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été 2005
Opérateurs de Fredholm
Professeur Responsable:
Résumé
Les opérateurs de Fredholm sont traités au travers des notions d’analyse fonc-
tionnelle qu’ils sous-entendent, d’exemples et de propriétés élémentaires pour
finir avec l’énoncé du théorème d’Atiyah-Jänich qui lie opérateurs de Fredholm,
K-théorie et topologie algébrique.
En mémoire du premier axiome
de l’arithmétique xibarienne:
Ξ
Ξ
=1
Table des matières
Résumé 1
Table des notations 4
Introduction 7
Remerciements 8
Chapitre 1. Prolégomènes 9
1. Espaces vectoriels topologiques 9
2. Normes et espaces normés 10
3. Opérateurs linéaires 11
4. Opérateurs entre espaces de Banach 13
5. L’espace dual 13
Chapitre 2. Concepts liés aux opérateurs de Fredholm 15
1. Espaces quotients 15
2. Sommes directes et projections 21
3. Opérateurs adjoints 27
4. Opérateurs compacts 30
5. Opérateurs à image fermée 34
Chapitre 3. Opérateurs de Fredholm 37
1. Définitions 37
2. Exemples 37
3. Produits d’opérateurs de Fredholm 41
4. Perturbations 42
5. Algèbre de Calkin 45
Chapitre 4. Vers le théorème d’Atiyah-Jänich. 49
Bibliographie 57
Index 59
3
4 TABLE DES MATIÈRES
⊆ L’inclusion
( L’inclusion stricte
1 La non inclusion
,→ Flèche injective
Flèche surjective
∀ Symbole universel “pour tout”
∃ Symbole universel “il existe”
∃! Symbole universel “il existe un unique”
Introduction
7
8 INTRODUCTION
Remerciements
We are extremely grateful to Professor Charles Stuart, who gave us one hour
of his time every week to follow us personally in our work. We also wish to thank
him for always welcoming us with this incredible smile of his, which transcends
motivation. His enthusiasm towards the general Index Poject has been most ap-
preciated.
Nous remercions aussi David et Peter qui ont pris le temps de mettre sur pied
ce projet que constitue le projet de l’index.
CHAPITRE 1
Prolégomènes
Le présent chapitre donne une introduction aux espaces normés. Il vise essen-
tiellement à rappeler quelques définitions et propriétés de base dont nous aurons
besoin dans la suite de ce travail.
Les démonstrations des divers résultats énoncés seront omises, la raison princi-
pale étant qu’elles se trouvent de façon générale dans la grande majorité des livres
d’introduction à l’analyse fonctionnelle.
Remarque liminaire : Sauf mention contraire, par espace vectoriel nous entende-
rons toujours espace vectoriel réel ou complexe. Nous utiliserons le symbole F
pour signifier un corps étant soit le corps C soit le corps R et nous parlerons de
F-espaces vectoriels.
R.
(1) Une topologie TE sur un K-espace vectoriel E est vectorielle si et seulement
si les deux assertions suivantes sont vérifiées :
· pour tout x, y ∈ E et pour tout voisinage U de x + y il existe des voisinages
V de x et W de y tels que V + W ⊆ U ;
· pour tout λ ∈ K, pour tout x ∈ E et pour tout voisinage U de λx, il existe
ε > 0 et un voisinage V de x tel que {µv | |µ − λ| < ε & v ∈ V} ⊆ U.
(2) Dans tout espace vectoriel topologique E, pour tout y ∈ E la translation
x 7→ x + y est continue. En particulier les voisinages d’un point x de E sont
de la forme x + V où V est un zéro-voisinage.
9
10 1. PROLÉGOMÈNES
Par conséquent, les espaces normés sont des espaces vectoriels topologiques. la
topologie sous-jacente étant la topologie Tk.k engendrée par la norme k.k, autrement
dit la topologie engendrée par la distance engendrée par la norme !
P 1.5. Soit (X, k.kX ) un espace normé. Alors, si Z est un sous-espace de
X, son adhérence Z est aussi un sous-espace de X.
Nous pouvons maintenant définir un type d’espace normé qui va nous inté-
resser plus particulièrement par la suite : les espaces de Banach.
D́ 1.6. Un espace de Banach est un espace normé (X, k.kX ) qui est
complet en regard de la métrique engendrée par la norme.
3. OPÉRATEURS LINÉAIRES 11
3. Opérateurs linéaires
Les espaces normés étant avant tout munis d’une structure d’espace vectoriel,
les flèches entre espaces normés qui nous intéressent plus particulièremnts sont
les opérateurs linéaires. Voici quelques résultats élémentaires et essentiels à la
comprhéhension pour la suite de ce travail.
Nous retiendrons en particulier que pour les opérateurs linéaires, les mots
continu et borné sont complétement équivalents.
Notons que par la suite, lorsque nous considérerons des espaces d’opérateurs,
sauf mention contraire, nous les supposerons munis de la norme opérateur.
C 1.19. Tout espace normé de dimension finie est un espace de Banach.
C 1.20. Tout sous-espace de dimension finie d’un espace normé est un
sous-ensemble fermé de l’espace en question.
– X a la proprieté de Heine-Borel.
– SX est compacte.
D́ 1.23. Soit (X, k.kX ) et (Y, k.kY ) deux espaces normés sur F et T : X →
Y un opérateur linéaire.
Alors on dit que T est fermé si son graphe est fermé dans (X × Y, k.kX×Y ).
P 1.24. Soit (X, k.kX ) et (Y, k.kY ) deux espaces normés sur F et T : X → Y
un opérateur linéaire.
Alors, T est fermé si et seulement si le domaine de T, D(T), est fermé dans X.
T́̀ ́. Soit (X, k.kX ) et (Y, k.kY ) deux espaces de Banach sur
F et T : X → Y un opérateur linéaire et fermé.
Alors, T est borné si et seulemnet si D(T) est fermé dans X.
C 1.25. Soit (X, k.kX ) et (Y, k.kY ) deux espaces de Banach sur F et T : X →
Y, un opérateur linéaire et fermé tel que le domaine de T soit l’espace X tout entier.
Alors T est un opérateur borné.
C 1.26. Si T est un opérateur linéaire borné et bijectif entre deux espaces
de Banach, alors son inverse T−1 est aussi un opérateur linéaire borné. En d’autres termes
tout opérateur linéaire borné et bijectif entre deux espaces de Banach est un isomorphisme.
5. L’espace dual
Etant donné un espace normé, on peut toujours créer un espace de Banach par
dualisation.
14 1. PROLÉGOMÈNES
T́̀ 1.28. Si (X, k.kX ) est un espace normé, alors (X∗ , k.kX∗ ) est un espace de
Banach.
Une relation entre les dimensions d’un espace normé et de son dual.
T́̀ 1.29. La dimension d’un espace normé (X, k.kX ) est finie si et seulement si
la dimension de son dual est finie.
De plus, dans le cas où X est de dimension finie, alors X∗ = B(X; F) = Hom(X; F). Il en
découle que la dimension de ce dernier est égale à celle de X.
Nous remarquerons encore que l’espace dual X∗ d’un espace normé X est assez
grand pour séparer les points de X. Autrement dit si x et y sont deux éléments
différents de X, alors il existe une forme linéaire x∗ ∈ X telle que x∗ (x) , x∗ (y). C’est
une conséquence du théorème de Hahn-Banach.
T́̀ H-B. Soit (X, k.kX ) un espace normé sur le corps F. Soit
f : D(F) ⊂ X −→ F une forme linéaire bornée.
Alors il existe une forme linéaire fe∈ X∗ telle que
fe(x) = f (x) pour tout x ∈ X ;
k fekX∗ = sup{| f (x) | x ∈ D( f ) & kxkX = 1}.
T́̀ 1.30. Si (X, k.kX ) est un espace normé, alors pour tout x ∈ X, il existe
x∗ ∈ X∗ tel que
· Xx∗ (x) = kxkX
· kx∗ kX∗ ≤ 1.
En particulier,
kxkX = sup{|x∗ | | x∗ ∈ X∗ & kx∗ kX∗ ≤ 1}.
CHAPITRE 2
1. Espaces quotients
et de la loi externe
·: K × V/W −→ V/W
(λ, v + W) 7−→ λ · (v + W) := (λv) + W.
Le K-homomorphisme
πW : V −→ V/W
v 7−→ v + W
Nous rappelons que si W est un sous groupe d’un groupe abélien V, on peut
définir une relation d’équivalence ∼W en posant v ∼W u si et seulement si u−v ∈ W.
Les classes d’équivalence sont les v + W tels que v ∈ V et l’on note V/W l’ensemble
de ces classes d’équivalence. C’est un groupe si W < V.
Il faut donc garder en mémoire que dans un espace quotient V/W deux classes
v + W et u + W sont égales si et seulement si u − v ∈ W.
D́ 2.2. Soit M ⊆ X un sous-espace fermé d’un espace normé (X, k.kX ).
La norme quotient de l’espace X/M est l’application
k.kX/M : X/M −→ F
x+M 7−→ kx + MkX/M := d(x + M, 0 + M).
Vérifions que k.kX/M est bien une norme au sens de la définition 1.2.
1. ESPACES QUOTIENTS 17
T́̀ 2.4. Soit M ⊆ X un sous-espace fermé d’un espace normé (X, k.kX ). Alors
la norme quotient k.kX/M est une norme.
D́. Soit x, y ∈ X et λ ∈ F.
(1) Le sous-espace M étant fermé, on a que 0 = kx + MkX/M = d(x + M, 0 + M) =
d(x, M) si et seulement si x ∈ M si et seulement si x + M = 0 + M.
(2) Supposons λ , 0, alors
kλ(x + M)kX/M = k(λx) + M)kX/M = d(λx, M)
= d(λx, λM) puisque M est stable par loi externe
= |λ|d(x, M) = |λ|kx + MkX/M
et k0(x + M)kX/M = k0 + MkX/M = 0 = |0|kx + MkX/M .
Ainsi, kλ(x + M)kX/M = |λ|kx + MkX/M ∀λ ∈ F et ∀x ∈ X.
P 2.5. Soit M ⊆ X un sous-espace fermé d’un espace normé (X, k.kX ).
Alors,
(1) kx + MkX/M ≤ kxkX pour tout x ∈ X ;
(2) Pour tout x ∈ X et pour tout ε > 0, il existe x̄ ∈ X tel que x̄ + M = x + M et
kx̄kX < kx + MkX/M + ε.
D́.
(1) Nous avons kx+MkX/M = d(x, M) = inf{kx−mkX | m ∈ M} ≤ kx−0kX = kxkX .
(2) Soit x ∈ X et ε > 0. Par définition de l’infimum, il existe m ∈ M tel que
kx − mkX < inf{kx − vkX | v ∈ M} + ε = d(x, M) + ε = kx + MkX/M + ε.
Posons x̄ := x − m. Alors kx̄kX < kx + MkX/M + ε. De plus, m ∈ M entraîne
que m + M = 0 + M et x̄ + M = (x − m) + M = (x − 0) + M = x + M.
Nous pouvons maintenant montrer que les quotients par des sous-espaces
fermés des espaces de Banach ont le bon goût d’être complets eux aussi.
18 2. CONCEPTS LIÉS AUX OPÉRATEURS DE FREDHOLM
T́̀ 2.6. Soit M ⊆ X un sous-espace fermé d’un espace de Banach (X, k.kX ).
Alors, (X/M, k.kX/M ) est aussi un espace de Banach.
P 2.7. Soit M ⊆ X un sous-espace fermé d’un espace normé (X, k.kX ).
Alors, si deux des trois espaces X, M et X/M sont complets, alors le troisième est aussi
complet.
D́. Tout d’abord, supposons que X est complet, alors X/M est
complet par le théorème précédent et M est en particulier complet en tant que
sous-espace fermé de X.
Il reste à voir que si M et X/M sont complets, cela implique que X est aussi complet.
Soit {xn } une suite de Cauchy dans X. Alors par le point (1) de la proposition 2.5,
k(xn − xm ) + MkX/M ≤ kxn − xm kX pour tout m, n ∈ N. Ainsi {xn + M} est une suite
de Cauchy dans X/M, qui est complet, et de ce fait converge vers un certain
y + M ∈ X/M. Le point (2) de la proposition 2.5 entraine alors que pour tout n ∈ N
il existe yn ∈ X tel que yn + M = (xn − y) + M (autrement dit xn − y − yn ∈ M) et
1. ESPACES QUOTIENTS 19
kyn kX < k(xn − y) + MkX/M + 2−n → 0 lorsque n → ∞. Ainsi {yn } converge vers 0.
Soit ε > 0. Les suites {xn } et {yn } étant convergentes, il existe n1 ∈ N tel que
pour tout m, n ≥ n1 , kxn − xm kX < 2ε et il existe n2 ∈ N tel que pour tout m, n ≥ n1 ,
kyn − ym kX < 2ε . Ainsi, pour tout m, n ≥ max{n1 , n2 }
ε ε
k(xn − y − yn ) − (xm − y − ym )kX ≤ kxn − xm kX + kyn − ym kX < + = ε
2 2
Donc {xn − y − yn } est une suite de Cauchy dans M et par complétude de M, elle
admet une limite z ∈ M.
Finalement,
xn = xn − y − yn + yn +y −→ z + y ,
| {z } |{z} n→∞
−→z −→0
n−→∞ n−→∞
L 2.8. Soit M ⊆ X un sous-espace fermé d’un espace normé (X, k.kX ) et π : X →
X/M l’application quotient associée.
Alors π(UX ) = UX/M .
D́.
"⊆" Soit x ∈ UX , alors d’après la proposition 2.5 kπ(x)kX/M = kx + MkX/M ≤
kxkX ≤ 1, donc π(x) ∈X/M et π(UX ) ⊆ UX/M .
"⊇" Soit x+M ∈ UX/M , alors par le point (2) de la proposition 2.5, il existe x̄ ∈ X
tel que π(x̄) = x̄ + M = x + M et kx̄kX < kx + MkX/M + ε pour tout ε > 0.
En d’autres termes, il existe x̂ ∈ UX tel que π(x̂) = x̂ + M = x + M. Par
conséquent, UX/M ⊆ π(UX ).
D́.
· L’application π est linéaire par définition des lois interne et externe sur
X/M.
· D’après le lemme précédent l’image par π de UX est un sous-ensemble
borné de X/M, ce qui implique, par linéarité, que π est borné.
· Pour voir que π est ouvert, il faut voir que l’image par π de tout sous-
ensemble ouvert de X est un sous-ensemble ouvert de X/M.
Soit U un ouvert de X et x ∈ U, alors il existe r > 0 tel que U ⊇ x + rUX .
Ainsi, π(U) ⊇ π(x + rUX ) = π(x) + rUX/M d’après le lemme 2.8.
Autrement dit π(U) est ouvert dans X/M et π est une application ouverte.
· Si M ( X, alors X/M est différent de l’espace vectoriel trivial. Ainsi, π
étant borné, par la proposition 1.10, kπk = sup{kπ(x)k | x ∈ SX } = 1 par le
lemme 2.8.
20 2. CONCEPTS LIÉS AUX OPÉRATEURS DE FREDHOLM
D́.
· L’existence et l’unicité d’une application linéaire S : X/M → Y tel que
T = S ◦ π et de même image que T constitue la propriété universelle
algébrique du quotient.
· Montrons que S est une application ouverte si et seulement si T est une
application ouverte.
Supposons d’abord que S soit une application ouverte. π est aussi une
application ouverte par la proposition 2.9. Par conséquent, T = S ◦ π est
aussi une application ouverte en tant que composition de deux applica-
tions ouvertes.
Réciproquement, supposons que T soit une application ouverte et soit U
un ouvert de X/M. Alors, S(U) = S(π(π−1 (U))) = T(π−1 (U)). π−1 (U) est un
ouvert de X puisque π est continu et donc S(U) = T(π−1 (U)) est un ouvert
de Y puisque T est ouverte. Par conséquent S est une application ouverte.
· Montrons que S est borné si et seulement si T est borné.
Par le lemme 2.8 π(UX ) = UX/M . Par conséquent :
sup{kS(x + M)k | x + M ∈ UX/M } = sup{kS(π(x))k | x ∈ UX }
= sup{kTxk | x ∈ UX }.
Ainsi S est borné si et seulement si T est borné et si T est borné, alors
kSk = kTk
2. SOMMES DIRECTES ET PROJECTIONS 21
D́. Comme
k(x1 , . . . , xn )k = (Σnj=1 kx j k2 )1/2
= [Σk−1
j=1
kx j k2 + ((Σk+l kx k2 )1/2 )2 + Σnj=k+1 kx j k2 ]1/2
j=k j
= k(x1 , . . . , k(xk , . . . , xk+l )k, . . . , xn )k,
le fait d’associer des termes dans une somme directe ne change donc pas celle-ci
(on a un isomorphisme isométrique).
Il reste à considérer Xσ(1) ⊕ . . . ⊕ Xσ(n) , une somme obtenue par permutation des
termes.
Clairement, l’application qui envoie (xσ(1) , . . . , xσ(n) ) sur (x1 , . . . , xn ) est un isomor-
phisme.
De plus,
2. SOMMES DIRECTES ET PROJECTIONS 23
P 2.16. Grâce à cette proposition, une somme directe intérieures peut être
considérée comme une somme directe extérieure.
– Si X1 , . . . , Xn sont des espaces normés et X = X1 ⊕ . . . ⊕ Xn , alors X admet des
sous-espaces fermés X10 , . . . , Xn0 tels que X soit leur somme directe interne et chaque
X0j soit isométriquement isomorphe à X j .
– Soit X, un espace de Banach sur F. Si X est la somme directe interne de M1 , . . . , Mn ,
alors X M1 ⊕ . . . ⊕ Mn .
comme dans la proposition 2.12. Par cette dernière, X10 , . . . , Xn0 sont des sous-
espaces fermés isométriquement isomorphes à X1 , . . . , Xn (respectivement).
Il ne reste qu’à appliquer la définition d’une somme directe interne pour
vérifier que X est la somme directe interne de X10 , . . . , Xn0 .
24 2. CONCEPTS LIÉS AUX OPÉRATEURS DE FREDHOLM
T1 ⊕ . . . ⊕ Tn : X1 ⊕ . . . ⊕ Xn → Y1 ⊕ . . . ⊕ Yn
définie par :
T1 ⊕ . . . ⊕ Tn (x1 , . . . , xn ) := (T1 (x1 ), . . . , Tn (xn ))
avec (x1 , . . . , xn ) ∈ X1 ⊕ . . . ⊕ Xn .
2.2. Projections.
C 2.24. Toute projection continue dans un espace de Hausdorff est à image
fermée.
T́̀ 2.25. Si P est une projection continue dans un espace vectoriel topologique
de Hausdorff X, alors X est la somme directe interne de im P et de ker P.
3. Opérateurs adjoints
Tout comme les quotients et les sommes directes, les opérateurs adjoints sont
des objets que nous connaissons déjà d’un point de vue purement algébrique. Nous
voulons maintenant étudier quelques unes de leurs propriétés lorsque les espaces
vectoriels considérés sont des espaces normés, donc muni d’une topologie.
D́ 2.30. Soit (X, k.kX ) et (Y, k.kY ) deux espaces normés et T ∈ B(X, Y)
un opérateur borné. Alors, on appelle adjoint de T, au sens des espaces normés,
l’opérateur
T∗ : Y∗ −→ X∗
y∗ 7−→ T∗ (y∗ ) := y∗ ◦ T
En utilisant la notation < x, f >:= f (x), l’action de l’adjoint sur X est caractérisée
par
< x, T∗ y∗ >=< Tx, y∗ > .
Pour tout x ∈ X et pour tout y∗ ∈ Y∗ .
Ṕ́ 2.31. Soit S et T des opérateurs linéaires bornés entre deux espaces
normés (X, k.kX ), (Y, k.kY ) et (Y, k.kY ), (Z, k.kZ ) respectivement. Alors,
(1) l’application T 7−→ T∗ est une isométrie linéaire ;
(2) la composition est contravariante : (T ◦ S)∗ = S∗ ◦ T∗ ;
(3) (IX )∗ = IX∗ .
D́.
(1) Soit x ∈ X, α ∈ F, R ∈ B(X, Y) et y∗ ∈ Y∗ .
< x, (αT + R)∗ y∗ > =< (αT + R)x, y∗ >
= α < Tx, y∗ > + < Rx, y∗ >
= α < x, T∗ y∗ > + < x, R∗ y∗ >
Par conséquent l’application T 7−→ T∗ est linéaire. En outre, en utilisant la
caractérisation de la norme du théorème 1.30 il vient :
kT∗ k = sup kT∗ y∗ kX∗
ky∗ kY∗ ≤1
= sup kTxk
kxkX ≤1
= kTk
Il s’agit donc aussi d’une isométrie.
(2) Soit z∗ ∈ Z∗ et x ∈ X, alors
< x, (T ◦ S)∗ z∗ > =< (T ◦ S)x, z∗ >=< T(Sx), z∗ >
=< Sx, T∗ z∗ >=< x, (S∗ ◦ T∗ )z∗ > .
28 2. CONCEPTS LIÉS AUX OPÉRATEURS DE FREDHOLM
Nous allons maintenant nous intéresser aux relations entre les noyaux ker T,
ker T∗ et les images im T, im T∗ d’un opérateur linéaire borné T et de son adjoint
T∗ ; en particulier à l’aide de leurs ensembles polaires. Ces derniers nous permet-
terons par la suite d’exprimer la dimension du conoyau d’un opérateur linéaire en
fonction de son adjoint.
D́.
· L’ensemble ◦B = ker x∗ est fermé en tant qu’intersection de fermés.
T
x∗ ∈X∗
· Soit {z∗n } une suite dans A◦ qui converge vers un certain z∗ ∈ X. Alors en
particulier, z∗n (x) −→ z∗ (x) pour tout x ∈ X. Or z∗n |A = 0 pour tout n ∈ N,
ce qui entraîne que z∗ |A = 0. Par conséquent, z∗ ∈ A◦ et ce dernier et de ce
fait fermé.
T́̀ . Si A est un sous-espace d’un espace normé (X, k.kX ), alors :
◦
(A◦ ) = A
D́. Omise.
Se réferrer par exemple à [3].
Nous pouvons lier les ensembles polaires par isomorphismes à l’espace normé
X et à son dual X∗ .
T́̀ 2.34. Soit M un sous-ensemble fermé d’un espace normé (X, k.kX ). Alors,
sont isomorphes :
(1) M◦ (X/M)∗ ;
(2) M∗ X∗ /M◦ .
3. OPÉRATEURS ADJOINTS 29
D́.
(1) Soit π : X −→ X/M l’application quotient et soit T : y∗ 7−→ y∗ π.
Clairement T est un opérateur linéaire de (X/M)∗ dans M◦ . Si x∗ ∈ M◦
alors M ⊂ ker x∗ . Alors la propriété universelle du quotient garanti qu’il
existe un unique y∗ ∈ (X/M)∗ tel que x∗ = y∗ π et de plus ky∗ k(X/M)∗ = kx∗ kX∗ .
Autrement dit, T est bijectif et ky∗ k(X/M)∗ = kTy∗ kX∗ .
En conséquence, T est même un isomorphisme isométrique de (X/M)∗
dans M◦ .
(2) Soit T : X∗ /M◦ −→ M∗ l’application qui envoie un élément de x∗ + M◦ ∈
X∗ /M◦ sur la restriction de x∗ à M. Puisque deux éléments x∗1 +M◦ et x∗2 +M◦
de X∗ /M◦ sont égaux si et seulement si x∗1 |M = x∗2 |M, T est bien-défini. Il est
aussi injectif par définition et clairement linéaire. Maintenant, si m∗ ∈ M∗
et x∗m∗ est une extension de Hahn-Banach de m∗ à X, alors T(x∗m∗ + M◦ ) = m∗ ,
ainsi T est surjectif. Il s’agit donc d’un isomorphisme.
L 2.35. Soit (X, k.kX ) et (Y, k.kY ) deux espaces normés et T ∈ B(X, Y) un opéra-
teur borné. Alors
(1) ker T∗ = (im T)◦ ;
(2) ker T =◦ (im T∗ ).
D́.
(1)
ker T∗ = {y∗ ∈ Y∗ | 0 = T∗ y∗ = y∗ ◦ T}
= {y∗ ∈ Y∗ | y∗ |im T = 0}
= {y∗ ∈ Y∗ | y∗ (y) = 0 pour tout y ∈ im T}
= (im T)◦
(2)
◦
(im T∗ ) = {x ∈ X | x∗ (x) = 0 pour tout x∗ ∈ im T∗ }
= {x ∈ X | 0 = (T∗ y∗ )x pour tout y∗ ∈ Y∗ }
= {x ∈ X | 0 = y∗ (Tx) pour tout y∗ ∈ Y∗ }
= {x ∈ X | 0 = Tx}
= ker T
L’avant-dernière égalité découlant du fait que l’espace dual a la propriété
de distinguer les éléments de l’espace de base.
T́̀ ’ ́. Soit X et Y deux espaces de Banach, alors pour tout T ∈
B(X; Y) les assertions suivantes sont équivalentes.
(1) im T est fermée ;
(2) im T = ◦ (ker T∗ ) ;
(3) im T∗ est fermée ;
(4) im T∗ = (ker T)◦ ;
D́.
(1) ⇔ (2) Valide, d’après la remarque précédente.
(1) ⇒ (4) D’après 2.35, (ker T)◦ = ◦ ((im T∗ )◦ ) ⊃ im T∗ .
En vertu du premier théorème d’isomorphisme, nous avons que l’appli-
cation
S : X/ ker T −→ im T
x + ker T 7−→ T(x)
est un isomorphisme. Maintenant, si x∗ ∈ (ker T)◦ , alors l’unique applica-
tion x : (x + ker T) 7→ x∗ (x) définie par la proriété universelle du quotient
est un élément de (X/ ker T)∗ . Par conséquent, x ◦ S−1 ∈ (im T)∗ . Donc il
existe y∗ ∈ Y∗ tel que y∗ |im T = x ◦ S−1 . Ainsi, pour tout x ∈ X
(T∗ y∗ )x = y∗ (Tx) = (y ◦ S−1 )(Tx)
= (x ◦ S−1 )(S(x + ker T))
= x(x + ker T) = x∗ (x).
C’est-à-dire T∗ y∗ = x∗. Par conséquent (ker T)◦ ⊂ im T∗ .
Et donc (ker T)◦ = im T∗ .
(4) ⇒ (3) D’après la proposition 2.33 les ensembles polaires sont des fermés.
(3) ⇒ (1) Cette partie est longue et technique. Nous l’omettons.
4. Opérateurs compacts
P 2.38. Tout opérateur linéaire compact entre deux espaces de Banach est
borné.
Pour les opérateurs de rang fini, la réciproque de cette dernière propriété est
aussi vraie.
P 2.39. Un opérateur linéaire de rang fini entre deux espaces de Banach
est compact si et seulement s’il est borné.
D́.
(1)⇔(2) Le cas (1)⇒(2) est un cas particulier de la définition d’opérateur compact.
Inversément, si B est un sous-ensemble borné de X, alors il existe K > 0 tel
que B ⊂ BX (0, K). Alors T(B) ⊂ T(UX (0, K)) = T(KUX (0, 1)) = KT(UX (0, 1))
par linéarité. L’adhérence KT(UX (0, 1)) = T(UX (0, K)) est compact par hy-
pothèse puisque UX (0, K) est bornée dans X. Par conséquent l’adhérence
T(B) ⊂ KT(UX (0, 1)) est aussi compacte.
(1)⇔(3) Découle du fait que dans un espace métrique M, un sous-ensemble A ⊂ X
est compact si et seulement si il est complet et totalement borné. Ainsi
si B est un sous-ensemble borné de X, il suffit d’appliquer cette dernière
propriété à l’adhérence de son image.
32 2. CONCEPTS LIÉS AUX OPÉRATEURS DE FREDHOLM
X /Y /Z /W
S T R
D́.
(1) Montrons que K(X, Y) est stable par loi interne et par loi externe. Soit
T, U ∈ K(X, Y) et λ ∈ F. Soit donc {xn } une suite bornée de X, par le point
(4) de la propostion précédente, il existe une sous-suite {xnk } de {xn } telle
que T{xnk } converge et il existe une sous-sous-suite {xnk j } de {xnk } telle que
U{xnk j } converge. (Il est clair que T{xnk j } converge aussi.) Par conséquent,
{(T + U)(xnk j )} converge à son tour et {(λT)(xnk )} converge aussi. Ainsi en
vertu du point (4) de la propostion précédente les opérateurs T + U et λT
sont compact et K(X, Y) est de ce fait un sous-espace de B(X, Y).
Il faut encore voir que K(X, Y) est fermé dans B(X, Y). Soit {Tn } ⊂ K(X, Y)
une suite qui converge vers un certain T ∈ B(X, Y). Pour voir que T est
compact, il suffit de voir qu’il satisfait le point (3) de propostion pré-
cédente. Soit donc B un sous-ensemble borné de X et ε > 0. Comme
Tn → T, il existe n ∈ N tel que kTn x − Txk < 3ε pour tout x ∈ B. De
plus Tn étant compact, il existe, Tn (B) est totalement borné dans Y, donc
il existe F(n, 3ε ) un sous-ensemble fini de B tel que pour tout Tn b ∈ Tn (B),
kTn b − Tn f (n, 3ε )k < 3ε pour un certain f (n, 3ε ) ∈ F(n, 3ε ). Soit b ∈ B, alors par
une double application de l’inéaglité triangulaire, on obtient :
4. OPÉRATEURS COMPACTS 33
ε ε ε ε
kTb − T f (n, )k ≤ kTb − Tn bk + kTn b − Tn f (n, )k + kTn f (n, ) − T f (n, )k
3 3 3 3
ε ε ε
< + + =ε
3 3 3
Ainsi T est totalement borné et donc compact et donc K(X, Y) est
fermé.
(2) Par définition, un opérateur borné envoie des sous-ensembles bornés sur
des sous-ensembles bornés et envoie des sous-ensembles relativement
compacts sur des sous-ensembles relativement compacts en raison de
sa continuité. Ainsi l’image d’un sous-ensemble borné de X par S est
un sous-ensemble borné de Y, dont l’image par T est un sous-ensemble
relativement compact de Z (T étant compact), dont l’image par R est un
sous-ensemble relativement compact de Z. La composition R ◦ T ◦ S est
donc un élément de K(X, Y).
L 2.44. Soit X un espace de Banach, T ∈ K(X), alors I − T est à image fermée et
dim(ker(I − T)) = codim(im(I − T)) < ∞.
D́. Nous divisons cette preuve en 2 parties :
– Vérifions d’abord que (I − T)(B) est fermé dans X pour tout sous-ensemble
fermé et borné B ⊆ X.
Soit B, un sous-ensemble fermé et borné de X et considérons une suite (xn )
d’éléments de B telle que
lim (I − T)(xn ) = y.
n→∞
Comme T est compact, la suite T(xn ) admet une sous-suite convergente
T(xni ).
Ainsi, il existe x0 ∈ B avec :
x0 = lim xni = lim ((I − T)(xni ) + T(xni ))
n→∞ n→∞
Et donc y = (I − T)(x0 ) ∈ (I − T)(B). Ainsi, (I − T)(B) est fermé dans X.
– Vu que nous venons de vérifier que (I − T) satisfait les hypothèses du théo-
rème précédent, par celui-ci, nous pourrons conclure que im(I−T) est fermée.
Il reste à vérifier que n(I − T) < ∞ et d(I − T) < ∞.
– La première assertion est facile à montrer :
Comme x = K(x), ∀x ∈ ker(I − K), l’opérateur identité est compact sur
ker(I − K).
Ainsi, n(IK ) < ∞.
– Nous omettons la preuve de ce deuxième résultat ici. On peut la
trouver dans [1].
34 2. CONCEPTS LIÉS AUX OPÉRATEURS DE FREDHOLM
Opérateurs de Fredholm
1. Définitions
Nous arrivons finalement aux définitions des deux objets qui sont au centre de
nos intérêts et qui vont nous occuper jusqu’à la fin de ce travail : les opérateurs de
Fredholm et la fonction indice.
2. Exemples
37
38 3. OPÉRATEURS DE FREDHOLM
dimension finie.
Alors,
ind(T) = dim(ker T) − dim(Coker T) = dim(ker T) − dim(Y/ im T)
= dim(ker T) − (dim(Y) − dim(im T))
= dim(ker T) − dim(Y) + dim(im T)
= dim(X) − dim(Y) ∈ Z
Considérons le F-espace vectoriel l2F , l’espace des suites ξ = {xn }n∈N à coefficient
dans F telles que ∞
i=0 |xi | < ∞ . Muni de la norme
2
P
k.k2 :l2F −→ R+
2 12
{xn } 7−→ k{xn }k2 := { ∞
P
i=0 |xi | }
il s’agit d’un espace de Banach.
Nous allons montrer que cet espace possède deux familles infinies dénombrables
d’opérateurs de Fredholm, les translations à droite et les translations à gauche.
Translation à droite.
Posons
Td1 : l2F −→ l2F
la translation d’un cran à droite.
(x0 , x1 , x2 , . . .) 7−→ (0, x0 , x1 , x2 , . . .)
Il s’agit d’un opérateur de Fredholm d’indice −1. En effet, Td1 est clairement linéaire
et les trois conditions de la définition 3.1 sont vérifiées :
· Le noyau de Td1 est constitué uniquement de la suite identiquement nulle.
Ainsi dim(ker Td1 ) = 0 < ∞.
· Le conoyau Coker(Td1 ) = l2F / im(Td1 ) où une classe d’équivalence contient
toutes les suites de l2F de même premier coefficient x0 ∈ F. La suite
(1, x1 , x2 , . . .) constitue donc une base de Coker(Td1 ).
Ainsi dim(Coker(Td1 )) = 1 < ∞.
2. EXEMPLES 39
Translation à gauche.
Posons
T1g : l2F −→ l2F
la translation d’un cran à droite.
(x0 , x1 , x2 , . . .) 7−→ (x1 , x2 , . . .)
Il s’agit d’un opérateur de Fredholm d’indice 1. En effet, T1g est clairement linéaire
et les trois conditions de la définition 3.1 sont vérifiées :
· Le noyau est ker(T1g ) = {{xn } ∈ l2F | x0 ∈ F arbitraire , xi = 0 ∀i ≥ 1}. Ainsi
dim(ker T1g ) = 1 < ∞.
· Le conoyau est Coker(T1g ) = l2F / im(T1g ) = l2F /l2F = {0l2 }. Ainsi dim(Coker(Td1 )) =
F
0 < ∞.
· L’image de T1g est l2F tout entier qui est fermé en tant qu’espace topologique.
Nous obtenons en outre que l’indice de Td1 est :
ind(T1g ) = dim(ker T1g ) − dim(Coker T1g ) = 1 − 0 = 1
C- 3.7. L’espace Hom(l2F ) compte bien sûr aussi des opérateurs
linéaires qui ne sont pas de Fredholm. Les p-ièmes projection sur F, par exemple,
ne le sont pas.
Soit i ∈ N et considérons
Pi : l2F −→ F
{xk }k∈N 7−→ xi
Il s’agit d’opérateurs linéaires bornés mais
ker Pi = {{xk }k∈N ∈ l2F | xi = 0}.
Sa dimension est donc infinie quelque soit i ∈ N.
Les projections canoniques de l2F ne sont donc pas des opérateurs de Fredholm.
T ∗ : Y∗ −→ X∗
y∗ 7−→ ∗
y ◦ T.
Nous allons montrer que T∗ est aussi un opérateur de Fredholm et que son indice
est l’opposé de celui de T.
Nous savons d’après la section 5 du chapitre 1 que X∗ et Y∗ sont des espsces de
Banach puisque X et Y sont des espaces normés. Nous savons aussi que T∗ ∈
B(Y∗ , X∗ ). Il reste donc à voir que
· im T∗ est fermée ;
· dim(ker T∗ ) < ∞ ;
· dim(X∗ / im T∗ ) < ∞.
(1) Etant donné que T est Fredholm, son image im T est fermée, ce qui équi-
vaut à dire que im T∗ est fermée, d’après le théorème de l’image fermée.
(2) En appliquant le théorème 2.34 au sous-espace ker T de X, il vient :
(ker T)∗ X∗ /(ker T)◦
Or le théorème de l’image fermée fournit (ker T)◦ = im T∗ . Ainsi :
(ker T)∗ X∗ /(ker T)◦ = X∗ / im T∗
Donc
dim(X∗ / im T∗ ) = dim((ker T)∗ ) = dim(ker T) < ∞
par hypothèse.
(3) En appliquant le théorème 2.34 au sous-espace im T de Y, il vient :
(Y/ im T)∗ (im T)◦
En outre la proposition 2.35 fournit (im T)◦ = ker T∗ . Par conséquent :
(Y/ im T)∗ (im T)◦ = ker T∗
Ainsi
dim(ker T∗ ) = dim((Y/ im T)∗ ) = dim(Y/ im T)) < ∞
par hypothèse.
L’opérateur adjoint T∗ est donc bien Fredholm. Calculons son indice :
ind(T∗ ) = dim(ker T∗ ) − dim(X∗ / im T∗ )
= dim(Y/ im T) − dim(ker T)
= − ind(T)
Une propriété intéressante de l’indice est que l’indice d’une composition d’opé-
rateurs de Fredholm est simplement la somme des indices des composants.
L 3.10. Soit X, Y des F-espaces de Banach et T ∈ B(X, Y).
Soit M, un sous-espace de X de co-dimension finie n.
Alors T est de Fredholm si et seulement si la restriction T0 : M → Y est de Fredholm.
De plus,
ind A = ind A0 + n.
Soit m ∈ N \ {0}. Posons Tdm = Td1 ◦ · · · ◦ Td1 . Il s’agit d’un opérateur de Fredholm en
| {z }
m f ois
tant que composition d’opérateurs de Fredholm et son indice est
ind(Tdm ) = m · ind(Td1 ) = m · (−1) = −m < 0.
p
Soit p ∈ N \ {0}. Posons T g = Td1 ◦ · · · ◦ Td1 . Il s’agit d’un opérateur de Fredholm en
| {z }
p f ois
tant que composition d’opérateurs de Fredholm et son indice est
p
ind(T g ) = p · ind(T1g ) = p · 1 = p > 0.
Cela nous apprend que pour obtenir un opérateur de Fredholm d’indice 0 dans l2F ,
il suffit de composer T1g avec Td1 ce qui nous donne l’identité.
4. Perturbations
Le théorème suivant nous apprend que non seulement l’ensemble des opéra-
teurs de Fredholm entre deux espaces de Banach est ouvert dans l’ensemble des
opérateur bornés, mais aussi que l’indice se trouve être une application continue.
D́. Soit T ∈ F (X; Y) et B ∈ B(X; Y) tel que kBk < ke T−1 k−1 . Soit X0
et Y0 les sous-espaces associés à la bijection T (rappelons que T(x0 + y0 ) = Tx0 + y0 ).
e e
44 3. OPÉRATEURS DE FREDHOLM
C
e : X0 × Y0 −→ Y
(x0 , y0 ) 7−→ Cx0 + y0
Nous avons alors que ke e ≤ kT − Ck = kBk < ke
T − Ck T−1 k−1 . Puisque C
e est borné
T ∈ GL(X; Y), d’après la section précédente, nous obtenons que C
et e e est aussi un
élément de GL(X; Y).
Alors, l’opérateur
C0 : X0 × {0} −→ Y
(x0 , 0) 7−→ Cx0
est une restriction commune de C et C. e Ainsi, par le lemme 3.10 l’opérateur C est
Fredholm puisque C0 est Fredholm, de plus,
ind(C) = ind(C0 ) + codim(ker X0 ) = ind(C0 ) + n(T).
Or ind(C0 ) = ind(C)
e − dim(Y0 ) = − dim(Y0 ) = 0 − d(T) puisque im(C)
e = C(X0 ) ⊕ Y0
et que C est bijectif . Donc finalement :
e
ind(C) = ind(C0 ) + n(T) = −d(T) + n(T) = ind(T)
Ce qui prouve (1) et (2).
e étant inversible, on a nécessairement que X0 ∩ ker(C) = {0} et donc :
De plus, C
n(C) = dim(ker(C)) ≤ dim(X/X0 ) = dim(ker T) = n(T)
puisque X = X0 ⊕ ker(T). Ce qui prouve (3).
Finalement on utilise (2) et (3) pour prouver (4) :
d(C) = − ind(C) + n(C) = − ind(T) + n(C) ≤ − ind(T) + n(T) = d(T)
(2) (3)
5. Algèbre de Calkin
Nous pouvons aussi caractériser les opérateurs de Fredholm d’indice nul selon
la propostion suivante.
Le but de ce chapitre est de définir une nouvelle application “indice” sur une
famille d’opérateurs de Fredholm indexée par un ensemble d’indices compact et
connexe et de voir qu’il s’agit d’une généralisation de la notion d’indice que nous
avons développée jusqu’à présent lorsque l’ensemble d’indices est réduit à un
point.
Fixons X, Y deux espaces de Banach, ainsi C un espace topologique compact et
connexe. L’ensemble F (X, Y) est aussi un sous-espace topologique de B(X; Y) pour
la norme-opérateur. Nous pouvons donc poser la définition suivante.
D́ 4.1. Une famille de Fredholm indexée par C, est un couple (C, F),
où C est un espace topologique compact et connexe et F : C −→ F (X, Y) est une
application continue.
R 4.4.
(1) La projection P est un opérateur de Fredholm.
En effet, im(P) = Z est fermé en tant que facteur direct et sa codimension
est dim(E) < ∞ et ker(P) = E de dimension finie.
En outre ind(P) = n(P) − d(P) = dim(E) − dim(E) = 0. Ainsi,
ind(PF(λ) = ind(P)+ind(F(λ)) = 0+ind(F(λ)) =constante pour tout λ ∈ C.
(2) Nous avons im(PF(λ)) = PF(λ)(C) = P(im(F(λ))) = P(Z) = Z, ce qui
entraîne que codim(im(PF(λ))) = dim(E) pour tout λ ∈ C.
(2) la deuxième étape consiste à utiliser la propriété locale ainsi que la com-
pacité de C pour étendre le résultat à l’ensemble C tout entier.
Etape 1.
Soit F : C −→ F (X, Y) une famille de Fredholm et λ0 ∈ C.
Soit E0 ⊂ Y un sous-espace tel que dim(E0 ) < ∞ et E0 + im(F(λ0 )) = Y. (Cela est
possible ; F(λ0 ) étant Fredholm, im(F(λ0 )) est fermé et sa codimension est finie,
donc au pire des cas on peu prendre pour E0 un supplémentaire topologique de
im(F(λ0 )).)
Soit encore Z0 un supplémentaire topologique de E0 dans Y. (dim(E0 ) < ∞ implique
qu’il existe au moins un tel Z0 .)
Finalement, considérons P0 : Y −→ Y la projection de Y sur Z0 le long de E0 . Ainsi
im(P0 ) = Z0 et ker(P0 ) = E0 .
G0 (λ) est donc continue en λ0 . De plus, par la remarque précédente, il existe voisi-
nage ouvert Vλ0 de λ0 tel que G0 (λ) soit un isomorphisme pour tout λ ∈ Vλ0 , puique
l’ensemble des opérateurs inversibles entre deux espaces de Banach est ouvert. Plus
particulièrement, cela implique que im(P0 F(λ)) = Z0 = im(P0 F(λ0 )), ∀λ ∈ Vλ0 .
En résumé, à l’étape 1, nous avons vérifié le théorème pour un λ0 quelconque,
à savoir, nous avons montré l’existence de E0 , Z0 avec dim(E0 ) < ∞ tels que
Y = E0 ⊕ Z0 avec im(P0 F(λ0 ) = Z0 .
Nous venons de voir que dans un voisinage ouvert Vλ0 de λ0 , le théorème restait
vrai sans changer E0 , Z0 .
Etape 2.
Considérons à présent le recouvrement ouvert
[
C= Vλ .
λ∈C
C 4.9. La dimension du noyau de PF(λ) est une constante pour tout λ ∈ C.
Nous pouvons maintenant utiliser le théorème pour construire des fibrés vec-
toriels qui nous serviront à definir l’indice d’une famille de Fredholm. Un fibré
vectoriel ξ consiste en un espace topologique E appliqué continûment par une ap-
plication p sur un espace toplogique compact X telle que pour tout élément x ∈ X
la fibre ξ(x) := p−1 (x) ait une structure d’espace vectoriel et telle que cette dernière
famille d’espaces vectoriels indexée par X soit locallement triviale. Nous laissons
le lecteur se réferrer à la partie Fibrés Vectoriels rédigée par Oliver Prosperi pour
plus de détails concernant les fibrés vectoriels.
un certain λi ∈ C, sur λi , qui est telle que pour tout λ ∈ C, p−1 (λ) = ker PF(λ) est
muni d’une structure d’espace vectoriel puisqu’il s’agit de noyaux d’applications
linéaires.
Pour la condition de trivialité locale, il suffit1 en fait de voir que, locallement, nous
pouvons trouver des bases continues de ker PF(λ). Pour ce faire revenons revenons
à la preuve du théorème. A l’étape 1, nous avons obtenu un isomorphisme G0 (λ)
sur un voisinage Vλ0 de λ0 . de façon similaire, pour un λk ∈ C fixé, on peut trouver
un voisinage ouvert Uλk de λk tel que l’application
G(λ) : X −→ Z × ker(PF(λk ))
u 7−→ G(λ)(u) := (PF(λ)(u), πk (u))
où πk est la projection sur ker(PF(λk )), soit un isomorphisme pour tout λ ∈ Uλk .
Alors
u ∈ ker(PF(λ)) ⇔ G(λ)(u) = (0, πk (u))
⇔ u = G(λ)−1 (0, πk (u))
Donc ker(PF(λ)) = G(λ)−1 ({0} × ker(PF(λk )). Ainsi si (e1 , . . . , en ) est une base de
ker(PF(λk )) alors pour tout λ ∈ Uλk nous avons une base (s1 (λ), . . . , sn (λ)) de
ker(PF(λ)), où :
S
si : Vλ0 −→ λ∈C ker PF(λ)
λ 7−→ G(λ)−1 (0, ei )
sont continues.
Pour coïncider avec la notion d’indice que nous connaissons déjà pour un unique
opérateur de Fredholm, nous aimerions définir l’indice d’une famille de Fredholm
de la façon suivante :
indice(F) : = [ker F] − [E]
e
= [ker F] − [C × E]
Où la notation [ ] représente les classes d’isomorphie dans Vect(C).
Cette définition est très abstraite à première vue. Son importance s’illustre par
le théorème d’Atiyah-Jänich.
4. VERS LE THÉORÈME D’ATIYAH-JÄNICH. 55
Ce théorème montre que l’ indice que nous venons de définir est un invariant
homotopique des familles de Fredholm.
Malheureusement, la fin du semestre approchant et nos connaissances mathé-
matiques étant restreintes, nous ne sommes pas en mesure de donner la preuve de
ce théorème.Pour les espaces de Banach particuliers que sont les espaces de Hilbert,
l’idée est de montrer que la preuve peut se ramener à la preuve du théorème de
Kuiper, qui affirme que le groupe GL(H) des opérateurs linéaires inversibles d’un
espace de Hilbert H est contractile dans B(H). La preuve de ce dernier théorème,
bien qu’ingénieuse, n’implique que des propriétés élémentaires des espaces de
Hilbert. On peut la trouver par exemple dans son livre Linear algebra and geometry.
R 4.13. Dans le cas où C est réduit à un point, [C, F (X, Y)] correspond
aux composantes connexes de F (X, Y) et K(C) correspond à Z, puisque Vect(C)
correspond à Z+ . Alors le théorème d’Atiyah-Jänich établit une correspondance
bijective entre les composantes connexes de F (X, Y) et Z qui est donnée par le
nombre entier indice que nous avons étudié au chapitre 3.
Bibliographie
[1] M, R E. An introduction to Banach space theory. Graduate Texts in Mathematics,
Springer-Verlag, New York, 1998.
[2] G, I G, S K, M A. Classes of linear operators. Vol.
I. Operator Theory : Advances and Applications, Birkhäuser Verlag, Basel, 1990.
[3] M, R V, D. Introduction to functional analysis. Oxford Graduate Texts in
Mathematics, The Clarendon Press Oxford University Press, New York, 1997.
[4] M.F. A. Algebraic Topology and Operators in Hilbert Spaces. Lecture series in modern analysis
and applications, Oxford Univetrsity and The Institute for Advanced Study - Princeton, Session 3,
March 2, 1968.
57
Index
B(X, Y) ou B(X), 11
adjoint, 27
algèbre de Calkin, 47
ensemble polaire, 28
espace dual topologique, 13
espace quotient, 15
espaces supplémentaires, 25
famille de Fredholm, 49
indice, 37
isomorphisme isométrique, 12
norme, 10
norme quotient, 16
norme-op rateur, 11
opérateur compact, 31
opérateur de Fredholm, 37
opérateur fermé, 13
opérateur linéaire borné, 11
projection, 25
projection canonique, 15
propriété de Heine-Borel, 12
59