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Algèbre II

Chapitre 1: Espaces Vectoriels


Hamzah Bakhti
API – S2 2023/24
Plan
Chapitre 1: Espaces Vectoriels

1. Rappels sur les ensembles

2. Définition et propriétés de base

3. Sous-espaces vectoriels

4. Familles et combinaisons linéaires de vecteurs

5. Espaces vectoriels de dimension finie

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Plan
Chapitre 1: Espaces Vectoriels

1. Rappels sur les ensembles

2. Définition et propriétés de base

3. Sous-espaces vectoriels

4. Familles et combinaisons linéaires de vecteurs

5. Espaces vectoriels de dimension finie

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Groupes
Rappels sur les ensembles

Définition
Un groupe est la donnée d’un ensemble E et d’une loi de composition interne notée ∗ définie de la manière
suivante :

E × E −→ E
(x, y) 7−→ x ∗ y

et telle que (E, ∗) vérifie les trois propriétés suivantes :


i) Elément neutre : Il existe e dans E tel que ∀x ∈ E, e ∗ x = x ∗ e = x.
ii) Associativité : Pour tout x, y, z ∈ E, (x ∗ y) ∗ z = x ∗ (y ∗ z) = x ∗ y ∗ z.
iii) Elément inverse : Pour tout x dans E, il existe x′ dans E tel que : x ∗ x′ = x′ ∗ x = e. On pourra
noter x′ = x−1 .
Si de plus ∀x, y ∈ E, x ∗ y = y ∗ x, on dit que la loi ∗ est commutative et que (E, ∗) est un groupe
commutatif.

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Anneaux
Rappels sur les ensembles

Définition
Soit E un ensemble muni de deux lois de composition interne notées ∗ et ⊤. On
dit que (E, ∗, ⊤) est un anneau lorsque :
i) (E, ∗) est un groupe commutatif d’élément neutre noté 0.
ii) Associativité de ⊤ : Pour tout x, y, z ∈ E,
(x⊤y)⊤z = x⊤(y⊤z) = x⊤y⊤z.
iii) Distributivité de ⊤ par rapport à ∗ : Pour tout x, y, z ∈ E,
x⊤(y ∗ z) = x⊤y ∗ x⊤z et x ∗ (y⊤z) = x ∗ y⊤x ∗ z.
Si de plus ∀x, y ∈ E, x⊤y = y⊤x, on dit que la loi ⊤ est commutative et que
(E, ∗, ⊤) est un anneau commutatif.

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Corps
Rappels sur les ensembles

Définition
Soit E un ensemble muni de deux lois de composition interne
notées ∗ et ⊤. On dit que (E, ∗, ⊤) est un corps lorsque :
i) (E, ∗, ⊤) est un anneau.
ii) (E, ⊤) est un groupe de neutre 1.
Si de plus (E, ⊤) est commutatif, on dit que (E, ∗, ⊤) est un corps
commutatif.

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Plan
Chapitre 1: Espaces Vectoriels

1. Rappels sur les ensembles

2. Définition et propriétés de base

3. Sous-espaces vectoriels

4. Familles et combinaisons linéaires de vecteurs

5. Espaces vectoriels de dimension finie

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Espace vectoriel sur un corps quelconque
Définition et propriétés de base

Exemple

Posons K = R et E = R2 . Un élément u ∈ E est donc


un couple (x, y) avec x et y deux éléments de R.
i) Loi interne : Si u = (x, y) et v = (x′ , y ′ ) sont
deux éléments de R2 , alors :

(x, y) + (x′ , y ′ ) = (x + x′ , y + y ′ )

ii) Loi externe : Si λ est un réel et u = (x, y) est un


élément de R2 , alors :

λ · u = λ · (x, y) = (λx, λy)

iii) L’élément neutre de la loi interne est le vecteur nul


(0,0).
iv) Le symétrique de (x, y) est (−x, −y), que l’on
note aussi −(x, y).

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Espace vectoriel sur un corps quelconque
Définition et propriétés de base

Définition
Soient (E, +) un groupe commutatif et (K, +, ·) un corps commutatif.
On dit que E est un K-espace vectoriel ou un espace vectoriel sur K, s’il existe
une application de K × E vers E, appelée loi externe sur E, qui à
(α, x) ∈ K × E fait correspondre α · x, vérifiant les axiomes suivants :
i) ∀x ∈ E, 1K · x = x.
ii) ∀α ∈ K, ∀β ∈ K, ∀x ∈ E, (α + β) · x = α · x + β · x.
iii) ∀α ∈ K, ∀β ∈ K, ∀x ∈ E, (αβ) · x = α · (β · x).
iv) ∀α ∈ K, ∀x ∈ E, ∀y ∈ E, α · (x + y) = α · x + α · y.
Dans ce cas, les éléments de E sont appelés des vecteurs et se notent x, y, z, . . .,
tandis que les éléments de K sont appelés des scalaires et se notent α, β, γ, λ, ...

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Règles de calcul
Définition et propriétés de base

Théorème
Soit E un K-espace vectoriel, alors on a les règles de calcul
suivantes :
a) ∀x ∈ E, 0K · x = 0E .
b) ∀λ ∈ K, λ · 0E = 0E .
c) ∀λ ∈ K, ∀x ∈ E, λ · x = 0E ⇐⇒ λ = 0K ou x = 0E .

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Exemples fondamentaux
Définition et propriétés de base

Exemple 1
Soient (L, +, ×) un corps commutatif et K un sous-corps de L, alors L
peut-être considéré comme un K-espace vectoriel pour la loi externe définie
comme suit :

K × L −→ L
(λ, x) 7−→ λ · x = λ × x

Par exemple, L = C et K = R, L = R et K = Q ou L = C et K = Q.
En particulier, tout corps K peut-être considéré comme un espace vectoriel sur
lui-même.

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Exemples fondamentaux
Définition et propriétés de base

Exemple 2
Soit K un corps commutatif, alors pour tout entier n > 1, K n est
un K-espace vectoriel pour la loi externe :

K × K n −→ K n
(λ, x) 7−→ λ · x = (λ1 x1 , λ2 x2 , . . . , λn xn )

où x = (x1 , x2 , . . . , xn ).

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Exemples fondamentaux
Définition et propriétés de base

Exemple 3
Soient E1 , E2 , . . . , En des espaces vectoriels sur le même corps K. Alors le produit
cartésien E1 × E2 × . . . × En est un K-espace vectoriel pour la loi externe définie par :

K × (E1 × E2 × . . . × En ) −→ E1 × E2 × . . . × En
(λ, (x1 , x2 , . . . , xn )) 7−→ λ (x1 , x2 , . . . , xn ) = (λx1 , λx2 , . . . , λxn )

E1 × E2 × . . . × En s’appelle l’espace vectoriel produit des K-espaces vectoriels


E1 , E2 , . . . , En .

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Exemples fondamentaux
Définition et propriétés de base

Exemple 4
Soient E un K-espace vectoriel, A un ensemble non vide quelconque et E A l’ensemble de
toutes les applications de A vers E. Alors E A est un K-espace vectoriel pour la loi externe :

K × E A −→ E A
(λ, f ) 7−→ λ · f

où λ · f est l’application de A vers E définie par :

∀a ∈ A, (λ · f )(a) = λ · f (a)

Rappelons aussi que si f et g sont deux applications de A vers E, alors f + g est l’application de
A vers E définie par :
∀a ∈ A, (f + g)(a) = f (a) + g(a)

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Plan
Chapitre 1: Espaces Vectoriels

1. Rappels sur les ensembles

2. Définition et propriétés de base

3. Sous-espaces vectoriels

4. Familles et combinaisons linéaires de vecteurs

5. Espaces vectoriels de dimension finie

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Définition et caractérisation
Sous-espaces vectoriels

Définition
Soient E un K-espace vectoriel et F une partie de E. On dit que F est un
sous-espace vectoriel de E, si :
i) (F, +) est un sous-groupe de (E, +).
ii) ∀λ ∈ K, ∀x ∈ F, λ · x ∈ F .

Remarque
Si F est un sous-espace vectoriel de E, alors F est un espace vectoriel pour la loi
externe induite par celle de E :

K × F −→ F
(α, x) 7−→ α · x

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Définition et caractérisation
Sous-espaces vectoriels

Proposition
Soient E un K-espace vectoriel et F une partie de E. Alors F est un
sous-espace vectoriel de E, si, et seulement si :
i) F ̸= ∅.
ii) ∀x ∈ F, ∀y ∈ F, x + y ∈ F .
iii) ∀λ ∈ K, ∀x ∈ F, λ · x ∈ F .

Remarque
Soit K un corps commutatif. Pour montrer qu’un ensemble F est un K-espace
vectoriel, il suffit, dans la plupart des cas, de montrer que F est un sous-espace
vectoriel d’un K-espace vectoriel connu.

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Définition et caractérisation
Sous-espaces vectoriels

Exemple 1
Pour tout K-espace vectoriel E, les parties {0E } et E sont des sous-espaces vectoriels de E.

Exemple 2
L’ensemble F des suites réelles qui tendent vers zéro à l’infini, est un R-espace vectoriel :

F = {(xn )n≥0 ∈ RN : lim xn = 0}


n→∞

Il suffit de montrer que F est un sous-espace vectoriel de E = RN .

Exemple 3
Soit I un intervalle de R, alors C(I, R), l’ensemble des fonctions continues de I vers R, est un R-espace
vectoriel.
Il suffit de vérifier que C(I, R) est un sous-espace vectoriel de RI , l’espace vectoriel de toutes les
applications de I vers R.

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Définition et caractérisation
Sous-espaces vectoriels

Exercice
Déterminer lesquels des ensembles E1 , E2 , E3 et E4 sont des
sous-espaces vectoriels de R3 .

E1 = {(x, y, z) ∈ R3 | 3x − 7y = z}
E2 = {(x, y, z) ∈ R3 | x2 − z 2 = 0}
E3 = {(x, y, z) ∈ R3 | x + y − z = x + y + z = 0}
E4 = {(x, y, z) ∈ R3 | z(x2 + y 2 ) = 0}

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Définition et caractérisation
Sous-espaces vectoriels

Solution
1) i) (0, 0, 0) ∈ E1 .
ii) Soient (x, y, z) et (x′ , y ′ , z ′ ) deux éléments de E1 . On a donc :

3x − 7y = z et 3x′ − 7y ′ = z ′ =⇒ 3(x + x′ ) − 7(y + y ′ ) = (z + z ′ )


=⇒ (x + x′ , y + y ′ , z + z ′ ) ∈ E1 .

iii) Soit λ ∈ R et (x,y,z) ∈ E1 . Alors :

3x − 7y = z =⇒ 3(λx) − 7(λy) = λz
=⇒ λ(x, y, z) = (λx, λy, λz) ∈ E1 .

2) E2 = {(x, y, z) ∈ R3 | x2 − z 2 = 0} c’est-à-dire E2 = {(x, y, z) ∈ R3 | x = z ou


x = −z}. Donc (1, 0, −1) et (1, 0, 1) appartiennent à E2 mais
(1, 0, −1) + (1, 0, 1) = (2, 0, 0) n’appartient pas à E2 qui n’est en conséquence pas un
sous-espace vectoriel de R3 .

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Définition et caractérisation
Sous-espaces vectoriels

Solution
3) E3 est un sous-espace vectoriel de R3 . En effet :
i) (0, 0, 0) ∈ E3 .
ii) Soient (x, y, z) et (x′ , y ′ , z ′ ) deux éléments de E3 . On a donc :

x + y − z = x + y + z = 0 et x′ + y ′ − z ′ = x′ + y ′ + z ′ = 0
=⇒ (x + x′ ) + (y + y ′ ) − (z + z ′ ) = (x + x′ ) + (y + y ′ ) + (z + z ′ ) = 0
=⇒ (x, y, z) + (x′ , y ′ , z ′ ) = (x + x′ , y + y ′ , z + z ′ ) ∈ E3 .
iii) Soit λ ∈ R et (x, y, z) ∈ E3 . Alors :

x + y − z = x + y + z = 0 =⇒ λx + λy − λz = λx + λy + λz = 0
=⇒ λ(x, y, z) = (λx, λy, λz) ∈ E3 .

4) Les vecteurs (1, 0, 0) et (0, 0, 1) appartiennent à E4 mais leur somme


(1, 0, 0) + (0, 0, 1) = (1, 0, 1) ne lui appartient pas donc E4 n’est pas un sous-espace vectoriel de
R3 .

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Opérations sur les sous-espaces vectoriels
Sous-espaces vectoriels

Proposition (Intersection)
Soit E un K-espace vectoriel, alors l’intersection d’une famille quelconque de
sous-espaces vectoriels de E est un sous-espace vectoriel de E.

Proposition (Somme)
Soient E un K-espace vectoriel, F1 , F2 , . . . , Fn des sous-espaces vectoriels de E, avec
n ≥ 2.
On définit la partie de E, notée F1 + F2 + . . . + Fn , par x ∈ F1 + F2 + . . . + Fn , si
et seulement si, il existe (x1 , x2 , . . . , xn ) ∈ F1 × F2 × . . . × Fn , tel que
x = x1 + x2 + . . . + xn .
F1 + F2 + . . . + Fn est un sous-espace vectoriel de E, appelé sous-espace vectoriel
somme des sous-espaces vectoriels F1 , F2 , . . . , Fn .

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Opérations sur les sous-espaces vectoriels
Sous-espaces vectoriels

Définition (Somme directe)


Soient E un K-espace vectoriel et F1 , F2 , . . . , Fn des sous-espaces vectoriels
de E.
On dit que la somme F1 + F2 + . . . + Fn est directe, si pour tout
x ∈ F1 + F2 + . . . + Fn , il existe un unique
(x1 , x2 , . . . , xn ) ∈ F1 × F2 × . . . × Fn , tel que x = x1 + x2 + . . . + xn .

Notation
Dans le cas où la somme F1 + F2 + . . . + Fn est directe, on la note :
n
M
F1 ⊕ F2 ⊕ · · · ⊕ Fn ou encore Fi
i=1

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Opérations sur les sous-espaces vectoriels
Sous-espaces vectoriels

Lemme
La somme F1 + F2 + . . . + Fn est directe, si et seulement si, pour
tout (x1 , x2 , . . . , xn ) ∈ F1 × F2 × . . . × Fn , on a :

x1 + x2 + · · · + xn = 0 =⇒ x1 = x2 = · · · = xn = 0
Théorème
La somme F1 + F2 + . . . + Fn est directe, si et seulement si :

∀i ∈ {1, 2, . . . , n − 1}, Fi ∩ (Fi+1 + · · · + Fn ) = {0}

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Opérations sur les sous-espaces vectoriels
Sous-espaces vectoriels

Remarque
Soit E un K-espace vectoriel quelconque, alors d’après le théorème précédent,
1) La somme de deux sous-espaces vectoriels F et G de E est directe, si et
seumlement si :
F ∩ G = {0}
2) La somme de trois sous-espaces vectoriels F , G et H de E est directe, si et
seumlement si :

F ∩ (G + H) = {0} et G ∩ H = {0}

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Sous-espaces supplémentaires
Sous-espaces vectoriels

Définition
Soient E un K-espace vectoriel, F et G deux sous-espaces
vectoriels de E. On dit que F et G sont supplémentaires dans E, si,
i) La somme F + G est directe.
ii) E = F ⊕ G.

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Sous-espaces supplémentaires
Sous-espaces vectoriels

Remarque

E = F + G

E = F ⊕ G ⇐⇒ et

∀(x, y) ∈ F × G, x + y = 0 =⇒ x = y = 0

E = F + G

⇐⇒ et

F ∩ G = {0}

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Sous-espaces supplémentaires
Sous-espaces vectoriels

Exemple
Soient E = RR le R-espace vectoriel de toutes les fonctions de R vers R, F l’ensemble des
fonctions f ∈ E qui sont paires et G l’ensemble des fonctions f ∈ E qui sont impaires. Alors F
et G sont deux sous-espaces supplémentaires de E.
En effet, Il est clair que F et G sont deux sous-espaces vectoriels de E, car la somme de deux
fonctions paires (resp. impaires) est une fonction paire (resp. impaire), ainsi que la multiplication
d’une fonction paire (resp. impaire) est une fonction paire (resp. impaire).
Si f ∈ F ∩ G, alors f est une fonction qui est à la fois paire et impaire, donc f est nulle, par suite,
F ∩ G = {0}.
Vérifions que E = F + G. Pour cela soit f ∈ E et soient g et h les fonctions définies par :

f (x) + f (−x) f (x) − f (−x)


∀x ∈ E, g(x) = et h(x) =
2 2
Alors g et h sont respectivement paire et impaire et on a f = g + h.

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Sous-espaces supplémentaires
Sous-espaces vectoriels

Théorème
Soit E un K-espace vectoriel quelconque. Alors tout
sous-espace vectoriel de E possède au moins un
supplémentaire.

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Sous-espaces supplémentaires
Sous-espaces vectoriels

Exercice
Dans E = R4 , on considère les sous-espaces vectoriels :

F = (x, y, z, t) ∈ R4 : x + y + z + t = 0


G = {(2a, −a, 0, a) avec a ∈ R}

1) Démontrer que F et G sont en somme directe.


2) Soit (x, y, z, t) ∈ R4 . Déterminer a ∈ R tel que le vecteur
(x − 2a, y + a, z, t − a) ∈ F .
3) En déduire que F et G sont Supplémentaires.

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Sous-espaces supplémentaires
Sous-espaces vectoriels

Solution
1) Soit (x, y, z, t) ∈ F ∩ G Alors d’une part on a

x+y+z+t=0

et d’autre part, il existe a ∈ R tel que (x, y, z, t) = (2a, −a, 0, a). On introduit
ceci dans l’équation précédente, et on trouve

2a − a + 0 + a = 0 ⇐⇒ 2a = 0 ⇐⇒ a = 0.

Ainsi, (x, y, z, t) = (0, 0, 0, 0) et on a F ∩ G = {(0, 0, 0, 0)} donc F et G sont


en somme directe.

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Sous-espaces supplémentaires
Sous-espaces vectoriels

Solution
2) On a :
(x − 2a, y + a, z, t − a) ∈ F ⇐⇒ x − 2a + y + a + z + t − a = 0
x+y+z+t
⇐⇒ a = .
2
3) Soit (x, y, z, t) ∈ R4 et posons a = (x + y + z + t)/2. Posons également
(x′ , y ′ , z ′ , t′ ) = (x − 2a, y + a, z, t − a). Alors d’après la question précédente,
(x′ , y ′ , z ′ , t′ ) ∈ F .On sait aussi que (2a, −a, 0, a) ∈ G et que :

(x, y, z, t) = (x′ , y ′ , z ′ , t′ ) + (2a, −a, 0, a).

Ainsi, on a prouvé que (x, y, z, t) ∈ F + G et donc que F + G = E. En utilisant


le résultat de la première question, on conclut que F et G sont supplémentaires.

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Plan
Chapitre 1: Espaces Vectoriels

1. Rappels sur les ensembles

2. Définition et propriétés de base

3. Sous-espaces vectoriels

4. Familles et combinaisons linéaires de vecteurs

5. Espaces vectoriels de dimension finie

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Combinaisons linéaires
Familles et combinaisons linéaires de vecteurs

Définition
Soient E un K-espace vectoriel et A = (xi )i∈I une famille
d’éléments de E. On dit qu’un élément x de E est une
combinaison linéaire d’éléments de A, s’il existe une famille de
vecteurs (x1 , x2 , . . . , xn ) de A et il existe α1 , α2 , . . . , αn
éléments de K, tels que :
n
X
x = α1 x1 + α2 x2 + · · · + αn xn = αi x i
i=1

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Sous-espaces vectoriels engendrés
Familles et combinaisons linéaires de vecteurs

Proposition
Soient E un K-espace vectoriel et A une famille non vide d’éléments de E. Alors l’ensemble de toutes les
combinaisons linéaires d’éléments A est un sous-espace vectoriel de E, appelé sous-espace vectoriel
engendré par A et se note Vect(A).

Remarque

1) On vérifie facilement que Vect(A) est l’intersection de tous les sous-espaces vectoriels de E
contenant A. Donc Vect(A) est le plus petit sous-espace vectoriel contenant A, c’est à dire, si F est
un sous-espace vectoriel de E qui contient A, alors F contient aussi Vect(A).
2) Puisque {0} est le plus petit sous-espace vectoriel de E contenant ∅, alors on peut écrire
Vect(∅) = {0}. C’est pour cela qu’on convient d’écrire :
X
αi xi = 0
i∈∅

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Familles génératrices
Familles et combinaisons linéaires de vecteurs

Définition
Soient E un K-espace vectoriel et A une famille d’éléments de E. On dit que A est une famille
génératrice de E, si Vect(A) = E.

Exemples
1) ∅ est une famille génératrice de l’espace vectoriel nul {0}.
2) Pour tout K-espace vectoriel E, E est une famille génératrice de E.
3) A = {e1 , e2 , . . . , en } est une famille génératrice de K n , où :

e1 = (1, 0, . . . , 0), e2 = (0, 1, 0 . . . , 0), . . . , en = (0, . . . , 0, 1)

4) A = {1, X, X 2 , . . . , X n , . . .} est une famille génératrice de K[X].


5) A = {1, X, X 2 , . . . , X n } est une famille génératrice de Kn [X].

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Dépendance et indépendance linéaires
Familles et combinaisons linéaires de vecteurs

Définition
Soient E un K-espace vectoriel et L une famille non vide d’éléments de E.
i) Si L est finie, L = {x1 , x2 , . . . , xn }, on dit que L est libre, si pour tout
(α1 , α2 , . . . , αn ) ∈ K n , on a :

α1 x1 + α2 · x2 + · · · + αn xn = 0 =⇒ α1 = α2 = · · · = αn = 0

ii) Si L est infinie, on dit que L est libre, si toute famille finie d’éléments de L
est libre.
iii) Une famille d’éléments de E qui n’est pas libre est dite liée.

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Dépendance et indépendance linéaires
Familles et combinaisons linéaires de vecteurs

Exemples
1) Toute famille contenant le vecteur nul est liée.
2) Par convention, L = ∅ est une famille libre.
3) Pour tout x ̸= 0, L = {x} est une famille libre.
4) en = (0, . . . , 0, 1) est une famille libre de K n .
5) L = {1, X, . . . , X n } est une famille libre de Kn [X].
6) L = {1, X, X 2 , . . . , X n , . . . . . .} est une famille libre de K[X].

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Dépendance et indépendance linéaires
Familles et combinaisons linéaires de vecteurs

Exemples
7) L = {x(m) : m ∈ N}, où ∀m ∈ N, x(m) = (x(m)
n )n≥0 est la suite de K définie
par : (
1 si n = m
∀n ∈ N, x(m)
n =
0 si n ̸= m

est une famille libre de K N .


8) Soit I un ensemble non vide quelconque, alors L = {fy : y ∈ K ∗ } est une
famille libre du K-espace vectoriel K I de toutes les applications de I vers K où :
(
1 si x = y
∀y ∈ K ∗ , ∀x ∈ K, fy (x) =
0 si x ̸= y

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Base d’un espace vectoriel
Familles et combinaisons linéaires de vecteurs

Définition
Soient E un K-espace vectoriel et B une famille quelconque d’éléments de E.
On dit que B forme une base de E, si B est à la fois une famille libre et
génératrice.

Remarque
1) Si B forme une famille d´éléments de E, alors le “nombre” de bases qu’on
peut former à partir de B est égal au nombre de permutation qu’on peut
faire sur les éléments de B.
2) Par exemple si B = {x1 , x2 , x3 } forme une base de E, alors (x1 , x2 , x3 ),
(x1 , x3 , x2 ), (x2 , x1 , x3 ), (x2 , x3 , x1 ), (x3 , x1 , x2 ) et (x3 , x2 , x1 ) sont
six bases différentes de E.

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Base d’un espace vectoriel
Familles et combinaisons linéaires de vecteurs

Exemples
1) Par convention, B = ∅ est une base de l’espace vectoriel nul
{0}.
2) B = {e1 , e2 , . . . , en }, où e1 = (1, 0, . . . , 0),
e2 = (0, 1, 0 . . . , 0), . . ., forme une base de K n .
(e1 , e2 , . . . , en ) s’appelle la base canonique de K n .
3) B = 1, X, . . . , X n forme une base de Kn [X].
(1, X, . . . , X n ) s’appelle la base canonique de Kn [X].
4) B = 1, X, . . . , X n , . . . forme une base de K[X].

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Base d’un espace vectoriel
Familles et combinaisons linéaires de vecteurs

Lemme
Soient E un K-espace vectoriel, L une famille libre de E et x ∈ E, alors :

x∈
/ V ect(L) ⇐⇒ L ∪ {x} est libre

Théorème (Caractérisation d’une base)


Soient E un K-espace vectoriel et B une famille d´éléments de E. Alors les propositions
suivantes sont équivalentes :
i) B forme une base de E.
ii) B est une famille génératrice minimal de E.
iii) B est une famille libre maximal de E.

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Plan
Chapitre 1: Espaces Vectoriels

1. Rappels sur les ensembles

2. Définition et propriétés de base

3. Sous-espaces vectoriels

4. Familles et combinaisons linéaires de vecteurs

5. Espaces vectoriels de dimension finie

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Définition et exemples
Espaces vectoriels de dimension finie

Définition
Soit E un K-espace vectoriel. On dit que E est de dimension finie sur K, si E possède au moins une famille
génératrice finie. Dans le cas contraire, on dit que E est de dimension infinie.

Exemples

1) Soit K un corps commutatif, alors pour tout entier n ≥ 1, K n est de dimension finie sur K.
En effet, soit A = {e1 , e2 , . . . , en }, où e1 = (1, 0, . . . , 0), e2 = (0, 1, 0 . . . , 0), . . .,
en = (0, . . . , 0, 1), alors A est une famille génératrice finie de K n .
2) Pour tout corps commutatif K et pour tout entier n ≥ 1, Kn [X] est de dimension finie sur K.

Kn [X] = {P ∈ K[X] : deg(P ) ≤ n}


2 n
{1, X, X , . . . , X } est une famille génératrice finie de Kn [X].

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Théorème de la dimension finie
Espaces vectoriels de dimension finie

Lemme
Soient E un K-espace vectoriel, A et B deux familles d’éléments de E et n un entier
naturel, tels que :
i) Card(A) = n et Card(B) = n + 1.
ii) Tout élément de B est combinaison linéaire d’éléments de A ou autrement dit
B ⊆ Vect(A).
Alors B est liée.

Corollaire
Soient E un K-espace vectoriel de dimension finie et A une partie génératrice finie de
E. Alors pour toute partie libre L de E, on a :

Card(L) ≤ Card(A)

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Théorème de la dimension finie
Espaces vectoriels de dimension finie

Corollaire
Soit E un K-espace vectoriel. Alors E est de dimension infinie, si et seulement si, E
possède au moins une partie libre infinie.

Exemples
1) Pour tout corps commutatif K, K[X] est un K-espace vectoriel de dimension
infinie, car L = 1, X, X2 , . . . , Xn , . . . est une partie libre infinie de K[X].
2) Si E possède un sous-espace vectoriel de dimension infinie, alors E est de
dimension infinie. Par suite, si E est de dimension finie, alors tout sous-espace
vectoriel de E est de dimension finie.
3) RN est un sous-espace vectoriel de RR , donc RR , l’espace vectoriel de toutes les
applications de R vers R, est de dimension infinie.

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Théorème de la dimension finie
Espaces vectoriels de dimension finie

Corollaire
Soit E un K-espace vectoriel de dimension finie, alors tout sous-espace vectoriel
de E est aussi de dimension finie.

Corollaire
Tout espace vectoriel de dimension finie possède au moins une base.

Théorème (Théorème de la dimension finie)


Soit E un K-espace vectoriel de dimension finie, alors :
i) Toute base de E est de cardinal fini.
ii) Toutes les bases de E ont même cardinal.

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Théorème de la dimension finie
Espaces vectoriels de dimension finie

Définition
Soit E un K-espace vectoriel de dimension finie. Le cardinal
commun à toutes les bases de E, s’appelle la dimension de E sur
K et se note dimK (E) ou tout simplement dim(E) s’il n’y a pas
d’ambiguı̈té.
Remarque
La dimension d’un K-espace vectoriel dépend du corps K. Par
exemple on a :

dimC (C) = 1, dimR (C) = 2 et dimQ (C) = ∞


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Théorème de la dimension finie
Espaces vectoriels de dimension finie

Corollaire
Soit E un K-espace vectoriel de dimension finie = n, alors :
i) Toute famille libre de E est de cardinal ≤ n.

L libre =⇒ Card(L) ≤ n

ii) Toute famille génératrice de E est de cardinal ≥ n.

A génératrice =⇒ Card(L) ≥ n

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Théorème de la dimension finie
Espaces vectoriels de dimension finie

Corollaire
Soit E un K-espace vectoriel de dimension finie = n, alors :
i) Toute famille libre de cardinal = n est une base de E.

[(L libre) et (Card(L) = n)] =⇒ L base de E

ii) Toute famille génératrice de cardinal = n est une base de E.

[(A génératrice) et (Card(A) = n)] =⇒ A base de E

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Théorème de la base incomplète/extraite
Espaces vectoriels de dimension finie

Théorème
Soient E un K-espace vectoriel de dimension finie, A une famille génératrice
quelconque de E et L une famille libre de E, telle que L̄ ⊆ A. Alors il existe une
base B de E, telle que :
L⊆B⊆A

Corollaire
Soit E un K-espace vectoriel de dimension finie ≥ 1. Alors :
i) Toute famille libre de E peut-être complétée en une base de E.
ii) De toute famille génératrice de E on peut extraire une base de E.

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Espaces vectoriels supplémentaires en dimension finie
Espaces vectoriels de dimension finie

Proposition
Soit E un K-espace vectoriel de dimension finie. Alors :
i) Si F et G sont deux sous-espaces vectoriels de E, alors on a :

E = F ⊕ G =⇒ dim(E) = dim(F ) + dim(G)

ii) Si F et G sont deux sous-espaces vectoriels de E, alors on a :

dim(F + G) = dim(F ) + dim(G) − dim(F ∩ G)

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Espaces vectoriels supplémentaires en dimension finie
Espaces vectoriels de dimension finie

Corollaire
Soient E un K-espace vectoriel de dimension finie, F et G deux
sous-espaces vectoriels de E. Alors :

F ∩ G = {0}

E = F ⊕ G ⇐⇒ et

dim(F ) + dim(G) = dim(E)

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Espaces vectoriels supplémentaires en dimension finie
Espaces vectoriels de dimension finie

Remarque
Soient E un K-espace vectoriel de dimension finie, F1 , F2 , . . . , Fn des sous-espaces vectoriels
de E. Alors on vérifie, par récurrence sur n, qu’on a toujours :

dim(F1 + F2 + · · · + Fn ) ≤ dim(F1 ) + dim(F2 ) + · · · + dim(Fn )

Corollaire
Soient E un K-espace vectoriel de dimension finie, F1 , F2 , . . . , Fn des sous-espaces vectoriels
de E. Alors :

F1 + F2 + · · · + Fn = E

E = F1 ⊕ F2 ⊕ · · · ⊕ Fn ⇐⇒ et

dim(F1 ) + · · · + dim(Fn ) = dim(E)

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Rang d’une famille de vecteurs
Espaces vectoriels de dimension finie

Définition
Soient E un K-espace vectoriel pas nécessairement de dimension
finie et A une partie de E. On appelle rang de la famille A, noté
rg(A), la dimension (finie) de Vect(A).

Remarque
Il est toujours vrai que rg(A) ≤ n, avec égalité si et seulement si
A est libre.

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