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Université Paris Cité Algèbre 2

L3 mathématiques Année 2023-2024

Feuille de Travaux Dirigés no 3


Réduction des endomorphismes

Polynômes d’endomorphismes
Exercice 1
Soit E un R-espace vectoriel dont une base est {e1 , e2 , e3 }.
(1) Soit f ∈ L(E) défini par f (e1 ) = 2e1 , f (e2 ) = e1 + 2e2 , f (e3 ) = 3e3 . Montrer que son polynôme
minimal est µf = (X − 2)2 (X − 3).
(2) Soit f ∈ L(E) défini par f (e1 ) = 2e1 , f (e2 ) = 2e2 , f (e3 ) = e1 + 3e3 . Montrer que son polynôme
minimal est µf = (X − 2)(X − 3).

Exercice 2
Soit E = √ C vu comme un R-espace vectoriel. Soit f : C → C l’endomorphisme défini par c 7→
c · (− 12 + i 2 3 ).
(1) Montrer que son polynôme minimal µf divise X 3 − 1.
(2) En déduire que µf = X 2 + X + 1.

Exercice 3
Soit α ∈ C un nombre algébrique sur Q dont le polynôme minimal unitaire est Pα (X) ∈ Q[X]. Soit
E = Q(α) vu comme un Q-espace vectoriel. Soit f ∈ L(E) l’endomorphisme Q(α) → Q(α) défini
par c 7→ c · α. Montrer que son polynôme minimal unitaire est µf = Pα (X).

Exercice 4
Soit E un K-espace vectoriel de dimension 2, dont {e1 , e2 } est une base. Soient a, b deux éléments
de K et P (X) = (X − a)(X − b).
(1) Supposons que a ̸= b. Définir un endomorphisme f ∈ L(E) (en donnant les images de e1 et e2 )
dont le polynôme minimal est µf = P (X).
(2) Supposons que a = b. Définir un endomorphisme f ∈ L(E) (en donnant les images de e1 et e2 )
dont le polynôme minimal µf = X − a.
(3) Supposons que a = b. Définir un endomorphisme f ∈ L(E) (en donnant les images de e1 et e2 )
dont le polynôme minimal µf = P (X).

Exercice 5
Soit f ∈ L(E) admettant un polynôme minimal µf = (X − a)(X − b)
m
−bm m
−abm
(1) Si a ̸= b, montrer que f m = a a−b f + ba b−a idE .
(2) Si a = b, montrer que f m = mam−1 f + (1 − m)am idE .

Exercice 6
Soit E un espace vectoriel de dimension 3 sur K. Existe-il un endomorphisme f ∈ L(E) dont le
polynôme minimal unitaire est X 10 + X 3 + 1 ?

Exercice 7
Soit f ∈ L(E) et soit µf le polynôme minimal de f .
(1) Montrer que f est inversible si et seulement si µf (0) ̸= 0. Si c’est le cas, montrer que f −1 ∈ K[f ].
(2) Soit P ∈ K[X], supposons que P (f ) est inversible, montrer que P (f )−1 ∈ K[f ], en déduire que
P est premier avec µf .
(3) Réciproquement, soit P ∈ K[X] premier avec µf montrer que P (f ) est un endomorphisme
inversible.
(4) En déduire que K[f ] est un corps si et seulement si µf est irréductible sur K.
Exercice 8
Soient E un K-espace vectoriel de dimension finie et f ∈ L(E) un endomorphisme.
(1) Donner la définition de « f est nilpotent ».
(2) Supposons que pour tout x ∈ E il existe n ∈ N tel que f n (x) = 0. Montrer que f est nilpotent.
(3) Si on ne suppose pas que la dimension de E est finie, l’énoncé précédent n’est plus vrai : pour
car(K) = 0 soient E = K[X] et D : P (X) 7→ P ′ (X), vérifier que D satisfait l’hypothèse de
l’énoncé précédent et montrer que D n’est pas nilpotent. Pour car(K) = p ≥ 0, on définit une
application linéaire D0 : K[X] → K[X] par D0 (1) = 0 et D0 (X n ) = X n−1 , ∀n ∈ N∗ . Vérifier
que D0 satisfait l’hypothèse de l’énoncé précédent et montrer que D0 n’est pas nilpotent.

Exercice 9
Soit K un corps de caractéristique différente de 2 et de 3. Soit En = {P ∈ K[X]; deg(P ) ≤ n} et
proenons f ∈ L(E) l’endomorphisme défini par

f (P ) = P (X + 1) − P (X).

(1) Montrer que f est nilpotent.


 
0 1
 0 1 
(2) Pour n = 3, donner une base explicite de E3 sous laquelle la matrice de f est  .
 0 1
0

Exercice 10
Soient E un espace vectoriel de dimension finie et f ∈ L(E). Pour P ∈ K[X], on pose g = P (f ).
(1) Montrer que la suite de sous-espaces vectoriels (ker(g k ))k∈N est strictement croissante puis
stationnaire.
(2) Supposons que P est irréductible. Pour x ∈ ker(P k (f ))\ker(P k−1 (f )), montrer que le polynôme
minimal local en x de f est µf,x = P k .

Exercice 11
Soient E un espace vectoriel de dimension finie et f ∈ L(E). Montrer que ker(f ) ⊂ E admet un
supplémentaire stable par f si et seulement si ker(f ) = ker(f 2 ). Si c’est le cas, montrer que ce
supplémentaire est im(f ).

Exercice 12
Soit E un K-espace vectoriel de dimension finie n et soit f un endomorphisme de E nilpotent.
Notons r son ordre de nilpotence. Montrer que f est cyclique si et seulement si n = r.

Réduction d’endomorphismes
Exercice 13
Soit la matrice  
−2 1 −3
A= 6 −1 6
6 −2 7
(1) (a) Calculer le polynôme caractéristique de A. Donner les valeurs propres de A et leur multi-
plicité.
(b) Déterminer une matrice inversible P et une matrice diagonale D telles que P −1 AP = D.
(2) Calculer Dn , pour tout n ∈ N puis An , pour tout n ∈ N.

 an+1 = −2an + bn − 3cn
(3) Expliciter les suites réelles (an )n∈N , (bn )n∈N et (cn )n∈N telles que : bn+1 = 6an − bn + 6cn .
cn+1 = 6an − 2bn + 7cn

Exercice 14
On fixe K un corps fini de cardinal q, E un K-espace vectoriel de dimension finie et f un endo-
morphisme de E. Montrer que f est diagonalisable sur K si et seulement si X q − X annule f .

Exercice 15
Soit E = R4 . Soit f l’endomorphisme de E dont la matrice dans la base canonique est
 
1 −1 2 1
0 4 1 2
 .
0 1 2 1
0 −2 −1 0

(1) (a) Calculer le polynôme caractéristique de f . Est-ce que f est trigonalisable sur R ?
(b) Déterminer les sous-espaces propres E1 et E2 . Est-ce que f est diagonalisable sur R ? Sur C ?
(2) Déterminer les sous-espaces caractéristiques F1 et F2 . Donner l’ordre de nilpotence r1 de (f −
id)|F1 et l’ordre de nilpotence r2 de (f − 2id)|F2 .
(3) Soit x ∈ F2 ⊂ R4 tel que x ∈ / ker(f −2id)r2 −1 . Montrer que (ε1 , ε2 , . . . , εr2 ) = ((f −2id)r2 −1 (x), (f −
r2 −2
2id) (x), . . . , x) forme une base de F2 .
(4) Compléter cette famille libre en une base (ε1 , ε2 , ε3 , ε4 ) de R4 . Donner la matrice de f dans
cette base.

Exercice 16
Soit E un C-espace vectoriel de dimension finie, u et v deux endomorphismes de E.
(1) On suppose qu’il existe f ̸= 0 ∈ L (E) tel que u ◦ f = f ◦ v. Montrer que pour tout polynôme P
on a P (u) ◦ f = f ◦ P (v). Soit µu et µv les polynômes minimaux de u et v. Montrer par l’absurde
qu’ils ne sont pas premiers entre eux. En déduire que u et v ont une valeur propre commune.
(2) Réciproquement, supposons que u et v ont une valeur propre commune. En se ramenant au cas
où cette valeur propre est nulle, montrer qu’il existe f non nulle telle que u ◦ f = f ◦ v.

Exercice 17
Soit E un K-espace vectoriel de dimension finie d > 0 et u ∈ L (E). On s’intéresse ici à la suite de
noyaux (Ker un )n∈N et à la suite (dn )n∈N de leurs dimensions : dn = dim un .
(1) Montrer que la suite (Ker un ) est croissante pour l’inclusion.
(2) Montrer que Ker un = Ker un+1 =⇒ Ker un+1 = Ker un+2 .
(3) En déduire qu’il existe un entier nu tel que :

{0} = Ker u0 ⊊ Ker u1 ⊊ · · · ⊊ Ker unu = Ker unu +1 = Ker unu +2 = · · ·


E = Im u0 ⊋ Im u1 ⊋ · · · ⊋ Im unu = Im unu +1 = Im unu +2 = · · ·

(4) Montrer que E = Ker unu ⊕ Im unu .


(5) Soit n ∈ N∗ et V un supplémentaire de Ker un dans Ker un+1 : Ker un+1 = Ker un ⊕ V .
Montrer que l’on a : Ker un−1 ⊕ u(V ) ⊆ Ker un et dim u(V ) = dim V [Indication. Pour cette
dernière égalité, on pourra considérer une base (v1 , . . . , vk ) de V et montrer que la famille
(u(v1 ), . . . u(vk )) est libre.]
(6) En déduire que la suite des accroissements de dimension ∆n = dn+1 − dn est décroissante.
(7) On suppose que u est nilpotent. Montrer qu’il existe une base (e1 , . . . , ed ) de E telle que u(e1 ) = 0
et u(ei ) = δi ei−1 pour 1 ≤ i ≤ d, où δi ∈ {0, 1}. Décrire la matrice de u dans cette base.
Exercice 18
Soient E un espace vectoriel de dimension n sur K et f ∈ L (E). Notons C(f ) ⊂ L (E) le sous-
ensemble des endomorphismes g tel que g ◦ f = f ◦ g.
(1) Montrer que C(f ) est une sous-algèbre de L (E).
(2) Soit h ∈ L (E) un endomorphisme inversible. Montrer que h ◦ C(f ) ◦ h−1 = C(h ◦ f ◦ h−1 )
(3) Soit h ∈ C(f ), montrer que les sous-espaces Ker(f ) et Im(f ) sont stables par h. En déduire que
h stabilise les espaces propres de f .
(4) Montrer que K[f ] ⊆ C(f ).
(5) Donner un f tel que K[f ] ̸= C(f ).
(6) Soit f un endomorphisme diagonal dans une base B de E dont les valeurs propres sont toutes
distinctes. Montrer que C(f ) = {endomorphismes diagonaux dans la base B}.
(7) Soit f un endomorphisme diagonalisable dont les valeurs propres sont toutes distinctes. Montrer
que K[f ] = C(f ).
(8) Soit {e1 , . . . , en } une base de E. Soit Jn ∈ L (E) tel que Jn (e1 ) = 0 et Jn (ek ) = ek−1 pour tout
k ∈ {2, . . . , n}. Montrer que K[Jn ] = C(Jn ).
(9) En déduire que les endomorphismes qui commutent avec tout f ∈ L (E) sont les homothéties.
Autrement dit, \
C(f ) = K.
f ∈L (E)

(10) Soient n = 2 et J2 comme ci-dessus. Construire h ∈ L (E) tel que h ∈


/ C(J2 ) mais h stabilise
les espaces propres de J2 .

Annales

Exercice 19
Soient K un corps, et soit t ∈ K, t ̸= 1. Soient E un K-espace vectoriel de dimension 3, et u un
endomorphisme de E dont la matrice dans une base B de E est :
 
1 1 1
A = 0 t 0
0 0 1

Donner le polynôme caractéristique de u, son polynôme minimal, ainsi que les valeurs propres de u.

Exercice 20
Soit a ∈ R et  
0 1
A=
−a 1+a
(1) Montrer que l’ensemble des valeurs propres de A est {1,a} et déterminer le polynôme minimal
de A selon les valeurs de a.
(2) Soit u l’endomorphisme de R2 ayant A pour matrice dans la base canonique. Montrer que

Im(u − idR2 ) = Ker(u − a idR2 ).

(3) En déduire que pour a ̸= 1 : R2 = Ker(u − idR2 ) ⊕ Im(u − idR2 ).


(4) La dernière égalité est-elle encore vraie pour a = 1 ?
Exercice 21
Soient K un corps et E un K-espace vectoriel de dimension finie n.
Pour tout h ∈ L (E), on note Gh : L (E) → L (E) l’application de composition à gauche par h et
Dh : L (E) → L (E) l’application de composition à droite par h :

Gh : L (E) → L (E) Dh : L (E) → L (E)


f 7→ h ◦ f f 7→ f ◦ h

On admettra que Gh et Dh sont des endomorphismes de L (E).


(1) Soit u ∈ L (E).
(a) Montrer que pour tout polynôme P ∈ K[X], P (Gu ) = GP (u) et P (Du ) = DP (u) .
(b) En déduire que Gu et Du sont diagonalisables si et seulement si u l’est.
(c) On suppose que u est diagonalisable. Montrer que l’endomorphisme

Φu : L (E) → L (E)
f 7→ u◦f −f ◦u

est diagonalisable.
(2) Soit (e1 , . . . , en ) une base de E.
(a) Montrer que la famille ((fij ))1⩽i,j⩽n d’endomorphismes de E définie ci-dessous forme une
base de L (E).
Pour tous i, j ∈ {1, . . . , n}, fij ∈ L (E) est défini par : pour tout k ∈ {1, . . . , n},

fij (ek ) = δi,k ej ,


(
0 si i ̸= k
où δi,k =
1 si i = k.
(b) Montrer que si (e1 , . . . , en ) une base de diagonalisation de u, alors la famille ((fij ))1⩽i,j⩽n
d’endomorphismes de L (E) forme une base de diagonalisation de Φu .

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