expliquer les incohérences qui
demeurent incompréhensibles à la lumière du créationnisme et de
l’évolutionnisme sera peut-être celui-ci : l’intervention génétique d’êtres
intelligents.
En résumé, nous nous trouvons face à une troisième hypothèse décrite
dans les textes que nous examinons : l’évolution sur terre a opéré et
continue à opérer selon les diverses modalités présentées par la science,
mais dans le cas de l’homme une intervention a pu lui donner un coup
d’accélérateur. De quoi produire de manière soudaine et artificielle ces
mutations qui ont déterminé la formation de notre espèce.
Puisque les diverses hypothèses scientifiques formulées jusqu’alors ne
sont pas universellement acceptées ni considérées comme satisfaisantes,
la science officielle pourrait essayer de chercher également dans cette
nouvelle direction sans naturellement écarter les autres : au fond, il
s’agirait seulement d’ouvrir l’esprit à de nouvelles possibilités.
203
Chapitre 8
Création ou… ?
C
oncluons ce livre en revenant au point de départ, au [bereshit], au
premier verset de la Genèse et de tout le prétendu livre sacré :
Mes questions :
Sommes-nous vraiment certains que c’est de création qu’il s’agit
?
Sommes-nous vraiment certains que Yahvé, le prétendu « Dieu »
de la théologie et d’un certain ésotérisme qui prétend prendre ses
distances par rapport à elle mais en dépend totalement en réalité,
ait créé le Ciel et la Terre ?
Nous allons examiner les passages qui, depuis des siècles, sont
interprétés en ce sens, mais demandons-nous avant tout ce qu’il dit, « lui
», ce Dieu à qui la création est attribuée.
La chercheuse L. bat Adam, dans l’ouvrage plusieurs fois mentionné,
écrit :
204
Il n’a bien entendu pas la nécessité de s’en acquitter avec Adam et Ève
puisque, comme nous l’avons vu, il les a formés (et non créés)
directement et était en contact constant avec eux.
En tout cas, il ne leur dit jamais être le créateur de tout ce qui existe.
Dans Genèse 6, nous lisons qu’« il » s’aperçoit soudain que l’humanité
n’est pas telle qu’il l’aurait souhaitée (il semble ici aller de soi que ce
personnage prétendument omniscient n’était pas capable de le prévoir). Il
s’en trouve profondément déçu et irrité, et décide de l’éliminer en
sauvant une unique famille, celle de Noé. Dans son dialogue avec Moïse
il ne fait aucune allusion à sa qualité de créateur de l’Univers, unique,
transcendant et universel. Nous pourrions penser que la décision
d’exterminer tous les êtres vivants aurait pourtant exigé une affirmation
de ce type : qu’il en était le créateur aurait pour le moins expliqué et
justifié son pouvoir absolu de vie ou de mort sur les êtres de chaque
espèce.
Mais il ne ressent pas le besoin de l’affirmer.
Dans Genèse 12, il s’adresse à Abraham et va droit au cœur du sujet : il
lui ordonne de partir, de quitter sa famille, ses proches, la maison de son
père, pour rejoindre une nouvelle terre, celle qu’il lui indiquera. Là
encore, aucune présentation, aucune auto-certification en tant qu’être
suprême. Et c’est le cas à chaque fois qu’il apparaît devant Abraham ou
ses descendants directs.
Avançons de quelques siècles. Après une longue absence au cours de
laquelle son peuple « élu » est contraint de s’exiler en Égypte pour
survivre à une terrible famine, il se souvient d’eux et décide de revenir
s’en occuper.
Dans Exode 3, Yahvé apparaît à Moïse et, pour se présenter, emploie
une méthode à laquelle nous ne nous attendrions pas de la part d’un Dieu
créateur de l’Univers : il donne son curriculum vitae, constitué d’actions
exclusivement terrestres et qui s’avèrent même largement inférieures à
celles accomplies par d’autres dirigeants tout à fait normaux de l’époque
– il n’avait bien sûr pas beaucoup d’autres éléments à fournir.
Encore une fois, il ne fait aucune référence à sa puissance créatrice.
Nous découvrons même quelque chose d’inattendu de la part d’un «
Dieu » universel : c’est avec étonnement que je remarque qu’il ressent la
nécessité de s’identifier, de se faire reconnaître, d’expliquer qu’il est
toujours « celui » qui a parlé avec Abraham, Isaac et Jacob. Celui des
promesses (qu’il n’a pas tenues jusque-là). Et qu’il fournit même des
indications sur la manière dont Moïse devra le présenter au peuple.
205
J’ai largement parlé de son nom dans les précédents ouvrages et je n’y
reviendrai pas, je me contenterai de souligner ici que tout besoin de se
faire reconnaître aurait été inutile s’il avait pu se présenter comme le
créateur absolu, l’unique : il n’y aurait pas eu besoin d’introduire
d’autres qualificatifs ou attributs de quelque sorte.
Mais ce n’était évidemment pas le cas : il savait bien qu’il n’était pas ce
que les constructions religieuses ou spirituelles ont fait de lui par la suite.
On dira qu’il ne voulait pas entraver la liberté de choix de ses fidèles.
On dira qu’il ne voulait pas s’imposer par des manifestations qui auraient
forcé les siens à l’accepter, tandis qu’il désirait que chacun choisisse de
manière autonome.
Mais voilà qui entre en opposition totale avec son comportement
ultérieur qui a consisté à se manifester sous la forme de prodiges destinés
à étonner, mais surtout à tuer, ou faire tuer, tous ceux qui osaient
s’opposer à ses impératifs : la chercheuse que nous avons déjà évoquée a
dénombré près de 40 000 de ses fidèles tués simplement pour ne pas
avoir suivi à la lettre les ordres qu’il leur avait donnés.
Si les choses étaient telles que le soutiennent les défenseurs à outrance
du caractère aimable de ce « Dieu », nous devrions reconnaître qu’il
avait une conception de la liberté véritablement très étrange : il laissait le
choix entre obéir ou se faire tuer.
En résumé, je confirme que Yahvé lui-même ne s’est jamais présenté en
tant que créateur de l’Univers.
Ce sont les commentateurs, les théologiens, les ésotériques, les
croyants, qui le qualifient ainsi.
Comment lire alors le premier verset de la Genèse ?
Ce premier chapitre nous raconte-t-il l’événement unique de la
création ou bien une histoire bien plus terrestre ?
Tout repose sur un vocable et sur les actions que les Elohim
accomplissent par la suite.
Je me demande en premier lieu :
Que signifie ce verbe [bara] qui est toujours traduit par «
créa » ?
206
Afin d’apporter des réponses crédibles et étayées à mes interrogations,
examinons les multiples occurrences bibliques de ce verbe et cherchons à
comprendre la signification réelle que lui attribuent les auteurs.
Nous sommes en présence d’une série de passages dans lesquels le
terme est répété pour rappeler l’acte attribué aux Elohim dans le verset
cité. Dans ce cas, la traduction correspond donc nécessairement à celle
qu’on a adoptée pour Genèse 1:1 ou 1:27, lorsqu’on parle de la
création/formation de l’homme.
Les voici : Genèse 1:21 ; Deutéronome 4:32 ; Qohélet 12:1 ; Malachie
2:10 ; Psaumes 89:13.48 ; 104:30 ; 148:5 ; Isaïe 40:28 ; 42:5 ; 45:7-8 ;
45:12 ; 65:17-18 ; Ézéchiel 28:13-15.
Dans ces passages, on ne fait que rappeler l’acte du premier verset de la
Genèse dont nous établirons la signification définitive au terme de notre
analyse.
Pour le moment, donc, je les laisse en suspens, car je procéderai dans le
prochain chapitre à l’examen détaillé des actions accomplies par les
Elohim, décrites dans les premiers versets du livre de la Genèse.
Pour prendre les choses dans l’ordre, je vais maintenant observer la
manière dont est utilisé le terme [bara] dans les autres passages de
l’Ancien Testament, ceux qui ne dépendent pas de la Genèse 1:1 et n’y
sont liés en aucune manière.
Cherchons à en comprendre le sens et à vérifier si ces deux affirmations
répandues parmi les commentateurs fidèles aux doctrines spiritualistes de
toutes sortes y correspondent :
1. Le verbe [bara] signifie toujours « créer ».
2. Le sujet de ce verbe est toujours « Dieu », car il est seul à
posséder la faculté de « créer ex nihilo ».
207
Genèse 5:1-2
Cet extrait évoque la création/formation des [adam] et reprend donc ce
que nous avons largement étudié dans le chapitre précédent.
Genèse 6:7
Nous découvrons ici une preuve textuelle supplémentaire que les deux
verbes que nous venons de rencontrer sont interchangeables.
C’est Yahvé lui-même qui parle et qui les utilise donc indifféremment.
L’auteur biblique nous raconte la période à laquelle les enfants mâles
des Elohim ont remarqué que les filles des [adam] étaient sexuellement
attirantes et en ont pris nombre pour compagnes. Yahvé décide à ce
moment de se désintéresser de l’espèce terrestre et même, en voyant la
méchanceté sans bornes de ces êtres qu’il a lui-même produits, décide de
les exterminer.
Et, en soliloquant peut-être, il dit (cependant, s’il parle tout seul, qui a
entendu ses propos pour les rapporter ?) : « J’exterminerai de la face de
208
la terre l’homme que j’ai créé ( [barati]), depuis l’homme jusqu’au
bétail, aux reptiles et aux oiseaux du ciel… »
Exode 34:10
Durant sa pérégrination dans le désert du Sinaï, Moïse rencontre
constamment Yahvé sur le mont où il reçoit des ordres et des
instructions.
Dans les circonstances décrites dans ce verset, Yahvé lui dit
textuellement :
Nous avons ici deux verbes, [asah] et [bara], qui sont utilisés en tant que
synonymes : Yahvé affirme qu’il accomplira des prodiges qui n’ont
jamais eu lieu sur terre dans aucun pays, comme le précise
immédiatement après le verset.
Il est clair que le verbe [bara], mis en relation avec [asah] et les
prodiges, ne signifie pas créer, car les deux actions se font écho et se
correspondent sur une signification univoque : les prodiges
s’accomplissent, se font, se réalisent, mais ne se créent pas à partir de
rien.
209
En outre, le verbe [bara] est à la forme passive et possède pour sujet
direct les prodiges, mais comme sujet implicite ce « quelqu’un » qui
théoriquement aurait dû ou pu les accomplir mais qui ne l’a jamais fait.
Ses prodiges sont uniques et donc différents de ceux accomplis par
d’autres.
Sans l’ombre d’un doute, le verbe [bara] ne signifie pas, ici non plus, «
créer ».
Nombres 16:30
Nous sommes toujours dans le même environnement, le désert. Et
toujours durant la même période, l’exode. Trois israélites, Koré, Datan et
Abiram, soutenus par deux cent cinquante hommes, remettent en
question la suprématie de Moïse et d’Aaron. Dans le chapitre consacré à
l’Arche d’Alliance, nous avons déjà vu la manière dont ces événements
se déroulent et la façon dramatique dont se termine l’épisode : Yahvé
intervient en personne et extermine les rebelles en faisant s’effondrer le
terrain sous leurs tentes, en tuant les familles des trois chefs de file et en
brûlant les hommes qui les avaient suivis.
Analysons ici le passage qui nous intéresse plus particulièrement.
Moïse convoque le peuple pour organiser l’épreuve qui déterminera qui
a le droit d’exercer le pouvoir : il laisse naturellement le choix à Yahvé
en disant (16:29) que, s’ils meurent de mort naturelle, il n’aura pas le
droit de conserver le pouvoir (que de fait il continuera à exercer) :
210
Moïse, c’est-à-dire l’hypothèse ou la menace d’une intervention qui,
lorsqu’elle se matérialisera, aura des conséquences fatales.
Aucune création, donc, et [bara beriah] est même annonciateur de
tragédie.
Josué 17:15-18
Nous changeons d’époque et de lieu : nous nous trouvons ici en pleine
guerre de conquête de la Terre promise. On tire au sort divers territoires
et la répartition donne aux fils de Joseph, Éphraïm et Manassé le
territoire qui s’étend du « Jourdain près de Jéricho, vers les eaux de
Jéricho, à l’orient. La limite suivait le désert qui s’élève de Jéricho à
Béthel par la montagne… et descendait à l’occident… pour aboutir à la
mer » (Josué 16:1 et suiv.).
Les deux fils de Joseph ne sont cependant pas satisfaits de cette
attribution car ils la jugent incohérente, disproportionnée par rapport au
nombre de familles qui composent leurs deux tribus. Ils affirment que la
montagne ne leur suffit pas, tandis que les plaines sont encore occupées
par les Cananéens qui possèdent des chars de fer – et nous avons déjà vu
dans les précédents ouvrages que la « bénédiction » de Yahvé n’était
d’aucune utilité contre les chars de guerre ennemis.
Josué leur répond que, si le territoire qui leur a été attribué ne suffit pas,
ils n’ont qu’à déboiser le versant de la montagne qui leur a été attribué
pour le rendre habitable.
Ce qui est formulé ainsi :
211
Il n’y a aucun doute : à deux reprises, le verbe [bara] indique clairement
l’acte de « couper des arbres », dans l’idée de déboiser un territoire pour
le rendre habitable.
Le sujet du verbe, qui n’est pas Dieu mais les deux tribus, doit travailler
quelque chose de préexistant afin de le modifier et de l’adapter aux
exigences du moment.
Encore une fois, le verbe [bara] ne crée rien, au contraire même, il «
élimine en coupant ».
1 Samuel 2:29
On raconte ici l’enfance de Samuel et comment il crût en taille et en
bonté aussi bien face à Yahvé que face aux hommes. Le service
sacerdotal au temple de Silo est mené par Éli. Dans ce passage, on
apprend que les Elohim n’étaient absolument pas satisfaits du
comportement de leurs fidèles et, en particulier, de ceux qui étaient à leur
service direct.
Ils envoient donc un messager au sacerdote en chef, messager qui le
réprimande durement et le menace. L’une des raisons de ce sévère rappel
à l’ordre, dont les conséquences retomberont sur la famille d’Éli, est liée
au mauvais usage qui est fait des sacrifices ordonnés.
Ce [Elohim-isc], « homme des Elohim », pose à Éli une
question qui est en réalité un dur reproche :
Bref, Éli est accusé de garder pour lui et pour sa famille les meilleures
parties des offrandes, mais ce qui nous intéresse ici est le sens du verbe
[bara] : « engraisser, faire engraisser ».
Comme dans les cas précédents, avec [bara] on ne crée rien mais, cette
fois, on « engraisse », accomplissant un acte indu et répréhensible qui a
de quoi, même, paraître ridicule (prendre du poids) si on pense à la
212
signification que la doctrine traditionnelle veut donner à ce verbe. En
outre, là encore, le sujet n’est pas « Dieu » mais Éli, ou peut-être
l’ensemble de sa famille.
Ici encore, [bara] n’est pas une question de création.
Psaumes 51:10
Ce psaume est attribué à David et contient les lamentations d’un pécheur
qui demande à être pardonné.
Au verset 10, il s’adresse à l’Elohim et dit :
Psaumes 102:18
Il s’agit d’un psaume dans lequel un prince illustre son programme de
gouvernement et les règles qui régissent tant sa vie privée que celle
publique.
Dans le verset cité, on dit que toutes ces indications doivent être écrites
pour les générations futures…
213
Ésaïe 4:5
Dans la première partie du livre d’Ésaïe se trouve un appel à la
conversion pour éviter l’intervention punitive de Yahvé, dont ne
réchappera qu’une petite partie des gens.
Au jour de son intervention, il se manifestera et
Ésaïe 41:20
Au chapitre 41, Ésaïe décrit l’avènement de Cyrus le Grand qui, guidé
par Yahvé, libère le peuple de l’esclavage de Babylone et l’autorise à
regagner sa patrie. À partir du verset 8, l’invocation s’adresse
directement aux enfants d’Israël qui sont encouragées par la promesse de
l’intervention de leur seigneur : il accomplira pour eux une série
214
d’actions qui visent à reconstruire la nation et à la doter de nouvelles
richesses et de la prospérité matérielle.
Yahvé, en effet, affirme qu’il aidera son peuple, lui donnera une
nouvelle force, se dressera contre ses ennemis, transformera déserts,
vallées et montagnes en terres fertiles…
Le verset 20 exprime un souhait qui se présentera en réalité comme une
certitude. Tous verront et comprendront que c’est le seigneur d’Israël lui-
même qui « accomplit ces actions », que…
Les deux verbes que nous avons déjà rencontrés, utilisés successivement,
[asah] et [bara], définissent les interventions de Yahvé qui accomplit des
actions de différentes sortes en agissant sur la situation et en
transformant certains éléments : sociaux, civils, géographiques…
Comme on le comprend bien, le verbe [bara] ne contient aucune
référence à une création ex nihilo, mais indique avec clarté une
intervention qui se traduira par une transformation positive.
Ésaïe 43:1
Le prophète rapporte les paroles que Yahvé adresse directement à son
peuple. Il introduit le discours direct par la formule : « Ainsi parle
maintenant Yahvé… »
Nous ne pouvons certes pas douter que Jacob, fils d’Isaac et Rebecca,
n’a pas été créé à partir de rien. Nous notons également comment, dans
ce passage aussi, le verbe [bara] est employé parallèlement à un autre
terme, [iatzar], qui signifie « donner forme, modeler ».
Jacob, entendu en tant que peuple d’Israël, est « formé et modelé ».
Avec [bara], aucune création donc, même dans ces circonstances.
215
Ésaïe 43:7
Yahvé, par l’intermédiaire du prophète, rappelle ses actions constantes en
faveur du peuple et promet qu’il ramènera à lui ses élus dispersés aux
quatre coins du monde : il les fera revenir de l’Orient, de l’Occident, du
Septentrion et du Midi.
Il les appelle affectueusement « fils et filles » et dit :
Ésaïe 43:15
Le concept que renferme ce verset est parfaitement identique à celui
exprimé dans les deux que nous venons d’examiner.
Ici, Yahvé se présente à la première personne et rappelle l’importance
incontournable de son intervention dans la naissance du peuple.
Il se définit donc comme :
Ésaïe 48:7
Yahvé rappelle dans ce chapitre des événements passés et en promet
d’autres.
Il dit que ceux qui se sont déjà réalisés, il les avait annoncés auparavant
afin que personne ne puisse en attribuer les mérites à d’autres Elohim, et
il en annonce maintenant de nouveaux. Des événements dont l’origine et
216
la décision d’exécution sont récentes et dont le peuple ne peut donc pas
encore avoir connaissance.
Il affirme donc que le peuple n’en avait jamais entendu parler avant et
que, par conséquent, il n’aurait jamais pu dire qu’il les connaissait.
Yahvé fait ici clairement référence à de nouvelles décisions, de
nouvelles intentions, de nouveaux programmes opérationnels, dirais-je,
et il va de soi que personne ne penserait à rapprocher d’un acte créatif les
décisions que prend, établit et met en place un dirigeant avec ses sujets.
Le verbe [bara] ne renvoie à aucune création.
Ésaïe 54:16
Dans ce verset, le verbe [bara] est employé deux fois.
Yahvé décrit la Jérusalem qui renaîtra après le retour définitif du peuple
dans sa patrie.
La ville sera reconstruite, riche et resplendissante comme jamais, et ce
sera Yahvé lui-même qui formera et instruira (54:13) ses enfants, les
citoyens d’une ville nouvelle.
Soulignons au passage que tous les textes que nous possédons ont été
rédigés plusieurs siècles après les événements relatés. Leur valeur
prophétique est donc une simple allégation et relève d’un acte de foi.
Dans cette œuvre de reconstruction, de renouveau et de formation des
nouveaux citoyens, il cite deux catégories d’ouvriers particulièrement
importants et affirme :
217
La ville et ses habitants feront donc l’objet d’une intervention directe de
Yahvé qui, comme le texte le montre bien, n’opère pas une création à
partir de rien, mais à travers un renouveau complet sur les plans matériel
et spirituel, et je dirais même culturel, de son royaume et de ses fidèles.
Yahvé veille à former et à instruire pour garantir le bon devenir de ceux
qui le servent avec dévotion.
Je note une fois de plus que le verbe [bara] n’a rien à voir avec le
concept de création.
Ésaïe 57:19
Le chapitre 57 se présente comme un véritable réquisitoire prononcé
contre les formes de religiosité déviées suivies probablement par cette
petite partie des Hébreux qui étaient restés en Palestine à l’époque de
l’exil à Babylone.
Lesquels, abandonnés à leur sort, sans plus aucune référence culture et
civile, s’étaient naturellement tournés vers des types de culte diffusés
auprès des populations cananéennes avec lesquelles ils vivaient.
Après la condamnation, cependant, surgit une possibilité de pardon et
de rédemption pour ceux qui sont prêts à reconnaître leurs fautes.
À ceux qui sont affligés et contrits, il promet donc :
Jérémie 31:22
Ce chapitre contient le fameux verset dramatique des « cris à Rama », les
lamentations et les pleurs de Rachel sur ses enfants exilés (31:15-46),
mais aussi la promesse d’une consolation : « Ils reviendront du pays de
l’ennemi », la rassure ainsi Yahvé.
Le verset 22 est très mystérieux et les commentateurs de toutes les
époques se sont creusé la tête sur sa signification, mais je m’en tiendrai
au terme qui nous intéresse, [bara].
218
Voici le passage :
Ézéchiel 21:19
Yahvé énonce des prédictions. Le prophète Ézéchiel est son porte-parole
qui transmet les menaces adressées contre Jérusalem et la nation entière :
il dit que Yahvé a sorti son épée du fourreau et ne compte pas l’y
replacer.
Les prédictions se portent ensuite sur d’autres cibles, et les menaces et
punitions seront accomplies par l’épée du seigneur de Babylone.
Yahvé, dans les versets 19-20, s’adresse à Ézéchiel pour lui ordonner
de tracer deux routes pour le passage du roi de Babylone. Elles devront
toutes deux partir du même pays.
Il précise son ordre par l’indication suivante :
219
La tradition tient ce verset pour un ordre, celui de placer un signe, une
indication, au début du chemin qui mène à la ville.
Mais je ne m’intéresse qu’à l’utilisation du verbe [bara] dont la
signification, à la forme à laquelle il se trouve dans ce passage, est
comparable à celle que nous avons déjà rencontrée dans Josué 17:15-18 :
« couper, abattre, mettre à terre… ».
Si le terme [iad] fait effectivement référence à une indication du
chemin vers Jérusalem, comme semblent le montrer les versets suivants,
alors le verbe [bara] utilisé à deux reprises désigne le geste de couper
(une branche, un tronc ?) et de placer à terre un signal qui indique la
direction que devra suivre le roi de Babylone pour atteindre sa
destination (versets 21-23).
Quelle que soit la signification de l’ensemble du verset, nous pouvons
être certains que le verbe [bara] n’a ici rien à voir avec un acte de
création.
Ézéchiel 21:30
Ce chapitre est riche en prophéties menaçantes et parfois, il faut le dire,
également un peu obscures.
À propos des enfants d’Ammon, on dit qu’ils seront atteints par l’épée
de Nabuchodonosor : cette même arme qui a vaincu Israël et sa capitale,
Jérusalem.
On ne comprend pas avec certitude si le verset 30 s’adresse à cette épée
ou au peuple des Ammonites représentés en tant qu’arme qui doit être
abattue et détruite, mais ce qui m’intéresse est de déterminer l’utilisation
et la signification du verbe [bara].
Yahvé ordonne à cette épée :
220
Et poursuit ainsi son avertissement : « Je te jugerai dans le lieu où tu as
été créé, dans le pays de ta naissance. »
Ézéchiel 23:47
Dans ce chapitre est évoquée l’histoire des royaumes de Samarie et Juda.
On condamne leur infidélité et les pactes régulièrement conclus avec les
peuples environnants.
Ces rapports ont engendré la diffusion de cultes rendus à d’autres
Elohim.
Samarie et Juda, appelés Oholà et Oholibà (« tente sa » et « tente en
elle »), sont comparés à une femme adultère ou à une prostituée et
devront subir une punition : terreur, saccage, incendies, lapidations et
épées seront les instruments divins.
Amos 4:13
Le prophète Amos rappelle plusieurs interventions, souvent inutiles,
accomplies par Yahvé pour ramener le peuple au respect du pacte de
221
fidélité conclu avec lui, et invite de nouveau Israël à se préparer à une
rencontre avec son seigneur, ainsi défini : « Celui […] qui fait connaître
à l’homme ses pensées, Celui qui change l’aurore en ténèbres, Et qui
marche sur les hauteurs de la terre : Son nom est Elohim des armées. »
Considérations générales
J’ai examiné les dix-neuf passages dans lesquels la racine [bara] est
utilisée. Nous avons vu, au-delà de tout doute raisonnable, qu’on n’y
trouve pas de lien direct avec le prétendu acte de création raconté dans le
livre de la Genèse, dont je parlerai dans le prochain chapitre.
Aucune des occurrences que j’ai traduites n’est en lien avec le concept
de « création » et encore moins avec l’hypothèse d’une « création ex
nihilo ».
Les différents emplois renvoient invariablement à des actes accomplis
sur une situation préexistante en fonction de laquelle le sujet (Yahvé,
mais pas seulement) intervient pour entraîner des modifications, des
variations, des remodelages, dans des buts parfois exprimés
explicitement : couper des arbres, tuer, rendre un territoire habitable,
punir, agir sur les pensées et les comportements, accomplir des prodiges,
instaurer de nouvelles situations et conditions sociales, placer un signal,
engraisser…
222
Donc, si nous analysons cette racine comme le rappel du prétendu acte
de création initial dans des contextes nouveaux par rapport à ceux qui
sont traditionnellement considérés, nous observons que [bara] n’est
jamais employé pour indiquer une quelconque forme de création.
Ce que nous venons de voir, plusieurs textes le confirment, aussi bien
anciens que modernes :
Dans le Corpus Inscriptionum Semiticarum (un recueil
d’inscriptions en langues sémitiques datant de la fin du IIe
millénaire av. J.-C. à 622 ap. J.-C.), section i.347, le terme
[habara] désigne le métier de graveur. Et dans le Brown-Driver-
Briggs Hebrew and English Lexicon43 le verbe [bara] est
traduit par : « form, fashion by cutting, shape out » (former,
modeler en coupant, extraire une forme).
Nous voyons donc ici encore, très clairement et sans le moindre doute, le
concept d’une intervention sur quelque chose de préexistant.
Dans les traités de l’Ancient Hebrew Research Center, on trouve
un article de Jeff A. Benner (fondateur du centre d’études et
auteur de l’un des dictionnaires cités en bibliographie) dans
lequel il dit en substance : le [bara] du premier verset du livre de
la Genèse ne signifie pas « créer » mais intervenir, surtout dans le
but de remplir. L’auteur soutient donc que Dieu n’a créé ni le Ciel
ni la Terre, mais les a engraissés, fertilisés et remplis, rendus plus
substantiels (souvenez-vous de la manière dont cette signification
apparaît clairement, par exemple dans 1 Samuel 2:29).
Et pour cause, comme le fait observer cet article, les versets suivants de
la Genèse racontent comment Dieu remplit de ciel, la terre et les eaux de
diverses formes de vie.
L’auteur, dans l’une des vidéos d’analyse présentes sur le site
www.ancient-hebrew.org, affirme en outre que la langue hébraïque est
née, sous sa forme écrite, de signes possédant des significations
concrètes et non abstraites.
Les abstractions conceptuelles ont ensuite été attribuées au fil du temps
(c’est également ce qui s’est produit avec la langue suméro-akkadienne).
223
« La pensée grecque voit le monde à travers l’esprit (pensées
abstraites), la pensée hébraïque ancienne voit le monde à travers
les sens (pensée concrète). La pensée abstraite exprime des
concepts et des idées par des moyens qui ne peuvent être vus,
touchés, sentis, goûtés ou entendus. La pensée abstraite est un
concept étranger à l’esprit des anciens Hébreux. »
C’est ce que j’affirme dans tous mes travaux : le sens littéral immédiat
est, très probablement, celui qui prête le mieux à comprendre la pensée
des auteurs bibliques qui nous ont transmis des chroniques, des récits
d’événements réels et non des concepts abstraits.
Cette notion est particulièrement importante pour le sujet auquel je
m’intéresse dans ces deux derniers chapitres : une vision concrète dès le
début, c’est-à-dire dès le premier verset de l’Ancien Testament.
David M. Gordis (rabbin, président de l’Hebrew College du
Massachusetts où il enseigne) écrit que tous les actes accomplis
avant la formation de l’homme sont aussi importants et
substantiels que cette formation humaine même45.
D’après les analyses des diverses occurrences bibliques que nous venons
d’étudier, et si on les traduit sans aucune clé d’interprétation, je peux
conclure que [bara] n’indique absolument pas une « création ex
nihilo ».
D’où mes questions :
Quel est le véritable sens probable du premier verset du livre de
la Genèse ?
224
Chapitre 9
… ingénierie hydraulique ?
P
oursuivons notre recherche analytique de la signification du verbe
[bara] dans les passages bibliques où il se rencontre.
Je vous rappelle qu’il nous en reste douze à examiner
(Deutéronome 4:32 ; Qohélet 12:1 ; Malachie 2:10 ; Psaumes 89:13-48,
104:30 et 148:5 ; Ésaïe 40:28, 42:5, 45:7-8, 45:12 et 65:17-18, Ézéchiel
28:13-15) dans lesquels la racine [bara] est utilisée une ou plusieurs fois
et auxquels nous ajoutons maintenant Exode 45:18, qui mérite d’être
rappelé.
Ces occurrences sont en attente de définition car elles constituent de
simples répétitions ou un rappel de ce qui est raconté dans le premier
verset de la Genèse, que la tradition a toujours considéré comme le récit
de l’acte de création unique, celui qui aurait donné origine à tout.
La signification de ces passages dépend donc du premier, que nous
analysons maintenant :
225
par exemple écrire « le peuple », en sachant bien que nous faisons
référence à un ensemble de personnes, même si nous utilisons un verbe
au singulier.
Il est tout aussi souvent utilisé pour désigner un unique Elohim. Là
encore, il ne s’agit pas d’une forme si étrange qu’elle paraisse, elle se
rapproche de celle que nous utiliserions pour dire qu’« un Dupont, un
Durant », a fait telle ou telle chose, afin de signifier que c’est l’un des
membres de cette famille, de ce groupe, qui a agi.
226
À vrai dire, il faut préciser que la lecture attentive du verset 2 aide à
comprendre qu’au septième jour, il [yical] « porta à terme » son
travail.
Il n’est donc pas vrai qu’il respecta un repos absolu, comme on le
raconte toujours : il a travaillé même le septième jour, et ce n’est
qu’après avoir « porté à terme » son œuvre qu’il [shavat] « s’abstint
».
Cette remarque n’est pas directement en lien avec notre thème, mais
elle nous montre la manière dont certains lieux communs se sont
propagés dans le temps sans aucune vérification.
Nous découvrons donc une information intéressante et pour le moins
inattendue, si l’on pense à une œuvre accomplie par un « Dieu » : la
prétendue création a demandé beaucoup de temps et n’a pas eu lieu sous
la forme d’un acte unique, mais d’une succession d’actions, génératrices
d’une fatigue typique de quelqu’un qui accomplit un [melakhah], c’est-à-
dire un travail matériel tout à fait commun. Elle s’est donc achevée par la
décision finale de s’arrêter, comme on le fait habituellement lorsqu’on
est arrivé au terme d’un projet auquel on se consacrait.
Il faut dire qu’il s’agit d’une conception pour le moins originale de
l’acte de création, certainement un peu difficile à comprendre si on
l’attribue à un être « omnipotent ».
Au verset 3, cité plus haut, le verbe [bara] est en outre placé en
parallèle avec le verbe [asah] qui en confirme l’aspect concret :
[asah] possède en effet toujours le sens de « faire, construire, opérer et
réaliser matériellement ».
Les Elohim se sont donc « abstenus » parce qu’ils avaient
terminé : en quoi leur travail a-t-il consisté ?
227
Ce prétendu « acte de création » se manifeste donc en réalité par une
opération bien plus concrète qui a consisté à construire, agir, opérer sur
ce qui existe déjà afin de le transformer.
Les deux vocables décrivent de manière efficace sur le plan visuel une
situation précise :
La terre (la zone sèche) était « informe, non modelée » et «
déserte, vide, non habitée ».
Personne ne s’y était encore installé.
Personne ne l’avait travaillée.
228
Personne n’y était intervenu auparavant pour la transformer dans
un but et avec des objectifs précis.
Le second terme [vohu, bohu], n’est jamais utilisé seul dans la Bible. Les
quelques fois où il apparaît (Genèse 1:2 ; Jérémie 4:23 ; Ésaïe 34:11), il
est toujours associé au premier.
Il est intéressant de remarquer que la racine arabe correspondant à
[vohu, bohu] possède entre autres significations celle d’« être beau,
désirable », mais surtout que ces deux termes sont déjà présents dans la
langue phénicienne, c’est-à-dire dans la culture ougaritique dont ils
proviennent, et que, dans la Septante, en langue grecque, le terme [vohu,
bohu] est traduit par akataskeuastos, pour indiquer que le territoire, à
l’époque, n’était pas « travaillé, préparé, cultivé » : une clé de lecture
décidément intéressante pour l’hypothèse que je suis en train d’examiner,
poussé par la signification littérale des termes.
Nous découvrirons bientôt que même « les eaux » (les prétendus cieux)
devaient être modifiées.
Vous vous souvenez certainement des nombreuses fois où nous avons
rencontré dans le chapitre précédent le verbe [bara] dans le sens
d’intervenir pour « modifier, couper, agir sur, modeler, façonner » une
situation préexistante afin de l’adapter à des fins et des utilisations
spécifiques : c’est en effet le sens que possède ce verbe chaque fois que
les auteurs bibliques l’utilisent.
Le territoire était donc inhabité et à son état naturel, sauvage, vierge.
Après cette description de la situation de départ, nous abordons un
passage dans lequel il est dit que le [ruach] des Elohim « se mouvait au-
dessus des eaux » : j’en ai largement parlé dans le chapitre consacré à ce
sujet et je n’y reviendrai pas ici.
Pour le contexte qui nous intéresse, je me demande seulement si les
eaux au-dessus desquelles il flottait ne sont pas justement celles
désignées par le terme [shamaim], dont j’ai dit qu’il signifiait « là-
eaux ».
Ce pourrait être le cas, comme nous allons le voir maintenant.
Les versets 3 et 4 rendent compte de l’obscurité qui régnait sur le
territoire et de la nécessité de « faire la lumière » afin d’acquérir une
vision d’ensemble et de pouvoir ensuite prendre les décisions
nécessaires. « Faire la lumière » et distinguer la partie « claire » de celle
« sombre, obscure », n’est certainement pas lié ici à la succession du jour
et de la nuit, étant donné que les prétendus « luminaires » préposés à
229
cette fin (le Soleil et la Lune), ne font leur apparition qu’au quatrième
jour, donc bien après.
Remarquons que les végétaux germent au troisième jour, c’està-dire
avant l’apparition du Soleil et de la Lune : apparemment, une énorme
incohérence ou, pour le moins, un fait curieux (une étourderie des
auteurs bibliques ?), puisque sans lumière solaire, les plantes vertes ne
sauraient exister.
En partant de cette bizarrerie incompréhensible, nous pouvons, et
même nous devons, nous poser une question :
Puisque les végétaux prospéraient dès le troisième jour (ou la
troisième période), les luminaires du quatrième jour (ou période)
sont-ils véritablement le Soleil et la Lune, ou bien la définition
d’un système d’éclairage mis en place et en fonctionnement sur la
[raquia] dont nous parlerons plus loin, pour bénéficier de lumière
en cas de besoin sur la terre ferme [ ]?
Le (la) [raqia]
230
Le verset 6 nous apprend que les Elohim ressentent le besoin de «
séparer » les eaux.
Les Elohim établissent donc que les eaux doivent être divisées en deux
parties par un quelque chose nommé [raqia], un terme habituellement
traduit par « firmament ».
La tradition religieuse essaie ainsi d’affirmer qu’à ce moment « Dieu
créa (?) » le ciel étoilé qui aurait visé à séparer les eaux « inférieures »
des « supérieures ».
Bien entendu, personne ne peut savoir où il aurait fallu situer ces eaux
qui sont au-dessus : mais au-dessus de quoi ?
Les Anciens savaient bien que la pluie tombant du ciel ne provenait pas
d’improbables trous présents dans une coupole, mais de simples nuages.
Question :
Que désigne le terme [raqia] (masculin en hébreu) ?
Quel est cet élément qui sépare les deux étendues d’eau ?
Qu’ont réellement décidé de « créer » les Elohim après avoir pris
connaissance de l’ensemble de la zone sur laquelle ils « se
mouvaient » avec leur [ruach] ?
Le projet est mis en œuvre dès le verset d’après, dans lequel nous allons
souligner quelques détails utiles à comprendre la nature concrète de
l’intervention menée par ces colons (Genèse 1:7) :
231
Nous remarquons tout de suite que ce [raqia] dont nous parlerons
prochainement est « construit », [asah] : ce n’est pas même le verbe
[bara] qui est utilisé.
Voilà une notable distinction.
Si je voulais me conformer à la vision traditionnelle, il me faudrait
prendre acte d’une étrangeté : après avoir « créé » les cieux et la terre, «
Dieu » aurait délaissé ce type d’activité, qui était sa prérogative
exclusive, et serait passé à une œuvre de « construction » plus standard et
concrète.
En somme, les cieux et la terre auraient été « créés », tandis que le
prétendu firmament aurait étrangement été « construit, fabriqué ».
232
Comment appelons-nous habituellement une superficie solide, étendue,
qui sert de base et de fondation, construite à grand renfort d’énergie et
capable de séparer les eaux qui sont au-dessus de celles qui sont au-
dessous ?
Nous la nommons barrage, digue.
Les traducteurs, conditionnés par la pensée théologique, n’ont pas pu et
ne peuvent toujours pas accepter l’idée que « Dieu » ait construit un
barrage, et après avoir étiré au maximum la signification de [bara], ils
ont dû et doivent encore poursuivre sur la même ligne en attribuant à
[raqia] une acception compatible avec leur vision : c’est ainsi qu’ils en
ont fait un « firmament ».
233
Mais, bien sûr, il y autre chose, car ce n’est qu’une concordance
intéressante, mais certainement pas une preuve.
La Bible rapporte que les Elohim, au terme de chaque intervention
qu’ils pouvaient considérer comme achevée, observaient le travail
accompli et déclaraient leur satisfaction par une expression toujours
identique en substance (Genèse 1:10.12.18.21.25.31) :
En gros, ils constataient que le travail accompli était « une bonne chose
».
Dans deux cas, cependant, tel ne fut pas le cas.
Au premier jour (ou à la première période), les Elohim arrivent avec
leur [ruach], prennent connaissance de la situation générale du territoire
(1:1-2) et décident des tâches à accomplir (1:3-5).
Le premier acte s’achève ainsi. Nous pourrions le qualifier d’«
exploration », durant laquelle ils n’accomplissent aucune action concrète
et n’expriment donc pas la satisfaction que j’ai évoquée.
Le deuxième passage est encore plus intéressant, car on s’attendrait à y
trouver cette affirmation.
Au deuxième jour (ou période), débute la véritable opération : les
Elohim établissent qu’ils vont contrôler les eaux et construisent le
barrage que j’ai mentionné (1:6-8).
Mais en dépit d’un dur labeur pour cette construction, au terme du
deuxième jour et de cette intervention certainement très exigeante, ils
n’expriment pas leur satisfaction.
Pourquoi ?
Parce que leur œuvre n’est en réalité absolument pas terminée. Ils
savent bien que le territoire ne possède pas encore les caractéristiques
nécessaires pour répondre aux exigences d’une colonie nombreuse.
Dans sa partie supérieure, le barrage garantissait la réserve hydraulique
nécessaire – « là-eaux », nous l’avons vu – mais les eaux des
territoires situés en contrebas devaient encore être maîtrisées et
modelées.
Ce travail demandait encore des interventions, devait être perfectionné,
et l’on ne pouvait donc se déclarer satisfait.
234
Sous le barrage
Une fois l’eau en amont arrêtée et maîtrisée, il fallait procéder aux
travaux d’aménagement en aval.
Une petite précision avant de passer à l’analyse.
Je situe les événements dans un territoire montagneux et une plaine
située en contrebas : le barrage, dans ce cas, aurait formé une retenue en
amont utilisée pour, par la suite, irriguer une plaine située en aval, mais
toute l’opération décrite pourrait tout aussi bien faire référence à une
intervention qui visait à endiguer la force de la mer pour obtenir des
terres sèches et habitables.
Je dois dire cependant que cette hypothèse ne garantit pas la réserve
d’eau douce nécessaire à l’installation des colons sur ce territoire dans
lequel, dit souvent la Genèse, ils firent pousser toutes sortes de végétaux
et élevèrent de très nombreuses espèces d’animaux. Le barrage construit
dans une vallée fluviale, en outre, correspondrait avec davantage de
précision à la séparation claire que le texte établit entre les eaux qui sont
« au-dessus » et celles qui sont « au-dessous », comme nous l’avons vu
dans les versets examinés.
En plus, autant la Bible que les textes extra-bibliques, tels que les
tablettes cunéiformes suméro-akkadiennes, situent toujours le centre de
commandement (l’habitation) des soi-disant divinités (Elohim, ILU ou
ANUNNA) dans des territoires montagneux, élevés. Je pense donc que la
réserve hydraulique était située dans ces territoires, pour des raisons
pratiques évidentes de disponibilité et d’utilisation de l’eau destinée à de
multiples usages, comme la consommation directe ou la production
d’énergie.
Je n’ai aucune certitude absolue et je ne perdrai donc pas de temps à
tenter de défendre l’une ou l’autre hypothèse, car le contenu biblique ne
nous fournit pas d’indications plus précises : par choix méthodologique,
je préfère m’en tenir à cette hypothèse « hydraulique ». D’autres écrits
formulent et soutiennent d’autres thèses, et le lecteur pourra donc
consulter les œuvres citées en bibliographie. Ce qui m’intéresse ici est de
mettre en évidence le cœur de la narration : illustrer, donc, l’opération de
retenue et de contrôle des eaux, où qu’elle ait eu lieu.
Une opération matérielle que les doctrines théologiques et spiritualistes
diverses et variées lisent et présentent comme la création ex nihilo de
l’univers entier.
235
Une fois cette précision indispensable apportée, revenons au texte pour
comprendre ce que nous ont transmis les auteurs de l’Ancien Testament.
Nous avons dit que les Elohim n’avaient pas exprimé leur contentement
car ils considéraient que leur opération n’était pas achevée.
Nous sommes maintenant au troisième jour et l’Elohim dit (Genèse
1:9) :
Les Elohim interviennent donc sur les eaux qui se trouvent sous la
[raqia] et font en sorte de les concentrer, de les recueillir, de les contenir,
afin de faire émerger des terres asséchées.
Il nous semble assister à une opération qu’on pourrait résumer de la
sorte : une fois le flux des eaux bloqué et contrôlé en amont, on continue
en améliorant le territoire en contrebas, en maîtrisant et canalisant les
eaux de la plaine afin d’assécher des terres, mais tout en ménageant une
possibilité d’irrigation à disposition pour les activités à venir.
Cette intervention produit le résultat escompté.
Dans 1:10, on dit que :
Nous l’avons déjà dit, « donner le nom », dans les langues sémitiques,
signifie définir les qualités et les fonctions de la personne, de l’objet ou
de la situation en question.
Une fois leurs aménagements terminés, les Elohim identifient, en les
nommant, les deux situations qu’ils ont « créées » : la terre sèche et les
eaux disponibles car maîtrisées.
Nous n’avons pas traduit le dernier mot du verset, [iamim], car il
demande une attention particulière. On le traduit traditionnellement par «
236
mers », mais selon l’Etymological dictionary47… sa première
signification est « eaux limpides ».
Cette acception correspond parfaitement au résultat d’une intervention
en vue de l’amélioration d’un territoire : d’un terrain marécageux et
boueux, dans lequel la terre et l’eau sont mêlées, l’on fait naître un
terrain sec, ferme, compact – c’est là le sens de [iabbashah] – et
donc cultivable, et l’on obtient en outre des eaux propres, concentrées
dans des bassins ou, mieux encore, des canaux.
Je souligne que ce n’est qu’après avoir mené cette opération
d’aménagement à terme que leur tache pouvait être considérée comme
achevée et qu’ils pouvaient donc ressentir et exprimer cette satisfaction.
Ce qui n’était pas le cas après la seule construction du barrage.
Et dès lors, le verset 10 s’achève par l’expression que nous avons
examinée plus haut :
Ils avaient obtenu des résultats satisfaisants et tout était prêt pour passer
aux étapes suivantes (1:11 et suiv.) : se munir de toutes sortes de
végétaux, planter des arbres fruitiers, cultiver les graminées qui, on le
sait, sont une source de nutriment fondamentale, obtenir des graines et
ainsi de suite…
Le reste du premier chapitre de la Genèse présente d’autres
interventions qui ne sont pas en lien avec le thème de cet ouvrage et qui
seront donc traitées en une autre occasion.
RÉCITS EXTRA-BIBLIQUES
Citons deux passages empruntés à la littérature suméroakkadienne,
qui racontent les origines, le moment auquel tout a débuté, cette «
génération » que nous avons évoquée dans le récit du [bereshit]
biblique.
237
digue érigea sur la rive de la grande eau ; […] marais en terre
sèche transforma. »
La terminologie utilisée rappelle très nettement l’épisode de la
Genèse que nous venons d’examiner48.
238
Il est important de souligner que les traductions de cette tablette
précisent que les ANUNNA (connus dans la Bible sous le nom
d’Elohim), proviennent d’une demeure céleste dépourvue de
végétation et que, à une époque, ils n’étaient pas présents sur notre
planète.
Il s’agit d’un élément capital pour ceux qui soutiennent que les
ANUNNA/Elohim, loin de constituer une civilisation exclusivement
terrestre, étaient au contraire d’origine extraterrestre.
Cela dit, je ne débattrai pas ici de cette question, car je me contente
d’examiner la Bible qui, elle, ne nous apporte pas davantage
d’éléments sur ce point.
239
Leur lecture nous aide à comprendre encore mieux à quel point le
concept de création était absent des esprits et des intentions des auteurs
bibliques.
Genèse 2:4
Nous trouvons là encore l’utilisation parallèle et interchangeable des
verbes [bara] et [asah] que nous avons déjà rencontrée plusieurs fois :
L’auteur nous dit que « terre et là-eaux » (le nom que Yahvé avait donné
à la - au - [raqia]) sont apparues avec des « générations », c’est-à-dire par
une succession d’événements qui ont eu lieu au fil du temps et,
précisément, durant la période temporelle (définie comme le jour) où les
Elohim se sont consacrés à leur remodelage fonctionnel (et non pas à
leur création).
Genèse 14:19
Ce passage est un exemple criant de la manière dont l’obstination de la
pensée doctrinale, et celle de nombreux traducteurs qui y sont liés, ne
tient pas même compte des évidences textuelles qui ne requièrent pas
d’interprétations, mais un simple respect de ce qui est écrit, au premier
degré, dans le texte hébreu.
Le besoin de diffuser la conviction dogmatique selon laquelle Dieu a «
créé » la Terre est tellement enracinée et influente qu’on la voit surgir
inopinément même dans la traduction de termes à la signification
totalement différente.
Dans le chapitre 14 du livre de la Genèse, voici le récit de la rencontre
entre le patriarche Abraham et Melchisédech, roi de Salem
(probablement Jérusalem).
240
Au cours de la campagne menée par Kedorlaomer (roi d’Élam) contre
cinq villes qui s’étaient rebellées, tombent Sodome et Gomorrhe. Ces
deux cités sont conquises et tous leurs biens deviennent propriétés du roi
d’Élam et de ses alliés. Parmi les prisonniers figurent également Loth,
neveu d’Abraham, et sa famille.
Lorsqu’il a vent des événements, Abraham intervient : il suit ses
ennemis et parvient à libérer son neveu.
À son retour victorieux, Melchisédech célèbre l’événement par la
préparation du pain et du vin, puis bénit Abraham et El Elyon.
Melchisédech est qualifié de roi de Salem et [cohen le El-
Elion] « sacerdote pour l’El qui est en haut » : en pratique, il est le
gouverneur local directement placé sous les ordres du chef des Elohim.
J’ai évoqué dans mes précédents ouvrages le personnage du « sacerdote
» biblique et les caractéristiques qui le différencient nettement de l’image
des prêtres actuels. Je me contenterai ici de rappeler que le [cohen]
biblique remplissait des fonctions correspondant à celles d’un
gouverneur territorial ou d’un serviteur du commandant : il s’occupait de
lui, de ses exigences matérielles (nourriture, demeure…), et non de l’âme
des sujets.
Ce qui nous intéresse, cependant, est de constater que Melchisédech
bénit le commandant suprême et qu’en bénissant à son tour Abraham il
utilise en référence à « Dieu » une qualification particulière (verset 19) :
Exode 20:11
241
L’Elohim, par l’intermédiaire de Moïse, transmet une série de règles que
le peuple devra respecter.
L’une d’elles, et sûrement parmi les plus importantes, est l’obligation
de s’abstenir de travailler le septième jour, le shabbat.
C’est l’Elohim lui-même qui parle à la première personne et ordonne
que, ce jour-là, tous s’abstiennent de toute œuvre servile :
Lui-même utilise le verbe [asah] qui, comme nous l’avons déjà vu,
signifie « construire, fabriquer, former » et jamais créer à partir de rien.
Nous trouvons le même verbe et la même définition dans la prière du
roi Ézéchias, lequel, dans 2 Rois 19:15, s’adresse à Yahvé en ces termes :
Ésaïe 44:24
Yahvé, par la bouche du prophète, rassure le peuple d’Israël, lui
renouvelle sa promesse, lui garantit la prospérité matérielle, lui assure
qu’il vaincra ses ennemis et qu’il accomplira tous ses actes en personne :
Il a donc travaillé pour tout faire, et son œuvre s’est concrétisée à travers
ce qu’il fut, celui qui…
242
Rappelons que c’est lui-même qui a donné le nom d’« eaux-là » à ce qui
est défini comme [raqia], c’est-à-dire au barrage qu’il a « étendu » et
grâce auquel il a « fait sortir » la terre sèche.
Pas créé donc, mais formé, construit, étendu.
Ésaïe 45:18
Ce passage du chapitre 45 de ce livre, où le prophète Ésaïe célèbre les
actions de Yahvé, loue ses interventions contre les ennemis d’Israël et en
glorifie les œuvres, est encore plus clair.
La première partie du verset 18 énonce ceci :
243
L’utilisation en alternance et de manière indifférenciée des divers verbes
– [asah], [bara], [iatzar] « fabriqua, fit, modela » – indique une fois de
plus que les actions accomplies par le groupe des Elohim appartiennent
toutes à une même catégorie : celle des interventions qui visent à
modifier une situation préexistante.
En outre, le prophète dit explicitement que le but de toute cette activité
était [lashevet] « pour habiter ».
C’est ce que j’affirme depuis de nombreuses pages désormais.
Ésaïe 48:13
Nous nous trouvons globalement dans la même situation qu’au verset
précédent.
Yahvé est en train de se glorifier aux yeux du peuple, auquel il rappelle
de façon très concrète :
Jérémie 33:2
Nous assistons dans ce passage à l’une des nombreuses entrevues entre
Yahvé et le prophète Jérémie.
244
La formule de départ est celle que l’on trouve habituellement, puis le
verset se poursuit avec l’énonciation des attributs de l’Elohim :
245
« En ces jours, en ces nuits, en ces années [lointaines], lorsque les
dieux rendirent stable le pays, construisirent les habitations…
lorsqu’ils amassèrent les montagnes, creusèrent les rivières (qui
sont la vie du pays)… »
« En ces jours, dans des années lointaines, lorsque les IGIGU
rendirent stable le pays, travaillèrent à grand-peine… ils
décidèrent alors de se reposer… »
246
Texte et élaboration : Black (1998), Cohen (1973).
Voilà donc les tâches accomplies par les ANUNNAKI et les IGIGU
lorsqu’ils vinrent vivre sur la planète Terre : façonner le territoire, ériger
des digues, contrôler les eaux, creuser des canaux, obtenir des terrains
cultivables…
Mais les tablettes nous disent également que ce fut une période durant
laquelle ils n’étaient pas « encore » ici (je reporte à nouveau le texte cité
dans l’encadré plus haut) :
NBC 11108
Datation troisième dynastie d’Ur (2200-200 av. J.-C. environ),
provenance Nippur.
Texte et élaboration : Van Dijk (1976).
Traduction : Römer (1993), Clifford (1994).
Nous découvrons donc une donnée très intéressante : dans les temps
lointains d’AN, le seigneur de l’empire possédait une demeure céleste
dépourvue de végétation et, à cette époque, les ANNUNA n’étaient pas
encore parvenus sur la Terre. Nous ignorons si la demeure céleste était
une planète nue ou une sorte de vaisseau amiral sur lequel ils vivaient,
mais en tout cas ce n’était pas la Terre.
Cet élément nous fournit une preuve supplémentaire, bien que
générique et indirecte, pour étayer l’hypothèse selon laquelle, à peine
arrivés ici, « ceux-là » se sont donné le mal de se garantir une réserve
d’eau et de dégager des terrains cultivables dans lesquels implanter des
247
végétaux, qui sont la base de l’alimentation aussi bien pour les hommes
que les animaux.
Nous remarquons en outre un point curieux : le terme sous lequel sont
désignés ces individus est ANNUNA alors que nous savons que, lorsqu’on
parle d’eux en tant qu’individus présents sur Terre, ils sont qualifiés à
l’aide du suffixe qui désigne notre planète, KI, et deviennent ANUNNAKI.
248
Le cardinal Niccolò Cusano, philosophe et scientifique qui vécut
au XVe siècle, disait : « Il n’y a pas une étoile dont nous ayons le
droit d’exclure que des êtres y existent, même s’ils sont différents
de nous. »
Le père Angelo Secchi, jésuite et astronome disparu en 1876,
écrivait : « Il est absurde de considérer les mondes qui nous
entourent comme d’immenses déserts inhabités et de chercher la
signification de notre univers dans notre petit monde habité. »
Le théologien allemand Joseph Pohle, dans son ouvrage de 1904,
affirmait : « Il semble tout à fait conforme à l’objectif ultime du
monde que les corps célestes soient peuplés de créatures qui
attribuent à la gloire du Créateur les beautés physiques des
mondes, de la même manière que l’homme le fait pour son plus
petit monde52 ».
249
mésopotamienne ont été fortes et continues. Ce chercheur affirme en
outre qu’il est « unlikely », c’est-à-dire « improbable » que les histoires
racontées dans le livre de la Genèse soient originaires de la Palestine53.
Je ne peux que me montrer d’accord.
… ET LES CIEUX ?
De nombreux lecteurs attentifs de la Bible auront remarqué que le
terme [shamaim] que j’ai traduit par « là-eaux » est utilisé plus
loin dans la Bible pour désigner le ciel.
Ce qui n’a rien de contradictoire du point de vue de l’aspect concret
et synthétique avec lequel s’exprime la pensée hébraïque au plan
linguistique.
Le terme qui désignait « les eaux » qui à l’origine se trouvaient « en
haut », « au-dessus du barrage », est efficacement employé pour
désigner par antonomase un « lieu élevé », celui d’où l’on peut, dans
nos expériences quotidiennes, voir descendre les eaux : le ciel.
Nous vous rappelons que la distinction entre les diverses
significations possibles naît du contexte, comme nous l’avons vu par
exemple pour le [ruach].
250
Pour conclure
D
ans les deux derniers chapitres, j’ai recherché et traduit les
formes verbales utilisées par les auteurs bibliques pour décrire
les actes accomplis par les Elohim lorsqu’ils ont « œuvré » sur
terre.
Les verbes ont été employés dans le texte au nom d’une
interchangeabilité surprenante, désarmante, expressive au point de mettre
en lumière l’ensemble des événements qui se sont succédé.
Les auteurs anciens ne se sont jamais demandé comment transmettre le
concept de création de manière univoque et indiscutable : ils n’en
ressentaient pas le besoin. Leur intention n’a jamais été de parler de «
création ».
Les multiples passages bibliques représentent en effet avec une
immédiateté évidente des actions physiques, matérielles, je dirais même
exclusivement physiques et matérielles : l’acte concret qui consiste à
travailler, modifier, fabriquer, modeler.
Jamais à créer à partir de rien.
251
[cun] « être fixé, être établi, préparer, mettre en ordre »
252
l’université de Tel Aviv) écrit que les actes de création sont en réalité une
série de divisions : lumière et obscurité, masculin et féminin55…
C’est exactement ce que nous avons rencontré dans la Bible.
Diviser les eaux de la terre ferme afin de l’améliorer et de la rendre
utilisable, voilà ce qui est exprimé avec clarté dans le texte : on sépare la
lumière et les ténèbres. On place la lumière là où n’était que nuit. On
sépare les eaux qui sont au-dessus de celles qui sont en dessous. On met
de l’ordre dans les eaux d’en dessous en les séparant des zones sèches et
en définissant des limites infranchissables. Les végétaux et les animaux
doivent remplir les eaux et la terre, en se multipliant selon l’ordre établi
de la division entre les espèces… L’expert en épigraphie sémitique nous
dit encore que les récits cosmogoniques les plus anciens n’avaient rien à
voir avec la création ex nihilo, mais représentaient une activité destinée à
« endiguer, délimiter, domestiquer ».
La Bible ne fait pas exception, elle raconte elle aussi les interventions
menées sur ce qui était chaotique, désordonné : on maîtrisait sa
puissance, on le transformait pour le rendre fonctionnel et donc
utilisable, contrôlable, vivable.
Le récit de la Genèse 1 et le verbe [bara] correspondent parfaitement à
ce que le monde académique et les plus hauts sommets de la pensée
hébraïque ont identifié dans les anciennes cultures sémites.
253
Espérons que la science officielle et une certaine pensée que je
qualifierais du terme générique de « spiritualiste » puissent au moins «
faire semblant de croire » que les histoires bibliques – et pas uniquement
– ne soient pas des mythes, des métaphores, des allégories ou les
réceptacles de messages occultes (voués à demeurer inconnus !).
Espérons qu’elles prennent le temps de considérer l’hypothèse que ces
récits sont très probablement des chroniques, racontées, certes, avec les
instruments linguistiques et culturels de l’époque à laquelle elles ont été
rédigées. Et que, donc, en tant que compte rendu historique, elles
contiennent des vérités mais aussi des inexactitudes, des exagérations,
des omissions…
Si le dogmatisme – quelle que soit la forme qu’il prend – s’ouvre à
l’inattendu, s’il a la force de surmonter les obstacles néfastes qu’il
oppose par principe à tout ce qui s’avère dangereux pour les convictions
séculaires, s’il a le courage de remettre en cause ce qu’il considère
comme indiscutablement vrai, nous verrons peut-être se mettre en œuvre
le changement qui amènera à une éventuelle compréhension nouvelle de
l’histoire de l’humanité et de l’origine des religions.
254
Annexes
Biblia Stuttgartensia
La Biblia Hebraica Stuttgartensia, ou BHS, est une édition de la Bible
hébraïque publiée par la Deutsche Bibelgesellschaft (Société biblique
allemande) de Stuttgart.
Le texte est une copie précise du texte massorétique tel qu’il apparaît
dans le Codex de Léningrad (Codex Leningradensis, des parchemins
datant de 1008, ils contiennent le texte écrit par les massorètes) et
représente la version de référence officielle du texte biblique hébraïco-
araméen aussi bien pour les Hébreux que les chrétiens.
255
Les massorètes
L’intervention des massorètes a été nécessaire car la Bible avait à
l’origine été rédigée simplement à l’aide de consonnes – qui se
succédaient de manière ininterrompue sans sons vocaliques et sans
espace entre les mots.
Les massorètes étaient ces gardiens de la « tradition » (masorah) qui,
au Ier millénaire apr. J.-C., intervinrent sur les textes bibliques afin d’en
définir le canon définitif. Ils accomplirent donc diverses opérations,
parmi lesquelles :
La définition de l’orthographe et de la prononciation par
l’insertion de voyelles.
La subdivision en mots, livres, sections, paragraphes, versets.
Des ajustements textuels afin de prévenir des interprétations
incorrectes.
256
toujours, avec la promesse ou la menace de récompenses ou de
punitions.
La Septante
La Septante – Septuaginta en latin, désignée également selon la
numérotation latine par LXX, ou selon la numérotation grecque par la
lettre omicron – est la version de la Bible en langue grecque. Selon la
tradition, elle serait le fruit d’une traduction menée par 70 (72) sages qui
œuvrèrent au IIIe siècle av. J.-C. à Alexandrie, en Égypte, ville dans
laquelle se trouvait une importante communauté hébraïque. La requête
aurait été émise directement par le grand souverain helléniste Ptolémée II
Philadelphe (285-246 av. J.-C.). Ce texte constitue aujourd’hui encore la
version liturgique de l’Ancien Testament pour les Églises orthodoxes
orientales de tradition grecque.
257
Bibliographie essentielle
V
oici une courte liste des œuvres en rapport avec le contenu de ce
livre, ainsi que d’ouvrages qui visent à élargir la vision de
l’histoire de l’humanité qui naîtrait d’une éventuelle
confirmation future de mes écrits.
Les traductions en français et/ou en anglais des ouvrages, lorsqu’elles
existent, ont été privilégiées. Les seules références italiennes marquent
les œuvres qui n’ont pas été traduites dans une autre langue. NdT.
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1 Talmud Babylonien, Bava Metsia 59, a-b.
2 Op. cit. en bibliographie.
3 Op. cit. en bibliographie.
4 Cf. G. Feuerstein et autres, In search of the cradle of civilization, op. cit. en
bibliographie.
267
13 Sources : P. Karel – Neoassyrian signlist 2007 ; John Halloran – Sumerian
lexicon 2003 ; Enenuru signlist.
14 The Bible and the Flying Saucers, op. cit. en bibliographie.
15 Op. cit. en bibliographie.
16 Erich von Däniken (né en 1935) fait partie des auteurs néo-évhéméristes
(Robert Charroux, Zecharia Sitchin, etc.) tenants de la « théorie des anciens
astronautes ». NdT.
268
29 Op. cit. en bibliographie
30 Op. cit. en bibliographie
269
49 Daté de la troisième dynastie d’Ur, provenant de Nippur et publié par Van
Dijk 1976, Römer 1993, Clifford 1994 et que l’on retrouve dans son
intégralité dans le volume Mitologia Sumerica sous la direction de G.
Pettinato, cité en bibliographie.
50 Cf. Il tempo, 19 janvier 2003.
51 Cf. UFO Notiziario, Nuova Serie, n° 66, décembre 2006/janvier 2007.
52 Die Sternen Welt und ihre Bewohner, Cologne 1904 – Les mondes des
étoiles et leurs habitants. NdT.
53 Blumenthal, J., Etz Hayim, op. cit. en bibliographie.
270
Découvrez le catalogue de MACRO
ÉDITIONS
271
Enki. Mémoires et prophéties d’un dieu
extraterrestre
ZECHARIA SITCHIN, Rencontres avec le divin.
Une explication des visions, des anges et
autres émissaires
ZECHARIA SITCHIN, Quand les géants
dominaient sur Terre. Dieux, demi-dieux, et
ancêtres de l’Homme : la preuve de notre
ADN extraterrestre
VÉRITÉS CACHÉES MARCO DELLA LUNA ET PAOLO CIONI,
Neuro-Esclaves
DAVID ICKE, Le Guide David Icke de la
conspiration mondiale
DAVID ICKE, Race humaine, lève-toi ! Le lion
s’est réveillé
DAVID ICKE, L’illusion de la réalité. Les
révélations les plus complètes jamais écrites
sur l’humanité
en France et au Benelux :
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272
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273
Dans la même collection
MAURO BIGLINO
La Bible n’est pas un livre sacré
La révélation de la plus grande supercherie de l’histoire
Ce livre révèle ce qui ne doit pas être dit. Il vous aide à comprendre la manière
dont les doctrines judéo-chrétiennes ont diffusé d’un commun accord une
immense supercherie. Vous y découvrirez ce que les dogmatismes religieux
cachent sous le voile du mystère de la foi. Vous verrez à quel point nos
convictions sur la Bible sont erronées.
Ce livre ne prétend pas délivrer des vérités jamais révélées mais il dénonce les
mensonges les plus criants, et explique la manière dont la fraude délibérée et la
bonne foi se sont conjuguées pour construire le mythe du dieu biblique. Vous êtes
sur le point d’accéder aux éléments vrais qui vous donneront le moyen de
réfléchir par vous-même. Si vous n’avez pas peur de douter et de penser
librement, ce livre est pour vous !
274
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ENSITIV
Manuel de survie après la mort
Expériences d’un voyageur astral
Un livre qui parle des études et des expériences faites par l’auteur lors de ses
voyages dans la dimension astrale. La mort réunit tout le monde, mais le type
de mort divise et dirige les âmes, et il est opportun de savoir, tant que nous
sommes incarnés, ce que nous rencontrerons à l’instant fatidique qui marque la
fin de la vie terrestre.
275
Aux lecteurs de MACRO ÉDITIONS
Ce livre est publié dans la collection « SAVOIRS ANCIENS » de Macro
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À vous tous qui recherchez de nouvelles techniques pour mieux vivre et ressentir
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convictions et à changer vos habitudes les plus ancrées…
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Renseignements à :
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Notice bibliographique
Il n’y a pas de création dans la Bible. La Genèse nous raconte une autre
histoire / Cesena - Italie : Macro Éditions et Uno International, 2016
320 p. ; 20,5 cm (Savoirs Anciens)
Titre original : Non c’è creazione nella Bibbia. La Genesi ci racconta un’altra
storia, Mauro Biglino
Traduction d’Orsola Gelpi
ISBN 978-88-9319-096-1
277
Table des matières
Introduction
2. [ruach]
Livre de la Genèse
Premier et deuxième Livre des Rois
Deuxième Livre de Samuel
3. [rechev] [merkavah]
Zacharie
En conclusion
278
CHAPITRE 3 - Le [ruach, kavod] et les [keruvim] d’Ézéchiel
279
Ésaïe 43:15
Ésaïe 48:7
Ésaïe 54:16
Ésaïe 57:19
Jérémie 31:22
Ézéchiel 21:19
Ézéchiel 21:30
Ézéchiel 23:47
Amos 4:13
Considérations générales
Annexes
Bibliographie essentielle
280
Table des Matières
Page de titre 1
Page légale 2
Table des matières 278
Introduction 3
CHAPITRE 1 - De quoi parlons-nous ? 9
Synthèse des ouvrages précédents 11
Premières conclusions rapides 14
CHAPITRE 2 - L’El nommé Yahvé et le moyen de
16
transport
Pour résumer 24
Exemples de R.I.V. en action dans la Bible 25
1. Racines [ ככוד ככדkaved, kavod] 25
Exode 33:7 et suiv 25
Exode 19:18 et suiv 35
Exode 24:15-17 38
Exode 40:36-38 39
Nombres 9:15-23 40
Nombres 14:10 41
Nombres 16:19 et suiv 42
Nombres 17:7 43
Deuxième livre des Chroniques 7:1 et suiv 44
Ézéchiel 45
2. [ רוחruach] 50
Livre de la Genèse 50
Premier et deuxième Livre des Rois 55
Deuxième Livre de Samuel 61
3. [ רכבrechev] [ מרכבהmerkavah] 64
Zacharie 64
En conclusion 71
CHAPITRE 3 - Le [ruach, kavod] et les [keruvim] 75
281
d’Ézéchiel
CHAPITRE 4 - Les chérubins 100
Genèse, chapitre 3 100
Premier livre des rois, chapitre 6 105
Premier livre de Samuel 4:4 / Deuxième livre de Samuel 6:2 /
108
Premier livre des Chroniques 13:6
Deuxième livre de Samuel, chapitre 22 109
CHAPITRE 5 - L’arche d’Alliance : moyen de
122
communication et arme ?
Un système de communication radio 124
L’Arche en tant qu’arme 140
L’Arche ou Yahvé ? 148
En résumé 153
CHAPITRE 6 - L’Elohim Yahvé et l’or des Hébreux 154
Exode 154
Le Veau d’or 167
CHAPITRE 7 - La technologie des Elohim et l’[adam] 177
Adam 177
[Chawwah] Ève 193
Pour conclure : créationnisme, évolutionnisme ou… 201
CHAPITRE 8 - Création ou… ? 204
Genèse 5:1-2 208
Genèse 6:7 208
Exode 34:10 209
Nombres 16:30 210
Josué 17:15-18 211
1 Samuel 2:29 212
Psaumes 51:10 213
Psaumes 102:18 213
Ésaïe 4:5 214
Ésaïe 41:20 214
Ésaïe 43:1 215
Ésaïe 43:7 216
282
Ésaïe 43:15 216
Ésaïe 48:7 216
Ésaïe 54:16 217
Ésaïe 57:19 218
Jérémie 31:22 218
Ézéchiel 21:19 219
Ézéchiel 21:30 220
Ézéchiel 23:47 221
Amos 4:13 221
Considérations générales 222
CHAPITRE 9 - … ingénierie hydraulique ? 225
Les eaux et le sec 228
Le (la) [raqia] 230
Sous le barrage 235
Les confirmations bibliques 239
Genèse 2:4 240
Genèse 14:19 240
Exode 20:11 241
Ésaïe 44:24 242
Ésaïe 45:18 243
Ésaïe 48:13 244
Jérémie 33:2 244
Les confirmations suméro-akkadiennes 245
CHAPITRE 10 - Pour conclure 251
Annexes 255
Bibliographie essentielle 258
Couverture arrière 271
283