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Lycée Ste-Marie Fénelon Classe de PC/PC*

Année 2021/2022 Mathématiques

Chapitre 6
Sous-espaces stables,
éléments propres
Correction des exercices

Sous-espaces stables
– Exercice 1 –
Soit E un K-espace vectoriel de dimension finie n et u ∈ L(E). Pour tout x ∈ E, on pose

Fu (x) = y ∈ Rn | ∃P ∈ R[X],

y = P (u)(x) .

Montrer que, pour tout x ∈ E, Fu (x) est un sous-espace vectoriel de E stable par u.

Correction :
Trivial.

– Exercice 2 – ? Sous-espace caractéristique


Soit f ∈ L(E) et λ ∈ K. On appelle sous-espace caractéristique associé à λ le sous-espace vectoriel
[
Fλ (f ) = Ker (f − λId)n .
n∈N

Montrer que Eλ (f ) 6= {0} ⇐⇒ Fλ (f ) 6= {0}. Montrer que Fλ (f ) est stable par f .

Correction :
On a clairement Eλ (f ) ⊂ Fλ (f ) donc l’implication ⇒ est immédiate.

 On suppose Fλ (f ) 6= {0}. Choisissons x ∈ Fλ (f ) \ {0}. Posons

n = min k ∈ N | (f − λId)k (x) = 0 .




On a n > 1 puisque x 6= 0. Alors (f − λId)n (x) = 0 mais (f − λId)n−1 (x) 6= 0. On pose donc y = (f − λId)n−1 (x),
donc y 6= 0 et y ∈ Eλ (f ) donc Eλ (f ) 6= {0}.

 Soit maintenant x ∈ Fλ (f ). Il existe n ∈ N tel que (f − λId)n (x) = 0, donc f (x) − λx ∈ Ker (f − λId)n−1 , ce qui
peut s’écrire sous la forme
(f − λId)n−1 (f (x) − λx) = 0

donc, en composant par (f − λId) on a, en tenant compte du fait que x ∈ Ker (f − λId)n :

(f − λId)n (f (x)) = 0

donc f (x) ∈ Fλ (f ).

– Exercice 3 – ?? Endomorphismes nilpotents qui commutent


Soit E un K-espace vectoriel de dimension finie n et f1 , . . . , fn , n endomorphismes nilpotents de E, qui commutent
deux à deux.

1
Montrer que f1 ◦ · · · ◦ fn = 0.
Correction :
Posons Fk = Im (fk ◦ · · · ◦ fn ). Alors fk (Fk+1 ) = Fk . Puisque les fi commutent entre eux, les Fk sont stables par les
fi , et on a F1 ⊂ · · · ⊂ Fn .
Soit en particulier fek l’endomorphisme induit par fk sur Fk+1 . Il vient Im fek = Fk . Mais fek étant nilpotente ne peut
être injective, donc dim Fk < dim Fk+1 . En particulier, puisque dim Fn < n on a dim Fk < k donc dim F1 = 0 donc
f1 ◦ · · · ◦ fn = 0.

– Exercice 4 – ??? Sous-espaces stables des endomorphismes nilpotents


Soit E un K-espace vectoriel de dimension finie n et f un endomorphisme nilpotent d’indice n de E.
Trouver tous les sous-espaces vectoriels de E stables par f .
Correction :
Puisque f n−1 6= 0, il existe a ∈ E tel que f n−1 (a) 6= 0. La famille (a, f (a), . . . , f n−1 (a)) est alors une base de E (bon
cardinal + libre. . . classique).
Soit V un sous-espace vectoriel stable par f , non réduit à {0}. Soit x ∈ V , non nul, de coordonnées (x1 , . . . , xn ) dans
n
X
la base précédente : x = xi f i−1 (a).
i=1
n
X
Si on note k le plus petit entier tel que xk 6= 0, alors x = xi f i−1 (a), d’où f n−k (x) = xk f n−1 (a), puis f n−1 (a) ∈ V .
i=k
On applique alors f n−k−1 (si k 6 n − 1) et on obtient f n−2 (a) ∈ V etc. . .
Finalement V contient Vect (f k−1 (a), . . . , f n−1 (a)).
On considère alors le minimum ` des k lorsque x parcourt V \ {0}, et on a alors V = Vect (f `−1 (a), . . . , f n−1 (a)).
Or Vect (f `−1 (a), . . . , f n−1 (a)) = Ker f n−`+1 donc, en conclusion, les sous-espaces vectoriels stables par f sont les
Ker f p , p ∈ [[0, n]].

Polynômes d’endomorphismes

 ??
– Exercice 5 – Polynôme
 d’endomorphisme à racines fixées
2 3 4
On pose A =  3 . Déterminer un polynôme P ∈ R[X] tel que P (A) admette −1 comme valeur propre
 
−4 12

1 −2 5
double et 3 comme valeur propre simple.
Correction :
   
Si λ ∈ Sp(A) alors P (λ) ∈ Sp P (A) , or on veut que Sp P (A) contienne −1 et 3. On calcule le polynôme caractéris-

tique de A : χA = (1 − X)(X 2 − 2X − 9) de racines 1 et 1 ± 10. On va donc chercher P qui prenne la valeur 3 en 1 et la

valeur −1 en 1 ± 10. Par les polynômes interpolateurs de Lagrange, on sait qu’il existe une unique solution de degré 6 2.
√ √
On pose donc P = ax2 +bx+c, avec a+b+c = 3 et a(11+ε 10)+b(1+ε 10)+c = −1, c’est-à-dire 11a+b+c = −1
et 2a + b = 0. On trouve alors
 
−13 40 −112
1 1
− 2X 2 + 4X + 13 ,

P = et P (A) = .

0 −5 0
5 5

2 −10 23

On vérifie que χP (A) = (1 + X)2 (3 − X).

Éléments propres
– Exercice 6 – ? Éléments propres d’un opérateur sur l’espace des matrices
Déterminer les valeurs propres de l’endomorphisme f de Mn (R) défini par : f (M ) = tM − M .

2
Correction :
Remarquons que lorsque n = 1 , l’application f est identiquement nulle, et donc sa seule valeur propre est 0 .
Supposons désormais n > 2.
• Si M est une matrice symétrique, on a tout de suite f (M ) = 0. Réciproquement, f (M ) = 0 conduit à tM = M donc
M symétrique. On en déduit que 0 est valeur propre de f et que le sous-espace propre associé, c’est-à-dire le noyau de
f , est le sous-espace vectoriel Sn des matrices symétriques.
• On a aussi M antisymétrique si et seulement si tM = −M , si et seulement si f (M ) = −2M . Donc −2 est valeur propre
de f , et le sous-espace propre associé est le sous-espace vectoriel An des matrices antisymétriques.
On rappelle que Sn ⊕ An = Mn (R). On peut donc conclure que
les valeurs propres de f , lorsque n > 2, sont 0 et −2.

– Exercice 7 – ?
On note X = t(x1 , x2 , . . . , xn ). Déterminer les éléments propres de la matrice X tX.

Correction :
On suppose que X 6= 0, sans quoi M = X tX = 0 et c’est trivial.
M est une matrice de rang 1, ce qui prouve que 0 est de multiplicité au moins égale à n − 1. On trouve comme éléments
propres les n − 1 vecteurs suivants, en notant j un indice de [[1, n]] tel que xj 6= 0 :
     
 −1   0   0 
     
 0   −1   0 
     
     
 .   .   . 
 ..   ..   .. 
     
     
     
 0   0   0 
     
     
ligne j → x1 /xj  , x2 /xj  , . . . , xn /xj  .
     
     
     
 0   0   0 
     
     
 .   .   . 
 ..   ..   .. 
     
     
     
 0   0   0 
     
     
0 0 −1

On remarque enfin que X lui-même est vecteur propre associé à la valeur propre tX · X = tr (M ) 6= 0 puisque X est non
nul.
Au total, on a donc pu trouver une base de vecteurs propres de M .

– Exercice 8 – CCP PC 2015, Benjamin Argenson


Sans préparation
Soit n ∈ N un entier naturel non nul et autre que 2, et A ∈ Mn (R) définie par :

∀i ∈ [[1, n]], ai,i = a1,i = ai,1 = 1,

les autres coefficients étant nuls. Montrer que 1 est valeur propre de A, sans calculer le polynôme caractéristique de
A.
Ensuite, trouver les autres valeurs propres de A (toujours sans le polynôme caractéristique de A !).

Correction :

3
Sans préparation
Soit n ∈ N un entier naturel non nul et autre que 2, et A ∈ Mn (R) définie par :

∀i ∈ [[1, n]], ai,i = a1,i = ai,1 = 1,

les autres coefficients étant nuls.


Si n = 1 alors A = (1)  Sp(A) = {1} et 1 est valeur propre d’ordre 1.
 donc

Si n = 2 alors A =  1 1  est de rang 1 donc 0 est valeur propre d’ordre exactement 1. La trace de A nous permet
1 1
d’affirmer que la seconde valeur propre de A est 2. Ainsi la propriété recherchée est fausse.
Nous supposons désormais que n > 3. On remarque que la matrice
 
 0 1 ··· 1 
 
 
 1 0 ··· 0 
A − In = 
 
.. .. .. .. 
. . . . 
 

 
 
1 0 ··· 0

est de rang 2, donc que 0 est valeur propre de A − In d’ordre n − 2 (théorème du rang). Par conséquent 1 est valeur propre
de A d’ordre exactement n − 2. Notons λ et µ les deux dernières valeurs propres de A. La trace de A donne l’équation
n = (n − 2) × 1 + λ + µ donc λ + µ = 2. Par ailleurs
 
 n 2 ··· ··· 2 
 
2 2 0 ··· 0 
 

 
.. .. .. .. 
A2

= 
 . 0 . . . 

 
 .. .. .. .. 

 . . . . 0 
 
2 0 ··· 0 2

donc à nouveau grâce à la trace n + 2(n − 1) = (n − 2) × 12 + λ2 + µ2 , d’où λ2 + µ2 = 2n. On en déduit 4 = (λ + µ)2 =


λ2 + µ2 + 2λµ = 2n + 2λµ donc λµ = 2 − n. Il s’ensuit que λ et µ sont les solutions de r2 − 2r + 2 − n = 0, d’où
√ √
λ = 1 + n − 1 et µ = 1 − n − 1.
Finalement les valeurs propres de A sont :
√ √
1 d’ordre n − 2, λ = 1 + n − 1 d’ordre 1 et µ = 1 − n − 1 d’ordre 1.

– Exercice 9 – TPE-EIVP PC 2017 Jérémy Roudin


Pour deux complexes a et b avec |a| =
6 |b|, considérons la matrice
 
 a b a . . . 
 
A =  b a b . . .  ∈ Mn (C)
 
 
 . . . . 
.. .. .. ..

où les a et les b sont alternés.


1. Donner le rang de A. En déduire que 0 est valeur propre de A. Que dire de son ordre de multiplicité ?
2. Déterminer les autres valeurs propres de A ainsi que les sous-espaces propres associés.

4
Correction :

1. Notons Ci la i-ième colonne de A.


La matrice est de rang inférieur à 2 car pour tout i ∈ [[1, n]] nous avons C2i = C2 et C2i−1 = C1 . Supposons (C1 , C2 )
liée, alors par exemple C2 = αC1 ce qui donne b = αa et a = αb puis αab = b2 = a2 , ce qui donnerait |a| = |b|. Par
conséquent (C1 , C2 ) est libre et rg (A) = 2.
On en déduit que 0 est valeur propre d’ordre au moins 2n − 2.
2n
X 2n
X
2. Notons (Ei )16i62n la base canonique de R2n . Remarquons que pour V1 = Ei et V2 = (−1)i Ei , nous avons
i=1 i=1
AV1 = n(a + b)V1 et AV2 = n(a − b)V2 , car
         
 a b a ...  1   1   a b a ...  1   1 
         
 1  = n(a + b)  et  −1  = n(a − b)  −1  .
         
 b a b ...  1   b a b ... 
         
 . . . . .   ..   ..   . .. .. . .   ..   . 
.. .. .. . . . .. . . . . ..

Ainsi λ1 = n(a + b) et λ2 = n(a − b) sont les deux dernières valeurs propres de A. Elles sont non-nulles car |a| =
6 |b|
(mais peuvent être confondues).
Pour les espaces propres, nous avons d’une part

E0 = Ker (A) = Vect (E3 − E1 , . . . , E2n−1 − E1 ; E4 − E2 , . . . , E2n − E2 )

qui est de dimension 2n − 2. D’autre part, deux cas se présentent :


• Si b = 0 alors λ1 = λ2 . Dans ce cas nous avons en plus de E0 un unique autre espace propre, de dimension 2, à savoir
Ena = Vect (V1 , V2 ).
• Si b 6= 0, alors λ1 6= λ2 . Dans ce cas nous avons en plus de E0 deux sous-espaces, de dimension 1, à savoir
En(a+b) = Vect (V1 ) et En(a−b) = Vect (V2 ).
Dans tous les cas, la matrice A est diagonalisable. On pouvait s’en douter, grâce au théorème spectral (chapitre 13...) !

– Exercice 10 – ? Petites Mines PC 2017, Jérémy Roudin


Soit E un R-espace vectoriel de dimension 4. Considérons un endomorphisme u de E vérifiant u2 = −kIdE , où
k ∈ R∗+ .
1. Démontrer que u n’admet aucune valeur propre réelle.
2. Soit a un vecteur non nul de E. Démontrer que la famille (a, u(a)) est libre.
3. Soit b ∈
/ Vect (a, u(a)). Démontrer que (a, u(a), b, u(b)) est une base de E et expliciter la matrice de u dans cette
base.

Correction :

1. Soit λ ∈ R une valeur propre et x 6= 0 un vecteur propre associé. Alors −kx = u2 (x) = λ2 x d’où λ2 = −k < 0, ce qui
est absurde. Par conséquent
u n’admet aucune valeur propre réelle.

α
2. Soit a 6= 0. Supposons qu’il existe deux réels α, β tels que αa + βu(a) = 0. Si β 6= 0 alors u(a) = − a donc u aurait
β
une valeur propre réelle : absurde. Par conséquent β = 0. Ainsi αa = 0, puis α = 0 car a 6= 0. Par conséquent
(a, u(a)) est libre.

5
3. Soit b ∈
/ Vect (a, u(a)), de sorte que (a, u(a), b) est libre. L’ensemble V = Vect (a, u(a), b) est alors un sous-R-espace
de E de dimension 3. Supposons que (a, u(a), b, u(b)) est liée, c’est-à-dire u(b) ∈ V . Alors u|V est un endomorphisme
de V puisque

u(a) ∈ Vect (a, u(a), b), u(u(a)) = −ka ∈ Vect (a, u(a), b), u(b) ∈ Vect (a, u(a), b).

Par restriction, l’endomorphisme v = u|V vérifie toujours v 2 = −kIdV , donc n’admet aucune valeur propre réelle. Mais
ceci est absurde puisque son polynôme caractéristique est de degré 3 donc admet une racine réelle.
Par conséquent (a, u(a), b, u(b)) est libre. Par raison de cardinalité, la famille B = (a, u(a), b, u(b)) est une base de E.
Nous avons alors
u(a) = u(a), u(u(a)) = −ka, u(b) = u(b), u(u(b)) = −kb
d’où  
 0 −k 0 0 
 
 
 1 0 0 0 
B
MatB (u) =  .
 
0 −k 
 
 0 0
 
 
0 0 1 0

– Exercice 11 – CCP PC 2017, Myriam Caizergues


Avec préparation
Soit E l’espace vectoriel des fonctions continues sur R+ à valeurs réelles. On considère l’application T définie pour
f ∈ E par Z x
1
T (f )(0) = f (0) et ∀x ∈ R∗+ , T (f )(x) = f (t) dt.
x 0
1. Montrer que T est linéaire.
2. Montrer que pour f ∈ E, T (f ) est de classe C 1 sur R∗+ et établir :

∀x > 0, xT (f )0 (x) + T (f )(x) = f (x).

3. Pour f ∈ E, étudier la continuité de T (f ) en 0.


Montrer alors que T est un endomorphisme de E.
4.
(a) Montrer que 0 n’est pas valeur propre de T .
(b) Soit λ une valeur propre de T et f ∈ E un vecteur propre associé. Établirune équation différentielle vérifiée par
f.
5. Trouver toutes les valeurs propres de T .

Correction :
Soit E l’espace vectoriel des fonctions continues sur R+ à valeurs réelles. On considère l’application T définie pour
f ∈ E par Z x
1
T (f )(0) = f (0) et ∀x ∈ R∗+ , T (f )(x) = f (t) dt.
x 0
1. Soit (f, g) ∈ E 2 et α ∈ R. On a bien sûr αf + g ∈ E. Pour tout x > 0,
1 x 1 x 1 x
Z Z Z
T (αf + g)(x) = (αf + g)(t) dt = α f (t) dt + g(t) dt = αT (f )(x) + T (g)(x)
x 0 x 0 x 0
en utilisant la linéarité de l’intégrale. De plus :

T (αf + g)(0) = (αf + g)(0) = αf (0) + g(0) = αT (f )(0) + T (g)(0).

Finalement, T (αf + g) = αT (f ) + T (g) et T est bien linéaire.

6
Rx
2. Soit f ∈ E. L’application x 7→ f (t) dt est la primitive de f qui s’annule en 0. f étant continue sur R+ , cette primitive
0
1
est de classe C sur R+ et comme la fonction x 7→ est de classe C 1 sur R∗+ , on en déduit que
1
x
T (f ) est de classe C 1 sur R∗+ .

La relation définissant T (f ) peut se mettre sous la forme


Z x
∀x > 0, xT (f )(x) = f (t) dt
0

et on peut alors dériver facilement en :


∀x > 0, xT (f )0 (x) + T (f )(x) = f (x)

ce qui est bien l’équation différentielle cherchée.


3. Notons F une primitive de f sur R+ . On a :

F (x) − F (0)
∀x > 0, T (f )(x) = .
x
On reconnaît la formule du taux d’accroissement de F en 0. Comme F est de classe C 1 sur R+ , elle est en particulier
dérivable en 0. Donc
F (x) − F (0)
lim+ = F 0 (0) = f (0)
x→0 x
ce qui prouve que
lim T (f )(x) = f (0) = T (f )(0).
x→0+

On a donc prouvé que


T (f ) est continue en 0.

On sait déjà que T (f ) est continue sur R∗+ . On en déduit qu’elle est finalement continue sur R+ . Donc T (f ) ∈ E pour
toute f ∈ E.
Comme T est aussi linéaire, on peut conclure :
T est un endomorphisme de E.

4.

(a) Soit f ∈ E telle que T (f ) = 0. Il vient :


Z x
1
∀x > 0, f (t) dt = 0 et 0 = T (f )(0) = f (0).
x 0

On multiplie la première relation par x puis on dérive :

∀x > 0, f (x) = 0 et f (0) = 0.

Finalement, f est identiquement nulle sur R+ . Donc f = 0E .


On a montré que le noyau de T est réduit à {0E }, autrement dit que le sous-espace propre pour la valeur propre 0
est réduit à {0E }. Il s’ensuit :
0 n’est pas valeur propre de T .

(b) Soit λ une valeur propre de T et f ∈ E un vecteur propre associé. D’après (a), on a donc λ 6= 0. De plus, T (f ) = λf .
La relation établie au 2. devient :
∀x > 0, x(λf )0 (x) + (λf )(x) = f (x)

soit  
1
∀x > 0, xf 0 (x) + 1 − f (x) = 0.
λ

7
L’équation différentielle vérifiée par f est donc
λ−1
∀x > 0, xf 0 (x) + f (x) = 0.
λ

5. L’équation différentielle devient :


λ−1
∀x > 0, f 0 (x) + f (x) = 0.
λx
λ−1 λ−1
Une primitive de x 7→ sur R∗+ est x 7→ ln x donc les solutions de cette équation différentielle linéaire d’ordre
λx   λ
1−λ 1−λ
1 sont de la forme x 7→ K exp ln x = Kx λ .
λ
Mais f doit être un élément de E donc une fonction continue sur R+ et en particulier en 0. Ce qui n’est possible que
1−λ
si > 0. Les valeurs de λ pour lesquelles il existe des éléments de E vecteurs propres pour la valeur propre λ sont
λ
1−λ
donc celles qui rendent positives la quantité , c’est-à-dire λ ∈]0, 1]. Ainsi,
λ
Sp(T ) =]0, 1].

– Exercice 12 –
On pose E = K[X] et on pose
f : E → E

P 7→ XP 0 .
Quels sont les éléments propres, le noyau et l’image de f ?

Correction :
On suppose XP 0 = λP . Alors, si on pose q = deg P , on a en égalant le coefficient dominant : q = λ ∈ N. Les autres
coefficients doivent être nuls, donc P = X q .
Le noyau est donc K0 [X] = hX 0 i. L’image de f est l’ensemble des polynômes dont le coefficient constant est nul.

– Exercice 13 – ?  
a2 ba ca
Soient (a, b, c) ∈ R3 \ {(0, 0, 0)}. On pose A =  ab .
 
b2 cb

ac bc c2

1. Déterminer les éléments propres de A, son noyau et son image.


2. Déterminer les sous-espaces vectoriels de R3 invariants par A.
3. Calculer An pour tout n ∈ N.
4. On suppose a2 + b2 + c2 = 1. Calculer le déterminant de A. Reconnaître l’endomorphisme associé.

Correction :
1. On vérifie que A2 = (a2 + b2 + c2 )A, donc
1 1 1
A× 2 A= 2 A.
a2 + b2 + c2 a + b2 + c2 a + b2 + c2
1
Ainsi a2 +b2 +c2 A est la matrice d’un projecteur et A est la matrice de la composée de l’homothétie de rapport
2 2 2
a + b + c et d’une projection.
  
X X − (a2 + b2 + c2 ) est un polynôme annulateur de A donc les valeurs propres sont à chercher parmi 0, a2 + b2 + c2 .
 

a
 
Plus précisément, on remarque que A est de rang 1 puisque toutes ses colonnes sont colinéaires à  .
 
b
On a même
 
c

8
bC1 = aC2 et cC1 = aC2 donc le noyau de A est de dimension 2 et engendré par {be1 − ae2 , ce1 − ae3 }. 0 est donc
effectivement une valeur propre de A, et le sous-espace propre associé est le plan
E0 = Ker A = Vect (be1 − ae2 , ce1 − ae3 ).
   

a a
   
Pour la deuxième valeur propre, on vérifie facilement que A
b
 

= (a2 + b2 + c2 )
b
 

donc a2 + b2 + c2 est effec-
   
c c
tivement valeur propre de A avec
 

a
 

Ea2 +b2 +c2 = Ker A − (a2 + b2 + c2 )I3 = Vect
b
 

 
c

et on conclut :
Sp(A) = {0, a2 + b2 + c2 }.

Enfin l’image de A est engendrée par les vecteurs colonnes


 
de la matrice. On a vu que celle-ci est de rang 1 et plus

a
 
précisément que toutes ses colonnes sont colinéaires à  .
 
b
Donc
 
c
 

a
 
Im (A) =  .
Vect 
b
 
c

2. Les sous-espaces vectoriels de R3 invariants par A sont soit triviaux, soit somme de sous-espaces propres (remarquons
qu’ici E0 ⊕ Ea2 +b2 +c2 = R3 . Ainsi, les sous-espaces invariants sont

{0}, E0 , Ea2 +b2 +c2 , R3 .




3. Pour alléger les calculs, notons λ = a2 + b2 + c2 .


On a A2 = λA puis A3 = λA2 = λ2 A, A4 = λ2 A2 = λ3 A. . . et si An = λn−1 A, alors An+1 = λn−1 A2 =
λn−1 × λA = λn A. Finalement, par une récurrence facile, on a montré :
∀n ∈ N∗ , An = (a2 + b2 + c2 )n−1 A.
 

a
 
4. Lorsque a2 + b2 + c2 = 1, on a A2 = A et dans ce cas A est la matrice de la projection sur Vect
  parallèlement

b
 
c
   

 b   c 
   
à Ker A = Vect 
, 
 
 −a   0 



. Le déterminant de A est bien sûr nul !
   
0 −a

– Exercice 14 – ? Centrale PC 2015, Maths 1, Guillaume Gérard


Sans préparation
Soit M ∈ Mn (C) et α ∈ R \ {−1, 0, 1} tels que M et αM soient semblables.
1. Démontrer que si λ ∈ Sp(M ) alors αk λ ∈ Sp(M ) pour tout k ∈ N.
2. En déduire que M est nilpotente.

Correction :

9
1. Notons Sp(M ) = (λ1 , . . . , λn ), alors Sp(αM ) = (αλ1 , . . . , αλn ). Or par hypothèse M et αM sont semblables, don elles
ont même spectre. Ainsi Sp(M ) = (αλ1 , . . . , αλn ). Puis par récurrence immédiate : ∀ ∈ N, Sp(M ) = (αk λ1 , . . . , αk λn ).
Il s’ensuit que, comme prévu : si λ ∈ Sp(M ) alors αk λ ∈ Sp(M ) pour tout k ∈ N .
2. Supposons qu’il existe λ ∈ Sp(M ) non-nulle. D’après la question précédente on a αk λ ∈ Sp(M ) pour tout k. Or
/ {−1, 0, 1} donc {αk λ / k ∈ N} est infini et contenu dans le spectre de M : absurde.
α∈
Par conséquent la seule valeur propre de M est 0, ce qui implique que M est nilpotente .

– Exercice 15 – ?? Vecteur propre commun


Soit E un C-espace vectoriel de dimension finie non nulle.
Soient u et v deux endomorphismes de E. On suppose

∃(α, β) ∈ C2 / uv − vu = αu + βv.

Le but de l’exercice est de démontrer que u et v ont un vecteur propre en commun.


1. Établir le résultat dans le cas où α = β = 0.
2. On suppose maintenant α 6= 0.
(a) Démontrer que la condition vérifiée par u et v équivaut à f g − gf = f , où f et g sont deux endomorphismes
de E à préciser (en fonction de u et v).
(b) Démontrer alors que Ker f 6= {0}.
(c) Démontrer enfin que u et v admettent un vecteur propre commun dans Ker f .

Correction :

1. Supposons α = β = 0 et donc uv = vu. Puisque E est un C-espace vectoriel de dimension finie non nulle, u admet
au moins une valeur propre que l’on note λ. Le sous-espace propre Eλ correspondant n’est pas réduit à {0}, est stable
par u et d’autre part stable par v car u et v commutent. On note u0 et v 0 les restrictions de u et v au sous-espace
Eλ . u0 et v 0 sont des endomorphismes de Eλ . De nouveau, Eλ est un C-espace de dimension finie non nulle et donc
v 0 admet au moins un vecteur propre x0 . Par construction, x0 est un vecteur propre commun à u et v.
2. On suppose par exemple α 6= 0.
(a) On peut écrire :
1 1
uv − vu = αu + µv ⇐⇒ (αu + βv) ◦ v − v ◦ (αu + βv) = αu + βv
α α
1
⇐⇒ f g − gf = f en posant f = αu + βv et g = v.
α
(b) Montrons que Ker f n’est pas nul.
Si ker f = {0}, alors f est inversible, et l’égalité f g−gf = f fournit (g+Id)◦f = f ◦g et donc g+Id = f ◦g◦f −1 .
Par suite, g et g + Id ont même polynôme caractéristique ou encore, si λ est valeur propre de g alors λ + 1 est
encore valeur propre de g. Mais alors λ + 2, λ + 3. . . sont aussi valeurs propres de g et g a une infinité de valeurs
propres deux à deux distinctes. Ceci est exclu et donc Ker f n’est pas réduit à {0}.
(c) Maintenant, si x est un vecteur de Ker f , on a f (g(x)) = g(f (x)) + f (x) = 0 et g(x) est dans Ker f . Donc
Ker f est stable par g et la restriction de g à Ker f est un endomorphisme de Ker f qui admet au moins une
valeur propre et donc au moins un vecteur propre. Ce vecteur est bien un vecteur propre commun à f et g.
1 1
Enfin si x est vecteur propre commun à f et g alors x est vecteur propre de v = g et de u = (f − βv). x
α α
est un vecteur propre commun à u et v.

10
– Exercice 16 – ?? Un exemple en dimension infinie
0
Soit E = C (R, R). Pour f élément de E, ϕ(f ) est l’application définie par :
1 x
Z
∀x ∈ R∗ , (ϕ(f ))(x) = f (t) dt si x 6= 0 et (ϕ(f ))(0) = f (0).
x 0
1. Montrer que ϕ est un endomorphisme de E.
2. Étudier l’injectivité et la surjectivité de ϕ.
3. Déterminer les éléments propres de ϕ.

Correction :
F (x) − F (0)
1. Soit f ∈ C 0 (R, R). Soit F une primitive de f sur R. Pour tout x ∈ R∗ , on a (ϕ(f ))(x) = .
x−0
F est continue sur R donc ϕ(f ) est continue sur R∗ . De plus, F étant dérivable en 0
F (x) − F (0)
lim (ϕ(f ))(x) = lim = F 0 (0) = f (0) = (ϕ(f ))(0).
x→0 x→0 x−0
x6=0 x6=0

Finalement ϕ(f ) est continue sur R. Ainsi, ϕ est une application de E dans E. La linéarité de ϕ est claire et finalement
ϕ ∈ L(C 0 (R, R)).
Z x
2. Si f est dans Ker (ϕ) alors f (0) = 0 et pour tout x non nul, f (t) dt = 0. Par dérivation on obtient :
0

∀x ∈ R∗ , f (x) = 0

ce qui reste vrai pour x = 0 et donc f = 0. Finalement Ker (ϕ) = {0} et ϕ est injective.
ϕ n’est pas surjective car pour toute f ∈ E, ϕ(f ) est de classe C 1 sur R∗ . Mais alors par exemple, l’application
g : x 7→ |x − 1| est dans E mais n’est pas dans Im (ϕ).
ϕ est injective et n’est pas surjective.

3. On cherche λ ∈ R et f continue sur R et non nulle telle que : ∀x ∈ R, (ϕ(f ))(x) = λf (x). D’après la question
précédente, 0 n’est pas valeur propre de ϕ et donc nécessairement λ 6= 0.
Pour x = 0, nécessairement f (0) = λf (0) et donc ou bien λ = 1 ou bien f (0) = 0.
Z x
1
On doit avoir pour tout x ∈ R∗ , f (x) = f (t) dt. f est nécessairement dérivable sur R∗ . Pour tout x ∈ R∗ ,
λx 0
Z x
on a f (t) dt = λxf (x) et par dérivation, on obtient pour x ∈ R∗ ,
0
f (x) = λ(xf 0 (x) + f (x)).
Soit I l’un des deux intervalles ] − ∞, 0[ ou ]0, +∞[.
λ−1
∀x ∈ I, f (x) = λ(xf 0 (x) + f (x)) ⇒ ∀x ∈ I, f 0 (x) + f (x) = 0
λx
(λ−1) ln |x| λ − 1 (λ−1) ln |x|
⇒ ∀x ∈ I, e λ f 0 (x) + e λ f (x) = 0
λx
 λ−1 0
⇒ ∀x ∈ I, |x| λ f (x) = 0
λ−1
⇒ ∃K ∈ R/ ∀x ∈ I, |x| λ f (x) = K
1−λ
⇒ ∃K ∈ R/ ∀x ∈ I, f (x) = K|x| λ .
1−λ 1−λ 1−λ
• 1er cas. Si λ ∈] − ∞, 0[∪]1, +∞[ alors < 0 et donc lim |x| λ = +∞. La fonction x 7→ K|x| λ ne
λ x→0
peut donc être la restriction à I d’une fonction continue sur R que dans le cas K = 0. Ceci fournit f/]−∞,0[ = 0,
f/]0,+∞[ = 0 et f (0) = 0 par continuité en 0. Dons f est nécessairement nulle et λ n’est pas valeur propre de ϕ
dans ce cas.

11
• 2ème cas. Si λ = 1, les restrictions de f à ] − ∞, 0[ ou ]0, +∞[ sont constantes et donc, par continuité de f en
0, f est constante sur R. Réciproquement, les fonctions constantes f vérifient bien ϕ(f ) = f . Ainsi, 1 est valeur
propre de f et le sous-espace propre associé est constitué des fonctions constantes.

 K1 x λ1 −1 si x ≥ 0

2
• 3ème cas. Si λ ∈]0, 1[, nécessairement ∃(K1 , K2 ) ∈ R / ∀x ∈ R, f (x) = . f ainsi
 K (−x) λ1 −1 si x < 0

2
définie est bien continue sur R. Calculons alors ϕ(f ).
(ϕ(f ))(0) = f (0) = 0 puis si x > 0,
Z x
1 1−λ λK1 1 1
(ϕ(f ))(x) = K1 t λ dt = x λ = λK1 x λ −1 = λf (x)
x 0 x
et de même si x < 0.
Enfin, (ϕ(f ))(0) = 0 = λf (0). Finalement ϕ(f ) = λf . λ est donc valeur propre de ϕ (K1 = K2 = 1 fournit une
fonction non nulle) etle sous-espace propre associé 
à λ est de dimension 2. Une base de ce sous-espace est (f1 , f2 )
1
 x λ −1 si x ≥ 0
  0 si x ≥ 0

où ∀x ∈ R, f1 (x) = et f2 (x) = .
 0 si x < 0
  (−x) λ1 −1 si x < 0

Finalement
Sp(ϕ) =]0, 1].

– Exercice 17 – ??? Petites Mines PC 2015, Arnaud


Z 1 Thèves
Considérons E = C([0, 1], R) et ϕ définie sur E par : ϕ(f )(x) = min(x, t)f (t) dt.
0
1. Vérifier que ϕ est un endomorphisme de E.
2. Démontrer que si f est un vecteur propre de ϕ, alors f est de classe C 2 sur [0, 1].
3. Déterminer les éléments propres de ϕ.

Correction : Z 1
Considérons E = C([0, 1], R) et ϕ définie sur E par : ϕ(f )(x) = min(x, t)f (t) dt.
0
Z x Z 1
1. Posons gϕ(f ) et considérons la primitive F de f s’annulant en 0. On a alors g(x) = tf (t) dt + x f (t) dt =
Z x 0 x

tf (t) dt + x(F (1) − F (x)).


0
Grâce au théorème fondamental du calcul intégral, les applications t 7→ tf (t) et f étant continues sur [0, 1], on en déduit
que g est de classe C 1 sur [0, 1], en particulier g = ϕ(f ) est continue sur [0, 1].
Ainsi ϕ est bien à valeurs dans E. Il est de plus clair que ϕ est linéaire, par linéarité de l’intégration.
Finalement
ϕ est bien un endomorphisme de E.
Z 1
1 0
Si f est dans E alors g = ϕ(f ) est de classe C . On calcule sa dérivée : ∀x ∈ [0, 1], g (x) = xf (x)+ f (t) dt−xf (x) =
Z 1 x

f (t) dt = F (1) − F (x). Ainsi, à nouveau grâce au théorème fondamental du calcul intégral, l’application ϕ(f )0 est
x
également de classe C 1 sur [0, 1]. En outre ϕ(f )00 = −f , ce qui prouve que
ϕ(f ) est de classe C 2 sur [0, 1].

2. Supposons que f est un vecteur propre de ϕ pour la valeur propre λ. Alors ϕ(f ) = λf . D’après ci-dessus, on en déduit que
f est de classe C 2 .

12
3. Supposons à nouveau que f est un vecteur propre de ϕ pour la valeur propre λ. En dérivant deux fois la relation
ϕ(f ) = λf , il vient : −f = λf 00 .
• Si λ = 0, alors f = 0 : absurde. Par conséquent 0 n’est pas valeur propre .
1 1
• Sinon f est de classe C 2 et vérifie : λf 00 + f = 0 . Remarquons que f = ϕ(f ) donc f (0) = ϕ(f )(0) = 0, par
λ λ
conséquent :
x
f (x) = A sin √ si λ > 0,
λ
x
f (x) = Ash √ si λ < 0.
λ
Z 1
0 0
Cependant, l’expression de la première dérivée montre que ϕ(f ) (1) = g (1) = f (t)dt = 0, donc aussi f 0 (1) =
1
1
ϕ(f )0 (1) = 0. Deux cas sont à traiter :
λ
x A 1
? Si λ > 0, alors une solution est de la forme fA : x 7−→ A sin √ . On a fA0 (1) = √ cos √ .
λ λ λ
1 π
Puisque A 6= 0, on doit donc avoir √ ∈ πZ + , soit
λ 2
1
λ = , avec k ∈ Z∗ (en fait N∗ suffit).
1 2

k+ 2 π2

x 0 1 x
? Si λ < 0, et si gA (x) = Ash √ , alors gA (x) = √ ch √ et ne peut donc s’annuler nulle part, en particulier
−λ −λ −λ
pas en 1. Ceci est absurde, il s’ensuit que λ est forcément strictement positif.
Ainsi le spectre de u est
( )
1 ∗
Sp(ϕ) = λk = ,k∈N .
1 2

k+ 2 π2

et l’espace propre associé à λk est


    
1
Eλk (ϕ) = x 7−→ A sin k+ πx / A ∈ C .
2

– Exercice 18 – ? Petites Mines PC 2015, Salma El Hassani


Soit n un entier naturel supérieur ou égal à 2. Soit M = (mi,j )16i,j6n une matrice de Mn (C) vérifiant :
n
X
∀i ∈ [[1, n]], |mi,j | < |mi,i |.
j=1
j6=i

On dit que M est à diagonale strictement dominante.


 

x1
 
 
1. Montrer qu’il existe i0 ∈ [[1, n]] tel que |xi0 | = kXk∞ pour X = .
 
 .
.
.
 
 
 
xn

2. Soit X ∈ Ker M . On reprend les notations de la question précédente. Démontrer que


 
n
X
|mi0 ,i0 xi0 | 6  |mi0 ,j | |xi0 |.
 
j=1
j6=i0

3. Montrer que M est inversible.

13
4. Pour i ∈ [[1, n]], on définit :  

 n
X 

Gi (M ) = z ∈ C, |z − mi,i | 6 |mi,j | .

 j=1


j6=i

n
[
Montrer que SpC (M ) ⊂ Gi (M ).
i=1
5. Une cinquième question semi-oubliée, où il s’agissait de déterminer les valeurs propres d’une matrice donnée, sachant
que ce sont des entiers.

Correction :
Soit n un entier naturel supérieur ou égal à 2. Soit M = (mi,j )16i,j6n une matrice de Mn (C) vérifiant :
n
X
∀i ∈ [[1, n]], |mi,j | < |mi,i |.
j=1
j6=i

On dit que M est à diagonale strictement dominante.


Un très grand classique le thème des matrices à diagonale strictement dominante ! ! !
 

x1
 
 
1. Soit X = . Par définition, kXk∞ = max |xi |. Comme il y a un nombre fini de composantes, il est clair que ce
 
 .
.
. 16i6n
 
 
 
xn
maximum existe et est égal au module d’au moins une des composantes :
∃i0 ∈ [[1, n]], |xi0 | = max |xi | = kXk∞ .
16i6n

 

x1
 
 
2. Soit X = ∈ Ker M . La relation vectorielle M X = 0 se traduit sur les composantes :
 
 . 
.
.
 
 
 
xn

n
X
∀i ∈ [[1, n]], mi,j xj = 0.
j=1

En particulier, la ligne i0 donne :


n
X
mi0 ,i0 xi0 = − mi0 ,j xj
j=1
j6=i0

puis en passant au module et en utilisant l’inégalité triangulaire :


n
X
|mi0 ,i0 xi0 | 6 |mi0 ,j ||xj |.
j=1
j6=i0

Enfin, pour tout j ∈ [[1, n]], |xj | 6 |xi0 | donc


 
n
X
|mi0 ,i0 xi0 | 6  |mi0 ,j | |xi0 |.
 
j=1
j6=i0

3. D’après ce qui précède, et en conservant les mêmes notations, si X ∈ Ker M , alors


 
n
X
|mi0 ,i0 xi0 | 6  |mi0 ,j | |xi0 |.

j=1
j6=i0

14
Supposons X 6= 0. Alors au moins l’un des composantes de X est non nulle, et a fortiori xi0 6= 0. On peut donc simplifier
l’inégalité précédente par |xi0 | :  
n
X
|mi0 ,i0 | 6  |mi0 ,j | .
 
j=1
j6=i0

On aboutit donc à une contradiction puisque M était supposée à diagonale strictement dominante.
On en déduit que tout vecteur de Ker M est nul. Ainsi Ker M = {0}. L’endomorphisme de Cn canoniquement associé
à M est donc injectif, et comme Cn est de dimension finie, ce même endomorphisme est bijectif. On peut donc conclure :
M est inversible.

4. Pour i ∈ [[1, n]], on définit :  



 n
X


Gi (M ) = z ∈ C, |z − mi,i | 6 |mi,j | .

 j=1


j6=i

Soit λ ∈ C une valeur propre de M et X un vecteur propre associé. On a M X = λX, ce qui se traduit sur les
composantes par :
n
X
∀i ∈ [[1, n]], mi,j xj = λxi .
j=1

Comme tout à l’heure, on peut noter |xi0 | = max |xi | et on peut écrire la relation précédente en particulier pour la
16i6n
ligne i = i0 , en isolant le terme correspondant à j = i0 :
n
X
(λ − mi0 ,i0 )xi0 = − mi0 ,j xj .
j=1
j6=i0

On passe au module et on utilise l’inégalité triangulaire :


 
n
X n
X
|λ − mi0 ,i0 | |xi0 | 6 |mi0 ,j ||xj | 6  |mi0 ,j | |xi0 |.
 
j=1 j=1
j6=i0 j6=i0

X étant un vecteur propre, il est non nul, on a donc encore xi0 6= 0 et après simplification, il vient :
n
X
|λ − mi0 ,i0 | 6 |mi0 ,j |
j=1
j6=i0

autrement dit λ ∈ Gi0 (M ).


En conclusion, pour chaque valeur propre λ de M , il existe un indice i0 ∈ [[1, n]] tel que λ ∈ Gi0 (M ), ce qui signifie
précisément que :
n
[
SpC (M ) ⊂ Gi (M ).
i=1

5. Une cinquième question semi-oubliée, où il s’agissait de déterminer les valeurs propres d’une matrice donnée, sachant
que ce sont des entiers.

– Exercice 19 – ???? Disques de Gershgörin et ovales de Cassini, ENS PC 2003


n
X
Soit A = (aij )ij ∈ Mn (C). Notons ri (A) = |aij |.
j=1
j6=i
1. On note Di le disque (boule fermée) de centre aii et de rayon ri (A) (disque de Gershgörin).
n
S
Montrer que Sp(A) ⊂ Di .
i=1

15
2. Pour tout i 6= j, on note

Bij (A) = z ∈ C | |z − aii | · |z − ajj | 6 ri (A) rj (A)

(ce que l’on appelle un ovale de Cassini). Posons


[
B(A) = Bij (A).
16i<j6n

Montrer que Sp(A) ⊂ B(A).

Correction :
1. On prend un vecteur propre X = t(X1 , . . . , Xn ) et un indice d’Hadamard i ∈ [[1, n]] tel que |Xi | > |Xj | pour tout j
(notamment, il est non nul puisque X 6= 0. On regarde alors la i-ième ligne du système AX = λX, ce qui donne
X
(λ − ai,i ) Xi = ai,j Xj
j6=i

et donc, par inégalité triangulaire et majoration des Xj :


X
|λ − ai,i | 6 |ai,j | 6 ri (A)
j6=i

et donc λ ∈ Di .
2. On fait la même chose en choisissant les deux indices i et j tels que |Xi | > |Xj | > |Xk | pour tout k ∈ [[1, n]]. Deux
cas sont à considérer :
— Si Xj = 0, alors X n’a qu’une coordonnée non nulle, et on obtient λ = aii , ce qui montre que λ ∈ Bij .
— Si Xj 6= 0, alors les lignes i et j du système AX = λX s’écrivent, après réorganisation et inégalités triangulaires :
X
|λ − aii | · |Xi | 6 |aik | · |Xk | (∗)
k6=i
X
|λ − ajj | · |Xj | 6 |aj` | · |X` | . (∗∗)
`6=j

Dans la première équation, tous les |Xk | sont majorés par |Xj | (puisque le plus gros, |Xi |, est fort opportunément
absent) ; dans la seconde, on ne peut en revanche majorer les |X` | que par |Xi |. Les deux inégalités s’écrivent
donc
|λ − aii | · |Xi | 6 Ri |Xj | et |λ − ajj | · |Xj | 6 Rj |Xi | .

Le produit de ces deux équations et la simplification par |Xi Xj | montre que λ ∈ Bij .

– Exercice 20 – ?? Mines-Ponts PC 2017, Erwan Ferrary


Déterminer le sous-espace vectoriel des matrices M de Mn (R) telles que

∀P ∈ GLn (R), P M = M P.

Correction :
Nous allons déjà démontrer que GLn (R) est dense dans Mn (R), en démontrant que toute matrice de Mn (R) est limite
d’une suite de matrices inversibles.
Soit A ∈ Mn (R).
La fonction ΠA : x 7→ det(A − xId) est polynomiale en x, de degré n, donc admet au plus n racines distinctes. Notons
(λ1 , . . . , λp ) les racines distinctes de ce polynôme (ce sont les valeurs propres de A, dans C).
1
On choisit k0 ∈ N∗ tel que < min(|λ1 |, . . . , |λp |). On a alors
k0
1
∀k > k0 , < min(|λ1 |, . . . , |λp |)
k

16
donc
1
∀k > k0 , ∈
/ {λ1 , . . . , λp }
k
et par conséquent  
1
∀k > k0 , det A − In 6= 0.
k
 
1
La suite de matrices A − In est donc formée uniquement de matrices réelles inversibles, et converge naturellement
k k>k0
vers A.
On a ainsi démontré que
toute matrice de Mn (R) est limite d’une suite de matrices de GLn (R).

Maintenant, une matrice M de Mn (R) commutant à toutes les matrices inversibles


 va nécessairement
 commuter à
1
toutes les matrices de Mn (R). En effet, on reprend A ∈ Mn (R) et (Ak )k>k0 = A − In la suite de matrices
k k>k0
inversibles convergeant vers A.
Si M ∈ Mn (R) commute à toute matrice de GLn (R), alors

∀k > k0 , M Ak = Ak M.

Ensuite, par continuité des applications N 7→ M N et N 7→ N M (ce sont des applications linéaires sur un espace vectoriel
de dimension finie), en passant à la limite quand k tend vers +∞, il vient

M A = AM

et donc M commute avec A, et ce quelle que soit la matrice A de Mn (R).

On conclut en rappelant qu’une matrice qui commute à toute matrice de Mn (R) ne peut être qu’une homothétie.
Finalement,
{M ∈ Mn (R), ∀P ∈ GLn (R)M P = P M } = {M ∈ Mn (R), ∀A ∈ Mn (R)M A = AM } = {λIn , λ ∈ R}.

17

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