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ASSAINISSEMENT AGRICOLE (DRAINAGE)

1. Généralités :

- Définition :

Classiquement, le drainage (assainissement) agricole fait référence à une pratique


d'assainissement par laquelle on soustrait les excès d'eau et les sels associés d'une terre pour
accroître sa productivité. Ceci se fait au moyen d'un réseau de canaux ouverts ou de drains
souterrains. (M. Hulin, 1983).
- Les problèmes de base :

En réalité, il est nécessaire de distinguer deux situations différentes requérant le


drainage :
1. Dans les terres submergées ou présentant une nappe d'eau proche de la surface, le drainage
est pratiqué pour rabattre la nappe et éliminer les excès d'eau dans le sol. Le problème de
l'engorgement des sols par l'eau peut affecter des superficies très variables, allant de taches
humides de quelques centaines de mètres carrés au sein d'un champ à des centaines de km2 et
plus dans le cas de terres marécageuses ou de polders.

2. Dans les systèmes irrigués en zone (semi-)arides, un excédent d'irrigation par rapport aux
besoins en eau des cultures est souvent requis pour éliminer les sels qui s'accumulent dans le
sol par suite de la forte demande évaporative. Le drainage est alors nécessaire pour éliminer
ces excédents d'eau d'irrigation dont la qualité chimique (type de sel et concentration en sel)
peut être néfaste à la bonne croissance des cultures.(Agronomy series # 3, 1983).
Cependant, malgré ses effets positifs sur l'agriculture, le drainage n'est pas sans
conséquences sur l'environnement :
La mise en valeur des terres pour l'agriculture par le drainage a contribué à la disparition de
vastes zones humides dont l'importance en termes d'habitats pour des espèces animales et
végétales et pour la sauvegarde de la biodiversité a longtemps été ignorée.
Les eaux de drainage chargées en sels ou en produits phytosanitaires se déversent dans les
eaux de surface et contribuent à la dégradation de la qualité des eaux. L'utilisation de ces eaux
contaminées à des fins domestiques ou industrielles peut engendrer des coûts importants de
purification et des coûts de maintenance des réseaux d'adduction plus élevés (corrosion ou
dépôts dans les conduites).
Dans certains cas, les eaux de drainage peuvent accumuler, outre les sels d'origine, des sels
potentiellement toxiques provenant de la dissolution de minéraux dans le sol. C'est le cas

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d'une vaste pollution au sélénium (Se) aux E.U. résultant de l'enrichissement des eaux de
drainage en cet élément lors de la percolation des eaux au travers d'une couche riche en Se.
Les terres drainées n'ayant dans ce cas précis pas d'exutoire naturel, les eaux de drainage
aboutissaient dans un bassin endoréique marécageux. Ceci s'est traduit par l'accumulation du
Se lors de l'évaporation des eaux et une forte mortalité de l'avifaune pour laquelle ces zones
marécageuses constituaient un habitat permanent ou temporaire. (Agronomy series # 3, 1983)
Lors de la mise en place d'un plan de drainage, il est donc primordial de trouver un juste
équilibre pour notre société entre les avantages résultant d'une production agricole intensive et
soutenue et ceux résultant du maintien d'un écosystème sein et de la sauvegarde de la
biodiversité.

En zone humide, le but principal du drainage agricole est de contrôler l'engorgement des
sols et donc d'assurer des conditions d'humidité du sol qui soient favorables au développement
des cultures et qui favorisent les pratiques de gestion du sol. On peut citer à cet effet les
avantages potentiels suivants :
Maintien de conditions d'aération favorables pour la croissance acinaire et pour l'activité
biologique dans le sol;
réduction des risques liés à la présence de certains éléments chimiques toxiques à l'état
réduit;
réduction des pertes en azote par dénitrification liées aux conditions anaérobies;
Amélioration de la résistance mécanique du sol et réduction des risques de compaction par
les engins agricoles;
Dessèchement plus rapide du sol en début de saison de culture, permettant de travailler la
terre plus tôt et donc d'assurer une saison de culture plus longue;
Réchauffement plus rapide du sol en début de saison;
Réduction du risque de ruissellement / érosion.
En zone aride ou semi-aride, le but principal du drainage agricole est souvent d'assurer
l'écoulement des eaux de ruissellement pour contrôler l'érosion, ou l'élimination des eaux de
percolation chargées en sel sur les terres irriguées pour éviter les risques de salinisation du
sol.
Le drainage est également utilisé pour l'élimination des zones d'eau stagnantes ou
marécageuses qui peuvent favoriser la transmission de certains agents pathogènes pour les
humains et les animaux : moustiques/paludisme, etc.(Handbook of Agriculture Engineering.
Vol. 1).

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- Les principales techniques :
Un système de drainage est composé d'un réseau de drains permettant de rabattre la nappe
à un niveau inférieur à celui de la profondeur d'enracinement. Un système de drainage peut
être composé soit de conduites enfouies dans le sol (drainage souterrain), soit de fossés à ciel
ouvert.
Dans ces deux cas on parlera de drainage horizontal. Dans certains cas, on effectue
également le prélèvement des excès d'eau par pompage à partir de puits verticaux.
On parlera alors de drainage vertical. Cette dernière pratique est cependant très rare et ne
sera pas abordée dans le cadre de ce cours.

1. Système de drainage par conduite enterrée (drainage souterrain) :


Les systèmes de drainage par conduite souterraine sont d'utilisation courante en
agriculture moderne en zone tempérée ou dans les projets d'irrigation pour le contrôle de la
salinité.
Ils sont encore peut fréquent en zone tropicale du fait de leur coût élevé et parce qu'en
zone tropicale il est souvent nécessaire de pouvoir évacuer les eaux de ruissellement en même
temps que les eaux de drainage.
Dans ce cas les systèmes de drainage par fossé sont plus appropriés.
- Les tuyaux de drainage
La première utilisation de drains souterrains remonte à 200 ou 300 ans. A l'origine, on
n'utilisait pas de tuyaux mais on plaçait à la base d'une tranchée des cailloux ou des
branchages qui étaient ensuite recouvert de terre.
C'est au début du siècle qu'est apparu l'utilisation de tuyaux de drainage, d'abord en terre
cuite, et ensuite en ciment dans les zones ne possédant pas de tuileries. L'utilisation de tuyaux
en plastique remonte aux années 1960.

* Tuyaux en terre cuite


Les drains en terres cuites sont composés de courtes sections de tuyaux juxtaposés. Les
sections ont généralement une longueur de 30 cm et des diamètres intérieurs variant de 5 à 20
cm. L'eau s'écoule vers les drains au travers des joints présents à la jonction de deux sections
de tuyaux.
Ces tuyaux sont hautement résistants dans des conditions de sol agressif (sols alcalins,
acides).
*Tuyaux en ciment

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Ces tuyaux sont semblables aux tuyaux en terre cuites, mais souvent de dimension plus
grande : 30 à 50 cm de longueur et diamètre intérieur de 15 cm ou plus. L'entrée de l'eau se
fait également par les joints entre les sections (Fig. 32).
Dans des conditions acides ou salines, il convient d'utiliser des ciments spéciaux pour
résister aux agressions chimiques et aux sulfates.

Figure n° 32 : Exemple de drain en ciment (FAO, 1963 in Guyon G., 1964).

* Tuyaux en plastique
Ils sont fabriqués en polyéthylène (PE) ou en polyvinylchloride (PVC), ce dernier étant
plus couramment utilisé du fait de sa plus grande portance et de son coût plus faible. Ces
tuyaux sont durables mais se dégradent sous l'effet des radiations solaires ultraviolettes.
Le PVC devient cassant sous l'effet du gel et peut alors facilement se fracturer.
Actuellement, les tuyaux en plastiques utilisés pour le drainage sont crénelés (ondulés)
(Fig. 33).
Du fait de leur plus grande rugosité, un tuyau crénelé nécessite un diamètre environ 20 %
supérieur à celui d'un tuyau lisse pour une même capacité de transport de l'eau.
Cependant, la fabrication de tuyaux crénelés nécessitant moins de matière première, le coût
d'un tuyau lisse ou crénelé de même capacité est à peu près égale.
Cependant, la résistance à la compression des tuyaux crénelés est meilleure que celle des
tuyaux lisses. Récemment, on a vu apparaître des tuyaux de drainage à double paroi. La paroi
extérieure est crénelée et permet de bénéficier de la bonne résistance à l'écrasement de ces
tuyaux et de la faible résistance à l'entrée d'eau (voir ci-dessous).

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La paroi intérieure est lisse et possède donc un faible coefficient de rugosité et peu
donc être placé avec des pentes plus faibles. Le coût des tuyaux à double paroi reste
cependant une limitation pour leur utilisation dans le cas du drainage agricole.
Les tuyaux en plastique sont vendus dans une gamme allant de 40 à 300 mm de
diamètre extérieur. Le diamètre intérieur est de l'ordre de 0.9 x diamètre extérieur. Pour les
drains latéraux, on utilise généralement les diamètres de 40 à 65 mm.
Les diamètres de dimension supérieure peuvent être utilisés pour les collecteurs. Pour
les faibles diamètres, le tuyau est souple et est livré en rouleau. Il convient de les poser dans
des tranchées bien stabilisées pour éviter les déformations, voire des ruptures pour les tuyaux
de plus grand diamètre.
Le coût des tuyaux en plastique croit fortement avec le diamètre. Pour de larges diamètres
(> 200 mm), le plastique est rarement compétitif avec les tuyaux en ciment.

Figure n°33 : Exemple de drain plastique crénelé, avec et sans enveloppe (Guyon G., 1985).

L'entrée d'eau dans les tuyaux en plastique se fait par de petites perforations
rectangulaires de 0.6 à 2 mm de largeur placées à intervalles réguliers le long du tube (Fig.
34).
La surface totale des perforations doit être au minimum de 800 mm2 par mètre de tuyau.
Lors de l'écoulement vers et au travers des ouvertures dans les drains, il se produit une
perte de charge.
Pour un même débit d'entrée, les pertes de charge seront d'autant plus importantes que la
surface des ouvertures par unité de longueur est faible. A cet effet, on utilise une équation

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comparable à la loi de Darcy (pour les écoulements en milieu saturé) pour caractériser la
résistance ( adimensionnel) des tuyaux à l'entrée d'eau :

où Q est le débit d'entrée d'eau dans le tuyau (m3 m-1 jour-1), K la conductivité hydraulique
du matériau entourant le tuyau (m jour-1) et he la perte de charge à l'entrée (m). Les valeurs
typiques de pour différents matériaux sont données au tableau n° 2.

Figure n° 34 : Tuyau de drainage crénelé avec perforations dans les creux (source : Eupen in
Guyon G., 1985).

La grande résistance que présentent les drains en terre cuite et en ciment provient de
l'écartement important entre les joints par où l'eau peut pénétrer dans le drain. La très faible
résistance des drains rugueux par rapport aux drains lisses provient de la plus grande
superficie perforée des drains rugueux.
Dans le choix d'un drain, la valeur de est importante. Elle conditionne également le
choix de l'enveloppe du drain.

Tableau n° 2 : Valeur typique du facteur de résistance à l'entrée d'eau dans des tuyaux de
drainage fabriqué dans différents matériaux.

* Choix du type de drain

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Pour autant que leur installation ait été faite correctement, la performance des différents
types de drains est fort comparable. La sélection du type de drain se fait donc principalement
sur base du coût et de la disponibilité locale. De plus, on peut considérer les critères suivants:
là où des tuyaux ne sont pas disponibles commercialement, la fabrication de
drains en ciment constitue l'alternative la plus simple et la moins coûteuse. Elle est souvent
économique même pour des petits projets. La fabrication de drains en terre cuite n'est rentable
que pour de très grands projets.
là où tous les types de drains sont disponibles; l'utilisation de drains en plastique
rugueux offre de grands avantages: faible poids et donc coût de transport faible, disponible en
grande longueur, particulièrement adapté à une installation machinale mais peut également
être placé de façon manuelle si les conditions de terrain l'exigent.
pour les petits diamètres (<100mm), le coût des tuyaux est sensiblement le même
pour les drains en plastique, ciment et terre cuite. Pour les gros diamètres, le ciment est
généralement le plus avantageux. (Guyon G., 1966).

* L'enveloppe
L'enveloppe du drain est un matériau que l'on place autour du drain (Fig. 33 et 35)
et qui a pour but de :
réduire la perte de charge à l'entrée d'eau dans le drain en facilitant
l'écoulement de l'eau vers les ouvertures dans le drain (fonction hydraulique);
empêcher l'entrée de particules fines dans le drain principalement en réduisant
la vitesse d'écoulement de l'eau vers les points d'entrée d'eau et donc en limitant la capacité de
transport de cette eau (rôle de filtre).
Il n'existe pas d'enveloppe parfaite, chacune ayant ses avantages et ses défauts. La
plupart des enveloppes sont constituées d'une couche épaisse de matériau très perméable,
permettant de réduire fortement le facteur de résistance à l'entrée d'eau ( < 0.1).
Par ailleurs, les vitesses d'écoulement de l'eau dans ces enveloppes sont
généralement de deux ordres de grandeur plus faibles que dans le sol, ce qui réduit fortement
les risques d'entraînement des particules de sol.
En pratique, on considère que l'enveloppe doit avoir une épaisseur d'au moins 5 à
10 mm et une conductivité hydraulique 10 fois supérieure à celle du sol. Parmi les matériaux
qui remplissent ces conditions, on trouve les sables grossiers et graviers, fibres de noix de
coco, tapis de propylène ou granules de polystyrène.

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Les matériaux organiques ont le désavantage de se décomposer assez rapidement bien
que la fibre de coco soit particulièrement résistante. Les matières humiques produites par leur
décomposition peuvent influencer négativement leur conductivité.
Dans les sols particulièrement sensibles à l'érosion, l'entraînement des particules de sols
vers les drains peut conduire au colmatage de ceux-ci. Ceci s'observe surtout dans les sols
présentant une faible cohésion, comme les sables fins et les limons grossiers, avec une
distribution granulométrique étroite et un diamètre moyen des grains de l'ordre de 20 à 100
m.
Dans les sols plus grossiers ou plus argileux, les vitesses d'écoulement vers les drains sont
insuffisantes pour entraîner les particules plus grossières, et les particules plus fines ont soit
une cohésion suffisante, soit ils ne présentent pas de risque pour le colmatage car elles restent
en suspension dans l'eau.
Dans les sols présentant un risque d'entraînement des particules, le rôle de filtre de
l'enveloppe est particulièrement important. Le matériau doit donc être choisi sur base de sa
capacité à filtrer les limons et les sables fins.

Figure n° 35: Exemple de tube de drainage crénelé avec enveloppe en fibres synthétiques
(Source: Eupen in Guyon G., 1985).

Enveloppes en gravier: ce genre d'enveloppe est surtout utilisé comme filtre. La


composition granulométrique de l'enveloppe dépendra de la texture du sol. On établit d'abord
une courbe de distribution granulométrique pour le sol en place. Soit D le diamètre équivalent
des différents tamis utilisés.

La notation Dx correspond au diamètre équivalent du tamis au travers duquel x % du sol


passe. D50 correspond donc au diamètre équivalent du tamis au travers duquel 50% du sol
passe.

Donc on a nécessairement D25 inférieur ou égalà D50. Le Soil Conservation Service


(US-SCS) des Etats-Unis a établi les critères suivants pour la fabrication des filtres en gravier:

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où l'indice 'F' fait référence au filtre et 'S' au sol en place. Pour assurer la stabilité du filtre, il
faut que :

D'autres normes un peu moins contraignantes ont aussi été établies par le Bureau of
Reclamation des Etats-Unis (USBR).
Enveloppes synthétiques fines : Il existe sur le marché des enveloppes synthétique fines
ayant pour but de filtrer les particules de sol. Ces enveloppes fines ne sont recommandables
que pour des tubes en plastiques rugueux.
Sur les tubes lisse (plastique, terre cuite ou ciment) ces enveloppes accroissent encore la
résistance d'entrée d'eau du fait de leur faible conductivité transversale. Dans le cas des tubes
rugueux pour lesquels les perforations sont situées dans les creux, cette contrainte est moins
importante (Guyon G., 1976).
Enveloppes épaisses: ces enveloppes ont l'avantage d'avoir une conductivité hydraulique
transversale et radiale élevée. Leur conductivité peut cependant changer suite à la
compression lors du remplissage de la tranchée d'installation. Il est conseillé de tester les
enveloppes avant leur utilisation à grande échelle.
Actuellement, les tuyaux en plastique peuvent être livrés pré-enveloppés. Les
enveloppes en gravier peuvent être déversées directement dans la tranchée lors du placement
des drains.
La majeure partie de l'eau drainée entre dans le drain par la bas. Les risques
d'entraînement de particules sont cependant plus élevés sur la partie haute car provenant du
sol non consolidé replacé dans la tranchée d'installation. Il est donc préférable d'avoir une
enveloppe sur tout le pourtour du drain pour un fonctionnement optimal.
Dans les sols stables bien structurés et lors d'une installation dans un sol sec,
l'enveloppe peut ne pas être nécessaire. Dans les sols facilement dispersables, une enveloppe
d'une épaisseur au moins égale à 10-20 mm à l'état comprimé (en place) doit être installée
(gravier ou substitut synthétique de bonne qualité).

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L'utilisation d'enveloppes fines synthétiques (bon marché) n'est recommandée que
pour des tuyaux rugueux et des sols sableux. L'utilisation d'enveloppes est particulièrement
recommandée dans les situations où les flux d'eau vers les drains risquent d'être élevés
(écartement important des drains, perméabilité élevée du sol).( Guyon G., 1966).

- Structures complémentaires des systèmes de drainage

Un système de drainage requiert parfois certaines structures complémentaires,


particulièrement dans le cas de systèmes composites. Il s'agit principalement des raccords
entre les drains latéraux et les collecteurs, les chambres de visite pour l'entretien des drains,
l'évacuation d'eau des drains vers des fossés.

* Décharge d'eau d'un drain dans un fossé ouvert


Ces structures sont simples mais doivent être construites de façon à éviter le colmatage
du drain et l'érosion des berges du fossé. De préférence elles doivent être construites de telle
manière à ne pas interférer avec l'entretien mécanique des fossés et des précautions doivent
être prises pour empêcher les petits animaux de rentrer dans le drain (diam > 50 mm).

Figure n° 36: Exemple de structure conçue pour l'évacuation des eaux de drainage dans un
canal. (Guyon G., 1966).
L'exutoire d'un tuyau de drainage peut être constitué d'un simple tube en plastique dur
d'une longueur de 150 à 200 cm, insérée sur la moitié de sa longueur autour du drain dans le
sol et libre de l'autre coté (Fig.36).
Si une telle structure pose problème pour l'entretien, un tuyau plus court peut être
prévu, mais dans ce cas la berge doit être protégée contre l'érosion.
Pour les exutoires de tuyaux collecteurs pour lesquels les débits peuvent être plus élevés,
il convient de mettre en place des structures plus permanentes.

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* Raccords et chambre de visite

Les raccords et chambre de visite sont nécessaires dans les systèmes composites pour
connecter les drains latéraux et les collecteurs, et pour permettre l'entretien des drains. Les
raccords sont souvent effectués sans possibilités d'accès, mais il est bon de prévoir des
raccords avec accès aux drains dans les endroits stratégiques présentant de plus grands risques
de colmatage (pente faible) ou après de grandes longueurs de drains (>250m).
Il est préférable que les chambres de visite soient enfouies sous le sol pour éviter d'être
endommagées par les travaux agricoles, et munie d'un repère à la surface. Il est recommandé
de prévoir un certain volume dans la chambre de visite pour l'accumulation de sédiments
(chambre de sédimentation, Fig. 37).

Figure n° 37 : Chambre de visite pour le raccord entre drains latéraux et collecteurs avec
bassin de sédimentation.(Guyon G., 1966).

* Admission des eaux de surface


Dans certains cas il est possible de prévoir localement dans les zones dépressionnaires où
s'accumulent les eaux de ruissellement des zones d'infiltration rapide des eaux de surface vers
les drains. Ces zones sont constituées d'une couche de gravier s'étendant de la surface jusqu'au
drain (Fig. 38).
Si un tel dispositif doit être mis en place, il est essentiel de prévoir des chambres de
sédimentations (pièges à particules fines) pour éviter le colmatage. Des structures spéciales
permettent de mieux contrôler les problèmes de sédimentation.

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Figure n°38: Exemple d'aménagement localisé (fosse remplie de gravier) permettant
l'infiltration des eaux de ruissellement vers un drain souterrain. (Guyon G., 1966).

* Support de drain
Dans les zones avec des sols non ou peu consolidés, il est parfois nécessaire de prévoir
des structures pour soutenir les tuyaux de drainage pour éviter leur affaissement,
particulièrement dans le cas de tuyaux souples ou de drains en terre cuite et en ciment.
- Système de drainage par conduite à ciel ouvert :

Ce genre de système comprend un réseau de fossés à ciel ouvert. Les fossés doivent être
relativement profonds (1-1.5 m), ont généralement une section trapézoïdale et la pente des
berges varie de 1:1 à 1:2 selon la stabilité des sols.
Tout comme les drains souterrains, le réseau de fossés peut suivre le réseau naturel ou
bien être composé de fossés parallèles. Pour plus d'informations sur la mise en place de réseau
de fossés, se référer à des livres spécialisés. (Guyon G., 1966).

– Choix du type de système de drainage

Le choix entre drains souterrains et fossés à ciel ouvert dépend très fort des conditions
locales. Les facteurs suivant doivent entre autre être pris en compte:
Eau de surface: les fossés sont particulièrement adaptés à la collecte des eaux de
ruissellement, surtout si ce problème est généralisé sur l'ensemble du site.
Pertes de superficies cultivables: jusqu'à 10% de la superficie pour des fossés
rapprochés et des berges à pentes faibles.
La présence de fossés peut gêner les travaux agricoles et l'accès aux parcelles

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Entretien: les fossés nécessitent un entretien fréquent. En pratique ils sont souvent
mal entretenus et donc leur fonctionnement est loin d'être optimal.
Installation: les machines modernes permettent d'installer les tuyaux de drainage
avec beaucoup de précision en terme de pente. Le contrôle de la pente est beaucoup plus
difficile pour les fossés.
L'utilisation de fossés est impossible dans certains sols très peu stables.
La présence d'hydrates de fer en forte concentration dans certains sols (sols
tourbeux) peut fortement accroître le risque de colmatage dans les tuyaux de drains.
Le tableau n° 3 reprend quelques-uns des principaux avantages et inconvénients des deux
systèmes de drainage.
En pratique, les systèmes de drainage souterrains fonctionnent généralement mieux que
les systèmes à base de fossés du fait d'une meilleure installation du réseau, d'un moindre
besoin en entretien et d'un fonctionnement sans grand problème. Cependant le système de
fossé peut être justifié:

là où la disponibilité en tuyaux de drainage est limitée,


là ou la collecte des eaux de surface est un facteur important,

lorsque les fossés peuvent être fortement espacés et donc ne gêne pas les activités
agricoles.
pour les cultures pérennes (canne à sucre, bananes) requérant moins de travaux
mécaniques ou lorsque les travaux peuvent être fait manuellement,
lorsque les exigences en terme de qualité de contrôle de la nappe ne sont pas élevées
(prairie par exemple)
lorsque les considérations de coûts priment sur toutes les autres considérations.
En première instance dans les sols mécaniquement instables (polders non assainis,
tourbes) où le risque d'affaissement des tuyaux est réel. Après quelques années, l'installation
de drains souterrains devient possible. (Musy A., 1972).
Tableau n° 3 : Récapitulatif des principaux avantages et inconvénients des réseaux de
drainage par drains souterrains ou par fossés. (Musy A., 1972).

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- Le réseau de drainage :

Un système de drainage souterrain est composé de drains latéraux et de collecteurs


permettant de collecter et d'évacuer l'eau des drains latéraux. Leur arrangement spatial est
avant tout fonction de la topographie du terrain.
Pour un terrain présentant principalement des problèmes d'engorgement d'eau dans les
zones dépressionnaires, on développera un réseau de drains qui suivra et reliera ces zones. Le
réseau de drainage irrégulier qui en résulte s'appelle un réseau de drainage naturel (Fig. 39).
Si l'on désire évacuer les eaux de surface (ruissellement) en plus des excès d'eau dans le
sol, un système de fossés pourra être préféré à un système de drainage souterrain.

Figure n° 39 : Représentation schématique d'un réseau de drainage naturel

Au fur et à mesure que la dimension ou le nombre de zones d'engorgement augmente,


l'intérêt d'installer un réseau de drainage naturel disparaît au profit d'un réseau ordonné de
type parallèle ou en arrête de poisson.
Dans le système en arrête de poisson (Fig. 40a), les collecteurs sont alignés dans le sens
de la plus grande pente. Les drains sont alors alignés quasi perpendiculairement à la pente

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mais avec un angle faible par rapport aux courbes de niveau de façon à ce que l'eau s'écoule
avec une faible pente vers le collecteur et que le drain soit maintenu à une profondeur
constante sous la surface du sol.
Dans le système parallèle (Fig. 40b), l'écoulement dans les drains est assuré par une
faible pente créée en augmentant graduellement la profondeur d'installation du drain vers son
exutoire. La pente étant généralement de l'ordre de 0.05 à 0.1% et la longueur maximale des
drains étant de l'ordre de 250 m, l'accroissement de la profondeur qui en résulte ne dépasse
généralement pas 10 à 20 cm.
La variation de profondeur du drain en fonction de la distance ne constitue donc pas un
désavantage important pour le système de drain parallèle. (Guyon G., 1962).

Figure n° 40 : Représentation schématique d'un réseau de drainage en arrête de poisson (a) et


parallèle (b).

Le choix du type de réseau dépend principalement de la situation de terrain. Si le site est


une large plaine plane composée principalement de terrains rectangulaires, le système
parallèle est souvent préférable.
Le système en arrête de poisson est plus indiqué sur des terrains ondulés où seul une
partie du terrain doit être drainée.

Dans le type de réseau parallèle, il est souvent préférable d'installer le collecteur dans le
sens de la pente et les drains latéraux le long des courbes de niveaux (Fig. 40b).
En effet, ceci permet de connecter des drains de deux cotés au collecteur, et donc réduit
le nombre de collecteur nécessaire d'un facteur 2.
Le collecteur peut être lui-même un tuyau ou bien un fossé ouvert. Dans le premier cas
on parle de système composite, alors que dans le deuxième on parle de système singulier.

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L'utilisation de collecteurs de type fossé ou tuyau dépend de plusieurs facteurs, dont:
- La nécessité d'évacuer des eaux de surface (système singulier);
- Perte de terres cultivables associée à la construction de fossés. Les pertes en terres peuvent
monter à 2-3% de la superficie cultivable dans le cas d'un système singulier;
- Colmatage: le colmatage d'un drain dans un système singulier est facile à repérer et n'affecte
qu'une faible superficie. Dans un système composite, ce colmatage est plus difficile à repérer
et peut affecter de grande superficie.
- Entretien: les fossés requièrent beaucoup plus d'entretien (1 à 2 fois par an) que les
collecteurs en tuyau (1 fois tous les 5 ou 10 ans).
- Evacuateurs: les évacuateurs d'eau des drains latéraux dans les fossés sont des points faibles
facilement endommagés et gênent l'entretien mécanique des fossés.
- Gradient hydraulique : les tuyaux requièrent une pente 5 à 10 fois supérieure à un fossé;
- Coût: le système singulier coûte beaucoup moins cher à installer que le système composite.
Ceci provient du fait que des équipements coûteux doivent être placés dans les systèmes
composites pour l'inspection des drains.
Il est à noter que sur une base annuelle, les coûts totaux des systèmes composites et
singuliers diffèrent peu, mais ils sont généralement un peu plus faibles pour les systèmes
singuliers. De manière générale, on préférera les systèmes singuliers sur terrain plat en région
humide et les systèmes composites en terrain ondulé.
Les systèmes composites sont également les plus appropriés dans les systèmes irrigués
du fait de la non interférence des drains avec les canaux d'irrigation. Les plus faibles coûts
d'entretien des systèmes composites jouent souvent en faveur de ces derniers, surtout dans les
pays où le coût de la main-d'œuvre est élevé.
De plus, l'entretien des canaux ne se fait souvent pas de manière adéquate et peut
compromettre le fonctionnement de l'ensemble du système de drainage. (Guyon G., 1964).

2. Les conséquences de l’excès d’eau :

A – Altération du sol

Le drainage aère les terres dont les pores sont autrement constamment remplis d’eau. On
sait qu’un volume de sol rempli d’eau est plus difficile à réchauffer, que ce même volume de
sol, sans eau. En d’autres mots, l’eau contenue dans le sol retarde le réchauffement.
L’augmentation de température du sol peut être de 2 o à 5o C, à une même date dans un sol
drainé.

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L’air et le réchauffement du sol activent l’activité microbienne nécessaire à la
décomposition des résidus. On améliore indirectement la fertilité du sol. D’autre part après
drainage, la structure du sol va en s’améliorant : le sol devient plus friable, on voit de plus en
plus les agrégats et les macropores.
L’implantation des systèmes racinaires peut s’effectuer correctement, et en profondeur. Par
exemple pour des céréales, la profondeur de l’enracinement peut atteindre 80 cm, pour le maïs
120 cm. Advenant un été sec, les racines, puisqu’elles auront pu descendre, vont se situer à
un niveau où elles pourront continuer à capter de l’humidité. À l’opposé, si la nappe d’eau
reste près de la surface, les racines vont devoir rester au-dessus. Par temps sec, la capacité de
la plante de puiser de l’eau sera minime. (fig. 41).

Figure n° 41 : Effet du drainage sur le développement racinaire


Cet avantage du drainage souterrain pour contrer les étés secs vaut pour les sols argileux.
Pour les sols sableux, il est préférable d’installer des chambres de contrôle afin de garder
l’eau dans le système, une fois le printemps passé.
- La mauvaise aération du sol a un impact direct et négatif sur la physiologie végétale.
Quelques exemples sont donnés ci-dessous :
! Réduction de la germination des semences
Le manque d'O2 réduit ou même empêche la germination des semences (fig.42). De
nombreuses espèces sont cependant capables de supporter de courtes périodes de mauvaise
aération, bien que dans tous les cas la croissance du plantule sera affectée.
! Croissance et fonctionnement du système racinaire

71
Bien plus que l'accumulation de CO2 ou d'éthylène dans les sols mal aérés, la baisse de
la concentration en oxygène en dessous du niveau critique est la cause principale des dégâts
observés aux racines en cas de saturation du sol en eau. Ces dégâts consistent en un
ralentissement, voire un arrêt définitif, de la croissance des racines du fait d'un manque
d'énergie normalement obtenu par respiration aérobie.
Il suffit de quelques heures de submersion pour que la teneur en oxygène dans la
rhizosphère tombe en dessous du seuil critique et l'impact sur les racines sera d'autant plus
élevé que la température est élevée.
Dans le cas du maïs, on a observé que la croissance des racines était complètement
arrêtée après 24h dans un sol saturé.
Après trois jours, on a observé des réductions irréversibles de la masse racinaire, de la
profondeur d'enracinement et de la consommation d'eau par la culture.

Figure n° 42 : Impact de la durée de submersion sur la germination de semences de froment


d'hiver.(Cannell et Belford, 1982).

! Croissance et développement de la plante


Les symptômes les plus fréquents liés à de mauvaises conditions d'aération sont le
flétrissement, le dessèchement, la chlorose, la sénescence prématurée, la chute de feuilles.
Ces symptômes sont liés à l'accroissement de la résistance de l'écoulement de l'eau dans les
racines, à des réponses de type hormonales et à des déficiences nutritionnelles.
Le manque d'oxygène peut entraîner la fermeture des stomates et donc affecter l'activité
métabolique des plantes.
- La teneur en oxygène du sol joue directement sur le type de micro-organismes présents
ou actifs dans le sol et donc sur le type de transformation biologique possible.

72
Par exemple, la minéralisation de la matière organique – importante source d'éléments
minéraux pour les plantes - et, en particulier, la nitrification (transformation de l'ammonium
en nitrate) exige des conditions aérobies.
En conditions anaérobie, la minéralisation est ralentie, souvent incomplète et on assiste
au contraire à des processus tels que la dénitrification (transformation des nitrates en N2
gazeux).
L'aération du sol détermine également fortement le potentiel rédox du sol et donc l'état
d'oxydoréduction des éléments chimiques dans le sol. Très peu solubles en conditions
aérobies, certains éléments tel que le fer et la manganèse deviennent solubles sous forme
réduite en conditions anaérobies et peuvent éventuellement atteindre des concentrations
toxiques pour les plantes.
- Sans doute le bénéfice le plus important lié au drainage après l'amélioration des
conditions d'aération du sol est l'amélioration de la résistance mécanique du sol drainé par
rapport à un sol saturé.
Ceci permet aux engins agricoles de circuler dans les champs tout en limitant les dégâts à
la structure du sol et la compaction. Il permet d'entreprendre de manière plus précoce les
travaux de préparation du sol (labour) et le semis, réduit la dépendance du calendrier cultural
vis à vis du climat, et facilite les travaux de récolte nécessitant des engins lourds.
La compaction d'un sol fait référence à un accroissement de la densité du sol suite à
l'application d'une pression. C'est donc un comportement dynamique dans lequel on assiste à
un changement de densité.
Cette augmentation de la densité est causée par un réarrangement des particules solides.
La sensibilité d'un sol à la compaction est principalement fonction de sa texture, sa structure
et de sa teneur en eau.
La compaction est indésirable car elle induit une plus grande résistance à la pénétration
des racines.
De plus, la compaction réduit la porosité du sol et modifie la distribution de la taille des
pores avec pour conséquence une plus faible conductivité hydraulique et donc un
ralentissement du drainage interne et un plus grand risque d'engorgement. (Skaggs, R. W., and
J. van Schilfgaarde, 1999).
Pour un type de sol donné, le degré de compaction est fonction de la teneur en eau et de
la force appliquée. Pour des teneurs en eau élevées, la force nécessaire pour atteindre un
niveau de compaction donné (densité apparente) décroît exponentiellement avec l'humidité du
sol.

73
On observe que pour une force donnée au départ d'un sol sec, le degré de compaction croit
tout d'abord avec l'humidité, atteint un maximum et ensuite décroît (fig. 43).
Cette décroissance est observée lorsque l'entièreté des pores du sol est occupée par l'eau.
Les courbes de la Figure 27 ont en effet été obtenues en laboratoire sur des échantillons de sol
qui ne peuvent pas drainer.
D'un point de vue mécanique pour minimiser les problèmes de compaction, la teneur en
eau du sol doit donc être d'autant plus abaissée que la pression exercée par les engins
agricoles sera grande.

Figure n°43: Evolution de la densité apparente d'un sol limoneux en fonction de la teneur en
eau pondérale du sol sous l'effet de différentes pressions.
Remarquez que, à pression constante, plus l'humidité de l'échantillon est élevée, plus la
densité apparente du sol augmente (d'après Fredlund et Rahardjo, 1993).
Le degré de compaction peut être estimé sur base d'un changement de densité apparente
(méthode du cylindre), d'une modification de la courbe de distribution des pores (courbes de
rétention), ou de la résistance à pénétration (pénétromètre).

B - Coût supplémentaire de travail :

Les dommages engendrés par le manque d'oxygène, la toxicité ou les déficiences


nutritionnelles, l'engorgement des terres peut entraîner une baisse de rendement lié à
l'incapacité de mettre en œuvre au bon moment les pratiques culturales adéquates du fait de
mauvaises conditions de trafficabilité.
Le travail du sol pour préparer le semis ne peut se faire sur un sol excessivement humide:

74
- l'énergie à mettre en œuvre est trop importante, donc, coûts supplémentaires; pour

un labour la dépense est de 25 à 30 % supérieure par rapport à un sol normalement humide.

- le passage d'engin sur un sol trop humide provoque souvent des tassements

importants. Cela entraîne à l'évidence une diminution de la fertilité physique de ce sol (perte

de conductivité hydraulique, obstacle mécanique à la pénétration des racines….).

L'excès prolongé d'humidité empêche donc l'utilisation rationnelle du matériel :

- sous utilisation du matériel ;

- temps de travail réduit avec machine sur dimensionnée;

- travail non fait ou baclé.

C – Manque à gagner sur la récolte :

Comme tout processus physiologique, la germination des semences et la croissance des


plantes sont des processus qui dépendent de la température. Tant que l'optimum de
température n'est pas atteint, un accroissement de la température permet d'accroître l'activité
métabolique et donc la croissance et le développement des plantes.
Il est donc souvent souhaitable de maintenir des conditions de température les plus élevées
possibles (tant qu'elle est inférieure à leur optimum de température) pour accélérer le
développement des végétaux. (Smedema L. K. and D. W. Rycroft, 1983).
L'accroissement de la température d'un matériau sous l'influence d'un flux de chaleur
dépend de sa capacité calorifique. Celle-ci est égale à la somme des capacités calorifiques
volumétriques de ses composantes. Les valeurs de la capacité calorifique pour les principaux
composants du sol sont données au tableau n°5.
On observe que la capacité calorifique de l'eau est de trois ordres de grandeur supérieure à
celle de l'air. On comprend donc qu'un sol saturé aura une capacité calorifique supérieure à un
sol partiellement saturé, et donc un sol humide se réchauffera plus lentement qu'un sol plus
sec.
Ainsi, sous l'effet d'un flux de chaleur constant, un sol saturé avec une porosité de 45%
verra sa capacité calorifique croître d'un facteur 2.5 lorsque l'humidité volumique passe de 0 à
45%.
Sur base de ce raisonnement, on attribue fréquemment au drainage le bénéfice d'accroître
la vitesse de réchauffement du sol. En pratique, cependant, l'augmentation de température liée

75
au drainage sera minime car la seule considération de la capacité calorifique du sol ne suffit
pas à expliquer le comportement thermique du sol.
En effet, le stockage de chaleur dans le sol dépend non seulement de la capacité
calorifique du sol mais également de la transmission de chaleur vers les couches profondes
(liée à la conductivité thermique) et la réflectance de la surface du sol vis-à-vis du
rayonnement solaire.
La réflectance du sol décroît avec la teneur en eau, c'est-à-dire qu'un sol humide absorbe
une plus grande part du rayonnement solaire qu'un sol sec.
Par ailleurs, la présence d'eau améliore la conductivité thermique du sol. Le rapport de la
conductivité thermique et de la capacité calorifique défini la diffusivité thermique.
Ce paramètre reste relativement constant entre la saturation et la teneur en eau à la capacité
au champ et explique en grande partie pourquoi un sol drainé ne se réchauffe pas vraiment
plus vite qu'un sol non drainé, surtout en profondeur.
Pour plus de détails, on pourra se référer utilement à : Steenhuis, T.S and M.F. Walter,
1986. "Will drainage increase spring soil temperatures in cool and humid climates ?" Trans.
ASAE 29:1641-1645. (Skaggs, R. W., 1991).
Tableau n°5: Capacité calorifique des principaux composés du sol.

L'impact de l'engorgement des sols sur les rendements sera directement proportionnel au
nombre de jours pendant lequel cet engorgement persiste. Encore une fois, l'importance de
cette perte de rendement sera fonction du type de culture et de son stade phénologique
(Tableau n°5).
Pour certaines cultures telles que le maïs, des retards dans le semis au-delà d'une
certaine date critique peuvent entraîner des baisses de rendements considérables. Ceci est
principalement lié à des effets de photopériodisme, de longueur de durée du jour et de
température de l'air. (Skaggs, R. W., 1991).

76
Tableau n°6 : Baisse de rendement ou de productivité (%) pour différentes cultures suite à une
submersion de 3, 7, 11 ou 15 jours à différentes périodes de l'année (Musy A., 1972).

En résumé, l'excès d'eau est accompagné d'un manque d'air qui limite les activités des
racines avec effets directs sur la croissance donc sur le rendement.

3. Etude d’implantation d’un réseau de drainage :

A – Efficacité du drainage

L’efficacité du drainage réside dans le respect des critères de sa conception – réalisation,


son rôle et ses avantages qui peut apporter à l’agriculture, quelque soit l’apport d’eau ;
pluviométrie ou irrigation.
D’après un extrait de « Le drainage pratique pour les cultivateurs de la province de
Québec » publié en 1913. (R. Beaulieu, 2001), on peut lire :

77
« Aucun argent n’est mieux placé que dans l’égouttement des terres. En plus
d’augmenter la récolte, le drainage diminue de beaucoup le coût de production
par l’économie des engrais et des semences et par la prolongation de la saison de
culture. Le drainage rend les travaux de culture plus plaisants, non seulement
par un meilleur revenu, mais aussi par la satisfaction de pouvoir travailler en
n’importe quel temps de la saison, avec l’assurance que ce travail ne sera pas
perdu ».

Et dire qu’on se retrouve 87 années plus tard avec le drainage comme sujet toujours aussi
d’actualité autant au Saguenay Lac Saint-Jean, qu’en Montérégie ou aux États-Unis.
Une étude américaine publiée en 1997 déterminait les dix facteurs les plus limitatifs à la
rentabilité des cultures au Minnesota. Devinez quel était le premier facteur limitant le plus le
rendement et la productivité : le drainage, devançant même la fertilisation.

Critères d’implantation d’un réseau de drainage :

Dans la planification d'un système de drainage souterrain, il faut en premier lieu connaître
la perméabilité du sol, la granulométrie, la profondeur de toute couche imperméable et la
topographie.
L'indice de perméabilité qui sert à déterminer l'écartement entre les drains est appelé
conductivité hydraulique et s'exprime en mètre par jour (m/jr). Elle représente la vitesse avec
laquelle l'eau circule dans le sol et ainsi, nous renseigne sur la facilité avec laquelle un sol
peut se drainer.
De façon générale, la conductivité hydraulique dépend beaucoup plus de la structure du sol
(de la grosseur et de l'arrangement des particules de sol), que de la texture du sol. Par
exemple, une argile peu structurée peut avoir une valeur de conductivité hydraulique très
faible de l'ordre de 0,005 mètre par jour alors qu'une argile bien structurée peut avoir une
valeur très élevée de l'ordre de 5 mètres par jour.
La perméabilité du sol se mesure au champ par la méthode du trou à la tarière. Lorsque
l'eau revient à son niveau stable dans le trou, on abaisse le niveau de l'eau d'au moins 30
centimètres. L'eau s'infiltre dans le trou pour rétablir l'équilibre. On mesure alors la vitesse de
remontée du niveau de l'eau.
Quand les tests de perméabilité ne sont pas faits, il faut au moins se fier à l'expérience
vécue sur les terres voisines. Normalement, le rendement d'une culture ne devrait pas être
meilleur à proximité du drain. Si c'est le cas, c'est que les drains sont trop écartés.

78
Il est important de prendre note que si la couche imperméable est située à moins de 0,9
mètre de profondeur, le drainage souterrain peut être difficilement envisagé. L'élaboration
d'un système d'égouttement superficiel est la meilleure solution.
Pour que le drainage soit efficace, il faut préférablement un sol profond puisque 60 % de
l'eau passe par en dessous des drains pour revenir à ceux ci. (fig.44)

Figure n° 44 : Ecoulement de l’eau vers les drains


Quand vient le moment de déterminer l'écartement entre les drains, c'est d'abord et avant
tout un taux de rabattement de la nappe d'eau qu'on choisit. La norme est d'environ 25 à 30 cm
par jour. On peut aller à 40 ou 50 cm par jour pour des légumes de haute valeur. Si la porosité
drainable d'un sol est de 0,04, le système de drainage sera conçu pour enlever 12 mm d'eau
par jour (30 cm de sol x 0,04 = 12 mm).(fig. 45).

Figure n° 45 : Rabattement journalier du niveau de la nappe suite à son drainage


Pour des raisons économiques et pour des raisons pratiques, on va rarement excéder le
critère de 13 mm d'eau par jour. Si la nappe se rabat de 25 cm par jour, on peut dire qu'au bout
de 2 à 3 jours, la nappe sera suffisamment profonde pour effectuer les travaux au champ.

79
D'autre part, cela ne vaudrait pas la peine d'ajouter plus de drains puisque comme on l'a vu, la
capacité d'infiltration du sol (verticalement) ne permet pas, la majorité du temps, d'amener
plus d'eau par jour jusqu'au drain.
Après avoir déterminé l'écartement entre les drains, il faut les disposer sur un plan ou un
croquis. À moins qu'on ne soit devant une terre bien uniforme avec une pente régulière, il est
sage de faire un relevé topographique. Plusieurs erreurs coûteuses peuvent être évitées, mais
surtout on peut optimiser la disposition des drains. Ce faisant, on augmente de beaucoup
l'efficacité du système.
La pente minimale à donner aux drains est de 0,10 % mais dans la mesure du possible, on
gardera 0,15 % (15 cm sur 100 m ou près de 2 pouces aux 100 pieds).
Lorsque la pente du terrain est supérieure à 2 %, il faut obligatoirement placer les drains
perpendiculairement à la pente. Même à 1,5 %, on aurait avantage à le faire.
Au pied et dans les flancs de coteaux, on doit placer les drains aux endroits stratégiques tels
que montrés sur les croquis suivants.(fig. 46)

Figure n° 46 : Emplacement des drains aux endroits stratégiques.


Les drains de 75 mm sont aujourd'hui d'utilisation courante. Ils offrent une ouverture de
perforation semblable au drain de 100 mm. On retrouve environ 44 cm 2 de perforation par
mètre linéaire pour un tuyau de 75 mm alors qu'un tuyau de 100 mm offre 48 cm 2 de
perforation par mètre linéaire.
La principale restriction par rapport au tuyau de 75 mm est sa pente d'installation qui
devrait être supérieure à un tuyau de 100 mm, surtout parce qu'il est plus vulnérable à la
sédimentation. Sa longueur maximale sera également plus courte que celle d'un drain de 100
mm. Pour déterminer les longueurs maximales, on peut se servir du tableau de la page
suivante. Ce tableau sert aussi à dimensionner les collecteurs.(Tab. 7)

80
Tableau n ° 7 : Dimensionnement des tuyaux de drainage (‘hectares maximum).

DIAMÈTRE (mm)
PENTE % : 75 100 150 200 250
0.10 0.34 1.00 2.94 6.33 11.47
0.12 0.37 1.09 3.22 6.93 12.57
0.14 0.41 1.18 3.48 7.49 13.57
0.16 0.45 1.26 3.72 8.00 14.51
0.18 0.49 1.34 3.94 8.49 15.39
0.20 0.53 1.41 4.15 8.95 16.22
0.25 0.59 1.57 4.64 10.00 18.14
0.30 0.64 1.73 5.09 10.96 19.87
0.40 0.73 1.99 5.87 12.65 22.94
0.50 0.82 2.23 6.57 14.15 25.69
0.60 0.95 2.44 7.19 15.50 28.10
0.70 1.02 2.64 7.77 16.74 30.35
0.80 1.11 2.82 8.31 17.89 32.44
0.90 1.18 2.99 8.81 18.98 34.41
1.00 1.25 3.15 9.29 20.00 36.27
1.20 1.34 3.45 10.17 21.91 39.74
1.40 Non recommandé 3.73 10.99 23.67 42.92

1.60 Non recommandé 3.98 11.75 25.30 45.88

1.80 Non recommandé 4.23 12.46 26.84 48.67

2.00 Non recommandé 4.45 13.14 28.29 51.30

2.50 Non recommandé 4.98 14.69 31.63 57.35


3.00 * Non recommandé 5.46 16.09 34.65 62.83
4.00 * Non recommandé 6.30 18.58 40.01 72.55
5.00 * Non recommandé 7.04 20.77 44.73 81.11
* Évents nécessaires
Certains sols, perméables en profondeur se drainent naturellement. D’autres qui retiennent
une trop grande quantité d’eau nuisible à la culture, doivent être égouttés ou drainés
artificiellement.
Il faut drainer plus spécialement :
1. Toutes les terres basses et humides et à pente faible, spécialement les terres argileuses
et limoneuses qui retiennent une trop grande quantité d’eau, à tel point qu’il est
souvent difficile d’y effectuer les travaux avec les machineries agricoles ;

2. Toutes les terres noires, tourbeuses, généralement acides;

3. Toutes les terres situées près des coteaux humides d’où l’eau fait surface;

4. Les baissières naturelles où la nappe se tient trop près de la surface.

81
Sous climat tempéré, des conditions de nappes d’eau élevées ou d’humidité excessive du
sol sont fréquentes au printemps, à l’automne et à la suite de périodes de pluies prolongées au
cours de l’été. De plus, certains terrains présentent des nappes d’eau élevées tout au long de
l’année à cause de leur configuration soit au bas d’une pente, soit dans une dépression. Si la
baisse naturelle de la nappe n’est pas suffisamment rapide pour libérer la zone des racines en
deux ou trois jours, il faut considérer l’amélioration du drainage par des moyens artificiels,
notamment l’installation d’un système de drainage souterrain.
En zone semi-arides et arides, le drainage permet d’évacuer l’excès d’eau dût à la non
maîtrise des doses d’irrigation d’eau souvent chargée, associés aux surplus d’eau pour lessiver
l’accumulation des sels en surface et au niveau de la zones racinaire.
En général, le drainage :
 permet de travailler le sol dans de bonnes conditions;
 permet d’ensemencer plus tôt au printemps;
 permet de récolter dans de bonnes conditions;
 augmente le rendement des cultures;
 lutter contre la salinité des sols ;
 permet une meilleure assimilation des engrais par les plantes;
 améliore la structure du sol;
 réduit le coût des travaux aux champs.

B – Origine de l’excès d’eau

En matière de drainage on peut distinguer 4 sources possibles d'excès d'eau dans une
zone donnée:
- la pluviométrie; ce qui nécessite un traitement des données pluviométrique pour
faire ressortir les pluies maximums causant ces excès.
- les irrigations (avec doses de lessivage); par la non maîtrise des doses données à la
culture avec des eaux chargées et les pertes dues au transport d'eau dans les canaux et
conduites fissurés.
ce cas, le drainage est souvent un complément indispensable à l'irrigation, particulièrement
en zone semi-aride où la demande évaporative est élevée ou lorsque les eaux d'irrigation sont
salines.
Dans ces cas, il est nécessaire d'apporter un complément d'irrigation dans le but de
lessiver les sels qui peuvent s'accumuler à la surface du sol et dans le profil. Si les sols

82
irrigués présentent un mauvais drainage interne ou qu'il y a un risque de remontée de la nappe
vers la zone racinaire, l'excédent d'eau apportée par irrigation et chargée en sel devra être
évacué par un réseau de drainage.
Cette condition essentielle est souvent ignorée dans la conception des projets d'irrigation,
largement pour des raisons de coût. Cependant les risques de salinisation du sol sont bien
réels et de nombreuses cultures irriguées sont très sensibles à la salinité de l'eau.
A titre d'exemple, on attribue fréquemment la disparition de la civilisation
mésopotamienne, largement basée sur l'irrigation, à la salinisation des terres et à la perte de
production agricole qui en a résulté.
Malgré que le problème soit bien connu, la perte de terres irriguées par salinisation des
sols continue à se poursuivre dans de nombreux périmètres irrigués de part le monde.
( Jacquin F., Florentin L., 1977).
En pratique, les eaux d'irrigations sont classées selon leur salinité (teneur en sel, mesurée
par leur conductivité électrique) et par leur teneur relative en sodium, l'excès de cet ion ayant
un effet néfaste direct aussi bien sur la structure du sol que sur les cultures. La teneur en
sodium de l'eau est généralement mesurée par le Sodium adsorption ratio (SAR) :

où les [ ] font référence à la concentrations des ions en solution, exprimée en milli-


équivalents par litre. Le US Salinity Laboratory a défini des normes de qualité des eaux
d'irrigation selon leur salinité et leur SAR.
Sur base de ces normes, on peut estimer le besoin d'irrigation supplémentaire pour lessiver
les sels ("leaching requirement") et donc le besoin éventuel d'installer un réseau de drainage
au cas où les eaux salées ne pourraient pas être évacuées du profil par drainage naturel.

Pour plus d'informations concernant l'utilisation d'eau saline en irrigation, on pourra se


référer à: Bresler, E., B.L. McNeal et D.L. Carter, 1982. Saline and sodic soils. Principles-
dynamics-modeling. Springer Verlag. Pp 167-193.

- les doses de lessivage consacré à évacuer les sels et lutter contre la salinité des sols.
- les apports latéraux de surface (ruissellement) et débordements d'oueds.
- les apports latéraux souterrains (mouvement de nappes vers les dépressions et
éventuellement les résurgences).

83
C – Les bases de calcul des réseaux d’assainissement:

L'installation d'un réseau de drainage nécessite la détermination de la profondeur


d'installation des drains et de l'écartement entre les drains en plus du choix du tuyau de
drainage et du mode d'installation.
Le choix de la profondeur d'installation et de l'écartement entre les drains sera
conditionné par les propriétés hydrodynamiques du sol (capacité d'infiltration, rétention en
eau et conductivité hydraulique), l'utilisation future des terres à drainer (profondeur
d'enracinement qui est fonction du type de culture), les conditions climatiques (pluviométrie,
évaporation, apport d'eau externe), et la topographie (exutoire).
1. Les conditions essentielles pour qu'un drainage horizontal puisse se faire sont:
que la charge totale de l'eau du sol soit supérieure à celle de l'eau dans le drain,
l'eau dans le drain étant de l'eau libre à la pression atmosphérique.
que la conductivité hydraulique de la zone racinaire soit telle qu'elle permette
l'infiltration des excès d'eau en surface ou la percolation des excès d'eau dans le sol à une
vitesse raisonnable;
que la couche de sol en dessous du niveau des drains ait une conductivité
hydraulique (Ks) et/ou une épaisseur (D) raisonnable (produit Ks·D suffisamment élevé).
Nous verrons plus loin ce que "raisonnable" veut dire. L'importance du rabattement de
la nappe sera fonction de la profondeur d'installation sous le niveau de la nappe, de
l'écartement entre les drains, des conditions climatiques et des propriétés du sol.
Dans les sols présentant une faible capacité d'infiltration ou une conductivité
hydraulique faible, le contrôle des excès d'eau par drainage dans la zone racinaire devient
techniquement et économiquement impossible.

84
Figure n° 47: Représentation schématique de l'écoulement des eaux depuis la surface du sol
vers un drain souterrain. (Musy A., 1972).

La Figure 47 présente de manière schématique l'écoulement de l'eau depuis la surface


d'un sol vers un réseau de drains parallèles enterrés. Pour autant que la couche dans laquelle
les drains sont installés soit profonde, les lignes de flux s'étendront en dessous du niveau des
drains. La différence de hauteur 'h' entre le sommet de la nappe à mi-chemin entre deux drains
et le niveau des drains constitue la charge ("force motrice") responsable de l'écoulement de
l'eau de la nappe vers les drains.

Si la valeur de Ks·D en dessous de la profondeur d'installation des drains est élevée,


l'évacuation des excédents d'eau peut être obtenue même avec une charge faible et des
espacements importants entre les drains (>50-100 m).
Si la valeur de Ks·D est faible, il est nécessaire de rapprocher les drains ou de permettre
une hauteur de charge h plus élevée pour maintenir des débits de drainage identique dans les
drains.
D'après la loi de Darcy , la vitesse d'écoulement de l'eau vers un drain dépendra de la
conductivité hydraulique du sol et du gradient de charge (= force motrice).
Ce gradient de charge est donné par la rapport entre la différence de charge entre deux
points (l'eau à la surface du sol et l'eau au niveau des drains, par exemple) et la distance qui
sépare ces deux points.
On comprendra dès lors que pour assurer une même vitesse d'écoulement de l'eau vers
les drains pour une perte de charge constante, plus la conductivité hydraulique sera faible,
plus la distance à parcourir par l'eau devra être limitée.

85
2. Détermination des diamètres des drains :
Le dimensionnement des drains et des fossés de drainage se fait sur base du régime de
projet. Dans ce chapitre, seul le dimensionnement des drains souterrains sera abordé. Pour le
dimensionnement des fossés, on se référera au cours d'Hydraulique des canaux découverts,
bien que les principes généraux soient sensiblement les mêmes.
La détermination du diamètre des drains fait appel aux lois de l'hydraulique classique. Ces
lois décrivent le débit dans le drain en fonction de la pente (gradient hydraulique), du
diamètre du drain et de la rugosité de la surface intérieure du drain.
Elles diffèrent selon que l'écoulement soit uniforme (débit constant tout le long du drain)
ou non uniforme (varié; débit variable dans le drain).
a) Ecoulement uniforme
Les équations pour écoulement uniforme sont applicables par exemple pour le
dimensionnement de drains collecteurs dont le débit serait constant. Les équations pour
l'écoulement uniforme sont du type:

où Q est le débit (m3 s-1), d est le diamètre intérieur du tuyau (m) et i le gradient
hydraulique (m m-1). a, b et c sont des coefficients dépendant du type de tuyau. Pour des
tuyaux lisses, a = 50, b = 2.71 et c = 0.57.
Pour des tuyaux crénelés, a = 22, b = 2.67 et c = 0.5. Dans ce dernier cas l'équation 5-68
correspond à l'équation de Chézy-Manning pour n 0.0225 :

où A est la section mouillée du drain (= r2 = section du drain si le drain est plein d'eau), r le
rayon intérieur et n le coefficient de rugosité.
Le calcul est réalisé en faisant l'hypothèse que l'écoulement dans le drain est libre (pas de
surpression) mais pour une capacité de transport maximale du drain (le tuyau est plein d'eau).
En général, le débit de projet est multiplié par un facteur de sécurité variant de 1.3
(tuyaux plastiques dans un sol stable) à 2 (drains en terre cuite dans un sol avec risque élevé
d'envasement) afin de prendre en compte un certain envasement des drains au fil du temps et
d'éventuels défauts lors de leur mise en place.
b) Ecoulement non uniforme
Ce type d'écoulement s'applique typiquement aux drains latéraux. Pour l'écoulement non
uniforme, une équation identique à 5-68 peut être utilisée avec :
pour les tuyaux lisses: a = 89, b = 2.71, c = 0.57.

86
pour les tuyaux ondulés: a = 38, b = 2.67 et c = 0.50.
Dans ce cas, on fait l'hypothèse que le drain est plein en tout point et que le gradient
hydraulique moyen est parallèle au tuyau et donc égal à la pente d'installation du tuyau. En
pratique, l'utilisation de cette équation implique que l'eau sera sous une faible pression sur
toute la longueur du drain à l'exception des deux bouts.
Le débit utilisé pour le calcul est celui à l'exutoire du drain. A diamètre équivalent, la
prise en compte de l'écoulement non uniforme dans les drains latéraux accroît le débit
maximum transportable d'environ 75% par rapport à l'écoulement uniforme. .(Guyon G.,
1962).
Etant donné le coût croissant des tuyaux de drainage en fonction de leur diamètre, il peut
paraître intéressant d'ajuster le diamètre des drains ou des collecteurs à mesure que le débit
transporté croit.
En pratique, cet ajustement se justifie rarement car il entraîne des complications au niveau
organisationnel dans l'installation des drains, et donc des surcroîts de coût.

4. Elaboration d’un projet de drainage par aqueduc enterré :

A – Relevé topographique

Le relevé topographique sur le périmètre à drainer, doit constituer un canevas pour le


posage des drains et le creusement les collecteurs. Il doit faire ressortir un état général, des
pentes, des points de rupture compte tenu des impacts et obstacles en matière d’infrastructure
et autres et déterminer le sens de plus grande et y orienter en fait, la direction et la pente des
drains et assurer les écoulements des eaux en excès vers les drains.
B –Direction et pente des drains :

Il existe d’abord une contrainte technique. L’écoulement de l’eau dans le drain doit se
faire à une vitesse (en moyenne) suffisamment élevée lorsque le drain fonctionne à plein
régime.
Cette vitesse, de l’ordre de 0.2 m/s, doit empêcher la sédimentation des particules solides
et l’obstruction partielle du drain.
On peut dire que plus la vitesse de circulation de l’eau sera grande moins on aura de risque
de dépôts et plus le diamètre du drain pourra être petit, donc moins cher. Il faut ainsi choisir
des pentes plus élevées.
Pour les drains, on peut retenir à notre avis, la règle générale ; situer la pente entre 0.1 et 1
% autant que possible.

87
La direction des drains doit être dans le sens perpendiculaire aux courbes de niveau
Sur la carte topographique, relatent le sens de plus grande pente.
C – Ecartement des drains

Le calcul de l'écartement des drains peut se faire au moyen de diverses formules. Les
plus simples considèrent uniquement l'écoulement en régime permanent, c'est-à-dire le cas où
le débit à la sortie des drains est égal au débit d'entrée d'eau à la surface du sol.
Dans ce type de régime, le niveau de la nappe ne fluctue pas dans le temps. Dans
certaines situations, les calculs basés sur un régime permanent ne sont pas applicables, et il est
nécessaire de recourir à des calculs basés sur des écoulements transitoires, c'est-à-dire prenant
en compte les fluctuations du niveau de la nappe suite à des variations de pluviométrie.
La figure 48 représente les principaux paramètres qui doivent être pris en compte pour le
calcul de l'écartement des drains. En particulier, le calcul de l'écartement des drains nécessite
au minimum la spécification des paramètres suivants:
du régime d'apport d'eau en surface (q) par les pluies, l'irrigation, ou le
ruissellement (régime de projet)
de la profondeur de la nappe minimale acceptable (H) pour le type de sol et de
culture considéré. Cette profondeur doit être obtenue à mi-chemin entre deux drains, là où la
nappe est la plus élevée.
de la profondeur d'installation des drains (W)
de la conductivité hydraulique de la zone saturée du sol (Ks)

Figure n° 48: Représentation schématique des principales variables pour la mise en place d'un
réseau de drainage : régime d'apport d'eau en surface (q), profondeur minimale de la nappe
(H), profondeur d'installation des drains (D), écartement entre les drains (L), profondeur de la

88
couche imperméable sous le niveau des drains (D), et hauteur de charge (h). (Hooghoudt,
1940).
Le régime d'apport d'eau en surface (q; mm j-1) correspond à la partie du flux
d'infiltration de l'eau dans le sol qui contribue effectivement à la remontée de la nappe. En
régime pluvial, il correspond à la différence entre la pluviométrie et le ruissellement, l'ET, le
stockage d'eau dans le profil pour des teneurs en eau inférieure à la capacité au champs, … : q
= P – ET – Ruis – Stock
Le choix de la profondeur d'installation des drains conditionne la charge maximale (h)
disponible pour l'écoulement de l'eau vers les drains.
Pour un même niveau de la nappe, plus la profondeur d'installation des drains sera
grande, plus la charge sera élevée, et plus les drains pourront être écartés tout en maintenant
un même débit au niveau des drains (Loi de Darcy!). De plus, lorsque la profondeur
d'installation augmente, il est possible de stocker plus d'eau en moyenne dans le profil.
Il est alors possible de choisir des valeurs plus faibles pour le débit de projet (q), et
donc d'accroître encore l'écartement des drains. Cependant, l'accroissement de la profondeur
d'installation des drains entraîne des coûts supplémentaires en terme d'équipement et parfois
dans le surcreusement des exutoires.
Ces coûts supplémentaires générés par une plus grande profondeur d'installation sont
plus que compensés par l'augmentation de l'écartement des drains jusqu'à une profondeur de
2 à 2.5 m. Au delà de cette profondeur, l'augmentation de la profondeur n'est souvent plus
rentable.
En pratique, on cherchera à installer les drains le plus profondément possible en
fonction des conditions locales de terrain jusqu'à un maximum de 2 – 2.5 m.
Le choix de la profondeur maximale d'installation dépendra des conditions locales suivantes:
- la profondeur de drainage doit rester au-dessus du niveau des cours d'eau libres locaux;
- une profondeur d'installation trop grande peut entraîner des écoulements depuis des zones
extérieures et accroître les volumes d'eau à évacuer;
- la stratification des sols: il faut éviter de placer les drains dans des horizons ayant une faible
portance (tourbe, sable mouvant, …) ou peu perméables;
- l'accroissement de la profondeur peut accroître les risques de stress hydrique en cas de
sécheresse prolongée suite à un rabattement trop important de la nappe;
- disponibilité des équipements.
Le choix de la profondeur minimale d'installation est fonction :
- de la présence de couches peu perméables dans le sol;

89
- du risque de colmatage des drains par des racines;
- du risque de gel.
De manière générale, il est souvent peu recommandé d'installer des drains à des
profondeurs < 0.75 m.
La plupart des formules de calcul pour l'écartement des drains font appels à la présence
d'une couche "imperméable" à une certaine profondeur sous le niveau d'installation des drains
(Fig. 48).
Par "imperméable" on entend une couche dont la conductivité hydraulique à saturation
est de plusieurs ordres de grandeur inférieure à celle du sol sus-jacent.
La détermination de la profondeur de cette couche pose parfois problème lorsqu'il n'y a
pas de couche imperméable proprement dite, et la précision des estimations en sera
évidemment affectée. (Lesaffre B., Hervé J.J., 1982).

49

Plusieurs formules couramment utilisées pour le calcul de l'écartement des drains sont
présentées ci-dessous.(Lesaffre B., Hervé J.J.,1982).
En pratique, la précision avec laquelle les caractéristiques du réseau de drainage
peuvent être déterminées dépend souvent plus de l'imprécision de l'estimation des propriétés
hydrauliques du sol que du choix de la formule utilisée. La Figure 41 indique de manière
schématique la procédure à suivre pour le calcul de l'écartement des drains.
1. Ecoulement en régime permanent (Formule de Hooghoudt)
La formule de Hooghoudt est fréquemment usitée pour le calcul du drainage en régime
permanent.

90
Elle est relativement simple d'utilisation et s'applique à un grand nombre de situation.
* Principe général
Dans sa dérivation, Hooghoudt considère uniquement les pertes de charge dues à
l'écoulement horizontal et radial. D'après les équations 5-40 et 5-42 la perte de charge totale
en m est alors donnée par :

Cette équation est relativement complexe, et Hooghoudt fit l'hypothèse que l'écoulement
vers un drain pouvait être décrit dans un système analogue : l'écoulement vers un fossé à ciel
ouvert dont la base est à une hauteur d < D au-dessus de la couche imperméable (Fig 50).

50

Dans ce système de drainage par fossé, l'écoulement radial est nul. L'absence de
pertes de charge radiale est en fait compensée par une profondeur de fossé plus grande qui a
pour effet d'accroître la perte de charge horizontale. (Porche J., 1971).
L'analogue choisit par Hooghoudt est donc acceptable pour autant que l'accroissement
de la perte de charge horizontale suite à la réduction de l'épaisseur 'd' compense l'absence de
perte de charge radiale.
Dans cette hypothèse, l'équation 5-44 devient :

91
Dans cette équation, le premier terme de droite correspond au flux en dessous du
niveau des drains, et le deuxième terme de droite au flux au-dessus du niveau des drains.
L'équation peut être modifiée comme suit au cas où la conductivité hydraulique horizontale
du sol au-dessus du niveau des drains (Ks1) est différente de la conductivité en dessous (Ks2):

La profondeur équivalente 'd' pour des tuyaux de drainage peut être estimée par les
relations suivantes:
Pour D < 0.25 L :

où 'u' est le périmètre mouillé. Dans le cas de drains circulaires, on estime que u = π r sur
toute la longueur du drain, où r = rayon du drain (Fig. 98).
Dans le cas où il n'y a pas de couche imperméable à une profondeur bien définie, on peut
approximer D par la profondeur à laquelle la conductivité décroît d'au moins un ordre de
grandeur par rapport à la conductivité des couches sus-jacentes, pour autant qu'il n'y ait pas de
couche hautement perméable environ 1 à 2 m en-dessous de cette profondeur. (Hooghoudt,
1940).
* Procédure
Le calcul de l'écartement des drains selon la méthode de Hooghoudt nécessite le passage
par les étapes suivantes :
1. Définition du régime d'alimentation en eau (régime de projet q) et de la profondeur
minimale de la nappe (H).
2. Définition de la profondeur d'installation des drains (W) sur base de critères de terrain.
Calcul de h = W-H

92
3. Détermination de la conductivité hydraulique Ks ou Ks1 et Ks2, et de la profondeur de la
couche "imperméable" (D);
4. Choix du type de drain (tuyau ou fossé) et calcul du périmètre mouillé;
5. Calcul de l'écartement entre les drains selon l'équation 5-46 ou 5-47.
Les équations 5-46 ou 5-47 ne peuvent pas être résolues directement pour L étant donné que d
= f(L).
Il faut donc procéder par itérations successives ou en utilisant des abaques existantes.
* Remarques
La formule de Hooghoudt montre que l'écartement entre les drains croît lorsque :
Ks augmente, et surtout Ks2.
q décroît
D croît
h croît
Si la partie de l'écoulement au-dessus de la profondeur d'installation des drains peut être
négligée, la formule de Hooghoudt devient L² en m²:

Cette formule simplifiée est applicable si h << ou lorsque Ks2 >> Ks1.
Dans les sols fortement stratifiés, la géométrie de l'écoulement peut être très différente
de celle requise pour l'application de la formule de Hooghoudt. Dans ce cas, d'autres
approches doivent être considérées.
Lorsque la profondeur d'installation des drains coïncide avec la profondeur de la
couche imperméable (d ∼0), il n'est pas acceptable d'utiliser isolément le deuxième terme de
droite de l'équation 5-46. Dans ce cas il convient d'utiliser d'autres formules (équations de
Fukuda, par exemple). (Hooghoudt, 1940).

3. Ecoulement en régime transitoire :


Le calcul de l'écartement des drains selon la formule de Hooghoudt est basé sur
l'hypothèse d'un écoulement permanent pour lequel le débit à la sortie du réseau de drainage
est égal au régime d'apport d'eau en surface.
En pratique, le niveau de la nappe fluctue en permanence en fonction du régime d'apport
d'eau par les pluies ou les eaux d'irrigation et du prélèvement de l'eau par les cultures.

93
Un certain nombre de modèles ont donc été développés pour prendre en compte le régime
transitoire des pluies et les fluctuations de la nappe. Ces modèles plus sophistiqués ne sont
cependant pas toujours plus performants car ils sont souvent moins bien validés en pratique.
Par rapport aux modèles en régime transitoire, l'utilisation des modèles en régime
permanent offre les avantages suivants:
simplicité de la formulation: les calculs sont simples et le nombre de paramètres est peu
élevé;
longue expérience dans leur utilisation: ces modèles ont été utilisés depuis de nombreuses
décennies en Europe et il existe donc une longue expérience de leur utilisation et de leur
efficacité;
fiabilité en régime climatique tempéré (pluies généralement de faible intensité étalées sur de
longues périodes).
Les modèles pour régime transitoire peuvent cependant être d'utilité lorsque :
le régime climatique est tel que la majorité des pluies tombent à des fortes intensités sur de
courtes durées;
lorsque la hauteur de la nappe fluctue très rapidement en réponse à la pluviométrie;
dans les zones où les modèles pour régime permanent ont été moins bien validés.

* Formule de Glover-Dumm pour le rabattement d'une nappe d'eau


La formule de Glover-Dumm est basée sur l'hypothèse que l'écoulement vers les drains
est essentiellement horizontal, c'est-à-dire que h<d<<L, où d est l'épaisseur équivalente de la
couche comprise entre le niveau des drains et la couche imperméable (equ. 5-48 ou 5-49).
Pour cette situation, on peut écrire (équ. 5-35):

correspondant à l'application de la loi de Darcy sous les conditions de Dupuit-Forchheimer.


Au départ, l'équation de Glover-Dumm a été établie pour l'écoulement vers un fossé de
drainage. Il n'y a donc pas de pertes de charge radiale. Dans ce cas, on peut écrire pour un
petit intervalle x sous la nappe (Fig. 51):

où = porosité drainable du sol. La porosité drainable est le volume de pore drainé par unité
de volume de sol lors du rabattement de la nappe ou en pourcentage.

94
L'équation 5-52 est une expression de la conservation de la masse d'eau dans le sol : toute
différence entre les flux entrant et sortant dans le volume défini par une épaisseur x se
traduit par une variation de hauteur de la nappe.

51

Cette équation différentielle linéaire du 2nd degré est une des formes de l'équation de
Boussinesq. Elle décrit le changement de niveau de la nappe en fonction du temps et du
régime d'entrée d'eau à la surface du sol. (Porche J., 1971).
Cette équation peut être résolue pour les conditions initiales et aux limites suivantes:
q = 0 (pas d'entrée d'eau à la surface du sol)
hx = h0, t=0 et x (nappe horizontale, initialement à une hauteur h0 au-dessus des fossés)
h = 0, x=0 et t>0 (rabattement instantané de la nappe au niveau des fossés)
h =0, x = L et t >0
La solution pour ces conditions initiales et aux limites est :

95
Le remplacement de la profondeur D par la profondeur équivalente d dans l'équation 5-
57 permet de prendre en compte les pertes de charges radiales dans le cas d'un drainage par
drains souterrains et donc rend la formule applicable au cas du drainage par drains souterrains
aussi bien que par fossé.
Les équations 5-56 et 5-57 peuvent être combinées pour permettre la détermination de L
en fonction des caractéristiques du milieu et de la hauteur d'eau initiale:

Tout comme la formule de Hooghoudt, cette équation doit être résolue par itérations
successives dans la mesure où d = f (L). Elle s'applique particulièrement aux systèmes de
drainage en zone aride destinés à l'évacuation des excès d'eau en système irrigué.
Dans ces situations, la nappe remonte suite à l'apport d'eau d'irrigation, et la formule de
Glover-Dumm permet de déterminer le rabattement de la nappe dans le temps après la
cessation de l'irrigation. (Hooghoudt, 1940).
* Le facteur de réaction
Le facteur de réaction est une mesure de l'intensité avec laquelle le sol répond à une

variation de l'excédant de recharge. varie de 0.1 à 0.3 j-1 pour des sols à réponse lente
(faible valeur de Ks·D, grand écartement des drains, porosité drainable élevée) à 2 à 5 j-1 pour
des sols à réponse rapide (valeur élevée de Ks·D, faible écartement des drains, porosité
drainable faible).
Bien que ce facteur puisse en principe être calculé à partir de l'équation 5-57, la
détermination de est particulièrement difficile en pratique.

On préfère donc généralement faire une détermination directe de à partir de mesures


de terrain. Pour cela on fait appel aux équations 5-63 et 5-65, pour R =0, réécrite en terme de

96
Sur base de ces équations, est la pente de la relation ln q(t) ou ln h(t) pour la période de
rabattement de la nappe (R=0), où q est le débit à la sortie du drain et h la hauteur de la nappe
au-dessus de la profondeur d'installation des drains à mi-chemin entre deux drains.
Ces mesures sont de préférences effectuées pour des périodes de faibles évaporations et
précédées de fortes pluies.(Guyon G., 1962).

D – Technique d’exécution

1. Contrôle de la profondeur d'installation des drains


L'installation des drains selon une pente uniforme est primordiale pour le bon
fonctionnement des drains et la prévention de l'envasement. On estime que la précision de
contrôle de la profondeur doit être supérieure à r et le contrôle de la pente doit être supérieure
à r/100, où r est le diamètre du tuyau de drainage (en mètre).
Le principe du contrôle de profondeur repose sur la mise en place d'un niveau ou d'un plan
de référence au-dessus du sol ayant la pente désirée.
Les drains sont alors installés à une profondeur constante sous ce niveau de référence. La
méthode la plus simple consiste à établir un niveau de référence pour chaque drain par une
suite de piquets tel que le sommet des piquets suive une pente constante.
Lors du placement des drains ou du creusement des fossés, on veillera à maintenir une
distance constante entre le niveau de référence et le drain ou le fond du fossé. En particulier
lors de l'installation mécanique, l'opérateur veillera à maintenir un repère au niveau du bras
dans l'alignement du niveau de référence.
Un opérateur qualifié est en mesure de contrôler la profondeur d'installation endéans les
normes données ci-dessus.
Actuellement, le contrôle de profondeur se fait régulièrement de manière automatisée. A
cet effet on crée un plan de référence au moyen d'un faisceau laser rotatif.
Un capteur sur le bras des machines de drainage permet de détecter ce faisceau et
d'ajuster en permanence la profondeur du creusement en fonction de la topographie de façon à
maintenir un gradient constant au niveau du drain.
La qualité de contrôle de la profondeur de ce système est généralement meilleure que pour
le contrôle manuel.
2. Période de placement des drains :

97
L'installation des drains doit se faire idéalement en saison sèche. Cette condition permet de
minimiser les problèmes de compaction dû au passage des engins de drainage lourds, pesant
jusqu'à plusieurs dizaines de tonnes.
L'utilisation d'engins montés sur chenilles plutôt que sur roues permet de réduire la
compaction. Le creusement mécanique des tranchées de placement des drains en saison sèche
évite aussi la compaction du sol au niveau des drains.

3. Equipements et machines :
Aussi bien le creusement des fossés de drainage que des tranchées dans lesquelles seront
placés les drains peut être fait manuellement ou mécaniquement.
De même, le placement des drains peut être fait manuellement ou mécaniquement. Il
existe actuellement des équipements réalisant l'ensemble des opérations en une seule passe. .
(Guyon G., 1962).

a) Creusement des fossés ou des tranchées


Le creusement manuel des fossés ou tranchées peut être justifié lorsque les superficies à
traiter sont faibles, lorsque les équipements ne sont pas disponibles localement ou lorsque le
coût de la main-d'œuvre est faible et que l'utilisation de la main-d'œuvre est souhaitée. Sinon,
il est fait appel à des pelleteuses.
La largeur de la pelle peut être très réduite pour limiter le volume de sol perturbé et
permettre juste le passage des drains souterrains et le placement de l'enveloppe. Il est à noter
que la précision du travail mécanique est souvent meilleure que celle du travail manuel.

b) Placement des drains


Selon la superficie à traiter, le type de drains et la disponibilité des équipements et de
main d'œuvre, le placement des drains peut être manuel ou mécanique.
La combinaison du creusement mécanique et placement manuel est fréquent pour le
placement de gros collecteurs ou lorsque les superficies à traiter sont faibles et ne justifient
pas la mise à disponibilité d'équipements de placement coûteux et pas toujours disponibles.
Actuellement, on utilise fréquemment des engins permettant le placement des drains
sans devoir creuser une tranchée ("trenchless"). Dans ce cas, le drain est placé dans le sol dans
le sillage d'une lame conçue de telle manière à ce que l'ouverture crée dans le sol à la
profondeur désirée ne soit pas obtenue par compaction (déformation plastique) mais par
soulèvement du sol vers le haut.

98
Ce processus de rupture dépend des caractéristiques géométriques de la lame et des
conditions du sol.
En pratique, ce mode de placement limite la profondeur d'installation à 1.5 – 2 m dans
des sols secs et sera considérablement moins profond dans un sol humide.
Le tableau 8 renseigne sur les principales caractéristiques des engins utilisés pour le
placement des drains souterrains.
Le choix des engins dépend du coût, de la disponibilité et des conditions techniques
dans lesquelles le réseau sera mis en place. Les principaux avantages et inconvénients sont
détaillés ci-dessous.
Backacter : permet le creusement mécanique des tranchées mais pas le placement des drains:
faible coût;
versatile;
contrôle de la pente difficile;
lent;
bien adapté pour les projets de faible superficie à topographie vallonnée;
efficace en sol caillouteux;
nécessite le placement manuel des tuyaux;
permet le placement de tout type de drains et d'enveloppe.
Continuous trencher: permet le creusement mécanique des tranchées et le placement des
drains dans la tranchée:
existe dans une grande diversité en fonction des conditions de sol (sol meuble, sol
caillouteux,..);
permet le placement de tuyaux en plastique ou en terre cuite;
permet le placement manuel ou automatique de tout type d'enveloppe, y compris en gravier;
requiert des engins additionnels pour le remplissage de la tranchée.
Trenchless machine: permet le placement mécanique des drains souterrains sans creusement
préalable d'une tranchée. (Zimmer D., 1986).
sont en mesure de travailler plus rapidement et plus économiquement que les continuous
trenchers lorsque l’appui logistique est bien assuré;
idéal pour les tuyaux en plastique crénelé (60-180 mm diam.) avec ou sans enveloppe;
peut travailler dans les sols caillouteux;
besoin en puissance élevé;

99
capable de travailler à grande profondeur (D > 2 m) mais la puissance requise est
proportionnelle à D3!
Nécessite des conditions de traction très bonne pas toujours facile à assurer (ancrage).
Tableau n°8: Principales caractéristiques des machines de drainage présentée à la figure 52.

Quelques exemples de machines de drainage sont donnés à la figure 104.

100
Fig. 52: Principaux types de machines de drainage (Bailey et Trafford, 1978 in Zimmer D.,
1986).

V. ELABORATION D’UN PROJET DE DRAINAGE PAR FOSSES OUVERTS

Dans le cadre de l'élaboration du projet de drainage par fossés ouverts, on s'efforcera


de mettre en évidence les principaux critères de dimensionnement des réseaux, basé
essentiellement sur le calcul des drains et des collecteurs. Ce qui est largement suffisant
compte tenu de la spécialité de phytotechnie.
Il s'agit pour les drains de calculer l'écartement et de calculer les dimensions du
collecteur.
1. Calcul de l'écartement :
Pour le calcul de l'écartement des drains, on utilisera la formule simplifiée de
Hooghoudt :
E² = (4 K h²c + 8 K R hc) / qc
K = 0.224 m/j
Et ce, pour deux profondeurs des drains, compris entre 1.8 et 2 m et 0.9 m à 1.2 de
niveaux maximum de la nappe D = 3 m.
Les débits caractéristiques choisis étant de qc = 1; 2; 3 mm/j.
Calculer E en remplissant le tableau ci-contre et justifier le choix suivant le type de
culture qc (g. cultures, verger, cultures maraîchères,…).
2. Dimensionnement du collecteur:
a) Déterminer le débit à évacuer QT pour tout le champ cultivé sachant qu'il
est formé de 3 lots :
A1 : superficie = 22.5 ha (Verger)
A2 : superficie = 8 ha (maraîchage)
A3 : superficie = 83 ha (grande culture)
et desservit en amont à l'aide d'un débit q de 205 l/s.

b) Dimensionnement du canal (h et b) en prenant m = 1 et la vitesse admissible est


de l'ordre de 0.3m/s, les pertes sont situées entre 0.5 %° et 1%° (pour mille).

VI. DRAINAGES SPECIAUX

A – Drainage par charrue – taupe

101
Cette technique consiste à façonner dans le sol des galeries moulées par un engin
appelé charrue taupe. L'organe de moulage est constitué par un obus métallique (40 à
100mm de diamètre). (fig.52).
Ce travail est souvent associé au drainage par tuyaux enterrés, en terrain suffisamment
cohérent et humide. Ce qui permet d'élever sa perméabilité et rendre le second plus
efficace en matière d'évacuation d'excès d'eau.

Figure n°52 : (a) Ancêtre de la charrue taupe servant à produire des drains taupes, et (b)
formation d'un réseau de fissures au-dessus d'un drain taupe lorsque le travail est effectué au-
dessus de la profondeur critique. (Guyon G., 1966).
L'écartement entre les drains taupes est généralement faible, de 1.5 à 3 m, avec une
profondeur typiquement de l'ordre de 0.4 à 0.7 m. Il nécessite des pentes d'installation de 0.5 à
3%. La longueur est limité à 20-50 m sur terrain à pente faible (<1%) et jusqu'à 80m pour les
pentes les plus fortes (>2%).

B – Le sous – solage drainage:

102
Cela consiste à accroître la conductivité hydraulique saturée (le facteur K de l'équation de
Darcy) du sol (d'autres parleront de perméabilité, terme qui porte trop souvent à confusion).
La technique classique fait appel au sous solage. Il permet de briser les horizons de
tassement, de remonter le sol sur une certaine profondeur et d'accroître ainsi son aptitude au
drainage naturel.
On parle ; de sous solage fermier, profondeur vers 50 à 60 cm ou sous solage industriel,
profondeur vers 70 à 90 cm.
Le sous solage se fait évidement en période sèche et il recoupe plus ou moins
perpendiculairement les lignes de labour.
On peut associer à cette technique l'apport d'amendements chimiques calciques, facteur
d'amélioration de la structure du sol. Lorsque l'excès d'humidité d'un sol n'est du qu'à la faible
"perméabilité" des horizons superficiels, le sous solage peut s'avérer suffisant.

VII. EVALUATION DE LA RENTABILITE:

Il est évident que pour une situation donnée, plus on place les drains à grande profondeur
moins il en faut d'où une diminution du coût du réseau.
Cependant un drain profond coûte plus cher par unité posée car son diamètre est plus grand et
l'énergie mise en œuvre également.
Malgré tout le coût d'un réseau de drainage décroît avec l'accroissement de profondeur
jusqu'à un optimum au delà duquel l'accroissement des charges due au diamètre et l'énergie
devient supérieur à la diminution de charge due au nombre total des drains.
D'après la FAO, cet optimum se situe à l'heure actuelle à peu près entre 2 et 3m en
moyenne.

103

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