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4 CHAPITRE

Minéralogie des Argiles

4.1 INTRODUCTION

En génie civil, argile veut dire sol argileux, c’est-à-dire un sol qui peut contenir certains minéraux argileux ou
tout autre minéral; il est plastique et cohérent.

Dans les sols argileux, l’influence de la granulométrie est négligeable. L’effet de l’eau est très appréciable car
les sols argileux sont très sensibles à l’eau.
Les sols argileux sont à l’origine de nombreux désordres dans les constructions géotechniques. Une bonne
connaissance de leur nature et leurs interactions avec l’eau est capitale pour le dimensionnement des ouvrages
géotechniques.

Les argiles sont des sols à grains fins, ce qui ne veut pas dire que tous les sols à grains fins sont forcément des
argiles cohérentes. Les silts, considérés comme matériaux intermédiaires, sont des sols à grains fins, mais ils
ont le comportement des sols granulaires; ils sont pulvérulents. L’eau influence leur comportement parce qu’ils
sont dilatants, mais leur plasticité est à peu près nulle (𝐼𝑃 ≅ 0); leur résistance, comme celle des sables, est
pratiquement indépendante de leur teneur en eau.

Dans les sols granulaires, la forme de la courbe granulométrique et la forme des grains influencent le
comportement des sols sous une sollicitation. En règle générale, la présence de l’eau n’influence pas leur
comportement.
Les minéraux argileux sont des particules minuscules (𝐷 < 2 μm) qui sont très actives sur le plan
électrochimique. Elles résultent de la désintégration physique ou mécanique des roches suivie d’une
transformation chimique. Leur moindre trace peut modifier considérablement les propriétés et le comportement
d’un sol. Lorsque le pourcentage en argile augmente, l’influence de la portion argileuse sur le comportement du
sol augmente proportionnellement.

4.2 MINÉRAUX ARGILEUX

Les minéraux argileux sont des substances cristallines qui tirent essentiellement leur origine de l’altération
chimique de certains minéraux composant la roche. Ce sont des alumino-silicates hydreux ajoutés à d’autres
ions métalliques.
Les minéraux argileux sont de très petits cristaux colloïdaux, invisibles à l’œil nu et visibles au microscope
électronique, ressemblant à de minces plaques ou plaquettes. Ces dernières sont un empilement de feuillets à
structure atomique répétée. Il existe deux types de feuillets de cristaux de base : les feuillets en tétraèdre ou de
silice et les feuillets en octaèdre ou d’alumine. Leur constitution se différencie par le mode d’empilement de ces
feuillets et par les divers liants et ions métalliques contenus dans le treillis cristallin.
Le feuillet en tétraèdre est une combinaison d’unités tétraédriques de silice composée de 4 atomes d’oxygène
aux sommets entourant un atome unique de silice.

Le feuillet en octaèdre est une combinaison d’unités octaédriques composées de 6 atomes d’oxygène ou
d’hydroxyle entourant un atome d’aluminium, de magnésium, de fer ou d’un autre élément.

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4.3 SURFACE SPÉCIFIQUE

C’est le rapport entre la surface d’un solide et sa masse ou son volume. En termes de volume, elle est exprimée
par :

Surface spécifique = surface⁄volume (4.1)

Au moyen d’un cube de 1 x 1 x 1 cm, la signification de la surface spécifique peut être démontrée :

(1 cm2 )⁄
Surface spécifique = 6 6⁄
1 cm3 = cm =
0.6⁄
mm

Si le cube a un côté de 1 mm, la surface spécifique est :

6 (1 mm2 )⁄ 6⁄
1 mm3 = mm

Si le cube a un côté de 1 m, la surface spécifique est :

6 (1 μm2 )⁄ 6 6000⁄
1 μm3 = ⁄μm = mm

De ces trois valeurs de surface spécifique, on remarque que les plus grosses particules ont des surfaces plus
petites que les plus petites particules, qu’elles soient cubiques ou sphériques. Afin d’exprimer la surface
spécifique en termes de masse, il suffit de diviser la surface par la masse. Les unités seront alors des mètres
carrés par gramme (m2 ⁄g) ou des mètres carrés par kilogramme (m2 ⁄kg).

La surface spécifique est inversement proportionnelle à la dimension des grains d’un sol : plus une particule est
petite, plus sa surface spécifique augmente, et plus l’effet de surface (film d’eau adsorbée, …) prend de
l’importance.

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De ce principe de la surface spécifique, on peut s’attendre à ce que les teneurs en eau des sols à grains fins
soient plus élevées que celles des sols à grains grossiers, lorsque tous les autres facteurs, tels que l’indice des
vides et la structure, sont identiques.

4.4 QUELQUES MINÉRAUX ARGILEUX

La kaolinite est constituée d’une succession de couches alternées de feuillets en tétraèdre (silice) et de feuillets
en octaèdre (aluminium ou gibbsite). Suite à l’empilement d’une couche de chacun des deux feuillets de base,
la kaolinite fait partie des minéraux dits 1⁄1 avec la formule chimique Si2 Al2 O5 (OH)4 .

La montmorillonite, parfois appelée smectite, est un minéral argileux, composé de deux feuillets de silice et
d’un feuillet d’alumine (gibbsite). Sa formule chimique suivante : Si4 Al(2−X) Mg X O10 (OH)2 , nH2 O (x étant le
nombre de cations échangeables). Les smectites sont des minéraux dits 2⁄1.

L’illite, comme la montmorillonite, a une structure 2⁄1; dans son cas, cependant, les espaces entre les
couches sont reliées par des ions de potassium. Sa formule chimique est Si(4−X) AlX Al2 O10 (OH)2 xK.

Le Tableau 4.1 présente les dimensions relatives et les surfaces spécifiques de ces trois minéraux argileux. Le
plus grand, la kaolinite, a une épaisseur d’environ 1 μm, le plus petit, la montmorillonite, a une épaisseur de
quelques nanomètres.

Tableau 4.1 Valeurs moyennes des dimensions relatives, des épaisseurs et des surfaces
spécifiques des minéraux argileux les plus communs.

Minéral Épaisseur type (nm) Diamètre type (nm) Surface spécifique (km2 ⁄kg)
Montmorillonite 3 100-1000 0.8
Illite 30 10 000 0.08
Kaolinite 50-2000 300-4000 0.015

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4.5 INTERACTION ENTRE L’EAU ET LES MINÉRAUX ARGILEUX

L’association des minéraux argileux et de leur couche d’eau adsorbée constitue le fondement de la structure
des argiles. Les particules argileuses agissent les unes sur les autres par l’intermédiaire de leur couche d’eau
adsorbée. Par conséquent, la présence de différents ions et de matière organique en concentrations diverses a
une influence déterminante sur la structure des différents dépôts rencontrés dans la nature.
Les particules d’argile peuvent présenter une répulsion électrostatique réciproque; ce phénomène dépend, entre
autres facteurs, de la concentration en ions des particules et de la distance qui sépare ces dernières. De la
même façon, les particules peuvent subir une attraction produite par leur affinité avec le lien hydrogène, par les
forces de Van der Waal, ou encore par tout autre type de lien chimique ou organique. Le champ des potentiels
de forces inter-particulaires diminue à mesure qu’on s’éloigne de la surface du minéral.
Les particules peuvent floculer ou se repousser (se disperser). La susceptibilité à la floculation dépend d’une
augmentation de l’un ou de plusieurs des paramètres suivants : concentration de l’électrolyte, valence des ions,
température; ou d’une diminution de l’un ou de plusieurs des paramètres suivants : constante diélectrique du
fluide interstitiel, taille des ions hydratés, pH, adsorption d’anions. La dispersion des argiles n’est possible que
dans des solutions très diluées (à des teneurs en eau très élevées).

4.6 ARRANGEMENT DES PARTICULES DANS LES SOLS COHÉRENTS

Les particules d’argiles ont tendance à floculer ou à s’agglomérer sous forme d’unités sub-microscopiques
appelées domaines. Les domaines tendent à leur tour à former des grappes qui peuvent être assez grosses
pour qu’on puisse les observer à l’aide d’un microscope ordinaire. Les grappes se regroupent pour former des
peds ou même des groupements de peds. Les peds sont visibles à l’œil nu; ces éléments, ajoutés à d’autres
caractéristiques macrostructures comme les joints et les fissures, constituent l’arrangement macroscopique des
particules.
Un système décrivant des caractéristiques microscopiques des sols naturels peut être composé des éléments
suivants :

1. Arrangements élémentaires de particules : ils ont des caractéristiques d’interaction bien définies, soit au
niveau des particules d’argile, de silt ou de sable, soit au niveau de petits groupements de plaquettes d’argile,
de particules de silt enrobées ou encore de grains de sable.
2. Assemblages de particules : ils comportent un ou plusieurs types d’arrangements élémentaires ou
d’assemblages de plus petites particules.
3. Vides poreux : on les trouve à l’intérieur des particules et entre les arrangements élémentaires et les
assemblages de particules

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La porosité de la structure dépend en grande partie de la minéralogie des argiles ainsi que de la quantité de
l’angularité des particules argileuses.
La structure de presque tous les dépôts naturels d’argile est très complexe. Le comportement géotechnique de
ces dépôts est fortement influencé par la macrostructure et la microstructure des argiles.
La macrostructure influence le comportement de l’ensemble de la masse qui est souvent déterminé par des
joints, des fissures, l’intercalation de silt et de sable, des trous de racines, des varves et toute autre
« malformation ». La microstructure joue un rôle important sur le plan fondamental que sur le plan géotechnique,
elle peut néanmoins contribuer à la bonne compréhension du comportement du sol.

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