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Université de Caen Normandie

UFR des Sciences année universitaire 2022/2023

LICENCE DE MATHÉMATIQUES, PREMIÈRE ANNÉE


APPROFONDISSEMENTS EN MATHÉMATIQUES

corrigé de l’exercice 21 de la fiche de TD no 2

Dans cet exercice, assez difficile, on considère la suite de Fibonacci (Fk )k≥0 définie par :
F0 = F1 = 1 et ∀k ∈ N Fk+2 = Fk+1 + Fk .
On a donc :
(Fk )k≥0 = (1, 1, 2, 3, 5, 8, 13, 21, 34, 55, 89, 144, . . .)
Exercice 21. Démontrer par récurrence forte que tout entier n ≥ 0 est la somme de termes non
consécutifs de la suite (Fk )k≥1 (par exemple : 10 = 8 + 2, 100 = 89 + 8 + 3).

Solution. Notons P (n) la propriété hh n est la somme de termes non consécutifs de la suite
(Fk )k≥1 ii. On va démontrer que P (n) est vraie pour tout n ∈ N en raisonnant par récurrence forte
stricte. Rappelons (voir cours) que cela consiste à se donner un certain n ∈ N vérifiant P (j) pour tout
j < n, et à montrer qu’on a alors P (n). En cours, nous avons utilisé cette méthode pour démontrer que
tout entier n ≥ 2 est produit d’un ou de plusieurs nombres premiers.
L’idée ici est de considérer le plus grand terme de la suite (Fk )k≥1 qui est inférieur ou égal à n.
Notons-le Fp . On a par définition Fp ≤ n et Fp+1 > n. On en déduit :
0 ≤ n − Fp < n < Fp+1 .
Par hypothèse de récurrence forte, l’entier naturel j = n − Fp qui est strictement inférieur à n est la
somme de termes non consécutifs de la suite (Fk )k≥1 . Pour obtenir n, il suffit bien sûr d’ajouter à cette
somme le terme supplémentaire Fp . Mais pour que tous les termes de cette nouvelle somme soient des
termes non consécutifs dans la suite de Fibonacci, il est nécessaire de s’assurer que le plus grand terme
de la décomposition de n − Fp est strictement inférieur à Fp−1 .
Notons F` le plus grand terme apparaissant dans la décomposition de n − Fp . On a :
Fp + F` ≤ Fp + n − Fp = n < Fp+1 .
Or Fp+1 = Fp + Fp−1 , par définition de la suite de Fibonacci. On a donc Fp + F` < Fp + Fp−1 , et donc
en simplifiant par Fp :
F` < Fp−1 .
C’est ce qui restait à démontrer pour obtenir P (n).

Remarque. Nous avons montré l’hérédité, mais nous n’avons rien dit sur l’initialisation. Est-ce
un oubli ? Non, car avec la récurrence forte stricte, l’hérédité suffit et il n’est pas besoin d’initialisation !
Cela peut sembler troublant. La raison est que la clause d’hérédité s’écrit sous la forme suivante : si
un certain n ∈ N vérifie P (j) pour tout j < n, alors on a P (n). Elle entraı̂ne automatiquement P (0),
puisqu’il n’y a pas de j dans N vérifiant j < 0 !
Si cela vous fait tourner la tête, vous pouvez vérifier directement que P (n) est vraie pour n = 0 :
c’est clair, car 0 peut être vu comme la somme de zéro termes. Cela aussi vous fait peut-être tourner la
tête, mais il est très important de se rappeler que la somme de zéro termes vaut 0 (et aussi, d’ailleurs,
que le produit de zéro facteurs vaut 1).

Autre remarque. On peut montrer que la décomposition dont nous venons de démontrer
l’existence est unique. L’ensemble des deux résultats (existence et unicité) constitue ce qu’on appelle le
théorème de Zeckendorf.

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