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À l’école,
quand on m’a demandé d’écrire ce que je voulais être plus tard, j’ai
répondu « heureux ». Ils m’ont dit que je n’avais pas compris la question, je
leur ai répondu qu’ils n’avaient pas compris la vie.
John Lennon
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Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada
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INTRODUCTION
Après l’annonce d’un diagnostic de cancer très agressif chez notre bébé de
onze mois (un neuroblastome de stade 4 de la glande surrénale gauche), je
me suis posé la question suivante : pour quelle raison le cancer est-il devenu
si prépondérant de nos jours ? Comme c’était le premier cas de cancer dans
les familles maternelle et paternelle, je pouvais éliminer l’hypothèse d’une
mutation génétique, mais cela m’interpellait et me motivait d’autant plus à
chercher des réponses.
Encore une fois, direz-vous, si ces études sont si probantes, on l’aurait su,
non ? Eh bien, voilà, vous serez surpris d’apprendre que la très grande
majorité des études faites dans le domaine de la nutrition, notamment dans
le domaine des gras, sont bâclées et mal interprétées. Ces nombreuses
études à grande échelle n’ont jamais donné les résultats que proclament
leurs auteurs.
Cela signifie qu’infirmer une fois, c’est tout infirmer. Autrement dit,
infirmer un résultat par une étude rigoureuse démontrant d’autres résultats
suffit à remettre en question l’hypothèse de départ, que le coupable soit sa
méthodologie ou son interprétation.
Une étude a même révélé que dans 85 % des cas, les médecins répondent
incorrectement à des questions reliées aux calculs statistiques (Matthew et
McPherson, 1987). Résultat : trop souvent les chercheurs aménagent leurs
calculs statistiques de façon à ce que les résultats concordent avec leur
hypothèse.
En d’autres mots, ils n’ont pas le choix que de vouloir que leur étude ait un
résultat positif afin d’en garantir la publication et davantage de fonds de
recherche, et cette volonté peut inconsciemment faire en sorte que leur
étude obtienne un résultat favorable.
Une étude démontre que toutes les études entièrement financées par
l’industrie des boissons gazeuses ont obtenu des résultats favorables
comparativement à 63 % pour les études non financées (Katan, 2007) ; elle
conclut que les probabilités de confirmer une hypothèse sont de 4 à 8 fois
plus élevées lorsque l’étude est financée à 100 % par l’industrie.
La Dre Marcia Angell, qui fait partie de l’équipe puis devient éditrice de la
prestigieuse revue The New England Journal of Medicine (1979-2000), a
déclaré dans son livre La vérité sur l’industrie pharmaceutique que les
médecins ne sont pas équipés pour critiquer objectivement les résultats de
recherches scientifiques (Angell, 2005). Elle ajoute qu’il devient de plus en
plus rare de trouver des études bien faites, non biaisées et ne contenant pas
d’erreurs importantes. Pour cette raison, les revues scientifiques n’ont pas le
choix de publier des articles ayant des résultats douteux.
Si l’on tient compte que les médecins doivent en outre composer avec des
articles publiant des résultats faussés et les moyens considérables utilisés
par les compagnies pharmaceutiques pour les convaincre de traiter les
maladies par la prise de médicaments, le défi de renverser une hypothèse
répandue devient pratiquement insurmontable et ne saurait être immédiate.
Pour que ce genre de déclaration puisse être vrai, il faut qu’elle respecte
trois critères :
C’est pour ces raisons qu’il y a toujours plusieurs études qui essaient de
confirmer ou d’infirmer un résultat précédent. C’est le cas du cholestérol où
plusieurs dizaines d’études ont été effectuées depuis des décennies sans
jamais arriver à la même conclusion. Si une étude est bien réalisée, elle ne
devrait être répétée qu’une fois seulement en obtenant le même résultat. Par
contre, on constate que si des mêmes études ont été réalisées depuis des
décennies, c’est un signe qu’il y a un problème dans les résultats obtenus.
Les gras saturés et le cholestérol alimentaire ont été décriés depuis plus de
50 ans comme des composés à éviter comme la peste. Pourtant, il y a des
dizaines, voire des centaines, d’articles scientifiques d’excellente qualité
qui ont été publiés par d’éminents chercheurs et médecins démontrant
clairement que les gras saturés et le cholestérol sont accusés à tort et qu’ils
sont même primordiaux pour une santé optimale.
Vous comprendrez en lisant les résultats d’études que je résume ici que ce
changement majeur dans la consommation de gras par la population est l’un
des facteurs responsables de l’apparition des maladies contemporaines,
notamment les diabètes, les cancers et les maladies cardiaques. Par
exemple, un taux sanguin de cholestérol élevé est associé aux maladies
cardiaques, mais il n’en est pas la cause. La science nous dit que c’est
l’oxydation de ce cholestérol qui cause l’accumulation de dépôts graisseux
sur la paroi des vaisseaux sanguins, phénomène qu’on appelle
athérosclérose. Donc, pour confirmer l’hypothèse d’un lien de causalité
entre cholestérol et maladie cardiaque, la seule élévation du taux de
cholestérol sanguin dans une population donnée ne suffit pas.
Pour toutes ces raisons, il y a une foule de propos non fondés qui circulent
dans le milieu de la nutrition, et surtout à propos des gras. Par exemple,
l’idée qu’un régime faible en gras prévient les maladies cardiaques n’est pas
fondée scientifiquement, mais elle persiste pourtant de manière généralisée.
C’est ce qu’on appelle l’hypothèse gras = maladies cardiaques. Les
partisans de cette idée disent que les maladies coronariennes sont le dernier
stade d’un processus en trois étapes :
Il y a donc énormément d’information qui circule, sauf qu’elle est fort mal
exploitée ! C’est ainsi qu’en santé publique, des croyances ont fini par se
substituer à la science. À l’heure actuelle, on peut résumer ainsi les
recommandations alimentaires de la plupart des pays industrialisés :
Comme nous n’avons pas à présenter une alternative, mais à démontrer que
cette hypothèse est faible ou fausse, et bien qu’une seule observation
contraire suffise à l’invalider, je m’y emploie « abondamment » et de deux
manières : en montrant que les études à l’appui de l’hypothèse GRAS =
MALADIES CARDIAQUES souffrent de biais méthodologiques qui les
invalident, et en faisant état des études qui démontrent le contraire.
Même si des voix s’élèvent pour dire qu’on n’aurait jamais dû interdire les
gras saturés, aucun guide alimentaire n’en a encore pris acte. De même, peu
de médecins, nutritionnistes ou cardiologues n’osent encore révolutionner
les recommandations traditionnelles et proposer un retour à des régimes
incorporant davantage de gras saturés. La plupart s’en tiennent à des
régimes de type méditerranéen en restreignant la consommation de viandes
et de gras saturés ou à des régimes végétariens.
Mais une fois que l’on aura compris pourquoi les gras saturés n’ont pas
d’impact sur les maladies cardiovasculaires, le travail ne fait que
commencer. En manger sans crainte, oui, mais lesquels sont les meilleurs et
en quelles quantités devrait-on en manger ? On apprendra pourquoi la
consommation de sucre est davantage incriminée dans les maladies
cardiaques, les diabètes et les cancers.
Une fois que l’on aura découvert que les gras saturés n’augmentent pas le
taux sanguin de cholestérol et que le cholestérol alimentaire n’a aucun effet
sur le taux de cholestérol sanguin, il restera à comprendre le processus
conduisant aux maladies cardiaques. Une fois qu’on aura découvert
comment les huiles végétales peuvent contribuer à ce processus, il faudra
apprendre quelles huiles privilégier pour une nutrition optimale, quand et
comment les cuisiner pour réduire les risques.
Mon travail de synthèse des études sur les gras, le cholestérol et les huiles
alimentaires n’est pas inféodé à une compagnie pharmaceutique ou
agroalimentaire ; je prends la recherche scientifique pour seule réponse.
Bien sûr, personne n’est à l’abri d’une croyance ; aussi, je garde l’esprit
ouvert, je considère toutes les interprétations possibles et si je suis remis en
question, j’intensifie ma recherche et ma réflexion pour accepter le cas
échéant les faits nouveaux. En tout temps, je m‘en suis remis à la méthode
scientifique.
Je m’en tiens pour l’essentiel aux études scientifiques qui génèrent une
information neuve et exceptionnellement aux éditoriaux ou livres synthèses
de chercheurs reconnus. C’est ainsi que plusieurs des articles auxquels je
réfère ont été publiés il y a quelques années, voire quelques décennies, ce
que je trouve très frustrant, car cela signifie que plusieurs des maladies
contemporaines auraient pu être prévenues, voire évitées, depuis longtemps.
J’ai inclus les articles scientifiques et livres que j’ai lus rigoureusement
pendant plus de trois ans pour en tirer les conclusions les plus justes. Vu
que la bibliographie fait plus 50 pages, elle n’a pas été ajoutée au livre
imprimé, mais elle est incluse dans livre numérique et est disponible sur le
site de la maison d’édition. Tout lecteur motivé pourra ainsi commencer à
faire ses propres recherches, ce qui le mènera à d’autres articles et à
d’autres sites.
Ces principes m’ont permis de lever le voile sur la confusion qui a conduit
la communauté médicale à oublier les rôles physiologiques importants joués
par les gras. Ils m’ont également permis d’élaborer des recommandations.
Je suis conscient que ces recommandations sont parfois avant-gardistes,
mais je suis persuadé qu’elles seront bénéfiques.
CONCLUSION
Il est à noter que le lecteur n’a pas à tout comprendre pour tirer profit des
recommandations. Il est possible de sauter une explication biochimique et
de saisir les conclusions qui en ont découlé. Je terminerai mes chapitres par
ce qui doit être retenu pour poursuivre la lecture et quelques
recommandations, s’il y a lieu. Je l’invite donc à découvrir ce que j’ai moi-
même découvert en cherchant à comprendre le cancer de mon fils, à savoir
que la cause des maladies cardiaques — et non les facteurs associés — est
aussi la cause des autres maladies modernes que sont les cancers et les
diabètes.
Nous découvrirons ensemble à quel point les croyances alimentaires qui ont
révolutionné le régime alimentaire des pays occidentaux durant les
dernières décennies contribuent à ces maladies modernes. Nous
découvrirons que tout comme les gras saturés d’origine animale ne sont pas
nécessairement mauvais, les huiles végétales ne sont pas nécessairement
bonnes. Enfin, nous découvrirons ce que la science des gras nous
recommande de mettre dans notre assiette.
Les gras : que sont-ils ?
Deuxième chapitre
INTRODUCTION
Au plan biochimique, les graisses et les huiles sont des lipides, des
molécules organiques dont la principale caractéristique est d’être
hydrophobes, c’est-à-dire insolubles dans l’eau. La très grande majorité des
lipides fait partie du groupe des acides gras. Bien que techniquement le
cholestérol soit aussi un lipide, on le traite généralement à part, car il
appartient à la famille chimique des stérols et forme avec d’autres familles
un groupe de lipides distinct.
Les acides gras sont des chaînes d’atomes de carbone (de 1 à 26) qui se
terminent par un groupe carboxyle (-COOH) à un bout et par un groupe
méthyle à l’autre (-CH3). Grâce au groupe méthyle, ils peuvent se lier à
d’autres molécules comme le glycérol et le cholestérol. Les acides gras
constituent la structure de base des triglycérides.
FIGURE 2.1 Trois liaisons du carbone. a) liaison simple (C-C) ; b) liaison double (C=C) ; c)
liaison triple (C=C).
On doit donc faire ici un passage obligé, bien que très simplifié, par la
chimie organique afin de poser les notions essentielles à la compréhension
des bienfaits ou de la nocivité des graisses et des huiles alimentaires dont
nous parlerons dans ce livre. Comme nous tirerons les conclusions qui
s’imposent, il est possible d’aller directement aux discussions et aux
recommandations sans perdre le fil.
2.1.1 Saturé et insaturé
Lorsqu’une et une seule paire d’électrons est partagée (C-C), on dit que les
liens sont saturés. Lorsque plus d’une paire d’électrons est partagée (C=C
ou C=C), les liens sont insaturés. On les dit monoinsaturés lorsqu’ils ne
comportent qu’un lien insaturé, et polyinsaturés lorsqu’il y en a plus d’un.
À la figure 2.2, on enlève les carbones à l’intersection des segments pour
faire ressortir la double liaison des liens qui les rend insaturés.
Les acides gras à l’état naturel se classent selon ces trois catégories :
saturés, monoinsaturés et polyinsaturés. Il existe une quatrième catégorie,
celle des acides gras trans, mais ces acides gras sont le résultat
d’interventions humaines sur les gras insaturés.
FIGURE 2.3 Configuration cis et trans d’acides gras isomères
Ces deux géométries ne sont possibles que lorsqu’il y a des liens insaturés
dans la molécule. Donc, seuls les gras mono et polyinsaturés peuvent avoir
une configuration trans. À titre d’exemple, la figure 2.4 présente les
configurations de trois acides gras à 18 carbones : l’acide stéarique, l’acide
oléique et l’acide linoléique :
— l’acide stéarique est un gras saturé ; comme il n’a aucun lien insaturé, il
ne peut avoir ni configuration cis ni configuration trans ;
FIGURE 2.4 Configuration de trois acides gras de 18 carbones. a) acide stéarique, sans lien
insaturé ; b) acide oléique, à un lien insaturé ; c) acide linoléique, à deux liens
insaturés.
Les acides gras à chaînes courtes sont ceux ayant moins de 8 carbones. Ces
acides gras sont présents dans le beurre, l’huile de noix de coco, de palme et
de noix de palme. Ils ont une température de fusion relativement plus basse
que les deux autres classes. Les acides gras à chaînes courtes ont des
propriétés antiseptiques.
Les acides gras à chaînes moyennes ont entre 8 et 12 carbones. Les acides
gras à chaînes courtes et moyennes ne sont pas entreposés dans les réserves
de graisse corporelle. Ils ne se retrouvent pas non plus dans les
chylomicrons, ces lipoprotéines (protéine attachée à une ou plusieurs
molécules de gras) qui se forment durant la digestion (section 2.2.5D).
Les acides gras à chaînes longues ont entre 14 et 26 carbones. Il existe une
très grande variété d’acides gras monoinsaturés et polyinsaturés à longues
chaînes.
Par exemple, la formule pour l’acide oléique, ce qui est le nom générique de
la molécule, s’écrit ainsi :
18 :1 cis 9
où
18 = nombre de carbones dans la chaîne
1 = nombre de liens insaturés
cis = configuration de la molécule
9 = position du lien insaturé
2.1.5 Oméga
C18 :1n-9
où
n-9 = position du premier lien insaturé à partir du groupe méthyle
L’acide oléique est donc un oméga-9. L’acide alpha linolénique, de formule
18 :3n-3, est un oméga-3 et l’acide linoléique, de formule 20 :4n-6, est un
oméga-6 (section 2.2.2).
2.1.6 Triglycérides
Si les triglycérides sont composés d’acides gras saturés, ils sont sous forme
solide. Par contre, s’ils sont composés d’acides gras insaturés, ils sont
liquides. Les triglycérides sont utilisés par l’organisme comme une réserve
importante d’énergie, ils servent au transport des gras dans l’organisme, aux
molécules (vitamines et nutriments) liposolubles qui y sont associées. Ce
sont des précurseurs pour la production de phospholipides, les lipides des
membranes cellulaires, et de l’acétyl-CoA, une molécule à l’œuvre dans la
production de cholestérol.
2.1.7 rancité
La rancité est une notion importante en nutrition, car elle traduit non
seulement une altération de la saveur et du goût de l’aliment, mais sa
dégradation biochimique, donc sa possible toxicité ou nocivité. C’est un
terme réservé aux matières grasses et à tout aliment qui en contient.
Avec ces notions en tête, il sera plus aisé de comprendre quels sont les
divers types de gras utilisés en nutrition et leurs propriétés, soit :
Un acide gras saturé est un acide gras ayant des atomes de carbone
totalement saturés en hydrogène. Chaque carbone porte le maximum
d’hydrogène possible. On ne peut pas ajouter d’hydrogène à la molécule ;
elle est saturée, donc linéaire. Toutes les liaisons entre les carbones sont des
liaisons simples (C-C).
Les acides gras saturés font partie de la composition des graisses animales
(lait, fromage, beurre, viande, lard, etc.) aussi bien que de certaines huiles
végétales, telles l’huile de coco et l’huile de palme. Comme ils sont
linéaires, ils ont tendance à être solides à température ambiante. Les gras
saturés sont également stables à haute température et ne deviennent pas
rances lorsqu’ils sont chauffés.
Dans la Nature, il n’existe aucun acide gras à l’état pur, donc qui soit
totalement saturé ou insaturé. Il y a toujours un mélange d’acides gras
saturés et insaturés dans des proportions variées. Le fait d’appeler un gras
animal saturé est inapproprié et tout simplement incorrect.
Par exemple, le gras du bœuf contient 54 % de gras insaturés, le lard en
contient plus de 60 % et le gras du poulet 70 % ! Si on classait les gras
alimentaires selon la proportion des divers acides gras qu’ils contiennent,
les gras animaux seraient parmi les gras insaturés.
Fait intéressant : 454 g (1 lb) d’un de ces gras saturés a 100 kilocalories de
moins que la même quantité d’huile de soya. Les gras saturés sont donc
moins caloriques que les huiles végétales !
Un acide gras monoinsaturé est un acide gras qui comporte une seule
liaison double carbone-carbone (C=C). Il a donc une courbure à l’endroit où
il n’est pas saturé. En conséquence, les molécules ne s’emboîtent pas
aisément les unes dans les autres. Elles sont donc liquides à la température
ambiante, mais deviennent solides quand elles sont réfrigérées.
TABLEAU 2.2 Acide oléique (oméga-9) dans les gras animaux et végétaux
Un acide gras polyinsaturé est un acide gras qui comporte plusieurs doubles
liaisons carbone-carbone. Il possède donc des courbures à chaque endroit
où la molécule n’est pas saturée. Les acides gras polyinsaturés ne
s’emboîtent pas vraiment les uns dans les autres et ils sont liquides, même
réfrigérés. Les gras polyinsaturés sont très fragiles et produisent des
molécules toxiques (gras trans, radicaux libres) lorsqu’ils sont chauffés,
soumis à l’oxygène ou transformés en industrie.
2.2.4 cholestérol
Le cholestérol est un gras naturel produit par le foie chaque fois que notre
corps en a besoin, donc quand c’est nécessaire. On en trouve aussi dans des
aliments, mais uniquement dans les produits d’origine animale : c’est le
cholestérol alimentaire. Il n’y en a pas dans les huiles végétales, les
céréales, les noix et les graines.
Contrairement aux autres gras, le cholestérol n’est pas utilisé pour produire
de l’énergie. Il sert de molécule de base pour produire d’autres molécules
ou comme structure des membranes cellulaires. Une autre différence est que
le cholestérol se compte en milligrammes dans la nourriture, alors que les
autres types de gras peuvent se compter en grammes. « Sans cholestérol »
ne signifie pas « sans matières grasses ».
Les cellules de notre corps maintiennent leur forme grâce à une membrane,
appelée membrane plasmique. Cette membrane protège la cellule tout en lui
permettant des échanges avec le reste de l’organisme. La membrane
plasmique est constituée d’une double couche de phospholipides. Les
phospholipides sont composés de deux acides gras (hydrophobes) attachés à
une molécule de phosphate (hydrophile). Par conséquent, les acides gras se
placent face à face et les phosphates pointent vers l’extérieur, créant ainsi la
double couche de la membrane cellulaire (figure 2.7). Cette membrane, de
consistance similaire à l’huile d’olive, est fluide et bouge continuellement.
Sans cholestérol, les membranes des cellules seraient trop « molles » et les
cellules ne pourraient plus fonctionner normalement. On évalue qu’environ
50 % de la membrane cellulaire est constituée de cholestérol. Le cholestérol
est aussi présent dans les membranes internes de la cellule, notamment celle
de la mitochondrie, centre de la production de l’énergie.
Le cholestérol des aliments n’est pas digéré, en ce sens qu’il n’est pas
dégradé en plus petites particules comme le sont les triglycérides. En
général, environ 50 % du cholestérol consommé est absorbé par les
intestins.
D. Cholestérol et lipoprotéines
En tant que lipide, le cholestérol n’est pas soluble dans le sang. Il doit donc
s’associer à des lipoprotéines qui y sont solubles pour être transporté dans
tous les endroits de notre corps qui en requièrent. Les lipoprotéines se
composent couche de phospholipides et de cholestérol libre, d’un cœur
formé de divers lipides et d’apoprotéines. Ces dernières sont des protéines
qui se lient aux récepteurs cellulaires des lipides et du cholestérol, ce qui
permet de donner ou de prendre des molécules de gras ou de cholestérol ;
elles déterminent donc à quel endroit de l’organisme les gras sont échangés.
Lipoprotéines LDL et HDL. Les LDL et les HDL sont très différents. Les
LDL contiennent environ 20-25 % de protéines, tandis que les HDL en
contiennent entre 40-55 %. Entre 60 et 80 % du cholestérol sanguin est
transporté par les LDL, alors que 15 à 20 % est transporté par les HDL. Le
reste est transporté dans d’autres types de lipoprotéines. De plus, les
particules LDL sont constituées de plus de 80 % d’oméga-6, de quelques
points de pourcentage d’oméga-3 et de cholestérol (Rader, 2007). Les LDL
sont donc les transporteurs des oméga à toutes les cellules du corps. Pour ce
qui est des oméga-3, on trouve l’ALA dans les triglycérides, les esters de
cholestérol et en très petite quantité dans les phospholipides, l’EPA dans les
triglycérides, les esters de cholestérol et les phospholipides, et le DHA dans
les phospholipides.
Quand les cellules de notre corps ont suffisamment de cholestérol, les HDL
prennent le relais et ramènent l’excédent au foie pour qu’il soit évacué à
travers le système digestif. Les deux composantes de ce système (LDL et
HDL) sont essentielles pour maintenir un apport en cholestérol adéquat aux
cellules et maintenir l’équilibre du cholestérol sanguin.
Il existe deux catégories d’acides gras qui sont relativement rares dans la
nature : les acides gras à chaînes carbonées impaires et à chaînes branchées.
Les acides gras à chaînes carbonées ont un nombre impair de carbones : 13,
15, 17 ou 19 carbones. Ce type de gras n’existe pas chez les végétaux. Ils
sont produits par plusieurs microorganismes présents chez les ruminants. Ils
se retrouvent le plus souvent dans le lait et les tissus adipeux animaux. Ils
sont aussi présents en petite quantité dans le lait humain, chez certains
animaux et poissons.
Les acides gras à chaînes branchées représentent une quantité minime des
gras animaux, marins et microbiens. Ceux qui ont les deux branches de la
même longueur sont nommés acides iso, alors que les autres qui ont des
longueurs de chaînes différentes sont appelés acides anteiso. L’acide gras le
mieux connu de cette catégorie est l’acide phytanique.
Les acides linoléiques conjugués (ALC) sont aussi connus sous le nom
d’acides ruméniques parce qu’ils ont été identifiés originalement chez les
ruminants, où on les trouve presque exclusivement. L’acide vaccénique,
précurseur des acides linoléiques conjugués, est un acide gras trans naturel
de 18 carbones, dont le lien trans est en position 11. On le nomme acide
vaccénique.
Comme les acides linoléiques sont des oméga-6, on pourrait penser qu’il
suffit de consommer des ACL pour que notre corps les convertisse en
oméga-6. Ce n’est pas le cas. Seuls les ruminants ont la capacité nécessaire
de le synthétiser. Néanmoins, le corps humain peut en produire une petite
quantité à partir de l’acide vaccénique.
Des autorités de santé publique ciblent les gras animaux comme sources de
gras trans nocifs. Cela relève de l’ignorance. L’acide vaccénique présent
dans les produits laitiers et autres aliments provenant des ruminants ne
présente pas les risques des gras trans industriels. Au contraire, il a de
nombreux effets bénéfiques (section 3.5.3).
Comme ils ont également les propriétés physiques des acides gras, ils sont
devenus omniprésents, car on les utilise pour améliorer la texture et la durée
de vie des aliments transformés.
C’est l’acide gras ayant un lien trans en position 9 qui a été le plus étudié,
et partant, reconnu comme créant des problèmes de santé lorsqu’il est
consommé. De récentes études ont démontré que les liens trans en position
10 et 12 entraînent aussi des problèmes de santé.
Les gras trans sont chimiquement considérés comme polyinsaturés, mais ils
n’ont aucunement les mêmes fonctions biologiques (chapitre 3).
On estime que les Américains consomment en moyenne autour 10 g de gras
trans par jour, ce qui est catastrophique. Au Canada, il y a eu des efforts
pour limiter les gras trans, sauf que l’on confond gras trans d’origine
naturelle et industrielle, restreignant ainsi à tort la consommation de
viandes. De plus, la réglementation sur l’étiquetage permet de dire qu’il y a
0 % de gras trans quand il y a moins de 0,2 g d’acides gras trans par
quantité de référence et par portion déterminée, empêchant ainsi
l’évaluation de la consommation totale de gras trans pour une personne ou
une population données.
CONCLUSION
Il est à retenir que les acides gras se distinguent par les liaisons entre les
carbones qui les constituent (saturés, insaturés), la longueur de leur chaîne
de carbone (courtes, moyennes et longues) et la configuration de leur chaîne
(cis et trans).
Depuis des décennies, on a diabolisé les gras animaux en les associant aux
gras saturés dits nocifs et au cholestérol. Or, tous les gras animaux ne sont
pas saturés et tous les gras saturés ne sont pas d’origine animale. On
recommande de consommer des oméga, c’est-à-dire des acides gras mono
et polyinsaturés ; les graisses animales contiennent de bonnes proportions
d’oméga.
Le cholestérol est un gras naturel que le foie produit quand c’est nécessaire.
Il fait partie intégrante de la membrane de nos cellules et est essentiel au
bon fonctionnement du foie, du cerveau et de la moelle épinière. On trouve
du cholestérol dans les aliments d’origine animale ; le cholestérol
consommé n’a pas d’effet sur le taux de cholestérol sanguin.
À la lumière de ces quelques notions sur ce que sont les gras, on pourra déjà
mieux comprendre certaines recommandations alimentaires : par exemple,
pourquoi certaines huiles sont meilleures que d’autres pour la friture.
Les fonctions biologiques des
gras
Troisième chapitre
INTRODUCTION
Les gras sont importants pour établir une réponse immunitaire maximale.
En outre, quelques recherches indiquent que les gras limitent les maladies
auto-immunes (Rosedale, Westam et Konhilas, 2009).
Une alimentation riche en gras est spécialement importante pour les enfants.
Le gras constitue 53,5 % des calories du lait maternel qui se divise en 25,8
% de gras saturés, 21,3 % de gras monoinsaturés et 6,4 % de gras
polyinsaturés. Les bébés qui ne reçoivent pas une quantité adéquate de gras
courent le risque de voir apparaître des troubles du développement, tels une
plus petite taille et un plus petit poids. On observe le même phénomène
chez les adolescents. Pour ces raisons, la Société canadienne de pédiatrie
recommande de ne pas limiter la consommation de gras jusqu’à ce que la
croissance soit terminée (Dreon, Fernstrom, Williams et Krauss, 2000).
Enfin, les enfants qui suivent un régime pauvre en gras possèdent des
lipoprotéines de faible densité (LDL) de très petites tailles (Snijder, Van der
Heijden, Van Dam et coll., 2007) ; or, la petite taille des lipoprotéines LDL
est associée aux problèmes cardiaques.
Il est vrai que la digestion des gras est plus lente ; c’est ainsi que le corps
assure une production d’énergie constante pour éviter que le foie et les
tissus adipeux aient à en produire. Cette production d’énergie à partir des
gras est très efficace et permet de faire des réserves de gras.
Chaque livre de graisse corporelle fournit 4 000 kcal d’énergie. Pour une
personne de 68 kg (150 lb), les réserves d’énergie sous forme de gras
équivalent à environ 12-15 kg (25-35 lb). Si cette réserve était sous forme
de glucides, elle équivaudrait presque au double, soit de 22 et 32 kg (50, 70
lb) pour une même quantité d’énergie. Donc, au lieu de peser 150 livres,
cette personne pèserait 79-81 kg (175-185 lb). On peut raisonnablement
conclure que le corps humain est conçu pour développer des réserves de
gras dans le but de fournir le maximum d’énergie avec le poids le plus léger
possible.
Une étude suédoise a clairement démontré que les enfants qui mangeaient le
plus de gras (animaux) étaient moins à risques d’être obèses que ceux qui
consommaient le plus de sucres (Garemo, 2006). Voilà une démonstration
parmi de nombreuses autres que les gras ne sont pas la cause de l’obésité.
Il est clair que les gras consommés ne sont pas entreposés dans les réserves
de graisse corporelle ; ils sont plutôt directement utilisés pour produire
l’énergie (par oxydation) ou des molécules dont le corps a besoin (Murray,
2003). En fait, une consommation de gras inhibe la lipogenèse, c’est-à-dire
la production de nouveaux gras par les cellules.
B. Conversion sucres-gras
Il faut aussi savoir que les gras ne peuvent pas être convertis en sucres
responsables de l’accumulation de graisse corporelle. En fait, les glucides
sont responsables de l’excès de poids de quatre façons :
Il est faux de penser que tous les aliments sont utilisés pour fournir de
l’énergie. Une bonne partie est utilisée pour remplacer les structures
endommagées des cellules. Il en est de même pour les gras. Une bonne
proportion des gras forment les membranes et autres structures de la cellule.
Lorsque le corps est aux prises avec un excès de protéines et de gras, il les
utilise pour produire de l’énergie (Batterham, 2008).
Une alimentation élevée en protéines aide le corps à brûler les gras (Grieb,
2008). En effet, la carnitine, un acide aminé non essentiel abondant dans les
produits animaux, est requise pour brûler les gras. Donc, il est important
d’ingérer des protéines en même temps que des gras tout en limitant la
quantité de glucides.
Savoir comment s’utilisent les excès de gras dans notre corps est essentiel
pour comprendre pourquoi la consommation de gras n’entraîne pas de gain
de poids. Il y a deux écoles de pensée : l’une croit que la biochimie
humaine est directement contrôlée par les lois de la thermodynamique et
qu’en vertu de la première loi, celle de la conservation de l’énergie, tout
excès de gras est mis en réserve. La deuxième école de pensée a démontré
que ces lois ne s’appliquaient pas à l’organisme humain et qu’au contraire,
l’excès de gras augmente le métabolisme, donc fait perdre du poids.
Cette limite vient de ce que le corps commence à puiser dans ses propres
réserves de graisse corporelle lorsque la quantité de glucides est inférieure à
100 g par jour. On ne peut donc discréditer les régimes faibles en glucides
sur la base de cette recherche.
Assez étonnamment, les auteurs déclarent que les régimes élevés en
glucides diminuent le taux sanguin du cholestérol à haute densité (HDL),
soit le bon cholestérol. En somme, cette étude démontre que les régimes
élevés en glucides tendent à favoriser le développement de maladies
cardiaques !
Je voudrais ici prendre l’occasion de faire une petite parenthèse sur le gain
de poids. La leptine est une hormone sécrétée par les tissus adipeux qui
dicte au cerveau le moment où on doit s’arrêter de manger. Donc, si le
signal transporté par la leptine ne se rend pas au cerveau, le corps ne sait
pas quand arrêter de consommer, ce qui prédispose à l’obésité (Banks et
coll., 2004 ; Nonaka et coll., 2004). Ce phénomène s’appelle la résistance à
la leptine, étant donné que le cerveau ne reçoit plus le signal. Cette
résistance à la leptine est aussi impliquée dans le développement du cancer
(Cao et coll., 2010). Mais qu’estce qui empêche le signal de se rendre au
cerveau ? Il y a deux hypothèses.
Comme on l’a vu, les gras saturés sont très stables, ils ne deviennent pas
rances. Il est important de savoir que le corps peut les fabriquer : les gras
saturés ont des rôles si indispensables dans le corps que peu importe la
quantité consommée, le corps est équipé pour en produire efficacement à
partir d’autres molécules pour ne pas en manquer. Par exemple, les acides
palmitique et stéarique sont fabriqués à partir de sucres et de protéines. Ces
deux gras sont par la suite transformés en acides gras monoinsaturés, dont
l’acide oléique, un oméga-9.
Pour ceux qui ne comprennent pas pourquoi le corps produit des gras
saturés, la raison est fort simple : c’est que plus de la moitié des acides gras
des phospholipides composant les membranes cellulaires sont faits de gras
saturés. Il est donc primordial pour les cellules d’en avoir en permanence
pour assurer l’intégrité des membranes des cellules. De plus, ils
interviennent dans une variété de processus physiologiques du corps.
Ils sont également nécessaires pour une bonne santé osseuse, ils protègent
le foie contre les produits toxiques (comme l’alcool et le Tylenol) et ils
diminuent les risques d’attaques cérébrales (Kravchenko et coll., 1983).
Enfin, les gras saturés assurent une absorption maximale des vitamines et
minéraux dans les intestins et rendent les cellules intestinales plus flexibles
(Lawson et Kummerow, 1979 ; Cohen et coll., 1986a ; Mead, 1986 ; Cha et
Sachan, 1994 ; Nanji et coll., 1995 ; Gerster, 1998).
Les acides gras saturés sont très importants pour la signalisation cellulaire
(Enig, 2000). Pour connaître ce qui se passe autour d’elle, la cellule possède
des récepteurs dans sa membrane lipidique (figure 2.7). Ces récepteurs
captent des signaux qui sont ensuite transmis à l’intérieur de la cellule et par
la suite au noyau. Ces récepteurs sont couplés à certains types de gras
saturés. Sans ces gras, les récepteurs ne peuvent plus fonctionner
correctement, ce qui perturbe la cellule créant ainsi des problèmes de santé.
Par exemple, des chercheurs ont découvert que si les lymphocytes ne
possédaient pas suffisamment de gras saturés (acides palmitique et
myristique), le système immunitaire ne pouvait plus se défendre aussi
efficacement.
Les gras saturés ont un rôle crucial dans le transport et la conversion des
oméga-3 en EPA et DHA (Gerster, 1998). En effet, le corps a besoin de
l’enzyme delta-6 désaturase (D6D) pour transformer les oméga-3 et -6 en
leurs dérivés respectifs.
Or, il est démontré que les gras saturés maximisent l’activité de la D6D
(Fan et Chapkin, 1998 ; Hornych et coll., 2002). L’absence de gras saturés
dans l’alimentation réduit de 40 à 50 fois la conversion des oméga-3 en
DHA et EPA (Enig, 2000).
Donc, sans gras saturés dans l’alimentation, les oméga ne peuvent pas être
utilisés efficacement par le corps. Les gras saturés semblent aussi empêcher
l’absorption des gras trans par les intestins (Meyer et coll., 2001 ; Salmeron
et coll., 2001). De plus, les gras saturés maintiennent en place les oméga
dans les membranes cellulaires, permettant ainsi aux oméga d’assurer les
transferts d’oxygène à l’intérieur des cellules.
Comme les gras saturés sont très stables, ils ne font pas appel aux
antioxydants pour les métaboliser, ne causent pas le cancer et n’irritent pas
la paroi des vaisseaux sanguins. Il y a donc plusieurs bénéfices reliés à la
consommation de gras saturés. Les acides gras saturés stéarique et
palmitique, que contiennent le beurre et le suif, sont la nourriture préférée
du cœur (Cranton, 1984). Le beurre biologique contient des quantités
appréciables de minéraux et de vitamines liposolubles qui protègent contre
le développement des maladies cardiaques et du cancer.
Dans les années 1970, des chercheurs canadiens ont déclaré que notre
alimentation devait contenir au moins 25 % de gras saturés (Reiser, 1973).
Des recherches, apparemment venues contredire ces conclusions, se sont
révélées entachées d’erreurs. Par exemple, pendant plusieurs années, les
scientifiques qui étudiaient les effets physiologiques des gras saturés
utilisaient des gras saturés produits par hydrogénation (Reiser, 1973).
Aujourd’hui on sait que ce procédé industriel produit des gras trans. Donc,
pendant toutes ces années, ils étudiaient en fait les gras trans et attribuaient
les effets nocifs observés aux gras saturés.
Une autre étude affirme que les gras saturés causent des dommages au foie
(Wang et coll., 2006). Les résultats de l’étude démontrent que le sucre de
table et l’huile de lard affectent le foie de façon négative. Une personne qui
ne s’y connaît pas en gras croit que le lard est riche en gras saturé et peut en
venir à la même conclusion que les auteurs de cette étude. Sauf que le lard
est composé de 60 % de gras monoinsaturés. En plus, l’huile de lard, par
définition, est une huile composée principalement d’oléine. L’oléine est de
l’acide oléique (oméga-9) relié à une molécule de glycérol. Donc, la
conclusion de l’étude aurait dû être que l’oméga-9 cause des dommages au
foie. Il serait surprenant que les gras saturés causent des dommages au foie
lorsqu’en fait, ils sont reconnus pour le protéger contre les effets toxiques
de l’alcool (Enig, 2009).
Une autre recherche incrimine les gras saturés (Chatterjee et coll., 2009).
Dans cette étude, les souris ont été nourries avec une alimentation typique
de l’Amérique du Nord. L’alimentation comprenait du babeurre déshydraté
(31 %), de la caséine (20 %), du sucre de table (34 %) et de la fécule de
maïs (15 %). Les auteurs ont observé que les souris ayant cette alimentation
développaient de l’inflammation dans leurs artères. Ils ont conclu que le
gras saturé du babeurre était coupable, sans jamais émettre l’hypothèse que
les 49 % de sucre de cette diète, sous forme de sucre raffiné et de fécules,
pouvaient en être la cause…
Ce que l’on reproche au cholestérol et aux gras saturés, c’est leur capacité à
obstruer les artères par le dépôt de plaques lipidiques, connues sous le nom
d’athéromes. Les athéromes sont des accumulations de divers éléments :
lipides, glucides, sang et produits sanguins, tissus adipeux, dépôts calcaires
et autres minéraux. Ce phénomène appelé athérosclérose peut, s’il
s’aggrave, conduire à des maladies cardiaques.
Saviez-vous que les personnes qui ont un taux sanguin de cholestérol bas
développent autant de plaques artérielles que celles qui ont un taux élevé ?
Étonnant, n’est-ce pas ? Des groupes de chercheurs ayant analysé le
contenu de ces plaques ont découvert qu’elles sont composées d’environ 75
% de gras polyinsaturés altérés et non pas de gras saturés d’animaux, de
palme ou de noix de coco (Smith, 1991a). Toutefois, ces plaques lipidiques
contiennent une petite fraction de cholestérol. Les chercheurs ont montré
que le cholestérol présent dans les plaques servait à réparer les vaisseaux
sanguins endommagés.
Le foie libère également dans le sang des particules d’HDL qui sont
composées de l’apoprotéine apoA-1 et d’une membrane de phospholipides.
Les deux phospholipides des HDL sont le plus souvent la
phosphatidylcholine et la sphingomyéline (Peskin, 2008c) qui ne
contiennent pas une partie centrale contenant des gras.
La Lp(a) est une fraction des particules LDL qui s’associe avec une
protéine appelée apolipoprotéine (a) ou apo(a) (à ne pas confondre avec
l’apoA présent dans les HDL. En d’autres mots, apo(a) réfère à la protéine,
alors que Lp(a) réfère à la protéine liée au LDL. L’apo(a) lie les particules
LDL qui contiennent aussi l’apoB-100. Tous les LDL contiennent une
molécule d’apoB-100, alors que l’apo (a) se retrouve dans une fraction des
LDL. Le taux sanguin de Lp(a) est directement lié au taux de
phospholipides oxydés, qui sont les premiers à être oxydés dans les
particules LDL. Les particules LDL oxydées sont associées presque
exclusivement avec la Lp(a).
Les prostaglandines (PGE) sont des molécules fabriquées par le corps pour
contrôler l’inflammation, la pression artérielle, l’élasticité des vaisseaux
sanguins et l’agrégation des plaquettes sanguines, parmi tant d’autres. Les
prostaglandines 1 et 2 sont fabriquées à partir de l’acide arachidonique
(AA), un dérivé de l’oméga-6, alors que les prostaglandines 3 sont
fabriquées à partir des oméga-3 (figure 3.1).
Les acides gras AA et DHA sont les seuls à être considérés comme
essentiels étant donné que le corps en a absolument besoin. Toutefois, la
meilleure façon de s’en procurer est par le biais de la nourriture qui en
contient des quantités appréciables, tels le foie, l’œuf et le beurre provenant
d’animaux élevés en pâturage, ou de la consommation d’huiles végétales
non raffinées (en très petites quantités) qui contiennent des oméga-3 et -6
que le corps peut convertir en AA et DHA selon ses besoins.
Le DHA est la plus abondante des molécules dans les structures lipidiques
du cerveau, alors que l’EPA n’y est pratiquement pas présent. Plusieurs
études démontrent en outre que l’EPA n’est pas une molécule naturelle pour
le corps et ne devrait pas s’y trouver. En effet, les produits animaux
terrestres n’en contiennent que des quantités minimes. Cependant, l’EPA
peut être converti en DHA lorsque la consommation d’oméga-6 est faible,
et celle de la vitamine B6 élevée.
Il est intéressant de savoir que dans les cellules cancéreuses, l’enzyme D6D
est complètement inactive. Se basant sur cette observation, les scientifiques
ont noté que l’ajout d’AGL tuait les cellules cancéreuses et non les cellules
normales avoisinantes. Rappelons en passant l’importance des gras saturés
pour stimuler l’activité de la D6D et la production d’AGL (Fan et Chapkin,
1998 ; Hornych et coll., 2002). Bref, l’acide gras AGL est important pour
prévenir l’arthrite, les maladies cardiaques, les métastases, pour diminuer la
pression sanguine et favoriser la perte de poids (Horrobin, 1993 ; Meigs et
coll., 2000).
Enfin, les oméga-6 sont essentiels pour améliorer, voire éliminer les
symptômes du diabète. En effet, il est important pour les diabétiques
d’inclure quotidiennement dans leur alimentation une petite dose d’AGL
(Erasmus, 1993). L’AGL est synthétisé à partir de l’oméga-6. Par contre,
chez les diabétiques, la production d’AGL est beaucoup moins efficace.
Pour ces derniers, il est essentiel de se supplémenter avec de l’huile
d’onagre ou de l’huile de bourrache (section 4.3.11).
L’hydrogénation des gras est un procédé qui utilise et crée des produits
toxiques (Erasmus, 1993). Tout d’abord, les graines utilisées pour faire
l’huile sont généralement contaminées par des pesticides et des herbicides.
Les graines sont broyées et chauffées à une température élevée. Elles sont
ensuite traitées avec des solvants organiques toxiques. Toutes ces étapes
mènent non seulement à la perte de minéraux, de vitamines, à la formation
de gras trans et de radicaux libres, mais à l’apparition de produits toxiques
dans les produits finis.
Les restaurants de type restauration rapide (fast food) sont reconnus pour
être des sources majeures de gras trans dans notre alimentation, et c’est
pour cette raison qu’il faut à tout prix les éviter. Une étude réalisée par le
Consumer Reports, l’équivalent de l’Association pour la protection du
consommateur au Québec, démontre qu’il y a énormément de gras trans
dans les frites de plusieurs chaînes de restauration rapide. Les auteurs de
l’étude ont montré que les gras trans contenus dans les frites varient de 2,5
à 6 g selon le restaurant. Des études ont démontré que la malbouffe
augmente le risque d’obésité (Patterson et coll., 2013) ainsi que le risque
d’eczéma et l’asthme (Ellwood et coll., 2013).
C’est largement publicisé maintenant, les gras trans sont à éviter. Mais
quelles sont les perturbations physiologiques qui ont conduit à cette
indispensable prudence ? Lorsqu’on ne fournit pas suffisamment d’oméga
au corps pour qu’il puisse les incorporer dans la membrane cellulaire, il
utilise ce qu’il a sous la main. Bien souvent, le corps utilise alors soit
l’oméga-9 ou les gras trans quand il n’a pas le choix (Masotti et coll.,
1988). Comme l’hydrogénation détruit certaines caractéristiques des gras
polyinsaturés dont nos cellules ont besoin, ces gras trans s’y substituent et
interfèrent avec les processus physiologiques
Les gras trans sont incorporés dans la membrane cellulaire dans la même
proportion que ceux consommés (Chiuve et coll., 2009). Par contre, une
fois qu’ils se retrouvent à cet endroit, les gras trans perturbent les fonctions
normales des cellules. Une étude réalisée par un groupe de chercheurs de
l’université de Harvard a clairement démontré que peu importe la quantité
consommée, les gras trans sont la cause de nombreux problèmes de santé,
notamment les maladies cardiaques (Willett, Stampfer, Manson et coll.,
1993 ; Mensink et Katan, 1990 ; Kritchevsky, 1982 ; Kummerow, 1979).
En effet, les gras trans augmentent le cholestérol sanguin total (somme des
particules LDL et HDL) de 20-30 %, indiquant qu’ils provoquent un stress
sur les vaisseaux sanguins (Roubos, 1997). Ils augmentent également le
niveau sanguin de la lipoprotéine Lp(a), un excellent marqueur d’éventuels
problèmes cardiaques (Enig, 1984). La Lp(a) est une molécule LDL
possédant une protéine en plus, l’apoprotéine A (apoA). Au contraire, sous
l’effet de l’oxydation, la Lp(a) est désactivée, ce qui la rend très athérogène,
ce qui signifie qu’elle stimule l’apparition plaques d’athéromes. C’est que
la Lp(a) oxydée colle plus facilement aux parois des vaisseaux sanguins
créant ainsi l’apparition de plaques artérielles.
Comme le décrit Enig, une sommité dans le domaine des lipides, les gras
trans interfèrent avec la transformation des oméga-3, -6 et -9 en d’autres
types de gras (Kritchevsky, 1969 ; Enig et coll., 1978 ; Elson et coll., 1981 ;
Kummerow, 1983 ; Kummerow, 1986 ; Mensink et Katan, 1990 ; Teter et
coll., 1990 ; Willett, 1992 ; Siguel et Lerman, 1993 ; Ascherio et coll.,
1994 ; Mann, 1994b ; Mann, 1994a ; Siguel, 1995 ; Bakker et coll., 1997 ;
Kohlmeier et coll., 1997 ; Pietinen et coll., 1997 ; Oomen et coll., 2001 ;
Odegaard et Pereira, 2006 ; Peskin, 2006 ; Mozaffarian et coll., 2007 ; Sun
et coll., 2007).
Les oméga servent à fabriquer une vaste gamme de molécules et les gras
trans inhibent les fonctions de plusieurs enzymes nécessaires à ces
transformations. Par exemple, les gras trans inhibent l’enzyme 5
désaturase (2H), qui sert à la production de l’acide arachidonique à partir
d’oméga-6. Cette même enzyme sert aussi à la production de l’EPA à partir
de l’oméga-3. Les gras trans interfèrent avec la delta-6 désaturase (D6D)
qui est nécessaire à la conversion des oméga-3 et -6 en leurs dérivés,
aggravant ainsi la déficience en ces oméga dont souffre la population.
Non seulement les gras trans diminuent-ils la quantité de gras dans le lait
maternel, mais leur présence y est alarmante. Les gras trans peuvent
constituer plus de 17 % des gras présents dans le lait maternel, et ce, aux
dépens des oméga, mettant ainsi le développement optimal de l’enfant en
péril (Osso et coll., 2008). En effet, la présence de gras trans dans le lait
diminue la vision des bébés, la présence d’oméga dans le cerveau et
augmente les risques pour l’enfant de développer une résistance à l’insuline
(Enig, 2000 ; Holman, Johnson et Ogburn, 1991). De ce fait, il est
fortement conseillé aux deux parents d’éviter de consommer des gras trans
durant la conception, la grossesse et l’allaitement (Nelson, 1998).
G. Autres perturbations
Lorsque l’on mange des gras trans, ils tendent à remplacer l’acide
palmitique, ce qui perturbe la fonction du surfactant. En effet, il a été
démontré que les gras trans causent l’asthme chez les jeunes (Dhaka et
coll., 2011).
Rappelons que l’acide vaccénique, l’acide gras trans naturel produit par les
ruminants, et les acides linoléiques conjugués (ALC) dont il est le
précurseur, ne sont pas associés à une augmentation du risque de maladies
du cœur ou de toutes autres maladies (Gaullier et coll., 2004 ; Gaullier et
coll., 2005 ; House et coll., 2005a ; House et coll., 2005b ; Navarro et coll.,
2006 ; Zabala et coll., 2006 ; Whigham et coll., 2007). Au contraire, ils sont
bénéfiques pour la santé.
En effet, des études démontrent que ces gras nous protègent de certains
types de cancer, préviennent la formation des métastases, réduiraient le
risque d’obstruction des artères, stimuleraient le système immunitaire,
protégeraient contre les maladies cardiaques et nous aideraient à perdre du
poids (Chin, 1992 ; Parodi, 1997 ; Kelly et coll., 1998 ; Hubbard et coll.,
2006 ; Kelley et coll., 2007 ; Alibin et coll., 2008 ; Norris et coll., 2009).
Une quantité aussi minime que 0,5 % d’acides gras conjugués permet de
réduire les risques de cancer de plus de 50 %. Les ALC se retrouvent dans
le gras animal provenant de bétail nourri avec de l’herbe, en plein air, c’est-
à-dire élevé de façon biologique en pâturage (Enig, 2008).
Une méta-étude est venue confirmer ces effets positifs sur la santé tout en
soulignant la nécessité d’autres études pour en préciser le mécanisme
(Gebauer et coll., 2011).
Notons que le gouvernement canadien poste sur son site internet que les
viandes et produits laitiers contiennent de petites quantités de gras trans,
sans distinction, sans mentionner que ces gras trans naturels n’ont pas les
effets nocifs des gras trans issus de procédés industriels.
Au Canada, la confusion entre gras trans et gras saturés est totale. En date
d’août 2016, dans le Règlement sur les aliments et drogues, on peut lire que
« les critères s’appliquant aux allégations relatives aux acides gras saturés
sont liés à la teneur en acides gras trans de l’aliment ». Pour que les
étiquettes portent la mention « sans acides gras saturés », l’aliment doit
contenir selon le cas :
CONCLUSION
Il est à retenir que les sucres sont bien davantage nocifs pour la santé, y
compris la santé cardiaque, que les gras saturés. Ils sont également
responsables du gain de poids, et non les gras totaux ingérés, car si les gras
ne peuvent se transformer en sucres, les sucres se transforment en gras. Il
est important d’ingérer des protéines en même temps que des gras tout en
limitant la quantité de glucides.
INTRODUCTION
J’aborde ici les différents types de gras et d’huiles que l’on retrouve dans
les épiceries. Je décris brièvement leurs caractéristiques ainsi que certains
avantages et désavantages dus à leur consommation.
S’il arrive parfois qu’il y ait une augmentation de gras trans dans les huiles
de friture, c’est que les aliments destinés à la friture sont préfrits avec des
huiles partiellement hydrogénées. Lors de la friture, les gras trans des
aliments précuits sont libérés dans l’huile à frire, ce qui laisse croire à la
production de gras trans.
On entend souvent dire que l’huile de soya hydrogénée n’est pas aussi
saturée que les gras tropicaux, comme l’huile de noix de coco, de palme et
de noix de palme, trois gras d’origine tropicale reconnus pour être
hautement saturés. Après hydrogénation, l’huile de soya contient plus de
gras à longues chaînes « saturées » que ces gras tropicaux, qui contiennent
plus de 65 % de gras à chaînes de longueur moyenne, majoritairement
monoinsaturés. Comme les gras monoinsaturés ne sont habituellement pas
hydrogénés, ils ne contiennent pas de gras trans.
Il est important de comprendre que les gras disponibles sur le marché sont
toujours un mélange de gras saturés, monoinsaturés et polyinsaturés dans
des proportions variées. Les gras d’origine animale ne font pas exception.
4.2.1 Lard
Les suifs plus populaires sont faits de graisse de vache et d’agneau. Ces
gras sont très stables et ne deviennent pas rances. Ils sont souvent utilisés
pour la friture et donnent un bon goût aux aliments. Ces aliments
contiennent moins de gras que s’ils étaient frits dans de l’huile végétale.
Les proportions des acides gras sont très similaires dans le suif d’agneau. Il
contient 5 % d’acide myristique, 24 % d’acide palmitique, 2 % d’acide
palmitoléique, 25 % d’acide stéarique, 33 % d’acide oléique, 4 % d’acide
linoléique, 1 % d’acide linolénique, 2 % d’acide margarique (17 carbones)
et autres acides gras à chaînes impaires. Il contient 2 mg/ kg de vitamine E.
4.2.3 Beurre
Le beurre est l’un des plus vieux gras de source animale utilisés. En
Amérique du Nord, le beurre est produit majoritairement à partir du lait de
vache. Mais il peut être produit à partir d’autres ruminants, comme la
chèvre, la brebis et le chameau.
Le beurre contient aussi des acides gras linoléiques conjugués qui sont
connus pour leurs propriétés anticancéreuses. Pratiquement tous les gras du
beurre sont soit saturés ou monoinsaturés, ce qui le rend idéal pour la
cuisson. En effet, ces types de gras sont résistants à la chaleur. De plus,
comme l’huile de noix de coco, le beurre contient des acides gras à chaînes
moyennes et à chaînes courtes. Ces derniers stimulent le système
immunitaire contre les microbes. Le beurre biologique contient la bonne
proportion d’oméga-3 et d’oméga-6. Enfin, le beurre est directement utilisé
par nos cellules pour produire de l’énergie (Fallon, 2000).
Le beurre conserve ses propriétés et ses nutriments s’il n’est pas dénaturé
par les hautes cuissons. C’est pourquoi on recommande l’utilisation du
beurre frais et dans les pâtisseries, mais pas dans la friture.
4.2.4 Margarine
En 1991, un article du Nutrition Week publie une étude révélant que les
consommateurs de margarine ont deux fois le taux de maladies cardiaques
(Enig, 2000). On observe que la consommation de beurre a fortement
diminué au cours du XXe siècle et que la consommation de margarine a
augmenté (figure 4.1). De plus, la croissance des maladies cardiaques
coïncide avec la courbe de l’augmentation de la consommation de
margarine (figure 4.2).
Enfin, la consommation totale de gras, ce qui inclut tous les types de gras,
n’a pas augmenté, mais diminué au cours des dernières décennies (figure
4.3). On peut donc raisonnablement conclure que la margarine, et non les
gras, est directement impliquée dans le développement des maladies
cardiaques.
FIGURE 4.2 Consommation de beurre et margarine au cours du XXe siècle (avec la permission
du Dr Stephan Guyenet)
FIGURE 4.3 Absence de lien entre la consommation de gras totaux et le taux de maladies
cardiaques (permission du Dr Stephan Guyenet)
Il ne faudrait donc pas se laisser leurrer par ces nouvelles margarines « sans
gras trans ». Elles sont faites à partir d’huiles oxydées connues pour être
impliquées dans les maladies cardiaques.
Récemment, les producteurs de margarine ont porté leur attention sur les
stérols végétaux. Le stérol est l’équivalent du cholestérol, mais chez le
règne végétal. Le stérol végétal est connu pour diminuer le taux de
cholestérol sanguin. C’est pour cette raison que certains producteurs de
margarine l’incorporent dans leurs produits. Par contre, ces molécules
végétales ont des effets secondaires assez importants. Une étude démontre
que la consommation de stérols végétaux a un impact négatif sur la santé et
augmente le taux de décès à un âge plus jeune (Tilvis et coll., 2011). De
plus, ces stérols augmentent le risque de maladies cardiaques, raison pour
laquelle les gens consomment de la margarine en premier lieu
(Bhattacharyya et Connor, 1974 ; Salen et coll., 1985 ; Beaty et coll., 1986 ;
Stalenhoef et coll., 2001 ; Katan et coll., 2003 ; Weingartner et coll., 2009).
Les fabricants ont aussi eu l’idée d’ajouter des stanols aux margarines pour
faire baisser leur teneur en cholestérol. Il en résulte une graisse alimentaire
nocive dont le produit ajouté diminue le cholestérol, ce qui en augmente
encore davantage la nocivité.
À partir des années 2000, les résultats de recherche sur la nocivité de la
margarine s’accumulent (Ramsden et coll., 2013 ; Chowdhury et coll.,
2014). Selon les statistiques américaines (USDA), la vente des margarines
tombe sous celle du beurre en 2005 pour la première fois depuis des
décennies ; en 2017, elle continue de chuter pendant que celle du beurre fait
l’objet d’une remontée. Durant la décennie 2005-2015, aux États-Unis, la
consommation annuelle de beurre par personne augmente de 2,2 à à 2,6
kg/ha. Au Canada, elle se maintient entre 2,7 et 2,9 kg/ an de 2010 à 2015,
et ce sont les Québécois qui en consomment le plus. Par comparaison,
durant ces mêmes cinq ans, la France se maintient autour de 8,0 kg/ha,
l’Allemagne de 6,0 kg/ha et la Suisse de 5,4 kg/ha.
Avec la crainte des gras saturés s’est développé un préjugé favorable envers
les huiles végétales. Elles sont loin d’être équivalentes ou leurs préparations
toujours inoffensives ; il faut toujours se rappeler que ce sont des huiles
raffinées et qu’elles ont tendance à rancir. Bien connaître leurs avantages et
désavantages permettra de faire des choix judicieux d’achat et d’utilisation
dans la cuisine.
Vu que ces huiles sont hautement polyinsaturées, donc instables, il faut des
antioxydants pour les stabiliser, ce à quoi sert la vitamine E qu’elles
contiennent. En effet, leur teneur élevée en acides gras polyinsaturés les
rend très vulnérables à l’oxydation. Comme la vitamine E est un puissant
antioxydant, elle les empêche de rancir, d’où l’intérêt d’utiliser des huiles
les moins raffinées possible : elles contiennent tous les éléments nécessaires
à leur protection, et si elles sont bien entreposées, elles les conserveront.
Des études ont démontré, par exemple, que le risque de donner naissance à
un bébé de faible poids augmente avec la consommation d’huiles végétales
(Ratnayake et Chen, 1996) et que les huiles végétales sont une cause
majeure du cancer du sein (Pearce et Dayton, 1971 ; Wynder et Reddy,
1975 ; Welsch, 1992 ; Connolly et coll., 1997). Les huiles utilisées étaient-
elles rances ? Avaient-elles été fabriquées par de hautes températures et de
hautes pressions ? Difficile de dire si les résultats observés étaient causés
par la rancité, la présence de toxines, ou la composition des huiles
végétales.
Il n’y a aucun mal à consommer des huiles extraites, mais il faut s’assurer
qu’elles ont été extraites d’une façon préservant leurs propriétés, sans la
création de produits toxiques. L’expression pressée à froid (expeller
pressed, cold pressed) indique que l’huile a été extraite sous pression, sans
dépasser la faible chaleur requise (la température maximale est réglementée
en Europe) et sans utilisation de solvant.
L’industrie du canola nous dit que son huile est la meilleure pour la santé,
sur le marché à l’heure actuelle. Les promoteurs de cette industrie nous
vantent les atouts de l’huile de canola en disant qu’elle est riche en oméga-9
et oméga-3 et qu’elle est pauvre en gras saturés. Tous les critères pour
prévenir les maladies cardiaques. Mais des études démontrent qu’elle est
loin d’être l’huile miracle pour une santé radieuse.
Dans les années 1960, l’industrie des huiles faisait face à un grave
problème. Les huiles de maïs et de soya, qu’elle vendait, étaient loin d’être
bénéfiques pour la santé, causant même le cancer (Downey, 1964). Elle
s’est donc tournée vers une huile riche en gras monoinsaturé. À l’époque,
l’huile monoinsaturée la plus connue était l’huile d’olive tout autant que ses
effets sur la santé cardiaque. Mais l’huile d’olive était trop chère pour
l’industrie alimentaire. Elle s’est donc tournée vers l’huile de canola.
Cette huile a une teneur très élevée en acide érucique, une molécule créant
des lésions au niveau du cœur. Le problème a été résolu lorsque des
chercheurs canadiens en génétique végétale ont créé une plante ayant une
faible teneur en acide érucique et une teneur élevée en gras monoinsaturé
élevé (Trenholm, 1979).
Mais ce que l’industrie ne dit pas, c’est que l’huile de canola n’a rien de
parfait et est au contraire contre-indiquée pour la consommation humaine.
Cette huile contient des traces d’acide érucique. L’acide érucique, une fois
consommé, est connu pour créer des lésions au cœur. Une étude canadienne
a démontré une association entre l’huile de canola et la formation de lésions
cardiaques (Kramer et coll., 1982). Étonnamment, les auteurs de cette étude
ont découvert que la formation des lésions était causée par les oméga-3 de
l’huile et non pas à l’acide érucique. Les oméga-3 de l’huile ou les gras
trans dérivés de l’oméga-3 seraient donc responsables des problèmes
cardiaques.
Par contre, ils ont aussi observé que la consommation de gras saturés en
même temps que l’huile de canola (comme les acides stéarique et
palmitique) protégeait contre la formation de lésions. Donc, la formation de
lésions au niveau du cœur n’est pas due aux contaminants de l’huile de
canola comme l’acide érucique, mais plutôt à un déséquilibre de la
consommation de gras dû à sa teneur élevée en oméga-3 (Sauer, 1997 ;
Kramer et coll., 1998 ; Innis et Dyer, 1999).
Toutes ces études confirment que l’huile de canola n’est vraiment pas
souhaitable pour la consommation humaine. Sa consommation est associée
à la formation de lésions cardiaques, à une déficience en vitamine E, à une
diminution de la production de plaquettes sanguines et à une diminution de
l’espérance de vie d’un modèle animal créé pour avoir une pression
artérielle élevée.
Bref, l’huile de canola est à éviter pour une bonne santé cardiaque. En
outre, il semble que l’huile de canola retarde le développement des enfants,
et dès lors la FDA américaine interdit son utilisation dans la fabrication de
lait en poudre pour bébés. Quand des gras saturés sont ajoutés dans
l’alimentation, les effets néfastes de l’huile de canola semblent être mitigés.
Une autre conclusion tirée des études est que les effets néfastes causés par
l’huile de canola sont dus à la présence d’oméga-3 et non à celle de l’acide
érucique.
Avec la venue de l’industrialisation, la production des huiles végétales est
devenue tout à fait différente de celle pratiquée antérieurement. En gros,
l’huile est extraite de la plante à haute pression et à haute température tout
en utilisant des solvants. Il en résulte donc une huile ayant des traces de
solvants (souvent l’hexane).
L’huile de canola a une teneur très élevée en oméga-3 et même plus que les
huiles de soya ou de maïs. La quantité de gras trans dans l’huile de canola
peut atteindre jusqu’à 4,6 %, mais le gouvernement canadien assure qu’il y
a dans celle-ci, moins de 0,2 % de gras trans (Horrobin, 1978 ; Pala et coll.,
2001). L’industrie alimentaire à la possibilité de mentionner 0 % si la
quantité de gras trans est inférieure à 0,2 %.
La quantité de gras trans importe peu, car une étude de Harvard (États-
Unis) démontre que les gras trans ont les mêmes effets néfastes sur la santé,
peu importe la quantité ingérée. Par contre, plus on en absorbe, plus ces
effets néfastes se font sentir rapidement.
Donc, le dogme voulant que les oméga-9 soient nécessaires pour assurer
une bonne santé cardiaque doit être nuancé, surtout lorsque la
consommation d’oméga-9 est importante.
L’huile d’olive provient du fruit de l’olivier (Olea europæa). Elle est l’une
des plus anciennes huiles utilisées par l’homme. Elle est largement utilisée
en Grèce, en Italie, au Portugal et en Espagne. Il est intéressant de savoir
que plusieurs de ces arbres sont vieux de 100-150 ans !
Les olives sont pressées entre des pierres ou des rouleaux d’acier ce qui en
expulse l’huile. La première pression (à froid) donne l’huile appelée vierge
qui est considérée comme la meilleure qualité. Ensuite, plusieurs autres
pressions sont effectuées pour extraire le maximum d’huile, mais ces étapes
supplémentaires donnent des huiles de qualité inférieure. L’huile d’olive
vierge est généralement foncée et possède une saveur typique. Elle est
souvent utilisée dans les salades et dans la nourriture méditerranéenne. Elle
contient des quantités importantes d’antioxydants (caroténoïdes et différents
composés phénoliques) parce qu’elle n’est pas extraite avec des solvants
organiques. Dès lors, elle est très stable et devient difficilement rance.
L’huile d’olive a tendance à favoriser le gain de poids (Scalfi et coll., 1991).
L’huile de maïs est extraite à partir des germes de la plante. Cette huile est
par la suite raffinée, désodorisée et dépourvue de ses acides gras. Cette
huile est typiquement de couleur jaune. Elle est relativement stable malgré
sa teneur élevée en acides gras insaturés. Plus de 50 % de l’huile de maïs
est produite aux États-Unis.
C’est une des huiles les plus onéreuses sur le marché, mais elle devient
difficilement rance si elle est manipulée avec précaution.
Ces graines ressemblent beaucoup aux graines de tournesol, mais elles sont
à moitié plus petites. La graine brute contient environ 36 à 43 % d’huile.
Elle est obtenue par pressage ou par extraction par solvant organique.
Cette huile était la première huile végétale à être utilisée aux États-Unis ; de
nos jours, elle se classe au 3e rang mondial après les huiles de soya et de
maïs.
L’huile de graine de coton est considérée comme une huile stable pour la
cuisson, surtout pour la friture. Ceci est dû à sa teneur élevée en gras saturé.
L’huile de sésame provient des graines d’une plante qui croît dans les
régions tropicales.
Cette huile est de plus en plus utilisée de nos jours à cause des effets
supposés bénéfiques des oméga-3 qu’elle contient. Environ 50 à 60 % du
gras contenu dans les graines est l’acide linolénique. À cause de sa teneur
élevée en oméga-3, elle est facilement oxydable et donc endommagée par
l’oxygène. Il faut donc la manipuler et l’entreposer avec soin. Cette huile
n’est pas recommandée pour la cuisson.
L’huile de germe de blé non raffinée contient des quantités très importantes
de vitamine E, mais elle est aussi riche en acides gras polyinsaturés, la
rendant très facilement oxydable et endommagée par l’oxygène.
Typiquement, cette huile contient 13 % d’acide palmitique, 2 % d’acide
stéarique, 19 % d’acide oléique, 60 % d’acide linoléique et 5 % d’acide
linolénique. Elle contient 2 615 mg/kg de vitamine E.
4.3.17 Huile de foie de morue
La noix de coco et ses dérivés contiennent des composés qui sont très
bénéfiques pour la santé de l’homme. Ces composés se retrouvent dans le
gras de la noix de coco, ainsi que dans l’huile qui en est extraite. Ces gras
sont des types gras saturés. L’acide laurique, le principal gras de la noix de
coco, possède des propriétés uniques qui sont reconnues depuis très
longtemps par l’industrie du cosmétique.
Il est donc utile de traiter plus en détail des avantages de la noix de coco et
de ses dérivés.
Les produits comestibles issus de la noix de coco, comme la noix de coco
déshydratée, l’huile et le lait, sont des sources importantes d’énergie, de
nutriments et de bons gras. L’huile de noix de coco est préférentiellement
utilisée pour produire de l’énergie plutôt que d’être stockée dans les
réserves de graisse corporelle (Enig, 2002).
Étonnamment, ces acides gras ne semblent avoir aucun effet sur les
bactéries bénéfiques tapissant les parois intestinales (Prior et coll., 1981 ;
Blackburn, 1989 ; Mendis, 1989 ; Mendis et Kumarasunderam, 1990 ;
Kaunitz, 1992).
Comme la noix de coco est extrêmement riche en gras saturés, elle a été
accusée à tort d’être parmi les causes de problèmes cardiaques. C’est
pourquoi la noix de coco et ses dérivés ont pratiquement disparu du marché.
Mais depuis quelques années, ils reviennent sur les tablettes de nos
épiceries.
Dans les années 1980, l’organisation américaine CSPI (Center for Science
in the Public Interest) a commencé une attaque contre les huiles tropicales.
À cette époque, tout comme aujourd’hui, l’industrie menait une lutte
acharnée contre les gras saturés et le cholestérol dans le but de promouvoir
ses huiles végétales.
L’huile de palme, aussi appelée huile de palme rouge, est extraite par
pression à chaud de la pulpe des fruits du palmier à huile. Elle est l’une des
plus importantes huiles dans le monde tant pour l’alimentation que pour la
fabrication de produits comme le savon.
La production de cette huile est la plus efficace par acre de terrain. Les plus
grands producteurs de cette huile sont la Chine, la Malaisie, l’Indonésie, le
Nigéria et le Zaïre. Ce fruit est composé de 30 à 70 % d’huile. Les fruits
sont cueillis à la main. Ils sont ensuite fermentés, bouillis et pressés ce qui
fait que l’huile flotte à la surface, facilitant sa récupération. Cette huile est
rouge orangé et a une saveur prononcée. Elle contient des quantités
importantes de carotène (précurseur de la vitamine A) et d’antioxydants
comme la vitamine E. Elle a des propriétés intéressantes pour la pâtisserie,
ce qui fait qu’elle est fortement utilisée en Europe.
Comme son nom l’indique, l’huile de noix de palme provient des graines
décortiquées du palmier à huile. Donc, cette huile est un sous-produit de la
production de l’huile de palme. Elle est souvent extraite par pression et par
l’utilisation de solvants organiques.
4.4 ŒUFS
L’œuf est parmi les aliments, sinon l’aliment le plus nutritif. Il contient des
quantités importantes de protéines (6 g par œuf), de vitamines B, E, A et D,
de zinc et de fer (l’œuf contient 11 éléments nutritifs essentiels). Il contient
aussi de la lutéine et de la zéaxanthine (deux molécules importantes pour la
santé des yeux), de la choline (importante pour le cerveau) et d’autres
éléments nutritifs (Ascherio et coll., 1996 ; Esrey et coll., 1996 ; Hu et coll.,
1997 ; Hu et coll., 1999b ; Greene et coll., 2005 ; Katz et coll., 2005 ;
Fernandez, 2006). Bref, c’est un aliment complet.
Lorsqu’il y a allergies aux œufs, le blanc est très souvent responsable, car il
contient des protéines et antigènes complexes. Je recommande donc de ne
pas consommer de blanc d’œuf cru.
Malgré tout, il est donc important de consommer de 2 à 3 œufs par jour. En
outre, une consommation régulière d’œufs aide à perdre du poids,
démontrant encore une fois que le gras n’est pas responsable du gain de
poids (Villaume et coll., 1986 ; Pelletier et coll., 1996).
La haute teneur en gras et en protéines des œufs permet d’être rassasié plus
longtemps, ce qui incite à diminuer la consommation de glucides, la vraie
cause du gain de poids (chapitre 3). La consommation d’œufs diminue aussi
la production d’insuline (Ratliff et coll., 2010). La consommation d’œufs au
déjeuner stabilise le taux sanguin d’insuline et peut contribuer à prévenir le
diabète (Fallon, 2000 ; Frazier et coll., 2003 ; Ishikawa, 2009).
Les œufs apportent aussi une protection contre le cancer du sein, du côlon
et de cancer en général.
Les œufs fertilisés par un coq ne sont pas plus nutritifs que les œufs non
fertilisés. Ces œufs, s’ils sont incubés, donnent naissance à un poussin.
Mais il n’y a aucun avantage nutritionnel à en consommer. De plus, ils sont
plus onéreux à produire et coûtent plus cher à l’achat.
Si vous n’êtes pas sûr que vos œufs soient frais, placez-les dans un bol
d’eau. S’ils coulent et reposent dans le fond du bol, les œufs sont frais. Si
au contraire ils flottent, le gros bout vers le haut, l’œuf est âgé. En effet, la
poche d’air présente dans l’œuf s’accumule avec le temps.
CONCLUSION
Un bon entreposage des huiles végétales est essentiel pour éviter qu’elles ne
rancissent. Je conseille fortement d’y ajouter de la vitamine E liquide — il
suffit d’une cuillère à café — et de les entreposer au réfrigérateur pour
augmenter leur espérance de vie.
Les huiles naturelles appropriées pour cuisiner sont l’huile d’olive et les
huiles tropicales saturées, soit celle de noix de coco, de palme et noix de
palme.
Il n’est pas interdit de frire de la nourriture pour autant qu’un bon gras soit
utilisé. Je conseille de limiter la friture à deux fois par mois. Les gras et
huiles appropriés pour la friture sont l’huile de noix de coco, de palme, le
saindoux et le suif.
Selon Mary Enig, experte dans le domaine des gras, une huile idéale pour la
friture est un mélange d’un tiers d’huile de noix de coco, un tiers d’huile de
sésame et un tiers d’huile d’olive.
L’huile d’arachide, qui rancit difficilement quand elle est bien conservée,
est appropriée pour la cuisson et la friture.
Les gras à éviter sont les gras partiellement hydrogénés (gras trans), les
gras rances, les gras chauffés à haute température lors de la cuisson. Ces
gras peuvent contenir des produits toxiques, comme des gras oxydés, des
peroxydes, de l’acroléine, des hydrocarbones et des radicaux libres.
Les radicaux libres sont dérivés de la décomposition des gras polyinsaturés
qui sont instables au contact de la lumière, de la chaleur et de l’oxygène.
L’ozone présent dans l’air provoque la formation de radicaux libres qui
réagissent avec le soufre des protéines, créant des molécules hautement
toxiques pour les membranes cellulaires.
Les gras saturés : coupables
ou innocents ?
Cinquième chapitre
INTRODUCTION
Tout a commencé dans les années 1950 quand des chercheurs ont affirmé
avoir établi que les gras saturés et le cholestérol étaient les coupables des
nouvelles maladies de l’époque, soit les diabètes, les cancers et les maladies
cardiaques. Pour eux, seuls les gras saturés CONSOMMÉS et le cholestérol
ALIMENTAIRE augmentaient le taux sanguin de cholestérol et
l’épaississement des artères.
C’est ainsi que naît la fameuse hypothèse nutritionnelle qui implique que la
consommation de gras saturés et de cholestérol augmente le taux de
cholestérol sanguin, menant au dépôt du cholestérol dans les artères.
Pour ce faire, il a placé sur l’axe des X le nombre de calories provenant des
gras en pourcentage et sur l’axe des Y le taux de mortalité associé aux
maladies cardiaques. Il a ainsi montré que les Américains mangeaient plus
de gras et avaient le plus haut taux de mortalité dû aux maladies cardiaques.
Les Japonais quant à eux, consommaient moins de gras et avaient le taux de
mortalité le plus faible. Ces deux résultats suffisaient pour conclure que les
gras saturés et le cholestérol étaient les grands responsables des maladies
cardiaques. On pouvait même en conclure qu’éviter totalement la
consommation de gras empêcherait le développement de ces maladies.
FIGURE 5.2 Taux de mortalité associé aux maladies cardiaques en fonction du taux de
consommation de gras par pays (hypothèse de Keys)
Que signifient exactement les résultats obtenus par Keys ? Nous verrons
que, pour différentes raisons, cette recherche épidémiologique ne peut être
interprétée de manière à fonder l’hypothèse nutritionnelle.
Quand on sait que les gras animaux sont plus facilement accessibles dans
les pays riches que dans les pays pauvres, et que dans ces mêmes pays
riches, les médecins utilisent les maladies cardiaques comme diagnostic
principal, forcément il s’installe un biais ; ce qui paraît évident à première
vue est souvent une conclusion trop hâtive.
Les études faites sur une population peuvent montrer qu’un facteur donné,
appelé facteur de risque, est statistiquement relié à une maladie. Les
facteurs de risques peuvent être la cause d’une maladie, mais ils le sont
rarement. L’exemple du Dr Uffe Ravnskov sur la portée interprétative d’un
facteur de risque est lumineux. Ravnskov, un médecin et chercheur danois
spécialisé en médecine interne et en néphrologie travaillant dans plusieurs
pays européens, démontre dans son livre The Cholesterol Myth que la vente
de télévisions est fortement associée aux maladies cardiaques (Ravnskov,
2000a). En d’autres mots, il démontre que les personnes achetant des
téléviseurs courent plus de risques de mourir de problèmes cardiaques ! On
prend vite conscience que la popularité du téléviseur n’est pas la cause,
mais qu’elle coïncide tout simplement avec l’augmentation des maladies
cardiaques.
Pour supporter davantage son hypothèse, le Dr Keys a lancé une autre étude
épidémiologique portant sur sept pays, appelée Étude des sept pays (Seven
Random Countries, 1958). Pour ce projet, il a sélectionné 16 localités dans
les Pays-Bas, la Yougoslavie, la Finlande, le Japon, la Grèce, l’Italie et les
États-Unis. Au terme de l’étude, il conclut que la consommation de gras
animal est associée aux maladies cardiaques. Des chercheurs ont analysé
attentivement cette étude et constaté qu’elle démontre en fait que les
glucides sont la cause des maladies cardiaques et que les gras animaux
apportent une protection contre ces mêmes maladies (Toshima, 1994 ;
Allan, 2000) !
A. Interprétation et anomalie
Prenons deux populations finlandaises, la Turku et la Carélie du Nord. Les
habitants de la Carélie du Nord présentaient le plus haut taux de maladies
cardiaques. Des médecins se sont donc décidés à remédier à cette situation
en faisant une campagne de sensibilisation auprès de ces personnes. Malgré
des changements importants (cesser de fumer, réduire la consommation de
gras saturés et de cholestérol et augmenter l’exercice physique), le taux de
maladies cardiaques n’a pas diminué par rapport au reste de la Finlande où
il n’y avait aucune campagne en cours (Ebrahim et Smith, 2001). Donc, une
diminution de la consommation de gras animal ne diminue pas le
développement des maladies cardiaques.
Par contre, après avoir analysé tous les facteurs de risques possibles (mode
de vie, cigarette, exercice, nourriture, taux de cholestérol sanguin, masse
corporelle, etc.), les auteurs de l’étude ont montré que les habitants de la
Carélie du Nord avaient cinq fois plus de crises cardiaques que les habitants
de la Turku. Le plus étonnant, c’est que les habitants de la Carélie du Nord
mangeaient autant de gras animal que ceux de la Turku, ce qui est tout à fait
en contradiction avec leur conclusion !
Malgré tout, le Dr Keys a déclaré que les Finlandais sont cinq fois plus
touchés par les crises cardiaques que les Japonais parce qu’ils consomment
plus de gras animal. Pour s’assurer que la différence du nombre de crises
cardiaques entre la Turku et la Carélie du Nord ne contredise pas sa
conclusion, il a déclaré que les résultats obtenus étaient une aberration et
qu’on ne devait pas en tenir compte. Déclarer qu’une observation est une
anomalie pour l’exclure de l’interprétation et des conclusions est une
pratique courante chez les partisans de l’hypothèse nutritionnelle. Cette
« anomalie » aurait pourtant dû conduire le D Keys à remettre en question
sa conclusion et à formuler une nouvelle hypothèse de travail.
Le Dr Ravnskov montre bien dans son livre intitulé Ignore the awkward,
comme cette approche non scientifique permet de conserver bien vivante
cette hypothèse nutritionnelle (Ravnskov, 2010).
B. limites du modèle animal
Les chercheurs russes ont trouvé des dépôts de cholestérol dans tous les
organes du corps des lapins nourris au cholestérol, ce qui n’est pas le cas
chez l’homme. Vu que le métabolisme du lapin ne reconnaît pas cette
molécule, il ne sait pas comment l’éliminer et il meurt, non pas à cause du
cholestérol, mais de faim.
Il y a effectivement des plaques qui se forment sur les parois des vaisseaux
sanguins du lapin, mais elles sont totalement différentes de celles de
l’homme (Stout et Groover, 1969). Le cholestérol s’accumule à des endroits
différents, les changements des vaisseaux sanguins ne s’effectuent pas de la
même manière, il n’y a ni fissure ni anévrisme comme chez l’homme. De
plus, il est impossible d’induire une crise cardiaque chez un lapin rien qu’en
modifiant son alimentation (Vastesaeger, 1968 ; Stout et Groover, 1969). Il
est intéressant de noter que, malgré tout, il est impossible de reproduire
cette expérience (et ces lésions) chez le rat ou le chien. Mais l’un des points
à considérer dans ces expériences, c’est que l’animal étudié n’aime pas ce
qu’on lui fait. Ce fait est crucial vu que le stress est reconnu comme un
facteur de risque important dans les maladies cardiaques.
Les rongeurs sont souvent utilisés pour tester des hypothèses, mais chez ces
derniers, le transport de la majorité de leur cholestérol sanguin est réalisé
par les particules HDL, alors que chez l’homme, il se fait majoritairement
avec les particules LDL. Les rongeurs ne sont donc pas vraiment un bon
modèle pour étudier les effets du cholestérol sur la santé humaine (Bergen
et Mersmann, 2005). Bref, les études effectuées sur le lapin ou tout autre
animal ne devraient jamais être transposées à l’homme, en tout cas pas en
ce qui concerne le cholestérol. L’utilisation du modèle animal n’est pas
toujours à proscrire ; il sert le plus souvent à développer une hypothèse de
travail dont les résultats sont par la suite confirmés chez l’homme.
L’extrapolation à l’homme doit elle-même faire l’objet d’une étude de
similarité des caractères étudiés.
Une étude sur des bergers somaliens donne des résultats comparables. Ils
consomment environ 60 % de leurs calories quotidiennes sous forme de
gras animal et pourtant leur taux de cholestérol sanguin est bas, soit 150
mg/dL (Lapiccirella, 1962).
Une étude réalisée au Michigan sur plus de 3 000 personnes et montre que
les personnes ayant le plus bas taux de cholestérol sanguin total
consomment autant de gras saturés que les autres (Nichols et coll., 1976).
Le même phénomène est aussi observé chez les Finlandais et les Israéliens
(Balogh et coll., 1971 ; Ravnskov, 2000b). Les habitants de la région d’Inio
consomment deux fois plus de margarine que le reste de la Finlande et ils
consomment du lait écrémé. Malgré leur faible consommation de gras, leur
taux de cholestérol (283 mg/dL) est supérieur à celui du reste de la Finlande
(239 mg/dL).
D’autres études portant sur des enfants observent que ceux qui consomment
des quantités importantes de gras ont un taux de cholestérol sanguin très
similaire à ceux qui en consomment une quantité moindre (Frank et coll.,
1978 ; Weidman et coll., 1978).
FIGURE 5.4 Pays consommant le moins de gras saturés (en calories) en fonction du taux de
mortalité total (Kendrick, 2008)
En 1970, une étude démontre que le taux de mortalité relié aux maladies
cardiaques parmi les Yougoslaves a augmenté de 300 à 400 % entre 1955 et
1965, et ce, même si la consommation de gras animal a diminué de 25 %
(Masironi, 1970). Cette étude est souvent utilisée par les partisans de
l’hypothèse nutritionnelle comme étant une preuve de sa validité. Mais
quand on examine l’ensemble de l’étude, on voit que des observations plus
raffinées conduisent le chercheur à l’infirmer.
Il est vrai que le Dr Masironi a établi un lien entre le taux de mortalité relié
aux maladies cardiaques et la consommation de gras en général. Par contre,
il a aussi établi que ce taux de mortalité était lié au revenu familial. Il en
déduit qu’il a en fait identifié des facteurs de risques et non des causes de
maladies coronariennes et conclut que la consommation de gras ne cause
pas les maladies cardiaques.
Deux études d’envergure (plus de 22 000 sujets pour l’une et 1 700 pour
l’autre) ont confirmé ce résultat (Garrett et coll., 1964 ; McGill, 1968 ;
Krumholz et coll., 1994).
Les régimes de ces deux tribus étaient extrêmes. Selon eux, les légumes et
les fibres sont pour les animaux. Ils consomment seulement du lait, de la
viande et du sang de gibier. En général, les membres de la tribu Samburu
consomment environ quatre litres de lait entier par jour, alors que la tribu
Masaï en consomme environ deux litres. De plus, la tribu Samburu peut
consommer jusqu’à deux kilos de viande par jour, alors que les membres de
la tribu Masaï en mangeaient environ cinq kilos (Sharper, 1962). Au total,
ils consomment donc beaucoup plus de gras saturés et de cholestérol que la
plupart des Nord-Américains.
Tableau 5.1 Augmentation du gras animal consommé dans la région méditerranéenne par
rapport au taux de maladies cardiaques (Ravnskov, 2000b)
Changement de la consommation de Changement du taux de maladies
gras saturés entre 1961-63 et 1983-85 cardiaques entre 1965-69 et 1991-92
Italie + 69 % – 61 %
Grèce + 65 % + 13 %
Espagne + 43 % + 10 %
Portugal + 10 % – 46 %
France + 28 % – 20 %
Des chercheurs ont soulevé l’argument que les membres de ces tribus
avaient un avantage génétique qui leur permettait de maintenir un faible
taux de cholestérol sanguin. Mais le Dr José Day, de l’hôpital St-Mary’s de
Londres, a démontré que ce n’était pas le cas (Day, 1976). En effet, les
membres de la tribu Masaï qui avaient déménagé à Nairobi, une des plus
grosses villes d’Afrique, avaient un taux de cholestérol plus élevé que la
population rurale, et ce, malgré une consommation beaucoup plus faible de
gras animal.
La publication des études sur ces deux tribus a confirmé que l’hypothèse
nutritionnelle était totalement inadéquate. Elle aurait dû être oubliée une
fois pour toutes. En fait, ces deux études ne sont jamais mentionnées par les
partisans de l’hypothèse nutritionnelle.
Une autre étude a également porté sur les habitudes alimentaires des Indiens
qui immigrent au Kenya. Il y a deux populations différentes qui ont
immigré dans ce pays, les musulmans et non-musulmans. Les non-
musulmans sont des lactovégétariens, alors que les musulmans consomment
de la viande, des œufs, boivent deux fois plus de lait et n’utilisent jamais
d’huile végétale. Étonnamment, le taux de mortalité lié aux maladies
cardiaques est le même pour ces deux populations (Charters et Arya,
1960) !
Une des études les plus destructrices de l’hypothèse nutritionnelle est celle
réalisée par le Dr Malhotra de Bombay en Inde (Malhotra, 1967a). Il a
étudié les maladies cardiaques chez plus de 100 000 Indiens et a noté que
les habitants de Madras, sud de l’Inde, avaient le plus haut taux de mortalité
relié aux maladies cardiaques.
Par contre, les habitants du Punjab, au nord de l’Inde, avaient le plus faible
taux. En d’autres mots, il a montré que les habitants de Madras mouraient
sept fois plus souvent de maladies cardiaques que les habitants du Punjab.
De plus, l’âge des personnes de la région de Madras qui décédaient était de
12 ans moindres que celui de celles du Punjab. Quand on croise ces
statistiques avec celles de la consommation de gras animaux, il y a de quoi
répudier définitivement l’hypothèse nutritionnelle. En effet, les habitants du
Punjab mangeaient de 10 à 20 fois plus de gras et fumaient huit fois plus
que ceux du Madras !
Autre différence significative : les habitants de la région du Punjab
mangeaient essentiellement des gras d’originale animale, alors que les
habitants de Madras consommaient des gras d’origine végétale.
Les Kitavans ont une alimentation bien unique. Leur diète se compose
principalement de patates, d’igname, de taro, de cassave, de fruits, de
légumes, de noix de coco et de poissons (par ordre de calories
consommées). Ils ne consomment pas de grains (ou presque pas) et ne
consomment pas de produits industriels. Donc, 69 % des calories
proviennent des glucides, 10 % des protéines et 21 % des gras (dont 17 %
de gras saturés). Selon les normes actuelles, cette diète est élevée en
glucides, élevée en gras saturés et faible en gras total.
Le problème avec ce genre d’études est qu’il fait appel aux calculs
statistiques, ce qui implique qu’il faut tenir compte de tous les facteurs de
risque potentiellement impliqués dans les maladies cardiaques : fumeur ou
non-fumeur, présence d’embonpoint ou d’obésité ou non, homme ou
femme, exercice, etc. On l’a vu, les limites de ce type d’études viennent de
ce qu’il est impossible de connaître tous ces facteurs ! Donc, en théorie, tout
calcul statistique dans les études épidémiologiques portant sur les maladies
cardiaques est très peu fiable. Cela signifie que si une étude démontre un
lien entre maladies cardiaques et cholestérol alimentaire, par exemple, cette
conclusion sera toujours susceptible d’être relativisée, voire invalidée. Ce
qui est malheureux c’est qu’au lieu de servir la science, les calculs
statistiques sont utilisés volontairement pour arriver aux fins des partisans
de l’hypothèse nutritionnelle.
L’un des moyens de déterminer la cause d’une maladie est de réaliser des
études cas-contrôles. Dans ce genre d’étude, les chercheurs sélectionnent
des patients ayant le problème de santé étudié et des personnes en parfaite
santé. Ces dernières servent de contrôles témoins. Les deux groupes
contiennent sensiblement le même nombre de personnes, d’un âge similaire,
du même genre, de la même région géographique, etc. Bref, les deux
groupes sont relativement semblables excepté le fait que l’un est atteint
d’un trouble de santé particulier et que l’autre ne l’est pas. Cela permet aux
chercheurs d’essayer de découvrir des différences, parfois subtiles, qui
pourraient expliquer l’apparition de la maladie en question.
Une des premières études de ce genre, le North Dakota Study, a été réalisée
sous la direction du Dr W.J. Zukel, un cardiologue du Service de Santé
publique des États-Unis (Zukel et coll., 1959). Sur une période d’un an, il a
étudié des hommes qui souffraient de maladies cardiaques. Pour chacun de
ces hommes, il en a sélectionné deux en bonne santé comme témoins. Le Dr
Zukel était particulièrement intéressé aux différences dans leur
alimentation. La conclusion de l’étude fut que les personnes atteintes
fumaient plus que celles du groupe témoin. De plus, il n’y avait aucune
différence entre la consommation de gras dans ces deux groupes : ils
consommaient la même quantité de gras saturés et polyinsaturés et le même
nombre de calories.
En Irlande, la Dre Aileen Finegan a effectué une étude très similaire et elle
est arrivée à la même conclusion : les deux groupes consommaient la même
quantité et le même type de gras (Finegan, 1968). Donc, l’apparition des
maladies cardiaques ne s’explique pas par une différence dans la quantité et
le type de gras consommés.
Cela a été confirmé une nouvelle fois par une étude réalisée en Suède dans
la ville de Malmö et portant sur plus de 28 000 personnes. Cette étude n’a
montré aucun lien entre consommation de gras et taux de maladies
cardiaques (Leosdottir et coll., 2005).
Une autre étude a été réalisée sur plus de 16 000 habitants de trois régions
différentes : Framingham au Massachusetts, Porto Rico et Honolulu
(Hawaii) (Gordon et coll., 1981). Ces personnes étaient en parfaite santé au
début de l’étude. Après six ans, l’alimentation des victimes de crise
cardiaque a été comparée à celle des personnes en bonne santé. Les auteurs
de cette étude ont observé que les patients de Framingham avaient
consommé davantage d’aliments à haute teneur en glucides (riz, pain et
pomme de terre) que les individus en bonne santé. À Porto Rico et à
Honolulu, les personnes ayant subi une crise cardiaque avaient consommé
plus d’huiles polyinsaturées. Ce résultat leur est apparu tout à fait inattendu.
Une étude très similaire a été effectuée par le Dr McGee et il est arrivé à la
même conclusion (McGee et coll., 1984). Les chercheurs ont étudié plus de
8 000 Japonais ayant immigré à Hawaii. Au début de l’étude, ils ont analysé
leurs habitudes alimentaires. Après 10 ans, ils ont examiné les habitudes
alimentaires de ceux ayant subi une crise cardiaque et des autres : aucune
différence majeure entre les deux groupes n’a été observée.
C’est d’autant plus intrigant que les résultats de Framingham ont relevé un
fait très intéressant : plus une personne mange de cholestérol, de gras
saturés, de calories, plus son taux de cholestérol sanguin est bas et plus son
poids est bas (Reissigova et Tomeckova, 2005). Donc, la consommation de
cholestérol et de gras saturés n’a aucun lien avec l’obésité et les maladies
qui s’y rattachent (Esrey et coll., 1996).
5.3.4 Études invalides sur le cholestérol alimentaire
Deux études ont affirmé avoir établi des liens entre le cholestérol
consommé et des troubles hépatiques.
Malheureusement, les auteurs n’ont pas étudié les effets des glucides sur le
cancer du foie ; ils les ont considérés dans leur ensemble et noté qu’ils
protégeaient contre le cancer, ce qui va à l’encontre de toutes les preuves
scientifiques. En effet, le sucre est connu pour être la cause de l’obésité et il
y a un corpus important d’études concluant qu’il est aussi responsable du
cancer. De plus, le fructose est connu pour causer des dommages au foie
(Ouyang et coll., 2008).
Enfin, un facteur de risque important n’a pas été considéré, soit le taux
d’infection à l’hépatite des participants, ce qui est connu pour augmenter les
risques de développer un cancer du foie. En d’autres mots, les résultats de
l’étude ne sont pas statistiquement significatifs. On ne peut rien en
conclure.
Une autre étude surprenante démontre qu’une diète élevée en gras durant la
grossesse et l’allaitement prédispose les bébés à des problèmes de foie
(Bruce et coll., 2009). Premièrement, les sujets d’étude sont des souris et
l’on sait que les gras n’ont pas le même impact sur les souris que les
humains ; pour être significative, l’étude aurait dû être répétée sur des sujets
humains. Deuxièmement, la diète des souris est principalement constituée
de gras monoinsaturés et polyinsaturés raffinés, donc potentiellement
toxiques pour la consommation, et la présence de gras trans n’est pas à
exclure. La seule conclusion possible de l’étude devrait être que les gras
insaturés consommés en excès causent des problèmes de foie.
Toutes les études présentées jusqu’à présent portent sur l’analyse des gras
animaux sans vraiment faire de distinction. Dans cette section, j’aborde les
études qui portent sur la consommation de cholestérol et leurs conséquences
sur la santé. Selon l’hypothèse nutritionnelle, le cholestérol alimentaire
augmente le taux de cholestérol sanguin, ce qui bloque les artères et
entraîne les troubles cardiaques. Son corollaire est que la réduction du
cholestérol aura pour effet d’améliorer le cholestérol sanguin. Voyons trois
types de réduction du cholestérol.
Dans les années 1960, sur la base que les huiles végétales polyinsaturées
prévenaient les maladies cardiaques, il y a eu plusieurs études qui ont eu
pour but de remplacer les gras animaux par ces huiles. Une de ces études a
été réalisée à Londres (Morris, 1968) porte sur plus de 400 hommes ayant
déjà subi une crise cardiaque. Ils ont été séparés en deux groupes : ceux
ayant remplacé les gras animaux par l’huile de soya, considérée comme
bénéfique, et ceux suivant leur régime habituel. Il faut savoir que même s’il
est extrêmement difficile de réduire le taux de cholestérol sanguin
uniquement par la nutrition, cela n’est pas impossible, surtout avec l’huile
de soya. Dans cette étude, sa consommation a réussi à le faire baisser
considérablement. Nonobstant, les auteurs ont été surpris de constater que
le nombre de décès par crise cardiaque était le même dans les deux groupes.
Ils en ont conclu que le fait de diminuer le cholestérol sanguin ne prévient
en rien les crises cardiaques.
Une autre étude a également montré que remplacer les gras animaux par des
huiles végétales polyinsaturées ne prévenait pas les maladies cardiaques
(Leren, 1966). Le Dr Dayton de Los Angeles a réalisé une étude très
similaire, la « Veterans Administration Trial » (Dayton, 1969 ; Dayton et
Pearce, 1969b ; Dayton et Pearce, 1969a). Dans une maison de retraite, il a
divisé 800 personnes en deux groupes : celles consommant de l’huile de
soya et celles n’en consommant pas. Sept ans plus tard, il y avait moins de
décès par crises cardiaques dans le groupe consommant l’huile de soya,
mais un plus grand nombre de décès dus au cancer.
Une étude établie par le Dr Hjermann, The Oslo Trial, avait pour but de voir
si le fait d’arrêter de fumer, la perte de poids, la baisse de la pression
artérielle et une meilleure alimentation pouvait réduire ou prévenir les
maladies cardiaques (Hjermann et coll., 1981). Les 1 200 participants ont
été divisés en deux groupes : l’un recevant des conseils et de l’aide pour
atteindre leurs objectifs et l’autre groupe ne recevant aucun conseil. Ce plan
fut très efficace pour prévenir les maladies cardiaques. En effet, il y eut
deux fois moins de crises cardiaques dans le groupe recevant des conseils.
Les auteurs ont admis qu’un changement dans l’alimentation en soi n’aurait
jamais donné un tel résultat. Ils ont déclaré que le plus grand effet provenait
du fait d’arrêter de fumer. Mais ils ont oublié de mentionner que la perte de
poids y était aussi pour quelque chose. En effet, après cinq ans, il y eut une
différence de 7 kg entre les participants des deux groupes malgré le fait
qu’au début de l’étude la moyenne de leurs poids était sensiblement la
même. La perte de poids est considérée comme l’un des facteurs les plus
importants pour prévenir les maladies cardiaques (Kannel, 1987).
Trois importantes études ont tenté de réduire le cholestérol sanguin par une
série de mesures, incluant la prise d’une molécule : le Lipid Research
Clinics Trial (LRCT), le Multiple Risk Factor Intervention Trial (MRFIT) et
le WHO Trial.
Lorsque l’étude « Lipid Research Clinics Trial » a été conçue, les médecins
ont clairement mentionné qu’il était impossible d’abaisser le taux de
cholestérol sanguin par la nutrition seulement (1979b). Cette étude a,
initialement, été mise au point pour tester l’efficacité d’un médicament, le
cholestyramine, pour abaisser le taux de cholestérol sanguin et diminuer les
maladies cardiaques (1984a). Ce médicament a causé des effets secondaires
chez plus de 68 % des participants : gaz, brûlures d’estomac, renvois,
crampes abdominales, constipation, diarrhées, nausées, vomissements et
troubles reliés au système nerveux.
Les 4 000 participants ont reçu les mêmes conseils alimentaires, mais la
moitié seulement a pris le médicament pendant environ 8 ans. Les auteurs
de cette étude ont dû être déçus lorsqu’ils ont constaté qu’il n’y avait pas de
différence majeure dans le nombre de crises cardiaques entre les deux
groupes. En effet, il y eut seulement une différence de 0,6 % (1,7 % des
participants du groupe traité ont subi une crise cardiaque, alors que ce
chiffre est de 2,3 % pour le groupe contrôle) dans le nombre de crises
cardiaques fatales parmi les deux groupes, nombre qui statistiquement n’est
pas significatif. Dans leur conclusion, les auteurs ont décidé d’utiliser le
« risque relatif ». En conclusion, ils ont déclaré que la diminution du taux
de cholestérol réduisait d’environ 30 % (0,6 %/2,3 % X 100) le risque de
crises cardiaques. Ce chiffre paraît énorme, mais comme on vient de le voir,
il y a moins d’une personne sur 100 (0,6 %) qui profite d’une baisse de
cholestérol.
Une analyse statistique indépendante démontre que les résultats avaient été
changés pour démontrer le bienfait de la réduction du taux de cholestérol
sanguin (Kronmal, 1985). Il a été oublié de mentionner qu’une baisse de
cholestérol a augmenté de 175 % les décès dus au suicide ou à la violence et
qu’elle augmentait les problèmes neurologiques (L’Abbe et coll., 1985). En
fait, plusieurs chercheurs étaient préoccupés par le fait que les calculs
statistiques aient été manipulés en la faveur de la conclusion des auteurs
(L’Abbe et coll., 1985). Il faut savoir que cette étude a sélectionné 0,8 %
des personnes ayant le plus haut taux de cholestérol sanguin. Ce chiffre
correspond à celui du nombre de personnes atteintes
d’hypercholestérolémie familiale dans la population. Donc, cette étude a
analysé la diminution du cholestérol des personnes ayant une mutation
spécifique et les conclusions ne peuvent pas être valides pour le reste de la
population.
Tout ce temps et cet argent pour confirmer un fait qu’on savait déjà !
Dans une étude britannique, plusieurs milliers d’hommes ont été séparés en
deux groupes : aux participants d’un groupe, on conseillait d’arrêter de
fumer, de réduire la consommation de cholestérol, de gras saturés et
d’augmenter la consommation d’huiles végétales (Rose et coll., 1983). Les
participants de l’autre groupe mangeaient ce qu’ils voulaient. Après
seulement un an, il y avait deux fois plus de décès dans le groupe qui
suivait le « bon régime ».
Dans une autre étude, dont les participants faisaient plus d’exercice, avaient
cessé de fumer, avaient une pression artérielle plus basse, consommaient
moins de gras animaux et plus de gras polyinsaturés, l’auteur a constaté que
le nombre de décès par crise cardiaque était deux fois plus élevé que dans le
groupe contrôle (Miettinen et coll., 1985) !
Les chercheurs ont déclaré que le grand nombre de décès dans le groupe
traité était dû au médicament clofibrate que les participants prenaient.
C. WHO Trial
Cette étude est un échec total ; il y a autant de décès par crise cardiaque
dans les deux groupes et environ 50 % de plus de décès toutes causes
confondues dans le groupe traité. Plus décevant encore : l’arrêt du clofibrate
augmente le risque de mourir d’une crise cardiaque. Malheureusement, ce
médicament est encore utilisé de nos jours, dans plusieurs pays.
Cette chirurgie est beaucoup plus efficace pour diminuer le cholestérol que
tout médicament ou régime. Une étude rapporte que cette technique a
diminué de plus de 23 % le taux total de cholestérol en comparaison à un
groupe témoin et n’avait eu aucun impact sur le taux de mortalité lié aux
crises cardiaques (Koivisto et Miettinen, 1984). Cette étude suggère même
qu’un taux de cholestérol bas est un facteur favorable aux crises cardiaques.
En effet, le taux de cholestérol des participants des deux groupes n’ayant
pas subi de crise cardiaque était plus élevé de 20 % !
Une autre étude incluant plus de 800 hommes a été effectuée par le Dr
Buchwald (Buchwald et coll., 1990). Cette étude n’a pas non plus réussi à
démontrer que la réduction du cholestérol par la chirurgie diminuait le taux
de crises cardiaques. Et en plus, ces opérations ont de terribles effets sur les
patients : 4 % d’entre eux ont développé des pierres aux reins, certains ont
dû se faire retirer la vésicule biliaire et d’autres ont subi une nouvelle
chirurgie pour une obstruction intestinale. Toutefois, l’effet secondaire le
plus cruel est la perte de la bile par les selles. La bile sert à digérer les gras
et à les transporter. Donc sans l’iléon, les gras, leurs vitamines et leurs
minéraux sont perdus, rendant les selles plus fréquentes et plus liquides. Il
en résulte une perte de poids moyenne de 5,3 kg, et la perte de poids est un
facteur important pour prévenir les maladies cardiaques.
Bref, toutes ces études démontrent que les conseils excessifs décrits ci-
dessus préviendraient seulement 200 décès environ par an, en Amérique du
Nord. Un chiffre de beaucoup inférieur à celui que l’on nous annonce. Ce
qui est normal vu que le taux de cholestérol sanguin n’est pas associé aux
maladies cardiaques (De Sauvage et Nolting et coll., 2003 ; Jansen et coll.,
2004).
CONCLUSION
On peut même conclure qu’au contraire, les gras insaturés et les gras trans
des huiles végétales y contribuent davantage que les gras saturés et le
cholestérol alimentaire.
INTRODUCTION
On doit aux deux grandes études dont on a parlé au chapitre précédent, celle
de Framingham et de MRFIT, le succès de l’hypothèse lipidique. Elles se
sont toutes deux appliquées à établir un lien entre cholestérol sanguin et
maladie cardiaque, mais n’ont réussi qu’à démontrer que les personnes
souffrant d’hypercholestérolémie familiale semblent avoir un risque plus
élevé de maladies cardiaques, ce que le monde médical observait depuis
quelques années déjà.
Une étude a ensuite établi que les personnes ayant un taux de cholestérol
inférieur à 250 mg/dL souffrent plus de troubles cardiaques que celles ayant
un taux supérieur à 300-400 mg/dL (Peskin, 2008a).
Vu de cette façon, cela paraît inquiétant, n’est-ce pas ? Mais regardons plus
en détail les résultats de cette étude selon l’analyse du Dr Ravnskov
(Ravnskov, 2000b).
Parmi les participants, 2 258 sont morts d’une crise cardiaque, ce qui
représente 0,6 %. Ce qui revient à dire que 99,4 % ne sont pas décédés
d’une crise cardiaque.
Parmi les participants du dixième groupe, 494 sont morts d’une crise
cardiaque, ce qui représente 1,3 % des participants de ce groupe. On peut
également dire que 98,7 % des personnes du groupe 10 n’ont pas subi de
crise cardiaque.
La très grande majorité des études ont établi un lien entre personnes
atteintes d’hypercholestérolémie familiale et maladies cardiaques. Par
ailleurs, quelques-unes montrent que ces personnes sont moins atteintes
(Williams et coll., 1986 ; Miettinen et Gylling, 1988 ; 1991b ; Hills, 1991 ;
Ferrieres et coll., 1995 ; Vuorio et coll., 1997 ; Hopkins et coll., 2001 ;
Sijbrands et coll., 2001 ; Neil et coll., 2004 ; Jansen et coll., 2005).
De plus, les gens atteints d’hypercholestérolémie familiale ne développent
pas plus souvent l’athérosclérose, mais subissent plutôt des changements
typiques au niveau de leurs artères qui rendent leurs parois instables
(Sijbrands et coll., 2001). Au début du XXe siècle, les personnes atteintes
de cette maladie avaient un taux de mortalité très similaire au reste de la
population (Fu et Sinclair, 2000 ; Bryan et coll., 2001 ; Sinclair et coll.,
2002).
Faut-il le rappeler, les chercheurs ont réalisé que les participants qui avaient
le plus haut de cholestérol sanguin étaient ceux qui consommaient le moins
de gras saturés et de cholestérol alimentaire, une observation contradictoire
avec l’hypothèse nutritionnelle et décevante pour les auteurs.
Le Multiple Risk Factor Intervention Trial (MRFIT) est l’une des plus
grandes études, mais aussi l’une des plus controversées sur le rôle du
cholestérol et du développement des maladies cardiaques (Werko, 1995 ;
Ravnskov, 2000b).
En effet, plus de 34 articles ont été publiés sur cette étude et tous sont
arrivés à la même conclusion que l’étude originale, à savoir qu’il n’y avait
pas de corrélation entre cholestérol sanguin et maladies cardiaques. On
pourrait se demander pourquoi publier autant d’articles s’ils ne nous
apprennent rien de nouveau.
FIGURE 6.3 Risque de décès toutes causes confondues en fonction du taux de cholestérol
sanguin chez les hommes (Kendrick, 2008).
Une autre étude datant de 1964 démontrait que les personnes ayant un taux
de cholestérol entre 1 et 250 mg/dL souffrent davantage de maladies
cardiaques que les personnes ayant un taux supérieur à 250 mg/dL (Garrett
et coll., 1964).
À vrai dire, c’est depuis 1936 que l’on sait que le cholestérol ne cause pas
de maladies cardiaques (Landé et Sperry, 1936) ! Des décennies plus tard,
les résultats d’études concordent toujours.
Une étude plus récente, cette fois sur plus de 150 000 personnes, a
clairement démontré qu’un faible taux de cholestérol (inférieur à 4,8
mmol/L ou 186,9 mg/dL) après l’âge de 50 ans augmentait le taux de
mortalité toutes causes confondues (figures 6.2 et 6.3) (Ulmer et coll.,
2004). Cette étude a de plus démontré que pour chaque augmentation du
taux sanguin de cholestérol de 1 mmol/L (38,95 mg/dL), il y avait une
diminution de 15 % du taux de mortalité !
Les aborigènes d’Australie ont un taux de cholestérol parmi les plus bas au
monde, mais ont un taux de maladies cardiaques parmi les plus élevés
(Kendrick, 2008)
Cela signifie que les personnes âgées de 48 ans et plus risquent tout autant
de mourir d’une maladie cardiaque, quel que soit leur taux de cholestérol
sanguin !
Ce qui signifie que les risques de mourir sont plus élevés si le taux de
cholestérol est bas.
Ce résultat est inquiétant quand on sait que les statines visent à réduire le
taux de cholestérol sanguin : elles augmentent en fait les risques de mourir
plus jeune.
Malgré tout, cette inquiétante observation n’a pas empêché les auteurs de
conclure qu’une réduction de 1 % du cholestérol sanguin diminuait de 2 %
le taux de maladies cardiaques (LaRosa et coll., 1990), ce qui est vrai, sauf
que le taux de mortalité augmente de 11 %. Il n’y a donc aucun avantage à
diminuer le taux de cholestérol sanguin.
Ces études suggèrent même qu’un niveau élevé de cholestérol sanguin est
protecteur, c’est-à-dire prévient l’apparition de maladies. En effet, elles
observent deux fois plus de crises cardiaques chez les personnes âgées
ayant un taux de cholestérol inférieur à la moyenne (Krumholz et coll.,
1994).
Des chercheurs français et américains ont démontré que les femmes ayant
un taux de cholestérol très élevé vivent plus longtemps (Forette et coll.,
1989 ; Jacobs et coll., 1992). Le taux de mortalité est cinq fois plus élevé
pour celles ayant un taux de cholestérol sanguin inférieur à la moyenne.
L’étude Dagenais a suivi 5 000 Québécois sur plus de 12 ans et conclu que
le cholestérol sanguin n’est pas un facteur de risque pour la population
québécoise.
FIGURE 6.4 Étude MONICA sur les tendances et facteurs de risque des maladies
cardiovasculaires
Ce constat est également vrai pour les populations des nombreux autres
pays (Tuomilehto et Kuulasmaa, 1989). En effet, l’Organisation mondiale
de la santé (OMS) a conduit la plus grande étude jamais réalisée sur les
maladies cardiaques. Cette étude baptisée MONICA (MONItorage des
maladies CArdio-vasculaires), s’est donnée pour objectif la surveillance
multinationale des tendances et des déterminants des maladies
cardiovasculaires. Des équipes de recherche dans 38 populations de 21 pays
ont suivi plus de 10 millions d’hommes et de femmes de 25 à 64 ans de
1972 et 2002 (TunstallPedoe et coll., 2003). L’étude MONICA met en
évidence deux faits cruciaux invalidant l’hypothèse lipidique (figure 6.4) :
— les pays ayant le taux de cholestérol sanguin total le plus bas ont le taux
de mortalité toutes causes confondues le plus élevé ;
— il n’y a aucun lien entre le taux de cholestérol sanguin et le taux de
mortalité.
Les auteurs de l’étude MONICA ont également conclu que le cholestérol
sanguin n’était pas un bon outil de diagnostic pour les maladies cardiaques
(Shanoff et coll., 1970). Par exemple, les habitants d’une région de France
ont le même taux de cholestérol sanguin que les Finlandais, mais les
maladies cardiaques y sont environ de six fois inférieures.
Le taux de cholestérol sanguin n’est pas non plus un bon indicateur pour
prévenir une seconde crise cardiaque.
La très grande majorité des études portant sur les effets du cholestérol sur la
santé sont faussées et les participants y ont subi une sélection souvent trop
étroite (Ellison, 2006a). Par exemple, ces études incluent majoritairement
des hommes. L’étude 4S (Scandinavian Simvastatin Survival Study) était
constituée de 81 % d’homme, alors que l’étude West of Scotland Coronary
Prevention Study (Woscops) était composée de personnes de sexe masculin
exclusivement. Le bureau du vérificateur général des États-Unis (GAO) en
a constaté lui-même les lacunes méthodologiques de la Woscops :
« L’étude a omis plusieurs groupes importants de la population, comme les femmes, les
personnes âgées, les hommes et les femmes des minorités. Par conséquent, elle n’apporte pas
ou fort peu de preuve des risques encourus pour ces groupes. »
Une pression artérielle élevée peut aussi être associée à un taux élevé de
cholestérol sanguin (Assmann et Schulte, 1987).
Une des causes de tension artérielle élevée est le stress. En effet, le stress
émotionnel est le facteur augmentant le plus le taux de cholestérol sanguin.
Il peut même faire augmenter le taux de cholestérol de plus de 50 %
(Dimsdale et Herd, 1982 ; Rosenman, 1993a) !
Ce qui se passe, c’est que le foie produit plus de cholestérol pour réaliser la
synthèse des hormones du stress, telle l’adrénaline. Or, l’adrénaline a le
pouvoir de créer un spasme au niveau des artères coronariennes et peut
ainsi provoquer une crise cardiaque (Ravnskov, 2000b).
Il a été démontré que le LDL pouvait être encore divisé de façon plus
précise (California, 2005). Il y a deux formes de LDL dans le sang : des
petites particules et des grosses (figure 2.10).
On pourrait faire une analogie avec une personne qui veut traverser une
autoroute. Cette personne va réussir plus facilement la nuit étant donné que
le nombre de voitures est bien moindre. Par contre, à l’heure de pointe, elle
risque de se faire frapper en essayant de traverser. Donc, plus il y a de LDL
dans le sang, plus il a des risques d’endommager nos artères.
Ce qui est intéressant ici est que le taux sanguin de LDL reste le même pour
les deux exemples. S’il y a 1000 particules de LDL dans le sang, chacun
peut contenir une particule de cholestérol. Par contre, s’il y a 500 particules
de LDL dans le sang, chaque particule contient deux molécules de
cholestérol, pour un total de 1000 dans les deux cas. Le corps doit
transporter la même quantité de cholestérol, mais en utilisant des systèmes
légèrement différents.
On a vu que les particules LDL sont en fait des résidus des particules
VLDL (figure 2.10). Donc, si on veut connaître la cause de l’augmentation
du taux sanguin de LDL, il faut savoir ce qui augmente le taux de VLDL.
On sait maintenant que ce sont les glucides qui augmentent le taux sanguin
de VLDL et par conséquent de LDL (Welsch, Sharma et coll., 2010) ! En
fait, c’est un peu plus complexe parce que le taux de LDL est très lentement
affecté par une augmentation du taux de VLDL. En d’autres mots, si votre
taux sanguin de LDL est élevé, ceci signifie que vous avez consommé du
sucre depuis plusieurs années.
Mais qu’est-ce qui cause l’oxydation de ces particules ? Encore une fois : le
sucre (California, 2005) ! On l’expliquera davantage au chapitre 8.
Donc, sans la présence de sucre dans le sang, le LDL n’est pas oxydé et ne
cause pas l’épaississement des artères, ce qui diminue les risques de
maladies cardiaques. L’oxydation du cholestérol se produit aussi lorsque
l’aliment est chauffé ou traité industriellement.
Par exemple, le lait en poudre contient du cholestérol oxydé ; or, il est très
souvent ajouté au lait écrémé à 1 % et 2 % de gras.
Concernant l’apparition de l’athérosclérose, il faut tenir compte d’une autre
donnée. Par suite de la consommation de fructose (et de sucre en général),
le foie produit également des très petites particules de LDL. Ces petites
particules ont tendance à s’accrocher aux parois des vaisseaux sanguins
contribuant ainsi à leur rétrécissement (Austin et coll., 2000).
On répète sans cesse qu’un haut taux de cholestérol HDL est bon, mais ce
n’est pas aussi simple que ça.
On a vu dans l’étude russe (section 6.2) que les personnes ayant le plus haut
taux de HDL ont aussi le plus faible taux de LDL, mais sont atteintes de
maladies cardiaques plus souvent que la moyenne (Shestov et coll., 1993).
Une autre étude réalisée en Angleterre a démontré qu’un taux élevé de HDL
ne prévient pas les crises cardiaques (Shestov et coll., 1993). En réalité, en
utilisant les valeurs absolues de leurs résultats les auteurs ont trouvé qu’un
HDL élevé semble être protecteur. Mais après avoir tenu compte des autres
facteurs de risque (cigarettes, embonpoint, exercice, âge, etc.), il n’y a plus
aucune différence. Ils en ont conclu qu’un taux de HDL bas ne favorise pas
l’apparition de maladies cardiaques, et vice versa.
À une époque, le taux de mortalité relié aux maladies cardiaques était plus
élevé en Pologne et en Russie qu’aux États-Unis. Pourtant le taux de HDL
était plus élevé en Pologne et Russie, ce qui fait qu’on aurait dû s’attendre à
une observation inverse, c’est-à-dire un taux de mortalité inférieur
(Kendrick, 2008).
On a déjà vu qu’un taux élevé de cholestérol sanguin total n’est pas lié au
développement de maladies cardiaques, n’augmente pas les risques d’en
avoir et n’est donc pas un indicateur prédictif de maladies cardiaques.
Regardons maintenant de plus près si le cholestérol obstrue effectivement
nos artères comme on le prétend depuis près de 50 ans.
Dans les études qui analysent le degré d’athérosclérose des individus, il faut
apporter une attention particulière à l’âge des sujets. En général, les artères
des personnes ont tendance à s’épaissir avec l’âge. Donc, il est primordial
que les études portent sur des personnes ayant le même âge. Dans son livre,
le Dr Ravnskov mentionne quelques études qui semblent établir un lien
entre le niveau de cholestérol sanguin et l’athérosclérose (Ravnskov,
2000b). Mais après avoir pris en considération l’âge des individus, il n’y
avait plus aucun lien. En fait, ces études ont seulement montré un lien entre
l’âge et le niveau d’épaississement des artères.
Presque trente ans plus tard, deux études sont venues confirmer ces
résultats, l’une en Inde, l’autre au Canada.
Les auteurs n’ont pu établir aucun lien entre ces deux facteurs. Les auteurs
de cette étude ont également conclu que le cholestérol sanguin en lui-même
ne pouvait pas être responsable de l’épaississement des artères.
Les partisans de l’hypothèse lipidique prétendent que cette étude n’est pas
valable vu que les vétérans mangeaient sensiblement la même nourriture.
Cela ne tient pas puisqu’il y avait une très grande différence entre leurs taux
de cholestérol sanguin avec ce régime identique et qu’un degré
d’athérosclérose élevé a été constaté chez les vétérans dont le taux de
cholestérol sanguin était bas, aussi bien que chez celles dont le taux était
élevé. Bref, il y avait une très grande variabilité entre l’athérosclérose et le
cholestérol sanguin.
Par la suite, plus d’une quinzaine de recherches sur une période de onze ans
(1987 à 1998) n’ont pu établir aucun lien entre le taux de cholestérol
sanguin et le développement de l’athérosclérose (Ravnskov, 2002b).
Une étude datant de 2004 démontre que les femmes consommant le plus de
gras polyinsaturés et de glucides ont un taux d’athérosclérose plus élevé
(Mozaffarian et coll., 2004b). Cette même étude démontre aussi qu’une
consommation élevée de gras saturés retarde le développement de
l’athérosclérose et peut même diminuer les plaques artérielles !
Bref, on sait que depuis plus de 50 ans qu’une alimentation faible en gras ne
prévient pas les infarctus du myocarde (1965 ; Rose et coll., 1965). Au
contraire, il semble même que les gras saturés offrent une protection contre
le développement des maladies cardiaques (Foster et coll., 2003 ; Sacks et
coll., 2009).
Notons toutefois que certains doutes ont été soulevés quant à l’utilisation de
l’angiographie pour mesurer l’athérosclérose, car cette méthode n’est
pratiquement pas fiable pour prédire le développement de plaques
lipidiques (White et coll., 1984 ; Hong et coll., 1994).
En utilisant cette technique, des chercheurs suédois ont cru observer un lien
entre le cholestérol et le rétrécissement des artères (Cramer et coll., 1966).
Mais après avoir éliminé les personnes atteintes d’hypercholestérolémie
familiale, le lien n’existait plus (Ravnskov, 2000b).
Plusieurs autres études utilisant l’angiographie n’ont pas non plus démontré
de lien (Nitter-Hauge et Enge, 1973 ; Barboriak et coll., 1974 ; Kimbiris et
coll., 1974 ; Fuster et coll., 1975 ; McLaughlin et coll., 1977 ; Marchandise
et coll., 1978 ; Shub et coll., 1981 ; Kramer et coll., 1983 ; Kroon et coll.,
1996).
Leurs résultats sont très surprenants : deux patients sur trois dont le taux de
cholestérol sanguin avait diminué avaient un niveau d’athérosclérose plus
avancé, alors qu’un patient sur trois voyait son taux de cholestérol sanguin
augmenter.
Encore une fois, ces résultats semblent indiquer que le cholestérol est
bénéfique pour atténuer ou prévenir le développement de l’athérosclérose.
Il est vrai que les artères coronariennes des Japonais sont moins obstruées
que celles des Américains, ce qui expliquerait le faible taux de mortalité lié
aux crises cardiaques. En revanche, chez eux, les artères qui nourrissent le
cerveau sont aussi obstruées que celles des Américains. Si le cholestérol
était vraiment responsable de cette obstruction, il devrait obstruer tous les
vaisseaux sans exception, vu que le taux de cholestérol sanguin est le même
partout dans le corps.
On peut se demander quel facteur explique cette différence. Or, ce qui varie
de l’aorte aux artères coronariennes, c’est la tension artérielle. Et la pression
sanguine augmente grandement lorsqu’on est stressé (Ravnskov, 2000b).
Comme on l’a expliqué précédemment, la différence entre la culture
américaine et japonaise pourrait en grande partie expliquer le stress élevé
des Nord-Américains.
Comme on va le voir, cette façon de procéder n’est pas très objective, parce
qu’il n’est pas démontré qu’un élargissement des artères signifie une
diminution ou une disparition des athéromes. Cette technique d’analyse
n’informe pas non plus sur la prévention ou le taux de mortalité lié aux
maladies cardiaques.
Autre observation, non mentionnée par les auteurs de l’étude cette fois : le
rétrécissement ou l’élargissement des artères étaient le même
indépendamment du taux de cholestérol sanguin total, bas ou élevé. On peut
raisonnablement en conclure que le cholestérol sanguin n’est pas la cause
du rétrécissement des artères. En effet, si le cholestérol était le coupable,
une diminution de son taux aurait pour conséquence de diminuer
l’athérosclérose, ce qui n’a pas été constaté.
Il faut savoir que les vaisseaux sanguins sont enveloppés de muscles lisses.
Ces muscles ont la capacité de se contracter et lorsqu’ils le font, les
vaisseaux sanguins rétrécissent. Quels sont les facteurs influençant la
contraction musculaire ?
Comment les chercheurs ont-ils pu être certains que les résultats observés
étaient dus au stress et non à un réel changement dans le dépôt de
cholestérol sur les parois des artères ?
Il est intéressant de mentionner ici une étude publiée en 2004 sur les gras
saturés (Mozaffarian, 2004). Au cours de cette étude, les auteurs ont mesuré
pendant trois ans, par angiographie coronarienne, le degré d’athérosclérose
de femmes ménopausées. L’étude a révélé que plus les femmes mangeaient
des gras saturés, plus la progression de l’athérosclérose ralentissait. De plus,
chez une bonne partie de ces femmes (celles qui mangeaient plus de 13 %
de calories en gras saturés), les plaques d’athéromes disparaissaient !
L’étude a aussi démontré que chaque augmentation de 5 % en calories
provenant de gras polyinsaturés accélérait l’athérosclérose. Elle infirme
donc aussi bien l’hypothèse nutritionnelle que l’hypothèse lipidique, et elle
rejoint de ce fait un corpus de recherches imposant.
Dans cette étude, les auteurs ont analysé l’effet de la consommation de gras
sur l’artère brachiale, c’est-à-dire l’artère qui apporte le sang oxygéné au
bras. Pour ce faire, ils ont mesuré par échographie le diamètre de l’artère
après la consommation d’un repas riche en gras et d’un repas faible en gras.
Il est vrai que la présence de plaques amyloïdes chez les personnes atteintes
de la maladie d’Alzheimer est une caractéristique universelle et
incontestable, mais cela ne signifie pas qu’elles en sont la cause.
Une étude réalisée sur des singes jeunes et âgés semble aussi contredire
l’hypothèse amyloïde de la maladie. Les chercheurs ont injecté des plaques
amyloïdes dans le cerveau des singes (Tanzi et Bertram, 2005). Les singes
âgés ont développé des symptômes très similaires à la maladie d’Alzheimer,
alors que les singes jeunes sont restés en très bonne santé tout au long de
l’étude. Par contre, lorsque les chercheurs ont injecté le peptide Aβ42, qui
serait selon l’hypothèse la cause des plaques, aucun singe n’a développé de
troubles neuronaux. Cette étude s’oppose donc à l’hypothèse amyloïde de
l’apparition de la maladie d’Alzheimer. Comme on le verra, d’autres
facteurs présents chez les singes âgés semblent expliquer les symptômes.
Des études sur des souris infirment aussi l’hypothèse amyloïde. En effet, la
production de plaques amyloïdes chez des souris modifiées en laboratoire
n’engendre pas non plus la production de dégénérescences neurofibrillaires
(Calon et coll., 2004). D’autres chercheurs ont stimulé la production du
peptide Aβ42 chez des souris modifiées en laboratoire (McGowan et coll.,
2005). Bien qu’ils aient observé une augmentation de la production de
plaques amyloïdes, il n’y a pas eu de dégénérescence neurofibrillaire, de
mort neuronale ni de symptôme de la maladie d’Alzheimer.
B. Hypothèse hémorragique
Chez l’humain, on sait que le cholestérol n’est pas impliqué dans la maladie
d’Alzheimer (Johnson-Anuna et coll., 2005), que le taux de cholestérol
sanguin n’est pas un facteur de développement pour la maladie d’Alzheimer
(Eckert et coll., 2005) et qu’un vaccin contre le peptide Aβ42 ne ralentit pas
la progression de la maladie, malgré une diminution importante de plaques
amyloïdes (Holmes et coll., 2008).
Une étude a conclu qu’une alimentation élevée en gras n’augmente pas les
risques de développer des maladies cognitives du vieillissement comme la
maladie d’Alzheimer (Vercambre et coll., 2010).
Regardons de plus près cette petite expérience. L’étude porte sur des rats
qui ont été divisés en deux groupes : l’un consommant un mélange d’huile
de noix de coco et d’huile de maïs qui constituait 42 % de l’apport
caloriques et l’autre groupe suivait un régime composé de 10 % de gras. La
conclusion de cette étude est que la consommation de gras diminue la
régénération des cellules nerveuses, mais seulement chez les rats mâles. Les
auteurs n’ont pas fait la différence entre les gras saturés et polyinsaturés,
mais les médias déclaraient coupables les gras saturés.
Plusieurs études ont prouvé que les statines pouvaient déclencher divers
types de neuropathies, y compris la maladie d’Alzheimer (section 7.3.2).
Enfin, tout comme les maladies cardiaques, l’oxydation est un facteur clé
dans l’apparition de la maladie d’Alzheimer (sections 8.1.1 et 8.1.6). On a
vu que le gène responsable de la maladie sous sa forme héréditaire, celui de
la protéine APP, augmentait l’oxydation à l’intérieur des neurones. Le
facteur alimentaire semble cependant jouer le plus grand rôle dans la
prévention de cette maladie.
Dans une autre étude, les auteurs ont montré que le DHA diminue la
production de plaques amyloïdes, mais ne diminue pas celle du peptide
Aβ42 contredisant encore une fois l’hypothèse amyloïde (Lim et coll.,
2005). Mais ce qu’ils ont observé est qu’une diminution importante de
DHA dans le cerveau déclenche l’Alzheimer.
Un autre facteur alimentaire important est le glucose. Les personnes ayant
un régime élevé en glucides produisent beaucoup d’insuline pour balancer
l’apport élevé en sucre. Une exposition chronique à l’insuline accélère la
mort des neurones (Strachan, 2003 ; Barber et coll., 2004 ; Henderson,
2004 ; Ronnemaa et coll., 2008). Ce qu’il y a de commun au DHA et au
glucide dans le développement de la maladie d’Alzheimer, c’est
l’oxydation. En effet, le niveau d’oxydation dans le cerveau semble être le
principal facteur du déclenchement de cette maladie (Bassett et Montine,
2003 ; Etminan et coll., 2003 ; Lane et Farlow, 2005 ; Mainous et coll.,
2005). L’oméga DHA protège contre cette oxydation alors que les glucides
la stimulent. En effet, la prise d’acide folique et d’oméga-3 prévient la
démence, la dépression et la maladie d’Alzheimer et améliore aussi les
fonctions cognitives (Das, 2008).
Enfin, une étude démontre que le taux de lipides sanguins, ce qui comprend
le LDL, le HDL, le cholestérol total et les triglycérides, est directement lié à
la progression de la maladie d’Alzheimer (Presecki et coll., 2011). En
d’autres mots, l’étude démontre que les risques de développer la maladie
d’Alzheimer sont inversement proportionnels au taux de lipides sanguins :
une autre confirmation du rôle protecteur des gras.
En effet, les études portant précisément sur le lien entre cholestérol et AVC
sont souvent non concluantes ou contradictoires (Ravnskov, 1998b ; Hooper
et coll., 2001 ; Ravnskov, 2002a).
Les AVC sont classés en deux catégories :
Les Japonais qui ont un taux bas de cholestérol sanguin subissent beaucoup
plus d’AVC hémorragiques que les Nord-Américains (Ravnskov, 2000b).
En fait, le taux de cholestérol sanguin n’est pas la cause d’AVC (Kagan et
coll., 1980). Un taux de cholestérol bas est associé à un taux élevé d’AVC
(Kendrick, 2008). Autrement dit, la consommation de cholestérol protège
contre un éventuel AVC (Sauvaget et coll., 2004). Les gras saturés semblent
également diminuer les risques d’avoir un AVC (Yamagishi et coll., 2010).
Dans le même ordre d’idées, les femmes consommant le moins de gras
saturés avaient 2,36 fois plus de risques de subir une hémorragie cérébrale
selon l’étude Nurses’ Health Study (Colpo, 2006). En passant, cette même
étude a démontré que les femmes qui consommaient le plus de protéines
avaient le plus faible taux de maladies cardiaques (Hu et coll., 1999a).
L’étude MRFIT a montré que les risques d’AVC hémorragiques étaient plus
élevés pour les personnes ayant un taux de cholestérol bas, mais seulement
lorsque leur pression sanguine est élevée (Iso et coll., 1989). Parmi 10 000
hommes ayant une pression sanguine élevée, 23 sont décédés avec un taux
bas de cholestérol sanguin et 4 avec un taux élevé.
Donc, les personnes ayant un faible taux de cholestérol sanguin ont 500 %
plus de risque de mourir d’un AVC hémorragique.
Par ailleurs, d’autres études ont démontré qu’un taux élevé de cholestérol
augmente les risques d’AVC ischémique (Iso et coll., 1989 ; Benfante et
coll., 1994). Par exemple, dans l’étude Honolulu Heart Study, les personnes
ayant un taux de cholestérol inférieur à 213 mg/dL avaient 2,5 % de risques
de subir un AVC contre 3.2 % pour celles ayant un taux supérieur à 240
(Benfante et coll., 1994).
Au cours des années, plusieurs études ont démontré qu’en fait le cholestérol
et les gras saturés protègent contre les AVC (Atkins et coll., 1993 ; 1995).
Par exemple, les Japonais vivant en Amérique du Nord ont beaucoup moins
d’AVC que ceux du Japon. Il a été démontré que cette différence est due à
une consommation plus importante de gras et de protéines en Amérique du
Nord (Kagan et coll., 1980).
Les mêmes auteurs ont par la suite publié une étude indiquant que le
cholestérol protège contre le risque d’AVC ischémique (Kagan et coll.,
1985).
Dans les années 2000, une série d’études aboutissent aux mêmes résultats.
Les risques d’AVC augmentent si les gras saturés sont remplacés par des
gras polyinsaturés (Ness et coll., 2002). Un taux élevé de cholestérol
protège contre l’AVC et le taux sanguin de LDL n’est pas un bon facteur
pour prévoir un AVC (Ballantyne et coll., 2005). D’autres études
confirment que le cholestérol ne cause pas d’AVC (Ebrahim et coll., 2006 ;
Lewington et coll., 2007), et que le cholestérol et les gras saturés ne sont
pas la cause ni des AVC hémorragiques ni des AVC ischémiques (Tikhonoff
et coll., 2005).
Par contre, quelques études semblent indiquer que les gras saturés
contribuent au développement du diabète de type 2, la forme qui est reliée à
l’âge (Robertson et coll., 2002 ; Summers et coll., 2002).
Dans une de ces études, les participants ont été divisés en quatre groupes.
Tous les groupes avaient le même déjeuner qui incluait des céréales
transformées (Rice Krispies), une banane, du lait écrémé, un aliment appelé
« Marvel », de la poudre de chocolat « Nesquik » et 40 g de gras.
Dans la deuxième étude, les 17 participants ont été séparés en deux groupes
suivant le type de gras consommé : saturés ou polyinsaturés. Tous les
participants avaient sensiblement le même taux d’insuline, de glucose
sanguin et le même indice de masse corporelle (IMC). Il est difficile de
comprendre comment on a pu conclure que les gras saturés causaient le
diabète, car il n’y a pas de différence majeure dans les résultats des deux
groupes. Il faut aussi noter que le nombre de participants est bien trop
minime pour être statistiquement significatif.
Par contre, il est clair que les gras trans accélèrent le développement du
diabète de type 2 (Kiage, 2013 ; De Souza, 2015).
Jusqu’à présent, les quelques études qui ont trouvé un lien entre les gras
saturés et le diabète ne représentent pas ce qui se passe dans la vie réelle ;
elles sont souvent exécutées in vitro, c’est-à-dire dans des conditions
artificielles en laboratoire. En fait, plusieurs études démontrent que les gras
végétaux et non les gras saturés causent le diabète (Pan et coll., 1997 ;
Meyer et coll., 2001).
Les reins filtrent le sang et éliminent les substances toxiques. Ils contrôlent
aussi le volume sanguin et par conséquent la pression artérielle. Les reins
ont besoin de beaucoup de gras saturés (acide myristique, palmitique et
stéarique) pour leur fonctionnement. Ils enveloppent les reins les protégeant
ainsi contre les chocs et ils sont une source importante d’énergie tout
comme le cœur.
Il n’y a aucune étude à ce jour qui démontre que les gras saturés ou le
cholestérol interfèrent avec le bon fonctionnement des reins.
On sait toutefois que les gras saturés présents dans l’huile de noix de coco
de même que l’oméga-3 améliorent les fonctions rénales (Monserrat et
coll., 2000).
Pour en finir une fois pour toutes avec l’incrimination des gras saturés dans
les maladies cardiaques, rappelons que de très nombreuses études ont
conclu que leur consommation ou les taux de cholestérol sanguin élevés ne
sont ni la cause, ni impliqués dans l’athérosclérose, qu’ils apportent au
contraire des bienfaits, et que les gras insaturés seraient plus coupables en
réalité.
D’autres encore démontrent hors de tout doute que les gras saturés ne sont
pas impliqués dans le développement des plaques d’athéromes, donc des
maladies cardiaques (Paul et coll., 1963 ; Morris et coll., 1977 ; Yano et
coll., 1978 ; Garcia-Palmieri et coll., 1980 ; Shekelle et coll., 1981 ; Farchi
et coll., 1989 ; Fehily et coll., 1993 ; Ascherio et coll., 1996 ; Hu et coll.,
1997 ; Leosdottir et coll., 2005).
L’arrivée de l’hypothèse inflammatoire n’a pas cessé pour autant les efforts
de rendre les gras saturés coupables, même au prix de contorsions
méthodologiques. En 2006, un article concluait que les gras saturés
provoquent une réaction inflammatoire rapidement après avoir été
consommés, par conséquent l’apparition de l’athérosclérose (Nicholls et
coll., 2006).
Il est assez étrange de constater que les auteurs ont conclu que l’huile de
noix de coco diminuait la dilation des vaisseaux sanguins, alors qu’en fait
leurs chiffres indiquent plutôt qu’elle l’augmente. En fait, la réponse anti-
inflammatoire des deux types de régime tient probablement à la teneur en
vitamine E respective des huiles de carthame et de noix de coco
(Masterjohn, 2007). En effet, la vitamine E est reconnue pour son efficacité
dans la dilatation des vaisseaux sanguins, et l’huile de carthame en contient
70 fois plus que l’huile de noix de coco ! De plus, les lipoprotéines, dont les
HDL, transportent la vitamine E dans le sang (Meydani et coll., 1989).
Est-ce que ces résultats indiquent que l’huile de carthame est une meilleure
huile ? Absolument pas ! Cela signifie seulement que l’huile de noix de
coco n’est pas une bonne source de vitamine E. Comme on l’a vu (chapitre
4), l’huile de noix de coco contient des acides gras qui ont des propriétés
antimicrobiennes et qui sont par conséquent très importants. De plus, il est
connu qu’en dépit de leur teneur élevée en vitamine E, les huiles végétales
en diminuent le taux sanguin, ce qui augmente les besoins de l’organisme
pour cette vitamine.
CONCLUSION
Dans la très grande majorité des recherches, des liens n’ont pu être établis
entre le taux cholestérol sanguin et diverses maladies, que ce soit les
maladies cardiaques, les AVC, la maladie d’Alzheimer, les diabètes de type
1 ou 2 et les troubles rénaux. Pour toutes ces maladies, non seulement le
taux de cholestérol sanguin total n’est pas un facteur prédictif fiable, mais
de nombreux résultats de recherche révèlent qu’au contraire, le cholestérol
aurait un effet protecteur.
Quant aux recherches qui semblent montrer un lien, ou bien elles sont
faibles statistiquement, ou bien elles sont entachées d’erreurs
méthodologiques ou d’interprétation qui en invalident les résultats.
En conséquence, l’hypothèse lipidique n’a jamais été établie. Il n’a pas été
démontré que le cholestérol sanguin, bien que présent dans les plaques
d’athéromes, soit la cause de leur formation ni de l’obstruction des artères
coronaires. Ce serait sa fonction biologique de protection et de réparation
des tissus qui expliquerait cette présence dans les athéromes.
INTRODUCTION
Bien que la science rejette l’idée que les gras saturés et le cholestérol sont la
cause des maladies cardiaques, les statines sont devenues à la mode
précisément pour leur efficacité à faire diminuer le taux de cholestérol
sanguin. Cette mode a de quoi inquiéter : aux États-Unis uniquement, 27,9
% des adultes de 40 ans et plus disaient utiliser une médication pour
abaisser le cholestérol en 2011-2012, soit 40 % de plus qu’en 2003-2004
(19,9 %), dont 30 millions prennent une statine (2015).
On verra que les recherches démontrent en général que la baisse du taux de
cholestérol constatée n’améliore par le taux de mortalité par crise cardiaque
et ne prévient pas l’athérosclérose, sauf dans certaines conditions qu’il
devient éclairant d’étudier pour mieux en comprendre les mécanismes. On
expliquera aussi les multiples effets secondaires des statines que la
médecine occidentale néglige trop souvent, croyant ainsi prioriser la
prévention des maladies cardiovasculaires, première cause de décès des
pays de l’OCDE.
La science médicale n’a pas attendu la découverte des statines pour tenter
de diminuer le taux de cholestérol sanguin par des médicaments. Les
hypothèses nutritionnelle et lipidique étant bien installées dans les
croyances en santé, de nombreux projets de recherche se sont penchés sur
diverses molécules pour abaisser le cholestérol sanguin.
Un peu plus de 18 mois après son début, l’étude sur le groupe d’hommes
recevant de l’œstrogène a été interrompue parce que l’hormone provoquait
plus de crises cardiaques. De plus, l’œstrogène avait tendance à rendre les
hommes impuissants, augmentait le volume des seins et favorisait le
développement de cancers chez les sujets (1970 ; 1973a). Le traitement
avec l’hormone thyroïdienne a également été interrompu parce qu’elle
causait également davantage de crises cardiaques (1972).
Les résultats chez les patients traités pendant sept ans avec le clofibrate et
l’acide nicotinique furent très décevants malgré une baisse de niveau du
cholestérol. Il y eut autant de décès que dans le groupe témoin (1975).
Il est assez étrange qu’un médicament pris des années auparavant puisse
avoir un effet bénéfique à long terme. C’est comme si l’on prenait une
aspirine aujourd’hui pour prévenir un mal de tête le mois prochain !
Rappelons qu’avec le clofibrate (section 5.4.2), c’est le contraire qui se
passe. Les personnes traitées avec des statines et qui ont cessé le traitement
meurent davantage de crises cardiaques que celles qui n’en ont jamais pris.
En outre, celles qui arrêtent de prendre des statines après 1 à 3 ans de
traitement ont 154 % de plus de risque de développer la maladie
d’Alzheimer (Rea et coll., 2005).
Dans les années 1970, le Dr A.E. Dorr et son équipe ont mis au point une
recherche, appelée « The Upjohn Trial », portant sur les effets d’un
médicament abaissant le cholestérol sanguin, le colestipol (Lestid®), un
séquestrant ou chélateur de l’acide biliaire (Dorr et coll., 1978). Ils ont
obtenu des résultats très impressionnants et jamais égalés à ce jour : il y a
eu deux fois moins de crises cardiaques dans le groupe de patients prenant
le médicament.
Ensuite sont apparues des molécules plus efficaces pour diminuer le taux
sanguin de cholestérol. L’une d’elles, le gemfibrozil (Lopid®), a une
structure moléculaire similaire à celle du clofibrate, mais son action est
considérée comme plus efficace parce qu’elle diminue le LDL et augmente
le HDL. Ce médicament a fait l’objet d’une étude en Finlande (Frick et
coll., 1987). Une autre étude a conclu que les fibrates, comme le
gemfibrozil, doivent être considérés comme cancérigènes (Ellison, 2006b).
Une autre étude réalisée encore une fois en Finlande sur le gemfibrozil a
prouvé, cette fois, que le médicament doublait le nombre de décès dus à une
crise cardiaque (Frick et coll., 1993).
7.1.2 Découverte des statines
La première statine est d’origine naturelle. Elle provient d’un poison isolé
de la levure de riz rouge (Li et coll., 2004). L’utilisation de cette levure dans
la médecine chinoise pour traiter différents maux remonte à 800 ans av. J.-
C. (Heber et coll., 1999). La levure de riz rouge produit une molécule
toxique, la mévastatine ou compactine, pour se protéger de ses prédateurs,
qui en deviennent malades et en meurent parfois. En 1976, alors qu’il
travaille sur les métabolites fongiques et leur rôle dans la synthèse du
cholestérol, le biochimiste et microbiologiste japonais Akira Endo découvre
que ce composé inhibe la synthèse du cholestérol.
À la fin des années 1980, les autres pharmaceutiques entrent dans la danse
et la classe de médicaments appelés statines s’enrichit de six nouvelles
statines de synthèse entre 1988 à 2003 ; elles sont vendues
commercialement sous divers noms selon les territoires (tableau 7.1).
L’enzyme HMG-CoA réductase ciblée par les statines est activée par la
présence d’insuline dans le sang : un taux élevé de cholestérol sanguin est
relié à la consommation de sucre et non de gras animaux. Deux études le
confirment : la première conclut que le sucre de table augmente de 40 % le
taux sanguin de cholestérol (Howell, 1985), et l’autre que l’insuline
augmente le taux sanguin de cholestérol (Marks, 1996). Inversement, une
diète faible en glucides diminue la nécessité de prendre des statines
(Ravnskov, 2006).
L’arrivée des statines sur le marché a entraîné une série d’essais cliniques et
de recherches. Selon les pharmaceutiques, les statines peuvent réduire le
taux de cholestérol total de plus de 50 %. On verra qu’elles ne diminuent
pas pour autant le taux de mortalité ni l’athérosclérose.
Il s’en est ensuivi plusieurs études à grande échelle, incluant celle des 4S
(Scandinavian Simvastatin Survival Study), le CARE (Cholesterol and
Recurrent Events Trial), le Woscops (West of Scotland Coronary Prevention
Study), l’AFCAPS/TEXCAPS (Air Force/Texas Coronary Atherosclerosis
Prevention Study) et le LIPID (Long-term Intervention with Pravastatin in
Ischemic Disease trial) (1994 ; Oliver et coll., 1995 ; Shepherd et coll.,
1995 ; Sacks et coll., 1996 ; 1998c ; Downs et coll., 1998). Les résultats
démontrent qu’en dépit d’une réduction importante du taux de cholestérol
sanguin, les statines ne diminuent en moyenne les décès liés aux maladies
cardiaques que de 0,4 à 3 %. L’étude 4S (0,24 %), par exemple, révèle qu’il
faut que 417 sujets prennent une statine pour éviter 1 décès sur une période
d’un an (Newman, 2009) ! Et encore, le décès évité ne l’a peut-être pas été
grâce à la statine.
Dans la majorité des études sur les statines, le nombre de décès n’est pas
statistiquement significatif, parce qu’elles n’incluent que des hommes d’âge
moyen. Pour être représentatif de la population, l’échantillon devrait inclure
des femmes et des hommes de tous âges et de toutes races (Bandyopadhyay
et coll., 2001 ; Ellison, 2006b).
C’est pour cela que les sociétés préfèrent utiliser le taux relatif, car cela
donne l’impression que le médicament est vraiment efficace. C’est
exactement le cas pour les statines. En utilisant le taux relatif, on a
l’impression qu’elles diminuent le taux de mortalité, mais quand on regarde
le taux absolu, il n’y a pas de différence. Par exemple, lors de l’étude
Woscops, les auteurs ont prétendu que la pravastatine diminue le taux de
mortalité de 22 %. C’est bien sûr le taux relatif ! Avec le taux absolu, on
voit que la diminution des décès est bien en dessous, soit de 0,9 % !
Autre exemple : après avoir réalisé des tests sur l’atorvastatine durant un
peu plus de trois ans, la société Pfizer affirme qu’elle diminue d’environ 33
% les risques de maladies cardiaques. Pour obtenir ce nombre, elle utilise le
risque relatif. Les tests montrent que 3 % des participants ayant pris un
placebo ont eu une crise cardiaque contre 2 % ayant pris la statine, donc 1
% d’efficacité. Si, au lieu de calculer le risque relatif (1/3 = 33 %), on
calcule le risque absolu (1/100), cela signifie que sur 100 personnes, la
statine n’a sauvé la vie que d’une seule personne !
L’étude JUPITER péchait au départ par une sélection peu orthodoxe des
participants. Les 17 802 participants ont été sélectionnés dans un premier
temps parmi 1 315 cliniques médicales différentes et tous ceux qui ont été
traités avaient des taux de cholestérol sanguin normaux et étaient considérés
comme en bonne santé. Ils ont ensuite pris de la rosuvastatine pendant un
mois et tous ceux qui avaient des effets secondaires ont été exclus. Ceux qui
présentaient de l’hypertension, des problèmes d’inflammation, du diabète,
de l’arthrite et des cardiopathies ont également été rejetés de l’étude. Enfin,
seuls des hommes de plus de 50 ans et des femmes de plus de 60 ans ont été
choisis. Bref, au total 4 personnes sur 5 ont été éliminées de l’étude. Un tel
échantillonnage de sujets est quasi inexistant dans la vie courante ; il aurait
fallu des personnes de tous âges avec toutes sortes de conditions, y compris
des personnes ayant un taux élevé de cholestérol sanguin susceptibles de se
voir prescrire des statines. Malgré cette sélection vigoureuse, 25 % des
participants ont arrêté de prendre la statine au cours de l’étude !
L’étude a par ailleurs révélé que ceux qui ont profité de la prise de statine
avaient un taux sanguin élevé de CRP (ou CRP, C-Reactive Protein), une
protéine CRP impliquée dans le mécanisme de défense naturelle contre les
maladies. Le taux de CRP n’a aucun lien avec le cholestérol. C’est un
indicateur d’inflammation : un taux élevé indique donc qu’une
inflammation est présente dans le corps. L’étude conclut que le taux de CRP
est un bon indicateur de maladies cardiaques (Ridker et coll., 2008), sans
considérer que l’inflammation pourrait relever de causes autres : une simple
grippe, un stress émotionnel ou encore une cheville foulée.Selon des études,
la protéine réactive C n’est pas impliquée dans le développement des
maladies cardiaques (Wensley et coll., 2011) et n’en est pas non plus la
cause (Davey Smith et coll., 2005 ; Timpson et coll., 2005 ; Casas et coll.,
2006 ; Zacho et coll., 2008).
Malgré une diminution très importante du taux de LDL sanguin, ces deux
molécules ne ralentissent pas la progression de maladies cardiovasculaires
(Drazen et coll., 2008 ; Rossebo et coll., 2008). De plus, les résultats
observés ne sont pas significatifs selon des calculs statistiques faits par un
groupe indépendant de chercheurs (Diamond et Kaul, 2008). Pour
couronner le tout, les auteurs de l’étude ont mesuré l’épaisseur de l’intima
de l’artère carotide, soit la couche interne en contact direct avec le sang, et
ils ont observé un épaississement de l’intima, ce qui est une mauvaise chose
(de Groot et coll., 2008).
Précisons que la mesure des artères est très contestée vu qu’elle ne prédit
pas le développement de l’athérosclérose (Kanters et coll., 1997). Malgré
tout, vu que l’épaisseur de l’intima est un facteur prédictif d’une crise
cardiaque, les résultats de l’étude ENHANCE sont très décevants et appuient
encore une fois les la thèse que le cholestérol n’a rien à voir avec les
maladies cardiaques.
De plus, les participants avaient des taux de cholestérol très élevés, car ils
étaient atteints d’hypercholestérolémie familiale. Les conclusions ne sont
pas transposables à l’ensemble de la population.
A. Méta-étude de Ravnskov
B. Méta-étude de Smith
Les auteurs ont conclu qu’il n’y a pas de bénéfice à réduire le cholestérol
sanguin sauf pour les personnes à fort risque, donc celles ayant la mutation
en question. Toutefois, cette façon de catégoriser les études est discutable
puisque les personnes classées comme étant à faible risque avaient un taux
de cholestérol de 278 mg/dL, ce qui est beaucoup plus élevé que le taux
moyen considéré comme normal, soit 200 mg/dL. Bref, toutes ces données
sont contradictoires et indiquent seulement que le cholestérol ne joue aucun
rôle dans l’apparition ou le développement des maladies cardiaques.
C. Méta-étude d’Abramson
Dans l’étude Sydney Heart Diet réalisée en Australie, les chercheurs ont été
surpris de constater qu’une diminution du cholestérol sanguin augmentait le
taux de maladies chez les participants (Woodhill et coll., 1978).
D. Méta-étude d’Ellison
D’autres chercheurs ont effectué une méta-analyse sur cinq grandes études
portant sur les statines (Ellison, 2006b) :
— PROSPER (Prospective Study of Pravastatin in the Elderly at Risk) ;
— ALLHAT-LLT (Antihypertensive and Lipid-Lowering Treatment to
Prevent Heart Attack Trial) ;
— ASCOT-LLA (Anglo-Scandinavian Cardiac Outcomes-Lipid Lowering
Arm) ;
— AFCAPS (Air Force/Texas Coronary Atherosclerosis Prevention
Study) ;
— WOSCOPS (West of Scotland Coronary Prevention Study).
Au terme de cette analyse, ils ont conclu que les statines diminuent, au
mieux, de 0,3 % le taux de mortalité. Cela signifierait que 3 personnes sur 1
000 sont sauvées par les statines, sauf que pour cet échantillon la marge
d’erreur est supérieure, ce qui ramène ce 0,3 % à 0 %. Donc, on peut
raisonnablement conclure que les statines n’ont pas vraiment d’effets
bénéfiques. On peut aussi se demander si une baisse de mortalité supérieure
justifierait les effets secondaires endurés par les patients (section 7.3).
Des études ont observé que les statines ne ralentissent pas le développement
des maladies cardiaques (Hecht et Harman, 2003b ; Hecht et Harman,
2003a ; Hecht et Harman, 2003c ; Hecht et Harman, 2004 ; Krum et coll.,
2007). Les statines ne réduisent pas la grosseur des plaques artérielles bien
qu’elles diminuent de façon importante le taux sanguin de LDL (Lee et
coll., 2009a). Cette dernière étude est intéressante parce qu’elle affirme que
les statines ne semblent pas réduire les problèmes cardiaques. De plus, elle
indique que les statines augmentent le risque de développer le diabète. Les
auteurs affirment même que les statines ne changent pas le fonctionnement
des vaisseaux sanguins et donc n’apportent aucun bénéfice. En plus, les
auteurs affirment que les statines préviennent une fraction mineure des
problèmes cardiaques. Ces études démontrent que diminuer le taux de LDL
n’affecte en rien la formation de plaques artérielles.
Une étude publiée en septembre 2008 démontre encore une fois qu’un taux
de cholestérol trop bas est mauvais pour la santé. Dans cette étude, les
auteurs ont analysé les dossiers de 17 791 patients qui ont été admis à
l’hôpital entre juin 2005 et juin 2007 et dont le taux de cholestérol a été
correctement mesuré (Horwich et coll., 2008). Ils ont aussi noté que 46 %
de ces patients prenaient des statines. Leur conclusion est assez étonnante
pour ceux qui croient que le cholestérol est la cause des maladies
cardiaques : pour chaque augmentation de 10 mg du cholestérol sanguin, il
y a une diminution de 4 % des risques de mourir d’une crise cardiaque. Ce
résultat prouve aussi, à sa manière, que le cholestérol protège contre les
crises cardiaques.
Des études montrent que les statines créent des anomalies cardiaques lors
de la phase diastolique, c’est-à-dire lorsque le cœur se remplit de sang
(Silver et coll., 2004), qu’elles augmentent l’athérosclérose et les crises
cardiaques (Bargossi et coll., 1994 ; Kuettner et coll., 2005), et qu’elles ne
diminuent pas non plus la formation de plaques sur la paroi des vaisseaux
sanguins (Brown et Taylor, 2008 ; Kastelein et coll., 2008).
Une étude portant sur plus de 182 personnes à haut risque de développer
des maladies cardiaques a démontré que la prise de statine, de niacine ou
une combinaison des deux ne diminue pas la formation d’athéromes (Hecht
et Harman, 2003a). La progression de l’athérosclérose n’est pas diminuée
ou stoppée par la pravastatine, bien qu’elle diminue de 25 % le taux sanguin
de LDL (Jughes, 2003). Les statines ne ralentissent pas la calcification des
vaisseaux sanguins en dépit d’une réduction de plus de 50 % du taux de
cholestérol LDL (Cowell et coll., 2005 ; Dichtl et coll., 2008).
Une étude montre que les statines diminuent le taux sanguin d’oméga-3 de
34 % et celui d’oméga-6 de 28 % (Kuettner et coll., 2005).
De plus, contrairement à ce que l’on croit, l’oméga-6 sert à la production de
la prostaglandine PGE1, un anti-inflammatoire très puissant. En effet, la
PGE1 diminue la formation d’athéromes (Weiss et coll., 2000). Ces
indications expliquent également pourquoi les statines augmentent les
risques d’accidents vasculaires cérébraux (AVC) (The Lipid Research
Clinics Coronary Primary Prevention Trial Results, 1984a).
Ils ont donc décidé de tester cette hypothèse chez l’homme et cette étude a
été nommée ILLUMINATE (Investigation of LIpid Level Management to
Understand its Impact in Atherosclerotic Events). Les personnes prenant ce
médicament virent leur taux de HDL monter de 46 à 61 %, ce qui très élevé.
L’étude a dû être arrêtée avant la fin, parce que le traitement augmentait le
taux de mortalité dans le groupe traité (Barter et coll., 2007b ; Kastelein et
coll., 2007 ; Nissen et coll., 2007 ; Nissen et Wolski, 2007).
Pour ce faire, ils ont développé une molécule appelée ézétimibe. Cette
dernière rend inactifs les récepteurs du cholestérol dans les intestins
empêchant le corps de réabsorber le cholestérol libéré sous forme de bile et
aussi le cholestérol consommé (Chang et Chang, 2008 ; Ge et coll., 2008).
Comme il est extrêmement exigeant de fabriquer du cholestérol (18
molécules d’ATP, 27 molécules de NADPH et 11 molécules d’oxygène) et
comme le cholestérol est indispensable pour nos cellules, on pourrait
facilement déduire qu’un traitement à l’ézétimibe aurait des répercussions
désastreuses.
Bien que chez les femmes, le taux de cholestérol sanguin n’est pas un
facteur de risque pour des troubles cardiaques, aux États-Unis les autorités
de santé publique encouragent les médecins à traiter les femmes avec des
statines (Ravnskov, 2000b).
Une étude confirmera plus tard que les bienfaits des statines sur la
prévention des maladies cardiaques chez les femmes sont de beaucoup
surestimés (Rosenberg et Allard, 2008), en démontrant que si les statines
diminuent effectivement le risque, cela n’affecte pas le taux de mortalité
total.
Il est maintenant plus qu’évident que l’utilisation des statines pour contrôler
le taux de cholestérol est responsable de plusieurs effets secondaires
(Golomb et Evans 2008 ; Wang et coll., 2008a). En effet, les statines
causent plus de mal que la médecine ne le reconnaît. La prise d’une statine
augmente de 1 % le taux de mortalité sur une période de 10 ans (Jackson et
coll., 2001 ; Schwartz et coll., 2001). Contrairement à ce que l’on croit, les
statines ne réduisent pas le taux de mortalité total (De Lorgeril et Rabaeus,
2016).
Le fait que ces études portent sur des participants moyennement âgés et
prennent en considération les cancers les plus lents à se développer permet
de conclure à un impact moindre de l’action des statines sur le
développement du cancer.
Les neuropeptides sont des messagers produits par toutes les cellules de
notre corps qui servent à échanger de l’information entre tous les systèmes
de notre corps et sont essentiels pour leur bon fonctionnement. Sans
dolichols, la formation et le transport des neuropeptides sont défectueux
(Wang et coll., 2005). On pourrait comparer les dolichols à un facteur
travaillant dans un bureau de poste. S’il envoie une lettre à une mauvaise
adresse, le destinataire ne la lira jamais.
Or, ces neuropeptides sont la base de nos émotions, de nos actions, de nos
pensées et de nos sensations. C’est pour cette raison que les statines causent
des amnésies partielles et même des épisodes d’amnésie d’amnésie totale
(transitoire), la dépression, la démence, la paranoïa, l’irritabilité, l’hostilité,
l’agressivité, la rage au volant, les accidents, les suicides et autres
dépendances (Muldoon et coll., 2001 ; Golomb et coll., 2004a ; Golomb et
coll., 2004b ; Graveline, 2006). Les pertes de mémoire peuvent être
temporaires et plus ou moins importantes, mais des amnésies partielles et
même des périodes d’amnésie totale sont possibles.
En effet, lors des premiers essais cliniques sur l’atorvastatine, les médecins
savent que la statine affecte les fonctions cérébrales. Ils ont observé qu’en
moyenne 5 personnes sur 1 000 ont des pertes de mémoire sévères dues à la
prise du médicament (Wagstaff et coll., 2003 ; Graveline, 2006). Selon des
sources biostatistiques fiables (Triola, 2012), l’atorvastatine est prescrite à
44 millions de personnes de par le monde, ce qui se traduirait par 220 000
personnes éprouvant des pertes de mémoire sévères. En outre, ces
conditions peuvent s’expliquer par une baisse de la production de
sérotonine, l’hormone reliée à l’état de bien-être, par nos cellules
neuronales (Lechleitner et coll., 1992 ; Duits et Bos, 1993 ; Muldoon et
coll., 1993).
Selon le Dr Van der Linde des Pays-Bas, pour 100 crises cardiaques évitées
par une statine, 75 patients deviennent diabétiques. Quand on considère
l’ensemble des patients prenant une statine, les risques de devenir
diabétique sont d’environ 3 %. En effet, les statines augmentent les risques
de diabète (Xia et coll., 2008 ; Culver et coll., 2012). C’est autant de
personnes qui doivent désormais prendre en plus des médications pour
contrôler leur taux de glucose sanguin. La prise de statine augmente
également la calcification des valves du cœur chez les personnes
diabétiques (Saremi et coll., 2012).
Les études sur les statines ne tiennent jamais compte des effets secondaires,
même les moins sévères. Par conséquent, dans la majorité des cas, les
médecins attribuent les troubles de santé qui apparaissent par suite de la
prise d’une statine à d’autres facteurs comme la vieillesse ou la maladie
d’Alzheimer (Graveline, 2006). Les troubles de mémoire causés par les
statines sont si réels que si le bon examen est fait, on constate des troubles
de la mémoire chez 100 % des personnes (Muldoon et coll., 2000 ;
Muldoon et coll., 2004) !
Une augmentation des plaques amyloïdes pourrait indiquer que les statines
créent une pression sur les neurones, que le cerveau essaie de compenser
par une augmentation de la production de la protéine APP dans le but
d’augmenter l’absorption du cholestérol à l’intérieur des cellules. De plus,
les statines stimulent la mort des neurones et empêchent la formation
d’axones (extension du neurone qui sert de moyen de communication entre
neurones) (Bosel et Endres, 2006). En effet, le cholestérol est important
dans la formation d’axones (Guirland et coll., 2004).
Toutes ces études démontrent donc que les statines ne préviennent pas ou
n’améliorent pas les symptômes de la maladie d’Alzheimer et qu’elles en
accélèrent plutôt le développement (Mazzon et coll., 2005 ; Kuller, 2007 ;
Zhou et coll., 2007).
La maladie d’Alzheimer est aussi caractérisée par une perte progressive des
synapses qui est due à un manque de cholestérol (Pfrieger, 2003a) !
De plus, les personnes prenant une statine ont 26,4 % plus de risques de
développer une quelconque neuropathie (Kendrick, 2008).
Il faut savoir que les LDL et HDL ne peuvent pas traverser la barrière
céphalorachidienne, ce qui limite la quantité de cholestérol qui peut
atteindre le cerveau par le sang. Le cerveau doit donc produire lui-même
son cholestérol. On a vu que toutes les cellules du corps peuvent fabriquer
du cholestérol, mais le cerveau est fortement dépendant de sa propre
production. Par contre, les cellules du cerveau sont tout aussi affectées par
les statines que toutes les autres cellules du corps, ce qui provoque une
baisse de la production de cholestérol ainsi que les conséquences qu’elle
engendre.
Après les pertes de mémoire, les effets secondaires dont les gens se
plaignent le plus souvent sont les douleurs musculaires. C’est un fait bien
documenté que les statines augmentent les risques de problèmes
musculaires (Gambelli et coll., 2004 ; Sailler et coll., 2008).
Selon des études, les statines créent des problèmes musculaires chez 20 à 50
% des patients en prenant (Gadarla et coll., 2008 ; Mohaupt et coll., 2009).
Les statines causent la mort de plusieurs types de cellules saines, ce qui est
très inquiétant (Link et coll., 2008). Le fait que les statines diminuent la
capacité des muscles à se régénérer explique les nombreux effets
secondaires des statines sur les muscles.
C’est ainsi que les statines causent des myopathies, c’est-à-dire des
maladies neuromusculaires qui se traduisent par une dégénérescence du
tissu musculaire (Phillips et coll., 2002 ; Baker et Samjoo 2008 ; Baker et
coll., 2008 ; Link et coll., 2008).
Pour les mêmes raisons, les statines engendrent également des pathologies
oculaires comme la diplopie (double vision), la blépharoptosie
(affaissement de la paupière supérieure, elle ne tient plus relevée) et
l’ophtalmoplégie (paralysie des muscles de l’œil) (Fraunfelder et Richards,
2008). Toutes ces conditions ont un point en commun : des troubles
musculaires.
Enfin, entre 1,3 et 50,1 % des personnes prenant des statines souffrent de
rhabdomyolyse, une maladie grave qui détruit les cellules musculaires, et
entre 1,4 % et 27,8 % des décès sont causés par cette condition médicale
(Graveline, 2006). D’ailleurs, en 2001, la Food & Drug Administration
(FDA) a retiré la cérivastatine (Baycol®) du marché, à peine trois ans après
sa commercialisation : de nombreux décès étaient survenus à cause du
développement rapide de rhabdomyolyse. Ces décès s’expliquent par le fait
que les statines diminuent la production de la CoQ10, importante pour les
cellules musculaires.
Dans l’étude ENHANCE, les auteurs ont observé un plus haut taux de cancers
chez les personnes prenant les deux statines, soit la simvastatine et
l’ézétimibe (11,1 %) que chez celles du groupe placebo (7,5 %) (Mahmoudi
et coll., 2008).
Des études concluent qu’un taux de cholestérol bas est associé à une
augmentation du risque de développer un cancer (Kendrick, 2008) et
augmente les risques de cancer de l’estomac (Asano et coll., 2008).
L’une des limites des études sur les statines est leur courte durée, soit de 4 à
5 ans en moyenne. Le cancer se développe sur une période de temps
beaucoup plus longue. Même chez les gros fumeurs, le cancer des poumons
ne se développe jamais en aussi peu de temps. C’est probablement l’une des
raisons pour laquelle peu d’études montrent un lien entre les statines et le
cancer, mais il y en a tout de même et des récentes (Ravnskov, McCully et
Rosch, 2012).
Dans l’étude CARE (Cholesterol and Recurrent Events Trial), il y avait plus
de cancers du sein parmi les femmes prenant la statine étudiée (Sacks et
coll., 1996). En effet, il y eut 12 % de crises cardiaques en moins, mais 1
500 % fois plus de cancers du sein (Ravnskov, 2000b) ! Les statines
seraient donc responsables de l’augmentation du cancer du sein des
dernières années (Goldstein, 2010).
L’une des explications serait que les statines interfèrent avec l’utilisation du
sélénium par les cellules et le manque de sélénium favorise plusieurs
pathologies, dont le cancer.
Une autre explication logique est le fait que les statines diminuent le taux de
LDL qui sont les transporteurs de l’oméga-6 LA aux cellules (Peskin,
2008c). Le cholestérol LDL est le transporteur principal des oméga et des
vitamines liposolubles (A, D et E) vers les cellules. Donc, en diminuant le
taux de LDL dans le sang, toutes les cellules du corps reçoivent beaucoup
moins d’oméga altérant ainsi tous les processus physiologiques qui en
dépendent.
Il est aussi possible que ce soit par leur dérèglement du métabolisme des
oméga que les statines augmentent les risques d’avoir le cancer (Newman et
Hulley 1996 ; Goldstein et coll., 2004 ; Iwata et coll., 2006 ; Alsheikh-Ali
et coll., 2007 ; Strandberg 2008). Les oméga et le cholestérol sont essentiels
pour le transport et le transfert de l’oxygène à la cellule. Si le transport
d’oméga par les particules LDL est diminué, les cellules vont manquer
d’oxygène. Si le niveau d’oxygénation diminue de plus de 35 %, la cellule
devient cancéreuse (chapitre 8). Une diminution du niveau de LDL par les
statines diminue donc le niveau d’oméga-6 dans les cellules, ce qui a pour
conséquence de diminuer la formation de prostacycline et d’augmenter la
formation de caillots, ce qui a pour effet d’élever les risques de métastases
et de problèmes cardiaques.
Les compléments d’oméga de bonne qualité sont très efficaces pour réduire
les plaques artérielles. Un cardiologue de la Floride, le Dr Robert L. Kagan,
fondateur du Nuclear Cardiology Laboratory, les utilise au lieu de prescrire
des statines à ses patients. Il raconte avoir prescrit des oméga à l’un de ses
patients traités avec des statines pendant plusieurs années et dont la
condition empirait. Depuis qu’il prend des oméga, ses plaques artérielles
ont diminué de plus de 22 % en une seule année, et ce, bien qu’il soit
fumeur !
L’une des hypothèses expliquant que les statines augmentent les risques de
cancers serait qu’elles inactivent le facteur NF- #B, empêchant le système
immunitaire de bien fonctionner et d’éliminer ainsi les cellules cancéreuses
de notre organisme (Graveline, 2006). Il est clair que les statines diminuent
les capacités du système immunitaire à se défendre (Muldoon et coll.,
1997a). Donc, un système immunitaire moins efficace augmente les risques
de survie d’une cellule cancéreuse menant ainsi à la formation d’une
tumeur. Les statines diminuent tellement efficacement le système
immunitaire que les médecins envisagent de les utiliser pour traiter les
maladies auto-immunes et pour empêcher le rejet d’un greffon lors d’une
transplantation d’organe (Palinski, 2000 ; Shovman et coll., 2002 ; Leung et
coll., 2003). Les statines affectent le système immunitaire, ce qui diminue
les défenses corporelles (Kwak et coll., 2000 ; Palinski, 2000 ; Raggatt et
Partridge, 2002 ; Leung et coll., 2003).
Dans le même ordre d’idée, les statines causent aussi des troubles érectiles
et une perte de la libido (Bruckert et coll., 1996 ; Jackson, 1997 ; Rizvi et
coll., 2002 ; de Graaf et coll., 2004). Ceci est dû au fait que les statines
diminuent également la production des hormones sexuelles.
Toutes les statines inactivent le facteur NF- B, mais à des degrés différents.
La cérivastatine, maintenant retirée du marché, est la statine la plus
puissante, suivie de la lovastatine, de la simvastatine, de l’atorvastatine, de
la pravastatine et de la fluvastatinePravachol (Hilgendorff et coll., 2003).
Ce qui est le plus inquiétant, c’est que même la plus faible dose de statine
inactive le facteur NF- B et donc entraîne des effets secondaires (Law et
coll., 2003). Par conséquent, la médecine devrait prendre acte que cette
diminution du taux de mortalité associé aux maladies cardiaques est
attribuable à l’action anti-inflammatoire des statines et non à la baisse du
taux de cholestérol sanguin. Sachant cela, on pourra utiliser une dose de
statine beaucoup moins importante tout en diminuant l’inflammation, ce qui
limiterait les effets secondaires. Par contre, il est extrêmement difficile de
définir un taux de cholestérol sanguin acceptable vu que le cholestérol n’a
pas de rôle dans le développement des maladies cardiaques (Allred, 1993).
Les statines semblent inactiver l’enzyme Lp-PLA2, qui transforme les LDL
oxydés en deux molécules pro-inflammatoires favorisant l’athérosclérose.
Voilà une autre explication de la prévention de troubles cardiaques par les
statines indépendante du taux de cholestérol (Winkler et coll., 2004 ; Albert
et coll., 2005 ; O’Donoghue et coll., 2006).
Signalons que les oméga-3 inactivent aussi cette enzyme ce qui explique
pourquoi ces gras aident à prévenir l’athérosclérose (Shalwitz, 2007).
L’oxyde nitrique est un gaz produit par une famille d’enzyme appelée NOS
(nitric oxide synthetase) qui dilate les vaisseaux sanguins, augmente le flux
sanguin, diminue l’adhésion des globules blancs aux parois des vaisseaux
sanguins, diminue la formation de caillots sanguins et prévient les
arythmies cardiaques et les cardiomyopathies (Belge et coll., 2005 ; Danson
et Paterson, 2005 ; Massion et coll., 2005). Bref, l’oxyde nitrique est un
facteur clé pour la prévention des maladies cardiaques (Brouet et coll.,
2001 ; Pelat et coll., 2003), car il prévient l’oxydation des LDL, un résultat
que l’on recherche si on veut prévenir les maladies cardiaques.
CONCLUSION
Les statines sont conçues pour réduire le taux de cholestérol sanguin ; elles
le font en bloquant la synthèse du cholestérol au niveau de la l’enzyme
HMG-CoA réductase.
Les effets positifs des statines sur la santé cardiaque, rarement observés,
n’ont rien à voir avec le taux de cholestérol ; c’est le cas pour les personnes
souffrant d’hypercholestérolémie familiale. Les bienfaits des statines, quand
ils existent, relèvent d’autres mécanismes d’action associés aux molécules
dont elles empêchent ou stimulent la production (CoQ10, facteur NF- B,
Rho, oxyde nitrique) et à des mutations de l’ADN mitochondrial.
Ce que toutes les études démontrent, c’est que le cholestérol n’est pas le
grand coupable des maladies cardiaques et que les statines n’apportent
aucun bénéfice sur le taux de maladies cardiaques. Au contraire, il y a de
plus en plus de preuves que les statines causent plus de mal que de bien.
Bien que les statines baissent le taux de cholestérol sanguin, son usage
n’apporte néanmoins aucun bienfait à la santé. Non seulement ne
diminuent-elles pas le taux de mortalité associé aux maladies cardiaques,
mais des décès leur sont parfois attribués.
INTRODUCTION
Il est intéressant de noter que ce sont les LDL qui absorbent les
endotoxines, les empêchant ainsi de créer une inflammation sous-jacente à
l’athérosclérose (Flegel et coll., 1989 ; Weinstock et coll., 1992 ; Muldoon
et coll., 1997b).
Les personnes qui ont un faible taux de cholestérol sanguin ont un système
immunitaire anergique, c’est-à-dire qu’il a perdu la capacité de réagir à un
antigène particulier auquel il était sensible auparavant (Vredevoe et coll.,
1998).
En effet, plusieurs médecins ont remarqué que les hommes ayant subi une
crise cardiaque avaient également eu quelques jours auparavant une
infection, notamment la grippe (Mattila, 1989 ; Grau et coll., 1998). Les
micro-organismes endommageraient l’endothélium des vaisseaux sanguins,
ce qui constitue la première étape dans le développement de
l’athérosclérose.
Citons l’exemple des particules HDL, qui ont une grande capacité à
diminuer l’inflammation engendrée par les infections bactériennes et les
infections causées par Trypanosoma brucei, responsable de la maladie du
sommeil (Rose et coll., 2000 ; Poelvoorde et coll., 2004 ; Perez-Morga et
coll., 2005 ; Murch et coll., 2007).
B. Stress oxydatif
Le rôle des radicaux libres dans les maladies cardiaques a été démontré
d’autres façons. Par exemple, la fumée de cigarette et les gaz
d’échappement contiennent beaucoup de radicaux libres (Lecerf et coll.,
1994) et la pollution augmente les risques de maladies cardiaques (Chen et
coll., 2013).
Les radicaux libres sont très nuisibles pour la santé (Finkel et Holbrook,
2000). En effet, ils jouent un rôle dans le développement du cancer, du
diabète, du vieillissement, dans l’inflammation, dans les infections et aussi
dans le développement des maladies vasculaires. Une dose excessive de
gras polyinsaturés est même soupçonnée d’entraîner un vieillissement
prématuré (Ritchie et coll., 1968).
Des études scientifiques démontrent en outre que le cholestérol LDL est une
composante importante du système immunitaire, car il est capable
d’éliminer les toxines et les micro-organismes infectieux qui ont envahi le
corps (Hudgins et coll., 2003). Donc, un taux élevé de cholestérol est
favorable pour avoir une bonne santé et pour prévenir les infections.
D’ailleurs, au début du siècle dernier, les personnes atteintes
d’hypercholestérolémie familiale avaient une espérance de vie plus grande
que la population en général (Sijbrands et coll., 2001).
Les radicaux libres oxydent les lipoprotéines (chylomicrons, LDL et HDL)
qui transportent le cholestérol et qui sont majoritairement formées de gras
polyinsaturés. Il y a très peu de risque que le cholestérol soit attaqué par les
radicaux libres vu qu’il se situe au centre des lipoprotéines et qu’il est
protégé par les molécules qui l’entourent (figure 2.8).
On pourrait donc dire que c’est l’oxydation des gras polyinsaturés qui est le
grand responsable des maladies cardiaques, c’est-à-dire la consommation de
gras polyinsaturés oxydés et des produits de leur oxydation (advanced lipid
oxydatin endproducts) ou ALES (Kanner, 2007). Les vitamines, les
minéraux, les molécules phytochimiques et les antioxydants des plantes et
des animaux préviennent l’oxydation des gras polyinsaturés, régularisent
l’inflammation et stabilisent les plaques lipidiques, diminuant ainsi les
risques de caillots sanguins.
Comme nous allons le voir, cette explication concorde parfaitement avec les
connaissances actuelles sur l’apparition des maladies cardiaques.
Pour les causes premières, il faut plutôt regarder du côté des facteurs qui
blessent la paroi endothéliale des vaisseaux sanguins : la haute pression, la
cigarette, l’insuline, le cortisol, l’adrénaline, les drogues et les stress
émotionnel, physique ou mental intenses (Kendrick, 2008). Voyons le
mécanisme qui a conduit par erreur à l’association entre crise cardiaque et
cholestérol.
Les macrophages, dont le rôle est de détruire les corps étrangers, sont les
cellules prédominantes des plaques artérielles (Stary et coll., 1994). Ils sont
donc recrutés à l’endroit où les plaques se forment pour éliminer les lipides
dénaturés et toxiques, par exemple, les LDL oxydés (Williams et Tabas,
1995 ; Chen et coll., 1997). Les macrophages absorbent seulement le LDL
oxydé par les radicaux libres. Une fois absorbé, le LDL oxydé redirige les
macrophages devenus spumeux — par un mécanisme encore mal
compris — vers les parois des vaisseaux sanguins, ce qui déclenche une
réaction inflammatoire, tout en diminuant la production d’oxyde nitrique.
C’est ainsi que des chercheurs ont déterminé que l’inflammation est le
facteur principal (dominant factor) dans le développement de
l’athérosclérose (Ross, 1999 ; Yan et Hansson, 2007).
D’une part, une quantité importante de LDL oxydé se retrouvent dans les
athéromes (Daugherty et coll., 1988 ; Yla-Herttuala et coll., 1989). D’autre
part, la prise d’antioxydants (vitamine C, vitamine E, polyphénols, etc.)
diminue le développement de l’athérosclérose, une autre indication que
l’oxydation y joue un rôle crucial (Rimm et coll., 1993 ; Stampfer et coll.,
1993 ; Diaz et coll., 1997 ; Heinecke, 1998 ; Dirican et Tas, 1999).
On entend souvent dire que les gras polyinsaturés sont bons pour la santé,
parce qu’ils diminuent le niveau de cholestérol sanguin. La raison de ce
phénomène est que les gras polyinsaturés incorporés dans les membranes
les déstabilisent, augmentant ainsi les besoins en cholestérol, et ce, afin de
les rendre de nouveau plus stables. Cela se traduit par une diminution du
cholestérol sanguin et une augmentation du cholestérol dans les tissus.
On a vu que les radicaux libres oxydent plus facilement les particules LDL
et HDL que le cholestérol, et qu’elles sont majoritairement formées de gras
polyinsaturés ; c’est pourquoi l’apparition d’athéromes est bien davantage
attribuable à l’oxydation des acides gras polyinsaturés.
Il est à noter que dans les cellules, les acides gras insaturés peuvent aussi
subir ce qu’on appelle une peroxydation. C’est un type d’oxydation par
lequel un atome d’oxygène est ajouté à la molécule. Les gras peroxydés
sont très toxiques et peuvent causer beaucoup de dommages aux cellules.
D. Oxycholestérol industriel
Tout comme les LDL oxydées, le cholestérol oxydé est un facteur important
du développement de l’athérosclérose (Colles et coll., 2001). En réalité,
comme le cholestérol est lié aux LDL, il est oxydé en même temps (Murphy
et Johnson, 2008). En plus de causer l’athérosclérose, le cholestérol oxydé
empêche la production de cholestérol dans nos cellules, ce qui a des
répercussions majeures sur la santé. Le cholestérol oxydé, par les procédés
de transformation de l’industrie alimentaire, est un poison à éviter.
Les particules LDL oxydées sécrètent des molécules qui attirent les
monocytes à l’endroit du tissu endommagé ainsi que des molécules qui
permettent à ces macrophages d’adhérer à la paroi des vaisseaux sanguins
attaqués par les LDL oxydées. De plus, ces LDL oxydées stimulent la
transformation des monocytes en macrophages.
A. Aggravation de l’inflammation
La façon dont cela se produit n’est pas encore claire, mais des études
démontrent que l’enzyme Lp-PLA2 transforme les LDL oxydées en deux
molécules pro-inflammatoires, ce qui diminue la production d’oxyde
nitrique par les vaisseaux sanguins, augmente la production de radicaux
libres, induit la mort des cellules endothéliales qui forment les vaisseaux
sanguins et prévient la réparation du tissu endommagé présent dans les
athéromes (MacPhee et coll., 1999 ; Inoue et coll., 2001 ; Takahashi et coll.,
2002 ; Safaya et coll., 2005 ; Zalewski et Macphee, 2005 ; Zalewski et coll.,
2005). Cette enzyme est produite presque exclusivement par les
macrophages et est associée aux LDL oxydées (Tselepis et Chapman,
2002).
De toutes les personnes qui avaient la mutation (85 au total), une seule est
décédée. Elle avait un très faible taux de LDL sanguin (53 mg/dL), mais
elle est tout de même morte d’une maladie cardiaque. Un faible taux de
LDL ne suffit donc pas à prévenir les troubles cardiaques ; d’autres facteurs
sont à l’œuvre.
Or, une autre conclusion très importante de cette étude est que ce n’est pas
le taux de LDL qui compte, mais plutôt le temps que les particules de LDL
passent dans le sang. Plus elles séjournent longtemps dans le sang, plus
elles risquent d’être oxydées, ce qui nous ramène une fois de plus à
l’hypothèse que les LDL oxydées sont la vraie cause de l’apparition de
l’athérosclérose. Donc, les particules de LDL des personnes ayant cette
mutation passent très peu de temps dans le sang et ne sont pratiquement pas
oxydées, ce qui explique leur faible taux de maladies cardiaques.
Il est intéressant de noter que la curcumine, la molécule phytochimique qui
constitue le pigment principal du curcuma, augmente la production du
récepteur des particules LDL et diminue le temps de passage de ces
particules dans le sang (Dou et coll., 2008), limitant ainsi les risques de leur
oxydation.
On sait que ce ne sont pas les acides gras mais leur oxydation qui amorce la
réaction inflammatoire et le cercle vicieux des radicaux libres qui aggrave
l’inflammation, les plaques d’athéromes et conduit aux maladies
cardiaques. On sait que les gras insaturés et les plus petites particules de
LDL s’oxydent plus facilement que les gras saturés et le cholestérol.
De nos jours, l’homme se nourrit d’une façon tout à fait différente de celle
dont il s’est nourri depuis le début des temps. Les autorités de santé
publique et les professionnels de la santé recommandent de diminuer la
consommation de gras. Comme la consommation de protéines ne peut guère
dépasser 20 %, un tel régime implique automatiquement d’augmenter notre
consommation de glucides et de sucres raffinés pour répondre à nos besoins
énergétiques.
Or, on vient de voir que les particules VLDL sont directement impliquées
(via l’enzyme Lp-PLA2) dans la progression de l’athérosclérose, dans la
formation de caillots et dans la résistance à l’insuline (Gotto et coll., 1977 ;
Hulley et coll., 1980 ; West et coll., 1983 ; Cambien et coll., 1986 ; Sirtori
et coll., 1990 ; McGarry, 1992 ; Hokanson et Austin, 1996 ; Austin et coll.,
1998 ; Austin, 1999). Un taux élevé de VLDL est même responsable de la
pancréatite (Mittendorfer et Sidossis, 2001).
En revanche, la production de particules VLDL est minime lorsque des
glucides complexes (maltodextrines, fructo-oligosaccharides, amidon,
cellulose, pectines) sont consommés (Hudgins et coll., 1998 ; Parks et coll.,
1999). En outre, les sucres empêchent les VLDL d’être utilisées par les
cellules expliquant le taux élevé de VLDL après une consommation de
glucides, surtout simples, mais aussi complexes (Parks, 2001).
Il est à noter que le fructose, sous forme concentrée, est le pire des sucres à
consommer, car il augmente le taux de VLDL sanguin de façon très
importante comparativement au glucose.
C. Sucres et cholestérol
D’une part, des scientifiques suggèrent que le sucre est le seul facteur
commun à la plupart, sinon à toutes les maladies cardiaques (Taegtmeyer et
coll., 2005 ; Siri-Tarino et coll., 2010c). D’autre part, ce qui est fort
intéressant, ces mêmes auteurs ont démontré qu’un régime très pauvre en
sucre et riche en gras peut rétablir un cœur hypertrophié en un cœur sain
(Taegtmeyer et coll., 2005). Enfin, la consommation de sucre favorise
l’expression de certains gènes reconnus pour causer une inflammation (El-
Osta et coll., 2008).
A. Hyperthyroïdie
B. Stress psychologique
Selon d’autres études, de tous les facteurs de risques associés aux maladies
cardiaques, le stress psychologique serait le plus important dans le
déclenchement d’une crise cardiaque (Yusuf et coll., 2004 ; Thurston et
Kubzansky, 2007). De plus, il devient de plus en plus clair que la situation
socio-économique d’un individu est un facteur important de risque
cardiaque (Deans et coll., 2009).
C. Chlore
Depuis les années 1950, les scientifiques savent que le chlore contenu dans
l’eau du robinet cause l’athérosclérose (Kupua Ho’ala, 1998). Le chlore est
connu pour causer l’accumulation de plaques d’athéromes dans les artères,
ce qui mène à la crise cardiaque. De plus, le chlore détruit la vitamine E, un
puissant antioxydant qui prévient l’oxydation du gras, et par conséquent, la
formation de plaques (Kupua Ho’ala, 1998).
D. Mercure
E. Bisphénol A
Cette découverte a été plusieurs fois vérifiée par d’autres chercheurs et tous
la confirment (Hockel et coll., 1993 ; Brizel et coll., 1996 ; Brizel et coll.,
1999 ; Koukourakis et coll., 2000 ; Krause et coll., 2006 ; Bourke et coll.,
2007).
En fait, ces causes secondes ont toutes pour effet de créer un manque
d’oxygénation dans la cellule. Le manque d’oxygène reste donc le
mécanisme premier présidant au développement du cancer.
B. Fermentation et besoins énergétiques du cœur
Les résultats du Dr Warburg montrent qu’il faut une diminution d’au moins
35 % du niveau d’oxygène dans nos cellules pour modifier leur mécanisme
de production d’énergie, soit le passage à la fermentation des sucres. Ce
processus de production d’énergie est beaucoup moins performant, 20 fois
moins efficace, mais il produit de l’énergie extrêmement rapidement.
Récemment, certains chercheurs ont montré que le meilleur moyen de tuer
les cellules cancéreuses était de bloquer la fermentation du sucre avec du
citrate, cette fermentation étant le seul moyen que possède la tumeur pour
produire de l’énergie et de survivre (Halabe et Bucay, 2007 ; Warburg,
2010).
C. Acidification du cœur
Quand l’hypothèse des artères bloquées a été proposée dans les années 1940
pour expliquer l’augmentation soudaine des infarctus du myocarde, la
plupart des cardiologues de l’époque ne l’ont pas acceptée (Murakami et
coll., 1998).
Leur argument était fort simple : l’artère coronarienne n’est pas la seule
artère à être obstruée par les plaques lipidiques. En effet, les artères du rein,
du foie et d’autres organes s’obstruent également avec l’âge. Alors
pourquoi le cœur serait-il le seul à être affecté par le rétrécissement de ses
artères ? En d’autres mots, pourquoi personne n’a-t-il une « attaque » de
rein ou de foie ?
La raison pour laquelle seul le cœur a une « attaque » est que sa demande
en énergie est énorme, ce qui le conduit à produire de l’acide lactique, et
qu’il est le seul organe à ne jamais pouvoir se reposer.
D’une part, on sait que les plaques sont plus souvent présentes chez les
bébés et les enfants que chez les adultes (Stary, 1987 ; Stary, 1989) ;
pourtant, ils ne meurent pas de crises cardiaques. Si les plaques ne sont pas
la cause directe de l’infarctus, il doit y avoir quelque chose qui se produit
chez l’adulte et qui ne se produit pas chez l’enfant.
D’autre part, pour compliquer les choses, une artère coronarienne peut être
complètement bouchée sans jamais montrer de symptômes et sans jamais
endommager le cœur (Killip, 1988). Cela s’explique par le fait que les deux
autres artères coronariennes s’élargissent pour compenser l’apport en sang
que l’artère obstruée ne peut pas fournir au cœur.
Les auteurs en concluent que le blocage des artères n’est pas la cause de
l’infarctus, mais plutôt la conséquence. Cette fascinante observation est
appuyée par d’autres études (Epstein, 1988). Certains médecins ont même
suggéré que l’obstruction des artères réduirait le risque de crise cardiaque
(Cowan, 2007). Ils ont observé que les vaisseaux sanguins qui nourrissent le
cœur s’élargissent et compensent les autres vaisseaux obstrués par les
plaques lipidiques. Le cœur a une façon d’empêcher un manque de
nutriments et d’assurer ainsi sa survie.
S’appuyant sur cette hypothèse, des médecins ont conclu que le meilleur
moyen de prévenir les crises cardiaques serait de traiter cette acidification
du cœur. Pour ce faire, ils utilisent deux plantes : la digitale et le
strophantus. La digitaline et la strophantine, qui présentent des liens de
parenté chimique, appartiennent à la même classe de substances et sont
toutes deux utilisées pour traiter l’insuffisance cardiaque. L’utilisation de
ces plantes s’est montrée efficace pour prévenir des infarctus du myocarde
et la rechute après une première crise (Miettinen et coll., 1982).
De plus, les gras trans favorisent la calcification de l’athérome, qui est une
étape importante de l’athérosclérose (Kummerow et coll., 1999). Il est
intéressant de noter que la consommation de magnésium prévient cette
calcification.
Pourtant, une étude a démontré que plus de 90 % des personnes ayant une
crise cardiaque ont les artères calcifiées pendant que plus de 45 % d’entre
elles avait un taux de cholestérol normal (Kummerow et coll., 1999). Le
même chercheur a démontré que les lipides oxydés contribuent à
l’augmentation des dépôts de calcium dans les parois artérielles, un facteur
majeur dans la crise cardiaque et la mort subite (Kummerow, 2013).
Une diète élevée en gras saturés et faible en sucre est la plus efficace pour
diminuer la pression artérielle (Yancy et coll., 2010). De plus, ce type
d’alimentation n’augmente pas le taux sanguin de cholestérol,
contrairement à ce qu’on nous laisse croire.
Les sucres modifient les lipides (surtout les LDL) et les protéines par
glycosylation (ou glycation), causant ainsi un vieillissement vasculaire et
une atteinte à la circulation artérielle qui conduisent à de l’hypertension
(Preuss et coll., 1992a ; Preuss et coll., 1992b ; Preuss et coll., 1995).
Ici encore, le fructose se démarque des autres sucres : une étude démontre
qu’il est sept fois plus puissant pour stimuler la glycation que le glucose
(Elliott et coll., 2002).
Bref, les sucres et huiles végétales fragilisent les artères alors que le stress
semble être le déclencheur de la crise cardiaque.
Souvent les régimes faibles en sel échouent parce qu’ils sont loin d’être
applicables. Comme pour les gras saturés et les maladies cardiaques, les
études qui ont lancé le mythe que le sel augmentait la tension artérielle
s’appuyaient sur de la malscience. En effet, très peu de personnes voient
leur pression diminuer avec une alimentation limitée en sel, tout
simplement parce que le sel n’est pas la cause de l’hypertension (Rogers,
2005).
Pour conclure, signalons que le sel est en réalité très important pour la
santé, notamment pour prévenir la résistance à l’insuline, le diabète et une
carence en iode (Dinicolantonio, 2017). Toutefois, il est préférable de
consommer le sel le plus naturel possible, et qui est de couleur grisâtre. Ce
genre de sel contient des minéraux, notamment du magnésium, qui joue un
rôle non négligeable dans le maintien d’une pression artérielle normale.
A. Diurétiques et hypertension
Malheureusement, trop peu de gens savent que les diurétiques ont des effets
secondaires capables de conduire à une mort précoce. C’est qu’avec le
temps, les diurétiques entraînent une perte de potassium (Cappuccio et
MacGregor, 1991 ; Krishna et Kapoor, 1991 ; Valdes et coll., 1991).
Les diurétiques sont connus aussi pour provoquer une perte de magnésium
(Warram et coll., 1991 ; Siscovick et coll., 1994). Sachant que le manque de
magnésium est aussi une cause importante d’hypertension et
éventuellement de crise cardiaque (Peskin, 2008a), les diurétiques ne sont
pas la meilleure avenue thérapeutique.
B. Diurétiques et homocystéine
En plus de causer un manque de potassium et de magnésium, les diurétiques
augmentent le niveau sanguin d’homocystéine (Rogers, 2005).
L’homocystéine est un acide aminé qu’on trouve en concentration élevée
dans le sang de ceux qui souffrent ou qui souffriront de troubles cardiaques,
d’Alzheimer, d’AVC, de schizophrénie, de diabète, de Parkinson, de
dégénération maculaire, de cataracte, de haute pression et de vieillissement
prématuré. Récemment, on a démontré que l’homocystéine contribue
également à la formation de caillots sanguins, donc à la thrombose
(Loscalzo, 2009). Cela est corroboré par une étude qui a démontré
qu’abaisser le taux sanguin d’homocystéine diminue de plus de 50 % les
risques d’attaques cardiaques, de 26 % les risques de cancer et de plus de
104 % les risques d’incidents liés au système vasculaire, comme les AVC
(Rogers, 2005).
On vérifiera d’abord si les risques les plus connus sont présents ou non :
l’hypercholestérolémie, l’hypertension, le tabagisme, le diabète et les
antécédents familiaux. Les gras alimentaires, le cholestérol, les triglycérides
et le manque d’exercice sont des facteurs controversés (Rogers, 2005).
En effet, plusieurs études ont démontré au cours des années que le taux de
cholestérol n’a aucun lien avec la progression de l’athérosclérose (1984 ;
Abraha et coll., 1998 ; Belch, J. et coll., 2008 ; Curtiss, 2009 ; Ip et coll.,
1985 ; Kuhn, 1992 ; Libby, 2002 ; Madsen, 1997 ; Poelvoorde, 2004 ;
Rudge, 2000 ; Sacks, 1996 ; Shin, 2007).
D’autres études ont aussi démontré qu’une bonne partie des personnes à
faible risque d’athérosclérose selon les facteurs de risques traditionnels
présentaient une calcification avancée des artères coronariennes (Hecht et
coll., 2001 ; Hoff et coll., 2003 ; Allison et Wright, 2005 ; Houslay et coll.,
2006 ; Nasir et coll., 2006 ; Kronmal et coll., 2007). La calcification des
artères est une caractéristique des athéromes, bien qu’il soit présent en
quantité fort variable selon les personnes, et est associée à un risque plus
élevé de crise cardiaque.
On devra donc considérer les divers taux sanguins fournis par le bilan
lipidique, car c’est à peu près tout ce qu’ont les médecins pour évaluer le
risque de maladie cardiaque. Un taux élevé de cholestérol est défini
différemment selon l’âge de la personne. Les médecins n’évaluent pas
seulement le taux de cholestérol total, mais le taux de HDL et de LDL
séparément, ainsi que le ratio ou rapport entre le cholestérol total et le HDL.
Ce dernier ratio serait un meilleur indicateur de risque que le cholestérol
total (Ravnskov, 2002b).
Ils ont aussi conçu des calculs ayant un meilleur taux de prédiction. Par
exemple, on divise aussi le taux de HDL par le cholestérol total et multiplie
par 100. Idéalement, le résultat doit être de plus de 25 %. S’il est inférieur à
25 %, il conclut à la présence d’un risque cardiaque. Une autre façon de
calculer ce risque est de diviser le taux de triglycérides par le taux de HDL.
Le résultat doit être inférieur à 2 pour conclure à l’absence de risque.
Force est de conclure que les tests de dépistage employés de nos jours ne
permettent pas de déterminer de façon précise les personnes risquant de
développer l’athérosclérose (Ware, 2008).
Pour cette raison, il est nécessaire que les médecins commencent à prendre
en considération la présence d’inflammation chez les personnes pour
déterminer leurs risques d’athérosclérose, ainsi que leur résistance à
l’insuline et leur santé mentale (stress, dépression, etc.) (Root et Cobb,
2004 ; Weissler, 2004). En effet, une partie importante des gens jugés à
faible risque de crises cardiaques en subissent une ou même en meurent
(Albert et coll., 2003 ; De Lorgeril et Salen, 2006). De plus, les taux de
cholestérol total et de LDL ne prédisent pas que certaines personnes sont à
risque de crises cardiaques (Visser et coll., 1999 ; Albert et coll., 2002 ;
Danesh et coll., 2004 ; Cowell et coll., 2005 ; Romero-Corral et coll.,
2008).
Un des facteurs qui sert à prédire les crises cardiaques est le taux sanguin de
la protéine C réactive (ou CRP, C-Reactive Protein) (Ridker et coll., 2002 ;
Pearson et coll., 2003). Le taux de CRP est un indice plus précis pour
prédire les personnes à risque de crise cardiaque et il n’a aucun lien avec le
cholestérol (Abraham et coll., 2007). La CRP est une détectrice de
l’inflammation, et un taux élevé indique qu’il y a une inflammation
présente dans le corps (Koenig et coll., 1999 ; Wong et coll., 2001 ;
Kathiresan et coll., 2006 ; Hwang et coll., 2008).
Comme on l’a vu, les maladies cardiaques sont avant tout des maladies
causées par l’inflammation. Par contre, la protéine CRP n’est pas la cause
des maladies cardiaques et de l’athérosclérose. La protéine C réactive ne
cause pas l’athérosclérose (Elliott et coll., 2009). Le fait qu’un taux sanguin
de CRP soit élevé indique seulement que le risque de développer
l’athérosclérose est élevé (2009).
Par ailleurs, plusieurs études récentes indiquent que la protéine CRP ne joue
aucun rôle dans le développement de l’athérosclérose (Davey Smith et coll.,
2005 ; Timpson et coll., 2005 ; Lange et coll., 2006 ; Lawlor et coll., 2008 ;
Pai et coll., 2008 ; Casas et coll., 2006 ; de Ruijter et coll., 2009). Par
contre, cela n’enlève rien au fait que le taux de CRP est un indicateur de
maladie cardiovasculaire.
Enfin, l’une des limites de l’utilisation du taux de CRP provient du fait que
toutes les inflammations sont détectées qu’elles soient virales, bactériennes
ou d’un autre ordre : c’est donc un facteur prédictif qui manque de précision
quant aux causes de l’inflammation.
Le taux sanguin de LDL oxydé est un facteur beaucoup plus précis que le
taux de LDL pour déterminer si une personne est à risque de maladies
cardiaques (Holvoet et coll., 2003 ; Holvoet et coll., 2004). De plus, ces
études démontrent que le taux de LDL total n’est pas un facteur de risques
pour les maladies cardiaques. En effet, ils ont observé que même si le taux
de LDL était élevé, les personnes n’étaient pas à risques si le taux de LDL
oxydé était bas. À l’opposé, ils ont que même si le taux de LDL était très
bas, les personnes étaient à risques si elles avaient un taux élevé de LDL
oxydé.
C’est pourquoi je fais table rase des recommandations même les plus
récentes pour revenir à la base de la physiologie humaine et établir de
nouvelles recommandations nutritionnelles prévenant et freinant les
maladies modernes. Il est temps de le faire en respectant l’information
scientifique actuelle :
Les huiles végétales contiennent des gras insaturés très instables de par la
géométrie de leur structure biochimique : elles rancissent et s’oxydent
facilement. Les procédés industriels transforment les huiles insaturées en
gras rances, en gras trans, en gras oxydés et autres molécules artificielles
fort dommageables. On a vu qu’elles étaient les principales causes du
processus oxydatif menant aux maladies cardiaques, aux cancers et aux
diabètes. De plus, elles perdent une partie de leurs antioxydants à cause du
raffinage. Enfin, seuls les gras trans issus des procédés industriels (et non
l’acide vaccénique d’origine animale) sont nocifs.
Depuis longtemps déjà, des études montrent que les huiles végétales
polyinsaturées sont l’une des causes principales du développement du
cancer (Cohen et coll., 1984 ; Ip et coll., 1985 ; Jurkowski et Cave, 1985),
notamment de l’augmentation du cancer de la peau (Spain, 1960).
FIGURE 8.3 Consommation de gras polyinsaturés au cours du dernier siècle aux États-Unis
Le pire secteur alimentaire pour l’utilisation des gras polyinsaturés est celui
des croustilles (chips). Les fabricants de croustilles recyclent leurs huiles
jusqu’à ce qu’elles soient entièrement incorporées dans le produit final. Ces
huiles chauffées à multiples reprises contiennent des produits toxiques…
sans compter une portion de gras trans qui ne peut être entièrement
éliminée.
Les oméga sont des acides gras. Ces acides gras sont fournis dans
l’alimentation par les gras saturés aussi bien que les huiles insaturées. Par
exemple, l’acide oléique, qui forme la majeure partie de l’huile d’olive,
forme près de la moitié du suif de bœuf (tableau 2.2). Les gras saturés ne
sont pas tous d’origine animale non plus ; les gras tropicaux, comme l’huile
de noix de coco, de palme et de noix de palme sont des gras saturés.
On compte généralement sur les huiles végétales pour assurer les apports en
oméga ; or, elles sont largement composées d’acides gras polyinsaturés très
vulnérables à l’oxydation. Donc, quand il est question d’apport en oméga
dans l’alimentation, les effets bénéfiques décrits ici ne le sont qu’à la
mesure de la qualité des gras utilisés : leur origine, leur conservation et leur
utilisation.
Troisièmement, même si la souris est un bon modèle pour étudier les effets
biologiques des oméga, les doses utilisées sont très souvent exagérées et ne
représentent pas les quantités normales consommées par l’homme (Berry,
2001).
Quatrièmement, sachant les interactions et les équilibres à maintenir pour
une utilisation optimale des divers oméga, sachant qu’ils travaillent en paire
dans les cellules (Harris et coll., 2009), il apparaît illogique de faire l’étude
des oméga de façon séparée. Ce genre d’études, qui ne respecte pas les
oméga-6 dans leur état et leur contexte de coopération naturels, ne devrait
même plus être envisagé.
Les oméga-6 sont plus importants que les oméga-3 parce qu’ils se lient
beaucoup plus efficacement à l’oxygène et assurent donc la principale porte
d’entrée de l’oxygène dans les cellules. En effet, il a été démontré que les
oméga-6 se lient à l’oxygène et peuvent s’en dissocier lorsque la pression
causée par l’oxygène à l’intérieur de la cellule est basse (propriété très
similaire à l’hémoglobine), assurant ainsi le transfert des molécules
d’oxygène à l’intérieur des cellules (Campbell et coll., 1976).
Une quantité optimale d’oméga-6 est donc très importante pour prévenir le
cancer. Par contre, une consommation excessive d’oméga-6 est liée au
cancer, aux pierres aux reins, aux maladies cardiaques, à une diminution du
système immunitaire, à une augmentation du cholestérol sanguin, etc.
N’oublions pas que l’oméga-6 est aussi un précurseur de molécules pro-
inflammatoires comme la prostaglandine, la prostacycline, le thromboxane
ou le leucotriène.
On a vu qu’au fil des années, le cœur s’acidifie causant ainsi la mort des
cellules cardiaques. C’est pourquoi le degré d’obstruction des artères
dépend du temps entre la crise cardiaque et la mort (Marcus, 1980 ; Epstein,
1988). L’obstruction est causée par les cellules cardiaques mortes et autres
débris du cœur qui surviennent après un infarctus et qu’on observe aux
lieux d’obstruction (Campbell et coll., 1976).
C’est ainsi que des chercheurs constatent une forte carence en oméga chez
les personnes ayant subi une crise cardiaque (Nguyen et coll., 2007 ;
DeBose-Boyd, 2008).
On entend très souvent dire que les oméga-6 sont mauvais pour la santé. En
fait, ce sont les oméga-6 dénaturés, devenus rances par la chaleur,
l’oxygène, la lumière et les procédés de transformations industriels qui sont
toxiques. En effet, un manque d’acides gras polyinsaturés ou la présence
d’acides gras devenus rances sont associés à l’arythmie cardiaque (Ascherio
et coll., 1996).
Au contraire, les oméga-6 naturels, sous leur forme la plus pure, sont
essentiels au maintien d’une oxygénation maximale des cellules, ce qui
permet d’éviter le cancer et l’infarctus du myocarde.
Il faut donc en consommer une quantité bien précise pour prévenir les
maladies cardiaques.
Il faut tout de même rester prudent avant d’affirmer que les oméga-3 ne
jouent aucun rôle significatif dans la prévention des maladies cardiaques.
L’acide alpha linolénique (oméga-3) et l’acide linoléique (oméga-6) sont
l’un et l’autre tout aussi efficaces pour diminuer l’inflammation et diminuer
les risques de maladies cardiaques (Poudel-Tandukar et coll., 2009).
Toutefois, ceux qui recommandent la prise de suppléments en oméga-3 ou
la consommation d’aliments enrichis en oméga-3 oublient trop souvent que
le corps a besoin de beaucoup plus d’oméga-6 pour assurer un
fonctionnement optimal des organes et tissus.
D. Oméga-6 et cerveau
Il serait logique que les oméga-6 oxydés, les seuls à être incorporés dans la
paroi des vaisseaux sanguins, soient la cause première des dommages
causés et du déclenchement d’une inflammation. De plus, ces gras
polyinsaturés oxydés sont incorporés dans des particules LDL dans le foie
puis transportés partout dans l’organisme, ce qui augmente les risques de
causer des dommages (Takahashi et coll., 1992 ; Hopewell et coll., 1993 ;
Devi et Das, 1994 ; Vartak et coll., 1997 ; Vartak et coll., 1998). Donc, ce
n’est pas le cholestérol des LDL qui est responsable de l’athérosclérose,
mais plutôt les gras polyinsaturés oxydés que l’on consomme dans la
nourriture traitée en industrie. En effet, lorsque des huiles contenant des
quantités importantes d’oméga-6 sont chauffées à l’air, les gras
polyinsaturés se transforment en hydroperoxydes dommageables une fois
ingérés.
E Radiothérapie et oméga-3 et -6
F. Ratio oméga-6 et -3
Les principales composantes du sang humain sont les acides gras estérifiés
et libres (non estérifiés), les triglycérides et les phospholipides. Dans le
tableau 8.1, il est intéressant de noter que le sang humain contient beaucoup
plus d’oméga-6 que d’oméga-3 (Peskin, 2006). En fait, pratiquement tous
les organes du corps ont besoin de beaucoup plus d’oméga-6 que d’oméga-
3 (tableau 8.2). Étant donné cette observation, quelle quantité d’oméga-3 et
-6 faut-il prendre quotidiennement ?
Il est intéressant de savoir que la très grande majorité des oméga-3 (plus de
95 %) sont utilisés pour produire de l’énergie et non pour être incorporés
dans les tissus et organes (2002a). Par conséquent, si on absorbe plus
d’oméga-3 que d’oméga-6, le corps utilisera l’oméga-3 pour l’incorporer
dans ses membranes cellulaires. Cela pourrait être nocif puisque,
idéalement, tous les tissus et organes ont besoin d’oméga-6. Le déséquilibre
ainsi créé diminue l’apport en oxygène dans les cellules. Une grande
consommation d’aliments riches en oméga-3, comme le poisson, les fruits
de mer, les huiles de lin et de poisson, peut donc entraîner un déséquilibre
des besoins du corps en oméga.
Tableau 8.1 Proportion d’oméga-6 et oméga-3 dans les divers constituants du sang
Acides gras Non estérifiés Triglycérides phospholipides Estérifiés
Oméga-6 (LA) 17 19,5 23 50
Oméga-3 (ALA) 2 1,1 0,2 0.5
Ratio oméga-6 : oméga-3 8,5 :1 17,5 :1 115 :1 100 :1
Selon moi, l’emphase que l’on met de nos jours sur les oméga-3 a été
rendue nécessaire parce que l’apport, même élevé, en oméga-6, provient de
sources dysfonctionnelles (rances, dénaturées ou oxydées) qui ne
réussissent pas à remplir correctement leurs fonctions.
Tableau 8.2 Proportion des oméga-3 et oméga-6 dans les divers organes (en %)
organes % du poids corporel total oméga-6 oméga-3
Cerveau/système nerveux 3 1 1
Peau 4 1000 1
Autres organes 9 4 1
Tissus adipeux 15-35 22 1
Muscles 60 6,5 1
En effet, les techniques agricoles modernes ont pour effet d’altérer ce ratio,
ce qui a pour effet d’augmenter les risques de maladies (Simopoulos, 1998).
De plus, le lait des animaux nourris aux grains ne contient pas d’EPA, de
DHA et d’AA (Berry, 2001 ; Peskin, 2006).
Il ne suffit donc pas d’absorber des oméga, encore faut-il qu’ils soient à la
fois de la meilleure qualité, le plus utilisables possible par l’organisme et
consommés en association équilibrée avec ce qui en favorise l’action
bénéfique.
Lorsque le cœur est soumis à une pression élevée, par exemple lorsque la
pression sanguine augmente, il augmente de façon importante la production
de cholestérol (Patel et coll., 2006). Ce n’est pas étonnant puisque le
cholestérol se dirige aux endroits endommagés des tissus pour en aider la
réparation. Une fois ce fait établi, le cholestérol devrait protéger le cœur
contre l’infarctus du myocarde ou du moins en diminuer les dommages
(Anderson et coll., 1987 ; Behar et coll., 1997).
FIGURE 8.5 Taux de mortalité de toutes causes (par 100 000 habitants) chez les femmes en
fonction du taux de cholestérol sanguin, selon l’Organisation mondiale de la santé
(OMS)
Zoë Harcombe, une experte de l’obésité et de ses causes, a démontré que
selon les données de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le
cholestérol protège contre les maladies (Harcombe, 2012). En effet, si on
regarde les deux graphiques ci-dessous, on remarque que le taux de
mortalité de toutes causes diminue avec l’augmentation du taux de
cholestérol sanguin (la ligne est inclinée vers la droite). En d’autres mots, le
cholestérol protège contre les maladies !
Étant donné qu’un taux de cholestérol trop bas cause de nombreux troubles
de santé, il est beaucoup moins dangereux d’avoir un taux élevé. Cette
déclaration semble être tout à fait à l’opposé de ce qu’on nous dit depuis
des décennies, mais on a vu tout long de ce livre qu’il y a dans la littérature
scientifique de nombreux résultats de recherche indiquant que c’est bien le
cas.
En outre, ces patients ont tendance à commettre plus de suicides et sous une
forme beaucoup plus violente que la population en général (Lawson et
Kummerow, 1979). Le seul remède à l’heure actuelle est simple : elles
doivent consommer régulièrement des quantités importantes de cholestérol
(Lalovic et coll., 2004 ; Lalovic et coll., 2007) !
De plus, il semble que le cholestérol soit un nutriment essentiel pour 1 à 3
% de la population. Les acides gras stéariques et palmitiques contenus dans
le beurre et le suif sont la nourriture préférée du cœur (Lawson et
Kummerow, 1979 ; Cohen et coll., 1986a ; Mead, 1986 ; Cha et Sachan,
1994 ; Nanji et coll., 1995 ; Gerster, 1998). Ils ont un rôle crucial dans le
transport et la conversion des oméga-3 en EPA et DHA (Gerster, 1998).
Une absence de gras saturés dans l’alimentation réduit de 40 à 50 fois la
conversion des oméga-3 en DHA et EPA (Knopp et Retzlaff, 2004).
Les gras saturés semblent aussi protéger contre les maladies cardiaques
(Khosla et Hayes, 1996 ; Clevidence et coll., 1997 ; Dahlen et coll., 1998).
Ils le font en diminuant le taux sanguin de Lp(a), un excellent marqueur de
problèmes cardiaques éventuels (Garcia-Cardena et coll., 1996 ; Michel et
Feron, 1997). De leur côté, les enzymes qui produisent l’oxyde nitrique ont
besoin de gras saturés pour bien fonctionner (Nakashima et coll., 2003) !
B. Carnosine
Lorsque l’on consomme des glucides, des acides aminés ou des gras
polyinsaturés, des molécules de la famille des aldéhydes se forment dans le
sang. Ces aldéhydes s’attaquent aux particules LDL comme à toute protéine
et les endommagent (Chen et coll., 2008). Ce phénomène appelé glycation
des LDL augmente les risques d’infarctus (Rashid, 2007). Les LDL
modifiés par glycation sont attirés par les globules blancs qui se trouvent
dans les athéromes, aggravant ainsi la formation de plaques.
La carnosine a la capacité extraordinaire de neutraliser les aldéhydes et de
préserver la structure des LDL (Fallon, 2000 ; Rogers, 2005).
Malheureusement la chaleur d’une cuisson intense et prolongée la détruit. Il
est donc important de consommer les produits animaux le moins cuits
possible.
C. Taurine
La taurine, principalement contenue dans les œufs, les viandes, les poissons
et les fruits de mer, diminue les risques de troubles cardiaques (Wojcik et
coll., 2012). C’est un acide aminé qui n’est pas essentiel, mais un apport
quotidien suffisant serait nécessaire pour une santé optimale. La taurine est
importante pour fabriquer la bile qui, elle, est nécessaire à l’absorption des
gras dans les intestins.
E. Protéines
Dans le même ordre d’idée, les personnes consommant des produits laitiers
100 % gras ont moins de risques de mourir de maladies cardiaques
(Bonthuis et coll., 2010). Les gras saturés présents dans les protéines
animales, comme le lait entier, ne causent pas de troubles cardiaques (Siri-
Tarino et coll., 2010a). Les personnes qui boivent du lait sans gras ont trois
fois plus de risques de mourir d’un problème cardiaque que ceux qui
boivent du lait entier (Bonthuis et coll., 2010). En fait, le « petit lait » du
lait entier améliore la santé cardiaque en diminuant la pression sanguine
(Ballard et coll., 2009)
Les œufs sont des aliments très complets, riches en protéines, en vitamines
et autres nutriments (section 4.4). Ils ont été rendus suspects à cause de leur
teneur en cholestérol. Or, les aliments riches en cholestérol sont aussi des
aliments riches en acide arachidonique, un oméga-6. Insistons encore une
fois : la consommation de cholestérol alimentaire de qualité est bénéfique.
Par exemple, un homme qui a mangé pendant 15 ans 25 œufs par jour avait
un taux de cholestérol normal et aucun problème cardiaque (Navab et coll.,
2004 ; Fernandez, 2006) ! C’est que la consommation d’œufs rend les
particules LDL plus grosses et par conséquent moins sujettes à l’oxydation
alors que les petites particules de LDL le sont davantage (Austin et coll.,
1988). Donc, les œufs nous protègent contre l’athérosclérose.
Il faut savoir que plus les particules LDL contiennent du cholestérol sous
forme libre, moins elles sont oxydées (Adam-Perrot et coll., 2006). Donc, le
cholestérol libre qui se trouve à la surface des particules protège les gras
polyinsaturés contre l’oxydation.
Un dernier mot sur les œufs. Au cours de l’été 2012, des médias ont
répandu l’idée que la consommation d’œufs est mauvaise pour les artères.
Ils faisaient référence à une étude publiée par des chercheurs canadiens
(Spence, 2012), qui ont élaboré une nouvelle façon de mesurer l’impact de
la consommation d’œufs sur la santé cardiaque : le concept de nombre de
jaunes d’œuf par an (nombre de jaunes d’œuf/semaine x nombre d’années).
Ce concept très imprécis mesurait la consommation d’œufs selon un
questionnaire rempli par les participants.
Étrangement, les auteurs n’ont pas considéré ces faits dans leur analyse.
Est-ce possible que le tabagisme et le diabète aient un impact sur le
développement de plaque dans nos artères ? Ils n’ont pas non plus considéré
l’âge des participants : ceux qui consommaient le moins d’œufs étaient en
moyenne 15 ans plus jeunes que ceux qui en consommaient le plus. Quand
l’âge est pris en considération dans l’analyse, l’effet observé disparaît
complètement ! Cette étude n’a donc aucune validité scientifique. Elle est
même contredite par d’autres qui ne démontrent aucun effet de la
consommation d’œufs sur les maladies cardiaques (Katz et coll., 2005 ;
Njike et coll., 2012).
Bref, chez 70 % des personnes, la consommation de gras n’a aucun effet sur
le taux sanguin de cholestérol. Chez les autres 30 %, la consommation de
gras augmente les taux de LDL et de HDL à la fois. Donc, le ratio
LDL/HDL n’est pas affecté et n’a aucune conséquence.
La seule raison pour laquelle la digestion des gras est lente est de permettre
une distribution de l’énergie sur une plus longue période de temps. D’autre
part, sans la présence de gras lors d’un repas, on a tendance à manger trop,
ce qui fait qu’on risque, à long terme, de souffrir d’obésité et des problèmes
qu’elle provoque.
On entend souvent dire qu’il est mauvais de consommer des gras et des
glucides en même temps. Si c’était le cas, les bébés seraient vraiment en
difficulté vu que le lait maternel est riche en gras et en glucides. C’est
également vrai des adultes. En réalité, une grande partie de la nourriture que
l’on mange est un mélange de sucre et de gras.
Ce qui se passe, c’est que comme les intestins absorbent les gras sur une
période beaucoup plus longue que les glucides, ils ralentissent l’absorption
des glucides, ce qui permet de stabiliser le taux sanguin de glucose. C’est
cet effet que les diabétiques et toute la population doivent rechercher pour
diminuer les risques et les problèmes créés par le diabète.
Par contre, il est important de se souvenir que les glucides sont la cause de
l’oxydation des gras polyinsaturés. C’est pour cette raison qu’il est
fortement conseillé de ne pas consommer des gras polyinsaturés et des
glucides en même temps.
La diète optimale sera toujours celle qui contient le moins de glucides, mais
en général, un régime faible en glucides et élevé en gras contient moins de
30 % de glucides (ce qui représente 100 g de glucides), 50-60 % de gras et
20-30 % de protéines (Peskin, 2008a).
Précisons que les corps cétoniques sont des dérivés naturels de l’oxydation
des gras (acide acétoacétique, acide hydroxybutyrique, acétone) et
constituent une excellente source d’énergie pour le cerveau et les muscles,
une source beaucoup plus efficace que le glucose.
Les craintes quant à la toxicité des corps cétoniques reposent sur une
confusion fréquente entre cétogenèse et acidocétose. La cétogenèse est la
production de corps cétoniques résultant de l’utilisation des gras, alors que
l’acidocétose est une acidification du sang, parfois mortelle, qui survient
lorsque l’utilisation des gras se fait en présence d’une carence d’insuline.
En fait, il produit une source d’énergie dont l’excédent devient toxique s’il
s’accumule dans le sang, mais l’organisme réagit en l’excrétant dans l’air
des poumons et l’urine, et en rétablissant l’équilibre du taux de sucre
sanguin. Avant que la cétogenèse mène à l’acidocétose, la respiration
doublera d’intensité. Les personnes en bonne santé ne doivent donc pas
s’inquiéter. Il faudrait de 4 à 5 jours de jeûne complet pour observer une
augmentation inquiétante de corps cétoniques dans le sang.
Les Inuit du début du siècle dernier étaient connus pour avoir une
alimentation sans glucides. Ils consommaient beaucoup de protéines et de
gras animaux. Malgré cette alimentation élevée en gras, il y a dans la
littérature scientifique plusieurs études rapportant qu’ils vivaient au-delà de
90 ans (Stefansson, 1960).
Très peu de personnes semblent savoir que les glucides peuvent être aussi
transformés en corps cétoniques (Voet, 1995). Le problème, c’est qu’ils
stimulent aussi la sécrétion d’insuline, alors que les corps cétoniques n’ont
aucun effet sur elle. Physiologiquement parlant, les corps cétoniques sont la
nourriture préférée du cœur, des muscles et du foie. En d’autres mots, les
organes n’aiment pas utiliser du glucose comme source d’énergie. Les corps
cétoniques sont donc l’équivalent liposoluble des acides gras dans le sang
(Sharman et coll., 2002). De plus, ils protègent les neurones contre les
stress environnementaux et sont importants pour améliorer les symptômes
de certaines maladies, comme l’Alzheimer. Mieux encore, une alimentation
cétogène améliorerait la santé cardiaque et pourrait même réhabiliter un
cœur malade (Crawford et coll., 2009).
Enfin, l’idée s’est répandue que le chocolat noir de haute qualité diminue le
taux de CRP et qu’il prévient ou ralentit le développement de maladies
cardiaques (Seip et coll., 1995). En fait, c’est le très faible taux de sucre de
ce chocolat comparativement aux autres chocolats du marché qui est en
cause. Comme ils contiennent tous du sucre raffiné, ils ne peuvent que
contribuer au développement de l’athérosclérose. De plus, les produits à
base de cacao augmentent le risque de développer le diabète (Brand-Miller
et coll., 2003).
D’une part, il a constaté que chez les populations ayant plus de caries, il y
avait un point en commun : la consommation de produits raffinés comme le
sucre de table et la farine blanche. Les peuples autochtones en bonne santé
ne consommaient pas de tels produits.
D’autre part, il a confirmé que ce n’est pas tellement l’aliment qui est
important pas la quantité de nutriments (vitamines et minéraux)
consommés. C’est ainsi qu’il a mis en évidence que les peuples aborigènes
ayant la meilleure santé consommaient plus de 10 fois la quantité de
vitamines liposolubles que les populations d’aujourd’hui et ne donnaient
pas naissance à des bébés ayant des anomalies (Peskin, 2006).
Il faut savoir que l’huile de foie de morue est parmi les aliments les plus
purs grâce à un procédé de filtration qui enlève toutes traces de produits
toxiques comme les PBCs et les dioxines. La présence de mercure n’est pas
un problème, car le mercure s’accumule dans la partie protéinée du poisson
et non dans le gras. De plus, la présence de vitamine A dans cette huile
protège contre les dioxines.
Des études ont démontré qu’un excès de vitamine A n’augmente les risques
d’ostéoporose et de fractures qu’en présence d’une insuffisance en vitamine
D (Huang et Fritsche, 1992). La vitamine A de l’huile de foie de morue est
efficace pour prévenir et guérir la colite ulcéreuse et le syndrome du colon
irritable (Bai et coll., 2009).
Ce qui est important à retenir, c’est que la femme enceinte devrait toujours
manger les aliments sous leur forme naturelle. Il est d’ailleurs fortement
conseillé de prendre un supplément d’huile de foie de morue pendant toute
la grossesse et durant toute la période d’allaitement, d’autant plus que la
prise d’huile de foie de morue augmente la quantité de vitamines A, D, E et
K du lait maternel (Simonsen et coll., 1988 ; Simonsen et Nordoy, 1989).
Pour éviter tout risque, il faut prendre des huiles qui contiennent des teneurs
élevées en vitamines A et D et faible en oméga-3. De plus, si on compte le
faire sur une longue période, au-delà d’un an par exemple, il est
recommandé de prendre de l’huile de foie de morue fermentée, qui est
beaucoup facile à digérer.
D. Vitamine K
Le Dr Price a aussi découvert que la prise de vitamine K2, contenue dans
l’huile de beurre, augmente de façon spectaculaire les effets bénéfiques de
l’huile de foie de morue (Price, 1939). Par exemple, la vitamine K de
provenance animale (vitamine K2) prévient contre les maladies cardiaques,
alors que celle de source végétale n’apporte aucun bénéfice (Gast et coll.,
2009). En outre, la vitamine K est importante pour enlever le calcium qui se
fixe sur les artères diminuant ainsi la formation d’athéromes. Je
recommande des suppléments de bonne qualité combinant les deux
vitamines K.
A. Vitamine C
B. Vitamine E
Donc, pour prévenir l’oxydation des LDL (et des HDL), il est conseillé de
prendre de la vitamine E. Les formes naturelles de vitamines contiennent la
lettre « d » (comme d-gamma-tocophérol). Les formes synthétiques
contiennent les lettres « dl ». En réalité, la vitamine E naturelle est
composée de huit molécules différentes, alpha, bêta, gamma et delta pour
chaque tocophérol et tocotriénol. Donc, il est fortement préférable de les
consommer tous ensemble pour s’assurer qu’ils sont efficaces dans le corps.
L’huile de palme rouge est très riche en vitamine E : on peut en prendre une
cuillère à soupe (à table) par jour. Il y a aussi l’huile de germe de blé de
Standard Process qui est riche en vitamine E. La vitamine E naturelle offre
une protection contre les dommages causés par un AVC (Khanna et coll.,
2009).
C. CoQ10
D. Acide alpha-lipoïque
E. Acétyl-L-carnitine
F. Vitamines B
G. Huiles de poisson
Les huiles de poisson sont à proscrire, de même que l’huile de krill. Ces
huiles sont extraites à partir de solvants organiques et les oméga-3 sont
dénaturés lors du procédé d’extraction. De plus, elles ont tendance à
contenir des quantités dangereuses de radicaux libres.
Bref, les huiles de poisson sont néfastes pour les reins, le cerveau et le
système immunitaire ; elles ne préviennent pas et n’arrêtent pas
l’inflammation, elles aggravent les symptômes des diabétiques et ne
préviennent ni le cancer ni les maladies cardiaques. Enfin, les huiles de
poisson n’améliorent pas les fonctions cognitives chez les personnes âgées
(Dangour et coll., 2009).
H. Aspirine
Selon les données d’une autre étude, c’est 0,05 % de l’échantillon qui retire
un effet bénéfique ; l’aspirine n’évite donc la crise cardiaque qu’à une seule
personne sur 2 000 (Buchanan et coll., 1981) ! Par contre, 1 personne sur
200 subira des saignements importants reliés à la prise d’aspirine. Donc, 20
personnes vont souffrir dans le but d’éviter la crise cardiaque à une autre.
Une étude récente confirme également qu’elle ne prévient pas les crises
cardiaques et n’abaisse pas le taux de mortalité total (Kaufmann, 2000).
Elle ne prévient pas non plus les problèmes cardiaques chez les diabétiques
(De Berardis et coll., 2009).
A. Sucres et athérosclérose
On sait aussi que le sucre diminue la production d’hormones de croissance,
ce qui augmente les risques de développer l’athérosclérose (Allan, 2000).
De plus, la consommation de boissons gazeuses augmenterait le risque de
maladies cardiaques (de Koning et coll., 2012) ; cet effet serait causé par la
présence de sirop de maïs à haute teneur en sucres dans ces boissons.
Prenons encore une fois le cancer comme base pour étudier des points
importants à propos du sucre.
Les cellules cancéreuses circulent librement dans le sang sans réel danger,
mais si elles croisent un caillot sanguin, elles vont s’y fixer et deviendront
alors une tumeur distincte (Peskin, 2006). Or les oméga-6 dénaturés sont
une des causes principales de la formation de ces caillots.
Bref, le sucre est l’ennemi à combattre pour prévenir le cancer, parce qu’il :
En effet, les patients ayant subi une crise cardiaque consommaient deux fois
plus de sucre que ceux n’en ayant pas subi (Lutsey et coll., 2008). Le risque
de crises cardiaques est donc proportionnel à la consommation de sucre.
D. Sucres et insuline
En résumé, si vous mangez plus de deux fois du sucre dans une journée, le
pancréas travaillera davantage pour produire de l’insuline, ce qui l’épuisera
à long terme.
E. Sucres et cancers
Les études sur les liens entre les sucres et les cancers se sont multipliées
depuis le milieu des années 2000 et le rythme s’accélère. Elles portent
généralement sur :
Il est important de mentionner aussi que la farine de blé contient des gras
oxydés et est impliquée dans les maladies cardiaques (Schmid, 2009).
Le sel raffiné est dangereux. Il est le résultat final d’un procédé industriel
dans lequel il est chauffé à plus de 1000 ˚C, ce qui déforme sa structure
moléculaire créant ainsi des produits toxiques. De plus, l’industrie utilise
des produits chimiques pour enlever les sels de magnésium et autres
minéraux et ajoute de l’aluminium, du sucre et un agent blanchissant pour
blanchir le sel. Le sel hautement raffiné vendu en épicerie est donc à éviter.
Par contre, une faible quantité de sel est importante dans un repas. La
composition chimique du sel est NaCl (chlorure de sodium). La partie
chlorure du sel est importante pour la fabrication d’acide chlorhydrique qui
aide à la digestion des aliments dans l’estomac. Un autre bienfait du sel non
raffiné (sel de mer) est qu’il contient certains minéraux dont le corps a
besoin (comme le magnésium, le chlorure, le lithium, le potassium, etc.).
CONCLUSION
J’ai passé en revue les différents types de gras et fait remarquer que les
meilleurs pour la cuisson et la consommation sont les gras d’origine
animale (suif, saindoux, beurre, etc.) suivis de très près par les huiles
tropicales (palme, noix de palme et coco), d’excellents choix pour la santé.
Quant à la délicate question du cholestérol, nous avons vu qu’il protège du
cancer, des AVC, des maladies cardiaques et de la maladie d’Alzheimer. Un
taux élevé de cholestérol sanguin est également bénéfique pour le
développement de l’enfant et la santé des personnes âgées. Un taux de
cholestérol sanguin trop bas augmente, quant à lui, les risques de
développer le cancer, le diabète et les maladies cardiaques.
Bien qu’il y ait plus de 200 facteurs de risques de maladies cardiaques, il est
maintenant clair qu’un taux élevé de cholestérol sanguin n’est pas un
facteur de risque pour celles-ci ni pour les AVC (Ravnskov, 2008).
Les gras à éviter sont donc les gras trans (hydrogénés et partiellement
hydrogénés), les nouveaux gras industriels (margarines interestérifiées, avec
stérols ou stanols), les gras rances et les gras chauffés à haute température
qui contiennent alors des produits toxiques.
Après ces huiles végétales dénaturées, c’est la consommation de sucres
raffinés qui a le plus d’effet sur tous les processus d’oxydation, de
production de radicaux libres et d’inflammation. Parmi les sucres raffinés,
le fructose est le pire.
On sait que dans les années 1970, des chercheurs canadiens ont déterminé
que l’alimentation devait contenir au moins 25 % de gras saturés pour
maintenir une bonne santé, un taux nettement supérieur à celui recommandé
de nos jours. Aucun doute n’est permis, on peut sans crainte introduire ou
augmenter les gras saturés d’origine animale dans notre assiette.
Seulement, le monde dans lequel on vit n’est pas celui d’il y a 10, 20 ou 40
000 ans. L’approvisionnement en viandes de qualité, les gibiers, les
légumes biologiques, tous ces produits naturels aux équilibres en oméga
presque parfaits, aux acides gras non dénaturés, aux antioxydants qui
protègent contre les cancers, ne sont pas encore intégrés dans le mode de
vie occidental (pratiques culinaires, restauration, échanges sociaux, etc.), ce
qui ne facilite pas la pratique d’un régime paléo. Tout régime exigeant étant
source de stress et susceptible d’être abandonné, je propose le passage
graduel à un régime cétogène.
Références
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