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r. E.

IDHJIOB

MATEMATHl:J.ECK HA AHAJIH3

I!IYHRL\HH O)lHOrO DEPEMEHHOrO

tiaeT& 3

HSAA.TEn&CTBO oHAYHA• MOCKBA


G. CHILOV

Analyse
mathématique

FONCTIONS
D'UNE

VARIABLE

ae partie

Oetuci .\me ldi ti on

Editions Mir • Moscou


R~impressioa 1978

Traduit du russe par


Vitall Kharine

® Traduction française•Edlt lons Mir t973


Avant-propos

La troisième partie du livre • Fonctions d'une variable t es


basée sur les mêmes principes que les deux premières pricédemment
parues. Ils sont exprimés dans l'avant-propos du premier tome.
La numérotation des chapitres du présent volume (12-16) continue
celle du précédent (1-11).
Dans la troisième partie, le rôle principal appartient au chapi-
tre 12 «Structures fondamentales de l'analyse 11 où l'on considère
les espaces vectoriels, les espaces métriques (contrairement au
chapitre 3 de la première partie, ici ce sont des espaces fonctionnels,
et non pas des ensembles de points dans un espace de dimension
finie, qui en servent de modèles), les espaces normés, les algèbres
normées et, enfin, les espaces hilbertiens. Les algèbres normées
sont appliquées à la théorie des opérateurs linéaires dans un espace
normé; en particulier, le «calcul opérationnel t des fonctions ana-
lytiques dans une algèbre normée, appliqué à l'algèbre des opérateurs
linéaires, conduit à des théorèmes du genre de l'alternative de
Fredholm. L'étude de l'espace vectoriel normé des suites bornées
et celle des fonctionnelles sur cet espace sont liées aux notions do
limite généralisée et de sommation généralisée des séries.
Dans le chapitre 13 t Equations différentielles ~. on établit les
théorèmes principaux sur les solutions des équations différenliclJes
ordinaires pour les fonctions à valeurs dans un espace normé. La solu-
tion d'une équation linéaire à coefficient opératoriel constant
s'exprime par l'exponentielle i'un opérateur; en l'explicitant
nous obtenons les formules pour les solutions d'une équation linéaira
à coefficients constants, d'un système d'équations de ce type et d'une
équation d'ordre supérieur. Pour une équation linéaire à coefficient
opératoriel variable, on construit la méthode de variation de la
constante.
6 A V ANT•PROPOS

C'est essentiellement les séries de Fourier que l'on élodie dans


le chapitre 14 « Développements orthogonaux ~ ; on considère de
divers types de convergence et de sommabilité de ces séries.
Le chapitre 15 t Transformation de Fourier t, parallèlement
à la théorie réelle ordinaire, traite des problèmes liés au domaine
complexe, en particulier à la transformation de Laplace.
Dans le chapitre 16 « Courbes gauches t, nous expœons la théorie
de la conrbure dans un espace à plusieurs dimensions.
Comme dans les deux premières parties, l'exposé est accompagné
d'exercices. On trouve les réponses et les indications correspondantes
à la fin du llvre.
L'auteur
Ainsi, avec ces indisp~nsabl•s correc-
tifs, peut-on mieult prendre con!cien-
ce dela Vie interne da la mdthématique,
de ce qui fai L à la fois son unité ct. sa
diversité; telle une grande cil4! don\
les faubourgs ne cessent de progresser,
de façon queliJUe peu chaotique, sur
le lerrain env~ronnant, tandis que le
centre se reconstruit périodiquement,
chaque fols suivant. un plan plus
clair et une ordonnance plus maje~­
tneuse, jetant à bas les vieult quarllent
et leurs dédales de ruelles, pour lancer
vers périphérie des avonues toujours
plus directes, plus larges ot plus com-
modes.
N. Bourbaki, L'architectura
des mathématiques (t938)

TROISlEME
PARTIE

Chapitres choisis
de l'analyse moderne
CHAPITRE 12

Structures fondamentales de l'analyse

H 1 1 b ar t. C'est donc celui-là 1


Mais bion sOr que je m'en souvlons,
il élalt. mon élève dans Jo tPmps.
Après, il est devonu poèle: évidl!m-
ment, Il n'avait pas assez. de fantaisie
pour s'occuper des mathématiques.

Nous avons déjà parlé de structures mathématiques (§ 2.5).


Disons-en encore quelques mots visant cette fois les structures qui
se présentent dans l'analyse. Les objets de l'analyse mathématique
sont les nombres, les fonctions et les opérations sur ces nombres et
fonctions. Du point de vue le plus général, les llens qui existent
entre ces objets sont décrits par la théorie des ensembles. En effet,
nombres el fonctions forment des ensembles variés; les relations
d'inclusion, les opérations de réunion, intersection, passage au
complémentaire permettent de décrire certaines propriétés générales
de ces ensembles. Nous arrivons à des structures fondamentales
de l'analyse en imposant aux ensembles les conditions supplémen-
taires mises sous la forme d'un système d'axiomes correspondant.
à certaines propriétés ou opérations que l'on utillse dans l'analyse
mathématique classique. C'est ainsi qu'apparaissent. les structures
mathématiques suivantes: espace vectoriel où 1'on axiomatise les
opérations linéaires d'addition des éléments et de multiplication
d'un élément par un nombre; espace métrique où., à l'aide de la
notion de distance, on axiomatise l'opération de passage à la limite;
espace vectoriel normé (q: de Banach t) où l'on considère les opéra-
tions linéaires ainsi que le passage à la limite ; algèbre normée
où l'on ajoute aux opérations mentionnées celle de multiplication
des éléments; espace hilbertien où l'on axiomatise la notion de
produit. scalaire, ce qui permet d'opérer non seulement avec les
longueurs de vecteurs mais aussi avec les angles qu'ils forment;
onfin, lorsqu'on demande que le nombre de dimensions soit fini,
on aboutit aux espaces vectoriels affine (i.e. non métrisé), normé
et hilbertien (ou euclidien) de dimension finie. A part les structures
fondamentales mentionnées, il existe une quantité de structures
intermédiaires dont nous ne parlons pas pour l'instant bien qu'elles
10 CH. 12. STRUCTURES PONDAJIENTALES DE L'ANALYSI::

soient très importantes (espaces topologiques, espaces partiellement


ordonnés, ete.).
Voici le schéma des structures fondamentales que nous allons
étudier plus on détail :

Chaque flèche désigne une déduction, i.e. un passage d'une notion


générale à une notion spéciale.

§ t 2.1. Espaces vectoriels •)


t2. tt. On construit l'axiomatique de l'espace vectoriel en
parlant des propriétés de l'espace réel n-dimensionnel Rn (2.61)
mais sans tenir compte de la notation utilisant les coordonnées et
en remplaçant le corps R des nombres réels par un corps quelcon-
que K (1.22). Notamment, un espace vectoriel K sur le corps K est
un ellllemble des objets z, y, . . . appelés vecteurs, pour lesquels
on a établi les opérations d'addiLion el de multiplication par les
nombres (du corps K) de sorte que les axiomes suivants soient
satisfaits :
a. z + y = y + z quels que soient z et y de K.
b. (z + y) +z = z + (y + z) quels quo soient z. y, z de K.
c. Il existe dans Kun vecteur désigné par 0 (vecteur nul) tel que
z + 0 = z pour tout z E K.
d. Pour tout z E K il y a un élément y E K dit opposé de z tel
que ~+y= O.
e. CL (z +y) = CLZ +
a.y quels que soient z, y E K et a. E K.
f. (a.+ P) z = CLZ + Pz quels que soient z E K eL a. et p de K.
g. i•z = z pour tout z E K.
h. a. <Pz) = (a.jJ) z quels que soient z E K et a. et P de K.
Lorsque le corps K est le corps R des nombres réels, l'espace K
est appelé espace vectoriel réel et est désigné par R. Lorsque le
corps K est le corps C des nombres complexes, l'espace K est appelé
espace vectoriel complexe et désigné par C.
t2.t2. Les axiomes de l'addition a-d répètent les axiomes de 1.21
pour les nombres réels. C'est pourquoi, dans toul espace vectoriel,
•) Pour plus de d6tails, cf. [14).
1 12.1. ESPACES VECTORIELS 1t

les corollaires que nous avons tirés dans § 1.3 des axiomes de l'addi-
tion des nombres réels sont valables, à savoir: unicité du zéro,
nnicilé de l'opposé pour tout z E K, existence et unicité de la solu-
tion de l'équation a+ z = b, ce qui garantit la possibilité d'une
définition correcte de 1'opération de soustraction.
L'op4!ralion de multiplication des éléments d'un espace vectoriel
n'est pas définie, et la ressemblance des axiomes e-h avec certains
axiomes de la multiplication des nombres réels cités dans 1.22 est
trompeuse. Pour cette raison, quelques-uns seulement des théorêmeB
de § 1.4 sont valables pour les espaces vectoriels. Restent justes,
sans que la démonstration change tant soit peu sérieusement, les
propositions suivantes:
a (analogue de 1.47a). Pour tout z E K on a l'égalité O·z = 0
(lei 0 dans le second membre est le vecteur nul et dans le premier
le nombre 0 du corps K).
b (analogue de 1.47b). Si ax = 0, alors ou bien a = 0, ou bien
%=o.
En effet, si a~ 0, on a d'après 12.11 g-h:

z=.!...cu=.!...·O=O.
a a
e (analogue de 1.49). Pour tout z E K l'égalité -z = (-1) z
11 lieu.
12.13. E :xe m p 1 es d'espaces v e ct or i e 1 s. Signa-
lons quatre types d'espaces sur le corps R des nombres réels:
a. Nombres réels eu:x-mêmes avec les opérations habituelles.
b. Espace réel Rn de dimension n ( § 2.6).
e. Espace R (E) de toutes les fonctions (à valeurs réelles) définies
sur un ensemble E, avec les opérations habituelles (pour les fonctions
numériques) d'addition et de multiplication par les nombres réels
(4.31b).
d. Espace R (E) de tontes les fonctions à valeurs vectorielles
(d'un espace réel R) avec les opérations d'addition et de multiplica-
tion par les nombres réels définies d'une façon naturelle pour les
fonctions à valeurs vectorielles:
(z + y) (t) = z (l) + y (t), (cu) (t) = c:r.x (t).
Chacun de ces exemples sauf le premier est une générallsalion
du précédent.
En remplaçant dans ces exemples le corps des nombres réels
par un corps quelconque K, on obtient quatre exemples d'espaces
sur le corps K :
e. Corps K lui-même.
f. Espace n-dimensionnel Kn sur le corps K, formé de tous les
complexes (a~o ••• , œ,.) composés chacun de n éléments du corps K
t2 CH. 12. STRUCTURES FONDAMENTALES DE L'ANALYSE

avec les opérations d'addition el de multiplication par les nombres


introduites d'après les règles:
(a" ••. , an) + (IJ,, •.• , ~n) = (al + P~o .•. , an + IJn),
p (at. ••• , an) = (palt ••• , Pan).
g. Espace K (E) de toutes les fonctions à valeurs dans le corps K
définies sur l'ensemble E avec les opérations habituelles (pour les
fonctions) d'addition et de multiplication par un nombre.
h. Espace K (E) de toutes les fonctions à valeurs vectorielles
(d'un espace K) définies sur l'ensemble E et munies des opérations
naturelles (pour les fonctions vectorielles) d'addition et de multi-
plication par un nombre.
L'espace suivant ne figure pas sur la liste ci-dessus mais est
d'une importance primordiale dans l'analyse:
i. Espace R• (M) de toutes les fonctions réelles continues définies
sur un espace métrique M •).
Cet exemple ne peut être généralisé au cas des fonctions à valeurs
dans un corps quelconque K puisque, pour de telles fonctions, la
notion de continuité n'est en général pas définie (la continuité
d'une fonction suppose une métrique dans l'espace où la fonction
prend ses valeurs; or on n'a introduit aucune métrique dans \ln corps
arbitraire K).
Pour le moment, on ne peut étendre l'exemple 1. qu'au cas des
fonctions à valeurs dans l'espace réel n-dimensionnel Rn où l'on
a aussi bien les opérations linéaires que la notion de continuité (5.81):
J. Espace R:, (M) de toutes les fonctions continues définies
sur un espace métrique M, à valeurs dans l'espace réel Rn de dimen-
sion n.
k. Un cas particulier de l'exemple 1 qui mérite d'être signalé
est l'espace C' (M) de toutes les fonctions continues sur un espace
métrique M, à valeurs complexes.
Une restriction ultle de l'exemple i sera considérée dans 12.23b.
12.t4.a. Les vecteurs z" ... , Zn d'un espace vectoriel K sont
dits Unlairement dipendants s'il existe dans le corps K les constantes
a 1, • • • , an qui ne sont pas toutes nulles et pour lesquelles
a1.z:1 + ... + an.xn = O. (1)
Mais si l'égalité (1) implique a 1 = ... = an = 0, alors les vecteurs
z.. . .. , zn sont dits linéairement indépendants.
b. Un espace vectoriel K est dit à n dimensions (ou de dimen-
sion n) s'il y existe n vecteurs linéairement indépendants mais si
n'importe quels n +1 vecteurs sont linéairement dépendants. Si,
dans un espace K, pour tout n = 1, 2, ... , il existe n vecteurs
•) L'indice supérieur veut diro • con li nu t (stetig, en allemand).
§ 12.1. ESPACES VECTORIELS :13

linéairement indépendants, alors 1'espace K est dit de diTMnsion


tnfinte.
e. On appelle base d'un espace n-dimensionnel K tout ensemble
de ses n vecteurs linéairement indépendants. Si /~o ... , ln est une
base et z un vecteur quelconque de l'espace K, alors n + 1 vecteurs
z, / 11 • • • , ln sont déjà linéairement dépendants, et il existe donc les
nombres ota. ot~o ••• , otn de K, pas tous nuls, lels que
otoZ + otJ1 + ... + otnfn = O.

De plus ota =F 0, sinon les vecteurs / 1, ••• , f.,. s'avéreraient


linéairement dépendants. En divisant par ota et en posant ~~ =
= -otJiot 0 (j = 1, ... , n), on obtient une dicom.position du vec--
teur z suivant la base f~o ... , ln:
z = Pd, + ... + PJn·
Une telle décomposition est unique (sinon les vecteurs /~o ... , fn
seraient linéairement dépendants).
d. L'espace réel n-dimensionnel Rn (2.61) est bien un espace
vectoriel n-dimensionnel au sens de la définition donmSe. Notam-
ment, les vecteurs
e1 = (1, 0, ... , 0), ... , en = (0, 0, ..• , 1)
sont,· évidemment, linéairement indépendants. Or, n'importe quels
n + f vecteurs
Y1 = (Ts11 , • • ·, z~ 1 ),

sont HmSairement dépendants, ce qu'on a déjà vu dans 2.64.


De la même façon, l'espace Kn (12.131) est de dimension n au
sens de ladite définition.
e. Soit Q un ensemble infini sur la droite numérique
-oo<z< oo. Désignons par P (Q) 1'espace vectoriel de tous les poly-
nômes p (z) = a 0 + a 1z + ... +
a.,.zn (de tous les degrés) définis
sur Q, à coefficients d'un corps quelconque K et avec les opérations
habituelles; l'espace P (Q) est un espace vectoriel sur le corps K.
Montrons que, pour tout n, les fonctions 1, z, ••. , zn sont linëaire-
TMnt iruUpeTIIÙlntes. Supposons que sur Q on ait l'égalité
ota+ ot1Z + ... + otn:t!' a O.

En substituant successivement à z les valeurs (différentes)


z 1 , • • • , z.,. (de Q), on obtient le ·système d'équations par
Zt 1 Zto
14 CH. IZ. STRUCTURES PONDAJIIlENTALES DE L'ANALYSE

rapport à ota, •.• , otn:

oto +ottZo + ••• +anz: = 0, }


a.+ a,z, + ... + anzr = 0,
...............
Cita + ClttZD + · •• + CltnZ: = 0

dont le déterminant n'est pas nul (déterminant de Vandermonde).


D'où ao = a 1 = ... = an = 0, ce qu'il fallait démontrer.
D'après la définition donnéedansb, t'espace P(Q) ut de dimension
infinie.
f. Montrons que l'espace R' (M) (C' (M)) de touteJJ les fonctioli.B
réelles (complexe~~) continues sur un espace métrique infini M est de
dimension infinie.
Pour tout n = 1, 2, ... , nous indiquons n fonctions linéaire-
ment indépendantes dans l'espace R• (M). Soient t~o ..• , t" des
points différents de l'espace M el d = min p (t 1, t,.). Considérons
J, ~
une fonction continue y = 'P (z) de l'argument riel qui vaut 1 pour
z = 0 et 0 pour 1 z 1 :;;,. d. La fonction p (t1, t) est continue par
rapport à t (5.12b), donc z 1 (t) = q1 IP (t 1, t)l est aussi continue par
rapport à t (5.15). Par construction, la fonction z 1 (t) vaut 1 poiU
t = t, et 0 pour t = t,., k =1= J. Supposons qu'il existe la relation
+ ...
a 1z, (t) + otnZn (t) -o sur M.
En y posant t = t1 on obtient a 1 = 0 (j=1, .•. , n), d'où l'indé-
pendance linéaire des fonctions z 1 (t).
g. Un sous-ensemble E c: K est appelé sous-upace d'un espace K
si zEE, y E E impliquent z +y E E, azE E pour tout nombre
a E K.
Dans tout espace vectoriel K il e:xiste deux sous-espaces impro-
pres: le premier est formé d'un seul élément 0 et appelé sous-espace
nul, le second est identique à tout l'espace K. Tous les autres sous-
espaces de K sont appelés sous-espaces propres.
h. S o m rn es d i r e c t e s. On dit qu'un espace K est somme
directe de. ses sous-espaces L~o ... , Ln lorsque, pour tout z E K,
il existe une décomposition
Z = Zt + .. ·+ Zn• Zt EL,, ... , Zn E Ln,
et que cette décomposition est unique, c'est-à-dire que
Z = Zt + • • · + Zn = YI + • · • + Yn• .'I:J E Llo YI E L}t (2)
j = 1, ... , n,
implique Zt = Pt• ••. , Zn = Yn•
La condition (2) d'unicité de la décomposition de tout élé-
ment z peut être remplacée par la condition plus simple d'unicité
1 12.1, ESPACES VECTORIELS 15

de la décomposition du zéro: s'il y a une décomposition


0 = .%1 + .,•
+ Zm, %1 E L., , .. , Zm E Lm, (3)
alors 2:1 = ... = Zm = O.
Ainsi, l'espace Rn est la somme directe de n sous-espaces unidi-
mensionnels engendrés par n vecteurs linéairement indépendants
quelconques. D'ailleurs, on peut mettre l'espace Rn sous forme de
somme directe de sous-espaces non unidimensionnels, et cela de
diverses manières. En ~néral, pour tout sous-espace L c: Rn,
Il existe un autre sous-espace M c: Rn tel que la somme directe de
M et L donne tout l'espace Rn.
Si un espace vectoriel K est mis sous forme de somme directe
des sous-espaces L1o •.• , Lm, alors tout couple de ce:1 derniers n'a.
qu'un seul vecteur commun, à savoir le vecteur nul [14; 2.45].
1. Es pace q u o ti en t. Deux éléments .z E K, y E K sont
dits équivalents pa.r rapport à un sous-espace L c: K si z - y E L.
La relation d'équivalence est désignée par z.!:. y ou, en abrégé,
.% -y.
L'ensemble X de tous les éléments y équivalents à un élément
donné .z est appelé clruse d'équivalenee selon le sous-ensemble L ou
cla.Bse tout court. La classe X contient l'élément z lui-même; deux
éléments quelconques d'une même classe sont équivalents; enfin,
si .z Il X, alors z n'est équivalent à aucun élément y E X. Par consé-
quent, deu:x classes ou bien n'ont aucun élément commun ou bien se
confondent.
Tout l'espace K représente la réunion des classes deux à deux
disjointes X, Y, ... L'ensemble de ces classes est désigné par KIL.
Dans l'ensemble KIL, on dérinit les opérations linéaires de la façon
suivante. Soient X et Y des classes, a ct p des nombres; nous voul'Ons
définir la classe Z = aX + py. Pour le faire, choisissons arbitraire·
ment les éléments .z E X et y E Y el trouvons la classeZ qui contient
l'élément z = az + py, désignons cette dernière par aX pY. +
On démontre qu'elle est définie d'une façon unique et que les opéra-
tions ainsi introduites satisfont au:x altiomes 12.11. Le zéro de
l'espace KIL est la classe qui contient 0 de l'espace K et qui !'st
donc identique au sous-espace L. L'opposé de la classe X est la
claSlle formée des éléments opposés de ceu:x de la classe X. Les
démonsLrations de toutes ces propositions sont données dans [14;
2.481.
L'espace KIL ainsi construit est appelé espace quotient de l'upace
K pa.r le roua-espace L.
J. M o r p h i s m e s d es e s p a c e s v e c t o r i e 1 s.
Soient X et Y deult espaces vectoriels sur un même corps K. Une
application y = oo (.z) de l'espace X dans l'espace Y est appelée
morphi!m.e (homomorphisme, opérateur linéaire) de l'upace X dans
l'e1pace Y si, pour deux éléments quelconques .z1, .z 2 de l'espace X
l6 CH, 12. STRUCTURES PONDAllllENTALE8 DB L'ANAI.YSE

et pour deux nombres quelconques a 17 a 1 de K, l'égalité


oo (a,z, + at.%1 ) = a,oo (z,) + a 8 oo (z 1 )
est vérifiée.
Si un morphisme oo est une application de l'espace X sur tout
l'espace Y, on l'appelle épimorphisme. Si un morphisme oo est une
application non nécessairement sur tout Y mais injective, de sorte
que z 1 =1= z 1 implique oo (z 1) =1= oo (z 11 ), alors il est appelé mono-
morphl.sme. Un morphisme oo qui est à la fois épimorphisme el mono-
morphisme, i.e. une application injective de l'espace X sur tout
l'espace Y el qui conserve les opérations linéaires, s'appelle iso-
morphtlme (en conformité avec la définition générale de l'isomor-
phisme des structures 2.52). Un morphisme est souvent désigné corn·
me suit:
oo: x-Y.
Si X est un sous-espace d'un espace Y, alors l'application oo qui
à tout élément z E X fait correspondre lui-même en tant qu'élément
de l'espace Y est un monomorphisme oo: X - Y, el l'application
oo' qui à toul élément z E Y fait correspondre la classe U E Y /X
comprenant cel élément z est un épimorphisme oo' : Y _. Y /X.
T h é o r ê rn e. Tout upace abstrait n-dim.ensionnel Kn sur un
corps K uC. i.somorph4 à l'espace n-dimensionnel K 10 •
D é rn o n s t r a t i o n. Soit / 1 , • • • • / 10 un système de n vec-
teurs linéairement indépendants de l'espace K 10 • Pour tout z E K,.,
il existe une représentation z = ad 1 + ... +
anfn el une seu-
le (c). Faisons correspondre au vecteur z le vecteur y =
-=(at. .•. , a,.) E K 10 • Nous obtenons une application bijective
oo: Kn - Kn qui, comme c'est facile à vérifier, conserve les
opérations linéaires, i.e. est un isomorphisme.
E x e rn p 1 e. R 10 1Rm (n > m) est isomorphe à Rn-m•
k. P r o d u i t s c a r t é s 1 e n s. Si X et Y sont deux espaces
vectoriels, on peut former leur produit cartésien P (X, Y) (2.82)
de tous les couples possibles (x, y) z E X, y E Y. Dans le produit
cartésien, on introduit les opérations linéaires c par coordonnées t:
a 1 (z1, y 1) + a 1 (z 1 , y1) = (atz1 + ar:1 , a,y, + a 1 y,J.
On vérifie aisément que les axiomes 12.11 sont remplis. Il est
évident que l'espace P (X, Y) contient deux sous-espaces
x• = {(z, y): y = 0}, y• = {(z, y): .% = 0},
qui sont isomorphes (j) respectivement au:x espaces X et Y. De plus,
pour tout élément (z, y) E P (X, Y), on a:
(z, y) = (z, 0) (0, y). +
1 12.1. ESPACES YECTORIF.LS 17

La dernière décomposition de l'élément (x, y) en deux termes appar-


tenant respectivement à x•
el y• est unique (en vertu do la défini-
tion de l'addition dans P (X, Y) et de l'égalité des éléments dans
P (X, Y)). Ainsi, le produit cartisien de deux espaces X et Y est
ln somme directe de ses sous-espaces x• el y• isomorphes re.~pecti­
vement & X et Y.
12.15. Opérateurs linéaires.
a. Dans le.~ raisonnements analytiques, les morphismes des
espaces vectoriels sont souvent appelés opérateurs linéaires. Ainsi,
un opératertr linéaire d'un espace vectoriel X dans un espar.e vectoriel Y
est une application A: X -Y vérifiaut la condition
A (a 1x 1 +
a 1 x~) = a1Axt +
a 3 Ax 2
pour ton~ Xt et xi de X el tous a 1 et otz de K. Si X = Y, il s'agit
d'u11 opérateur inéaire A dans l'espace X.
b. L'opérateur qui à tout vecteur xE X fait correspondre le
vecteur nul de l'espace Y est, évidemment, un opérateur linéaire de
X dans Y ; il s appelle opérateltr nul.
c. L'opérateur qui à tout vecteur xE X fait corre.,pondre le
même vecteur x est un opérateur linéaire dans X ; cet opérateur est
appelé opérateur unité et désigné par E.
d. Lorsque l'espace Y est unidimensionnel, tout opérateur
linéaire A est appelé fonctionnelle linéaire. Ce terme est surtout
employé dans le cas où X est un espace de dimension infinie; en cas
de dimension finie on dira plutôt <1 fonction linéaire t.
e. S'il y a deu:x opérateurs linéaires At et A 2 d'un espace X
dans un espace Y, on peut définir leur .~ornme At -r A 2 et le produit
de l'opérateur At par un. nombre a suivant les règles:
(At + At) x = Atx + A?ft,
(etAt) x = a (Atx);
dans les deux cos, on obtient toujours ll's opérateurs linéaires de X
dans Y.
f. Il est nisé de coiJstater que les opérations d'addition ct de
mttltiplication des opérateurs par un nombre satisfont aux mêmes
axiomes 12.11 qui régissent les opérations dans un espace vectoriel.
Ainsi, l'ensemble L (X, Y) de tous les opérateurs linéaires d'un espace
vectoriel X dans un espace vectoriel Y est lui-même un espace vectoriel.
L'espace L (X, Y) a pour zéro l'opérateur nul (b).
g. 1\[ u 1 t i p 1 i ca t i o n d e s o p é ra t e u r s. Si B est un
opérateur linéaire d'un espace X dans un espace Y el A un opéra-
teur linéaire de l'espace Y dons un espace Z (tous les espaces étant
sur un même corps K), alors l'opérateur P = A ·B, ou plus briilvo-
menl AB, est difini comme opérateur de X dans Z d'après la formule
Px ==(AB) x = A (Bx)
2-2286
lB Ctr. 12. STRUCTURES FONDAMENTALES DE J,'ANALYSE

(i.e. d'abord l'op~rateur B agit sur un vecteur z EX, ensuite l'opéra-


teur A agit sur le résultat Bz qui appartient à l'espace Y). L'opéra-
teur obtenu P = AB est un opl!rateur linéaire de X dans Z. Les
égalités suivantes ont lieu: ·
a (AB) = (aA) B =A (aB),
A (B 1 + B 2 ) = AB 1 + AB 2 ,
(A 1 + A 2) B = AtB + A1 B,
A (BC) = (AB) C,
qui expriment les lois associatives el distributives pour la multipli-
cation des opérateurs. Dans ces égalités. a E K est un nombre arbi-
traire; A, A~o A, sont des opérateurs de l'espace Y dans l'espace Z;
B, B., B 2 des opérateurs de l'espace X dallll l'espace Y; C est un
opérateur d'un espace W dans l'espace X; les deu:x membres de
trois premières égalités sont des opérateurs de X dans Z. ceu:x de
la dernière égalité des opérateurs de W dans Z. Si Ex (Ey) est l'opé-
rateur unité dans l'espace X (Y), alors, pour tout opérateur B de X
dans Y, a lieu encore une égalité:
EyB =BEx =B.
Les opérateurs dans X peuvent être multipliés l'un par l'autre
dans n'importe quel ordre; dans les deu:x cas pOBBibles, le résultat
est un opérateur dans X. Mais cette multiplication n'est en général
pas commutative, de sorte que, pour certains couples A,B d'opéra-
teurs, on a AB =1= BA. Toujours dans le cas d'un opérateur A dans X,
on définit ses puissances:
AO =Ex, A1 =A, A• = A•A, ... , A11 +1 = A"·A,
b. A tout polynôme p (À) à coefficients dt! corps K :
n
p (ï..) ~ a.,.À"'
= Jt-o (1)

ot à tout opérateur A dans l'espace X, on peut faire correspondre un


• polynôme d'un opérateur»
n
p(A)= ~ ar.A", (2)
1=0

qui est encore un opérateur linéaire dans l'espace X ; la somme et


le produit de deux polynômes de la forme (2) correspondent il. la
somme et au produit des polynômes correspondants de la forme (1).
1. Soient A un opérateur d'un espace Y dans un espace X et B
un opérateur de X dans Y. Alors, si AB = Ex., l'opérateur A est
appelé l'inverse a gauche de l'opérateur B et l'opérateur B l'inverse
à droUe de l'opérateur A. Si l opérateur B agil dans X, alors, parmi
S 12,1, ESPACES VECTORIELS t!l

t.ons les opérateurs dans X. il peut y avoir son inverse à gauche


ainsi que son inverse à droite. Lorsqu'un tel opérateur possède
un inverse à gauche A et un inverse à droite C, ces opérateurs
inverses se confondent:
A = AEx = A (RC) = (AB) C = E)tC = C.
Il rtisulte de l'égalité écrite que. dans cc cas, n'importe quel
inverse à gauche (li droite) ck l'opérateur· B est identUjue à A = C.
Cet opérateur A = C défini d'une façon unique s'appelle opt'rateur
inverse de l'opérateur B et est désign~ par B-1 •
Dan.~ les espaces de dimension infinie, il y a des o_péruteurs
admettant nu inverse à gauche (même un ensemble infini d'inverses
o gauche différents) et ne possédant aucun inverse à droite ou vice
versa.
j. Soit nn opérateur A dans un espace X. Un sous-cspocl• X' c: X
est dit invariant par l'opérateur A si z EX' implique AzE X'.
k. Uu vecteur! E X non nul est appelé vecteur propre d'un opéra-
teur A dans l'espace X si
A! = 'J..f ('J.. E K) ;
le nombre').. est appelé valeur propre de l'op€rateur A associée au vecteur
propre f. Il est évident qu'un vecteur propre f engendre le sous-espace
invari11nt unidimensionnel formé de tous les vecteurs a.f, a. E K.
Toute combinaison linéaire de vecteurs propres de l'opérateur A
associés à une même valeur propre 'J.. est, évidemment, encore un
vecteur propre de l'opénteur A pour la même valeur propre 'J...
Il en découle que l'ensemble de tous /.es vecteurs propres ck l'opéra-
teur A pour une valeur propre donnée 'J.. est }Ln sour-espace dans l' e.çpace
X; il est appelé sous-espace 11ropre de l'opérateur A a.o;socté a la valeur
propre 'J...
1. Les vecteurs propres f~o ... , ln di! l'opérateur A associés respecti-
t'l?ment auz valeurs propres différentes 'J..h ••• , Î-.n sont linéairement
in.d€pendants. En effet, tme fois supposée la dépendance linéaire
de n vecteurs propres, on a a.d1 + ... + a.nln = 0 et, en appliquant
l'opérateur A ct en éliminant l'un des vecteurs, on peut passer
à la dépendance linéaire d'un nombre inférieur de Yecteurs propres,
ce qui permet d'appliquer Il' rni11onnement par récurrence.
t2.t6. Ex.cmples d'opératenrs linéaires
d a n s 1 e s e s p a c e s c o n c r e t s.
a. Soit A= Il a1,, Il une mX n-matrice (i.e. une matrice à m
ligne~ et n colonnes) fornulc d'éléments d'un corps K. Choi.osissons
,me base e11 ••• , en dans un espnco rt-dimensionnel Kn et uno base
l~o ... , lm dans un espaco m-tlimen~ionnol Km. A tout vecteur
n m
z = ~ ~ek E Kn fuisons correspondra un vecteur y= ~ "IJJIJ E Km
~~1 i-t
20 CH. 12. STRUCTURES PONDAMI!JNTALI!JS DI!J L'ANALYSE

selon la règle
n
l'JJ= }j a 1 ~g., j = 1, ... , m.
k~t

On obtient ainsi un opérateur linéaire de l'espace Kn dans


l'espace Km.
b. Dans le cas du continu, l'opérateur
~

y (s) = A.z (s) = JA (s, t) .z (t) dt


.
(1)

est analogue à celui de l'exemple a. Ici .z (t) est un élément de l'espace


R' (a, b), A (s, t) une fonction réelle de deux variables définie
pour a ~ t ~ b. c ~ s ~ d; y (s) est une fonctlon définie sur le
segment c ~ s ~ d. On vérilie aisément que la fonction y (s) est
continue sur le, dl dès que la fonction A (s, t) est continue sur le
rectangle a~ t ~ b, c ~ s ~ d. Dans ce cas l'opérateur A est un
opérateur linéaire de l'espace R' (a, b) dans l'espace R' (c, d).
L'opérateur (1) est appelé opérateur intégral ck Fredholm. Les
opérateurs de Fredbolm sont considérés plus en détail dans 12.98.
e. Un cas spécial de 1'opérateur b est représenté par l'opérateur
d'intégration
1

I.z(t)= J.z('t)d't, a~t~b.


a
dans l'espace R' (a, b).
d. L'eltpression
b

F (.z) = J/(-r) .z (•) d•


(1

avec une fonction f (t) (continue) fixe fournit un exemple de fonc-


tionnelle linéaire définie dans l'espace R' (a, b).
12.17. 0 p é r a t e u r 8 1 i n é a i r e s d a n s 1 e s e 8 p a -
ces de dimension finie.
a. Donnons la forme générale d'un opérateur linéaire A d'un
espace n-dimenslonnel Kn dans un espace m.-dimensionnel Km.
Soient et. ... , en une base dans l'espace Kn et / 1 , • • • , fm une
base dans l'espace Km· En appliquant l'opérateur A RUlt vecteurs
eh ..•• en on trouve
Ae1 =a 11/ 1 + ... +amJm, }
.A.ez.=.a.t~l.+. · .... ~-~m~~·. (1)

Ae,. = a1n/t + · ·· +
4mn/m,
a 11 étant des nombres du corps K.
1 12.1. ESPACES VECTORrELS 2t

Ainsi, les bases {e} et (/} dans les espaces K,. et K"' étant fixes,
il correspond à l'opérateur A la m X n-matrice

A=

Ici la j-iilme colonne est composée des coordonnées du vecteur Aes


dans la base f., ... , fm·
n
Soit maintenant x = ~ t,.e,. un vecteur quelconque de K,. et soit
1

Nous avons
m n " m m "
~ 'llsfs;;;; Ax = ~ t,.Ae,. = ~ ~ as,.fs = ~ ( ~ as,.Q) fs.
9. i-1
1 1 k=l J-1 ,._,

d'où
n
'Ils= ~as,.~ (i= 1, ... , m). (2)
ll=l

Ainsi, c'est bien In forme générale d'un opérateur de l'espace K,.


dans Km qui a été donnée dans l'exemple i2.i6a.
Si l'opérateur linéaire A agit dans K,., alors m = n, et la matri-
ce A ost carrée.
Si 1 opérateur linéaire A applique K,. dans K 1 (espace unidimen-
sionnel), alors m = i, et la matrice A est de la forme
A = Il a, au •• • a,. Il·
Dans ce cas, l'opérateur A agit d'après la formule
"
Ax= ~a,.~,.
k=l

(le seul vecteur de base do l'espace K 1 n'étant las explicité) et repré-


sente une fonction linéaire.
b. Aux opérations sur les opérateurs linéaires définies dans
12.15e-f. il correspond les opérations analogues sur leurs matrices.
Soient toujours e1, • • • , e,. une base dans un espace X et / 1, • • • , fm
une base dans un espace Y. Aux opérateurs A1 et A~ appliquant X
dans Y, il correspond dans cP.s bases les m1otrices A 1 = Il al}' Il
22 CH, 12. STI\UCTURES PONDAM~NTAL~S DE L'ANALYSE

et A: = Il al)' 11 respectivement, do sorte que


m m
A,eJ = ~ a\Yftt Azes = ~al}' ft (j = 1, ... , n).
i~l f=l

Alors, pour tous ah a 2 de K, on o :


m
(asAs+azAz)es= ~ (ata\~'+~~~ 1 )/,
t-1

c'est-à-dire que la matrice Il Œta!}'+ a 2alj' Il correspond à l'opéra-


teur iinbire atA 1 + a 2A~. Ainsi, ll's matrices associées à la somme
des opérnteurs et au produit d'un opérateur par un nombre s'obtien-
nent en additionnant c élémenL à ~lément a les matrices des opé-
rAteurs et on multipliant la matrice de l'opérateur par ce nombre.
c. Il en découle en particulier que l'espace vectoriel L (Kn, Km)
de tous les opérateurs linéaires d'un espace n-dimensionnel K,. dans
un espace rn-dimensionnel Km est isomorphe à l'espace nm-dimenslon-
nel Knm·
d. Construisons la matrice a8SOciée au produit de deux opéra-
teurs. Choisissons une base e 1 , • • • , en dans l'espace X, une base
fto ••• , fm dans l'espace Y et une base #Ih ••. , g 11 dans l'espaceZ.
Supposons qu'un opérateur B de X dans Y ait la m x n-matrice
B = Il bsk 11. de sorto que
m
Bek= }j b 1 ~tJ (k= 1, ... , n),
i=l
et qu'un opérateur A da Y dans Z ait la q X m-matrice A= Il a11 Il,
de sorte que
~
Afs = ~ a111I1 (j = f, ... , m).
'=1
Pour le produit P =AB, on obtient
m m
ABek =A (Bek) =A ( ~ b1k/s) = ~ bskA! 1 =
j-1 j-1

Par conséquent, les éléments P•k de la matrice P de l'opérateur P


= AB sont de la forme
m
P•k = ~ a11b1k (t = 1, ... , q, k = 1, ... , n). (3)
j-1
1 IZ.I. ESPACES VECTOJUELS 23

La matrice P = Il P•k Il obtenue à partir des matrices A


=Il a,J Il et B = Il blk Il d'après la formula (3) est appelés produit
de la première matrice par la seconde.
Nous pouvons donc multiplier une q x rn-matrice par une
m x n-matricc, l't nous 11vons pour résultat une q x n-matrice.
Si X = Y = Z, alors A et B sont des n X n-mat.rices carrées
et leur produit AB est aussi une n X n-matrice.
e. Soit un opéra~ur A qui agit dans un espace n-dimensionnel K,..
Si l'on connaît la matrice Il aJh Il de l'opérateur A par rapport
à une bnse {e} = (e 1 , • • • , e,.), on peut trouver les vnlaurs propres
de l'opérateur A (12.15k) sous forme de ses racines caractéristiques,
i.e. les racines de l'équation
a 11 - i.. a,2
a21 au-i..
=0. (4)

Si i.. 0 est une racinl' de l'équation (4), alors on peut trouver les
coordonnées d'un vectl.'ur propre associé f
"
= ~ Çkl!h qui sont solu-
k-t
tions du système suivnnt d'tiquations linbirf!s homogènes:
(au-Î..o) ~~ +a12~+ ... +atnEn =0, }

~~E: ~~a~~~!~:-.··.· -~a·z".~". ~ ~· (5)


antE!+ anz~ + ... + (ann- Î..o) En= 0,
ce système possédnnt des solutions non nulles.
f. Décrivons la structura d'un opérateur linéaire quelconque
dans un espace complexe ou réel K,. •).
Pour tout opérateur linéaire A dans un espace complexe C,.,
cet espace ndmet une décomposition en somme directe des sous-espa-
ces invariants dans chacun desquels, pour une base convenablement
choisie, la matrice de l'opératE-ur A a la forme
;., 1 0
0 ~1 (G)
0
0 ...
0 0
0
0 ... Il.
1 !
(«case jordanienne~>). Ln bose de l'espace C,. obtE-nue eu réunissant
les bases des sous-espaces invari11n ts mentionnés est appelée base
0 ) Voir 114; t'h. 6).
24 CH. 12. STRliCTtTJU!:S FONDAM~NTALES DE L'ANALYSE

jordanienne de l'opérateur A et la matrice de l' op6rateur A pnr rapport


à cette ba'le (une matrice quasi diagonale à cases diagonales ùe la
forme (6)) matrice fordanienne de l'opérateur A. Les nombreP i.. et les
dimensions des cases jordaniennes (6) sont des invariants de l'opéra-
teur A (i.e. ne dépendent pas du choix de la base jordanienne);
les nombres i.. sont des racines de l'équation (4), et les dimensions
des cases jordaniennes peuvent être trouvées d'nprès les diviseurs
élémentaires de l'opérateur A. .
Pour tout opérateur linéaire A dans un espace r1Sel Rn, cet espace
admet une décomposition en somme directe des sous-espaces inva-
riants dans chacun desquels, pour une base convenablement choisie,
la mntrice de l'opérateur A a ou bien la forme (6) ou bien la fornae
a T 0 0 0 0 0
-'t a 0 0 0 0 0
0 0 a 1 0 0 0


't

0 0 a 0 1 0 0 (7)

0 0 0 0 0 0 ... a T
0 0 0 0 0 0 ... - • a
(«case jordanienne réelle»). La base de l'espaco Rn obteuue en réunis-
sant les bases des sous-espaces invariants mentionnés est appelée
base jordanienne réelle de l opérateur A et la matrice de l'opératt'nr A
par rapport à cette base (une matrice quasi diagonale à cases diago-
nales de la forme (6) et (7)) matrice jordanienne réelle de l'opérateur A.
Les nombrM ;.,, a, T ainsi que les dimensions des cnses jordanien-
nes (6) et (7) ne dépendent pas duchoi~ de la base jordanienne réelle;
les nombres i.. et a +iT sont des racines de l'équation (4). et los
dimensions des cases jordaniennes (6) el (7) se déterminent d'aprês
les diviseurs éMmentaires réels de l'opérateur A.
En particulier, si toutes les racines de l'équation (4) sont simples,
la matrice jordanienne de l' o~rateur A dans un espnce complexe Cn
preud la forme (les éléments non explicités étant nuls):
Â,
~
(8)

Î..n
Uaus un espace réel, l'équation (4) possëde, nvec toute sa rAcine
i.. =- o + i't non réelle, aussi la racine conjuguée ~ = a - i;.
Si toutes les racines sont simples et si l'on désigne les racines non
r•>clles de (4) par a 1 ± i; 1, • • • , a~ ± "~ el les racines réPlles p11r
§ 12.1. ESPACES VECTORIELS 25

Î.. 2 ~+l• • • • ,
i..,., alors la matrice jordanienne réelledel'opérateur A
prend ln forme

(9)

Dans un espace complexe, la matrice jordanienne de tout opéra-


teur possédant une matrice hermitienne (aJ,. =a,. Jo j, k = f, . . .
• , ., n) par rapport à une base a elle aussi la forme diagonale; dans
ce cas les nombres correspondants i..1 sont réels. Dans un espace
réel, c'est le cas de la matrice jordanienne réelle de tout opérateur
possédant une matrice symétrique (a 111 = a,. 1, j, k = 1, ... , n)
par rapport à une base. Si, dans une base d'un espace réel, la matrice
d'un opérateur A est antisymétrique (aJJ, =-au, f, k = 1, ... , n),
alors la matrice jordanienne réelle de l'opérateur A prend la for-
me (9), tous les nombres a 1, •••• a~, i..~k+lo ••• , i..,. étant nuls,
t2.t8. A 1 g è bres.
a. Un espace vectoriel U sur un corps K est appelé algèbre (plus
précisément, algèbre sur K) si, pour les éléments x, y, . . . de U,
une opération de multiplication désignée par x•y (ou xy) est définie
de sorte que les conditions suivantes soient satisfaites:
(1) a (xy) = (ax) y = x (ay) pour tous x et y de U et tout a E K;
(2) (xy) z = x (y:) quels que soirnt x, y. z de U;
(3) (x+ y) z = xz +yz quels que soient x. y, z de U:
(4) x (y +
z) = xy +x: quels que 'soient x, y. z de U.
Les conditions (1) et (2) sont appelées lois associatives, les condi-
tions (3) et (4) lois distrlbutlves.
b. En général, la multiplication peut ne pas être commulati va,
de sorLe que l'~galité xy = yx peut ôtre fausse pour certains couples
x, y do U. Si l'égalité xy = yx est juste pour n'importe quels x et y
de U, l'algèbre U est dite commutative.
c. Un élément e EU s'appelle unité de l'algèbre U si, pour
tout x E U, les égalités l'X = :re = x ont lieu. Un élémont y E U
est appelé inverse d'un élément x si les égalités :ry = yx = e sont
vérifiées.
26 C!l. IZ. STRUCTURES FONDAMENTALES DE L'ANALYSE

d. Un sou::;-espace V c U est appelé sous-algèbre de l'algèbre U


si .r; E V. y E V impliquent xy E V.
(', Une sous-algèbre J cU s'appelle idéal à gauclre de l'algèbre U
s'il découle de xE U, y E J que xy E J, et idéal à droite si y E J,
z EU entrainenl yz E J. Un i1léal qui est ù la fois idéal à gna1che et
idéal il tl roi te. est appelé idéal bilatère ou idéal tout court. Dans une
algèbl't' commutative. il n'y u évidemment pas de distinction à faire
entre un idéal. un idéal i\ gauche et un idéal à droite.
Dnns toule algèbre U, il existe deux idéaux triviaux: l'un com-
pose: d'un seul Piémont nul et nppelé idéal nul, et l'autre qui est iden-
tique il toute l'algèbre U. Tons !cs outres idhnx sont appelés idiau:z:
propres.
f. Dan:; l'espace quotient U/J d'ame algèbre U par son idéal J,
on peut dHinir, pour los elusses X, Y, .... non seulomont les
opérnt.iou.q liuéaires (comme dans 12.14i), mais cnc.ore une multipli-
cation. A snvoir, étnut donnés deux classes X. Y ct les éléments
xE X. y E Y choisis arbitrairement. on définit le produit X Y eommo
clnsse contenant le produit xy. On démontre que celte définition est
corrl'ct.e (i.e. !11 clas:~e XY ne dépend pas du choix des éléments
:z: E X. y E Y) l.'t que l'espace U/J avec l'opération de multiplication
introduite devient encore une algèbre. Celte algèbre s'appelle
algèbre quotient de l'algèbre U par son idéal J. Elle I'.St commutative
dès que l'algèbre U l'est.
g. Morphismes d'a 1 g il bres. Soient U et V deux algè-
bres 11ur un mêmo corps; K. Une application (J}: U-V s'appelle
morphisme (homomorphisme) de l'algèbre U dans l'algèbre V si elle
est un morphi:!me de l'espace vectoriel U duns 1'espace vectoriel V
(12.14j) ct si deux éléments quelconque.~ z~o Za de l'nlgèbre U salis-
font à ln relation (J} (:z: 1x 2) = (J} (x 1) • (J} (x,).
Un morphisme (J} s'appelle isomorphisme (épimorphisme, mono-
mm'phisme) de l'olgèbre U duns l'algèbre V s'il ('St un isomorphisme
(épimorphisme. monomorphisme) de l'l'space U dans l'espace V.
Ainsi. l'applicntion (J}: U - UIJ ttui ii tout élément :z: EU fait
corrCS(lOUdrc la clasi>u X E U/J qui le contient e.~t un épimorphisme
de l'algèbre U !lnr l'algèbre UIJ.
!:t· Quel que soit un morphisme (J}: U-V, l'ensemble des ~lé­
ment'! xE U (JOur il'squels (J} (x) = 0 fonnc un idéal J dans l'ulgè-
brc U. Etant donné <>1, définissons le morphisme i;; de l'algèbre U/J
dans l'algèbre V en faisant corre~pondre à une classe XE U/J l'élé-
m('nt (J} (x) EV, où x est un élément quelconque do la ela--se X.
Ce morphisme ;;; est un monomorphisme. Si le moqthisme (J} e.~t un
épimorphisme de 1 algèhre U dans 1 algèbre V. alors (;; est un iso-
morphisme 114; § 6.21.
§ 12.1 .• ESPACES vf:CTOJUELS 27

12.19. gxemples d'algèbres ot de leurs


m o r p h i s rn e s.
a. L'ensemble P de tous les polynômes (de tous les degrés) en i..
n
p (i..) = ~a,,;.,~
11=0
à coefficients d'un corps K, avec lc.s opérations d'addition et de
multiplication habituelles pour les polynômes, est évidemment une
algèbre.
C('tte algèbro est commutative et possède une unité.
b. L'ensemble U (G) do toutes les fonctions analytiques f (i..)
définies dans un domaino G du plou complexe forme une algèhro
complexe avec les opérations d'addition et de multiplication habi-
tuelles pour les fonctions (4.72). Cette algèbre est aussi commutative
ct pos.'!ède une unité.
Dans l'nlgèi.Jre U (G), il o:xiste un opérateur qui fait correspondre
lt toute fonction f (i..) EU (G) sa dérivée t' (i..). Il est évidemment
linéaire; notons que, pour cet opérateur, la formule de Leibniz ollt
valable:
m
(/ (J..) g (i..))'ml = ~ 1! (mm.:_ i) 1fl"(i..)g<m-i•(Â). (1)
i=O
c. Appelons spectre un ensemble fini de nom bres i.. 1, . . .. Î..m
(d'un corps K) tel qu'à tout i..,. on associe un nombre naturel
r,. (k =1, ... , m) appolé sa multiplicité. Appelons corpus et désignons
par f n'importe quel ensemble de r = r, r2 + + ... +
rm nombres
du corps K désignés par f, 1 , (i..,.) (j = 0, ... , r~ - 1, k = 1, ...
. . . , m). Enfin, désignons par F (S) l'ensemble de tous les corpus
sur un spectre donné S.
Introduisons dans F (S) les opérations d'addition et de multi-
plication selon les règles :
(/ +
g),J> (i..,.) = f,J, (i..,.) +
lu• (i..,.),
(r:z.f)o, (i..,.) = aJ,J> (i..,.),
;
(fg),J, (i..~a) = ~
t-1
1! J}_,) 1 '"' (i..,.) g<J-h (A.,.)
(j = 0, ... , r~ - 1, k = 1, •.. , m).
Pour j = 0, la dernière formule doit être remplacée par la suivante:
(/g)(o) (i..~c) = f1o) (i..~) 'K!o) (i..,.).
L'ensemble F (S) devient alors une algèbre de dimension r sur K.
d. Soit A un opérateur linéaire dans un espace complexe rz-di-
mensionnel Cn. L'ensemble de tous les polynômes p (A) de l'opérn-
28 CH. IZ. STRUCTURES FONDAMENTALES DE L'ANALYSE

leur A (i2.15h) avec les opérations naturelles d'addition el de


multiplication des opérateurs repr!Ssente une algèbre complexe
que nous d!Ssignons par P (A). Il se trouve que cette algèbre est
isomorphe à l'algèbre des corpus F (SA) (exomple c), SA étant
le spectre de 1 opérateur A, i.e. l'ensemble de toutes les valeurs
propres (différentes) i.. 1, •.• , Î..m de l'opérateur A telles qu'à toute
valeur i..,. on associe pour multiplicité un nombre naturel r,. égal
à la plus grande dimension des cases jordaniennes de l'opérateur A
(12.17{) qui ont le nombre i..~ sur la diagonale. Cet isomorphisme
se réalise de la façon suivante: à tout corpus
f ={fcJ> (i..~), j = 0, ... , r,.- 1, k = 1, ... , m},
défini sur S.A> on fait correspondre l'opérateur f (A) dont la matrice
par rapport li. la base jordanienne de l'op!Srateur A a la même structure
quasi diagonale que la matrice de l'opérateur A lui-même, toute
p x p-case quasi daigonale de l'op!Srateur A
4 1 0 ... 0
0 ;..,. 1 ... 0
(2)
0 0 0 ... ;..,.
!Stant remplae!Se par la case do mêmes dimen.~ions:
:1 t
/co> (4) lm (i..~) 2T /cz> (i..~) (p-1) 1 /ep-I> (i..~)
t
0 /co> (i..,.) /cil (i..~a) (p-2) r /cp-2> (i..k) (3)
0 0 0 0 0 0 • • • 0 0 0

0 0 0 /co> (ï..,.)
Vu de plus près, cel op!Sroteur f (A) a la forme p (A), où le poly-
nôme p (i..) v!Srifie les conditions
p'i> p,,.) = fch (i..,.) (j = 0, ... , r~a -1, k = 1, ... , m),
de sorte quo p'l> (i..) est la dérivée j-ième du polynôme p (i..).
Voir la d!Smonstration dans 114; G.84].
e. Soit toujours un op!Srateur linéaire A dans un espaco complexe
n-dimensionnel en. et soient À~t ...• Î..m ses valeurs propres que
l'on suppose appartenir toutes a un domaine G du plau complexe.
Considérons l'application (J} de l'algèbre U (G) de!< fonctions analy-
tiques dans celle des corpus F (SA) qui à toute fonction f (i..) EU(G)
fait correspondre le corpus des nombres f 0 , (i.. 11 ) = f'J, (i.. 11 ) (j =
= 0, ... , r,. - 1, k = 1, .... m), où /'J' (i..) désigne la dérivée
j-i ème dl' j (i..). En \>erlu de la formule de Leibniz (f), 1 application (J}
ost un morphisme de l'algèbre U (G) dans l'algèbre F (SA); ce mor-
phisme est même un épimorphisme car, pour tout corpus {f,h (i.. 11 ) },
f 12.1. ESPACES VECTORIBLS 29

on peul trouver une fonction / (i..) de l'algèbre U (G) (même un


polynôme) ponr laquelle /'l' (i..~) = f<l> (i..~) U = 0, ... , r~ - 1,
k = 1, ... , m).
L'algèbre F (SA) !Stanl isomorphe. à son tour, à l'algèbre P (A)
des opérateurs linéaires (exemple d), il existe bien un épimorphisme
de l'algèbre U (G) sur l'algèbre P (A); compte tenu de l'exemple d,
cel épimorphisme se r.lalise de la façon suivante: à toute fonction
f (i..) E U (G) on fait correspondre l'op~rateur lin!Saire /(A) dont
la matrice par rapport à la base jordanienne de l'opérateur A a la
même structure quasi diagonale que la matrice de l'op!Sraleur A
lui-même, toute case quasi dingouolc (2) étant remplacée par la
case de mêmes dimensions:

1 (i..~) !' (Àk) -ITr <A~> --'-rp-1,


(p-1)1
(A,.>

0 1 (i..~) /' (A~) --'-rp·•·


(p-2)1
<A~>
0 0 1(i..,.) ~)
/'p-3) (i..,.)

0 0 0 1 (i..-)
Ainsi, les op!Srateurs eU, sin AA, etc. ont toujours un sens.
L'application oo: f (i..)-+ f (A) étant un morphisme, l'égalité
f (i..) · g (À)= h (À), où /(À), g (i..), h (i..) appartiennent à U (G), a pour
conséquence /(A)·g(A)=h(A). Par exemple, on a toujours l'!Sgalîté:
el«+ PlA= ea.A,efiA.

f. Un spectre S avec les i.., ... , Î..m complexes (exemple c)


est dit symétrique lorsque, parallèlement à tout i..,. = a,. + iT~
non réel, S contient le nombre conjugué 1.~ = a~ - h,. de même
mullîplicité r11 • Un corpus f =(!,i, (i..~)} sur un spectre symé-
trique S est dit symétrique si tons les nombres f,J> (i..~) sont les
complexes conjugués des nombres correspondants /, 1, (l,.). L'en-
semble de tous les corpus sym!Striques sur un spectre symétrique S
représente (avec les opérations indiqu!Ses dans c) une algèbre réelle
que nous désignons par FR (S).
g. Soit A un opérateur linéaire dans un espace réel n-dimen-
sionnel Rn. L'ensemble de tous les polynômes réels de l'opérateur A
forme une algèbre réelle que nous désignons par PR (A). Il se trouve
que cette algèbre est isomorphe à l'algèbre des corpus symétriques(/)
sur le spectre de l'opérateur A (considéré dans le prolongement
complexe •) de l'espace réel Rn) ; ce spectre est toujours symétrique.

•) Cf. [14: 6.61(.


:iO CU. 12, STRUCTURES FONDAMENTALES DE r,•ANALYS~:

Quant à l'isomorphisme, il se réalise de la façon suivante. A toul


corpus symétrique
1 ={/o,(i..,,), j = 0, ... , r~ -1, k = 1, .... m}
défini snr SA• on fait correspondre l'opérateur f (A) dont la matrice
par rapport à la base jordanienne réelle do l'opérateur A a la même
structure quesi diagonale que la matrice jordanienne réelle do
l'opérateur A, toute case quasi diagonale de l'opérateur A qui a la
forme (2) (avec i..~ réel) étant remplacée par une caso de la forme (3),
el toute case quasi diagonale de la forme
A~ E Il 0
0 A~ E ... 0
(4)
0 0 0 ... Ah
où los hlocs A~. E, 0 ont la forme

AA= Il -"Tia
a~ a~~Il
... ' E=ll~ ~~~~ O=ll~ ~Il·
par la case de mllmcs dimensions;
:1 1
f,o,(A~r) .f <t> (A~r) TI /,2, (A~) (p-t) l /ep-I> (A~)
t
0 f, 0 , (A~r) lw (A~r) (p- 2) 1 f<r•-z• (Ah) (5)
.....
0 0 0 /co> (A~r)
oir

f<i> (Ah)=
Re /cJ> (À~)
Il -lm lcJ> (À.~)
lm f·J• (i..r,)
R ,
e fel> (r.~r)
.
Il
On peut prouver quo l'opérateur f (A) a la forme p (A), le poly-
nôme p (i..) ayant des coefficil'nts réels et vérifiant les conditions
p<i> (i..~) = f,J> (i..11 ) (j = 1, ••. , r~_, k = 1, .•. , m).
Voir la d6moustration dans 114; 6.88].
h. Soit toujours un opérateur linéaire A dans un espace réel
n-diml'nsionnel Rn et supposons que toutes les valeurs propres de
l' opéruteur A, considérées dans le prolongement complexe Cn do
l'e~paC(' R 0 • nppartiennent à un domnine G symétrique par rnpport
à l'axe réel. Le morphisme (J} décrit dans l'exemple e fait corrcs-
pondro à tout.e fonction .analytique récHe f (i..) E U (G) un corpus
symétriqut• /.,, (À~) = /01 (À 1,) U = 0, ... , r 1, - 1, k = 1, ..•
. . .• m).
§ 12.2. ESPACES M~TRJQUES 3t

L'algèbre FR (SA) de tous les corpus symétriques étant iso-


morphe à l'algèbre PR (A) de lous les polynômes réels de l'opérateur
A, il existe un épimorphisme de l'algèbre UR (G) de toutes les fonc-
tions analytique!! réelles dans l'algèbre PR (SA); cet épimorphisme,
compte tenu de l'exemple g, se réalise de ln façon suivante: i\ toute
fonction f (i..) E U 11 (G), on fait correspondre l'opérateur linéaire
f (A) dont la matrice par rapport à la base jordanienne réellll de
l'opérateur A a la même structure quasi diagonale que la matrice
jordanienne réelle de l'opérateur A, toute case quasi diagonale
de la forme (2) (avec i..~ réel) étant remplacée par une case de la for-
me (3) et toute case de la forme (4) par une cose de la forme (!'i), où
He.f'i> (i..,.) lm fd> (i..~) Il
fo,(A~)= -Imf'li(J..~) Ro/';'(Àh)
Il
l. L'espace vect'Oriel de tous les opérateurs li11éaires agissant
dans un espace vectoriel K forme une algèbre (avec les opérations
d'addition et de multiplication habituelles pour les opérateurs)
qui, en général, n'est pas commutative.

§ 12.2. Espaces métriques


f2.2t. A partir du chapitre 3 les espaces métrlques jouent un
rôle important dans notre cours. Rappelons les axiomes de l'espace
métrique. Un ensemble 1\1 s'appelle espace métrique si, pour lout
couple x. y de ses points, est défini un nombre p 111 (x, y), ou plus
brièvement p (x, y), &ppelé distance de x et y ct satisfaisant anx
conditions suivantes:
a. p (x, y) > 0 si x =1= y, p (x, x) = 0 pour tout x E 1\1.
b. p (x, y) = p (y, x) quels que soient x et y de M.
c. p (x, z) :::;;;; p (x, y) + p (y, z) quels que soient x, y, z de M
(axiome de triangle).
Une suite x,, x 2 , • • • de points d'un espace métrique M est.
dite convergente vers un point x E 1\{ si lim p (.r, xn) = O.

12.22. Dans les chapitres précédenls, on considérait en tant


qu'exemples d'espaces métriques les ensembles sur la droite, dans
le plon, dans l'espace habituel (euclidien) avec la métrique usuelle.
Or, il importe de souligner que de divers ensembles de fonctions
peuvent eux aussi litre rendus espaces métriques en les munissant
d'une métrique (i.e. d'une fonction p (x, y)) convenable.
Le choix de la métrique pour un espace fonctionnel dépend des
exigences du problème considéré. Lorsqu'une distance est donnée,
il est clair que deux éléments sont proches si la distance est petite.
Dans la plupart des cas rencontrés dans l'analyse, on est forcé de
procéder inversement: d'après les hypothèses d'un problème on voit
32 CH. 12. STRUCTURES FONDAMENTALES DE L'ANALYSE

quels sont les éléments qu'il est naturel de considérer comme proches,
ceci détermine la façon dont on introduit la métrique.
Par exemple, il est souvent naturel de considérer comme proches
deux fonctions continues x (t) et y (t) (a ~ t ~ b) pour lesquelles
la quautité max 1 x (t) - y (t) 1 est petite. On peut donc la
a:s;l.;b
choisir pour distance des fonctions x (t) et y (t); les axiomes a-c sont,
évidemment, satisfaits et, par conséquent, tout ensemble M de
fonctions continues sur l'intervalle [a, b], avec pour distance
p(x, y)= max lx(t)-y(l)!, (1)
o'i(~b

représente un espace métrique.


Dans certains cas (par exemple, dans le calcul des variations)
où il s'agit de!! fonctions ayant leurs dérivées y compris ln. m-ième.
il est naturel de considérer comme proches deux éléments x (t) et
y (t) pour lesquels sont proches non scull'1rieul lie'-~ valeurs des
fonctions mais aussi celles des dérivées y compris la m-iilme quel
que soit t. Ceci conduit it la distance
p(x, y)=
= max {1 x (t)- y (t) 1. 1r' (t)- y' (t) l• ••. , 1~(m) (t)- y'm) (t) 1}. (2)
o~t~b

S'il y a un ensemble de fonctions x (t) m fois continûment d6rivaMes,


alors, en le munissant de ln. métrique (2), on aboutit évidemment
à un espace métrique.
Dans d'autres CliS (par exemple, dans la théorie des équations
intégrales), il est naturel de considérer les fonctions x (t) et y (t)
comme proches si elles le sont au sens intégral, i.e. si la quantité
b

J!x(t)-y(t)!dt
R
est petite.
Naturellement, on définit alors la distance pnr la formule
b
p(x, Y)= Jlx(t)-y(t)!dt. (3)
a
JI est évident que les axiomes de l'espace mlitriquo sont satisfaits
dans ce cas aussi.
Parfois on a besoin de définir la proximité des fonctions ù. l'aide
de l'intégrale non pas de la différence de ces fonctions, mais d'une
puissance, par exemple p-ième, de celte différence; la distance
correspondante peut être donnée par la fonnule

p (x, Y)= y l' ,r b


~ 1x (t)- y (t) l" dt. (4)
1 12.2. ESPACES M2TRfQUES 33

Pour p :> L cette défimtion vérifie elle aussi les axiomes de l'espace
métrique. Pour 1' axiome c la vérification devient, pourtant, assez
compliquée (il l'exception des cas simples p = 1 et p = 2): nous
n'insistons pas là-dessus (cf. exercice 15).
Ainsi, la définition de 1 espace métrique semble suffisamment
souple pour satisfaire aux exigences les plus variées de l'analyse.
12.23. E s p a c e d e s f o n c t i o n s c o 11 t i n u e s s u r
u n e s p a c e m é t r i q u e. •
a. L'espace métrique de toutes les fonctions réelles continnes
sur l'intenalle a~ t ~ b, avec la distance définie par la formu-
le 12.22 (1), est noté R' (a, bi (comme dans 12.13l, où il figurait
en tant qu'espace vectoriel).
b. Est-ce qu'il est possible de remplacer, dans cette définition,
l'intervalle [a, b] par n'importe quel espace métrique? Sur un
espace métrique quelconque M, les fonctions continues ne sont pas
n~cessairement bornées, donc la formule 12.22 (1) de la distance
ne convient plus. Or, on ne peut construire un espace fonctionnel
qu'avec les fonctions continues et bornées, alors la formule 12.22 (1)
conserve le sens, à condition que l'on y remplace max par sup.
Définitivement, nous définissons R" (M) comme espace de toutes
les functions réelles rontiniU'B et bornées sur un espar.e métrique M,
avec la distance
p (.x, Y)= sup 1 z (t) -y (t) 1 (1)
lEM
entre les fonctions x (t) el y (t).
c. En remplaçant ici. à son tour. la droite ~elle (domaine de
valeurs des fonctions considérées) par un espace métrique quelcon-
que P, on a boul it à 1' espace P' (M) de tontes les fonctions continues
et bornées sur un espace métrique M à valeurs dans un espace métri·
que P, avec la distance
p (z, y)= sup PM {z (t), y (t)). (2)
1€M
entre les fonctions z (t) et y (t).
Dans les numéros suivants du présent paragraphe, nous étudions
certaines notions générales de la théorie des espaces métriques rela·
tivement à. 1'espace p• (M) et à ses cas particuliers.
d. Il résulte de la définition (2) que la convergence d'une suite
Zn (t) vers la limitez (t) dans l'espace p• (M) 6quivout à. la conver·
genc-e uniforme sur 1\1 (5.93) de la suite des fonctions Zn (t) vers la
fonction limite z (t).
o. Nous sommes convenus de dire qu'un ensemhle E dans un
espace métrique P est partout dense par rapport à un ensemble F c: P
si tout point z E F ou bien appartient à E, ou bien en est un point
limlle (3.01). Si, de plus, E c: F, on dit que E est partout dense
dans F. Nous dirons qu'un espace métrique P est séparable s'il
3-2286
M CU. 12. STRUCTURES FONDAMENTALES DE L'ANALYSE

e:xlste un ensemble dénombrable E c P partout dense oons P. Mon-


trons que L'espace R" [a, bi est séparable.
Un ensemble E dénombrable et partout dense dans R" [a, b) peul
être formé, par exemple de toutes les fonctions polygonales à som-
mets aux points (a, Yo). (.z" y,), ... , (Zn-tt Yn -t), (b, Yn), où
ZJ E (a, b), les nombres ZJ et YJ étant rationnels. La dénombrabilité
de cet ensemble résulte de 2.35. Montrons que l'ensemble E est
dense dans R" [a, b). Soient/ (.z) ER" la, b] une fonction quelconque
et e > O. Trouvons un 6 > 0 tel quo [ .z' - .z• [ < 6 implique
[1 (.z') - 1 (zï [ < e/5. Soit a = Zo < .z, < ... < Zn = b une
par1.itlon de l'intervalle [a, bJ par les points rationnels .z1 (/ =
= 1, ... , n - 1) et soit liz1 = ZJ+t - z 1 < 6. Supposons ensuite
que les nombres rationnels y 0 , y 1, • • • , Yn soient tels que
[ YJ- 1 (.z1) [ < e/5, j = 0, 1, ... , "· Considérons une fonction
polygonale y (.z) au:x sommets successifs (ZJ, y 1). Alors p (y, {) < e.
En efret, pour toul .z Ela, b), on peut trouver un z 1 (/ = 1, ...
. . . , n - 1) tel que 1.z- z 1 1< 6. Alors Il (.z) - 1 (ZJ) 1< e/5
et [ f (.z/± 1) - f (ZJ) [ < e/5. Il en résulte que
3
IYJ- Y/±1 1< IYJ-1 (ZJ) 1+ 1/ (.zJ) - / (ZJ±s) 1+ 1/ (ZJ:~:•)- YJ±•I < 5 e.
Donc, pour .z E (ZJ-It ZJ+ 1), on a [ y (x) - YI [ < 3e/5. Définitive-
ment,
1y (.z)-/ (.z) '~ IY (.z)-YJ 1+ 1YJ-1 (ZJ) 1+ 1/ (ZJ) - / (.z) 1<
3 ·l 1
<5 e+-se+-se=e,
p (y,/)= max IY (.r)-/(.z) 1<e.
q;~:E~b

On peut prouver que l'espace R" (0, oo) de toutes les fonctions
bornées el continues sur la demi-droite 0 ~ .z < oo ne possède
aucune parUe dénombrable partout dense (cf. exercice 2).
f. Ul' espace métrique P es~ dit complet (3.71cl) si le critèro
de Cauchy y est satisfait: toute suite de Cauchy z .. .z~. . .. do
P a une limite dans P.
T h é or ê m e. L'upace P" (M) de toutes les fonctions continues
et born/es sur un espace m.itrlque M, à valeurs dans un upace métrique
complet P (c), est un espace complet.
D é m o n s t r a l i o n. D~ignons par p la distance dans
l'espace P el par
p (.z, y)·= sup PI• {.z (t), y (t)}
1
celle dans l'espace p• (M).
Soit .z 1 (t), .z 1 (t), . . . , Zn (t), •.. une suite de Cauchy de fonc-
tions éléments de l'espace p• (M): pour tou~ e > 0, il existe un
' 12,2. ESP.Act:S lti2Til!Qt"ES 3.'"-

numéro N tel que, pour n::? N, m::? N, ,on a l'inégalité


p (zn, Xm) = sup pp {rn (t), x,, (t)) ~ 8. (3)
1

Il en résulte que toute suite Zn (t 0) E P qui s'obtient en fixant


t = t 0 est une suite de Cauchy; l'espace P étant complet, il existe
la valeur
z (to) = lim Xn (to) EP.

Lorsque t = t 0 parcourt tout le 1\1, on a la fonction limite


z (t) = lim Zn (l).
, .... ..,
Dans 1'inégalité
PP {zn (t), Zm (t)} ~ e,
qui a lieu pour tout t ct n, m ::? N, passons à la limlte lorsque m-+ oo
sans changer n: nous aboutissons, en vertu de 5. i2b, à
pp {zn (t), z (t)} ~ e (4)
pour tout t et pour n ::? N. Ceci veut dire que la suite dos fonc-
tions z, (t) converge vers la limite z (t) uniformément sur M. D'après
les théorèmes 5.94 et 5.95, la fonction x (t) est bornée et continue,
donc un élément de 1 espace p• (M). L'inégalité (4) peut êt.re mise
sous la forme
p (z,, z) ~ e,
co qui veut tliro que z = z (t) est ln limite de la smte de~ élé-
ments z,. Le théorème est démontré.
f2.24. Théorème d'Ar z e 1 à. Un espace métrique P a été
dit compact (3.9ia) si chaque suite de ses points z,, x 2 , • • • coutient
une sous-suite Zm" Zm,. • • • convergente, et précompact (3 .93a)
si chaque suite z 1, Zz, ••• contient une sous-suite de Cauchy x,.1,
Zmt' "'"' •
a. Soient Q un espace métrique compact, P uu espnrc métrique
quelconque et p• (Q) l'espace métrique de toutes les fonctions con-
tinues z = z (t) définies sur Q et prf'nanl leurs valeurs dans P mé-
trisé d'après la formule 12.23 (2)
p (x1 y)= sup Pl' {z (t), y (t)}.
c
L'espace p• (Q) n'est en général Jlas compact. Dons quellf'S
conditions un sous-ensemble E c: p• (Q) est-il corn)lat.t?
Pour y répondre, introduisons les définitions suivantes:
Défi n il ion 1. Un ensemblf' E de fonctions x (t) E p• (Q)
est dit à valeurs u.niformément compactes (précompartes) s'il ell'istc
un ensemble compact (précompact) Po c: P qui contient tontes J~
vall'urs des fonctions :r (1) pour tE Q, z E E.
36 CH. 12. STRUCTURES FONDAMENTALES DE L'ANALYSE

D é f i n i t i o n 2. Un ensemble E de fonctions z (t) E P" (Q)


est dit équicontlnu si, pour tout e > 0, il existe un 6 > 0 tel que
o0 (t', t") < 6 implique
PP {z (t'), z (t")} < e
quelle que soit la fonction z (t) E E.
Théorème (Arzelà). Pour qu'unensemble Ec. P" (Q) soit
prfcompact, il faut et il su/fit qu'il soit à valeurs uniformiment précom·
pactes e' équlconttnu.
Dé m o n s t r a t i o n. Supposons que E c: P" (Q) soit pré-
compact. Alors, en vertu du critère de Hausdorff 3.93c, pour tout
e > 0 donné, il existe dans E un e/3-réseau fini, i.e. un ensemble
fini z 1 (t), ... , Zm (t) de fonctions tel que, pour toute fonction
z (t) E E, on peut trouver un numéro k, i ~ k ~ m, pour lequel
pp [r (t), z~ (t)] ~ i. (1)
Trouvons ensuite, pour le même e, un 6 > 0 de façon à avoir les
in6galités
pp[z,. (t'), z,. (t")J<-]- (k = 1, ... , m)

pour Po (t', t") < 6. Alors, pour les mêmes t' et t", n'importe
quelle z (t) E E et pour z,. (t) correspondante, nous avons
+
PP (.x (t'), Z (t")] ~pp (z (t'), z,. (t')] +pp (Z~t (t'), ZJt (t")J

+pp (ZII. (t"), Z (t")] < 3--â- = e,


c'est·à.·dire que la famille E est équicontinue.
L'onsemble P,. de toutes les valeurs de la fonc~ion z,.
(t) continue
sur le compact Q est compact, quel que soit k = 1, . . . , m (5.16a).
La réunion R des ensembles compacts P,, ...• Pm est évidemment
compacte elle aussi. L'in6galité (1) montre que l'ensemble R sert
d'e/3-réseau à l'ensemble Po c: P de toutes les valeurs des fonctions
z (t) E E sur Q. L'ensemble P 0 étant préeompact en vertu de 3.95,
E est à valeurs uniformément précompactes.
Nous voyons donc que les conditions du théorème d' Arzelà
sont n6cessaires pour la pr~compaci~é de E. Démontrons leur suffi-
sance.
L'espace p• (Q) ost isométrlquemo~t immergé dans l'espece
P (Q) de toutes les fonctions z (t) bornéèS (continues ou non) sur Q
muni de la distance
p (z, y)= sup pp {x (t), y (t)}.
1

En vertu du critère de Hausdorff (3.93c), le théorème sera d~mon·


tré si l'on construit à partir do se.'
hypothèses, dans l'espace P (Q)
1 12.2. ESPACF:S MI!.TnlQIIES :\1

et pour tout e > 0, un e-réseau fini pour l'ensemble E. Supposons


qne E c: p• (Q) soit à valeurs unifonnémenl précompactes et équi-
continu.
Pour un e > 0 donné, trouvons un 11 > 0 à partir de la condition
d'équicoutinuité de la famille E. Recouvrons ensuite le compact Q
par un nombre fini de boules de diamètre 11. En rejetant les points
superflus, on peul obtenir un recouvrement du compact Q par un
nombre fini d'ensembles de diamètre ~11 deux à deux disjoints.
Désignons-les par Q1• • • • , Om· Soit ensuite Pt. ... , p~ un e/2-
réseau fini dans P pour le précompact P 0 contenant toutes les valeurs
des fonctions z (t) pour t E Q, x E E. Considérons l'ensemble G
de toutes les fonctions z (t) E P (Q) qui prennent sur Q1 , • • • , Qm
les valeurs constantes de la collection p., ... , p~. Ces fonctions
sont évidemment en nombre fini (au plus égal à km), et nous affir-
mons qu'elles forment un e-réseau pour l'ensemble E. En effet,
soit z 0 (t) une fonction quelconque de E. La variation de cette fonc-
tion sur l'ensemble Q1 de diamètre ~11 ne dépasse pas e/2, et il
existe un point PJ de la collection p 1, • • • , Pm distant de toutes
les valeurs de z 0 (t), pour t E Q~o de e au plus. La fonc.tion
z (t) EP (Q) qui prend sur chaque OJ la valeur correspondante PJ R]tpar-
tient à G, et l'on a évidemment, dans 1 espace p• (Q):
p (xo, z)=sup PP IZo (t), x (t)] 4 e.
1

Le théorème est démontré.


b. Si Pest un espace complet, il en est de même de P' (M) (12.2:l).
Dans un espace complet. la fermeture de toul ensemble précompact
est compacte (3.96b). Par conséquent, les parties compactes de
P• (M) sont caractérisées, dnns le présent cas, comme suit: ce sont
les sous-ensembles fennés de p• (M) à valeurs uniformément compactes
et équicontinus.
c. Dans le cas où P est l'espace euclidien n-dimensionnel Rn,
la classe des ensembles précompacts est identique à celle des ensem-
bles bornés (3.93b el 3.04). Le fait qu'une famille E de fonc.tions
z (t) ER!, (M) est à valeurs uniformément précompactes veut donc
dire, dans le cas en question, qu'il existe une constante B telle
que l!Upl x (t) 1 ~ B, quels que soient tE M et z (t) E E. Une telle
famille de fonctions est dite uniformément bornée. Ainsi, dans le
cas où P =Rn, le théorème d'Arzelà prend la forme suivante:
Un ensemble E ck fonctions z (l) E R ~ (M) est précompact st.
et seulement si, tl est uniforméml'nt borné et iquicontiuu.
d. Pour les fonctious numériques sur un intervalle fermé de la
droite numérique, on peut signaler une simple condition snflisantc
de ln précompacité:
T h ë o r è m e. Si, pour un ensemble E de fonctions numéri-
que~~z (t) continues et dlrivables sur un intervalle a ~ t ~ b, il existe
38 CH. 12.. STRUCTURES FONDAMENTALES DE L•AN.AI.YSI!J

cleu.t: constantes a 0 , a 1 telles que, quel que soit z (t) E E, on ait les iné-
galité$
1 z (t) 1 ~ ao,
alors l'ensemble E est précompact dans l'espacf! R" [a, bi.
D é m o n s t r a t i o n. En appliquant la formule de Lagrange
7 .44, nous avons l'in~galité
a,
1z (t') - z (t") 1.;;;;; sup 1z' (t) 1·1 t" - t' l .;;;;; 1t" - t' 1,
montrant que la famille E est équicontinue. L'application du théorè-
me c achève la démonstration vu que ladite famille est uniformément
bornée par hypothèse.
12.25. Es p ace d es fon c t i o n s m fois co n ti-
n û m e n t d ~ r 1 v a b 1 c s.
a. L'espace métrique de toutes les fonctions réelles z (t) con-
tinues et m fois continOment dérivables sur un intervalle a.;;;;; t ~ b
avec la métrique définie par la formule 12.22 (2)
p (x, y)= max {1 z (t)- y (t) [. 1z' (t)- y' (t) [, ••. , 1.zc"'1 (t)- if"'' (t) 1}
o~l~b

est désigné par Dm (a, b); en particulier, D 0 (a, b) = R' (a, b).
Dans l'espace Dm (a, b), la convergence d'une suite Zn (t) vers
sa limite z (t) signifie la convergence uniforme des m + 1 suites:
Zn (t)- x (t), x~ (t)- z' (t), ... , x~ml (t)- .z'"' 1 (t).
b. Montrons que l'espace Dm (a, b) est complet. [Soit z 1 (t),
z, (t),
... une suite de Cauchy de fonctions de l'espace Dm (a, b).
Il découle de l'inégalité
ma:x [z!!'l(t)-z~~l(t)l~p(zn, Zp)
·~'~"
que chacune des suites {zn (t) }, {z~ (t) }, ... , {z:,m> (t)} est de
Cauchy par rapport à la métrique de l'espace R' (a, b). L'espace
R' (a, b) étant complet (12.23/), toute suite zl/'l (t) converge uni-
formément, pour n - oo, vers une fonction continue Yk (t) (k =
= 0, 1, ...• m). D'après le tMorème 9.77 sur la dérivation d'une
suite de fonctions, nous avons
Yt (t) = lim z~ (t) = ( lim Zn (t))' =y; (t),
n-œ n-oo
Y% (t) =y; (t) =y; (t)o ••. 1 Ym (t) = y~m) (1).
Donc, ln fonction y 0 (t) appartient à l'espace Dm (a, b). Toujours
d'après la convergence uniforme de chaque suite x<,!'l (t) vers y~ (t) =
= y~~, (t), pour n - oo, la fonction y 0 (t) est la limite de la suit.e
Zn (t) par rapport lt la métrique de l'espace Dm (a, b), ce qu'il fallait
démontrer.
§ 12.2. ESPACES M2TRIQUES 39

e. 1\lontrons que l'espace Dm (a, b) est partont dense dans


R' (a, b) (par rapport à 1!' métrique de R• (a, b), bien entendu).
La propriété d'être partout dense étant transitive (3.62), il suffit
de moutrer que Dm (a, b) est partout dense par rapport n l'ensem-
ble L de toutes les fonctions polygonales (nous avons vu dans 12.23e
que L est partout dense dans R" (a. b)). Toute fonction polygonale
y (.z) peut être rendue « lisse ~> en 1a rem·
plaçant, au voisinage de chaque angle. par
une fonction q (.z) m fois continûment déri-
vable dont les valeurs des dérivées sont
égales, mu: points de contact uvee les côtés
du polygone. aux valeurs correspondantes Fig. 12.1.
des dériv&es de la fonction y (z) (fig. 12.1).
Une telle fonction q (.z) peut être eons-
truite, par exemple, sous forme d'un polynôme de degré 2m (cf.
12.19d). En effectuant une homothétie de centre au sommet de
l'angle et de rapport suffisamment petit, on peul arriver à ce que
IR distance enlre q (x) el y (.z) soit aussi petite que l'on veut.
12.26. E s p a ce d es f one ti o n s e o n t i n u es
n v e e 1 a m é t r i q u e i n lé gr a 1 e.
a. Désignons par L• (a, b) l'espace métrique de toutes les fonc-
tions réelles .z (t) continues sur un intervalle fermé [a, b] avec la
miitrique 12.22 (3)
b

p (.z, y)= Jlz (t)- y (t) 1dt. (1)


0

L'espace fot·mé des mêmes fonctions avec la métrique 12.22 (4)


b

p (.r, y)= JJ.z


a
(t)- y (t)IP dt (p > 1) (2)

sera désigné par L~ (a, b).


Nous avons aus~i considéré, sur l'espace des fonctions conti-
nues, la métrique
p (.z, y) = ma:x 1x (t)- y (t) f. (3)
a~f-~11

Les métriques (1)-(3) engendrent les types essentiellement diffé-


rents de eonvereenee. Ainsi, la suite des fonctions Zn (t) montrées
fig. 12.2 ne converge pas vers zéro dans l'espace R• (0, 1) toul eu le
fais11.nt dans chacun des espaces L; (0, 1) parce que
1 tin

s.%~ (t) dt= J.%~ (t) dt...;:-k-.


0 0
40 CH. 12. STRUCTURES FONDAMENTALES DI!J L•ANALYSE

La suite des fonctions Yn (l) montrées fig. 12.3 converge vers


zéro dans chaque espace L~ (0, 1) avec p < q el ne le fait pas dans
L~ (0, 1) paree que

0
• ""'il•nq = l'+t n L-·{-o
J'y~(t) dt= p+t L
q =-•-

pour p<q,
P -1- 1 pour p = q.

b. L'espace L~ (a, b) n'est ~:omplet pour aucun p 1. Afin de >-


le démontrer, consiMrons une suite de fonctions continues y.., (z)

Y,lt)

0 ,

Fig. 12.2. Fig. 12.3.

comprises entre 0 et 1 et convergeant, lorsque v - oo, vers 0 uni-


formément sur chaque intervalle (a, t: - E) et vers 1 sur chaque
intervalle (c + e, b) (t: est un point fi:xe entre a el b). Une telle
suite satisfait au critère de Cauchy dans l'espace L~ (a, b). En
effet, on a
b c-e. c+~ b

J1Yv (x) -
a
Y~< (z)IP dz = 5 + 5 + c+e.5 ~ e + 2e + e = 4E
a c-e.

pour v et 1.1. assez grands. Montrons qua la suite y.., (z) ne ~:onverge,
selon la métrique de L~ (a, b), vers aiU'ur~e fonction ~:ontlnue.
A cette fin, faisons la remarque suivante. Si une suite de fonc-
tions f.., (z) (v = 1, 2, ... ) converge, par rapport à la métrique
de L~ (a, b), vers une fonction coiltinuc f (z) sur un intervalle !J. =
= {a~ z ~ b} el converge uniformément sur un intervalle 6 =
= (~: ~ z ~ d} intérieur à !J. vers une fonction q> (z), alors l'identité
q> (z) r:af (z) a lieu dans l'intervalle 6. En effet, dans l'espace
L~ (t:, d), nous avons les relations
d b

pP(/..,,/)= Jl!v(x) -/(z) IPdz..;;:


<
J1/v (z)-/ (.z)IPdz-+0
a
§ 12.3. ESPACES VECTORIELS NORM:!S

p'P (/v. !p) = JJ/v (x)-~p (x)I'P dx ~: ma:x 1/v lx)-


< ze6
!p (x) IP (d- c) _,..O.

En vertu de l'unicité de la limite (3.33a), on a bien 1 (x) ""'!f (x).


La supposition que la suite Y1 (x). Yu (x), ... , Yn (x), ...
construite plus haut converge par rapport à la m!Strique de L~ (a, b)
vers une fonction continue f (x) conduit, d'après ce qu'on a vu, au:x
égalités f (x) = 0 pour a ~ x < c et J (x) = 1 pour c < x ~ b.
Mais alors la fonction 1 (x) ne peul être continue sur l'inten·alle
a ~ x ~ b quelle que soit la valeur f (c).
e. En vertu du théorème général 3.81, l'espace L~ (a, b) admet
le complété L~ (a, b). 11 est naturel de poser la question suivante:
est-il possible d'attribuer aux éléments de l'espace L~ (a, b), définis
d'après le théorème 3.81a d'une façon abstraite, un sens concret en
les interprétant, par exemple, comme fonctions? On répond par
l'affirmative bleu que le problème soit assez délicat (cf., par exem-
ple, (161).
§ 12.3. Espaces vectoriels normée
f2.3f. Nous tenons à munir un espace vectoriel R d'une mé-
trique; ce faisant, il est naturel d'admettre que la métrique et les
opérations linéaires sont liées de sorte que la translation de deu:x
points d'un même vecteur ne change pas la distance entre eux.
Il est donc suffisant de définir la distance do tout point (vecteur)
à un point fi:xe, nu zéro par exemple. Il est suffisant, par consé-
quent, de faire correspondre à tout point x E R un nombre, la dis-
lance de x à 0; ce nombre est appelé norme du vecteur x.
Un espace vectoriel réel R s'appelle espace réel normé si. à tout
vecteur x E R, on fait correspondre un nombre 1x 1 (noté parfois
Il x Il ou mëme Ill x Ill) appelé norme du vecteur x et satisfaisant
aux conditions:
a. 1x 1> 0 si x ;f= 0, 10 1 = O.
b. 1ax 1 = 1a 1 1x 1 pour tout x E R et tout nombre réel a.
e. 1x + y 1~ 1x 1+ 1y 1quels que soient x et y de R (axiome
de triangle).
Par définition, posons p (x, y) = 1x - y 1. Il est aisé de prouver
que les axiomes de l'espace métrique sont satisfoits (la preuve en
est laissée au lecteur); il en résulte qu'un espace normé est métrique.
Ainsi, dans un espace normé on peuL mesurer les distances entre les
vecteurs et se servir du passage à la limite. Un espace complet nonné
est dit de Banach. Un espace vectoriel qui n'est pas muni d'une
norme (ou d'une métrique) sera dit alflnt.
f2.32.a. L'espace R" (M) de toutes les fonctions réelles x (t)
continues et bornées sur un espace métrique M, que l'on a eon sidéré
42 CH. 12. S"rliUCTUKES FONllAM~:NT.ALES DE L'AXALYS~

lc'lltunt 11u'exemple d'un espace vectoriel (12.13l) et d'uu espace


ml! trique (12.23b), est en même temps une source importante d'es-
paces normés. Uni.' norme ùans R' (M) est donnée par la formule
llzll=suplz(t)l. (1)
1

Nous désignons ici la norme d'une fonction z (t) non pas par
1 z 1 mnis par Il z 11 pour mettre en relief la différence eut re la
normo de la fonction z (t) comme élément de l'espace R" (1\l) et sa
valeur absolue dépendant du point t. Les axiomes 12.31 a-c de la
norme sont dans ce cas presque évidents. En particulior,l'axiome
de triangle se vérifie comme snit :
1 z (t) + y (t) 1 ~ 1 z (t) 1 + 1 y (t) 1 ~
~ sup 1 z (t) 1 + sup 1 y (t) 1 = Il z Il + Il Y Il ;
1 1

en passant au m11ximum dans le premier membre, on obtient l'iné-


galité demandée Il z + y Il ~ Il z Il + Il y 11.
b. Généralisons maintenant l'exemple a en y romplnçant le
corps R des nombres réels par un espace réel normé quelconque R.
Ainsi, les éléments du nouvel espace R• (M) seront les fonctions con-
tinues et bornées z (t) définies sur l'espace métrique M à valeurs
dans l'espace normé R.
Il est nécessaire de prouver que les opérations linéaires sur de
telles fonctions conduisent aux fonctions de la même nature. Si
les fonctions z (t) et y (t) à valeurs dans R sont bornées et que
x = sup 1z (t) r. y = sup 1 y (t) 1;
1 1

alors la fonction z (t) = az (t) + fly (t) est aussi bornée pour n 'im-
porte quels a et f} réels, puisque
1 az (t) + fly (t) 1 ~ 1 a 1 1 z (t) 1 + 1 fl 1 1 Y (t) 1 ~
~laiX+IfliY
quel que soit t.
Montrons que la fonction z (t) = az (t) + fly (t) est continue
pour tout t = ta. de même qui.' les fonctions z (t) el y (t). On peut
suppose! que a ;f= 0 et fl rf= O. Fixons un nombre e > 0 et choisissons
un 6 > 0 de façon que l'inégalité p (t, t 0) < 6 implique
l.r(t)-z(to)l< 2: . ly(t)-y(to)l<i"·
On a alors
lz (t)-z(la) l~lafl z (t) -x (ta) 1+1 fliiY (t)-y (to) 1< i-+f=e,
ce qui Mmonlre la continuité de la fonction z (t) = az (t) + fly (t)
JIOUr t = to.
1 12.8. ESPACES VECTORIELS NORNBS 43

Dans l'espace R' (M), on introduit la norme par la formule (1)


où, bien entendu, 1 z (t) 1 désigne la norme dans l'espace R.
Donc, l'espace R • (M) de toutes les fonctions z (t) continues ot
bornées sur l'espace métrique M à valeurs dans l'espace normé R
est construit.
Notons que l'espace R" (M) est complet dès que l'espace R l'est
(12.23/).
12.83. Au L res ex e m p 1 es d'espaces nor rn é s.
a. L'espace métrique D,.. (a, b) (12.25) peut être rendu normé
en introduisant la norme
Il z Il= max {1 z (t) 1. 1z' (t) 1•... , 1z'"'• (t) 1}. (1)
Les axiomes 12.31a-c de la norme sont vérifiés aisément.
b. Les espaces métriques L~ (a, b) (12.26) peuvent être normés
en introduisant les normes

(2)
a

Les axiomes 12.31a-c de la norme se vérifient aisément pour p = 1 ;


dans le cas général (p > 1) la vérification de l'axiome de triangle
demande une certaine patience (cf. exercice 15).
c. Les espaces normés Lf, (a, b) et R' (a, b) adme~tent des
analogues intéressants de dimension finie. Soit R,. l'espace rz-di-
mensionnel des vecteurs z =
(6 1 , • • • , En>· Introduisons-y les nor-
mes suivantes:
n

lz!.= ~ IEh 1· (3)


l-1

(4)

Jzl,.,= mn:x ltr.l· (5)


1~k~n

Il est hident que la norme euclidienne

(6)

que nous connaissons depuis 2.68 est un cas particulier de la norme


1 z IP correspondant à p = 2. Les normes (3) et (4) sont analogues
aux normes intégrales dans les espaces L: (a, b) et L; (a, b). La
norme (5) est analogue à la norme 12.32 (1) dans l'espace R' (a, b);
44 CH. 12. STnUCTURES FONDAMENTALES DE L'ANALYSE

la désignation 1 z 1.... est justifiée par la relation llmite

max
1 ~k:Sn
[~ki= lim ~V~
k~l t ;k l..
p-+CD

(cf. exercice 9 du chapitre 4).


Dans le ces (6), nous avons déjà vérifié les axiomes de la norme
dans 2.68. Dans les cas (3) et (5), cela se fait sans difficultés. Dans
le cas (4), la vérification n'est phrs si simple (cf. exercice 17).
Contrairement aux normes dans un espace fonctionnel, du point
ck vrz.e ck la convergence qu'elles engendrent, les 11ormes (3)-(6) sont
équivalentes: pour m- oo, la convergence d'une suite de vecteurs
Zm = (~~"u , ... , ~~m) vers un vecteur z = (~1· . . . , ~n) pour
n'importe laquelle des normes (3)-(5) signifie la convergence den
suites numériques ç~m'- ~tt • • • , Çl:"'- ~n· L'étude des normes
dans des espaces de dimension finie sera continuée dans 12.36.
d. En remplaçant dans les exemples précédents n par oo on
aboutit à une série intéressante d'espaces de dimension infinie.
Notamment. désignons par lp (f ~ p < oo) l'ensemble de toutes
00

les suites numériques z = {E~o ~2 , ••• } pour lesquelles ~ 1~•1~'< oo.


k=l

Soit Il x 11 1, = L"(""
~ 1Q l" . En se servant de l'inégalité de t.riangle
r k-1

pour la norme 1z IP dans l'espace Rn et en posant z = {l;k} E l 1,.


y= {'1~} E lr, on peut écrire

V. " ~~Çk+llkl"..;
k•l
V" }jlsklr+ v· ~lllhlr~
k~l
...
k-1

,,,~..,

V1~ ~ 1S.. IP +V A~/'ltdP =Il z Il.,+ Il Y llr·

on obtient la convergence do la série ~


.. 1Eh+
En pass.\nt à la limite pour n - oo dans le premic>r membre
T)k IP et l'inéquation
h-l
,. ,~-,,..::-----

ll:t+YIIp=v ~ IEh+'lAI,~IIZIIp+IIYIIp·
k=l

Il est évident que az = {~k} appartient à l'ensemble lP avec


z = gk }, potrr tout a réel, et que Il az 11 .. = 1 a 1 Il z IIP· Ainsi
l'ensemble lp. pour tout p ~ 1, est un espace vectoriel 1wrmé. On peut
montrer que 1'espace l,. est complet, quel que soit p ~ 1 (exercice 18).
i 12.3. ESPACES VECTOIUELS NORM&s 45

12.34. Toutes les d1Hinitions et tous les théorèmes concernant les


espaces affines et les espaces métriques (sans structure d'espace
vectoriel) sont naturellement valables pour les espaces vectoriels
normés. Ainsi, dans un espace vectoriel normé on peut considérer
les notions d'ensemble équilibré et d'ensemble convexe qui sont
propres à la théorie des espaces affines.
a. Un ensemble E dans un espace vectoriel X est dit équilibré
si, avec tout son point z, il contient le point -z.
b. Un ensemble E dans un espace vectoriel X est dit convexe si,
avec ses deux points quelconques z, y, il contient lous les points
z = cu + py, a ~ 0, p ~ 0, a + p = 1,
ou, géométriquement, tout le segment d'extrémités z et y.
c. Le théorème suivant utilise la structure d'espace vectoriel
ainsi que la norme, de sorte que son champ d'action naturel est un
espace vectoriel normé.
Théorème. Une bouleS= {z: lzi~P} d'un espace vec-
toriel normé R etlt un ensemble équtlibré convexe fermé.
D é m o n s t r a t i o n. Si 1 z 1 ~ p, alors 1 -z 1 = 1 z 1 ~ p,
ce qui démontre que la boule est équilibrée. Le fait qu'elle est fermée
résulte de 3.51b. La convexité découle da l'axiome de triangle:
si 1 z 1 ~ p, 1 y 1 ~ p, alors, pour a~ 0, P ~ 0, a+ p = 1, on a
+
1 az PY 1 ~ a 1 z 1 + P 1 y 1 ~ (a + P> P = p,
ce qu'il fallait démontrer.
d. La propriété de convexité de la boule unité est si importante
qu'elle peut remplacer l'axiome de triangle. Notamment, supposons
que dans un espace vectoriel X on ait introduit une fonction numé-
rique 1 z 1 vérifiant les deux premiers axiomes de la norme et, au
lieu du troisième, l'axiome suivant:
La boule {z E X: 1z 1~ 1} ut un ensemble convexe.
Montrons que cet axiome et les axiomos 12.3fa, b impliquent
l'inégalité da triangle 12.31c. Quels que soient deux vecteurs
&
z ,.t= 0, y =1= 0, les vecteurs et ~ appartiennent à la boule
unité; en vertu du nouvel axiomo, le vecteur :zl + l~f y appar-
1
tient également quels que soient a::;;:,.O, p::;;:,.o, a+~= f:

la 1:1 +Pïfll~t.
Posons ici a= lzll~llul' P= lzi~LI; en mettant lzl!lril en
facteur, en le faisant sortir du symbole de la norme et en multi-
pliant l'inégalité par 1z 1+ 1y 1. on obtient
1 z + y 1 ~ 1z 1 + 1 y 1.
4() CH. 12. STI<liCTllnES I'ONDA~IEKTALES DE L'ANALYSE

ce qu'ilnous fallnit. Si l'un au moins des vecteurs z, y est nul, l'iné·


galit~ de triangle est immédiate.
12.35. N or m e s é q u i v a 1 c n t e s.
a. Deux normes 1z 11 ct 1z lt dans un même espace vectoriel X
sont dites équivalentes (ou homéomorphes) si les métriques qu'l'Iles
engendrent sont homéomorphes (3.34), autrement dit, si la con-
vergence Z n - z selon l'une de ces normes est éqnh•alenle à la con-
vergence Z n - z selon l'autre. Pnr con~quent, tout ensemble fermé
(ouvert) ùans X par rapport A l'uni.' de ces normes est fl.'rmé (ouvert)
par rapport à l'autre.
h. Voyons quelles propriétés géométriques dl's boules
S.(p) = {zEX: lz lt~p},
S,(p) = {zEX: lz la~P}
correspondent à l'équivalence des normes 1z h ct 1z la· Chacune de
ces boules, on l'a vu, est équilibrée, convexe et fermée par rapport
à la norml.' correspondante.
L e m m e. Si les normes 1z h et 1z ls sont équivalentes, alors
il existe une constantt' c, > 0 teUe que toute boule S 1 (p) contiem1e
la boule S: (c 1p) et une constante cz > 0 telle que toute boulc Sa (p)
contienne la bouleS, (ctP). Réciproquement, s'il existe deux constantes
c 1 et c, ayant les propriétés mentionnies, alors les normes 1 z 1. et
1x 1: sont équivalentes.
D li m o n s t r 11 t i o n. Soient c, et ct des constantes possedant
les propriétks en qucst.ion. Soit ensuite 1 z -x.
11 = s.,- O. La
boule S 2 (e..lc 2) contenant S, (e..) contient 1 élément x - x •. de
sorte que 1z - x,. lz ~ e.lcz. Ceci signifie que 1z - Zn 12 - O.
D'une façon anologue, il résultl' do 1 z - Zn lz- 0 que
1 x -z. 11 - O.
Inversement, supposons que les normes 1z l• et 1z 1, soient
équivalente!:', mnis qu'il n'existe pas de constante c1 cherchée.
Alors. pour tout n = 1. 2. . . . , nous trouvons deux boules S 1 (p.),
S z (p. ln) dont la prl.'mièrc ne e-on tient pas la deuJ(ième. c'est-à-dire
qu'il existe un point. Zn tel qui.' 1 x. l• > Pn• 1Zn la< p.ln. Soit
Yn = x.lp"; nous avons 1Yn h > 1, 1Yn lz < 1/n, de sorte que la
suite Yn tend vers 0 pour la deuxième norme et ne le fait pas J!Our
la première. Ceci contredit la supposition d'équivalence di.'S normes,
d'o\1 l'existence de la constante c,. De même. il existe la constante
c 2 • cc qu'il fallait démontrer.
c. C o n l' é q u e n C· e. DeUJ; normes 1z 11 et 1x 1~ S(lnt équiva-
lentes si, et seulement si, il l'Ziste deux constantes positives c1 et ct
telles que l'inégalité double
c,l z lt ..;"1 z lz.,;: l=..!.!..
~.
soU satisfaite pour tout z E X.
§ tZ.3. ESPACES VECTOJUELS NOnM:RS 47

En effet, si l'inégalité en question est satisfaite, il résulte de


1Z -Xn lt- Û que 1Z - Zn lz ~ j_ t2
1Z - Zn l1- Û et inverse-
mPnt, de sorte que les normes 1z lt et 1z 12 sont équivalentes. Sup-
posons maintenant que les normes 1z ft et 1z la soient équi val!'ntes.
Alors, d'après le lemme b, il existe une constante cz telle que to11te
boule S 2 (p) contient ln. boule S, (c 2 p). Soit 1 z la = a, c'PSt-n-dire
que z E S 1 (a). La boule S 1 (alc 1 ) contient la boule S 1 (a~. donc
1z 12 ~ alea = 1z l.lc 2 • La deuxième inégalité s'établit de façon
analogul.'.
d. A présent, nous sommes en mesure de décrire géométrique-
ment n'importe quelle norme 1 z lz équivalente il une normP donnée
lx la·
T h é o r è m e. Supposons que, dans un upace normé R avec
1 z 11 pour norme, 011 ait un ensemble équilibré convexe fermé S qui
contient une boule S, (p) et est lui-même contenu dans une boule S 1 (r).
A lors il existe une norme 1z 12 équivalenltt à la norme 1z h et telle
que Sa (1) = S.
D 6 m o n s t r a t i o u. Choisissons un vecteur quelconque z <fo. 0
el considérons la demi-droite zlt, 0 < t < oo. Par hypothèsl.', les
points de la demi-droite avec les t suffisamment grands appartien-
nent à l'ensemble S, ct les points avec les t suffisamment pl'tits n'y
appartiennent pas. Posous 1z 12 = inf { t : E-T S} et 10 12 = O.
Prouvons que la norme ainsi construite satisfait aux axiomes 12.3fa-c
et à la condition imposée {z: 1z la~ 1} = S.
Pour z =fo 0 on a 0 < 1z lz < oo, et le premier axiome est.
vérifié. Ensuite, pour a> 0, on a
1a:.r lz = inf { t : ~:r E S} = inf {a ~ :~ 2
E.S} =
=a iuf { 1: : ~ ES} = a 1x la·
L'ensemble S étant équilibré, il est immédiat que 1 -z lz =
1z lz; d'où 1ax lz = 1a 1 1z la pour tout a réel.
Prouvons maintenant que S = {z: j z lz~ 1}. Si z ES, on a évi-
demment 1z lz = inf { t: TES}< 1. Notons ensuite que la con-
vexité de S implique celle de l'ensemble S:r: des points de la demi-
droite xlt qui appartiennent à S; de la sorte, l'ensemble Sr
contient tous les points xlt avec t > inf { 't: ~ES} ; puisque S
est fermé, le point xlt avec t = inf { 1:: ~ E S} appartient lui
aussi li S. Par con!U!quent, si 1z lz = inf { T: ~ES} ~ 1, alors z =
~zif appartient à S, ce qu'il nous fallait.
48 CH. 12. STRUCTURES FONDAMENTALES DE !.'ANALYSE

V~rifions l'inégalit~ de triangle pour la norme 1z lz· Elle résulte


dl' 12.34d, car la boule {z: 1 z la~ 1} est identique, on l'a vu, à
l'ensemble S. ce dernier étant convexe. Il reste à démontrer que la
norme 1z lt est équivalente à 1z !J. Ceci dticoule du lemme b. En
effet. l'inclusion S 1 (p) c: S = S 2 (1) c: S 1 (r) a pour consé~uence
l'inclusion S 1 (pp) c: S 2 (p) c: St (rp) pour tout p >O. 1 hypo-
thèse du lemme b ~tant donc satisfaite avec ca = 1/r et c 2 = pi
en appliquant le lemme on voit que les normes 1 z 12 et 1 z la sont
équivalentes.
e. N o r m e s d a n s 1 o s e s p a c e s d e d i m e n s i o n
f i n i e. Montrons que dans un upace vectoriel Rn de dimension /lnte
toutes les normes sont équivalentes.
La relation d'~quivalence des normes est, évidemment, transi-
tive. 11 suffit donc de montrer que toute norme 1 x 11 ost équiva-

lente à la norme euclidienne 1x 12 =V~ EJ, où Et, ... , En sont


les coordonnées du vecteur :r dans une base et. . .. , en.
n
Posous Ct=~ 1 e~ la; pour tout z ERn, on a l'inégalité
1
n n n
lx la= 1~ ~~e~ lt ~ ~ 1~ Ile~ la~l:tlz ~ 1 ek la~c.lzlz· (1)
1 t 1

Montrons qu'il eltiste également une constante c 1 telle que, pour


tout z E Rn, on a l'inégalité
1 Z la Cz 1 Z lz· > (2)
Supposons le contraire: il eltiStl' une suite de vl.'cteuri5
x.,. (m=1,2, ... ) tolle que 1 Xrn la<_!__ 1 Xm lz· Posons u~. = -"'"')
1=
n& :c,n 2
n
= (TJ:"'•, ...• 'IJ~"''). Nous avons 1y,.. 1~ = ~ (Tti"'1) 2 ~ 1; ù 'où 1TJ~"ï:Ç
1
~ 1 quels que soient k et m. La boulo euclidienne Hant un
ensemble compact (3. 96e), la suite Ym (m = 1. 2, ... ) contient une
sous-suite convergente; en rejetant les vecteurs super!lll)l eL en
modifiant la numérotntion on IIOUt dire que la suite Yrn =
= (TJ:"'', ... , TJ:,m•) olle-même converge vers un vecteur y= (TJt• ... , TJn).
Alors on a, d'après 3.32/,
T)t = lim TJ\"'\ , .. , T)n = lim 1]~"' • 1
(3)
m~~ m-~
n
En passant à la limite pour m- oo dans 1'6golité ~ (1ll.m') 2 = 1,
1
n
on obtient 1 y l' ~ ~ TJl = 1, de ~or te quo .11 ~O. En se hasant
• 1
1 IZ.Ie ESPACES VECTORIELS NORMIUI 49

sur (1) on peut noter ly-y,.h~cdy-y,.h-+0, c'est-à-dire que


Ym-+ y pour la norme 1z lt· Or 1Ym h = ~- 0, de sorte qlle
Vmb
y,..- O. Les relations obtenues contredisent l'unicité de la limite
(3.33a). L'inégalité (2) est donc établie.
En appliquant maintenant la conséquence c notre affirmation se
trouve démontrée.

Fig. 12.4. Fig. 12.5. Fig. :12.6.

En particulier, l'espace Rn élan\ complet par rapport à la norme


euclidienne 1z la (3.72c), il l'est par rapport à toute autre norme
1zf."· En tant que conséquence nous obtenons:
Dans un upace Rn de dtmenBion finie, la conuergenee par rapport
à n' tmporte quelle norme est équivalente à la convergenee par rapport
auz coordonnées.
1
p•<><>

E----t---)
Fig. t2. 7. Fig. 12.8. Fig. 12.9.

Les sphères unités pour les normes 1z 1... , 1z h, 1z IP considérées


en tant qu'exemples dans 12.33, pour n = 2, sont montrées fig. 12.4-
12.8. La figure 12.9 correspond à une norme d'un autre type. Pour
le cas p < 1 voir l'exercice 20.
12.36. Dans un espace euclidien n-dimellSionnel, la boule 1 z 1 ~
.,;;;;; 1 est compacte (3.96e). Dans tout espace normé n-dimensionnel,
la boule Il z Il ~ 1 est aussi compacte, puisque toute norme est
équivalente à la norme euclidienne d'après 12.35e. Est-ee qu'il
existe des espaces normés de dimension infinie dans lesquels la
boule unité Il z Il~ 1 soit compacte? Il s'avère que non, et la
4-:!:!~6
50 CH. 12. STRUCTURES FONDAMENTALES DE L'ANALYSE

compacité de la boule est une propriété caract~rislique des espaces


de dimension finie.
a. Le rn me. Soit E un sous-espace fermi d'un espace vectoriel
normi R et tel que E ;f= R. Il ezi&te un vecteur y E R tel que 1y 1 = 1
et 1 y - z 1:;;> 112 pour tous les z E E.
Dé m ons t ra t ion. Choisissons un y 0 E R - E; soit d =
= inf 1Yo - z 1 pour zEE. Si l'on avait inf 1 Yo- z 1 = 0, il
exi:!terait une suite Zn E E tendant vers y 0 ; E étant fermé, on aurait
alors Yo = lim Zn E E en contradiction avec l'hypothèse. Donc
d >O. Trouvons un vecteur z 0 E E tel que 1y 0 - z 0 1< 2d. Posons
y = !lo-"'o l . Nous avons 1y 1=1; de plus, z 0 + z 1y 0 -z0 1E E
1llo-zo
pour tout z E E et
1/o-zo
1y-z 1= 1lvo-zoJ z
1=1 !lo-zo-:tlllo-:toll::::.:...!..=.!.
lvo-zol """'2d 2'

ce qu'il fallait démontrer.


b. Théorème (F. Riesz). La boule unité d'un espace
normé R de dimension infinie n'est pa8 un ensemble prfcompact.
D é m o n s l r a t i o n. Nous allons construire, dans la boule
unité de l'espace R, une suite z~o z 2 , ••• , Zn, ••• des vecteurs
1Hoignés l'un de l'autre d'une distance >112. Comme une telle suite
n'admet, évidemment, aucune sous-suite de Cauchy, la boule S =
= {z: 1 zr..;;; 1} n'est pas un ensemble prlkompact. Pour Zt nous
choisissons n'importe quel vecteur z 1 ES, 1 z 1 1 = 1. Ses multiples
"-r 1 forment un sous-espace fermé E 1 c:: R. D'après le lemme a,
il existe un vecteur Zz ES, 1Za 1 = 1, tel que 1z~- z 1> 1/2 pour
tout z E E 1 ; en particulier 1 Za - Zt 1 > 1/2. Les combinaisons
+
lin~aires Î..tZ1 Î..S:Zz forment un sowrespace fermé E 2 c: R. D'après
le lemme a, il existe un vecteur z1 ES, 1z1 1= 1, tel que 1z 3 - z 1>
> 1/2 pour tout z E E a; en particulier, 1z 1 - Xt 1> 1/2,
1 z, - z 2 1 > 1/2. En continuant nous aboutissons à une suite
E 1 c Ea c:: ... de sous-espaces de dimension finie dont chacun
est une partie propre de R (vu que ce dernier est de dimension infi-
nie) et à une suite x., z 2 , • • • des vecteurs avec les distances rela-
tives 1Zm - Zn 1 > 112. On a déjà vu que cela résout le problème.
12.37. Séries de v e ct eu r s d'u n es p ace n or m é.
Dans un espace métrique, on peul considérer les suites convergentes,
mais la notion de série convergente n'a pns de sens. Dans un espace
vectoriel normé, la notion de série convergente de vecteurs a un sens.
a. Soit une série d'~léments d'un espace normé R:
Z1 + Za + ... + Zn + . . . (1)
La série (1) est dite convergente daM R si la suite s 1 = x~o s~=
= z1 + z 2 , • • • de ses sommes partielles converge dans R ; dans
1 12.S. ESPACES VECTORIEI.S NORIIIJ!iS

ce cas, la limite s =lim s,. des sommes parHelles est, par définition,
,.......,
ln somme de la série (1). Si la suite des sommes partielles s,. 11'est
pas convergente, la série (1) est dite divergente dans R et on ne lui
attribue aucune somme.
Pour la convergence de la série (1) ll faut et, si l'espace R est com-
plet, il suffit que le critère de Cauchy soit satisfait: pour tout e > 0
il ezlste un numéro N tel que l'inégalité
(Sn- Sm 1 = 1 Zm+l + • · • +Zn 1 < 8 (2)
ait lieu quels que soient m > N, n > m.
b. St la série numérique dt>.s TUJrmes dt>s vecteurs z,. converge, alors,
dans le cas d'un espa.ce R complet, la série (1) converge elle aussi, puisque
1 Zm+l + • • • -f ,'tn 1 ~ 1 Zm+l 1 + •••+ 1 Zn 1.
et on peut appliquer le critère de Cauchy.
c. Critère de Weierstrass. La série (1) converge st les
majorations 1 Zn 1~ otn des normes ont lieu pour tous les n (à partir
"'
d'un numéro quelconque) et que la série numérique ~an converge.
1

En effet, dans l'hypothèse formulée la série ~ 1z,. 1 converge


1
"'
avec la sério ~a,. d'après le critère de comparaison.
1
d. Critère de Cauchy. Lasérle(1)convergesilim}Yj'X;;T <
iVI
< t et diverge si lim x,. 1 > 1.
La démonstration se fait de même que dans 6.14b pour une série
numérique.
e. C r i t è r e d'A be l- D i r i c h 1 e t. La série
(3)
où Xtt Zt, . . . sont des vecteurs de l'espace R et ah a a, . . • du nom-
bres réels, converge daM R si les nombres a,. tendent vers ziro en décrois-
sant d'une façon monotone et s,. = z 1 + ... +
z,. sont majorés en
rrorme par une constante fize.
La démonstration suit ln même voie que celle de 6.47 en rempla-
çant les modules par les normes.
r. E :x e m p l e. Considérons les séries
...
~ Gn cos nt, (4)
0
...
~b,.sinnt (5)
1
...
5:!. CH. 12. STRUCTURES FONDAMENTALES DE L'ANALYSE

dans l'espaco R• (a, b). Rappelons que R' (a, b) est un espace com-
plet (t2.23j) et que ln. convergence pour la norme de l'espace n• (a, b)
est la convergence uniforme sur l intervalle la, bi. Les normes des
fonctions cos nt et sin nt dans l'espace R' (a, b) sont au plus égales
à l'unité. Donc, si ~ 1 an 1 < oo ou ~ 1 bn 1 < oo, alors la série
(4) ou (5) respectivement converge dans l'espace R' (a, b) (d'après
le critère de Weierstrass), i.e. converge uniformément sur la, b]
quels que soient a et b.
En cas de divergence de la série formée par les an ou par les bn
et à condition quo a,. \,. 0 (ou bn \,. 0), on peut se servir du critère
d'Abel-Dirichlet. Pour la somme des sinus ou des cosinus, nous
avions (6.47 (9)) les majoratiolll!

~ cœ mt! ~ ,/ 2 (6)
1 ~ sinmt ""V t-cost'
tn=O
Si t varie dans l'intervalle [ e, 2n - el, où e > 0, alors le second
membre de l'inégalité (6) est borné, et dans le premier on peut passer
au m8llimum:

max 1i ~~=:1=11 i :~:::11~


0 0
Vt-:ose'

Ceci garanlitl'npplico.bilité du critère d'Abel-Dirichlet dans l'espace


R' (e, 2n - e). Ainsi, les séries (4) et (5), dans l'hypothèse an \t 0,
bn \t 0, convergent uniformément sur tout intervalle [e, 2n - el.
Ces séries peuvent ne pas converger uniformément sur l'intervalle
[0, 2n] (bien que la série des sinus converge en tout son point 1).
Plus bas (14.47) nous verrons que
"" .!.. . -{ 0 pour t=O cl t=2n,
~1
,. sm nt- ~
2 pour 0
< t < 21t' (7)

~~cosnt= -ln21sin-f] (0<t<2n}. (8)


J
Si la série (7) convergeait uniformément sur 10, 2n], i.e. par
rapport à la norme de l'espace R' (0, 2n), sa sommes (t) appartien-
drait à cet espace, donc serait une fonction continue sur [0, 2nl.
Or, on voit de (7) que la fonction s (t) est discontinue aux points 0
et 2n, donc la convergence uniforme sur l'intervalle [0, 2nl de la
série (7) n'a pas lieu .
La somme de la série (8) n'est pas bornéo dans 10, 2n), donc
celle-ci n es~ pas non plus uniformément convergente sur [0, 2nl.
Aucune dos séries (7) ct (8) n'est uniformément convergente dans
l'intervalle ouvert (0, 2n).
1 12.3. ESPACES VECTORU::LS NORII!l!iS 53

12.38. Co rr. p 1 é té d'u n es p ace n or ru ë. Comme cha-


que espace métrique, un espace normé R peut être complet ou non.
Dans le dernier cas, l'espace R peut être complété en l'inclu11nt dans
un espace métrique complet plilll vaste R (§ 3.8). De plus, le com-
plété d'un espace normé est un espace non seulement métrique, mais
aussi normé: nous introduirons dans le compMté les opéraLions
linéaires et vérifierons les a:x iomes de 1 espace normé.
Tout élément X du complété d'un espace métrique R était défini
comme symbole correspondant à une classe de suites de Cauchy cofi-
nales de l'espace R. Soit maintenant R un espace normé. Alors,
en adilionnant terme à terme deu:x suites de Cauchy z 1, Za, •••
. . .. z... et Ytt Ya• ..• , Yn• .•• , nous obtenons une suite
Z1 + Y1o Zt + Ytt · • •• Zn + Yno • • ••
qui est encore de Cauchy car
Il (Zn + Yn)- (Zm + Ym) Il~ llxa- Zm Il+ Il Yn- Ym 11.
Si l'on remplace ici la suite {z.. } par une suite cofinale {z~} et la
suite {Yn} par une suite cofinale {y;,}, on aboutit à la suite des som-
mes {z;. + y~} qui est cofinale avec la suite {zn + Yn} car
Il (z~ + y;.) - (Zn + Yn) Il~ Il .z;.- Zn Il+ Il y;.- Yn Il·
Ce fait permet de définir l'addition des él~ments de l'espace R.
Choisissons, dans une classe X, une suite de Cauchy {zn} et, dans
une classe Y, une suite de Cauchy (y.. }; appelons somme de X et Y
la classe qui contient la suite de Cauchy {x.. + y.. }.
Les raisonnements qui précèdent confirment que la définition
est correcte el que, en particulier, le résultat de l'addition ne dépend
pas du choi:x des suites {z.. } et {Yn} dans les classes respectives.
D'une manière analogue, le produit d'une classe X par un nombre
i.. est défini comme suit: choisissons une suite de Cauchy {.xn} dans
la classe X et appelons i..X la classe qui contient la suite de Cauchy
{À.:t'n}• Nous laissons au lecteur le soin de prouver que cette défi-
nition est correcte.
On vérifiera aisément les a:xiomes 12.11 de l'espace vectoriel;
en vertu de la définition même, les opérations linéaires sur les classes
se ramènent aux opérations correspondantes sur les éléments de
l'espace initial. En particulier, la classe 0 est composée de toutes
les suites convergentes vers 0 de l'espace R.
ll ne nous reste qu'à introduire une norme dans l'espace R et
à vérifier les axiomes 12.31a-c. La nonne d'une classe X est définie
par la formule
Il X Il = p (X. 0),
oùpsignifie la distance dans l'espace métrique complété R (3.82 (1)).
En d'autres termes, Il Xn 11 = lim p (z,., 0), où Zn est une suite de
54 CH. 12. STRUCTURES FONDAMENTALES DE L'ANALYSE

Cnuchy de la classe X. Si Il X Il = 0, alors lim Il zn Il = 0, de


sorte que la suite {zn} est cofinnle avec la suite {0, 0, ... } défi·
nissant la classe 0; donc X = 0 et l'axiome 12.31a est vérifié.
En fi:xant dans deu:x classes X. Y deux suites de Cauchy {zn}, {Yn}
respectivement, nous choisis.~ons dans la classe X Y la suite de +
Cauchy {zn+ Yn}· Etant donné Il Zn+ Yn [1::;;;: Il Zn JI+ Il Yn JI,
il on découle
Il X + Y Il = lim Il z,. + Yn '1 J ~ lim Il Zn Il + lim Il Yn Il =
= IJX Il+ JIY JJ,
de sorte que l'axiome 12.31c est vérifié. D'une manière analogue, on a
Il 'J..X Il = lim Il ÀZn Il = 1). 1lim Il Zn Il = 1). 1Il X JJ,
de sorte que l'axiome 12.::.11b est également vérifié. Ainsi notre
affirmation est démontrée.

12.39. E s p a c e s v e c t o r i e l s c o m p l o Jr e s n o r -
m é s.
a. Dans 12.31-12.38 on considérait lt>.s espaces réels normés.
Il n'est pourtant pas difficile d'introduire la notion d'un espace
normé sur le corps des nombres complexes*). Notamment, un ol!pacc
vectoriel complexe C est appelé espace cQmpleze normé si à tout
vecLeur z E C on fait correspondre un nombre non négatif 1z l• la
norme dn vecteur z, qui vérifie les conditions suivantes:
1) 1z 1> 0 si x "=fo 0, 10 1= 0;
2) 1a.z 1 = 1a. 1 1z 1pour tout z E C ct pour tout a. complexe;
+
3) 1z Y 1~ 1x 1+ 1y 1quds que soient z el y de C (axiome
de triangle).
Puisque, dans un espace complexe, ln multiplication par tous
les nombres complexes est admissible, tout espace c-omplexe norm<'
est en même temps un espace réel normé. Par con:<équent, ll.'s pro-
priétés des ospaces reels uormés pcuvl.'nl être étendues directement
ou sous une forme un peu modifiée aux espaces complexes normés.
En particulier. un espace normé comple:x:e, de même que réel, l'~<l
un espace métrique avec la distance définie par la formule p (z, y) =
= Jz- y J,
b. L'espace de toutos ll.'s fonctions z (t) à valeurs complexeg.
bornées et continues l!ur un espace métrique M. nver. pour norme

IJ Z IJ = SUJ> J Z (t) J,
1

•1 Il œt lmpu:<slbl•• d'ét~ndrP ln définition 1111 eus d'cspac1• vecluricl !!ur


un cnrps qnckonquP K c.• r, pour les élémcuts a du corps qut'lcont!UA 1\, la
valt'llf nbsuln4! 1•L ln'o~t pe~ défittic.
1 12.3. ESPACES VECTORIELS NORM2S 55

est un espace corn plexe normé que l'on désigne par c• (M). Cet
espace est complet (12.23!).
c. L'espace des fonctions x (t) complexes continues sur un in-

vr
tervalle [a, b], muni de la norme
~----

[[x[fp= [x(t)[ 11 dt,


a
est un espace complexe normé; il est désigné par CL~ (a, b) (ou
tout simplement par L~ (a, b), comme l'espace analogue des fonc-
tions réelles, si aucuno confusion n'est possible).
d. L'espace de toutes les fonctions x (t) continues et bornées
sur un espace métrique M, à valeurs dans un espace complexe normé
C, muni de la norme
([x ([ = sup [x(t) [
1
(où (x (t) [ est la norme de l'espace C), est un espace complexe
normé; il est désigné par c• (M). Il est complet si C est complet
(12.23!).
e. Une peLite modification suffit pour que les exemples d'espaces
réels normés de dimension finie signalés dans 12.33c deviennent les
exemples analogues d'espaces complexes normés de dimension
finie: il n'y a qu'à remplacer le vecteur réel x = (Ç.~o ... , En) par
le vecteur complexe (i.e. considérer les coordonnées E1 •.•. , En
comme nombres complexes) et il écrire, dans les formules 12.33 (6)
et (4), [ E~ [t et j E~ [11 au lieu de Ç~ et E~. On obtient de même les
analogues complexes des espaces lp de dimension infinie (12.33d).
f. Un ensemble E dans un espace complexe normé C est dit
absolument convexe si, avec ses deux points quelconques x, y, U
contient tout point de la fonne cu +~y, où les nombres complexes
a et !} sont tels que 1a [ +[P [ ~ 1. Toute boule
{x E C; [ x - Zo [ .,.;;;;; p} dans un espace complexe normé est un
ensemble absolument convexe.
g. Les conditions d'équivalence des normes dans un espace réel
normé (12.35a-f) restent valables pour les normes dans un espace
complexe. En pnrtîculier, dans un espace complexe de dimension
finie n'importe quelles deux normes sont équivalentes, et la convergence
par rapport à chaque norme est la convergence par rapport aux coordon-
nées. Tous les espaces complexes normés de dimension finie sont
complets, comme c'est le ens pour les espaces réels.
b. Une fois démontré pour les espaces réels le théorème do Riesz
sur la non-compacité des boules dans un espace normé de dimension
infinie (12.36b) est par là même établi pour les espaces complexes.
i. Toute la théorie de la convergence des séries de vecteurs d'un
espace normé exposée dnns 12.37 pour un espace réel s'étend, sans
au cu ne modification, au cils d'un espace complexe.
fo6 CH. 1%. STRUCTURES FONDAMENTALES DB L'ANALYSE

Signnlons ici un exemple spécifique. Soit une stirie de puissances


ID

~a,. (z-Zo)",
0
où z et : 0 sont des nombres complexes et les coefficients des été- a,.
menti! d'un espace complexe normé et complet C. Il s'avère que
cotte série converge à l' Lntérieur du cercle de rayon
1

-
r = li m ~l"jj6;jf
centré au point : 0 et diverge à. l'extérieur de ce cercle. On le démontre
de môme que la formule de Cauchy-Hadamard dans 6.62 en appli-
quant le critère de Cauchy 12.37d.
j. Le complété C d'un espace complexe normé C est construit de
miime que dans le cas réel (12.38) et représente un espace complelte
uormé et complet.

§ 12.4. Espaees hilbertiens


12.41. Dans un espace normé on peut mesurer les distances, mais
non pas les angles, ce qui restreint les possibilités de l'interpnHation
géométriquP. Dans un espace hilbertien on a, par définition, un
produit scalaire de vecteurs par lequel on peutexprimerleslongueurs
des vecteurs ainsi que les angles qu'ils forment. Voici la défini-
tion rigoureuse: un espace vectoriel réel H s'appelle espace hilbertien
si, pour deu:x voeteurs quelconques :z: et y de H, est défini un nombre
réel (x, y) appelé produit scalatre des vecteurs :z: et y et satisfaisant
aux conditions suivantes:
a. (x, :z:) > 0 si :z: =F 0, (0, 0) = O.
b. (y, :z:) = (:z:, y) quels que soil.'nt :z: et y de H.
e. (a:z:, y) = a (x, y) quels que soient :z: et y de H et un nombre
réel a.
d. (:z: + y, z) = (:z:, z) + (y, z) quels que soieot :z:, y, z de H.
Les axiomes b-d ont pour conséquence la formule générale
(par récurrence)
m n m n
( ~ ŒJX]o ~ Pr.l/r.) = ~ ~ ŒJ~I& (ZJt Yr.). (1)
J-1 "--t l-t h-t
L'axiomatique exposée se rapporte aux espaces hilbertiens réels;
celle des espaces hilbertiens complexes sera donnée plus bas (12.44).
12.42. E :x c m p 1 c s.
a. L'espace euclidien n-dimensionnel R. que nous avons intro-
d uît dnns 2.68, avec le produit scalaire défini par la formull'
n
(:z:, y)=~ QT)r., (1)
1
1 IZ.~. ESPACBS HILBI!JRTIBNS 57

où z = {E 11 • • • , E,. }, Y = {'Ils• .•. , 'IJ,. }, satisfait à toutes les


conditions formulées ci-dessus.
b. L'espace n-dimensionnel R,. peut être muni d'un produit
scalaire autre que (1). Il est aiBtS de caractériser tous les produits
scalaires possibles dans R,.. Si (z, y) est un produit scalaire dans R,.
et si z = ~ Sheh, y = ~ lJ~e,. sont les développements de deu:x
vecteurs z et y dans une base e 1 , • • • , e,. (2.75), alors, d'après la
formule 12.41 (1), on a
(z, y)=(~S..eh, ~'IJses)=~EA'ls(e,., Bs)·
" '
Ainsi, il suffit de connnitre les valeurs du produit scalaire pour
le:~ vecteurs de la base (e~. e1): le produit scalaire de deux vecteurs
quelconques z, y sera déterminé d'une façon univoque d'après les
nombres w 1 ~ = (e1 , e~). Les nombres w1,. doivent vérifier la condi-
tion de symétrie w 1 ~ = (e 1, e,.) =
(e,., e1) = w11. 1 et l'inégalité
(z, z) = ~ 1Qw1,. > 0 s
pom tout z ;f= 0; cela signifie que la matrice Il w{" li doit être symé-
trique et définie positive. On démontre dans 'algèbre •) que les
inégalités suivantes représentent une condition nécessaire et suffi-
sante pour qu'une matrice symétrique Il w1,. Il soit définie positive :

w 11 >0,
Wnl • • • Wnn

Inversement, toute matrice symétrique définie positive Il w1k Il


d6finit, d'après la formulP
(z y)=~ ~TJr.Wsho
un produit scalaire dans l'espace R,., les axiomes 12.41a-d étant
satisfaits. Aprës ce qu'on a dit, le lecteur réalisera facilement la
démonstration.
o. Dans 1'espace R' (a, b) de fonctions réelles continues, intro-
duisons un produit scalaire, par exemple, d'après la formule suivante
qui représente un analogue continu de la formule (1)
b
(z (t), y (t)) = Jz (t) y (t) dt. (2)
0

Pour cette définition, la vérification des axiomes d'un espace


hilbertien est immédiate, compte tenu des propriétés ordinaires de
l'intégrale. (Il y n d'autres manières de munir l'espace R' (a, b)
d'un produit scalaire.)
•) cr. 1:14; 7.96].
58 CH. 12. STRUCTURES l"ONDAliiENTALI!JS DE L'ANALYSE

d. Considérons l'espace vectoriel l 2 (12.33d) formé de toutes les


suites numériques z = {E., Ez, ... } telles que ~
.. ~~ oo O. Défi-
n-t
nlssons le produit scalaire (z, y) de deux vecteurs z = gn} E la
et y = {'IJ,.} E l, par la formule
...
(z, y)= ~ E,.11n· (3)
n=l

Ln convergence, même absolue, de la série du second membre


découle dtt l'inégalité 1 ab 1 ,..; -} (a 3 +b 1) qui est valable pour
tout couple de nombres réels a et b. Les axiomes 12.41a-d sont ici
immédiats.
AinsJ, l'espace 12 devient espace hilbertien. La norme engendrée
par le produit scalaire (:3) coïncide avec la norme de 12 introduite
dans 12.33d.
12.43. G è o rr1 é l r i o d e 1'e s p a c e
h i 1 b e r t i e n.
a. Dès 2.68, nous avons déduit l'inégalité de Cauchy-Bounia-
kovski
1(z, Y) 1-< +V (z. z) (y, y) (1)
pour deux vecteurs quelconques z ot y d'un espace hilbertien H
(puisque, en fait, noull n'ftvons utilisé que les axiomes d'un espace
hilbertien).
Munissons l'espace hilbertien H de la norme
Il z Il= + Y(x, z). (2)
Les axiomes 12.31 d'un espace normé se vérifient facilement: l'axio-
me f2.31a résulte de l'axiome 12.41a, f2.31b de 12.41c. En ce qui
concerne 1'axiome de triangle 12.31c, sa déduction des axiomes d'un
espAce hilbertien est, en fait, réalisée dans 2.68 en utiliSilnt l'iné-
galité (1 ).
Ainsi, toutes les notions et propriétés liées i\ l'existence d'une
norme sont valables pour un espnco hilbertien. Cependant, celui-ci
étant un cas très spécial de l'espace normé, nous nvons le droit
de s'attendre à ce que la norme dans l'espace hilbortion possède
quelques propriétés spécifiques. L'une des propriétés de ce genre
e~t donnée par le lemme suivant:
L e m m e s u r 1 o p a r a 1 1 é 1 o g r a m m e : Quels que
soient detu vecteurs z et y d'un espace hilbertien .H, on a l'égaltti
Il z +y 11 1 + Il z - y 11 1 = 2 Il z 112 +2 Il y W (3)
(• la somme des carrés des diagonales d'un parallélogramme est
égale à la somme des carrés de ses côtés»).
1 12.~. ESPACES HILBERTIENS 59

La démonstration se réduit à une simple transformation:


Il z + y ua + Il z - y 11• = (z + y, z + y) + (.~: - y, z - y) =
= 2 (z, z) + 2 (y, y) = 211 z W + 2 li Y W.
On peut d~montrer que si la norme dans un espace normf' satis-
fait à la condition (3), elle est engendrée pnr un produit scalaire
(exercice 4).
Quelle forme a la sphère {Il z li = 1} dans R,. dans le cos où
la norme Il z Il est obtenue à partir d'un produit scalaire (z, y)
d'aprèa ln formule Il z li= Y(z, z) (cf. 2.68a)?
Pour ce cas, nous avons
(z, z) = (~HJeJo ~ ~e~) = ~ ~ M~a (e 1, e,.) = 1,
1 " ; k

i.e. la sphère li z Il = 1 est une surface à centre du deuxième degd;


comme ello est bornée, elle représente un eilipsoide.
b. Soient Zn - z et Yn - y deu:x suites Cunvergentes de vecteurs
d'un espace hilbertien H. Montrons que
(Zn, y,.)-+ (z, y).
En effet, nous avons
(z, y) -(zn, Yn) = (z. Y - y,.) + (z - :r.,, y,.),
et, d'après l'inégalité (1)
1(z, Y)- (z,., Yn) 1~ Il Z Il Il Y - Yn ll +
+ Il Z - Zn Il Il Yn Il i
le deu.xièmo membre tend ver5 0 pour n -oo, car Il Y-Yn Il-+ 0,
li z - Zn Il ~ 0, et la suite con vergeule y,. est boru6e (3.33b).
o. Dons un espace hilllertion, on peut mesurer non seulement
les longueurs des vecteurs (normes), mais aussi les angles qu'ils
formant. L'angle de deu:x vecteurs non nuls z et y est d6fini )Jar la
formule
/..... <"'•Il)
cos (z, y) = Il z llll111l
l'inégalité (1) assure l'existence de Ctlt nnglc (dans l'intervalle
10, ni).
d. Deux vecteurs z et y d'un espace hilbertien H sont dits ortho-
gonaux si (z, y) = O. Lorsque z -=1= 0 et y =1= 0, cette définition
signifie que l'angle des vecteurs z et y vaut ; . Le vectl'ur nul est
orthogonal à tout vecteur.
Dans l'espace euclidien Rn avec le produit scalaire 12.42 (1),
la condition d'orthogonalité de deu:x vecteurs
Z = (St • • •• ~). Y= (1Jt • • •t Tin)
80 CH. 1:1. STRUCTURES PONDAMENTALES DE L'ANALYSE

prend la forme
n
~Q11~t.=O.
11-1
Dans l'espace fonctionnel R• (a, b) avec le produit scalaire
12.42 (2), la condition d'orthogonalité de deux vecteurs z = z (t)
et y = y (t) a la forme
b
Jz
a
(t) y (t) dt= o.

e. Si un vecteur z est orthogonal aux vecteurs y 1 , ••• , Ym• il


est orthogonal à toute leur combinaison linéaire a 1y 1 + ... + amYm·
En effet,
(z, a 1y 1 + ... +
amYm) = a 1 (z, y 1) + ...
. . . + am (z, Ym) =O.
Il en résulte que l'ensemble de tous les vecteurs orthogonaux
à un vecteur z (ou bien à tout vecteur d'un ensemble fixe X E H)
forme un sous-espace dans H; il s'appelle supplémentaire orthogonal
du. vecteur z (respectivement de l'ensemble X).
f. T h é o r è m e de P y t h a go r e et s a g é n é r a-
1 i s a t i o n. Supposons que deux vecteurs z et y soient orthogo-
naux; alors, par analogie avec la géométrie élémentaire, on peut
appeler le vecteur z + y hypoténuse du triangle rectangle construit
sur les vecteurs z et y. En formant le produit scalaire du vecteur
z +
11 par lui-même et en se servant de l'orthogonalité de z et y,
on obtient

Il z + y 11 1 = (z + y, z + y) = (z, z) + 2 (z, y) +(y, y)=


= Il z 111 + Il y 11 1 .
Nous avons démontré, pour un espace hilbe.rtien général, le théorème
de Pythagore: le carré cle l'hypoténuse est égal à la somme des carrés
des côtés. Il est facile do généraliser ce théorème au cas d'un nombre
quelconque de termes. A savoir, soient z 1, ••• , z,. des vecteurs
deu.x à deux orthogonaux et y = z 1 + ... + z,.; alors on a
Il Y 11 1 = (z, + ... + z,., z 1 + ... + z,.) =
= Il z, 11 1 + ... + Il z,. 111 •
g. 0 r t h o g o n a 1 i s a t i o n. Pour obtenir un système de
vecteurs orthogonaux, on utilise souvent l'orthogonalisation d'un
systt\me non orthogonal donné. Exposons-en la méthode. Soit un
système de vecteur& z 1 , z 2 , ••• , z,., ... d'un espace hilbertien H
i 12.,. ESPACES HILBERTIENS 6t

dans lequel toul sous-système fini Z~o ••• , x.. est linéairement
indépendant. En se servant des formules
Y• =Z~o

Yz = az1X1 + Zz,
(4)
Ys = au1Z 1+ a&2Z~ + x 1 ,

Yn =an1Z1 +anzZa+ ···+an, n-1Zn-1 +zn,


avec les coefficients a1,. convenablement choi.'IUI, on peut obtenir un
systëm.e y 1 , • • • , Yn• ... de vecteurs non nuls et deux à deux ortho-
gonaux. Les formules (4) avec les coefficients a1,. dûment choisis
sont appelées formules d'orthogonalisation.
L'existence d'une solution de ce systàme vérifiant les conditions
demandées d'orthogonalité se démontre facilement par roourrence.
En effet, supposons qu'on ait construit les vecteurs Y~o ...• Yn-l
non nuls et deux li deux orthogonaux qui vérifient les n - 1 pre-
mières équations du système (4) et montrons qu'il est possible de
trouver un vecteur Yn vérifiant la n-ième équation et orthogonal
aux vecteurs Y~o ... , Yn-l· Cherchons le vecteur Yn comme com-
binaison linéaire des vecteurs z 1 , • • • , Xn de la forme spéciale
suivante:
Yn = bniYl + · · · + bn, n-lYn-1 + Xn, (5)
où y 10 • • • , Yn-l sont les vecteurs déjà trouvés, b,.., •.. , bn. n-I
les coefficients à déterminer. En multipliant sealairement l'équation
(5) par y~ (k < n) et en utilisant l'orthogonalité supposée de y,.
à Y1• . . . , Yll-1• YIl+ Ir • • • , Yn-1r nous obtenons
+
(y.. , y,.) = b.. ,. (y,., y,.) (z.. , y,.).
En égalant le second membre au zéro nous arrivons à une équation
par rapport au coefficient b.. ,. qui est résoluble car (y 11 , y,.)+ 0
par supposition do récurrence. Lorsque tous les coefficients b.. 1 , • • •
. . . , bn. n-I sont ainsi trouvés, l'égalité (5) détermine le vecteur Yn·
Par construction, il sera orthogonal à chacun des vecteurs y 1 , • • •
. . . , Yn-l; il nous reste à démontrer que Yn '=PO. Pour le faire,
portons dans ln n-ième équation (4) les expressions des y 1 , • • • , y,.. 1
obtenues des n - 1 premières équations; nous aurons une expression
linéaire de Yn par z 1 , • • • , x .. , où le coefficient devant Zn vaudra 1.
Si Yn était nul, nous aurions une dépendance linéaire entre les z 1 • • • •
. . . , z .. - 1 , z .. , ce qui n'a pas lieu d'après la supposition de récur-
rence. Donc Yn '=P 0, et la méthode d'orthogonalisation est complète-
ment établie.
On pout « perfectionner » le système orthogonal obtenu y 1 , • • •
. . . , Yn• ... on divisant chaque vecteur Yn par sa longueur; on
62 CH. 12. STRUCTURES FONDAMENTALES DE L'ANALYSE

uura un système des vecteurs en= Il~: Il non seulement orthogonal,


mais aussi normé, de sorte quo chaque vecteur en aurn 1 pour norme.
En abrégé, un système orthogonal et normé de vecteurs est dit
orthonormé.
b. 1 s o m o r p h i s m e d e d e u x e s p a c e s e u c 1 i -
d i e n s n - d i m e n s i o n n e 1 s. Conformément à la définition
générale d'un isomorphisme de structurl'S mathématiques (2.52),
deux espaces hilbertiens H' et H" sont dits isomorphes s'ils sont
isomorphes en tant qu'espaces vectoriels (12. t4i) et si, de plus, les
correspondances z' --+x", y' -+--+ y" (z', y' E H', x", y• E H")
impliquent
(z'' y') = (x", y").
Démontrons que deux espaces hilbertiens quelconques d'une mêrne
dirnenston finie n sont isomorphes.
Pour le faire, construisons dans un espace n-dimensionnel donné
Hn une base orthonormée e1, • • • , en en orthogonalisant par la
méthode g un système linéairement indépendant quelconque de n
vecteurs. Calculons le produit scalaire de doux vecteurs z = ~ Ç,.e,.
"
1
n
ct y=~ l'Jmem. Les vecteurs e 1 , ••• , en étant orthonormés, nous
1
avons.
n n n n "
(z, y)=(~
1
troe,., ~ T\mem) = ~ ~ ~11m (e,., em) = ~ tr.l'J"-·
1 1 1 1
(6)

Ainsi, un espace hilbertien n-dimensionnel quelconque Hn peul


être représonté comme espace de coordonnées (en faisant correspondre
n
à tout vecteur Z= ~ E,.e,. l'ensemble (6 10 ••• 1 En) de ses coordnu·
1
nées) avec le produit scalaire défini par (6). Or, ceci veut din· 'l"''
l'upace Hn est isomorphe à l'espace Rn (12.42a). Deux espacE'.~ llilkt
tiens n-dïmensionnels quelconques H;. et H;'. sont isomorphl's, •·.tr
chacun d'eux est isomorphe à un même espace Rn·
Le résultat démontré est fort important. En effet, même pour
un espace hilbertien de dimension infinie, lorsqu'on opère dans un
sous-espace de dimension finie, en particulier dans un espnce bidi-
mensionnel ou tridimensionnel. on peut se baser sur les propositions
connues de la géométrie euclidienne ordinaire.
t2.44. Comme l'analyste a souvent besoin de fonctions à valeurs
complexes, il faut généraliser de façon convenable la notion d'espace
hilbert.ien. Dans le cas où un espace vectoriel est complexe, les
valeurs du produit scalaire que nous tenons à introduire peuvent
1 12.~. ESPACES HILBERTIENS 63

être complexes. Or, il n'est plus possible de conserver les conditions


12.41a-c parce que l'expression (ix, ix) doit être positive d'11près
a, tandis que, d'après b etc, on a
(ix, ix) = i (x, ix) = i (iz, x) = ia (x, x) <O.
Pour un espace complexe. nous acceptons la définition suivante.
Un espace vectoriel complexe (i.e. un espace vectoriel avec la
multiplication par les nombres complexes) s'apJleile espace hilber-
tien si, pour deux vecteurs quelconques x el y de H, est défini un
nombre complexe (x, y) appelé produit scalaire de :r: et y et satis-
faisant aux conditions suivantes:
a. (x, x)> 0 si x =1= 0; (0, 0) =O.
b. (y, x) = (x, y) (nombre complexe conjugué) quels que soient
x el y de H.
c. (a:r, y) = a (x, y) quels que soient x et y de H et a complexe.
d. (x + y, z) = (x, z) + (y, z) quels que soient x, y, z de H.
Il résulte de b et c :
e. (x, a.y) = (a.y, x)= a(y, x)= a(x, y).
A partir de b-e. on trouve facilement la formule générale
m n m n
( ~ a. 1x 1, ~ p,y,.) = ~ ~ a.$,.(x1, y~). (1)
j-=1 k-l i-tla-1

12.45. E :x e m p J e s.
a. Le plus simple exemple d'un espace hilbertien complexe est
fourni par l'espace complexe n-dimensionnel Cn· Il est formé des
ensembles ordonnés de n nombres complexes x = (~s. . . . , Ën),
avec les opérations linéaires ordinaires (par coordonnées) et le produit
scalaire défini comme suit: si x = (s 1, • • • , sn). y ~ (1J 1• • • • • 'IJn),
alors (x, y) = ~~~ + ... + Ç.nlin• où fi~ est le nombre complexe
conjugué de 'Il~· Les axiomes 12.44a-d sont imll).édiats.
On peut aussi munir l'espace Cn d'autres produits scalaires
114; § 9.1).
b. Un autre exemple d'espace hilbertien complexe est donné
par l'espace c·(a, bl des fonctions x(t) à valeurs complexes. continues
sur un intervalle a :=:;;;; t :=:;;;; b, avec le produit scalaire défini par la
formule
b

(x(t), y (t)) = J x(t)y(t) dt .



Les proprilités 12.44a-d r~sultent facilement d~ propriétés ordinairt's
de l'intégrale.
e. L'espace réel l 2 (12.42d) a pour analogue complexe l'espace
de toutes les suites numériques complexes x = <Sn} telles que
64 CH. IZ. STRUCTURES FONDAMENTALES DE L'ANALYS~

...
~ Il. 12 < oo. lei le produit scalaire est donné par la formule
n-t
"'
(z, y).:=({Ç,.}, {'IJn})= ~ ~..~ ...
n=l

Les axiomes 12.44 se vérifient sans difficultés.


12.46.a. Soi\ H un espace hilbertien complexe. Posons, comme
dans le ces réel,
((z((=+~- (1)
Démontrons l'inégalité de Cauchy-Bouuiakovski-Schwarz
1 (z, y) 1::;;;: Il z Il Il y 11. (2)
Pour tout a complexe, on a l'inégalité
( a:r - y, az - y) :;;a: O.
En effectuant les opérations dans le premier membre, on obtient
cxa(z, z)-a(z, y)-a(Z.ÏÏ)+(y, y)::;,:.O.
Posons a = te-• 8 1"11 (>=, Vl (t réel); alors a (z, y) = t 1 (z, y) (,
et l'inégalité prend la forme
tz (z, z) - 2t 1(z, y) 1 + (y, y) :;;a: O.
Comme le trinôme réel à gauche ne peut avoir de racines réelles
distinctes (sinon il changerait de signe), ses coefficients satisfont
à l'inégalité 1(z, y) 11 =:;;;; (z, z) (y, y), ce qu'il fallait démontrer.
b. Tout comme dans le cas réel, l'inégalité (2) implique l'iné-
galité de triangle
llz+yll=:;;;;llzll+ IIYII
pour la norme (1).
e. Toujours comme dans le cas réel, deux vecteurs z, y d'un
espace hilbertien complexe H sont dits orthogonauz si (z, y) = U.
Un système z., z 2 , • • • , z.. , .•. de vecteurs dont toute partie finie
est linéairement indépendante peut être orthogonaUsé comme dans
12.43g, c'est-à-dire qu'on peut construire d'après les formules
12.43g (4) un système de vecteurs non nuls deux à deux orthogonaux.
En particulier, tout espace hilbertien complexe n-dimensionnel H ..
poss~de une base orlhonormie e" ... , e,.. Le produit scalaire des
n n
vecteurs z = ~ Ç 11e~ et y = ~ 'lmem s'obtient selon la formule
1 1
n n n n
(z, y) = (~ ekek, ~ 1'\...em) =~El. 'ina (e,., em) = ~ ~~- (3)
1 1 1 1
§ 12.~. ESPACES lllLBERTIENS 65

En particulier, il résulte de la formule (3) que, de même que clans


le cas r&ll, l'espace n-dimeusionnel Hn est isomorphe à J'espace
C,. (12.45a) et que, par conséquent, n'importa quels deux espaces
hilbertiens complexes n-dimensiounels sont isomorphes.
12.47. Co m p 1 é t é d'u n e a p ace hi 1 be r t i en. Com-
me tout espace normé, un espace hilbertien H (réel ou complexe) peut
être complet ou non. Ainsi, les espaces hilbertiens de dimension
finie, réels ou complexes (12.42a, b, 12.45a), sont complets (12.35e,
12.39g). Les espaces de fonctions avec le produit scalaire intégral
(t2.42c, 12.45b) ne le sont pas (cf. 12.26b). Les espaces l 2 , réel (12.42d)
ct complexe (12.45c), sont complets (exercice 18). Si uu espace hil-
bertien H n'est pas C<lmplet, on peut le compléter en l'incluant
dans un espace normé plus vaste comme nous l'avons fait. dans 12.38.
Montrons que ll' complété d'un espace hilbertien est non seulement
un espace uormé, mais aussi un espace hilbertien. Pour le faire, nous
avons à définir dans le complété une opération de multiplication
scalaire de façon que les axiomes 12.41a-d (dans le cos réel) ou
12.44a-d (dans le ens complexe) soient satisfaits.
Chaque élément X du complété d'un espace normé R était défini
comme symbole C<lrrl'spondant à une classe de suites de Cauchy
cofinales de l'espace R. Soient X et Y deux éléments quelconques du
complété H d'un espace hilbertien H, {zn} et {Yn} deux suites de
Cauchy appartenant aux classes respectives. Montrons que les nom-
bres (zn, Yn) ont une limite pour n- oo. Nous avons

1(zn, Yn)- (Zm, Ym) 1 = 1(zn- Zm, Yn) +(xm, Yn- Ym) 1~
..;;;; li Zn- Zm Il Il Yn Il +IIZm lill Yn- Ym 11.
Les suites de Cauchy {zn} et {Yn} étAnt bornées (3. 71c), la quantité
obtenue tend vers zéro pour m- oo, n- oo, de sorte que la suite
numérique (zn, Yn) vérifie le critère de Cauchy. Il en résulte qu'elle
possède une limite. Celle-ei ne dépend pas du choix de la suite
{zn} dans la classe X et de la suite {Yn} dans la classe Y; si {x;.}
et {y~} sont deux autres suites de ces classes, alors

1(z;., y;.)- (Zn, Yn) 1= 1(r;.- Zn, y;.)- (Zn, y;.- Yn) 1 ~
~Il x;.-znlllly;.ll +li Zn Il Jly;.-yn 11-0,
pour n - oo, de sorte que les suites numériqul.'s (x~, y~) et (z,., Yn)
ont une limita commune. Posons à présent
(X, Y)= Jim(z,., Yn)·
n .... ..,

Nous avons vu que le nombre (X, Y) est complètement déterminé


p:tr IP!! classes X et Y sans dépendre du choix des suites {zn} et
5 -:!:!><h
66 CH. 12. ST:RUCTUJŒS FONDAMENTALES DE L'ANALYSE

{Yn} dans ces classes. En particulier, le nombre (X, X) V


= lim V(z., Zn)= lim llz11 Il coïncide avec la norme de la
R-+DD ,._..CID

classe X dans l'espace normé H:. L'axiome 12.41a est donc satisfait
dans l'espace fi. Les axiomes 12.41b-d (ou 12.44b-d dans le cas com-
plelte) sont vérifiés en passant à la limite dans les axiomes respectifs
pour l'espace H. Par exemple, dans le cas réel, on a
(Y, X)= li rn (y., Zn)= lim (zn, Yn) =(X, Y),
R-+rD ft .... CID

les autres axiomes étant vérifiés de façon analogue.


12.48. E s pace pré h i 1 b e r t i e n.
a. Il arrive que, pour un espace vectoriel L que nous supposons
réel pour filter les idées, on peut introduire une fonction (z, y)
d'une telle façon que les axiomes 12.41b-d se trouvent vérifiés et
l'axiome 12.41a non: il eltiste des 1Héments z + 0 tels que (z, z) =O.
Un tel espace L s'appelle espace préhilbertien. Il s'avère possible de
passer de l'espace L à un espace quotient LIE (12.14') que l'on
peut déjà considérer comme espace hilbertien.
b. Choisissons pour E l'ensemble de tous les éléments z tels
que (z, z) = O. Si (z, z) = 0 et y E L est quelconque, alors, en
vertu de l'inégalité de Cauchy-Bounialtovski dont la déduction ue
se base que sur les altiomes 12.41 b-d, on a
l(z, Yli~Y(z, z)Y(y, y)=O, ( 1)
de sorte que (z, y) = 0 pour tout y E L.
Montrons que E est un sous-espace dans L. Si z 1 E E, Zz E E.
alors, d'après (1),
(z 1 + z2, z 1 + Zz) = (z 1, z1) + 2 (z 1 , z 2) + (z2, z 2 ) = 0,
donc z 1 + z2 E E. Il est aussi évident que (z z 1, 1) = 0 implique
(a.zl, cu: 1) = aa (z~o z1) = 0,
de sorte que a.z 1 E E dès que z1 E E. Par conséquent, l'ensemblE.' E
est un sous-espace dans L.
Formons l'espace quotient H = L/ E et munissons-le du produit
scalaire
(X, Y) = (z, y), (2)
où z E X, y E Y sont arbitrairement choisis. Montrons avant tout
que la définition donnée du produit scalaire ne dépend pas du choix
des éléments x et y dans leurs classes. Soit z 1 ~ z, y 1 ~ y, de sorte
que Z1 = z + z, Y1 =Y+ u, z E E, u E E. Alors, d'après (1), on a
(zl, Y1l = (z, y) + (z, y) + (z, u) + (z, u) = (z, y),
ce qu'il nous fallait.
1 12.4. ESPACES HILBE:RTIENS 67

Vérifions les axiomes 12.41a-d pour l'espace H. Si (X, X) = 0,


alors (.z, .z) = 0 pour tout .z E X, donc X coïncide avec la classe E
qui sert de 7.éro à l'espace L/ E (12.14i) de sorte que l'axiome 12.11a
se trouve vérifié. En ce qui concerne les autres axiomes, ils résul-
tent des axiomes respectifs de l'espace L et de la définition (2).
Ainsi, l'espace H = LIE est déjà un espace hilbertien.
c. On peut réaliser une construction parfaitement analogue
pour un espace préhilbertien complexe L: si E est l'ensemble des
z EL tels que (z, z) = 0, alors LIE= H est un espace bilbertil.'n
complexe.
d. En guiso d'exemple considérons l'espace vectoriel réel G (a, b)
de toutes les fonctions continues par morceau;( sur un intE-rvalle
[a, bi avec pour produit scalaire
b
(.z (t), y (t)) = J
0
.% (t) y (t) dt.

Ici les axiomes 12.41b-d sont vérifiés et l'axiome 12.41a non, parce
que, pour une fonction z (t) E G qui est nulle partout sauf en un
nombre fini de points, nous avons
b

(z (t), z (t)) = Jz
a
2
(t) dt= 0 (3)

d'après 9.16c, bien que z (t) ne soit pas le zéro de l'espace G. Par
conséquent, G est un espace non pas hilbertien mais préhilbertitm.
On peut arriver à un espace hilbertien en passant de l'espace G à
son espace quotient G/ E, où E est l'ensemble de toutes les fonctions
z (t) E G vérifiant l'égalité (3): ce sont les fonctions qui ne diffèrent
de zéro qu'en un nombre fini de points (9.16d}. L'E-spacE> quotient
G/ E est formé des classes de fonctions .z (t) E G; deux fonctions
appartiennent à une même classe si ellt~s ne sont distinctes qu'en
un nombre fini de points.
e. Le passage de l'espace prt.lhilbertiou complexe G [a, b 1 de
toutes les fonctions complexes continues par morceaux sur l'inter-
valla [a, bl, avec

(.z (t), y (t)) = J"


0
.% (t) iiTt) dt

pour produit scalaire, li l'espace quotient hilbertien complexe G/ E


par le sous-espace E des fonctions complexes ne différant de 1.éro
qu'en un nombre fini de points s'effectua d'une façon anlllogue.
Nous poursuivrons l'étude des espaces hilbertiens, du point de
vue de leurs applications à J'analyse, dans le chapitre 14.
68 CH.. 12. ST:RUCTURBS FONDAMENTALES DE L 1 JINALYSE

§ 12.5. Approximations dans l'espace des fonctions


conUnues sur uo compact
12.51. L'espace R' (Q) (resp. c• (Q)) de toutes les fonctions réelles
(resp. compleltes) continues sur un compact Q est un espace vectoriel
(12.13i-k) normé (12.32a, 12.39d) et complet (12.23/). Nous consi-
dérerons de différentes familles linéaires B (Q) de fonctions réelles
(resp. complexes) continues sur le compact Q. Quelles sor~t les condi-
tions à tm.poser à la famille Il (Q) pour que sa fermeture par rapport
ù. la convergence uniforme sur le compact Q, i.e. par rapport à la norme
de l'espace R• (Q) (resp. C' (Q)), contienne toutes ll's joncHons con-
tim~s sur Q ?
a. Nous dirons qu'une famille B (Q) de fonctions sépare deux
points z et y de l'ensemble Q s'il existe dans B (Q) une fonction
!p (x) tolle que !p (z)+ !p (y) Uonction séparatrice pour les points
z el y). L'affirmation que B (Q) ne sépare pos les points z et y signifie
que f (:) = 1 (y) pour toutes les fonctions f (x) E B (Q). Dans ce
cas, vu que la dernière égalité est conscrvlie en passant à la fermeture
de la famille B (Q) par rayport à la convergence uniforme, la fer·
meturc de la famille B (Q) ne peut contenir toutes les fonctions
continues. Par exemple, elle ne contient pas la fonction p (x, y)
qui est nulle pour x = y et non nulle pour x = z. Donc, si nous
voulons que la fermeture d'une famille B (Q) contienne toutes les
fonctions continues sur le compact Q, nous avons à supposer qu'elle
sépare n'importe quels deux points du compact Q.
b. Une famille linéaire B (Q) de fonctions réelles sur l'ensemble
Q est appelée réseau linéaire si, avec toute sa fonction f (x), l'ensemble
B (Q) contient la fonction 1/ (x) 1.
Quels que soient deux nombres réels a et p, on a
max {a, P} +min (a, P} = a+ p,
max {a, P} -min {a, p} = 1 a - P 1.
Par cons4!quent, quelles que soient deux fonctions réelles f (x),
g (x), on a
max {! (x), g (x)} + min {/ (x), g (x)} ~ f (x) + g (x),
max {/(x), g (x))- min {!(x), g (x)} = 1/ (x) - g (x) 1.
En résolvnnt ces liquations par rapport à max {j (x), g (x)}
et min (/(x), g (x)} nous voyons que, avec deux fonctions f (x)
et g (x), un réseau linéaire contient les fonctions max {/ (x), g (x)}
et min {/(x), g (x)}. Ensuite, en raisonnant par récurrence on con-
clut aisément que si un réseau linéaire contient des fonctions
f 1 (x), ... , ln (x), il contient aussi les fonctions max {1 1 (x),
••• , fn (x)} et min {!. (x), ... , fn (.z:) }.
§ 12.5 API'ROX!MATIONS SU:R UN COMPACT 60

c. Th é o r è m e. Un réseau linéaire B (Q) sur u" compact Q


est partout dense dans l'espace R• (Q) de toutes les fonctions continul's
sur Q s'il sépare n'importe quels deux points du compact et conlie nt
la fonctior~ e (x) ~ 1.
D é m o n s t r a t i o n. Un réseau linl!oire 8 (Q) contenant 1
ot séparant deux points z et y contient toute fonction qui prend aux
points z et y n'importe quelles valeurs donnél.'s; on peut trouver
une telle fonction sous la forme a!p (x) + b ·1, où !p (x) est une fonc-
tion de B (Q) qui sépare les points z et y et a, b des constantes.
Donnons-nous un & > 0 et une fonction continue f (x). QuelK
que soient deux points z et y (pas nécessairement di~:tiw hl. on peut
trouver d'aprês ce qu'on a dit plus haut IIJIL' fonction
!fzy (x) E B (Q) pour laquelle !f•u (z) = f (z), !f•u (y) = f (y). Soit
U, 11 = {x E Q: !p, 11 (x) < 1 (x) + e }.
L'ensemble U,y est ouvert et contient les points z et y. Fixons z;
alors les ensembles ouverts U,u considérés pour tous les y E Q for-
ment un recouvrement du compact Q. D'après le lemme 3.97 on
peut en edraire un recouvrement fini Uru 1 , • • • , Ury.,. Considérons
la fonction
!f• (x)= min {!Jlzy, (x), ... ' !frum (x)}
appartenant au réseau linéaire B (Q). Vu que, pour tout x E Q et
pour z fixe, l'une au moins des inégalités définissant les domaines
U,u,. est valable, lt()U~ a\·ons !p, (x)~ n:,in !fru~ < f (x) + e pour
tout xE Q. En même temps nous avons !p1 (z) =min !fo 11 ~ (z) = f (z).
~
Posons
v. = {x E Q: !p, (x) > 1 (x) - e},

L'ensemble V, est ouvert et contient le point z. Les ensembles V,


pour tous les z E Q forment un recouvrement du compact Q. D'après
le lemme 3.97 on peut en edraire un recouvrement fini
v., .... , v,n.
Posons maintenartt
!p (x)= mnx {!p, 1 (x), · . · , !Jl•n (x)} ;
cette fonction appartient elle aussi au réseau linéaire 8 (Q), et l'on
a par construction
!f (x)= m!ix !fo 1 (x) < 1 (.~:) + e.
'
Or, on tout point xE Q l'une au moins des inégalités définiSSAnt
le domaine v.J est valable, donc
!p (x)= mn:x !fr1 (x)> f (x)- e.
70 CH. 12. ST:RUCTURES FONDAMENTALES DE L'ANALYSE

Définitivement, pour tout z E Q on a


f (z) - e < !p (z) <f (z) + e,
ce qui démontre le théorème.
(Le théorème tombe en défaut en rejetant l'hypothèse e (z) 5!!!
iii! f E B (Q): étant donnés deult points z et y, le réseau linéaire de
toutes les fonctions continues f (.z:) vérifiant la coudition f (z) =
... 2f (y) n'est pas partout dense dans respace n• (Q).)
t2.52. Thé or è me d e S t o nA.
a. Conformément à la définition générale d'une algèbre (12. t8a),
une famille linéaire B (Q) composée de fonctions (réelles) sur un
compact Q s'appelle algèbre si, avec ses deux fonctions quelconques
f (z) et g (z), la famille B (Q) contient la fonction f (z) g (z).
b. Le m rn e. Une algèbre réelle B (Q) qui contient l'untté et est
fermée par rapport à la convergence uniforme représente un réseau
linlaire.
D é m o n s t r a t i o n. Démontrons quo la fonction If (x) 1
appartient à l'algèbre B (Q) dès que f (z) le fait. Sans porter atteinte
à la généralité on peut poser max If (z) 1 = 1.
s
Considérons la série de Taylor
..!.(.!.-t)~z
(1-Ç)I/2=1-tE+ 2 21·2

{(-}-t) ... ({---n+t) n


·•·+ 1·Z·3 ... n (-Ç.) +···
On a vu dans 9.52d (il faut y poser a = 1/2) et dans 6.65 qu'elle
converge uuiformément pour 0 ~ Ç. ~ 1.
L'inégalité 0 :s:;;; f' (z) ~ 1 étant vérifiée sur le corn pact Q, on
a d'après ce qu'on a dit plus haut:
If (z)J = V~1-_....,(..,..1-___,f~,..,.(z....,.,)) =
1 1
= 1 -"! (1-f1 (z))- 8 (1-f2 (z))' + ... ,
la série à droite étant uniformément convergente sur Q. Comme l'al-
gèbre B (Q) est fermée par rapport à la convergence uniforme,
If (z) 1E B (Q), ce qu'il était à démontrer.
e. Th é o r è m e d e S t o n e (pour une algèbre r6elle).
Une algèbre B (Q) formée de fortctioM réelles, séparant n'importe
quels deux points du compact Q et contenant l'unité est partout dense
dans l'espace R' (Q).
D é m o n s t r a t i o n. Désignons par B (Q) la fermeture do
l'algèbre B (Q) par rapport à la convergence uniforme. Evidem-
1 IZ·6· APPROXIMATIONS SUR UN COMPACT 71

ment, la famille B (Q) est encore une algèbre: si /n (.z) -1 (.z) (uni-
form~ment sur Q) et que ln (.z)- g (.z) (uniformément sur Q), alors
ln(.z) g,. (~) -1 (.z) g (.z) (uniformément sur Q) de sorte que
f (.z) g (.z) E B (Q) résulte de f (x) E B (Q), g (x) E B (Q).
L'algèbre B (Q) est un réseau linéaire (lemme b) et partout
dense dans l'espace R' (Q) (théorème 12.51c). Comme l'algèbre
ïJTQ) est fermée, B (Q) = R' (Q), ce qu'il fallait démontrer.
12.53. a. On pourrait s'attendre à ce qu'une algèbre formée de
fonctions à valeurs complexes, à condition qu'elle sépare n'importe
quels deux points du compact Q et contienne l'unité, soit partout
deuse dans l'espace c• (Q) de toutes les fonctions complexes con-
tinues sur Q. Cependant, sous cette forme, le th~orème s'avère faux
(cf. exercice 5).
b. Tout de même, dans une hypothèse suppMmentaire, le théo-
rème de Stono s' ~tend aux algèbres de fonctions à valeu.rs complexes.
Une algèbre complexe B (Q) est dite symétrique si, avec toute sa
fonction !p (.z) = u (x) + lv (.z), elle contient la fonction conjuguée
(f (.z) = u (x) - iu (.z).
Th é o r è m e d e S t o n e (pour une algèbre complexe).
Une algêbre B (Q) formée de fonctions à valeurs complexes, séparant
n'importe quels deuz potnts du compact Q, contenant l'unité et symé-
trique est partout dense dans l'espace c• (Q).
D é mons t rat ion. Par hypothèse, l'algèbre B (Q) eon-
tient, avec une fonction !p (.z) = u (.z) + iv (.z), los fonctions réelles
u (x) = 2i [!p (.z) + !p- (.z)l et v (.z) = 2T
1 -
[!p (.z) - !f (.z)]. Désignons
par BR (Q) le sous-algèbre des fonctions réelles h (.z) E B (Q). Cette
sous-algèbre sépare n'importe quels deux points y et z du compact Q
(si !f (y) + !f (z), alors ou bien u (y) -=fo u (z) ou bien v (y) ;f= v (z))
et contient l'unité. D'après le théorème de Stone 12.52c, on a BR (Q)=
= R' (Q), d'où B (Q) = c• (Q).
12.M. Cons é q u e nees des théo r è mes de S t o-
ne.
a, Supposons que le compact Q soit une partie fermée bornée
de Rn et que l'algèbre B (Q) soit formée de tous les polynômes réels
p (.z 1, . . . , Zn)· Toutes les hypothèses du théorème de Stone 12.52c
sont évidemment vérifiées. En l'appliquant on aboutit au théorème
suivant~

Théorème (Weierstrass). Toute Jonction réelle /(.z)


continue sur un ensemble fermé borné Q c Rn est la limite uniforme
sur Q d'une suite de polyn6mes en .z1 , • • • , Zn·
b. Pour l'algèbre B (Q) des polynômes p (.z1, • • • , Zn) à valeurs
complexes, les hypothèses du théorème de St.one 12.53b sont véri-
72 CH. 12. STRUCTURES FONDAlllll!!NTALES DE L'ANI!.LYSE

fiées: par condquent, toute fonction à valeurs complexes f (z) continue


sur un ensemble fermé borné Q c: R" est la limite uniforme sur Q
d'une suite de polynômes (à valeurs complexes) en z., ... , Zn.
c. En particulier, toute fonction (réelle ou complexe) continue
sur un intervalle fermé a~ z ~ b est la limtte uniforme d'une suite
de polyn6mes (respectivement réels ou "éomplezes) en z.
d. Supposons à présent que le compact Q soit la circonMrence
r +yD = 1 dans le plan des Z, y. Ln position d'un point sur cette
circonférence est déterminée par l'angle polaire cp. Choisissons pour
algèbre B (Q) l'ensemble des polynômes trigonométriques à coeffi-
cients réels
n
p (cp) = ~ (a,. cos kcp +br.. sin kcp). (1)
"-=0
Les formules de multiplication de fonctions trigonométriques (5.63)
quo l'on peut mettre sous la forme
2 cos kcp cos mcp = cos (k - m) cp +
cos (k + m) tp,
2 cos kcp sln mcp = sin (m - k) cp + sin (m + k) ~~'•
2 sin kcp sin mcp = cos (k - m) cp - cos (k + m) cp
impliquent que l'ensemble des fonctions (1) contient, avec ses deux
fonctions quelconques, leur produit, donc est effectivement une
algèbre. N'importe quels deux points cp 1 et cpz sont séparés par une
fonction de l'algèbre B (Q), notamment par sin cp ou cos cp. En
appliquant le théorème de Stone 12.52c nous obtenons une nouvelle
réalisation du théorème a:
Théorème (Weierstrass). Toutefonctwn réelle /(cp)
continue sur la circonférence Q est la limite uniforme d'une suite ck
polyn6mes trigonométriques ( 1) à coelf icients réels.
e. Choisissons sur la droite réelle une fonction réelle g (t) continue
et périodique de période 2n; évidemment, on peut lui faire corres-
pondre une fonction continue sur la circonférence Q en posant 1 (cp) =
= g (If + 2/m) pour tout k. Inversement, à toute fonction f (cp)
continue sur la circonférence Q, on peut faire correspondre par la
formule g (t + 2kn) = f (t) une fonc~ion g (t) continue sur toute
la droite réelle. Donc, le théorème d se met sous la forme suivante:
T h é o r è m e. Toute fonction réelle g (t) continue et périodique
de période 2n sur L'axe des t est la limlte uniforme (sur tout l'axe)
d'une sutte de polynômes trigonométriques.
t. La version complexe des théorèmes a et e est à un certain
égnrd encore plus simple. En partant des formules d'Euler 8.63
cos kcp = 1 (elkqo + e-1~"').
2
sin kcp = ; 1 (et""'- e-th'P),
§ 12.6. APP:ROX!MAT!ONS SU:R tiN COMPACT 73

on peut remplacer les polynôml.'s trigonométriques (1) par les poly-


nômes
" CAelll.lj),
q(q>)= ~ ",.__ (2)
Le fait que les polynômes (2) forment une algèbre résulte des règles
de multiplication de la fonction expon'\inticlle. La symétrie de celle
algèbre découle de l'égalité ~ c 11 elh~= ~ ë,; e-ïll."'. Deux points
cp 1 , q>z de la circonférence Q sont sépnr~s par la fonction e'"'· Le
théorème 12.53b conduit au résultat suivont:
Thé o r è m e. Toute fonction à valeurs comple:us continue sur
la circonférence Q (ou, ce qui revient au même, toute fonction continue
de période 2n sur l'aze -oo < t < oo) e11t la limtte uniforme d'une
suite de polynômes trigonométriques complexes de la forme (2).
12.55. Su i tes en forme de d e 1 t a. Le théorème de
Stone qui établit la possibilité d'approcher toute fonction continue
par les fonctions d'une algèbre B (Q) n'indique pourtant aucune
règle de construction de fonctions approximantes. Nous signalons
ici quelques méthodes concrètes d'approximations.
Puisque dans ce qui suit nous utilisons l'Intégration, supposons
que le compact Q est un intervalle fermé de la droite numérique ou
la circonférence de rayon f (intervalle 1-n, nl aux extrémités
identifiées).
a. Désignons par U (y) l'intervalle ouvert de longueur 2p
et de centre au point y. Supposons qu'Il y ait, pour un point y E Q
donné, une suite de fonctions non négatives Dn (:z:; y) (n = 1, 2,
3, ... ) possédant les propriétés:
1) 1
[T pUI)
Dn(:z:; y)d:z:--1
(n-.ID)
quel que soit p>O,

2) ( Dn (:z:; y) d:z:- 0 quel que soit p>O.


Q-0p(~) (n-œ)

Une telle suite est dite en forme de delta (pour le Jloint y). (L'ori-
gine de ce terme sera expliquée plus loin.)
b. Th é o r è m e. Soit D .. (:z:; y) une suite en forme de delta
pour un point y; st f (:z:) est une fon ct ton cuntinue pc.r morceaux et
continue au point y, alors
lim ) Dn (:z: ; Y) f (:z:) d:z: = f (y).
ft-+rD Q

D é m on s t r a t i on. Soit M = sup If (:z:) 1. Pour un e > 0


donné, choisissons un ô > 0 tel que p (:z:, Y) ~ 6 implique
74. CH. 12. STRUCTURES FONDAMENTALES DI!J L'ANALYSE

Il (z) ....:. 1 (y) 1 ::;;;: e. Ensuite, on a

1 ) Dn (x ; y) 1(z) dz- /(y) 1 =


Q

= 1 JDn (.x ; y) Il (z) -/(y)) dz +/(y) [J Dn (z ; y) dz- t J1~


Q Q

-"' J Dn(z; Y)l/(z)-·I(Y)Idz+ Q-dÎ Dn(z; Y)l/(z)-


U0!ul 0111l

-1 (y)l dz + Il (y) 11 JDn (.x ; dz- 11..;;: e J Dn (.x ; y) dz +


Y)
Q u 0111l
+211! ( Dn(z; y)dz+MI JD .. (z; y)dz-11. (f)
Q-~o(lll Q

En raison des propriétés 1) et 2) d'une suite en forme de delta,


la quantité obtenue est inférieure à. 2e pour n suffisamment grand,
ce qu'il fallait démontrar.
c. Notons maintenant que si la fonction n .. (z; y) est continue
par rapport à l'ensemblo des variables z E Q, y E Q, et si 1 (z) est
toujours continue par morceaux, alors

ln (z) = JD,. (.x;


Q
y) 1 (Y) dy (2)

est une fonction continue sur Q. En effet,

1/n (z')-ln (z•) 1= 1 J[Dn (z'; y)-Dn (z", y)ll (y) dy 1-;;:;:
Q

..;;: M 1Q
1Dn (z' ; Y)- Dn (z" ; y) 1dy, (3)

et lorsqu'on trouve, pour un e > 0 donné, un 6 > 0 tel que l'iné-


galito 1 z' - .x• 1 < 6 implique
a
ID .. (z'; y)-Dn(z•; Y)l~ znM

pour tout y E Q, alors on a d'après (2):


lin (x') -ln (z") 1.::;;;: e,
ce qu'il nous fallait.
d. Complétons le théorème par la remarque suivante sur la
convergence uniforme. Il est clair, avant tout, que si les propriétés
i 12.5. APPROXIMATIONS SUR UN COMPACT 75

f) et 2) sont v~rifiées pour tout point y d'un sous-enseml.Jle E c: Q


ct si ln. fonction f (z) est continue en tout point y E E, alors le résui-
Lat b est valable pour tout point y E E.
Nous dirons que les relations 1) et 2) ont lieu uniformément sur
un ensemble E c: Q si, pour tout e > 0, il existe un N tel que les
dHfércnces du premier et du second membre des relations f) et 2)
respectivement ne dépassent pas en modulo le nombre e quels que
soient n ;;;a: N et y E E.
Nous dirons qu'une fonction f (z) est uniformément conttnue sur E
par rapport à Q si, pour tout e > 0, on peut trouver un 6 > 0 tel
que 1z - Y 1~ 6, z E Q, y E E, implique 1/ (z) - / (y) 1~ e.
Alors, le théorème suivant résulte immédiatement des majo-
rations (3):

1' h é o r è m o. Si les relations :1.) et 2), pour tout p > 0, sont


vérifiées uniformément sur un ensemble E et que la fonction f (x) soit
uniformément continue sur Epar rapport à Q, alors les fonctions ln (z)
(2) convergent uniformément sur E rJers la fonction f (z) lorsque
n-+ oo.
e. En appliquant le théorème d, on peut se servir du critère
11uivant de continuité uniforme d'une fonction f (z) aur un ensemble
Epar rapport à Q:
L e m m e. Sur tout en.semble fermé E c: Q de points de continuité
d'une fonction f (x)·, cette fonction/ (z) est uniformément continue par
rapport à Q.
D é mons t ra t i on. D'après le théorème de Heine (5.17b),
la fonction / (z) est uniformément continue sur E et, pour tout
P- > 0, on peut trouver un 6 0 > 0 tel que 1 y - 1 1< 15 0 , y E E,
z E E, implique 1/ (y) - / (z) 1< e/2. Choisissons ensuite, pour
tout point y E E, un intervalle 1z - y 1< ô (y) ~ 6 0 {2 dans lequel
l'inégalité 1/ (z) -/(y) 1< ef2 soit satisfaite; puis, en appli-
quant 3.97, on extrait du recouvrement obtenu de l'ensemble E un
recouvrement fini 1z - y 1 1< liu ... , 1z - Yn 1< lin. Soit 6 =
= min (ô 1 , • • • , Bn)· Alors, quels que soint xE Q, y E E, 1z- Y 1<
< 6, on trouvo un point Y11. avec 1 x - y~ 1 < 6 11 , el l'on obtient
IY~-YI<Iyr.-zl+lz-yl<ll-+6~ + ~o =Ôo
11
;

et

Il (z)- 1(Y)I ~ 1/ (z) -/(y~) 1+ 1/ (y,.)-/ (y) 1< T+ f = r.,


ce qu'il fallait démontrer.
f. Voici une variante renforcée du théorème b: si Dn (x; y)
est une sutte en forme de delta pour un point y et si / (z) est continue
76 CH. IZ. STRUCTURES FONDAMENTALES DE L'ANALYSE

pour z = y, alors, pour toute suite Yn- y, on a

lim ) D,.(z; Yn)/(z)dx=/(y).


......... Q

La démonstration se fait par le m~me calcul en précisant un peu


l'estimation.
g. Considérons encore le cas où le paramètre discret n rst rem-
placé par un paramètre continu t. Soit D (t, z, y) une fonction
non n!Sgative de trois variables, z et y parcourant le compact Q et t
un intervalle 0 < t ~ b; supposons que les conditions

1) Iim ) D (t, z, y) dz= 1;


I-+O fZ-I/1!5P

2) lim J D(t, z, y) dz=O


•-o lz-vi~P
soient satisfaites pour tout p > O.
Alors, st l'on se donne, pour tout t, une quantité y (t) qui tend vers
a limite y lorsque t - 0, on aura

lim) D (t, z, y (t)) 1(z) dz = 1(y).


•-o Q

Cette égalité se démontre par le même calcul que le th!Sorème b


(compte tenu de la remarque /). On peut dire que la fonct.ion

F(t, y)=~ D(t, z, y) f(z)dz (O<t..;;;:b, yEQ)

dont la définition pour t = 0 est donnée par lo condition


F (0, y) - f (y) ~

est continue dans le domaine fermé 0 ~ t ~ b, y E Q.


b. On peut rejeter la condition que D,. (z; y) (ou D (t, z, y)
dans g) est non n!Sgative en la remplaçant par la condition

ÏIDn(z; Y)ldz-:::;::c (ou~ID(t,x,y)ldz.:;;;:c), (4)

où c ne dépend pas de n. La condition (4) est déjà essentielle; sans


elle le théorème tombe en défaut, ce qu'on verra dans le chapitre 14.
1. [\ e m a r q u e. Le terme • suite en forme de dolto» a pour origine la
• fonction delta • de Dirac. P. Dirac dans son livre The principks of quantum
rntclaanicl {1930) d6finit la • fonction delta » 6 {z) comme fonction sur l'axe
-CID < z < CID qui e9t nulle part.out 98uf au point z =
0 et qui possède la
t 12.~. Al•P.ROXUIATIONS SUR UN COMPACT 77

propriété

(5)

Ensuite, il • démontre • lo tMorème: quelle que soit une fonction f (z)


continuo pour z = 6. on a 1'6gallté

16(z-6)/(~)d~=f(z).
ID

(6)

(La « Mmonstratlon • est bien simple: lu fonction 6 (.z: - ~) e.'t nu llo pour
f. ._ :z:, lt'.s valeurs de f (f.) pour f. ._ :z: n'ont donc pa.'l d'importance; en rompla-
çan\ f (s) par la constante f (:r) et en appliquant (5) on aboutit à (6).) 11 n'existe
dans l'analyse classiquo aucune fonction possédant le.s propriétés Imposées
par Dirac, et le contenu réel de son théorème correspond à peu près au théorome b.
fonction delta est formalisée en tant qu'objet math6matiquo, ras
Ce n'est que dans les travault de S. Sobolev (:1935) et L. Schwnrtz (1947) que la
comme fon~­
tion usuelle mais comme fonction généralisée (distribution) (c- . , par exemple,
(131). La fonction delta de Dirac représente un exemple caractéristique 1lo l'in-
tu!Lion mathématique infaillible d'un physicien qui dépasse le niveau mathémn-
liqu<> dl!' san temps.
12.56. U t i li sa t i on d e su i tes e n f or rn e d e
delta pour la construction de fonctions
n p p r o x i rn a n t e s.
a. Nous tenons à. approcher une fonction /(y) donnée par une
fouction / 11 (y) d'une algèbre B (Q)- Le problème sera résolu si nous
sommt>s en me.~ure de trouver une suite en forma de delta Dn (x; y)
tt>llc quo
fn(Y)= ~ Dn(z; y)/(x)dxEB(Q).
Q
b. Soit Q = [0, 11 et soit B (Q) l'algèbre de tous les polynômes
définis sur [0, 1]. Posons, pour n = f, 2, .. , :
Dn (z; Y)= Cn [1- (z- y) 2 )n,

Cn = ---;----- (f)
f (1-ID)n dl
-1
et montrons quo Dn (z; y), pour tout y E (0, f), est une suite en
forme dt> delta. Etant donné que la fonction
1

fn(Y)=Cn J[1-(.z:-y)
0
1
]n/(x)dz (2)

est un polynôme en y de degré ~ 2n (ce qui est évident), nous obte-


nons l'expression pour les polynômes concrets approchant la fonc-
tion / (y).
78 CH. 12. STRUCTURES PONDAIIIENTALES DE L'ANALYSR

c. L e m m e. Pour tout p E (0, 1), on a


1
!Ct-t•)ndt
lim t =0.
n-.ID ! (f -ID)n dt
0

La d é rn o n s t r a t i o n résulte des estimations simples


1

( (f - t1 )" dt< (1-p1 )" (1-p) < (1-p2)",


J
p
1 1

~ (1-fl)"dt> ~ (i-Wdt= n! 1

et de la relation limite (5.58 (4) et 4.37a)


2
lim (n+i)(t-p )"=0 •
.......
En guise de conséquence, nous avons: pour tout p E (0, f) on a
p
s (1-11)~ dt
lim o = f
n~CIO 1 •
s (1-l')"dl
0

d. Vérifions à présent les 11ropriét~s d'une suite en forme de delta


(12.55a et d) pour la fonction Dn (.x; y).
En vertu du lemme nous avons pour tout p E (0, 1):

) Dn(z; y)dz=Cn J [1-(z-y) 1 ]''dz=


lz-vi"'P 1»-'.ll:il>P
O~zJ!:1 Uc::iz~l

1
S (1.-tZ)ndt
~ -o
~ (:1-IZ)n dt

ce qui démontra que la propriété 2) est satisfaite uniformément sur


l'ensemble 0 ~y ,s;;;; 1. Ensuite, pour y E lpo, 1 -Pol. 0 < p <Po.
1 12.6 • .APPROXIMATIONS SUR UN COMPACT 79

on a
1
lz-~f:s'P
Dn(:z:; y)d:z:=Cn 1
IZ-Ifl:s'P
[1-(:z:-y) 2 J"d:z:=
o~z~t o~~~
p
p S(1-t2)ndt
=Cn 1-p
(1-t1 )"dt=
1
~
(1-li)ndt
-+1 (n-+oo),

ce qui démontre que la propriété 1) est satisfaite uniformpment sur


l'ensemble Po~ y~ 1 - Po·
En vertu du théorème 12.55b el de 12.55 d, les polynômes (2) for-
ment une suite q1li converge, pour tout y E (0, 1) et uniformément
sur chaque intervalle [p 0 , 1 - p 0 ), Po > 0, vers une fonction
/(y) continue sur (0, 1).
Disons en passant que ceci démont-re directement le théorème
de Weierstrass pour l'intervalle [p 0 , 1 - p 0 }. Par une dilatation
de cel intervalle, on étend la démonstration à tout intervalle [a, b].
12.57 .a, On peut réaliser une construction analogue qui conduit
aux polynômes approximants trigonométriques. Soient q> l'angle
polaire déterminant la position d'un point sur la circonférence
Q= {:z:' + y'=1} et B (Q) l'algèbre de tous les polynômes trigo·
nométriques réels. Posons

n.. (q>; 'l') = c.. cos2 " ~.


Cn 1 __
= -;;2;::,.-..;...... (n= 1, 2, ... )
10
cosln t dt (1)

et montrons que Dn (q>; 1Jl) est une suite en forme de delta pour
tout 1Jl. Comme la fonction
2n
ln("'')= Cn Jcos
0
2
" If' 2 W/ (q>) dq> (:.!)

est un polynôme trigonométrique en 'ljl (de degré ~2n), nous obtenous


les polynômes trigonométriques concrets approchant j (q>).
b. Le rn me. Pour tout p E (0, n/2) on a:
n/2
S cos2n l d'
lim -:'111::7;P, . - - - - =O.
........ ~r cosDn 1 dl
2
80 CH. 12. STRUCTURES FONDAMENTALES DE L'ANALYSE

D é rn o n s t r o. t i o n. La fonction cos t étunt décroissante


pour 0 :Eï;; t :Eï;; n/2, on n
n/2
Jcos 2
" t dt..;;:: ( ~ - p) cos1 " p.,;;: ~ cos1 " p ;
p
comme la même ronction est convexe vc.rs le haut sur l'intervalle
en question, on a cos t ~ 1 - 2tln et

J(1- ~ rn dt
R/2 n/2

.\ cosan t dt:?- z (:!:+ 1)'


0 0

Pnr conséquent, vu 5.56, on peut écrire


n/2
S costn 1 dt
p _.....2(2,.+t> n tn O
n/2 ·-..~ n '2 cos P-
S C092n 1 dl
u
pour rt-+ oo,
On obtient donc :
p
S coo2n 1 dt
1.IID n/2
0
=
1
n-ooo s cos3 n ltlt
0
pour tout p E (0, n/2).
c. En raison du lemme 1>, pour tout p E (0, p0), Po> 0, on a
J Dn (!p; 11') d!p = Cn S cos~" 'P-;- '~' d!p =
llf-~I~P llf-~l?p
n.'2
s COS~" 1 dl
2
cos 2 " t dt = P/ -+ 0 (n- oo),
S n/2
T;;titi?. f ~ cos2n 1 dt
ce qui démontre la propriété 2) d'une suite en formo de dcltn (12.55a).
Ensu.ite, pour tout p E (0, p 0). Po > 0, on a
S D,.(!Jl; 1jl)d!f=C,. J cos2" 'P;-j dcp=
l<t -~ I,.P llf-W 1-.P
P/2
p/2. s C09~n 1 JI

= 2C n J cos~" t dt= :, 2 - 1 (n- oo),


- P/2 ~ cos!n 1 dl
1 12.6. DlilnJV.ATION ET INT2GR.ATION 81

ce qui démontre la propriété 1). En vertu du théorème 12.55d, les


polynômes trigonométriques (2) forment une suite convergeant vers la
fonction f (cp) uniformiment sur tout ensemble E c Q sur lequel elle
est uniformément continue par rapport à Q. en particulier (12.55e),
sur tout ensemble fermi sur lequel elle ut continue.
d. n o ma r que. Dan! les deux cas conaidérés, on peut 1!9tlmer le degre
du polynômn (algébrique ou trigonométrique) qui réalise l'approximation d'une
fonction f (.r) a un e donné prè! d'après la formule (2) ou 12.56 (2). Dien que
les polynômes (2) ou 12.56 (2) aient une !\ructure très simple, lb ne sont en
géneral pas les meilleurs do tous les polynômes d'un degré donné. On démontre
qu'il y en a, parmi les polynômes de degré n, un qui d lllèr~ d'une fonction f (z)
donnée et continue sur un Intervalle (a, b) par t2w{b-:-a) •u plus. Ici

w(ll)= max 1/(z)-/(y)l


lo:-vi.06
est l'oscill&tlon ds la fonction { (z) sur l'intervalle la. b] (5.1. 7<). Pour les poly·
nôme! triKonométriques (sur a circonférenc• Q) l'estimation précédente e!t
remplacée par 12w (1/n) (théorèmes de D. 1aclamn; cf. 19]).
§ 12.6. Dérivation et intégl'atlon de fonctions
à valeurs dans un espace normé
12.61. D {o r i v é e.
a. Soit une fonction z (t) définie sur un intervalle a ~ t ::;;;: b,
à valeurs dans un espace vectoriel normé X, réel ou complexe. Nous
dirons que ln fonction z (t) est dérivable en un potnt ta E la, b) s'il
existe dans l'espace X la limite
x'(t0 )=lim .r(t)-z(ta), (1)

appl'lée dirivée de la fonctior~


·-··z (t) ,_,a
t = t 0•
au point
b. La fonction z (t) est dite dérivable sur tout l'intervalle la, bi
si sn dérivée existe en tout point de cet intervalle; la dérivée z' (t)
est alors une fonction définie sur l'intervalle la, b), à valonrs dans X.
c. Il résult.c de la définition (1) que si une fonction z (t) est
dérivable en un point t 0 , alors
z (t) - z (t 0) = z' (to) (t - to) + e (t, ta) (t - t~.

où e (t, t 0) tend vers zéro dans l'espace X lorsque t - ta.


d. En particulier, ln dérivabilité de z (t) au point t 0 implique
sn continuite> en ce point. Une fonction z (t) dérivable sur un intor·
valle [a, b) y est continue.
On prouve aisément (comme dans le cas numérique) les règles
principale.ll de dérivation:
e. Si x (t) = z 0 est un élément constant de l'espace X, alors
z' (l' =0.
6-2286
82 CH. 12. STRUCTURES FONDAMENTALES DE L'ANALYSE

f. Si z (t) et y (t) sont des fonctions dérivables à valeurs dans X,


alors il en est de même de z (t) + y (t), et J'on a
[z (t) +
y (t)l' = z' (t) + y' (t).
g. Si z (t) est une fonction dérivable à valeurs dans X et y (t)
une fonction numérique dérivable, alors le produit y (t) z (t) est
une fonction dérivable à valeurs dans X. et l'on a
ly (t) z (t)l' = v' (t) z (t) + v (t) z' (t). (2)
En particulier,
[cu: (t)l' = cu:' (t)
pour toute constante a.
h. Si z (t) (a::;;;: t ~ b) est une fonction dérivable de t à valeurs
dans l'espace X et t = t (1:) une fonction numérique dérivable à
valeurs dans l'intervalle la. b), alors y ('t) = z (t (1:)) est une fonc-
tion dérivable de 't, el l'on a
y' (1:) = z' (t) ' (1:).
1. Introduisons la notion de différontielle d'une fonction z (t)
à valeurs dans un espace normé. Le vecteur d.x = z' (c) dt, où dt =
= ~~ est un accroissement arbitraire du paramètre t, s'appelle
différentielle de la fonction vecwrielle z (t) pour t = c. Ainsi. la dif-
férentielle d'une fonction est la partie linéaire principale de son
accroissement dQ à un accroissement de la variable t.
Le théorème sur l'invariance de la différentielle d'une fonction
composée reste valable: la différentielle de la fonc!ion z (t) a la même
forme que t soit une variable indépendante ou une fonction d'une autre
variable indépendante T (dans le dernier cas dt est la partie linéaire
principale de l'accroissement de la fonction t (1:)). En effel, ~i g (1:) =
= z lt (1:)) et si d., z est la différentielle de la fonction z par rapport
O. ln. variable 't, alors, d'après g, on n
d, z = g' (1:) d't = z' (c) t' (T) d't = z'(c) dt = d.x,
ce qu'il fallait démontrer.
j. Dans ce qui suit (k), nous établirons la réciproque de e: une
fonction dont la dérivée est identiquement nulle est constante.
Pour la rai.'lon de généralité, nous démontrerons ce théorème dans
l'hypothèse que la fonction z (t) n'est que dérivable par morceaux.
Introduisons les définitions rigoureuses. Une fonction z (t) à valeurs
dans l'espace X est dite continue par morceartz sur un interualll>
fermi a::;;;: t::;;;: b s'li existe une partition a = ta< t1 < ... < tn =
= b telle que z (t) soit continue do.ns chaque intervalle (t~, tH 1)
et possède les limites z (tA + 0) et z 1 (tH 1 - 0) (k = 0, 1, ...
. . . , n - 1); comme d'habitude, aux points t~ mêmes ln fonction
z (t) peul ëtre définie n'importe comment ou ne pas être définie
i tZ-6. DERIVATION ET lNTitGRATION 83

du tout. La fonction z (t) est dite li.s.'le par morceaux sur [a, bJ si
elle est continue sur (a, b], possède une dérivée z' (t) partout sur
[a, b), sauf en un nombre fini de points, et que cette dérivée SOit
continue par morceaux.
k. Théo r è me (réciproque de la propriété e). Si. z (t),
t E (a, b), est une fonctwn l~ par morceau:& à ua leurs dans un t:space
normé X et sl la dérivée z' (t) est nulle partout où elle ezist~. alors
z (t) =::::.za (un élim4nt constant de l'espace X).
Démons t ra ti on. Supposons d'abord que z' (t) = 0 par-
tout à l'intérieur de l'intervalle la, bi. Fi :x ons un point c E (a. b)
et un nombre & >O. Comme z' (c) = 0, il existe un voisinage du
point c dans lequel on a 1' inégalité
1z (t) - z (c) 1 ::;;;: e 1t - c 1· (3)
Désignons par T. (c) l'ensemble formé de tous les t > b et des
tE le, bi pour lesquels l'inégalité (3) n'a pas lieu. Soit ta = inf T, (c)
et supposons que ta < b. Comme z (t) est continue, l'inégalité (3)
qui est valable au voisinage du point t 0 le reste au point ta même.
Comme z' (ta) = 0, il existe un voisinage du point ta dans lequ~tl
on a l'inégalité
1z (t)- z (ta) 1< -f 1t- ta 1·
Choisissons un t > t 0 pour lequel l'inégalité (4) est valable.
Il résulte de (3) et (4) que
1 z (t)- x (c) 1~ 1z (t)- z (ta) 1 + 1z (to) - z (c) J~

-"' -f (t - t 0) + e (ta- c) =
=e (~+to-c)< e(t-c),
de sorte que le point t n'appartient pas non plus à l'ensemble T. (c).
Or, ceci contredit l'égalité ta = inf T 1 (c). Par conséquent., 18 = b
et l'on a
1 z (t) - z (c) 1 ~ e (t - c)
pour tout t E le, b].
Puisque e est arbitraire, on a
z (t) - z (c) = 0
pour tout t E le, bi, donc x (t) 5!t z (c),
Nous voyons que la fonction z (t) est constante sur l'in.tervallts
(c, b). Comme le point c peut être choisi autant proche q\\e l'on
veut du point a, la fonction z (t) est constante sur tout l intenalle
la, bl.
84 CH. 12. STRUCTURES FONDAMENTALES DE L'ANALYSE

Considérons à présent le cas gémSral: il y a sur l'intervalle [a, b)


un nombre fini de points, disons a = c0 < c1 < ... < c,. = b,
en lesquels la fonction z (t) n'a pas de dérivée; dans chaque inter-
valle (cJt CJ+ 1) (/ = 0, ... , n - 1) la quantité z' (t) existe et est
nulle. Le raisonnement ci-dessus montre que la fonction z (t) est
constante sur chaque intervalle (clt cj'+ 1) (/ = 0, ... , n - 1). La
fonction z (t) étant continue sur l'intervalle [a, bl, ses valeurs dans
les intervalles voisins (clt CJ+l) et (c1 -h c1) se confondent; U en
résulte que z (t) est constante sur tout l'intervelle [a, bi. Le théorème
est démontré.
12.62. 1 n t é g r a t 1 o n.
a. Soit z (t) une fonction donnée sur un intervalle fermé [a, bl,
à valeurs dans un espace de Banach (i.e. normé et complet) X (réel
ou complexe). Etant donnée une partition
n = {a = to :;:;;; Eo:;:;;; t1 ..;;;; E1 :;:;;; tt~ ... ~tn -1 :;:;;; s.. -1 ~ tn = b}
de l'intervalle [a, bl. aux points marqués 50 , • • . , Sno-r C't de para-
mètre d (0) = ma:x tlt1 , on peut former la somme. intègrale de
Riemann
n-1
sn (z) = ~ z (s~) tlt~. (1)
11-0

Bien entendu, celle somme est un élément de l'espace X. Nous


affirmons que si la fonction z (t) est continue par morceaux, les
sommes (1) tendent, pour un morcellement illimité de 1,. partition
n, i.e. pour d (n)- 0, vers une limite dans X; nous l'appellerons
Intégrale de la fonction z (t) sur l'intervalle [a, bl et noterons
b
Jz (t) dt.
Cl

b. La démonstration de l'existence do l'intégrale d'une fonction


continue par morceaux à valeurs dans X répète la démonstration
analogue pour une fonction numérique (9,14-9.16). Indiquons ses
porlies principales. La fonction
oo,.(ô)= sup Uz(t')-z(f)ll
If' -t· )<;0
t·, I"E la, b]
s'appelle oscillation de la fonction z (t) sur l'intervalle [a, bl;
si z (t) est continue, oo,. (11) tend vers z.éro pour 6 - O. De même
que dans 9.14c-d, les estimations suivantes ont lieu pour les sommes
intégrales de n'importe quelle fonction z (t): si une partition n
s'obtient d'une autre partition n en y ajoutant quelques points de
1 12.8. Dl!iRIVATION ET INTl!!GRATION 85

division, alors
ll$n (z)-sn• (z) ll~oo,.(6) (b-a) (2)
pour d (II) ~ 6; si D et II' sont deux partitions quelconques avec
d (II) ~ 6. d (II') ~ 6, alors
Il sn (z)- sn • (z) Il~ .2oo,. (6) (b-a), (3)
Les estimations (2) et (3) étant établies, il nous resle d'appliquer
(ponr z (t) continue) la propriété lim oo,. (6) = 0 et le fait que l'espa-
ho
ce X est complet. Le passage à une fonction continue par morceaux
se réalise de même que dans 9.16.
e. Toul comme dans 9.15c, on peut démontrer que toute fonction
z (t) intégrable sur la, bi est bornée (en norme), de sorte que
Il z (t) Il~ c.
Il est facile de prouver, pour les fonctions intégrables, les propriétés
principales de l'intégrale:
b b
f) J a.z (t) dt= a Jz (t) dt (a est un nombre);
Cl Cl

b b b
2) J[z(t)+Y(t)]dt= Jz(t)dt+ Jy(t)dt;
Cl Cl Cl

b < •
3) J
Cl
z (t) dt+ ( z (t) dt=
i
Jz (t) dt
Cl
(a< b < c) ;

4> 11 r x(t)dtll ~max


J a~t~b
nz<t>ll<b-a);
Cl

5) 11
"Jz <t> dt 11 ~ J
" nz (t> udt.
Cl Cl

Elles s'obtiennent toutes en passant à la limite dans les pro-


priétés analogues des sommes intégrales.
d. Valeur moyenne d'une fonction. De même
que pour les fonctions numériques (9.15h), pour une fonction z (t)
~ontinue par morceaux, à valeurs dans un espace de Banach X,
la quantité
b

b.:.. J Cl
.% (t) dt
86 CH, IZ. STRUCTURES l'ONDAMENTALB.II DE L'.I.NALYSE

est appelée valeur I'Myenne de la fonetion z (t) sur l'intervalle [a, bi.
La valeur moyenne d'une fonction z (t) réelle est comprise entre
ses valeurs minimale et maximale sur [a, b] et est égale à une valeur
z (t 0) si z (t) est continue.
Pour une fonction à valeurs dans un espace do Banach, même
pour une fonction à valeurs complexes, la valeur moyenne peul i!tre
distincte de toute sa valeur dans l'intervalle [a. bi. Ainsi,
211

1n ~ 11
ie dt= e 11 1~" = 0,

bien que la fonction le11 ne s'anuule nulle part dans l'intervalle


d'inl~gration.
e. SoH un ensemble E dans un espace vectoriel L; appelons
enrJeloppe convexe de l'ensemble E l'ensemble V (E) de tous les
vecteurs de la forme
m m
y= ~ ahz~ (zk E E, ah::;?:-0, ~a~= f, m = 1, 2, ... ). (4)
---1 k-t

L'e113emble V (E) est convexe (12.34b): en effet, si


a~ 0, p ~ 0, a+ p =,1,
z~ E E, y, E E,
m n
Z= ~ a,,xhEV(E), Y=~ p,y,EV(E),
Ja-=1 ,._1
alors le vecteur
m n rn n
az+ py =a ~ ahz- + ~ ~rYr =
Pr-1 ~ a•aifzk + ~ ~· p,y,
"""! ~=1 r=l

appartient lui aussi à V(E), car aah::;;.O, pp,::;;.O et


m n m n
~ a· a~ + ~ ~ · p, =a ~
1 1 1
ak + P~1 p, = a+ p = 1.
D'outre part, tout ensemble convexe P contenant un ensemble donné
E contient également tous les vecteurs de la forme (4). Pour m = 2,
cela découle de la définition même d'un ensemble convexe. Rai-
sonnous par récurrence: supposons que cette affirmation soit juste
pour n'importa quels m - 1 vecteurs, et montrons qu'elle est alors
juste pour m vecteurs quelconques z~o ... , z,. E E. Nous avons
z=a 1z 1 + ... +a,.x,.=
_a:lzl+···+a:m-!Zm-1(
- a.l+ ,. ,
-!- a:m-l al
+ • • • + am-I )+ amZm _-
=(a,+ •. • +am-I) z, + am.t:m·
1 JS,8. DJIRIVATJON ET INT:eGRATJON 87

Le vecteur z1 appartient à l'ensemble P d'après la supposition


tle récurrence; le vecteur z y appartient comme point du segment
liant :: 1 et Zm·
On peut donc dire que l'ensemble V (E) que nous avons construit
est le plus petit ensemble convexe contenant E. Si E est lui-même
convexe, olors, nvidemment, V (E) == E.
r. Dans un espace da Banach X, ce n'est pas toul ensemble
convexe qui est fermé (un intervalle ouvert de la droite en est un
eJCemple). Ayant donné un ensemble E c:: X, on pout former son
enveloppe convexe V (E), puis sa fermeture V (E}; cette dernière
s'appplle e1weloppe conve:t:e fermée de l'ensemble E. L'ensemble V (E)
est encore convexe; en général, la fermeture d'un ensemble conveu
est un ensemble convexe, puisqu'il nSsulte de
:t: = lim Zn, Y = lim Yn• Zn E V, Yn E V,
que
o.z + py = lim (az.. + PYn) E V.
L'ensemble V (E) est le plus petit ensemble convexe fermé contenant
l'ensemble donné E.
g. Théo r è rn e. La moyenne (d) d'une fonction z (t) continue
par morceaux à valeurs dans un apacede Banach'X appartient à l'enve-
loppe convexe fermée de l'ensemble de8 valeurs de z (t) sur l'intervalle
la, b].
L a d é mo n s t ra l i on résulte de la définition de la
moyenne
b n

b~
IJ
Jz(t)dt
ca
1
=-b--
-IJ
lim
d(O~ ~=1
~ z (S..,) ât~.
car la somme intégrale à droite appartient à l'anveloppe convexe des
n
valeurs de la fonctlon (parce que b~a ~ âth =- 1).
~
Pour l'exemple donné dans d, la moyenne de ln. fonction te 11
...
sur [0, 2:n] qui vaut 0 appartient à l'envelopp'e convexe de toutes
les valeurs de la fonction ie 11 sur 10, 2nl : ces valeurs remplissent
la circonférance de rayon 1, laur enveloppe convexe est tout le
cercle limité par cette circonférence.
h. 1 n t é gr a 1 es i rn p r o p re s. La théorie des intégrales
impropres des fonctions à valeurs dans un espace de Banach peut
être wnstruile par analogie avec le cas des fonctions numériques
(chapitre 11). Indiquons-en los étapes principales. Soit z (t) une
fonction à valeurs dans un espace de Banach X, définie sur la demi-
droite a~ t < oo et intégrable (par exemple, continue par mor-
ceaux) sur toul intervalle a ~ t ~ b. L'intégrale impropre de
88 CH. 12. STRUCTURES l'ONDAidENTALES DE L'ANALYSE

premier espèce
...
~ x (t) dt (5)
Cl

est définie comme limite (pour la norme de l'espace X) de l'intégrale


b

~ x (t) dt (6)
Cl

pour b - oo, 11. condition que la limite existe.


En particulier, si l'intégrale impropre usuelle

(7)

existe, il en est de même de l' intégrole impropre (5) qui est alors
dite absolument convergente; de plus, on a l'estimation suivante:
ID ID

11 j x <t> dt 11~ ~ ux <t> udt. (8)


a a

L'existence de l'intégrale (5) dons l'hypothèse d'existence de


l'intégrale (7) résulte du c rit ère de Ca u ch y: pour que
l'intégrale (5) existe, il faut et ll suffit que, pour tout e > 0, ll existe
un N tel que l'lnégallté

Il Jx <t> dt Il < e
p

a lieu quels que soient p ::;> N, q ::;> N.


Les définitions des intégrales impropres de deudème et de troi-
sième espèce sont généralisées de façon analogue.
12.63. 1 n t é g r a 1 e e t p r i m i t i v e.
a. Soit x (t) une fonction continue par morceaux sur un intervalle
la, bl ù. valeurs dans un espace de Banach X; montrons que la
fonction
1
F (t)""' ~ x(~) li; (1)
a

a pour diriuée, en tout point t = t 0 de continuité de la fonction x (t),


la valeur x (tu)·
5 12.8. DERlVATJ0:-1 ET INT2GRATION 89

Selon les règles d'inlégrl!lion 12.62c, nous avons


t
F(I)-F(t 0) ,.._1_ J. z(~) ~=
1-1 0 1-10
0
1 1
=1-1
--
1
r .z(to)~+-1
tl r [z(G)-z(to)]d~=
0 j
'•
- o J
1
..
=z(to)+ 1 ~ 10 ) [z(i,)-z(t 8 )J~ •
••
Ensuite, en raison de la continuité de z (t) au point t0 , on a
1

~~~~ ( [z(~)-z(to)]~~~ max IJ.z(~)-z(to)II·+O


o (. ee l'•· •1
pour t - t 0 , d'où le résultat cherché.
b. Une fonction G (t) à valeurs dans l'espace de Banach X est
afpelée primitive de la fonction z (t) continue par morceaux si
G (t) !!!!!Il z (t) en tout point de continuité de z (t). S'il y a deux
primitives G (t) et F (t) de la fonction z (t), alors
IG (t) - F (t)l' = G' (t) - F' (t) = z (t) - z (t) iiii 0,
et, en vertu du théorème 12.61k,la fonction G (t) - F (t) est eons-
tante. Nous voyons que la différence de deuz prtmltlves est un élément
constant de l'upace X. Puisque la fonction (1) est, on l'a vu, l'une
des primitives, toute primitive a la forme
1
G(t)= Sx(s)~+z0 ,
a
z 0 étant un élément fi:xe de l'espace X. En particulier, pour toute
primitive on a la formule
b
G(b)-G(a)= f zmd;,
a
généralisant la formule de Newton-Leibniz.
c. Inversement, solt G (t) une fonction dérivable de la variable
t E la, b] ayant la dérivée continue par morceaux; alors, pour tout t,
on a l'égalité
1

G (t) = G (a)+ JG' œ> c~S. (2)


Cl

En effet, désignons provisoirement par G• (t) le second membre


de (2). Cette fonction, d'après a, a pour dérivée la fonction G' (t)
90 CH. IZ. STRUCTURES FONDAMENTALES DE L'ANALYSE

f'n tout point de continuité de cette dernière. La fonction G (t)


possèd!' la même propri~té, donc, les deux fonctions étant continues,
nous avons G• (t) - G (t) = c 0 = const d'après b. Or, G• (a) =
= G (a), d'où c0 = 0 et la formule (2) est 6tabli'3.
d. Pour les fonctions numériques dérivables, nous avons ln
formule de Lagrange (7.44)
G (b) - G (a) ~ (b - a) Q,
où Q est un nombre compris entre la plus grande et la plus petite
valeur de la fonction G' (t) sur [a, b], autrement dit la valeur de la
fonction G' (t) ton un point t = 10 • Pour une fonction G (t) dérivable
à valevrs dans l'espace de Banach X. celle formule resle valable,
à ceci près que le point Q appartient celte fols à l'enveloppe convexe
ferm~e de l'ensemble des valeurs de G' (t) sur la, bl. Ce fait résulle
directement de 12.62g et de la formule (2).
e, La formule de Newton-Leibniz a pour conséquence, toul comme
dans 9.51a, la formule d'intégration par parties:
b b

a
Ju (t) dv (t) = u (t) v (t) 1:- J a
v (t) du (t).

Jc.i l'une des fonctions u (l), v (t) est numérique, l'autre vectoriol-
lf' (à valeurs dans l'espace X), les deu:x étant lisses par morceaux.
f. De même que dans 9.54, on obtient la formule d'intégration
par substitution
~ b
J x (t (-c)) t' (-c) d-c J x (t) dt
=
~-œ •~o

dan!! l!'s mêmes hypothèses sur les fonctions x (t) el t (T) et les nom-
lires a., ~. a, b.
l2.M. D é r i v é es d 'o rd re s u p é r i e u r, d i f f é -
rentielles d'ordre supérieur, formule de
Ta y 1 or.
a. Les dérivées supérieures d'une fonction x (t) à vnleurs dans
l'espace X sont définies, comme dans le cas d'une fonction numé-
rique, par récurrence. La dérivée n-ième est, par définition, la dérivée
prtomière de la dérivée d'ordre n - 1 si celte rlernière est une fonc-
tion dérivable pour a .;;;;: t ~ b. Toutes les dérivées ainsi obtenues
sont toujours des fonctions vectorielles à valeurs dans le même
espnce X.
Les dérivées d'ordre supérieur d'une fonction vectorielle sont
désignées de même que celles d'une fonction numérique:
(z' (t))' =x" (t), (x• (t))' """x• (t), ... , (x'"> (t))' ""'x'n+h (t).
§ 12.6. D"BRIVATION ET INTl!GRI!.TlON 9t

b. Les différentielles d'ordre supérieur sont définies elles aussi


par récurrence:
dJ.x (t) = d [dx (t)] =d[z' (t) dtl =x" (t) dt~,

d"+lx (t) == d [dnz (t)] ;;;;;; d [zln) (t) dt"l = x<"+l) (t) dtMJ.

Contrail't'ment à la différentielle première, les différentielles


d'ordre superieur changent de forme lorsqu'on passe à une nouvelle
variable indépendante (à l'exception du changement linéaire de
variable).
e. Si toutes les dérivées de la fonction z (t), y compris la
(n+1)-iêmc, existent pour a::;;;: t ~ b, alors on a la formule de
'l'aylor

avec le resle que l'on peut mettre sous la forme


b

On= :, J
a
x'n+h (t) (b- t)" dt.

La démonstration de la formule de Taylor se faiL par la même


méthode que dans 9.52a, en utilisant la formule d'intégration par
parties 1.2.63c. En partant de l'expression pour le reste on établit
les estimations
b

Il On Il< ..~,a;, l]z<n+t) (t) Il -;h- J. (b- t)" dt=


a

= max Il x•n+h (t) Il (b- a)n+l.


ca,.;1::;b (n+lll

12.65. Su i t e s e t a é r i e s d e f o n c t i o n s à v a -
1 e u r s d a n s X.
a. Soit .z 1 (t), Za (t), ••• , Zn (t). . . . une suite de fonctions
de la variable t E [a, b), à valeurs dans l'espo.co de Banach X. Par
définition, une fonction z (t) est la limite de la suite Zn (t) pour
n - oo si la relation
lim Uz (t) -Zn (t) Il= 0
n.......
92 CH. 12. STRUCTURES FONDAMENTALES DE L'ANALYSE

est remplie pour tout t E [a, bl. La suite z,. (t) est dite unifor-
mément convergente vers la limite z (t) si
lim sup Il z (t)- Zn (t) Il= 0,
....... 1

autrement dit, si, pour tout e > 0, il existe un numéro N tel que
n :> N implique Il z (t) - Z n (t) Il~ e quel que soit tE [a, bl.
Nous avons déjà vu dans 5.96 que la limite d'une suite uniformé-
ment convergente de fonctions continues est encore une fonction
continue. Ont lieu les analogues des théorèmes 9. 72 et 9. 77 qui
étaient démontrés pour les fonctions à valeurs numériques, à savoir:
b. T h é o r è m e. St une suite Zn (t) de fonctions intégrables
converge uniformiment sur (a, bl vers une fonction z (t), alors x (t)
est elle aussi intégrable et l'on a

lim
ft ... rD
J w

a
Zn (t) dt=
Ja
"'
r Z (t) dt
uniformément par rapport à T E [a, bl. En particulier,
b b

lim f
n ... rD Ja
Zn (t)dt= Jz(t)dt.
a

c. T hé o r è me. S1 une suite Zn (t) de fonctions lisses par mor-


ceaux converge pour au moins un po1nt t 0 E [a, b] et la BUite z;. (t)
de leur:; dirivées converge uniformément sur [a, bl vers une fonction
g (t) continue par I'Mre4!aux, alors la suite Zn (t) converge uniformément
rur [a, bi vers une fonction x (t) lisSe par morceaux et x' (t) =
= lim z~ (t) = g (t) aux points de continuité de g (t).
n-o ID
Les démonstrations de ces théorèmes imitent celles des théor&-
mes 9.72 et 9.77.
d. Une série

Z1 (t) + Z 2 (t) + ... + Zn (t) + ... (1)


de fonctions à valeurs dans l'espace X est dite convergente sur un
intervalle [a, bl si la suite de ses sommes partielles
S1 (t) = Z1 (t), . . . , Sn (t) = Zt (t) + ,,,+ Xn (t), , . ,
converge quel que soit t E [a, bi ; la limite de la suite sn (t) est.
appelée somme de la série (1). La série (1) est dite uniformément
convergente sur [a, bi si la suite sn (t) converge uniformément. Les
théorèmes b et c ont pour conséquences certaines conditions suffi-
santes d'intégrabilitl!i terme à terme et de dérivabilité d'une série
de fonctions; les énoncés de ces conditions sont laissés au lecteur.
1 12..8. D2RIVATlON ET INT20RATION 93

12.66. Fon ct ions an a 1 y tique s. Soit x (t) une fonc--


tion à valeurs dans un espace complexe normé X, définie dans un
domaine G du plan complexe t = ; + i1). Cette fonction est dite
dérivable en un point to E G s'il existe dans l'espace X un élément
x' (!;o)=lim -"(Co+h)-z(Ço)
k-+0 h
appPlé dérivée de la fonction x (t) par rapport à la variable complexe
t au point t 0 • La fonction x (0 est dite analytique d4ns le domatne G
si elle est dérivable par rapport à C en tout point bo E G.
Pour les fonctions analytiques à valeurs dans l'espace X, les
propositions de la théorie ordinaire des fonctions analytiques (cha-
piLre 10) restent valables. La définition de l'Intégrale le long d'un
ligne du plan complexe, qui esL nécessaire pour l'établissement de
la théorie, est formulée de la façon habituelle comme suit. Soit L
un chemin lisse par morceaux dans le domaine G: t = t (t), où t
parcourt un intervalle a ~ t .;;;;;; b. Soient ensuite n = {a = ta <
< t 1 < ... < t,. = b} une partition de l'intervalle [a, bl. C1 =
= t (t1) U = 0, 1, ... , n) les points correspondants du chemin L
et L1t1 = bJ+t - t;,; posons
ft-1

( x(t) dl;= lim ~ x (tJ) 11~.


i d(0)->0 ]=0

L'existence de cette intégrale pour toute fonction continue par


morceaux à valeurs dans un espace normé complet X se démontre de
même que pour une fonction numérique (10.21). On démontre éga-
lement, pour une fonction analytique x (t). le théorème de Cauchy:
si une fonction x (0 est analytique d4ns un domaine simplement con-
nexe G, alors, pour tout eontour fermi L inclus dans le domaine G, on a

~x (t) dl;= O.
(.

En partant du théorème de Cauchy on établit de la façon ordi-


naire la formule de Cauchy
x (Co)=~.~ ~'E~ (Co A l'intérieur de L),
r. •
puis les autres propositions du § 10.3. En particulier, une fonction
analytique x (t;) possède, dans le domaine G, les dérivées de tous
les ordres et se développe, dans tout cercle Q = {1 t - bo 1< p}
inclus dans le domaine G, en sa série de Taylor
00

x (t) = ~ am (t;-!;o)'", (1)


m=O
où a...=~~ x'"'' (t;o) (m=O, 1, 2,, .. ).
94 Cl{. 12. STRUCTURES FONDAMENTALES DE L'ANALYSE

Le rayon de convergence de cette série est égal à la distance du


point to à la singularité la plus proche de la fonction z (Q (i.e. au
point en lequel la fonction z (t) cesse d'être dérivable) et peut être
trouvé d'après la formule de Cauchy-Hadamard (12.39l)
t -. ft/';';""':""ïi
7r= hm
Jn-.og
y liam li·
Les dérivées successives de la fonction z (t) s'obtiennent en
dérivant terme à terme la série (1):

z' (t) = ~ mam (t- ~)m-1,


m-1

x'~' (t) = ~ m (m-f) ... (m- k + f) am (t;- ~)m-~.


m-~

§ 12. 7. Opérateurs linéaires continus


12.7t. Nous avons donné la définition d'un opérateur linéaire
dans 12.15. Il étnit dit qu'une application A d'un espace vectoriel X
ùans un espace vectoriel Y (sur un même corps K) s'appelle opé-
rateur linéaire si les conditions
A (a1z1 + a~.J = a1Az1 +a 2 Ax 1

sont sAtisfaites pour tous z 1 et z 2 rie l'espace X quels que soient les
nombres a 1, a 2 du corps K. Si l'espace Y est unidimensionnel et
Y = K. l'opérateur A s'appelle fonctionnelle linéaire.
Ici nous considérons les opérateurs linéaires d'un espace normé
X dans un espace normé Y, les deu:x étant réels pour le moment.
a. Conformément à la définition générale d'une fonction con-
tinue 5.11a. un opérateur linéaire A d'un espace normé X dans un
espace normé Y e-st dit continu pour z = z 0 E X si, quel que soit
E > 0, il existe uu 6 > 0 tel que 1 z - z 0 1 ..;;;;; 6 implique
IAz-Azo l~e. Comme d'ordinaire, ilya une définition équivalente:
l'opérateur A est continu pour z = z 0 si Azn- Az 0 (dans Y) dès
quE> Zn - Xo (dans X).
b. Un opérateur linoaite A d'un espace X dans un espace Y est
dit borné s'il est borné sur la boule unité de l'espace X, de sorte que
1 z 1 ..;;;;; 1 implique 1 Az 1 ..;;;;; c avP.C une constante fixe c. Dans ce
cas, la quantité
JIAII= sup IAzl
ll<l:!;t
1 12.7, OPtnATEURS LIN2AIRES CONTINUS 95

s'appelle norm~ de l'opérateur A. Pour tout vecteur xE X, on a


IFT-1-1, ù'où lA ~~~IIAII et, par conséquent,
lAz 1~ liA lllxl. (1)
c. Si un opérateur linéaire A est borné, il est continu en tout point
x 0 de l'espace X.
D é m o n s t r a t i on. Soient A un opérateur borné et li A Il
sa norme. Alors on a
l Ax - Axo 1 = 1A (x - Xo) 1 ~ n A Il 1x - Xo l < e
pour un e > 0 donn6 el pour] x - Xo 1<&Ill A 11.
d. Si un optrateur linéaire A est coruinu pour au moins un point
x = x 0• alor·s il est borné.
D é rn o n s t r a t 1 o n. Trouvons un 6 de façon à RVoir
1 Ax - Axo 1 ~ 1. dès que 1 x - Xo 1 ~ 6. Soient 1 .z r ~ 1 et x =
= ro + 6z. Alors on a
1x - xo 1 = 6 1 z 1 ~ 6,
1 Ax - A:ro 1= 1A (x - xq) 1= 6 1 Az 1 ::;;;: 1,
1Azl.,:::f,
œ qu'il fallait démontrer.
e. En tant que conséquence, nous avons: un opérateur linéaire
qui est continu pour au moins un point de l'espfll:e X est continu en
tout son point.
Les trois théorèmes suivants sont également valables pour un
opérateur continu A d'un espace de Danach X dans un espace de
Banach Y:
OD

f. Si une strie ~ Xn =s converge dans l'espace X, alors


1

~ Axn= As.
1
g. Si x (t) est une fonetlon continue par morce(I,UZ sur un inurvc.lle
a~ t ~ b, à valeurs dans l'espace X, alors on a
b b

A { Jx(t)dt} J[A.r(t)}dt.
11
=
a
b. Si x (t) est une fonction dérivable pour t = to. à valeurs dans
l'espace X, alors on a
A [x' (to)l = (Az)' (to).
La démonstration des trois tMorèmes ci-dessus suit une même
voie. Somme d'une série, intégrale et dérivée sont ll.'s résultats de
96 CU. IZ. STRUCTURElS PONDAKENTALES DE L'ANALYSE

certains opéro.tlons linéaires et passages ii. la limite, or un opérateur


linéaire continu commute avec les opérations linéaires ainsi qu'avec
un passage à la limite; il commute donc avec les résultats défi-
nitifs.
1. Si trois opérateurs A, A,, Aa d'un espace vectoriel normé X
dans un espace vectoriel normé Y sont bornés, il en est de même
des opérateurs A 1 + A 2 et a.A (12.15e) pour tout a. réel puisque,
pour 1z 1.;;;;;; 1, on a
1 (At+ At) z 1 = 1 Atz + A,x 1 ~ 1 Atz 1 + 1 A.z 1 ~
::;;;: Il A, Il +
11 Aa 11.
1a.A.r 1 = 1 a. 1 1 Ax 1 ~ 1 a. 1 Il A Il·
De plus, les formules écrites montrent que
Il A, +Azll = sup 1(At +A&)zi...;:IIA,II +Il A& li•
J.:l:s;l
lla.AII = sup 1a.Ax] =la.] sup lAz]= la.l]l Ali
1 o:]«l (sj.,;.l

On peut donc dire que l'espace L (X, Y) des opérateurs linéaires


bornés de X dans Y est un espace normé avec la norme 12.71b~
Il A Il = sup 1Ax 1.
lo:j~l

j. Soient B un opérateur linéaire borné d'un espace normé X


dans un espace normé Y et A un opérateur linéaire borné de Y dans
un espace normé Z. Alors l'opérateur linéaire P = AB de X dans Z
est défini (12.15g). Montrons que l'opérateur Jl est lui aussi borné.
En effet, pour tout z E X on a
IABz 1 ~liA IIIBz 1< liA IIIID lllz 1.
d'où l'on voit que P = AB est un opérateur borné et que
Il AB Il< Il A Il Il B Il· (2)
k. En particulier, pour un opérateur A dans X, on a
liAt Il= IIAA Il~ liA Il'
et de même
IIA'II=IIAtAII-<IIAaiiiiAII...;:IIAII'· }

ÏI-~~~~·~II·A~:~~ li ~~i~"~ 1 jl Ï1 ~ Ï1.:,Ï1 ~i1<


3
()
1. En guise d'exemple, trouvons la norme d'un opérateur linéaire
spécial défini dans l'espace R" la, b) des fonctions réelles continues
sur l'lntervalle a::;;;: t.;;;;;; b. Soit D (t, i..), pour toute valeur du para,
mètre i.. d'un ensemble A, une fonction réelle continue de t E la, b)-
§ 12.7. OPERATEURS LIN2AIRES CONTINUS 97

ct supposons que la quantité


b

D= su? J
a
ID(t, À)ldt

soit finie. Pour z (t) ER' [a, b} posons


b
y (À) = A (z] = J
a
D (t, À) z (t) dt.

L'opérateur A transforme toute fonction z (t) en une fonction


y (À) définie sur l'ensemble A. La fonction y (À) est bornée car
b

1A ~z) 1= 1 y (À) 1= 1 JD (t, À) z (t) dt


0
~
1

.
J
~ 0~ ~x 1 z(t)l· 1D(t, À) 1dt~DII ziJ.
11 a
(5)

Ainsi, la formule (4) définit un opérateur de l'espace R" (a, bJ


dans 1'espace R (A) des fonctions réelles bornées y (À). Ce dernier
espace est muni de la norme naturelle
Il y Il= sup 1y (À)/.
AEA
L'opérateur A est évidemment linéaire; il résulte de l'inégalité
(5) qu'il est borné et que sa norme ne dépasse pas la quantité D.
Montrons que Il A Il= n.
Considérons la fonction Zn (t, À) = Un ID (t, À)], où un (t) est
une fonction continue qui vaut -1 pour
'( ~ -1/n, +1 pour T ~ +1/n el qui
est linéaire dans l'intervalle [ -1/n, ilnl
(fig. 12.10). La fonction Xn (t, À) est r
elle 11ussi continue on ti le produit
D (t,À)Zn (t, À) est une fonction non négative
valant 1 D (t, À) 1 pour 1 D (t, À) 1 ::;>
~ 1/n el ne d~passant pas 1 D (t, À) 1 Fig. :12.:10.
aux autres points. Pour un À E A fixe,
la fonction Zn (t, À) est un élément de l'espace R" (a, b). De plus

A (Xn (t, À)l >


b
J
11) (1, 1.)1;;>1/n
ID(t, À)idt::;::,.

~ J
0
iD(t, À)ldt-+(b-a).

7-2286
98 CH. 12. STRUCTURES FOKDAMENTALES DE L'ANALYSE

Comme Uzn (t, i..) n.;;: f, on a


b
liAI!= sup IIA.z(t)ll~supiA[z,.(t, À)JI=sup
l(sll<el "· >. >.
JID(t, i..)ldt.
a

Compte tenu de l'inégalité (5), nous obtenons


b
Il A Il= sup ) 1D (t, i..) 1dt,
>.eA "
ce qu'il fallait démontrer.
1. Soit D (t) une fonction continue de t E [a, b); alors la formule
b

F~=JDOOzOO~ ~
Cl

définit une fonctionnelle linéaire dans l'espace R" (a, b) que l'on
peut considérer comme cas particulier de l'opérateur décrit dans l,
l'ensemble des valeurs du paramètre i.. étant formé d'un seul point.
En appliquant le résultat l on obtient: la norme de la fouctionnelle
(6) vaut
b
Il FJI = s1D (t) 1~.
a

t2.72.Théorilme sur l'application ouverte.


a. Solt y = 1 (z) une fonction définie sur un ensemble X à valeurs
dans un ensemble Y. Tous les points y= f (z), où z parcourt un
sous-ensemble Q c X, forment l'image du sous-ensemble Q qui
se note 1 (Q). L'ensemble de tous les points z E X pour lesquels
y = 1 (z) appartient à un sous-ensemble F c Y s'appelle image
réciproque du sous-ensemble F et se note l-1 (F).
Si X et Y sont des espaces métriques et y = 1 (z) une fonction
continue, alors l'image réciproque 1-1 (G) de wut sous-ensemble ouvert
G c Y est un sous-el'IJiemble ouvert dam X (5.14a).
Cependant, l'image 1 (G) d'un ensemble ouvert Ge X n'est
pas forcément un ensemble ouvert dans Y. Par exemple, si X est la
droite -oo < z < oo et Y la droite -oo <y< oo, la ronction
y = 1 (z) étant constante, alors l'image de tout ensemble ouvert
(et, en général, de tout ensemble G c X) se réduit à un seul point y
qui ne constitue pas un ensemble ouvert dans Y. Si l'on renforçait
l'hypothèse en exigeant que la fonction 1 (z) applique l'espace X
sur Y, alors on considérerait la fonction continue valant (z- 1) 3
pour z;;;;, t, (z + f)8 pour z::;;;: -1 et 0 pour [ z 1 < t; cette fonc-
tion qui applique l'a:xe X tout entier sur l'a:xe Y transforme l'en-
semble ouvert {1 z 1< 1} toujours en un seul point y = O.
Supposons que la fonction continue y = f (z) applique d'une
fnçon bljecttve l'espace X dans l'espace Y. Choisissons pour X l'es-
5 12. 7. OP2RATEURS LIN2AJRES CONTINUS 99

poce D 1 (a, b) des fonctions z (t) continûment dérivables sur l'in-


tervalle [a, b] (t2.25) muni de sa mHtrique naturelle et pour Y 1~
sous-ensemble de 1'espace R' (a, b) do toutes les fonctions cou ti nues
sur [a, b] (toujours a\'ec sa métrique nat.urelle) qui est formé des
fonctions continfiment dérivables; nous avons le droit de considérer
ce sous-ensemble comme espace métrique. Considérons l'applicntion
y = f (x) qui fait correspondre touto fonction x = x (t) E D 1 (a, b)
à eile-même: y = y (t) - z (t) ER' (a, b). Cette application est
continue car la convergence z,. (t)-+ z (t) dans D 1 (a, b) implique,
hien entendu, la convergence Yn (t) = Zn (t)- y (t)- x (t) dons
R• (a, b). L'application y = f (x) est évidemment bijective. Néan-
moins, l'image d'un ensemble ouvert dans X, par exemple de la
boule unité ouverte V dans D 1 (a, b), n'est pas ouverte dans Y,
parce que tout voisinage d'un point Yo (t) E 1 (V) défini par l'inéqua-
tion max 1 y (t) - y 0 (t) 1 < e contient des fonctions à déri,·ée
indéfiniment ~ronde.
b. Nous comprenons maintenant que les hypothèses du théorè-me
suivant sont essentielles:
Th é o r è rn e su r l' a p p 1 i c a t i o n o u v e r t e (il a-
n ac h). Soit A un opérateur linéaire conti!IU appliquant d'une façon
bijective un espace normé et complet X sur un espace normé et romplet Y.
A lors l'opérateur A transforme tout ensemble ouvert G c: X dans un
ensemble ouvert f (G) c: Y.
Démonstration. Désignons par V, la boule {x: 1 z 1 <r}.
Nous allons d' ahord d~montrer que la fermeture de l'ensemble
A (Vd dans Y contient une boule de l'espace Y.

Par hypothèse, on o Y=
... V,.)= UA
A(X)= A ( U "'
(V,.). D'nu-
n~t n ... l
ID

tant plus, Y= U A (V,.).


,._, En vertu du théorème dl' LI. ure (3. 7511),
il e:rist!' un numéro n=N tel quo l'ensemble :\tl',) contienne
une boule {y: IY-Yot<e). Comme l'ensemble A(VN) est évidem-
ment équilibré, il contient également ln boule {y: IY+Yol<e}.
Do plus, 1'ensemble A (V.v) est convexe (puisqu'un opérateur liné-
aire transforme un ensemble convexe en un onsembh.•. convoxe, et
la fermeture d'un ensemble convl'xe est convexe d'après t2.621) !'l
contient donc la boulo W.= {y: 1y 1< e} incluse clans J'envoloppe
convexe de deux boules mentionnées.
Pour la raison d'homothétie, il est clair que, quel quo soit
p>O, on a l'inclusion Wpc:A(VNPtel· En particulier, on n
WetNC:A(V 1), ce qu'il nous fallait.
Montrons à présent quo 1'ensemble A (V1) lui-même (et. non
seulement sa fermoture) contient la boulc We/(2N)• Soit yE WeiiZN)·
7•
100 CH. 12. STRUCTURES FONDAMENTALES DE L'ANALYSE

Puisqu'on a démontré que w2/(2N) c: A (Vt,z}. il est possible de


choisir un point y 1 EA(V 11 2) autant proche que l'on veut
du point y. Par exemple, on peut le faire de façon à avoir
1 y- Y1l < et(4N). Vu que W o/(4N) c: A (V 1,,), on peut trouver de
même un point Yz E A (V 114) tel que 1 y- y 1 - Yz 1< et(SN). En
continuant le procédé on construit, pour tout n = 1, 2, ... , un
point Yn E A (V 112 n) tel que IY-Yl-Yz- ... -Yn 1< e/(2n+ 1N).
ID

Par construction on a y= ~ Yn· Or, Yn ,._, = Azn, où Zn EV 112 n, de


sorte que 1Zn 1 < 112n. L'espace X étant complet, la série .z, + Zz + ...
ID

converge (12.37b): soit z = ~ Zn. Comme l'opérateur A est con-


n=!
ID ID

tinu, Az=A(~zn)=fAzn=:fun=Y· De plus, lzl..;;;:flznl<

< ~ 2
1
" = 1. Par conséquent, la boule Wa/(2N) est contenue dans
1
l'image de la boule V1 , ce qu'on affirmait.
Toujours pour la raison d'homothétie, on a WP c: A (V"f'I!ZN))
pour tout p > O. En particulier, il résulte de 1 z - z 0 1 < 0 que
1 Az- Azo 1 = 1 A (z- zo) 1 < Be/(2N), de sone que l'image
A (U) de la boule U =
{z: 1 z - z 0 1 < 5} contient la boule
(y: 1 y - Az 0 1 < 5e/(2N) }. Il en découle que l'image de tout
ensemble ouvert G c: X est un ensemble ouvert dans Y, et le théo-
rème est complètement démontré.
e. Cons é que nee. Si A e1Jt une application continue et isomor-
phe (12.14 j) d'un espace normé complet X sur un apace normé com-
plet Y, alors l'application inverse A - 1 est elle aussi continue.
D é m o n s t r a t i o n. Dans ce cas, l'opérateur inverse A-l
est défini d'une façon univoque et est évidemment linéaire de même
que A. En vertu du théorème b, l'image réciproque par l'opérateur
A-1 de tout ensemble ouvert G c: X est l'ensemble ouvert AG c: Y.
En particulier, l'image réciproque de la boule {z: 1z 1 < e} eon-
tient une boule (y: 111 1< 5 }, ce qui signifie la continuité de l'ap-
plication A - 1•
d. C o n s é q u e n c e. Si un espace vectoriel L est complet par
rapport à chacune des deux normetJ 1 z 11 et 1 z lz, alors l'existence d'une
comtante c1 telle que 1'z 1a ~ c1 1 z lt pour tout z E L implique l' exis-
tence d'une constante "cz telle que 1 z 11 ~ c2 1 z lz pour tout z E L;
les normes 1z 1t et 1z b s'avèrent donc équivalentes (12.35).
Dé rn ons t ra ti on. Considérons l'application identique A de
l'espace normé X que l'on obtient en munissant L de la norme 1 z 12
sur l'espace normé Y que l'on obtient en munissant L de la norme
§ 12.7. OPitRATEURS LINEAIRES CONTINUS 101

1 z 11• En raison de l'inégalité 1 z lz ~ c1 1 z lt. cette application


est con~inue. Par hypothèse el selon c l'application inver~ est con-
tinue elle aussi, d'où le résultat cherché (f2. 71d).
e. Supposons qu'un espace complet X soit mis sous forme de
somme directe de deux sous-espaces fermés X 1 et X z, de sorte que,
pour tout vecteur z E X, on a une représentation unique
z = Z1 + Zz, Zt E X h Zz E X z.
L'opérateur P 1 qui à tout vecteur z fait correspondre sa compo-
sante z 1 s'appelle projecteur (ou projection) sur le sous-et~pace X 1 ; d'une
manière analogue, l'opérateur P 2 faisant correspondre à tout vecteur
z sa composante z 1 s'appelle projecteur (ou projection) sur le sous-
espace X 2• Ces opérateurs sont évidemment linéoires, mais il n'est
point évident qu'ils soient continus. Nous verrons que les opérateurs
P 1 et P 2 sont continu$ en supposant l'espace X complet, les sous-espa-
ces X 1 et X 2 fermés, et en utilisant le théorème sur l'application
ouverte.
En plus de la norme initiale l z 1 !!!!!t 1 z 11, introduisons dans
l'espace X la norme
1z lz = 1z, 1t 1Zz h· +
Il est évident que 1z 12 vérifie les axiomes de la norme. Nous
avons aussi tzll..;:;;:lzt[ 1 +lz 2 11 =lzla· Montrons que l'esp11ce X est
complet par rapport à fa norme 1z la· Soit {r">} une suite de
Cauchy pour la norme 1z 12 ; il résu\te de l'égalité 1z!"l-ztml 1~ =
+
= 1zj")-z{m> 1. 1Z~"l-4ml 11 que les suites (z1"l} et {z~"l} sont de
Cauc'hy pour la norme 1z l•· L'espace X étant complet, il existe
les limites z 1 = lim Z\"1, Zz= lim-P."l; les sous-espaces X 1 et X 1
n-+00 n-..rD
étant ferm6s, on a z 1 EX., z 3 E X 2 • Posons z = z 1 z 2 • Nous avons +
+
z-,x(nl k = 1z 1 -z,n) h 1Zz-z~n) h- 0, de sorte que z est la
1imite de la suite {zl">} pour la norme 1z k. ce qui démontre que X
est complet par rapport à la norme 1z ~· En appliquant d on voit
que les normes 1z 11 et 1z lz sont équivalentes; en particulier, il
existe uno constant& c telle que l'in~gelité
1z lz = 1 Z1 1. + 1 Zz 11 .;;;;; c 1z f1 = c 1z 1
a lieu pour tout z E X ; mais alors on 1 eussi
1 P,z 1 = 1z, l1 .;;;;; c 1 z 1. 1 Pzz 1 = 1 Zz 11 .,;;;; c 1 z 1,
ce qui démontre la continuité des opérateurs P 1 et P 2 •
f. Soient toujours X un espace complet, somme directe de deux
sous-espaces fermPS X, et X~. et P 1 et Pz les projecteurs rorrl'spon-
dants. Soient A 1 un opérateur linéaire continu dans X 1 et A 2 un
opérateur linéaire continu dans X 2• D6finissons dans l'espace X
102 CH. IZ. STRUCTURES PoNnA..MENTALES DE L'ANALYSE

l'opérateur A d'après la formule


Az - A (.z, + .z1 ) = A,z. + AzZz.
L'opérateur A est évidemment linéaire.
L'opérateur A est conttnu dans l'espace X.
En effet,
Az = A1z1 + Az.xz = A 1P 1.z + A 2P 2.z
et, les opérateurs P 1 et Pa étant bornés dans l'espace X d'après e,
nous avons
1Az 1.;;;;; Il A1 11·11 P, 11·1 .z 1+ Il Az Il ·Il Pa 11·1 .z 1 ""' c 1.z 1.
ce qu'il nous fallait.
12. 73. Co n v e r g e n c e d' u n e s u i t e d' o p é r a -
t e u r s 1 i n é a i r e s.
a. Dans 12.71b on a introduit la .norme
Il A Il = sup lAz 1
lzi:Sl
dans l'espace L (X, Y) des opérateurs linéaires d'un espace normé X
dans un espace normé Y.
Une suite A~o A 2 , • • • d'opérateurs converge pour cette norme
vers un opérateur A si, pour ~out e > 0, il existe un numéro N tel
que l'inégalité
sup ]Az-Anzl~e
1>=1:51
est remplie pour tout n ;;;;, N.
b. Montrons que l'espau L (X, Y) est complet st Y l'est. Soit
A., A 2 , • • • une suite de Cauchy d'opérateurs linéaires de X dans Y,
de sorte que pour toute> 0 il existe un numéro N tel que l'inégalité
JI An- Am Il~ B (1)
a lieu pour n, m;;;;, N. Quel que soit .z E X, nous avons d'après
12.71 (1):
1A..z - Am.z 1~Il A,. -Am IJI.z 1~ B l.z 1,
de sorte que les vecteurs A.. z E Y forment une suite de Cauchy dans
l'espace Y. L'espace Y étant complet, Il existe un vecteur y E Y
tel que y = Hm A.. .x; posons y = A.z et montrons que A est un
f\-00
opérateur linéaire borné qui est la limite (dans l'espace L (X, Y))
de la suite A... L'égalité
A (a.z + py) =limAn (cu+ py) = lim (aA,..z +PAny)=
...... GO ft-+CID

-- -
=a llm Anz + P Hm Any= aA.z + pAy
1 12.7. OPElRATEURS LJN8AIRE9 CONTINUS 103

montre que A estlin~aire. Ensuite, pour 1 z 1 ~ 1, on a


IAz-Am:x 1= 1(A-Am)ZI = ,lim,.. 1(A,.-Am)ZI~e
... (2)
en vertu de (1) et pour m ~ N; il en résulte que A - Am, donc
aussi A, est un op~rateur borné. Enfin, l'in~gallté (2) montre que,
pour m ~ N, on a l'inégalité
Il A- Am Il~ e,
de sorte que A = lim Am pour la norme de l'espace L (X, Y).
Si Y est l'axe rZ'J'"'R., l'espace L (X, Y) = L (X, H 1) est bien
complet. Cet espace (celui de toutes les fonctionnelles linéaires con-
tinues sur l'espace X) est appelé espace dual (ou dual tout court) de X
et désigné par X •.
e. En particulier, l'espace L (X, X) des opérateurs linéaires
bornés dans un espace de Banach X est complet. Dans la suite il
est désigné par L (X).
d. Il arrive que les op~rateurs A, A1 , Az, ... possèdent la
propriété A,.z- Az pour tout z E X, mais Il A,. - A Il ne tend
pas vers zéro. (Un exemple sera donné dans f2. 75g.) Le lemme sui-
vant nous sera utile:
L e m m e. Si les normes des opérateurs A11 A 2 , • • • sont majorées
par une mlme constante c et que la relation limite Az = lim A,.z soit
n-oo
valable pour tous les éléments z d'un ensemble Q partout dense dans X,
alors Az = lim Anz quel que soit z E X.
n-oo
D é m o n s t r a t i o n. Soit z = lim z,., où zk E Q. Pour un
ll-ooo
e> 0 donné, trouvons un num,;t." /, de façon à avoir 1 z - z~ 1 <
< e/(3c), puis un numéro N tel qui.' l'inégalité 1 Az~ - Anz~ 1 <
< e/3 ait lieu pour n ~ N. Alors, pour n ~ N, on aura
1Az-A,.z 1~ 1Ax-Az~ 1+ 1Az~ -Anz~ 1+
+ IAnxii-A,.zl~ll Alllz-zk l+i+
e • 8 e
+ 11An lllx~-zl~caë+3+c3ë=e,
ce qui veut dire que Az = lim Anz.
Une suite d'opérateurs "'"'"'A 11 A 2 , • • • pOBSédant la propriété
A..z- Az pour tout z E X sera appelée forterrumt convergente vers
l'opérateur A, et ce dernier opérateur sera dit limite forte de la suite An.
12. 74. P r i n c i p e d e 1 a b o rn e u n i ro r rn e.
a. T h é o r è m e (Ba n 11 ch et Ste 1 nha u s). St les n017M8
d'une suite d'opérateurs linéaires conttnus A1 , A 2 , • • • d'un espace de
104 CH. 12. STRUCTURES FONDAMENTALES DE L'ANALYSE

Banach X dall8 un espace normé Y forment une suite non bor1lée


sup liAn Il= oo,
"
alors il e:z:iste, dans toute boule Up (:z: 0 ) = {:z: E X: 1:z: - Z 0 1< p ),
un point :z: tel que
sup 1A,. (:z:)
n
= oo.
1

D é mo n s t r n t i o n. La suite des fonctions A 1 (:z:), A 2 (:z:), •••


dont chacune est bornée dans la boule 1 :z: 1 ~ 1 n'est pas bornée
uniformément dans cette boule. Pour la raison d'homothétie, elle
n'est uniformément bornée sur aucune boule 1 :z: 1 =:;;;; r. Qui plus
est, elle n'est bornée uniformément sur aucune boule de la forme
U, (:z:o) = {:z:: 1 :z: - :z: 0 1 ~ r} car, si les vecteurs A,. (:z:) et A,. (:z:o)
étaient bornés pour :z: E Ur (:z:0 ), il en serait de même des vecteurs
A,. (:z: - zo) = A,. (:z:) - A,. (:z: 0), ce qui est impossible puisque
:z: - :z: 0 parcourt la boule de rayon ret de centre O. Choisissons donc
dans la boule Up (:z: 0) un élément :z:1 , 1 :z: 1 - :z: 0 1 < p pour lequel
la valeur de l'un quelconque des opérateurs A,. (désignons-le pour
le moment par A1) dépasse en norme l'unité:
1 At (:z:,) 1 > 1.
L'opérateur A1 étant continu, il e:xiste une boule U"• (:z: 1 ) eon_
tenue entièrement dans la boule initiale Up (:z: 0 ) et dans laquelle
l'inégalité
1 A, (:z:) 1 > 1
est satisfaite.
Trouvons à l'intérieur de cette boule un élément :Z:z et un opéro.-
teur A 2 (:z:) de façon à avoir 1 A 2 (:z:) 1 > 2, puis une autre boule
Up1 (:z: 2) contenue dans la précédente en tout point de laquelle on a

1Az (:z:) ]> 2 (Pz < { P1)


En continuant nous aboutissons à une suite des boules emboîtées
de rayons p 1, pz, ... tendant vers zéro. Pour le point :z: commun
à toutes ces boules (qui e:xiste en vertu de la complécité de l'espace X
et du lemme 3.74d), on a les inégalités
1 A1 (:z:) 1 > 1, 1 As (:z:) 1 > 2, ••• , 1 A,. (:z:) 1 > n, .• ·•
ce qu'il fallait démontrer.
b. Co n s é q u e n e e. St A1 , Az, ... est une suite d'opérateurs
ltnéaires conttnu.s d'un espace de Banach X dans un espace normé Y
et si, pour tout vecteur :z: de l'espace de Banach X, la suite des vecteurs
A1:z:, A 2:z:, ..• est bornée, alors les normes des opérateurs A., A 2 ,
sont majorées par une même constante.
1 12.7. OP:eRATEURS LIN2AJnES CONTINUS 105

c. Cons é q u e n c e. Si une suite A., A 2 , • • • d'opérateurs


linéaires continus d'un t!Bpace de Banach X dans un espace de Banach Y
est telle que, pour tout z E X, les vecteun y,. = Anz ont une limite
y E Y, alors l'application A: {z- lim Anz} est un opérateur linéatre
continu de X dans Y.
D é m o n s t ra t i o n. Soient z 1 et Zz deux vecteurs quelcon-
ques de l'espace X, a 1 et a 2 des constantes arbitraires. En passant à
la limite pour n - oo dans l'égalité A,. ( a 1z 1 + +
a 2za) = a 1Anz 1
+ a 2 A,.zz on obtient A (a,z 1 + a 2z 2) = a 1A.z 1 + azAzz, de sorte
que l'application A est linéaire. La suite des vecteurs A,.z étant
convergente donc bornée pour tout z E X, on voit, d'après b, que
les normes des opérateurs A,. sont bornées: Il An Il::;;;: C. Par consé-
quent, nous avons 1A.,z 1::;;;: Il An Il::;;;: C pour tout z, 1z 1::;;;: 1,
donc 1Az 1 = lim lA,. z 1 ~ C; ainsi, l'opérateur A est borné
R-+ ID
dans la boule unité, donc continu, ce qu'il fallait démontrer.
De plus, la suite des opérateurs A,. converge fortement vers l'opé-
rateur A (12. 73d).
d. Le raisonnement précédent fournit l'estimation suivante pour
la norme de l'opérateur A:
Il A Il ::;;;:sup Il An 11.
n

On peut la préciser, Soit c= lim Il A,. 11. et supposons que, pour


un e > 0 donné, on dégage unesous-suite An~ (k = f, 2, ..• ) pour
+
laquelle Il Anh Il~ c e. Comme, évidemment, Az = lim An~Z pour
~- ...
tout zE X, on a
Il A Il ~ su p Il An,. Il ~ c +e
d'après ce qui précède; vu que B est arbitraire, on a
liA ll.::;;;:lim liAn 11.
Dans certains cas concrets, on peut mettre le symbole < dans
cette inégalité (on en verra un exemple dans 12.75g).
e. Le mme. Supposons qu'une suite d'opérateurs An converge
fortement vers un opérateur A et une suite de vecteurs Zn converge (en
norme) vers un vecteur z. Alors Az ~ lim AnZn.
D é m o n s t r a t i o n. En vertu d':;rincipe de la borne uni-
forme, les normes des opérateurs An sont bornées par une constante C.
Donc
1 Az - A,.z" 1::;;;: 1 Az - A"z 1 + 1 Anz - Anx,. 1~
~I(A-An)zi+C IZ-Znl·
Les deux termes dans le second membre convergent vers zéro
pour n - oo, ce qui démontre le lemme.
106 CH. 12. STRUCTURES FONDAMENTALES DE L'ANALYSE

f. Daos a-e, on peut remplacer la suite d'opérateurs An par une


fonction A (t) à valeurs op~ratorielles, d~finie sur un ensemble T =
= {t} et la convergence pour n - oo par la convergence suivant
une direetion S définie sur l'~nsemble T (4.12).
Dans les paragraphes qui suivent nous exposons certaines appli-
cations importantes du principe de la borne uniforme.
12. 75. E s p a c e d e s s u i t e s b o r n é e s e t s e s
s o u s - e s p a c e s.
a. Désignons par X l'espace vectoriel de toutes les suites réelles
bormSes z = (~ 1 , ~ 2 , . • . ) avec les op~rations usuelles (par coordon-
nées) et avec la norme d~finie par la formule
l!x Il= sup 1~n l-
n

Les axiomes de l'espace vectoriel normé sont vérifiés d'une façon


évidente. De plus, l'espace X est complet; on peut le d~montrer direc-
tement ou bien citer le théorème sur la coraplécité de l'espace
R" (M) de toutes les fonctions réelles bornées et continues sur un
espace métrique M (i2.23f); dans le présent cas, cet espace métrique
est l'ensemble des nombres naturels muni de la métrique usuelle de
la droite numérique.
b. Soit une suite de nombras réels f 1 , fz, ... , ~lfnl<oo.
n=l
Alors, pour tout x=(~..... , ~ ...... ) EX, 1'expression
00

f(z)= ~ M,n (f)


n-1
est définie et l'inégalité
lf(x)l~supl~nl ~Ifni (2)
n n~l

a lieu.
L'expression (1) rapr~sent.e, évidemment, une fonctionnelle
linéaira sur l'espace X. L'Inégalité (2) montre que cette fonctionnelle
est bornée sur la boule unité de l'espace X, elle est donc continue;
de plus, sa norme a pour majoration
...
llfll~ ~Ifni· (3)
n-1

Co!lllidérons la valeur de la fonctionnelle f pour le vecteur z 0 =


= (~ .. ~z •... ), où ~~ = sgn t~ (k = 1, 2, ... ). Notons que le
vooteur z 0 appartient à la boule unité de l'espace X. Nous avons
...
/(xu) = ~ !h sgn /~ = ~ 1t~ 1.
k:::al k=l
1 12. 7, OPBRATEURS LINJ!iAJRES CONTINUS 107

d'où
11/11= sup 1/(z)l~l/(zo)l= ~ 1/ld. (4)
lo:J:E;I "'=>1
En comparant les inégalités (3) el (4) nous voyons que
00

~ 1fn 1·
Il fIl= n-1 (5)
Les fonctionnelles de la forme (f) n'épuisent pas l'ensemble de
toutes les fonctionnelles linéaires continues sur l'espace X. Tout de
même, pour certains sous-espaces de l'espace X, la formule (1) donne
la forme générale de la fonctionnelle linéaire continue. L'un des
sous-espaces de ce genre est considéré dans c.
c. Désignons par X 0 l'ensemble de tous les éléments z =
= (s., Ez, •.. ) E X pour lesquels Hm Sn = O. Il est évident que
n-+oo
X 0 est un sous-espace dans l'espace X. Prouvons que ce sous-espace
est fermé. Soit
Xm = (;~."'>} EX0 (m = t, 2, ... ) et z ={sn)= Hm z....
m-+00

Pour un e>O donné, trouvons un numéro m tel que llzm-ZII=


= sup 1s~"'>-sn 1< e/2. Puis trouvons un numéro p tel que pour
n~~ on a l'inégalité IE~"'>j<e/2. Alors, pour tout n~p. on a
+
également 1Sn 1~ 1En- ~la"' 1 1s~"'> 1< E, ce qui signifie que
lim En= O.
.......
L'ensemble X 0 étant fermé dans un espace complet X, l'espace
normé X 0 est complet.
d. Posons à présent en - (0, ... , 0, 1, 0, ... ), où f occupe
s
la n-ième place. Pour tout z = {; 1 , 2 , • • • ) E X 0 , nous avons

llz- ~"' no=l


snenii=II(E., ... ,Sm,;,.+., ... )-a,, •··· ;,., 0, ···>Il=
=Il (0, ... , o, E...+•· t..+~.... ) Il
et, si le nombre N est choisi pour un e > 0 donné de facon à
avoir IEml<e "'
pour m>N, nous obtenons llz-~snenll<e; ainsi
1

la série étant convergente par rapport à la norme de l'espace X 0•


En particulier, nous voyons que l'ensemble des z = (Ç 1 , Ea ••.. ),
pour lesquels toutes les coordonnées Sn li partir de l'une quelconque
sont nulles, représente un ensemble partout dense dans X 0 •
108 CH. tZ. STRUCTURES FONDAMENTALES DE L'ANALYSE

...
e. Supposons qu'une suite {/r.} soit telle que la série }j f,.~
... l

converge quel que soit z =a,.} EXo. Alors \a série ~ 1/r. 1 converge
1
elle aussi. En effet, considérons les fonctionnelles liDéaires
n
cpn(Z)=~Mr. (n=1, 2, ... ).
1

Par hypol.hèse, les valeurs de ces fonctionnelles ont une limite pour
n - oo quel que soit z E X 0 . Alors, d'après f2. 74b, les normes des
fonctionnelles q~n sont majorées par une même constante C. En appli-
quant (5) on a pour 'tout n l'inégalité
n

II'Pnll=~l/r.I~C.
l

"'
d'où la convergl.'nce de la série ~ 1/r. 1·
. t
f, Montrons à présent que l'expreuion (1) fournit la forme
glnérale d'une fonctionnelle linéaire continue sur l'espactJ X 0• Soit
f (z) une fonctionnelle linéaire continue sur l'espace X 0 • Posons
f (er.)= f,. et formons la suite des fonctionnelles linéaires continues
cpn (z)= ~ ~,.e,. a lieu
tf,.~,. (n-=1, 2, ... ). Puisque l'égalité z= k-l
k-1
pour tout z EX 0 et la fonctionnelle f est continue, on a
.., ID

1(z) = 1 ( ~ ~,.e,.) = ~ tro! (er.)= ~ tro/r.


k-t 11-1 k-l

pour tout zE X0 • Nous voyons que la fonctionnelle / agit selon


la formule (1), la série f...
1/~& 1 étant convergente en vertu de e.
Notre proposition est donc démontrée.
Notons encore que la norme li/llo de la fonctionnelle f dans
ID

l'espace X 0 est égale à sa norme Il fIl=~ 1/r. 1 dans X tout entier.


l
En effet, il est évident que 11/l~-"' 11111. D'autre part, en appli-
quant la fonctionnelle fau vecteurzn={sgn / 11 ••• ,sgn/n.O,O, ... }EX 0
n n n

nous avons /(zn)""~/,.sgnfr.=~l/"1· d'où 11/1~::;;:.~1/r.l pour


1 \
... 1

tout n = 1, 2, . , . , de sorte que li/llo::;;:,.~ 1/r. 1· Par conséquent,


1

li/llo= ~1 1fr. 1= 11/11, ce qu'on aUirmait.


1 12.7. OPl!!RATEURB LIN2AIRI!!S CONTINUS 109

g. Consid~rons en particulier la fonctionnelle g~ (.z) = ~~~ (qui


à tout vecteur .z fait correspondre sa k-ième coordonn~e). Elle si
d!Sduit de (1) en posant fh = 1, fm = 0 pour m +k. La norme de
cette fonctionnelle va ut 1 quel que soit k = 1, 2, . . . De pl use
pour tout .z = (~., ~2.• • • • ) E X 0 , on a
lim g,. (.z) = lim ~=O.
k~rD k~rD

Ainsi, la suite des fonctionnelles g 11 converge fortement vers zéro


pour k-+ oo (12. 73d) bien que leurs normes ne le fassent pas.
h, Désignons par X 1 l'ensemble de tous les éléments .z =
= (E~o Ez, ... ) E X admettant la limite finie de la suite En pour
n-+ oo. L'ensemble X 1 forme, évidemment, un sous-espace de l'es-
pace X et contient le sous-espace X 0 et l'espace unidimensionnel
{Ae} des éléments de la forme Ae = p. , À, À, ••• } ; il est évident
que X 1 est la somme directe de deux sous-espaces mentionnés. Le
soWI-espace X 1 est fermé dans l'espace X; on peut le démontrer direc-
tement ou bien citer le théorème 12.23! en remarquant que X 1
peut être considéré comme espace de toutes les fonctions bornées
et continues sur l'espace métrique composê des nombres naturels
1, 2, ... et du symbole oo, avec une métrique dans laquelle les
.
nombres 1, 2, ... sont isolés et oo = lim n (cf. 3.35f) .
_, ...
1. Dans le sous-espace X 1 Il y a déjà une fonctionnelle linéaire
continue qui n'est pas de la forme (1), notammsnt
L (z) = lim E...

Si l'on pouvait la mettre sous la forme (1) avec certains nombres


1,, fe. . .. , de sorte que
...
L (.z) = ~ f,.;_.. = lim Sn,
11-1 n-rD

alors, en posant .z = em. on obtiendrait L (em) =fm= 0 (m = 1, 2, ... ) ;


mais dans ce cas, pour .z = e = (1, 1, ... ), on aurait L (e) =
...
= ~ t~ ·1
llœl
=0 en contradiction avec L (e) ~ lim 1 = 1.
Ainsi, la fonctionnelle L (.z) n'est pas une fonctionnelle du type
(1). Or elle est la limite forte (12.73d) de fonctionnelles de la for-
me (1) sur l'espace X 1 : évidemment on a, pour tout .z E X 1o
L (.z) = lim g,. (.z).
,.......,
12. 76. S o m m a t i on d e su i t es bornée s.
a. Nous savons qu'il existe des suites bornées, mais non conver-
gentes, de nombres réels. Proposons-nous d'étendre la notion de limite
d'une suite convergente aux suites de nombres r~els qui divergent
110 CJi. 1:. STRUCTURES FONDAMENTALES DE L'ANALYSE

eu sens usuel du mol. Autrement dit, il s'agit de faire correspondre


il. toute suite z = {a,} d'un sous-espace fermê X• c: X contenant
le sous-espace X 1 des suites convergentes un nombre Lim an appelê
limite généralisée et vérifiant les conditions naturelles suivantes:
1) Lim (aan +Pbn) = aLim a" +
PLim b, quels que soient
des suites (an} et (bn} de x· el des nombres rêels a et p;
2) Lim an = lim an pour toute suite cou,·ergenle a, ;
3) Lim a, est une fonctionnelle bornée et continue sur x•.
b. En tant qu'exemple, considérons la limite au seos de Cesàro.
Par déflnition, la limite nu sens de Cesàro d'une suite {an}, désignée
par C-lim an, est égale à la limite ordinaire (si cette dernière
existe) de la suite des moyennes arithmétiques des an:
C-lim an= lim al+··· +an •
n~rD n
On peut montrer que la limite de Cesàro vérifie les conditions
1)-3) sur son domaine d'eltistence; nous n'insistons pas là-dessus,
paree que, un peu plus bas, un théorème plus général sera démontré.
Notons que la limite de Cesàro peut bien exister dans certains cas où
la limite ordinaire n'existe pas. Il est, par eltemple, évident que

C-lim (0, 1, 0, 1, •.. )=~·


c. Les fonctionnelles de la forme 12.75 (1) ne conviennent pas
pour la construction d'une limite généralisée, paN:e que mf-me la
limite ordinaire lim 6n sur le sous-espace X 1 ne pput êlro mise
n-œ
sous cette forme (12. 75i). La limite ordinaire est, on l'a vu dans
12. 75i. la limite forte des fonctionnelles spéc.iales ùe la forme
12.75 (1); il faut donc étudier la possibilité d'obtenir une limite g~n.;­
ralisée comme limite forte de fonctionnellps 12.75 (1 ). Pour a\'oir lill t'
suite de fonctionnelles de cette forme, on doit se donner une matrice
infinie T = Il t~m i!- k, m = 1, 2, ... dont les lignes définissent
les fonctionnelles
""
T~ (x)= ~ t~m~m·
m-1

S'il existe la limite ordinaire de ln suite des nombres T~ (z) pour


k _,.. oo, nous l'appelons T-limHe de la suite (~,} el désiguous
T (z) = lim T~ (z) = T-lim ~n·
k ... ao n-ao

Comment doit être la matrice T pour que le domaine de défini-


lion de la fonctionnelle T (z) contienne toutes les suites con\"ergentes
et pour que les conditions 1)-3) caractérisant une limite généralisée
soient. satisfaites? La réponse est donnée par le tbéorëmc suivant.
i 12.7. OP21lATEURS LIN2AIRES CONTINUS 111

T h é o r è m e (T o e-p 1 i l z). La fonctionnelle T (.z) est une


limile généralisée si, et seulement si, les conditions suivantes s6nt
vérifUes:
"'
~ lt~ml..;;:c, où cne dépend pas de k; (1)
m-1

lim ~ t~m= 1; (2)


k-com=1

,._ ..
limtr.m=O (m=1, 2, ... ). (3)

D é mo n s t r a t i o n. Prouvons la nécessité des conditions


(1)-(3). Si la fonctionnelle T (.z) est définie, il en est de même de tou-
tes les fonctionnelles T ~ (.z) pour n'importe quelle suite .z = gn}
convergeant vers zéro. Il en résulte en vertu. de 12. 75e que chaque
...
série ~ 1 t~m 1 converge. Ensuite, d'n11rès le théorème de Banach-
m=l
Steinhaus 12.74b, il découle de ln con\"ergence de la suite Th (.z),
pour tout .xE X 0 , que les normes des fonctionnelles Th sont bornées;
en écrivant ces normes comme dans 12. 75b nous voyons que la condi-
tion (1) est vérifiée. En appliquant la T-limite à la suite .z =
= (1, t, ... ) nous voyons que la c-ondition (2) est aussi vérifiée.
En appliquant la T-limite au vcctu••r l'~ (12. 75d) nous établissons
la condition (3).
Démontrons à présent que les l'<otnlitions (1)-(3) sont suffisantes
pour que la fonctionnelle T (.z) soit une limite généralisée.
Si les valeurs T (.z) = lim T,. (.z) et T (y) = lim T 11 (y) sont
lt-œ la ... rD
définies pour certaines suites .% = nn) et y = {"ln}, elors le nombre
T (a.z + ~y) = l!m T~ (a.z + ~y) = a lim T~ (.z) + ~ lim T,.(y) est
défini quelles que soient les constantes a el ji; ainsi le dom eine de
définition Xr de la fonctionnelle T (.z) est un espace vectoriel, la
fonctionnelle elle-même étant linéaire sur ce domaine. Pour la
suite e = (1, 1, 1, ... ), nous avons:
ID

T,. (e) = ~ thm, T (e) = lim T,. (e) = lim ~ tr.m = 1


m..=::::-1 ra~rD ,...,.... m~l
en vertu de la condition (2). Par conséquent, lorsqu'on vérifie l'éga-
lité (2) figurant dans la définition d'une limite généralisée, il suffit
de se borner awr. éléments .z E X 0 • En vertu de la condition (1 ),
·les fonctionnelles T 11 dans l'espace X 0 sont bornées en norme par la
constante c. Ensuite, pour les éléments .z = (ss. ... , Sn• 0, 0, ... ),
n
nous avons lim T,. (z) = lim ~ t,.mSm =0 d'après la condition (3).
h-oo 1
Ces éléments formant un ensemble partout dense dans X 0 (12. 75d),
le résultat cherché découle du lemme 12. 73d. Enfin, le fait que la
112 CJi. 12. STRUCTURES l'llNDAMENTALI::S UF. !,'ANALYSE

fonctionnelle T (z) est bornée aur le sous-espartl X1• résulte dl:' t2. 74f',
et 12. 74d fournit la majoration de la norme
...
IITII~limUT~II=lim ~ itknl·
~ ~n.-L

Comme Te = 1, on a une minoration de lu norme


Il TIl~ 1.
Il reste à montrer que le sous-espace XT est fermé dans l'espace X.
Consid!Srons la fermeture XT du sous-espace XT. L'ensemble XT est
partout dense dans XT, les fonctionuelles T k (z) convergent en tout
point z E XT, leurs normes !Stant bornées; vu 12. 73d, il en r!Ssulte
que los fonctionnelles T ~ (z) convergent aussi sur XT. Nous voyons
que le domaine de convergence X T de la suite T k contient sn ferme-
turc XT; donc, XT = XT et le tMorème est complètement dëmontré.
12.77. Exemples.
a. A la limite ordinaire lim s.
(qui n'est dëfinie que sur X 1),
il correspond la m11trice
1 0 0 .. .
0 1 0 .. .
0 0 1. ..

b. La limite de Cesàro (12.76b) est donnée par la matrice


1 0 0
1!2 1/2 0
1/3 1/3 1/3

pour laquelle les hypothèses du théorème de Toeplitz sont remplies;


la limite de Cesàro possède donc toutes les propriétc\s d'une limite
~énéralisëe.
c. En tant que tro!sil!me exemple nous signalons toute une classe
de motrices qui contient les deux précédentes comme .ses cas parti-
culiers. Soient p 0 > 0, p 1 ~ 0, P: ~ 0, . . . une suite et P,. =
n
=~p~ (n =0, 1. 2, ... ); alors la matrice
u
0 0 0
p,!P, Po!Pr 0 0
pziPz p 11P: Pol Pz 0
§ 12.7, OPitRATEURS LIN2AJRES CONTINUS 113

définit une méthode de ~ommation due à Voronoï. Les conditions (1)


ct (2) du théorème de Toeplitz sont ici immMiotes. La condition (3),
pour m = 1, est équivalente à la condition Pn1Pn- 0; or, puisque
..!!.!!..=!!!."' Pn-m
Pn Pn-m '
(3) résulte de la condition Pnl Pn - 0 pour tout m. Par conséquent,
la condition Pn1Pn- 0 est néceuaire et silfisante po1tr que la matrice
de Voronoi soit une matrice de Toeplitz. Si Po = 1, p 1 =pz = ... =
= 0, on revient à la sommation ordinaire; si Po = p 1 = Pz = .. .
= 1, on retrouve la somma lion au sens de Cesàro.
12.78. Signalons encore quelques propriétés des T-Umites.
a. Pour certaines T-Umites, l'espace XT peut se confondre
avec l'espace X., comme c'es~ le cas pour la limite ordinaire
li m ~n· On se demande comment séparer Ce.!! cas« peu intéressantS»
.........
de limite généralisée. Il y a un théorème de A. Broudno [2], d'après
lequel XT = X 1 si, el seulement si, il existe une constante 6 0 telle
que, pour tout z = gn) E X, on a l'iné~alité
limiTn(z)l~llo limlsnl·
n~ n...oo
Pourtant, celle condition est assez dure à vérifier. Il y a encore
une condition de l' égallté XT = X 1 en termes des nombres t~n eux-
mêmes, mais elle n'est que sufrisante (Agnew): XT = X 1 si l'iné-
galité

a lieu [18].
b. D'autre part, est-il possible de construire une matrice T pour
laquelle XT = X? Cela s'avt\re impossible (cf. exercice 8). Tout
de même, il résulte de certaines considérations d'ordre général qu'il
existe une limlte généralisée Lim ~ .. définle sur toul l'espace X et
telle que Lim~n = Limsn+s [20); cependant, une telle limite
A-torD n.-+CID
généralisée ne peut être donnée par une formule explicite.
c. Pour certaines matrices T, la quantité T(z) peut sortir de
l'intervalle âz=[lim~n,lim~,.l contenant toutes les valeurs
d'adhérence de la Suite ~n- Ceci a lieu, par exemple, pour la
matrice
2 -1 0 0 0 0 .. .
0 0 2 -1 0 0 .. .
0 0 0 0 2 -1 ...

el pour l'élément z = (1, 0, 1, 0, 1, 0, .•. ). li est naturel de


poser la question suivante : quelles sont les conditions à imposer à
B--2286
t t4 Ctl. 12. STRUCTllflES FONDAMENTALES DE L'ANALYSE

la matrice T pour que toutes les valeurs d'adhérence de la suite


T 1 (z), T 2 (z), ... (pour tout z E X) appartiennent à l'Intervalle
L1 (z)? La réponse est donnée par le théorème suivant de Robinson
(cf. exercice 9): la propriiilé demandée a lieu si, el seulement si,

-ID
lim IITnll=i.
§ 12.8. Algèbres oormœs
12.8t.a. Un espace normé U qui est en même temps une algèbre
(12.18a) s'appelle algèbre normée si Zn-+ z (par rapport à ln norme
de U) implique Zn Y-.. zy et YZn-+ yz pour tout y E U.
b, Ainsi, 1'ensemble L (X) de tous les opérateurs bornés agissant
dans un espace de Banach X est un espace normé complet (12.73b)
el en même temps une algèbre (12.19i, 12. 71}). Dans celle algèbre,
la norme satisfait à l'inégalité 12.71 (2)
Il AB Il~ liA lill B Il; (1)
il en résulte que L (X) est une algèbre normée: notamment, si
An-+ A et si B est un opérateur quelconque de L (X), alors on n
Il AnB- AB Il= Il (An- A) B Il~ Il An- A lill B 11-.. 0
de sorte que An B -+ AB.
c. Il se trouve qu'une inégalité du type (1) est valable pour n'im-
porte quelle algèbre normée complète, après le passage à une autre
norme (on le verra dans 12.88). C'est pourquoi on peut remplacer la
condition de continuité de la multiplication sous la forme « Zn- z
impllquezny-..zyetyzn -..yz pour toul Y• par une condition plus forte
(2)
quels que soient z el y de U.
d. Dans ce qui suit nous supposons, en plus de l'axiome (2),
qu'une algèbre normée considérée possède une unité e (12.1&) et
que 1 e 1 = 1. (La dernière supposition est satisfaite automatique-
ment dans l'algèbre des opérateurs linéaires agissant dans un esp11ce
normé X, l'unité étant l'opérateur identique.)
12.82.a. L'unité d'une algèbre normèo, comme de n'importe
quelle algèbre, est un élément inversible car ee = e. Montrons que
dans une algèbre normée complète U, toute la boule {z ; 1 e - z 1 < 1 }
est formée cks éléments inversibles.
Pour le démontrer, considérons la série
Y = e + (e - z) + (e - z) 2 + ... (1)
D'après la condition (2), on a 1 (e - z)n 1 ~ 1 e - z ln, donc
la série converge en vertu du critère de Weierstrass 12 37c. Eu ln
§ 12.8. ALGt.IIRES 1\0RMl!lES IlS

multipliant par z = e - (e - z), nous avons


y le - (e - z) l =
= le + (~" - z) + (e- x)a + ... l - l(e - z) + (e -z) 2 + ... l = 1!'.

Par conséquent, la somme de la série (3) est jusll'nHmL l'~lémenl


in verse de z.
b. Il résulte de l'estimation
2 · ]e-:r 1
le-yl~l (e-z)+(e-z) + ... (.:,;;: l-le-:rl

que z-.. e implique y - e. On peut dire que l'opérateur (non linéni-


re) de multiplication par y = z· 1 est contillU pour z = e.
12.83.a. DISsignons par 0 l'ensemble de lous les èléments inver-
sibles d'une algèbre normée complète U. Montrons que 0 est un
ensemble ouvert dans U et l'opérateur z ·l est continu sur tout le 0.
Etant donmS que xz·• = e, on a, en vertu de (2) pour tout h tel
que 1h 1< 111 z·l 1: 1(z + h) z-l - e 1 1hx- 1 ( ~ 1h 1 lz- 1 1<
< 1, de sorte quo l'élément (z + h) z· 1 est inversible1 d'après 12.82a,
i.e. qu'il existe un élément z {h) tel que (z + h) z· z (h) = e. Mais
alors z + h est aussi inversibln: son inverse est évidemment l'lUé-
ment z·1z (h). Si h-.. 0, alors (z + h) z-1 -.. zx-1 = e, de sorte que
z (h)-.. e en vertu de 12.82b; il en découle (z + h)- 1 = z-•z (h) -
- z- 1 , ce qui démontre la continuité de l'opérateur z- 1 sur l'ensem-
ble. O.
b. Nous avons vu qu'un élément inversible z appartient à l'en-
semble 0 avec une boule de rayon r ~ 1/1 z- 1 1- Ceci veut dire que
1 z• 1 1 ~ tir: ainsi, lorsque z s'approche de la frontière de l'ensem-
ble 0, nous avons, bien entendu, r-.. 0, et la norme de l'élément z- 1
augmente indérïniment.
12.84. Un élément non inversible z se trouvant sur la frontière
du domaine 0 l'St un « diviseur généralisé de zéro >); ceci veut dire
qu'il existe une suite d'éléments y1 , y 2, • • • telle que 1 y,. 1 ~ c > 0,
mais zy,.-+ O. A savoir, nous posons y,. = z;;1/l :t;;1 1. où Zn E0 ct
Zn-+ z. Alors 1zy,. 1~ 1(z- Zn) Y,. 1 + 1z,.y,. 1~ 1z- Xn 1 +
+ 111 z;.1 1-.. 0 (12.83b), ce qu'il nous fallait.
g,. général, tout diviseur généralisé de zéro z n'est pas inversible,
car. pour un z inversible, zy,.-+ 0 implique z-•zy,. = y,. -O. Mais
un élément non inversible qui n'est pas une limite d'éléments invl'r-
sibles peut bien ne pas être un diviseur généralisé de zéro
(exercice 10).
12.s::;.a. Une algèbre complexe normée et complète Usera appe·
lée par la suite algèbre de Gelfand.
Qu61 que soit un élément z d'une algèbre de Gelfand, l'expres-
sion e - Az est un élément inversible pour n'importe quels  com-
8•
116 CH, 12. STRUCTURES FONDAMENTALES DE L'ANALYSE

plexes suffisamment petits, par exemple pour 1i.. 1<ill z 1si z,.t=O;
donc, on a d'après 12.82a:
(e - À.t)-• = e + À.t + ;.,z;xz + . . . (1)

Le rayon de convergence exact de la série (1) vuul (12.66)

(2)
n-o ID

dans le cas où p = oo, la série converge dans tout le plan des i...
L'élément z - fl.e est inversible pour toul 1 l' 1 suffisamment
grand, par e.\emple pour 1l' 1> 1z 1; cela résulte directement de ln.
formule z - f1e = -Il. (e- l-'-1z). L'ensemble de loWI les 1-' pour
lesquels l'élément z - 1-'e n'est pas inversible s'appelle spectre de
l'éliment z. La foncllon (z- 1-1er•
est définie sur le complémen-
taire du spectre. D'après 12.83a, ce complémentaire est un ensemble
G ouvert dans le plan des f', le spectre étant fermé. Ensuite, il rlisulte
de f2.83a que (z- fle)-1 est unP fonction continue de l' (à valeurs
dans U) dans le domaine G. Montrons que, de plus, elle est une fonction
analytique (12.66) sur G. On a l'égalité
(Z-(J'+h)•)-1-(.:z:-f<t)-1]<
z- ( 1-' +h)
)
e )( Z-1-'e =
[ la

r)
);
= (.:z:-1'")-(z-(f-l+h) =e (3)

qui montre que l'1Hémenl entre crochets est inversible; son inverse
(z- (f' + h) e) (z- fU) a la limite (z- f1e) 1 lorsque h-+- 0,
d'où l'existence de la limite
(4)

Cela veut dire que (z - J-LB)- 1 est une fonction analytique dans
le domaine G. ce qu'il nous fallait.
b. Th é or ème. Le spectre de t01d éliment z d'une algèbre
de Gelfand U n'est pas vide.
D é m o n s t r a l i o n. Soit r une circonférence dans le plan
des 1-' de centre au point 0 et de rayon r > 1 z 1· Considérons l'inté-
grale '
1= ïk- p
(z -1-'e)-1 dl-'
r
(5)

(qui existe en vertu de la continuité de la fonction (z- 1-'e)-1 sur la


ligne n.Calculons-la en faisant la substitution 1-' -• = i.. et en utili·
§ 12.8. ALG2BRES NORMJ!$S 117

sant le développemt>nl (1) el les formules 10.33a. Nous avons;


1=-~~~ g;· f1- 1 (e-f1- 1xr1 df1=fnt ~ (e-Azrla:=
1111-r IAI-Ifr

- 1
- :iit t.'Y ~
~ ;.,•• z "' d,. -
;., -
1 ~ -"'
2ni ~ "'
k-.
'Y ~•,._ l di..-
- - e.
IAI=l/rm=O m-o 1~=1/r

Or, si le spectre de l'éMment z était vide, la fonction (z- 1-'e)- 1


serait analytique dans loulle plan des 1-'· etl'inl~grale (5) serait nulle
d'après le théorème de Cauchy. Le théorème est démontré.
c. Co n s é q u e n co (théorème de Gelfand-1\fo.zur). S' une
algèbre de Gelfand U est un corps, t.e. si tout son élément z non nul
admet un inverse, alors l'algèbre U est le corps des nombres complexes,
En effet, soient z un élément quelconque de l' alg~bre U et 1-' un
nombre de son spectre, de sorte que l'élément z - 1-'e n'ail pas
d'inversa. Or, pur hypoLhèse, le seul élément qui n'ait pas d'inver!le
est 0; donc z - f1e = 0, z = f1e, ce qu'il rallait démontrer.
12.86. a. Considérons le cas où 1'algèbre U est l'algèbre U (C,.)
da tous les opérateurs linéaires dans un espace Cn de dimension
finie doté d'une norme quelconque (nous avons vu dans 12.35e que
chaque norme dans Cn est équivalente à n'Importe quelle aulro).
Tout opérateur linbire A est dans le présent cas continu, car 1es
coordonnée11 du vecteur A:r sont des fonctions linéaires, donc conti-
nues, des coordonnées du vecteur z. Ainsi, l'algèbre U (Cn) se confond
avec l'algèbre L (C,) de tous les op6rateurs bornés dans l'espace C,,.
Le spectre, au Sl'ns de la définition 12.85a, de l'élément A est dans
ce cas l'ensemble de toutes les valeurs propres de l'opérateur A: en
effet, l'opérateur A - f1E n'est pas inversible si, et seulement si,
det liA- 11E Il= 0; or, c'est l'équation définissant les valeurs
propres de l'opérateur A. Nous voyons que ln. définition du spectre
dans 12.85a est équivalente, pour le cas en question, à la definition
du spectre d'un opérateur A donnée dans 12.19d. Le spectre d'u11
opérateur A d11.ns 12. t9d, avoc ses multiplicités, nous a permis du
mettre d'une façon isomorphe l'algèbre de tous les opérateurs P (A)
sous la forme de 1' algèbre des corpus sur le spectre de l'opéra te ur A ;
il a aussi permis de construire un épimorphisme de l'algèbre U (G)
des fonctions analytiqut>s dans un domaine G contenant le spectre
sur 1'algèltre P (A).
b. Il s'avère que les morphismes analogues oxistent dans le cos
général de n'importe quelle o.lgèbre de Gelfnnd. Soit S = S, le spccu·e
d'un élément z EU; nous so.vons que S est un ensemble non vide fermé
et borné dans le plan complexe. Soit U (S) 1'algèbre de toutes les
fonctions analytiques f (Â) sur l'ensemble S (chacune d't>lles est ana-
lyUque dans un domaine contenant l'ensemble S).
118 CH. IZ. STRUCTURES FONDAMENTALES DE L'ANALYSE

Th ii or è m e. Il e:z:iste un morphisme de l'algèbre U (S) dans


l' algêbre U qui transforme la fonction f (Â) !!!!!t 1 en e, la fonction
/ (i..) ~ Â en l'élément :z: et toute suite ck fonctions ln (Â) (n =
= 1, 2, ... ) qui converge wrs une fonction f (Â) uniformlment sur
un domaine H :::> S en une suite d'éléments fn E U convergeant en norme
vers l'élément f qui correspond à la fonction 1 (i..).
D é m o n s t r a t i o n. Le morphisme cherché est donné par
la formule
p.
1= ~~ (i..e-:z:)- 1 / (Â) di.., (1)
l'

où rest un contour fermé se trouvant dnns le domaine d'analyticité


de ln fonction f (i..) et contournant (une fois) l'ensemble S. En vertu
du théorème de Cauchy, l'intégrale (f) ne dépend pas du choix de
ce contour. Le fnit que la fonction f (i..) &;;~ 1 devient, par l'applica-
tion (1), l'élémetlt e est prouvé dans 12.85b; on démontre de façon
analogue que la fonction f (Â)- i.. devient l'élément :z:. Il est évi-
dent que la ftlrtnull• (1) rliifinit une application linéaire de U (S) dans
U; il nous rnul montnn· que le produit de deux fonctions 1 (i..) et
g (Â) devient produit des 6léments correspondants fet g.
Nous partons de l'égalité
(i..e-:z:tl (f.le-:z:t• = (M.-z)-•-(tu-z)-1 (2)
J'-À.

qui se déduit de 12.85 (3) en remplaçant 1-' + h par Â. Considérons


deux courbes fermées r, ct r, contournant l'ensemble s dans le domai-
ne d'analyticité commun aux fonctions f (Â) et g (Â), de sorte que
la courbe r. enveloppe la courbe r, sans avoir avec elle de points
communs. En intégrant l'égalité (2), multipliée préalablement par
1 (Â) g (f.l)/(2ni) 2 , d'abord le long de ln courbe r,, puis le long de fg
ct en permutant les intégrations d'après 10.24, nous avons

Comme  ost un point int6rieur du domaiue limité pa1· la courbe r 11 ,


la première intégrale entre accolades vaut g (Â); comme 1-' est à l'ex·
térieur du domaine limité par la courbe r,, la deuxième intégrale
§ 12,1, ALGf!BRES NORMI!ES 119

entre accolades est nulle. Définitivement, nous avons J'égalité


2.~ 1 :ft (Âe-xt 1
/ (Â) d z!t ffi (~.te-zt 1 g (ft) df' =
r1 r 11
=~ p (Âe-.z)-1 / (Â) g (Â) dÂ
l't

qui montre que la formule (1) fait correspondre au produit de deux


fonctions f (Â) et g (Â) le produit des éléments correspondants f et g.
Examinons la dernière affirmation du théorème. Supposons qu une
suite de fonctions fn (Â) converge vers une fonction f (Â) unifor-
mément dans un domaine G contenant l'ensemble S. Choisissons un
contour fermé r dans le domaine G; nous aurons l'estimation
Ill-ln Il= Il Jr ffi (k-zt (Â)-/n (Â)I d Il,..;:
1
[/

,..;:sup 1/ (Â) -ln (Â) 1ïk- ffi !j(k-zt lll d 1. 1


).€r r
d'où lim
....... 11/-/n Il = O. Le théorème est démontré,
Notons que l'application (1) n'est en général pas un monomorphisme
et peut transformer une fonction f (Â) .,.. 0 en 1 élément nul de
1 algèbre U.
c. En particulier, pour tout élément .z E U, sont définies les fonc-
tions e1", cos t.z, sin t.z; les propriétés d'un morphisme impliquent
1 égalité

Il résulte de la dernière affirmation du théorème que œs fonc-


tions peuvent également être définies ii. l'aide de séries de puissances:

t2 j4
costz= 1-ur+ 41 z4- ... ,
. j! 16
sm tx= t.z- 31 :2+51" .zi- ...
12.87. On peut caractériser le spectre de tout élément de la
forme / (.z) :
T h 8 o r è m e. SI 1 (Â) est une fonction analytique sur le spectre
S:r: d'un élément .z EU, alors le spectre S 11 :r:, de l'élément f (.z) (12.86b)
se confond avec l'ensemble des valeurs de./ (Â) pour  E S ,..
Dé m G n s t r 11 t i o n. Soient Â0 E S "' fi 0 = f (Àg). La fonc-
tion analytique / (Â)- f'o s'annule pour  = i..o. donc admet la
12<) CU, Il. STRUCTURES FvNDAMENTALI·:S DE L'A.-.;ALY!IE

représentation
1 (i..) - f' o = (i.. - i..o) g (i..),
o1i g (i..) est encore une fonction analytique dans le même domaine
quo/ (J.). En vertu des propriétés d'un mGrphisme /, nous a\·ons

1 (z)- JLae = (z- i..ae) g (z).

Or, si 1 (x)
- flot! est inversible, z - i..oe l'ost aussi (avec
g (x) (f (z) - JLae)- 1 pour inverse), w qui contredit la supposition.
Doue JLo E S 1,,.,. Réciproquement, soit JL 0 E S'"'"; il exist.e un
Î..o ES,. tel que/ (i.. 0) = f'o. En effet, si la fonction/ (i..)- f'o ne s'an-
nulait pas sur S ,., alors la fGnction g (i..) = 11(/ (i..) - f1 01 serait
analytique sur l'ensemble S "' et 1'élément correspondant g (z) E U
serait l'inverse de f (z) - l'al!· co qui contredirait la supposition
f'o E S 1,,,". Le théorème est démontré.

12.88. Revenons au problème de changement de normo d'une


algèbre U avec la multiplication continuo (i.e. tolle que Z n - z
implique ZnY- zy et yzn- yz) ayant pour but de satisfaire à la
eonditiou12.81(2).
T h é o r è me. Pour toute algèbre normée complète U posstdant
une unité, avec 1z h pol" norme, tl existe une norme équivalente 1z la
pour laquelle 1e la =1, 1zy l: ~ 1z la 1y la quels que soient zet y de U.

Dé mo n s t ra t i on. Tont élément z do l'algèbre V ongcndre l'opérateur


Ar. de multiplication par .2: selon la formule A,.y = zy. JI résulte d0l'hypol.bèse
"t des propriét69 d'une algèbre quo A,. ëst un op41rateur linéaire continu. Dans
l'algèbre L (V) de tous les opa!irateurs linéaires continua agissant dans TJ, le
opérateur! dE> la forme A:r: forment une sous-algêbro V à laquelle l'op~rnll'ur
unitaire E = A., ~ert d'unité.
En raison de l'associativité do la multiplication. nous avou~ A" (1Jz) ~
= "'(yz) = (:ry). = (A;rY) ~. JI est aisé do VOir que ceLto propriété caract~ri~E'
los op6rateurs do la sous-algèbre V. En effot, si un opéra leur A est ttol que. quoi~
qua soient y !'t :de U. on a l'égalité A (yt) = Ay·z. nlors ('n posnul Ae ~ :r:
nous avons Ay - A (•y) ~ (Ae) y = zy, c'est-à-dire quo A est l'op61·ateur Je
mulliplicHtion par r,
Ayant lltlablrc celle proprl4!t6 montrons que la 8011s-alg~bre V ert ferm/e dano
l'al11~bre L (V). Supposon~ que les opérateurs A,. Az, ••. d<' V converg('llt (par
r:1pport à la uormo de L (U)\ vers uu opérateur A. Alors An:r. convNgl!' ,-.. rs ;\r
pour tnut z E V. La multipli~tion étant continue, nous. avons A (xv) =
=limAn (zy) = lhn (AnZ·y) = lim An:r·y.., A:r·y, d'où, d'•près C(' qui
préc<'de, A E V.
Comme l'algùbre L (U) est complète (12.73b)~ la sous-algèbro r c L (L)
fl.'rméo 1lans L (V) est compli'~to elle aussi en tant qu espace norm6, avec ln UCitllll.'
dt; L (U). A présent nous avons deux normes dans l'algèbre V: 1 z, ) el
§ 12.9, PnOPnt:eT:eS SPECTRALES DES OP2RATEURS 121

l'algèbre V étant complète por rapport A chacune d'..-lles. Ensuite. IIOU! avons

1~1 2 =11A.)l=IIEII=t, l:rl 2 = sup lzv)I:P z--• 1 = -1-z -.


la
lvlt-; 1 1 1• 11 1 1• 11
d'où
t
1"' r. > ••1., 1.. q=T<i'i"'.
D'apres t2.72d, le! normes 1 z h et 1 :rh sont équivalentes, ce qu'il follail
<Mmontrer.

.§ 12.9. Propriétés spectrales des opérateurs linéaires


12.91. Un opérateur lineaire born6 A agissant dans un espace de
Banach X appartient à l'algèbre L (X) de tous les opérateurs linéai-
res bornés agissant dans l'espace X. En tant qu'élliment de celle
algèbre il pos,c~ède un spectre SA (12.85a) qui est 1 ensemble des nom-
bres complexes i.. pour lesquels A- i.E n'a pas d'opérateur iuverse
borné. Dans le cas de dimension finie (X =
Cn)• le spectre de l'opé-
rateur A se réduit, comme nous l'avons vu dans 12.86a, à un nombre
fini, par exemple m, de points distincts qui sont ]es valeurs propres
de l'opérateur A. Nous savons que l'espace Cn est alors décomposable
en somme directe de m sous-espaces invariants dans chacun de~quels
l'opérateur A a un seul point pGur spectre et admet une descrip-
tion complôte (12.17/). En cas de dimension infinie, le spectre de
l'opérateur A est un ensemble compact non vide du plan, inclus dans
le cercle 1 i.. 1 ~ Il A 11 ou bien, plus exactement, dans le cercle
1i.. 1~ lim JYii"N'TI (12.85a); dans le cas général, on n'y peut
n-oo
rien ajouter (cf, exercice 11 où l'on construit un opérateur ayant
pour spectre uu ensemble compact arbitraire du plan).
12.92.a. Eu cas do dimension infinie, un nombre i.. appartenant
au spectre d'un opérateur A n'est pas forcément une valeur propre
de J'opérateur A. On peut même dire que, dans ce cas, c'est non
plus ln notion de valeur propre qui devient naturelle, mais celle de
valeur propre généraltsie: on appelle ainsi un nombre i.. qui admet
une suile de vecteurs x 1 , x 2 , • • • telle que 1 x .. 1 :> c > 0 et
Axn- Â.rn -O. Toute valeur propre d'un opérateur en est évidemment
une valeur propro généralisée. Toute valeur propre généralisée d'un
opérateur A appartient à son spectre; en effet, si l'on a Axn - }...x, - 0
pour une suite Zn et que l'opérateur A - i.E admette un inverse bor-
né, alors Xn = (A- i..E)- 1 (A- i..E) x,.-
O.
b. Montrons à présent que tout point sur la frontière du spectre
d'un opérateur A est sa valeur propre généralisée. Soit i.. un point sur
la frontière du spectre; comme A - i.E est la limite des opérateurs
inversibles A- I'E, oi'1 J.1. Et SA, l'opérateur A - ÂE est un diviseur
g~néralisé de zéro on ver lu de 12.84. donc il existe une suite d'opéra-
t22. CH. 12. STRUCTURES FONDAMENTALII!'B DE L'ANALYSE

leurs Pn telle que Il Pn Il::;;;.. c > 0, mais (A- i..E) Pn->- 0 dans
l'algèbre L (X). Pour tout opérateur Pn, nous choisissons un vecteur
Yn tel que 1Yn 1 = 1, 1 PnYn 1::;;;.. c/2. En posant Zn = PnYn•
nous avons 1 Xn 1 ::;;;.. c/2, 1 (A- i..E) Xn 1 = 1 (A - i..E) P,.Yn 1 ~
::;;;: Il (A - i..E) Pn Il 1Yn 1- 0, ce qu'il nous fallait.
Quant aux points intérieurs du spectre d'un opérateur A, ils ne
sont pas forcément des valeurs propres généralisées (exercice 10).
f2.93. Le théorème suivant rend parfois plus simple l'étude
d'un opérateur:
T hé or è me. Supposons que le spectre SA d'un opérateur A
soit la réunion de deux ensembles fermés diJijoin/8 S 1 et S 2 • Alors l'es-
pare X est décomposable en somme directe de deux sous-espaces fermés
X 1 et X 2 qui sont inoorian/8 par A, de sorte que le spectre de A consi-
déré sur le sous-espace X 1 est l'ensemble S 1 et celui considéré rur X 2
est S 2 •
Démonstration. Nous utilisons le morphisme de l'algè-
bre U (SA) des fonctions f (i..) analytiques sur SA dans l'algèbre
L (X) ètabli dans 12.86b. Ce morphisme est réalisé par la formule
le 12.86(1)
f c.: ~i p(i..E-Ar• f (i..) di..,
r
où rest une courbe fermée contournant l'ensemble SA dans le domai-
ne d'analyticité de ln fonction f (i..). Dons le cas où l ensemble SA est
réunion de ses parUes fermées deux à deux disjointes, il peut en être
de même de la courbe r. Dans le présent cas, l'ensemble SA est
réunion de deux ensembles fermés S 1 et S 1 sans points communs,
et la Courbe f peut Se Composer de deUX Courbes fermées f 1 et f D•
la Jlremière contournant l'ensemble sh la deuxième st.
La fonction es (i..) qui vaut 1 sur 1'ensemble S 1 et 0 sur S 1 appar-
tient à l' al~èbre U (SA) ; 1 algèbre U (SA) contient également la
fonction e2 (i..) valant 0 sur l'ensemble S 1 et 1 sur S 1 • Ces fonctions
possèaeut les propriétés évidentes:
e.(:A..)+ez(À) = i(surSA). e!(i..)=e.(i..),
e: (:A.)= ez (ï..), e 1 (:A.) e2 (:A.)= ez (i..) e, (i..) =O.
Désignons par E 1 et Ea les opérateurs linéaires correspondant respec-
livl:'ment aux fonctions e1 (:A.) et ea (:A.). Vu les propriétés d'un
mor)lhisme, nous avons
Es +E 1 = E, E! = E., E: = Ea. E1Ez = EaEI =O.
Soient X 1 l'ensemble des solutions (dans l'espace X) de l'équa-
tion E 1.z = z et X,. celui des solutions de l'équation E.z = x. En
particulier, tout vecteur de la forme x = E 1y, pour n 'import.e quel
§ 12.9. I'ROPRI.2T2S SPECTnAI.ES DES OP2RATEURS 123

y E X, est solution de l'équation E 1x = x car E 1 (E 1y)= E:y = E 1y.


Il est évident que X 1 et X~ sont des sous-espaces dans l'espace X ct
sont fermés en vertu de la continuité des opérateurs E 1 et E a· Si
.z Ex 1 n x D• alors z = E.z = EzZ; or E.z = E. (E.z) = E.(EzZ) =
= 0, d"où z = E 1z =O. Ainsi, l'intersection des sous-espaces X 1 et
X: ne coulienl que le vecteur nul. En appliquant l'opérateur E =
= E 1 + Ea lt un vecteur y quelconque on trouve y = E 1y + E 2 y,
le premier terme appartenant a x .. le deuxil!me à x Z• L'espace x
esl donc décomposé en somme directe des sous-espaces X 1 eL X a·
Soit :r E X 1 • Alors on a Ax = A (E 1x) = E 1 (Ax), donc Az
appartient aus.~i au sous-espace X 1 ; par conséquent, X 1 est invariant
t'ar l'opérateur A. D'une façon analogue, X z est in varin nt par A.
Il resle à démontrer la conclusion du théorème. Posons A 1 = AE 1 ;
A 1 se confond avec A sur le sous-espace X 1 el est oui sur X :•
D'autre part, on peut écrire
A1 = ~~ ~ i..e1 (i..) (i..E-At 1 di...
r
Ici l'on peut remplacer la courbe r par 1' 1 car la fonction e 1 (i..)
est nulle sur la courbe fa· Ceci fait, on peut remplacer la fonction
e 1 (i..) par 1; définitivement, on aura

A• = iu r,~ i.. (i..E-At 1 di...


Ensuite, quel que soit l'·
A 1 -!'E 1 = z!e ~ (ï..-1') (:A..E-At 1
di..,
••
Supposons que l' soit à l'extérieur de la courbe f 1; construisons
l'opérateur
(>.E-Ar 1 dÀ..
Q = _t_,h
Il 2nl 'j' '· 11
r,
Les mêml's raisonnements que dans 12.86b impliquent
1, ,h • (À.E- A)-1 dÀ.
(.\.-l'Et) Q11 = 2nt 'j' (A.-!') X-11 =
rt
= :l~l ~ (i..E-At 1 di..= E 1•
r.
De la sorte, l'opérateur A- I'E est inL·ersible dans le sous-espace X 1 •
Pur conséquent, le spectre de l'opérateur A dans le sous-espac.e X 1
ne peul contenir que les point.s de l'ensl'mble S 1 • De même, le
spectre de A dons X a ne peut contenir que 11.'9 point.s de S 2 • Montrons
que le spectre de A dans X 1 contient tous les points de l'ensemble S 1•
124 CH. 12. STRUCTUliES PONDAMENTALU DE L'ANALYSE

Soit 1.. 0 ES,. On a vu que l'opérateur A- Â0E est inversible dans


le sous-espace Xa, de sorte qu'il existe un opérateur Q, tel que
(A - 1.. 0 E) Q t!J = y pour tout y E X a ; si 1 opérateur A - 1.. 0E était
inversible dons le sous-espace X 1 , il existerait un op~rateur Q 1 tel
que (A- Â 0E) Q 1x =x pour tout xE X 1 • On construirait alors un
opérateur Q se confondant avec Q 1 dans X, et avec Qa dans X 2 et
linéairement prolongé sur tout le X. En vertu de 12.72/, il seruit
un opérateur linéaire borné dans l'espace X. Evidemment, il serait
en même temps l'inverse de A- 1.. 0E. Or c'est impossible parce que
1.. 0 E SA· Le théorème est démontré.
12.94. 0 p é r a L e u r s c o m p a c t s. Parmi tous les opé-
rateurs agissant dans un espace normé, on peut dégager une classe
importante d'opérateurs dont les propriétés sont les plus proches
de celles des opérateurs dans un espace de dimension finie.
a. Défi n i ti on. Un opérateur linéaire A agissant dans un
espace normé X est dit compact s'il transforme tout ensemble borué
Q c: X en un ensemble précompact (3.93a).
b. Dans un espace de dimension finie, tout opérateur linéairP
est compact.
c. L'opérateur de Fredholm (12.98) sert d'exemple d'un opéra-
leur compact dans l'espace c• (a, b).
d. L'opérateur identique E dans un espace de dimension infinie
n'est pas compact, car il transforme la boule unité en elle-même,
i.e. en un ensemble qui n'est pas précompact (12.36b).

12.95. 0 p é r a t i o n s su r 1 es o p é r a t e u r s c o m -
pact s.
a. La somme A 1 + A 2 de deux opérateurs compacts A 1 et A 2 est un
opérateur compact.
En effet, soient Q E X un ensemble borné et {xn} une suite de
points de Q. L'opérateur A 1 étant compact, on peut extraire de la
suite {xn) une sous-suite {x;.} de !acon que {A 1 x~} soit une suite de
Cauchy. puis on peut extraire une sous-suite encore plus raréfi~c
{x;;} de façon que {AozX;',} soit une suite de Cauchy; alors ((A, + A~)x~)
s'avère, évidemment, une suite de Cauchy, ce qu'il nous fallait..
b. Le produit d'un opérateur compact A par n'importe quel opirateur
borné B (l'ordre des opérateurs n'ayant pas d'importance) est un opéra-
teur compact.
En effet, soit Q E X un ensemble borné; alors BQ est born~ égale-
ment, donc ABQ est précompact; ainsi, 1 opérateur AB est compact.
D'autre part, l'opérateur B transforme toute suite d.e Cauchy en une
suite de Cauchy et, par conséquent, 1 ensemble précompact AQ en
un ensemble précompact; l'opérateur BA est donc compact lui aussi.
c. En particulier, si l'opérateur compact A est inversible, l'espace
X ut de dimension flnie.
1 12.9. PROPRU!T2S SPECTRALES DES OP2f!ATEURS 125

En effet, l'opérateur E = AA- 1 est compact d'après b, et l'on


peut appliquer 12.94d.
d. Si, pour tout n = 1, 2, ... , on a un opérateur compact An
et si un opérateur A est tel que lim Il A - An Il = 0, alors A est
un opérateur compact.
En effet, pour un e > 0 donné, l'ensemble AnQ (où Q est un
ensemble borné quelconque inclus dans une boule 1x 1..;;;;; r et
Il A - An Il< e) est un ensemble précompact qui représente un
u-réseau pour l'enoremble AQ. Il en résulte que AQ est préeompact
(3.95) et l'opérataur A es\ compact.
12.96. S p e c t r e d' u n o p é r a t c u r c o m p a c t.
a. L e m rn e. Pour un opérateur compa.ct dans un espace de
Banach X, toute valeur propre généralisée mm nulle est une valeur
propre ordtnaire.
Démonstration. Soit  une valeur propre généralisée de
l'opérateur compact A, de sorte qu'il existe une suite de vecteurs
x 1 , .:z-2 , ••• , lxni>C>O telle que (A-i..E)xn=qn-0. En vertu
de la précompacité de l'ensemble {Axn}, il eltiste une suite
de numéros n., n 2 , ••• telle que les vectours Azn,. ont une limite
,._...
dans l'espace X; posons z = lim Axn,.· Alors la suite ÂZn,. =
qn,. tend ello aussi vers z ; en particulier, 1z 1=Hm 1Âxn,.l >
= Ax., 11 -
> 1i..l C >O. Ensuite, vu que  o;i= 0, on a lim xn,. = z/i.., z =
,._
= lim Axn,. = (1/i..) Az; on aboutit à l'égalité Az = i..z qui démontre
le lemme.
b. Lem m e. A l'extérieur de tout cercle 1 i..l ~ c, c > 0, un
opérateur compact A ne peut auotr qu'un nombre /lnt de valeurs propres
distinctes.
D é rn o n s t r a t i o n. Soient i..., Î.. 2 , • • • des valeurs propres
distinctes de l'opérateur A, avec 1 Ân 1 > c. Soient e., e2 , • • •
les vecteurs propres respectifs: Ae,. = Ânen, n = 1, 2, . . . Les
vecteurs propres associés li des valeurs propres. distinctes sont linéai-
rement indépendants (12.15l); l'enveloppe linéaire Ln _1 des vecteurs
e 1, • • • , en-t est donc un sous-espace propre de l'enveloppe linéaire
Ln des vecteurs e., ... , en. D'après le lemme 12.36a, il existe
un vecteur h,. E Ln tel que 1 k.. 1 = 1 ot 1h,.. - x 1 > 1/2 pour tout
x E Ln_,. On peut noter hn = Xo + aen, où Xo E Ln -•· Alors on a
Ahn = A (xo + cun) = Azo +
c:.ti..nen = A.1:o+ Ân (k.. - Xo)
= (Azo - ÂnXo) + i..nhn.
Etant donné que Ahn- 1 +An.z-o-AzoE Ln-to on en tire
1 Ahn-Ahn-11 = 1(Axo-Â.nXo-Ahn-l)+Anhn 1=

= li..n llhn-~(Ahn-•+ÂnXo-AZo)l>l i..,. 1·~,


12(1 CH. 12, STRUCTURES FONDAMF..NTALES DE L'ANALYSE

et l'on voit qu'il est impossible d'extraire une sous-suite conver-


gente de la suite Ah.,.. Ceci contredit la compacité de l'opérateur A.
Le lemme est démontré.
e. Le m m e. A l'extérieur de tout cercle 1 Â 1 ~ c, c > 0, un
opérateur compact A dans un espace de Banach X ne peut auoir qu'un
nombre /inl de poinl8 du spectre, cu points étant des valeurs propra de
l'opérateur A.
D é m o n s t r a t i o n. Tout point frontière du spectre de
l'opérateur A est une valeur propre généralisée (12.92b), donc, d'après
le lemme a, une valeur propre ordinaire; par conséquent, il résulte
du lemme b que, à 1 extérieur du cercle 1i..l ~ c, 1'opéra. leur com-
pact A n'a qu'un nombre fini de points sur la frontière du spectre.
Désignons ces points par i.. 1 , • • • , )., ; d'après a, ce sont des valeurs
propres de l'o~rateur A. Nous affirmons qu'ils épuise-nt lous les
points du spectre de A se trouvant à l'extérieur du Cl'rcle 1 i.. 1 ~ c.
S'il y avait dans le spectre encore un point-1.. 0 , 1i.. 0 1:;> c, on mène-
rait par lui une droite allant vers l'infini el ue passant pas par le
cercle 1 i.. 1 ~ c ni par les points Âto ••• , )., ; lo dernier point du
spectre sur celte droite appartiendrait à la frontière du spectre
sans coïncider avec aucun des points i..., ... , Î..n· La contradiction
obtenue démontre le lemme.
d. Comme l'extérieur de tout cercle 1 i.. 1 ~ c ne contient, d'ap-
rès le lemme c, qu'un nombre fini de points du spectre d'un opéra-
teur compact, il est possible de numéroter tous les points du spectre
par ordre de décroissance de leurs modules. Nous voyons que le spectre
d'un opérateur compact dans un espace de Banach représenie un en-
gemble au plus dénombrable da valeurs propres isolées, avec 0 pour
unique polnt limite. Le point 0, pour un opérateur compact dans un
espace de dimension infinie, est toujours un point du spectre (12.95c)
(pas f~rcément valeur propre); les autres points du spectre forment
un ensemble dénombrable, ou bien fini, ou enfin vide. Dans le der-
nier cas, on a 1'égalité ITm }Y'ïJAftfi = 0 (12.85a), et 1'opérateur A
est nilpotent généralise. v:no.logue d'un tel opérateur dans un espaco
de dimension finie est un opérateur nilpotent pour lequel A rn = 0
avec un m quelconque. Dans un espace de dimension finie, la structure
d'un opérateur nilpotent peut être complètement caractérisée (dans
une certaine base, il est donné par une matrice jordanienne dont
tous les éléments diagonaux sont nuls). Dans le cas de dimension
infinie, la structure d'un opérateur nilpotent généralisé n'est pas
étudiée complètement (i).

12.97. Décomposition spectrale d'un opé-


r a t e u r c o m p a c t.
+
a. Soit i.. 0 un point du spectre SA d'un opérateur compact A;
comme il est isolé en vertu de 12.96c, on peut o.ppliquer le théorème
1 12.9. PROPRIETES SPECTRALES DES OP2RATEURS 127

12.93. L'espace X est alors déeompcsable en somme directe de deu:x


sous-espaces fermés P., et OA invariants par l'opérateur A, de sorte
que, dans le premier d'eu :x, l'oJlérateur A a le nombre i.. pour uniqu~t
point du spectre et, dans le second, son spectre s'obtient en enlevant
le point i.. à SA. Dans chacun des sous-espaces P.,, QA, l'opérateur A
reste, bien entendu, compact; le point 0 n'appartenant plus à son
spectre dans P.,, il est inversible dans PA. Ceci veut dire que le sou.s-
espaee PA est ck dimenBion finie (12.95c). Par conséquent, tout point
+
i.. 0 du spectre de l'opérateur A difinit un sous-espace invariani de
dimension finie~ danB cet espace, naturellement, la structure de l'opera-
teur A est caractérisic par les moyens connus.
b. On déduit de a une propriété importante d'un opérateur com-
pact que voici :
A 1 t e r n a n t i v e d e F r e d h o 1 m. Pour un f1 complexe
donné, deux possibtlitës peuvent se prèsenter: ou bien l'équation
(E - f'A)x = y possêde une sollttion unique par rapport à x pour
tout y E X, ou bien l'équation homogène (E - flA) x = 0 admet
une solution non nulle.
D é m o n s t r a t i o n. Il est évident que pour f1 = 0 c'est
la première possibilité qui se réalise. Soit donc 1-' r:/= 0 et i.. = 1/f' ;
l'équation (E - fiA) x = fi est alors équivalente à l'équation
(A- i..E) x = -i..y. Si i.. n appartient pas au spectre de l'opérateur
A, alors A -i.E est inversible, ct c'est le premier cas qui a lieu;
si  appartient au spectre de A, alors i.. est une valeur propre de A
eor  ;f= 0 (12.96c), et on a le deuxiè-me cas.
Ainsi, l'alternative de Fred.Jwlm est équivalente au fait que, pour
l'opérateur A. tout 11ombre i.. E SA non nul est une valeur propre. Nous
avons vu que c'est bien la propriét6 des opérateurs compacts; mnis
U existe une plus large classe d'opérateurs possédant cette propriété
(par exemple, les opératpurs dont une puissance quelconque est
compacte; cf. exercice 13).
12.98. 0 p é r a te u r i n t é g r a 1 d e Fr e d h o 1 m. Soit
q (s, t) une fonction complexe continue de deux variables réelles
s et t variant dans un même intervalle la, b}. L'intégrale
b

y (t) = Jq (s. t) x (s) ds, (1)

pour toute fonction x (t) continue sur la, bJ, représente une fonction
définie toujours sur la, b] et continue en vertu de 9.81. ll est évident
!\ue la formule (1) définit un opérateur linéaire y = Ax agissant dnns
1 espace C' [a, b] de toutes les fonctions complexes continues sur
[a, b], avec Il x Il = sup 1 x (t) 1 pour norme (12.39b); il s'appelle
opérateur de Fredholm. Il résulte de l'inégalité
128 ÇH, 12. STRUCTURES FONDAMENTALES DB L'ANALY8E

b
jy(t)j...-:supj.z(s)j Jjq(s, t)jds
a

que 1 opérateur A est borné et que sa norme ne dépasse pas le nombre


b

s~p J q (s, t) Jds.


a
1

Montrons que l'opéraleur A est compact. Supposons qu~:~ la !one


tion .z (t) parcourt un ensemble borné Q E c• la, b), de sorte que,
par eltemple, ll.z Il= sup l.z (t) 1::;;;: r.
Alors, pour 1 t' - t'' 1 ~ 6, on a
Il
y(t')-y(t")j~supj.z(t)j J jq(s, t')-q(s, t")lds~
a
~ sup 1 .z (t) 1 oo 9 (Ô) (b - a),

OOq(ll)= sup jq(s,t')-g(s,t")l·
11'-1"1"'0
On en déduit l'estimation suivante pour l'oscillation oo 11 (5) de la
fonction y (t) :
OOu(6)= sup jy(t')-y(t")j~I'CI>q(ll)(b-a)
ll'-t·l~6

cette estimation ne dépendant pas du choi:x de la fonction .z (t) E Q;


comme la fonction q (s, t) est continue, on a lim OOq (6) = 0, donc
o-o
aussi llmoou (6) = O. Aiosi, l'ensemble AQ c: c• (a, b) est uni-
o-u
formément bornéetéquicontinu ;d'après le théorèmed'Arzclà (12.24c)
l'ensemble AQ est p~compact pour tout Q E C' (a, b) borné; l'opé-
rateur A est donc compact, ce qu'il nous fallait.
En conséquence, nous voyons que toutes les propositions 12.96-
12.97 sont valables pour l'opérateur de Fredholm. En particulier,
a lieu l'altemative de Fredholm (12.97b) qui, dans le présent cas,
prend la forme -suivante :
Pour un 1-' complexe donné, deux possibilités peuvent se présenter:
ou bien l' éguatton
b
.z(t)-1-' Jq(s, t).z(s)ds=y(t)
a
posùde une solutton untque par rapport à .z (t) pour toute fonction
y (t) E c• (a, b), ou bien l'équation homogène
b

.z(t)-1-' Jq (s, t) .z(s) de=O


Cl
admet une sowtion non nulle.
f 12.9. PROPRI8T2S SPECTRALES DE~ OP2RATEURS 129

12.99. 0 p é r 11 te u r i n té gr a 1 d e V o 1 t e rra. Soit


toujours q (s. t) une fonction continue des variables s el t parcourant
l'intervalle [a, b). L'intégrale
1

z (t) =[Vx) (t) =- -~ q (s, t) x (s) ds (1)


a
diffère de l'intégrale 12~98 (1) par le fait que la limite constante b
est remplacée par la limite variable t. De même que dans 12.98(1)
la fonction y(t) est définie et continue dans [a, b) (9.86a). L'opéra-
teur linéaire V donné par la formule (1) s'appelle opérateur de Volter-
ra. L'opérateur de Voltorra, de même que celui de Fredholm. est
compact; on le démontre par ln même méthode, en precisant un
peu les estimations. Mais, contrairement il l'opérateur de Fredholm,
le spectre de l'opérateur de Volterra ne peut avolr de points non nuls
(c'est-à-dire, nous l'avons vu, de valeurs propres). Supposons le
contraire: pour un i.. + 0, il existe une fonction x 0 (t) E c• (a, b)
telle que
t
Vx 0 (t) == Jq (s, t) Xo (s) ds = i..x (t).
a
0 (2)

En posant t = a on trouve A.z 0 (a) = 0, donc x 0 (a) = O. Sans


restreindre la généralité, on peut admettre que la fonction x 0 (s)
ne s'annule identiquement dan~:~ aucun voisinage du point a de l'in-
tervalle [a, b), sinon on le ferait passer, sans que l'intégrale change
de valeur, au point le plus proche de l'intervalle )a, bi qui possède
déjà la propriété mentionnée. Par conséquent, la fonction m (6) =
= sup 1 x (t) 1 est non nulle pour 6 > 0 et tend vers 0 pour
12.-'S'f'!ScJ-tô
6 - O. Pour tout 6 > 0; on peut indiquer un point t 5 E [a, a -1 .~ 1
tel que 1 x 0 (t 5) 1 = m (6). Maintenant, on obtient de (2) l'est i IIW·
tion suivante:
16

1i..xo(t5) 1=1 Â 1m (6)...;;:: a>''!':~ 1x 0 (s) 1· 1q(s,


6 J t) 1ds<côm(ô),
OÙ a
r=suplq(s,t)l.
1••
En divisant par m (6) on a
li.. l~rô
pour tout 6 >O. Cette inégalité contredit la supposition i.. + O.
La proposition est doue démontrée.
En appliquant 12.97b et 12.66 on voit que, pour tout y (t), il
existe une solution unique de l'équation de Voltorra
1

[E -l-'V) x (t) =a x(t)-J-L Jq (s, t) x(s) ds =Y (t)


a
9-22~"
130 CH. 12. STRUCTURES I'ONDAlllENTALES DE L'ANALYS~

qui osl repnisenl!Se par la série


z (t) = (E - fi V) -• y (t) =
= y (t) + j.i.\'y (t) +
f1 2 V 2y (t) + ... +
f'"V"y (t) + ...
On peut montrer que l'opérateur V", pour toul n, est encore un
opérateur do Volterra de noyau qn (s, t) que l'on pout calculer par
récurrence d'après les formules
q 1 (s, t) = q (s, t),
1

qn (s, t) = Jqn-t (s, a) q (a, t) da


1
1

(cf., par exemple, [t5); dans le méme livre on trouvera les exemples
d'application des équations intégrales à la physique mathématique).

Exercices
1. r:orL~id6r4'r troi9 P..spaees de fonctione •ur la droite:
a) de tnutos les fonctions continues et bornées;
b) do toutes les fonctions continues possédant la propriété Hm f (.r) = 0;
l::rt-rD
c) de toutes les fonction! continues dont chacune est nulle à l'extérieur
d'un inL<•rvall4'.
Ou munit ces espaces do la métrique
p (/, g) = •up 1/ (z) - 11 (z) 1·
Eel-ce que les espaces mentionné! sont complete?
2. Jndiqu•r ilan9 l'espace R• (0, ou) (de toutes les fonctions continues et
bornées sur la d4'mi·droito 0 < z < ou avec Il z (t)IJ - sup 1z (1) 1 pour nonne)
1
un onsemble oyant la puissance du continu des fonctions za: (1) teii4'S que
Il z .. (t) Il = :1, Il r,. (1) - z1 (1) Il ;;:;. 1 pour a + p.
ne mor quo. 11 en résulte qu'il n'existe da"" l'espace R• (0, oo) aucun
ensomble dénombrablo pa~ut dense.
3. Prouver quo la fonctionnelle
1/2 1
F (y)= Jy(z) dz- 5 y (z) dz
u 1/2
l'lit continuo tians l'espace R• (0, 1); montrer que la bom4' supli•·ieure ri!' ses
vnleurs aur lalHlule unité fermée de l'espace R• (0, :1) vaut t, cette borne n'étant
attl'into sur aucun élémont de la boule unité.
4. On sait ctue le lemme sur IEO parallélogramme (12.43a) esL nlablo pour
n'importl' quel~ deux vect4'UI'S :r, !1 d'un certain esp.ace normé X. Démontrt>r que
l• normo dons X est !'ng4'ndrée par le produit sc•l•ire
(:r,v>=! (lfz+yll:-llz-vll 2 >·
5. Soit P l'•lgèbro de tous les polynômes p (•) A coefficients complex!'S dans
le r.~rclo Q = {•: 1 • 1.;;;; t ), avec la norme Il p (:) Il- max 1p (:) 1. Cette
algèbre contient t et sépare n'importe quels deux points du compact Q, mals
le théori:!m4' de Stone 12.52c n'est pas v•lable pour olle, et l'algèbre P n'est pas
denso dan9 l'algèbre C• (Q) de toutes les fonctions comploxes contiuu!'S dans
le cer·ciB Q.
EXF.:RC!CI!JS :131

6. Dons un~ algèbre normée R• (Q) CQ I.'St un espac~ moLrique), l'ensembln


1 (F) de tou les 1~ fnnc.tinns f (.r) E R• (Q) qui s'annulent idontiquomont sur 1111
ens~mble fermé F c: Q ~st. un idéal fermé dans R• (Q). Montr<>r que si Q est Ull
compact, al1>rs tnut icl6nl f~rmé 1 c: R 1 (Q) coïncide •vec l'id6el 1 (F) pour
un F c: Q.
7. Supposons qu'uno f•mille (-quir.ontinue E c: P• (Q) de fonctions (I'
I!'St un espar-e métriquP, Q un cllmpacq soit telle que, pour tout r E Q, les valoul'!l
des fonctions r (1) E E apparthmnont a un préwmpacl P 1 c: P, D6montror 9.u'il
oxlste un précompact P 0 c: P qui contient les valeurs do tnules les Conct1ons
z (t) E E r.n tous le-s points 1 E Q.
Il. On !lC donne une matrice T "" litA Il v6ritiant l'hypothèse du tb6oreme
do Toeplitz 12.76<. Construire avec les nombres :1 et -1 une suite t, n'ay•nt pas
de T-limit.e.
9. Démontrer que la condition lim Il Tn Il = :1 est nécessaire et suffi-
~ID

sante pour que l'intl!rvallo llim Tn (z), lim Tn (z)J (12. 76) soit contenu dans
l'intorvalle lllm :r, lim zl quelle quo soit la suite bornée s = (~, ;2 , ••• ).
lO. Soil C= C• (Q) l'algèbre de toutes les fonctions complexes f (z) con·
tinuPS sur lo circonf6rence 1 • 1 = :1 (avec la norme usuelle) et soit Z l'alg~bre
des fonctlnns 7' (•) analytiques dans le cercle 1~ 1< :1 et coll.tinues dans le
cercle! 1• 1 < ! , avec la même norme IIIJl Il = sup 14p (:) 1· Montrer que
a) L'application qui féit correspondre Il toute fonction q> (•) E Z la fonctinn
limito cr (eil) E C œt un monomorphisme de Z dans C; par conséquent, on peut
dirP que I'algèbro Z est uno sous-algèbre do l'alg~bre C. •
b) Z est unr. Rous-algèbre form6e dons C.
c) Le spectre de l'oPérateur A de multiplication par • dans l'espace C l'Ill
=
la circcnMroncc 1 • 1 t; le spectre du même opérateur dans l'espacc Z est le
cercle 1• 1E;;; ! ; do plus, les valeurs 1' 1 = 1, ot olles ssules, sont le! val ours
propres ~nérulisées do l'opérateur A dans Z.
d) L élément • est inversible dans l'algèbre C, non inversible dans l'algèbro
Z at n'est pas un diviseur généralisé de zéro dans Z.
tt. Soit Q un ensemblo compact dans le plén des set soit C = C• (Q) l'cs·
flace do tout(!S les fonctions comploxes continues sur l'ansemble Q. Montrer qua
l'opérateur de multiplication par z a l'ensemble Q pour epoctre.
t2. On sail quo, pour nn opérateur A dans un espaco de Banach X ot pour
un pnlynôme P. (À.), l'opérateur p (A) est compact. Démontrer que tous les polnb!
du spcdrr do l'opérateur A (&l'exception po95ible des racines du polynôme p (A))
sont ses valeurs propres.
13. Montrer que l'alternative de Fredholm a lieu pour un opérateur A dont
uno puissance quelconque est comractc.
t4. Soient p;;:;. 1, q ;;art et -+_!_=1. Pour deux loncUo11.s quolconquet
p q
z (1) et y (1) continues par morceaux sur un intl'>rvallo a .;;; t .;;; b, démontrer
l'in6galit~ de Holder

1 I
b
z(l)y(l)dti<Y
"'r
f lz(t)IPdty
,; "
l Jy(l)lfdt.

t5. Pour les mêmes fonctions z (1) et v (r), d~montrer l'in~galit41

pr
y I b

Jz(t)+y(I)I'Pdt.,;; y 1P/ b

!.:r(l)j'Pdt+ y IPl b

]!l(l)jlldl

pour P> t.
:132 CH. 12. STRUCTUf!ES FONDAIIIENTALES DE L•ANALYSE

16. Soit p:;;;.. 1, q:;;;.. 1 et _!_ +...!..= t. Pou1 deux vecteurs quelc.ollf)uee
:r = ~~ ...... tn} el v= {'Il· • ~-. 'IJ. déiDOUtrer l'in6galilé do Hiilder
1
~-1
±~'l~ 1"',P1
~ ~~1
±1~~ IP., q1
~ ~-1
~ 1'l~ lq.
t1. Pour les mi!mcs vecteurs s= ~~~· et v={'l~}, d6monLrer l'ln6galiW
de triangle

-.P/ n ,P~ ,PJ n


V ],H~+'l~[P...ç~ ~~1 1SA.IP+v ~~1 1'l~a1P
pour p ;;ar 1.
18. Démontrer quo l'espace normé lp (i2.33d) est complet quel quo soit
p > 1.
t!l. On a une suito do fonctions z,. (1) (n = t, 2, .•• ) définies et indéfini-
ment dérivables sur un intervallo a ,.;; 1 .;;;;: b. Supposons qu'il cxlsto une suUo
de ctmstantes A 11 (1< '"" 0, 1, 2, .•• ) telle quo
1z~k) (1) 1..;;;: A~ (n=t, 2, •.• ; 1<=0, 1, 2, ••. ).
Extroire uno sous-suite zn,.(l) (m = :1, 2, ••• ) qui, de même que chaque suito
des dérivées z~~l·(t) de n'importAl quoi ordro, con verga uniformMIIent sur l'inter·
m
vallo a .;;; t .;;; b lorsquo m -+ oo.
20. Montrer quo la quantité Ils liJI (:12.33c) no vérifie pas l'axiomo do
trianglo 12.3:1 c si p < t.
2L Il oxisto une varlanto du tbéoremo d' Arzclà t 2.24. qui n' exigo pas la
continuité des fonctlon.s z (1) ai la compacité (ni mfimo la métrisabilité) de leur
l'nsomble do définition Q. A savoir, soit P (Ql uno fB..miUe do fonctions born6œ
z (t) définies sur un eosemblo quelconquo Q, â valours dans un espace m6triquo
P, cotto famille étant m6trisée d'apres la formule p (z, y) = sup p (:r (1), v (t)).
l' n ensemble E c: P (Q) est pricOmpact si, ot seulolltl'nl si, pour tout & > 0
il existo uno partition do l'onsemblo Q on un nombre fini de sous-ensembles
Q, ... , Qn sur chacun desquols la variation do toute fonction de E ne dépasse
pas e.
Jlistorlqoe
Les structures fondamentales de l'analyse sont dégagées à la fin du XIX• ot
au début du x xe si~le iorsquo l'analysa accumule déjà un nom kclmpnrtant
d~ faits et que la nécessité de leur or~ranisation devient Impérative. Lll dépen·
danco linéatre des vecteurs, la dimoosion (égalo à n'importe quoi " naturol)
figurent déjà chez Grassmann (1846), maig les espacoa vectoriels abstrait.s appa-
raissent pour la premièro fois chez Peano (1886).
La 1i16orio des espaces de fonctions continues se dévoloppe en 1talio auront
les années 1870-80 (Volterra, ABcoli, Anelà, Dinl). Le théorème 9Ur l~.s condi·
li~>us do compacité d'un onsemble do fonclion.s continues, que l'on appelle
d'habitude théorèmo d' Arzelà, œt démontré pour la promière fois par Ascnli on
:1883. Lo théorème do Woierslrass sur l'approximation dos fonctions continues
par les polyn6mes dato des années 1870; sa généralisation (:12.52-t 2.53) est
trouvée par M. Stone en :1936.
L'étape suivanto est l'introduction des espaces hllbertions. Elle s'ouvre
avec la construction d'une théorie des équat.ions linéaires iuU!Qrales par Volterra
(:1887) et Fredholm (1900). Hilbert découvre en 1906 une ann1ogle romarquable
entre le problèm!' sur les val~urs propres d'opérateurs inlégraux el colui do
réduction d'une forme qu•dratique, la résolution du problème p(lur les opéra·
HISTORIQUE 133

tl'urs intégraux s'avérant Iiél' à leur compaci!M. Ea 1907, E. Schmidt donne un


nouvel expo!lé do la théorio de HiberL en écrivant le! opéraLeurs int6graux il
l'aide de matrices infinies agissant dans l'c espace hilbertien • de! suites de
carré sommable. Une théorio axiomatique des espacea bilbertlene buée sur la
notion cie produit scal~tire œt construite aux environs de 1930 par Stone et vnn
Neumann.
Uno autre construction de la théorie des opérateurs compacts qui, en fait,
est valable pour n'importe quoi espace norm6 complet (formelleme,.t, pour l'es·
pace dœ fonctions continues) est r6elisée par F. Rlœ: en :1918. La définition
abstrlllte des espaces vectoriels nnrm6s opparait un peu plus tard, en 1920-22,
dan~ les travaux d~ Banach, Hahn et Wiener. L'école de Banach découvre
durant les anné~ 20 les principes fondamentaux de l'analysa fonctionnelle
lin~;1ire, y compris le th6orème sur l'application ouverte et celui do la bnme
uniforme (:12. 74). Les résultllts obtenus par cette 6cole ct un grand nombre d'ap-
J>lic:ltions sont exposés dans 1201. Pourtant, le probléme fondamental de la
repres~ntalion cenouique d'un op6rRteur linéaire qoolconquo, analogue à la
repré~entatinu jordanienne d'un op6rateur linéaire do dimension finie, attend
encl>re sa S<>lution. Dans ce sens, il y a beaucoup de résultats intérossants et
fnrts concernant lc.s npérateurs dans un espace hllber1.1on. Hilbert a obtenu
dès 1906-:1911 un analogue de la roprésentation diagonale pour les opérataura
symétriques (el hermitiens) non forc6ment compacts. Le possmge à des opérateurs
non symétriques est extrêmement lent; les premiers ruultats de val our (liés,
pour l'essentiel, aux noms de Livt:hitz et Keldych) se rapportent à la fin des
années 40. Pour l'état actuel de la théorie voir les monographies [41 et (51.
La théorie des algèbres normées dont nous n'avons fourni que lœ premières
notions est construite por Gelfaud en 1937-1939; [3) el (8] en dnnnent un expos6,
avec des exemples variés d'applications à l'analyse.
La première approcha SCientifique de la sommation de suites dlvo'llentes
est due à Euler (• Institutions du calcul différentiel•, 1755). Il ne s'agit encore
pas, à cette époque, d'une théorie rlgoureu.~o; de plus, l'utilisetion incorrecte
de séries dlvergontes a bien sapé leur presLi~te· La r6forme de Cauchy (1821)
chasse pour longLemps les suites et les séries d•vergentes de l'IUialyse. Lo théorie
moderne de la sommation de suites c.~t formée au carrefour du XIX• et du xxo
siècle (Cesàrn. 1880: Voronoi, f902; Toeplitz, 19:11); on peut prendre coonnis·
sance de son état actuel dans 1211.
CHAPITRE 13

Equations différentielles

tl no lnt.elligenco qui, pour un ins-


tant donné, connaîtrai Ltoutes le9forœs
dont la naturo C3t animéo cl la situa-
tion respective de3 6Lre3 qui la corn·
posent, si d'ailleurs elle 6tait assez
vaste pour soumettre ce.!l données à
l'Analyse, embrasserait dons la mêmo
formule les mouvements des plus
grands corps de l'univers el ceux do
plus lqer atome; rien no serait
Incertain pour elle, at l'avenir, comme
le passé, -ail présent à ses y4lUll.
L'espriL hmnoin offl"l', dans la porfec·
lion qu'il a su donner à l'Astronomie,
une faible esqui338 1le ceLte lntolll·
ge,.ce
Pltrre-Simon Laplacr,
E3381 philosophique sur les Pro-
babilité! (1795)

§ t3. t. DéFinitions et exemples


13.11.a. Si une équation par rapport à une fonction inconnue
u = u (t), a ~ t ~ b, coutient une dérivéo (première ou d'un ordre
supérieur) de cette fonction, elle est appelée éq®tf.on dl.j/ércntielle.
La fonction u (t) peut être cherchée, selon les conditioos du problème
considéré, soit parmi les (ouctions numériques, soit parmi les fonc-
t.ions vectorielles à valeurs dans un espace n-dimensionnel, soit enfin
pnrmi les (onctions vectorielles à valeurs dans un espace vectoriel
normé.
Toute fonction u (t) vérifiant uno équation différentielle donnée
en est une solution ou une solution particulière. L'ensemble de toutes
l11s soh•tions s'appelle solution générale.
b. Ainsi, ln plus simple équation différeuticlle
u' (t) = 0 (a ~ t ~ b) (1)
n u (t) = const pour solution générale; c'est une constante numérique
si l'on sait que u (t) prend IPS voleurs numériques (7.-'15c), une cons-
1 13-1, DltPINJTrONS ET EXEMPLES 13!:.

tante vl'Ctorielie si u (t) prend les valeurs vectorielles, un élément


constant d'un espace normé B si u(t) prend les valeurs dans l'espace B
(12.61k). La solution générale de l'équation différentielle
u' (t) = g (t), (2)
où g (t) est une fonction donnée (numérique ou vectorielle), 11eut être
mise sous la forme de l'intégrale
1
u (t) = Jg
lp
(t) dt+ const,

à condition que g (t) soit continne par morceaux (9.32 et 12.63c).


Les exl'mples (t) et (2) montrent qu'une équation différentielle ne
détermine pas sa solution d'une façon univoque, de sorte que, pour
fixer une solution, il faut lui imposer des conditions supplémentai-
res. D'ordinaire, en tant que condition supplémentaire, on se donne
la veleur de la fonction inconnue u (t) pour une certaine valeur
t = t 0 Ela. bi. Une fois u (tu) donné, la solution de l'équation (t)
ou (2) est déterminée d'une façon univoque,
c. Une 6quation plus générale a la forme
u' (t) = <D (t, u (t)), (3)
où <D (t, z) est une fonction à valeurs dans le même espace normé D
qui coutit'nt les valeurs de u (t). Ici on s'interroge sur l'existence
d'une solution u (t) et sur son unicité pour u (tu) donnt>.
d. n est utile d'attribuer n (3) un sens «cinématique» dans
l'es118.ee B. Figurons-nous un point mobile da11s l'espace B dont la
position ii chaque instant t est u = u (t). Lorsque t varie, le point
parcourt dans B une courbe Il = u (t) (a ~ l ~ b). La fonction
vectorielle u (t) représente la loi du mouL'ement du point mobile
le long de e<>Hc courbe. Alors le vect.eur u' (t) peut ôtre interprété
comme vecteur vitesse du point (limite du rapport du chemin par-
couru ~u au temps employé ât). Le second membre de l'équation (3)
fait correspondre à un vecteur z E B, pour tout t E [a, b) fixe, le
vecteur cl> (t, z). La solution u (t) s'interprète comme loi du mouve-
ment d'un point mobile dans l'espace B lorsque la vites.cre du mouve-
ment., à tout instant t et pour toute position u E B, coïncide avec le
vectPur <IJ (t, u). Ainsi, à tout instant t, la fonction <D (t, u) définit
un champ des vecteurs dont chacun détermine la vitesse du mouve-
ment du mobile au point correspondant u de l'espace B. Ù.'S solu-
tions de l'équation (3) représentent les trajectoires possibles du
point mobile l't sont, dans ce cas, appelées courbes intégrales de
cette équation.
Dans l'eRpace R 1 x B, on peut attribuer à l'équation (3) un seu1:1
purement géométrique, A toute fonction u = u (t), il correspond une
courbo dans l'espace R1 x B (tE R 1 , u E B). La différentielle
136 CH, 13. 2QUATIONS DIPP2RENTIELLES

u'(t) dt est la partie linéaire principale de l'accroissement de la


fonction u (t) lorsque la variable indépendante varie de t à t+dt.
Par conséquent, daru la cas réel (B = R 1), la dérivée u' (t) est
interprétée comme coefficient angulaire de la tangente, i.e. comme
pente de la courbe u (t), lorsqu'on passe de t à t + dt, i\ des infini-
ment petits d'ordre supérieur près. Dans le cas général, pour un B
quelconque, la dérivée a un sens analogue: la droite u - u 0 =
= u' (t 0) (t - t 0) est tangente à la
courbe u = u (t) pour t = to, et la
quantité u' (t 0) peut être appelée son
coeHicient angulaire. La fonction
Ill (t, z) détermine à tout point (t 0 , z0 )
do l'espace R 1 x B une droite
u - z 0 = $ (to. z 0) (t - to), (4)

Fig. 13. t. Fig. :13.2.

et l'équation (3) e:xige que, pour tout t 0 E [a, b], la courbe u =


= u (t) ait une tangente se confondant avec la droite (4) déterminée
au point lto. u (to)J.
e. En tant qu'exemple, considérons dans l'espace B = Rs
l'équation
u' (t) = v (u),
où v (u) désigne, pour toul u E Ra. le vecteur que l'on obtient en
faisant tourner le vecteur u d'un angle droit dan~ le sens positif.
Du point de vue cinématique, le point moiJile doit se déplacer
dons le plan R~ de façon que son vecteur vitesse se confonde avec le
vecteur v (u) en tout point u. Il est évident que chaque solution
représente un mouvement le long d'une circonférence centrée à
l'origine dc>s coordonnées, avec la vitesse égale numériquement nu
rayon de la circonférence (fig. 13.1).
Du point de vue géométrique, on cherche les courbes dans l'espa-
ce tridimensionnel R 1 x Ra dont la tangente à tout point soit donnée
par l'équation
u - zo = v (zo) (t - ta).
Les courbes cherchées ont la forme d'hélices contournant l'au des t
(fig. 13.2).
1 13.1. DI!:FINITIONS ET EXEMPLES t37

f. Nous verrons plus bas qu'un système d'équations de la forme

'.
u~ (~) :=.~~ ~~ ~~ ~t).' .· ... ~ ~n .(t~) •. }
(5)
Un (t) = II>n (t, Ut (t), ... 1 Un (t)),
ainsi qu'une équation du n-ième ordre
u(n) =II> (t, u (t), u' (t), , . , , u(n- Il (t)) (6)
se réduisent à une équation du type (3).
g. Les problèmes d'existence de solutions des équations diffé·
rentielles et de leur unicité dans certaines conditions supplémentai-
res nous intéresseront le long de tout le chapitre; pour le moment,
nous considérons quelques cas très simples où la solution s'obtient
sous une forme eltplicitc.
13. t 2. Soit une équation de la forme
u' (t) = A (t) u (t) (a ~ t ~ b). (1)
Une telle équation s'appelle équation linéaire homogène. Supposons
d'abord que la fonction cherchée u (t) soit une fonction numérique
et le coeHicient A (t) une fonction numérique continue donnée.
La valeur u 0 = " (t 0 ) est également supposée donnée. Lo fonction
u (t) ~o e.'!t une solution évidente de l'équation (1), mais elle ne
satisfait pas, pour u 0 .p 0, à la condition initiale. Cherchons d'autres
solutions. Si u ft) est une solution non identiquement nulle, alors
il edste un intervalle dans lequel u (t) .p 0, par eumple u (t) > O.
En divisant (1) par u (t), on obtient

~cc:: e~~ [ln u (t)J' =A (t),


d'où
1

ln u (t) = ) A (-r) d-r+ C.


lo

En posant t = t 0 on a C = ln u 0 ; définitivement, en se débarrassant


des logarithmes on trouve
1
s A(~) d~
u (t) = e1o u0 • (2)
La vérification directe montre que (2) est réellement une solution
de l'équation (1) qui ne dépend plus du signe de u (t). Remarquons
que la solution (2) est définie pour tout t E [a, bi (et non nulle par·
tout si u 0+ 0). Donc, pour la condition initüzle u (t 0) = u 0 , l'équa·
tt.on (1) possède la solution (2). Si A (t) ==A est une constante, alors
138 CH, 13. I!:QUATIONS DIFPitRENTIELLES

la solution (2) prend une forme particulièrement simple


u (t) = e(l-1~) A u 0 • (3)
t3.t3. Revanons à l'équation
u' (t) = A (t) u (t) (a~ t ~ b) (1)
en supposant cette fois que u (t) soit une fonction vectorielle à valeurs
dans un espace de Banach B ; le coefficient A (t) est supposé uu opéra·
leur linéaire continu qui applique, pour tout t E [a, bi, l'espace B
dans lui-môme eL dépend continûment du paramètre t. Ici los raison·
nements 13.12 ne sont plus valables car la division paru (i) n'a plus
de sens. JI s'avère cependant que l'on peut attribuer un sens ri~ou·
reu:x aux résultats définitifs 13.12 (2) ou (3).
Supposons d'abord que l'opérateur A (t) e::A ne dépende pas
de t; le cas général sera étudié dans 13.19.
Nous considérons eC 1- 1olA comme fonction de l'opérateur A au
sens de 12.86c:

e!l-lo> A= "\' (l-lo)" An (2)


"- ni

Cette fonction est défiuie pour tous les t réels et prend ses valeurs
dans l'espace L (B) des opérateurs linéaires bornés dans B. La série
(2) peut être dérivée terme à terme par rapport a t (12.66), ce qui
fournit
...
.!!.._ e(t-lo) A= ~ n (1-lo)n-1 An= Ae<t-lo) A,
dt ~ nl
.....o
011 en conclut que u (t) = e(t-to>Au (t 0) est réellement une solution
de l'équation (1). Pour t = t 0 , cette solution donne, évidemment,
le \'l'Cleur u = u (t 0). Ainsi, pour un u (to) donné, on a une solution
de l'équation homogène (1), qui est de la forme
u (t) = eCt-to) Au (t0). (3)
Pour démontrer l'unicité de la solution obtenue, démontrons
d'abord le lemme suivant:
Le 111 rn e. Si B (t) est une fonction opératorielle fortement dért-
vable (i.e., pour tout xE X, on a la relation limite B' (t) x=
= lim
8 (l + 11~~ - n (l) x) et si x (t) est une fonction Vectorielle
~L-0
dérivable, aloN la fonction vectorielle y (t) = Il. (t) x (t) est elle ausst
dérivable et l'on a
y' (t) = B (t) x' (t) + B' (t) x (t).
f 13,1, D2J'rNlTIONS ET EXEMPLES t39

D é m o n s t r a t i o n. On a
8 (t+àt) z(t+àt)-8 (1) z(l)
àt
=B(t+ât) z(t+à~:-z(t) +8(t+à~~-B(I) x(t).

Le premier terml.' à droite tend vers la limitt' B (t) x' (t) lorsque
ât- 0 (12. 74 e-/), le deuxième tend vers B' (t) x (t) par hypothèse,
d'où le lemme.
A présent, démontrons que (3) est l6 solutton unique ck l'equa·
tion (1) avec la ualeur u (t 0 ) donnée. Soit u (t) une solution quelconque
de l'équation (1) avec u (to) donné. Introduisons uni.' nouvelle Fonc-
tion inconnue v (t) d'après la formule u (t) = e(t-to)Av (t) ou,
ce qui revient au même, v (t) = e-tt-lolAu (t). En portant u (t) dans
J'équation (1) et en utilisant le lemme on trouve
u' (t) = Ae<l-lo) A v (t) + e<l-lo) A v' (t) = Ae< 1-lo) A v (t),
d'où
e<l-to) A v' (t) =0 ;
en multipliant par e-<t-lol.A on obtient v' (t)=O. Il en r~sulteque

v (t) = v (to) = u (t 0),


donc la solution u (t) a la forme (3), ce qu'il fallait démontrer.
13. 14. Comment sera la solution 13.13 (~) en cas d'espace
n-dimensionnel réel Rn? Pour simplifier, posons t 0 = O. Choisissons
dans l'espnce Rn une base e,, ... , en. Développons la foncLion
vectorielle u (t) suivent CPt te base; Eoit
n
u (t) = ~ u~ (t) e11 •
~=1

Alors
n
u' (t) = ~ u~ (t) ek,
~=1

et l'équation vectorielle 13.12 (1) se met sous la forme du système


d ·~quations scalaires:

~u~,':l .=.a: 1 ~ 1 ~~). ~ ~~~~~n .(t~,


••• : }
1)
(

----cil= a., 1u 1 (t) + ...


dun(l)
+ annUn (t)
avec une motrice réelle constante A = Il a,k 11. Ln solution est
le résultat de l'application de l'opérateur t 1A au vectE'ur initial
Uo = u (0).
140 CH. 13. 2QUATIONS DII"l'1::RENTII!:LLES

Il s'avère que la solu\lon cherchée peul être misa sous une forme explicite
suHisamment nlmple si l'on choisit pour vecteurs Initiaux u 0 le! Pl't~urt d'une
basejordanitnM dela matrlee A (t2.t71). Pour de tels vecteurs, nous intrudulsons
les désignations suivantes.
a) Le vecteur de base associé A une case Jordanienne à un seul élément >.1
sera désigné par fJ·
b) Les vecteurs de base assoei69 Il une mx m-case jordanienne
ÀJ t
ÂJ

(2)
ÂJ 1
À.J

('À.J é\an\ réel) seront désignés par f J, .... fj. Les vecl.eurs de base assoei6s
A una 2 x 2-Gase

Il~; -;;Il· Âj=OJ+ITJ (3)

seron\ désignés par h1, Ill; enfin, les vecteurs de base associés A une 2m x 2m-
case
aJ - ' f j 0 ...
'fJ Oj 0 t ...
Oj - ' f j ••• (4)
TJ Oj • ••

seront désign6s par h], 1], ... , h';', gj. Rappelons que, daos tous les cas
considérés, les nombres 'A.J sont de!! racines de l'équation caractérisliqoo
au-A aa ..• ain
0 21 °22- ). • • • a•n
=0,

les nombres OJ e\ 'fJ é\Bnl respectivement les parties réelle et im&IJinalre des
racines complexes de cette 6qua\ion (12.17/).
Toute case de la matrice jordanienne définit un sous-espace InvariAnt de
ropérateur A (de dimension t, "'• 2, 2m respec\ivement). L'oJ)ISrateur e 1A appli-
que A un vecteur de ce sous·espace donne un autre vecteur de ce sous·espaee.
Les solutions r~pondant aux vecteurs Initiaux t1, fj, hJ. IJ• hj, gj (s -= 1, . , ., m)
seront d6signées respectivement pu IJ (1), lj (1), h1 (1), IJ (1), hj (1), cj (1).
J?ans l'e!pace Invariant unldimenaionnel engend~ par le vecteur t1, l'opérateur
A se réduit à io multiplicalion par >.1 et l'~rateur e1A à la multiplication par
• ~1. On en tire
1

(5)
1 13.1. D8PINIT10NS II:T EXEMPLES :141

Pour l'e!!pace Invariant m-dimensionnel correspondant ù Jo ca:jG jorda-


nienn& (2), nous avons (t2.19e)
/l 1/1' Il ~J' 1m-1 ~JI
T' ··· (m-t)l'
1m-t ~J'
,u_ 0 /J' 1/JI
··· (m-2)1•

0 0 0 lJ'

(6)

c) Pour la 2>< 2-case jordanienne (3), nous avons (12.t9h)


c'.A = e"'ll cos IT
sin IT
-sin tf
COS t'C
Il ,
par conséquent,
hJ (1) =tilt (cos IT·hJ+sin IT·IJJ,
(7)
IJ (1) = e111 (-sin IT.hJ+cos IT·IJI·
d) Pour la 2m X 2m-caso jordanienne (4), nous avons (12. t9h)
cos IT -sin IT 1 COIIIT -1 sin IT ..•
sin IT cOS IT 1 sin IT t COS h; ...
COS tT -sin IT . , •
siniT cos I-r •.•

, . , COSIT -sin IT
, . sin IT cos tT
de sorte que
h} (l)=eC!t (cos Tt·h}+sin Tl•r}(,
g} (1) ~•"' (-sin u.h}+cos Tt·g~].

h'J' (1) =t(JI r~~=: )J (COS Tt·h)+sfn Tl·gi)+ ...


(8)
... +cos Tf·hj+sln Tt·gjJ.
1m-1 ~
1j (l)=e"1 [ cm=tïi (-sin u.h,+cosTI·gh+ ...
. . . +(-einTt·hj"+cos Tt.gj) J.
t42 CH. 13. 8QU.ATIONS DIFRRENTIELI.l!:S

t3.t5. Nous avons construit n enlutions particulil!res dilfércmt•s d• l'ciqua-


tion 13.12(1) dans l'espace Rn q•d correspondent à n vecteurs d'uno baseJ'orda-
ni!'nnc de IR matrice A pris en tant que vecteurs initiaux. Dans la base de épart
e 1, • • • , e par rapport A laquelle l'équation 13.12(1) a la forme du système
t3.t4(t), c1tocune de ces n solutions est rl'présentée à l'aldo den fonctiona ecalai-
res (coordonnées). Soient, par exl!mple,
n n n
IJ (1)= ~ UJII (1)•11• hJ (1)= ~ UJII (l)e,., 11 (1)= ~ u·111 (1) e 11 ,
11-1 ... 1 11-t
n n n
fj (1)= ~ uj 11 (1)t,., hl!ll= ~ vj 11 (1)e,., gj (1)= ~ ID,,..(I) tl&,
11-1 11=1 11=1
puis
IJ= ~ "J"""· hJ= ~ IIJII•I&, IJ= ~ IDJII•II·
fj = ~ ,.,,..,., h' = ~ vj11e,., IIJ = ~ wj 11e,..
Nous avons

d'où
(t)
D'une façon analogue, nous obtenons

uj 11 (1)=•
~J' [
(s- t)l u] 11 + ... +uj 11
jil-l J , (2)

1
IIJII (l)=e"J [c09TJI•l'JII+sinTJt•WJII], }
(3)
IDJI! (1)- ."JI (-sin TJI•UJII +cos "'JI•ID H],
"l [ , •.•
~>} 11 (1) = • (•- t)l (cos TJI•P} 11 +sin TJI·w},.l + ...
... +(cOSTJI·~~+siD TJI•wj 11 ) ] ,
f4)
Ill' li (1) ="
"J' [ (S-
,,.,f) l ~
(-sin TJI•v} 1, +COS TJI•ID;II) + , , ,

.. , +(-sin TJI•IIJr.+coSTJI•Wjr.)j,
t3.16. Lea formules 13.t4(5)-(8) peuvent être appliquées à l'étude des cour-
bes in\égralœ u -= u (1) el de ll'ur comportement asymptotique pour t - oo.
Il est commodo d'utillller l'interp~tation cinématique t3.t1d.
A) Pour un vecteur initial du type fJ (t3. Ua)), la solution IJ (1) est ou bien
le vecteur constant fJ lorsque 'kJ = 0, ou bien un vecteur s'éloignant du dro
selon la loi exponentielle (pour t - oo) le long de l'axe fJ lorsque >.J > O. ou
onfil1 un VN'tcur s'en approehant selon la m8me loi le Jon11 du même axe lors-
qtle ).J <O.
b) Supposons quo le vecteur initial u 0 soit un vecteur du type lj. I.e. l'un
des vect.eurs dl' base d'un sous-espace Invariant rn-dimensionnel assncié à une
rase j<:>rdanifnne t3.14(2). Si l'on utilise IR formule correspoudanto du 11roupe
1 13.1. D811'1NlTIONS ET EXEMPLES 143

13.14(6), on obtient la soluti()n


"
f;(l)=l
"·J [ (1<-1)1
~~-• 1 ~~-z
t,+(l<-2)1 t
t,+ 1 ~-'+1;A] .
... +lTt,
Nous voyons que le rayon vecteur de la courbe lnt~rale correspondante.
qui st' r.onfmul à l'in~tanl iniLial •vee Jo V!'ctour f;. acquiert avec le temps lœ
composantes non nullœ suivant les vectcmrs tf- 1• . .. , f~ de sorte q11C, pour 1
grand, la comJlœanlo euivantle vecteur t}
devient dominante. Si 'k1 ;;ar 0, 1< > 1,
alnrs ln courbe s'éloigne, [l<)Ur t - oo, de I'oriiJino des coordonnéœ, fl sa tangente
(on poul le voi•· en dérivant) devient A la limite parallèle au vecteur
"-J = o. la vili'!ISe du point mobilE> s'éloignant de l'origine des coordonnée! vario
t;.
Pour

ulnn la loi de puissance, pour "-1 > 0, ~elon la loi e:tponontlelle. Si "-J < 0,
alors, [><>Ur 1 - oo, la courbe s'approche de l'origine dœ coordonnées; la cnm-
posanLe suivant 1: étant dominante, la courbo entre, lorsque 1 - oo, dans un
côue aussi étroit ~ue l'on veut, de sommet à l'oriiJine de! coordonnéœ et d'ou
dirigé le long de f;; ceci veut dim que la poailion limite de sa tangente se con-
fond avec la tangente au vee\~ur 1;.
c) S11pposons q11c le vec.tl'ur initial ,. (1 0 ) soit un vecteur hJ ou bi~11 KJ dans
un sous-esrtacc invariant bidimen~ionnel H 2 correspondant A une 2 X 2·casc.>
jordaniennr. que 1'on a considérée dans t3.14c)- Alors les formuJcs 13.14(7)
mootr,nl •1u~ la solution u (1) décrit dans le plan JI 2 :
uno ~llip•o centrée A l'origine dœ coordonnées si OJ - 0;
une spirale s'éloignant de l'origine si OJ > 0:
une spirale qui se rapproche de l'orlgino des coordonnéll'! et tend vers l'ori•
gine lo~que 1 - oo si OJ < U.
d) Supposons que Je vecteur Initial u (lo) soit un vecteur h'
!ous-espocl' invariant 2m-dimensionnel JI..,. o~ié A une case jordanicmno de
ou 1; dol" un

d lml'.nsions 2m X 2m. indiquée dAos t3.l4d). Alors la solution u (1} décrit da03
l' cspaco H'lm l'une dœ courb1111 suivantes:
si o{ ~ 0, une spiralo s'éloignant de l'origine dont la tangente tend à dove-
nlr para lèle, pour t - oo, au plan du premier couple dœ vecteurs de base h}. g};
si DJ < 0, une spirale qui se rapproche de l'origine des coordonnées et y tend.
pour t _. oo, en devenant tangente au plan du premier couple dœ vecteure
de base.
e) Dans Jo cas génoral où le vecteur u (1 0 ) possède plusieurs composantes
suivant 1lœ vecteurs d'une base jordanienne, le mouvement COITe&pondant 1111l
la somm~ géométrique des mouvements considérés.
13.17. Une équation scalaire linéaire du n-il!me ordre
y(n) (t) =a 1 (t) y (t) + ..
,+an (t) y(n-1) (t) (1)
peut être mise sous la forme d'un système du premier ordre
en posant
y (t) = u,
(t), y' (t) = ~ (t), ..• 1 y<n-l) (t} =Un (t). (2)
Avec cette substitution nous avons
u; (t) = u2 (t), }
u; (t) = u (t),
1 (3)

~;. .(t) ~ :,·(t) ~~ (e) _;_ ~t (e) u~ (e}_;. .'.: ~ :n· (t) un ~t):
144 CH. 13. ltQUATIONS DIFF2RENTIELLES

Inversement, toute solution (u 1 (t), ... , u,. (t)) du système (3)


permet de déterminer d'uprès les formules (2) une fonction y (t)
= u 1 (t) el ses dérivées: la dernière équation (3) montre que la
fonction y (t) vérifie l'équa.tion (f).
En suprosant a 1 (1) = a 1 , • • • , a,. (1) = a,. constant!, appliqnonB les
résultat! 13. 4.. La matrice de l'opérateur A 11 •.me forme particuliàre
0 t 0 ... '0 0
oo1 ... o o
A=
0 o'o' :.. ·
n
Soit != ~ EJ•J un ,·ecteur proprP. d1.1 I'Gpt!rateur A qui correspond ù une
i~l
valeur propre À.. NoW! avons A/= ~.f. ou bien, en coordonnée:~ Et, ... , 6n,
;.=~to
~=~z,

Œt6t+a:tiz+a:Jta+ ... +an,n=~n·


F.n posant t 1 = t trouvons Sttccesslvoment
tf=i, E•=À.. i3=À.2, "., 6n=À.n-l,
a 1 +ozÀ.+ •• , +an)..n-l=À.". (4)
C'est l'équation caractirlsttqu.e de l'équntion (1). Elle s'en déduit on remplaçant
11'~' par )..1& (k = O. t. ... , n).
Ainsi, les racines caractéri~tiques de la matrice A sont racines de l'équation
caractéristique (4). Un vecteur ~ropre assocll! à une valeur propre À. est colinéaire
au vecteur (1, >., À.1 , • • • , )..n- ), donc défini d'uno façon univoque (à la coll-
nhrllé près). Par con~quent, dans le cau où À. est une racine do multiplicité "'•
on vollap_paraître une case jordanienne réelle ou cnmplexo à m lignes et m colon-
nes. (En d'autres termes, les expos:ml9 des puissances dœ; divis~urs élémentaires
sont dans ce cas 6gaux aux multiplicités des racines, et le polynôme minimal
de la matrice A se confnnd avec son polynôme cerllctéristique [14: eh. 6).)
Conformément à 13.1-li, on peut écrire n solutions partkulières dlffénmte8
du sysUJme (3) qui correspondent à n vecteuNJ d'une base jordanienne pris pour
vecteurs Initiaux. Bornons-nous il expliciter let~ premièr1111 composantes do ces
solutions vu que, en vertu des formules (2), Il llOW! faut justement la première
composante u 1 (1) = 11 (1) :
(5)

s=t, ... , m, (6)

pour toute racine réelle '·J do multipllei té m;


0 1
"J (l)=t 1 i"Jt cos "'JI-+ IDJt sin TJI), }
(7)
WJ (l)=t" J' ( -IIJtSin TJI +WJI COS TJI),
1 13,1 D2FINrTJONS ET EXEMPLES

pour toulo racine simple complexe >-J= a, t iTJ;


1
• f1 J1 [ ,• J- 1 1
u1 Cl)=• Ct J-I) 1 Cv1 cas TJI+wj eln TJI)+ ...

••·+CvjcOSTJI+w}siDTJI)], BJ=I, ,,,, fflJ,


C8)
"J'
wj Ct)=e [c.;-J-1 1C-uJ sin TJI +wJ cos TJtl+ ...
1

t)

.. . +C-ul eln TJI +w~ cas TJI) J, ~J=1, ... , mJ,


pour touac racine complexe ).J = aJ + ITJ de multiplicité m1•
t3.t8. En remplaçant les solutions obtonues par certaines de leurs eo:~m­
blnalsons linêaires, nous eomma9 en mesure da signaler les n solutions sulvantll~:
a) Pour toute racine réelle simple ).J· nous avons la soluliou /J'.
b) Pour toute racine réelle m-uple ).J• DOUS avons m solullona:
1 1
/'J', 1e'I..J , ••• , rm-t/J •
c) Pour tout couplo de racines complues aimples >.J-aJ ::1:: ITJ, TJ -F O,
nous avons deux solutions:
/'J'cos TJI 1 /'J'sin TJI.
d) Pour tout couple de racines complexes m-uples >-J=f1J ± iTJ, 'fJ =1• 0,
noue avons 2m solutions :
1 0 1
,''1 cos TJI, /'J'sin TJI, t/ J'cos TJI, tt J sin TJI,
tm-t/' J1 cos TJI, tm-1/ 11 sin TJI.
1

13.19. Envisageons à présent le cas g~néral où l'o11érateur A (t)


dans l'équation
u' (t) = A (t) u (t) (a ::;;;: t ~ b) (1)
dépend réellement du paramètre t; dans le cas unidimensionnel,
nous avons alors la formule 13.12 (2):
1
sA (Tld'C
u (t) = e 1• Uo· (2)
Nous pouvons, bien entandu, former l'opérateur W(t)=
1

= JA('t) d't, puis l'expression


lo
1
sA(') d1'
e~ u (1 0} = ew (t) u (1 0),
mais, en général, alle n'est plus une solution de l'équation (1).
En crfct, si l'on essaie de dériver l'expression eW(Il pnr rapport à/.
J0-2286
t46 CH. 13. ltQUATIONS DIPF2RENTIELLBS

on se heurte à la difficulté suivante: il n'est plus possible de se


servir de l'égalité
eW (l)+hA (1; t+A) = eW (1) eM (1; 1+11)
pour transformer la différence
eW(I+II)_eW(I) = eW(Il+hA (1; 1+11) _ eW(I),
où A (t; t + h) désigne la valeur moyenne de l'opérateur A (t')
pour "' E (t; t + h), paree que la relatlon eA+B = eAeB, valable
pour les opérateurs A et B qui commutent, n'a, en générnl, plus
lieu pour les opérateurs qui ne commutent. pas. Dans le ens général,
les opérateurs W (t) et A (t; t + h) ne commutent pas. Donc, la
dérivée de eWU> n'est en général pas égalo à eW(I>W'(t).
Tout de même, à un certain sens, l'expression (2) peut être eon-
sidérée comme solution de l'équation (1 ).
Jntrodui9ons la notion d'lnUgrak mulllplicatiue.
Soit n = (a-= 10 .;;; ;P.;;; t 1 .;;; ; 1 .;;; • • • .;;; r,. = r} une partition de
l'intorvalle a .;;; T .;;; 1, à polniS marqués ~Oo • • • , ~n _,. Formons l'opérateur
tA(ln-J)IIln-t~(ln-o).l.ln-o ••• ~(h)lolo. (3)

Si le!! opérateur! A (f.), pour dœ 6 différents, commul.lllent, on pourrait mettre


cet opérat.eur sous la rorme
tA(lo)àlo+. • • +A( tn-1 )à ln -1 ,

P:n'r d(ll)-=mall àlk -o, la dernière expression tond ver!J la limito


s A(~cf~
elo • Or, nous avon9 vu que cet opérateur, pour A(;) non commutant!,
n'est paa una solution de l'équation (1). il s'avère que, pour A (f.) non corn-
mutants, une solution peut être repr.!eentée par l'opérateur qui a'obtient
de (3) Jonque d (ll)-+ 0 (cl. enrclce 16). Cet opérateur limi le eg~ dé91gné par
1

,.sA(•>d• (4)
et appelé lnllgNk mulllpliC4IiN.
A dœ infiniment petits d'ordre aupérieur p.rèa, on peut écriro

tAUJlàiJ ~ 1 +A (f.J) âiJ.


On peut démont.rer (cf. exercice 14.) quo la même limite (4) s'obtient si l'on
part dœ produits
II+A œ,._,)à6n-llii+A (f.,.-t)llf.n-z] ... [I+A (Ço) àÇo].
Pour celle raison, l'intégrale multiplicative œt parfoi9 désignée par
1
flii+A(I))dl.
lo
1 13.2. Tll80RllME DU POINT FIXE i47

Les intégrales multiplicatives peuvent éLre utilisées pour des estimations de


solutions. Cependant, par rapport au t.ll6otime général d'ellistence, leur champ
d'applications n'est pas Important; c'est pourquoi nous ne donnons pas ici
les démonstrations des proposiLions énoncées.

§ 13.2. Tbéorème du point fixe


Dans la suite de ce chapitre nous considérerons les théorêmes
fondamentaux sur l'existence et l'unicité de solutions des équations
différentiolles ordinaires. Tous ces théorèmes sont basés sur un
principe géométrique important de l'annlyso qui s'appelle prtnctpe
du point fi:r.e.
13,2L Soient Mun ensemble et A une application de cet ensem-
ble dans lui-même, i.e. une loi selon laquelle on fnit corr!'spondre
à tout poini. z E M un point y = A (z) de M.
Défi n i t i on. Tout point z E M que l'applicntion A trans-
forme en lui-même, de sorte que A (z) = z, s'appelle polnt fize
de l'application A.
Ainsi, lorsqu'il s'agit de J'application d'un
cercle plan M dans lui-même moyennant une
rotation de 90° autour du centre, le seul
point fixe est le centre du cercle. Si l'ap-
pllcation du cercle est l'homothétie de centre -+--+-rl--+---}-1'
0 et de rapport 1:2 suivie d'une translation
jusqu'au contact avec la circonférence ini-
tiale (fig. 13.3), alors le point de contact P
en est un point fixe (bien qu'il ne le soit pas
pour l'homothétie ni pour la translation en Flg. 13.3.
question; ce n'est pas le chemin mais le résul-
tat qui importe). Et lorsqu'il s'agit de l'application d'une circonféren-
ce dans elle-même par une rotation de 90°, elle n'a pas de point fixe.
On a intérêt à étabUr des conditions générales (suffisantes)
d'existence de points fixes. Nous exposons ici l'un des plus simples
théorèmes qui garantissent, dans certaines conditions imposées
1l l'ensemble M el 1l l'application A, l'existence et l'unicité du
point fixe.
13.22. Supposons que M soit un espace métrique.
D é fi n i t i on. Une application A da l'espace métrique M
dans lui-même est dite contractante s'il existe une constante 9,
0 ~ 9 < 1, telle que, pour deux points quelconques y,: de l'espa-
ce M, on a l'inégalité
p (A (y), A (z)) < 9p (y, z).
T h é o r è rn e (principe do point fixe de Picard-Benach).
Touie application contractante A d'un espaa m.ltrlque complet M
dans lui-mlme admet un polnt fize et un uul.
1()•
t48 CH. 13. 2QUATlONS DIPI'2RENTIELLES

Dé rn ons t ration. A partir d'un point quelconque zoE M,


construisons la suite des points
z 1 =A (zo), Zz =A (z,) =A a (zo), ... , Zn =A (Zn-a) =A" (zo), ...

Cette suite est de Cauchy dai1'S M.


En effet, pour tont n ~ 1, on a
p (xn, ZnH) = p (A" (.zo), A"+l (zo))~
~9p(A"" 1 (.zo), An(.zo))~9"p(zo, z,),
donc
+
p (Za, Zn+p) ~ p (Zn, Xn+t) + P (Zn+h Zn+~)+ • • • P (Zn+')'>-h Zn+p) ~
-"' [9" + 0"+1 + ...
+ 9n+P-l] p (z0 , z 1) <
<9" (1 +0+6~+ ... )p(z0 , .z,)= 1 ~ 9 p(zo. Zt); (1)

cette quantité devient arbitrairement petite pour n suffisamment


grand. M étant complet. il edste une limita

...
z=limznEM.
,._.
Montrons que z est un point fi:xc. Nous avons, pour n ~ 1,
p (A (z), Zn) = p (A (z), A (Zn- 1)) ~ 9p (z, Zn-t)- 0,
d'où
A (z) = lim Zn = z,
n .......

de sorte que z est bien un point ri:xe.


Supposons qu'il e:xisi;e un autre point fi:xe y, de sorte que l'on
ait A (z) = z et A (y) = y. Alors
p (z, y) = p (A (z), A (y)) ~ 9p (z, y).
Si p (z, y) ;f= 0, on peut diviser l'é~alité par p (z, y) en arrivant
à la contradiction 1 ~ 9 < 1. Por 1 onséquent, p (z, y) = 0, z = y
et il n' e:xiste aucun point fi:xe autre que z. Le théorème est démontré.
f3.23. P o i n t s f i x e s d e d e u :x a p p 1 i ca t 1 o n s
c o n t r a c t a n t e s. Deu:x applications A (y) et B (Y) d'un
espace métrique M dans lui-même sont dites e-proches si, pour tout
y E M, ou u
p (A (y), B (y)) :s;;; e.
L e m m e. Soient A (y) et B (y) deux appltcatton.s contractantes
daru un espace métrique complet M, telles que
f 13.3. EXISTENCE ET UNICITE DE LA SOLUTION 149

p (A (y), A (z)) ,.;;; a .... p (y, z), p (B (y), B (z)) ,.;;; 98 p (y, z),
où a.... < 1, 9B < 1, et soit e = ma:x (a..... 9B ). Si les applica-
tions A et H sont e-proches, leurs points fixes sont distants l'un de
l'autre d'au plus e/(1 - 9).
D é m o n s t r a t i o n. Soit Yo un point fixe de l' applica-
tion A. Le point fi:xe z0 de l'application B peut être obtenu, d'après
la construction 13.22, comme limite de la suite y 0 , B (y 0), 8 2 (y 0), • • •
En vertu de l'inégalité 13.22 (1)
P(Yo• B" (Yo))<" 1!_ 11 p (Yo• B (Yo))= 1 ~eP (A (Yo). B (yo)),=;;;: i~è;
en passant à la limite pour n - oo, on obtient

p (yo, Zo).=;;;: 1~6'


ce qu'il nous fallait.

§ 13.3. Existence et unicité de la solution


d'une équation différentielle dans un espace normé
13.31. Soient B un espace de Banach et ID (t, z) une application
de l'espace B dans lui-même qui dépend d'un paramètre réel t,
a ..;;;; t ..;;;; b. Soit u (t) une fonction vectorielle dérivable définie
sur le même Intervalle a~ t ~ b, à valeurs dans l'espace B. Noua
savo!lll que la dérivée u' (t) I.'St encore une fonction vectorielle définie
sur le même intervalle a ~ t ~ b, à valeure dans le même espace B.
Si l'on substitue à la variable z E B, dans la fonction ID (t, z), la
fonction vectorielle u (t), on obtient une nou\·elle fonction vecto-
rielle ID [t, u (t)l. à valeurs dans l'espace B, définie pour t E [a, b].
Nous tenons à résoudre l'équation différentielle
u' (t) = ID [t, u (t)l (1)
avec la condition initiale
u Cto) = uo, a < t0 < b, u 0 E B. (2)
Dans l'hypothèse naturelle de continuité qui sera précisée par
la suite, la recherche d'une solution de l'équation (1) avec la con-
dition initiale (2) est équivalente à la recherche d'une solution de
l'équation intégrale
1

u (t) = ~ + ~ ID ["t, u (T)) d-r, (3)

paree que (3) se dMuit de (1) et (2) en intégrant de t 0 à t, (2) se déduit.


de (3) par la substitution t = t 0 et (1) s'obtient de (3) en dérivant
150 CH. 13. 2QUATIONS DIPPIUIENTIELLES

par rapport à t. Ainsi, le problème est ramené à la recherche d'un


point fixe de l'application
1

A[z(t)) = u0 +! <D [-r, r(t)] d-r (4)


·~
dans l'espace des fonctions vectorielles z (t).
13.32. Naturellement, nous allons appliquer le principe du
point fixe de Picard~Banach. Pour le faire, on doit disposer d'un
espace métrique complot M et d'une application contractante A
convenant à notre problëme.
Choisissons pour M l'espace de toutes les fonctions vectorielles
continues z (t), à valeurs dans B, qui sont définies dans un intervalle
[t 0 - h, t 0 + hl; la valeur de h sera indiqu~ plus bas. Munissons
l'espace M de la métrique sui vante
p [z1 (t), z 2 (t)] = max Il z1 (t) -Zz (t) fi.
11-lol~la

L'espace métrique M ainsi obtenu est complet (12.23fl.


13.33. L'application A de l'espace M dons lui·m~me doit être
donnée par la formule 13.31 (4). Précisons les conditions à imposer
à la fonction $ (t, z) pour quo la définition de l'application A soit
correcte. Notamment, nous supposons que l'application <D (t, z)
soit continue par rapport à l'ensemble des variables t et z; cela veut
dire que quels quo soient t~o z 1 et e > 0, il existe un 6 = 6 (th z., e)
tel quo Il <D (t~o z,) - «l> (tz, Zz) Il< B dl!s que Il z, - Zz Il<
< Il, 1 t 1 - ta 1 < Il. Dans cette supposition, la fonction vectorielle
$ (t, z (t)) est continu~ e" t quelle que soit une fonction continue
z (t). En effet, pour t 1 e > 0 donnés, posons z (t 1) = z 1 et trouvons
un 6 > 0 de façon à a •oir Il$ (th z 1) - $(ta. z 2) Il< e dès que
Il z,- Za Il< li, r t,- tz 1 < 6. Puis trouvons un 6, > 0 tel que
1 t 1 - tz 1 < 61 impliqu~ l'intlgalité Il z (t 1) - z (1 2 ) Il< ô. Alors,
pour 1 t 1 - 1. 2 1 <min (6, 6 1), nous avons bien Il $ (t" z (t 1)) -
- <D (tz, z (tz)) !1 < e.
13.34. Ensuite, pour que l'hypothèse du théorème du point
fixe (A est une application contractante) soit remplie, nous suppo-
sons que la fonction $ (t, z) satisfasse à la condition de Lipschitz
quo voici: il existe une constante C telle que
ll$(t,z,) -«l>(t,zz) II::;;;:C llz,-xzll (1)
pour deux éléments quelconques z, et .z 2 de l'espace B.
Montrons que, dans les conditions formulées, l'application
13.31(4) est contractante au moins pour h suffisamment petit.
En effet, quels que soient deu:x points de l'espace M, i.e. deux fonc-
tions vectorielles z (t) et y (t) dêrinies sur [t 0 - h, t 0 + hl et con~
i 13.3. EXISTENCE ET UNICIT2 DE LA SOLUTION 151

tinues, nous avons


p (A (z (t)], A [y (t)[) = max Il A (z (t)J -A (y (t)l/1 =
11-loi:Sh
1

=max JI }. {ID (-r, z (-r))- ID (-r, y (-r))} d'tIl.=;;;:

<. h max 11 ID (t, z (t))- ID (t, y (t)) Il<.


lt-tol<;h
<.Ch max Jlz(t)-y(t)II=Chp(z, y), (2)
11-loi:Sh
et, pour que l'application soit contractante, il suffit de choisir
h < 1/C.
13.35. Nous sommes maintenant en droit d'appliquer le prin-
cipe du point fixe pour démontrer l'ezl8tence et l'unicité de la solution
de l'équation 13.31 (1) pour la condl!ion initiale 13.31 (2). Pour le
moment, cette solution n'est définie que sur !ta- h, ta+ hl,
mais il est possible, en appliquant successivement le résultat établi,
prolonger-la sur tout 1'intervalle la, b[. A savoir, fixons ln valeur
h = 2/(3C) et appliquons le théorème démontré à la même équation
différentielle 13.31 (1), mais avec la condition initiale
t 1 ""' ta + h, u• (t 1) = u (t 1),
où u (t 1) est la valeur, pour t = t~o de la solution déjà construite
définie sur [t 0 - h, ta + hl. Nous aboutissons à une nouvelle solu-
tion u•(t) définie sur l'intervalle [t 1 - h, t 1 + h[. Or, en vertu
de l'unicito démontrée de la solution, les fonctions u• lt) et u (t)
se confondent sur la partie commune de leurs domaines de défini-
tion, et nous avons donc affaire à une solution de l'équation 13.31 (3)
définie sur l'intervalle [t 0 - h, ta + 2hl. En continuant nous arri-
vons, après un nombre fini de pas, à une solution diiflnie sur tout
l'intervalle [a, b).
D1Hinitivement, nous avons démontré le thkrèmc suivant:
T h é o r è m e. Si la jonction ID (t, z) est définie pour a ~ t ::;;;: b,
z E B, continue par rapport à l'ensemble de ces variables et satisfait
sur tout l'intervalle a~ t ~ b à la condition de Lipschitz 13.34 (1),
alors l'équation 13.31 (1) avec la condition 13.31 (2) posùde une solu-
tion u = u (t) définie sur tout l'intervalle (a, b[, qui est unique dans
la clll.S$e de toutes les fonctions vectorielles dérivables z (t), t E [a, bi,
à valeurs dans l'espace B.
13.36. Signalons le cas où la fonction vectorielle ID (t, z), pour
tout t E [a, b[, applique un sous-espnce fermé fixe B 1 ç B dans
lui-même. Dans cette condition, si l'on choisit un vecteur initial u 0
dans le même sous-espace B 1 , alors la solution corespondanle u (l)
:152 CH. 13. 2QUATl0NS D!FF2RENTIELLES

appartiendra au sous-espace B 1 pour tous les t E la, b]. En effet,


daus cette situation, nous pouvons d~ le début considérer le sous-
espace B 1 au lieu de l'espace B. Nous aboutissons à une solution
d1ms le sous-espace B 1 ; vu le théorème d'unicité, il n'existe dans
l'espace B aucune autre solution de l'équation 13.31 (1) qui vérifie
la condition u (to) = uo E B,.
t3.37. S o 1 ut ion co rn rn e fon c ti on contin u e
d u v e c t o u r i n i t 1 a l. lei la solution de l'équation 13.31 (1)
avec la condition initiale 13.31 (2) est désignée par u (t; t 0 , u 0 ).
C'est une fonction qui fait correspondre à un vecteur u 0 E B le
vecteur u (t; t 0 , u 0 ) qui dépend do t 0 et t comme des paramètres
numériques. Montrons que, dans l'hypothèse du théorème 13.35,
pour t 0 et t fixes, le vecteur u (t; t 0 , u 0) est une fonction continue de u 0 •
Considérons les applications

I
1

A {x (t)] = Uo+ ID {T, x (T)l d,;,


10
1
B {x (t)] = u 1 +~ID{,;, x (T)] dT

dont les points fixes sont les solutions de l'équation 13.31 (1) avac uo
et u 1 pour vecteurs initiaux respectifs. Dans l'espace M des
fonctions vectorielles x (t) définies et continues sur lt 0 - 1:, t 0 + hl,
où h < fiC, ce sont lies applications contractantes avec une même
valeur 9 = Ch< 1. Si 1 u 0 - u 1 1 < e, ces applications sont
e-proches (13.23), donc la distance de leurs points fixes ne dépasse
pas F./(l - 6). Autrement dit,
e
ma:x lu (t; t 0 , !Jo) -u (t; t 0 , u 1) 1<te"
lr-rol~h -
Ainsi, lorsque la dirférence des deux solutions, pour t = t 0 , est
inférieure à e, elle est Inférieure à e/(1 - 9) dans l'Intervalle
1 t - t 0 1 ~ h. En transférant le point initlal de t 0 à t 1 = to + h
nous obtenons, comme dans 13.35, une possibilité de prolonger la
solution dans l'intervalle t 0 ~ t 0 + h ~ t 0 + 2h; on répétant le
Jnocédé nous voyons que l'écart dos solutions dans cet intervalle
ne dépasse pas e/(1 - tl)a. En continuant nous arrivons à l'estimation
mrut lu(t; to, Uo)-u(t; to, Ut)]< (t~ll)m •
a~t~b

où m = [b-;;-a] + 1; notre proposition est donc démontrée.


13.38. 0 p é ra te u r r é sol v a n l. Soient u 0 E B un vec-
teur quelconque et u (t) une solution de l'équation 13.31 (1) avec
i la.3. EXISTENCE ET I:XlClT2 DE L..,_ SOLUTION 153

u (t 0 ) = u 0 pour condition initiale. Pour un t E [a, bl fixe, le vecteur


u = u (t) est défini d'une manière univoque. Il dépend de u 0 ainsi
que de t 0 et t. Notons ce fait comme suit:
u (t) = Q~ (u 0 ).
Ici nl. est une application de l'espace B dons lui-même que nous
appellerons opérateur résolvant de l'tquatton 13.31 (1).
Ainsi, pour l'équation linéaire homogène
u' (t) = Au (t)
l'o11érateur rP.solvnnt est de la forme (13.13)
o:. = e<t-to) "·

a. En vertu de 13.37, l'opérateur


u~ll, u~2>,
n:.
est continu: si une suite
•.. , u~">, ••• de vecteurs de l'espace B tend vers un vec-
teur u0 , alors Io suite correspondante u~"l = Q~ (u~n>) tend vers le
vecteur u, = n:.(uo)·
b. Il est évident que n:: (Uo) = UQ, de sorte que nl = E est un
opérateur identique.
c. Démontrons l'égalité
(1)
quels que soient 10 , t" t 2 de [a, b ].
En effet, soient u 1 = nl~ (u 0 ) et u 2 = nl: (u 1 ). Le vecteur u 1
est la valeur, pour t = 11 , de la solution u (t) de l'équation 13.31 (1)
qui prend la valeur u 0 pour t = t 0 • Le vecteur u2 est la valeur, pour
t = t 2 , de la solution qui prend la valeur u 1 pour t = t 1• Vu l'unicité,
ces deux solutions se confondent, ce qui démontre (1).
d. En posant dans (1) 12 =1 0 on a E=Ql~nl~. d'où l'inversibi-
lité de l'opérat~ur n:~.
e. L'égalité d~:t) =A (t) u (t) peut être mise sous la forme

d (o'~'(uo)) =A (t) (Q~ (uo) 1, (2)


ou
(3)

en sous-entendant par la dernière notation que l'égalité (2) a lieu


pour tout élément u 0 E B.
13.39. Nous avons supposé que la fonction a> (t, x) soit définie
pour tous les t E [a, bi et xE B. L'existence et l'unicité de la solu-
tion de l'équation 13.31 (1) dans un voisinage d'un point t 0 avee
tM CH. 13. :2QUATIONS DIPF:2RENTIELLE8

la condition 13.31 (2) peuvent êtro démontrées dans une hypothèse


plus faible, à savoir: la fonction a> (t, x) doit être définie pour
a ~ t ~ b et ne doit être continue et satisfaire à la condition do
Lipschitz que dans une boule
V={xEB: llx-uo ll~r).
Dans ce cas, si h est suffisamment petit, l'opérateur A trans-
forme toute fonction continue x (t), à valeurs dans la boule V, en
une fonction de la même boule. Par conséquent, on peut réaliser
la démonstration de l'existence et de l'unicité de la solution en
remplaçant l'espace métrique M de toutu les fonctions x (t) conti-
nues sur [t 0 - h, t0 +
hl par l'espace métrique Mv des fonctions
r (t) d valeurs dans la boule V. Cependant, la solution ainsi obtenue
ne sera en général pas prolongeable sur tout l'intervalle a ~ t ~ b.
Une situation analogue a lieu dans le cas où la fonction a> (t, x)
est définie et continue, pour a~ t ~ b, dans tout l'espace B, mais
la constante C de la condition de Lipschitz dépend des distances
do l'origine des coordonnées aux points x 1 et x 2, de sorte que la
condition do Lipschitz prend la forme
Il a> (t, x.)- a> (t, x2) Il~ C (r) Il x.- Xz Il
quels quo soient x 1 et x 2 de la boule Il x Il ~ r. Dans ce cas, comme
ci-dessus, la solution existe et est unique dans un voisinage de la
valeur 10 E [a, b), mais elle n'est en général pas prolongeable jusqu'à
la frontière de l'intervalle [a, b )_
En tant qu'exemple, considérons l'équation z' (1) = o:• (t) sur l'intervalle
- t .;;; t.;;; 1. Son second membre est continu pour tout z E R 1 ; ensuite on a
1;,;f - z) 1 = 1z, + Zz 1 1 "'• - "'a 1 lit; 2r 1 z, - Zz 1
quels que soient "'' et z 2 de l'intervalle 1"' 1 .;;;; r. La solution de l'équation
donnée. pour la condition initiale z (0) = "'•· a la forme

z(l)= "'• -
1 -tz0

et n'est pas prolongeable sur tout l'intervalle - t ..:; 1 ..;; 1 si 1 "'o 1 ;;;;. t.

§ 13_.$. Sys!Ame d'équations vectorielles


13.41. Soit toujours B un espace de Banach et soit n fonctions
<Dl (t, x., ... , Xn) 1 ••• , «<>n (t, :.th ••• , Xn)

dont chacune dépend d'un paramètre réel t E [a, bl et de n variables


x 11 • • • , Xn parcourant B, chaque fonction a>,. (t, x., ... , Xn)
prenant ses valeurs toujours dans l'espace B. Considérons
1 13.4. SYST2ME D':2QUATIONS VECTORIELLES tss
le système d'équations différentielles
u; (t) =a>, (t, u, ... Un), 1 }
u; (t) = a>a (t, u" ... , Un),
......... (1)
u;.(t) = «<>n (t, u 11 - •• , u,.)
avec les conditions initiales
u, (to) = P1 E B, ... , Un (to) = p,. E B, a ~ to ~ b. (2)
Naturellement, on appelle solution du systèTTUI (1) avec les condi-
tions (2) un systèTTUI de fonctions vectorielles u 1 (t), ••. , Un (t)
définies pour a ~ t ~ b, vérifiant toutes les équations du systè-
me (1) ainsi que les conditions (2).
Par définition, une fonction 11> 11 (i, x 11 • • • , xn) est conttnue
par rapport à l'ensemble des variables t, x 11 • • • , Xn sl, quels que
soient t, x 11 • • • , Xn et e > 0, il existe un ô > 0 tel que les relations
1t- lo 1< Ô, Il x,- x, Il < c5, • • •, Il Zn - Xn Il < Ô

impliquent l'inégalité
na>,. (Ï, x" ... , Zn) -a>,. (t, Xio ••• , Xn) n..:;;:e.
Par définition, la fonction a>- (t, x 11 • • • , Xn) satisfait à la
condition de Lipschitz par rapport aux variables x 11 • • • , Xn s'il
existe une constante C telle que
Il Il>A(t, ~ •. • . 1 Zn)- 11>11 (t, x,, ... , Xn) Il~
R

.:;;;.c ~ ni,-x,ll
j=l

quels que soient 2n éléments x" ... , Xn, x 1, x,. de l'espace B.


13.~2. Le théorème suivant a lieu:
T h é o r è m e. Si toutes ùs fonctions Cl>h (t, x 11 • • • , Xn) sont
rontin~Us par rapport à l'ensemble des variables t, x 1 , • • • , x,. et
satisfont à la condition de Lipschitz par rapport aux variables x 11 • • •
• • • , Xn, alors le système 13.41 (1) avec les conditions 13.41 (2) possède
une solution (u 1 (t), . . . , Un (t)) et une seule dans la classe de tous
les c43mplexes (x 1 (t), ... , Xn (t)) que l'on peut construire avec les
fonctions vectorlelles dériVables à valeurs dans l'espace B.
D é m o n s t r a t i o n. Construisons un nouvel espace vectoriel
normé B" des complexes x = (x 11 • • • , Xn) formés chacun de n élé-
ments de l'espace B. Les opérations linéaires dans l'espace B"
s'effectuent par coordonnées: si x = (x" ... , xn) E B",
t56 CH. 13. BQUATIO!ΠDIPI"2RENTIELLES

y= (y •• . . ., y,.) E B", alors


x+ Y= (x. + Ya • ... , Xn +y,.),
a.z = (oz., . . . , az,.).
Les propriétés nécessaires des opérations linéaires ainsi introdui-
tes s'établissent facilement à partir des propriétés respectives des
opérations linéaires dans l'espace B. Ensuite, nous choisissons pour
norme dans B" la quantité
n
lit x lU=~
1-1
tl XJtl· (1)

Les propriétés nécessaires de la norme dans l'espace B" se dédui-


sent facilement des propriétés respectives de la norme dans l'espace B.
La convergence en norme (1) dans l'espace B" est la convergence par
rapport à chaque coordonnée dans l'espace B. Enfin, l'espace B
étant complet, on démontre aisément la même propriété pour B".
On peut considérer le système de fonctions
Yt = ID1 (t, xa. ... , x,.), }
~ ~-~2~t,. ~··.... :• .x~):
2
(2)
Yn =cil,. (t, x., • .. , Xn)
comme une seule application y = a> (t, x) de l'espaco B" dans
lui-même. Montrons que, dans les hypothèses sur les fonctions
a>,. (t, x 1 , • • • , x,.) formulées plus haut, la fonction a> (t, x) est
continue par rapport à l'ensemble des variables et vérifie la condi-
tion de Lipschitz par rapport à la variable x. Pour t, x., ... , x,.
et e > 0 donnés, trouvons un nombre ô à partir de la condition
de continuité de toute,g les fonctions 11> 11 (t, x 1 , • • • , x,.) de sorte
que si 1t - t 1 < ô et si x
= (i., ...• x,.) est tel que
..
~ llx1 - x1 11<ô,
lllx-xlll= J-1
alors on a
-
Il cilj (t, x., ... ,x,.)-cilJ (t, Xa, •.• , Xn) Il<..,.-.
- - 8

Il en résulte que
Ill a> (t~ i)-Cll (t, x) Ill=
R
~ llcilJ(Ï, 'X., ... ,'i,.)-cilj(t, x 1, ... ,x,.)ll ~e;
J=l
par conséquent, la fonction a> (t, x) est continue par rapport à l'en-
semble des variables. Ensuite, il résulte de la condition de Lipschitz
j IB.fi. 2QUATION VECTORIELLE D'ORDRE SUP2RIEUR t57

pour les fonctions a>,. (t, x,, ... , Xn) que


lll«»(t, x)-Cl>(t, x)llt=
n
= ~
J~t
UC1>1 (t, X., .. .,xn)-a>J (t, x,, ... , xn)ll~
n n
~ ~ ~ q.X,.-x,.lt=Cnl!lx-xUI.
;-t ,._,
de sorte que a> (t: x) satisfait à la condition de Lipschitz par rapport
à la variable x.
D'après le théorème 13.35, l'équation différentielle
u' (t) = a> (t, :c) (3)
pour une fcnction vectorielle u (t) à valeurs dans l'espace B", avec
la condition initiale
u (to) = p = (p., •.. , Pn) E B" (4)
possède une solution u (t) définie pour t E [a, b) qui est unique
dans la classe de toutes les fonctions vectorielles dérivables x (t)
à valeurs dans l'espace B". Etant donné que, conformément aux
définitions,
u (t) = (u 1 (t), . . . , u,. (t)), u' (t) = (u; (t), ..• , u;. (t)),
l'équation (3) avec la condition (4) pour une fonction u (t) est équi-
valente au système 13.41 (1) avec les c.onditions 13.41 (2) pour
les fonctions u 1 (t), ... , un (t). Le théorème est démontré.
13.43. S'il existe un sous-espace fermé B 1 c. B tel que, quels que
soient t E [a, bi et x., x 2, ••• , Xn EB., les valeurs a>,. (t, x 1 , ••• , Xn)
(k = 1, ... , n) et les vecteurs initiaux p., •.. , Pn appar-
tiennent à B 1 , alors les valeurs de toutes les fonctions u 1 (t),
••. , un (t) rcpn'isentant la solution du système 13.41 (t) avec les
conditions 13.41 (2) appartiennent elles aussi à l'espace B 1 pour
tout t E [a, bi.
En effet, considérons dans B" le sous-espace B': des vecteurs
x = (x 1 , • • • , Xn) dont chaque coordonnée appartient au sous-espace
B 1 c B. Il est aisé de prouver que B~ est fermé dans B". Par hypo-
thèse, ls transformation 13.42 (2) applique B~ dans lui-même.
Par conséquent, compte tenu de la remarque 13.39, si le vecteur
(p., ... , Pn) est de B~. il en est de même de la solution
(u 1 (t), •.. , u, (t)), pour tout t E la, bi, ce qu'il fsllslt démontrer.

§ tS.5. Equation vectorielle d'ordre supérieur


13.51. Considérons encore une fois un espace de Banach B et
soit Cl) (t, x1 , • • • , Xn) une fonction d'un pars mètre réel t, a ~ t ~
~ b, et de n points x., ... , Xn de l'espace B, à valeurs dans J:
t58 CH. 13. EQUATIONS DJPPI.RBNTIELLES

même espace B. Soit


u<ml(t)=ID(t, u(t), .•. ,u<m-O(t)) (1)
une équation différentielle d'ordre m complétée par les conditions
initiales
u (to) = p, E B, u' (to) = P2 E B, ... , u<m-l l (t 0 ) = p,. E B. (2)
T h é o r è m e. Si l4 fonction a> (t, x" ... , Zn) est continue
par rapport à l'ensemble des variables t, x" ... , Xm et satisfait à la
condttion de Lipschitz par rapport aux variables x" ... , Xm, alors
l'équation (1) avec les conditions (2) possède une solution u = u (t)
et une seule dans la classe de toutes les fonctions m fois dérivableB x (t)
à valeurs dans B.
D é mo n s t rat i o n. En plus de l'équation (1) et des condi-
tions (2), considérons le système d'équations différentielles
u;(t)=~(t), }
u~ (.t) .=. u~ ~t):
(3)
u;,._, (t) = Um (t),
u;;. (t) =ID (t, u, (t), ... , Um (t))
avec les conditions initiales
u, (to) = Plo ••• , Um (to) = Pm• (4)
Le système (3) est un cas particulier du système 13.41 (1) que
l'on obtient en posant
ID, (t, Zm) Xz,
1
X1o ••• , 5!

ID2 (t, Zlt ... , Xm) ;;;;; Xs,

d,m·_,.(t·, ~~: :. ·. .'x~)::. ~m.


1Dm (t, x" ...• Xm) 5! ID (t. x" ...• Xm)•
j (5)

Dans le présent cas, toutes les fonctions


ID 11 (t, x" •.. , Xm) (k = 1, ... , m)

sont continues par rapport à l'ensemble des variables t, x" ... , x,.
et satisfont à la condition de Lipschitz par rapport oux variables
x" ... , Xm; c'est évident pour les m - 1 premières fonctions a>,. et
donné par hypothèse pour la dernière.
Par conséquent, en vertu du théorème 13.42, le système (3)
avec les conditions (4) possède une solution u 1 (t), . . . , um (t).
Posons u (t)- u 1 (t). La première équation du système (3) montre
f 13.8. EQUATIONS ET SYSTtMES LIN:2AJRES 159

que u' (t) = u 2 (/), la suivante que u· (t) = u; (t) = u 3 (t), etc.;
la (m - 1)-ième équation montre que u'm-11 (t) = u;,._ 1 (t)
= Um (t), et enfin la dernière que
u<ml(t)=u;,(t)=ID(t, u, u', ... ,u<rn-1)).
Ainsi, la fonction vect-orielle u (t) vérifie l'équation (1). Comme
les conditions (4) sont également satisfaites, cette fonctiou vérifie
les conditions (2). De la sorte, l'équation (1) avec les conditions (2)
possède une solution. Montrons qu'elle est unique. Si i:i (t) est une
solution quelconque de l'équation (1) avec les conditions (2), alors
le système de fonctions
Üt (t) -= u(t) ' ü2 (t) :E ii' (t) ••..• Üm (t) = iitm-1) (t)
vérifie, évidemment, le système (3) avec les conditions (4); comme,
d'après le théorème 13A2, la solution du système (3) avec les condi-
u
tions (4) est unique, nous avons Ü (t) 1!!5:; 1 (t)- u 1 (t) ;;;;;;; u (t),
ce qu'il fallait démontrer.
13.52. Supposons qu'il existe un sous-espace fermé 8 1 c: B
tel que la fonction ID (t, X~o • • • , Xm) prend ses valeurs dans B 1
quels que soient tE la, b) et Xt E B .. ... , Xm E B1 •
Si, de plus, les vecteurs Pit ••• , Pm qui figurent dans les condi-
tions initiales pour l'équation (1) appartiennent eux aussi au sous-
espace B~o alors la solution correspondante tt (t) appartient également
à B 1 pour tout t E la, bi.
En effet, dans les conditions formulées, toutes les fonctions du
système 13.51 (5) ont leurs valeurs dans B 1 si x 1 E B .. •.. , Xn E B 1•
Il résulte de p 1 E B 1, •.. , Pm E B 1, en vertu de la remarque 12.53,
que u1 (t) E B., ... , Um (t) E B1 pour tout t E [a, b). Comme
Ut (t)== u (t), nous arrivons au résultat cherché.

§ 13.6. EquatioiUI et sys!Ames linéaires


13.61. Considérons un opérateur linéaire borné A (t) dans un
espace vectoriel normé B, qui dépend d'un paramètre t, a ~ t ~ b.
Nous disons que l'opérateur A (t) dépend continûment de t si, pour
toute> 0, il existe un ô> 0 tel que Il A (Ï) -A (t) Il< e dès que
IÏ- t 1<ô (ici Il Il désigne la norme d'un opérateur ltnéalre
(12. 71b)).
Une fonction ID (t, x) à valeurs dans l'espace B est dite du premier
fkgré par rapport Il la variable x E B si
Ill (t, x) = A (t) x +
b (t), (1)
où A (t) est un opérateur linéaire borné qui dl'ipend continûment
du paramètre tet b (t) une fonction continue à valeurs dans l'espa-
ce B.
t60 CH. 13. 2QUAT!ONS DlFF2RENTIELLES

Montrons qu'une fonction ID (t, x) du type (1) est continue par


rapport à l'ensembl.e des variables t, x.
L'opérateur A (t) peut être considéré comme fonction continue
de t à valeurs dans l'espace normé L (B) de tous les opérateurs
linéaires bornés dans B (12. 73a). Une telle fonction est Lornée sur
l'intervalle a ~ t ~ b, donc
sup liA (t) Il:!! A <oo.
·~·~b
Pour e > 0, t et x donnés, trouvons un ô = ll (e, t, x) de façon
il avoir les inégalités
Il xliii A (Ï)-A (t) ll<.f,
Il b (t)-b(t) Il< i
pour 1i- t 1<ô. Alors, pour les mêmes t, et pour Uz- xli<
< e/(~A), nous avons
na> (ï, x> -<D (t, x> 11 =
= 11 A (Ï) i'-A(i) x+A (i) x- A (t) x+b(t)-b(t) Il-<
-"Il A (Ï) lill z-xll +Il A (t)-A (t) lill xli+ Il b (i)-b (t) Il<-
S B B
<. A a.:r+a+3=e,
et la continuité demandée est établie.
Montrons à présent qu'une fonction du type (1) satisfait Il la
conditton de Lipschitz par rapport à la IHlriabi.e x, avec la constante
c =A= ...,t.:;b
sup IIA(t) JI .
En effet, d'après la définition de la norme d'un opérateur, nous
avons
IIID(t, x)-II>(t, x)II=IIA(t)z-A(t).rll,;
,;uA (t) nu x-x II~A Il x-xli,
ce qu'il fallait démontrer.
13.62. En appliquant le théorème 13.35 nous arrivons au résultat
suivant:
T h 8 o r è m e. Um: équation dtftérentiell.e linéaire
u' (t) = A (t) u (t) + b (t) (1)
oü A (t) est un opérateur linéaire borni dans l'espace B, qui dépend
conltnament du pararnèire t E [a, bi et b (t) est une fonction contin~
i 1~.0. EQUATIONS ET SYST2MES LIN2AIRES Hl1

à valt>urs dans B, avec la conditior. !nitiale


u Uo) = Uo, (2)
possède une solution u = u (t) et une seule qui est une fonction dèri-
vable à valeurs dans B.
13.63. S ys t è rn e 1:1 d'é q u a ti ons l i n é aire s. Soit
un systôme d'équations linéaires

u:(~).~~u_{t_)~ 1 .(t~::·:.+.~•nY)~~(~):-.b~(~),.} (t)


Un (t) =Ani (t) Ut (t) +. •• +A,.,. (t) Un (t) +bn (t),
où A 1 ~ (t) U. k = 1, ... , n) sont des opérateurs linéaires bornés
dans l'espaco B qui dépendent contlnflment du paramètre t E [a, bi
et b1 (t), ..• , bn (t) des fonctions vectorielles continues de t à valeurs
dans B. Le système (1) est complété par la condition initiale
Ut (to) = Pt E B, . · ·, Un (to) = Pn E B, a ~ to ~ b. (2)
Théo r è me. Le système (1) avec la condition initiale (2) a une
solution (u 1 (t), . . . , u,. (t)) composée des fonctions vectorielles de
t E la, b), à valeurs dans B et une seule.
D ë rn o n s t r a t i o n. Le système (1) est un cas particulier
du système considéré dans 13.41:
u; (t) -=-ID 1 (t, Ut, •.• , Un),
u;. (t) = 1Dn (t, Ut, ••. , u,.) •
.Ce cas s'obtient en posant
ID,. (t, Xt• .•• , Xn) =
A,.l (t) Xt + ... + Alin (t) Xn + b,. (t),
k = 1, ••. , n. (3)
Pour appliquer le théorème 13.42, il faut prouver que toute
fonction (3) est continue par rapport à l'ensemble des variables t,
x., ... , x,. et satisfait à la con~ition de Lipschitz par rapport aux
variables x., ... , x ... Or, nous avons vu dans 13.61 que chaque
terme A,.m (t) Xm et b~ (t) vérifie ces conditions; 11 en est donc de
même de leur somme (3). L'application du théorème 13.42 achève
notre démonstration.
13.64. Si les opérateurs A1,. (j, k = 1, ..• , n), pour tout
t E la., b], appliquent un sous-espace fixe B 1 c: B dans lui-même
et si les fonctions b1 (t), pour t E [a, bl, prennent leurs valeurs dans
ce sous-espace B 1, alors, quels que soient les vecteurs initiaux
p., ... , Pn du sous-espace B 1 , toutes les fonctions u 1 (t), . . . , u,. (t)
formant la solution du système 13.63 (1) avec les conditions 13.63 (2)
prennent leurs valeurs dans le sous-espace B 1•
IJ-2286
t62 CH, 13. I'!QUATIONS nlPI'I'!nENTJELLB8

En effet, dans lea conditions formuléea, les fonctions


Cll1 (t, x., ... , Xn) El A11 (t) X1 + ... +Ain (t) Xn (j=1, ... , n),

pour x1 E B., .•. , Xn E B., prennent leurs valeurs dans le sous-


espace B., et l'on peut appliquer 13.43.
13.65. E q u a t i o n 1 i né a 1 re d'o rd re su péri e u r.
Consldèrons une équation linéaire d'ordre n
ulnl (t)=A 1 (t) u(l) + ... +A,. (t) uln-1) (t)+b(t) (1)

par rapport à la fonction inconnue u (t) à valeurs dans l'espace B,


avec les conditions initiales
u (to) =Pt EB, ••. , uln-t l (to) = p,. EB. (2)
Ici At. (t), pour tout t E la, bl, est un opérateur linéaire borné
dans l'espace B et b (t) une fonction Continue à vuleurs dans le
même espace.
Th é or è rn e. L'équatton linéaire (1) auec l.es conditions initia-
les (2) possède une solution u (t) et une seule dans la classe ck toutes
les foncUons vectorielles n fots dérivables à valeurs dans l'espace B.
Dé mo n s t ra ti on. L'équation (t) est un cas particulier
de l'équation considérée dans 13.51:
u(n) (t) =cil (t, u, u', ... , uln- Il).

Ce ca::J s'obtient en posant


cil (t, x 1, ••• , x,.) = A 1 (t) Xt + ... +An (t) Xn + b (t).
Nous avons vu dans 13.63 que la fonction cil est continue par
rapport à l'ensemble des variables t, x 1, • • • , Xn et vérifie la condi-
tion de Lipschitz par rapport à x., ... , Xn· Par conséquent, le
théorème 13.51 est valable. En l'appliquant on obtient le résultat
cherché.
13.66. Si les opérateurs A 1 (t), •.• , An (t), pour tout t E la, b),
appliquent un sous-espace lixe B 1 c: B dans lui-même et si la fonc-
tion b (t) prend toutes ses valeurs dans ce sous-espace, alors, ·quels
que soient les vecteurs initiaux p 1, • • • , Pn de B 1, la solution u (t)
de l'équation 13.65 (1) avec les conditions 13.65 (2) appartient,
pour tout t E [a, bi, au sous-espace B 1•
En eflet, dans les conditions formulées, l'hypoth~ de la remar-
que 13.64 est vérifiée; en l'appliquant nous obtenons, en particulier,
que u 1 (t) ~ u (t) appartient à B 1 pour tout t E la, bi, ce qu'il nous
fallait.
1 1!.7. OP:2RATEUR R:2SOLVANT 16:1

§ fS.7. Opérateur résolvant d'une équation linéaire homogène


13.71. L'équation 13.62 (1) avec b (t) ==: 0:
u' (t) = A (t) u (t) ( 1)

s'appelle équation linéaire homogène.


L'équation homogène possède une solution évidente u (t) ~O.
Toute autre solution de l'équation homogène ne s'annule pour
aucun t E [a, bJ d'après le thOorèrne d 'unicito 13.62.
En additionnant et en multipliant par les nombres les solutions
de l'équation homogène (1) on obtient d'autres solutions de la
même équation. En elfet, si u 1 (t) et u 2 (t) sont des solutions de
l'équaLion (1), alors, quels que soient les nombres a 1 et a 2, on a
( a 1u 1 (t) + a 2 u 2 (t))' = a 1 u~ (i) + a2u~ (t) =
= a 1A (t) u 1 (t) +
a 2A (t) u 2 (t)
= A (t) 1a 1u 1 (t) + azU2 (t)),
donc a 1u 1 (t) + a 2 u 2 (t) est encore une solution de l'équation (1).
Considérons l'opérateur résolvant Q~ (13.38) de l'équation homo-
gène (1). Cet opérateur est linéaire, c'est-à-dire que, quels que soient
deux vecteurs u., u 2 et deux nombres a., a 2 , on a
Q:.ta•u• + azUzl =a. Ql. (ut)+ az0:. (~).
En effet, le second membre considéré comme fonction de t est une
combinaison linéaire de solutions de l'équation (1) dont la valeur
pour t = t 0 est a 1 u 1 + a 2 u 2 • D'après ce qu'on a vu, il représente une
solution de l'équation (1). Le premier membre, d'après la définition
même, est la solution de l'équation ( 1) qui vaut a 1u 1 + a 2 u 1 pour
t = t 0 • En vertu du théorème d'unicité, ces solutions se confondent
pour tout tE la, bl, ce qu'on affirmait.
Donc, pour l'équation linéaire homogène (1), l'opérateur résol-
vant o:~ est un opérateur linéaire. Rappelons que, d'après 13.38,
il est continu et inversible. Dans ce qui suit nous écrirons Qfu au
lieu de Qf ( u).
13,72. Etudions la structure de l'opérateur résolvant de l'équa-
tion homogène 13.71 (1) dans l'espace n-dirnensionnel Rn des vec-
teurs x= (~ 1 , • • • , ~).
Choisissons dans l'espace Rn n vecteurs linéairement indépendants
quelconques ft, ... , fn· Alors, à l'équation vectorielle 13.71 (1)
par rapport à la fonction vectorielle inconnue u (t) = ~ u 11 (t) j,.
tt•
t64 Cil. 13. J!QUATIONS DlFFBUENTlELLES

il correspond le système d'équations scalaires:


uj (t) =au (t) u 1 (t) +... +ain (t) Un (t), "\
u~ Ct)~ ~n: (~) ~~·(t) ~ ·..·..+. a~n· (~) ~n· (~). t
(1)

A l'opérateur résolvant Q~ nous pouvons faire correspondre, d'après


les règles générales 12.17a, la matrice dont la k-lème colonne est
formée des coordonnées du vecteur Rl0,t,. (k = 1, ... , n). En d'autres
termes, à l'opérateur résolvant Q~, il correspond la matrice
fu (t) /1z (t) • · • ftn (t)
w~ = /21 (t) fu (t) ... /2n (t) (2)

/n1 (t) /n2 (t) • • • fnn (t)


où / 1.. (t), ... , fnli (t) sont les coordonnées de la solution /,. (t)
dont la valeur pour t = t 0 est le veclcur /_. La matrice (2) s'appelle
m.atrtce de Wronski du sysLème (1), ct son déterminant est le détermi-
nant de Wronski, ou ll!ronskien du système (1). Pour une matrice
constante A "" Il a1,. 11, nous avons écrit la matrice de Wronski
dans 13.15.
L'opérateur IJ~ étant inversible, la matrice (2) est non dégénérée
pour tout t Ela, b), ot le déterminant de Wronski ne s'annule pour
aucun t E [a, bi; ainsi, les solutions f 1 (t), ... , ln (t) qui sont
linéairement indépendantes pour t = t 0 J.e restent pour tout t E la, bl.
La solution de l'équation 13.71 (1) avec un vecteur initial quel-
n
conque (pour t = t0) u = ~ u..J 11 est construite d'après la formule
générale ·-1 n n
u (t) = Q~u =nt, ~ u,.f,.. = ~ u"Ol.JA :
/Pol 11-1

par conséquent, toute solution du système (1) est une combinaison


linéaire de n solutions particulières / 1 (t) •... , ln (t).
Nous voyons que, dans le pr6sent cas, l'espace de toutes les
solutions du système (1) est de dimension n et que les fonctions
vectorielles / 1 (t), ... , ln (t) en constituent une base. L'ensemble
des fonctions vectorielles j 1 (t), ... , ln (t) est appelé systlme fon-
damental de solutioM du 111/Bilme (1).
13.73: C a 1 c u 1 d u d é t e r m i n a n t d e W r o n s k i.
Le déterminant de Wronski
iu (t) /12(t) • · · ftn (t) ~
lft(t), .. •, /n (t)J = • · ' · ' ' • · · ' • ' (1)
l /ni (t) fn1. (t) ··· • /nn (t)
f 13.7, OP2RATEUR RJ!SOLVANT 165

peut être appelé, par analogie avec l"algèbre vectorielle, « produiL


mixte» des vecteurs / 1 (t), . . . , ln (t). Il a pour éléments les fonc-
tions dérivables fu, (t), donc est lui-même dérivable. En le dérivant
d'après la règle 7.14/ on trouve
:. (j.(t),. ' .• / .. (t)l =tt;(t), /2(t), ... ''"(t)J+
+ Jft (t), /~ (t), .. ·, fn (t)J + · · . +-(ft (t), ... , f~ (t)l =
=[A (t) /1 (t), h (t), • •., /n (t)l +1ft (t). A (t) /z (L), • .. , /n (t)l + .. •
, .. +1ft (t), /z (t), ... , A (t) /n (t)J.
Dans le k-ième terme de la somme lrouvée, la seule composante du
vecteur A (t) f,. (t) qui importe est celle suivant le vecteur t~ (t),
car chaque autre composante amène à un déterminant ayant deux
colonne!! identiques, donc nul. La composante mentionnée vaut
a,.,.
(t) 1~ (t). Définitivement, nous avons

:, [ft(t), ... ,/n (t)l =(au (t) -T- ... +a"" (t)) 1ft (1), ... ,/" (t)l. (2)
La quantité Lr A (t) = a 11 (t) + ... + a"" (t) est la trace de la
matrice A (t). En intégrant l'équation (2) nous trouvons
1
s Ir A(T)dT
1ft (t), · · ·, f" (t)l = 1/t (to), . · ·, f" (t0 )l e 10
(3)
Rappelons que la quantité tr A (t) ne dépend pas du choix de la
base f., ... , ln •).
tS. 74. E q u a t i o n d u n-i è rn e o r cl r f' Nous avons vu
dans 13.51 que l'équation
yl"'l(t)=an (t)yln-l)(t)+ ... +a 1 (/l!il J, b(t) (1)
est équivalente au système
u; (t) = u 2 (t), }
u; (t) = u3 (t), (2)
.......
u~ (t)=a 1 (t) Ut (t)+a 2 (t) Uz(t)+ ... +an (t)u" (t) +b(t),

u.(t)=y(t), Uz(t)=y' (t), ...• un(t)=y<"- 1>(t).
Ainsi, un Vt'Cteur solulion u 1 (t), ... , Un (t) correspond à une
collection y (t), y' (t), . . . , y 1"- 11 (t). Conformément à 13.72,
toute solution w (t) de l'équation homogène
w(n) (t) =a,. (t) zo~.n-l) (t) + .. , + a 1 (t) w 1 (t) (3)
*)Cr., par OXl'mple, lf4; 5.53),
i66 CH. 13. ~QUATIONS DlPP2RENTIELLE8

peut. être mise, d'une façon univoque, sous la forme


W (t) = C1w1 (t) + ... + CnWn (t),
où w 1 (t), .... Wn (t) est la solution correspondant à une matrico
non dégénérée des donnlles initiales

Il=
Il
~~ (to_) . , .. , : Wn (to) W (wl (to), .. '' Wn (to)J,
w~n-1) (lo) ' '' w\:'-11 (to)
La matriœ des solutions (matrice de Wronski)

u:• ~t)' : ·. · . .w."(·t)· · ·Il= W [w1 (t), •.. , Wn (t)J


Il w\n-1) (t) ... w~"-ll(t)
reste Rlors non dégénéréo pour tout t E [a, bl. Son déterminant,
d'après la formule 13.73 (3) et compte tenu de la forme particnlière
de la mRtrice du système (2), vaut
1
S<~.,(r)dt
det W (w, (t), .•. , Wn (t)l =- det W [w1 (t 0 ), ••• , Wn (to)) e 1•

fi 13,8. Résolution d'une équation linéaire non homogène


tS.81. L'équation
u' (t) "" A (t) u (t) + b (t) (1)
avec b (t) o;é 0 s'appelle équation ltnéaire non hornogè11e. La diffé-
rence v1 (t) - v2 (t) de doux soluLions Vt (t) et v~ (t) d'une équation
non homogène est, llvidemment, une solution de l'équation homo-
gène correspondante. Par conséquent, étont donnée une solution
particulière v, (t) de l'équation uon homogène (celle, par exemple,
qui vaut 0 pour t = t 0) et connaissant l'opérateur ~21•• on peut
obtenir n'importe quelle solution de l'équation non homogène (celle,
par exemple, qui vaut v 0 pour t = t 0) à l'aide de la formule
v (1) = v 1 (t) + !l~vo.
Etant donné l'opérateur Qf0 , la solution r-· 1 (t) peut être construite
par la méthode do variation de la constante. Notamment, cher-
chons v1 (t) sous la forme
V1 (t) = QloC (t), (2)
où C (t) est un vecteur variable inconnu (s'il ne dépendait pas de t,
on aurait uue solution de 1'équation homogène, ce qui explique
l'appellation de la méthode). Pour obtenir v1 (t 0) = 0, nous allous
construire le vecteur C (t) de façon que C (to) = O.
i 13.8. RI!SOLUTION D'UNE liQUATION NON HOM0G2NE 167

En vertu de 13.38e et du lemme 13.13, nous avone


v; en= (~JI.)' c (t) + O:p (t) =A (t) o~.c (t) + o:.c· (t). (3)
D'autre part,
A (t) v, (t) + b (t) =A (t) Q~C (t) + b (t). (4)
En égalant les seconds membres de (3) et (4), nous Lrouvoos
ri~aC' (t) = b (t). (5)
En appliquant aux deux mem-bres de l'égalité l'opérateur Q:• inverse
de a:. (13.38d), nous obtenons
C' (t) = IJ~ b (t),
d'où

' ,;t.ob ('t) d't'


c (t) = 5
fo

en choisissant le vecteur qui s'annule pour t = t 0 •


DMinitivement, nous aboutissons à la formule

v (t) = IJ~ J' ~·b ('t)d't +~0vo= Q:


~
0 v0 + ' Q~b ('t) d't.
J
lo
(6)

Sa validité peut à présent. être prouvée directement, en se servant


de la règle de dérivation 9.86b (qui s'étend facilement aux fonctions
vectorielles).
13.82. Si B = R 1 et A (t) est une fonction numérique, nous
avons (13.12):
s' A(T)d~
Ql.= e'• i
par const'Quent
1 1
sA(T)d~ s
1 A(6)d0
v (t) = elo v0 + 5e~ b ('t) d't. (1)
lo

En pnrUculior, pour A(t) constante, A(t) .::=A, on a la formule

v (t) = e!l-lolAv 0 + I
1
e<•-~lAb (-c) dT (2)

18.83. Les formules 13.81(6) et 13.82(1) sont llgalement valables


dans Jo cos général où u (t) est une fonction vectorielle à valeurs
t68 CH. 13. ~QUATIONS DIFPlUIENTIELLEa

dans un espace normé B ct A (t) un opérateur linéaire dans B. Les


symboles figurant dans ces formules sont à considérer au sens de
13.13 ct do 13.19, pour respectivement A (t) = A constant et A (t)
variable.
E11 particulier, si l'opérateur A (t) = A ne dépend pas de t et
si la (onction b (t) a la forme particulière
m
b (t)-= ~ P,. (t) eO~o'b~o,
,_..
où P~ (t) est un polynôme, Q,. un opérateur constant qui commute
avec l'opérateur A, b,. des vecteurs fixes de l'espace B, alors l'inté-
grale 13.82(2) peut être calculée explicitement. Dans le présent cas,
la structure du résultat peut être prévue à des coefficients indéter-
minés près: c'est pourquoi on peut chercher la solution par la méthodl't
des coeHicients indéterminés.
13.84. Considérons le cas d'espace n-dimensionnel B ~ Rn.
Ici l'opérateur résolvant Q~ est donné par ln mntrico de Wronski
13.72:
fu (t) /12 (t) · ·. /tn (t)
Q~ = /zi(t) fu (t) . · . /zn (t)

/nt (t) /nz (t) . •. /nn (t)


On cherche la solution de la forme 13.81(2); dans le ca:;: considéré
on peut écrire
n
v 11 (t) = ~ 1,,. (t) c~ (t),
lt.-1

où C1 (t), ... , Cn (t) sont les fonctions à déterminer. L'équa-


tion 13.81(5) prend la forme du syst~me
n
~ t1 ~ <t> c~ (t) = b~ (t).
li~l

En le résolvant par rapport aux: C~ (t) et en intégrant ensuite de


t 0 à t on aura les quantités cherchées C,. (t).
13.85. Considérons l'équation du n-ième ordre
1/(n) (t) =an (t) y<n- tl (t) + . , . +a 1 (t) y (t) + b (t).

L'op6rateur résolvant du système équivalent


u; (t) = Uz (t),
u;(t)=u 3 (t),

u;. (t) = a 1 (t) u 1 (t) + ... +an (t) u,. (1),


EXERCICES 169

où u 1 (t) = y (t), u~ (t) = y' (t), Un (t) = yiR·t> (t), a la for-


me (13.74)
w. (t) • •. Wn (t)

o,o= w; (t)
1 .•. w~ (t)

w\n-t) (t) • • • w~n-1) (t)


w 1 (t), . . . , w .. (t) lltaot des solutions associées à une matrice non
dégénérée des données initiales. La solution est cherchée sous la
forme 13.81 (2), c' tst-à-dire que l'on a (pour la première ligne) ;
ft

v(t)= ~ w~(t)C,.(t).
,._,
Les équations 13.81(5) ont, dans le pNsent cas, la forme sui vante:
n
~ w~(t)Ct(t)=O,
11-1
n
~ w~ (t) C~(t) =0,
~=1

n•
i
w~n-l) (t) c~ (t) = b (t).
~=·
En les résolvant par rapport aux Ci. (t) et en intégrant de t 0 à t nous
trouvons les fonctions C,. (t), donc la solution cherchée v (t).

Exercicts
t. Nous avons daux solutions diff6rentes y - 0 et y =
~ d'une mima
équntion diHércntieJlo ~ = 3l
13
, ave<: la même condition initiale 'J (0) =O.
Est-ce que co fait ne contredit pas la th6orème d'unicilé 13.35?
2. Un point pasnnt P glissa sans frottement la long d'une courba. Quelle
doit être lu courbo pour quo la projection du point sur (a) la droite horlzoot.ala,
(b) ln droite verticale sa déplace d'une façon uniforme?
3. On connmft uno solution particulière u 1 (1) d'une équation linéaire du
second ordre u"(l) + a (1) u' (1) + b (1) u (1) "" O. Comment trouver une
autre solution: lin4alrement indépendante de la première?
4. ConfonnémBilt ù 13.17, une équation linéaire du n-i~me ordre è coeffi-
cients constants est équivalente à un systêma du t•r ordre dont la matrice a un
polynôme minimal da degré n. Montrer qua tout aystàma den équations du ter
ordre possUant cette propri.St.é est équivalent à une équation du n-ième ordre.
5. Soient u' (1) ~ A (t) u (1) une équation vactorlalle (u (1) E Rn) et A (t)
un ~o!rateur périodique da pcSriode T (i.a. A (C +
T) = A (1)). Montrer que
Q~+ = C(l~, où C est un opérateur constant.
6. On donne n ,..;; N fonctions vectorielles linéairement indépendantes
u 1 (1), •.. , u,. (t) 8 valeurs dana l'espaceR,.. at dMivables pour tout 1 E [a, b).
170 CH. 13. BQUATlONS DIFPI'!RENTIELLES

Montrer qu'Il oxiste une équation u' (1) ~ A (1) u (1) avec un opérateur continu
A (1) dans R 11 qui a ces fonctions vectorielles pour solutions.
7. On a " fonctioos scalaires linéalremont Indépendantes Ill (1), ••• , lin (1)
qui sont 11 fols dérivables. Est-il posslblo que leur déterminant do Wronski
soit ldentiquemen t nul?
8. On a 11 fonctions scalaires linéairement Indépendantes Ill (1), ... , !ln (1)
qui sont" fois dérivables et dont le wronskien est non nul. Construire une équa-
tion du n-1àme ordre avec les solutions 11 1 (1), .•.• /ln (1).
9. Si lœ fonctions A (1) et b (1) ont les dorivées cont.inues y compris la
m-ième, alors une soluLion de l'équation linéaire
u' (1) = A (1) u (1) + b (1)
a les dérivées continues i( compris la (m + 1)-ième.
1O. Sly,(O) ~ 0 et 1 inégalité 11' (1) - ky (1) ..; cp (l)"a lieu pour 0 E; 1 .;;: T,
alors l'inégalité •

J.,-,., •-••cp
1
11 (1) < (r) d.t

a 1ieu Plie aussi pour 0 ..; 1 .;;; T.


1 t. (Suite.) Si l'inégal il' c
w (1) <cp (t)+k ~ w(•) 118
a lieu pour 0 .;;: t .;;: T, alors il en est de mime de l'inégalité
1
w (1) <cp (1) + k ~ 'P (s) .,~, t-n ds.

12. (SultP.) Nous dhons qu'une fonction 11 (1) EX sur lü, Tl est une
E-pl·t'l;quc-solutiolc dP l'équation u' (1) = 1 (1, u) si
lill' (1) - 1 (1, li (1)) Il ..; ~

sur IO, T). Montrer que,Jour toute solution u (1) et pour toute !!-presque-solu-
tion 11 (1), on a l'lnégali
Il u (1)-!1 (1) Il<;: Il u (O)+v(O) ll""'+i le111 -t).
où le t>St la ~onslanl~C" dans la eondit.ion do Lipschitz pour la fonction 1 (1, u).
13. (Suil~C".) Cc.nsidérons l'équation
u' (1) -= A (1) u (1), u (0) = uo, 0 ~ 1 .;;: T, (t)

avcr. un opérateur continu donné A (1). Soit


fi~ {0-= lo < t, < •.. <ln= T}.
D6finlssons une foncllon vectorielle continue lin (1) comme suit:
lin (0) =llo;
lin Ct~. ... ,>- lin (t") +A (111 ) lin (111 ) 4111 (le~ o, f, ••• , " - t);
lin (Il est du premier degré pour 111 ..; t ..; 111 +1 (k ca 0, 1•.•. , n - f).
HlSTORIQUE 171

Pour un s > 0 donné, construire uno parliUon n telle que Jo fonction


Yn (1) devienne e-presqua-eolution de l'équation (1).
14. (Suite.) Montrer qu'une solution de l'équation (1) (axerclcP 13) œt
donnée par l' expre.ssion
0
u(T)= llm Yn(T)~ lim / [J (E+A(r•)Aik)) u0
d(U)->0 d(U)-+0 ~o~n- t

(l'ordro des facteurs est import.antl).


15. Dans l'hypothèse do l'exercice 13, définir une fonction vectorielle
continuo •n (1) d'après le règle
an (O)=Yo;
e A(l J)àl IJ
•n (r~••>= 1 [J " Yo. (k~o. 1, ••.• n-1);
i-ll
•n (I)=.,A(Ik)(I-I~)&D (Ill),
Pour un e > 0 donné, construire une partition n tello que la fonction
•n (1) devienne e-presque-solution de l'~quaUon (1).
16. 1\lontror qu'une solution de l'équation (1) (exercice 13) est donnée
par l'exprœsion
u (T)= !lm =n (T)~ lim { [OI 1
• A(IJ)àl 1 u 0
d(m-o d(D)-+O i-n- t
(l'ordre des facteurs est essentiel!).
Historique
Certalue.q équations diflérenUelles apparai!ll!ent en mathématiques depuis
la découverte du calcul différentiel et intégral, c'est·ll·dire depuis les travaux
de Newton Pt Leibniz. Leibniz intègre, en 1693, une équation linéaire homogène
du pr('mier ordre. La solution d'uno équation linéaire, homogène ou non, du
n-ième ordre à coelficients constants est trouvée par Euler (1739). Lo méthode
do varin Lion de la constante est ~laborée par Lagrangt' (1775); d'alli ours, EulPr
résout do divers problèmes par cette méthode à partir de 1739.
Durant le XVI lia siècle, la théorie des équations différentielles détermine
dPs progr,;s dëcisifs dans lo mécanique ordinaire et célt>ste, la théorie dos maœes.
la météorologie et d'autres domaines de la physique.
Les succès do la th6orie des équations dUférentiolles conditionnent la cnll-
duslnn philosophique sur sOn caractère univC!J'sel que l'ou appellP • principo du
déterminisme mécanique • et qui est exprimée dons l'épigrophe du présent
chapitre. En mettant on relief le triomphe final de la roison, cette conclusion
joue, la l'~poquo, UrL grand rôle dans lo libération de lo science dœ lnfiuon-
CC!I thé<•logiques et scolastiques. Pourtant, les suceès do la physique du xxo
siècle montrent l'étroitesse du dtHennlnismo mécanique gui, tout on conservont
sn voleur pour les problomes mécanic;~ues, cède sa placo dans les hauts domaines
llo la physique au déterminisme statistique.
Wronski, mathématicien et philosophe, introduit son déterminant des
dérivées en 1812.
La position du problème général d'existence et d'unicité de la solution d'une
équation différontielle est l'œuvre du XIX' siècle. La prcwiùro démonstration
de l'existence de la solution est donnéo par Cauchy (1844): ensuite Lipschitz la
slmpllrte essentiellement et formule la condition qni porte son nom. La méthode
dB!i opproximalions successives est proposée par Picard (1890); cette méthode
est mise sous la forme abstraite pour un espace métrique, avec l'utllisetion
explicite d'un opérateur contractant, par Banach en 1922.
CHAPITRE t4

Développements orthogonaux

Le théorème de Fourier représente


non seulement 1'un des plus beaux
résullats do l'analyse moderne, mais
aussi un instrument indispen~ble
pour 1'étude de presque tous las
problèmes principaux da la physique
moderne.
JV. Thomso11 at P. G. Tait,
Philosophie naturello (1867)
§ 14.1. Développements orthogonaux dans un espace hilbertien
14.11. P os i t 1 o n d u p r o b 1 è m e. Dans le § 12.5, nous
nous sommes occupés des approximations uniformes dans l'espace
C (Q) dos fonctions continues, c'est-à-dire des approximations par
rapport à la norme
li/Ile= m~axjf (z) 1· (1)

Dans plusieurs problèmes de l'analyse, il importe de considérer


les approximations au sens de la moyenne intégrale, i.e. por rapport
à la norme
(2)

et, en premier lieu, les approximations au sens de la moyenne


quadratique correspondant à la norme
li/lia= VS If (x) 1~ dx · (3)
Q
Dans le présent chapitre, nous sous-entendons p11r Q un inter-
valle fermé de l'axe réel.
Quelles sont les conditions à imposer à un système (linéaire)
donné B (Q) de fonctions cp (x) pour que, quelle que soit une fonc-
tion 1 (x) (continue ou au moins continue par morceaux, ee qui
garantit l'existence des intégrales nécessaires), on puisse indiquer
une suite 11'1 (x), ll'i (x), ... de fonctions de B (Q) telle que
li/-IPni12=VSI/(x)-cpn(x)l•dx-+-0 (4)
Q
lorsque n - oo?
Si une suite ll'n (z) converge uniformément vers 1 (z), alors la rela-
tion (4) est évidGmment valable. Mais la convergence uuiforme ne
§ 14.1. D2VELOPPEMENTS DANS UN ESPACE HILBERTIEN 173

découle pas de la relation (4), ni même la convergence simple.


On peut donc dire que le problème d'approximations au sens de la
moyenne quadratique est • plus lacile » que celui d'approximations
uniformes. De plus, la construction d'approximations du premier
type peut être mise sous une forme géométrique bien claire du fait
que 1'espace correspondant de fonctions avec la n01me (3) est un
espace hlibertien où 1' on peut non seulement mesurer les longueurs des
vecteurs comme dans un espace normé, mais aussi utiliser la pro-
priété d'orthogonalité.
14.12. A p pro xi ma t i o n s d a n s u n es pace hi 1-
b e r t i e n. Soit H un espace hilbertien réel ou complexe. Soit
B c H le sous-espace n-dimensionnel engendré par un système
orthonormé e1 , • • • , en (de sorte que (el> e 11) = 1 pour j = k et
(e 1, e11) = 0 pour j +
k). Posons le problème suivant: pour un
n
vecteurf E H donnll, trouver un vecteur y = ~ c_e,. E B tel que ,._.
la quantité Il f - y Il soit la plus petite possible. En résolvant ce
problème nous supposons l'espace H complexe; dans le cas réel,
on n'aura qu'à simplifier un peu les notations. Pour tout x =
n
= ~ ;,.e11 , nous avons
11=1
n n
Il f-xlli = (!- ~ Ç,,.eA, 1- ~ Ç,,.e,.) =
h=l 11-1
n n n
= (/, /)- ..~ ;,. U, e,.) - ~ ~~~ U• e-) + ~ 1ç,. 1~ =
c:::~~l ,._, A-1
ft

=(f, /)+ ~ [J(f,eA)I 2 -GIIU. e,.)-[,.U, e,.)+IEAI 21-


,._~

n
- ~ 1(/, e11) 11 =
11=1
n n
=(/,{)+~lU, e,.)-Ç~II(f, e-)-[hl- ~lU. e,.)l8 =
.. ~, .. ~,
n n
=(/, /)+ ~ l<t. e~)-f.,.l 1 - ~lU. e,.)ls. (1)
A~l ~~1

Il est évident que l'expression obtenue est minimale si Ç11 =


n
= (!, e11 ) (k = 1, ... , n). Le vecteur y = ~ (!, e 11 ) e 11 s'appelle
A-1
projection du vecteur f rur le sous-esptu:e B, le vecteur f - y = h
étant la perpendiculaire abaissée de l'extrémité du vecteur f sur le
sous-espace B; dans le cas réel, ces définitions s'aeeordent avec les
174 CH. 14. D2VELOPPEMENT9 OI'ITHOOONAU"I:

notions géométriques correspondantes (fig. 14.1). On volt de (1) que


le carré de la longueur du vecteur h est
..
Il hus=(/./)-~
,._, ](1, e~) la.
Il en résulte, en particulier, l'inigaltté de Bessel
n

~
,._, 1U. e,,) la..;; Il tu~ (2)

est valable pour tout vecteur fE H et tout système· orthonorœé


e.,qui Définitivement,
.... en.
la meilleure approximation « hilbertienne • du
vecteur f par les vecteurs du sous-espace B est réalisée lorsque l'on
choisit pour vecteur approximant y la projec-
tion du vecteur 1 sur le sous-espace B.
14.13. Soit maintenant un système ortho-
normé infini et. e~, ... , en, . . . On peut
effectuer la construction décrite plus haut
)lr:::---"--t--,-- pour toute famille finie e" ... , e,. en obte-
..
nant la mellleure approxiœation hilbertienne
correspondante Yn = ~ (f, eA) e~. Notons que
Fig. 14.1. les coefficients (/, eA) ~~·
de la meilleure appro-
ximation ne dépendent pas du numéro n k. >
L'écart hn vaut, comme nous l'avons vu,

(1)

La question se pose: est-il possible de rendre la quantité Il hn Il


aussi petite que l'on veut en choisissant n suffisamment grand?
Cela ne peut avoir lieu dans le cas général: par exemple, si un
système e 1, e 1 , • • • c n'est pas complet~. i.e. s'il existe un vecteur f
non nul et orthogonal à tous les vecteurs e 1, e1 , . . . . alors lous les
nombres (/, e~) sont nuls et tous les nombres Il h,. Il valent 11111.
14.14.a. Tout de même, dans certaines conditions on peut affir-
mer que les nombres Il hn 11 tendent vers zéro lorsque n- oo.
A savoir, ccci aura lieu si, en partant de quelques considérations
supplémenwires (par exemple, des théorèmes du type Stone (12.52)
pour certains espaces fonctionnels), on sait qu'il est possible de
choisir, parmi les combinaisons linéaires des vecteurs e" e 2 , • • • ,
une suite convergente (par rapport à la norme hilbertienne) vers le
n
~
vecteur /. En effet, si, pour une combinaison linéaire ,._ l
tke,.,
§ lU. DEVELOPPEMENTS DANS UN ESPACE HILBERTIEN 175

n
on a l'inégalité Il f - ~ ~ 11 e 11 Il ~ e, alors, pour la meilleure
·~· n
approximation hilbertienne ~ (j, e 11 ) eA, on a à fortiori:
11-1

(1)

b. Dans l'hypothèse a, en passant à la limite pour e-+- 0, on


obtient l'égalité

(2)

La série dans le dernier membre s'appelle slrie de Fourier du


vecteur f suivant le système orthonormé e., e,, ... Les nombres
(f, e11 ) sont appelés coefficients de Fourier du vecteur f suivant le
système e11 • Ces termes restent valables indépendamment de la
convergence de la sllrie; en cas de divergence, nous considérons la.
série de Fourier pour le moment formellement.
c. En cas de convergence de la sllrie (2) vers le vecteur /, nous
avons en passant à la limite dans (1):
...
11!111 = ~ l<f, eA)I
,._, 1
• (3)
Cette égalité qui représente un analogue du théorème de Pythagore
pour le cas de dimension inlinie s'appelle égalité de Parseval. Si l'on
ne peut rien dire sur la convergence de la série de Fourier vers le
vecteur f, on a toujours l'inégalité
...
~lU. e-)ls..ç!l/11 1 (4)
11=1

qui se déduit par un passage à la limite dans 1'inégalité de Bessel


14.12(2) et s'appelle elle aUBSi inégalité de Bessel.
d. Remarquons enfin que si la série de Fourier d'un vecteur f
converge vers f,
..
1=~(/,eA)c~,
A-1

alors il en sera de même après n'importe quelle permutation des


termes meL tant le terme de numéro nA à la place k (k = 1, 2, ...) :
...
j ~ ~ (j, enll) ~"A'
1&=1
176 CH. U. DEVELOPPEMENTS ORTHOGONAUX.

En effet, d'apres (1) on a


N N
Ill-~(/, en~)en 11 ll =ll/11 1 - ~
2
](/, en 11 )1'1 •
~-· ~=·
La dernière quantité tend vers zéro lorsque N- oo en vertu de (3)
et de la légitimité de permutations dans une série convergente à ter-
mes positifs (6.36).
14.15. La série de Fourier apparaît nécessairement dans les
problèmes d'approximations puisque l'on a la froprlété suivante:
Lemme. Supposons que, pour un vecteur EH et un système
orthonormi {e,.} dans H. on ait un divewppement
..
1 = ~ c~e~. (1)
1
au sens que

lim[l/-
"-1
!>-+"'
~ c~e11II=O
pour au moins une suite n 1 < n 1 < ... <np< ... Alors tout
coefficient Cm est égal au coefficient correspondant de Fourier (/, em)
(m = 1, 2, ... ), et la série (1) converge en norme au sens ordinaire.
D é m o n s t r a t i o n. En multipliant (1) scalairement par em
et en utilisant la continuité du produit scalaire (12.43b) et le fait
que le système {e~} est orthonormé, on obtient

U, em) = (Hm~ c~e,., Bm) = lim ( ~ c,.e~. em) =Cm,


!>-+'"' 1 !>-+'"' 1

ce qu'il nous fallait.


14.16. Lemme. Soient
... ...
f=~a,.e,., g=~b~e~
1 1

deux développements (au même sens que dans 14.15), {e•} ltant
...
un système orthonorml; la sériB ~ a~b~ converge absolument, et
1
nous avons
...
~a~ii,.=U,g). (1)
1
Démonstration. La convergence absolue de la série dans le
premier membre de (1) découle de l'inégalité
1a,.b,.[ "'"Î (]a~ [1 +1b,.]1 )
li 14.1, D2VELOPPEMENTS DANS UN ESl'ACE HILDERTIF.N 177

en vertu de 14.14 (4). Ensuite, .si


. mf np
f = hm ~ ake~. g = lim }i b~oe•
,_,GO 1 fJ....aG l
on norme de l'espace H et si l =min (mp. "p). alors, en raison
de la continuité du produit scafaire, on a Lien
mp np
(/, g) = ( lim ~ a,.eh, lim ~ b~e,.)
p-ao 1 p-t'DD l
=
lp ...
= lim ~ a,.b" = ~ a~ob~o.
P-?DD l s.
14.17. Ecrivons, pour les utiliser par la suite, la série de Fourier
et l'égalité de Parseval pour un système orlhogonal mais non normé
de vecteurs g., g 1 , • • • Si le vecteur ln est non nul pour tout n,
alors le système en = fn/11 ln Il est déjà orthonormé. La série de
Fourier d'un vecteur 1 suivant le système en peut être écrite comme
suit

~ (/,eR)e~a=~
IL-l 11=1
(!. n::u) u!:n=
(1)


(/, S'~)
a~=~· (2)
La série dans le dernier membre de (1) s'appelle série de Fourl.er
du vecteur f sutuant le système ln• les nombres a,. sont les coelflctents
de Fourier du vecteur 1 sutuant le système ln· Si la série (1) converge
vers /, alors on a
...
111111 = ~
~-1
1 (/' e,.) ,~ = ~
·-·
1( f, Il :,.-112) r=

... 00
~
= -'"
r<t.Il S'Il,,.,hi rz = -"'
~ Il Il~ •
Ch a,.'
1&=1 ~~1

ce qui représente l'égaltté de Parseual pour le système Cn· Et l'égali-


té 14.16(1) devient
...
(/ • g) = ~ a.jf,. 1! !!Ir 11 2 (3)
n-1
I:?-22H6
178 CH. 14. 02\"ELOI'I'EMENTS ORTHOGONAUX

en supposant que
...
/= ~ a.~g,,,
l

§ U.2. Séries de Fourier da&Biques


1~.21.Dans l'espace hilbertien réel H 11 l-n, n] (12.48d) dos
fonctio11s f (t) continues par morceaux sur l'intervalle l-n, n] ou,
ce qui revient au même, sur la circonférence Q ={(x, y) : x ~
= cos t, y = sin t), considérons le système orthogonal infini
1, cos t, sin t, cos 2t, sin 2t, ... , cos nt, sin nt, . . . (1)
L'orthogonalité de ce système est immédiate en calculant les
intégrales des fonctions cos kt •COS mt, cos kt ·sin mt, sin kt ·sin mt
sur l'intervalle [-:n, :rtl.
Pour normer le système, remarquons que
n

Il 1 11 2 = J
-n
11 dt = 2n

et, d'après 9.55c,


Il cos kt 11 1 = s" cos kt dt= n,
_,.
1

7C

Il sin kt 11 1 = ssin kt dt= n.


-n
2

Par conséquent, étant donnée une fonction 1 (t) E H 11 1-n, nJ,


la série de Fourier 14.17(1) s'écrit de la façon suivante:

.! J" f
-n
(T) d"t +cos t · ~ j" f ("t) con d"t +
-n
"
+ sin t • ~ J1("t) sin "t d"t + ...
-n
=

= ~0 +~ (an cos nl + bn sin nt), (2)


n-1

an =n J/("t) cosn-e d-r,
o.- ! 1/
n

(<)>inn< d< (n~O. 1, 2, ... ).


}
(3)
~ 11,.2. S-efliES DE FOURIER CLASSIQUES 179

Les 11ombrPs an et bn s'appellent- coefficients de Fourier de la


jonction f (t) suivant le système (1) de fonctions trigonométriques.
Le problème de convergence de la série de Fourier (2) sera discuté
plus bas (14.24).
111.22. Passons maintenant à uno série trigonométrique do
Fourier sous forme complexo. Considérons l'espace hilbertien
complexe He 1-:n:, :n:] des fonctions complexes continues pnr œor-
ceaux sur l'Intervalle -:n: ~ t ~ n (12.4&). Ici ou a un système
orthogonal infini des [onctions
e 1" 1 (n = 0, ±1, ±2, ... ). (1)
L'orthogonalité découle de l'égalito hidento
" - s" ".i(n-m)lln = 0 (n=F m).
Se'"lei ml dt= -n e' (n-m) 1dt=
-n
1(n-m) -n

Calculons la normo de la fonction e'" 1 :

lle 1" 1 ll= V fle 1" 1 11 dt=


-n
Vj -n:
1·dt=Y2:n:.

Pour une fonction donnée f (t) E He 1-:n:, :n:], la série de Fourier


14.17(1) prend la forme de la ~rie bilatérale (6.48)
...
~ Cne 1" 1 , (2)
n=-oo
où n
Cn =~
-n
J /(-r;) e-•""'d-r; (3)

sont les coefficients de Fourier de la fonction f (t) suivant le systè-


me (1).
14.23. En utilisant ]a formule d'Euler
e1" 1 = cos nt + i sin nt
on peut mettre la série 14.22(2) sous la forme 14.21(2) (plus haut,
nous n'avons écrit la série 111.21(2) que pour les fonctions réelles).
Posons
n
co= ~ _,J/ (-r:) d-r:= ~ •
c.,e'" 1 + C-ne-1'" =(en+ C-n) cos nt -1- i Ccn- C-n) sin nt =

-k- J"
-n
/(-r:)cosm:d-r;·cosnt+! J"
-n
/(-r;)sinn-r;d-r;·sinnt=

=an cos nt+ bn sin nt.


180 CH. 14. 02VELOPPY.Mf:NTS ORTHOGONAUX

n
Pour tout n, la somme partielle L\ de la série 14.21(2) et la
0
n
somme partielle symétrique ~ de 14.22(2) se confondent. Par consé-
-n
quant, la convergence de la série 14.21(2) est équivalente â la soOLma-
bilitii symétrique de la série 14.22(2). Soulignons que, comme nous
l'avons remarqué dès 6.49, la sommabilité symétrique de la série
14.22(2) peut avoir lieu pour tout t E R 1 sans que la série soit con-
n
vergente (au sens de l'existence de lim ~ ).
m, n-ao -m
14.24. T h é o r è m e. La série de Fourier 14.22(2) de toute
fonction (complexe) f (t) contin~ par morceaux sur le compact Q =
+
= 1-:n, :rt] ={x1 y 1 = i} converge vers f (t) en norme de l'espace
He (Q) q~l que soit l'ordre de ses termes.
D é rn o n s t r R t i o n. Comple tenu du résultat 14.14a, il
suffit de montrer qu'il existe une suite T n (t) de polynômes trigono-
métriques qui converge vers f (t) en norme do l'espace He (Q).
Considérons les polynômes trigonométriques

T n (t) == " Dn ('t;


J t) / ('t) d't,
-n
où Dn ('t; t) est la suite en lorme de delta de 12.57a. D'après le
théorème 12 .57c, les polynômes T n (t) convergent vers f (t) unifor-
mément sur tout ensemble fenné E c: Q de points de continuité de
la fonction f (t). Ils restent bornés en module sur tout le Q par le
nombre M = sup 1/ (t) 1- Pour un e > 0 donné, l'ensemble fini
des points de discontinuité de la fonction 1 (t) peut ôtre recouvert
par un ensemble ouvert U, réunion d'un nombre fini d'intervalles
rlont la somme des longueurs est inférieure à e1 . La fonction 1 (t)
est continue sur l'ensemble fermé Q- U. Trouvons un numéro n
de façon à avoir 1 f (t) - Tn (t) 1 < e sur Q- U. Alors

Il/ (t)- T ... (t) Ils= J1/ (t)- T n (t) 11 dt=

= Slf(t)-Tn (t)l2 dl+ S lf(t)-Tn (t)l 1 dt~


U Q-U
..;;;:4M 1 e1 + 4:rt 2 e1 =4el (Ml +n•),
d'où
lim T n (t) = / (t)
n-+..,

dans He (Q), ce qu'il nous fallait.


1 14.2. S2RJES DE POURIER CLASSIQUES 181

D'après ce qu'on a dit plus haut, le fait analogue a lieu pour


toute fonction réelle continue par morceaux f (t) et sa série de Fou-
rier 14.21 (2).
111.25. Du même coup, nous obtenons l'égalité de Parseval pour
toute fonction f (t) continue par morceaux: dans le cas réel.

j f"(t)dt=:rt·aJ +:rt~(a~+bL), (1)


-n 1

d'après les formules 14.17 et 14.21; dans le cas complexe,


n

-n
J1/ (t) Il dt= 2n ~ 1Cn r·. (2)

d'apr~ les formules 14.17 et 14.22.


Etant données deux fonctions continues par morceaux f (t) et
g (t), nous voyons de 14.17(3) que, dans le cas réel où

f(t)= ~ + ~(anwsnt+bnsinnt),
1

g(t)= ~ + ~ (cncosnt+dnsinnt),
1
on a l'égalité

J" f(t)g(t)dt=:rt a~o +11 ~ (anCn +bndn),


-n 1
(3)

ot dans le cas corn plexo où


...
f (t) = ~ anelnl, g (t) = ~ bnelnl'
on o
n ..,
J/
-n
(t) g (t) dt= 2:rt ~ anbn• (4)

f/1.26. Le théorème 14.24 et les égalités 14.25(1)-(2) impliquent,


en particulier. les résultats suivants:
a. C o n s é q u e n ce. Les c le/ficients de Fourier an, bn d'urte
fonction continue par morceaux f ~t) tendent vers 0 pour n - oo, les
coefficients Cn tendent vers 0 pour n-. ± oo.
b. Co n s é q u e n ce. Si tous les coefficients de Fourier 14.21(3)
(ou 14.22(3)) d'une fonction continue par morceaux f (t) sont nuls,
alors f (t) est nulle partout, à l'exception possible d'un nombre fini
de points (9.16e).
{82 CH. 14. OI'!VELOPPEMENTS ORTHOOONAUX

c. C o n s é q u e n c e. Deux fonctions continues par m.orcea1tx


1 (t) et g (t) dont les coeflictents de Fourier 14.21(3) ou 14.22(3) sont
respecttvement égaux se confondent partout, à l'exception possible
d'un nombre fini de points.
d. Co n s é q u e n c e. Le sysame orthogonal 14.21(1) des fonc-
tions trigonométriques est complet: toute fonction continue par morceaux
f (t) qui est orthogonale à toutes les fonctions du syst~me 14.21(1)
représente le zéro de l'espace H 11 (Q), I.e. est nulle partout, à l'exception
possible d'un nombre fini de polnls. Il en est de méme du sys~me des
fonctions e1" 1 (14.22(1)) d4ns l'espace He {Q).
...
14.27 .a. L e rn m e. St une sirie trigonométrique ~ cne;u
converge vers une fonction s (t) uniformément sur [ -:n, :ni, au sens que,
pour certaines suites mp- oo, np- oo, on a
np
s (t) = lim ~ cAe1" 1
p--ao -mp
uniformément sur 1-:n, :n], alors les nombres c, corncident avec les
coefficients de Fourter de la fonction s (t).
Le lemme est immédiat parce que la fonction s (t) est évidem-
ment continue et la convergence uniforme impllquo la convergence
en norme de He (Q), ce qui permet d'appliquer 14.15.
b. C o n s é q u e n c e. Si Cn (n = 0, ±1, ... ) sont les coef-
/tcients de Fourier d'une fonction continue par morceaux f (t) et si
...
la série ~ 1 1
_..,cne " converge uniformément vers une fonction s (t) art
méme seTUJ que dans a, alors 1 (t) ea s (t) partout, à. l'exception possible
d'un nombre fini de points.
En effet, la fonction s (t) est évidemment continue et les nom-
bres en sont, en vertu de a, ses coefficients de Fourier; or les mêmes
nombres sont, par hypothèse, les coefficients de Fourier de la fonc-
tion f (t). L'application de la conséquence 14.26c conduit RU résultat
cherché.

§ 14.3. Convergence d'une sérle de Fourfer


en un point et sur un elll!emble
f4.31. Co n verge n c e d'u ne s é r i c d c F o u ri c r
en un point. Nous avons vu dans 14.24 que la série de Fourier
permet d'obtenir une approximation Illimitée d'une fonction conti-
nue par morceaux donnée f (t) au sens de la moyenne quadratique.
Nous voulons savoir si la série de Fourier permet d'obtenir une
approximation illimitée de la valeur de la fonction f (t) en un point
donné t = t 0 , en d'autres termes, si la série de Fourier converge,
pour t = to. vers le nombre f (t 0) au sens ordinaire.
1 14.3. CONVERGENCE D•UNE S&RIE DE FOURIER 1113

A cotte fin, con::~idérons la série de Fourier sous sa forme com-


plexe 14.22(2). Soit
n
~ 1~1
Sm. n = ,.__,
~ c,.e

une somme partielle de la série de Fourier d'une fonction 1 (t),


pour certains m > 0, n >O. Nous avons

Sm, n (t) =
"
~ c~ei~l = .1n ~
_,.
n

-m
J1
"

-:t
(T) e-t•~ dT· e 1 ~ 1 =

= in s
"

-R
/(T)
n
~ ei~(I-TJ dT.
-m
En sommant la progression géométrique, nous obtenons
n e-lrttB_.,I!n+J)e et(n+[)e_e-r(m+t)o
~ é~B = ....:....--..:,.,.--
.4J 1-e~e 1 ,a
-m e !_e- 2

i(n+HB -t(m+~)e
e -e
2i sin :
donc
"
-n
J1(T)
(t)
-n

Si l'on pose 1 (t) -1. on a évidemment sm.,.. (t) esl (t) pour nïm-
porte quels m > 0 et n >O. Dans ce cas la formule (1) donna
n i(n+~)h -l(m+~)h
4~1 Se -eh dh= 1.
_,. sin-y

A présent, la différence Sm. n (t) - 1 (t) prend la forme


Sm,n(t)-f(t)=
n 1 (n+4) h -l (m+ ~) h
1
= 4ni S{l(t-t-h)-l(t)} . :. e_ _ _-_;e;.,..h---dh. (2)
->~ sinT
tM CH 1~. D2\'EL0PPEIKE!'iT.S ORTHOGONAUX

Dans quelles conditions Sm. n (t) tend vers f (t) ou, ce qui revient
au même, l'intégrale (2) tend vers zéro.
14.32. L Il m m e. Si cp (h) est une fonction à ualeurs complexe8,
définie dans l' interoolle a < x ~ b, bornée et continue par morceaux
sur tout interoolle la + ô, bl, ô > 0, absolument intégrable au sens
impropre sur [a, b), alors les intégrales
b b

Jcp (h) sin vh dh, J'P (h) cos vh dh,


a
"
tendent vers zéro lorsque v - ± oo.
D é m o n s t r a t i o n. Vu les formules sin vh = ! (eivh -e-'vh),
ros vh +
= (elvh + e-lvl•), il suffit de considérer, la dernière inté-
grale. Envisageons d'abord le cas où la fonction cp (h) est continue
sur l'intervalle [a, b). Pour v fixe, il n'y a sur cet intervalle qu'un
nombre fini de points de la progression arithmétique
2
a+k : , k=O, 1, 2, ... ;

désignons-les par h 0 = a < h 1 < ... < hm· Supposons que la


fouction g (h) vaille cp (h 0) dans l'intervalle [h 0 , h 1), 'P (h 1) daus
[h 1• hJ, etc., enfin cp (hm) dans l'intervalle [hm, b). Il est évident que
2
lg(h)-cp(h)!~wOJ ( ;) (1)

partout sur la, b), wOJ (ô) étant l'oscillation de la fonction cp (x) sur
la, b) (5.17c). Comme l'intervalle [hb hJ+ 1) est une période de la
fonction e"'h, on a
hJH hl+l
J
g(h)ei"hdh=cp(hJ) ( elvhcJh=O; .

donc
hl 'J
b b

1 Jg
Q
(h) eivh dh 1= 1 Jg
h.,
2
(m) eivh dh 1~ .111. : , (2)

où M = mn.x l 1p (h) 1· Il résulte de (1) et (2) que


b b b

1 J
"
cp(h)e1 "1'dhl~ J
a
lcp(h)-g(h)ldh+l Jg(h)ei"hdhl-<
a

..;;w., (v2n) (b-a)+M 72n . (3)


§ 1'.3. CONVEROENCE D'UNE SERIE DE POURIER 185

Puisque, en vertu de la continuité de cp (h), la quantité w ( ~ )


tend vers zéro lorsque ' V - oo, l'estimation (3) démontre le lemme
dans le cas considéré.
Soit maintenant cp (h) une fonction quelconque vérifiant l'hypo-
thèse du lemme. Pour un e > 0 donné, trouvone un ô > 0 de façon
à avoir
<>+ft
J 1 cp (h) 1dh < i. (4)
"
Sur l'intervalle la + ô, b), la fonction cp (h) est bornée en module
par un nombre M = M (e) et continue par morceaux. L'intervalle
la+ ô, b) se décompose en un nombre fini, soit N = N (e), d'Inter-
valles lat. b 1), • • • , laN, bN) sur chacun desquels lo fonction cp (h)
est continue. En appllquant à chaque intervalle l'estimation (3)
et compte tenu de (4), on trouve
b -0 N ~
J
1 cp(h)elvhdhl< .f !cp(h)ldh+ J
~ 1 cp(h)elvhdh~~
" " ~-1 ~

(5)

Il reste Indintenant de trouver d'après e donné un 'V tel que les

quantiLés w"( 2
: )<b-a)et N(e) M(e) 2_; deviennent inférieures à e/3.
Ceci fait, le lemme sera complètement démontré.
14.33. Revenons à J'égalité 14.31(2). Nous sommes maintenant
en mesure de démontrer le théorème suivant:
T hé o r è m e. Si une fonction f (t) est continue par morceaux
sur l'intervalle [-n, n) et si la fonction f(to+h~-f(to) est absolument
intégrable par rapport à h au sens impropre dans un voisinage
du point h = O. alors les somm4s parttellea sm. n (t) de la serie de
Fourier de la fonctton f (t) convergent au point t = t 0 r.V!rs la valeur
f (t 0 ) lorsque m->- oo et n - oo (indépendamment l'un de l'autre).
Dé mo n s t ration. Si la fonction 1 (to+h)-/ (lo) est ab-
solument intégrable au sens impropre dans un voisinage du point
t86

h = 0, il en est de même de la fonction


1 lto+h)-f (to) 1 (1 0 + h)- 1 llo) _ _h--;--
h . h
sinT h ~IDT

Do11c, en ''ertu du lemme, l'intégrale 14.31(2)


o n
-'-- J" /lto+hl- 1 (to){el(n+~) h-e -1 (m+~) h)dh =
47tl
-n
.
sm 7"
4~1 { J+ J}
-n n

tend vers zéro lorsque h - oo. Lo théorème est démontré.


14.34. La condition d'intégrabilité absolue de 1 (lo+~-1 Il)
par rapport à h pour h - 0 s'appello condition de Dtnt pour f (t).
Elle est satisfaite, par exemple, si la fonction f (t) vérifie la condition
de LipSJChltz d'ordre 01 > 0:
11 (t + h) - 1 (t) 1~ c 1h 1".
En particulier, lorsque la fonction f (t) possMe au point t 0 une
Mrivée finie, la condition de Lipschitz d'ordre 1 est vérifiée et, par
conséquent, les nombres sm. n (t 0 ) convergent vers 1 (t 0 ).
14.35. Co n ,. e r ge n ce u n if orme d'u ne s é ri e de
F o u r i e r s u r u n e n s e m b 1 e E c: Q. L'analyse de la
démonstration ci-dessus montre que l'on peut obtenir, dans la même
voie, la c.on,·ergence uniforme de ln série de Fourier sur un ensemble
E c: Q.
Nous dirons que la condition de Dini pour la fonction f (t) est
remplie untformément sur un ensemble E c: Q si, pour tout e > 0,
on peut. lrou,·er un ô> 0 tel que l'inégalité
J 1 /(l+h~-/(1) jdh<e
!hl<"!!

aiL lieu ponr tous les t E E à la fois.


T h u o r è m e. St une fonction 1 (t) est bornée et continue par
morceaux sur l'intervalle [-n, n) = Q (les points -n et n étant
comme toujours tdentl/iés) et si la condition de Dtnt pour f (t) est satis-
faite rtntformément iur un eruJemble E c Q, alors la aérle de Fourier
de la fonction 1 (t) converge vers celle-ci uniformément sur l'ensemble E.
D é rn o u s t ra t l o n. Nous avons déjà mis la différence
Sm.n(t) - f (t) sous la forme
n i(n+!}h -l(m+~)h
Sm. n (t) - / (t) = 4 ~1 J[/ (t + h)- f (t)l e -:-eh. dh.
- ~DT
§ U.3. CONVEROENCE D'UNE S2RIE Dt: FOUnJt:R 187

Prouvons que cette différence tend \'ers zéro uniformément sur


l'ensemble E. Posons cp (t, h) = 1 <• + ~- 1 (t) • Par hypothèse,
sln
2
pour un e > 0 donné, il existe un 6 0 > 0, qui ne dépend pas de t,
tel que
J 1 tC•+.h>-;;-t<t) ldh= J l/(t-l-h1:-llrr ~~dh-<;; ~.
thl<ô~ SJny lt.r<ôo S(UÏ

A l'elttérieur de l'intervalle 1h 1 ~ 6 0 , la fonction ~p (t, h) est


bornée en module par le nombre M (e) = ~ , où M =
sinT
= max 1/ (t) 1; l'estimation donnée ne dépend pas de t. Mais l'en-
semblez, des points de discontinuité de la fonction cp (t, h) en dépend
bien; notamment il s'obtient en translatant de -t l'ensemble des
points de discontinuité de la fonction f (h) (sans compter le point
de discontinuité éventuel h = 0 que nous avons déjà isolé). Par
conséquent, l'ensemble Z 1 , pour tout t, peut être recouvert par un
translaté convenable S 1 d'un système fini fixe d'intervalles dont la
somme des longueurs est ~ 3Ûëëf. C'est l'ensemble G 1, réunion
d'un nombre fixe N (e) d'intervalles sur lesqueh la fonction cp (t, h)
est continue (leur nombre ne peut que diminuer car certains d'eux
se trouvent d11ns l'intervalle déjà isolé 1h 1~ 60 ), qui reste à l'exté-
rieur de S 1 •
Soit
1
g(h)=~ ( 1hl~&.).
Sln T

L'oscillation w~ (ô) de la fonction cp (t, h) peut être estimée,


d'après 5.17d, comme suit:
w"' (ô) ~ max 1/ (t +
h) - f (t) 1w, (ô) + w, (ô) max 1g (h) 1~
~ 2M 1w 1 (ô)+ M,w 1 (ô).
Maintenant J'pstimation 14.32(5) fournit

-i:nlsm.n(t)-/lt)l=l j cp(h. t)[e1 (n+~)h_e-l(m+~) "ldhl-<


-n
188 CH. B. DI!VELOPPEMEXT5 ORTHOOONAUX

Sl n et m sont suffisamment grands, le dernier membre devlenl


inférieur à e pour tous les tEE à la fois. ce qu'il nous faut. Le théo-
rème est démontré.
14.36. Co n s é q u e n ce. Si la condition de Lipschttz d'ordre
a>O
1 f (t + h) - f (t) 1 ~ c 1h f
est satisfaite pour tout point t d'un ensemble E c Q et que la cons-
tante C ne dépende pas du point t E E, awrs la série de Fourier de
la fonction f (t) converge vers elle uniformément sur E. En particulier,
si la fonction f (t) possède une dérivée bornée sur un intervalle
[c, d) c Q (respectivement dérivée à droite ou à gauche aux points c
et â), alors, quel que soit un intervalle intérieur [c ô, d- ôl, +
la condition de Lipschitz d'ordre 1 y est remplie pour tout 1 h 1 ~ô:
1 f (t + h) - f (t) 1 ~ 1 h 1 sup
lE[<, d)
1t' (t) 1:

par conséquent, la série de Fourier de la fonction f (t) converge vers


celle-ci uniformément sur tout intervalle le + ô, d - ô).
14.37. Si la condition de Dini n'est pas satisfaite en un point,
le théorème 14.33 n'est plus valable, et la série de Fourier de la
fonction f (t) peut s avérer divergente (nous le verrous dans 14.51).
La relation
lim s,,., n (t,) = f (to)
........
n-'"'
ne peut être vérifiée qu'au sens d'un passage généralisé à la limite.
Il est naturel de considérer, avant tout, les sommes partielles symé-
triques
n
.l'n.n(t)= ~ c~e 1 ~ 1 •
A~-n

Pour une eomme partielle symétrique sn. n (t) (qui se notera


par la suite sn (t) tout court), on obtient de 14.31(1) l'expression
1 H.3. CONVERGENCE D'UNE SgRIE DE POl:RIER 189

suivante:
" er(n+i-)11_.-r(n+f)h
Sn (t) =-w
1
J/(t +h)
_,. sin
h dh=
2
n sin (n+...!..) h JI

= 2~ J f(t-';-h)
-JI
2

SID
.
T
dh= Sf(t +h)Dn(h)dh,
-n
(1)


1 sin (n+i-)h
Dn (h) = 2i[ -....;....---.:;...;..._
sinT

est le noycu.. de Dirichlet. Si les fonctions Dn (h) formaient une suite


en forme de delta pour le point 0, on pourrait appliquer le théorè-
me 12.55b et obtenir directement la convergence des sommes symé-
triques de la série de Fourier de la fonction f (t) vers sa valeur f (to)
en tout point to de continuité de f (t). Mais les fonctions D,. (h) ne
constituent pas une suite en forme de delta, ce que nous verrons
dans 14.51. La fonction Dn (h) est évidemment paire: Dn (-h) =
= Dn (h); de plus, en posant f (t) !1!1 1 dans (1), nous trouvons
Sn (t) """1 et
.
sD,. (h) dh= 1.
_,.
En nous servant de ces propriéth nous allons étudier la conver-
gence des sommes symétriques de la série de Fourier de la fonc-
tion f (t) en ses points de discontinuité de premi~re espèce.
14.38. Co m porte men t d e la s é r i e de Four 1er
a u x p o i n t s d e d i s co n t 1 n u i t é d e 1-è r e es p è c e
d e l a f o n c t 1 o n f (t). Soit to un point de discontinuité de
1-ère espèce de la fonction f (t), de sorte qu'il existe les valeurs
/(t0 +0)=limf(t), /(t 0 -0)=lim f(t).
''"' 1/lo
Supposons que les conditions unilatérales de Dini soient satisfaites,
I.e. que les intégrales
lu+O
J 1 /(1)-~(• 0 +0) ,dt, J 1 1 lo
(1)- ~(lo-O) l dt
lo lo+ô
convergent pour un ô > O. Tout comme avant, la quantité sn (to)
peut s'écrire;
JI

Sn (to) ~ J1/ (t + h)J Dn (h) dh.


0
-n
190 CH. l'o. ogv~:LOPPEMEN1'S ORTJ!OOONA Ult

F.n inl.roduisant ]e:; valeurs limites f (t0 + 0) et f (t 0 - 0), trans-


formons l'expression obtenue:
0
Sn(to)= Jlf(to+h)-f(to-O)IDn(h)dh+
-n

I
+ " lf (td- h)-f (to + 0)1 Dn (h) dh +
0 n
+ f (to-0) _t D,, (h) dh -1- f (t 0 + 0) ~ D, (h) dh =

= /1 + /2+ lf (to-0) + f (lo +0)1 " I Dn (h) dh,

où l'on a utilisé la parité du noyau de Dirichlt>t Dn (h). En vertu


du lemme 14.32, ]es quantités 1 1 et 1 1 tendent vers zéro lorsque
n-+ oo. Le dl'rnitr ter.nf.' 11e dépend pas dt' net vaut 1110 +
0
1 (lo-O). >t
Ainsi, wrsque les conditions unilatérales de Dini sont satisfaltes en un
point de discontinuité de 1-ère espèce, par exemple s'il y a les dé ri vées
/' (to+ O) = lim 1 (10 +11);/(to+OI,
,.,o
t ' (t o- O) -_ 1••m 1(lu-0)-
h
1 (lo- hl
'
ll'.O

les sommes partielles symltriques de la série de Fourier de la fonc-


tion 1 (t) convergent vers le nombre
7
[/ (to
t
+ 0) + f (to - 0)1.
Si l'on lul"t la série dl' Fourier rle la fonction f (t) sous la [orme

~0 +~(a,, eo~< kt+ b,. sin kt), (1)

alors, comme nous l'avons déjà vu dans 14.23, la n-ième somme


partielle tle c.ettc série
n

a:l + ~ (a• cos kt+ 1.1• sin kt) (2)


1

coïncide avec la n-ième somme symétrique de la série de Fourier


de la fonction 1 (t) sous forme complexe; donc, pour la série (1),
l'énoncé du théorème sur la convergence est le même pour les points
de continuité (oü la condition bilatérale de Dini tst satisfaite) et
1 U,4, AUTRES PROPRII!.T2S DES S2RIES DE FOURIER 1~11

pour les points de discontinuité de 1-ère espèce (où les conditions


unilatérales de Dini sont satisfaites).
Notons encore que, puisque an - 0, b,.- 0 (14.26a), le groupe-
ment des termes dans la série (1) indiqué par les parenthèses n a
aucnne importance pour la convergence ou la divergence de la série.

§ t4k Autres propriétés des séries de Fourier.


Applications
14.41.Calcul des coefficients de Fourier.
Signalons quelques propriétés simples des coefficients de Fourier
qui facilitent leur calcul.
a. Si /.(t) est une fonction paire, i.e. f ( -t) = 1 (t), alors on a
"
bn=! ) f(t)sinntdt=O,
-n
et f (t) se développe en une série de Fourier suivant les fonctions
cos r.t. De plus,

a .. =f "Jf(t)cosntdt=! J" f(t)cosntdt. (1)


-n o
b. Si f (t) est une fonction impaire, i.e. f (-t) = -1 (t), alors
on a

a,. = +J"
-n
f (t) cos nt dt= 0,

et f (t) se développe en une série de Fourier suivant ll's fonctions


sin nt. De plus,
"
b .. =f J f(t)sinntdt=! J" /(t)sinntdt. (2)
-n 0

14.42. a. Soit f (t) une fonction polynomiale pAr morceaux,


c'est-à-dire que l'intervalle 1-n, ni se décon1pose en un nombre
fini d'intervalles !t 1 , t 1+d• j = 0, 1, ... , m-i sans points inté-
rieurs communs, de sorte que sur l'intervalll' Ir,, tJ+ 1 l la fonction

c.oincide nvec un polynôme PJ (t) = ~ Pn.t-. Alor!! on a
11-0
192 CH. 14. D2VELOPPEMENTS ORTHOGONAUX

Transformons chaque terme en intégrant par parties:


IJ+I

S p 1 (t) e-lnt dt
.
= p 1 (t) -e-•nt
,-
-.n ,
IIJ+I
-
IJ+I
s Pi,(t) -.-dt= .
e-•nt
-lit
1
.J .J
1l+l

=-in [pJ (tJ) e-iniJ- PJ (tJ+r) e-inrl+IJ-+. J pj(t) e-lnr dt.


IJ
En intégrant un nombre fini de fols, on obtiendra une expression
sans intégrales, et les coefficients de Fourier auront la forme de
polynômes en i/n et e1" 1l. Le calcul
analogue pour les coefficients an et
bn montre qu'ils sont des polynô-
mes en 1/n, cos nt 1 et sin nt 1.
Il résulte des théorèmes géné-
rau~ du § 14.3 que la série de
Fourier de toute fonction polyno-
miale par morceaux f (t) converge
vers f (t) en tout point de continuité de f (t). Cette convergence est
uniforme &\JI chaque intervalle qui ne contient pas à son intérieur
ni sur sa frontière de points de discontinuité de la fonction f (t).
En tout point de discontinuité, les sommes symétriques de la série
de Fourier convergent vers la valeur -{-li (t + 0) + f (t - 0)1.
b. E xe m p 1 e. Considérons la fonction f (t) = n;-l (0 < t < :n)
prolongée d'une façon impaire sur l'intervalle -:rt < t < 0, pnis,
d'une façon périodique de période 2:n, sur tout l'axe -oo < t < oo
(fig. 14.2). Conformément à 14.41 b, la fonction f (t) se déve-
loppe en sa série de Fourier suivant les fonctions sin nt, de 1;0rte q1w
"
2nb n = Ji -2-sm
n-1 . nt dt 1t-l cos
=-z--n-"
"'10 -rz
, JÎ -,.- 0
cosnl dt
i n
=2U·
0 n

Ainsi, sur (0, 2:rt), nous avons


n-1 ~
.. sinnl
..,--- = .4J - , . - '
•~1

la série étant convergente en tout point t E (0, 2:n) uniformément


dans tout intervalle [ô, 2:n - ôl, ô> O. Aux points t = 0 et t = 2:n,
la somme de la série est nulle en vertu de 14.38.
c. Dans certaiiUI cas, étant donnés les coefficients an et bn sou.~
forme de polynômes en 1/n, cos nt1 et sin ntJ> on peut sommer l11
série de Fourier et obtenir une formule explicite pour la fonctiou
f 14.4. AUTRES PROPRl21'2S DES S2RIRS DE FOURIER t!l3

polynomiale par morceaux f (t) [ 121. Cependant, même une série si


...
simple que - " - n , est pas l a ser1e
"'1 cOSIII
~
, . d e Fourier d'une fonction
1
polynomiale par morceaux (cf. 14.47).
14.43. L i a i s o n e n t r e 1 a d é r i v a b i l i t é d e l a
fonction /(t) et l'ordre de décroissance de
ses c o e f f i c i e n t s d e F o u r 1 e r.
a. Soit f (t) une fonction continue sur la circonférence Q =
= [-:n, :rtl eL possédant la dérivée continue par morceaux f' (t).
Soient c" los coefficients de Fourier de la fonction f (t) (par rapport
au système e1" 1) et c~ les coefficients do Fourier de la fonction f' (t).
Nous avons

Cn
1
= 21t J" 1 (t) e-
_,.
1 1
" dt=

1
=""'Et e-lnl
1 (t) -=tn" l"
-n + 2nj,;"
1 r /'
J (t) e-t nt dt = ~:
••• . (1)
-n
Le terme sans intégrale est ici nul, car 1 (-n) = f (:n) d'après
l'hypothèse de continuité de la fonction f (t) sur tonte la circonfé-
rence Q. Les nombres c~ en til nt que coefficients de Fourier d'une
fonction continue par morceaux tendent vers zéro; nous voyons que
les coefficients de Fourier d'une fonction 1 (t) dérivable tendent vers
zéro plus rapidement que 1/n. En outre, la série des nombres 1Cn 1
converge, ce qui découle de l'inégalité

lcnl=fnrlc~l~}( :a +tc: t1 )
et de la convergence de la série des nombres 1 c~ 11 • (Vu le critère
de Weierstrass 6.53, cela démontre, sans que le théorème 14.36 soit
utilisé, la convergence uniforme de la série de Fourier pour une
fonction f (t) qui satisfait aux conditions imposées dans ce numéro.)
Si la fonction 1 (t) est continue mais l'existence de sa dérivée n'est
pas supposée, alors la convergence de la série des nombres 1Cn 1
n'a en général pas lieu, ce que nous verrons plus bas (14.53).
b. Si la fonction f (t) est continue et possède les dérivées continues
y compris la (m - 1)-ième et que /(ml (t) soit continue par morceaux,
alors on peut poursuivre la transformation (1) en désignant par
cg>> les coefficients de Fourier de la fonction /(~, (t):
c' c" ,<m-1) c<m)
Cn= ~= = (ln~s = ... = (i~)m-1 = (1:)"' (n=±1, ±2, ... ). (2)
Dans ce cas, les coefficients c~"'-u forment une série absolument
convergenle (cf. a); donc, en plus des égalités (2), on peut ~crire
13-2286
t9t, CH. U. DI!.VF.LOPPEMENTS 01\TKOGONAUX

l'expression suivante pour le coefficient en :

Cn = 1Il lm-1 (n = ± 1, ± 2 ... ),

où la ~rie ~ [ En [ con verge.

14.44. a. Les propositions précédentes peuvent être invers6es,


ne serait-ce que partiellement. Supposons que les coefficients de
Fourier Cn d'une fonction 1 (t) aient la forme

Cn= t!im, [6n[,.;;:c, m~2,


ou

Cn= [ni::.-~, ~[enl<oo, m~2.

Alors, 1 (t) a les dérivées continrus y Compris la (m - 2)-ième.


En effet, dans l'hypothèse formulée, la série de Fourier de
la fonction f (t) est uniformément convergente (d'après le crit~re
de Weierstrass) de même qu111 les séries que l'on obtient par les
dérivations successives formelles jusqu'à l'ordre m - 2:
...
~ Cnflint !!!S sa (t),

~ c,. (in) einl s; s 1 (t),

...
~ C:n (ln)"'-1 einl 0: Bm-2 (t),

En vertu de 14.26c:, la fonction f (t) est identique à s 0 (t). D'aprës


la thoorôme 9. 78 sur la dérivation d'une suite de fonctions, la fonc-
tion s0 (t) est dérivable, et sa dérivée coïncide avec s 1 (t); le fait
analogue a lieu pout la fonction s 1 (t), etc. ; définitivement, la
fonction 1 (t) s'avère m- 2 fois contlnOment dérivable.
b. Si la fonction f (t) a les dérivées continues de tous les ordres
m = 1, 2, ... , alors ses coefficients de Fourier \'érifient les iné-
galités
[ Cn t ~ '~jm , m = 1, 2, .. ·, (1)

donc décroissent plus rapidement que n'importe quelle puissance


de 111 n 1. Inversement, si les coefficients de Fourier d'une fonc-
tion 1 (t) !atisfont aux inégalités (1) pour tout m = 1, 2, ... ,
1 14.4. AUTnES PR0PnJETES DES S8RIF.S DE FOURIER 195

alors, d'après ce qu'on a dit plus haut, la fonction f (t) est continue
et a les dérivées continues de tous les ordres. Ainsi, la classe des
fonctions indéfiniment dérivables est complètement caractérisée
par les conditions (1) imposées aux coefficients de Fourier en.
14.45•. P r o b 1 è rn e d e s i s o p é r i m c'lt r c s. On appelle
ainsi le problème classique suivant: de toutes les courbes planes
fermées lisses par morceaux de longueur donnée, trouver celle qui
entoure l'aire maximale. C'est la cl.reonférence qui en est la solution;
pour le prouver nous effectuons, avee Hurwitz, la construction
suivante. Soit z (s) = x (s) +
iy (s) la représentation paramétrique
d'une courbe plane fermée lisse par morceaux L, avee la longueur
d'arc s pour paramètre (9.63g). Supposons d'abord que la longueur
totale de la courbe L soit 2n, de sorte que z (2n) = z (0). Ecrivons
les développements de Fourier des fonctions x (s) et y (s) :

x (s) = ~0 +~(an eos ns + bn sin ns), (1)


1

y (s) = ~ + ~ (en cos ns + dn sin ns) ; (2)


1

d'après 14.43a nous avons

x' (s) = ~ (-nan sin ns+nbn cos ns),


1
...
y' (s) = ~ (- ncn sin ns
1
+ ndn cos nr).
Comme lx' (s)ll + [y' (s)Ji = 1 (9.63g), nous trouvons, à l'aide
de 14.25(1):
Zn
2n = ~ {[x' (s)] 1 +(y' (s)] 1} ds =

=n ~ n1 (a! +b!+c!+d:.). (3)


1

D'autre part, en appliquant la formule 9.94(4) pour l'aire G inté-


rieurE' à une courbe fermée et compte tenu de 14.25(3), nous trouvons
2n
G=-} J(xy'(s)-gx'(s)Jds=:rt ~ n(andn-bncn). (4)
0 n-t
196 CH. 14. DgVIl:LOPPEMENTS ORTHOGONAUX

A partir des égalités (3) et (4), on a

2- ~ = ~ {n1 (a:,+b~+c~+d::.)-2n(andn-bnen)}=
1

Ainsi, l' atre G tntüteure à une courbe fermée de longueur 2n ne dépasse


pas n. Euminons le cas d' égali~é dans (5) ; pour tout n = 1, 2, ... ,
on a alors
nan-dn=O, nbn+cn=O, (n~-1)(c:.+d:.)=O.
En particulier, sin> 1, on obtient Cn = dn = 0, d'où an = bn = 0
pour les mêmes n > 1. En posant n = 1 on trouve an = d,., bn =
= -c ... Il découle alors de (3) que a~ + b~ = 1, et l'on peut poser
a 1 = cos a, b 1 =sin a. En portant dans (1) et (2) on obtient dérïni-
tlvomont
x (s) =~+cos (s-a.),

y (s) = i- +sin (s-a.) ;


Cette courbe est la circonférence de rayon 1 centrée au point
(aof2, co/2).
Si la longueur totale de la courbe L est égale à un nombre l =F 2n,
nous eUeetuons l'homothétie x' = 2rr.zfl, y' = 2nyfl qui transforme
la courbe L en une courbe L' de longueur 2n (9.63e) limitant l'aire
G' ~ (2n/l)1 G (9.6td, e). D'après ce qu'on a vu,

G'~n.

et dans le cas extrême où L' est une circonférence de royon 1, ln


courbe L est également une circonférence mals de rayon l/(2n).
14.46. E m p 1 o i d'une v ar la b 1 e a o m p 1 e x e.
Désignons les points de la circonférence unité Q = {x1 + y 1 = 1}
à l'aide de la variable complexe z =x+ iy = e , -n ~ t ~ n.
11

Posons f (t) := F (z). La série de Fourier de la fonction f (t) prend


la forme
... ...
f (t) = F (z) = ~ cne1" 1 = ~ c,.z". (1)

Nous avons déjà rencontré dans 10.45 une sério de la forme (1) sui-
vant les puissances de z (série de Laurent). Les coefficients cn ex pri-
m&; par les intégrales par rapport à t peuvent également être exprimés
J 14.4. AUTRES PnOPR12T:28 'DES S:rlRIES 'DE POURIER 197

par les intégrales par rapport à la variable complexez si l'on utilise


l'égalité
dz = ie 11 dt = tz dt.
En eFfet,

Cn = ~
-n
Jf
"
(t) e-inl dt= ~~ # F (z)
1•1-1
z•n-I dz. (2)

Si la fo'Oction F (z) est analytiquement prolongeable à l'intérieur


du cercle unité, alors la série de Laurent, donc aussi celle de Fou-
rier (1), devient série de Taylor

...
14.47. Ex e m p 1e. Calculons la somme de la série ~ co:"' .
1
On peut écrire

~co: ni +i ~si~ ni=~ el;l ,


1 1 1

..
~ elnl
ce qui ram~ne le problème nu calcul de la somme 4J - n - ou de la

~.!:.
somme ""-J n • Ls derni~re série se déduit en intégrant terme
1
à terme, de 0 à z, la série

(1)

On sait (10.57) que


' 1-z
...5_=- Ji ~=-ln(1-z)
~ 1-t Ill
1

si l'on choisit pour chemin d'intégration dans le plan dl"s w une


courbe qui ne coupe pas le demi-axe réel négatif, ce qui correspond,
dans le plan des t (1 - t = <il), à une courbe qui ne coupe pas la
partie t ~ 1 du demi-axe réel positiF. JI nous surfit d'intégrer le
long des segments de droite (0, zl (ce qui assure, en particulier,
l'univocité de la fonction -ln (1 - z)). La série (1) converge pour
t98 CH. 14. D2VELOPPEIIIIENTS ORTHOGONAUX

1~ 1 < 1, de sorte que


--ln (1-z) = ~ a: (2)
1

pour 1z 1 < 1. Or, la série (2) converge êgalement pour 1z 1 = 1,


z =F t (6.63c); comme la fonction
!1 ln ( 1 - z) reste continue en cee
pointl!, l'égalil6 (2) reste valable
pour eux, d'après le lhêorème d'Abel
6.67. Pour tout w = 1 w 1 el ar111D, on
a (10.57)
ln w = ln 1 w 1 + i arg w.
En particulier, si z = e 11 , lm z > 0,
le module et 1' argument de la quan-
tité 1 - z sont facilement déterminés
d'après la fig. 14.3. Notamment,
Fig. 14.3. 1 1-n
11-z t = 2 sin 2 , arg( 1 - z ) = -2- ,
ensuite
ln 11- z 1= ln ( 2 sin +) , 1
ln(1-z)=ln(2siny)-ti -;" 1

d'où, pour tE(O, 2n),


...
~ :n ( .
.4J ""ii"'= -ln (1- z) = -ln 2 sm 2
1 )
+ t -n-1
2- ,
1
..,
~cosnl
""
. 1) , ~~=~.
.4J -n-= -ln (2sm 2 L , 2
1 1

La dernière égalité nous est déjà familil-re (14.42b).


14.48•. P r o b 1 è m e d t' s o 1 u t i o n s p é r i o d i q u e s.
Soit
tzoU'm' (t) -t a,ucm-n (t) f- ... -t amU (t) = g (t) (1)
une i'quation diff~rentielle linéaire à coefficients constants dont
le second membre g (t) est périodique de période 2n. On se demRnde
si cette équAtiou a une solution u (t) de période 2n.
Cherchons une telle solution sous forme de sPrie de Fourier

(2)
§ 14.4. AUTRES PROPRJ2T8S DES S2RJES DE FOURIER 199

avec les coefficients inconnus u~. En supposant que m dérivations


successives terme il terme de la série (2) soient légitimes et en dési-
gnant aGA"' + a 1i..m -• + ... + am """ p (i..) nous avons
...
~ u~p (tk) e1A1 = aoU'm' (t) + ... + amu (t), (3)

D'autre part, soit

(4)
le développement de Fourl(lr de la fonction g (t). En comparant les
développements orthogonaux (3) et (4) nous trouvons, pour tout
k =o. ±1, ±2, ...
g~ = p (tk) u~.
d'où, pour p (ik) cl= 0,
u =_lL
~ p(ikJ 1

donc la solution cherchée est

u(t) = ~ ....!LeiM
--
.4J p (ik) •

Ces raisonnements euristiques conduisent aux énonc~ suivants:


(5)

a. Supposons que les coefficients de Fourier de la fonction pério-


dique g (t) forment une série absolument convergente (par exemple,
g (t) est lisse par morceaux). Si p (ik) ne s'annull' pas pour k = 0,
±1, ±2, ... , alors l'équation (1) possède une solution périodique
et une seule.
En effet, dans l'hypothèse formulée, le polynôme p (ik) de degré m
adml't la minoration
[ p (0) 1 ~ C, [ p (ik) [ ~ C [ k ["' (k = ±1, ±2, . , .).
Il en résulte que
lf/t; l ..lli..L.
1 p(ilt) ..;;;: c [le l"' •
En vprtu de 14.44a, la fonction u (t) définie par l'égalité (5) possède
les dérivées continues y compris la m-ième, et ces dérivées peuvent
être obtenues en dérivaut terme à terme la série (5). En ll's JlOrtant
dans l'équation (1), cette dernière se trouvE> satisfaite. Si, en plus
de la solution périodique trouvée, il en existe encore une, leur
différE>nce v (t) est une solution périodique de l'équation
lloP'"'' (t) + a 1v•"'-h (t) + ... + a... v (t) =O. (6)
200 CH. 14. '02VELOPPEMENTS ORTHOGONAUX

Or, nous connaissons la solution générale de l'équ11tion (6) qui


s'exprime par les fonctions de la forme eM, où p (À) = 0 (13.18).
Ces exponentielles ne conduisent à des solutions 2n-périodiques que
si  = ik (k = 0, ±1, ±2, ... ). Comme, par hypothèse, aucune
des égalités écrites n'a lieu, il n'existe pas de solution périodique
non nulle de l'équation (6). Cela démontre l'unicité de la solution
périodique de l'équation (1).
b. Si p (ik) = 0 pour certains k = k., ... , k, entiers, alors
l'équation (1) possède une solution 2n-périodlque si, et seulement si,
KA = 0 U = 1. ... , r) (l'hypothùe du théorème précédent .~ur la con-
1
vergence absolue de la série des nombres g~ restant valable); cette solu-
T

tion est définie au terme additif ~ c;e 1 ~J 1 près, c1 étant des constantes
jo=al
arbitraires.
En effet, si g,.. = 0 (i = 1, ••. , r), alors l'expression (5) avec
gA
les constantes arbitraires c1 pou:r coefficients ~ (qui, dans le
présent cas, ont la forme 0/0) représente de même que daus a une
solution périodique de l'équation (1). Si, pour un certain k = q,
nous avons p (ik) = 0, g 9 =F 0, alors, en portant ladite expression
dans l'é~uation (1) et en multipliant scalairement l'identité obtenue
par e· 19 , nous voyons que p (iq) = g 9 =O. Cela signifi(l que
l'équation (1) n'a aucune solution périodique. La démonstration
dl> la dernière conclusion du théorème est analogue à celle de a.
14.49•. Parmi les applications nombreuses de séries de Fourier
aux problèmes de physique mathématique, nous choisissons deux,

0
~
---- ... lt
.,:z:

Fig. t4.4.

à savoir: résolution du problème de vibrations d'une corde homogène


et celle du problême de figure d'équilibre d'une membrane circulaire.
a. Supposons qu'une corde soit fixée aux points 0 et n de l'axe
des x et que, dans l'état d'équilibre, elle coïncide avec l'intervalle
[0, ni (fig. 14.4). Si l'on donne à la corde une forme quelconque
représentée, par exemple, par une fonction f (x) et qu'on la lâche
ensuite, la corde se met à vibrer. Il faut trouver la fonction u (t, x)
déterminant la forme de la corde à l'instant t. L'équation pour la
fonction u (t, x) est dPduite en physique mathématique; dans certal-
§ 14.,. AUTRES PR0Pn12T2S DES S2RIES nE FOURIER 20t

nes conditions simplificatrices elle s'écrit


fJ2 u (t, z) 1 D"u (1, z)
iJ(Z =a a.z:ii • (1)

où a est une constante. L'équation (1) est à résoudre avec les condi-
tions initiales suivantes:
1) u (0, x) = f (x) (la forme initiale est donnée);
2) iJu ~~.. z) = 0 (la vitesse initiale est nulle).
Nous allons résoudre le problème à l'aide de séries de Fourier.
Notamment, développons la fonction u (t, x) définie pour tout
t ~ 0 fixe sur l'intervalle 10, ni en sa série de Fourier sui vont les
fonctions sin nx:
...
u (t, x)=~ bn (t) sin nz. (2)
1

Lell coefficients b,. (t) sont à déterminer. Les conditions initiales 1)-2)
sont bien satisfaites si l'on choisit les coefficients de façon que:
3) b,. (0) = b,. est le coefficient de Fourier de la fonction f (x);
4) b~ (0) =o.
Maintenant il faut que la fonction (2) satisfBBSe à l'équation (1).
Formellement, nous avons
ô~u (1, z)
ô t'A ~ b~ (t) sin nx, (3)

(4)

L'équation (1) est vérifiée si, pour tout n= 1, 2, , •• , on a


b;. (t) = -a"n 1 b,. (t). (5)
La solution de l'équation (5) avec les conditions initiales 3)-4) est
b,. (t) = b,. cos a nt, (6)
et. la solution (2) .{lrend ln forme définitive
..,,
u (t, x)=~ b,. cos a nt sin nx, (7)
1

Les déri .. ations formel}es (3)-(4) sont légitimes si les séries corres-
pondantes dans les deuxièmes membres convergent uniformément.
Vu (6), ll suffit pour cela que la série
DO

~ b,.n• cos a nt sin nz


f
202 CH. 14. DeVELOPPEMENTS ORTHOGONAUX

converge uniformément sur l'intervalle 0 ~x ~ n; cela aura


...
lieu, à son tour. si la série ~ 1 bn 1 n 1 converge elle aussi. Or, la
1
dernière série converge lorsque la fonction f (x) est continue avec
ses dérivées première et deuxième et si sa dérivée troisième est con-
tinue par morceaux (14.44a).

Ci) ~ Ql œ
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Fill'. t4.5.

D'ailleurs, on peut mettre la solution (7) sous une forme qui


n'exige aucune dérivabilité de la fonction 1 (x). A savoir, nous
avons
...
u (t, x)=-}~ bn [sinn (x+ at)+ sinn (x-at)]=
1
t
=2 [f (x +at)+ f (x-at)l. (8)

Ici on sous-entend par 1 (x + at) et f (x - at), dans le cas où


la variable x + at (ou x - at) sort du domaine de définition ini-
tial ro. ni de la fonction 1 (x), le résultat du prolongement impair
de 1 (x) sur l'intervalle [ -n, Ol suivi du prolongement 2:n-périod ique
sur tout l'axe -oo <x< oo.
Une question se pose: dans quel sens la fonction (8) vérifie-t-elle
l'équation (1) lorsque la fonction 1 (x) ne possède pas ln dérivée
deuxième? La physique mathématique vient sans grandes difFicultés
à bout de questions pareilles en généralisant la notion même de
solution, mais nous n'insistons pas là-dessus [ti]. La figure 14.5
montre les positions successives de la corde vibrante déterminées
d'après la formule (8), ln position initiale étant la premiére.
b. F i g u r e d' é q 11 i l i b r e d 'u n e rn e rn b r a n e c i r -
c u 1 a i r c. Supposons qu'une membrane soit disposée ou-dessus
du cercle Q = {r + y~ ~ t} et fixée par la circonférence r =
={x~ + y'~ = 1} au-dessus de laquelle sa forme est donnée par une
fonction continue z = 1 (t) de l'angle polaire t. Dans l'état d'équilibre
1 14.4. AUTRES PROl'IU2T2S DES S2R!ES 08 FOURIER 203

(sous l'action des forces d'élasticité), la membrane prend la forme


représentée par une fonction z = u (x, y) (fig. 14.6). L'équation
pour cette fonction est déduite en physique mathématique; dans
certaines conditions simplificatrices, elle est l'équation de Laplace
lJZu .J2u
o.--azz + .Jyl = (9)
Il faut trouver une solution u (x, y) de l'équation (9) continue
dans tout le cercle Q (de telles fonctions sont dites harmoniques:
cf. 10.18) et identique à la fonction
donnée f (t) sur la courbe r.
Pour le faire, développons la fonction
1 (t) en sa série de Fourier:

f (t) ,..., ~0 + ~ (an cos nt+ bn sin nt).


Nous mettons le symbole ,..., puisque
la série de Fourier de la fonction donnée Fig. U.6.
f (t) peut ne pas converger vers celle-ci
(nous le "errons dans 14.51). Posons en coordonnées polaires t, r:

u(r, t)= a~ +~rn(ancosnt+bnsinnt) (r<1). (10)


1

La fonction u (r, t) est la partie réelle de la fonction analytique

~ + ~ (an-lbn) z" (r= 1zl < 1), (11)


1

donc vérifie l'équation de Laplace (10.18) à l'intérieur du cercle Q.


Montrons que les autres conditions sont également satisfaites.
En explicitant les coefficients de Fourier nous avons
n:
u (r, t) = 2
tn ~ / (-c) d't +
-n
.., n

+-} ~ Jf ('t) (cos nt cos n-e+ sin nt sin n't) r' d't =
1 -n
nJ
~+ Jf('t) { ~ +~r"cosn(t-'t)} d't.
-tt 1

Ici on peut permuter la sommation et l'intégration puisque,


d'après le critère de Weierstrass6.53, la série entre accolades converge
uniformément par rapport à t pour r < 1.
204 CH. U. D:8VELOPPBIIIENTS ORTHOGONAUll

D'après 6.4.7/, nous avons

d'où

u (r, t) = -21••_ Jf ('t)


" 1- rZ
1-:lrc:œ(I-T)+r2
d't =
-n

= J" f('t)P,(t-'t)d't,
-n
(12)


t t-ri
P,(t)=2il1-2rc:ost+rZ (r<i);
cette fonction est appelée TUJyau de Poisson.
Comme le dénominateur du noyau de Poisson a la forme
1-2rcost+r1 =(1-r) 1 +4rsin 1 ~,
le noyau de Poisson n'est pas nègatif. Vérifions qu'il possède les
propriétés d'une fonction de t en forme de delta pour r - 1. En posant
dans (12) f (t) e; 1 nous tirons de (10) u (r, t) = 1, donc

-n
r"P,('t) d't= 1.

Ensuite, pour tout 6 > 0, on a l'estimation


r p ( )d ./1-r:& r
J r 't 't...,"""'2n" J
d..: ~
T ""
1-rl
Il
!11;;>6 lll:i~!l(t-r)2+4rsiniT 4rsin:&T

qui montre que


lim
~,,,, ..!1
f P,('t) d't=O.
En appliquant le théorème 12.55g sur les fonctions en forme
de delta nous voyons que la fonction u (r, t) complétée par les valeurs
f (t) sur la courbe I' est continue dans le cercle Q, ce qu'il nous fallait.
Dons lo théorie des équations oux dérivées partielles, on démon-
tre l'unicité de la solution trouvée dans la classe de toutes les fonc-
tions harmoniques [111.
c. Le problème de la membrane fournit entre autres des résultats
puremtnt mathématiques. Soit u (r, t) une fonction harmonique
à l'intérieur du cercle {r ~ 1 } prenant sur la circonfértnce r = 1
les voleurs continues données f (t). D'après ce qu'on a démontré
dons b et compte tenu de la rtmarque sur l'unicit~. elle s'exprime
1 14.5. DIVERGENCE DES SERIES DB POURIE!t 205

pour r < 1 par l'intégrale de Poisson (12). Les coefficient..s de Fourier


a,. et b .. de la fonction f (t) tendant vers zéro pour n - oo, la série
de Taylor (11) a au moins 1 pour rayon de convergence, donc repré-
sente dans le cercle r < 1 une fonction analytique à laquelle la
fonction (12) (la fonction harmonique donnée) sert de partie réelle.
Quant à la partie imaginaire de la série (11), elle nous donne une
fonction harmonique 11 (r, t) conjuguée de u (r, t). Ainsi, toute fo~­
tfon harmontque admet une fo~tion harmonique conjuguée. La forme
explicite de la fonction 11 (r, t) s'obtient en remplaçant dans la
formule (12) le noyau de Poisson P, (t) par sa fonction harmonique
conjuguée. Cette dernière est la somme des fonctions conjuguées des
termes de ls série (10), notamment

1 ~
... n . t 1 r sin t
2n- ~ r Sin n = 2iï t - 2r cos 1 + r'i
l

(6.47/). Définitivement, pour la fonction cherchée 1.1 (r, t), nous


avons la formule

v(r, t)=""2:n
1 J" /('t) 1
r siu,;
2rcos(i-"f)+r• d'C.
-x

§ 1~.5. Divergence des séries de Fourier


et sommation généralisée
14.51. Si f (t) est une fonction continue, alors le problème de
la convergence des sommes symétriques de sa sllrie de Fourier, sans
supposition que la condition de Dinl soit vllrifiée, reste pour le
moment ouvert. Il s'av~re qu'il existe des fonctions continues dont
les sommes symétriques de la série de Fourier divergent (au moins
en des points isolés). Cela résulte, en fin de compte, du fait que les
noyaux de Dirichlet ne fonnent pas une suite en forme de delta ou,
plus précisément, du fait que

s~p J"' D,.


-n
1 (t)l dt= oo,

ca que nous allons voir.


Nous savons qu'une somme partielle symétrique s,. (t) de la
série de Fourier d'une fonction f (t) peut ôtre écrite comme suit
(14.37(1))

Sn (f, t) =
-n
J"' f (t + h) Dn (h) dh,
206 CH. 14. 02VELOPPE!olEI'ITS ORTHOGONA\TA


1
sin (n+{-) h
Dn (h) = 2n h
sinT

Posons pour simplifier t = 0 de sorte que

Bn (!, 0) = r"'
-n
1 (h) Dn (h) dh.

C'est une suite de fonctionnelles linéaires sur 1'espace de Banach


c•(Q) de toutes les fonctions complexes continues sur [-n, n].
Nous allons voir que les normes de ces fonctionnelles, i.e. les nombres
"'
~ 1Dn (h) 1dh
-n
(12.71m), tendent vers l'tnjtni. Il en résultera, d'après le théor~me
de Banacb-Steinhaus (12.74a), qu'il existe un élément de l'espace
c• (Q), i.e. une fonction continue / 0 (t), pour lequel les nombres
Bn Uo. 0) ne sont pas bornés. Or, cela veut dire que la série de Fourier
do la fonction / 0 (t) n'est pas convergente (même symétriquement)
au point t = O.
Donc, le problème se réduit à l'établissement de la relation

s~p J"' 1
-n
Dn (h) 1dh= oo.

En appliquant l'inégalito sin}~ ~ (0~ h~ :n) nous écrivons

j IDn(h)ldh=! f jsin (~~~+)hl dh~


_,. ~ atn
2

2 "f Jsin (n+-}-} hl


:.;;..- h dh.
,. 0
Effectuons la substitution (n + 1/2) h = t; nous aurons
n

_f,.l Dn (h)l dh:;;;,. ! I


(n+l/l)lf

1si~ 1( dt.
La dernière quantité croît indéfiniment pour n - oo en vertu do
la divergence de l'intégrale impropre de 1 sin t lit sur l'intervalle
(0, oo) (1 1.16a).
1 14.5. 'DIVERGENCE DES SERIES DE FOURIER 207

Cela justifie notre construction •).


Soulignons qu'une fonction fo (t) avec la série de Fourier diver-
gente existe dans toute boule Up (g) = {/: Il 1 - g Il ~ p} de l'espa-
ce c• (Q). Pour toute fonction de ce genro, la série des modules des
coefficient..s de Fourier diverge elle aussi, puisque la convergenco de
cette série impliqtJerait, selon le critère de Weierstrass, la conver-
gence uniforme de la série de Fourier.

111.52. Une question se pose: ne peut-on pas y remédier en


utilisant quelques méthodes de sommation de séries divergentes
(12.76)? Considérons la méthode des moyennes arithmétiques (Cesà-
ro) qui consiste à passer de la suite initiale s., s 2 , • • • , sn, ...
à la suite

O'n=
s1+ .•• +sn ( )
n=1, 2 , ....
11

Ici le résultat positiF vient d'emblée:

Th é or è rn e (L. Fe j é r, t 905). Pour toute fonction f (t) continue


sur la circonférence Q = (-n ~ t ~ n }, la suite des sommes partielles
m
symétriques de la sél'ie de Fourier sm (t) "" ~ c~eiAI converge vers
11.=-m
f (t) uniformément sur Q au sens de Culiro, c'est-li-dire que l'on a

C-Iim Sm (t) = lim •o (l) +• 1 (t)+ • • · +•n-I (t) = f (t)


......... Il

uniformément sur Q.
D é m o n s t r a t i o n. Conformément à 14.37, on a

Sm (t) =
"'f / (-c) Dm (t--c) d-c,
.:,.
par <'.Onséquent,

O'n (t) ii!!!!+ ~


n-1

m=O
Sm (t) = +J/rr

-n
(-c)
n-1

~
m-o
Dm (t--c) d-c.

•) En vertu du récent théorème de Carleson (1966), les pointa da divergence


de la séria de Fourior d)une fonction f (1) E H (-:t, n) représentent une excep-
Uon: J>Our tout 1! > 0, tous ces points peuvent être recouverts par une famille
dénombrable d'intervalles dont la sommo des longueurs est inférieure à e.
208 CH. 14. Dt;lVœLOPPEMENTS ORTHOGONAUX

Ensuite on a
n-1 n-I sin (m++) h
~
m'=O
Dm(h)= :n ~
SID
. h
2

__I_
n-I sin
~
(m+-21 ) l•sin l2'
- 2.n ~ h
m=O sin~ 2
sin~~h
cœmh-cos (m+ 1) h t-co~nh t 2
= 271 h = 21ï - . ..._,,;;-,
m=O 2sin:&..!!.... 2sin2 sm T
2 2
Donc,
t
"
r ·~inZ n ..!..:=.!.
2
(1)
a,.(l)= 2nn .1 /(t:) .• t-1:
-n sm·-2-
La fonctioo
sin~.:::._ h
t ~
F,.(h)=""""21t.i"" h
ain~
2
s'appelle noyau de Fejér. Contrairement au noyau de Dirichlet, cette
fonction est non négative. Ensuite, si f (l) '2!!11, alors s,,. (t) '=!!!! 1
et cr,. (t) IIEI1, et il r~ulte de (1) que

-n
J" Fn (h) dh= 1.

EnFin, pour tout 6 > 0, on a


f Fn(t-t:)dt:= ( F,.(h)clh.;
IJ>o 1~i>0
~-1- ~ dh = C(6}
2nn
-+O.
"" 2.nn h
ih >6 sinZT

Ainsi, le noyau de Fejér possède toutes les propriétés d'une suite


en forme de delta (12.55a). En appliquant le théorème fondameritnl
12.55d sur les suites en forme do delta nous voyons que O"n (t) -+ f (t)
uniformément par rapport à t E Q, ce qu'il fallait démontrer.
1~.53. La sommation par la méthode des moyennes aritbméti-
dues est un cas particulier de la sommation à l'aide d'une matrice
qo Toeplitz (12. 76c). On se demande naturellement quelles sont les
§ U.5 DIVERGENCE DES S2RIES DE FOURIER 209

conditions à imposer à une ma~rice de Toeplitz T = Il qnm Il pour


qu'elle somme la série de Fourier de toute fonction continue f (t)
vers cette fonction elle-même. Rappelons que nous avons appliqué
plus haut les matrice!! de Toeplilz à la sommation de suites bornées;
or, une suite quelconque de sommes partielles de la série de Fourier
d'une fonction continue n'est pas forcément bornée (14.51); nous
ne considérerons donc que les matrices triangulaires de Toeplitz
dont la n-ième ligne contient au plus n élémenls non nuls et qui
permettent., par conséquent, de construire, d'après n'importe quelle
suite numérique c = {c 0 , c., c8 , • • • ), les fonctlonneiJeg
.., n

1'n (c) = ~ qnrnt:m = ~ qnmCm.


m-o m=O
Par défiuitiou, T-lim Cn -= lim 1'n (c) si la dernière limite existe.
Soient donc T =Il 9nm Il une matrice triangulaire de Toeplitz et
...
Q=sup ~· lqnml- S01t
n m=-l
n
s(t) ={sm (t)}, Sm (t) = f /('t) Dm (t-'t) d't
-·n
(m = 1, 2, •.• )

la suite des somn•es partielles symétriques de la série de Fourier


d'une fonction f (t); Dm (t) désigne toujours le noyau de Dirichlet

1 sin (m+~) 1
Dm (t) = Ï:Ï
sin 1
2
Nous avons
n n n

Tn (s)= ~
'"-o
qnmSrr.(t)= ~
na.=l
qnm J/("t)Dm(t-'t)d't=
-n
n n
J/
ft

=
-n
(t) { ~
m~l
qn...Dm(t -'t)} d't = Jf
-n
('t) Qn (t -'t) d't,

n
Q,. (t)"'" ~ qnmDm (t).
m=l

Tb é or è m e (S. Ni k o 1 ski, 1948), S'il extste une constante


C > 0 telle que, pour tout n = 0, 1, 2, ... , on a
Il

~ IQ .. (t))dt<C, (1)
-·n
14-2:.!!!•·
210 CH. 14. DIWELI.IPPF.MENTS 0RTUOGOXAUX

alors lim T,. (s (t)) = ! (t) uniformément par rapport a t E 1-:n, :ni,
quelle que soit une /onction continue f (t). Dans le cas contraire, il
existe une fonction continrle f (t) pour laquelle les quantités 1',. (s (t))
n'ont pas de limite, par exemple, au point t = O.
D é rn o n s t ra t i o n. La condition (1) étant satisfaite, mon-
trons que les noyaux Q,. (t) constituent une suite eu forme de delta.
Nous avons tout d'ahord
n n :t n

-n
) Q,. (t) dt= ~ q,.m
m~1
J
-n
D.,. (t) dt=> ~ q,.,.- 1
rn-l

en Vl'rlu des propriétés du noyau de Dirichlet et des éltmenl~ do ln


matrice de Toeplit7.. Ensuite, pour tout ô > 0, nous nvons

Ill tô Q,. ( tô
" n

t) dt 1= 1 m~l qnm l t Dm (t) dt 1,..ç "~1 1 q,..,, 1 Dmo,

Dmr. = 1 ( D,~ (t) dt 1·


·d~tr
Pour un ô fixe. la quantité Dmr. tend vors zéro lorsque m - oo
(14.32), donc est bornée; posons Dr. = sup Dm6· Pour un E > 0
donné, trouvons un numéro m 0 de façon à ;voir D,., 6 < eJ(2Q) lors-
que m :;;;:... m 0 • Choisissons ensuite un nombre N tel que 1q,.m 1 ~
~ e/(2moD 6 ) pour m ~ m 0 , n > N; c'est possible en vertu des
propriétés des éléments de la matrice de Toeplitz. Alors, pour n > N,
on a
mG n
1 J
11 [?.Il
Q,.(t).dti.:;Ç ~ lqn..,IDmo+ ~ lqnmi/Jmô~>l-+i·=f..
m-o ~no+l

Il tm résul te que
lim f Q,. (t) dt= O.
n-+""11~.,6
Et.aul donné (1), nous voyons que Q,. (t) est bien une suite en for-
mc de delta. En appliquant le théorème fondamental sur les suites
en forme de delta 12.55d nous aboutissons à la convergence uniforme
de la suite T,. (s (t)) vers f (t), eL l:a première partie du théorème est
démontrée. La deuxième partie se déduit du théorème de Banach-
Steinhaus de la même façon que dans 14.51.
Si le noyau Q,. (1) est non négatif, alors la condition (1) est rem-
plie. Ccci résulto de la première formule de notre démonstration.
En particulier, le noyou de Fejér (14.52) est justement de ce type.
§ 1~.6. EXEMP!,ES DE SYSTI::MES ORTHOGONAUX 2tt

1~.5~. Eu fail, nous avons appliqué dans 14.49b encore une


méthode de sommation généralisée. A savoir, nous avons vu que si

a; + ~ (an cos nt+ bn sin nt)


1

est la série de Fourier d'une fonction corltinue 1 (t), alors la formule-


suivante a lieu:
...
f (t) =li rn {
,.... ,
4
f + ~ (an cos nt+ bn sin nt) r"} •
l

Lo deuxième momhre de cette égalité peut Atre considéré comme


un procédé de sommation généralisée de la série de Fourier. Ce pro-
cédé, appelé sommatton généralisée au sens de Poisson, s'applique
également à des fonctions f (~ discontinues, hien que cela conduise à
ùes rés11ltats moins finis.

§ 14.6. Exemples de S)"stèml"S orthogonaux


1~.61. 0 r t h o go n a 1 i s a t i o n. Le système de fonctio11s
trigonométriques représente un e.xemple relativement rare d'un
système orthogonal tout fait. Dans plu'!!ieurs cas, ou construit des
systèmes orthogonaux à partir des systèmes non orthogonaux moyen-
nant le «procédé d'orthogonalisation li décrit dans 12.43g. Rappe-
lons-le brièvement. Soit f 1, f:, ... , ln• ... un système de vecteurs,
dan.~ un espace hilbertien H (réel ou complexe), fini ou non et linéai-
rement indépondant en ce sens que tout sous-système fini/., ... , ln
est linéairement indépendant nu aens algébrique ordinaire. On déter-
mine lr.s vecteurs g., ... , gn, ... à l"aide des relations suivantes:
c.=t.. 1
g2= aztft + /z,
g, =a a.ft+ an}z + 1.. (1)

On démontre que les constantes a1,. dans les formules (1) peuvem
être choisies, et cela d'une façon unique, de sorte que les vecteurs g.,
g,, ... soient deru à deux orthogonaux.
1~.62. P o l y n ô rn es d e Le ge n d re. Considérons dans
l'espace hilbertien H (-1, 1) le système des fonctions / 0 ::;;;1,
/1 E!! t, ... , ln !!!!!!!!! t", ... eot appliquons-y le théorème d'orthogona-
lisation. Comme les fonctions 1, t, ... , t", ... sont linéairement
indépendantes, l'hypothèse du théorème est remplie. Le sous-espace
14.•
212 Cil. 1\. [12VELOPPEME:-1T!! ORTI!OOONAUX:

Ln = L (1, t, ... , t'') est l'ensemble de Lous les polynômes dt:


degré k ,.:;;:; n. La fonction ln (t) est un polynôme de degr~ n dont
lu coeFficient principal vaut 1. Il s'av~re que la formule explicite
pour le polynôme fn (t) e!lt
fn(t)=Cn[(t 2 -1)"l'n 1 , • (1)
quel quu soit "·
Pour le prouver, il sufrit, vu l'unicité mcn~ionnée dans 14.61,
de constater f[Ue le polynôme (1) qui est évidemment de degré n
est orthogonal aux fonctions 1, t, ... , t"- 1•
L e m m e. La fonction (l 1 - 1)" est nulle aux points 1 et -1 de
même que ses dérivé::s successives y compris la (n - 1)-ièmo; sa dirtvée
d'ordre n est non nulle en ces points.
La d é m o n s t r a t i o n résulte de la représentation
(t 1 - 1)" = (t + 1)n (t- 1)n et de la formule de Leibniz 8.12(3).
En particulier,
lW -1)nl'"' Ir-• = [(t + 1)n (t -1n'"' lc=• = zn.n 1. (2)
T hé o r è m e. Le polynôme (1) est orthogonal dans l'espace
H (-1, 1) auz foncltcns 1, t, ... , t"- 1•
D é m o n s t r a t i o n. En intégrant par partie.~ on trouve,
pour k < n l
1
(t", l(t 2 -1tJ'n')= s
-1
t 11 [(t 1 -1}"l'n'dt=

J
1
=t"l(t:&-1)"1'n-u[: - k t"- 1 1(t1 -1)"1'n-lldt.
-1

Le terme sans int!§grale s'annule d'apr~ le lemme. On intègre


par parties l'int~grale qui reste et l'on continue jusqu'à ce que
l'exposant do t ne devienne nul:
(t~. l(l 2 -1)nl(n)) =
1
- kt"- 1 l(t 2 - 1)"1'"-ll c +
-j-k(k-1) st~-l[(tll-1)"1'"-·'dt = ...
-1

.,. = ± k(
1
J[(t
-1
2- 1)") 111 -~ dt= ± k ![ (t 8 -1 )")Cn-II-U c: = 0,

ce qu'il fallait démontrer.


Il est commode pour les calculs de remplacer les fonctions ortho-
gonales obtenues par les fonctions proportionnelles qui valent 1
pour t = 1. A cette fin, posons dans (1) C, = 1/(2"nl) en tenant
1 14.0. EXEMPLES DE &YST2MES ORTHOGONAUX 213

compte de (2). Les polynômes que l'on obl.itmt ï>~l~ Ja forme


1
P,. (t) = 2
,. ,.
1
l(t 1 -1)"] 1" 1 (n= 0,1, 2, ... ) (3)
et s'oppellen t polynômes de Legendre.
En particulier,
3( 1
P 0 (t) ... 1, PI(t)=t, P 2 (t)=2" t 2 - 3 ), P 3 (t)="2 t 0 - 5 t), ... s( a
14.63. Trouvons la norme du polynôme de Legendre P,. (1).
Nous avons
1

(P,., P,.> = fit .. ;,.'>~ Jw·-1>"1(",Ht•-t>"J'",dt=


-1

= 2sn (ra
1
l)i [(ts -1)"1'", 1(t• -1 )"''1'"-ul'_, -

- 2,2-n t. r 1)1
1

-t
((tl -1 )"JU'+l) [(ts -1)"1',_1) dt.

Le terme sans intégrale s'annule d'après le lemme. En continuant


l'intégration par parties jusqu'à ee que l'ordre de la dérivée dans
le deuxième facteur sous le signe somme ne devienne nul, nous
obtenons
t
(p
"'
P) (- 1)"
n = l2in (Il !)S
Jt(t1 -1)"J"" 1 (ts-1)"dt=
-1

-
( -1)n (2n) 1
2in(nl)i
J
1
(t -1)" (t + 1)" dt •
-1

Intégrons encore une lois par parties en abaissant l'exposant


de t-1:
(P,., P,.) =

= (-1)n (211) ( (-i)n ra(


21n (n l)i (n+t) ... 2n
J(t+ f)S""dt' -_ 2"" (t+t)SR1-lll
1
1
2n+t _ 1
=-2-
2n+1 •
-1

Définitivement, nous avons

IIPnii=V(P,., P,.)=~. (1)


2t4. CH. h. Dli:YBJ,OPPBMBNTS ORTHOGONAUX

11•.64. D é v e l o p p e m e n t s s u i v a u t l e s pol y-
mes de Legendre. A toute foncHon f (t) EH (-1, 1)
11 ,;
on peuL faire correspondre sa sérfe de Fourier-Legendre:
...
/ (1) '""' ~ YnPn (1). (1)
n-o
Conformément à 14.17, les coefficients Yn (coefficients de Fourier-
Legendre) sont calculés d'après les formules

(f,Pnl
Yn = (l'n, l'nl
2n+i
= -2-
Jf
1

(1) Pn (t) dt.


-1

Tout comme dans 14.24 pour les séries de Fourier classiques, on


démontre que la série de l-'ourier-Legendre (1) converge vtrs f (t)
su sens de la moyenne quadratique:
n 1 n

llt<t>- ~ v~P,.(t>llz=) lt<t>- ~ YkP,.(t)rdt-o (n-+oo).


~=G -1 A-o
On a J'6galité de Par!'tval
t ...
r
11/11~= J l/(l)l 1 dl= ~ 2,+ 1 lv~IQ·
z
-1 ~

14,65•. Euonçous les théor~mes sur la convergence de la série


de Fourier-Legendre aux points isol~ et sur sa convergence uniforme
analogues à ceux de § 14.3.
Une somme partielle de la série de Fourier-Legendre se met sous
la forme
Sn
tl

(1) ~ ~ y-PA (1)


0
R

= ~ (2k+ ~ p~ (l)
0 -1
r
t
j (T) p~ (T) dT =
1 R

= J/(T) ~ (2k + 1) pk (T) pk il) dT.


-1 D
La fonction
h

s'appelle TW!/4U de ForLrier-Legendre. Il s'avère que la ~ommation


peut être effectuée explicitement; le résultat ~·appelle identtté de
Chrt.stotfel-Do.rboux (d. exercicc 11)

Ln (t,
n
T) = - 2 -
t + PnH (1:) Pn (1)- Pn (T) Pn+l (t)
I-T
S t4.0. EXEMPLES DE SYST~MES ORTHOGO.llAUX 215

En opérant avec le noyau de F~urier-Legendre de même qu'on


l'a fait avec celui de Dirichlet, on peut démontrer le théorème sui-
vant: si une fonction f (t) EH (-1, 1) est continue pour t =
+
= t 0 E (-1, 1) et possède les dirivées finies t' (t 0 - 0) et t' (t 0 0),
alors la série de Fourier-Legendre 14.64(1) corwerge au point t 0
vers la valeur f (t 0 ). Celte convergence est uniforme sur tout ensemble
E c: [-1 + ô, 1 - ôl, orl t' (t 0 - 0) et f (t 0 + 0) sont bornées.
A un point de discontinuité de premiùe espèce (toujours avec les
valeurs f' (t 0 - 0) et f' (t 0 + 0) Finies) la série 14.64(1) converge
1
vers 2 If (to - 0) + f (to + 0)1.
On peut trouver une dllmonstration de ce théorème dans 1241.
14.66. En tant qu'exemple d'application des polynômes de
Legendre à la physique mathématique signalons le problème suivRnt
(cf. 14.4\Jb). On a à résoudrt.l'équation de Laplace
ô~u a~u ôiL<
ôz1.+ Tyt+ Tz2 = O
x 1 + y~ + zl ~ 1, à condition
dans la boule r 1!!!!! que, sur la fron
tière de la boule, i.e. pour r = 1, la fonction u prenne les valeurs
donuées u = f (0) qui ne dépendent que de l'angle e formé par le
vecteur {x, y, z} avec l'axe des z. Pour construire la sol ut ion, on
procède comme suit: après avoir développllla fonction f(8) suivant
..
les polynômes de L(lgendre en cos e :

f (El)=~ VnPn (cos 8),


0
on obtient le fonclion cherchée u
. = u (r, 8)

u(r, 9)=~y~r"Pn(cos9).
d'après la formule •)

0
14.67. A u t re s s ys t è m e s o r t b o g o n a u x. On ren-
contre en physique mathématique bien des systèmes orthogonaux.
Nous en signalons les plus usités. Ils s'obtiennent tous par un
même procédé: sur un intervalle -oo ~a~ x~ b ~ +oo, on
considère une fonction p (x) non négative («fonction de poids t)
qui sort ii. construire l'espace fonctionnel Hp(.l" (a, bi avec
b
(!, g)p<:r,= j f(x)g(x)p(x)dx
"
pour produit scaloire. Ensuite, on applique aux fonctions 1, x, r, ...
le procédé d'orthogonalisation décrit d'une façon générale dans 14.61.
a. Pour a = -1, b = 1, p (x) ii!! 1, on obtient évidemment les
polynôme.~ de Legendre.

•) Cf. p. ox. [211).


216 CH, U. DI'!VELOPPEMENTS ORTHOGONAUX

b. Pour a= -1, b = 1, p (x) = 11'}/T-=zi, on aboutit aux


polynômes de Tch/bycluv!
T, (x) = cos (n arc cos x);
ces polynômes se transForment en les fonctions cos nt lorsqu'on fait
la substitution x= cos t, l'espace Hp,.,, (-1, 1) se trouvant iso-
morphe à l'espace H 1 (0, n).
c. Pour a = 0, b = 1, p (x) = xq-l (1 - x)P-Q, on obtient les
polynômes de J acobt (polynDmes hypergéométriques).
d. Pour a = -oo, b = oo, p (x) = e-o:•, on a les polynômes
d'Hermite
H, (x)= C,e"• [e-..,"1'",.
e. Pour a = 0, b = oo, p (x) = e-, on a les polynômes de La-
guerre
Ln (x)= C,e"' lx"e-"'l'n)·
La physique mathématique, en particulier les problèmes d 'oscil-
lations, a également recours à de nombreux systèmes orthogonaux
dl' fonctions transcendantes (cf. [22]). La théorie générale des systè-
mes orthogonaux de fonctions est exposée dans [251 et (19].

Exercices
t. En développant an la séria da Fourier la fonction impairA qui vaut n/4
pour 0 < z < n, obtenir les égalités d'Euler:
1 1 1 n
t-3+s-..,+ ... =T ·
1 1 1 1 { ~
1 +s-7-n+13+17- ··· =T ·
1 1 1 l n
t-s+7-n+n-···= 2113 ·
2. En développant en la Hria de Fourier la fonction paire qui vaut z pour
0 < z < n, obtenir les égalités d'Euler.
1 1 1 n~
t+T+o+w+ ··· =s ·
1 1 n~
1-4+9-w+ · · · =12 ·

3. Sommer 18!1 séries da Fourier;


z cos 2>: cos
a) 1 + -C091 -+---r:-r+, .. +-,- ri%
1- + ...
b) ain .z + ain 2>: + + sin"1nz + ...
1 1·2 • ..
EXERCICES 217

4. Si les sommes partielles d'une séria da Fourier forment, dans l'espace


C (-n, n), un ensemble précompact (3.93a), alors la séria da Fourier converge
uniformément.
5. Démontrer la convergence des sommes symétriques d'une sério da Fou-
rier en un point au voisinage duquel la fonction dévelOppée 1 (z) œt monotone.
6. (Suite.) Démontrer qua les ao1umes symétriques de la série da Fourier
d'une foncLion 1 (1) convergent uniformément sur
tout intervalle intérieur à un intervalle sur lequel
la fonction f (1) est continue et monotone.
7. Supposons qu'une [onction 1 (1) vérifia le.~
conditions sui vantes:
1) 1 (-1) - 1 (t), ! (0) - 0, 1 (n- t) = f (1),
1 (t + 2,;) = 1 (1) ;
2) f (1) est continua;
3) l' (1) est continua et non croissante pour
0 < t.;;; rif2:
4) lim 1 1' (l)) = 0; autremont dit, Jo segment
0
1'\.0 1 (l Fig. 14.7.
déterminé par la tang~nto à la courba 11 - t (t)
sur l'axa des ordonnées est équivalent, pour t'\. 0, A l'ordonnée au point da
tangence (fig. t4. 7).
Montrer que les coefficionts b, dans la !M!ria da Fourier" da la fonclinn 1 (t)
...
~bnslnnl
1
ont la forme :
0
bn =0 pour n pair. hn = ; 1 ( : ) +en pour n impair,

OÙ 9n-4/n, ~l8nl<oo.
1

8. Eu uUU~ant la solution do l'exercice 7, donner un exemple de fonction


continua ayant la série da Fourier uniformément convergente sur [ -n, ni
et telle que la séria des coefficients de Fourier no soit pas absolument convergente.
9. En utilisant la solution da l'oxeN:Ica 7, donner un exemple de fonction
f (1) tell~ qua sa série da Fourier

converge unif~>rmémcnt :sur [ -n, n) tandis que chacune dœ sérias


...
~t'ne'flt,
0

possède des points de diverg•mee.


10. Soient p (z) uno fnnction da p~:>ids (14.67) at
Qn (z) = a,.zn + ~nzn-1 + v~~•.,n-1 + ... + i'f."'
la suite r.orrespondnnte de polynômœ orthonormés. Démontror la formule da
récurrence
zQn(z)=Mtl.n Qn+l(z)+~"~~n+l Qn(z)+~Qn-dz), (1)
--• n ~
218 CH. 14. DI!.VELOPPEIIIIENTS ORTHOI)IJ NAUX

1 1. (Suite.) Démontrer l'identité de Christoffel-Darboux :


n
~ Q~ fz) Q- (t)=~ Q,. (z) Qn+l (t)-Q,. (1) Q,.. 1 (z)
;1(.J œn+l t -z
11-0
12. (Suite.) Dêmontror que le polynôme Q,. (t) (n > f) possède n racines
dan~ l'Intervalle [a, b).

Historique
Lore de la discussion sur la corde vibrante qui s't!lève aux années t 750 entre
Euler et d'Alembert et dont le point principal est la définition de la fonction -
est-e~ une expression analytique (d Alelllhert) ou bion une oourbe arbitraire-
ment tncéo (Eulor)?- nn examine entre autres une !Me de D. Bernoulli selon
laquelle il Sl.'rntt possible da représenter n'importe quello courbe donnée sur
l'intl.'rvalle [0, 2nl par une série de sinW! et cosinus. ~uler et d'Alembert ont
chacun leurs ra1sona pour nier catte pOSBibllité, tandis que Bernoulli ne sait
pas déterminer les co~fficlents do sa série. La question n'ost tranchée qu'on
1805, lorsque Fourier prop09e 11.'5 fnrmules pour les "coefficient~ de Fourier t
(H.21a).
La découverte de Fourier produit un effet eXtraordinaire et, durant lout
le Xl xe siècle, est consid~rée comme l'un des plus romarquables théorèmes de
l'analyse, bien qu'elle soit obtenue par une simple intégration terme à terme
d'une série trigonométrique formelloment éclrite et mulllpiiée par une fonction
trigonométrique donnée. Faute do définitions rigoureuses de la convergence ot de
l'lntégralo, Fourier no peut démontrer la convergence de la sério vers la fonction
dévelnppée. C'est Dirichlet qui le fail en 182!1 en se hllBJlnt sur les définitions
rigoureuses (C11uchy, 1821) pour les fonctions monotones par morceaux. La c con-
dition de Diol t est formul6e par Dini en t880. Le premier exemple de diver-
gence d'uns série de Fourier pour une fonction continue est donn6 par Du Bois-
Reymond (1876). Les« polynômes de Legendre» sont introduits par Legendre en
t 785 pour r6soudre l'équation de Laplace en coordonnées sphériques. Cependant,
la formule explicite t4.62(3) n'est trouvée par Rodrlgues qu'en 1815. Le dévelop-
pement suivant les polynômes de Legendre est donné par Neumann (1862) pour
les fonctions analytiques et par Hobson (i908) dans le cas général. Avec le.'!
travaux de Hilbert ( 1906-1911), il deviont pOSBiblo do gtlométriser la théorie
des développements orthogonaux.
CHAPITRE 111

Transformation de Fourier

n~ruserol,...ja nrou repu.~ l'uur la soulu


raison qu~ je ne comprends pas
tout à fait le proce99U9 de digœtioll?
Olruer 1/eaPiside

§ 15.1. Intégrale de Fourier et son Inversion


15.11. Lorsque nous voulons représenter une fonction cp (x) pério-
dique de période 2n comme superposition d'harmoniques, nous nous
adressons à la série de Fourior
(1)

S'il s'agit d'une fonction de période 2nl, la l!érie de Fourier corres


pondante prend la forme
(2)

où les coeFficients an sont déterminés par la formule


ni -ln.!.
an=~ ~ "'(s) e 1
dÇ. (3)
-ni
-in.!..
1 et en intégraut
Lu formule (3) s'obtient en multipliant (2) pare
ensuite par rapport à x de - nl à :rtl.
)1 résulte de (2) et (3) que

t
og

""' t
cp (.:r) = 2n ~ T J
ni in
-(>:-~)
cp (s) e 1 d;. (4)
-ni

Il est naturel d'essayer d'effectuer dans la formule (4) le passage


à la limite pour l - oo, afin de représenter, si c'est possible, toute
fonction cp (x) définie sur tout l'axe -oo <x< oo comme super-
position d'harmoniques. Le possage formel à la limite amène à la
220 CH. t~. TRANSFORMATION DE FOURIER

formule:
... ...
cp (x)= 2~ Jda { ~ cp (E) eia(x-t>d;}, (5)
-oo -oo

où le symbole a désigne la variable continue que l'on obtient à la


place de la variable discrète an = n/l. Donc, la formule cherchée
pour le développement d'une fonction q> (x) suivant les harmoniques
doit avoir la forme
...
cp (x)= ;,. ~ 'l' (a) e'a"' da, (6)


'l' (a)= i
_..,
cp (t) e-1<>\d;. (7)

Nous avons déjà vu la formule (7) dans le chapitre sur les intégrales
impropres (11.32); rappelons que la fonction 'l' (a) définie par la
formule (7) s'appelle transformée de Fourier (ou intégrale de Fourier)
de la fonction cp (x). La formule (&) est appelée formule d' lnverston
de Fourier; on dit aussi qu'elle définit la transformation inverse
de Fourier. La transformation inverse (6) ne diffère en fait de la
transformation (7) que par le signe de l'exposant et le coefficient
1/(211).
15.12. Au lieu d'établir la légitimité du passage à la limite dallll
la formule 15.11(5), nous allons montrer directement que 15.H(7)
implique 15. H(5), certaines conditions étant imposées à la fonction
cp (x).
On suppose en premier lieu que la fonction <p (x) s:~tt continue par
morcelll/.:l: et absolument intégrable sur tout l'rue -oo <x < oo.
Cela assure l'existence de l'intégrale 15.11(7) pour toute valeur de
a, -oo < a < oo.
Voici la première conséquence de la supposition faite: la fonction
1jJ (a) est bornée et continue pour tortt a et tend vers zéro lorsque
1 a 1 -+ oo. La première affirmation découle de l'estimation
...
l'Il (a) 1~ i
_..,
1 cp (6) ld6

L'int~Sgrabilitéabsolue de la fonction cp (x) impliquo la convergence


uniforme par rapport au paramètre a E (-oo, oo) Je l'intégrale de
Fourier 15.11(7) d'après le critère t1.47a. Vu le théorème 11.43 et la
continuité de la fonction e 11'~. il en résulte la continuité de la fonc-
tion 'l' (a). Pour démontrer la troisième affirmation, trouvons,
1 1~.1. 11\T:E:GRALE DE l'OURIED ET SON INVE!IS!ON 221

pour \Ill e. > 0 donné, un nombre A Je sorte que


-A ""

~ 1 cp(~) 1d; + ~
A
1 1P@ 1 dÇ < T·
Maintenant appliquons le lemme 14.32 à l'intervalle 1-A, A);
nous verrons qu'il existe un a 0 tel que, pour 1 a 1 > a 0 , on a
.\

1 ~
-.4.
'P (~) e-lo~ d; 1< T.
Par conséquent, pour 1 a 1> a 0 , on a
œ -A A œ

Jrp(~)e-•"t~~~ J I'P(~lld~+l Jq;(~)e-i"td~l+) lrp(~)ld;<P.


-oo -A .A

ce qu'il nous fallait.


15.13. Avant de démontrer la formule 15.11(5), considProns une
intégrale impropre spéciale de 3e espèce:

La fonction sous le signe somme est continue sur toute la droite


réelle (on trouve aisément la valeur limite i (p + q) pour t = 0).
La convergence de l'intégrale lpq résulte de 11.t7b. Calculons-la.
Nous avons;
...
lpq= J {cœql~cospl +i si~qt +i si~P'} dt=
=
...
J eoaql-;cospl dt+t J si~
.. qi dt+

+i J si~ pl dt !!!!i 2nt. (1)

La première intégrale s'est annulée à cause de l'imparité de la


fonction à intllgrer, pour la deuxi~me et la troisième on a utilisé
la formule 11.33(1).
D'une manière analogue, on a
T T T
J~141~,-iPI dt= t ) si~ qi dt+ 1 J si~ pt dt.
-T -T -T
222 CU. 15. TRANSFORIIlATION DF. FOURIER

Comme lïnt.6grnl<! improprl'


...
~ Bi~ 0:1 dt

converge uniformément par rapport au param~tre a. ~ c:t 0 > 0


(HA!lb), on peut trouver pour tout e > 0 un T 0 tel que, quels que
soient p ~ 1, q ~ 1 et T ~ T 0 , on a
1 r ,.,q, ~.-.pl dt 1< 1!.
(2)
II~~T
t5,14. En passant à la démonstration de la formulo 15.11(5)
formulons rigoureul!emtnt la proposition à démontrer~
T h é o r é m l'. Soit 1p (x) une fonction continue par morceaux,
absolument intégrabLe sur la droite -oo < x< oo et vérifiant, pour
un x, la condition de Dini: il existe un ô > 0 tel que

lltJ f(l(z+ll-q>(.r) ldt<oo.

Alors on a

cp (X.)= )jm~
p-oo ~Zn
,_..oo
J {Jr cp(~)
a--P
eiO(m-l) cJE} da, (1)

de sorte que la limite dans te deuxième membre existe lorsque p et q


tendent vers l'Infini indépendamment l'un de l'autre.
D é m o n s t r a t i o n. Pour p > 0, q > 0 quelconques, nous
pol!ons

Cflr .. q(.r)= 2~ j { J ~p(~)e'"(.o:-t>d;} da.


0'=-p -ao

L'iutégralc entre accolades converge uniformément par rapport


à a, et l'on pout intervertir l'ordre d'lnLégratioilll en a et~ d'apres
11.44:

1
= 2nt

La der·nièrl' transformAtion s'effRctue à l'aide de la substitution


x-~= 1. Avec 15.13(1), la différence 'l'p.~ (x)- cp (x) peut être
§ 15.1. 1:\'Tl!GnALE Dt: l'OUDJER ET SUN INV.;RSTON 223

notée con1me suit :


.,.
f elQI-e-iPI
J I'P (:r + 1) -!p (x)l
J
lV p. q (x) -1p (J')= :!:ti dt. (2)
1

Partageons cotte intégral() en deux:


""
1 r
Tnï J =
' ~
2rn . t
-t- 2.,1 Jr (T> f). (3)
_.., Il :>:T (IJ?T
Le deuxième terme se met sous la forme

2.,; ) q (z-t-l) •iqt-;e-iPI di-~~) J elql--;·-ipl dt. (4)


J1(2'T JI ~~T
Comme 1p (x+ t) csL absolumtnt intégrable en tant que fonction de t
~;qr_,;pt
et qu~ le facteur · no dépasse pas en module le nom-
1
bre 2 pmll' 1 t 1 >
1' ~ 1, nous voyons que le premier terme de la
diHértnce (4) tend vers zéro, lorsque T - oo, indépendamment des
valeurs de p et q supérieui'E'S, par exemple, à 1. Le deuxième terme
de (4) possède la môme propriété en vertu de 15.13(2).
Mettons ltr premier terme dans (3) sous la forme
J ~ 'f (:r+ 1)-'1' ("'l (e'fl_ e'~'~) dt.
~
JI ,.r
La fonction lf•(:r+tj-lf(:r) étant absolument int~grabiP sur l'intl'r-
valle 1 t 1 ~ T (condition de Dini !), ce terme tend vers ziiro. d'aJlrès
Je lemme 14.32. lorsque p ot q croissout. d'où
lim !pp, q (x)= IP (x), (:i)
p-too
q-oo
ce qu'il fallait démontrer.
La démoustratiou réalisée établit également la convergence
uniforme de J'intégrale (1) par rapport au paramètre x parcourant
tm ensemble borné E de la droite - oo < x< oo si la condition
de Dlni a litu t.nilormément sur cet ensemble (14.35) ; on le prouve
de même que le théorème analogue pour les sérieH dt Fourier.
15.15. Si la condition de Di ni n'est pas satisfaite en un point x 0 ,
alors le théorème 15.141 n'e.'!t plus valablE', et J'intégrale de Fourier
pour la fonction !p (x) peut se trouver divergente. De même qu'en
cas de série de Fourier, la relation
q ..

~p (xo) = lim IPP•Il (.x0 ) = ~r:! .Jn ) { ) IP (s) e•a<o:-tJ cJE} c/o
fi-CCl -P -CCl
CH. 1~. TRANSI'ORMATlON DE POURIER

ne peut Atre remplie qu'au sens d'une limite généralisée. Considé-


rons d'abord l'c intégrale partielle • symétrique
'P ""
tpp. P (x)= ~ ~ { ) cp(') ela(x-~) dÇ,} da.
-p -Cid

Dans la suite, nous la désignerons par cp 1, (x) . .t<:n partant de


15.14(2) nous avons pour cp~' (x) la représentation suivante:
œ ~

t f eiPI-e-IPI 1 f ain pl
cpp(X)=Znl J cp(x+t) 1
dt=-; J cp(x+t)-
1
-àt. (1)

Un théorème dont la démonstration est complètement au11logue


à celle du théorème 14.38 a lieu;,
T h é o r è m e. Sott x 0 un point de d!scontinu~té de 1-ère espèce
de la fonctùm cp (x), de sorte qu'il existe les limites cp (x 0 - 0) et
cp (x 0 + 0). Si les condittons rmilatérales de Dini sont satisfaites, c'est-à-
dire que les intégrales
zo+a
~ lq>(z)-~(J:o+O)Idx,
"'•
lq>(z)-~(zo-Olldx f
ra :ro-0
convergent pour un 6>0, alors on a
l' œ

(ji {Xo) = ~ cp 11 {Xo) = ~~ ~ ~ { ) cp (') ela(x-U d'} da.


-p -m»

15.16. Etudions à présent les moyennes arithmétiques de l'ln-


t~Sgrale de Fourier, de même qu'on l'a Fait dans 14.:=12 pour la série de
Fourier, sans supposer satisfaite la condition de Dini. Au lieu de la
moyenne arithmétique des sommes symétriques de la sërie de Fourier,
nous considérons, naturellement, la moyenne intégrale des inté-
grales symétriques cp 11 (x) (15.15):
N

al',.(x) = ~ ~cp,. {x)dv, (1)

En substituant la valeur de cp,. (x) de 15.15(1) nous trouvons:

aN(x)=-4-
N
~ {_t ""
q>(.r+t) sl~vr dt} dv=
œ N œ
= -1- f q.(z+l) {~ sinvtdv} dt=-1- f T(z+t)l-cœNrdt=
nN J

1 nN J
_..,
1 1

~in:!!.. 1
2
=ntr r
œ

J cp{x+t) rz
:~.
dt.

1 15.1. rNTi::GRALE Ot: FOURIER ET SON INVERSION 22f>

L'expression
·2N
2 Sin T'
F 11 (t) = :tN ,: (2)
s'appelle noyau de Fejér pour l'intégrale de Fourier. Le noyau de
Fejër possède les propriétés suivantes:
1) F 11 (t)=>O;

2) sF
_..,
N (t) dt= 1 ;

3) \ F 11 (t) dt- 0 pour N- oo quel que soit ô > O.


1t~ii!'t.
L'inégalité 1) est immédiate. L'égalité 2) est établie dans t 1A9b,
La relation 3) résulte de l'estimation

ltT<!-o
r
F,... (t) dt<, n~
1d;a,r.
( ~~ = n!B .
L'égalité 2) implique la relation

aN(.r)-cp(x)= J (cp(x+l)-cp(x)JFN(t)dt. (3)

Nous allons démontrer Je théorème suivant:


T h é o r ~ rn e. Si une fonction cp (x) est absolument intégrable et
uniformément continue sur un en&emble Ec. R 1 •), alors les moyennes
arithmétiques a 11 (x) de son intégrale de Fourier convergent uniformé-
ment sur E vers cp (x).
D é rn o n s t r a t i o n. Pour un e > 0 donné, trouvons un
ô > 0 tel que 1 cp (x + r.) - cp (x) 1< e/2 ré.'lulte de 1 t 1 < ô,
zEE. En appliquant les propriét~s 2) et 3) du noyau de Fej~r.
no•1s avons :
lo, (x)-cp (x) i<, J
1cp (x+t)-cp (x) IF, (t) dt+
111~~

+ \ lcp(x-i-t)-cp(x)IF,(tJdt<
... ,,j~o
----
<i ~ F,\'(t)dt+2 sup
~... ltT;;.o
-œ<o:<œ
F 11 (t)dt.
lcp(x)l r
•) La dernière propriété signifia qua, pour tout e > 0, il a;tiste un 6 > 0
h•l qua lo relation 1 1 1 < 6 Implique
1cp (z + 1) - 'l' (r) 1< a
quels qua soient rE E et 1ER,. Soulignons que, dans celte définition, lo point
r + t n'appartient pu Cord~menl à l'ensemble E.
rs 22Mh
226 CH 15. TRANSFORMATION DB FOURIER

Le premier lf:rme ne dépasse pas e/2 pour tout N, le dtuxième


devient< e/2 pour N suffisamment grand, par exemple pour N>N 0 •
Définitivement, pour N > N 0 , nous avons
1 aN (z) - cp (x) 1 < e

quel que soit xE E. ce qui démontre le théorème.


15.17. En con~quence, nous obtenons Je théorème sur l'unicité
de la transformée de Fourier:
Si la transformée de Fourier 1jl (a) d'une fonction cp (:z:) absolument
intégrable et continue par morceaux I1Ur l'au -oo <x< oo est nulle
pour tous les a, alors cp (x) est nulle partout, à l'e:u:eptlon éventuelle
d'un ensemble n'ayant aucun point limite fini sur l'au des x.
En effet, on a 1jl (a) -0, cp, (x) """0, aN (x) - 0, donc cp (x) =
,_ ..
= lim a 11 (x) !!!!i 0 à l'intérieur de tout intervalle fini de conti-
nui té de cp (x); les points de discontinuité de la fonction cp (x) formant
un ensemble au plus fini sur chaque intervalle fini de l'axe des x,
cela démontre le théorème.

§ 15.2. Autres proprlét& de l'Intégrale de Fourier


Dans ce qui suit, nous désignons par F l'opérateur de Fourier:

F (cp (x)]=
..
J cp (x) e-•a• dx.

L'inversion de l'intégrale de Fourier se note p-L:


..
p-l["ljl(a)J=~! 1jl(a)e1""da.
-oo

15.21. L i a i e o n e n t r e l e c o m p o r t e m e n t d ' une


f o n c t i o n cp (x) p o u r 1 x 1 - oo e t l a d é r i v a b i l i t é
de sa t ra n s formée de Fou ri er. Noue savons que la
transformée de Fourier 1jl (a) d'une fonction cp (x) absolument inté-
grable est une fonction bornée et continue de a, - oo < a < oo, qui
tend vers zéro pour 1a 1- oo. Supposons maintenant que non S(>Ule-
ment cp (x), mais aussi Xql (x) soit absolument intégrable sur l'axe
- oo <x< oo. On peut alors conclure que la fonction 1jl (a) est
dérivable. En effet, la dérivation formelle par rapport au paramètre
a de l'intégrale de Fourier
...
r cp (x) e- 1"" dx = l)l (o)
t 15.2. AUTRES PROPRigTgS DE L'INTgGRALB DE FOUIIIt~n 227

amêne à l'intégrale
- i ~ xcp (x) e-•a.z d:r

qui est absolument convergente et uniformément conVPrgente par


rapport à a. En vertu du théorème H.45a, la fonction 1jJ (a) est
dérivable et J'on a
...
\jl' (a)= - f ~ xcp(.:r)e- 1""d.:r.

On aùoutit b. la formule éloquente


iF' [epi = F (xcpl (t)
qui montre que l'opération de muiLiplication par x est transformée par
l'opérateur de Fourier en l'opération i fa. En tant quo transform~e
d'une fonction absolument intégrable, la fonction 'ljl' (a) est toujours
continue. bornée et tend vers zéro pour 1a 1- oo. Si les fonctions
xcp (.:r), x 2 cp (x), •.• , x'"cp (x) sont absolument intégrables sur l'axe
des x avec la fonction cp (x), on peut continuer ln dérivation; on
verra que la fonction \jl (a) = F [epi possède ses dérivées successives,
y compris la m-ièmc, continues, bornées et teudant vers z~ro pour
1 a 1- oo ; on a la formule
i~F 1 -• [q>l ":"F[x•q.J (k=O, 1, . , ., rn). (2)
Si wus les produits x'"cp (x) sont absolument int.;g,·ables (m =
= 0, 1, ... ), alors la fonction F (q>) = \jl (a) possède toutes les
dérivéPs en a, chaque dérivée éLnnt continue ct tendant wrs zéro
lorsque 1 a 1- oo.
Nous voyons que plus la décroissonœ à 1'infini de la fonction
cp (x) est rapide, plus la fonction 'ljl (a) est lisse.
15.22. Voyons commenL se perfl'ctionnent les propriétés de déri-
vabilité de la fonction \jl (a) lorSf[u'on impose des conditions supplé-
mentaires au comportement de la fonction cp (x) à l'infini.
a. Supposons que t'pst le produit cp (x) ebl:rl, avec une constante
fixo b > 0, f(ui soit intégrable. AlorS ou peut dire que la transjormle
de Fourier \j1 (a) de la jonction q> (x) est une fonction non seulement
indéfiniment dérivable, mais aussi analytiqlle, En effet, l'intégrale de
Fourier

'ljl (a)= J cp (x) e-tax d:r


2.28 CH. IS. TRAr<SFOIUilATION DB FOURIER

est mainttnant définie non seulement pour les a réels, mais aussi
pour certains a complexes: si l'on poses= a+ h: (a, -c réels), on a
...
'iJ (a+ i't) = ~ cp (x) e-'0 "'en d.r = ~ cp (x) e-'"' dx, (1)

et l'intégrale converge pour 1 "t 1 ~ b, i.e. dans toute une baude


horizontale du s-plan complexe. La fonction obtenue de la variable
complexe s est analytique en tout point intériour de la bande; en
effet, l'int~Sgrale converge uniformément dans un voisinage du points
(contenu entièrement dans la bande), ce qui permet d'appliquer le
théorème 11.45b. La fonction 1jl (s) est bornée dans tou Le la bande cor

Jlcp(x)lel'll"l dx~ Jlcp(x)le"l"ldz.


CD

I'IJ(s)l~
-oo
On peut dire que la fonction 1jl (s) = 1jl (a + i"t) converge vers zéro
uniformément par rapport Il "t, 1 "t 1 ~ b, lorsque a- ± oo.
Pour le démontrer, on doiL préciser un peu les raisonnements de
15.12. Notamment, comme la fonction cp (x) eblo:l est absolument
intégrable, on peut choisir, pour un e > 0 donné, un nombre A tel
que
-A ..,

~ lcp(x)le"lzldx+ ~ lcp(x)lebzdx<i·
~
Considérons l'int~Sgrale
A A
Jcp (x) e-lu: th:= ~ cp (x) eue-'"" dx.
-A -A
D'après l'inégalité 14.32(5), elle admet la majoration
A
~ J cp(x)e-lo"dx,~2Aw[cp(x)e"", mJ+NAMATJT• (2)
-A
où w ('ljl, ô) désigne l'oscillation de la fonction 1jl (x) sur ses Inter-
valles de continuité, NA le nombre de tels intervalles pour la fonc-
tion cp (x) sur [-A, Al, MA= sup 1<p (x) 1eu.
IO:I~A
Le premier terme dans le deuxième membre de (2) ne dépasse
pas, pour 1 "t 1 ~ b, la quantité (5.17d)
2Aw [ <p (x), mJ eAb + 2Aw [ eb", l~l Jl~1'!.xA 1cp (x) 1
qui tend vers 0, lorsque 1 a 1 - oo, indépendamment de la valeur
de "t, 1"t 1~ b. li en est de même, évidemment, du seeond terme
dans (2). On peut choisir un a 0 de façon que, pour 1 a 1> a o. 1"t 1~b.
§ 1~.2. AUTRES I'ROPRII!TI!S DE L'INTI!GRALE DE FOURIER 229

on ait
A

1 ~ cp (x) e-lu d.x 1< f.


-~

Il en résultt pour la!>a0 , tout romme dans 15.12:


... r

1 Jcp(x)e_ .,dzl<e,
_..,
1

ce qu'il nous fallait.


b. Supposons à présent que le produit de la fonction cp (.:r) par
eblzl soit intégrable pour ÜJut b. Alors la fonction 1jl (s) est définie et
analytique dans toute bande 1 't 1 ~ b, i.e. est une fonction analyti-
que entière: d'apr~s ce qu'on a vu, cette fonction entière reste bornée
et uniformément convergente vers zéro pour a - ±oo dans toute
bande 1 T 1~ b (avec le majorant dépendant de b).
15.23. On peut considérer les fonctions cp (x) qui décroissent à
J'infini d'une façon encore plus rapidE:, notamment les fonctions
pour lesquelles tst intégrable le produit cp (x) eM(:r:), où M (x) croit
plus rapidement que toute fonction linéaire. Il est commode de
mettre M (x) sous -la forme
z
M(x)= ~ (.qÇ)cJE (O.<x<oo), (1)

où (l (E) est une fonction continue croissante avec (l (0) = 0, (l (oo)=


= oo; pour x négatif, nous posons M (x) = M (-x).
Dans le présent cas, pour décrire les propriét{s de la transformée
de Fourier de cp (x), on peut utiliser la fonction Q ('t) duale au sens
de Young de la fonction M (x). A savoir, on dit duale au sens de
Young d'une fonction M (x) la fonction Q (T) définie par les égalit~
t
IJ(T)~ J}..(t)dt
Il
(0<;:T<oo), IJ(-T)=!J('t). (2)

où A (t) tst ln fonction Inverse de (l (~). Les fonctions duaies au


sens de Young sont liées par l'Inégalité de Young (9.61h):
rr ~ M (x) +
IJ (T) (x > 0, 't > 0). (3)
T h é o r è m e. St tp (x) est une fonction continue par morceaux
pour laquelle l'intégrale
...
~ 1cp (x) 1eM<:r:l dx (4)
230 CH. 1~. TRANSFORMATION DE FOURIER

est finie, alors la transformée de Fourier lj1 (s) de la fonctton cp (x)


est une fonction analytique entière vérifiant l'inégalité
I'!J(a+i't)I<Ce0<'>. (5)
D é rn o n s t r a t i o n. Le fait que 1jJ (s) est une fonction annly-
tiqllO entière résulte de 15.22b. Ensuite, nous avons
œ œ
1lj1 (a+ h) 1= 1 J 1p (.:r) e-t(tr+i'CJz j..ç J 1cp (x) 1ellf(zlel ~11
d:l; x le-M(x) d.:r.

En appliquant à l'exposant l'inégalité de Yuung (3) nous obtenons


1x 1 1't 1- M (x)~ 0 ('t),
d'oi\
œ

jlj1(o+h)I.:Çe1J(~) ~ lcp(.x)!eM<z>dz=CeO<•>,

ce qui démontre le Lhéorèmo.


En choisissant, par exemple, une fonction cp (x) qui satisfait à
la condition
-f 1 "'(l'
-1
J lcp(.:r)le" d.:r<oo, p>1,

on trouve que la fonction correspondante lj1 (s) vérifie 1' inégalité

I'IJ(a+i't)I.:ÇCe4
.!.,,,q ( p+q-=
t t )
1 ,
car ..!..,r4 est la fonction duale au sens de Young de ..!..x~>(9.G1h).
Notons ' que les nombres p et q sont les deux supérieursp à 1, mais
varient dans les sens opposés: lorsque p croît, q décroît, et lorsque
p ...... oo, on a q-+ 1.
15.24. Supposons enfin que c'est le prorluit de cp (.:r) par toute
fonction croissante de 1 x 1 qui soit intégrable. Il est aisé de voir que
ce sont les fonctions à support borné cp (x) (qui s'annulent presque
partout à l'extérieur d'un intervalle 1 x 1 ~a), et elles seules, qui
possèdent cette propriété. Supposons donc que cp (x) soit nulle pour
1 x 1 ~ a. Alors la transformée de Fourier
Il

lj1 (s) = ~ cp (x) e-1"'' dx


est une fonction analytique entière de s qui admet dans le plan des
s la majoration suivante~

1lj1 (a+ h) 1~ J1 (.:r)l el•llzl d.:r.:ÇCe"l'l,


cp (1)
-Il
§ 16.1. AUTRES PROPRigTES DE L'INTEGRALE DE FOURIER 23t

a
avec C= J
-m
lcp(.:r)[d.:r. Une fonction analytique \jl(s) vèrifiant l'iné-

galiw (1) s'appelle fonction entlére de type exponmttel fi nt ·<a.


Ainsi, plus la décroissance de cp (.:r) b. l'infini est rapide. plus sa
transformée de Fourier \jl (a) est c lisse t. En partant des fonctions
\jl (a) continues nous avons passé par les fonctions à plusieurs dériv6es,
indéfiniment dérivables, analytiques dans une bande, dans tout
le plan, et nous sommes arrivés aux: fonctions analytiques de type
exponentiel fini. Aucune fonction tendant vers zéro dans les deux:
sens sur J'axe réel ne pent être plus «lisse t (or, nous savons que
chaque transformée de Fourier d'une fonction intégrable possède
cotte propriété); on salt qu'il n'existe aucune fonction analytique
entière non nulle de type exponentiel fini qui tende vers zéro sur
l'axe des abscisses et croisse dans le plan moins rapidement que
ea 1• 1 pour tout a > 0 (cf. exercice 24 du chapitre 10).

15.25. A présent, au lieu des conditions d'une décroissance de


plus en plus rapide, nous imposerons à la fonction q. (:.r:) les conditions
de ùevenir de plus en plus lisse. Vu les résultats 15.21-15.24, on est
en droit de s'attendre à ce que la transformée de Fourier de la fonc-
tion cp (.:r) sera alors soumise aux: conditions d'une décroissance de
plus en plus r11piùe.
Supposons •tu'une fonction absolument intégrable cp (.:r) soit con-
tinue et possède une dérivée continue par morceaux et absolument
intégrable elle aussi sur l'axe -oo < :.r: < oo, Il en résulte avant
tout que la fonction
z
J
cp (.:r) =cp (0) + cp' (~) d6
0

11une limite pour :.r:- oo; cette limite est nulle, sinon cp (:.r:) ne
serait pas int6grable. Il en est de même du cas :.r:- -oo. Ensuite,
en int6grant par pArties nous a v ons
"'
F l (j)' 1= )
_..,
'l''(.&) e·-lo:a dx =cp (:.r:) e- 1"'" 1~ ... -1- ia J cp (x) e-•:o:a dx.
D'après ce qui préc~de, le premier terme à droite est nul; nous avons
l'égalité
F [cp') = iaF [cp).
En d'autres termes, la dérivation de la fonction cp (.:r) correspond à la
multiplication de la fonction \jl (cr) = F lc:pl par ta. Comme F lep' (x)),
en tant que transformée de Fourier d'une fonction intégrnblt>, est
une fonction bornée de a (et même tendant vors zéro pour ! a 1- oo),
232 CH. U. TRANSFORMATION DE FOURIER

nous avons la majoration suivante pour F (cp (x)l ~


Pl ]= )F)q>.(xl)l ~-c-
cp fO") "")nf·
Ainsi, dans le présent cas, non seulement la fonction 1jl (cr) tend
vers z~ro pour 1cr 1- oo, mais elle le fait plus rapidement qne
11/ cr 1· Si les dérivtes successives y compris la m·ième de la fonc~ion
cp (x) sont absolument intégrables, alors en continuant le procédé
nous obtenons
F(cp'~ 1 (x)]=(icr)~ F[cp) (k=O, 1, .•. , m). (1)

De même que plus haut, nous avons !11 majoration


F ( ]= 1F(q>l~, (r)JI~ _,_.
(2)
cp 1(J l" 1(J 1~
Doue, plus la fonction cp (x) a de dirivles intégrables, plus la décrois-
sance à l'infini de sa transformée de Fourier vers zéro est rapide.
En particulier, lorsque la fonction cp (x) est assez lisse, sa trans-
formée de Fourier est elle aussi absolument intégrahle. On voit de
(2) que l'existence et l'intégrabilité absolue de 1p, cp' et :p" en don·
nent une condition suffisante.
Si cp'A1 (x) existe et est absolument intégrable pour tout k =
= 0, 1, 2, ... , nlors la fonction 1jl (cr) décroit, pour 1 cr 1- oo,
plus rapidement que toute fonction 1/1 cr /~.
15.26.a. Supposons maintenant que ln fonction cp (x) soit non
seulement indéfiniment dél'ivable, mais aussi analytique dons une
bande 1 y 1 ~ b du pl11n de la variable complexe z = x + iy. Sup-
posons en outre qu'il existe une fonction Cl> (x) telle que
...
,;E,lim
... <Il (x)= 0,
.lU
J<Il (x) dx < oo (1)

et que, pour tout y 1 y 1 ~ b, on oit


1 cp (x + iy) 1 ~ Il> (z). (2)
Nous verrons (c) que la transformée de Fourier de la fonction
cp (x) est alors une fonction exponentiellement décroissante.
b. Etablissons préalablement le lemme suivant de la théorie
des fonctions analytiques:
L e m m e. Si une foru:tion f (z) est analytique dans la bande
1 y 1 < b et y satisfait à l'inégalité
11 (x + iy) 1 ~ ~ (x) (3)
§ 1~.2. AUTRES PROPRlgTJ!ls DE L'INTEGRALE DE FOURIER 233

(où ID (x) est une jonction v~rifiant les conditions (1)), awrs l'intégrale
...
J f(x+iy)dx
_..,
(4)

ne dépend pas de y, 1 y 1 < b.


Démons t rat i o 11. L'existence de l'intégrale (4) résulte
immédiatement de la continuité de la fonction f (x iy) par rapport +
à x et des estimations (1) et (3). Soient mointenant y, < y, deu,;
1.1
- lb
Dl !h le
y, r
AJ lB
-b

Fig. t5. t.

nombres quelconque!! de J'intervalle (-b, b). Considérons le contour


fermé L = ABCD montré fig. 15.1. D'après le théorème de Cauchy
10.32 on a
D C D A
( f (z) dz =
l
Jf (z) dz + b( f (z) dz + f f (z) dz + 11 (z) dz =O.
A C D
(5)

Soient -R et R les abscisses des points A et B. Alors


c ~·
1) 1 (z) dz 1~ J1/ (z) 1dz:;;;: Ja> (R) dy= a> (R) (y - y
Il•
2 1);
D Vt ~~

cette quantité tend vers 0 pour R-+ oo, de même que l'intégrale
A

J'/ (z) dz..

L~ deux intégrales qui restent ont, pour R- oo, les limites respec-
tives
... ...
J f(x+iy )dx 1 et - J f (x+ iy
_..,
2) dx.

En passant dans l'égalité (5) à la limite pour R - oo, on obtient


..
J /(x+ iy 1) dx = J f (x+ iy
_..,
2) dx,

ce qu'il follnit démontrer.


234 CH. U. TRANSFORMATION DE POURIER

c. T h é o r è rn e. DaM l' hypot~se de a, la transformée de Fou-


rier \jl (a) de la fonction cp (.r) vérifie l' inlgaltti
w
1 (a) 1-Ç Ce-bi ar.
Démons t ration. Appliquons le lemme b à la fonction
analytiquo
f (z) =cp (z) e- 1"•
pour laquelle l'inégalit6 (3) a lieu si l'on y remplace a> (.r) par
En vertu du lemme, on a
q> (.r) e" 1b 1.
...
\jl (a)= J cp (.r) e-i<J.o: dx = ~ q> (x+ iy) e-I<J(x+lrll dx (G)

pour tout 1y 1<b. En fixant y, nous obtenons l'estimation


~ ~

1'1'\a)l..,;;: J lq>(.r+iy)leCJIIdx=e"" J]cp(.r+iy)ldx~e"" Jll>(.r)d.r.


-oo -oo

En passant ici à la limite pour v--bsgna, nous avons


l'i'(a)I~Ce-l"ib,

œ qu'il nous fallait.


d. Si la fonction cp (x) PSt analytique dans tout le plan z = .1
+ iy et sl l'on pout indiquer, pour toute bande 1 y 1 < b, une ro.•r-
tion cD (.t:) vérifiant les conditions (1) et (2) (la fonction a> (.r) peul
dépendre de b) , alors en appllquant le théorème c nous voyons que
la transformée de Fourier W(a) de la fonction cp (.t:) sattsfaît à une iné-
galité de la forme

pour tout b.
15.27. Soit, ensuite cp (.r) une fonction analytique entiére qui
admet dans toute bande 1y ! ~ b l'estimation
1q> (.r + iy) 1~ ell<v><Db (x)
avec

!l(y)= f À(TI)dTJ (O.;;;: y< oo), Il( -y)=ll(y),

où (TJ) est une fonction continue croissante telle que À (0) = 0,


À
À = oo.
(oo)
Pour tout b, la fonction a>b (.r) est supposée vérifiant les condi-
tions 15.26(1) dons Jo bande 1 y 1 ~ b.
§ ".2. AUTRES PnOPJ:UJ!.TJ!.S DE l,•INTJ!.ORALE DE FOURIER 295

Soit M (a) la duale au sens de Young de la fonction Q (y):


Cl

M (cr) = J
0
1-4 (~) cJE,
où /! m ost la fonction inverse de À (TJ).
T hô or è m o. Dans l'hypothèse formulée, la transformée de
Fourier \jl (cr) de la fonction cp (x) sattsfait à l'Inégalité
1'il (cr) 1~ Ce-M<a>.

\jl (cr) =
..J
Démonstration. D'après 15.26(6), nous avous

cp (x) e- 1"" dx = Jcp (x+ iy) e-ia(z+!~) dx


pour tout y. Il en résulto l'estimation (b> lvi>
...
1\jl (cr) 1~ J e11<u>a>b (x) e"'ll dx = Cù~!ll!~>+a~. (1)

Choisissons le signe et lo module de y de façon que cry = -1 a 11y 1


et que l'inégalité de Young devienne l'égalité:
1a 1 1Y 1 = M (a) Q (y). +
CE>Ci foi t, il rés•dte de (1) quo
1'il (cr) 1<Cte-lf<o>,
ot le théorème est Mmontré.
15.28. Soit, enfin, <p (x) une fonction analytique t>ntière qui
satisfait à l'inégalité
1cp (x+ iy) 1~ ~ (.r) tfll 'Ill,
où ln fonction a> (x) est soumise aux conditions 15.26(1) (et ne dépend
pas de y).
T h ~ o r è m e. Dans l'hypothèse formulée, la transformée de
Fourier \jl (cr) de la fonction cp (x) s'annule pour 1 a 1 > a.
D é m o n s t r a t i o n. D'après 15.26(6), nous ovons
... ...
\jl (cr) = J cp (x) e-la;oo dx J
_..,
= cp (x+ iy) e-ïa<:o+lu> dx (1)

pour tout y. Fixons le signe de y de façon à avoir cry = -1 a 1 1y 1·


Il résulte alors de (t):
...
l'i'(O")I.,;eav J ll>(x\e<~lvld.r<:Ce<"-1"1)1~1. (2)
236 CH. 1~. TRANaPORMATION DE FOURIER

Soit 1 cr 1>a. En faisant tendre 1 y 1 vers oo dans l'inégalité (2)


nous avons\jl (cr)- 0, ce qu'il nous fallait,
15.29. Nous voyons que les théorèmes 15.25-15.28 ne sont pltl,l
les réciproques exactes des théorèmes 15.21-15.24 et demandent cer-
taines hypothèses supplémentaires (par exemple, l'existence d'une
fonction a> (x) possédant les propriétés 15.26(1).. (2)). La question
s~:~ pose sur ln constroction des classes des fonctions cp (x) dont on
puisse caractériser complètement la classe des transformlles de Fou-
rier \jl (cr). Certaines de ces classes peuvent être construites à l'aide
des théorèmes 15.21-15.28.
a. C 1 as s o S. Considérons l'ensemble S de toutes les foncLions
indtHiniment dérivables cp (x) (-oo < x< oo) dont chacune vérifie,
pour n'importe quels k, q = 0, 1, 2, ... , une inégalitll de la
forme
(1)
où C•q est une constante (dépendant du choix de la fonction cp (x)).
Chaque fonction x~cp<Q> (x) est non seulement bornée sur l'axe des x,
mals aussi intégrable sur tout l'axe car l'inégalitll
1x•cp<Q> (x) 1~ c·:s~
est valable avec (1 ), de sorte que

1x•cpiQ> (x) 1~ min { Chq, c";:· 2} ~ 1~:î•


où C~ est une nouvelle constante.
Toute fonction x" cp (x) est indéfiniment dérivable avec cp (x),
ct chacune de ses dérivées est intégrable sur l'axe des x, parce que
s'exprimant linéairement par de.~ fonctions intégrables x;cp,q-j, (x)
d'après la formule de Leibniz 8.12(3).
La fonction 'lj> (a) = F lep (x)l est indéfiniment dérivable en vertu
de 15.21. En nous servant des formules 15.21(2) et 15.25(1) nous
pouvons écrire
F 1(x~ cp (x))q 1= (- i)q t•a•\jl'q' (a) ;
ici Je deuxièmt: membre, en tant que transformée de Fourier d'une
fonction intégrable (x•cp (x))9, est borné pour n'importe quels k et q;
1a•\jl,q' (a) 1~ B•q·
Donc, si cp (x) E S, alors 'lj> (a) E S. Inversement, soit \jl (a) E S;
montrons que cette fonction est la transformle de Fourier d'une fonction
cp (x) E S. Posons
...
cp (x)= 2~ J 'lj> (a) e''"" da.
1 1~.2. AUTRES PR0PRI1:T2S DE L'INT2GRALE DE l'OUR!F.R 237

La fonction 2ncp (-x) est la transformée de Fourier de la fonction


1jJ (cr), donc appartient à S. Mais alors, évidemment, on a aussi
q> (x) E S. D'après la formule d'inversion:
... ...
1jJ (cr)= -in- J 2ncp (-x) eic:r" d.r ~ J cp (.:r) e-rc:r.o: dx;
par conséquent, 1jl (cr) est la transformée de Fourier de la fonction
cp (x), ce qu'il fallait démontrer.
Ainsi, la transformation de Fourier F appltq~ la classe S sur touv
la classe S.
b. Soit '"~q (k, q = 0, f, 2, .•. ) une suite double de constantos. Par
définition, la clel!Se S cm > est formée de toutœ los fonctions Indéfiniment d6ri-
vabl~os cp (:r) (-oo < z ~ oo) dont chacune satisfait llUX Inégalités
Il z~cp<lll(z) 1 ~ CA~~m~q (le, q=O, f, 2, ... ),
où le.~constantes A, 8 ct C peuvent d6pendre de le fonction cp (:r).
Il s'avère que, dans certaines condition!! pour la sulto mAq• on a la formule
F(S,m
~q
>)=S,m~q > •).

c. C 1 asses WM et Rf'~. Soient M (x) et Q ('t) deux fonctions


duales au sens de Young l'une de l'autre (15.23). Par définition, la
classe w,\( est formée de toutes les fonctions indéfiniment dérivables
q: (x) (-oo <x< oo) dont chacune satisfait aux inégalités
lcp'Q 1 (x)I~Cqe-M(r) (q=O, 1, 2, ... ).
Si 'f(x) est la transformée de Fourier d'une fonction cp (x), alors
(is)''~t(s) est celle de la fonction cp'"' (x) (15.2.5). En vertu de 15.23,
on a les inégalités
ls"'IJ(cr+i't)I~C;e"<•l (q=O, 1, 2, ... ). (2)
Désignons par WO la classe de touLl's les fonctions analytiques
entières 'ljl (s) vérifiant les Inégalités de la forme (2). Nous voyons que
F (WM) c W". Soit maintenant 1jJ (s) une fonction quelconque de
WO. A partir de l'inégalité (2) et de la même inégalité où l'on rem-
place q par q +
2, nous obtenons

1s"'IJ (cr+ i't) 1~ e"l~ min { Cq, ~~~:} = ID1 q (cr) e"l•l,


(cr)= miD { c;, j 0
ll>tq tf!
JI } ~ i ~~t )§
est une fonction intégrable. L'application du théorème 15.27 amène
à la conclusion que
1cpllll (X) 1-Ç c;e-M(:r),
•) Cf. (23).
236 CH. 1~. TRANSFORMATION DE FOURIER

c'est-à-dire que F (W0 ) = W.\f· Définitivement, l'image de la classe


WM par la transformation de Fourier est la classe w~. et l'image de la
classe W~ est W M•

§ 15.3. Exemples et appllcations


Au début, dans 15.31-15.32, nous considérons quelques exemples
de transformées de Fourier.
15.31. La transformée de Fourier d'une fraction rationnelle
Q(x)= ao+a,z+•··+"m"'m,
lïô+b1z+. · · +bn:r"
où m < n- 1, était calculée dans 11.32b par les méthodes d'inté-
gration le long d'un contour. En utilisant le théorème 15.26c et l'ana-
lyticité da la fonction Q (z) dans une bande ) y ) ~ b (qui ne contient
pas do racines du dénominateur) on pourrait affirmer que F lQ (x))
décroit exponentiellement pour ] cr ]-+ oo; d'ailleurs, on n'en a
plus besoin, F lQ (x)l étant déjà calculée d'une façon explicite.
15.32. Trouvons la transformée de Fourier 1jJ (cr) d'une fonction
cp (.:r) = e-u•, a> O.
Cette fonction est analytiquement prolongeable dans tout le
plan z = x+ iy avec la majoration
1e-"''1 = 1e-a<o:+lu>'l = e•~•e-""'" ;
donc, en vertu de 15.26b, on peut passer, dans le plan des z, de l'axe
des x à n'importe quelll! droite parallèle pour calculer la transformée
de Fourier:

1jJ (cr)= J... e-a(o:+lrll"e-IC1C:or+i~)dx= J"" e-=•~ll'+a~-2ai>=U-IazcJz=


= e"~Z+a~ ""Je-az2-1>=(2au+al d:J;,

Posons y = -cr/(2a); alors ay1 + cry = -cr"/(4a), et l'on a d'après


la formule 1UiG(2):

\
En particulier, pour <p (.:r) = e-"•tz (a= 1/2), on obtient 1jl (cr)=
= V2ii e-a•tz.
15.33. T r a n s f o r rn a t i o n d e F o u ri er e t p r o •
d u i t d e co n v o 1 ut i on. Dans 11.48, nous avons appelé
produit de convolution de deux fonctions f (x) et g (x) définies pour
1 15.3. EXEMPLES I!.T APPLICATIONS 239

-oo <x< oo la fonction


...
h (x)= 1(x) • g (z) = J 1(~) g (x-~) d;. (1)

Si 1 (x) et g (x) sont continues, bornées et absolument intégrables


sur (-oo, oo), alors h (x) existe pour tout x et est aussi continue,
bornée et absolument intégrable sur (-oo, oo); de plus, on a
... ...
J h (x) dx = Jf (x) dx Jg (x) d:t;. (2)
-oo
Appliquons le théorème sur le produit de convolution en remplaçant
1 (x) et g
(x) par 1 (x) e-la:< et g (x) e-117:1: respectivement. Le produit
de convolution de ces fonctions est
...
J 1(~) e-ia~g (x_~)
_..,
e-ic:rt.,-U ds = e-'""' J 1(~) g (x-E) dE,

et l'l:ogaHté (2) donne


... ...
F If • g) = J e-•c:r"' { J1 (s) g (x-~) dE} dx =
... ...
= Jl(x)e-rc:r•dx· J g(x)e- ""'d.x=Fifi·F[g]. 1

Autrement dit, dans les suppositions imposées plus haut aux fonc-
tions 1 (x) et g (x), la transformée de Fourier de leur produit de convolu-
tion est le produit de leurs transformées de Fourier.
15.84. R é s o 1 u ti o n d e 1 ' é q u a ti o n d e 1 a ch a-
1 e u r. Trouvons une solution u (x, t) de l'équation de la chall.'ur
( - 00 < x < 00. t >
0) :
(z, t)
(Ju (J2u (z, t)
-8-,-= {lz'l. (1)

qui coïncide avec la fonction donnée u 0 (x) pour t = O. L'interpré-


tation physique du problème posé consiste à déterminer la tempé-
rature du contlnu homogène unidimansionnel (d'une barre infinie)
à tout instant t > 0 si l'on connaît sa température à l'instant t = O.
Faisons les suppositions suivantes:
1) les fonctions u (x, t), u"' (x, t), Uu (x, t) sont continues et
Absolument intégrables en x pour -oo < x< oo et pour tout
t> 0 fixe;
240 CH. 16, TRANSFORMATION DE FOURIER

2) la fonction u 1 (x, t) admet, dans tout intervalle 0 ~ t ~ T,


un majorant intégrable:
...
I ID (z) dx < oo.

Appliquons à l'équation (1) la transformation de Fourier en la mul-


tipliant par e-'11"' et en intllgrant ensuite en x de -oo à oo, En vertu
de la condition 2), de 11.45a et de 11.47a, on peut écrire
... ...
J u (x, t) e-
1
10
"' dx = :, ~ u (x, t) e- 10 "' dx =lit (a, t),
-~ -œ

11 (a, t) = -I u (x, t) e- 1"" dx

est la transformée de Fourier de la solution cherchée u (x, t). D'après


la condition 1) et la formule 15.25(1), on a
F lu.,., (x, t)l = -a"F lu) = -a2 v (a, t).
Nous aboutissons à l'équation différentielle ordinaire
v, (a, t) = -a1v (a, t)
dont on doit trouver une solution qui coïncide, pour t = 0, avec
...
llo(cr)=Fiuo(X))= J u 0 (x)e-i 0 "dx.

La solution cherchée a, évidemment, la forme


11 (a, t) = e- 0 " 1v0 (cr).

Nous savons (cf. 15.32 où l'on doit poser a = 1/(4t)) que

e-a•t = F [2 Vn:i e-
,.«] .
D'après la formule pour la transformée de Fourier d'un produit de
convolution (15.33(2)), nous avons

v (a, t) = F [
2
Vii e- ~~ JF [u 0) = F[
2
~ e- ~: • Uo (x) J.
et, comme v (a, t) = F [u (x, t)], nous aboutissons à
:l'~ DD e_l
u(x, t)= ;r.::e-Tt •Uo(x)=dr-: Î e-TIUo(X-~)d;.
2 ynl 2 vnt
--
J
1 10-4. TRANSFORMATION DE LAPLACE 241.

La formule obtenue s'appelle intégrale de Poisson. Dans la théorie


des équations aux dérivées partielles, on démontre l'unicité de la
solution ci-dessus dans une vaste classe de fonctions lUI.

§ 15.4, Transformation de Laplace


15.41. Soit cp (x) noe fonction donnée pour -oo <x< oo qui
est continue par morceaux et qui devien~ absolument intégrable
après l'avoir multipliée pare-Y" avec un y réel. Alors la transformée
de Fourier de la fonction <p (x) qui n'existe forcément pas au sens
initial de ce terme peut s'avérer existante pour certains s complexes;
en particulier,
... ...
1j>(s) = J cp (x) e- 11
"'d3:= Jcp (x) e-i:raerr d:J;
existe sur la droite 't = -y. Nous voyons que, sur cette droite, 1jl (s)
est la transformlle de Fourier de la fonction absolument intégrable
cp (x) err.
Le plus important cas se rllallse en l'occurrence dans les condi-
tions
lcp(x)j<Ce"" pour x:;>O,}
cp (x)= 0 pour x< O.
(1)
lei la transformée de Fourier

1j> (s) = i...<p (x) er<e-''"7 d3: = Jcp (x) e-'.:• d:e (2)

existe pour tout 't < -a., i.e. dans le demi-plan de la variable com-
plexe s = a + h: au-dessous de la droite 't = -a.. Effectuons dans
la formule (2) le changement de vuiable i.s = p. Lorsque a parcourt
le demi-plan lm s < -a., p parcourt le demi-plan Re p >a.. La
fonction
...
CJ) (p) J
="If' (•) = <p (x) e-P"' d3:
e
est définie et analytique dans le demi-plan Re p > a.; sur toute
droite verticale de ce demi-plan elle tend vers zéro lorsque
lm p - :t:oo, cette convergence litant uniforme sur tout intervalle
fermé flnl des valeurs Re p. En outre, dans le demi-plan Re p > a.
on a l'estimation suivante pour la fonction a> (p) (p = 6 tl)): +
J
1a> (p) 1..;;: 1q> (z) 1e-~z dx~ C Je<a.-~d:e= '~œ .
16-2286
242 CH. 15. TRANSFORMATION DE FOURIER

Il en résulte que la fonction a> (p) est bornée dans tout demi-plan
Re p:;:.. p >a et qu'elle tend vers zéro lorsque ~- oo.
La fonction dl (p) s'appelle transformée de Laplace de la fonction
cp (x). Nous voyons que la transformation de Laplace ne diFfère de
celle de Fourier (considérée dans le domaine complexe) que par une
rotation de 90° dans le plan de la variable complexe.
15.42.a. Le tMorème simple suivant fournit les conditions
surfisantes (mals qui sont loin d'être nécessail"es) pour qu'une fonction
dl (p) donnée soit la transformée de Laplace d'une fonction cp (x)
vérifiant les conditions 15.41(1).
T b é o r è m e. Soit a> (p) (p = ~ + ITJ) une fonction satisfaisant
aux conditions suivantes :
1) elle est analyttq~ dans un demi-plan Re p > y 0 ~ 0;
2) il exi8te une const4nte Cet une fonction B (Y)) positive intégrable
sur l'au - oo < TJ < oo telles q~, pour toi.Ui les ~ > y 0 , on att
l' estlmatton
la>(p)- ~ I~B(TJ).
Alors dl (p) est la transformée de Laplace d'une fonctton cp (x) contin~
par morceaux qut est nulle pour x < 0, continue pour x > 0 et virifie
l'inégaltté
1 cp( x) 1 < CevoZ

pour x> O.
D é m o n s t r a t i o n. La fonction C/p est évidemment la
transformée de Laplace de la fonction cp 0 (x) qui vaut 0 pour x < 0
et C pour x> O. La fonction cp 0 (x) satisfait aux exigences du tbéo-
dme. En la séparant nous pouvons supposer que la fonction 0 (p)
elle-même vérifie, pour ~ > y 0 , l'inégalité
1 dl (p) 1 :r;;;;, B (TJ).
Dans ce cas, nous définissons la fonction cp (x) par la formule
"f+loo

If (x)= ~~ J
"1'-loo
ID (p) e 11" dp (y> Vo)• (1)

En utilisant la formule de Cauchy (de manière analogue à 15.26b)


et en se basant sur les propriét~ 1), 2) il est aisé de prouver que
l'intégrale (1) ne dépend pas de y. Par ailleurs, on a l'estimation
1 1~.&. TRANSPORMATION DB LAPLACE 243

Pour x> 0, en faisant tendre y vers y 0 on a


1cp (x) j ~ Ce'IDZ ;
pour x< 0, en faisant tendre y vers oo, on a cp (x) + ::3 O.
Si l'on met la formule (1) sous la forme

cp (x) =
-
ïk J a> (~ + iTJ) e<H 1
1Jl"'idl).,.
-
-in~ Ja> (~ + tTJ) e•'~'< dY),
on voit que 2ncp (-x) elz est la transformée de Fourier, par rappnl
à la variable T), de la fonction absolument intégrable Ill (~ + tT))
(~ Fixe). D'apres ln formule d'inversion, on a

a>(~ + ITJ) = in J 2ncp (-x) e<H 1'll:< dz =


-J cp (x) e-P-Z dx, (2)

de sorte que Il> (~ +


ÏTJ) est effectivement la transformée de Laplace
de la fonction cp (x).
La fonnule (1) joue un rôle important dans la théorie de la trans-
formation de Lapinee; elle s'appelle formule d'inversion de Laplace.
b. Voyons quelles sout les conditions à imposer à ln fonction
cp (x) pour que sa transformée de Laplace vérifie l'hypothèse du
théorème a. Supposons que cp (x) soit m - 1 fois continûment déri-
vable et possède la dérivée m-ii'!me continue par morceaux, ces déri-
vées satisfaisant aux conditions 15.41(1).Alors, en intégrant l'égalité
(2) m fois par parties nous obtenons, pour ~ = Re p :.;:.. y > a:

IID (p) 1= 1 ;.,. I- cp<ml (x) e-Pz d.1; 1~ J:Jm =

C Cl
= J E• + ~ l""z ~ (y~+ 'l~>"''z · (3)
Nous voyons que l'hypothàse du théorème a est vérifiée si m = 2.
Donc, 1'existence de la dérivée seconde continue par morceaux de
la fonction cp (x) garantit que l'hypothèse du théorème a soit vérifiée.
15.43. La transformation de Laplace aide souvent à r~oudre
les équations différentielles, ordinaires ou aux dérivées partielles,
qui correspondent à des sysUmes non stationnaires: dans de tels
problèmes, la fonction inconnue 1 (t) est nulle pour t < 0 et, pour
t > 0, doit satisfaire à une équation et à certaines conditions initia-
les pour t = O.
Considérons d'abord une équation différentielle linéaire à coeffi-
cients constants
aoY1" 1 (t) + a 1yln-11 (t) + ...
+any (t) = b (t) (1)
16•
CH. 15. TRANSPORliATION DE FOURIE!l

complétée par les valeurs données


y(O) =yo.
y'(O)=y.,
(2)
fl"-ll (0) =- Yn-1•
b (t) vérUiant les conditions 15.41(1). Multiplions l'équation (1)
par e- 111 et intégrons en t de 0 à oo. D~ignons par

Y(p) = I... y (t) e-P 1 dt

la transformée de Laplace de la fonction y (t). Alors, en intégrant


par parties, nous trouvons

r y' (t) e-PI dt= y (t) e-PI 1; + p ry (t) e-pi dt=

r
= -Yo+PY (p),

r/ (t) C 111
dt= y' (t) e-PI 1; + p f y' (t) e-pi dt =

= -y,+p(-Yo+PY (p)) =
= -YI-PYo+pSY_(p),

r y(rt) (t) e-PI dt= y(n-1) (t) e-PI j; +


(3)

...
+ P ~ y<n-1) (t) e-PI dt =
= -Yn-t+P(-YA-z-PYn-a-· ·•
· · • - P.,_sYo+ p"- 1 Y (p)) =
= -Yn-1-PYn-2- •.•
. . . -p"-lyo+P"Y (p).
En multipliant chacune des équations (3) par le coefficient a 11 eorres-
pondaut et en additionnant nous avons l'équation de la forma
Ro (p) + R (p) Y (p) = B (p),
où Ro (p) est un polynôme en p de degri au plus égal à n - 1, R (p)
un polynôme en p de degié n, B (p) la transformée de Laplace de la
1 U.4. TRANSFORMATION DE LAPLACE 245

fonction b (t). Pour la fonction inconnue Y (p), on obtient ainsi


une équation purement algébrique. En la résolvant on trouva
_ 8 (p) -Ro (p)
Y (p> - R(p) •

La fonction Ro (p) vérilia l'hypothèse du théorème 15 A2a ;


R(p)
notamment, si l'on pose
C = 1. pRo CP>
~ R(p) ,
alors
R 0 (p) C pR 0 (p)- CR (p)
liTP)-p= pR(p)
est une fraction rationnelle en p, le degré n + 1 du dénominateur
dépassant d'au moins deux unités celui du numérateur car, en vertu
de la définition de C, les termes de degré n du numérateur se réduisent.
Quant à la fonction ~ ~~, elle vérifie ou non l'hypothèse du théorè-
me 15.42a; cela dépend de la nature de la fonction B (p). SI le degré
du polynôme R (p) est supérieur à 1, il suffit pour cela, B (p) étant
bornée, que ln fonction b (t) satisfasse aux conditions 1.5.41(1) ; si
le degré de R (p) est 1, alors l'inégalité 15.42(3) montre qu'il sufrit
que la fonction b (t) possâde la dérivée continue par morceaux satis-
faisant avec b (t) aux conditions 15.41(1).
Si la fonction ~~~ vérifie également l'hypothise du théor~me
15.42a, alors en l'appliquant nous ovons pour la solution y (t)
la formule
v+iao
y(t)=-1-
:lna
J B(p)-Ro(p)e"'dp
R (p) •
(4)
v-iCD

Si la fonction B (p) est analytiquement prolongeable dans tout le


plan des p (avec des singularités isolées), alors on calcule d'ordinaire
l'intégrale (4) à l'alde de l'intégrat-ion le long d'un contour et de la
théorie des résidus, comme nous l'avons fait en calculant l'int.figralo
de Fourier de fonctions rationnelles. Remarquons que, pour t > 0,
la fonction e" 1 est bornée dans le demi-plan à gauche (Re p <y)
et ne l'est pas dans l'autre demi-plan; il faut donc construire les
demi-circonférences faisant partie du contour à gauche de la droil.e
Re p =y, et non à droite. En tant que y on pout choisir n'importe
quel nombre, pourvu que toutes les singularités de la fonction R (p)
soient à gauflie de la droite Re p =y.
15.44. Ex e m p 1 e. Considérons une équation du deuxième
ordre
aol/ + a,y' + a.JJ = b sin kt, Yo = 0, Yt = 0
246 CH. 16. TRANSPORMATION DE FOURIER

dont les racines caractéristiques (13.17) sont les nombres complexes


conjugués (uon réels) À = 01 +
tp, l = 01 - tp, où 01 <O.
En électricité, une telle équation décrit les oscillations Forcées
dans un circuit contenant une résistance, une self et une capacité
et soumis à une F.é.m. de fréquence k. Le passage à la transformée
de Laplace amène à l'équation
...
(a 0p 1 + a 1p -1- tlz) Y (p) = ~ b sin kte-" 1dt = k~ ~ P2 •

En la résolvant on trouve
bir
y (p) = C~+a•P+ a 2 ) (Ir~ +p2 )"
D'après la formule d'inversion, on a
bk r
'Y+iCD
ePI dp
y(t)="ïji'i J (aoPi+a•p+a 2l(ki+p3)
Y-hiD
Posons
e'PI
1(P) = (aoPl+atp+az) (les+ pl)·
Le dénominateur possède quatre racines simples aux points ±ik
bnp et 01 ± i~. En tant que y on peut choisil"
n'importe quel nombre positiF. Pour cal-
culer l'intégrale, complétons la droite
Re p = y par une demi-circonférence de rayon.
Rep suFfisamment grand dans le demi-plan à gau-
-4---~-+.r....-- che (fig. 15.2); alors on a, d'après le théo-
rème des riisidus 10.43:
y (t) =bk {Res 1 (p) IP=III +Res 1(p) 1,=-ilt +
-1- Res f (P) lpo=e+r~ +Res f (p) 1.,-œ-IP}·
Fig. 15.2.
Chaque résidu est calculé selon la formule
générale 10.42(1) pour les pôles simples:
Res A (P) 1 _ A (po)
8 (p) P=Jlo- 8' (Po) •
Définitivement, on a
e<cz+iP)I 0 (œ-1Pl 1
Y (t) = bk [ ()..s + kZ) 2i~ao --=-----+
(AZ+ ki) 21~ 0
ellil 6-iAI ]
+ (-a 0 k~- altk+az)2ik •
(-aoks+atlk+ a:r) 2rk
Le processus résultant est la superposition d'une oscillation périodi-
que dont la Fréquence est celle de la force extérieure et d'une oscilla-
5 15.4. TIIANSFORIIIIATION DE LAPLACE 247

tion amort-ie dont la fréquence est la fréquence propre du système;


la vitesso d'amortissement est déterminée par la quantité a., i.e.
par l'abscisse des racines caractéristiques.
Pour a. = 0, ~ = k, on a une résonance. L'équation initiale
prend la forme
y• k'y = b sin kt +
avec pour solution
l'+l<~>
bk r elll dp
y (t) = "'2iiT J (pZ- k2)1 •
l'-1"'
Les points p = ± ik sont les pôles de multiplicité 2 do la fonction
sous le signe somme. En calculant les résidus d'après la formule
10.42(2) on trouve
y (t) =bk [ e•hr ( - 4':~ + 4t1k3} + e-ihr ( - i;r- 41~) J=
bt
=""""2iCCOS
kt b
-Tki"Slll
• k t,

cc qui représente une oscillation d'amplitude indéfiniment crois-


santE'.
15.45. Les mflmes méthodes s'appliquent aux équations aux
dérivées parliellts.
Si l'on applique la transformation de Laplace, une équation
différentielle ordinaire se transforme en une éqoation algébrique
par rapport à la fonction inconnue, tandis qu'une équation contenant
les dérivées non seulement en t, mais aussi eo x, y, ... , ne ren-
ferme plus de dérivées en t, les dérivées en x, y, ... étant conservées.
En tant qu'pxemple, considérons l'équation da lo chaleur ~~ = ~ dans
wt int~I"Valle fini 0 ~ z ~ 1 11vec les conditions u.i" (0, 1) = 0, u (l, 1) = u. 1,
u (z, li) = u 0 • Du point rie vue ~hyslqua, cela veut dtre qua la chaleur ne s'écou-
la pas par l'extrémtlé z = 0, qu à l'axtrémUé z ~ lon maintient la température
constAnte u 1 par uu apport do chaleur da l'extérieur (pour t > 0) et qu'à l'inslrwl
initial la température est constllnla et vaut u0 •
Appliguons ln transformation de Laplace en 1, i.e. piUISons de la fonction
u (z, 1) à la fonction

11 (z, p) =
..
J e-JJiu (z, 1) dt.
0
Pour ~· (z, p), nous obtenons l'équation
d 1 u(z, p)
dz2 po(z, p)=-uo
D\"ec les condi lions
u..,(O, p)=O, u(l, P)=.!i..
p
248 CH. 15. TRANSPORMATION 'DE FOURIER

Cette équeUon du 2-làma ordre e pour solution


uo + u1-uo chz yP
., (z, p) =-p - - p - chiYP •
d'où
v-H- -
u(z, 1)=-uo+ .. ,.-Ug r .,pl chz"Vp dp (1)
:!ni J
"f-hiD
ch l VP P •
La fonction SOU!! lo alguo somme est une fonction univoque da r- a~·ec lea pôles
p0 =0 ot Pn=-7: (n--})z (n=1, 2, ... ).Nous montrerons que l'int~rale
mp

lt"
1
p•

Fig. t5.3. -·
Fig. 15.4.

B9t éilala il la somma (iolillle) des résidus da la foncUon cormspondante en tous


cœ pi\les. Pour la faire, considérons dallS la demi-plan l gauche la daml-circon-
fémnce rn centr6e A l'origine des coordonnées et da rayon n"n~/1~ {fig. 15.3t;
allo pa.sae entre doull: pCIIes volalns, a~ nolll! montrerons que la rapport
cil z ~ est borné sur toute la demi-circonférence; alors, on vertu du lamUI8
ch l p
de Jordon 11.32d, l'lnUgrala &ur rn tendra vers zéro pour ra-.. co, et toute
l'Intégrale (1) so réduira, comme d 'ordinaim, il la somme des résidus.
Au lien da consld6rer le rapport ch z ~ sur la demi-circonférence rn
ch l p
où 1 p l=nsnZjlS, on peut remplacer "'VP part. p par tz et consid6rer le rapport
~: ~t sur lo quart da la circonférence Ln da rayon nn/l et avec l'angle
pola.lro qui varia da n/4 Il 3n/4 (fig. 15.4). Posons C='+ i,;, nous avons 1:> 0,
1~1 <1: at

(2)

<
Si 1~ 1 B, alors nous avons 11:- nn/ll < a sur la circonférence Ln pour n
suffisaJlllll8nt grand, donc cos\ l,;< 1-1'1· otl e, 11 sont arbitrairement petits;
1 15.5. CLASSES QUASI ANALYTIQUES DE PONCTIONS 249

par conséquent,
c~ zÇ 12 rh21~ 1
1 c l~ ~ (1-T])chSI~ " = 1-T]
da (2) ch2l'
Si 1E1>Il, alors nous rontplaçom dana le d6Dominataur du dernier mambrQ
par sh2 If. on obtenant
ch z~ 12 ch111'
1 ch 1 ~ ~ ah 2 If. =cotb2 '' ~ cuLh216. (4)

11 ro~sulte de (3) et (4) qua le rapport 1ch"'~ 1eat borné aur les circoufôranccs
ch l p
mentionnées par une conslante fixo. Donc, comme nous l'avons déja dit, l'inté·
grale se réduit a la somme des r~aldus. Le résidu au pôle p=O vaut 1. Le
résidu au pôlo Pn=- ~= (n-f) 2 est égal, on le calculera aisément, é

(-1)"·4
,.. (n- 2')s 1
-r. ( 1)
nz
n (2n 1) • cos n-2 -,-.
En fin de compte, noua obtanons la solution aoua la fonna de la somme d'une
série:
4
... ... (
~ ( -1)" - To n- 2
')2 1 ( 1 ) nz
u(z,I)=Uu+;ïl" 1 -u 8)~""2ii=f6 cos n-2 - 1- .
,._,
§ 15,5 *. Cla!!!!e!! quasi analytiques de fonctions
t5.51. La transformation de Laplace s'applique avec succès
à des probl~mes d'ordre théorique. Le théorème fondamental de la
théorie des classes quasi analytiques de fonctions en est un exem-
ple *).
On soit qu'une fonction f (x) d'une variable réelle x, si elle est
indéfiniment dérivable au voisinage d'un point x 0 , n'est pas
nécessairement analytique, i.e. ne se développe pas forcément en
une série de Taylor au voisinage de ce point. Mais si les dérivées suc-
cessives de la fonction f (x) ne croissent pas trop rapidement, notam-
ment satisfont nux conditions
max lf" 1 (x)I~CM"nl, (1)
1>:-.:rol<!l
alors, comme nous l'avons vu dans 8.52, la fonction f (x) est annly-
tique au voisinage du point x,.
~n appliquant la formule de Cauchy 10.34(1) pour les dérivées
d'une fonction analytique on peut prouver facilement quo, inverse-
ment, l'analyticité d'une fonction 1 (x) au voisinage d'un point x 0
entraîne les inégalités (1). Soit m 0 , m,, ... , mn • ... une suite
quelconque de nombres positifs. Introduisons la classe C<,.n) des
fonctions 1 (x) définies sur l'axe -oo <x< oo et vérilinnt les

•) D'après [6J.
250 CH. 15. TRANSFORMATION DE l'OURlER

inégalités
lf"l(x)I~CM"mn (n=O, 1, 2, ... ),
où. les constantes C et M peuvent dépendra du choix de la fonction
/(x). Si les nombres mn croissent plus rapidement que n 1, alors
la classe C,mn> peut contenir aussi bien des fonctions non analyli-
IJucs_ Cependant, Denjoy a montré en 1921 qu'il existe des classes
C <mn, contenant des fonctions non analytiques mais possédant tout
de môme la propriété d'unicité: si deux fonctions f (x) et g (x) contenues
dans la classe C <mn, coïncident en un point x 0 , de mime que toutes
leurs dérivées respectives, alors elles sont identiques. Pour les fonctions
analyliqut:>s, cette propriété est bien connue (elle résulte de 10.39e).
t5.52. Les classes C <mn, dans lesquelles la coïncidence de deux
fonctions el de leurs dérivées respectives de tous les ordres en un
point implique l'identito de ces fonctions sont appelées classes quasi
analytique.~. En 1926, Carleman donne la description complète des
classt:>s quasi analytiques; en Hl30, Ostrovski propose un énoncé plus
simple. Pour comprendre l'énoncé du théorème de Carleman-Ostrov-
ski. il nous faut accomplir quelques constructions préalables. Nous
supposons que la suite mn croit pour n - oo plus rapidement que
toute fonction ùe la forme ~. où r > 0 (un peu plus bas nous mon-
trerons que dans le cas contraire la problème est très simple). Alors,
pour tout r > 0, la suite r"lmn tend vers 0 lorsque n-+- oo, donc est
bornée. Dans ce qui suit, le rôle principal échoit à la fonction
r"
1' (r) = sup -
tl~O mn
.

La fonction T (r) admet une Interprétation gëométrique utile.


Considérons, dans Jo demi-plan à droite du plan des x, y, la suite
des }>oints ùe coordonnées Xn = n, Yn = -ln mn (points de Valiron).
Comma rnlmn- 0 pour n-+ oo, on a n ln r - ln mn- -oo de
sorte que, quels que soient r et b > 0, il n'y a qu'un nombre fini
do points de Valiron vérilianl l'inégalité
n ln r - ln mn )!:- b. (1)
A l'équation x ln r + y = b ou
y= -x ln r + b
il correspond, dans le demi-plan ù droite des x, y, une demi-droite
de coefficient angulaire -ln r qui coupe l'axe des y au point b.
L'inégalité (1) montre qu'au-dessus d'une telle demi-droite il n'y
a qu'un nombre fini de points de Valiron. Par conséquent. pour
toul r on peul trouver un b = b (r) tel qu'aucun point de Valiron
ne se trouve au-dessus de la droite
y = -x ln r +
b (r),
1 1~.~. CLASSES QUASI ANALYTIQUES DE FONCTIONS 25{

tandis que sur la droile même il en existe au moins un (fig. 15.5).


Une telle demi-droite sera appelée demi-droite de Valiron.
Pour tous b = b (r) et n, nous avons par construction
-n ln r + b (r) ~- ln m.. ,
de sorLe que
b(r)~sup{nlnr-lnmn}=supln~. (2)
n n mn
Or, étant donné que l'inégalité (2) devient l'égalité pour au
moins un numéro n, naus avons en fait
b(r)=supln...!::!...,
" m,.
donc
b (r) = ln T (r). (3)
L'interprétation géométrique de la fonction ln T (r) nous aidera
à établir certaines de ses propriétés. Tout d'abord, il résulte de la
définiLion de la fonction b (r) que b (r)
est une fonction croissante de r: si, pour Y
r~ > r., on avait b (r~) < b (r 1), alors bm
tou Le la demi-droite y = -x ln r 1 b (rJ +
passerait au-dessous de la demi-droite b
y = -x ln r 1 + b (r1), ce qui contredi-
rait le fait que celle-ci porte au moins
un point de Valiron. Ensuite, on peut
toujours construire une demi-droite de
Valirou d'après la valeur donnée de b
(> inf b (r)), en considérant la famille
de loutes los demi-droites coupant l'axe
des ordonnées au point b et en raison-
nant comme ci-dessus. Cela veut dire Fig. 15.5.
que la fonction croissante b (r) =ln T (r)
prend toutes les valeurs (> inf b (r)), donc est conLinue (5.36). (On
pourraiL également prouver qu'elle est une fonction linéaire par
morceaux de ln r, mais on n'en a pas besoin.)
Nous sommes maintenant en mesure de donner l'énoncé d'Ostrov-
ski dtL théorème de Carlcman :
T hé o r è m e. Posons
T(r)=sup~. (4)
n?-0 mn
Alors, pour que la classe C,,.., soit quasi analytique, il .faut et il suffit
que
..,
f lnT(r) dr= oo (5)
J r'Z •
1
252 CH. l5. TRANSFOIUIATION DE POURIER

Soit, par exemple, m,. = (nl) 11 , où a. est fixe. Alors il est aisé
de voir, en se servant de la formule de Stirling 1.1.57b, que
T (r) ....... ,-1-u
et que l'intégrale (5) converge donc pour a. > 1 et diverge pour
a. ~ 1. Il résulte alors du théorème de Carleman que la classe
Cc(ni)ll> est quasi analytique ,i)OUr a.~ 1 (comme nouS J'avons VU
plus haut, elle est même formk de fonctions analytiques) et ne
l'est pas pour a > 1.
Il existe des classes quasi analytiques comprenant entre autres des
fonctions non seulement analytiques. On peut prouver que la fonction
t (x) = ~ r-I (n) cos nx appartient à la cla!!Se Ccmn) et n'est pas
analytique si ~ln- oo ; donc, pour m,. = n 1 ln" n par exemple,
la classe quasi analytique C<mnl renferme des fonctions non analy-
tiques.
15.53. Dans ce qui suit (15.53-15.56) nous démontrons le théorème
de Carleman-Ostrovski énon~ dans 15.52.
Dans le présent numéro, en utilisant la transformation de Laplace
nous réduisons le problème de caractérisation des classes quasi analy-
tiques à un problème sur les fonctions analytiques dans un demi-plan.
Supposons que la classe C cmnl ne soit pas quasi analytique.
Cela signiFie qu'il y existe deux fonctions 1 (x) et g (x) qui coïncident,
de même que leurs dérivées respectives, en x = x 0 , sans coïncider
partout. Sans restreindre la généralité, on peut poser x 0 = 0 et
f (x) .,. g (x) pour x> 0; on peut toujours satisfaire à ces conditions
en faisant une translation et en remplaçant x par -x, c'est-à-dire
en effectuant les opérations réalisables dans la classe C cmnl. Con-
sidérons ensuite la fonction cp (x) qui est nulle pour x < 0 et f (x) -
- g (x) pour x)!:. 0; il est évident qu'elle appartient également.
à la classe Ccmnl· Comme cette fonction est nulle pour x< 0
et bornée pour x> 0, elle possède uno transformée de Laplace
""
ID (P) = ~ cp (x) e_,, dx (1)
0
qui est analytique dans le demi-plan Re p > O.
Dégageons quelques autres propriétés de la fonction a> (p).
En intégrant n fois par parties dans (1) nous obtenons
...
p"ID (p) = ~ cp(n) (x) e·ll" dz,
d'où l'estimation

1p"ID (p) l.,ç CM"m,. I


""
e·r>" dx= CM"m .. ~.,ç CvM"m,.
§ 1~.5. CLASSES QUASI ANALYTIQUES DE FONCTIONS 253

pour 1 p 1> -y > O. Inversement, soit ID (p) 'jl5 0 une fonction analy-
tique donnée dans un demi-plan quelconque Re p > -y 0 > 0 et satis-
faisant aux inégalités de la forme
lp"ID(p)I~C.M"m,. (n=O, 1, 2, •.. ).
Il est évident que ID (p)/ps vérifie l'hypothèse du théorème 15.42a;
en tant que majorant Intégrable ulgé par la condition 2), on peut
choisir, par exemple, Cm 0 lv :l'll1 . En vertu du théorème cité,
la fonction définie par l'égalitl (y> -y 0)
"P"foloo
cp (x)= ~~ ~ (I)P'fl eP~ dp (2)
v-rao
est nulle pour x< O. Puisque ID (p) E'jél 0, nous avons encore
cp (x) ;;;& 0 pour x > O. De plus, cp (x) a les dérivées de tous les
ordres et on a
Y+iDD
1(cp (x) e-vo:o:)(n) 1= !1Jy-ÎCICI
(l)p'fl (p- "Yo)" e<P-Yo)z dp 1~

Nous voyons que cp (x) e-?oz appartient à la classe C<mnl' Comme


cp (x) = 0 pour x< 0 et cp (x) :j5 0, la classe C <mn> n'est pas quasi
analytique. Donc, le problème de la quasf.....aruzlytkité d'une classe
C <mn> dcnnle est équivalent. au problème de l'existence d'une fonction
ID (p) ;;!= 0 analytique' dans le demt·plan Re p > y 0 et vérifiant les
inégalités
IP"$(p)I~CM"mn (n=O, 1, 2, ... )
(«problème de Watson t).
15.54. Par l'inversion p = 2yls, le demi-plan Re p > -y est
transformé en le cercle 1 s - 1 1 < 1, et le problème de Watson est
réduit au problème suivant: quelles sont lea conditions à imposer à
une suite m~ pour qu'il existe dans le cercle 1 s - t 1 < 1 une fonc-
tion analytique F (s) .,. 0 vérifiant les inégalités
IF(s)I~C.M"m,.lsr? (1)
Par exemple, il n'exi~tc pas de telle fonction si mn :s;;; C,r0 pour
une s~ite n., ni, ... de numéros. En effet, si
. 1F (s)l ~CM"C,r: 1si"= CCtCMrol si)" ln= n 11 n2, ... ),
alors en choisissant 1 s 1 < 1/ (ft! ro) et en passant à la limite pour
n•-+ oo, on a F (s) =- 0 contrairement à la supposition. Ainsi, avec
Clf. 1~. TRANSFORMATION DE FOURIER

les suppositions laites sur la suite mn, la classe C<mnl est quasi
analytique. Par ailleurs, dans le préaent cas nous avons

T (r) =sur~= co pour r > r0


n mn
et la condition (1) est évidemment remplie. Comme nous l'avons
dit dans 15.52, en cas de rn..,.. ~ C 1 r~~ (k = 1, 2, ... ) le problème
est bien simple.
Revenons au cas général et supposons qu'il existe une fonction
F (s) vérifiant les conditions demandées. On peut trouver un p tel
que F (p) r:f= O. 1F (p + pe19) 1< 1 pour tous les 9 réels et que la
fonction F (s) a sur la circonférence s ~ p +
pe'o un seul zéro pour
s = O. Toutes les constructions ultérieures sont réalisées dans le
cercle 1s - p 1 ~ p. En vertu des inégalités (1), on a

IF (p+ pe 16) I~CM"mnp" 11 +e19 1"= CM"mn 12pcos ~ \".


En minimisant en n le deuxième membre, on obtient

1F (P + peiO) 1< c 1

m~x M"mn 12p cos ~ 1"


et, d'après la définition de la fonction T (r):

1F (p + pe'o) 1~ ( cl ) •
T 2Mp\cos ~ 1
d'où
1
ln 1F (p + pe 10 ) 1-:Ç ln C- ln T ( O ) .
2Mp
1
COll T 1

Dans la théorie des fonctlo~ analytiques il y a le théorème sui-


vant (sa démonstration sera exposée dans 15.56) : si une fonction
<D (z) est analytique dans le cercle 1 z - z 0 1 < h, n'est pas nulle
pour z = z0 , ne dipasse ptu en module l'unité, est continue dans le
cercle fermi 1z- z0 1~ _h et possède U'! seul zéro sur l.a circonférence
1 z - Zo 1 = h, alors l tntégrale

-I2n

ln 1<D (Zo+ he16) 1d8

a une valeur /ln~.


1 LB.I, CLASSBS QUASI ANALYTIQUES DB PONCTIONS 255

En appliquant ce tbéor~me à la fonction <D (z) = F (z) on voit


que ln fonction
1
ln T ( al) ..ç ln C -ln 1F (p + pe'D) 1
2Mp
1 C092

possède elle aussi une intégrale finie par rapport à a de zéro à 2n.
Si l'on fait la substitution

2Mp,cos ~ !=+·
on aboutit à la convergence de l'int~Sgrale
... ln T (r)
J
"
,~ v 1
t
M2pll--
4rll
dr
'

donc aussi de l'intégrale


rJ lnT(r) d
,-a r. (2)
a
Définitivement, si la classe C <mn) n'est pas quasi analytique, awrs
l'intégrale (2) converge. Cec.i démontre la suffisance de la condition
de Carleman dans 15.52.
15.55. En abordant la démonstration de la nécessité de ln con-
dition de Carleœan supposons que l'intégrale 15.54(2) converge.
Il en est alors de même de l'intégrale
2JC

~ln T ( 2Mp~~ {!)da,


donc on peut construire l'intégrale de Poisson
2JC .

G(re'~)= in~ lnT (z!c~ ~~) 1 _zc~~[cp)+rs da


qui est une fonction harmonique dans le cercle r < 1. Posons
G (s - 1) = P (s) et désignons par Q (s) la fonction harmonique
conjuguée (t4.49c) dans le cercle 1 s - 1 1 < 1. Soit, ensuite,
F (s) = e-IPI•J+tQI•Il.
Alors lé fonction F (s) vérifie les inégalités
1F (s) 1~ mn ls ln (n = 0, 1, 2, •..) (t)
256 CH, 15, TRANSPORMATION DE l'OURlEll

En eflet, les inégalités (1) sont équivalentes aux inogalités


e-PI•l~mnlsl~ (n=O, 1, 2, ... )
ou bien à
-G(s)= -P(s+i)...::lnmn+nln(s;-1). (2)
Les deux termes dans le dernier membre peuvent être :représentés
comme intégrales de Poisson
2n
1 ( ln mn (1- ri)
1nmn = 2n ~ 1-2rcos(é-cp)+r~ d9,

n ln 1s + 1 1= ..~
....
J n ln 1
2n

1
e'9
2rcos(ê
+ 1 1(1- r')
cp)+r'
d9
'
0

après quoi l'inégalité (2) qui est à démontrer s'écrit comme suit

1-r~
2r cœqê- cp)+ rZ dB.:;;.. O. (3)

Or 11 + e18 1= 21 cos ~ 1; comme

T(r)=sup~
n:;:t.O mn

on a, pour tout n pris à part,


T(r)~~. T(r)m,.r-"~1,
Inn

donc la fonction sous le signe somme dans (3) est non négative.
Il en résulte que l'inégalité (3) est juste; par conséquent, l'inégalité
(1) l'est aussi, et la classe C<mn.> s'avt\:re non quasi analytique d'après
15.53. Cela achève la démonstration du théort\me do Carleman.
15.56. Ici nous démontrons le théorème utilisé dans 15.54.
T h é o r è m e. Si une fonctum 1 (z) est analytique dans un cercle
1z - z0 1 < h, n'est pas nulle pour z = z0 , ne dipasse pœ en module
le nombre 1, e1t continue daM le cercle fermi 1 z - z0 1 ~ h et posùde
un seul zéro z • sur la circonférence 1 z - z0 1 = h, alors l'intégrale

-I 2n
ln 1/ (z 0 + M 19 ) 1d9

elit finie.
1 15.~. CLASSES QUASI ANALYTIQUES DE l'ONCTIONS 257

D é m o n s l r a t i o n. Sans restreindre la généralité on peul


poser z 0 = 0, h = 1, z* = 1.. Dans le cercle 1 z 1 ~ r < 1 la fonc-
tion f (z) est. analytique et. ne peut y avoir qu'un nombre fini de
zéros z1 , • • ., Zm; on pout supposer qu'il n'y ait pas de zéros sur la
circonférence 1 z 1 = r. Considérons le contour fermé C montré
fig. 15.6 qui est composé par les arcs de la circonférence 1 z 1 = r
parcourue dans le sans positif, par
les circonférences C" (k = 1, 2, .... m) Y
de rayon très petit e parcourues dans .---r-~
le sens négatif el par les courbes L,. =
= [z;, z;; 1 liant les arcs mentionn.;s et
parcourues chacune deux fois dans les
sens opposés. La fonction ln 1 (z) est
analytique à l'intérieur du contour C, +-+-:;,.,.....,...:.~::.:==~--1--x
at la valeur ln f (0) peut étre repré-
sentlie par la formule de Cauchy:
~~ ~ lnf(z)
1
ln/(0)= d% • (1)
c
Considérons la partie du contour C Fig. t5.6.
formée de la circonférence C1 de
rayon E et de centre au point z1 qui est parcourue dans le sens négati[.
La partie de l'intégrale (1) prise le long de la circonférence C1 a la
forme
t
.,_
...,, 1
J =1+ee'
9
ln f (z) tec' dEl.9 . (2)
J
Si k 1 est ln multiplicité de la racine
où t 1 (z1 ) .p. 0, et l'on a
ZJt alors f (z)= (z- z1) "1 ! 1 (z),
lln 1 (z) 1=fln (z -zl
1
IJ (z) 1=
~ 1k 1 ln (z-ZJ) +ln IJ(z)J< k,;J ln 1z -z,l+2n 1+
+lln /,(z) l~k1 lln e I+C •.
En raison de cette estimation la fonction sous le signe somme dans (2)
devient aussi petite que l'on veut pour e - 0; par conséquent,
toutes les intégrales le long des circonférences C1 tendent vers zéro
lorsque e - O.
En contournant le point z1 dans le sens négatif la fonction
ln f (z) = ln 1f (z) 1 + l arg 1 (z) augmente de -2nk1i; par consé-
quent, l'intégrale le long de la partie du contour composée par le
segment L 1 parcouru deux fois dans les sens opposés vaut
k, J ~z =kj(lnzj-lnzil·
LJ
17-2286
258 CH, U, TlU.NSPOl!MATION DE POUlllEll

Sur chaque partie suivante de la circonférence 1z 1 = r, la fonc-


tion ln f (z) augmente de -2:nk1i, ce qui apporte à l'intégrale (1) la
quantité

qui est évidemment purement imaginairl'. Ceci étant, sépnrons la


partie réelle dans l'égalité (1) pour e - 0; nous obtenons:
m 2n

lnl/(0)1= ~kllnlzil+ in f lnj/(re 10


)ldtl.
i-l ~
Or, puisque lzil<i, lnlzii<O, on a

-in I ln 11 (re'
2n
9
) 1d9 >ln 1/ (0) 1

ou bion, ee qui revient au mtiome

-~ I 2n
ln 11(re' 9 ) 1d9 ~ -ln 11 (0) 1

Par hypothèse nous avons sur la circonférence 1 z 1 = 1 un seul


zéro au point z• = 1. Choisissons un 6 > 0 quelconque; il est évi-
dent que

- 2~ 1
2n-~

ln ll(re10) 1d9~- i,; I


2n
ln 1f(re 10 ) 1d9< -ln 1f (0) 1·

En gardant 6 fixe passons à la limite, dallll cette inégalité, pour r - 1.


Nous avons

- 2~ 1
2n-6

ln 1l (e16) 1d-3 < -ln If (0) 1.

Cette inégalité est valable pour tout 6 > O. En passant à la 1imite


pour 6 - 0 nous voyons que l'intégrale
2n:

- ~ ~ ln 11 (e10 ) 1dfl
li
existe. Le théorème est démontré
EXEl!CICES 259

Exercices
t. DPmontrl'r la eonnrgenee da l'int~al~ de Fourl~r
...
.
'f (z)= hm -
,_. n
t s 1p (z+ 1) ain
-- pl
dt
'-
_..,
an un point z au \'oisinage duquel la fonction q> (z) est coniinuo et monol.lme,
ainsi que Rll convergpnco uniforme dans tout intervalle fermi! Intérieur à un
intervalle d~ monotonie et da eonlinuité de q> (:r;).
2. Donner un exemple de fonction cp (z) continue, poS!I!dant une intt<grala
de Fourier unifoTmémPnl convergente et telle que la fonction
...
J
n'~st pas absolument intégrable sur -oo <a< ao.
1J1 (O)=
--
3. Donn~r un ex ..mplo de fonction q> (z) pour laquelle
'l' (z) 111zo d.z

l'inl~rale da Fouri~r
... p ...
lim ...!....
_... 1t
J
-~
cp (z+ 1) ~dt=
t
Hm ~~
_ ... ""''
J JIf(~) t
-p-~
10
<"'-~) ~
converge uniformément sur l'alle -oo < z < oo, mais chacune rlE"S inlégroll's

pos~è-de dps pointR de div~rgenca.


4. Démontr~r l'• Pgalité de Parseval a
...
JJg(o)J'do"=~ J[/(z)J~dz,
ou B (a) est la transformée de Fourier d'une fonction 1 (z) vérifiant l'hypothè-se
du théorè-me 15.13 et da carré intégrable sur tout l'axe -oo < z < oo (Planche-
rel),
5. Démontrer la • Nlation d'incertitude •
... ...
J zl)/(z)Pd.z· J as)g(a))lldo:;;;.. ~
en supposant que )es fonctions :z/ (z) Ill l' (z) vérifient l'hypothèse de l'rxercice
...
4. t>t que J 1/ (z) !1 d:z ~ t.
6. Soii""F (p) la transformée de Laploce d'une fonction f (t). Trouver les trans·
forroéeM de Laplace des fonctions / 1 (1) ~ talf(t), /z(l) ... f' (1).
1

/ 3 (1)= Jr /(T)d-c, / 4 (1)=1/(1), f5(1)=-- .


1
, c'>
0
t7"
260 CH. 15, TRANSFORMATION D& POURIER

7. Trouver Les transformées de Laplace des fonctions


q>1 (t) =tai ; 11'2 (1) =,a-t (œ > 0) ; q>a (1)"" t 11 - 1tal ;
. sin al
q>6 (1)=sm 111; q>~ (t)""cœ Al; 'Pt (1)=-- .
1
8. Démontrer la formule d'inversion do 1\lellin: si

P. (s) =
-J f (z) .,.-1 dz,
alors
e+h..
Ft:tl =-l-
2nt Jf F(s)r•ds.
c-iao

Hlatorlqut'
L'intégrale da Fourier apparaît pour la première fois dons le livre da Fourier
• Théorio analytique de la chaleur • (1822) où alla est appliqué aull plusior1rs
problèmos da la physique msthématiqua, Les travaux da Fourier de miime qua
coux •lo Cauchy qui utilise l'intégrale da Fourier on étudiant la propagation
dos ondes (1842), na contiennent aucune démonstration da la convergence; le.q
démonstrations rlgourouses, dnn~ da diverses hypothèses, apparaissent durant
toul le XIXQ •lèclo at rapr~antent des modifications des démonstraliOnR corres-
p•mdantes de la convergenco des ~ériœ da Fourier. La ~ translorma tiorl do
Laplace" est dovoloppé3 par Laplace an 1812 dans la • Théorie analytique des
probabilités t; d'ailleul'!l Eulor c•msidérait dè!! 1737 le.' intégrales da e·Pxf (z)
pcmr ré3ouclre dos Pqllations dilférantrellel ordinaire;. Au temps d'Euler at
Laplace, il n'ut p?int queltiou d'utiliser la transformation de Laplace dans le
dom~lno complexe. A partir do 1892 paraissant les travau:t da l'ing~nieur
anglais Hesvisida qui trouvo, on interprétant d'après les règle!! introduites par
l11i-mêma Ies;fonction~ de p = ! (an dehors da la classe des fonctions rationnel-
Ir~). les solutions da cerl:r.ins problèmes ~lcctrotechniquas qui SB roduisant il des
é<Juations aux dérivées partielles. Un certain temps, la 'calcul opérationnel•
de Heaviside resta saM fondement mathématique. A compter da 1910, Bromwich,
puis Carson, Van der Pol, Doat.sch, en appliquant la transformation da Laplace
dans lo domaine cOmplexa, justifiant les règles do Heaviside. Les travaux de
D&njoy, Carleman, Ostrovski RUr les classes quasi analytiques da fonctions n
rapportont nux aanéœ t920-1930.
Lo progrès ultérieur dans la théorie da la transformation da Fourier est
lié, d'uno parL, avoc l'utilisation da l'in~rala de Lebœgua (et de celle de Lebos-
gua·Stiel~jes) ot, d'autre part, avee la theorie des distributions; en particulier,
lo~ distributions perroattanl da définir la translorm~ do Fourier pour une fonc-
tr•ln indàfinimant croi!!SilnLa (pour 1z 1 - oo), A soo tour, ce lait ~e trouva
"e;=-entiel pour la résoluUon des problèmes fondamentaux de la théorie des équa-
tions linéaires aux dérivées partielles at à coefflcionl5 coœtants. Cf. 1131, 1151
et liOI.
CHAPITRE 16

Courbes gauches

La malhémaLique pure a pour obj~t


iPs formes spatiales et les rapport•
quanUlatlfs du monde réel, donc une
matière très coocrèlo. Quo cctlo matiè-
re mpparais..oe souo une forme oxlré-
m~meot abstraite. ce faiL ne peut
masquer que d'un vollc superflcirl
Mn origine sltuéf dans la monda exté-
rieur.
F. Enge~

§ 16.1. D6flnitions de base


1.6.11. Par définition, une courbe L dans un espace n.-dimension-
ncl Rn est un lieu géométrique caractérisé par un système d'équa-
tions paramétriques
x 1 = x 1 (t), .•. , Xn = Xn (t) (a :s;;; t :s;;; b), (1)
ou, cc qui revient au même, par une équation vec-torielle
x = x (t) (a :s;;; t :s;;; b). (2)
Le Vl'cteur x (t) s'appelle rayon vecteur de la courbe L.
Les fonctions x 1 (t) sont supposées continues et vérifiant certai-
nes conditions de dérivabilité qui serol}t précisées dans la suite.
Pour qu'un lieu géométrique (1) ait la forme habituelle d'une courbe,
il ne suffit pas que les fonctions XJ (t) soient continues: il e:xisle
de.~ systemes (1), avec li'S deuxièmes membres continus, pour lesquels
le lieu géométrique correspondant représente tout l'espace Rn (cf.
exercice 5). Remarquons encore qu'une même courbe (i.e. un même
lieu géométrique) peut être donnée par plusieurs systèmcs dim-
renls (1); par exemple, pour -oo < t < oo, les systèmes
x = r cos t, y = r sin t
et
x = r cos (t 8), y = r sin (t'l)
définissent un même lieu géométrique dans le plan (x, y), à savoir
la circonférence de rayon r centrée à l'origine des coordonnées. Nous
verrons dans ce qui suit que le choix de la repr6sentation paramétri-
que convenable aide souvent à cxpliciter les propriétés géomélriques
d'uni' courbe donnée.
262 CH. lB. COUIIBES GAUCHES

16.12. Nous avons déjà vu un cas plus général où x (t) de l'équa-


tion 16.11(2) désignait un point d'un espace métrique dépendant
d'un parumètre t; c'était une courbe dans un espace mëtrique. Dans
"12.61, pour le cas où les valeurs de la fonction x (t) appartiennent
ù un espace normé B, nous avons défini la dérivée de la fonction
vectorielle x (t) en uu point t = c:
'() . z(c+At)-z(c) (1)
1
x c = ~:~o tu
si la limite dans le deuxième membre existe au sens de la métrique
dl! l'espace B. Alors la fonction x (t) est dértvable au point t = c.
Si la limite (1) existe pour tout c Ela, bl, alor::l la fonction x (t)
est dérivable sur l'intervalle [a, bl.
Nous allons étudier les fonctions dérivables à valeurs dans un
esJH\Ce m-dimensionnel, mais certains résultats seront valables pour
un espace normé (de dimension infinie).
16.13. Remarquons avant tout que puisque le passnge à ln limi-
te dans un espace rn-dimensionnel est équivalent au 11assage à la
limite pour chaque coordonnée, ln dérivabilité pour t = c de la
fonction vectorielle x (1) = (x1 (t), . . . , Xm (t)) au sens de 16.12(1)
est équivalente à la dérivabilité de m fonctions numériques x, (t),
• • • , Xm (t) pour t = c; de plus, on a

x' (c) = (x; (c), ••• , x;.. (c)) E Rm. (1)


Interprétons géomotriquement la dérivabilité d'une fonction
vectorielle. On en a déjà parlé au début du chapitre 13; ici uous
traitons la question indépendamment et plus en détail.
La définition 16.12(1) de la dérivée peut être mise sous une forme
équivalente
ôx.,. x (c + ôt) - x (c) = x' (c) ôt + 8 (t) ôt, (2)
où le ,;ecteur 8 (t) tend vers zéro pour ôt-+ O. L'égalité (2) montre
que l'accroissement de la fonction x (t) lorsque t varie de cà c + ôt
contient la partie lilléaire principale
.z-r,.J. x' (c) ôt. Un point avec t = c sera dit ordi-
naire si x' (c) :/= 0 et singulier si x' (c) =
•l L .r(t} =0 (cf. 9.63g). Pour un point ordinaire,
l'image géométrique correspondant à l'équa-
. tion linéaire z = x (c) + x' (c) (t - c) est
F•g. 16.1. la droite A passant par le point M = x (c)
dans le sens du vecteur x' (c) (fig. 16.1). Ainsi,
l'écart d'un point de la courbe du point correspondant (i.e. pour la
même valeur de t) de la droite A est un infiniment petit d'ordre
supérieur par rapport à ôt. Pour cette raison, la droite A s'appelle
tangente à la courbe L au point M. De la sorte, l'extstence d'une
1 lB.!, D2FlNLTIONS DE BASE 263

dértvée x' (c) non nulle est équivalente à l'existence d'une tangente à la
courbe L au point /YI; le ve.cteur x' (c) est un vecteur directeur de cette
tangente.
26.14. Voyons ce qui arrive à un vecteur directeur d'une tangente
lorsqu'on passe, sur la courbe L, à un nouveau paramètre "t, de sorte
quet = t ("t) soit une fonction dérivable de "t. Soitmt, en particulier,
c = t (y) et t' (y) '7':- O. /\lors uous posons x (t ("t)) ~ g ("t) et écrivons

g ' ("t ) = )'Lm TI!J.:r


à1'-to0 T
= àl-.0
l'1m Tt
I!J.:r 1·am T
à't-toO
M
't
=x ' (1) t' ( t ) (1)

d'apr~s la règle de dérintlon d'une fonction composée (12.61h).


Donc, le nouveau vecteur directeur g' (t) r~- . . a le m&me SClLS
que l'ancien vectetLr x' (1) et s'en dllduit par la multiplication pnr
t' ("t). Ainsi, la lougnelU' du vecteur directeur d'une tangente n'admet
aucune interprétation géométrique directe. Comme nous l'avons
vu dans 13.11d, on peut attribuer au vecteur x' (1) un sens cinémati-
que; si 1 est le temps, alors x' (c) est la vitesse du mouvement du
point x = x (1) le long de la courbe L à l'instant t = c.
16.15. Introduisons, enfin, la notion de différentielle d'une fouc-
tion vectorielle x (t). Le vecteur dx = x' (c) dt, où dt = Ill e.st un
accroissement arbitraire du paramètre 1, s'appelle différentielle de
la fonction vectorielle x (t) pour t = c. La différentielle d'une fonction
est donc la partie linéaire principale de son accroissement correspon-
dant à un accroissement de la variable indépendante 1.
Comme plus haut, on a le théorème sur l'invariance de la diFfé-
rentielle: la différentielle d'une fonction a la mime forme que t soit
une variable indépendante ou une fonction d'une autre variable indé-
pendante (dans le dernier cas, dt est la partie linéaire principole de
l'accroissement de la fonction t ("t)). En effet, si g ("t) = x lt ("t)l,
alors
d,~,x = g' (y) dt = x' (c) t' (y) dt ~ x' (c) dt = d.,,x,
ce qu'on llffirmait.
t6.16. 1 n t é gr a t i o n d'une f o n ct i o n v e c t o-
r i e Ile. Dans 12.62 nous avons défini cette opération pour les
fonctions vectorielles à valeurs dans un espace normé B. On appelle
intogrHlo d'une fonction vectorielle x (1), a~ t ~ b, à valeurs dans
un osr)ace complet B, dans l'espace Rm par exemple, la quantité
b n-1

~ x (1) dt= lim ~ x("') !lt,.,


;. d(ll)->0 li-U

H = {a = lo ..-,; ~ ..-,; 11 ..-,; ••• ..-,; t,. = b}, llt,. "" l~+r - 1~,
264 CH. lB. COURBES GAUCHES

où il s'agit de la limite par ntpport à la norme de l'espace B pour


le morcellement illimité de lu partition II, i.P. pour
d (TI) = max 111,. - O.

L'existence de l'intégrale a été démontrée pour x (1) continue


par morceaux. LPs propriétés principales de l'intt'grale sont indiquél's
dans t2.62c:
b 1)

1) Jcu
a
Jx dt pour tout réel;
(1) dt= 01
a
(1) 01

b b b

2) J[x(l)+y(I)Jdl= J x(l)dl+ J y(t)dt;


a a a
c b b

3) Jx(t)dt+ Jx(l)dl= J z(l)dt (a<;:c<;:b);


a G a
b

4) Il Jx(t)dt/1~
0
maxlt.r(l)ll(b-a).
a~t~b

Complétons-les par la formule d'intégration par parties


b b
5) J u(t)dv(t)=u(t)v(t)~-J v(l)du(l).
a a

Ici u (1) est une fonction dérivable à valeurs dans l'espace B,


v (t) une fonction numérique dérivable. La démonstration de la
formule 5) est analogue à celle pour les fonctio11s numériques (9.51a).
t6.t7. Dlirivés d'ordre supérieur.
a. Les dérivoos d'ordre supérieur d'une fonction vectorielle z (1)
sont définies dans 12.64. La dérivée n-Ième est, par dMinition, la
dérivée première de la dérivée (n - 1)-ième si cette dernière est une
fonction dérivable pour a ~ t ~ b.
Dans ce qui suit, l'existence de ces dériv&>s sera toujours supposée.
b. Voyons commPnt changent les fonctions vectorielles .r r.
Xu, ... lorsqu'on remplace la variable indépendante t par une
ilouvellP variable indépendante 't, t = t ('t), où t ('t) est une fonction
suFfisamment lisse de 't.
Nous avons déjà vu (16.14) que les dérivk>s premiè:rt's en t et
en 't no diffôrent que par le facteur
t 18.1. D2PJNITIONS DE BASE 265

En dt'nvant cette égalité en 't et en appliquant l'ncore uni' fois


la formule de dérivation d'une fonction composée on trouve
Xn = (x~h = (x,t.,.h = (.rrh t, + Xrln =X ut~+ x,tn.
Nous voyons que le ,·ecteur Xn, sans être en général colinéaire
a11 vecteur x 1, se trouve dans le plan des vecteurs x 1 et .r 11 • Ainsi,
le plan déterminé par les vecteurs x 1 et x 11 ne dépend pas du choix
du paramètre, hien que la position du vecteur x 11 dans le plan change
lorsqu'on passe à un nouveau paramètre.
Dans le ens général, quel que soit n, le vecteur x~"' appartient au
sous-espace n-dtmenstonnel engendré par les vecteurs x 1 , x 11 , • • • , x~"'·
On le démontre par récurrence: en supposant la relation
.
x~"l = ~ xlhlcp~ ('t)
Ii-I

on la dérive encore une fois par rapport à 't; on obtient


n "
x~n+ 11 = ~ x\"+ 11 t,cph ('t)
~1
+ 11-1
~ xlh1fpi. ('t),

de sorte que :4n+u s'exprime linéairement par x" x 11 , • • • , .rl"+ 11 ,


ce qu'il nous fallait.
On pout dire que ce ne sont pas les vecteurs x, .:r 1 , • • • , xl"', . ..
oux-mêmes qni ont un sens géométrique, mais les variétés linéaires
qu'iL'! engendrent. Ces variétés linéaires sont appelées sou.s-espaces
osculateurs de dimension t, 2, ... , n, . . . (dans le cas où x,
x 11 , • • • sont linéairement indépendants).
c. Si la fonction x (1) est n + 1 fois dérivable sur l'intervalle
[a, b], alors la formule de Taylor (12.64 c) est valable:
llx(t) ~!!:::iX(t+ llt)-x (1)=
1
=x' (1) Ill +x" (1) ~'t + ... -t-x 1
"' (1) (~T + Q,..
En y posant n = f, 2, ... et en utilisant l'P.sLimation pour Q,.
de 12.64c nous aboutissons à une série de formulPs do plus en Jllus
priiciscs:
!lx (1) =x' (t) llt + e 1 (1) Ill, ( 1)
!lx (1) =x' (1) Ill+ x· (t) (A;J~ + ~ (1) (Ill)~, (2)

+x'" (1) <~~ls + e, (1) (ll1)


2
!lx (t) =x' (1) Ill+ x• (1) (A;> 3, (3)

16.18.Forme d'une courbe au voisinage d'un


point or d in aire ou sin gu 1 i er. L'égalitii 1ü.17(1)
montre qu'une courbo L d'équation x~ x (1) coïncide, à un infini_
266 Cil. 18. COUIWES GAUCHES

ment petit du t)remier oJ'llJ·o par rapport b. 111 près, avec sn tangente
si x' (1) +O. L'égalité Hi. t 7(2) montre que la courbe L se trou,·e,
à un inFiniment petit t.lu t.leuxi~me ordre près, dans le plan ùérini
par los vecteurs x' (1) et x'' (1); conformément à la définition 16.17 b,
ce plan (dans le cas où x' (1) et x" (1) sont linéairement indépendants)
s'appelle plan osculateur à la courbe au. point M. Si E, fJ sout les
coordonnées dans le plan osculateur par rapport ii. la base x' (1),
x" (1)/2, alors nous obtenons à partir de 1G.17(2) la représentation
paramétrique de la courbe L à un infiniment petit du deuxième
ordre près:

Par conséquent, avl'c la précision indiquée, la courbe L est une


i'Brrrbole dans le plan osculateur avec '1 = ~~ pour équation.
Le sous-espace défini par les vec.teurs x'(l), x"(l)/2, x"'(t)/6
(eu ens de leur indépendance linéaire) s'appelle sous-espace osculateur
tridimensionnel à la courbe L au. potnt M (16.17b). On voit dans
16.17(3) que la courbe L se trouve, à un
infiniment petit du troisi~me ordre près,
dans son !lous-espace osculateur tridimen-
sionnel. Si ~. fJ, Ç sont les coordonnées dans
ce sous-t'space par rapport à la base x' (1),
x" (1)/2, x"' (1)/6, alors on déduit de la
JL--+-....,.,.......,r; même égalité 16.17(3) la représentation
paramétrique de la courbe L à un infini-
ment petit du troisième ordre près:
~ = Ill, '1 = (ll1) ,
2
Ç = (ll1) 9 •
Nous obtenons une courbe gauche mon-
Fig. 16.2. trée Iig.1G.2. Sa projection sur le plan t.ll's
~. t) est ln parabole déjà considérée TJ = 2 • Sa s
projection sur le plan des 6, ~est la courbe du troisi~mo t.legr~ ~=6 8
(vue à partir de l'extrémité du vecteur -}x"
(1)). Sn projection sur
le piar1 des '1], ~est ln purabole semi-cubique i; - TJ"'• (vue à !Jill'tir
t.le l'extrémité du veeteur x' (1)).
Considérons à présent la courbe L au voisin11ge d'un point singu-
lier c, où x' (c) = 0 mais x" (c) =F 0 et x~ (c) =F O. L11 formule de
Taylor nous donne

!lx (c) = i; x• (c) M 1 +ix'" (c) /lt 3 + 6a (1) /lt 4 •


Ainsi, à un infiniment petit du troisième ordre près, ln courbe L
se trouve dans le plan défini par les vecteurs x" (c)/2, xM (c)/6 et
a dans ce plan l'équation ~ = TJ''•· Si l'on garlle les infiniment pe-
tits du quatriome ordre, cela fournit le terme complémentaire
f 16.1. D2FINLTION8 DE BASE

~ .r;IV (c )ât' (pour x1V (c) =fo 0) qui montre que la courbe s'~carte
du plan x" (c), xM (c) dans le demi~espace indiqué par le vecteur
x•v (c) (fig. 16.3). Remarquons que, le signe de ât• étant constant,
les deux branches de la pointe s'écartent du plan dans un même
de mi-espace.
Ainsi, en cas de singularité c avec x' (c) = 0, x" (c) =F 0,
x'" (c) + 0, le point singulier M est u.n point de rebroussement.
16.19. Longueur d'arc. La définition de la longueur
d'arc d'une courbo x (t) est donnée dans 9.63. Nous allons reproduire
cette définition et déduire la formule correspondante relativement
à ln courbe dans un espace normé quel~
conque. La longueur d'un arc de courbe z'•/c)
est déFinie comme limite des longueurs
des lignes polygonales inscrites lorsque
la longueur de chaque segment dimi-
nue indofinimcnt. D'une façon plus z"{c)
exacte, soit
n = {a = to < tl < ... < t,. = b}
une partition de l'intervalle [a, bi sur Fig. 1.6.3.
lequel est définie une fonction vecto-
rielle x (t). A tout point t 1 il correspond sur la courbe un point
M; = x (tt)· En joignant les points M 1 par les segml'nts de droite
nous avons une ligne polygonale Ln dont la longueur vnut
n-1
~ 1 âx 1 ). Supposons que la fonction x (t) soiL continûmenL déri-
1=1l
vable sur l'intervalle [a, b]. Alors

âxr = Irr,
x' (t) dt= x' (tr) âtt + EtâtJ,

1 '•··
EJ = "Mj" ~ )x' (t)- x' (tt)) dt,
t,
1e.j ~en=- max 1x' (t) -x' (t) 1·
11-ÏJ.~d(ll)
Vu la continuité uniforme de la fonction x' (t), rette quantité Lend
vers zéro pour un morcollement illimité de la partition n. Nous
avons donc l'estimation
n-1 n-1 n-t
1~ fâxd- ~ fx'(tr)lâtd~ ~ le,Jâtt~En(b-a).
I=D i-0 1-o
Cll I(>. COURBES GAUCHES

,_.
Or, la somme ~ 1J' (t 1) 1.\1 i tend, pour un morcellement illimilé
i-9
de la partition rr, vers lu limite
b

j 1x' (t) 1dt, (1)


Q

car la fonction numérique 1 x' (t) 1 est continue dès que la fonction
vectorlolle x' (t) l'est. Il en résulte que la limite des longueurs des
lignes polygonales inscrites existe et vaut l'intégrale (1). Notons que,

dans l'espace Rn, nous avons 1 x' (t) 1 = V~ [x~ (tW,


11-1
ce qui
correspond à la formule déjà vuo 9.63(5). Contrairement à cette for-
mule, l'expression (1) est valable pour tout espace normé.
Si l'on remplace b par t et t par 't, on obtient l'expression pour
la longueur d'arc de la courbe L relative à l'intervalle la, tl de varia-
tion du paramètre 't;
1

s (t) = j [x' ('t) 1d't.


a

Nuns voyons que s (t) est une fonction non décroissante do t,


coul ""~~"
1:t dérivable; de plus, on a
s' (t) = 1 x' (t) 1

d'aprè::l 9.31.
Si la courbe L n'a pas de points singuliers, i.e. x' (t) ne s'annule
en aucun point, on peut appliquer le théorème sur la fonction inver-
se; il existe alors une fonction inverse t = t (s) qui est continue,
croissante et continûment dérivable. Ceci étant, on peut mettre la
fonction x (t) sous la forme d'une fonction de s, toujours continue
et continûment dèrivable. La longueur d'arcs sera appelée paramètre
naturel. Si la courbe L est donnée par une lonct.ion x = x (s) uvee
le paramètre naturel s, alors
1 x' (s) 1 = s' (s) - 1
en vertu de (1).
Ainsi. en tout point non singulier de la courbe L le vecteur :r' (s)
a 1 pour longueur. (Ceci est clair du point de vue cinématique: si le
paramètre s est à la fois le chemin parcouru et le temps employé,
alors la vitesse du mouvement est égale à l'unité.)
1 16.2. COURBURE. COURBURES D'ORDRE. SUP2RIEUn :.!69

§ 16.2. Courbure. Courbures d'ordre supérieur


16.21. Dans ce qui suit, nous aurons affaire non seulement aux
longueurs de vecteurs, mais aussi aux angles qu'ils forment. ll est
donc naturel d'opérer non pas dans un espace normé quelconque mais
dans un espace hilbertien (12.41).
L e m m e. Soient z (t) et y (t) (a ~ t ~ b) deux fonctions déri-
vablu ü. valeurs dam un espace hilbertien H; alors la fonction numé-
rique cp (t) = (z (t), y (t)) est dérivable elle aussi, et l'on a
cp' (t) = (z' (t), y (t)) + (z (t), y' (t)). (1)

D é rn o n s L r a t i o n. Nous avons
â(fl = (z (t + ât), y (t + ât)) - (z (t), y (t))
= (z (t) + x' (t) ât + e ât, y (t) +
1

+ y' (t) ât + e ât) - (z (t), y (t)) =


2

= [(z' (t), y (t)) + (z (t), y' (t))) ât + e ât, 3

où e 3 = e 9 (t, ât) - 0 pour ât - O. On peut donc dégager ln partie


linéaire principnle de l'accroissement âcp. En l'explicitant on arrive
à la formule (1).
Co 11 s é q u e 11 c e. Si la longueur du vecteur z (t) reste constante
lorsque t varie, alors le vecteur z' (t) est orthogonal à :X (t).
En eUet, en appliquant à ln fonction (z (t), z (t)) la formule de
dérivation (1), nous avons
0 = (z (t), z (t))' =- 2 (z (t), z' (t)),
ce qu'il nous fallaiL.
16.22. Considérons une courbe L = {z = z (s)} avec pour para-
mètre la longueur d'arc comptée à partir d'un point rixe. Comme
nous l'avons vu dans 16.19, le vecteur e 1 (s) = z' (s) est unitaire.
Si les vt>cteurs z' (s) et z" (s) sont linéairement indépendants,
il existe un plan osculateur. Le vecteur e; (s) = z" (s) appartenant
au plan osculateur est, on l'a vu, orthogonal à e 1 (s). Il s'appelle
vecteur courbure de la courbe L au point s. Posons
e; (s) = x (s) e 2 (s), (1)
où e1 (s) ost un vecteur unitaire orthogonal à e1 (s), lo coefficient
x (s) étant positif. Nous avons
()
x s =- e• s -
)' let(&+~•)-e•(•)l
1 '( )1- 6!~ 4• • (2)

Le module de la différence des vecteurs unitaires e 1 (s + âs)


et e1 (s) est une corde du cercle unité et représente un infiniment
270 CH. 16. COURBES GAUCHI!S

petit équivalem à l'angle formé pnt ces vectcurs, i. e. à l'augle drs


tang~nlf's à la courbe L aux points correspondant respectiveml'ul
aux vnleur.~ s et s + l!J.s. Ainsi, le coefficient x (~) donne la vitessl'
de rotation de la tangl.'nle par rapport à la variation de ls longueur
d'arc. Le nombre x (s) s'appelle courbure de la courbe Lau point s.
Notons que ln formule (2) représente une définition plus géuérale
que la formule (1) rar (2) n'exige pas la condition
que e;
(s) 0, il su frit
(s) existe. Dans le cas où c:; (s) = 0, la formule (2) doune pour
e; *
la courbure an point cornspondant la valeur nulle.
16.23. Déduisons la formule pour la courbure dans le coll où la
courbl' L est donnée par une ~quatiou x = x (t) 11\"e<: un t arbitraire.
û:Jmmc s 1 = 1 x 1 1 = Y(x,, x 1) (16.19), on a
(zr, z 11 ) (zr. z 11 )
Brl = l/1i;:z;j = """T'i7f
en vertu du lemme 10.21.
Nons 11vons eusuile
x.= .:1· t,,
1 x •• = x 1,t,2 + x,t,. = 4 +x, s,1 ) 1 s,t =
"'" (

.zu z 1 s 11 zu :r1 (.z:&, z 11 )


-~ -sri.=T%,ii"- l.z:, 1•
et, dlifinitivement,
x (s) -1
- x,., 1=\ "'fiïji
zu _.z:,(zr. zu)\·
1z,l• (1)

Ln dédurtion de cette formule se base sur la Mfiuilion 16.22(2). Elle


est donc valobll.' dans les cas x (s) r:f= 0 et x (s) = O.

Hi.17(2) (avec (s) '*


En portant 111 voleur de la courbure dans ln formule de Taylor
e; 0) nous mettons cette dnnière sous la forme
l!J.x (s) =x' (s) l!J.s +x· (s) ;
4 2
+ 1!z (s) M~ =
t
,_ e, (s) l!J.s + 2 x (s) ea (s) l!!.r + ~ (s) l!J.s1 • (2)
16.24. Calculons la courbure de la circonférence. En coordonnées
liées avec son plan, l'équation de la circonférence est de la forme
x (t) = {R cos t, R sin t}.
En dtlrivnnt nous avons
x,={-Rsint, Rcost}, lxri=R,
x 11 ={-Rcost, -Rsint}, (x, x,)= O.
11 en découle
1%ft 1 1
)( (s) = T"%,'ii" = 7f '
donr la courbure de la clrconféreru:e est l'Inverse de son ray un.
§ IG-2. COURBURE. COURBURES D'DROnE SUPeRIEUn 271

16.25. Soit maintenant L ={x = x (s)} une courbe gaucht-. Si


l'ou r-onsidèorc dans le plan osculateur de divers cercles tangents à la
courbe L, alors l'écart entre le:s points correspondants de la courbe L
et de choque cercle Q est en géniirol du deuxième ordre de petitesse
par rapport à l!J.s. Essayons, en choisissant convenablement le rnyon
du cercle tangent, d'obtenir l'~cort non pas du deuxième mois du
troil!ième ordre. Soit z = z (s) l'~quotion d'un cercle tangent, avec
li! p~tromètre naturel set a\•ec le vecteur courbure de m~me sens que
pour L (fig. i6.4). Alors on a d'apres la Formule 16.2::1(2):
l!J.x (s) = e 1 ( s) l!J.s + 2 x (s) e2 (s) l!J.r + ezl!i.S'\
t

t
l!J.z (s) = e, (s) l!J.s + 2R e2 (s) l!J.s1 +-E2 6.s9,
où l!z, ë' 2 sont des infiniment peLits pour l!J.s _.. 0; notre probli'me
sera donc résolu si l'on pose R = __.!_( • Le rcrcle tangl!nL qui sc
x&)
trouve dans le plan osculateur a
la courbe L au point s, aver le
m~me sens du ver.teur courbure
que pour L et de royon R =
1
= --) , est appelé cercle oscula-
x \S
teur et son centre centre de cour-
bure de la courbe L au point s. /
,/
Le nombre R = "~&) s'appelle
/

rayon de C01trbure de la courbe Fig. 16.4.


L au point s. Si lo courbe L est
un cercle, son royon de courbure se confond d'après 16.24 11\'ec
son rayon ordinaire.
t6.26. B a 9 e n a t u re Ile. Supposons que, pour un point
donné M de la courbe L, les vecteurs x' (s), x· (s), ... , .r'"' (s)
existent ct sont linéairement indépendants. Alors il existe eu cc
point les sous-espaces osculateurs E, c E 2 c ... c: En de dimen-
sion 1, 2, . . . , n respectivement. û:mstruisons une baso orthogonale
et normée du sous-espace En· Pour deux premiers vecteurs cboisi~sons
les vecteurs déjà construits e 1 (s) = :1:' (s) et e 2 (s) = ~: ~:~ . Le
1 1
troisième verteur e3 (s) que nous choisissons dans le sous-l'spnre E 9
doit ·~tre orthogonal au 1•lan E 2 et de même orientntion par rapport
à cc plan qui' le vecteur x"' (s). De façon analogue, une foil! choisis
les m - 1 prl!mil'rs vecteurs e 1 (s), ... , e,..- 1 (s), nous construi!'<nn~
dans le sous-espace Em le vecteur em (s) orthogonal ou sous-espare
Em- 1 et de mi'me orientation par rapport il ce sous-espace que Il"
ve<>teur x•m• (~). Ces conditions déterminent d'une façon univoqul'
272 CU. 18. COURBES OAUCHES

la base e 1 (s), . . . , en (s). Par c.onstruction, chaque vecteur em (s)


est une combinaison linéaire des vecteurs x' (s), .:r'm' (s):
em (s) = ll'l (s) x' (s) + ... +
IPm (s) x(m> (6), (1)
avec ll'm (s) > O.
L•t base e 1 (s), ••• , e,. (s) s'appelle base naturelle th la courbe L
au point M. Il va de soi qu'elle change de position avec le point M.
t 6.27. F o r rn u 1 e s d e F r é n e t. Etablissons les formules
de dérivation des vecteurs de la base naturelle d'une courbe L c R,.
]>ar rapport au paramètre s. En dérivant l'égalité 16.26(1) et en uti-
lisant la règle 12.ti1g nous trouvons
m m
e:,. (s) = .~ cpj (s) x<il (s) + A II'J (s) x<i + 11 (s), (1)
J=1 J=1
donc le voeteur e;.. (s), pour m < n, appartient au sous-espace Em+•;
par conséquent,
e;.. (s) = a, 1 (s) e, (s) + ... + amm (s) em (s) +a,, m+l (s) em+l (s). (2)
Pour m = n, la formule (2) est valable si l'on remplace e,.+ 1 par O.
ll est aisé de déduire de (1), (2) et 16.26(1) que am. m+l = CJ>m (s) >O.
Quant aux autres coeHicients dans (2), ils sont aussi faciles à calcu-
ler. Tout d'abord nous avons amm (s) """0 car la dérivée du vecteur
unitaire em (s) lui est orthogonale (16.21). Ensuite, en dérivant
l'égalité évidente (e 1 (s), em (s)) = 0 (j < m) on obtient
+
(ej (s), em (s)) (e 1 (s), e;.. (s)) = 0,
d'où
(e;.. (s), e1 (s)) = - (ei (s), em (s)); (3)
cette expression est nulle pour 1 < m- 1 puisque ej (s) E EJ+l·
Ainsi, la rolation (2) prend la formt>
e;,. (s) =am, m-1 (s) em-1 (s) +am. m+1 (s) em+l (s). (4)
Pour j = m- 1, il résulto de (3) que
a,, m-1 = (e;,. (s), e,_, (s)) = - (e;.._, (s), em (s)) = - am- 1 • m·
Posons x 1 c:: x 1 (s) = (e; (s), e1 (s)) = a 12 ; dans ce qui précède,
cette quantité est désignée par x (s). Ensuite, posons x 2 e: x 2 (s) =
= (e;, e3 ), x 3 e!l x 3 (s) = (e;, ee). etc. Nous aboutissons à un syst~­
me de formules
e; (s) = x 1ea (s),
e; (s) =- x 1e1 (s) + Xze 3 (s),
(5)
e;._, (s) = - Xn- 1e,._z (s) +x,._, (s) e,. (s),
e~ (s) = -Xn-1en-l (s)
1 16.2. COURDURE. COURBURES D'OnDRE SUI'ERJt:UR 27J

qui s'appellent formules de Frénet cuzns Rn. Les quantités

sont apptltes courbures de la courbe L au point llf d'ordre 2, 3, . . .


respecth·cmt>nt; toutes CE'S quantités sont positives par conlitruction.
La courbure deuxieme x 2 s'appelle aussi torsion de la courbe au point AI.
Dégageons le sens géométrique des coefficients Xz, ••• , x,.- 1•
L'égalité
e:,. (s) = - Xm~tfm- 1 (s)+ Xmem+t(s)
montre que ln vitesse de rotation du vecteur ~'m (s) a deux c.omposau-
t.t>s; la première ::tuivaut le vecteur em-• (s) (elle cnract~rise la rotation
du sous-espace Em dans lui~même), la seconde suivant le vecteur
e,n+l (s) (elle correspond a la rotation dans la direction orthogonale
O. Em). le coefficient xm est la vitesse do cette dornière rotalfon (angle
de rotation rapportlt à l'arc parcouru). Ainsi, la torsion est la vitesse
de rotation du plan osculateur du vecteur e 2 vers le vecteur e 3 •
Le nombre x"' peut donc être inttrprété comme vitesse de rotation
du sou~:~-e..~paco Em dans la direction orthogonale à lui-même, d!l
m.'lme que lu courbure x 1 est géométriquement la vitesse de rotation
de la tangente (16.22(2)). Tout comme cttte dtrnière définition, la
définition géométrique de Xm est plus générale que celle basée sur les
formules de Frénet et exigeant que l'espare Em+t soit non dtgénéré:
l'lie ne demande que la non-dégénérescence de l'espace Em et l'exis~
tence de ln dérivé-e x<"'+J) (s). Si ;t<m+IJ (s) = 0, l'espace Em a la vi-
ttsse de rot11tion nulle au ))Oint correspondant, ot la d~finition géo~
motrique donne pour Xm ln '"aleur nullE'..
16.28. Ca 1 cu 1 d e courbures su p é ri e ure:;. En
algèhre, ou appelle produit mixte de n vecteurs a., ...• a,. d'un
espace euclidien tt on le note la 1 , • • • , a,.) le nombre égal au volu~
me du paralll!lépipOdc n~dimensionnel construit sur ces Vl'Cteurs;
si l'on exprime les vecteurs a 1 • • • • , a .. par leurs coordonnées dans
une base orthogonale et normëe, alors le nombre la 1 , • • • , a .. l est
égal au détPrminant du n~ième ordre dont les colonnes sont formées
de:; coordonntles du vecteur correspondant [14: 8.74).
Calculons le produit mixte des vecteurs z •• x ••. .... x1"l. Pour
le laire, utilisons les formules
x.=x,t,.
x.,= ... +x,t:,
:z!."' = . · · •..•...•. + xV''t:
exprimant les dérivées ens par les dérivées par rapport à n'importe
qutl autre paramètre t; les points remplacent les vecteurs qui sont
Ill -128ti
274 CH, 18, COURBES GAUCHES

combinaisons linéaires des vecteurs déjà explicités dans les lignes


précédentes. D'après les propriétés des déterminants, on a
(1)
D'autre part, nous savons que les formules suivantes sont va·
)ables:
x,=e~o

x .. = x 1e2 ,
x ... = ... + (x,e2), ~ ..• + x,Xzes,
z~nt ~ . . . , , . . . . , . , . . . + X1 •• , Xn+len.

où les points remplacent toujours les combinaisons linéaires des


vecteurs explicités dans les lignes précédentes. D'une manière ana-
logue, nous nvons
[x,, ••• , x~"'l = x:·tx~-· .•. Xn-1le 11 ••• , en)= x~··x~-· •.• Xn-~o (2)
En comparant (1) et (2) nous obtenons l'égalité
R(IHl)
(zl• ···• z\"ll
x~-~x~- 2 ••• Xn-1 = [Xto ••• , xl"11t-,- 2- n(n+ l) (3)
)Zjl-r-

qui permet de trouver Xn-l d'après x 1, ••• , Xn_ 2 • Pour n = 2 on


a la formule de ln courbure
x,= [zr. ztrl
-rz;j3 (4)

qui parait plus simple que celle de 16.23. En réalité, la nouvelle


formule (4) n'est plus commode qu'en cas de courbe plane, lorsque
la quantité lx 1 , x 11 ) peut être mise sous la forme d'un seul détermi-
nant du deuxième ordre. Rappelons que, dans le ens général, le
carré du volume du parallélépipède m-dimensionnel construit sur
les vecteurs x,. = {x,. 1, • • • , X~n} (k = 1, . . . , m) d'un espace
n-dlmensionnel est égal à la somme des carrés de tous les détermi-
nants d'ordre m de la matrice des coordonnt!es des vecteur! x~
114; 8.73).
Pour n > 2, en divisant membre à membre la formule (3) par
la formule analogue

nous obtenons
(5)
1 18.3. DEGli!NBRESCENCE DE LA BASE NATURELLE 275

Ensuite, en divisant cette formule membre à membre par la formule


analogue
[zt. • ••• zl"- 11 1 1
)(1)(2 • • • Xn-2 = (zl, •. •' z~R-'811 1Zlln•l
nous trouvons définitivement
[ZI• ... , z\"'Jiz,, ... , z\"·••(
Xn-L = [zh • • . • "~n-hf11 Zt 1
Géométriquement, cela signifie que la courbure x,._ 1 est égale,
au facteur 1 x, 1 près, au rapport de la hauteur du
parallélépipèdt: n-dimensionnel construit sur les
vecteurs xh ... , xl"' à la hauteur du parallélépipède
(n-1)-dimensionnel construit sur les vecteurs
x, . ... , :t~n-u.
E x e rn (l l c. Trouvons la courbure et la torsion
d'une hélice dans l'espace tridimensionnel. Une hélice
(fig. 16.5) est définie par les équations
x (t) ={a cos t, a sin t, bt}.
Filf. 16.5.
En dérivant on obtient
x 1 ={-asint, acost, b}, lx,J-Va 1 +b1 ,
Xu = {-a cos t, -a sint, 0}, (x,. xu) = 0,
Xru={asint, -acost, 0}, lx, xu, x 11 ,J=a1 b.
Il en résulte d'après la formule (lt):

x.~~=~~s~bil'
Enfin, vu la formule (3), on a

§ t6.3. Dégénérescence de la base naturelle


16.31.' Dans 16.17, nous avons dllfini les sous-espaces osculateurs
E 1 c E 2 c: ... c E,. pour la courbe x = x (t) dans le cas où les
vecteurs x' (t), ... , r"• (t) existent et sont linéairement indé-
pendants. Considérons le cas où cette derni~re condition n'est pas
satisfaite.
Si les vecteurs x' (t), . . . , r"1 (t) deviennent linéairement dé-
pendants en un point t (les vecteurs x' (t), •.. , x•"-'' (t) restant
toujours linéairement indépendants), alors l'espace E,. n'existe plus,
bien que E,.. 1 continue à exister. La quantité x,. (t) perd le sens;
il en est rle même du vecteur lin· (t). On peut essayer de construire Jo
18•
276 CH. 10. COURBES GAUCHES

vecteur en (t) par continuité en passant à la limite pour ï- l dans


en (t) (lorsque x' (i), ... , x'"' (i) sont linéairement indépendants),
mais il peut s'avérer que )ps passages à la limite suivant t )" t crois-
::tauts et t \t t décroissants amènent à des \'aleurs différentes. Soit.
par exornple, C un point d'infiPxion d'une courbe plane (fig. 16.6);
alors, cu passant par Cl' poiut, le vecteur e 2 (t) sc transforme brusque-
meut eu son opposé. Nous convenons de compléter la définition des
fonctions x 1 (t) • •••• x. (t) en leur attribuant la valeur nulle aux
·points où elles cessent d'exister; cela est conforme
aux considérations de 16.27.
t6.32. E xe rn p 1 e. Une droite l'St donuée par
une équation de la forme
r,(C)
x (t) = x 0 + tz 1 • (1)
Il résulte de (1) que
x' (t) =- x 1 , x· (t) = 0, (2)
A donc le plan osculateur n'existe pas; par const'i-
Fig. 18.6. quent, la courbure d'une droite est nulle d'après
notre convcntiou.
Inversement, supposons que la courbure d'une courbe x = x (tJ
soit identiquement nulle, i.e. les vecteurs x' (t) et x• (t) soient
linéairement dépendants (et x' (t) .P 0). Montrons que c'est une
droite. Ln dépendance linéaire des vecteurs x' (t) et x· (t) veut dire
qne x• (s) = 0 car xw (s) s'exprime linéairement par x' (t) et x" (t)
et est orthogon;~l à x' (t). Alors x' (s) est un vecteur constant (d'après
le lhP<lrême démontré dans 12.61k: si la dériv6e d'une fonction
\'ectorielle est identiquement nulle, la fonction est constante) et
unitaire, comme tout vecteur de la forme x' (s). Désignons-le par x 1 ,
1 x 1 1 = 1. En intégrant l'équation x' (s) = x 1 et vu l'unicité de la
solution (qui résulte toujours du théorème 12.\Hk) nous avoM
+
x (s) = x 0 sx 1 ,
cc qu'il nous fallait.
16.33. Un cas un peu plus compliqué est une courbe sil uée
l'ntièrement dans un hypl'rplan n-dimensionnel. Cet hyperplan con-
tient tous les vecteurs x' (t), x" (t), ... , donc les vecteurs x' (t), . . .
• • • , xl"+1 • (t) sont linéairement dépendants. Par conséquent, la
courbure xn (t) ainsi que toutes les courbures suivantes sont nulles.
Montrons que la réciproque est valable: si la courbnre n-ième d'une
courbe L est identiquement nulle, alors toute la courbe L se trouve
dans un hyperplan n-dlmensionnel.
L'hypothèse veut dire que, pour tout t, a ~ t ~ b, les vecteurs
x' (t), .•. , .:z;<"H• (t) sont linéairement dépendants:
+.,. +
z<n+l) (t) = a0 (t) z' (t) an-• (t) z(nl (t). (1)
§ 10.~. oeo2N2RESCENc.E DE LA nASE NATUfli:I.LE 277

Su11110Sons que les vecteurs x' (t), . . . , x'"' (t} rt>litent linéaire-
ment indépendants sur touL l' inlet\'alll' a ~ t ~ b. 011 peut alors
montrer que tous les coefficients a~ (t) dans (1) sonL continus dës quo
ht fonction x•"+l' (t) esL continue. Eu effet, en multipliant scalaire-
ment l'égalité (1) par x' (t), . . . , x 1"' (t), 011 obtil'llt le système
d'équations linéaires par rapport aux coerFicil'nts:
(x<"+ 11 (t), x' (t)) =a 0 (t) (x~o Xt)+ ... +an- 1 (t) (xl"', x,),

Tous les coeffidents de ce système sont continus (comme produits


scalaires de fonctions coutinues), et son déterminant n'l'st pas nul
comme dc'iterrninant de Gramm d'un systèml' do vecteurs linéaire-
ment indépendants [ 14; 8. 711. Il résulte des formules de Cramer
pour )ps solutions a 0 (t), . . . , a,.- 1 (t) que ces solutions sont couti-
nuPs sur [a, bi.
En vertu de 13.65, il existe une solution y (t) de l'équation
y(n) (t) = a 0 (t) y (t) + ... +Un-I (t) y(n-1) (t) (2)

qui appartient, d'aprës 13.66, au sous-espnCI' engendra par lPs Vl'c-


teurl! Yo =y (a), . . . , Yn-t =y (R-l) (a). Noul! posons ici y 0 =
=x' (a), . . . , y,.- 1 = x 1"' (a). Comme la fonction vectorielle x' (t)
satisfait à l'équation (2) (qui donne (1) aprës la substitution x' (t) =
=y (t)) et aux conditions initiales indiquées, le vecteur x' (t) reste,
d'après 13.66, dans le snus-espace engendré par les vecteurs
x' (a), . . . , x'"' (a) pour tout t. Le vecteur
1

x (t) =x (a)+ Jx'(~) d~


Il

appartiPnt, pour tout tE la, bi, à l'hyperplan passant pnr le point


x (a) parallèlement au snus-espaee t.rou,•é. Nous avons démontré
le théorème :
Théorème. Si, pour une courbe L ={x= x (t)} dans un
espace hilbertien H et pour tout t E la, bl, lt>s vecteurs x' (1), .. .
. . . , x'"' (t) sont linéairement indépendants et les vecteurs :r.' (t), .. .
. • . , x<" +l> (t) iinéalrement dépendants, alors la courbe L appartient
à l'hyperplan ptUsant par le point x (a) et défini par lt.'s vecteurs
x' (a), . . . , x'"' (a).
En particulier, si la torsion Xz (t) de ln courbe Lest identiquement
nulle et la courbure ne s'annule pas, alors ln courbe L est plane.
278 CR. 10. COURBES GAUCHES

§ 16.4. Equatioal8 naturellel!


16.41. Etant donnée une courbe L avec le paramètre naturel s,
on peut considérer toutes ses courbures comme fonctions de s:
x 1 = x 1 (s), x~ = x 2 (s), •.. , 0 ~ s ~ s0 •

Nous admettons que les courbures s'annulent en sous-entendant


la dégénérescence décrite dans 16.31.
Si une courbe l se déduit de la courbe L par une transformation
linéaire isométrique (i.e. ~onservant toutes les distances) de l'espace
H, alors, toutes les fonctions Xm (s), m = 1, 2, ... étant complè-
tement déterminées par la métrique, elles resteront les mêmes pour
la courbe l. Montrons que la proposition inverse est valable pour
les courbes de dimension finie:
Théorème. Si, pour deux courbes Let L daM l'espace n-di-
mensionnel R,. représentées par des fonctions vectorielles n fols déri!J(Jbles,
les courbures x 1 (s), ... , x,.. 1 (s) sont continues, positives et s'expri-
ment par les fonctions identiques du paramètre naturel s, alors il existe
une transformo.tion isométrique (un déplacement complété éventuellement
par une symétrie) de l'espaceR.,. dans lut-même qut transforme la courbe
L en la courbe L.
D é m o n s t ra t i o n. Soient e1 (s), ... , en (s) la baso natu-
relle de la courbe L et f. (s), ... , ë,; (s) celle de L. Considérons un
déplacement (suivi peut-être d'une symétrie) de l'espace R,. qui
e
\ransforme la position Initiale 1 (0), ... , ë,. (0) de la base naturelle
de l en la position initiale e 1 (0), ... , e,. (0) de la base naturelle
e
de L, do sorte que 1 (0) devient e 1 (0), ... , ë,. (0) devient e,. (0).
Montrons que cette transformation de l'espace R,. transforme L en L.
Les fonctions x 1 (s), ... , x,. 1 (s) sont continues par hypothèse.
Il existe donc, vu le théorème 13.63, la solution unique du système
y; (s) = x 1 (s) y 2 (s), }
~.; (s: ~ -~ x_ ~6) y~(~):-.:(~) .y~(~) •.
1
(1)

Yn (s) = - Xn-t (s) Yn-1 (s)


avec l<'s conditions initiales
Yt (0) = el (0), .•• , Yn (0) = e,. (0). (2)

Or, d'après les formules deFrénet 16.27(5), les vecteurs e 1 (s), ...
ë. (s), .•. , ë,; (s) (après déplace-
• . . , e,. (s) ainsi que les vecteurs
ment) satisfont au système (1) av~:~c les conditions initiales (2);
1 IS.4. 2QUATION8 NATURELLES 279

par conséquent,
e 1 (s) s ë 1 (s), ... , e,. (s) ;;;;;;. ë,. (s)
d'après le thtiorème 13.63.
Désignons par x = x (s) le rayon vecteur de la courbe L et par
x (11) celui de la courbe L (après déplacement). Comme les deux cour-

i.ët(~)dÇ=x(O)+ ~.et(~)dÇ=x(s).
bes L et L ont maintenant pour origine un même point x (0), on a

x(s)=x(O)+

Ainsi, la courbe L se confond aveo la courbe L.


L~:~s
équations
x, = x 1 (s), ••. , X..-1 = X..-1 (s)

s'appellent équations naturelles de la courbe L; nous avons vu qu'elles


déterminent la courbe L dans l'espace n-dlmensionnel ll une trans-
formation linéaire isométrique de cet espace près.
16.42. Co u r b e s à co ur bur es d o n n é e s.
a. T h é o r è m e. Etant données n-1 fonctions continues quel-
conques q> 1 (s) > 0, ... , 'Pn- 1 (s) > 0 (0 ~ s ~ s 0), tL est possible
de construire une fonction vectortelle :r = x (s) à valeurs dans R.,.,
n fols continûment dérivable et telle que, pour la courbe L c Rn dlfinie
par l'éqiUltion x = x (s), les 'P~ (s) représentent les courbures respectives
en fonction de la longueur d'arc s :
q> 1 (s) = x 1 (s), , .. , 'Pn-l (s) = Xn-l (s).

b. Etablissons d'abord le lomme général suivant:


L e m me. Considérons darzs Rn l'équation vectorielle

d~~C) = A (t) y (t),


où A(t) est un opérateur antisym.ltrique (i.e. tous les éléments de
la matrice A(t)=[la,~(t)ll changent de signe psr transposition:
a,,. (t) = - aAJ (t)). La matrice rholvante o:.
est orthogonale (i.e. ·la
matrice transposée de o:.
est identique à sa matrice inverse).
D é m on s t ra ti on. Nous avons vu dans 13.38e que l'opérateur
Q:, satisfait à l'équation
dg:.
-;u-... A (t) ni
•••• (1)
280 CH. lB. COURBES GAUCHES

avec la condition initiale 9\: = 1. D'autre part, d'après 13.38d on a


Q:.Q:• = 1;
en dorivnn t cette égalité en t on trouve
dO:oglo+gl
1 10
.ml• -0
dl dr -

ou bien

d'où
da:• nlo = -••t
""""di'"" ••r
nlo
A (t).

En pnssnnt aux opérateurs adjoints on trouve [14; 7.64]


d(C 1')'
-ft-= -A' (t) (Q:•)'.
Utilisons maintenant la condition A' (t) = -A (t); nous avons
c~co'•>'
-af-- = A <t> (Q:•r.
En comparant ceLte équation avoc (1) et vu que l'opérateur (Q:•r
satisfait à la mllme condition initinle (0~)' =l' = I que Q~ nous
obtenons
(Q:•)' = !ir. (2)
en verlu de l'unicité de la solution. Or = Q:• (Q:.,-
L'égalité (2) 1•

prouve donc que Q~ est un opérateur orthogonal, co qu'il fallait


démontrer.
c. Considérons à présent le système d'équations vectorielles
y; (s) ='Pt (s) Yz (s), }

~~-(s!-: -~ ~· ~s). Y.• <_s) -~ ~~ ~s). ~s ~s): (3)


y,.(s) = - 'Pn-1 (s) Yn-1 (s)
pour lts conditions initiales
y 1 (0) = e., ... , Yn (0) = en
où e 1, • • • , e,. sont n vecteurs orthogonaux et normés quelconques
de l'espace Rn.
1 IB.4. BQUATJONa NATURELLES 281

Montrons que les fonctions vectorielles y 1 (a), ... , Yn (s) qul repré-
sentent une solution du système (3) existant dans Rn d'après le théorè-
me 13.63 sont orthogonales et normées pour touts E 10. s 0 ).
D'après le lemme b, la matrice Il WJ~ (s) Il de l'opérateur résol-
vant Q: du systome (3) est orthogonale, de sorte que
n { 1 pour j = p,
~ WJ~ (~) Wpll (s) ~ O . ...L
I-l pour 1 "t'"" p.
Nous avons
(i=1, ... ,n).
Ln base e" ... , en étant orthonormée, on a
1 pour j = p,
(Yi (s), Yp (s)) = ~ ooi~ (s) wP~ (s) = {
~
. -'-
0 pour 1-r- p,
ce qu ·il nous fallait.
Ainsi, les vecteurs y 1 (s) s'avèrent orthogonaux et normés pour
tout s E [0, sol·
d. En continuant posons
1

x (s) = Jy,(
u
a) da.

Nous obtenons une courbe L dans l'espace n-dimtnsionnel Rn. Comme


1x' (s) 1 = 1y, (s) 1- 1, le paramètres tst lu longueur d'arc de la
courbe L. Ensuite, pour tout m = 1, 2, ... , n, les vecteurs
y 1 (s), ... , y.,. (s) sont orthogonaux et normés, .rm' (s) = r/;,._ 1 , (s)
s'exprime linéairement par y 1 (s), ... , Yrn (s) d'après le syst~me
(3), le coefficient de Ym (s) étant positif (égal à ll'm-l (s)); par consé-
quent, les vecteurs y 1 (s), ... , Yn (s) sont pour tout s les vecteurs
de la base naturelle de la courbe L. Or, pour les vecteurs d'une base
naturelle on a les formules de Frénet 16.27(5)
y; (s) = x (s) y (s),
1 2
y; (s) = -x, (s) y, (s) + Xz (s) Ya (s),
Y~- 1 (s) = -Xn-1 (s) Yn (r).
En les comparant avec les équations (3) nous établissons succes-
sivement les égalités
cp 1 (s) ;;a x, (s), cp 2 (s) Si Xz (s), ••• , ll'n-1 (s) . , X..-1 (s).
Le théorème est démontré.
282 CH. lB. COURBI!S GA UCH IlS

§ 16.5. Héllc:œ
16.51.a. Dé f 1 nit ion. On appelle hélice une courbe dont
toutes les courbures sonl constantes.
b. Il est évident qu'une droite satisfait à cette définition (toutt>S
ces courbures sont nulles). Dallll un plan, une circonférence Q de
rayon R a, nous l'avons vu dans 16.24, ln courbure constante x =
= 11 R; toutes ses courbures supérieures sont nulles. Ainsi, une cir-
conférence satisfait elle aWISi à la déFinition d'une hélice. Montrons
qu'il n'existe pas d'autres hélic.es dans un plan. Si Lest une courbe
plane d'une courbure constante x> 0, nous considProns à côl~
d'elle la circonférence Q de rayon R = 1/x qui a également la cour-
bure constante ~. Alors, d'après le théorème 16.41, on peut faire
coïncider la courbe L avec la circonférence Q; donc la courbe L est
elle-mê-me une circonférence.
c. Dans l'espace tridimensionnel, l'ht>lice « classique 11 Q
x1 = a cos t, x 2 = a sin t, Xa = bt, (1)
comml' nous l'a\"ons vu dans 16.28, n la courbure ct la torsion cons-
tantes que l'on calcule d'npriis les formules
Cl b
x,= aZ+b~ • Xz= al+b2 · ( 2)

Par conséquent, Q est une hélice au sens de notre définition.


Montrons qu'il n'y a pas d'autres hélices dans Ra. Soit Lune hélice
dans Ra telle que x 1 > 0, x 2 >O. En partant de (2) déterminons
les pnramètres a et b d'après x 1 et x 2 donnés; il est aisé de voir que
x, b Xz
a= xf+xJ' = xf+xJ'
D'après a et b obtenus, construisons l'hélice (1). Sa courbure est
x 1 , sa tor.~ion x 2 • Vu le thciorèDLe 16.41, on peut faire coïncider la
courbe L avec l'hélice (1) par un dllplacement dans l'espace Ra.
ce qn'il nous fallait.

tG.:>2. Trouvons les hélices dans un œpaoo n-dlmensionnPI. Une hélicE> tians
R,. est une cnurbP pour laquelle x 1 (•) =
x., ... , "n . 1 (.t) =
x,.-\ soa~ cons-
tan les n~ non nullos. L~ vecteurs~, (s), •• ., ~n (s) satisfont an ~YSIPIDe d'équa-
tions dt> Fré1u~t 16.27(5)
"i (s) =x 1"z (s),
•i (•) = -x,~, (s) + Xz'a (•),
~;.., (•)= -Kn.z•n-2 (•)+Xn-l"n (1),
e'n (•) = -Xn-l'n-1 (•)
} (3)
1 18.8. HELICES 283

avec la matrice constante des coelflclants


0 :Kt
-:Kt 0 Kz
K=
- Kn-2 0 Kn-t
- Kn-1 0
Calculons le rang de la matrice K. En barrant la ligna et la colonne contenant
l'élément IC 1 nous abaissons la rang d'une unité, puis encore d'une unité en bar-
rant la ligne ~t la colonna contenant l'é16mont - K1 ; nous aboutissons à la
matrice
0 Ka
·-Ha 0 "'

- Kn-3 0 "n-1
-Ka.-1 0
da même structure qua la matrice initiale mais do rang inférieur de deuz unités.
En continuant la proc6d' deux possibilit.is sa pr~tent: si n = 2m est pair,
le rang vaut n; si n = 2m ;t;
1 est Impair, nous obtenons an fin da compte la
matrice unidimensionnelle d 61émant nul, par colllléqueot le rang de la matrice
initiale vaut 2m = n - t.
La matrice K est widemmeot antisymétrique: allo ebange de signa par
transposition. Utili&ons un th6o~ma connu sur la structure d'un oJ)érateur
anUsymhrique [14.; 9.4.6). Sin= 2m est pair, il eziste d•ns l'eapaco Rn une
base canonique orthonormée ..-., y 1 , • • • , z,., Ym telle quo
Kz, = 'ttllh Kzz = '~2Ya• • • ·• Kzm = 'tmYm•
Kyt ~ - ' t1z., K111 = -T2z., .•. , Kym = -'tmZm·
Pour n ~ 2m +.1, il nist.e encore un vecteur da base~ pour lequel
lU,. =o.
Comma le rang da la matrice K vaut 2m, tous les nombres 'th ••• , 'tm sont dans
la présent cas non nuls.
Parallëlement au sysüma vectoriel (3), considérons le s)'!ümo !K:alaire
ut (&)=xtl.la (1), }

U~ (~) ~ .-.K~I.It• (~}:~~~B ~&)~ [4)

u&(s)= -Kn-lun-t (•).


Il possède n •olutlons vectoriaUes linéairement ind6pendantes qui sont 1'09pec-
tivament colinéaires, pour • =O. aux vecteurs canoniques de la matrice K.
Construisons la matrice de l'opérateur risolvant ollt. En vertu de t3.t4.c
(et 13.14a), nous avons dans la base z., llh ..... Il•· ....
zm, /lm (~n):
COB ITt -sin ITt
BÏD ITt COS l'tt •• •

COS C'lm -sin l'tm


... sint'tm cœt'tm
284 CH. te. COURBES GAUCHES

Si I"on po541

ZJ=(Z)h • ··• ZJn), YJ=(YJr. · · ·• YJn),


ZJ (sl=(ZJI (s), ... , ZJn (s)), 1/J (r)=(I/Jd•) •...• 1/Jn (1)), (5)
J=f, ...• n,
Zn= (an r. · · ·• Inn),
Zn (s)=(<nl(&), ··.,Inn (s)).
e.lol'!l les fonnulœ 13.15c (et 13.154) donnent
ZJ~ (I)=CO! TJS·ZJ~ +sin TJ!•I/Jii• (k=i, ... , n, f =1, ... , IPI)
YJh (s)= -siD TJS•ZJii+COS TJS•I/J~•
Zn- (s)=•n~ (n=2m+ i).
Soit maint.enant e 1 (s) . . . . , "n (s) une solution du système (3) que l'ou pC!U~
not.er
~~ (s) = (ejr (1), ••• , "Jn (s)).

Pour JI fixo, les lonc.Uons "Jp (s) (1 = 1 •.... ") v6rifient lo sydème (4). Sou-
meUon• la wlutiou (eJp (•) 1 aux condiUons initialœ
•rt (O)=zu •... , •nr (O)=ztn•
t12 (0) =1/rt• • · · • •n2 (0) =1/tno
lts (0)=:ru, .. ·• tns (O)=z:n•
tt4 (0)=1/:t •... , eni (0)=1/:n•

trn (0)=•nh .... tnn (O)=<nn (n=2m+t).


Les vecteurs e 1 (0) •... , en (0) sont normés et ort.hngonaux (ce qui e-<t
néce.'ISIIiro pnur restituer lina couroo d'uprc\s 1~ cnurbures dnnnl!es. ttl.42e).
Nnus avons en particulier:
•r l•)=(trr (s), •.. , •rn (.•))=(ru (r), Y li (r), :ru (sl, Y:r (s), ... , (<nt (s)))=
=(CŒTtS·Zrt+SÎDTrl•l/th -SÎIITtS·%11+ CO'TtS·I/tl• .•.• (<nt)).
La quooUhS an 1 n'eJ;t considérée que pour n =- 2m + t.
En intégrant par rapport 11 • on oblient (lt"! ~.on..~tantes d'intégraLion qui
r.-présenLcnt les Lranslatrons le long de ehoquo u:e sont choisie., nulles) :
()
r • =
( sin Tts cœ Tt& cos Tr•
_T_t_ zu--T-,-y", -T-t-zu
+ -T-,-1/u.
sin Tt'
...• (•nt•)).

On peut écrire ces formules plus brièvomont:


r (r)=(Ar cos Tr (1-1 1), A 1 SÏDT 1 (•- s 1),
A, cos Tz (•- s1 ). A2 sio ~ (s -s.), ... , (Cns)). (8)
Pour n pair, n=2m, touto la courbe L se trouve évidomment sur la sphêre
:rJ+zl+z:+zl+ ... +zlm-r+zJ.,.=AJ+Af+· .. +A~;
la e<>nrbP Hl. r~rmée si tous les nombrœ T, ... , T'1 sont commensurables
(i.~. sonL de.!! mullipies ratinnnt>l~ de l'un d'eux) .-L no 'Mt pa• (et n'a pas de
poinl double) si au moins un couple rio nombres TJ· T~ n'est pas commensurable.
Pour n = 2m + l, la courbe (6) n"Mt pas bornée; olle va vers l'iufini en coordon-
née :r.,.+, lorsque 1 - +oo.
1 ltU. H2LICES 285

16.53. Hé Il e es d an !1 un es p aC· e de d i mens i o n


in fin 1 e. Notons d'abord le fait suivant. Soit Lune courbe dans Rn· Sup-
posons que. quels que soient un point donné A (origine) et un autre point P
sur cette courbe, tl existe un déplacemE>nt de l'œpaee (sui>"l peut-être d'une
symétrie) qui tra.nsform.- la courbe L en elle-même en cpnservant le sens da
variation du paramètre et t>n faisant pllliSer lo point A en P. Alors, un déplace-
mont de l'espace conaer>"ant la métrique, !.<Jutes las courbures de la courbe L
eux points A .-t P sont respecti>"omenL égales lsl la cuurbe est suffiSEUD.ment iis-
!!e). Comme la point P est arbitraire, tout('!! es courbures do la courba L sont
con~tantss; par cons4iquen\. nous avons affaire ii. une hélice. ln>"ersE~ment. quels
quo soient deux points A et P d'une hélico L donnée dans Rn, Il existe en "er\u
de 10.41 un déplacement de l'espace Rn (suivi peut-être d'une symétrie) qui
transforme l'hélice L en elle-même en conser>"ant le sen~ de >"ariation du para-
m.-Lre et en transformant la point A en P.
Ain•i, nous sommes amenés à uno nouvelle définition d'une hélice: c' sst une
courbe L que l'on p.-ut transformer en elle-même par un déplacement de l'espace
(a ...-c. peut·êtr.-, une symétrie) qui conser>"o le sens de >"ariation du paramètre
et transforme un point A donné sur L en un autre point P donné sur L. Remar·
quons que cette définition n'e:w:ige deL aucune dérivabilité. Une cnurbe L po$S6-
dant la propriété mentionnée sera dite aulacangruenlt. On peut démonLr.-r quo,
dan!5 Rn, la classe des hélices se confond avec celle des courbes autocongruentes
(d. E~xercice 2).
11 s' D>"ère que. dans un espace de dimension infinie, il ex isla des courbes
aulOt<lngruentes continues, mais sans tangente. Nous nous bornoœ ici à un seul
.-xemple de courbe autocoogruente dans l'espace hilbertien, qui est tout de même
bi.-n caractéristique.
Ex e rn p 1 e («spirale de Wiener o). Considérons l'espace H 2 (0, "")
fnrm~ des fonctions :r (T) réelles conllnues par moreeau:w: sur la demi-droitu
0 ~ T < oo dont cbacuno est nulle à l'extérieur d'un Intervalle [0, <~1 (dépen·
danL de la foncLlon z (T)). Munissons cel espace d'un produit scalaire ot d une
nonne d'ap•·ès les formulœ

(:r (T), v (T)) = I % (T) y (T) dT,

...
Il % (1:) 11 2 = ~ zZ (T) dT ;
0

los inLégralœ ont oo pour limite supérieurE>, mals en fait elles sont pri!l89 sur
un internllA fini. Pour tout 1 E [0, oo), considérons un élt?mont da l'espace
H, (0, oo) suivant la règle:
Z (l) = 1 11 '1:) -_ { 01 pour
pour 0 T .,;;: L, < (1)
- T> 1.

Lorsque t varie de 0 à ""• le point Z (1) décrit dana l'espace H 1 (0, uo) une
courbe L qui s'appelle spirale de Wiener. Cette courbe est continua (même uni·
formémont) puisque
ï
Jlz{i)-zci>U:a=J J1
1z·dTI=t't-tl.

Montrons que la courbe Lest autocoogruante. Soit un 10 , 0 < 11 < ""·Con-


sidérons la tronsformation U de l'espace H2 (0, oo) dans lui-même définie par
288 CH. 16. C011RDBe OAUCHI::9

la formule
z (T) _. Uz (T) ~ : (1 0, T) +z ('1 - t 0)

(pour T < t0 nous posons z (T - 10) = 0).


Cette transformation œt isométrique car
Il Uz(T)-Uy (T) 11'=11 z("C-1 0)-11 (T-to) 11 1 =

=
-J
(.z:("C-1 0)-g(T-to>JtdT= J(z("C)-y(T))~d'l=\lz(T)-y(T)IIZ·
Le point origino Z (0) de la courbe se confond avee le zéro de l'espace
H 2 (0, oo). La transformation U le trsnsformo en le point Z (1 0 ). Tout point
Z (1) de la courbE> L œl transformé par U en le point Z (t lo) de la même cour- +
ho. La courbE> L œt donc autocongruente.
Montrons è present que la fonction z (t) n'a pas de déride dnns l'espac&
Hz (0, uo). En effet, le vectour
Z(l+h)-Z(I) : ('1, t+h)-1 ('1, t)
(2)
h h
correspond à la fonction de T qui vaut 0 pour T 4 [1, 1 + hl et t/h pour
TE [t, 1 +hl. Sa norme est t!Vh, de sorte que le rapport (2) n'a aucune limito
lorsque h - O.
La courbe L po.s.'<ilde encore une propriété intéressante: •e& deuz cord~• quel·
canquu corru[Klndant d tkuz ïnterualles di&joint& de oorïatïon du paramètre sont
ortlwgonaler entre elles. En effet,
(Z (t+h)-Z (1), Z (:+k)- Z (•))=

= ~ (; (1 +h, '1)-z (1, T}( (z (•+ k, '1)-z (•, "C}) dT=Ü,

si les intervalles (t, t+ h) et (&, 1 +k) sont disjoints.


On peut construire de., analogues lisses de la spirale de Wiener si l'on rem-
plsce la fonction z ('1, t) de (1) par la translaüo (d un nombro t lo long de l'aze
dos T) d'une fonction d&rlvable fixe <ro (T).
Pour do tollœ courbœ lisses, on peut calculer les courbures selon nos règles
habituelles; bien entendu, toutes los cour buros sont constantes.

Exercices
1. Démontr.-r que le lieu géométrique dœ centrœ de courbure d'une hélice
dans R 3 est encorE> une hélice de même axe; 1.- lieu gé<Jmétrique de sœ centres de
courbnro est l'hélice Initiale.
2. Démontrer que toute courbe autncongruente dans Rn œt une hélice
(san!! supposer la dérivabilité continue).
3. On établit nne corregpondance biunivoque entre les points de deux cour-
bes rlan"' Rn d'une lt·.!l~ manière qu'aux points correspondants les vecteurs dœ
bas~~ naturelles sont respectivement parallèles. Soient IC~u, IC~·~ (/ ~ 1, 2, •..
" - 1) 1.-s courbures do ces courbes; montrer que
xl 11 1411 xU!,
Xi1• = ~~, :::::z • • • ==- x~a.!., ·
HISTORIQUE 287

4. La sphère œculauice m-dimenslonnelle S 11 une courbe gaucho L est


la sphère dans l'espace (m + 1)-dimensionnel dZ/ini par las m + 1 promiars
vecteurs do la basa naturelle at telle qua l'kart d'un point de la courbe L à
catte sphère a àsm+l pour ordre de J?et.itesse. Monloror que le rayon r,. rie la sph~ro
osculatrice m-dimensionne!Ia ne diminue pas avec la croissance Cie m.
5. (4 Courba da Peano t). Soit 1 "" 0 t,~ ... '"" • 11,. ••. le développa•
ment ternaire formé des symboles 0 et 2 d1un nombre tE (0, 1). Montrer qua les
fonctions :r (t) = 0, t 1t 1 • • • t.,. _, . . . et 11 (t) ~ O. ~1 4 • • • 1,_, • • • sont
définies d'une façon univoque sur l'ensemble da tous les t de formo indiquée et
qu'elles admettent un prolongement cootinu sur l'intervalle IO, f). Montrer
que la courbe r (t) ~ (z (t), '1 (1)} passe par toua les points du carré 0 ~ z ~ 1,
O~y~l.
Historique
Pour l'ospaca tridimensionnel, les équations fondamentales de ln théurie
des courbf"S sont données par Serret (f 85l) .-t Frénet (1852) ; Jordan généralise
ces équations au cas n·dimensionnel (1874). Les hélices dans Rn sont décrites
par Forsythe (1930). Les hélices autocongruentes dans l'espace hilbertien jou~ot
un rôle important dans la théorie moderne des probabilités où elles sont appelées
• pr~sus otochastiques d'accroissement.'! stationnaires • (.-t d~crivcnt certains
phénomènes réels, far exemple, la mouvement brownien, lo mouvement turbulent
de fluides, etc.; c. a ce propos 1171 et (7)). Plusieurs grands savanls d~ notro
époque, Wiener, von Neumann, Kolmogorov, M. Krein, étudient diverses
propriétés de ces courbes. Kolmogorov Indique la forme canonique d'une oourbe
autocongruente diiJls l'espace hilbertien, Kre1n découvre qu'un • arc hélir.oidal ».
i.e. une partie finie d'une courbe autocongruente, peut être prolongé de clifrér.-ntcs
façons jusqu'A former une courbe autocongruento complète et classa tous l~.s
prolungemenl.'l possibles. Les travaux des auteurs cités sur les courbes autocon-
gruenles dans l'espact' hilbertien se rapportent aux années 1939·1943.
Indications et réponses

ChapilrP 12
1. Rlponu. Oui dans les cas a) ct b), non dans le ~as c).
2. Indication. L'(ms.-mble dP toutl's les suites croissantE>!! de nombres natu-
rels a ln pulssanee du continu (chap. 2, PXPrcict' 8). Pour chaque \elle suite n 1 <
< n, < ... , choisir la fonction :r (t) E H• (!1, oo) qui vaut l'unit6 aux points
n 1 , n 2 , • • • pt E'st nulle aux autres points Pn tiare.
3. Indication. Si une fonction oxtrémale existai\, elle prondrait la valeur 1
pour 0 < :r < 1/2 et -1 pour 1/2 < :r < 1.
4. Indication. Il fau\ prouver que (z, y) v~rifia lPs uxiomc.<a du Produit sca-
lniro 12.41. Pour l'axiome 12.41d, appliqu(!r lo lomme sur la parall~logramme
aux parnllélogrommcs construits sur lœ vcctPurs z + a, y; :r - z, y; y + a, :r;
y - a. :r. P•mr l'axiomp 12.4fc, con~iclér"r d'abord a rntitli"S, puis fructiotnnal-
r~. enfin quPl~onquE"S en passant è la li mit~.
5. ludlcation. D'apri.oslP théorème de Cauchy, on a
1z
s p(a) dr- 0. C"tto
1~1
él(ahté se consPrVE' pnr le IIU<;age à la limltP.
6. Indication. Posor l" = 1] {xE Q: f (.r) = 0). Mtmtr~r quP toull' fonc-
Ier
tion 1 (:r) E R•IQ) qui est nulle au voisinage du l'cnsPmblP Jo' apparti.-nt à
l'id6al 1. Ens•utp, toula fonction f (z) E R• (Q) qui est nulle sur F ost la limite
do fonctions de l11 fonne g (.r).
7. lndlctllion. Soit 6 ';'.• 0 un n<•mbr~ IJui corrPs)l<md au nombro 1! > 0
d'oprès la rouditlon d'~quic.•mtinuité d.- la fnmrlle E; al11rs IPs vnlr.urs d.-s Jonc-
tirons :r (t) E E aux points d'un 6-rés(l8u fini du compact Q forment un 2e-
réseau précompnct pe>ur l'cmsemble E.
..
1 ~
8. lndtcauon. Sans restreindre la gfiuurallté, nn peut supposer que

....... 1-m-tl<ô quel que soit k=i. 2, D6finir une :;uite numérique

m-M
-
N 1 , Nz, ••• ct uno suite numérique k 1• k2 •

~ \'1ml<6;
~
d" façon à avoir
~
~1t,. 1 .,.J<6; ~ll~o 1 ml<c'l; ~Jt~o 1 ml<ô,
m=l ~ 1
posPr tn = t pour Nzp-r..;: n <Nzp eL - t pour N 2 p ~ n < Nzp+h p=1, 2, ...
9. lndr~atlan, Il suffit da considérer les suites z={En} JIOUr lesquelles
sup ~n = lim in= -lim in= -inf tn•
INDICATIONS ET RBPONSEB 289

tO. Indication. Utiliser le tMorème d' ..'cielté et le principe du œaximum


pour lPB fonctions analytiques.
tt. /ndkallon. L'op&ateur de multiplication par a - 1 ne peut a>'olr
pour ln>'erse que l'olll'irateur de multiplication par 1/(a - 11.
t2. Indication. On ~t tirer de 12.67 que le speetre de 'opbateur A e!lt
compo!lé par les s.ules valeurs propres gén6rolls1Ses. Ensuite, on doit déduire
(p (A) - p ().) E) zn -+ 0 de la rillatlon (A - 1E) zn -+o. 1 z,. 1 = 1 et utlll .... r
fa compacité ile p (A) et la condition p (Â)
t3. Indt<atlon. Utiliser l'exercice t2.
O.'*'
14. 1 ndttatlon. il suffit de cOlll!idérer le cas
& &
J lz(t)IPdt~ ~ IY(t)l9dl=l.
a "
ln~rer l'inégalité de Young (9.6th)
< _!_p 1:r: (t) 1~'+.!..111
1z (t) y (t) 1
'1
(t) IV.

15. I ndlcaUon. ln tégrer 1' lnégali té


Il (:r:)+g(z)fl'<;(l 1 (z) l+le (z) 1)1>.(;
<1 f(z) 1(Il (z) l+lr(z) 1)P-1 +Jg (z) 1(Il (z)+g (z) 1)P""1
et appliquer l'Inégalité de Hlllder dano le deuxième membre (exercice
18. Inditatlon. Utiliser la méthode de l'exercice 14 en remplaçant l'ln~
"l·
gratlon par la sommation.
t7. /ndt<allon. Analogie B>'ec l'exercice 15.
t8. Indication. SI Zn = (i,. 1, ••• , ~. . . . . . } E lp est de Cauchy, alors,
pour tout k ~ t, 2, .... la suito numérique t,,. (n = 1, 2, ... ) est égelemont
de Cauchy; soit k ~ 1im ~A· Pour tout a > 0, Il exleto un N tel que, quels
....... ...
quP soient n, m;;;. N, on a l'Inégalité ~ 1~" - Çml 1..; e. Rl'1llplacer Ici oo

-=·
par p, pa!!!ler lia limite pour m- oo, puis pour p - ""·
t9. Indication. En eppUquant le théorèmo d'ArzelA (12.24d) obtenir une
sous-suite uniformément con>'Brgente; en appliquant le tkéorèmc d' ArZPIA
encore une fois obtenir une suite plus raréfiée avec les dérivées uniform~ment
convergentes. etc. ; ensuite considérer la sous-suite diagonale.
20. Indlcalton. L'ensemble (z ER,.: Uzll p..; 1) n'ost pas convexe.
2t. Indl<atlon. Pour l'ensemble E c f> (Q) form~ d'uno seule fllnction
:r: (tl, on peut poser Qlt = (tE Q: ke < :r: (1) ~ (k +
1) 11). Dans le cas général,
app iqucr le critère de Rnudsdorff 3.9&.

ChRpilre tS
t. Indication. V6rlfier la condition de Lipecbltz..
2. Rlponu. (a) parabole: (b) parabole saml-cublque.
3. Indication. Utiliser l'expression du WTonskien (13.74).
4. Indltalioll, Dans une b8941 jordanienne, le système se décompose en
autant de systèmes indépendonts qu'il y a de racines caract6ristlquPS. Chaque
système est équivalent 11 une équation de la !orme ( ~t - .. 1) mu (1) - o.
Le système on entier est équivalent à l'~uotion

II (:, -1- f-u cl>=o.


~
19-221:11>
290 INDICATIONS ET REPONSES

5. Indication. Les opérateurs Q~ at Q~+r v!Srifiant une mime équation ot


une même coDdition iDiliale.
6. lndlcallon. Définir l'optirateur A (1) sur la sous-espace X 1 angeDdré par
les vecteurs u 1 (1), ••• , u, (1) par las coDditions u~ (1) = A (1) uA (IJ (k ~
= 1, •. ., n) at eur la suppMmentalre orthogonal da X 1 poser A (1) DU • Véri-
fier la cODtinuUé da A (t) BD t.
7. RlpalW!. C'est pos!ibla. ED tant qu'u:emple pour n = 2, on peut choisir
les fonctions
t• pour t> 0
111 (i)= { 0 pour t <O' 11•(1)=11•(-1).

6. RipoMe. Par exemple,


glnl (1) y•n-u (1) ••. 11 (1)
111" 1 (1) u:n-Jl (1) ••• YI (1)
-o.
lll."l (1) IIJ.n-ll (1) , , , 1/n (i)
9. lndlcattan. Pour m =
0 la résultat découla du théorèmo d'ezistonca.
EDsulte OD procède par récurrence.
tO. lndtcattan. Substitution 11 (t) =cAls (1).

11. lndktJtton. SubslilutioD 11 (1) = l: ' "'(1) tù.


~
12. lndtcatton. UDa e-presque-solution vérifia égalamaDt l'inégalité

Ill/ (1) -Il (0)- I


1

1 (B, Il (•)) "'Il< 1!1.

UtiUser la solutloD da l'exareice 11.


19. Indication. Pour lA ,;;;; 1 .,..; IA+I OD a
B
lin (I)={CE+C• -t~) A (t,.)) i-~1_. (E+A (IJ) AtJ)) llo.
0
g 0 (1)=(A(IA) n (E+A(IJ)AIJ)) llo=
;c11t-t
=A (t,.) IE+(t-IA) A (t~o)l 1 11n (t) =

=A (1 11) (E+BII (1)111 0 (1) A (1) llo (1) +CA (1) lin (t),
où las opéra.teurs 8 11 (1) et CA (1) tendent vers Z4Sro pour UD morcellamaDt illimit6
da la partiliOD U.
14, Indication. Utiliser les solutioDs des exercices 13 et 12.
U. Indication, Appliquer la m6thoda de l'ezerclce 13.
16. Indication. Ullli.sar les solutions des anrclcas 15 et 12.

Chapitre 14
1. lndtetJtton. Substituer dans les séries trouvées certaines valeurs oum6-
riquas de la variable.
%. lndktJtton. Ibid.
3. Rlpanu. (a) 1 (z) = e005 "' eos (z slo z),
(b) 1 (z) - ecou sin (z sin zl,
INDICATIONS ET RI!PONSES 291

4. lndltatian. CPt ensemble précompact possêda un seul point limita.


5. lndltatian, Appliquer la second théorème da la moyenna (n:arclca 3 du
chap. 9).
6. lndkatlon. Préciser convenablement la solullon da l'exercice 5.
7. lndttaUon. Pour n impair on a
n/2 n/n n/2
! b,.= J/(l)sinntd'= •u~ /(l)sinnldt+ Jf(l)sinntdl,
0 "'"
at il su!fi l do démontrer qua
n/n
11 = J f(t)Binnldl=~; 1{:). ~,. . . .
0
2,

n/2
12 ~ J/(l)slnnldl=-{-t{ :)+Yn• ~IYnl<oo,
~n (
Dans le premier cas on remplace nt par T, dans le deuxil\mo on Intègre par par-
..
ties avec l'application du théorème de la moyenna at da l'axorclce 16 du cha p. 7 •

8. IndicAtion. Ajouter ~ -} 1 { : ) -= "" aux eoaditlons 1)-4) da l'exer-


1
cice 7. Utiliser l'exorcice 6.
9. lndkallon. Mettre sous forma complexa la séria de Fourier pOUr la
fonction 1 (1) de l'exercice 6.
10. Indication, (zQ11 , QA) = CQn, zQ11 ) el :rQ,., pour l: < n - 1, est ua
polyn6me de degré lnMrieur Ïl n ; par eoll!4!quant, on a
:rQ,. (z) ,_ Yn+IQn+l (z) +
'\'nQn (z) +
y,._,Q,. -1 (z) (1)
avec des constantes Yn+h Yn• Yn-•· Comparer les eoefficlant.s de zn+1 , z" et cal-
culer (:rQ,., Q,. _.).
11. lndktJIItJn. Multiplier (1) par Qn (1). En remplaçaat t par z et z par 1
soustnire l'Identité obtenue de la preeêdeato. Sommer en n.
12. lndlc,.tion. La première propriété découle da l'orlhogoaallté à (1), la
deuzièma de l'orthogonalité au polynôme n
m

~=1
(z - zA) dans la supposition que

zto ... , z, soient lau.tt~les racinœ du polyn6me Q,. (1) at que m < n.

Chapitre 15
1. lndU:atlon. Ap))liquer la méthode des exercices 5 el 6 du chap. 14.
2. lndU,.tlan. Utiliser l'idée da la résolutloa de l'azercice 8 du ehap. 14.
3. Indication. Utiliser l'idée de la résoluUoa de l'exercice 9 du ehap. 14.
4. lndtctJIItJn. Vérifierl'effirmation pour les fonctiou de la elasse S (15.29a);
puis ponr la fonction f 11 (z) qui vaut f Czj pour 1z 1 .,..; N et zéro pour 1 z 1 > N
an l'approchant par les fonctions de la c asseS; effectuer le ~e à la limlla

J- 1
lorsque N ..... "".

5. lndlcAtian. Considérer l'in~le tz cp (.2:) + cp' (z) 1 dz ;;;. 0


1 com-

me trinôme du second degré par rapport au paramàtra 1.


292 INDICATIONS ET RSPONSES

6. Rlpanu. F 1 (p) t= F (p - a), F 1 (p) - pF (p),


..~
Fa(p)= ~ F(p), F1 (p)=-F'(p), Ps(P)= F(1)ds,
p

où l'lntéllrale es\ prise la long de n'importe quel r.hemin a'éloignaot à l'iofiol


dans le demi-plan Re p > y0 •
7. Rlpo"".
lllt (p)--1-' lll.(p)= l' (œ)'
p-4 pfJ.
r(œ) a
il13 (pJ = (p-a)" , Ill, (p) ""pr.j:'iiZ,

lllsCP>= pa~,.., lll 1 (p)=~arctg;


(pour P>O).
8. lndlc4lton. Poser :& = el,

Chapitre 16
1. /ndicaliora. Pour l'hélice r = [4 cos t, a sin 1. bt), l'hélice des ceotres
de courbure a b"/a pour rayon de sa projectlou sur lo plan horizootol.
2. Indlt4tiOPI. Las transformations orthogonales d autorongruence commu-
tent, donc poasèdaot une bae canonique commune.
3. Indication. Tous les rapports 1odiqués valeut dJ<'l/dJ<"'·
4. lndieation. s!'l_, c sm.
5. lndlcallon. Ut11iser les développement.! décimaux de.!! deux coordoonéœ
d'un point donoé du carré.
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[251 St. Kaczmarz und H. Steinhaus, Theorie des Orthosonalreihan, Warszawa-
Lwow 1935.
[261 V. Smlrnov, Cours du malhématiques sup6rleures, t. Ill, 2" partie, VI-t-6,
Editions de MOSl:OU 1972.
Index

Algèbre 25 Courbe
commutative 25 autocongrueote 285
de Gelfeod 115 de Pesoo 267
normée 9, 114 dans Rn 281
quotient 26 Courbure 270
Alternative de Fredholm 127 Courbures d'ordre supérieur 273
Application 147 Critère
contractante 146 d'Abel-Dirichlet 51
A ,,.,,a132 de Cauchy 51
Aacoli 132 de Woleretraes 51

lJAnach 133, 171 fl' A lemberl 2f8


Baae 13 Demi-droite de Valiroo 251
jordanienne 24 Denjoy 260
- réelle 2.-6 Dépendance lioéafre 12
naturelle 271 Déterminant de Wrooskl 164
orthonormée 82 Développement d'un vecteur suivant
Bernoulli D. 216 une base 13
Bourbaki 7 Dlnl 132, 218
BromrDich 260 Dirac 76
Dlrlchkl 216
Distance 31
Carkman 260 Diviseur rioéralisé de zéro 115
Cai"'In 280 Doetach 260
Case jordaofeooe 23 Du Boil-Reymond 218
c ..uchy 133, 171, 218, 260
Centre de courbure 271
Cercle osculateur 271 Egallté de Parseval 175
Ce1lsro 133 ElémeDt
ClaS&e inverse 25
d'équlvaleoce 15 opposé tO
s 236 Engeù 261
WM 237 Ensemble
wg 237 absolument cooveze 55
CIIISSC's quasi analytiques 250 convexe 45
Coefficients de Fourier 175 6qullibré 45
Complété J)a rt.out d eii8B 33
d'un espace hilbertien 65 Enveloppe cooveJ:e 86
- normé 53 fermée 87
Condition de Dioi 166 Epimorfhisme 16
unilatérale 189 de 'algèbre 26
Condition de Lipschitz 150 Equation(s)
d'ordre o; 186 caractéristique 144
Convolution de fooctioos 238 différBDtiell e 134
Corde 200 - linéaire homogèno 137
Corpn~ 27 - - noo homogène 188
symétrique 29 naturelles 279
296 INDEX

Espace For&ylhe 287


do Jlanecb <Il Fourlor 172, 216, 260
~mplexe 10 Frtdholm 132
dual 103 Frinol 287
do H il bort Il, 56
- eomploxe 63
métrique 9, 31 Gel/llnd 133
- compact 35 Grusm11nn 132
- précompact 35
- séparable 33
norm6 9, <11
H11hn 133
des oPéirateure linb.ires 22, 102 He~~utrllle 2UJ, 260
prehilbortlen 66 Hélice
quotient 15
réel 10 dans un espace de dimension
vectoriel 9, 10 inrinie 285
- arfino 9 dans R 1 275
dan~ Rn 282
- complexe 10 1/ilbtrl !J, 132, f33, 218
- do dimension infinio 13 1/ub•ort 218
- - P l 13
- normé 9, 41
- -- comploxe 54
- - réel 41 IdéAl 21i
- réel 10 Identité de Christoffel-Darbou:r 2f 4
c• (M) 12 lnégalit..>
de Bessol 174, 175
l!Jn (11, b) 36 de Hiilder 131
~'- 11
Kn(E) 12 do Young 229
K (E) 12 Intégrale
lp 44
do Fourier 220
- , formulo d'Inversion 220
L" (11, b) 31) multiplicative 146
L; (11, b) 39 de Poisson 241
P' (M) 33 Isomorphisme 16
R (E) 11
de l'alg~bro 26
n (E) 11
Jt" (M) 12 Jordan 287
Jt~ (M) 12
Eultr 133, 171, 218, 260
Keldycl& 137
Kolmur:orov 287
Famille séparatrice des points 66 Krotra 287
Fonction
duale 229
entière do type e:rponentlel fini La1range 171
231 Laplace 134, 216, 260
~paretrice des points 68 Legtnrlre 2f 6
à valeurs dans un espace normé Leibniz 171
61-63, 84, 86, 67, 90, 113 Lem01o eur le parallélogramme 58
Fonctlonnallo linéaire 17 Limite généralisée 110
Forœule d'inversion do Cesàro 110
de Fnur 1er 220 de Toeplitz 112
de Laplace 243 de VornnoY 112
de Mellin 260 Llp&chllz 171
Formule de Taylor 91 Ltr;chllz 133
Formules do Frêne\ 273 Longueur d'arc 261
Matrice jordanienne 2.4
INDEX
.
Principe du point fixe 147
297

réelle 24 Problème
Matrice de Wronskl 164 dll!l lsopérlmètres 195
Membrane 202 de Watson 253
Monomol']lhisme 16 Produi\
Morphisme 15 ca rtési en 16
de l'algèbre 26 de convolu\loo 238
Multiplica\lon des opéra\eurs 17 d'un opéra\eur par un nombre 17
Projec\ioo d'un vec\aur sur un sous-
espace 173
N~um11nn 218
N~um11nn von t33, 287
N~wlon 17t Rayon de courbure 271
Normo Rayon vecteur 261
d'un opéra\eur linéaire 95 Réseau linéaire 68
d'un vec\eur 41 Rten P 133
Normes équivalentes 46 Rodrtgu•• 216
Noyau
de Dirichle\ 189
de Fejér 208 &ltmldl 133
- ~ur l'Intégrale de Fourlor
2
Schwartz L 71
Série
de Fourier-Legendre 214 de Fourier 175
de Poisson 204 de Fourier-Legendre 214
de vecteurs 50
Serrt!l 287
Opéra\eur Soookv 77
compact 124 Solution
de Fredholm 20, 127 de l'équation dllléreotlelle 134.
Inverse 18 ~D6rale 134
liDNire 17 particulièro 134
- borné 94 Somme
- compac\ 12.4 directe 14
-continu M d'opérateurs 17
résolvant 152 Sous-algàbra 26
- d'une équa\ion linéaire 163 Sous-espace 14
de Volterra 1211 Invariant 111
Orthogonalisation 60 oscula\eur 265
Orthogonalité 60 propre 19
O•trov•kl 260 Spectre 27
d'un élément de l'alribre 116
d'un opérateur linéaire 121
Ptano 132 symé\rfque 211
Perpendiculaire 173 Sphère osculatrlce 287
Picard 171 Spirale de Wiener 285
Polnt(s) S IOM 132, 133
fixe 147 Sul\e(s)
ordinaire 262 coovergaote 31
singulier 262 en lorme do delta 7a
de Vallroo 250 Sulla d'opérateurs
Polynômes convergente 102
d'Hermi\e 216 fortemen\ eonvergeo\e t03
de ]açobi 216 Système orthonormé ti2
de Laguerre 216
de Legendre 211
do Tchébychev 216 TaU 172
PrBSqu&-solu\ion 170 Tangen\e 262
2!18 INDEX

Théorème Traoeforméa
d'Ar:~:elà 35 de Fourier 220
de Banach 99 de Laplace 242
de Baoacb·Steinh au9 103
de Broudno 113
de Carleman-Ostr ovskl 251 Uoitll d'une algi\bre 25
de Carleson :!07
de Fejlir 207
de Gelfaod-Ma7.u r 117 Valeur propre 19
de 1ackson 82 Kéo6rali9ée t 21
de Nikolski 209 Y11n dtr Pol 260
de Pythagore 60 Vecteur courbure 269
de Riesz 50 Vecteur nul 10
de Robinson t 14 Vecteur propre 19
de Stone 71 Vecteurs 10
de Toeplitz 111 YolUTTIJ 132 ·
de Weiar9trass 71, 72 Voronoi 133
Thonuon 172
To~tplll; 133 WeterstrtJU 132
Torsion 273 Wt ..ner 133, 287
Wro111kt 171
Table des matières

AVANT-PROPOS 5

TROISIEME PARTIE

CHAPITRES CHOISIS DE L'ANALYSE MODERNE


CHAPITRE 12. STRUCTURES PONDAMENTALF.'I DE L"ANALYSE Il
§ 12.1. Espaces vectoriels . . . 10
§ 12.2. Espaces métriques • . . . . . . . . . . . 31
~ 12. 3. Espaces vectoriels normés . . . . . . . . 41
§ 12.4. Espaces hilbertiens . . . . . . . . . . . . . . . . 56
§ 12.5. Approximations dans l'espace des fonctions continues sur
un compact . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68
§ 12.G. Dérivation et intégration da fonctions 11 valeurs dans un
espace normé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61
§ 12. 7. Opérat.eure linéaires continus . . . . . . . . . . . . 94
§ 12.8. Algèbres norméas . . . . . . . . . . . . . 114
§ 12. 9. Propriétés SJlllClrales d88 opérateurs linéaires 121
Exercices . . . . . . . . . . . . . 130
Historique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 132
CHAPITRE 13. EQUATIONS DIFFERENTIELLES ••••.... 13,
§ 13.1. Définitions at exomplos . . . . . . . . . . . . tM
§ 13.2. Théorème du poin\ rixe ............. . 147
§ 13. 3. Existence at unicité de la solution d'une équation diffé-
rentielle dans un espace normé . . . . . . . . 149
§ 13.4. Système d'équations veetoriellas . . . . . . 154
§ 13.5. Equo\ion vectorielle d'ordre !!Upérleur . . . . 157
§ 13.6. Equations a\ systèmes linéaires . . . . . . . . . . . 1511
l 13. 7. Opérateur résolvant d'une équation linéaire homol!éae 163
§ 13.8. Résolution d'une équation liMaira non homogba 166
Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 169
Historique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 171
CHAPITRE Il. DEVELOPPEMENTS ORTHOGONAUX •••••• 172
i 14.1. Développements orthogonaux duns un espace hilbertien 172
§ 14.2. Séries da Fourier clasSiqu~~ ............ . 176
1 14.3. ;:::;',!b,:nc~ ~·~n~ ~~e ~1!. •·ourier. e~ ~n. p~l~t ~\. s~r .u~ 182
§ 14.4. Autres propriétés des séries de 'fourier. Applhlallons 191
300 TABLE DES MATI2RI!.S

1 14.5. Divergence des s6riE's da Fourier at aommat.ioo généralisée 205


§ 14.6. Exemples da syslèmos orthogooauz . . . 211
Ezen:icœ • . . . . • . . . . . • . . . . . . . 216
Historique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 218
CKAPITRE U. TliANSl'ORIIIIATION DE P'OURI.ER , • • • • • • 219
§ 15.1. lotégrala da Fourier at son iuversfoo . . . 219
§ 15.2. Aulras propriét6s de l'inWgrala de Fourior 226
§ 15.3. Ezemples et applica\lons . . . . . . . . 238
§ 15.4. Trauormat.ion da Laplace ...... . 241
§ 15.5•.clall5es quasi aoalytiques de fooctions . . . 249
Ezarclces . . . . . . . . 259
Historique . . . . . . . . 260
CHAPITRE 18. COURBI!S GAUCHES 261
§16.1. Défloftlona do base . . _ . . . . . 261
§16.2. Courbure. Courbures d'ordre supérieur 269
§16. 3. Dégénéraseeoce de la base oaturelle . 275
§16.4. Equations oaturelles . . 276
§16. 5. Hélices . . . . . . . . 282
Exercices 286
Historique 287
INDICATIONS ET R:2PONSES 288
Bibliographie . . . . . . 293
Index . . . . . . . . . . 295
A NOS LECTEURS

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Imprimé eo Unloo Sovi6t.ique


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LES FONDEMENTS DE LA SIMULATION


SUR LES CALCULATEURS ANALOGIQUES
Alexandre Ourrnaev, candidat au doctorat ès sciences techni-
ques, examine la programmation des calculateurs analogiques
pour la résolution de problèmes techniques et scientifiques. Cet
ouvrage expose les principes de fonctionnement des calculateurs
analogiques et des principaux blocs opérationnels; on y trouve
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tes de probl~mes embrassant plusieurs domaines: m6canique géné-
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~sumlf des principaux ~sultaiS, des formules et l'on y ètudie en
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