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Chapitre II.

Les éléments constitutifs du sol

Le sol comporte les trois phases de la matières :


La phase solide, la phase liquide et la phase
gazeuse.
La phase solide est constituée essentiellement de: 1-la matière minérale et 2- la matière
.
organique

Les minéraux transformés et Néoformés


La nature des différents minéraux d’un sol et leur distribution verticale en son sein,
sont déterminées par :
1.La composition de la roche-mère dont sont issus les principaux minéraux du sol
(minéraux hérités). Certains sont très stables et s’altèrent très lentement (quartz,
gibbsite (Al(OH)3 ), minéraux lourds,...).

Gibbsite
Quartz

2.d’autres sont plus instables peuvent se dégrader par les processus pédogénétiques, ou bien
ils peuvent être modifié plus ou moins profondément (altération) ou engendrer de nouveaux
(processus de néoformation).
On peut distinguer les minéraux primaires et les minéraux secondaires :

1- Les minéraux primaires dans un sol sont les minéraux qui ont résisté à
l’altération ou qui n’ont pas encore été altérés dont la plupart sont des minéraux
hérités. Une autre partie peut provenir d’une autre source que la roche mère
exemple : poussière du Sahara.

2-Les minéraux secondaires sont essentiellement des phyllosilicates (minéraux


argileux), des oxyhydroxydes (de fer, d'aluminium, de manganèse,...), des
carbonates (de calcium, de magnésium), des sulfates (de calcium : gypse) et
des chlorures (de sodium : halite). Ils sont issus d’altération ou de
néoformation.
2.1 Les constituants minéraux du sol
2.1.1 Analyse granulométrique

L’analyse granulométrique qui consiste en une séparation des constituants


du sol en fonction de leur taille ( diamètres des particules : les éléments
minéraux sont supposés de forme sphérique.) est la meilleure façon de
procéder pour connaître les différents constituants minéraux des sols et
déterminer sa texture
La analyse granulométrique qui se fait par agitation du sol dans de l’eau
peut être réalisée sur l'échantillon brut tamisé à 2 mm (terre fine) après avoir
détruit la matière organique par traitement à l'eau oxygénée et les carbonates
par l’acide chlorhydrique et la dispersion des particules à l’aide d’un dispersant
alcalin (Hexamétaphosphates de Na)
éléments grossiers :
Graviers, et Pierres

On appelle terre fine


l’ensemble des éléments
inférieurs à 2mm obtenue
après tamisage
l’analyse granulométrique de la terre fine du sol est constituée deux opérations
distinctes:
1- Opération de tamisage: les fractions grossières ( diamètre> 50 µm) sont
séparées par tamisage ( sable grossier, sable fin).

Série de tamis en fonction des classes de sols


(2mm-0.05mm) c.a.d la fraction sable fin
et sable grossier les résultats sont exprimés
en %

Tamiseuse de laboratoire
2- Opération de sédimentation : les fractions
moyennes et fines ( diamètre< 50 µm) sont
obtenues par mesure de la vitesse de
sédimentation des différentes particules du sol
dans de l’eau.
La vitesse de sédimentation, pour une particule de
grosseur déterminée, est donnée par la loi de
Stokes. Elle est proportionnelle au carré du rayon
de la particule :
V=K.R²
V: Vitesse de sédimentation
K: Coefficient qui dépend de la température de
l’eau
R: Rayon de la particule,

Exemple: à 20°pour les limons, temps de chute sur Pipette de Robinson


10cm de hauteur, est égal à 4mn 48 sec.
diamètre (µm) temps pour
Pour les argiles ce temps de chute est de 08h. parcourir
1 m (à 20°C)
60 Près de 6 minutes
16 1 heure 12
Tableau . Temps de chute en fonction de la taille des particules 4 19 heures
2 3 jours 5 heures
1 13 jours
0,1 1293 jours
On peut ainsi mieux séparer et étudier les constituants minéraux qui sont issus de
l'altération des roches.
On retrouve :
1-les minéraux de la roche non altérée ou microdivisée ( altération physique)
(appelés minéraux primaires) surtout abondants dans la partie grossière du sol
on a les fractions dites sableuses (2 mm à 50 µm) et limoneuses (50 µm à 2 µm)
avec la présence de feldspaths, micas, quartz, carbonates...

2- les minéraux de la roche altéré (Le complexe d’altération) : constituant la


fraction fine du sol, qui possède des propriétés particulières en raison des charges
électriques.
-C’est la fraction de taille inférieure à 2 µm dénommée argile (ou argile
«granulométrique» ), ces minéraux microdivisés sont en quantité beaucoup plus
faible.
-Cette fraction phyllosilicatée qui correspond à l'argile dite «minéralogique»
peut comprendre des minéraux primaires phyllosilicatés (micas par exemple)
microdivisés, des argiles héritée, transformée ou néoformée. On retrouve aussi
d'autres constituants caractéristiques des sols, les oxyhydroxydes de Fe, Al, Mn,
Si, associés aux argiles et complexés avec l'humus. L’ensemble de ces
constituants forment le complexe d’altération.
Quartz Geothite Gypsite Mica

Hematite Biotite Dolomite


Sol sableux Sol limoneux Sol argileux
2.1.3 Types de texture: Les classes de texture
l’analyse granulométrique permet de fixer le
pourcentage des divers constituants du sol.
Les classes de texture sont déterminées
d’après un graphique triangulaire (triangle de
texture) représentant la répartition des
éléments constituants du sol suivant leurs
dimensions. Le point de concours des trois
droites parallèles aux côtés, défini la classe
texturale.
La dénomination des classes de texture
commence par l’énonciation de la classe
granulométrique prédominante puis de celle
qui lui succède en %.
Exemple : texture limono-sableuse ou limon
sableux désigne une texture où la fraction
prédominante est celle des limons et
contenant une teneur non-négligeable de
sables.

Exemple d’un triangle de texture


2.1.4 Les argiles
2.1.4.1. Rappel
Les minéraux sont des corps inorganiques pouvant se rencontrer
dans la nature sous trois états physiques opposés de leur matière :

1-L’état cristallin, caractérisé par l’arrangement régulier des


molécules. C’est, de loin, le plus répandu dans la nature.

Sturcture de la calcite
2-L’état amorphe, caractérisé par l’absence de régularité des molécules

3- L’état paracristallin , on admet aussi la présence d’un troisième état «l’état


paracristallin» c’est un cas intermédiaire entre les deux précédents. La structure
minéralogique est régulière sur de très petites distances; au-delà, les atomes sont
placés plus moins en désordre (LEGROS, 2007).
Les minéraux argileux et les oxyhydroxydes sont les constituants caractéristiques de ce
que les pédologues appellent le complexe d'altération des sols (qui fait parti de la
fraction fine du sol à ne pas confondre avec la terre fine).

Minéral Iaire+ n(H2O) →Minéral IIaire + Oxyhydroxydes + Complexe d’altération

Complexe d’altération
Les oxyhydroxydes anciennement connu sous le nom de sesquioxydes, est un ensemble
des oxydes et des hydroxydes de Fe, Al, Mn et Ti constituant une fraction importante de
complexes d’altération dans les sols.
-Ils peuvent s’associer aux autres constituants du complexe d’altération notamment aux
argiles et à la matière organique et jouent un rôle important en pédogénèse (exemple
les sols fersiallitiques de la région méditerranéenne).
-
Diagramme montrant la relation générale qui lie la taille des particules et leur
composition minéralogique (d'après BEAR, 1964)
2.1.4.2. Définition et structure générale des argiles
Les argiles sont des minéraux siliceux de structure microcristalline, présentant de
grandes analogies avec les micas. Argiles et micas appartiennent à la catégorie des
phyllites.
Les minéraux argileux sont constitués d'un empilement de feuillets de structure bien
définie, séparés par des intervalles désignés sous le nom d'espaces interfoliaires.
Chaque feuillet se présente comme une superposition de plans ioniques organisés suivant
deux types précis de couches :
le type tétraédrique (Te) et le type octaédrique (Oc).
L'association d'un feuillet et d'un espace interfoliaire représente l'unité structurale du
minéral phylliteux .

forme hexagonale

des feuillets (micelles),

Figure : forme hexagonale des argiles(structure feuilletée)


Chaque feuillet se présente comme une superposition de plans ioniques
organisés suivant deux types précis de couches: le type tétraédrique (Te) et
le type octaédrique (Oc. L’association d’un feuillet et d’un espace inter
foliaire représente l’unité structurale du minérale phylliteux.Quatre ions
principaux forment la structure des feuillets: les ions Si4+; Al3+, O2-et OH-.
De plus, selon le type d’argile, d’autres ions sont également rencontrés tels
que: Fe3+, Ca2+, Mg2+.

Exemple de structure générale d’une argile


2.1.4.3.Origine des argiles

Elles peuvent avoir plusieurs origines :


a)Héritage
Héritées de de la roche-mère (une argilite, marnes, ...) : La roche-mère est
déjà riche en argiles et se retrouvent dans le sol.

b)Transformation
Issues de l’altération chimique des minéraux primaires (transformation) : elle
dépend du climat (précipitation et température) plus la température et les
précipitations sont importantes plus l’altération géochimique est rapide
intense.

c)La néoformation
c’est-à-dire que sont des argiles qui sont construites aux des matériaux, des
«briques», libérées par l’altération totale.
2.1.4.3. Les types de structures des argiles
Trois types d'argiles minéralogiques sont différenciés selon nombre de couches constituant les feuillets:
-Le type 1/1 est le plus simple, avec un feuillet à deux couches ; une couche tétraédrique de silice et une
couche octaédrique d'alu-mine d'une épaisseur fixe de 7 Å, y compris l’espace interfoliaire (Te, Oc).
Exemple : la kaolinite.

-Le type 2/1 est constitué d'un feuillet à trois couches, une couche octaédrique comprise entre deux
couches tétraédriques (Te, Oc, Te). Dans ce groupe on retrouve les argiles micacées comme les illites
(épaisseur constante de 1 nm) et les vermiculites (épaisseur variable de l0 à 15 Å) ainsi que les argiles
gonflantes que sont les smectites-mont-morillonites, dont l'épaisseur des feuillets peut atteindre 20 Å par
hydratation.

- Le type 2/1/1 présente un feuillet à trois couches complétées d’une couche supplémentaire octaédrique à
base de magnésium. Ces argiles à faible capacité d'échange, les chlorites, ne sont pas gonflantes,
l'épaisseur des feuillets restant fixe.
2.1.4.4. Les principaux minéraux argileux du sol

- Groupe des kaolinites : Le feuillet d’une épaisseur de 7 Å est constitué d'une


couche tétraèdrique superposée à une couche octaèdrique (1/1 ou Te,Oc) (fig. 29). Le
feuillet 1/1 étant toujours le même : neutre, diocta-édrique et alumineux de composition
chimique : Si2O5Al2(OH)4.
La kaolonite proprement dite est l'argile la plus répandue dans les sols des régions
tropicales. Elle se présente généralement sous la forme de petites plaquettes ou de
prismes hexago-naux.La CEC est inférieure à 20 méq/100 g.

Cristaux de kaolinite vus au microscope électronique à balayage (a), modèle structural de la kaolinite (b)
- Groupe des illites : sont des argiles à feuillet de 10 Å, de type 2/1 à trois
couches (Te, Oc, Te), à composi-tion dioctaédrique avec saturation de la charge
par le potassium; elles ont une origine sédimentaire. Leur composition est
alumineuse, la substitution tétraèdrique de Si par Al est moindre et il en sera donc
de même pour la charge négative (x) qui en résulte au niveau du feuillet. La
composition chimique générale est :
.

- Groupe des vermiculites : Les feuillets sont de type 2/1 trioctaédriques à


trois couches (Te, Oc, Te) qu'on peut représenter par la formule suivante :

-Groupe des smectites : Ce sont des argiles 2/1 di et trioctaédriques à charge


globale < 0,6 et généralement de l'ordre de 0,3 à 0,4, dont les cations
interfoliaires sont échangeables ce qui donne une CEC élevée de l'ordre de 80-
120 méq/100 g
- La série dioctaèdrique : C’est la plus abondante, selon l'origine de la
charge, on distingue les montmorillonites où l'aluminium dans les
octaèdres est remplacé par du magnésium. Elles sont utilisées
industriellement pour leurs propriétés physiques exceptionnelles de
gonflement-retrait. C'est particulièrement vrai pour la bentonite qui est
naturellement saturée par du sodium et dont le gonflement est encore plus
grand. La composition chimique est de :

Smectite Montmorionite Beidellites

- La série trioctaèdrique comporte les beidellites où la substitution de Si


par Al se fait dans la couche tétraèdrique. Si la quan-tité de fer ferrique
est importante en couche octaèdrique, on parlera de nontronite.
Beidellite et nontronite sont les smectites les plus abondantes dans les
sols. La composition chimique est de :
- Groupe des chlorites : Elles sont maintenant classées dans les argiles à feuillet
2/1 avec une couche octaèdrique supplémentaire (fig. 31). La structure
comprend donc successivement une couche tétraèdrique, une couche
octaèdrique et une couche tétraèdrique, l'ensemble formant le feuillet à 10 Å,
avec une couche octaèdrique (parfois appelée hydroxyde) supplé-mentaire.
Propriétés et comportement des argiles
Les propriétés bien particulières des minéraux argileux sont de trois :
la micro cristallinité des particules argileuses (la petite taille < 2µ) ;
la structure en feuillets ;
la charge négative des particules

Grâce à ces propriétés, les argiles forment avec l'eau des solutions
colloïdales qui floculent lorsque les charges de surface des particules sont
neutralisées par des ions. Ce phénomène est réversible: les particules
retrouvent l'état dispersé lorsque les ions sont éliminés par rinçage. Les
argiles fixent l'eau par adsorption à leur surface et augmentent de volume
par gonflement. Elles constituent ainsi une réserve d'eau.

L'argile sèche développe une tension de succion importante pour l'eau


qui peut s'opposer à celle des racines des plantes. Avec adjonction
croissante d'eau, la tension de succion diminue, l'ensemble eau-argile
devient plastique, puis visqueux et finalement les particules d'argile se
dispersent dans l'eau en formant une solution colloïdale.
argiles confèrent au sol sa structure et ses propriétés
mécaniques. Elles sont associées aux autres composants
et constituent les complexes argilo-humiques (ou organo-
minéral) ; leur teneur peut atteindre 50%. Elles sont
généralement à l'état floculé, généralement par l'action des
ions Ca++ et H+, ce qui donne au sol ses qualités
agronomiques: bonne aération entre les agrégats, retrait
modéré à la dessication, bonne perméabilité à l'air et l'eau.
En revanche, les sols dont les argiles sont dispersées, et
non floculées, présentent des caractères défavorables à la
culture: mauvais état structural, mauvaise circulation de
l'air et de l'eau, retrait important à la dessication, forte
adhérence aux outils travaillant le sol.
2.1.4. Autres constituants minéraux des sols
Dans le sol, il existe d’autres minéraux non argileux ayant des comportements
colloïdaux proches des argiles.
2.1.4.1. Les oxydes et hydroxydes de fer, d'aluminium et de manganèse
Ils sont toujours présents dans les sols, le plus souvent en faible quantité (< 5 %)
dans les sols des régions à climat tempéré mais ils peuvent devenir des constituants
majoritaires dans les sols tropicaux. Leur rôle est important : ils peuvent servir à définir
les processus de pédogénèse, ils donnent souvent leur couleur au sol (sols rouges
méditerranéens ou tropicaux) et interviennent de manière notable dans les propriétés
physiques et chimiques des sols.
Ces composés peuvent être très bien cristallisés ou bien ne présenter que des
ébauches de cristallinité (ex : ferrihydrite) ; ils seront souvent de très petite taille (=
quelques nanomètres) et auront donc des propriétés colloïdales importantes.
Les oxydes de manganèse apparaissent également très importants par leurs
propriétés de charges et de surfaces : leur formation est, comme pour le fer, très
dépendante des conditions d'oxydo-réduction du milieu.
Les oxyhydroxydes de Fer sont en particulier la goethite de couleur ocre (FeOOH)
en climat humide, l'hématite rouge (Fe2O3) en sol fersialitique. Ils assurent les liaisons
entre argiles et humus. Les formes complexées évoluent vers des formes
cryptocristallines puis cristallines.
L'aluminium est sous forme d'ion Al3+ hydraté responsable de l'acidité du sol.
Comme le fer, ils assurent les liaisons argiles-matière organique et peuvent se fixer sur
les feuillets de vermiculite pour donner une chlorite. Les formes cristallines de
l'aluminium comme la gibbsite (AlOH3) et la bohémite (AlOOH) sont rares dans les
Un colloïde est une substance qui peut se maintenir en suspension dans l'eau du
fait du mouvement perpétuel d'agglomérats de molécules appelées micelles.
Ce mouvement s’explique par la présence de charges électriques de même signe sur
les molécules qui ont alors tendance à se repousser. Il suffit de neutraliser ces
charges électriques pour que la suspension s'agglomère en flocons au fond de l'eau;
d'où la mise en évidence de deux états différents chez un colloïde :
L'état dispersé caractérisant la
suspension (a)
l'état floculé (b)

*elles peuvent former des liaisons


avec la matière organique (=ciment)

* De par leur constitution, les


argiles retiennent les éléments
minéraux. On parle d’adsorption.
2. 2. Les constituants organiques
2. 2. 1. Définition
La matière organique peut être définie comme une matière carbonée provenant d'êtres
vivants végétaux et animaux. Elle est composée d'éléments principaux (C, H, O, N) et
d'éléments secondaires (S, P, K, Ca, Mg).
La fraction organique se répartit en 4 groupes:
1- la matière organique vivante, animale et végétale, qui englobe la totalité de la
biomasse en activité;
2- les débris d'origine végétale (résidus végétaux, exsudats) et animale (déjections,
cadavres) regroupés sous le nom de "matière organique fraîche";
3- des composés organiques intermédiaires, appelés matière organique transitoire,
provenant de l'évolution de la matière organique fraîche;
4- des composés organiques stabilisés, les matières humiques, provenant de l'évolution
des matières précédentes.
Un exemple de décomposition de matière organique par la faune et la microflore
2.2.2. La matière organique non vivante
La première catégorie de matière organique, la litière au sens large, est
constituée de l'ensemble des matières organiques d'origine biologique. Elle comprend
les organismes et les parties d'entre eux qui viennent de mourir et qui en sont
détachés, qu'ils soient végétaux, animaux ou microbiens, aériens ou souterrains, ainsi
que les excréments des animaux et différents composés émis directement dans le
milieu. Dans un sens plus restreint mais plus habituel, le terme de litière ne concerne
que les débris végétaux tombés sur le sol, feuilles, fruits, brindilles ou aiguilles formant
l'horizon L ou A00.
La quantité de litière aérienne est variable selon les formations végétales, elles-
mêmes dépendantes du climat .

Litière aérienne apportée


annuellement au sol selon le type
de végétation
La litière végétale présente deux caractères opposés:
•Elle peut être améliorante, c'est-à-dire riche en azote et en cellulose mais
relativement pauvre en lignine; elle active les processus bactériens dans le sol.
Elle provient des arbres feuillus et de la majorité des plantes herbacées.
•Elle peut être acidifiante, pauvre en azote mais riche en lignine: elle inhibe
alors l'activité bactérienne du sol. Les responsables en sont des tanins, des
phénols toxiques ou des acides organiques, qui sont soit libérés directement par
la litière, comme l'acide salicylique, soit issus de la transformation de la lignine.
Les litières de ce type sont issues des résineux tels que les épicéas, des pins …

Matière organique améliorante Matière organique acidifiante


La litière animale, qui comprend entre autres les cadavres, les déjections, les poils et les plumes,
est formée de composés biochimiques en proportions différentes de la litière végétale. Les protéines et
les lipides y sont mieux représentés alors que la cellulose et la lignine sont en faible quantité et
présentes uniquement dans les déjections. Ces dernières contiennent aussi des vitamines, des
minéraux et des facteurs de croissance en quantités importantes. La chi-tine est également
caractéristique de ce genre de litière.
Le bétail apporte de fortes quantités d'éléments par ses excréments, qui modifient la réserve du
sol: une vache laitière et un cheval fournissent respectivement 105 et 60 kg d'azote par an, 15 et 12 kg
de phosphore, 149 et 91 kg de potassium, 12 et 8 kg de magnésium ou encore 37 et 25 kg de calcium.
2.2.2.1. Evolution de la matière organique des sols
La décomposition de la matière organique se fait sous l'action des
microorganismes et produit l'humus et les composés minéraux de l'horizon de surface.
Les matières organiques sont d'abord dépolymérisées. Les monomères résultants
peuvent suivre 2 voies:
- la minéralisation qui produit des composés minéraux comme le CO2, le NH4+,
les nitrates, les carbonates ;
- l'humification qui est une repolymérisation en composés organiques amorphes
qui se lient aux argiles. Cet humus peut être ensuite minéralisé à son tour, c’est la
minéralisation secondaire.
La première voie correspond, dès le début des processus de dégradation, à des
simplifications moléculaires successives, les molécules de poids moléculaire élevé étant
scindées en molécules de plus en plus petites. Cette dégradation conduit en définitive à
des molécules ou à des ions minéraux de petites dimensions, tels que le carbone ou
l'azote des constituants organiques qui se transforment respectivement en CO2 et NH4+.
C’est la voie de la minéralisation directe (minéralisation primaire).

La seconde voie, plus complexe, revêt un double aspect :


- d'une part un phénomène initial de complication moléculaire aboutissant à de
nouvelles molécules organiques complexes, les substances humiques ; c’est
l'humification.
- d’autres part, les substances humiques se minéralisent à leur tour par simplification
des substances humiques et apparition des composés miné-raux identiques à ceux
provenant de la minéralisation primaire : CO2, H2O, NH4+
Le rapport C/N est un indicateur de la qualité des litières. Les valeurs élevées
de ce rapport, au dessus de 25 à 30, traduisent des litières à faible pouvoir de
dégradation, résistantes aux organismes et aux attaques biochimiques. Les
valeurs basses, néanmoins supérieures à 6 ou 7, signalent des litières riches en
azote et bien accessibles aux décomposeurs. Le rapport C/N est aussi appliqué
aux autres catégories de matière organique du sol, comme les produits issus de
l'humification, ou à des horizons entiers, à condition qu'ils contiennent de la
matière organique.
2.2.2.2. Forme de la matière organique dans les sols
La matière organique non vivante se trouve dans le sol sous forme de deux
types de fractions :
-une fraction organique fraîche (non évoluée) de taille grossière (> 20 µm)
issue des êtres vivants, et une fraction organique transformée, spécifique de ce
que l'on appelle l'humus des sols.
-Dans la première fraction, on retrouve des polymères de type hydrate
de carbone bien caractérisés (composés non humiques) : cellulose ; la
lignine, tanin etc .
Dans la deuxième fraction (humus), on retrouve un ensemble de
polymères beaucoup plus complexes formant les composés humiques
(acides fulviques, acides humiques, humine). Leur poids moléculaire varie de
103 à 106, avec un rap-port C/N qui augmente (par croissance du contenu en
carbone et diminution du contenu en azote) lorsque l'on passe des acides
fulviques, humiques et humine.
2.2.2.2.1. Composés non humiques
Les composés non humiques se classent dans les catégories suivantes :

1-glucides et substances apparentées .

2- peptides et composés azotés (protéines, amines, chitine, acides nucléiques,


acide urique).

3-lipides et substances apparentées (acides gras, cire, résine ...)

4-lignine et composés dérivés

5-Acides organiques

6- Enzymes
2.2.2.2.2. Composés humiques
L'humus peut donc être défini comme étant le composé final de la dégradation de
la matière organique. C'est un composé organique stable, à noyaux aromatiques,
riches en radicaux libres. Il comprend des acides fulviques et humiques
extractibles à la soude (alcalino-solubles) et l'humine néoformée qui est
totalement insoluble
L’humus est formé d’acides fulviques, d’acides humiques, et d’humine.
- Les acides fulviques sont plus petits que les acides humiques de couleur jaune,
ils sont mal floculés et migrent en profondeur. Ils comportent de longues chaînes
latérales de nature aliphatique ou peptidique et un nucléus aromatique de petite taille. Ils
sont très réactifs par leurs groupes –COOH dissociés, qui leur fournissent, par leur
électronégativité, une bonne aptitude à la liaison avec les ca-tions bivalents ou
trivalents. Leur poids moléculaire reste inférieur à 2000 (fig. 35).
- Les acides humiques sont des acides polymérisés, à noyau aromatique. Ils
différent des acides fulviques par des chaines latérales plus courtes rattachées à un
nucléus plus important (fig. 35). On en trouve deux grands types : les acides humiques
gris qui sont d’énormes molécules facilement floculées par le calcium. Les acides
humiques bruns qui sont un peu plus petits et se trouvent dans les sols plus acides.
Leur poids moléculaire varie de 20000 à 100000.
2.2.2.4. Les types d’humus dans le sol
Selon leurs morphologies, on distingue différents types d’humus :
- Les mulls sont des humus actifs, pH entre 5,5 et 8,5 et C/N entre 10 et 15. Le
complexe argilo-humique plus ou moins saturé, ils sont des bons stabilisants du sol et
créent un milieu favorable au développement racinaire.
- Les moders sont des humus à activité biologique faible, pH acide C/N élevé avec
accumulation de matière organique en surface et lessivage des éléments fins dans le sol.
- Les mors sont des humus très peu actifs, milieu acide à tendance anaérobie,
beaucoup de matière organique fibreuse accumulée sur le sol.
2.2.2.5. Propriétés de l’humus
L’argile et l’humus ont des propriétés relativement semblables.
- L’humus est hydrophile (contient jusqu’à 15 fois son propre poids).
- L’humus est un colloïde électronégatif.
- L’humus a la capacité de fixer et d’échanger des bases.
- Adsorption des composés organiques.
- Les colloïdes humiques sont floculés par des acides ou des sels
minéraux. De même que les argiles, la valeur de floculation est d’autant plus
faible que la valence du cation est élevée.

2.2.2.6. Intérêt de la matière organique


1- un rôle essentiel dans l'édification de la structure du sol
2-L'humus par son association aux minéraux argileux et forme le complexe argilo-
humique

3-La matière organique est une source d'éléments nutritifs

4-Elle constitue une réserve énergétique

5-La matière organique, indicateur de la valeur agronomique des sols cultivés

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