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Paysages morphologiques de l’Afrique de l’Ouest: très grande monotonie. Mais dans les Bassins du
Sénégal et de la Gambie, la gamme des paysages paraît relativement riche et diversifiée.
Malgré ces nuances climatiques, les bassins du Sénégal et de la Gambie présentent une unité
géomorphologique. Les paysages, qui reflètent une évolution géomorphologique souvent longue et
complexe, présentent des aspects identiques dans les deux bassins. La Gambie se distingue seulement
par la position plus méridionale de sa basse vallée, mais les deux cours d’eau, qui prennent naissance
dans le même massif montagneux, le Fouta Djalon, traversent les mêmes formations géologiques et se
jettent tous les deux dans l’Océan Atlantique. Ainsi, ils ont connu les mêmes vicissitudes tectoniques,
climatiques et eustatiques.
II - LE RESEAU HYDROGRAPHIQUE
Le fleuve Sénégal est formé par la réunion du Bafing et du Bakoye, dont la confluence près de
Bafoulabé au Mali se trouve à 1 083 km de l'Océan Atlantique. La longueur du fleuve Sénégal, en
y incluant le Bafing, atteint 1790 km.
Le fleuve Gambie prend aussi naissance au cœur du Fouta Djalon, à une quinzaine de kilomètres
au Nord de Labé. La Gambie mesure environ 1150 km de long dont 205 km en Guinée, 485 km au
Sénégal, 460 km en Gambie.
Au plan géomorphologique, on distingue deux entités: les hauts bassins et les basses vallées. Les hauts
bassins, au modelé vigoureux, où plusieurs massifs d’importance inégale s’élèvent au-dessus de «bas-
Les cours supérieurs du fleuve Sénégal et de la Gambie, communément appelés hauts bassins,
constituent ainsi, avec les basses vallées, les deux entités naturelles des bassins des fleuves Sénégal et
Gambie. Sans doute, l’opposition topographique de cette région avec le reste du bassin justifie-t-elle le
qualificatif de hauts bassins.
«L’originalité du terme “haut bassin”, qui caractérise cette région, ne reflète cependant pas exactement
la réalité. Car les hauts bassins ne forment pas une entité homogène, ni par ses caractères orographiques
ni par ses structures lithologiques (Dione, 1996)». Quatre grands ensembles se détachent de ce cadre
géographique: 1) le relief montagneux du Fouta Djalon; 2) le plateau mandingue; 3) les pays de la
Falémé et de la moyenne Gambie; 4) les plaines et plateaux du nord. La présence de glacis et de surfaces
d’aplanissement est également une caractéristique géomorphologique de la région.
A- Le Fouta Djalon
Vaste ensemble montagneux, le Fouta Djalon occupe la partie septentrionale de la Guinée, aux confins
du Sénégal et du Mali. L’un des facteurs de différenciation de ce domaine sub-montagnard est le climat.
Le fleuve Sénégal, la Gambie, et le Niger y prennent leur source. L'importance des écoulements de ces
fleuves justifie l'appellation de "château d'eau" donnée à ce complexe montagneux d'Afrique de l'Ouest
(Orange, 1990). Il domine de ses masses lourdes et sombres les pays environnants et s’élève jusqu’à
1428 m au mont Kavendou, avant de culminer à 1 535 m au Mont Loura.
B - Le Plateau Mandingue
Il ne s’agit pas, comme le laisserait croire son nom, d’un vaste plateau homogène, mais d’une succession
de plateaux séparés par des couloirs ou des plaines et dont les altitudes sont variables.
Le haut glacis
Le moyen glacis
Le bas glacis
Ensemble étonnamment plat, les basses vallées constituent du point de vue hydrologique les cours
inférieurs des bassins des fleuves Sénégal et Gambie. Elles sont situées dans le bassin sédimentaire
secondaire-tertiaire. On distingue la vallée alluviale du Sénégal et le bassin estuarien de la Gambie.
A partir de Bakel, à 800 km de l’embouchure, le Sénégal entre dans son bassin inférieur où il suit un
parcours sinueux dans la vallée alluviale plate et inondable. Le lit majeur de Bakel à l’embouchure
couvre une superficie de 13 000 km², dont environ 8 000 km² de vallée alluviale (des levées) et 5 000
km² de formations fluvio-deltaïques. Ce bassin inférieur peut être subdivisé en 4 unités hydrologiques:
la Haute vallée, qui va de Bakel à Waoundé dispose d’une pente moyenne (4 cm/km) associée à
des berges peu développées et de grandes cuvettes plates; le fleuve se situe à 15 m IGN;
la Moyenne vallée, de Waoundé à la confluence du Sénégal-Doué, a une pente moyenne de 3
cm/km; en revanche, les berges sont bien développées et les cuvettes y sont très plates; le lit
mineur est en général assez stable;
la Basse vallée est comprise entre la confluence Sénégal-Doué et Rosso; la pente moyenne
s’élève à 1,5 cm/km; elle se distingue par ses hautes berges, ses cuvettes profondes et ses
plaines inondables à micro-relief prononcé;
le Delta commence à partir de Rosso à 165 km de l’embouchure. Avant toute intervention
humaine (submersion contrôlée/artificialisation du régime), les eaux de crue inondaient chaque
année une grande partie du delta.
Le bassin estuarien de la Gambie est compris entre Gouloumbou et Banjul. Comme le fleuve Sénégal, la
Gambie entaille les grès du continental terminal et a façonné dans cette région à topographie monotone
une vallée alluviale.
Dans sa vallée alluviale, la Gambie est gainée par des levées plus basses et confinées à la seule bordure
de son lit mineur. Celui-ci n’excède pas 6 km. Ce n’est qu’en aval de Kudang à 180 km de l’embouchure
où les levées disparaissent progressivement, que la vallée alluviale de la Gambie s’élargit. Les cuvettes
de décantation du lit majeur sont de moindre extension par rapport à celles de la vallée du Sénégal.
L’estuaire est souligné par un cordon sableux sur lequel est construit Banjul.
La formation et l’évolution des deux bassins se déroulent en deux phases: le Quaternaire ancien et le
Quaternaire récent.
Le quaternaire ancien a connu des épisodes de soulèvements tectoniques, suivies de reprises d’érosion
et d’aplanissement. Le quaternaire récent est marqué par d’importantes oscillations climatiques ayant
entrainé des variations du niveau marin. Les alternances de phases humides et de phases sèches
permettent de distinguer six (6) épisodes majeurs:
Le 1er épisode est une phase humide, où les cours d’eau ont entaillé leur lit et édifié une nappe
alluviale (graviers sous berge). Le Sénégal a creusé sa vallée pendant cette phase, dans des
sédiments tendres, par étapes successives dont témoignent les restes de terrasses graveleuses
(Michel, 1957). Dans sa partie aval il a même entaillé son lit sous le zéro actuel.
Le 2ème épisode correspond à la phase ogolienne (21 000 à 13 000 ans BP). C’est une phase sèche
marquée par une déflation éolienne. De vastes ergs de dunes longitudinales NE-SW se sont alors
formés dans le Trarza et le Brakna (sud-ouest de la Mauritanie) ainsi que dans le Cayor (ouest du
Sénégal). Ils ont barré progressivement le fleuve Sénégal jusqu’à la hauteur de Kaédi.
Le 3ème épisode est une phase humide qui correspond au pluvial post-ogolien (12000-8000 ans
BP). Il est marqué par la stabilisation et la rubéfaction (coloration rougeâtre due à la présence
d’oxydes de fer) du matériel dunaire sableux.
Le 4ème épisode (7000-6500 ans BP), qualifié de petite phase sèche, est caractérisé par le
remaniement des dunes ogoliennes.
Le 5ème épisode correspond à la transgression du Nouakchottien (5500 ans BP). Cette phase
humide est notamment marquée par une remontée considérable du niveau de la mer; qui avait
submergé certaines régions littorales comme le bas Saloum, la région de Nouakchott, la basse
Gambie. A la régression marine, des écosystèmes côtiers lacustres ont été individualisés. Il s’agit
notamment des lacs Thiourour, Ourouaye, Retba (Lac rose), M’beubeuss (actuellement colmaté),
Mbaouane, Mboro, Tanma, entre autres…
Le 6ème épisode qui porte le nom de Taffolien (2500 ans BP), est une phase sèche marquée par
une importante sécheresse qui a contribué au remodelage éolien des dunes littorales.
Géomorphologie régionale Afrique de l’W. _chapitre 2_2019-2020_Dr Fall Page 4