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Droit du travail et l’Intelligence Artificielle

Droit du travail et l’Intelligence Artificielle

SOMMAIRE

Introduction générale

I. L’INTERCONNEXION ENTRE L’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE ET


LE DROIT DU TRAVAIL : deux concepts relativement étroits

Section 1. La prolifération de l’intelligence artificielle en entreprise : un danger pour


les salariés ?

Section 2. La gouvernance des données personnelles des salariés collectées par l’in-
telligence artificielle

II. LES PERSPECTIVES D’AVENIR DE L’UTILISATION DE L’INTELLI-


GENCE ARTIFICIELLE DANS LE MONDE DU TRAVAIL :

Section 1. Nouveaux horizons professionnels : L'emploi et les smart contrats à l'ère


de l'intelligence artificielle

Section 2. Confluence juridique : La responsabilité civile des robots dans le contexte


du droit du travail

Conclusion générale

Bibliographie
INTRODUCTION GÉNÉ-

RALE

1
« Créer une intelligence artificielle serait le plus grand événement de l'histoire humaine. Malheu-
reusement, ce pourrait être le dernier, à moins que nous découvrions comment éviter les risques »1.

L’« Intelligence Artificielle » ou « Artificial Intelligence » est désormais un sujet presque


omniprésent aujourd’hui, que ce soit au niveau personnel ou professionnel, et elle est utilisée dans
tous les domaines. L’IA est sommairement définie comme étant un domaine abstrus en quelque sorte,
qui chaque jour évolue un peu plus d’une façon « terrible » en s’appropriant des capacités cognitives
reconnues qu’aux humains seulement, en les développant et parfois même en les surpassant. Scienti-
fiquement, l'intelligence artificielle est un ensemble de théories et de techniques visant à réaliser des
machines capables de simuler l'intelligence humaine. Souvent classée dans le groupe des mathéma-
tiques et des sciences cognitives, elle fait appel à la neurobiologie computationnelle et à la logique
mathématique2.

Marvin Minsky, l'un des scientifiques qui ont créé l'expression « intelligence
artificielle », en avait une définition plus longue, mais sans doute plus satisfaisante, il la dé-
finissait comme « la construction de programmes informatiques capables d'accomplir des
tâches qui sont, pour l'instant, accomplies de façon plus satisfaisantes par des êtres humains.
». Le terme d'intelligence artificielle fut d'ailleurs inventé, par Marvin Minsky et son collègue
du MIT John McCarthy, dans une démarche clairement pluridisciplinaire. Il apparaît pour la
première fois à l'occasion d'un colloque scientifique organisé à l'été 1956, sur le campus de
l'université de Dartmouth, dans le New Hampshire (États-Unis). Confidentielle, la confé-
rence réunissait une petite vingtaine de chercheurs pionniers de disciplines alors balbutiantes
comme l'informatique, les sciences cognitives ou l'électronique. Plus que de construire une
machine capable d'égaler le cerveau humain, l'idée était de voir comment des tâches diffé-
rentes pourraient être accomplies par des programmes informatiques3.

Le développement grandissant de l’IA et ses capacités touchant des différents domaines, amène
à s’interroger sur la place de l’homme confronté à l’intégration de cette technologie qui inquiète,
surtout les salariés quelques soient leurs professions, un salarié est considéré, par l’article 6 du code

1
HAWKING Stephen, The Independent, 01/05/2014
2
https://www.google.com/search?q=d%C3%A9finition+de+l%27intelligence+artificielle&oq=d%C3%A9finition+de+l%27intel-
lige&aqs=chrome.0.0i512l4j69i57j0i512l5.7515j0j15&sourceid=chrome&ie=UTF-8. Consulté le 12/12/2023 à 18:13
3
BENOÎT Georges, intelligence artificielle : de quoi parle-t-on?, Dans Constructif, Éd. Fédération Française du Bâtiment, 2019/3 (N°
54), P. 7

2
de travail marocain4, comme toute personne qui s'est engagée à exercer son activité professionnelle
sous la direction d'un ou plusieurs employeurs moyennant rémunération, quels que soient sa nature
et son mode de paiement. Vu que l’activité professionnelles en question impose une certaine appré-
ciation et le sens de l’humanité, il convient de se demander si la machine peut-elle assurer ces prin-
cipes ? Or, les limites de l’IA se manifestent dans le fait que le raisonnement juridique reste propre à
l’humain, ainsi que l’adaptation, la rigueur, la discipline, l’interprétation, l’émotionnel et l'apprécia-
tion, etc., sont autant d’attributs que la machine ne possède pas et c’est à ce niveau-là que le paradoxe
majeur fait son apparition.

L'introduction croissante de l'intelligence artificielle (IA) dans le monde professionnel suscite


des préoccupations légitimes quant à son impact sur le droit du travail. L’intelligence artificielle (IA)
est plus susceptible de créer de nouveaux emplois que d’en détruire, estime une étude publiée par
l’Organisation internationale du travail des Nations unies (OIT). Le rapport souligne aussi que les
effets de l’IA varient selon les pays, les professions et le genre, les femmes dans les pays à hauts
revenus étant les plus susceptibles de voir leur travail affecté5.

D'ailleurs, les révolutions de l'intelligence artificielle n'en sont peut-être qu'à leurs prémices.
Nul ne saurait dire quelles en seront les conséquences dans 20, 50 ou 100 ans. C'est ce qui rend le
sujet passionnant, restant encore largement à explorer, à défricher, à préciser. Et c'est en même temps
ce qui suscite une part de fantasmes et de craintes. Les futurologues, mais aussi les spécialistes des
nouvelles technologies, l'affirment : l'intelligence artificielle va modifier, souvent radicalement,
beaucoup de pratiques. Leurs divergences sont en revanche grandes quant au tour que prendront ces
pratiques chamboulées. Or les chercheurs seront les premiers concernés : leurs objets d'étude vont
largement évoluer ; et leurs moyens de les étudier vont fortement se renouveler. Dans toutes ses
dimensions, l'intelligence artificielle est un sujet d'actualité et d'avenir pour les scientifiques de toutes
les disciplines6.

Compte tenu des observations précédentes, afin de fournir une nouvelle perspective à la re-
cherche existante, ce sujet vise à évaluer les risques et les implications de l’Intelligence Artificielle
sur le droit du travail, notamment les droits fondamentaux des travailleurs. En lien avec la probléma-
tique présentée ci-dessus, ce sujet tente donc de répondre à la question de recherche suivante :

4
Dahir n° 1-03-194 du 14 rejeb (11 septembre 2003) portant promulgation de la loi n° 65-99 relative au Code du Travail.
5
https://fr.le360.ma/monde/dapres-loit-lintelligence-artificielle-pourrait-creer-plus-demplois-quen-de-
truire_D73XO7D6BJBRZCSKA3DOKD5CTQ/. Consulté le 12/12/2023 à 18:27
6
BARRAUD Boris, l’intelligence de l’intelligence artificielle, Ed. L’harmattan, 2019, P.3
3
Comment l'intelligence artificielle redéfinit-elle les normes de la protection des
droits des travailleurs dans un monde de plus en plus automatisé ?

L’Intelligence Artificielle, étant une innovation technologique, a pour vocation l’amélioration


des nouvelles techniques permettant la contribution à une activité économique mondiale plus perfor-
mante, dynamique et durable. En outre, elle a pour but la confrontation des défis dont les Etats doivent
faire face. Il va donc sans dire que les inconvénients sont de taille et requièrent des interventions
stratégiques et urgentes pour maintenir la bonne marche de l’emploi. Et pour en faire face, il faudra
étudier, en premier lieu, l’interconnexion entre l’intelligence artificielle et le droit du travail (PAR-
TIE 1), et dans un deuxième temps, les perspectives d’avenir de l’utilisation de cette technologie
dans le monde du travail (PARTIE 2).

4
I. L’INTERET ET L’IMPACT DE
L’UTILISATION DE L’IA SUR LE
DROIT DES SALARIÉS :

5
epuis ces dernières années, l’IA ne cesse de se développer et de toucher de plus en plus

D de nouveaux domaines (la médecine, l’architecture, la comptabilité, la géologie, la recher-


che et développement, la logistique...etc). Elle est désormais utilisée par les particuliers
et par les professionnels, elle assiste ces derniers dans leurs tâches quotidiennes et leurs carrières
professionnelles, ainsi, elle est devenue plus fréquente au niveau des entreprises, vu qu’elle permet
aux dirigeants de ces entreprises d’être plus créatifs et ambitieux, par conséquent, ils pourront l’uti-
liser aux fins d’élargir leur productivité.
Les technologies d'IA appliquées à la sélection des candidats suscitent des débats sur les préjugés
inhérents à l'IA. Initialement perçus comme des outils impartiaux pour éliminer les discriminations
lors du recrutement, les systèmes informatiques utilisent en réalité des algorithmes basés sur les don-
nées passées des employés et les règles établies par les humains, amplifiant ainsi la discrimination
plutôt que de la prévenir. De plus, lors de l'exploration des données, l'IA classe les candidats en fonc-
tion de leurs caractéristiques plutôt que de leur personnalité. Sur le plan de l'emploi, l'intelligence
artificielle redéfinit la nature du travail, créant, supprimant et transformant des emplois. Face à cette
révolution numérique mondiale, les entreprises cherchent à s'adapter en harmonie avec les nouveaux
emplois et les technologies émergentes, notamment l'intelligence artificielle.7 L’utilisation de l’intel-
ligence artificielle dans le monde du travail n’est pas sans conséquences. Dans cette perspective, il
convient dans une première section de traiter la prolifération de l'IA en entreprise (Section 1). Dans
un deuxième volet, l'attention se portera sur la gouvernance des données personnelles des salariés
collectées par l'IA (Section 2).

7
BABAN Elif, Mémoire en vue de l’obtention du Master 2 de droit des Libertés à la faculté de droit,
Université de STRASBOURG, « LES IMPACTS DE L’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE SUR LES
EMPLOYÉS DANS LE MONDE DU TRAVAIL”, année 2018-2019, p.18
6
Section 1 :
La prolifération de l’IA en entreprise : un danger pour les salariés ?

L’intelligence artificielle est une machine qui se montre sensible face aux décisions d’une en-
treprise du fait de ses multiples données. Ces décisions automatisées peuvent de plus, impacter le
pouvoir de l’employeur. En effet, dans une entreprise, un employeur dispose d’un lien de subordina-
tion sur ses salariés, ce qui en fait la partie forte du contrat de travail (défini par l’article 16 du code
du travail). Seulement, quand l’intelligence artificielle intervient dans le processus de décision.

Lorsqu'une machine prend une décision, elle respecte un principe de neutralité. Permettre à une
intelligence artificielle de décider à la place de l'employeur semble, à première vue, démontrer une
objectivité parfaite que l'employeur, en tant qu'être humain susceptible de ressentir des émotions, ne
peut pas atteindre. En effet, une décision humaine est invariablement teintée de subjectivité, de pré-
jugés, de sentiments et d'émotions, ce qui la rend toujours sujette à la contestation, empreinte d'une
certaine dose de subjectivité. Un jugement humain semble toujours entaché de potentielles failles,
alors qu'une décision issue d'un robot ne l'est pas. Il devient ainsi envisageable de confier plus aisém-
ent sa confiance à l'intelligence artificielle et de laisser l'algorithme prendre des décisions judicieuses
pour contrer la subjectivité humaine. Cette automatisation est perçue comme un progrès au sein de
l'entreprise, et remettre en question cette avancée semble être une tâche ardue.8

Les évolutions technologiques ont exercé une influence significative sur le marché du travail
au cours des dernières décennies, marquées principalement par la période entre le début des années
1980 et aujourd'hui. Il est indéniable que le rythme des changements technologiques s'est considéra-
blement accéléré. Entre les années 1980 et les années 2000, l'avènement de la robotique a entraîné
une réduction de la nécessité de main-d'œuvre, tout en suscitant une demande croissante de travail-
leurs qualifiés. Cette période a directement engendré une modification de l'offre d'emplois, avec
l'émergence de postes exigeant des compétences techniques spécifiques. Depuis les années 2000, les
technologies ont principalement transformé les modes de travail, grâce au développement de l'inter-
net, des ordinateurs portables et de tous les outils qui en découlent. À cela s’ajoute, depuis quelques
années, un recours fréquent au télétravail qui a notamment été forcé par la pandémie de la Covid-19.9

8
JACOB Charline, Mémoire de recherche, Master Droit Social, Université de Lille, “LES RISQUES DE L’INTELLIGENCE ARTI-
FICIELLE ET LE DROIT DU TRAVAIL”, année 2021-2022, p.16
9
https://mesinfos.fr/ile-de-france/l-adaptation-du-droit-du-travail-face-a-l-utilisation-des-technologies-numeriques-par-le-salarie-
150915.html, consulté le: 11/12/2023
7
La véritable puissance de l'intelligence artificielle réside dans sa capacité à analyser de vastes
ensembles de données, comparant, par exemple, les profils des candidats avec ceux de centaines de
collaborateurs précédemment embauchés. Cette analyse approfondie aide les recruteurs à prendre des
décisions plus éclairées. Les algorithmes prédictifs, basés sur des projections issues de données pas-
sées, vont encore plus loin en anticipant les risques de rotation de certains employés ou en évaluant,
dans des conditions spécifiques, les chances de succès d'un candidat après une promotion interne.
Laurence Devillers, professeure en intelligence artificielle au LIMSI-CNRS, souligne également que
les IA peuvent examiner les mots prononcés par le candidat et percevoir les émotions à travers les
expressions faciales lors d'entretiens de personnalité. Elle précise que ces systèmes détectent des in-
flexions dans la voix en captant des ultrasons inaudibles pour l'oreille humaine. Ces informations
offrent ainsi au recruteur la possibilité de prendre des décisions éclairées et fondées sur des données
factuelles.10

En outre, Malakoff-Médéric (groupe d’assurance et de protection sociale français) a fait un


sondage auprès de dirigeants, de managers et de salariés afin d'évaluer leur perception des impacts
de l'intelligence artificielle (IA). Les résultats révèlent une attitude majoritairement positive chez les
dirigeants envers l'IA, mettant en avant ses avantages tels que la performance, la rapidité et la fiabilité
dans la prise de décision, organisation et façon de travailler, fonctionnement, pilotage et gouvernance
d’entreprise. Cependant, en ce qui concerne les pratiques managériales, leur perspective est plus mi-
tigée. Quant aux salariés, la moitié d'entre eux expriment des inquiétudes quant à une éventuelle
déshumanisation du travail, la perte de liens sociaux, des suppressions de postes ou de métiers, ainsi
que des préoccupations éthiques et le manque d'amélioration des pratiques managériales. Par ailleurs,
près de la moitié des salariés redoutent un accroissement du reporting et du contrôle dans leur envi-
ronnement professionnel. 11
Au cours de la dernière décennie, la généralisation de la surveillance et du suivi des employés
s'est répandue dans divers secteurs tels que la logistique et l'administration de bureau. Un nombre
considérable de sociétés juridiques et financières britanniques envisagent sérieusement d'adopter des
puces électroniques munies de la technologie RFID12 pour renforcer la sécurité au sein de leurs ef-
fectifs.

10
DUAN Paul, INTERVIEW, Revue «DROIT(S) ET LIBERTÉS NUMÉRIQUES AU TRAVAIL : RÉALITÉS ET HORIZONS
QUELLE EST LA PLACE DE L’IA AU TRAVAIL ? », CNIL, Ed. Air, année 2020, p.10
11
https://www.clesdusocial.com/l-intelligence-artificielle-quelles-consequences-sur-le-travail, Consulté le : 11/12/2023
12
C'est une étiquette ou une carte pouvant échanger des données avec un lecteur utilisant des signaux de radiofréquence (RF). Ils sont
passifs et n'ont pas de piles, mais sont alimentés par un lecteur RFID quand ils demandent des données à la puce / https://resources.in-
fosecinstitute.com/topics/general-security/human-implanted-rfid-chips/#gref
8
Cette technologie de puces a déjà été expérimentée par une entreprise suédoise, qui a implanté
des micro puces chez plusieurs clients. Ces micro puces leur permettent de voyager en train sans
billet, de contrôler l'éclairage de leur domicile et d'accéder à une salle de sport en partenariat avec
ladite entreprise. Néanmoins, le sujet de l'implantation de ces puces est source de vives discussions
depuis qu'une entreprise américaine a apposé des étiquettes d'identification RFID entre l'index et le
pouce de ses employés, L'implantation de ces puces dans la main des employés facilite leur accès aux
bureaux, leur connexion aux ordinateurs et leurs achats de nourriture et de boissons à la cafétéria de
l'entreprise. À ce stade, ces implants demeurent des expérimentations à petite échelle. Cependant,
avec l'évolution rapide de la technologie, il apparaît que les objectifs de ces micro puces pourraient
évoluer, ouvrant potentiellement la porte à des atteintes à la vie privée à long terme. 13

Au Maroc, le Code du Travail, au sein de ses articles 66 à 71, aborde de manière spécifique la
question du licenciement pour motifs technologiques. Cette réglementation établit un cadre juridique
visant à encadrer les situations où les avancées technologiques, y compris celles liées à l'intelligence
artificielle, peuvent entraîner des réorganisations au sein des entreprises.

En somme, à l'heure où les technologies de l'information et de la communication occupent une


place toujours plus conséquente au sein de la société, les entreprises sont saisies par ce mouvement,
lequel n'est pas sans donner lieu à des conflits épineux mettant en jeu la vie privée des salariés. Dans
ce contexte, la délimitation entre sphère personnelle et professionnelle se révèle délicate, posant par
là même, et avec insistance, la question du critère et de l'incidence du contenu privé ou professionnel
des correspondances du salarié14.

13
BABAN Elif, op.cit.,p.51
14
HASNAOUI Hakima, « Les correspondances du salarié », Revue de droit du travail, N°10 du 23/10/2012, P. 545
9
Section 2 :
La gouvernance des données personnelles des salariés collectées par
l’Intelligence Artificielle

L'utilisation de l'intelligence artificielle (IA) dans le respect de la protection des données revêt
une grande importance pour les entreprises. L'utilisation des technologies d'IA a le potentiel d'aug-
menter l'efficacité et la productivité des entreprises en réduisant les erreurs humaines et en automati-
sant les processus. Les entreprises doivent toutefois s'assurer que la protection des données et de la
vie privée de leurs clients et de leurs employés est préservée, à défaut, elles peuvent se voir exposer
à une panoplie de sanctions prévues par le Chapitre VII de la loi 09-08 relative à la protection des
personnes physiques à l’égard du traitement des données personnelles, et même les dispositions du
RGPD pour les sous-traitants marocains des sociétés européennes.

Le recours massif aux nouvelles technologies d’informations et de communication (TIC) dans


les relations professionnelles augmente le degré d'immixtion entre le droit des données personnelles
et le droit du travail, dans la mesure où les pratiques professionnelles s'appuient de plus en plus sur
le traitement de telles données. Ce traitement doit être envisagé par l’entreprise sans porter atteinte à
la sphère privée du salarié et bénéficie ainsi d’une protection au nom du droit au respect de la vie
privée15. De manière générale, l’alinéa 1 de l’article 24 du code du travail marocain met à la charge
de l'employeur l’obligation de prendre toutes les mesures nécessaires afin de préserver la sécurité, la
santé et la dignité des salariés dans l'accomplissement des tâches qu'ils exécutent sous sa direction et
de veiller au maintien des règles de bonne conduite, de bonnes moeurs et de bonne moralité dans son
entreprise. Même si cet article ne prévoit pas expressément la protection des données personnelles
des salariés par l’employeur, or la préservation de leur sécurité peut englober celle de leurs données
personnelles.

Au Maroc les données personnelles sont, en général, définies par la loi 09-0816 relative à la
protection des données personnelles, cependant le code du travail marocain n’encadre pas la question
du traitement des données personnelles d’un salarié lors de l’exercice de ses fonctions, surtout celles
traitées et collectées en ligne ou par le biais d’un système de l’Intelligence Artificielle, et encore

15
ATROUCH Brahim, la protection des données personnelles du salarié, Journal of Integrated Studies In Economics Law, Technical
Sciences and Communications, Vol (1). N° (1), 2021, P.1
16
La loi n° 09-08 relative à la protection des personnes physiques à l'égard des traitements des données à caractère personnel a été
publiée au Bulletin Officiel n° 5744 du 18 Juin 2009, après avoir été promulguée par le Décret n° 2-09-165, en date du 21 mai 2009

10
moins l’obligation d’informer le salarié que ses données font l’objet d’un quelconque traitement. En
effet, les données personnelles sont celles qui comprennent toutes les informations permettant d'iden-
tifier ou de reconnaître, directement ou indirectement une personne physique identifiée ou identi-
fiable17, indépendamment de son support, y compris le son et l’image (al.2-1, art.1, loi 09-08). Par
ailleurs, un salarié, personne physique, identifié ou identifiable, peut se voir soumis aux dispositions
de cet article. Donc, ces dispositions peuvent être parfaitement transposées aux salariés confrontés
aux différentes formes de traitement de leurs données personnelles par leur employeur.

Il est admis que les données sont au cœur de la chaîne de création de valeur des entreprises. Si
ces données sont bien sécurisées, elles permettent à l’entreprise de gagner en efficacité et en compé-
titivité, de conquérir de nouveaux marchés, d’améliorer les produits et services et d’encourager sa
relation avec les clients. Si l’employeur fait appel à l’intelligence artificielle pour évaluer ses salariés,
il devra les en informer préalablement. Les méthodes utilisées devront être pertinentes au regard de
la finalité poursuivie. Les garde-fous posés par la législation doivent toutefois être respectés, en par-
ticulier 18:
- Le respect de consentement exprès des personnes intéressées, à défaut, le responsable du traite-
ment (l’employeur) sera puni d’un emprisonnement de trois mois à un an et/ou d’une amende
de 50.000 à 300.000 DH (Art 57 de la loi 09-08).
- La mise en oeuvre les mesures visant à préserver la sécurité des données prévues aux articles 23
et 24, à défaut, l’employeur sera puni d’un emprisonnement de trois mois à un an et/ou d’une
amende de 20.000 à 200.000 DH (Article 58 de la loi 09-08).

Dans le même ordre d’idées, les entreprises souhaitent tout savoir sur leurs salariés pour faire
des rapprochements de données, des profils, des tris, postulant que les informations relatives à la vie
familiale, sentimentale, le mode de vie, de présentation extérieure et les goûts, la santé (y compris le
code génétique), le passé scolaire, universitaire ou pénal, les habitudes de consommation, les réac-
tions face à une situation donnée, les activités en dehors de l'entreprise, les comportements vis-à-vis
des collègues ou du supérieur hiérarchique, les opinions, convictions et appartenances diverses, la
nature des communications, etc... Sont de la plus haute utilité pour administrer le personnel19.

17
Art 1 de la loi 09-08 : « Est réputée identifiable une personne qui peut être identifiée, directement ou indirectement, notamment par
référence à un numéro d’identification ou à un ou plusieurs éléments spécifiques de son identité physique, physiologique, génétique,
psychique, économique, culturelle ou sociale ».
18
https://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/opinion-intelligence-artificielle-et-droit-du-travail-quelles-strategies-pour-une-
nouvelle-revolution-137712. Consulté le 18/12/2023 à 12:15
19
FRAYSSINET Jean, « Nouvelles technologies et protection des libertés dans l'entreprise », Revue du Droit social, 1992, P. 596
11
En somme, le droit relatif à la protection des données et le droit du travail, dans un environne-
ment doté des différentes formes de l’Intelligence Artificielle, se cherchent sans pour autant se croi-
ser. Le champ d'application de ces deux réglementations est distinct : l'une consacre les droits indivi-
duels des salariés, sans peut être tenir suffisamment compte des traitements informatisés effectués
durant la relation de travail, l'autre établit des processus de négociation pour l'introduction de nou-
velles technologies sans faire référence au respect de la vie privée et de l'identité humaine20.

20
MOLE Ariane, « Informatique et libertés du travail : les nouveaux enjeux », Revue du Droit social n° 1 du 10/01/1990, P. 59
12
II. LES PERSPECTIVES D’AVE-
NIR DE L’UTILISATION DE L’IA

DANS LE MONDE DU TRAVAIL :

13
L
'intelligence artificielle (IA) a profondément transformé le monde du travail et continue de
susciter un vif intérêt en raison de ses implications futures. Cette technologie révolution-
naire a le potentiel de rationaliser les processus, d'automatiser les tâches répétitives et de
libérer les travailleurs pour se concentrer sur des activités à plus forte valeur ajoutée. Cependant, son
adoption soulève également des questions sur l'avenir de l'emploi, les compétences requises et l'équi-
libre entre l'homme et la machine. 21
À l'heure où l'intelligence artificielle (IA) et les robots se hissent au cœur de notre univers profession-
nel, une révolution silencieuse se profile à l'horizon du travail. Le paysage professionnel est en pleine
mutation, marqué par l'émergence de nouvelles entités comme les "robot avocat" et l'intégration crois-
sante de l'IA dans des domaines aussi variés que la gestion des contrats avec les "smart contrats".
Dans ce contexte, se pose la question cruciale de l'emploi, avec une redéfinition des rôles traditionnels
et l'essor de collaborations homme-machine inédites. Cependant, cette avancée technologique sou-
lève également des interrogations sur la responsabilité contractuelle dans le cas des actions accom-
plies par des entités autonomes telles que les robots. Ainsi, cette exploration de l'avenir du travail se
dessine comme un tableau complexe, où les frontières entre l'humain et la technologie s'estompent
progressivement, appelant à une réflexion approfondie sur les implications éthiques, juridiques et
sociétales de cette transformation inéluctable.
Pour amorcer notre exploration approfondie des transformations induites par l'intelligence artificielle
dans le monde professionnel, la première section de notre analyse se concentrera sur "Nouveaux Ho-
rizons Professionnels : L'Emploi et les Smart Contrats à l'Ère de l'Intelligence Artificielle" (Section
1). Dans cette section inaugurale, nous examinerons de près les implications révolutionnaires de l'IA
sur les dynamiques de l'emploi, mettant en avant l'intégration croissante des smart contrats. La deu-
xième section, intitulée "Confluence Juridique : La Responsabilité Civile des Robots dans le Contexte
du Droit du Travail" (Section 2), nous plongera au cœur des défis juridiques engendrés par l'évolution
rapide de l'intelligence artificielle. En se penchant sur la responsabilité civile des robots dans le con-
texte spécifique du droit du travail.

21
https://www.bbvaopenmind.com/en/articles/artificial-intelligence-in-workplace-what-is-at-stake-
for-workers/, consulté le : 15/12/2023
14
Section 1 :
Nouveaux Horizons Professionnels : L'Emploi et les Smart Contrats à
l'Ère de l'Intelligence Artificielle
L'impact de l'IA sur l'emploi au Maroc est une question qui suscite des inquiétudes légitimes. Il est
important de noter que l'automatisation ne concerne pas uniquement les emplois facilement rempla-
çables, mais aussi des postes nécessitant des compétences administratives et de bureau traditionnelles.
Des domaines tels que la rédaction de textes publicitaires basiques ou la création de documents juri-
diques pourraient être automatisés grâce à l'IA. Même certains métiers de l'informatique sont suscep-
tibles d'être touchés, comme le montre une enquête récente de ResumeBuilder.com indiquant que 66
% des organisations utilisent l'IA pour générer du code informatique. Les entreprises peuvent égale-
ment automatiser des tâches liées aux services clients.
Selon cette même enquête, de nombreuses entreprises confient à l'IA des tâches spécifiques, telles
que la rédaction de descriptions de poste, la préparation de questions pour les entretiens d'embauche
ou encore la gestion des candidatures. Des études prévoient que l'IA pourrait supprimer jusqu'à 7,2
millions d'emplois dans le secteur financier aux États-Unis d'ici 2025, et que jusqu'à 800 millions
d'emplois pourraient être éliminés d'ici 2030 à l'échelle mondiale, selon McKinsey. Une étude de
l'Université d'Oxford en 2017 conclut même que 47 % des emplois aux États-Unis pourraient être
automatisés d'ici 2033.22

La révolution de l'IA redéfinit rapidement notre façon de travailler, et cette transformation s'opère à
un rythme plus soutenu que ce que l'on pourrait imaginer. Actuellement, plus de 100 millions de
personnes intègrent ChatGPT dans leur routine hebdomadaire, et au-delà de la moitié des travailleurs
affirment utiliser des outils d'IA dans leur environnement professionnel.
Bien que l'impact positif de l'IA sur l'efficacité au travail soit indéniable, de nombreuses inquiétudes
émergent quant à sa capacité potentielle à supplanter certaines tâches humaines. Cette préoccupation
réside dans la possibilité de voir disparaître des catégories entières d'emplois, créant ainsi un défi
majeur pour l'avenir de l'emploi. 23 L'IA exerce déjà une influence considérable sur la main-d’œuvre.
Selon une étude de PwC, jusqu'à 30 % des emplois au Royaume-Uni pourraient être automatisés d'ici
le début des années 2030. Les chercheurs ont examiné les répercussions de l’IA sur la main-d’œuvre
à travers diverses perspectives lors des précédentes vagues d’adoption de technologies.

22
https://www.rekrute.com/emplois-limpact-de-lintelligence-artificielle-sur-lemploi-au-maroc-une-inquietude-legitime-conseils-car-
riere-6343.html, consulté le : 12/12/2023
23
https://www.unite.ai/fr/ai-and-the-future-of-work-reskilling-the-workforce-in-an-age-of-ai/, Consulté le : 12/12/2023

15
L’IA peut donc s’avérer un puissant allié dans le monde du travail. Les nouvelles implications de l’IA
dans les professions qualifiées ont conduit au développement de liens entre l’humain et la machine
intelligente qui n’existaient pas auparavant. Ainsi, les humains et les machines mettent en commun
leurs forces et habiletés respectives pour en arriver à une main-d’œuvre « augmentée ». 24

De plus, certains emplois seront totalement automatisés par l’IA. Un exemple notable est l'intro-
duction du guichet automatique, éliminant la nécessité d'interactions avec les caissiers de banque pour
les transactions de base, entraînant une diminution significative des rôles de caissier de banque. Cette
tendance s'observe également dans des domaines tels que les représentants de centres d’appels, les
transcripteurs et d'autres professions remplacées par des technologies innovantes.
Certains emplois seront améliorés par l’IA. Grâce à l'IA, certaines professions deviendront plus
efficaces. Un parallèle peut être établi avec l'évolution dans le secteur agricole au XIXe siècle, où
l'efficacité accrue de la technologie a réduit le nombre d'agriculteurs nécessaires pour produire la
même quantité de nourriture. Actuellement, l'IA assiste les médecins dans l'établissement de diagnos-
tics plus précis et permet aux avocats d'analyser les documents juridiques de manière plus efficiente.25
Certains emplois seront créés grâce à l’IA. Avant l'avènement du téléphone, le rôle d'opérateur
téléphonique n'existait pas. Avec la nouvelle vague d'IA, une nouvelle catégorie d'ingénieurs spécia-
lisés dans le "machine learning" émerge, se concentrant spécifiquement sur l'"ingénierie rapide". Ce
rôle, distinct du développement logiciel traditionnel, répond à la nécessité de nouvelles approches
pour travailler avec les modèles d'IA. 26 Tous ces changements auront des répercussions significatives
sur le marché du travail, influenceront les programmes d'éducation et de formation, et auront des
implications sur les politiques et réglementations gouvernementales.

À mesure que l'emploi évolue dans l'ère de l'IA, les frontières traditionnelles des contrats se redéfi-
nissent, introduisant ainsi une nouvelle dimension avec l'émergence des smart contrats, donnant lieu
à un paysage professionnel dynamique et interconnecté, où la collaboration humaine et les transac-
tions automatisées se rejoignent pour sculpter le futur du travail.
Le terme ‘’smart contract’’ a été popularisé et élaboré par l’informaticien Nick Szabo ; peut être
défini comme suit : ‘’un smart contract est un ensemble des promesses spécifiques sous forme numé-
rique comprenant des protocoles dont les parties contractantes s’engagent d’exécuter leurs promesses

24
Anne-Marie Côté et Zhan Su, « Évolutions de l’intelligence artificielle au travail et
Collaborations humain-machine » Revue scientifique l’avenir de l’humain au travail, Ed. Ad.Machina, 2021, p.150
25
https://www.unite.ai/fr/ai-and-the-future-of-work-reskilling-the-workforce-in-an-age-of-ai/, consulté le : 12/12/2023
26
Idem

16
‘’.27 La blockchain28 constitue le fondement du smart contract, et ainsi, tous les avantages inhérents
à la blockchain sont applicables aux smart contracts. Par conséquent, évoquer les smart contracts
revient inévitablement à évoquer la blockchain, les deux étant étroitement interdépendants.29
Les services de livraison sont un exemple d’activité où les smart contracts pourraient facilement être
appliqués. Dans ce contexte, le smart contract s'assure que le paiement soit transféré au service de
livraison uniquement après que le client ait réceptionné le colis. Les agents pré-remplissent le smart
contract en utilisant une cryptomonnaie30, simplifiant ainsi la gestion globale du contrat qui n'a plus
qu'à utiliser cette devise pour régir l'ensemble du processus.

En effet, les smart contracts visent principalement à améliorer les échanges dans les secteurs techno-
logiques en simplifiant les relations entre les agents. En automatisant les tâches et en éliminant les
intermédiaires, ils réduisent les erreurs d'exécution et les coûts de transaction, ce qui est particulière-
ment avantageux pour les entreprises. Le deuxième point crucial est que les parties ne peuvent pas
modifier le résultat final, transformant ainsi la notion de confiance dans les relations commerciales.
Le système lui-même garantit l'honnêteté de la transaction, réduisant la fraude, et renforce la fiabilité
grâce à un encodage sécurisé. Ils fonctionnent sur une base conditionnelle (« if this-then that ») : si
une condition A est satisfaite, le résultat B se produit. Ils font parties des innovations qui proposent
de nouvelles alternatives aux entreprises. Dans le domaine des ressources humaines, à titre
d’exemple, comment un smart contract peut révolutionner le service des RH ? En utilisant des smart
contracts, il est possible d'encoder les objectifs annuels, nécessitant la validation du manager pour
déclencher automatiquement le versement d'un salaire variable, éventuellement en crypto-monnaie
d'entreprise. De même, dans le processus de recrutement de stagiaires ou d'alternants, les critères et
compétences clés prédéfinis dans le smart contract permettent de cibler les besoins, d'initier une re-
cherche active, de mener un entretien, de négocier avec l'école, et enfin de signer le contrat. Ces
exemples illustrent clairement les avantages en termes de gain de temps, de réduction des coûts et
d'amélioration de l'efficacité.31

27
ESSOUSSI Hassan, Les smart contracts américains, un nouveau paradigme contractuel,Revue électonique des recherches juridiques
n 5, 2020 p.173.
28
La blockchain : est une base de données numériques infalsifiable sur laquelle sont inscrits tous les échanges effectués entre ses
utilisateurs depuis sa création. Les informations contenues sur les blocs sont protégées par plusieurs procédés cryptographiques. Les
échanges successifs y sont enregistrés sous forme de blocs de transactions et c’est ce registre que l’on appelle « blockchain »
29
VIGNOLI NETO Orlando, Mémoire de fin d’études «Les « smart contracts » et l’exécution des contrats d’affaires internationaux,
Université Paris 2 Panthéon-Assas, année 2018-2019 , p.8
30
Une cryptomonnaie : est une forme de monnaie numérique sécurisée par la cryptographie, fonctionnant sur des réseaux décentra-
lisés, tels que la blockchain, et permettant des transactions décentralisées et souvent anonymes.(Bitcoin par exemple)
31
https://blog.bruce.work/smart-contract, Consulté le : 13/12/2023
17
« Les robots ne vont pas remplacer les humains, ils vont rendre leur travail beaucoup plus humain.
Difficiles, dégradants, exigeants, dangereux, ennuyeux, tels sont les emplois que les robots pren-
dront ». – Sabine Hauert
D’ailleurs, il est à préciser qu’un Système d’Intelligence Artificielle (SIA) a enlevé le soupçon et a
infirmé qu’il est plus compétent et apte que des juristes ou des professionnels de droit à détecter des
problèmes juridiques les plus compliqués ainsi qu’il s’est montré plus intelligent pour en trouver des
solutions. Par conséquent, elle fait craindre la disparition de nombreux emplois, surtout les deux pi-
liers de la justice à savoir : « l’avocat et le juge » ; L’avocat-robot est un concept et un système fondé
en 2015 par Joshua Browder le PDG de l’entreprise « DoNotPay ». Cette dernière est un service
juridique en ligne et un Chat Bot utilisant l’IA, ce robot-avocat est censé résoudre de nombreux pro-
blèmes juridiques à savoir : rédiger des papiers de divorce, des lettres de mise en demeure, des plaintes
pour discrimination au travail, préparer une poursuite à la cour des petites créances, lutter contre les
grandes entreprises et résoudre leurs problèmes. Le robot-avocat fournit un service pour contester les
contraventions de stationnement et fournir divers autres services juridiques, avec un coût d'abonne-
ment de 36 $ tous les trois mois. Bientôt, le robot se trouvera dans la nécessité de mettre en œuvre
ses compétences pour se défendre devant le tribunal de Californie. En effet, un cabinet d'avocats a
intenté une action en justice contre lui, il fait face à des accusations d'exercice illégal du droit sans
détention de diplôme, une pratique formellement prohibée par la loi. 32

La question qui se pose ainsi est : sur quel fondement peut-on engager la responsabilité du fait de
ces robots ?

32
https://www.bfmtv.com/tech/intelligence-artificielle/etats-unis-un-robot-avocat-poursuivi-en-justice-car-il-n-a-pas-de-di-
plome_AV-202303130309.html, consulté le : 13/12/2023
18
Section 2 :
Confluence juridique : la responsabilité civile des robots dans le contexte
du droit de travail

Le dictionnaire Larousse définit le robot comme un « appareil automatique capable de mani-


puler des objets ou d’exécuter des opérations selon un programme fixe, modifiable ou adaptable »33.
Cette définition classique ne prend, toutefois, pas en considération les avancées de l’intelligence ar-
tificielle et leur influence sur les robots. En effet, l’intelligence artificielle a pour particularité de
permettre aux robots de développer des raisonnements par eux-mêmes à partir de données qui leur
ont été fournies, et non plus seulement d’exécuter des ordres. Les études du Parlement européen «
Règles européennes de droit civil en robotique » proposent ainsi à la Commission européenne de
définir juridiquement les robots autonomes et intelligents de manière globale. Cette nouvelle défini-
tion reposerait sur des caractéristiques communes propres à tous ces robots, à savoir « l’acquisition
d’autonomie grâce à des capteurs et/ou à l’échange de données avec l’environnement (interconnec-
tivité), échange et analyse de données, la capacité d’auto-apprentissage (critère facultatif), la pré-
sence d’une enveloppe physique, et l’adaptation du comportement et des actes à l’environnement »34.

Les robots sont utilisés pour intervenir dans des milieux à risque où l'intervention humaine est
difficile voire impossible, comme dans certaines zones des centrales nucléaires, ou pour la réalisation
de tâches difficiles à réaliser par l'homme (manipulation d'objets lourds, assemblage d'objets très pe-
tits, etc). Par ailleurs, selon la fédération internationale de robotique (IFR), les deux secteurs in-
dustriels les plus utilisateurs de robots aujourd'hui sont l'automobile et les industries électriques et
électroniques qui totalisent chacune environ 30 % des nouvelles installations de robots chaque année.
La métallurgie et la plasturgie sont aussi des secteurs consommateurs de robots mais dans des pro-
portions moindres. Sans surprise, l'Asie est le plus gros consommateur de robots industriels avec 260
000 des 384 000 nouvelles unités installées en 2018, dont 133 000 en Chine. Le marché des robots
industriels est estimé à 16,5 milliards d'euros par an et le stock de robots installés est évalué à 2,4
millions d'unités dans le monde et ce chiffre est appelé à croître. Il n'était que de 1,5 million en
201535.

33
Dictionnaire de français, Larousse, «Robot», en ligne : http://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/robot/88768. Consulté le
14/12/2023 à 09:00
34
https://www.europarl.europa.eu/RegData/etudes/STUD/2016/571379/IPOL_STU%282016%29571379_FR.pdf. Consulté le
16/12/2023 à 13:50
35
https://www.senat.fr/rap/r19-162/r19-162_mono.html#toc69. Consulté le 16/12/2023 à 15:49
19
Les auteurs de science-fiction, et notamment Asimov, ont développé trois règles devant régir
les comportements des robots. La première règle fait interdiction de porter atteinte à un humain. La
seconde règle impose aux robots d’obéir aux ordres qu’ils reçoivent d’un être humain à moins que
cela n’entre en conflit avec la première règle. La troisième règle impose aux robots de protéger leur
existence à moins que cela n’entre en conflit avec les deux premières règles. Par la suite, une qua-
trième règle a été ajoutée obligeant les robots à protéger l’humanité. Les robots ne devraient donc pas
- a priori - causer de dommages aux humains, sauf erreur de fabrication ou piratage du système in-
formatique. Ces règles fondamentales n’empêchent cependant pas les robots de causer des dommages
aux choses. Les robots présentent des potentialités sans limites et risquent ainsi de causer des préju-
dices importants36.

En ce sens, le développement de ces robots dotés d’intelligence artificielle et leur influence


grandissante dans l’économie posent la question primordiale de la responsabilité juridique qui leur
sera applicable, étant donné le nombre d’acteurs potentiels susceptibles d’intervenir tant dans la phase
de fabrication, de commercialisation ou d’utilisation du robot. Il s’agit dès lors de rechercher les
règles relatives à la responsabilité qui sont susceptibles de s’appliquer au cas des robots. Force est de
constater que le système juridique évolue moins vite que l’innovation technologique en matière de
robots et que les règles actuelles concernant la responsabilité peinent à s’adapter aux nouvelles ques-
tions inhérentes à l’intelligence artificielle. D’autant plus que la responsabilité de droit commun con-
sacrée par Article 77 du DOC selon laquelle « tout fait quelconque, de l'homme qui, sans l'autorité
de la loi, cause sciemment et volontairement à autrui un dommage matériel ou moral, oblige son
auteur à réparer ledit dommage, lorsqu'il est établi que ce fait en est la cause directe », ne peut
s’appliquer à un robot.

En outre, un robot reste une machine et ses potentialités d’évolutions sont par conséquent limi-
tées. Il y aura donc lieu de trouver un sujet de droit en mesure de répondre des dommages causés par
les robots. Le régime se trouvera par conséquent éclaté entre plusieurs sujets de droit qui partageront
une sorte de garde partagée des machines intelligentes37. Quoi qu’il en soit, cette problématique est
complètement ignorée par le législateur marocain qui ne s’est pas encore penché sur la création d’un
régime de responsabilité spécial pour les robots, et, à défaut d’une loi spéciale, le droit commun de
la responsabilité est applicable. Il y a donc lieu de déterminer quelles personnes humaines peuvent

36
https://www.linkedin.com/pulse/la-responsabilit%C3%A9-des-robots-micka%C3%ABl-le-borloch/?originalSubdomain=fr. Con-
sulté le 17/12/2023 à 18:10
37
https://www.village-justice.com/articles/responsabilite-des-dommages-causes-par-les-robots,30851.html. Consulté le 17/12/2023 à
18:30

20
être responsables des dommages causés par les robots afin de respecter la cohérence du régime de
responsabilité délictuelle et d’assurer une indemnisation optimale des victimes de dommage. Les
constructeurs, pour les défectuosités, ainsi que les gardiens, pour les dommages causés par un robot
fonctionnant de façon satisfaisante, seront en mesure d’indemniser les victimes38.

Au niveau jurisprudentiel, la situation est encore plus chaotique. En raison du caractère nova-
teur et inédit de la robotique dans le monde du travail, il n’existe pas de la jurisprudence concernant
des accidents et des dommages causés par les robots dans leur exercice de fonctions39.

Le législateur marocain serait donc obligé d’opter pour les fondements juridiques préexistants
de la responsabilité civile délictuelle tout en les appliquant sur les robots. Cependant, la responsabilité
civile impose que chaque personne doit répondre de ses propres actes, la question qui se pose avec
l’IA est celle de la personne qui serait responsable, est-ce que l’être humain qui est à l’origine de la
défaillance de l’algorithme ou le robot ? Juridiquement parlant et selon la législation actuelle, le robot
contrairement à l’humain ne dispose pas d’une personnalité juridique, ce qui l’exonère de toute in-
demnisation du dommage et de tout engagement de responsabilité civile. Il en déduit que le cadre
juridique marocain actuel ne serait pas suffisant.

L’originalité de ces nouvelles situations ne réside pas dans le dommage subi, mais dans l’iden-
tification de son fait générateur, ayant une conséquence sur son imputabilité. À titre d’illustration, un
robot, grâce à son système d’Intelligence Artificielle, a pris une décision de manière autonome, sans
la supervision de l’homme, et a provoqué une conséquence préjudiciable. Il faut, cependant, s’assurer
que la victime du dommage puisse obtenir réparation de son préjudice. Or elle se retrouve confrontée
à la difficulté d’identifier la cause exacte du dommage et donc permettre d’en désigner le responsable,
c'est-à-dire la personne devant « respondere », répondre de ses actes ayant concouru au dommage. Il
ne s’agit pas uniquement de trouver un responsable solvable pour permettre l’indemnisation mais de
s’assurer surtout de la légitimité de cette responsabilité. Cependant, il est prima facie difficile de
rattacher une personne humaine à cette autonomie. Partant, les robots autonomes viennent défier le
droit de la responsabilité civile et questionner son adaptation aux faits générateurs de demain40.

38
Idem
39
OLIVEIRA Sandra, La responsabilité civile dans les cas de dommages causés par les robots d’assistance au Québec, Mémoire
présenté à la Faculté des études supérieures en vue de l'obtention du grade de Maître en droit (LL.M.), Université de Montréal, Avril
2016, P.22
40
REILLE Flavia, Les robots autonomes et la responsabilité civile, Dirigé par M. le Professeur Laurent LEVENEUR, Master 2 Re-
cherche Droit Privé Général, Panthéon-assas université paris, 2021, P.7
21
CONCLUSION GÉNÉRALE

22
L'IA transforme notre façon de travailler et il est essentiel que nous commencions à réfléchir à la
manière de requalifier la main-d'œuvre pour l'ère de l'IA.
La requalification de la main-d’œuvre pour l’IA comporte de nombreux défis, mais elle présente
également de nombreuses opportunités. En investissant dans des programmes de formation et de dé-
veloppement axés sur l’IA, les entreprises peuvent créer une main-d’œuvre plus résiliente et compé-
titive. Ils peuvent attirer et retenir les meilleurs talents, améliorer leur productivité et leur efficacité
et fournir un meilleur service à leurs clients.
Cependant, il est important de se rappeler que la reconversion en IA n’est pas une solution miracle.
Un investissement aussi important comporte des risques, notamment des pertes d’emplois et des dé-
placements dans certains secteurs, ainsi que la possibilité de créer un écart de compétences entre les
travailleurs qui ont été requalifiés et ceux qui ne l’ont pas été.
Néanmoins, il existe de nombreuses mesures incitatives pour inciter les particuliers, les entreprises,
les organisations à but non lucratif et les entités gouvernementales à investir dans l’apprentissage et
à tirer parti de la puissance de l’IA. En fournissant aux individus les compétences dont ils ont besoin
pour réussir dans un monde axé sur la technologie, les entreprises et les pays peuvent assurer leur
réussite dans les années à venir. 41

L'intelligence artificielle a un impact sur pratiquement tous les secteurs du travail, que ce soit par
l'automatisation de tâches routinières et simples ou par l'accomplissement de fonctions hautement
complexes que les individus trouvent ardues, voire inatteignables. 42
Alors que de nombreuses conclusions alarmistes sur les impacts de l'IA sur le marché du travail ont
été avancées, très peu d'études se sont focalisées sur le potentiel collaboratif de l’IA avec l’être hu-
main. L’association humain-machine a pourtant la capacité d’améliorer le travail et d’offrir une mul-
titude de possibilités d’innovation.

Les plateformes numériques servent de forums d'échanges en ligne, mais il est important de noter que
toutes ces plateformes ne se ressemblent pas. Certains sites sont de nature collaborative, dépourvus
d'objectif lucratif, favorisant des échanges altruistes. Un exemple est représenté par des associations

41
https://www.unite.ai/fr/ai-and-the-future-of-work-reskilling-the-workforce-in-an-age-of-ai/, Consulté le : 14/12/2023
42
Anne-Marie Côté et Zhan Su, « Évolutions de l’intelligence artificielle au travail et
Collaborations humain-machine » Revue scientifique l’avenir de l’humain au travail, Ed. Ad.Machina, 2021, p.146

23
telles que Do-it au Royaume-Uni, qui permettent aux volontaires de s'identifier en fonction de leur
emplacement géographique et de leurs compétences.43

Pour conclure, c'est effectivement le cadre établi par l'homme qui guide et influence la portée des
impacts que la machine exercera sur le travail et l'emploi. Les conséquences de l'IA, tout comme
celles des technologies en général, ne surviennent pas spontanément, mais sont toujours condition-
nées par des choix humains, à savoir les intentions et les prises de décision, ainsi que les modalités
de mise en œuvre à divers niveaux institutionnels, organisationnels et réglementaires. Ces dimensions
doivent être prises en compte pour orienter favorablement les résultats. Ainsi, la question centrale qui
découle de l'analyse de l'impact de l'IA sur le travail n'est pas essentiellement d'ordre technologique,
mais profondément humain. Quel type de travail souhaitons-nous ? Quelle société envisageons-
nous ? Quelle valeur attribuons-nous à l'intelligence humaine et au travail ? L’IA nous pousse néces-
sairement à nous poser ces questions, et c’est dans le cadre des réponses apportées à celles-ci qu’elle
se développera, dans la direction que nous aurons choisie, ou non.44

43
ADAM Patrice, LE FRIANT Martine et TARASEWICZ Yasmine, étude sur : « L’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE, GESTION
ALGORITHME DU PERSONNEL ET DROIT DU TRAVAIL » , les travaux de l’AFDT, p.48
44
BENHAMOU Salima, « Les transformations du travail et de l’emploi à l’ère de l’Intelligence artificielle», Évaluation, illustrations
et interrogations, Documents de Projets (LC/TS.2022/85), Santiago, Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes
(CEPALC), 2022, p.44
24
BIBLIOGRAPHIE

25
Ouvrage :
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Éd. Fédération Française du Bâtiment, 2019/3 (N° 54).
Revues :
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2019.
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AU TRAVAIL : RÉALITÉS ET HORIZONS QUELLE EST LA PLACE DE L’IA
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- HASNAOUI Hakima, « Les correspondances du salarié », Revue de droit du travail,
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- Anne-Marie Côté et Zhan Su, « Évolutions de l’intelligence artificielle au travail et
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- ESSOUSSI Hassan, Les smart contracts américains, un nouveau paradigme con-
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- ADAM Patrice, LE FRIANT Martine et TARASEWICZ Yasmine, étude sur : «
L’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE, GESTION ALGORITHME DU PERSON-
NEL ET DROIT DU TRAVAIL » , les travaux de l’AFDT.

26
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faculté de droit, Université de STRASBOURG, « LES IMPACTS DE L’INTELLI-
GENCE ARTIFICIELLE SUR LES EMPLOYÉS DANS LE MONDE DU TRA-
VAIL”, année 2018-2019.
- JACOB Charline, Mémoire de recherche, Master Droit Social, Université de Lille,
“LES RISQUES DE L’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE ET LE DROIT DU
TRAVAIL”, année 2021-2022.
- VIGNOLI NETO Orlando, Mémoire de fin d’études «Les « smart contracts » et
l’exécution des contrats d’affaires internationaux, Université Paris 2 Panthéon-As-
sas, année 2018-2019.
- OLIVEIRA Sandra, La responsabilité civile dans les cas de dommages causés par
les robots d’assistance au Québec, Mémoire présenté à la Faculté des études supé-
rieures en vue de l'obtention du grade de Maître en droit (LL.M.), Université de
Montréal, Avril 2016.
- REILLE Flavia, Les robots autonomes et la responsabilité civile, Dirigé par M. le
Professeur Laurent LEVENEUR, Master 2 Recherche Droit Privé Général, Pan-
théon-assas université paris, 2021.
Article :
- BENHAMOU Salima, « Les transformations du travail et de l’emploi à l’ère de
l’Intelligence artificielle», Évaluation, illustrations et interrogations, Documents de
Projets (LC/TS.2022/85), Santiago, Commission économique pour l’Amérique la-
tine et les Caraïbes (CEPALC), 2022.
Webographie :
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ficielle&oq=d%C3%A9finition+de+l%27intel-
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ceid=chrome&ie=UTF-8

27
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- https://www.unite.ai/fr/ai-and-the-future-of-work-reskilling-the-workforce-in-an-
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28
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29

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