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Communication, technologies et

développement

8 | 2020
Robotique avancée, intelligence artificielle et
développement
Advanced Robotics, Artificial Intelligence and Development

Alain Kiyindou, Etienne Damome et Noble Akam (dir.)

Édition électronique
URL : http://journals.openedition.org/ctd/2456
DOI : 10.4000/ctd.2456
ISSN : 2491-1437

Éditeur
Chaire Unesco Pratiques émergentes en technologies et communication pour le développement

Édition imprimée
ISBN : 2491-1437

Référence électronique
Alain Kiyindou, Etienne Damome et Noble Akam (dir.), Communication, technologies et développement,
8 | 2020, « Robotique avancée, intelligence artificielle et développement » [En ligne], mis en ligne le 30
juin 2020, consulté le 29 mars 2021. URL : http://journals.openedition.org/ctd/2456 ; DOI : https://
doi.org/10.4000/ctd.2456

Communication, technologies et développement


N°8
Juin 2020
ISSN : 2491-1437

Robotique avancée,
intelligence artificielle
et développement

NUMÉRO COORDONNÉ PAR


Alain KIYINDOU, Etienne DAMOME
et Noble AKAM
Communication, technologies et
développement
8 | 2020
Robotique avancée, intelligence artificielle et
développement

Introduction
Alain KIYINDOU, Etienne DAMOME et Noble AKAM

Édition électronique
URL : http://journals.openedition.org/ctd/3332
DOI : 10.4000/ctd.3332
ISSN : 2491-1437

Éditeur
Chaire Unesco Pratiques émergentes en technologies et communication pour le développement

Édition imprimée
ISBN : 2491-1437

Référence électronique
Alain KIYINDOU, Etienne DAMOME et Noble AKAM, « Introduction », Communication, technologies et
développement [En ligne], 8 | 2020, mis en ligne le 30 juin 2020, consulté le 24 septembre 2020. URL :
http://journals.openedition.org/ctd/3332 ; DOI : https://doi.org/10.4000/ctd.3332

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Communication, technologies et développement


Introduction 1

Introduction
Alain KIYINDOU, Etienne DAMOME et Noble AKAM

1 Les données sont omniprésentes dans notre environnement et questionnent les


spécialistes du développement sur les opportunités relatives à ce qu’il est convenu
d’appeler la révolution des données. En effet, le développement des villes intelligentes,
des drones et autres objets connectés permet de collecter une multitude de données
qui, une fois traitées, participent à ce qu’il est convenu d’appeler un développement
intelligent. Toutefois, ce nouveau contexte informationnel pose en Afrique et ailleurs la
nécessité d’une culture des données qui se traduirait par de nouvelles compétences,
notamment sur le traitement, la gestion, l’encadrement juridique des données. À
l’intérieur même des pays en développement comme entre les pays riches et les pays
pauvres, le risque est grand de voir s’installer des inégalités liées à la maîtrise des
données et des algorithmes. Les algorithmes font partie des systèmes qui recueillent et
structurent ces informations. C’est d’ailleurs grâce à ces données que les robots
collaboratifs, appelés aussi cobots, développent leur champ d’intervention (co-
manipulation, exosquelette…). Si ces pratiques sont encore balbutiantes dans les pays
en développement, des exemples relevés ci et là montrent qu’elles constituent, dans
certains cas, des leviers pour l’amélioration des conditions de vie des populations. Le
défi est donc celui de penser « rich data » et non Big data, puisque dans les pays en
développement, les données ne sont généralement pas de bonne qualité.
2 Ce numéro accorde donc une attention particulière à la question de l’appropriation de
ces innovations technologiques dans des contextes à faibles infrastructures. Il prolonge
les travaux de la chaire Unesco Pratiques émergentes en technologies de l’information
et communication pour le développement en interrogeant l’éclosion et l’usage des
meilleures pratiques d’intelligence artificielle par les acteurs économiques, publics et
civils ; en développant une approche critique de l’intelligence géospatiale, de la
robotique collaborative et de l’intelligence artificielle ; en analysant les évolutions des
pratiques info-communicationnelles liées à l’usage des machines learning (apprentissage
automatique).

Communication, technologies et développement, 8 | 2020


Introduction 2

Penser le rapport Homme-machine


3 La question du rapport Homme-machine et par extension de l’intelligence artificielle
intéresse de nombreuses disciplines. Les sciences humaines et sociales se focalisent
davantage sur leur impact social et sur les aspects liés à la communication. Il leur
semble légitime de se poser les questions de la communication de l’intelligence
artificielle avec les hommes, du vivre ensemble avec ces nouvelles machines et surtout
leurs rapports avec les différents champs de la communication. La question est aussi
celle des mutations des métiers, de l’évolution des pratiques professionnelles voire du
prolongement de soi à travers les outils technologiques (Mc Luhan, 1964).
4 Si la communication Homme-machine remonte à très longtemps, le machine learning
et l’analyse avancée ont accéléré le déploiement rapide de l’intelligence artificielle dans
de nouveaux domaines et applications. C’est le résultat d’un puissant mélange de
disponibilité des données, de puissance de calcul accrue et de complexification
algorithmique qui pourrait doubler les taux de croissance économique d’ici 2035. Les
pays en développement pourraient bénéficier d’un impact plus limité si les taux
d’adoption des technologies d’intelligence artificielle s’y avéraient plus faibles. Quel
que soit le domaine concerné, l’application de l’intelligence géospatiale (Geoint) et de la
robotique collaborative font référence sur le plan économique aux notions de
traçabilité et d’optimisation : localiser sa marchandise, situer le personnel ou encore
des véhicules, des pièces d’assemblage dans un entrepôt, réduire les trajets de
transport ou de voyage. De nouveaux procédés de fabrication hybrides, des capteurs de
l’Internet des objets et l’impression en 4D sont utilisés dans les domaines industriel,
agricole ou médical. L’entrepreneuriat du numérique, nouveau pan des économies des
pays du Sud n’est pas en reste. Mais au-delà de ces considérations économiques, une
des questions fondamentales est celle de savoir comment les Sciences de l’information
et de la communication peuvent s’approprier la notion d’intelligence spatiale et
l’intégrer dans une approche « communication pour le développement ».

Robotique collaborative et société


5 Sur le plan social, la maîtrise de l’espace favorise le développement d’un nouveau
champ de recherche à savoir celui de la robotique collaborative qui laisse entrevoir une
nouvelle société, celle où les robots deviennent des partenaires à part entière de
l’homme. Cette réflexion intègre à la fois les questions de sécurité, de santé et de lutte
contre la pauvreté. En matière de sécurité, il s’agit d’anticiper et de gérer les
catastrophes naturelles, d’assurer le plus efficacement possible les contrôles d’identité.
Les applications sont nombreuses : reconnaissance faciale, renifleurs de produits
dangereux, analyse des indicateurs de catastrophes, rationalisation du cadastre, etc.
Dans le secteur de la santé, l’intelligence artificielle et la robotique répondent à des
besoins spécifiques de la part des soignants. Les applications développées viennent
enrichir les pratiques qui vont de la prophylaxie à la rééducation en passant par la
prédiction des épidémies, le diagnostic, l’approvisionnement en médicaments et la
lutte contre des maladies spécifiques (cancer, paludisme, etc.).

Communication, technologies et développement, 8 | 2020


Introduction 3

Penser éthique
6 Quel que soit le domaine concerné, l’application de l’intelligence artificielle, liée au big
data, pose sur le plan philosophique des questions éthiques liées à la nécessité de
préserver les libertés individuelles. Se pose de même la question de la responsabilité et
de la sécurité juridique nécessaires lorsque l’agence humaine est remplacée par les
décisions des agents de l’intelligence artificielle.
7 Les préoccupations éthiques nous amènent à interroger le cadre global de valeurs liées
à l’intelligence artificielle ainsi que les conséquences connues et inconnues des
interactions des systèmes d’IA avec les êtres humains et leur environnement. En effet,
« les machines intelligentes peuvent contraindre les choix des individus et des
groupes, abaisser la qualité de vie, bouleverser l’organisation du travail et le
marché de l’emploi, influencer la vie politique, entrer en tension avec les droits
fondamentaux, exacerber les inégalités économiques et sociales, et affecter les
écosystèmes, l’environnement et le climat » (Abrassart et al, 2018 : 7)

BIBLIOGRAPHIE
Christophe Abrassart et al., La déclaration de Montréal pour un développement responsable de
l’intelligence artificielle 2018, Montréal, 2018.

De Badr Boussabat, L'intelligence artificielle : Notre meilleur espoir, Luc Pire, Paris, 2020.

De François Cazals, Chantal Cazals, Intelligence artificielle : L'intelligence amplifiée par la technologie,
De Boeck, Bruxelles, 2020.

Alain Kiyindou, Intelligence artificielle. Pratique et enjeux pour le développement, L’Harmattan, Paris,
2019.

M. Mac Luhan, Pour comprendre les médias, Paris, Seuil, 1964.

AUTEURS
ALAIN KIYINDOU
Université Bordeaux Montaigne

ETIENNE DAMOME
Université Bordeaux Montaigne

NOBLE AKAM
Université Bordeaux Montaigne

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Communication, technologies et
développement
8 | 2020
Robotique avancée, intelligence artificielle et
développement

Le droit des robots, un droit de l’homme en


devenir ?
The right of robots, a human right in the making?
El derecho de los robots, ¿un derecho humano en ciernes?

Patrick SAERENS

Édition électronique
URL : http://journals.openedition.org/ctd/2877
DOI : 10.4000/ctd.2877
ISSN : 2491-1437

Éditeur
Chaire Unesco Pratiques émergentes en technologies et communication pour le développement

Édition imprimée
ISBN : 2491-1437

Référence électronique
Patrick SAERENS, « Le droit des robots, un droit de l’homme en devenir ? », Communication,
technologies et développement [En ligne], 8 | 2020, mis en ligne le 12 juillet 2020, consulté le 20 juillet
2020. URL : http://journals.openedition.org/ctd/2877 ; DOI : https://doi.org/10.4000/ctd.2877

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Le droit des robots, un droit de l’homme en devenir ? 1

Le droit des robots, un droit de


l’homme en devenir ?
The right of robots, a human right in the making?
El derecho de los robots, ¿un derecho humano en ciernes?

Patrick SAERENS

2 “Objets inanimés, avez-vous donc une âme” ? La question a longtemps taraudé les
écrivains1 et les philosophes, nettement moins les juristes. Les biens, meubles et
immeubles, ont toujours été appréhendés, depuis le droit romain, à travers leurs
« gardiens », dans le cadre du droit de la responsabilité 2. Sous l’influence du
consumérisme, une évolution a eu lieu ces trente dernières années, mais uniquement
en vue d’accroitre la garantie légale et d’augmenter la responsabilité des fabricants
pour les contraindre à mettre sur le marché des biens dénués de vices rédhibitoires. À
l’aube du XXIe siècle, certains se sont émus de mettre sur le même plan les animaux et
les choses. Des textes ont progressivement amélioré le bien-être animal, mais ce n’est
que très récemment que le débat s’est élargi au droit des robots.
3 Une minorité de la doctrine estime que le fait d’être « animé », voire « intelligent » leur
confère des vertus d’humanité (Bensoussan, 2017). Ils devraient, à l’instar des
personnes morales, être dotés de droits et obligations qui leur sont propres, afin de
mieux définir leurs responsabilités qui passeraient entre autres par des obligations
d’immatriculation, de contracter une assurance ou du respect de la vie privée
(notamment dans leur fonction d’assistance aux personnes). Idéalement, plus le robot
serait exposé à des risques, plus le capital rattaché à sa « personne » devrait être élevé.
Au-delà des obligations, on devrait également leur accorder des droits tels ceux liés à
l’intimité ou à la protection des données. Ces thèses anthropomorphiques semblent
viser avant tout leur interaction avec les tiers (personnes âgées, enfants autistes) qui
doivent bénéficier de ces protections « par ricochet » dès lors que ces humanoïdes
programmés en savent beaucoup sur leur santé et vie privée3. Mais leur fonctionnalité
peut dépasser ce stade, telle cette société de Hong Kong qui a désigné un robot au sein

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Le droit des robots, un droit de l’homme en devenir ? 2

du conseil d’administration avec droit de vote, porteur d’une procuration d’un


administrateur-personne physique. Tant que l’ombre d’un humain se dessine derrière
ses contours, la question reste anecdotique, mais dans un futur proche, on voit mal
comment l’attaquer s’il dépasse son mandat ou s’il prend des décisions contraires à
l’intérêt social, sans même imaginer des infractions pénales (Siary, 2017). Dès lors que
le mettre en prison ou à l’amende est hors propos, c’est son absence d’actifs qui le rend
insaisissable et donc inattaquable. Il est vrai que le droit est habitué aux fictions
juridiques (Mendoza, 2016), comme en témoigne le droit des personnes morales qui
« donne vie » aux sociétés et aux associations. Mais celles-ci peuvent se doter d’un
patrimoine alors qu’on n’a pas encore imaginé comment le robot pouvait rembourser
les victimes de ses actes sauf par des mécanismes classiques (garantie bancaire,
assurances).
4 La plupart des juristes estiment toutefois que le droit de la responsabilité, défini depuis
deux siècles dans le Code civil, suffit amplement pour encadrer le phénomène en
privilégiant le régime en cascade : dans un premier temps, celle-ci incombe au
concepteur du produit sur base d’une responsabilité sans fautes. À défaut, cette
responsabilité porte sur celui qui a donné les règles du code informatique ou le cas
échéant sur celui qui a codé et enfin l’utilisateur qui n’aurait pas pris les précautions
d’usage (Loiseau et Bourgeois, 2018).
5 Mais tous s’accordent pour reconnaître que le droit doit intégrer cette problématique,
en contraignant les fabricants à intégrer de la « roboéthique » dès la conception du
produit qui tient compte des lois d’Asimov4, afin de mettre l’homme au centre des
préoccupations de la machine (Nevejans, 2017). L’interdisciplinarité législative est
peut-être la seule réponse idoine à apporter dans l’immédiat : ces questions ne peuvent
être l’apanage de juristes dans leur tour d’ivoire, mais doivent être analysées par des
comités d’éthique composés d’informaticiens, de philosophes, d’économistes voire de
simples citoyens aux fins d’obtenir une opinion éclairée (Dowek, 2018).
6 À cet égard, les premiers accidents survenus avec les voitures autonomes démontrent
toute la difficulté de programmer une échelle des valeurs : que faire si une voiture
rencontre un imprévu et doit faire un « choix » entre des situations qui peuvent toutes
aboutir à des dommages physiques : privilégier les usagers dans l’habitacle, protéger
l’usage faible de la route (piéton, cycliste) ou ajouter un paramètre basé sur l’âge de la
victime potentielle, voire sur l’évaluation des risques létaux ? 5. On répliquera que ce cas
de figure existe aussi pour le conducteur qui peut, en quelques secondes, évaluer,
parfois à tort, la trajectoire le moins dommageable pour lui-même ou pour autrui. Mais
les réflexes et la part de subjectivité n’ont pas été, dans son chef, programmés alors
qu’avec l’intelligence artificielle, c’est un choix délibéré du constructeur qui
déterminera le comportement du véhicule autonome.
7 Ceux qui estiment que le débat ne se posera pas en espérant que le fabricant
privilégiera la notion « d’arrêt d’urgence »6 sous tout autre critère de performance ont
une foi absolue en la machine, pourtant par nature friable, puisque construite… par
l’homme. En l’état actuel de l’informatique, il est impossible de faire assimiler à une
machine le sens du bien ou du mal : la seule possibilité consiste donc à programmer un
ensemble de règles constituant une forme de « conscience artificielle » (Ronald C.
Atkin, 2009). Mais il est déjà envisageable de se retrouver face à un comportement non
dicté par un être humain, car le robot apprend vite. Comment qualifier les choix d’un
robot journaliste qui propagerait de fausses nouvelles ou rédigerait des articles

Communication, technologies et développement, 8 | 2020


Le droit des robots, un droit de l’homme en devenir ? 3

diffamatoires, car il aurait puisé son inspiration sur des sites populistes ? Certes, la
responsabilité éditoriale est actuellement entre les mains d’un humain, mais qui peut
affirmer que des sites purement automatisés ne vont pas à l’avenir fournir du
contenu brut en agrégeant des informations elles-mêmes puisées dans des
métadonnées ?

Du Bitcoin au Blockchain
8 Derrière cette querelle dont les impacts sont à la fois économiques (assurances…),
politiques (autorisation préalable de mise sur le marché …) et philosophiques (balance
des risques, incidence des robots sur la vie en société…), se cache aussi une crainte qui
touche à l’existence des professions juridiques. L’intelligence artificielle risque, à
terme, de les impacter durablement, voire pour certaines d’entre elles de les faire
disparaitre. Elle peut réduire considérablement l’intérêt des notaires. Les constats des
huissiers pourraient aussi disparaitre si la sécurité des informations par voie
électronique ne peut être remise en question. Cette technologie, qui est l’autre face de
l’intelligence artificielle, commence à intéresser le grand public à travers l’émergence
des cybermonnaies. Mais celles-ci ne sont que la partie immergée d’un iceberg dont la
portée est plus considérable, car basée sur une technologie qui a fait ses preuves, celle
des « chaînes de blocs » ou Blockchain. Le développement de ces monnaies découle en
effet d’un cryptage informatique complexe qui nait de la confiance mutuelle, selon le
principe que chacun peut écrire sur le grand livre public des transactions sans que
personne ne puisse ni le détruire ni effacer des séquences. La technique a rapidement
trouvé d’autres applications, grâce à la conservation de données réputées infalsifiables
et de l’horodatage. Elle permet aussi la traçabilité des biens et des droits (denrées
alimentaires, œuvres artistiques,). À l’exception de l’Estonie, pionnière au sein de l’UE,
peu de pays l’ont intégré à ce jour dans leur arsenal législatif. Pourtant, la Blockchain
comporte un volet juridique par le biais des « smart contracts » ou « contrats
intelligents » qui exécutent automatiquement des conditions préalablement définies
(Saerens, 2018). Derrière une somme d’algorithmes, il s’agit d’automatiser en toute
sécurité certaines étapes d’un contrat, ce qui va bouleverser de nombreux métiers dans
un proche avenir.
9 Le « smart contract » porte mal son nom en ce sens qu’il n’est ni « intelligent », ni même
vraiment un contrat, mais un programme informatique. En fait, seules certaines étapes
permettent d’éviter le légalisme : les questions telles que le consentement des parties
ou les sanctions ne sont pas résolues pour autant. Ces avancées sont toutefois
incontestables. Dès la phase précontractuelle, l’authentification de documents, la
remise de pièces qui permettent de consolider les engagements peuvent être gérées par
la chaine des blocs. Par exemple, la construction immobilière passe par de multiples
fichiers (plans, permis) qui peuvent être authentifiés et horodatés avant que les fonds
ne soient débloqués lors de la phase ultérieure. Il s’agit du principe dit IFTTT (« If This
Then That ») : si tel événement survient, alors la suite s’enclenche mécaniquement. Le
système permet de se débarrasser des tiers de confiance. L’application slick.it permet
par exemple de ne plus faire appel à un humain (Mekki,2018). Lors de la location d’un
studio de vacances, le client paie une caution sur un compte bloqué, dispose d’un
digicode qu’il active à son arrivée et qui entraine le versement immédiat au bailleur s’il
n’a pas dénoncé son contrat dans les minutes qui suivent.

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Le droit des robots, un droit de l’homme en devenir ? 4

10 Le système n’est pas sans inconvénient. D’une part, l’absence de tiers de confiance peut
aboutir à la production de documents qui n’auraient jamais dû être publiés. D’autre
part, l’automatisation du processus ignore les contestations légitimes : en l’absence
d’un juge, certains préconisent un arbitrage… numérique pour résoudre les difficultés
quand la chaine a dysfonctionné, voire de retourner au monde physique (huissiers,
notaires,). Enfin, la multiplication des contrats d’adhésion où rien n’est négocié en
dehors du prix et de la prestation est peu compatible avec la protection du
consommateur. D’où la nécessité d’entourer les « smart contracts » de … clauses
contractuelles, notamment pour gérer l’imprévisible (force majeure, cyber-attaque,
réseau indisponible) ou des questions de droit international (lois applicables, tribunaux
compétents). D’autant que la « chaine de blocs » est peu adaptée aux contrats évolutifs :
lorsque les parties veulent modifier leurs accords, les amendements sont souvent
délicats à mettre en place par voie algorithmique.
11 La Blockchain constitue un tel changement de paradigme que d’aucuns estiment que le
comportement humain risque d’être moins normé par du droit que par un algorithme.
Mais il faut se garder de croire que la loi va disparaitre au profit de la technique. Les
informaticiens auront toujours en face d’eux les juristes dont la prudence permet
d’éviter des dérives irrémédiables des algorithmes. Le nouveau règlement européen sur
la protection des données (RGPD) en démontre déjà les limites (Houssa et Standaert,
2016). Où placer dans ce nouveau monde virtuel des notions aussi essentielles que le
droit à l’oubli, la conservation limitée des fichiers ou le consentement éclairé dans un
système inaltérable, infalsifiable et qui laisse à la négociation une portion congrue ?
Mais l’innovation pourrait paradoxalement être freinée par ses thuriféraires. Les
instigateurs de l’économie participative (Uber, Air BNB, Blabacar) qui se sont enrichis
en prônant la « désintermédiation » risquent en effet d’être victimes de la Blockchain
permettant à terme de se passer de leurs services.

Remplacer le Code civil par un code source


12 Le débat sur l’interférence de l’intelligence artificielle et le monde juridique trouve son
paroxysme dans le cadre de la justice prédictive censée éviter l’aléa du procès. Cette
justice algorithmique se base sur deux piliers : l’un quantitatif qui consiste à établir des
corrélations sur un grand nombre de décisions et l’autre qualitatif basé sur
l’observation d’une situation donnée qui donnerait un résultat déterminé (Eudes, 2018).
Cette vision statistique de la jurisprudence aboutit à un effet performatif d’aide à la
décision qui risque de pousser le juge à retenir la solution adaptée majoritairement
avant lui, par le biais de la psychologie de l’exemple 7. Elle fait fi des évolutions
jurisprudentielles qui se marient mal avec des algorithmes qui neutralisent les
situations antérieures et se refusent à anticiper les ruptures (Luc-Marie Augageur). Ce
système aboutit à ce que la majorité relative initiale va progressivement se renforcer
jusqu’à devenir une majorité écrasante. Plus fondamentalement, c’est la notion même
du droit à l’accès à la justice, sanctuarisé par la Convention européenne des droits de
l’homme qui est menacé. Peut-on considérer que le fait de renoncer de recourir au juge,
car les statistiques n’y sont guère favorables, résulte d’une décision libre et éclairée ?
(Scarlett-May Ferrie, 2018). On peut s’interroger, dans ce contexte, sur la plus-value de
l’avocat s’il sait que son argumentaire se heurte à un algorithme défavorable. Les
magistrats eux-mêmes risquent d’être des chatbots à force de craindre que leurs

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Le droit des robots, un droit de l’homme en devenir ? 5

jugements soient court-circuités en cas de recours, même s’ils disposeront encore d’une
marge pour faire entendre leur différence, notamment par le biais de l’obligation de
motivation. Les États démocratiques, dont la plupart considèrent que la justice est une
variable d’ajustement (à la baisse) de leurs budgets pourraient être tentés d’investir
dans des puissants logiciels pour limiter les frais de personnels au profit d’une logique
de rentabilité. Le monde judiciaire connaît déjà le paramètre de la performance qui lui
a longtemps paru incongru. Désormais, chaque magistrat doit rendre un certain
nombre de décisions et peut se faire rappeler à l’ordre si ses statistiques individuelles
démontrent un trop fort taux de recours. La justice prédictive annihilera son
autonomie et l’esprit libre et frondeur sera remplacé par la course à la performance et à
l’homogénéité alors que les grands revirements politiques ou judiciaires (peine de
mort, droits des minorités, avancées bioéthiques) ont toujours pu se faire grâce à des
hommes d’exceptions (Badinter, Martin Luther King) et la prise de conscience de la
société civile. Il n’est pas certain que les algorithmes y soient sensibles. Cela ne signifie
pas pour autant que le monde judiciaire doive rester en dehors des autoroutes de
l’intelligence artificielle, mais celles-ci devront être strictement balisées. On peut
imaginer par exemple que les données « objectivables » puissent permettre de
déterminer si une action est recevable, au regard de règles « neutres » comme le délai
pour introduire un recours ou la prescription pour forclusion. Cette automatisation de
la justice poursuit un but légitime qui consiste à éviter des procédures longues et
coûteuses (Scarlett-May Ferrie, 2018) alors que l’affaire n’a aucune chance d’aboutir.
Mais toute utilisation d’algorithmes dans le processus décisionnel devra se faire sur
base d’un principe absolu de transparence : ce n’est que si ceux-ci sont connus et
vérifiables que la Convention européenne des droits de l’homme – qui garantit un
procès équitable- sera respectée8.

Soft law, hard case


13 À travers les premières initiatives législatives, on prend conscience que les politiques
veulent éviter que les scientifiques ne leur damnent le pion. C’est un peu le syndrome
de l’internet où les législateurs ont eu la désagréable impression – confirmée dans les
faits- qu’ils ont couru derrière un train qui ne les avait pas attendus pour s’autoréguler.
Dans ce monde informatisé où les juristes peinent à trouver leur place, on n’a
paradoxalement jamais eu autant besoin de ... philosophes pour baliser les terrains à
défraichir.
14 Les premiers textes qui concernent l’intelligence artificielle sont soit des catalogues de
bonnes intentions, à l’instar de la charte éthique des robots mise en place par la Corée
du Sud9, soit des pétitions de principe, soumises à polémiques tant elles semblent être
l’œuvre de lobbys qui profitent de la méconnaissance du sujet pour faire passer leurs
idées.
15 L’idée de sortir du droit pour y mettre une dose de morale peut paraître a priori
séduisante, mais les chartes éthiques ne sont pas non plus la panacée, car elles
renvoient à la privatisation de la norme. En pratique, cette voie fait primer la « loi du
plus fort », soit celle des opérateurs les plus influents qui imposeront leur éthique
(Bensamoun et Loiseau, 2017). On lui préfère encore l’autorégulation des acteurs, mais
qui ne peut, à elle seule, se substituer à une réponse législative classique. À cet égard, la
résolution du 16 février 2017 du parlement européen relative aux règles de droit civil

Communication, technologies et développement, 8 | 2020


Le droit des robots, un droit de l’homme en devenir ? 6

sur la robotique10 a fait l’objet de vives critiques, 11 car elle omet certains éléments
essentiels du débat pour se concentrer sur les questions relatives au rôle des fabricants et la
possibilité de créer un statut juridique spécial pour les robots, afin de clarifier la
responsabilité en cas de dommages. Mais les députés n’ont pas défriché des questions
aussi essentielles que les atteintes à la vie privée et surtout les risques de voir les
libertés des individus empiétées par l’intelligence artificielle autonome. Ce débat, déjà
prégnant avec les réseaux sociaux dont les algorithmes peuvent censurer des œuvres
d’art ou de la littérature classique au seul motif qu’ils seraient contraire à la morale 12,
risque de s’aggraver à l’avenir où une personne se verra interdire un comportement
« non conventionnel » par la machine. À terme, le diabétique n’aura pas accès à son
frigo s’il prend une sucrerie et une personne en fin de vie cherchera en vain les
médicaments qu’elle souhaite prendre pour soulager sa douleur, car son assistant
personnel aura été programmé pour l’en empêcher. L’homme deviendra conditionné à
ce qui est « réputé » bon pour lui, décidé pour le plus grand nombre, sans s’adapter à
des situations particulières. Le robot peut donc aboutir à imposer des contraintes à
celui qu’il est censé aider. Un esclavage transhumaniste que le droit se devra de
combattre.

BIBLIOGRAPHIE

Bibliographie :
Augagneur L.-M. (2018). D’où jugez-vous ?. La Semaine Juridique, 26/3/2018, n° 13. Pp. 582-584.

Bensoussan A., Puigmal L. (2017). Le droit des robots in L’humanisme juridique face aux nouvelles
technologies, Philosophie et droit, n° 59, pp. 165- 174.

Bensoussan A. (2009). La RFID : un nouvel outil au service de la traçabilité des objets et des
personnes. Gazette du Palais, 23/1/2009. pp. 128-129.

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17/2. https://www.letemps.ch/opinions/droit-robots-ii-controverse-personnalite-juridique-
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Dower G. (2018). Gouverner les algorithmes, mais aussi avec eux. Dans la tête des robots. Le Mode
Hors-Série, mars. pp. 22.

Eudes Y. (2018). Des juges virtuels dans les tribunaux. Dans la tête des robots. Le Mode Hors-Série,
mars. pp. 14-18.

Ferrie S.-M. (2018). Les algorithmes à l’épreuve du droit équitable. La semaine juridique, 12 mars
2018, n° 297. pp. 498-505.

Houssa C., Standaert L. (2016, novembre). Les Fintech : la nouvelle frontière de la finance, 27ème
journée du Juriste d’entreprise, IJE/IBJ.

Communication, technologies et développement, 8 | 2020


Le droit des robots, un droit de l’homme en devenir ? 7

Loiseau G., Bourgeois M. (2018). Du robot en droit à un droit des robots. Semaine Juridique, n° 48.
pp. 2162- 2167.

Mendoza-Caminade A. (2016). Le droit confronté à l’intelligence artificielle des robots. Recueil


Dalloz, n° 8. pp. 445-448.

Morino L. (2014). L’open data, une mine d’or pour les juristes. La semaine Juridique n° 14, p. 700.

Nevejans N. (2017). Comment protéger l’homme face aux robots ? in L’humanisme juridique face aux
nouvelles technologies, Philosophie et droit, n° 59. pp. 131-163.

Patrick Saerens, « Derrière la cybermonnaie, le smart contact », La Libre Entreprise, 2/12/2018, p. 18

Ronald C. Arkin, « Governing lethal behavior in autonomous robots », Chapman Hall, CRC, 2009.

Siary O. (2018). Quelle personnalité juridique pour les robots ? in Village Justice, 26/1/2017.
https://www.village-justice.com/articles/Quelle-personnalite-juridique-pour-les-robots,
24075.html

NOTES
1. Extrait du poème d 'Alphonse de Lamartine: « Mily ou la terre natale ».
2. L’article 1384§1 du code civil belge précise: On est responsable non seulement du
dommage que l'on cause par son propre fait, mais encore de celui qui est causé par le fait des
personnes dont on doit répondre, ou des choses que l'on a sous sa garde.
3. Les robots domestiques sont parfois qualifiés de « concentrateurs d’intimités » (Nicolas
Capt, 2016).
4. Lois inventées par l’écrivain de science-fiction dès 1942 qui impose au robot, en toute
circonstance, de ne pas mettre l’humanité en danger.
5. Cette question a été mise en lumière par Yan P. LIN sous le nom de « trolley paradox »
6. Le concept d’ethics by design préconise que le robot doit respecter la dignité
numérique, laquelle passe par la possibilité pour l’être humain de maitriser leur
conduite de la création à la mise sur le marché.
7. Ce phénomène connu en sciences sociales sous le vocable de « psychologie de
l’exemple » consiste à dicter le comportement des individus lorsque la révélation des
statistiques pousse un acteur à adapter la solution majoritairement retenue avant lui.
8. Article 6§1: « Toute personne a droit à ce que sa cause soit entendue équitablement,
publiquement et dans un délai raisonnable, par un tribunal indépendant et impartial, établi
par la loi, qui décidera, soit des contestations sur ses droits et obligations de caractère civil, soit
du bien-fondé de toute accusation en matière pénale dirigée contre elle (…) »
9. https://www.lemonde.fr/international/article/2007/03/07/la-coree-du-sud-elabore-
une-charte-ethique-des-robots_880397_3210.html
10. http://www.europarl.europa.eu/sides/getDoc.do?pubRef=-//EP//
TEXT+PV+20170216+ITEM-006-09+DOC+XML+V0//FR
11. Le Comité Economique et Social Européen a rendu a un avis fort critique sur la
question de la personnalité juridique qui pourrait être accordée aux robots.
12. Pensons à « l’origine du Monde » de Gustave Courbet refusé par Facebook.

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Le droit des robots, un droit de l’homme en devenir ? 8

RÉSUMÉS
L’intelligence artificielle commence à intéresser les juristes. Entre les partisans d’une
personnalité juridique propre aux robots et la crainte d’une justice prédictive, les lignes de
fracture sont nombreuses. La question concerne aussi l’avenir des professionnels du droit qui
peuvent être menacés par les « contrats intelligents » issus de la Blockchain. Mais chacun
s’accorde à souhaiter que l’homme reste au centre des préoccupations de la machine afin que le
droit des robots puisse, paradoxalement, être « un droit de l’homme » en devenir.

Artificial intelligence is beginning to interest jurists. Between the supporters of a legal


personality specific to robots and the fear of a predictive justice, the lines of fracture are
numerous. The question is about the future of legal professionals who may be threatened by
"smart contracts" from Blockchain. But everyone agrees that man remains at the center of the
concerns of the machine so that the right of robots, paradoxically, can be a "human right" in the
making.

La inteligencia artificial está empezando a interesar a los juristas. Entre los defensores de una
personalidad jurídica específica para los robots y el temor a una justicia predictiva, las líneas de
fractura son numerosas. La pregunta es sobre el futuro de los profesionales legales que pueden
verse amenazados por "contratos inteligentes" de Blockchain. Pero todos están de acuerdo en
que el hombre permanece en el centro de las preocupaciones de la máquina para que el derecho
de los robots, paradójicamente, pueda ser un "derecho humano" en la creación.

INDEX
Mots-clés : Personnalité juridique électronique, blockchain, responsabilité du fait d’autrui,
justice prédictive, « roboéthique »
Palabras claves : Personalidad jurídica electrónica, blockchain, responsabilidad subsidiaria,
justicia predictiva, "robo-ética".
Keywords : Electronic legal personality, blockchain, vicarious liability, predictive justice, "robo-
ethics"

AUTEUR
PATRICK SAERENS
avocat, chargé de cours en droit international à l’IC-HEC Bruxelles, professeur invité à
l’Université de Lorraine (Metz) et d’Oujda (Maroc)

Communication, technologies et développement, 8 | 2020


Communication, technologies et
développement
8 | 2020
Robotique avancée, intelligence artificielle et
développement

La sauvegarde des libertés individuelles face à


l’utilisation croissante de l’intelligence artificielle
Jim LAPIN

Édition électronique
URL : http://journals.openedition.org/ctd/3192
DOI : 10.4000/ctd.3192
ISSN : 2491-1437

Éditeur
Chaire Unesco Pratiques émergentes en technologies et communication pour le développement

Édition imprimée
ISBN : 2491-1437

Référence électronique
Jim LAPIN, « La sauvegarde des libertés individuelles face à l’utilisation croissante de l’intelligence
artificielle », Communication, technologies et développement [En ligne], 8 | 2020, mis en ligne le 30 juin
2020, consulté le 20 juillet 2020. URL : http://journals.openedition.org/ctd/3192 ; DOI : https://doi.org/
10.4000/ctd.3192

Ce document a été généré automatiquement le 20 juillet 2020.

Communication, technologies et développement


La sauvegarde des libertés individuelles face à l’utilisation croissante de l... 1

La sauvegarde des libertés


individuelles face à l’utilisation
croissante de l’intelligence
artificielle
Jim LAPIN

1 L’intelligence artificielle correspond aux technologies capables de traiter des sources


hybrides et notamment des données non structurées. Elle a connu un réel essor ces
dernières années. Pour la première fois peut-être, une activité immatérielle devient
indépendante de l’Homme. Il ne s’agit plus de la mise en œuvre d’un programme par la
volonté et sous le contrôle de l’être humain, mais du développement d’une forme de
pensée qui, bien que conçue par l’Homme, tend dans une certaine mesure à s’en
émanciper. Ainsi, des tâches complexes sont déléguées à des procédés technologiques
de plus en plus autonomes. Elle est cependant susceptible de porter atteinte aux
libertés individuelles. Au rang de ces libertés définies par les textes fondamentaux et
par les hautes juridictions, on trouve la liberté de circulation, la liberté d’opinion, la
liberté de culte, la liberté de conscience, la liberté économique, la liberté contractuelle 1,
qui reposent sur l’autonomie de la volonté, et le droit à la vie privée 2. Cette dernière est
étroitement liée au domicile, à la correspondance, aux relations intimes, dont il faut
préserver le secret.
2 L’irruption dans nos vies de l’intelligence artificielle et son expansion font l’objet d’une
attention particulière de la part des pouvoirs publics depuis que nous avons connu des
exemples d’utilisation qui ont attiré l’attention et inquiété les citoyens. En effet ces
pratiques ont porté au pilori les volontés individuelles et mis en cause un principe
fondamental de notre ordre juridique : la garantie des libertés individuelles. N’ouvre-t-
on pas les portes trop grandes à une confiance excessive dans la machine, poussant
l’individu à abandonner ses capacités de jugement ? Il s’agirait d’adapter la
réglementation en vigueur en définissant une nouvelle génération de garanties et de
droits fondamentaux spécifique au numérique.

Communication, technologies et développement, 8 | 2020


La sauvegarde des libertés individuelles face à l’utilisation croissante de l... 2

3 Ainsi, les pouvoirs publics se trouvent dans l’obligation d’adopter des règles juridiques
qui permettent l’épanouissement des libertés individuelles face aux risques que
représente l’intelligence artificielle. Le droit se devait d’évoluer vers un cadre juridique
approprié qui permet à l’être humain de conserver sa capacité de jugement et son
autonomie. Cependant, la régulation des algorithmes3 reste difficile en raison de
l’évolutivité de la technologie et du caractère confidentiel et concurrentiel des
développements.
4 Ensuite, afin de renforcer la protection juridique des utilisateurs, un certain nombre de
réflexions ont été menées, notamment par la Commission nationale de l’informatique
et des libertés (Cnil), dont le but est de faire en sorte que la technologie soit
véritablement au service de l’Homme. Cependant, ne perdons pas de vue que si la
France a raté le coche avec les moteurs de recherches (sous emprises des États-Unis et
de la Chine), c’est peut-être parce qu’elle est culturellement rétive à toute invention
mettant en jeu les droits fondamentaux de citoyens.
5 Le cadre réglementaire actuel est composé essentiellement de la loi du n° 2016-1321 du
7 octobre 2016 pour une République numérique4 et de la loi relative à la protection des
données personnelles du 20 juin 2018 qui adapte la loi "Informatique et libertés" du 6
janvier 1978 au "paquet européen de protection des données". Ce paquet comprend le
règlement général sur la protection des données (RGPD) du 27 avril 2016 5 directement
applicable dans tous les pays européens au 25 mai 2018 ainsi qu’une directive datée du
même jour sur les fichiers en matière pénale, dite directive "police" 6. Le non-respect de
ces textes est assorti de sanctions infligées par la Cnil. Enfin, deux lois du 22 décembre
2018 relatives à la lutte contre la manipulation de l’information 7 définissent un
dispositif de protection de la liberté d’opinion face aux fausses informations diffusées
sur Internet.
6 Il s’agira pour nous dans un premier temps d’analyser les enjeux de la protection des
libertés individuelles face à l’intelligence artificielle (I) avant de constater que la
réglementation française actuelle reste insuffisante pour protéger les libertés
individuelles (II).

I/ Les enjeux de la protection des libertés individuelles


face à l’intelligence artificielle
7 Les enjeux de la protection des libertés individuelles se mesurent avant tout au travers
de la valeur juridique de ces principes (A). En effet, les libertés individuelles sont des
libertés fondamentales garanties par la Constitution française et par la convention
européenne de sauvegarde des droits de l’Hommes et des libertés fondamentales.
Ensuite ces enjeux se mesurent au regard des risques de perte de l’autonomie de la
volonté (B) et de failles dans le respect de la vie privée (C).

A/ Les libertés individuelles : des libertés fondamentales

8 Une des conceptions des libertés individuelles trouve sa source dans l’individualisme
libéral qui caractérise aujourd’hui notre société. Il repose sur deux principes : d’une
part la « liberté individuelle » proprement dite, ou le droit de se préoccuper en premier
lieu de la condition des individus de la société avant la condition de la société elle-

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La sauvegarde des libertés individuelles face à l’utilisation croissante de l... 3

même et d’autre part l’autonomie morale qui exige que chaque individu mène une
réflexion individuelle sans que ses opinions soient dictées par un quelconque groupe
social.
9 Aux termes de l’article 2 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen : « Le but
de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de
l’homme. Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté et la résistance à l’oppression ».
10 Aussi, l’article 8 de la convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et
des libertés fondamentales8 dispose que
« toute personne a droit au respect de sa vie privée et familiale, de son domicile et
de sa correspondance. Il ne peut y avoir ingérence d’une autorité publique dans
l’exercice de ce droit que pour autant que cette ingérence est prévue par la loi et
qu’elle constitue une mesure qui, dans une société démocratique, est nécessaire à la
sécurité nationale, à la sûreté publique, au bien-être économique du pays, à la
défense de l’ordre et à la prévention des infractions pénales, à la protection de la
santé ou de la morale, ou à la protection des droits et libertés d’autrui ».
11 La Cour européenne des droits de l’Homme pousse très loin la protection de la sphère
individuelle en lui donnant une portée maximale à travers la notion d’autonomie
personnelle. Elle considère ainsi que « la faculté par chacun de mener sa vie comme il
l’entend peut également inclure la possibilité de s’adonner à des activités perçues
comme étant d’une nature physiquement ou moralement dommageable ou dangereuse
pour sa personne. En d’autres termes, la notion d’autonomie personnelle peut
s’entendre au sens du droit d’opérer des choix concernant son propre corps » 9. Les
juges constitutionnels européens et les organes de la Convention européenne des droits
de l’homme ont ainsi fait émerger la notion d’autonomie personnelle au sein de l’ordre
juridique, et fait de lui progressivement un droit fondamental 10. Toute personne peut
non seulement décider sans entrave de ses propres choix pour la construction de sa
personnalité, mais aussi de revendiquer ces choix afin qu’ils soient reconnus et
protégés juridiquement dans le cadre de ses relations à autrui.
12 Cependant, des motifs d’intérêt général peuvent justifier la restriction par les pouvoirs
publics d’un certain nombre de libertés. Il incombe au législateur de concilier le respect
des libertés individuelles avec d’autres exigences, comme la sauvegarde de l’ordre
public, la recherche des auteurs d’infractions et la préservation du bien-être
économique et social. Ainsi, le Conseil constitutionnel a souvent déclaré des
dispositions législatives restreignant des libertés comme conformes sans réserve ou
comme conformes avec réserves en raison de garanties qu’il suppose en adéquation
avec l’objectif poursuivi11. Il procède ainsi à un contrôle de proportionnalité12. La
mesure doit ainsi répondre aux exigences d’adéquation, de nécessité et de
proportionnalité au sens strict13.
13 Aussi, « conformément à la théorie générale des libertés, la limitation du pouvoir ne
consiste pas seulement à l’abstention de porter atteinte à une liberté ; elle se traduit
aussi par l’obligation pour le pouvoir de protéger cette liberté et de la rendre effective
notamment pour ce qui concerne les droits de créances »14. Le pouvoir doit ainsi
protéger les libertés y compris dans les relations entre personnes. De la même manière,
le Conseil constitutionnel considère que le législateur ne saurait modifier ou abroger
des dispositions législatives touchant une liberté comme la liberté de communication
qu’« en vue d’en rendre l’exercice plus effectif »15.

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14 En matière plus spécifiquement de traitement des données à caractère personnel, la


jurisprudence du Conseil constitutionnel laisse au législateur une grande liberté
d’appréciation tout en protégeant les libertés individuelles. Le Conseil constitutionnel a
jugé qu’il appartient au législateur de fixer les règles générales applicables aux fichiers
nominatifs et aux traitements de données personnelles. Celles-ci doivent s’attacher à
respecter la vie privée qui constitue un droit constitutionnel16. Le Conseil a par exemple
imposé que soit observée une particulière vigilance dans la collecte et le traitement de
données à caractère personnel de nature médicale17. Ainsi, le Conseil admet sous
certaines réserves, les utilisations multiples d’un fichier. Dans sa décision
n° 2003-467 DC du 13 mars 2003 sur la loi pour la sécurité intérieure, il a considéré
qu’aucune norme constitutionnelle ne s’opposait par principe à l’utilisation à des fins
administratives de données nominatives automatisées recueillies dans le cadre
d’activités de police judiciaire. Toutefois, elle « méconnaîtrait les exigences résultant
des articles 2, 4, 9 et 16 de la Déclaration de 1789 si, par son caractère excessif, elle
portait atteinte aux droits ou aux intérêts légitimes des personnes concernées » 18. C’est
aux conditions dans lesquelles il est procédé à la double utilisation d’un fichier que le
Conseil constitutionnel et, par voie de conséquence, le législateur ou le pouvoir
réglementaire doivent être attentifs. Par ailleurs, le Conseil n’admet l’interconnexion
de fichiers ayant à l’origine des finalités distinctes que dans un but de bonne
administration et de contrôle.
15 Enfin, le Conseil de l’Europe a estimé que l’article 8 de la Convention européenne des
droits de l’Homme précité, contenait un certain nombre de limites et d’inconvénients
au regard du développement nouveau de l’informatique et des technologies de
l’information. La portée du terme « vie privée » est insuffisamment définie et la prise
en considération de la protection contre l’ingérence de personnes qui ne sont pas une
autorité publique est inexistante. C’est ainsi qu’a été adoptée en 1981 une convention
pour la protection des personnes à l’égard du traitement automatisé des données à
caractère personnel, appelée convention 10819, qui a été ratifiée par 31 États membres
du Conseil de l’Europe, dont tous les États membres de l’Union européenne. Aux termes
de son article 1er, la convention a pour objectif d’assurer la protection du respect des
droits et des libertés fondamentaux de toute personne physique, et notamment de son
droit à la vie privée, à l’égard du traitement des données à caractère personnel la
concernant.
16 La convention 108 ne pouvait pas être appliquée directement par les États contractants
sont effectivité passait par l’adoption par les États signataires de dispositions de droit
interne conformes à ses principes fondamentaux. La Cour européenne des droits de
l’homme a estimé dans un avis de 1997 (affaire Z c. Finlande) que la protection des
données à caractère personnel jouait un rôle fondamental pour l’exercice du droit au
respect de la vie privée et familiale garanti par l’article 8 de la CEDH et précisé par la
convention 108 à laquelle elle s’est référée. Ainsi, le comité consultatif de la convention
pour la protection des personnes à l’égard du traitement à automatisé des données à
caractère personnel a mené une réflexion sur l’application de la convention 108 au
mécanisme de profilage par le biais du Data Mining20 qui est une composante essentielle
des technologies Big Data21.
17 La valeur juridique des libertés individuelles et leur portée étant ainsi exposées, il
convient d’étudier le risque de perte de l’autonomie de la volonté que le
développement de l’intelligence artificielle fait courir aux individus.

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B/ La perte de l’autonomie de la volonté

18 L’intelligence artificielle fait courir le risque d’une profonde transformation sociétale


où la société humaine serait remplacée par une société mécanisée. Il n’y aurait ainsi,
plus de place pour l’émotivité, pour la réflexion et pour l’intimité 22. On laisse l’individu
penser qu’on le décharge d’un poids : celui de réfléchir à un choix. Il n’y aurait plus de
liberté de réfléchir, ce qui est l’essence même de l’Homme. On pourrait ainsi compléter
cette citation de René Descartes sur la conscience : « Je pense donc je suis » 23, je ne pense
pas, donc je ne suis pas ?
19 La spécificité de l’être humain dans sa capacité de réflexion et de détermination de ses
choix est questionnée par l’autonomie grandissante des machines ainsi que par
l’apparition de formes d’hybridation entre humains et machines. En effet, les machines
« permettent une analyse de plus en plus complète et intime de nos modes de vie, de
nos besoins, de nos aspirations. Alors que la finalité de la machine était initialement de
gérer des tâches, les systèmes d’intelligence artificielle assurent désormais une
fonction de « rétroaction ». Cette fonction développe tout d’abord des capacités
interprétatives permettant aux systèmes d’interpréter les situations à haute vitesse.
Elle développe ensuite des capacités suggestives permettant aux machines de suggérer
des actes. Le modèle de l’économie de la donnée se nourrit par conséquent de la
collecte d’informations sur nos vies, ce qui aboutit à leur marchandisation intégrale.
Les capacités interprétatives et suggestives génèrent un « accompagnement
algorithmique de la vie à des fins prioritairement commerciales » 24. Enfin, la
« rétroaction » permet une capacité autodécisionnelle en permettant à des artefacts 25
de prendre des décisions à la place de l’homme, comme pour le trading à haute
fréquence qui décide d’achats ou de ventes à des vitesses très supérieures à celles des
capacités cognitives humaines »26.
20 L’intelligence artificielle censée guider l’action de l’Homme peut au final lui dicter ses
choix. On se retrouve face à une tendance à punir et à juger avant même que les
individus n’aient agi, sur la base de la simple présomption de ce qu’ils auraient pu
faire27 . Celui-ci se retrouve ainsi bafoué dans son intégrité et sa dignité. Ceux qui
exploitent les données du Big Data peuvent aussi avoir tendance à se focaliser sur les
résultats attendus de cette exploitation, sans tenir compte de leurs limites. L’autonomie
humaine serait en train de s’amoindrir face à l’intelligence artificielle, avec la
délégation croissante de tâches, de raisonnements ou de décisions de plus en plus
critiques à des machines. C’est la raison pour laquelle l’utilisation de l’intelligence
artificielle doit être encadrée et accompagnée.
21 En effet, le choix final dans un processus décisionnel faisant appel soit à la réflexion,
soit aux réflexes, ou aux deux à la fois, doit revenir à l’individu. Les entreprises sont
visées, mais aussi les États qui sont eux aussi susceptibles de commettre des abus dans
l’utilisation de l’intelligence artificielle..
22 Il convient cependant de relativiser ces risques. En effet, l’être humain étant libéré
d’une partie des tâches qui le mobilisaient pourra se concentrer sur d’autres activités et
tâches que l’intelligence artificielle ne pourra pas faire pour lui. Car l’être humain n’est
pas réduit uniquement à son intelligence, mais fait preuve aussi de sensibilité,
d’émotion, et de passions qui le font. Ce sont ces qualités qui lui permettent d’explorer
son univers28.

Communication, technologies et développement, 8 | 2020


La sauvegarde des libertés individuelles face à l’utilisation croissante de l... 6

23 Il convient malgré tout d’anticiper le fait que seule l’intelligence artificielle sera à
même de lutter contre les abus de l’intelligence artificielle. Le cadre réglementaire
actuel, bien qu’encourageant, ne permet pas suffisamment de garantir la pleine
expression de l’autonomie de la volonté, ni d’ailleurs de protéger le respect de la vie
privée qui constitue un autre risque que nous pouvons identifier.

C/ Les risques de failles dans le respect de la vie privée

24 L’individu doit pouvoir s’épanouir dans la sphère intime, à l’abri du regard de l’État et
de la société. Le développement des techniques, de la science, de l’informatique, de la
presse, de l’Internet et des moyens de communication menace chaque jour davantage
cet épanouissement.
25 La protection des données personnelles cristallise des enjeux importants et
ambivalents, qui trouvent à s’illustrer dans des questions concrètes et d’actualité, tant
sur le plan interne qu’international. Cette question est très sensible dans le contexte
actuel du développement sans limites de la capacité de traiter des données personnelles
en toujours plus grand nombre, qui touche l’intimité de la personne. On assiste par
ailleurs à un affaiblissement de l’État dans le traitement de cette question. Cette
tendance à l’accroissement quantitatif et qualitatif des possibilités techniques de
traitement des données personnelles a atteint un seuil considéré comme critique.
26 Elle trouve tout d’abord à s’illustrer dans les progrès constants de la biométrie qui a
permis une intrusion croissante dans les corps des individus, et aujourd’hui s’apprête à
investir le champ de la psyché29 avec le scanner et l’IRM 30. Les débats autour de la
création d’un titre d’identité électronique, éventuellement obligatoire, ont fait
ressurgir les craintes à propos de la constitution d’un fichier des Français. La création
d’une base de données biométriques reliée à une base de données d’identité pour
assurer l’unicité de la délivrance et du renouvellement des titres d’identité exige des
précautions importantes. Les fonctions d’identification d’un tel fichier permettent
l’utilisation des données pour d’autres fins que celle pour laquelle elles ont été
collectées. En somme, créer un fichier reviendrait à mettre le doigt dans un
engrenage31.
27 Ensuite, l’utilisation d’Internet implique nécessairement qu’il y ait de l’échange et des
traitements de données personnelles. Ce processus ne se réalise pas à l’initiative d’une
personne physique ou morale. Il implique nécessairement la bonne marche technique
du service32. Il en va ainsi notamment des moteurs de recherche33, de l’adresse IP
(Internet Protocol) des ordinateurs, des cookies et des fichiers logs 34. Ainsi, les nécessités
techniques aboutissent à la mise en place par principe des traitements de données
personnelles plus ou moins visibles par l’internaute pour toute opération effectuée sur
Internet. Une telle opération sur ce réseau se trouve ainsi faire l’objet de traces
identifiantes. Ce procédé de traçabilité et de renseignement est, dans le monde réel,
caractéristique d’un régime totalitaire selon André Lucas, Jean Deveze et Jean
Frayssinet35.
28 La prochaine étape technologique de diffusion d’outils miniaturisés informatisés de
traitement et de communication de données jusque dans notre quotidien, connue
comme l’ « internet des objets »36, ne va faire qu’amplifier cette tendance en étendant
ce qui existe aujourd’hui dans la sphère du virtuel à la sphère du réel. En effet, comme
le fait remarquer à juste titre Guillaume Desgens-Pasanau, celui qui souhaiterait se

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La sauvegarde des libertés individuelles face à l’utilisation croissante de l... 7

soustraire de la sphère virtuelle pour protéger les éléments de son intimité, se placerait
en dehors de la vie sociale37. Or on est bien obligé de constater que ces évolutions
technologiques augmentent par principe, fortement les risques d’atteintes à la vie
privée. Ces risques sont donc inhérents à̀ l’usage de telles technologies qui envahissent
notre quotidien. Se pose alors la question de l’efficacité des instruments relatifs aux
données personnelles pour protéger la vie privée de la personne fichée 38. Ce qui nous
conduit à explorer le cadre réglementaire permettant de protéger les libertés
individuelles face à l’intelligence artificielle.

II/ Le cadre réglementaire pour protéger les libertés


individuelles face à l’intelligence artificielle et ses
limites
29 La réglementation de la protection des Libertés individuelles face à l’utilisation des
technologies de communication n’est pas tout à fait nouvelle, car la loi informatique et
libertés du 6 janvier 1978 imposait déjà un certain nombre de principes qui ont
nécessité un renforcement (A). Il a fallu également renforcer la protection de la liberté
d’opinion (B). Par ailleurs, cette utilisation croissante de l’intelligence artificielle a
nécessité la consécration d’un principe de vigilance dont l’efficacité reste à prouver (C).

A/ Le renforcement des principes de transparence et de loyauté

30 Les problèmes que génèrent l’utilisation du big data sont renforcés par le fait que les
États eux-mêmes utilisent l’intelligence artificielle pour la mise en place de politiques
publiques. Les principes contenus dans la loi informatique et libertés ont été reprécisés
au niveau européen par le règlement général sur la protection des données (RGPD)
adopté le 14 avril 2016. Cette réglementation impose entre autres, des obligations de
transparence et de loyauté.
31 L’exigence de transparence s’est emparée de ce procédé opaque pour toute personne
dépourvue de connaissances informatiques : les algorithmes. Ils sont en effet de plus en
plus utilisés par l’administration et les entreprises. C’est ainsi que ce procédé permet
déterminer si les étudiants peuvent entrer à l’Université à travers de l’Admission post-
bac puis de Parcoursup. C’est aussi un algorithme qui attribue les postes de maîtres de
conférences à partir des priorités qu’ils ont établies sur le site du ministère de
l’Enseignement supérieur.
32 Tout d’abord, la loi du 7 octobre 2016 pour une République numérique impose une
exigence de transparence aux administrations quant aux traitements algorithmiques
servant de prendre des décisions individuelles. La loi insère au code des relations entre
le public et l’administration (CRPA) une nouvelle disposition aux termes de laquelle une
décision individuelle prise sur le fondement d’un traitement algorithmique comporte
une mention explicite informant l’intéressé. Aux termes des nouveaux articles L.
312-1-1 à L. 312-1-4 du CRPA, insérés par la loi précitée, doivent être formés à l’éthique
tous les acteurs-maillons de la « chaîne algorithmique » (concepteurs, professionnels,
citoyens). Ce principe d’alphabétisation au numérique doit permettre à chaque humain
de comprendre les ressorts de la machine. Ainsi, d’une part, les administrations ont
l’obligation de publier en ligne les règles définissant les principaux traitements

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algorithmiques utilisés dans la réalisation de leurs missions lorsque ces traitements


fondent des décisions individuelles. D’autre part, aux termes de l’article L. 311-2-1 du
CRPA, elles ont obligation de rendre accessibles les données traitées par les algorithmes
fondant une décision individuelle.
33 Les règles définissant ce traitement ainsi que les principales caractéristiques de sa mise
en œuvre sont communiquées par l’administration à l’intéressé s’il en fait la demande 39.
Cependant, la loi pour une République numérique ne précise pas que les algorithmes
sont des documents administratifs. On en déduit que l’algorithme ne pourra pas être
communiqué sous sa forme brute. Seules pourront être communiquées les
caractéristiques du traitement, notamment les objectifs, les finalités et les contraintes
du système ainsi qu’un exposé des paramètres, des principales caractéristiques, et des
règles générales de l’algorithme. Ceci peut sembler être un obstacle au principe de
transparence et donc la préservation de l’opacité. Cependant à notre sens il n’en est
rien. La préoccupation du législateur était aussi de préserver les secrets de conception
des algorithmes. Ceci principalement lorsque l’algorithme a été élaboré par une
entreprise, dans le cadre d’un contrat qui ne transfère pas à l’administration les droits
de propriété intellectuelle. Il faut certes faire vivre les principes de transparence, mais
non au détriment de la propriété intellectuelle qu’il convient de protéger face à la
concurrence internationale40.
34 Ensuite, au-delà des exigences imposées à l’administration, de manière générale, le
RGPD a mis l’accent sur la finalité de la collecte des données, qui est à notre sens, un
principe qui vient renforcer l’exigence de transparence. Avant toute collecte et
utilisation de données personnelles, le responsable de traitement doit précisément
annoncer aux personnes concernées les objectifs de cette collecte des données ou
autrement dit ce à quoi elles vont lui servir.
35 Ces dispositions législatives répondent ainsi aux préoccupations de Viktor Mayer-
Schonberger et de Kenneth Cukier41qui ont estimé que « les précisions permises par le
traitement des big data ne doivent pas être des boîtes noires, elles doivent pouvoir être
expliquées ». Il faut donc imposer la transparence face à l’utilisation de ces nombreuses
et diverses données. La solution donc à ces préoccupations passe par la formation
permettant de déchiffrer et d’expliquer ce qui se passe derrière ces big data. Ce rôle
pourrait être assuré par des algorithmistes, des auditeurs de big data en quelque sorte.
Schonberger et Cukier s’appuient ainsi sur ce qui s’est produit au début du siècle suite à
l’explosion des données financières où les auditeurs et comptables ont été chargés de
mettre en place un système de valorisation garantissant un reflet juste et transparent
du prix des portefeuilles boursiers, mais moins structurant sur l’économie réelle 42.
36 Afin de veiller au respect du principe de transparence, le législateur a par la même
occasion, renforcé le pouvoir de sanction de la Cnil43. C’est ainsi que cette dernière a
infligé le 21 janvier 2019, une amende record de 50 millions d’euros à Google,
reprochant au géant américain de ne pas informer suffisamment clairement ses
utilisateurs sur l’exploitation de leurs données personnelles. Selon la Cnil,
« Les manquements constatés privent les utilisateurs de garanties fondamentales
concernant des traitements pouvant révéler des pans entiers de leur vie privée, car
reposant sur un volume considérable de données, une grande variété de services et
des possibilités de combinaison de données quasi-illimitées » 44.
37 Face à tous ces enjeux, il était également nécessaire de renforcer le principe de loyauté
et de licéité. Ainsi, les données personnelles collectées ne pourront pas être réutilisées

Communication, technologies et développement, 8 | 2020


La sauvegarde des libertés individuelles face à l’utilisation croissante de l... 9

pour une autre finalité que celle prévue initialement. La loi Informatique et Libertés
précitée, modifiée par la loi n° 2004-801 du 6 août 2004 transposant la directive 98/46
CE du 24 octobre 1995 disposait déjà que les informations collectées par un système de
traitement automatisé de données personnelles, ne pouvaient être utilisées à une autre
fin que celle figurant dans la déclaration préalable faite auprès de la Commission
nationale de l’informatique et des libertés (Cnil). Ainsi, la Cour de cassation a eu à juger
qu’un système de traitement automatisé de données à caractère nominatif qui n’a pas
fait l’objet d’une déclaration à la Cnil45 ou dont la finalité a été détournée 46 ne peut pas
être opposé aux salariés et constitue un dispositif illicite. Plus, récemment, suite à une
requête de l’association UFC-Que Choisir déposée en 2014 contre Google 47, le Tribunal
de Grande Instance de Paris par un jugement du 12 février 2019 48, déclare abusives et
illicites 38 clauses des « conditions d’utilisation » et des « règles de confidentialité » du
géant américain. Il a été fait interdiction à ce dernier de collecter et partager les
données personnelles de ses utilisateurs sans les avoir informés clairement, de
géolocaliser en permanence ses utilisateurs et de modifier volontairement les données
personnelles collectées ou les diffuser librement dans des annonces commerciales.
Aussi, Google ne peut plus dissuader les utilisateurs de s’opposer aux dépôts
systématiques de cookies ni de laisser croire que l’utilisation de ses services entraine
l’acceptation des conditions d’utilisation et règles de confidentialité.
38 Cependant, en raison de l’évolution technologique et de l’utilisation d’algorithmes de
plus en plus complexe par les entreprises du net, les pouvoirs publics ont dû procéder à
l’adaptation du principe de loyauté. Ainsi, les algorithmes utilisés en intelligence
artificielle ne doivent trahir ni l’utilisateur ni la communauté. Il s’agit de favoriser une
utilisation qui permet à l’algorithme « de dire ce qu’il fait et de faire ce qu’il dit » 49. Le
RGPD adopté rappelons-le en avril 2016, après donc la plainte déposée contre Google,
dispose que le responsable de traitement doit informer la personne concernée de
« l’existence d’une prise de décision automatisée, y compris un profilage (…) et, au moins en
pareils cas, des informations utiles concernant la logique sous-jacente, ainsi que l’importance et
les conséquences prévues de ce traitement pour la personne concernée » (art. 13-2-f). À partir
de cette information est offert à la personne concernée un droit d’opposition. Deux
exceptions sont néanmoins prévues à cette faculté : lorsque cela est nécessaire à la
conclusion ou à l’exécution d’un contrat entre la personne concernée et un responsable
du traitement ou si le consentement explicite de la personne a été recueilli. Ce texte
impose aux grandes forces économiques du big data des obligations qui consistent à
éviter qu’ils n’interférent de manière excessive dans la vie privée des citoyens.
39 Le principe de loyauté peut s’appliquer par exemple dans le cadre du débat
démocratique afin de lutter contre la segmentation du corps politique par le ciblage de
l’information. Il peut également trouver à s’appliquer à l’utilisation d’algorithmes de
police prédictive50 sur des communautés ou quartiers entiers51.
40 Enfin, la loi du 7 octobre 2016 pour une République numérique précitée élargit
l’exigence de loyauté des plateformes en ligne52 et l’information des consommateurs,
au-delà des seules plateformes de mise en relation53. Tout opérateur de plateforme en
ligne est tenu désormais de délivrer au consommateur une information loyale, claire et
transparente sur les conditions générales d’utilisation du service d’intermédiation qu’il
propose, et « sur les modalités de référencement, de classement et de déréférencement
des contenus, des biens ou des services auxquels ce service permet d’accéder ». Par
ailleurs, les opérateurs de plateformes en ligne dont l’activité dépasse un seuil de cinq

Communication, technologies et développement, 8 | 2020


La sauvegarde des libertés individuelles face à l’utilisation croissante de l... 10

millions de visiteurs uniques par mois, par plateforme, calculé sur la base de la dernière
année civile, devront élaborer et diffuser aux consommateurs des bonnes pratiques
visant à renforcer les obligations de clarté, de transparence et de loyauté. Il convient
désormais de garantir que les masses de données collectées ne doit pas être utilisées
scrupuleusement au profit d’intérêts économiques et au préjudice des intérêts
particuliers54.
41 L’autorité administrative compétente peut procéder à des enquêtes afin d’évaluer et de
comparer les pratiques des opérateurs de plateforme en ligne. La liste des plateformes
qui ne respectent pas leurs obligations est rendue publique. Cette publicité constitue
une forme de sanction, car elle permet de rompre la confiance des internautes vis-à-vis
de ces plateformes et donc par voie de conséquence la baisse de leur utilisation
générant la baisse du chiffre d’affaires des opérateurs de ces plateformes.
42 Enfin, la loi précitée fait obligation à toute personne physique ou morale dont l’activité
consiste, à titre principal ou accessoire, à collecter, à modérer ou à diffuser des avis en
ligne provenant de consommateurs de délivrer aux utilisateurs une information loyale,
claire et transparente sur les modalités de publication et de traitement des avis mis en
ligne (Article L111-7-2 du code de consommation). Cette question touche par ailleurs la
liberté d’opinion dont la protection a été également renforcée.

B/ Le renforcement de la protection de la liberté d’opinion

43 Les fake news55, les tentatives de falsification des élections et la propagande à outrance
ont largement occupé les médias, notamment lors des dernières élections
présidentielles américaine et française56. Ces faits ont par ailleurs fortement remis en
cause l’idée d’une mondialisation positive où chacun pouvait en tirer des avantages. En
raison de ces évènements la tentation est grande d’instaurer un contrôle renforcé du
Web et une censure accrue de l’information, constituant de nouvelles restrictions à la
liberté d’expression. La question est de savoir cependant si l’on doit pour corriger un
excès adopter des solutions qui sont tout autant excessives.
44 Il faut rappeler à cet égard que les contenus d’origine américaine sont présents de
manière écrasante sur les réseaux participant ainsi à imposer l’impérialisme des États-
Unis. À côté de cette omniprésence américaine, la propagande chinoise, russe ou
islamiste sont minimes, mais il ne faut pas pour autant être moins vigilants à leur
égard.
45 Si les responsabilités civiles et pénales des auteurs de ces fausses informations peuvent
être recherchées sur le fondement des lois existantes, celles-ci sont toutefois
insuffisantes pour permettre le retrait rapide des contenus en ligne afin d’éviter leur
propagation ou leur réapparition. Cependant, les mesures à prendre doivent être
conciliées avec la préservation de la liberté d’expression. Cet enjeu majeur se pose avec
beaucoup d’acuité dans le cadre du débat électoral au cours duquel s’expriment par
nature des opinions ou arguments que les adversaires des candidats peuvent estimer
insincères.
46 Afin de contrecarrer d’éventuelles opérations de déstabilisation qui pourraient
survenir lors des prochaines échéances électorales, le législateur français a décidé de
faire évoluer la législation par l’adoption le 22 décembre 2018 des deux lois relatives à
la lutte contre les fausses informations57.

Communication, technologies et développement, 8 | 2020


La sauvegarde des libertés individuelles face à l’utilisation croissante de l... 11

47 Tout d’abord, de nouveaux outils permettront de mieux lutter contre la diffusion de


fausses informations durant la période électorale. Il s’agit d’une part, d’imposer en
amont aux plateformes, des obligations de transparence renforcées en vue de
permettre, aux autorités publiques de détecter d’éventuelles campagnes de
déstabilisation des institutions par la diffusion de fausses informations et aux
internautes de connaître notamment l’annonceur des contenus sponsorisés. D’autre
part il s’agit en aval de permettre que soit rendue une décision judiciaire à bref délai
visant à faire cesser leur diffusion.
48 Ensuite, la loi renforce le devoir de coopération des intermédiaires techniques en
ajoutant la lutte contre les fausses informations aux obligations de coopération
imposées aux intermédiaires techniques. Au-delà de l’obligation de retirer
promptement tout contenu illicite porté à leur connaissance, les prestataires visés sont
soumis à l’obligation de mettre en place un dispositif facilement accessible et visible
permettant à toute personne de porter à leur connaissance des contenus constitutifs de
fausses informations, d’une part, et de relayer promptement auprès des autorités
publiques compétentes les signalements relatifs à ces contenus transmis par les
internautes, d’autre part.
49 Ils doivent enfin, rendre publics les moyens qu’ils consacrent à la lutte contre la
diffusion de fausses informations. Cette troisième obligation est transversale et impose
une transparence dans la mise en place des deux premières obligations.
50 Cependant, il n’est pas sûr que ces nouvelles mesures soient efficaces et produisent les
résultats escomptés. En effet, elles seront confrontées à l’absence de culture ou du
sentiment national des internautes, car ceux-ci dépourvus de sens critique qui permet
de démêler le vrai du faux. Le contrôle des autorités publiques peut très vite se
retourner contre elles les internautes estimant que ce contrôle vise à instaurer et
imposer un discours officiel, portant ainsi atteinte à leur liberté d’opinion. La meilleure
arme contre la volonté hégémonique de certains par le biais d’Internet, est
certainement la pédagogie et l’instruction permettant le développement l’esprit
critique et par conséquent l’épanouissement de la liberté d’opinion.
51 Les pouvoirs publics ont dû par ailleurs innover en consacrant un nouveau principe de
vigilance.
52

C/ L’adoption d’un principe de vigilance

53 Le Conseil constitutionnel avait déjà auparavant, imposé que soit observée une
particulière vigilance dans la collecte et le traitement de données à caractère personnel
de nature médicale58. Mais on ne pouvait pas dire qu’il avait dégagé un principe général
de vigilance. Le principe a été consacré comme nouveau principe par le RGPD.
54 Ce principe doit permettre d’aboutir à une remise en question continue de l’algorithme,
car il est extrêmement complexe et en perpétuelle mutation. Ce principe recouvre tout
d’abord la règle de la pertinence ou de minimisation. Cette règle exige que les données
traitées soient pertinentes, adéquates et limitées au regard de la finalité poursuivie.
Ainsi seules les données strictement nécessaires à la réalisation de l’objectif déterminé
doivent être collectées : c’est le principe de minimisation. Autrement dit le responsable
de traitement ne doit pas collecter plus de données que ce dont il a vraiment besoin 59.

Communication, technologies et développement, 8 | 2020


La sauvegarde des libertés individuelles face à l’utilisation croissante de l... 12

55 Ensuite le principe impose la règle de la limitation de la conservation des données. Elle


signifie qu’une fois que l’objectif poursuivi par la collecte des données est atteint, il n’y
a plus lieu de les conserver et elles doivent être supprimées. La durée de conservation
des données doit ainsi être limitée au strict minimum. Cette durée de conservation doit
être définie au préalable par le responsable du traitement, en tenant compte des
éventuelles obligations à conserver certaines données qui peuvent être variables. Afin
de vérifier le respect de ce principe dans la pratique, une procédure de conservation,
d’archivage et de purge devra être mise en œuvre.60.
56 Enfin, il exige la sécurité des données personnelles. Le responsable de traitement doit
prendre toutes précautions utiles pour garantir la sécurité des données qu’il a
collectées, mais aussi leur confidentialité, c’est-à-dire s’assurer que seules les
personnes autorisées y accèdent. Ces mesures pourront être déterminées en fonction
des risques pesant sur ce fichier (par exemple sensibilité des données ou encore objectif
du traitement)
57 Les exigences de ce principe sont toutefois moins évidentes que ceux du principe de
loyauté. Il faut davantage l’alimenter afin de permettre l’atteinte des objectifs qu’il
sous-tend ou d’inventer de nouvelles règles. Il convient ainsi de définir un principe de
vigilance/réflexivité en organisant un questionnement régulier, méthodique et
délibératif à l’égard de ces objets mouvants. Il permettra ainsi de répondre aux
exigences qu’imposent les objets technologiques du fait de leur nature, du caractère
très compartimenté des chaînes algorithmiques au sein desquels ils s’insèrent ; enfin,
de corriger la confiance excessive à laquelle ils donnent souvent lieu et qui peut porter
atteinte à l’autonomie de la volonté. C’est toute la chaîne algorithmique, à savoir
concepteurs, entreprises et citoyens qui doivent être mobilisés pour alimenter ce
principe, au moyen de procédures concrètes comme la mise en place de comités
d’éthique assurant un dialogue systématique et continu entre les différentes parties-
prenantes.
58 Par ailleurs, le principe de vigilance devra s’appuyer sur une certification. Il s’agit ici
d’élaborer un processus de contrôle fondé sur la certification des différentes
composantes des systèmes pilotés par l’intelligence artificielle. La certification veillera
à ce que les composantes initiales ainsi que leur mutation ne soient pas en mesure de
porter atteinte aux droits des tiers et aux principes fondamentaux touchant aux
libertés individuelles. Elle doit s’assurer que les résultats ne soient pas détournés à des
fins commerciales préjudiciables aux intérêts particuliers.
59 Ainsi, on estime qu’un véhicule autonome circulant pendant une heure et demie
produit un volume de données exprimé en giga octets. En cas d’accident, il sera alors
nécessaire de pouvoir les retraiter pour déterminer au mieux les circonstances exactes.
Cette certification inclut l’évaluation des risques, et doit s’organiser au sein du secteur
privé dans le respect de normes établies et sanctionnées par l’État. Sa bonne
conceptualisation permettra de garantir au mieux le respect de la vie privée et
notamment de la protection des données personnelles.
60 Cependant, la nécessité de protéger les libertés individuelles ne doit pas aboutir à
l’adoption de règles qui constitueront un frein aux innovations technologiques. Un
juste équilibre doit être trouvé entre le développement de ces dernières et la garantie
des libertés individuelles.
61

Communication, technologies et développement, 8 | 2020


La sauvegarde des libertés individuelles face à l’utilisation croissante de l... 13

NOTES
1. La liberté de circulation : dans la même optique que la précédente, elle reconnaît à
l'homme le droit d'aller et venir librement sur le territoire national, ce qui inclut la
possibilité d'y entrer ou d'en sortir. Cette liberté a été étendue en Europe grâce
aux accords de Schengen, permettant la libre circulation des personnes dans l'espace
de la Communauté européenne. La liberté de culte ainsi que la liberté de conscience : la
liberté de culte permet à chaque individu de pratiquer la religion de son choix, la
liberté de conscience permet de ne pas avoir de croyance religieuse. La Déclaration des
droits de l'homme et du citoyen en fixe pour limite : l’absence de trouble à l'ordre
public. La liberté d'opinion consiste en la liberté de pensée associée à la liberté
d'expression : elle permet à chacun de penser et d'exprimer ses pensées sans censure
préalable, mais non sans sanctions, si cette liberté porte préjudice à quelqu'un. Elle va
de pair avec la liberté de la presse, qui est celle d'un propriétaire de journal de dire ce
qu'il veut dans son journal. La liberté économique : elle permet à chacun de percevoir
des revenus de son travail et de pouvoir affecter ces derniers librement : liberté de
travailler et de consommer. Nul ne peut se voir refuser par principe un emploi pour des
considérations autres que de qualification professionnelle (par exemple sexe, origine
ethnique, âge ou religion). La liberté contractuelle : les individus doivent être libres de
définir eux-mêmes les termes des contrats qu'ils passent entre eux.
2. Dans son acception originelle, il fournit d’abord une protection contre une intrusion dans
l’intimité des personnes, qu’elle soit le fait de l’État ou des tiers. Ainsi conçue, la vie privée est
étroitement liée au domicile, à la correspondance, aux relations intimes, dont il faut préserver le
secret. C’est en 1995 que le Conseil constitutionnel admettra en pleine lumière le droit au respect
de la vie privée. Appelé à se prononcer sur la constitutionnalité de dispositions encadrant
l’installation de systèmes de vidéosurveillance, le Conseil constitutionnel jugera « que la
méconnaissance du droit au respect de la vie privée peut être de nature à porter atteinte à la liberté
individuelle ».
En 1995, appelé à se prononcer sur la constitutionnalité de dispositions encadrant l’installation
de systèmes de vidéosurveillance, se fondant sur l’article 66 de la Constitution, le Conseil
constitutionnel jugera « que la méconnaissance du droit au respect de la vie privée peut être de nature à
porter atteinte à la liberté individuelle » (Cons. const., 18 janv. 1995, n° 94-352 DC, cons. 3 ; rappr. 22
avr. 1997, n° 97-389 DC, cons. 44). C’est en 1998 que le Conseil constitutionnel remet en cause
pour la première fois l’architecture de l’article 66 de la Constitution telle que voulue par le
constituant de 1958, en distinguant le respect de la vie privée de la liberté individuelle, la faisant
ainsi entrer dans nombre de libertés garanties par les articles 2 et 4 de la Constitution. (Cons.
Const., 29 déc. 1998 n°98-405 DC).
3. Il s’agit de l’ensemble de règles opératoires dont l'application permet de résoudre un problème
énoncé au moyen d'un nombre fini d'opérations. Un algorithme peut être traduit, grâce à un
langage de programmation, en un programme exécutable par un ordinateur. www.larousse.fr.
Voir not. Jean-Marc DELTORN, La protection des données personnelles face aux algorithmes
prédictifs, RDLF 2017.
4. JORF n°0235 du 8 octobre 2016 – « "Droit à l'oubli", "mort numérique"...: les députés
accordent de nouveaux pouvoirs aux internautes », L'Express, 22 janv.2016.
5. Règlement (UE) 2016/679 du Parlement européen et du Conseil du 27 avril 2016, relatif à la
protection des personnes physiques à l'égard du traitement des données à caractère personnel et

Communication, technologies et développement, 8 | 2020


La sauvegarde des libertés individuelles face à l’utilisation croissante de l... 14

à la libre circulation de ces données, et abrogeant la directive 95/46/CE (règlement général sur la
protection des données) ; Nils MONNERIE « Les défis de la commercialisation des données après le
RGPD : aspects concurrentiels d’un marché en développement », Revue internationale de droit
économique, 2018/4 (t. XXXII), p. 431-452.
6. Directive (UE) 2016/680 du Parlement européen et du Conseil du 27 avril 2016 relative à la
protection des personnes physiques à l'égard du traitement des données à caractère personnel
par les autorités compétentes à des fins de prévention et de détection des infractions pénales,
d'enquêtes et de poursuites en la matière ou d'exécution de sanctions pénales, et à la libre
circulation de ces données, transposée par la n° 2018-493 du 20 juin 2018 relative à la protection
des données personnelles et modifiant la loi Informatique et liberté, JORF n° 0141du 21 juin 2018.
7. Loi organique n° 2018-1201 et loi n° 2018-1202 du 22 déc. 2018 relatives à la lutte contre la
manipulation de l'information, JORF n° 0297 du 23 déc. 2018.
8. Louis Edmond PETTITI, Emmanuel. DECAUX, Paul Henry. IMBERT (Sous la dir.) La Convention
européenne des droits de l'homme, commentaire article par article, Économica, 1999.
9. CEDH, K.A et A.D c/ Belgique du 17 fév. 2005, cf. Revue Droits (48, 2008 ; 49, 2009).
10. Voir Hélène HURPY, Fonction de l’autonomie personnelle et protection des droits de la personne
humaine dans les jurisprudences constitutionnelles et européenne, Thèse sous la direction du
Professeur Annabelle PENA, Université Aix-Marseille, RDLF 2014.
11. Par exemple : Cons. const., 2010-25 QPC, 16 sept. 2010, JORF 16 sept.2010, p. 16847 à propos du
Fichier national automatisé des empreintes génétiques ; Cons. const., 2011-625 DC, 10 mars 2011,
JORF 15 mars 2011, à propos des dispositions organisant le blocage des adresses électroniques des
sites qui diffusent des images à caractère pornographique mettant en scène des mineurs.
12. Cf. Ferdinand MÉLIN-SOUCRAMANIEN, « Le contrôle de proportionnalité exercé par le Conseil
constitutionnel », LPA n° 45, mars 2009 - Valérie GOESEL-LE BIHAN, « Le contrôle exercé par le
Conseil constitutionnel : défense et illustration d’une théorie générale », Revue de droit
constitutionnel n° 45, 2001.
13. L’exigence d’adéquation signifie que la mesure adoptée doit être a priori susceptible
de permettre ou de faciliter la réalisation du but visé ; l’exigence de nécessité a pour
corollaire que la mesure ne doit pas être plus restrictive que ne l’exige le but poursuivi,
ce qui suppose que le choix d’une mesure moins contraignante pour les personnes
concernées ou pour la collectivité n’aurait pu permettre d’atteindre à l’identique
l’objectif visé et enfin l’exigence de proportionnalité au sens strict signifie, à supposer
que la mesure soit nécessaire, elle ne soit pas hors de proportion avec le résultat
recherché, ce qui implique une mise en balance des charges créées et des avantages
apportés par la réalisation de l’objectif poursuivi.
14. « La conception des libertés par le Conseil constitutionnel et par la Cour
européenne des droits de l’Homme, Les nouveaux cahiers du Conseil constitutionnel, 2011/3
N°32, pp 19 à 28.
15. Cons. const, 84-181 DC, 10-11 octobre 1984, Rec. 73.
16. Cons. const., 99-416 DC du 23 juillet 1999 sur la loi portant création d'une couverture maladie
universelle.
17. Cons. Const. 99-422 DC du 21 décembre 1999.
18. Cons. const., 2003-467 DC du 13 mars 2003 sur la loi pour la sécurité intérieure
19. Convention n° 108 pour la protection des personnes à l'égard du traitement automatisé des
données à caractère personnel du Conseil de l’Europe du 28 janvier 1981.
20. Les logiciels Data Mining font partie des outils analytiques utilisés pour l’analyse de données.
Ils permettent aux utilisateurs d’analyser des données sous différents angles, de les catégoriser,
et de résumer les relations identifiées. Techniquement, le Data Mining est le procédé permettant
de trouver des corrélations ou des patterns entre de nombreuses bases de données relationnelles.

Communication, technologies et développement, 8 | 2020


La sauvegarde des libertés individuelles face à l’utilisation croissante de l... 15

21. La notion de big data est un concept s'étant popularisé dès 2012 pour traduire le fait que les
entreprises sont confrontées à des volumes de données (data) à traiter de plus en plus
considérables et présentant de forts enjeux commerciaux et marketing.
22. Viktor MAYER-SCHONBERGER et Kenneth CUKIER, Big Data : la révolution des données est en
marche, traduction de Hayet DHIFALLAH, éd. Laffont, 2014.
23. René DESCARTES, citation sur la conscience.
24. Intelligence artificielle : des libertés individuelles au discernement orienté, EuroGroup Consulting,
mars 2017.
25. Le terme d’artefact désigne à l'origine un phénomène créé de toutes pièces par les conditions
expérimentales. En tant qu'objet fabriqué, l'artéfact regroupe les ustensiles, les bâtiments et
œuvres d'art.
26. Intelligence artificielle : des libertés individuelles au discernement orienté, EuroGroup Consulting,
préc.
27. Viktor MAYER-SCHONBERGER et Kenneth CUKIER, Big Data : la révolution des données est en
marche, traduction de Hayet DHIFALLAH, préc.
28. Intelligence artificielle : des libertés individuelles au discernement orienté, préc., p. 63.
29. La psyché est une théorie en psychologie analytique, qui désigne l'ensemble des
manifestations conscientes et inconscientes de la personnalité d'un individu. Elle est composée
de 4 parties distinctes : le mental, l’égo, l’inconscient et le conscient.
30. Nicolas OCHOA. Le droit des données personnelles, une police administrative spéciale. Droit.
Université́ Paris 1 Panthéon-Sorbonne, 2014. Le sigle IRM désigne l’imagerie à résonance
magnétique.
31. Le Décret n° 2016-1460 du 28 oct. 2016 autorisant la création d’un traitement de données à
caractère personnel relatif aux passeports et aux cartes nationales d’identité. C’est la deuxième
tentative du gouvernement français pour développer une base de données biométriques massive
et centralisée, suite aux efforts du gouvernement de droite de Nicolas Sarkozy en 2012 pour
adopter une loi proposant une base de données similaire.
Dans ce cas, le Conseil constitutionnel français a finalement mis fin à la loi pour des raisons que
la portée de la base de données était trop large et que la police l’utiliserait finalement pour
identifier des individus à partir de données biométriques. Le gouvernement français insiste sur le
fait que la nouvelle base de données ne sera utilisée que pour authentifier des individus et non
pour les identifier. En d’autres termes, la base de données sera utilisée pour vérifier que les gens
sont ce qu’ils disent être, et non pour savoir la biométrie qui a été découverte sur les lieux d’un
crime.
L'autorité judiciaire, gardienne de la liberté individuelle en vertu de l'article 66 de la
Constitution, doit seule permettre l'utilisation du fichier à des fins de police judiciaire. Cf.
Rapport d'information n° 439 (2004-2005) de M. Jean-René LECERF, Mission d'information de la
commission des lois du sénat, déposé le 29 juin 2005.
32. André LUCAS, Jean DEVEZE, Jean FRAYSSINET, Droit de l'informatique et de l'Internet, PUF, 2001,
pp. 14-15 : « L'internet a mis en avant le problème majeur de la « traçabilité́ » : toute connexion
pour obtenir un quelconque service, toute consultation d'un site laissent des traces
électroniques. Celles-ci sont dans l'ordinateur de l'internaute, identifié par une adresse IP
(Internet Protocol), stable ou dynamique du fournisseur d'accès, du serveur, du gestionnaire de
l'infrastructure-réseau. Collectées, rassemblées, traitées, diffusées, elles « parlent » de
l'internaute qui devient transparent, elles diminuent ou suppriment la confidentialité́ des
échanges. L'internaute est un moderne Petit Poucet qui laisse derrière lui volontairement et
involontairement des « données-traces » que d'autres se chargent de collecter, d'interpréter,
d'utiliser, de diffuser ».

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33. LAMY Droit du numérique, Lamy, 2012, p. 1978 : « Système d'exploitation de banque de données
et, par extension, serveur spécialisé́ permettant d’accéder sur la toile à des ressources (pages,
sites, etc.) à partir de mots clés ».
34. En informatique, le logging désigne l'enregistrement séquentiel dans un fichier ou une base de
données de tous les évènements affectant un processus particulier (application, activité́ d'un
réseau informatique...). « Le journal (en anglais log file ou plus simplement log), désigne alors le
fichier contenant ces enregistrements. Généralement datés et classés par ordre chronologique,
ces derniers permettent d'analyser pas à̀ pas l'activité́ internet du processus et ses interactions
avec son environnement ».
35. André LUCAS, Jean DEVEZE, Jean FRAYSSINET, Droit de l'informatique et de l'Internet, op. cit, p.
16 : « mais consulter des sites pornographiques du Web relevé aussi de la liberté́ personnelle, de
la vie privée : on ne demande pas la carte d'identité́ à l'acheteur d'une revue « X » en kiosque.
Cependant le fournisseur d'accès possède cette information personnelle ».
36. Et ce notamment par les technologies de la RFID (Radio Frequency Identification, en français
« identification par radiofréquence ») dans un premier temps, des nanotechnologies dans un
second.
37. Guillaume DESGENS-PASANAU, « Informatique et libertés, une équation à plusieurs
inconnues », in GIROT Jean- Luc (dir.), Le harcèlement numérique, Dalloz, 2005, p. 97.
38. Nicolas OCHOA. Le droit des données personnelles, une police administrative spéciale. Droit.
Université́ Paris 1 Panthéon-Sorbonne, 2014, op. cit.
39. Cette obligation de communication ne concerne pas les documents administratifs dont la
consultation ou la communication porterait atteinte au secret des délibérations du
Gouvernement et des autorités responsables relevant du pouvoir exécutif, au secret de la défense
nationale, à la conduite de la politique extérieure de la France, à la sûreté de l'État, à la sécurité
publique, à la sécurité des personnes ou à la sécurité des systèmes d'information des
administrations, à la monnaie et au crédit public, au déroulement des procédures engagées
devant les juridictions ou d'opérations préliminaires à de telles procédures, sauf autorisation
donnée par l'autorité compétente, à la recherche et à la prévention, par les services compétents,
d'infractions de toute nature et aux autres secrets protégés par la loi
40. Voir l’étude d’impact dur le projet de loi pour une République numérique, p. 11.
41. Viktor MAYER-SCHONBERGER, et Kenneth CUKER, Big Data : la révolution des données est en
marche, traduction de Hayet DHIFALLAH, éd. Laffont, 2014, op. cit.
42. Voir lettre de Mission du Ministre de l’Économie, de l’Industrie et de l’Emploi en date du 31
juil. 2009 à ESCP Europe.
43. La Cnil peut prononcer des amendes administratives qui peuvent atteindre jusqu’à 20
millions d’euros, ou dans le cadre d’une entreprise jusqu’à 4 % du chiffre d'affaires annuel
mondial de l'exercice précédent.
44. https://www.cnil.fr
45. Cour de Cassation, ch. soc., 6 avr. 2004, n° 01-45.227, D. 2004. 2736, note R. de Quenaudon.
46. Cour de Cassation, ch. soc., 3 nov. 2011, n° 10-18.036, Dalloz actualité, 4 nov. 2011, obs. A.
Astaix.
47. En 2014, l'UFC-Que choisir a aussi assigné en justice pour les mêmes raisons Twitter et
Facebook. Le premier a été condamné en août 2018 également à 30 000 €.
48. TGI de Paris, 12 fév. 2019, UFC-Que Choisir c/ Google Inc. V. not. Luc-Marie AUGAGNEUR,
« Les clauses abusives des conditions de Google », AJ contrat 2019, p. 175, 17 avr. 2019 – Cécile
CRICHETON, « Clauses abusives et Google : une classification du régime attendue », Dalloz IP/IT
2019, 15 mars 2019.
49. Isabelle FALQUE PIERROTIN, Présidente de la Cnil, in Algorithmes : « Ce sont les individus qu'il
faut responsabiliser », www.lepoint.fr, 29 janv. 2018.

Communication, technologies et développement, 8 | 2020


La sauvegarde des libertés individuelles face à l’utilisation croissante de l... 17

50. La police prédictive permet d’anticiper les faits en utilisant notamment des données ouvertes
et des données produites par les services de sécurité. V. not. : Nathalie PERRIER, « La police
pérdictive est un outil d’aide à la décision en matière de sécurité »,
www.lagazettedescommunes.com - Xavier LATOUR « Sécurité intérieure : un droit « augmenté
?», AJDA 2018. 431, 5 mars 2018.
51. Cnil, Comment permettre à l’Homme de garder la main ? Rapport sur les enjeux éthiques des
algorithmes et de l’intelligence artificielle, déc. 2017.
52. Aux termes de l’article L111-7 du code de la consommation, « Est qualifiée d'opérateur
de plateforme en ligne toute personne physique ou morale proposant, à titre professionnel, de
manière rémunérée ou non, un service de communication au public en ligne reposant sur :
1° Le classement ou le référencement, au moyen d'algorithmes informatiques, de contenus, de
biens ou de services proposés ou mis en ligne par des tiers ;
2° Ou la mise en relation de plusieurs parties en vue de la vente d'un bien, de la fourniture d'un
service ou de l'échange ou du partage d'un contenu, d'un bien ou d'un service ».
53. Il s’agit de l'intermédiation proposée entre deux groupes d'utilisateurs. Elle permet la mise en
relation de plusieurs types d'agents au sein d'un même espace.
54. Aux termes de l’article D111-15 du code de la consommation, « Le seuil du nombre de connexions
au-delà duquel les opérateurs de plateformes en ligne sont soumis aux obligations de l'article L. 111-7-1 est
fixé à cinq millions de visiteurs uniques par mois, par plateforme, calculé sur la base de la dernière année
civile. Un opérateur de plateforme en ligne dont le nombre de connexions dépasse le seuil mentionné au
premier alinéa dispose d'un délai de six mois pour se mettre en conformité avec l'article L. 111-7-1 ».
55. On peut traduire fake news par intox, informations fallacieuses ou fausses nouvelles. Il s’agit
d’informations mensongères délivrées dans le but de manipuler ou tromper les individus. Voir à
ce sujet notamment, « Les fake news menacent-elles le débat public ? », www.vie-publique.fr, 18
oct. 2018.
56. Voir notamment Philippe MOURON, « De la rumeur aux fausses informations », Légicom, 10
janv. 2018.
57. Voir not. : « La loi Fake news publiée après sa validation par le Conseil constitutionnel »
Légipresse, 25 janv. 2019 – Pierre JANUEL et Marine BABONNEAU, « Loi Fake news : première
application du référé », Dalloz actualité, www.dalloz.fr, 21 mai 2019 – Patrick SERGEANT, « Lutte
contre les fake news et rémunération du droit voisin à la table des discussions entre éditeurs de
presse et GAFA », Légipresse, 29 mai 2019 – Diane DE BELLESCIZE, « Fake news : une loi polémique,
qui pose plus de questions qu’elle n’en résout, Constitutions, 25 mars 2019.
58. Cons. Const. 99-422 DC du 21 décembre 1999, op. cit.
59. Exemple de données non pertinentes : un site marchand qui propose de tester son produit à
domicile n’a pas besoin de collecter.
60. Exemples de limitation de données : Les coordonnées d’un prospect qui ne répond à aucune
sollicitation pendant 3 ans doivent être supprimées.

AUTEUR
JIM LAPIN
Maître de conférences associé à l’Université des Antilles

Communication, technologies et développement, 8 | 2020


La sauvegarde des libertés individuelles face à l’utilisation croissante de l... 18

Membre du CREDDI-Université des Antilles


Membre associé de l’IDETCOM-Université Toulouse Capitole

Communication, technologies et développement, 8 | 2020


Communication, technologies et
développement
8 | 2020
Robotique avancée, intelligence artificielle et
développement

L’intelligence informationnelle : Du biomimétisme


à l’humanisme numérique
The informational intelligence : From bio-mimicry to digital humanism
La inteligencia informacional : De la biomimética al humanismo digital

Lise Vieira

Édition électronique
URL : http://journals.openedition.org/ctd/2531
DOI : 10.4000/ctd.2531
ISSN : 2491-1437

Éditeur
Chaire Unesco Pratiques émergentes en technologies et communication pour le développement

Édition imprimée
ISBN : 2491-1437

Référence électronique
Lise Vieira, « L’intelligence informationnelle : Du biomimétisme à l’humanisme numérique »,
Communication, technologies et développement [En ligne], 8 | 2020, mis en ligne le 30 juin 2020,
consulté le 20 juillet 2020. URL : http://journals.openedition.org/ctd/2531 ; DOI : https://doi.org/
10.4000/ctd.2531

Ce document a été généré automatiquement le 20 juillet 2020.

Communication, technologies et développement


L’intelligence informationnelle : Du biomimétisme à l’humanisme numérique 1

L’intelligence informationnelle : Du
biomimétisme à l’humanisme
numérique
The informational intelligence : From bio-mimicry to digital humanism
La inteligencia informacional : De la biomimética al humanismo digital

Lise Vieira

1 Alors que l’information est désormais un élément majeur du développement, les


technologies numériques nous environnent et sont au cœur de nos activités. Au rythme
de progression de l’informatique, de la robotique, de l’intelligence artificielle, nous
courons le risque d’être de plus en plus dépendants de ces univers « computationnels »,
d’être dépassés, voire dominés par nos créations.
2 L’humanité n’en est pas à un paradoxe près : grâce aux progrès scientifiques, les
inventions atteignent un degré de sophistication et de technicité de plus en plus élevé
et pourtant parmi les innovations de pointe, les plus avancées imitent la nature. Ces
innovations se situent au plan technique, par la réalisation d’objets, de machines, mais
aussi au plan conceptuel dans la performance organisationnelle.
3 Comment peut-on expliquer ce penchant des humains à « copier » la nature et peut-on
y voir l’indice d’un nouvel humanisme à l’ère du numérique ?

L’intelligence, l’intelligence informationnelle


4 Nous nous intéresserons tout d’abord à la notion d’intelligence qui, finalement peu
aisée à cerner en raison des notions multiples qu’elle recouvre, bénéficie ainsi d’un
nombre fort important de définitions. Sans laisser de coté les approches analytiques et
quantitatives ( le Q.I. est réputé en la matière), nous nous intéresserons à l’aspect plus
qualitatif.
5 Selon le TLF (Trésor de la Langue Française), l’intelligence 1 est l’

Communication, technologies et développement, 8 | 2020


L’intelligence informationnelle : Du biomimétisme à l’humanisme numérique 2

« aptitude à appréhender et organiser les données de la situation, à mettre en


relation les procédés à employer avec le but à atteindre, à choisir les moyens ou à
découvrir les solutions originales qui permettent l'adaptation aux exigences de
l'action. »
6 Ce sont ces concepts de mise en relation et d’adaptation mobilisée pour la résolution de
problème et la réussite de l’action et que nous retenons, car ils sont particulièrement
pertinents pour s’approcher d’une définition de l’intelligence informationnelle. Franck
Bulinge et Serge Agostinelli (2005) ont choisi la formulation suivante pour préciser
cette notion :
« une capacité individuelle et collective à comprendre et résoudre les
problématiques d’acquisition de données et de transformation de l’information en
connaissance opérationnelle, c’est-à-dire orientée vers la décision et l’action » (cité
par Bulinge, 2014 : 38)
7 Cette dernière approche prend en compte l’importance du collectif dans la démarche
informationnelle, cette dimension ayant pris une particulière ampleur avec le
développement des réseaux numériques. Dans ses réalisations et activités, l’espèce
humaine est très semblable à certaines espèces animales comme les insectes dits
"sociaux", fourmis ou termites (Deneubourg 1995).
Ce sont les interactions entre individus qui permettent l’émergence d’une intelligence
collective, identifiée par Aristote (ed. 1993) comme une forme de "sagesse". La sagesse
collective est considérée comme une propriété émergente et systémique, répartie entre
les membres d'un groupe et leur environnement institutionnel et culturel, leur
patrimoine historique, ainsi que leurs technologies de communication et leurs systèmes
d'information (Landemore 2012). Dans L'intelligence collective : pour une anthropologie du
cyberspace (1994), Pierre Lévy a été l’un des premiers à largement développer les
aspects positifs d'une information ouverte et partagée dont les réseaux numériques
seraient le support, tel un hyper-cerveau humain, lieu de la pensée collective de
l'humanité.

La logique systémique et le biomimétisme


8 Aujourd’hui l’humanité qui n’en est qu’à son troisième centenaire d’industrialisation et
de « technologisation », essaie de se surpasser dans ses performances au risque de
perdre le contrôle et de subir l’envahissement des technologies qu’il a créées.
Au cours de l’évolution, pendant 3,8 milliards d’années, les systèmes vivants, de la
cellule aux écosystèmes, ont procédé à d’innombrables changements afin d’optimiser
leur morphologie et leur fonctionnement.
Le biomimétisme est cette propension de l’homme à s'inspirer de la nature, à imiter les
stratégies et les propriétés et les logiques du vivant, selon la formule célèbre de
François Jacob (1987). C’est une démarche qui se justifie pleinement pour s'engager
dans l'innovation durable et pour trouver des réponses innovantes aux problématiques
industrielles, urbaines et environnementales.

La logique systémique

9 L’Homme s’est longtemps efforcé de comprendre ce qui l’entoure en l’analysant en le


décortiquant en parcelles de plus en plus fines selon l’approche cartésienne. Cette
modalité encore en usage dans de nombreuses disciplines cohabite désormais avec des

Communication, technologies et développement, 8 | 2020


L’intelligence informationnelle : Du biomimétisme à l’humanisme numérique 3

logiques d’un tout autre ordre. Nous avons souligné cet état de fait dans plusieurs de
nos écrits antérieurs (Vieira 2014a, 2014b, 2015, 2016) en nous référant aux écrits
fondamentaux de la complexité et de la systémique (Von Bertalanffy, 1961 ; Varela
1995 ; Prigogine et Stengers, 1979 ; Morin, 1973 ; 1977-2004).
Selon Bertalanffy (1973) les systèmes sont des éléments en interaction dynamique
constituant des ensembles qui ne peuvent être réduits à la somme de leurs parties. La
même idée a été énoncée par la cybernétique qui étudie les systèmes dans leur globalité
et leur complexité inter relationnelle (Wiener, 1961). Dans leurs travaux, Grégory
Bateson et Paul Watzlawick ont appliqué cette notion d'inter relation au domaine des
Sciences Humaines.
Nous avons changé de cadre paradigmatique en passant de l’ordre pyramidal-
hiérarchique ou arborescent à la logique systémique. Ce que d’aucuns nomment la
« révolution numérique » n’a fait que révéler un principe fondamental : tout ce qui fait
partie de l’univers à quelque échelle micro ou macroscopique que ce soit, fonctionne
sur le modèle du réseau, chaque élément étant relié à tous les autres.

L’Homme réseau de réseaux

10 Entre l’infiniment grand et l’infiniment petit, l’Homme est depuis Platon assimilé à un
univers en réduction, un microcosme, infime parcelle de l’univers planétaire, fait des
mêmes matériaux, et fonctionnant selon les mêmes modalités. Il est un réseau de
réseaux par sa nature physique (réseaux sanguin, nerveux.).
Cela le rend naturellement enclin à fonctionner dans sa vie, dans ses activités, dans ses
productions, sur le mode du maillage (ou modèle réticulé) aux interactions multiples.

Les réseaux et écosystèmes numériques sont à l’image de l’univers

11 La prolifération des réseaux numériques évoque l’extension et la croissance de


l’univers. Mais au delà de la métaphore qui reste éclairante, les récentes avancées des
sciences physiques nous apprennent que leur développement ne serait que le
prolongement du fonctionnement systémique et en réseau de tout élément être ou
objet faisant partie de l’univers.
Comment alors s’étonner de la propension de l’Homme à imiter la nature dans ses
réalisations les plus innovantes ? « Les sociétés humaines sont des systèmes vivants qui
font face aux mêmes enjeux et qui sont soumis aux mêmes contraintes
environnementales et lois physico-chimiques (limites planétaires, cycles biochimiques,
cycles géologiques...) que les systèmes vivants non humains. » ( Raskin, 2015)

Le biomimétisme

12 Il est ainsi défini dans le rapport au CESE (Conseil économique, social et


environnemental) intitulé Le biomimétisme : s’inspirer de la nature pour innover
durablement. (Ricard, 2015 : 48) : « Forgé à partir de deux racines grecques, bios, vie, et
mimesis, imitation, ce néologisme désigne la démarche immémoriale de l’espèce
humaine qui consiste à observer la nature et à s’en inspirer pour innover, améliorer sa
condition, ses productions... le biomimétisme se concrétise dans l’univers des formes,
des matériaux, des procédés et des systèmes. » Le terme « biomimétisme » renvoie donc
à la dimension de durabilité, alors que le mot « bionique » très usité dans le domaine

Communication, technologies et développement, 8 | 2020


L’intelligence informationnelle : Du biomimétisme à l’humanisme numérique 4

des technologies numériques est plus tourné vers les applications électroniques :
« Bionique : Science qui a pour objet l'amélioration de la technologie (en particulier de
l'électronique) en tirant profit de l'étude de certains processus biologiques observés
chez les êtres vivants. (CNRTL)

L’imitation du vivant

13 Explorer la machine qui est dans l’Homme ou l’humanité de la machine est une posture
récurrente dans la démarche scientifique fondée sur l’analogie entre les systèmes
animés et inanimés. Bien antérieurement à la montée en puissance du numérique,
Ludwig von Bertalanffy définissait la théorie générale des systèmes comme « une vision
stupéfiante, la perspective d’une conception unitaire du monde jusque-là insoupçonnée. Que l’on
ait affaire aux objets inanimés, aux organismes, aux processus mentaux ou aux groupes
sociaux, partout des principes généraux semblables émergent. » (Von Bertalanffy,
1961 : 220).
Au même moment, dans La cybernétique : Information et régulation dans le vivant et la
machine, Wiener (1961) établit un lien de ressemblance entre le fonctionnement des
organismes vivants et celui des machines.
Le mythe d’Icare, les machines volantes de Léonard de Vinci, le canard automate de
Vaucanson et plus récemment les drones-oiseaux, nous montrent que l’Homme a de
tous temps cherché à imiter la nature et ses créatures. Dans Out of control, Kevin Kelly
(1995) déclarait : « la vie organique est la technologie ultime, et toute la technologie
s'améliorera vers la biologie. » Et aujourd’hui en effet, on voit fleurir de pittoresques
inventions qui ne sont pas que poétiques puisqu’elles font franchir de nombreuses
étapes en terme de performance technique. L’avant du Shinkansen 500, train à grande
vitesse japonais, inspiré du bec et de la tête du martin-pêcheur, se caractérise par des
qualités aérodynamiques hors pair. De même, les extrémités verticales des ailes des
avions ou winglets, imitent la voilure de l’aigle des steppes pour améliorer la portance et
économiser l’énergie. Outre les formes, les exemples de matériaux innovants imités de
la nature sont légion (peau du requin, fil de l’araignée).
Quel que soit le secteur d'activité, de nombreuses entreprises (de l’ordre d’une
cinquantaine en France) recourent à cette démarche et la recherche dans de nombreux
domaines s’inspire de la nature. La photosynthèse artificielle, la motorisation du
véhicule "décarboné" de demain, les catalyseurs verts et les éco-matériaux à base de
mycélium inspirés des champignons pour la dépollution des sols, ne sont que quelques
exemples parmi les innovations de pointe issues de la recherche scientifique de haut
niveau. Les villes elles mêmes, telle la cité végétale de Luc Schuiten, architecte
visionnaire, se mettent à ressembler à la nature en s’inspirant du fonctionnement des
écosystèmes naturels.

L’imitation de l’intelligence humaine

14 Mais les réalisations techniques ne sont pas les seules productions humaines à imiter la
nature. Il en est de même pour ses réalisations organisationnelles et intellectuelles.
15 Dans Au delà de l’information, l’histoire naturelle de l’intelligence, Tom Stonier (1992),
souligne la filiation entre intelligence artificielle et intelligence naturelle. L’émergence
de l’intelligence artificielle au cours de la seconde moitié du XX e siècle constitue le
développement le plus important de l’évolution de la planète depuis l’origine de la vie il

Communication, technologies et développement, 8 | 2020


L’intelligence informationnelle : Du biomimétisme à l’humanisme numérique 5

y a deux à trois milliards de millions d’années. L’émergence de l’intelligence machine


au sein de la matrice de la société humaine est analogue à l’émergence, il y a trois
milliards d’années, de molécules complexes se répliquant automatiquement au sein de
la matrice d’une soupe moléculaire riche en énergie.
En s’appuyant sur l’œuvre de Gilbert Durand Les Structures anthropologiques de
l’imaginaire (Durand, 1984), Joel Thomas souligne la similitude de l’imaginaire humain
(au sens qu’il lui donne de dynamisme organisateur) et du cosmos. « L’organisation
politique, la religion, l’art, les approches scientifiques du savoir, la vie quotidienne
auront en commun d’être les hypostases2 d’une image du monde. » (Thomas, 2015 :
189).

L’intelligence artificielle (IA)

16 John McCarthy et Marvin Minsky ont, les premiers, développé ce concept lors de la
conférence du Dartmouth College en 1956 à Hanover (États-Unis). L'IA est un ensemble
d'algorithmes ou suite d'opérations permettant de résoudre un problème technique
donné. Chaque aspect de l'apprentissage ainsi que n'importe quel trait de l'intelligence
peuvent être décomposés en modules élémentaires, qu'une machine serait en mesure
de simuler. Peut-on penser que le cerveau humain puisse être égalé ? (Cot, 2015)
Puces et neurones : les recherches de pointe en matière d’intelligence artificielle
s’inspirent de la nature : IBM a développé un microprocesseur capable de « recâbler »
ses connexions lorsqu’il rencontre de nouvelles informations, de la même manière que
les synapses du cerveau humain.
TrueNorth a été créée en août 2014. Cette puce de silicium compte un million de
neurones artificiels et 256 millions de synapses, elle permet de réaliser des tâches
complexes et consomme beaucoup moins d’énergie qu’un ordinateur. Même si ces
résultats frappent l’imagination et marquent un grand pas dans les avancées de
l’intelligence artificielle, on est encore loin des performances de l’ordinateur biologique
qu’est le cerveau humain qui compte 100 milliards de neurones et jusqu'à 150 milliards
de milliards de synapses ...
Deep learning : En juin 2015, le service de recherche en intelligence artificielle de
Facebook, FAIR (Facebook Artificial Intelligence Research) a ouvert à Paris un centre
permanent (Devillard, 2015). Le Français Yann LeCun, spécialiste du deep learning
(Tual, 2015) est responsable de l’ensemble de la recherche en intelligence artificielle
chez Facebook. Ce système d'apprentissage et de classification, fondé sur des « réseaux
de neurones artificiels » numériques, est utilisé pour comprendre la voix, reconnaître
des sons, des caractères, des langages. Le programme de reconnaissance de visage Deep
Face3, présenté par Facebook en 2014, s’appuie sur le deep learning, l’apprentissage
profond, également connu sous le nom de réseaux convolutifs. (Vieira, 2015).

Le doute : l’Innovateur Prométhée ou Apprenti sorcier ?


« Ce n'est pas certes le progrès de la science qui est dangereux, mais l'utilisation
que l'on en fait. Sous prétexte de liberté de la recherche, certains apprentis-
sorciers peuvent mettre en danger l'homme lui-même. » (Michel Quoist, Construire
l'homme, Éditions de l'atelier, Paris, 1997 : 145, n. 2)
17 Le mythe de Prométhée prétendant être le rival des dieux remonte aux racines de
l’humanité. Peut-on alors craindre l’excès de performance ? Tant qu’il s’agit de perdre
une compétition d’échecs face à un ordinateur, les conséquences ne sont pas majeures.

Communication, technologies et développement, 8 | 2020


L’intelligence informationnelle : Du biomimétisme à l’humanisme numérique 6

Victorieuse aux échecs, l'intelligence artificielle d' IBM a en revanche échoué à


convaincre un auditoire lors d'un débat en temps réel sur un sujet de société organisé
contre un humain. À l'issue de ce débat organisé à San Francisco c'est Harish Natarajan
champion de compétitions de débats, qui a été déclaré vainqueur contre l'ordinateur
Project Debater.4
• Mais d’autres exemples montrent que des robots peuvent parfois dominer, voire se
substituer à l’humain. Un récent article intitulé Intelligence artificielle. Un générateur
automatique de texte très performant inquiète ses concepteurs5 signalait qu’un générateur
automatique de texte très performant inquiète ses concepteurs et ne sera donc pas rendu
public. Il est donc particulièrement nécessaire de rester vigilant et mettre l’exigence éthique
au premier plan des précautions à prendre en la matière.
• Le rapport Villani (2018) Donner un sens à l’intelligence artificielle : pour une stratégie
nationale et européenne, aborde en détail la question de l’éthique de l’IA et pose
explicitement la question « Comment garder la main ? »

L’humanisme numérique
18 L’Homme dans ses réalisations les plus avancées s’approche de plus en plus des
capacités inhérentes aux organismes naturels cependant l’intelligence artificielle est
encore loin des performances de l’ordinateur biologique qu’est le cerveau humain
(Cardon, Baquiast, 2003). Ira-t-il jusqu’à recréer dans les puces et microprocesseurs
l'émotion, la sensation et la conscience (Picard, 1997) ? Cette question posée par Alan
Turing dès 1948 reste à ce jour non résolue.
Milad Doueihi (2011), à la suite de Claude Lévi-Strauss et de ses « trois humanismes » –
l’humanisme aristocratique de la Renaissance, l’humanisme bourgeois et exotique du
XIXe siècle et l’humanisme démocratique du XXe siècle – met en lumière l’émergence
d’un quatrième humanisme , celui de ce siècle débutant, « l’humanisme numérique ».

Limites de la machine, maîtrise de l’humain

19 Pour Edgar Morin les machines, si performantes soient-elles, ont leurs faiblesses : tout
est programmé dans le moindre détail, selon un ordre prédéterminé qui ne laisse
aucune place à l’imprévu. « Leur déterminisme et leur obéissance inconditionnelle à
une logique binaire les rend inaptes à traiter l’aléatoire et l’aléa » (Morin, 2001 : 287).
Si performantes soient-elles, les machines ne peuvent pallier l’usure de leurs organes, à
la différence des organismes vivants ca le système du vivant est un processus d’auto-
organisation et de réorganisation permanente capable de s’adapter aux variations et
désorganisatrices extérieures.
« La mémoire artificielle est stockée, dans une sorte de magasin. Rien de tel pour la
mémoire humaine, qui est aléatoire, incomplète, défaillante, qui n’obéit pas toujours à
une sollicitation, mais dont la qualité et les capacités créatrices dépendent justement
de cette incomplétude et de ces « zones d’ombre » mystérieuses. On voit donc qu’il y a
deux incomplétudes : celle des systèmes logiques, qui est une faiblesse ; et celle de la
psyché humaine, qui est une richesse. Car c’est justement la spécificité de l’ordre
humain que de se déployer sous le signe du désordre. » (Thomas, 2015 : 198-199)

Communication, technologies et développement, 8 | 2020


L’intelligence informationnelle : Du biomimétisme à l’humanisme numérique 7

Dépasser l’opposition Nature /Culture

20 L’opposition séculaire entre nature et culture est propre aux sociétés occidentales qui
ont instauré une représentation du monde fondée sur cette dichotomie.
21 Selon cette perspective émanant de la culture "classique", la nature est ce qui ne relève
pas des traits spécifiques de l’espèce humaine. Mais notre point de vue sur la nature a
changé « Nous sommes passés du monde antique, où l'homme est placé hors de la nature, au-
dessus d’elle, à notre monde contemporain, qui situe l'homme dans le monde » (Thomas 2015 :
194). C’est la « solidarité complexe » dont parle Edgar Morin (1973) dans son ouvrage Le
Paradigme perdu, la nature humaine : l'Homme et la société s’inscrivent dans l'ordre du
vivant et les processus d’hominisation se sont déroulés sur le principe de la coévolution
de l’Homme et des autres espèces.

La nature est universelle

22 Tout ce qui fait partie de la nature, humain et non-humain est constitué des mêmes
éléments. La physique quantique et en particulier Schrödinger dans What is Life ? the
physical aspect of the living cell and mind (1944), a montré que la matière est composée de
particules élémentaires sans masse, non perceptibles par nos sens. Le monde physique
ne nous apparait que par le jeu des forces coordonnées entre ces particules. La matière
se révèle être un jeu d'interactions de différentes natures à différents niveaux.
L’Homme fait partie de la nature, il en est de même pour ses réalisations, en particulier
les systèmes d’information fondés sur le numérique et visant à une intelligence
informationnelle.

Perspectives
23 Les TIC ne sont pas seulement un ensemble d’outils, leur portée est plus large : elles
modifient le rapport de l’Homme à son environnement, à la connaissance et sa relation
à l’autre. C’est à ce titre que l’on peut parler d’humanisme numérique.
Nous sommes confrontés à une situation éminemment complexe. Le numérique nous
place devant une double contrainte : il n’est pas envisageable de l’ignorer, mais nous
redoutons certains de ses effets. Il faut donc en conserver l’usage tout en gardant le
contrôle.
Peut on concevoir que le bio mimétisme puisse nous aider à nous maintenir dans cette
voie ?
Bulinge, F. Agostinelli, S. (2005). L'analyse d'information : d'un modèle individuel à une culture
collective. Management et Communication pour une économie de la connaissance. En ligne :
http://www.revue-r3i.com/

Communication, technologies et développement, 8 | 2020


L’intelligence informationnelle : Du biomimétisme à l’humanisme numérique 8

BIBLIOGRAPHIE
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Bulinge, F. (2014). Maîtriser l'information stratégique : méthodes et techniques d'analyse. Bruxelles, De


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p 149.

Communication, technologies et développement, 8 | 2020


L’intelligence informationnelle : Du biomimétisme à l’humanisme numérique 10

NOTES
1. https://www.le-tresor-de-la-langue.fr/definition/intelligence
2. Au sens de « réalisation », « existence concrète »
3. https://research.facebook.com/publications/480567225376225/deepface-closing-the-gap-to-
human-level-performance-in-face-verification/
4. https://www.futura-sciences.com/tech/actualites/intelligence-artificielle-ia-ibm-
project-debater-moins-convaincante-quun-humain-71672 (Publié le 13/02/2019)
5. https://www.ouest-france.fr/high-tech/etats-unis-un-generateur-automatique-de-texte-trop-
performant-pour-etre-public-6225618 (Publié le 16/02/ 2019)

RÉSUMÉS
Les évolutions de l’information liées au développement des technologies numériques prennent
de plus en plus de place dans les activités humaines, ce qui entraîne des risques de dépendance et
de perte de lien avec notre environnement naturel. Pourtant, parmi les inventions techniques,
celles qui sont à la pointe de l’innovation imitent la nature. Le bio mimétisme consiste à
s'inspirer du vivant pour atteindre l’excellence dans les domaines de l’industrie de l’urbanisme,
mais aussi dans le domaine de l’information et de l’intelligence artificielle.
Cependant les performances de l’ordinateur biologique qu’est le cerveau humain sont encore loin
d’être atteintes. Cela pose la question du rapport de l’homme à ce qui l’entoure et à ses
productions. Comment peut-on expliquer ce penchant à « copier » la nature et peut-on y voir
l’indice d’un nouvel humanisme à l’ère du numérique ?

The evolutions of information related to the development of digital technologies are taking more
and more space in human activities, which entails risks of dependence and loss of connection
with our natural environment.
Yet, among the technical inventions, those at the forefront of innovation imitate nature. Bio-
mimicry is about taking inspiration from living systems to achieve excellence in the fields of the
urban planning industry, but also in the field of information and artificial intelligence. However,
the performance of the biological computer that is the human brain is still far from being
achieved.
This raises the question of the relationship of man to his surroundings and his productions. How
can one explain this tendency to "copy" nature and can we see it as a sign of a new humanism in
the digital age ?

La evolución de la información relacionada con el desarrollo de tecnologías digitales está


ocupando cada vez más importancia en las actividades humanas, lo que conlleva riesgos de
dependencia y de pérdida de conexión con nuestro ambiente natural.
Sin embargo, entre los inventos técnicos, los que están a la vanguardia de la innovación imitan la
naturaleza. La biomimética consiste en inspirarse en los sistemas vivos para alcanzar la
excelencia en los campos de la industria de la planificación urbana, pero también en el campo de
la información y de la inteligencia artificial. Sin embargo, el rendimiento de la computadora
biológica que es el cerebro humano aún está lejos de lograrse.

Communication, technologies et développement, 8 | 2020


L’intelligence informationnelle : Du biomimétisme à l’humanisme numérique 11

Esto plantea la cuestión de la relación del hombre con su entorno y con sus producciones. ¿Cómo
se puede explicar esta tendencia a "copiar" la naturaleza y podemos verla como un signo de un
nuevo humanismo en la era digital ?

INDEX
Mots-clés : Innovation- Performance-Intelligence informationnelle- Biomimétisme- Humanisme
Keywords : Innovation- Performance- Information Intelligence- Biomimicry- Humanism
Palabras claves : Innovación- Desempeño- Inteligencia informacional- Biomimética-
Humanismo

AUTEUR
LISE VIEIRA
MICA- ICIN
Université Bordeaux- Montaigne
lise.vieira@msha.fr

Communication, technologies et développement, 8 | 2020


Communication, technologies et
développement
8 | 2020
Robotique avancée, intelligence artificielle et
développement

Communicating needs for robots in a developing


economy and national development : a case of
Nigeria
COMMUNIQUER LES BESOINS EN ROBOTS DANS UNE ÉCONOMIE EN
DÉVELOPPEMENT ET LE DÉVELOPPEMENT NATIONAL : UN CAS DU NIGÉRIA
VERMITTLUNG DES BEDARFS AN ROBOTERN IN EINER SICH ENTWICKELNDEN
WIRTSCHAFT UND NATIONALEN ENTWICKLUNG : EIN FALL VON NIGERIA

IFEYINWA NSUDE

Electronic version
URL: http://journals.openedition.org/ctd/2578
DOI: 10.4000/ctd.2578
ISSN: 2491-1437

Publisher
Chaire Unesco Pratiques émergentes en technologies et communication pour le développement

Printed version
ISBN: 2491-1437

Electronic reference
IFEYINWA NSUDE, « Communicating needs for robots in a developing economy and national
development : a case of Nigeria », Communication, technologies et développement [Online], 8 | 2020,
Online since 30 June 2020, connection on 20 July 2020. URL : http://journals.openedition.org/ctd/
2578 ; DOI : https://doi.org/10.4000/ctd.2578

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Communication, technologies et développement


Communicating needs for robots in a developing economy and national developme... 1

Communicating needs for robots in


a developing economy and national
development : a case of Nigeria
COMMUNIQUER LES BESOINS EN ROBOTS DANS UNE ÉCONOMIE EN
DÉVELOPPEMENT ET LE DÉVELOPPEMENT NATIONAL : UN CAS DU NIGÉRIA
VERMITTLUNG DES BEDARFS AN ROBOTERN IN EINER SICH ENTWICKELNDEN
WIRTSCHAFT UND NATIONALEN ENTWICKLUNG : EIN FALL VON NIGERIA

IFEYINWA NSUDE

Introduction
1 Historically, the word robot was first brought forward by Carpek, (1921) in his play
‘Rossum’s Universal Robots’ (RUR). Later Deval & Ergelberger as cited in (Fabiyi,
Abdulmalik & Falade, 2016) developed the first industrial modern robots in the late 50s
and early 60’s. Robot is a machine that is human-like and programmed to reason and
respond quickly than human counterpart using knowledge base inference engine
(Mamudu & Mustapha, 2013 as cited in Martin, 2015). Furthermore, the two scholars
posit that a robot is reprogrammable, multifunctional manipulator designed to move
materials, parts, tools or specialized devices through variable programmed motions for
the performance of a variety of tasks.
2 In view of rapid advances in technology, there is a surge of public interest in
automation and robotics (International Federation of Robotics, IFR, 2017). It has been
estimated by IFR that over 25 million industrial robots will be at work in 2019 thereby
representing an average annual rate of 12% between 2016 and 2019 (IFR, 2016).
Therefore, the anticipated industrial revolution no doubt has led to debates by many
scholars and researchers who argue for and against the use of robots particularly in the
areas of productivity and employment (IFR, 2015).

Communication, technologies et développement, 8 | 2020


Communicating needs for robots in a developing economy and national developme... 2

3 The researcher looked at the two sides of the debate with the intention of initiating a
discussion on whether deployment of robots can facilitate economic growth and
national development in Nigeria or cause unemployment. Also this paper focused on
the premise that any invention or innovation not reported will not be known. Hence,
the importance of creating awareness on the need for deployment of robots in Nigeria.
4 In this paper, robotics which is an area of Artificial Intelligence (AI) deals with the use
of robots and has to do with the principles and science of robots is used
interchangeably with the word robots.

Objectives
• To determine whether robots can contribute to economic and national development.
• To investigate whether the deployment of robots will lead to unemployment.
• To create awareness on the need for the deployment of robots in Nigerian in preparation for
the anticipated Industrial Revolution.

Method
5 This is a position paper that employed qualitative approach which discussed in details
the need for deploying robots in a developing economy such as Nigeria.

Theoretical Framework
6 This work is anchored on Technological Determinism Theory and Social Construction
of Technology Theory (SCOT). The term technological determinism theory originated
from ThorsteinVeblem (1857 – 1929), an American Sociologist and Economists. The first
major elaboration of a technological determinist view of socio economic development
came from the German Philosopher and Economist, Karl Marx. He believed that
technological progress leads to newer ways of production in a society and this
ultimately influences the cultural, political and economic aspects of a society, thereby
inevitably changing society itself.
7 The theory was further developed by Marshal McLuhan in 1964 (Asemah, Nwammuo &
Nkwam-Uwaoma, 2017). Technological determinism is a reductionist theory that
presumes that a society’s technology drives the development of its social structure and
cultural values.Thus, technological determinism has been summarized as the belief in
technology as a key governing force in the society. (Asemah, Nwammuo & Nkwam –
Uwaoma, 2017).
8 However, Social Construction of Technology Theory (SCOT) which is a theory within
the field of science and technology studies argues that technology does not determine
human action, rather human action shapes technology. This could of course raise an
argument for debate. The theory further argues that the ways a technology is used
cannot be understood without understanding how that technology is embedded in its
social context. SCOT is therefore a response to technological determinism.
9 SCOT which was postulated by Mackenzie and Wajcman (1986) is not only a theory, but
also a methodology which formalizes the steps and principles to follow when one wants
to analyze the cause of technological failures or successes. The justification of the two

Communication, technologies et développement, 8 | 2020


Communicating needs for robots in a developing economy and national developme... 3

theories in this study is that when awareness is created among Nigerians to see the
need for the deployment of robots, it will be easier for them to accept the new
technology. The new technology if accepted will impact positively into the cultural,
social and economic sectors thereby facilitating Economic Growth and National
Development.

Literature Review
10 The International Federation of Robots, IFR (2017), opines that robots improve
productivity when they are applied to tasks that they perform more efficiently and to a
higher and more consistent level of quality than humans. Also, Graetz and Michaels
(2017) in their study of robotics concluded that robot densification increased annual
growth of GDP and labour productivity between 1993 and 2007 by about 0.37 and 0.36
percentage points respectively across 17 countries studied. In a survey of 238 citi group
clients, 70% believed that automation would encourage companies to move their
manufacturing close to home and consolidate production (Citi & Oxford Martin School,
2016).
11 Also, the Reshoring Initiative in the US estimates that 250, 000 jobs have been brought
back to the country by reshoring and inward – bound foreign direct investment since
2010 (Reshoring Initiative, 2015). Furthermore, David Autoran economist at the Massa
Chusetts Institute of Technology, in his work found out that automating a particular
task so that it can be done more quickly or cheaply increases the demand for human
workers to do the other tasks around it that have not been automated. He further
argues that when automation or computerization makes some steps in a work process
more reliable, cheaper or faster, this increases the value of the remaining human links
in the production chain (IFR, 2015). On his own part, Besson (n.d. as cited in IFR, 2015)
states that deployment of robots will create new jobs, citing the example of ATM which
created new jobs.
12 In another study, Gordon (2006) posits that robots can help access new resources for
instance, under the seas or under lakes (e.g. under water logging robot). Also, they can
conduct mining in dangerous environments. Furthermore, Muro and Andes (n.d as
cited in IFR, 2017) posit that Brookings Institution analysts report that countries that
invested more in robots lost fewer manufacturing jobs than those that did not.
13 IFR (2017) sums it up with the statement that ‘Automation does indeed substitute for
labour as it is typically intended to do. However, automation also complements labor,
raises output in ways that lead to a higher demand for labor, and interacts with
adjustments in labour supply. He further added that even expert commentators tend to
overstate the machine substitution for human labour and ignore the strong
complementariness between automation and labour that increase productivity, raise
earnings and augment demand for labour (IFR, 2017).
14 Frey and Osborn (2013) raised an interesting point in their summary that automation,
and more specifically robots have a positive impact on employment. However, the two
scholars added that the picture varies across different sectors, job types and skill level.
Of particular concern in public debate has been the fear that certain jobs will be wiped
out entirely as a result of automation.

Communication, technologies et développement, 8 | 2020


Communicating needs for robots in a developing economy and national developme... 4

15 Mamudu and Mustapha (2017) in their study opine that robots are actually creating
new, high-paying jobs that require skill acquisition and replacing low skill workers.
Citing a typical example in manufacturing, robot can perform mental tasks such as raw
materials sorting, transporting and stocking, while higher – skilled play roles such as
quality – related tasks which humans are more suitable for can be completed by higher
skilled workers. The International Federation of Robotics (IFR, 2017) posits that robot
increases productivity and competitiveness, thereby leading to increased demand and
creation of new job opportunities.
16 In their study on ‘A Role for Robotics in sustainable Development, Bugmam and Burein
(2011) posit that Robots can help recycling resources, help reduce waste during
industrial, agricultural production and could enable production methods that process
less polluting by products. The two scholars also said that robots can help increase the
yield in food production. For instance, use of a milking robot, for instance, DeLaval
Milking robot increases the number of litres per day that a cow produces, because the
cow can access the robot at any time. The main thing here is the voluntary nature of
the milking. Bugmam and Burein (2011) further opine that in a country with low wages,
it may be possible to only use the lessons learnt from robots. For example, a continuous
milking service increases the yield. Still in the agricultural sector, robot could help
monitor soil conditions, the health of plants and animals and adapt actions to very local
conditions even plant by plant (Blackmore, 2009). Furthermore, deploying robots helps
to upgrade firms that initially have lower productivity to avoid being driven out of the
market through import competition (United Nations Conference on Trade and
Development (UNCTAD, 2016).
17 UNCTA (2016) cited China as an example of a country that embarked on a government
backed robot – driven industrial strategy entitled ‘made in China 2015. China according
to the report has brought more industrial robots than any other country in each year
since 2013 and is likely to overtake Japan as the world’s biggest operator of industrial
robots.
18 Various studies show a positive correlation between automation and jobs. For example,
a 2016 discussion paper for the centre for European Economic Research found that
‘Overall, labour demand increased by 11.6 million jobs due to computerization between
1999 and 2010 in the EU 27 thus suggesting that job – creating effect Routine – Reducing
Technological Change overcompensated the job destructing effect (Zierahn, Greery &
Arntz, as cited in IFR, 2017). Additionally, a review of the economic impact of industrial
robots across 17 countries shows that robots increased wages whilst having no
significant effect on total hours worked Graetz & Michaels (2015 as cited in IFR, 2017).
19 Furthermore, Deloitte (2017) argue that while technology has potentially contributed
to the loss of over 800,000 lower –skilled jobs (in the UK), there is equally strong
evidence to suggest that it has helped to create nearly 3.5 million new higher skilled
ones in their place (Deloitte in IFR, 2017). He further stated that countries with the
highest robot density, notably German, and Korea have among the lowest
unemployment rates.
20 Also, the major benefits to be gained from initiatives that explore technology
applicable to developing communities is the empowerment of members of such
communities, which could be intellectual skill acquisition or economic growth. It will
also reduce the gap between urban and rural communities.

Communication, technologies et développement, 8 | 2020


Communicating needs for robots in a developing economy and national developme... 5

21 Robots are adjudged to have finally come to stay despite the fear of displacing humans.
This is because they are capable of doing dangerous and nasty tasks especially in the
auto, nuclear and medical manufacturing industries. Robots unlike humans can carry
out tasks with high degree of accuracy in environments which are subjected to
extremely high or low temperature. Full of radiation, toxic substances and chemicals
(Kabiyi, Abdulmalik & Tiamiu, 2015 as cited in Fabiyi, Abdulmalik & Falade, 2016). So
far, many scholars in their studies posit that robots contribute to the growth of any
economy if certain precautions are taken.
22 However, some scholars see and present robots as job killers. This is why some scholars
and researchers still criticize the idea of using robots to develop our economy. To such
ones using robots to increase productivity and create jobs is like taking one step
forward and two steps backward.
23 Also, these countries whose major challenge is to create jobs for large number of low-
skilled entrants to the labour force – such as in many parts of Africa – deploying robots
under current cost structures may drive production costs up, rather than down (The
third world Resurgence ,2017).

Types of Robots
• Drones : Drones, according to Fabiyi, Abdulmalik and Falede (2016) are robots with a flying
capability which can be flown anywhere without the support of a pilot. These drones are
therefore referred to as auto-pilot or Unmanned Arial Vehicle (UAV). Furthermore, the
three scholars explained that drones can be equipped with other components such as
machine guns and cameras to take pictures and record videos. Drones can be controlled
either remotely by human operator or by a board computer and can be used to launch or
prevent attack. Drones are applied in different sectors of economy such as agriculture,
transport, infrastructure, entertainment and telecommunications (Kitonsa & Kruglikov,
2018). The two scholars further posit that the problems which face developing countries
such as sub-Saharan African which include famine, epidemic diseases, poverty among others
can be addressed with the help of drone technology. Drone technology can be used in
agricultural sector in the following ways – surveying farm fields ensuring product delivery
and to spray insecticides, (Tripicchio, Satler, Dabisias, Ruffaldi, & Avizzan 2015; Krishna,
2016; Bamburry, 2015, as cited in Kitonsa & Krudlikov, 2018). On his own part (King, 2017 as
cited in Kitonsa & Krudlikov, 2018) posits that the pesticides are delivered at the rights spot
and the right quantity. This means reduction in pesticides used, reduction in collateral
damage to wild life and enhance cost efficiency.
• Driverless cars : These are self-driving cars also known as car-like robots. Fabiyi, Abulmalik
and Falade, (2016) opine that the history of driverless cars can be dated back to 1478 when
Leonardo da Vinci designed a first prototype. Driverless car according to the three scholars
was legalized on US public road in 2011. Throwing more light on the benefits of driverless
cars some scholars are of the view that they will reduce number of accidents, enhance traffic
flow, improve emission compliance and commuters can sleep, read, make called while
travelling (Anon, 2016).
• Exoskeletons : These are types of robots designed to assist individuals suffering from limb
pathology to limb exoskeletons designed to augment normal, intact, limb function (Herr,
2009).

Communication, technologies et développement, 8 | 2020


Communicating needs for robots in a developing economy and national developme... 6

Classifications of exoskeletons
• Shoes and exoskeletons that act in series with the human lower limb. Examples are the
sprinbuck shoe, the power skip exoskeleton (http://www.powerskip.de), and the spring
walker exoskeleton.
• Exoskeletons that act in parallel with the human lower limb for load transfer to the ground.
Examples are Yagn’s running aid, MITs hopping exoskeleton, and Kazerooni’s load-carrying
exoskeleton.
• Exoskeleton that acts in parallel with human joint(s) for forgue and work augmentations.
Examples are the HAL 5 exoskeleton.
• Exoskeleton that act in parallel with a human limb for endurance augmentation. An example
is the MIT climbing exoskeleton (Herr, 2009).

Agricultural robot for field operations


24 Agriculture has been the economic main stay of many nations that is why frantic
efforts are made by both developed and developing nations to boost food production.
Such efforts include mechanization of agriculture and quite recently the application of
robots. Corroborating this point, Avital and Clement, (2016) posit that extensive
research has been conducted on the application of robots and automation to a variety
of field operations, and technical feasibility has been widely demonstrated. Also, Nof
and Zhang (2009 as cited in Avital and Clement, 2016) posit that Agricultural
productivity has increased significantly over years as a result of intensification
mechanization and automation. Furthermore, recent studies indicate that the practice
of robots or autonomous tractors in various agricultural tasks reduce the fuel
consumption and air pollution (Gonzalez–de-soto, Emmi, Benavicles, Garcia, &
Gonzalez-de-santus, 2016; Gonzale-de-Santo 2015 as cited in Avital and Clement, 2016).
In addition, automation has considerably increased the productivity of agricultural
machinery by increasing efficiency, reliability and precision and reducing the need for
human intervention (Schueller as cited in Avital & Clement, 2016). To buttress this
point, robotics and automation require a more costly specialized work force and
equipment, they contribute to increased agricultural productivity because the required
workforce, including skilled machine operators, generally declines enough to
compensate for the higher initial cost (Avital & Clement, 2016).
25 For agricultural applications for automation robotics require advanced technologies to
deal with complex and highly variable environments and produce (Hiremath, Van der
Heijden, Van Evert, Stain & Ter-Braak, 2014 ; Nof, 2009 as cited in Avital & Clement,
2016).
26 To boost agriculture (Canning, Edwards & Anderson, (2004 as cited in Avital & Clement,
2016) state that agricultural environments require that robot be capable of movement,
unlike most robots in factories or vehicles in car parks. In addition, agricultural robots
require the development of advanced technologies to deal with complex and highly
variable environments and produce Nof, (2009). In Avital & Clement, (2016).
27 On their own part Tervo & Koivo, (2014 as cited in Avital and Clement, 2016), posit that
human capabilities of perception, thinking and action are still unmatched in
environments with anomalies and unforeseen events. As a result, human and robot

Communication, technologies et développement, 8 | 2020


Communicating needs for robots in a developing economy and national developme... 7

skills are still complementary (Rodriguez & Weisbin, 2003 as cited in Avital & Clement,
2016).

Medical and Health Care Robots


28 Health care is an area of great concern to virtually all nations and as such should
receive great attention. Medicine developed from traditional medicine to orthodox
medicine which is now being facilitated by medical and health care robots.
29 These robots are designed for entirely different environments and tasks. Those that
involve direct interactions with human users in the surgical theater, the rehabilitation
centre and the family room (Allison, Maja & Henrik, 2016). The three scholars described
application areas, societal drivers, motivating scenarios, desired system capabilities
and fundamental research areas that should be considered in the design of medical and
healthcare robots.
30 Medicine and surgery have been slow to adopt computer assisted devices because there
is a significant difference between industrial applications and human care. Also,
surgeons have long been proud of a tradition of individual and direct patient
interaction (Allison, Maja & Henrik, 2010).
However, medical robots are not expected to replace the technical work of surgeons
but to help them perform difficult tasks more accurately and repetitive tasks more
precisely (Allison, Maja & Henrik, 2016).
31 The three scholars further posit that if the right information is available, many medical
procedures can be planned ahead of time and executed in a reasonably predictable
manner, with the human exercising mainly supervisory control over the robot.
Examples include preparation of bone for joint reconstruction in orthopedic surgery
and placement of needles into targets in interventional radiology.
32 Reporting their experiences in a large community, hospital (Pie, Andrea, Marta, Fabio,
Simone, Tomasso & Guiseppe, 2018) posit that robotic surgery is feasible in a clinical
setting. Its daily use is safe and easily managed, and it expands their application of
minimally invasive surgery but cost benefit ratio must be evaluated.

Artificial Assistants
33 These are robots that are creative and innovative. They think independently, make
complicated decisions, learn from mistakes and adapt quickly to changes in their
surroundings. (Rainer & Volker, n.d). The two scholars further stated that the two new
kinds of robots which have appeared in the market in recent years which are artificial
assistants are service robots and personal robots. They deliver various services for the
benefit of humans and equipment.
34 Bischoff & Graefe (n,d) opine that most service robots are special purpose machines
with dedicated under carriages and manipulation (or process) devices.
Each one of them is a specialist, able to deliver only one kind of service in one kind of
environment. If the deficiencies are overcome according to the scholars, it is hoped
that service robots will eventually be economically as important as industrial robots.

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35 Furthermore, Bischoff & Graefe (n,d) posit that the term “personal robot” has so far not
been precisely defined by any robotic organization or institution (as with industrial
manipulators and service robots). However, the term “personal robot” is often used in
the context of robotic assistants or servants which either assist a human in doing some
task or can do almost anything a user requires. This implies that personal robot is more
advanced in terms of autonomy, versatility, interaction and communication abilities.
The scholars explain that personal robot also perform useful task for the benefit of
human and equipment. It is not limited to a single task e.g. vacuum cleaning but it is
more universally employable e.g. to fetch drinks, lay the table, wash the dishes or clean
an apartment among other things.

Challenges of Robots
Taxation

36 In virtually all the countries globally, taxes paid both by industries, companies and
employees contribute extensively to Internally Generated Revenue (IGR). The argument
from many quarters is that if robots replace humans that the government will loose
revenues from taxes completely. Such scholars advocate a robot tax. The IFR on her
own part believes that a robot tax is unwarranted given to the proven impact of
robotics on employment and wages. It would deter badly-needed investment in robots,
undermining the competitiveness of companies and states. Her argument is that profits
not the means of making them should be taxed (IFR, 2017).

Energy consumption and production

37 Dzioubinks & Chipman (1999) posit that robot use electricity, and this form of energy
constitutes 25% of the energy used by UK households. This is only 5% of the household
energy use in India, and as much less in Africa. So, energy consumed by robots in their
current form cannot be neglected.

Metal Detectors

38 Currently, metal detectors are too expensive to be used in developing countries


(Bernardine Ayorkor & Thrishannta, (n.d). Also, the three scholars posit that the metal
detectors cannot distinguish between metal pinsin the landmines and other debris
found in typical battlefields, so de-miners are forced to frequently and unnecessarily
dig to cover harmless metallic objects. The negative effects according to the three
scholars is that the demining operations are drastically slowed down and the de-
miners’ attention will be adversely affected. On a good note, the University of
Moratuwa has developed a novel metal detector based on very low frequency (VLF)
transmission with additional capacity to classify different types of alloys.

Limited Access

39 There is yet another major challenge the three scholars pointed out which is limited
access to necessary resources for technology implementations. Furthermore, they

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pointed out that some of the challenges faced when implementing technology-related
initiatives in Ghana include the low literacy rate among the rural population and high
cost of technology such as good network connectivity.

Nigerian Government’s Policy on Artificial Intelligence

40 Nigeria has seen the need for robots and robotics. That is why Nigerian Government
has approved the establishment of a new agency for robotics and artificial intelligence
(Alajemba & James, 2018). On his own part, the minister of Science and Technology, Dr.
Ogbonnaya Onu opines that the proposed agency has been given official nod by
President Muhammad Buhari (Alajemba and James, 2018). The two scholars stated that
Nigeria Government has had some limited exposure to using artificial intelligence and
robotics. But robotics and artificial intelligence are majorly still not part of technology
life in Nigeria.
41 Marking the 2018 World Telecommunication and Information Society Day with the
theme ‘Enabling the positive use of artificial intelligence for all’ the minister of
communication Mr. Adebayo Shittu said that the ministry was committed to focus on
the potential of the artificial intelligence to achieve the Sustainable Development Goal
(SDGs) in 2030, and improve the nation’s economy. He further affirmed that the
artificial intelligence is taking centre stage with a lot of positive impact on people’s
lives (Shittu, 2018).
42 In Nigeria, the urgent need to use technology in reshaping humanity was advocated.
Comms Week, (2018) writes that Nations including Nigeria presently bank on
technology, robotics and artificial intelligence to enhance young people’s interest in
digital literacy.

Challenges of Artificial Intelligence in Nigeria

43 There are three basic and identifiable challenges of artificial intelligence in Nigeria ;
there include, social economic barriers, inadequate infrastructure and cultural barriers
(Somto, 2018).

Social Economic Barriers

44 Most Nigerian are skeptical about complicated artificial intelligence related to science
and algorithm. They believed that artificial intelligence can only be understood by
technical people and as such totally lose interest.

Inadequate Infrastructure

45 This to a great extent affects the creation of innovative tools with artificial intelligence
in Nigeria. Power, cost of internet, and lack of government political will limit the
progress and usage of artificial intelligence in Nigeria.

Cultural Barriers

46 Two of the most cultural barriers that inhibit the development of artificial intelligence
in Nigeria are language and religion. But the most prominent among them is religion.

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Some religious beliefs classify artificial intelligence technology as ‘demonic’. However,


some of these problems are being looked into, so we expect a brighter future in the
area of artificial intelligence in Nigeria.

Deployment of Robots for Economic Growth and National Development in Nigeria.

47 Literature reviewed revealed that robots have really contributed so much to economic
development in developed nations but there are some challenges which have equally
been examined. Some of such challenges include ; non-payment of taxes by the owners
of the robots, energy consumption, high cost of metal detectors and low literacy level
among rural residence.
48 However, despite the challenges, there are specific areas where robots can be adopted
that will lead to economic growth and National Development in Nigeria such areas
include :

Agriculture

49 In the present day Nigeria, agriculture has been identified as alternative to oil and as
such efforts are directed to agricultural sectors. There are acres of land unpopulated in
every state of Nigeria not utilized at all, so agricultural robots can be deployed to
cultivate different types of crops in those areas. Such robots can also be used for
harvesting and processing of palm produce among others.
50 In the area of poultry, incubator robots can be deployed to maintain the required
temperature needed for life to exist inside the egg before time for hatchery. Also,
chicken processing robots or automation can process a good number of life chicken
within a very short time for supply to appropriate quarters.
51 Furthermore, rice processing robot (intelligent system) can be deployed in the area of
rice production to process millions tons of rice from the raw stage to the final stage.
Such robots per boil the rice, dry, mill, de stone and bag. One was installed at Ikwo,
Ebonyi State modern rice mill, but grounded now because of low maintenance culture.
Prominent among the reasons for poor maintenance culture is irregular government
policies and programmes.
52 In normadic farming, cattle auto tracker robots can be used to control grazing route of
the herdsmen to avoid crop farmers and cattle farmers clash which is another major
economic development challenge in Nigeria. Cattle control robot (intelligent system)
can be used to track location of cattle to avoid cattle rusting which is one of the
challenges in the North East of Nigeria. Robots can also be used for milking the cows
thereby leading to high productivity.
• Security : In Nigeria today, there are a lot of security challenges which include insurgency,
kidnapping, armed robbery, stealing among others. These challenges really affect economic
growth and national development in Nigeria. So, flying surveillance drone which is a flying
robot that relays data (video, image or audio) of area under its foot print can be deployed. It
moves without noise, and in the direction the user wants. Also knight scope robots used in
monitoring parking lots in shopping mall, airport, sea ports, markets, banks, industries etc.
can be deployed.
• Position Tracker Robots : These are intelligent system used in the prevention of human
kidnapping, human trafficking, snatching of vehicles and goods. Examples are Global system

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mobile network (GSM), Global positioning system (GPS) and Global positioning route system
(GPRS).
• Radio Frequency Identification Tag (RFID): This is a micro robot used in shopping mallto
control payment and services of goods that ordinary human wisdom cannot control.
• Medical Procedure: Health seems to be the most important sector because good health is
wealth. It is regrettable that most health workers in Nigeria are not dedicated to their work
and as such many Nigerians die as a result of the doctors and nurses avoidable mistakes such
as over dose of drugs, mistakes in surgical operations, non-dedication of most nurses among
others. So, we need robots like surgical assistant robots, robotic prescription dispensing
system, telepresence etc. for economic development in Nigeria. This robot will complement
the functions of medical professionals.
• Mining and Oil Sectors: Nigeria is blessed with abundant mineral resources such as coal,
clay, gypsum, Kaolin, Limestone, lead, oil, zinc, salt, marble, iron ore, sand, gold, manganese
etc. Naturally, each state got a fair share of the minerals. The Nigeria Extractive Industry
and Transparency Initiative (NEITI, 2016) report suggests that there are 30 different kinds of
solid minerals in Nigeria that are unexploited. The level of exploitation of the minerals is
very low in relation to the extent of deposits in the country. Many have therefore resorted
to primitive way of extracting the resources and that has led to loss of so many lives. So if
automated load haul dump trucks, loading and unloading robots are deployed in the mining
and oil sectors there will be increase in productivity and safety.
• Nigeria Extractive Industry and Transparency Initiative Reports (NEITI, 2016 as cited in I
Nsude & Emeokoro, 2017).
• Entertainment Robots: Robots can be deployed in the area of entertainment. The benefits
of robots in this area cannot be overemphasized. A good example is the case of a 26 – years –
old Nigerian who is the highest paid robotics engineer in the world. According to Guardian,
(M.guardianing, Sept, 18 218) Silas Adekunle has become the highest paid in the field of
robotic engineering and the founder and CEO of Reach Robotics, a company developing the
world’s first gaming robots. Adekunle, according to the report, graduated with a first class
degree and has four years’ background in robotics. He received support from various
organisations including London Venture Partners ($10 million) his robots are of high quality
because of their ability to show emotion with subtly – calibrated movements, apple stores
priced his four legged “battle-bots” at $300 and has put them in nearly all of its stores in the
United States and Britain. Other areas that robots can benefit Nigeria include education,
home services (Baby Sitting, cleaning the environment), census - to determine the actual
population of the country, reporting the war zones, industrial processes among others.

Awareness Creation on the Needs for Robots in


Nigeria.
53 Globally, many scholars and researchers anticipate industrial revolution. That is why
developed countries are preparing seriously now in order to embrace the new
technology by imbibing robots and robotic activities. For Nigeria, which is one of the
developing countries to survive the anticipated industrial revolution, there is need to
key into the use of robots now and subsequently the design of different types of robots
in future. It is often said that anything not known or not reported does not exist, thus,
the importance of awareness creation. Awareness means letting the right people know

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the information or service that exists and is available. So, the object of information
drive in this context is to create awareness on the need for deploying robots in Nigeria.
54 The awareness creation therefore will achieve the following :
• Knowing that deployment of robots can help revamp Nigeria’s dwindling economy instead
of causing unemployment.
• Challenges of deployment of robots and the way forward.
• Knowing the role or importance of communication in development.
55 The researcher used integrated communication approach to create awareness on the
need for robots in Nigeria. This will enable Nigerians to be aware of the numerous
benefits of robots and their challenges in developed countries. Knowledge of these
challenges will enable Nigeria to cope easily.
56 So the communication strategies that will be used to create awareness include ; the
mass media (newspapers, magazines, radio, television among others), indigenous
media, interpersonal communication, hand bills, bill boards, social media, workshops,
seminars, conferences and symposia.
• Mass media : The mass media are veritable conveyor belt of information to the people
which use technology to reach their scattered audience simultaneously (Nsude, 2009). They
include broadcast media (radio and television), print media (magazines, newspapers and
books). Through their various programmes such as phone in programmes, discussions
interviews, features, opinion columns, the mass media can create awareness on the need to
deploy robots in Nigeria.
• Indigenous media : Meaningful development plans and programs in Africa, Nigeria
inclusive should be designed such that they will have their greatest beneficial impact in
rural areas providing for “neglected majority of rural Africans to improve their lives
through their own efforts, Opubor (1985 as cited in Nwosu & Nsude, 2017). Indigenous Media
include ; town crier, market square, visits, church, village squares, metal gongs and wooden
gongs. These media of communication if applied to the rural areas using local dialects will
actually create awareness on the need for robots in Nigeria.
• Interpersonal communication : This includes face to face communication between two
people, dyadic communication when a small group is involved and macro group
communication can create meaningful awareness among Nigerians on the need for robotics
in Nigeria.
• Hand bills, Bill boards and social media : Snappy and captivating messages on the need
for robots can be placed on hand bills, bill boards and social media.
• Workshops, Seminars, Conferences and Symposia : These can also contribute to
awareness creation on the need for robotics in Nigeria. Proceedings from such gathering are
supposed to be published in both local, national and international journals and books. All
these communication strategies should be clear, short, simple and persuasive in other to
make great impact.

Conclusion and Recommendations


57 The reviewed literature revealed that there is great need for the deployment of robots
in Nigeria because of their numerous benefits. Some of these benefits include, skills
such as strength precision and sensing which surpass those of humans and could lead
to high productivity, thereby facilitating Economic Growth and National Development.

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58 However, the challenges of the new technology were x-rayed in this paper and the
main challenge according to some scholars will be unemployment. The position of this
paper is that new jobs will be created citing the case of ATM which created new jobs for
bankers instead of leading to unemployment. Emphasis was laid on human-robot
partnership for high efficiency because there are jobs that robots cannot do.
59 Areas where robots can be deployed in Nigeria include : agriculture, security, medical
procedure, mining and oil sectors, entertainment, surveillance, among others. The
paper was based on the premise that “invention or technology not reported does not
exist” hence the importance of awareness creation among Nigeri ans on the need for
the deployment of robots.
60 In order to reach Nigerians, the author adopted integrated communication approach
which include : the Mass Media, Indigenous Media, Interpersonal Communication,
Hand Bills and Bill boards, Workshops, Seminars, conferences, symposia and social
media.

As a result of this conclusion, the study suggest as follows ;


• The government should establish Federal Agency for robots and robotics that will be
situated in Abuja with branch offices in different zones of Nigeria. These zones will monitor
the awareness creation among Nigerians by giving important information about robots and
robotics using different communication strategies such as ; the mass media (newspapers,
magazines, radio, television among others), indigenous media, interpersonal
communication, hand bills, bill boards, social media, workshops, seminars, conferences and
symposia. The commission will be expected to oversee the smooth running of robots’
deployment, maintenance and subsequently design.
• The educational planners should incorporate robots and robotics into the curriculum and
emphasis should be laid on creative and relevant educational programmes. So the
educational system should be re-designed. Such programme should start early in the child’s
life so that students in our higher institutions can manufacture their own robots thereby
contributing to economic growth. Emphasis should be laid on critical thinking among the
students. Examples include how students in the University of Moratuwa were encouraged to
develop a novel metal detector based on very low frequency (VLF) transmission with
additional capacity to classify different types of alloys. Also, it is on record now that a 26-
year old Nigeria is the highest paid robotic engineer in the whole world presently. Recently
some students in a local secondary school in Ebonyi State of Nigeria constructed
surveillance drones because their physics teacher challenged them to think critically in line
with the present day technological age. Government should also establish faculty of artificial
intelligence (AI) at all levels of education.
• Every owner should pay tax to the government for the needed Internally Generated Revenue
(IGR). Since productivity will be very high, there is need to create social amenities and
universal basic income for all people regardless of job status (Fish, 2017), to make life
comfortable for the masses particularly those who will be displaced by robots.
• There is need to enter industrialization or automation processes along traditional lines that
is human-robot partnership at this teething stage in Nigeria, hence there is need for
awareness creation on the need for robots and robotics.

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Bambury (2015). In Kitonsa, H., & Kruglikov, S. V. (2018). Significance of Drone Technology for
achievement of the United Nations Sustainable Development Goals.www.r-economy.ru

United Nations Conference on Trade and Development (UNCTAD, 2017). Robots and
Industrialization in Developing Countries.www.researchpublish.com.

ABSTRACTS
In this era of industrialization, a lot has been accomplished by robots particularly in developed
countries to improve the nations’ economies. The six major areas of robotics which are expected
to make major economic impact and contribute to national development include : drones,
artificial assistants, driverless cars, medical procedures, operations, prosthetics, and exoskeleton.
Most robots increase productivity, improve workers’ safety and make work more comfortable.
Furthermore, robots help humans with odd jobs that are dangerous. It is expected therefore that
deployment of robots can lead to economic growth and national development in Nigeria. This is a
position paper that will enlighten Nigeria as a nation on the need for robots which will serve as a
remedy for resuscitating her dwindling economy. The study was anchored on two theories
namely : Technological Determinism and Social Construction of Technology Theories. The related
literature was reviewed and the paper discussed and analysed succinctly. Appropriate
communication strategies to create awareness among Nigerians were postulated. It is revealed
that the benefits of robots outweigh the challenges thus the need for the deployment of robots in
Nigeria. Four recommendations were made, one of which is that the government should establish
Federal Agency for robots and robotics in Nigeria to create awareness, monitor and oversee the
smooth running of deployment of robots.

En cette ère d'industrialisation, beaucoup a été accompli par les robots, en particulier dans les
pays développés, pour améliorer l'économie des nations. Les six principaux domaines de la
robotique qui devraient avoir un impact économique majeur et contribuer au développement
national sont les suivants : les drones, les assistants artificiels, les voitures sans conducteur, les
procédures médicales, les opérations, les prothèses et les exosquelettes. La plupart des robots
augmentent la productivité, améliorent la sécurité des travailleurs et rendent le travail plus
confortable. En outre, les robots aident les humains à effectuer des petits travaux dangereux. On
s'attend donc à ce que le déploiement de robots puisse conduire à la croissance économique et au
développement national au Nigeria. Cette prise de position éclairera le Nigéria en tant que nation
sur le besoin de robots qui serviront de remède pour ressusciter son économie en déclin. L'étude
s'appuie sur deux théories, à savoir le déterminisme technologique et la construction sociale des

Communication, technologies et développement, 8 | 2020


Communicating needs for robots in a developing economy and national developme... 18

théories technologiques. La littérature correspondante a été passée en revue et le document a été


discuté et analysé de manière succincte. Des stratégies de communication appropriées pour
sensibiliser les Nigérians ont été proposées. Il s'avère que les avantages des robots l'emportent
sur les difficultés, d'où la nécessité de déployer des robots au Nigeria. Quatre recommandations
ont été formulées, dont l'une est que le gouvernement devrait créer une agence fédérale pour les
robots et la robotique au Nigeria afin de sensibiliser, de contrôler et de superviser le bon
déroulement du déploiement des robots.

In dieser Ära der Industrialisierung haben Roboter vor allem in den entwickelten Ländern viel
erreicht, um die Wirtschaft der Nationen zu verbessern. Zu den sechs Hauptbereichen der
Robotik, die große wirtschaftliche Auswirkungen haben und zur nationalen Entwicklung
beitragen dürften, gehören: Drohnen, künstliche Assistenten, fahrerlose Autos, medizinische
Verfahren, Operationen, Prothesen und Exoskelett. Die meisten Roboter erhöhen die
Produktivität, verbessern die Sicherheit der Arbeitnehmer und machen die Arbeit komfortabler.
Darüber hinaus helfen Roboter Menschen bei Gelegenheitsarbeiten, die gefährlich sind. Es wird
daher erwartet, dass der Einsatz von Robotern zu Wirtschaftswachstum und nationaler
Entwicklung in Nigeria führen kann. Dies ist ein Positionspapier, das Nigeria als Nation über den
Bedarf an Robotern aufklären wird, die als Heilmittel zur Wiederbelebung seiner schrumpfenden
Wirtschaft dienen sollen. Die Studie basiert auf zwei Theorien, nämlich: Technologischer
Determinismus und soziale Konstruktion von Technologietheorien. Die diesbezügliche Literatur
wurde gesichtet und das Papier kurz und bündig diskutiert und analysiert. Geeignete
Kommunikationsstrategien zur Bewusstseinsbildung unter den Nigerianern wurden postuliert. Es
zeigt sich, dass die Vorteile von Robotern die Herausforderungen überwiegen und somit die
Notwendigkeit des Einsatzes von Robotern in Nigeria. Es wurden vier Empfehlungen
ausgesprochen, von denen eine lautet, dass die Regierung eine Bundesagentur für Roboter und
Robotik in Nigeria einrichten sollte, um das Bewusstsein für den Einsatz von Robotern zu
schärfen und den reibungslosen Ablauf zu überwachen und zu kontrollieren.

INDEX
Schlüsselwörter: Kommunikation, Roboter, Robotik, sich entwickelnde Wirtschaft, nationale
Entwicklung
Mots-clés: Communication, Robots, Robotique, Economie en développement, Développement
national
Keywords: Communicating, Robots, Robotics, Developing Economy, National Development

AUTHOR
IFEYINWA NSUDE
DEPARTMENT OF MASS COMMUNICATION
EBONYI STATE UNIVERSITY
ABAKALIKI, NIGERIA
PHONE: 07032861913
Email: ifeyinwansude@gmail.com

Communication, technologies et développement, 8 | 2020


Communication, technologies et
développement
8 | 2020
Robotique avancée, intelligence artificielle et
développement

Nigerian Youths’ Exposure To Geospatial Data And


Artificial Intelligence Technologies : Cultivation
Theory And Perception of Social Relations
Exposition des jeunes nigérians aux données géospatiales et aux technologies de
l'intelligence artificielle : théorie de la culture et perception des relations sociales

Chidinma Henrietta Onwubere and Henry O. Osuji

Electronic version
URL: http://journals.openedition.org/ctd/2617
DOI: 10.4000/ctd.2617
ISSN: 2491-1437

Publisher
Chaire Unesco Pratiques émergentes en technologies et communication pour le développement

Printed version
ISBN: 2491-1437

Electronic reference
Chidinma Henrietta Onwubere and Henry O. Osuji, « Nigerian Youths’ Exposure To Geospatial Data
And Artificial Intelligence Technologies : Cultivation Theory And Perception of Social Relations »,
Communication, technologies et développement [Online], 8 | 2020, Online since 30 June 2020,
connection on 20 July 2020. URL : http://journals.openedition.org/ctd/2617 ; DOI : https://doi.org/
10.4000/ctd.2617

This text was automatically generated on 20 July 2020.

Communication, technologies et développement


Nigerian Youths’ Exposure To Geospatial Data And Artificial Intelligence Tech... 1

Nigerian Youths’ Exposure To


Geospatial Data And Artificial
Intelligence Technologies :
Cultivation Theory And Perception
of Social Relations
Exposition des jeunes nigérians aux données géospatiales et aux technologies de
l'intelligence artificielle : théorie de la culture et perception des relations sociales

Chidinma Henrietta Onwubere and Henry O. Osuji

1. INTRODUCTION
1 The mass media have a powerful influence in shaping our lives as we have to depend on
them for information, advertisements and entertainment. The great breakthroughs in
information and communication technology in the 21st century led to the proliferation
of the new media which have facilitated the creation of the different platforms for
social interaction with boundless potentials as regards interactions, interrelationships,
and information sharing and exchange. Through the social media, Nigerian youths can
create, access and disseminate any kind of information. Undoubtedly, their exposure to
the messages accessed through geospatial data has some influence on their attitudes
towards people around them since, according to George Gerbner’s Cultivation theory
and Bandura’s Observational Learning theory, the youths cultivate attitudes likened to
what they learn from the mass media. But the cultivated attitudes can impact both
positively and negatively on people’s ideas. This study investigates the relationship
between the exposure of Nigerian youths to Geospatial Data and Artificial Intelligence
Technologies and their Perception of Social Relations.

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Nigerian Youths’ Exposure To Geospatial Data And Artificial Intelligence Tech... 2

2. DEFINITIONS
2 Artificial Intelligence : the use of machines capable of engaging in human-like thought
processes such as learning, reasoning, and self-correction to perform tasks that require
human intelligence but without the presence of a human being.
Fake News : violent message whose originator's aim is to mislead the receiver in order
to create some disadvantage or some undue advantage for some people or entities.
Geospatial Data : information with a geographic aspect attached to it, meaning that the
records in the information have coordinates, an address, included with them.
Perception : the process of making sense out of experience, process by which people
select, organise and interpret information to have meaning to them.
Social Media : a group of Internet-based applications that allow for the creation and
exchange of user-generated content by using geospatial data and artificial intelligence
technologies.
Social Relations : social interactions between the different groups of people in the
society.

3. AIM OF PAPER/OBJECTIVES
3 This study investigates the relationship between the exposure of Nigerian youths to
Geospatial Data and Artificial Intelligence Technologies (GDAIT) and their perception of
social relations. Specifically, the paper tried to :
- Identify the level of exposure of Nigerian youths to GDAIT
- Determine their perception of social relations
- Establish the relationship between the youth’s consumption of messages from GDAIT
and their perception of social relations
- Investigate the relationship between the youth’s demographic variables (age, gender,
socio-economic background) and their exposure to GDAIT on the one hand, and their
perception of social relations on the other hand.

4. RESEARCH QUESTIONS
4 1. To what extent are Nigerian youths exposed to GDAIT and what is the level or
intensity of their exposure to violent messages on social media ?
2. How does the exposure of Nigerian youths to GDAIT (especially social media) affect
their perception of social relation ?
3. How do Nigerian youths exposed to GDAIT perceive social relations ? Is it as human,
personal and warm relationship, or as impersonal, electronic, distant relationship
devoid of sensitivity or emotion?
4. Is there any relationship between Nigerian youths’ demographic variables (age,
gender and socio-economic background) and their exposure to GDAIT on the one hand
; and their perception of social relations on the other hand.

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Nigerian Youths’ Exposure To Geospatial Data And Artificial Intelligence Tech... 3

5. THEORETICAL FRAMEWORKS
5 The relevant mass communication theories are the Cultivation Theory, Observational
Learning Theory, Uses and Gratification Theory, Perception Theory and the
Technological Determinism Theory. But the topic focuses on Cultivation Theory.

George Gerbner’s cultivation theory

6 This theory considers how the excessive exposure to the media, especially through the
television and other interactive media subtly shapes the users’ views of the world and
social reality. It posits that viewers learn “facts about the real world through observing
the world of television.” The viewer automatically stores memory traces got from the
TV and later uses the stored information to formulate beliefs about the real world. The
concrete base behind this cultivation theory is that the more viewers watch TV, the
more their faith in the TV version of reality. (Gerbner, G & Gross L, 1976).

6. METHOD OF STUDY
7 The survey research design was adopted. The population of study was undergraduates
of Nigerian Universities. Sample was drawn from undergraduates of the National Open
University of Nigeria (NOUN), a mega University in the Federal Capital Territory of
Nigeria, because, first, the University is the largest in the country, with study centres
all over the federation, and has a wide range of students presumed to be familiar with
the tools of communication and the different social networks. Secondly, the
researchers have access to all students’ registration documents that enabled scientific
selection of respondents. Through online SurveyMonkey platform, copies of
questionnaires were distributed to 200 respondents using a simple random method.
However, only 130 responses were received for analysis.

7. PRESENTATION OF SURVEY, DATA ANALYSIS AND


INTERPRETATION
8 The survey questionnaire comprising 20 questions was designed to provide answers to
the 4 main research questions which we further fragmented and expanded into 8
questions so as to obtain more detailed answers. Hence, for every research question,
one or more corresponding survey questions were asked such that the survey
responses will reinforce each other to make the answers to the research questions very
reliable.

Research question 1

9 “To what extent are Nigerian youths exposed to Geospatial Data and Artificial
Intelligence Technologies (GDAIT) and what is the level or intensity of their exposure to
violent messages on social media ? ”

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Nigerian Youths’ Exposure To Geospatial Data And Artificial Intelligence Tech... 4

Data analysis

10 From the 7 corresponding survey questions (4, 5, 6, 7, 8, 9,13), these results were
obtained:
i. 99.2%, that is, 125 of 126 respondents use their own smartphones
ii. The 3 activities most performed with their smartphone are information sourcing/
news cast 90.6% (116 of 128), educational programmes/tips 75.8% (97), message delivery
75% most performed with their smartphone are information sourcing/news cast 90.6%
(116 of 128), educational programmes/tips 75.8% (97), message delivery 75% (90)
iii. 68.8% (88 of 128 ) use their smartphones 7 days a week
iv. 43.3% (55 of 127) spend 4 or more hours in performing their activities on their
smartphone
v. The sources of activities performed with smartphone are mainly Whatsapp 79.4%
(100 of 126), Internet 70.6% (89), Facebook 62.7% (79)
vi. 74.6% (94 of 126) perform activities from programmes originating from both local
and foreign sources
11 vii. 61.2% (74 of 121) pay attention to violent acts and violent verbal exchanges
contained in the programmes they subscribe to.

Data interpretation & answer to research question 1

12 Given the fact that practically all respondents have permanent access to a smartphone
which majority of them use everyday for at least 4 hours for about half of respondents,
mainly for information sourcing/news cast, educational programmes/tips and message
delivery especially on Whatsapp, Internet and Facebook, from local and foreign
sources, it is clear that Nigerian youths are fully exposed to GDAIT and at high
intensity, Whatsapp and Facebook being the greatest providers of information traffic
on internet.

Research question 2

13 “How does the exposure of Nigerian youths to GDAIT (especially social media) affect
their perception of social relations ?”

Data analysis

14 From the 7 corresponding survey questions (11, 12, 14, 15, 16, 18 19), these results were
obtained:
i. 53.2% (67 of 126) agree that some of the programmes they subscribe to contain
violent acts and violent verbal exchanges
ii. 88.9% (112 of 126) perceive that members of the society are always fighting over one
thing or the other
iii. 69.1% (87 of 126) disagree that people around them do not quarrel with one another;
in other words, they perceive that people around them quarrel with one another
iv. 73% (92 of 126) agree that people in their community say negative things about one
another
v. 96.8% (122 of 126) agree that their access to social media programmes make them
more conscious of how people in the society and organisations relate with each other

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vi. 84.1% (106 of 126) agree that their experience of social media programmes
contributes to the way they relate socially with people or organisations (more cautious
and apprehensive; bolder or more aggressive; freer or less constrained because of
anonymity and safe physical distance between them and the people, etc).

Data interpretation & answer to research question 2

15 The fact that over half of respondents acknowledge that they notice violent acts and
violent verbal exchanges in their social media programmes, that people around them
always fight over one thing or the other and quarrel with one another, that people in
their community say negative things about one another, that their access to social
media programmes makes them more conscious of how people in the society and
organisations relate with each other, that their experience of social media programmes
contributes to the way they relate socially with people or organisations, makes us
confirm logically that intensive exposure of Nigerian youths to GDAIT makes them
more alert to violent acts and violent verbal exchanges and compels them to durably
face social media violence, a situation which George Gerbner’s cultivation theory
predicts will prompt these youths to ultimately accept such manifestations of social
media violence as being normal and the contents of the messages so true as to
reproduce them, for example, fake news.

Research question 3

16 “How do Nigerian youths exposed to GDAIT perceive social relations ? Is it as human,


personal and warm relationship, or as impersonal, electronic, distant relationship
devoid of sensitivity or emotion ?”

Data analysis

17 From the 7 corresponding survey questions (11, 12, 14, 15, 16, 17, 18), these results were
obtained:
i. 53.2% (67 of 126) agree that some of the programmes they subscribe to contain
violent acts and violent verbal exchanges
ii. 88.9% (112 of 126) perceive that members of the society are always fighting over one
thing or the other
iii. 69.1% (87 of 126) disagree that people around them do not quarrel with one another;
in other words, they perceive that people around them quarrel with one another
iv. 73% (92 of 126) agree that people in their community say negative things about one
another
v. 50.8% (64 of 126) agree that members of their family disagree with one another most
times
vi. 96.8% (122 of 126) agree that their access to social media programmes makes them
more conscious of how people in the society and organisations relate with each other.

Data interpretation & answer to research question 3

18 We may safely affirm that Nigerian youths exposed to GDAIT perceive social relations
as somewhat inhuman, impersonal, cold, electronic and as distant relationship devoid
of sensitivity or emotion for the following reasons which emerged from the survey data

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:
- majority of respondents witnessed unfriendly social relations on social media
- bad news and gossips sell better as news, so, they are the information mostly shared
on social media platforms
- geographical distance separating interlocutors and hiding under anonymity protect them
from violent physical response to social media aggression
- youths’ preference for text messaging rather than voice calls because of their ease and
speed of communicating by text message on smartphone, as against older Nigerians
who cherish direct personal and warm voice calls to relatives and friends
- on smartphone, the forward to function key used by social media as strategy to
communicate fast and wide discourages personal input to information received before
sharing it, making social relations rather cold and mere distant electronic
communication
- ease and efficiency of mobilising and rallying people for political or social activism,
using social media applications
- ease and success of using social media platforms for online petitioning and opinion
surveys boost the instrumentalisation or weaponisation of social relations at the
expense of sincere human contact without which almost no socialisation was feasible
before the advent of GDAIT.

Research question 4

19 “Do youths exposed to GDAIT perceive social relations positively or negatively?”

Data analysis

20 From the 6 corresponding survey questions (11, 12, 14, 15, 16, 17), these results were
obtained :
i. 53.2% (67 of 126) agree that some of the programmes they subscribe to contain
violent acts and violent verbal exchanges
ii. 88.9% (112 of 126) perceive that members of the society are always fighting over one
thing or the other
iii. 69.1% (87 of 126) disagree that people around them do not quarrel with one another;
in other words, they perceive that people around them quarrel with one another
iv. 73% (92 of 126) agree that people in their community say negative things about one
another
v. 50.8% (64 of 126) agree that members of their family disagree with one another most
times.

Data interpretation & answer to research question 4

21 The total concordance among survey results which in majority present social relations
on social media as negative shows that youths exposed to GDAIT perceive social
relations negatively.

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Research question 5

22 “Do Nigerian youths exposed to GDAIT feel induced by perceived manifestations of


social media-based violence to act or behave in similar ways more than those who are
not exposed to the social media ?”

Data analysis

23 From the unique corresponding survey question 19, this result was obtained:
84.1% (106 of 126) agree that their experience of social media programmes contributes
to the way they relate socially with people or organisations (more cautious and
apprehensive; bolder or more aggressive; freer or less constrained because of
anonymity and safe physical distance between them and the people, etc).

Data interpretation & answer to research question 5

24 The high score for the answer to the unique and direct research question makes it
unambiguous that Nigerian youths exposed to GDAIT feel that they are induced by
perceived manifestations of social media-based violence to act or behave in similar
ways more than those who are not exposed to social media. This result supports George
Gerbner’s Cultivation theory and Bandura’s Observational Learning theory which,
simply put, state that youths cultivate attitudes likened to what they learn from the
mass media – viewers learn and imbibe certain behaviours by observing and copying
people from the mass media.

Research question 6

25 “Is there any relationship between youths’ demographic variables (age, gender, socio-
economic background) on the one hand ; and exposure to social media-based violence
and their perception of social relations on the other hand ?”

Data analysis

26 From the 6 corresponding survey questions (1, 2, 3, 6, 7, 20), these results were
obtained:
i. 94.4% (119 of 120) are aged 20 years and above
ii. 54.8% (68 of 124) are male, 45.2% (56) female
iii. 69.4% (79 of 114) are 400 level or 500 level undergraduates
iv. 68.8% (88 of 128) use their smartphones 7 days a week
v. 43.3% (55 of 127) spend 4 or more hours in performing their activities on their
smartphone
vi. The type of apartment mostly occupied by respondents are self-contained room
27.6% (35 of 127), 3-bedroom flat 23.6% (30), 2-bedroom flat 18.1% (23).

Data interpretation & answer to research question 6

27 Judging by the responses, the demographic profile of youths who are exposed to social
media-based violence with the exposure affecting their perception of social relations is:
mostly a 4th or 5th year male undergraduate aged 20 years and above, who has a

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smartphone and uses it for at least 4 hours daily, 7 days a week. This typology is also
valid for the female gender which scored 45.2% in the classification by gender. The type
of apartment occupied has no palpable incidence on the profile. This profiling can help
governments and social workers to control and manage political and social activism in
order to prevent any social disorder triggerable by fake news.

Research question 7

28 “Does exposure of Nigerian youths to social media-based violence make them cultivate
cautious or offensive attitudes while relating with people and organisations ?”

Data analysis

29 From the 3 corresponding survey questions (13, 18, 19), these results were obtained:
i. 61.2% (74 of 121) pay attention to violent acts and violent verbal exchanges contained
in the programmes they subscribe to
ii. 96.8% (122 of 126) agree that their access to social media programmes makes them
more conscious of how people in the society and organisations relate with each other
iii. 84.1% (106 of 126) agree that their experience of social media programmes
contributes to the way they relate socially with people or organisations (more cautious
and apprehensive; bolder or more aggressive; freer or less constrained because of
anonymity and safe physical distance between them and the people, etc).

Data interpretation & answer to research question 7

30 The survey questions were to determine how alert respondents are to their exposure to
social media-based violence and if or not this alertness makes them cultivate cautious
or offensive attitudes while relating with people and organisations. The responses are
direct and corroboratively provide the unequivocal answer that Nigerian youths are
conscious of and alert to social media-based violence and this makes them cultivate
cautious or offensive attitudes while relating with people and organisations.

Research question 8

31 “Does exposure of Nigerian youths to GDAIT affect their judgement or assessment of


the possibility or the veracity of certain events and human actions ?”

Data analysis

32 From the 4 corresponding survey questions (5, 8, 10, 18), these results were obtained:
i. The 3 most performed activities with their smartphone are information sourcing/
news cast 90.6% (116 of 128), educational programmes/tips 75.8% (97), message delivery
75% (90)
ii. The sources of activities performed with smartphone are mainly Whatsapp 79.4%
(100 of 126), Internet 70.6% (89), Facebook 62.7% (79)
iii. 74.4% (93 of 125) try to verify the source of the messages and programmes
they receive from social media or online applications

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iv. 96.8% (122 of 126) agree that their access to social media programmes makes them
more conscious of how people in the society and organisations relate with each other.

Data interpretation & answer to research question 8

33 Whatsapp, Internet and Facebook constitute almost the exclusive platforms on which a
crushing majority of respondents perform social media activities with information
sourcing/news cast, educational programmes/tips and message delivery topping the
list of activities. With 74.4% of them stating that they try to verify the source of
messages received, it means the youths often ensure they are on Whatsapp, Internet or
Facebook which unforunately are the greatest carriers and propagators of fake news
known to be consciously prepared and spread by the originator with the intention of
influencing the judgement of the receivers of the information. It follows then that the
exposure of Nigerian youths to GDAIT affects their judgement or their assessment of
the possibility or the veracity of certain events and human actions, especially as these
half-baked youths in terms of technology come as well from a small infrastructure
country like Nigeria often naively attribute infinite powers and possibilities to GDAIT
which still remain mysterious to them!

8. DISCUSSION OF FINDINGS : Consequencies of


GDAIT for Small Infrastructure Countries like Nigeria
34 Survey data analysed revealed that GDAIT has incidence on small infrastructure
countries like Nigeria. This concerns the socio-cultural, political and economic
consequencies of the exposure of Nigerian youths to GDAIT, having in mind that
Nigeria as a small infrastructure country, lacks effective means to curb or control the
negative influences of these technologies on her people and society.
35 Electronic media contents developed with geospatial data and artificial intelligence
(text, photo, audio, video and programmes) are accessed and disseminated by youths
through social media and online applications such as Facebook, Whatsapp, Instagram,
Twitter, YouTube, Imo, Mobile TV. These platforms unwittingly propagate fake news,
hate speeches, audiovisual manipulations and falsifications aimed at building
conspirational theories or skewed points of view which may promote insurgency,
ethno-religious and personal hatred, political propaganda and radicalism leading
to terrorism and other forms of gratuitous violent acts and aggressions. Several
authors have identified Social Media as the “Oxygen” for Radicalisation. Confirming
this view, Lemack and Hall (2013) consider the Internet as the single most important
and dangerous innovation since the terrorist attacks of September 11, 2001.
36 Considering that a Nigerian in Poland stole his identity, that Nigeria was less than 2
months from her General Elections with the inherent political effervescence, and the
low literacy/educational level of the population, Professor Wole Soyinka, Nigerian, and
Nobel Prize laureate in Literature, on a Channels TV forum for checking fake news in
Nigeria reported on 10th January 2019, warned that "fake news is extremely
dangerous and if we are not careful, World War III will be started by fake news
and that fake news will probably be generated by a Nigerian!" (https://
www.youtube.com/watch?v=AC0EhHrKqJg). This underscores the gravity and ubiquity
of fake news phenomenon in countries that lack the necessary infrastructure to curb

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Nigerian Youths’ Exposure To Geospatial Data And Artificial Intelligence Tech... 10

the negative outcomes of GDAIT. Nigeria's experience is critical and pathetic because
up to less than 3 months before the Feb 16, 2019 presidential election, political
opponents were still exploiting Nigerians' technological naivety and the unfounded
power and possibilities they arrogated to hologramme technology, to spread fake news
about Nigeria's president Muhammadu Buhari being dead from protracted illness and
his political party replacing him in official functions, through a cloning technology,
with a certain Jibril from Sudan! After months of neglecting "the joke", the
recontesting president was forced by the rising and menacing belief in this fake news
by the population, to personally debunk it on TV camera on 2nd December 2018 while
in Poland for the COP24 Conference.
37 Character damage, online harassments and false promotions of persons and businesses
are on the rise and can hardly be controlled by the developers of the applications and
platforms through which these toxic media contents are spread, leading to loss of
credibility, reliability and authority vis-à-vis conscientious stakeholders of the
journalism profession, especially as the fake news phenomenon has revealed that
receivers of media content merely share the messages without verifying their
genuineness or probity.
38 The massive deployment of technologies that use the big data and algorithms, coupled
with the unrestrained access to mobile and semi-mobile internet-connected devices
magnifies the social and professional impacts of these emerging practices in
technologies and communication for development. Parental supervision of youths
becomes drastically limited due to the use of portable online devices which youths
carry and use in secluded areas. So, they are more unrestrictedly exposed to the
consumption and spreading of electronic media violence. With recent developments in
geospatial data and artificial intelligence, it is possible to profile and target specific
population groups, develop specific and ephemeral messages that will lure youths into
certain delinquent behaviours without the knowledge of parents, neighbours, or
relatives and without leaving trace of what transpired, the message sent or the sender
of the message (cf Cambridge Analytics' manupulatory implication in the USA 2016
presidential election).
39 The study indicates that Nigerian youths use GDAIT voraciously in almost all their lives
activities. Since these emerging technologies have eliminated the financial, spatial and
temporal (time) barriers formerly existing between the acquisition of print and
electronic media, the nature and content of what is consumed and spread as external
information have radically changed and escalated. Consequently, there is upsurge of
youthful exuberances, as youths can easily publish and widely express themselves
positively or negatively through these electronic media, unfettered by the financial and
editing constraints hitherto imposed on writers and producers who use the
conventional publishing companies and channels. With today's information
communication technologies using geospatial data and artificial intelligence, audios,
videos, photos and texts can be produced, updated and uploaded to the internet for
mass consumption in record time. This increases the pace and contents of gainful
developments in diverse sectors of human activity. Conversely however, these laudable
technologies also permit the pollution of minds and disruption of social relations in
record time because social media has expanded public reach and has thus become a
tremendous outreach tool that can widely disseminate any issue of public concern and
give it an unprecedented level of broadcast. Scholars have confirmed that a lot of

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Nigerian Youths’ Exposure To Geospatial Data And Artificial Intelligence Tech... 11

violence is incorporated into circulated mass media messages and programmes (Singer
& Singer 2001). As Sylwester (2001) and Demnievska (2018) rightly observed, the
computer age has revolutionalised the mass media and this is a kind of cultural
revolution amongst the youths.

9. CONCLUSION AND RECOMMENDATIONS


40 GDAIT contribute positively and negatively to development in diverse sectors of human
activity. In small infrastructure countries with little or no suitable means to fight the
bad influence, the latter appears to defeat the joys brought by the good influence. Since
we cannot arrest progress, we recommend the following measures to temper the
negative influence :
• Students in tertiary education are the future leaders, and over 65% of the voting population
in Nigeria are youths who are often inadvertent victims of subtle manipulations through
fake news in all its ramifications. So, to secure Nigerias's future, it is imperative to continue
to evolve more effective ways to fight fake news to the barest minimum as it is the main
culprit in the disadvantages of GDAIT. Culprits caught should be punished decisively to deter
would-be culprits.
• Use of information and communication technology should be taught at all levels of
education so that Nigerians can develop critical minds to distinguish what GDAIT can and
cannot do.
• Mainstream media houses and agencies should continue to establish platforms to check fake
news emanating from social media.
• The law courts must enforce existing laws to punish the various forms of fake news and
impersonation while legislators should pass more effective bills aiming to dissuade fake
news or disinformation

BIBLIOGRAPHY
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https://brainconnection.brainhq.com/2001/12/04/how-mass-media-affect-our-perception-of-
reality-part-1/

AUTHORS
CHIDINMA HENRIETTA ONWUBERE
National Open University of Nigeria, Abuja
Emails : conwubere@noun.edu.ng ; chidi56@yahoo.co.uk
Phone Nos : +2348023014372 ; +2348164071945

HENRY O. OSUJI
Hydroceutical Research,
FNIEB Hydroceuticals, 35200 Rennes, France.
Email : osuji.fnieb@wanadoo.fr
Phone No : +33 670 230 025

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Communication, technologies et
développement
8 | 2020
Robotique avancée, intelligence artificielle et
développement

Surveillance collaborative de l’assainissement


urbain pour une gestion durable
Collaborative monitoring of urban sanitation for sustainable management
Monitoramento colaborativo do saneamento urbano para uma gestão
sustentável

Abdessalam HIJAB, Hafida BOULEKBACHE et Eric HENRY

Édition électronique
URL : http://journals.openedition.org/ctd/2796
DOI : 10.4000/ctd.2796
ISSN : 2491-1437

Éditeur
Chaire Unesco Pratiques émergentes en technologies et communication pour le développement

Édition imprimée
ISBN : 2491-1437

Référence électronique
Abdessalam HIJAB, Hafida BOULEKBACHE et Eric HENRY, « Surveillance collaborative de
l’assainissement urbain pour une gestion durable », Communication, technologies et développement [En
ligne], 8 | 2020, mis en ligne le 30 juin 2020, consulté le 20 juillet 2020. URL : http://
journals.openedition.org/ctd/2796 ; DOI : https://doi.org/10.4000/ctd.2796

Ce document a été généré automatiquement le 20 juillet 2020.

Communication, technologies et développement


Surveillance collaborative de l’assainissement urbain pour une gestion durable 1

Surveillance collaborative de
l’assainissement urbain pour une
gestion durable
Collaborative monitoring of urban sanitation for sustainable management
Monitoramento colaborativo do saneamento urbano para uma gestão
sustentável

Abdessalam HIJAB, Hafida BOULEKBACHE et Eric HENRY

Contexte et problématique
1 Jusqu’à aujourd’hui, dans les pays en développement ou émergents, la gestion de
l’assainissement liquide (eaux usées et pluviales) et solide (déchets de jardinage et de
nourriture, déchets de construction et de démolition, déchets industriels, déchets
miniers, boues, sacs en plastique, verres, métaux, déchets sanitaires, papiers, vieux
vêtements et vieux meubles, etc), est encore loin d’être optimisée.
2 L’assainissement liquide est constitué d’un ensemble de canalisations, de tuyaux et
d’ouvrages reliés entre eux pour assurer toutes les opérations de collecte jusqu’au
traitement et le rejet. L’ensemble de ces opérations nécessite une bonne maîtrise et
connaissance de données multi sources, multi échelles et multi acteurs.
L’assainissement solide, en particulier la collecte des déchets ménagers en milieu
urbain, oblige les gestionnaires à maintenir des investissements techniques et humains
importants.
3 En cas de dysfonctionnement, l’impact sur l’environnement est rapidement perceptible
et la qualité du cadre de vie s’en ressent.
4 Plusieurs facteurs conduisent à une difficulté de gestion : en premier lieu, la
métropolisation des villes avec ses conséquences dans les domaines de l’habitat, de la
santé, de l’environnement, de l’éducation, et, en deuxième lieu, le nombre important de
déchèteries et de systèmes d’évacuations des eaux.

Communication, technologies et développement, 8 | 2020


Surveillance collaborative de l’assainissement urbain pour une gestion durable 2

5 La volonté d’améliorer la gestion de l’assainissement par une meilleure surveillance des


événements liés à un dysfonctionnement se heurte à des coûts difficilement
maîtrisables et à des résultats pas toujours à la hauteur des attentes.
6 Se pose alors la question du développement de solutions différentes, complémentaires
de l’existant, afin d’améliorer la gestion de l’assainissement tout en minimisant les
coûts de prise en charge. L’idée d’une prise en charge partagée de la surveillance de
l’assainissement, en incitant la remontée d’information par l’habitant, est à explorer.
Pour les déchets solides, l’intérêt d’une surveillance de l’assainissement, au plus tôt, au
plus près et mieux répartie devrait œuvrer aussi pour une meilleure protection de
l’environnement.
7 De nos jours, la transformation des villes en smart cités offre la mise à disposition
constante et rapide de données numériques de toute sorte : multimédias (images,
vidéos, schémas...), attributaires (dialogues, textes, chiffres…) et géographiques (cartes,
localisations, dessins, plans...). Les derniers développements au niveau des TICs et des
SIG ont des conséquences sur le développement psychologique, moral et social des
personnes, la structure et le fonctionnement des sociétés, les échanges culturels et la
perception des valeurs et des convictions (Douay, 2014 : 228).
8 Depuis 2008, le Conseil de l’Europe promeut l’utilisation des NTIC 1 pour améliorer la
participation des citoyens à la vie de leur collectivité et permettre un dialogue renforcé
sur le devenir de leur environnement et de leur cité (Douay, 2014). Par ailleurs, les
innovations technologiques en termes d’outils (applications sur Smartphone, réseaux
sociaux, site contributif sur wiki, etc.) permettent d’envisager différentes
participations et collaborations (Douay, 2011 : 228 ; Bailleul, 2008 ; Bailleul et Gibon,
2013 : 41). Historiquement, (Healey, 1997 ; Bacqué et Gauthier, 2011 : 43 ; Douay, 2014)
ont confirmé que l’approche collaborative de planification constitue une dénonciation
du modèle traditionnel de planification qui émerge dans la ligne des mouvements
sociaux et s’inscrit dans l’avènement d’un plus grand pluralisme dans la société qui
s’ouvre sur de nouveaux acteurs.
9 Goodchild (2007 : 9) a montré également que le citoyen peut être un producteur
important d’informations géographiques, et d’autres études pendant la même année de
(Kingston et al, 2007 : 17) ont montré également que le public est devenu très à l’aise
avec l’information géolocalisée et les outils de participation électronique, comme les
téléphones intelligents et les tablettes.
10 Dans ce contexte, il existe plusieurs approches et applications proposées par des
chercheurs :
11 -En 2013, Palskya a proposé une carte participative afin de faire dialoguer des savoirs
experts et des savoirs habitants, en utilisant une technique de questionnement et
d’entretien destinée à faire émerger des connaissances ou des ressentis à propos des
territoires.
12 -La plateforme, Voilà2 !portail mobile et web développé en partenariat avec la ville de
l’Ancienne-Lorette au Canada, a pour but de faciliter la communication entre les
citadins et la ville (intelligente). Un problème non urgent peut être signalé par
soumission d’un rapport en ligne, afin d’impliquer les citoyens dans la résolution de
problèmes sur leur territoire. Mais cette application ne permet pas de partager
l’information géolocalisée sur les réseaux sociaux. Installée sur un Smartphone, elle
engendre par ailleurs une consommation de mémoire non négligeable.

Communication, technologies et développement, 8 | 2020


Surveillance collaborative de l’assainissement urbain pour une gestion durable 3

13 -Parmi les exemples les plus connus, WikiMapia3 est un projet de cartographie
participative en ligne, lancé en 2006 par deux informaticiens russes et basé sur
l’imagerie satellite de Google et les cartes topographiques. Sur les cartes collaboratives
générées, chaque visiteur peut ajouter un lieu en le délimitant par un polygone, puis
l’annoter, c’est-à-dire lui associer un titre et un texte descriptif ou un lien, etc. En 2010,
plus de 13 millions de lieux étaient identifiés à travers le monde (Palsky, 2010 : 51). Ce
modèle illustre parfaitement le mode participatif de la production des données
cartographiques par le public, lequel s’appuie en général sur une plateforme
technologique et des processus spatiaux itératifs. Même si WikiMapia est un site web
qui contient une base d’informations cartographiques étendue, il ne permet pas
d’intégrer les données multimédias.
14 A la lumière de ces travaux de recherche et exemples d’application qui touchent
essentiellement aux domaines des TICs, des SIG et des approches dialoguistes
participatives, nous avons souhaité proposer une approche qui repose sur l’hypothèse
selon laquelle l’association des outils TICs aux SIG favorise l’implication de la
population pour une meilleure surveillance des infrastructures de l’assainissement
urbain, aspect essentiel de sa bonne gestion.
15 Avant de détailler l’approche que nous avons élaborée, nous faisons un point sur
l’usage des TICs et des SIG sur lesquels nous avons porté notre intérêt.

Le développement des technologies numériques et


des SIG
Les TICs : Technologies numériques pour l’échange d’informations

16 Les TICs sont des technologies numériques utilisées dans le traitement et la


transmission de l’information, par des supports de plus en plus innovants et mobiles.
Cette information joue désormais un rôle crucial dans le fonctionnement des
organisations, qu’elles soient publiques, privées ou associatives (Vidal et Desbordes,
2006 : 7). En 2003, l’OCDE4 a regroupé les TICs en trois familles : l’informatique, les
télécommunications et l’électronique.
17 Au cours des dernières années, les technologies numériques sont devenues très
puissantes et de plus en plus accessibles par toutes les classes sociales, et à tous les
niveaux de notre vie quotidienne, notamment Internet. Reprenons les chiffres d’un
article5 de presse, publié le 7 janvier 2016, sur l’utilisation abondante d’Internet : sur
7,357 milliards de personnes dans le monde, on dénombre 3,715 milliards d’internautes,
surtout des jeunes entre 18 et 24 ans, dont le nombre d’utilisateurs représente environ
50,50 % de la population mondiale. Selon Hulime (2009), Internet fait partie intégrante
de la vie quotidienne des jeunes. Également plusieurs travaux portant sur l’usage
d’Internet soulignent que la consultation des réseaux socionumériques constitue
l’activité principale des utilisateurs (Madden et Zickuhr, 2011 ; Salem et al, 2014).
18 Ces technologies ont permis aux internautes de produire leurs propres représentations
de l’événement et de ses acteurs, de développer, de partager l’information et des cadres
interprétatifs de la mobilisation. Les webcams des Smartphones et des tablettes
rendent possibles l’enregistrement de vidéos, la prise de photos et la diffusion en ligne

Communication, technologies et développement, 8 | 2020


Surveillance collaborative de l’assainissement urbain pour une gestion durable 4

et en temps réel, par les citoyens, via le numérique et les réseaux sociaux (Dymytrova,
2015 : 46).
19 Dans un monde de plus en plus numérique, l'usage des TICs devient très important. En
effet, les technologies comme Internet, en particulier, favorisent l’acquisition, la
transformation et l’échange de l’information, et permettent aux différents utilisateurs
d’interagir et de coopérer entre eux. Elles sont considérées comme une chance de
dialoguer et de s’exprimer librement en temps réel. Ces technologies d’information
peuvent également constituer un instrument solide de protection de valeur, en
fournissant l’information qui aide les décideurs à prendre de meilleures décisions ou
qui améliore le déroulement des processus. Elles permettent alors aux institutions
d’augmenter leurs revenus ou de diminuer leurs coûts (Laudon et al, 2006).
20 Les TICs sont perçues comme des outils de lutte contre la distance et des vecteurs d’une
uniformisation du monde (Bakis et al, 2010 : 77), idéaux pour mener une opération
participative et tendre vers une codécision. Ces technologies se déploient à tous les
niveaux de l'activité sociale, culturelle et économique des territoires et sont
positionnées au cœur même de leur développement, dans la perspective de consolider
le lien entre les citadins et les institutions. Grâce aux TICs, tous les échanges ainsi que
tous les partages de connaissances entre les personnes sont devenus possibles sans
grandes difficultés (Al Sahyouni Bou Fadel, 2014 : 61).
21 L’accès aux nouveaux outils informatiques et à l’information géographique permet aux
citoyens d’exercer la démocratie d’une nouvelle façon. En effet, ils peuvent dorénavant
participer aux décisions auparavant réservées aux gestionnaires (Pères, 2018 : 4 ;
Mericskay et Roche, 2011).

Les technologies SIG et l’ère GéoWeb

22 Le SIG est un outil d’organisation et de modélisation d’un ensemble de données


repérées dans l’espace, structurées de façon à pouvoir en extraire commodément des
synthèses utiles à la décision (Didier, 1990). Il assure une meilleure gestion des bases de
données à référence spatiale. Il est capable de gérer et de repérer parfaitement les
données dans l’espace. Laurini et al (1993) et Longley et al (2005) caractérisent le SIG
comme un outil répondant à la règle des 5A : il doit contenir des fonctionnalités
d’abstraction, d’acquisition, d’archivage, d’analyse et d’affichage. L’information
affichée résulte d’un objectif de synthèse, permettant à la fois la gestion des données
(alphanumériques et spatiales) et la prise de décision.
23 Dans les premières apparitions, les SIG ont été dédiés aux techniciens et professionnels,
non seulement en termes de domaines d’utilisation, mais également dans l’ergonomie
et dans la conception même des logiciels et des modèles de données (Feyt, 2004).
24 La conversion des SIG classiques à la cartographie numérique en ligne « figure 1 » est
largement sortie des carcans professionnels, en se démocratisant au sein des
ordinateurs, des tablettes et des Smartphones, modifiant ainsi profondément nos
manières de voir comme de représenter le monde et les dynamiques qui l’animent
(Gale, 2013 ; Ratcliff, 2007 ; Mericskay, 2016 : 229).

Communication, technologies et développement, 8 | 2020


Surveillance collaborative de l’assainissement urbain pour une gestion durable 5

Figure 1 : Évolution de l’architecture des SIG (ESRI, 2015 ; Mericskay, 2016 : 331)

25 Le développement de la cartographie en ligne donne au public la possibilité de lire des


cartes, les annoter et également d’améliorer les actions sur le réseau, en passant de la
consultation à l’interaction, ouvrant ainsi l’espace à un nouveau concept d’information
géographique volontaire, caractérisé surtout par la mise à jour, parfois instantanée, des
contenus en ligne par les internautes (Mericskay et Roche, 2011 : 552 ; Pères, 2018 : 4 ).
26 Le GéoWeb6est une nouvelle technologie numérique adaptée à Internet, grand public,
orientée vers la géo-visualisation de contenus et la production de cartes personnelles
d’une manière rapide et simplifiée. En effet, il vient fondamentalement décloisonner les
usages des données cartographiques en s’inscrivant au sein des modes opératoires du
Web, par ses nouvelles propriétés d’intégration, de mélange et de diffusion (Mericskay,
2016 : 232). Ce type de cartographie intéresse un nombre croissant de chercheurs
(géographes, agronomes, urbanistes, anthropologues, etc) et des consultants de
différentes institutions (locales ou internationales), ayant pour objectif de faire
participer les communautés locales à la représentation du lieu qu’elles habitent et d’en
dégager les éléments utiles pour leur implication dans les actions territoriales. Le
GéoWeb est reconnu comme un instrument qui facilite le dialogue d’une pluralité
d’acteurs, pour leur permettre de conduire une négociation ayant pour objet commun
le territoire habité par une communauté qui y a déposé au cours des années leurs
propres valeurs et savoirs (Burini, 2008 : 1).
27 Grâce au développement important d’outils SIG libres, du Web Mapping (Mymaps
Google, ArcGIS online7…), des TIC (Internet, Smartphones, Tablettes, réseau sociaux…)
et du GPS, de nouvelles opportunités dans la diffusion plus large de l’information
géolocalisée, s’offrent aux décideurs et aux citadins en favorisant un canal de
communication, d’interactivité et de rapprochement entre eux dans plusieurs
domaines, notamment l’assainissement urbain (secteur d’application de notre
recherche).

Communication, technologies et développement, 8 | 2020


Surveillance collaborative de l’assainissement urbain pour une gestion durable 6

La Géo-CollaboraTIC, une approche au service de la


surveillance de l’assainissement urbain pour une
gestion durable
Objectif et schéma de principe

28 L’analyse des travaux de recherche, des usages et des retours d’expérience en lien avec
l’utilisation par la population des TICs et des SIG a consolidé notre objectif d’élaborer
une approche pour impliquer les habitants dans le processus de surveillance de
l’assainissement liquide et solide, à l’aide de ces deux technologies.
29 L’intérêt des TICs est qu’elles sont omniprésentes dans la population et d’utilisation
intuitive ; l’avantage des SIG est que leurs applications sont de plus en plus répandues
et d’utilisation de plus en plus simplifiée et mobile. Le couplage de ces deux
technologies et leur mise en œuvre sont à coûts modérés et rapidement fonctionnels.

Figure 2 : La Géo-CollaboraTIC au service de l’assainissement et de la protection de


l’environnement

30 Nous avons rendu ce couplage fonctionnel en élaborant une approche que nous avons
nommée « Géo-CollaboraTIC ». La « figure 2 » en donne une schématique.
31 Nous l’avons rendu opérationnel en développant une plateforme afin de répondre aux
besoins du service d’assainissement d’un quartier de Casablanca. Dans les pages qui
suivent, nous nous servirons de la problématique de ce cas d’étude pour expliquer
l’approche Géo-CollaboraTIC et pour illustrer le processus d’association des TICs aux
outils SIG d’une collectivité. Le cas d’étude fera l’objet d’une présentation plus précise
un peu plus loin.

Les fonctionnalités de la Géo-CollaboraTIC

32 L’approche Géo-CollaboraTIC, telle que nous l’avons imaginée suit un processus en deux
étapes, illustrées sur la « figure 3 » :
33 - la première est l’identification des problèmes observés par les habitants eux-mêmes
par le biais d’un TIC. En faisant appel à la cartographie en ligne, affichable sur son
appareil (SIG), l’habitant envoie un message d’alerte géolocalisée au service
d’assainissement sous forme d’une photo, d’une vidéo, d’un texte descriptif ou les trois
à la fois ;
34 - la deuxième étape est la transmission du message géolocalisé au gestionnaire de
l’assainissement urbain et son traitement. Ce message qui contient une alerte 8 est lu,

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Surveillance collaborative de l’assainissement urbain pour une gestion durable 7

archivé et traité par le service technique. Après la réception du message, l’analyse et la


prise en charge du problème sur le terrain, une notification de remerciement est
envoyée à l’envoyeur collaborateur.

Figure 3 : Descriptif de l’approche Géo-CollaboraTIC

35 Ainsi, le traitement de d’information entre les habitants collaborateurs et le service de


gestion de l’assainissement urbain, se caractérise par deux types de communication
selon la schématisation systémique de l’approche « figure 4 » :
36 - une communication externe consistant en un échange d’informations sous forme
d’envoi de messages d’alertes renseignées et géolocalisées par les citoyens au
gestionnaire et, en retour, d’envoi de notifications de bonne réception par le
gestionnaire vers les habitants contributeurs ;
37 - une communication interne entre les acteurs internes du service de gestion (les
agents de bureau et les agents de terrain), ce qui devrait se traduire par une
intervention adaptée sur site.

Communication, technologies et développement, 8 | 2020


Surveillance collaborative de l’assainissement urbain pour une gestion durable 8

Figure 4 : Schématisation globale de la Géo-CollaboraTICet type de communication mise en œuvre

38 Le canal de communication entre le citoyen et le service de l’assainissement s’établit en


utilisant les supports de la cartographie participative et de la géolocalisation en ligne
des données.

Mise en œuvre d’une plateforme

39 Pour pouvoir implémenter l’approche Géo-CollaboraTIC, il a été nécessaire de mettre


en œuvre une plateforme constituée de TICs et de SIG, interconnectés par le biais d’un
lien généré par une application mobile GeoWeb dont la cartographie a été enrichie par
la base de données géographiques de la collectivité. Le lien est fourni par la collectivité
aux citadins par le biais d’un mail d’information ou à charger sur le site internet de la
commune.
40 La plateforme a été baptisée « Géo-Protect-L ». Les TICs sont utilisées comme points
d’entrée de l’information et comme moyens de saisie simples, intuitifs, opportunistes,
bien répartis sur le territoire et principalement dans les lieux de passage. Le citadin va
contribuer ainsi à une surveillance maillée des dysfonctionnements du système
d’assainissement, par la remontée des problèmes palpables « figure 5 » et leur
localisation précise dans le système de repérage du service d’assainissement, défini par
le SIG créé et développé en son sein.
41 La TIC préférentielle choisie est de type Smartphone ou tablette connectée. Par le biais
de l’application mobile, l’utilisateur peut saisir le problème à remonter parmi une liste
à choix multiple, et indiquer l’information de géolocalisation.

Figure 5 : Signalisation des problèmes à l’aide des alertes géolocalisées envoyées par le citadin

42 Pour simplifier la saisie, la liste à choix multiple contient les informations de type :
« présence de déchets », « débordement des égouts », « perte de tampon de regard »,
« fuites », « stagnation des eaux », « présence des mauvaises odeurs », etc.
43 La création de la plateforme Géo-Protect-L propre à la collectivité a nécessité d’ouvrir
un compte de type Google Mymaps9 pour accéder à la cartographie en ligne de la
localité, d’y insérer le tracé du schéma d’assainissement en format KMZ 10, et enfin de le
partager plus largement par un lien via les TICs retenues.

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Surveillance collaborative de l’assainissement urbain pour une gestion durable 9

44 L’application mobile Google Mymaps permet de créer et d’ajouter des dessins (points,
lignes et formes), d’insérer des images, des photos, des vidéos et de les compléter par
des informations descriptives, des suggestions, liées aux dysfonctionnements signalés.
La possibilité d’enrichir l’information de base de l’application, de la traiter par le
service gestionnaire et, surtout, d’en faire un feedback, valorisent l’implication du
citoyen contributeur. Cela devrait l’encourager à poursuivre les échanges au bénéfice
de la protection de l’environnement.

Application pour le service d’assainissement du quartier de


Lamkansa

45 Nous avons expérimenté l’approche Géo-CollaboraTIC auprès du service


d’assainissement du quartier Lamkansa « Figure 6 ». Il a été choisi comme quartier test
car il est représentatif des problèmes d’état et de gestion de l’assainissement de
nombreux quartiers.

Figure 6 : Vue spatiale du quartier Lamkansa

46 Le quartier Lamkansa se situe entre la longitude 7° 57’ Ouest et la latitude 33° 52’ Nord à
Casablanca au Maroc, d'une superficie d'environ 300 ha, et sa population en 2014 est
estimée par LYDEC11 à 32000. Dans ce quartier, le réseau d'assainissement existant
présente des risques majeurs. À partir d’une vue satellitaire « Figure 3 » et d’un
contrôle de terrain, on observe une occupation anarchique de l’espace urbain
caractérisée par une insuffisance et une disparité spatiale des infrastructures et des
problèmes d’assainissement liquide et solide. Dans (Hijab et al, 2018 ; Hijab et
Boulekbache, 2018) nous donnons un aperçu de l’environnement dégradé du quartier.

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Surveillance collaborative de l’assainissement urbain pour une gestion durable 10

Vue a/ Alerte saisie et partagée par un habitant

Vue b/ Réception de l’alerte et traitement du problème au sein du service assainissement

Figure 7 : Vues d’écran de la plateforme Géo-Protect-L sur MyMaps-Google «quartier Lamkansa»

47 Via l’interface de la plateforme interactive à référence spatiale Géo-Protect-L visible


sur la « figure 7 », les citadins peuvent recommander, géolocaliser et envoyer des
alertes au service assainissement (Vue a) pour analyse, traitement et intervention sur
place (Vue b). Ce dispositif pourra à terme alimenter un système de capitalisation des
données (alphanumériques et cartographiques) et une archive utile pour des analyses
de gestion et d’aide à la décision. Ainsi, la représentation spatiale des données
capitalisées sous forme de cartes thématiques améliore l’identification des zones de
risques, l’analyse des causes et la simulation des phénomènes.

Promotion et développement futur

48 Pour sensibiliser la population, il est envisagé de faire de la pédagogie sur l’intérêt de


s’investir par le biais d’encart dans les journaux et dans les réseaux sociaux, et de
distribuer des flyers promotionnels. Pour l’encourager à participer, des points
d’information seront mis en place au carrefour des zones d’habitation (stationnement

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Surveillance collaborative de l’assainissement urbain pour une gestion durable 11

de caravanes). Pour une incitation encore plus forte, un système de capitalisation de


points associé à des récompenses (obtention d’une somme d’argent ou de coupons
d’achats, etc) pourrait être implanté dans l’application.

Figure 8 : Système de capitalisation de points proposé pour motiver les habitants à participer

49 Dans ce présent travail, nous nous sommes limités à utiliser des techniques incitatives
basées sur la publicité et la pédagogie. Le système de capitalisation de points « figure
8 » sera intégré ultérieurement.
50 Ce développement futur nous parait incontournable pour deux raisons :
51 - l’implication forte des habitants au sein de leur quartier laisse présager une limitation
des investissements techniques et humains pour lesquels la tendance est à
l’augmentation en raison d’exigence accrue en matière d’élimination des déchets et de
protection de l’environnement ;
52 -la mise en œuvre d’une collaboration soutenue avec la population tend à réduire le
temps de diagnostic des dysfonctionnements. Une alerte déclenchée, le plus tôt
possible et bien géolocalisée, amène à produire un plan de circulation précis en
économisant temps et énergies pour traiter le problème, par les agents de terrains.
53 Enfin, pour faciliter l’accès à la plateforme Géo-Protect-L, nous envisageons le
développement d’une application mobile, plus dans l’air du temps, téléchargeable que
nous pourrions nommer Smart-Protect-L.

Les atouts de la Géo-CollaboraTIC


54 Grâce à l’intégration de la population dans les processus de suivi, de surveillance et de
communication décisionnelle, l’approche Géo-CollaboraTIC amène à réduire les coûts
de surveillance de l’assainissement urbain, la rend plus efficace et implique des
interventions plus rapides pour une gestion plus durable.
55 Les points forts de l’approche proposée sont :
56 - une plus grande sensibilisation de la population au respect de son environnement ;
57 - l’intégration du citoyen au développement durable de sa ville en l’encourageant
psychiquement à devenir un habitant participatif, actif et dynamique ;
58 - une incitation plus forte des décideurs à davantage impliquer les habitants par le biais
de l’utilisation couplée des technologies SIG/TICs, non seulement pour la surveillance
de l’assainissement, mais aussi en matière de planification urbaine ;
59 - l’utilisation de TICs disponibles et répandues dans la population, de manipulations
devenues intuitives, sans générer de surcoût, cela en faveur d’un meilleur
fonctionnement et embellissement de la ville ;

Communication, technologies et développement, 8 | 2020


Surveillance collaborative de l’assainissement urbain pour une gestion durable 12

60 - la localisation exacte des problèmes (à l’aide de la technologie GPS intégrée dans les
Smartphones et tablettes, etc), ce qui minimisera les temps d’entretien et enrichira une
base de données à référence spatiale déjà existante ;
61 - l’établissement de cartes d’analyse des points noirs, d’anomalies, de données hors
norme, etc ;
62 - des procédés faciles à mettre en œuvre pour transformer l’habitant en smart habitant,
comme élément pilier pour une smart ville.

Bilan et perspective
63 La Géo-CollaboraTIC décrite dans cet article est une approche originale, pas seulement
par les technologies de présentation des informations collectées et échangées, mais
aussi par le concept d’intégration de plusieurs acteurs (professionnels/habitants) en
mode collaboratif. Elle suscite un grand intérêt par une combinaison de la discipline
géo-environnementale aux technologies de l'information et de la communication.
64 En effet, l’approche conduit au développement de solutions complémentaires à
l’existant pour soutenir le maintien du bon état de l’assainissement, participant ainsi
au respect de l’environnement urbain. Elle implique la population de manière simple en
l’intégrant dans les processus communicationnels, décisionnels et de surveillance de
l’assainissement urbain. Les dispositifs mis en œuvre sont durables, efficaces et peu
coûteux.
65 Nous avons démontré, ici, comment l’association des TICs aux outils SIG valorise
l’utilisation des SIG dans les collectivités et les rend accessibles à un public non
spécialisé. Le processus résultant accroît la participation des citoyens à la vie de leur
collectivité pour établir un dialogue renforcé sur le devenir de leur ville et sur
l’amélioration de leur cadre de vie.
66 Enfin, la proposition développée offre des pistes prometteuses dans plusieurs autres
domaines comme le transport, le domaine forestier, les chemins de fer, la prospection
foncière, l’urbanisme. En lien avec le dernier domaine, la Géo-CollaboraTIC peut être
perçue comme une approche pertinente pour élaborer une politique d’aménagement
répondant à des besoins clairement établis pour accroître le cadre de vie des habitants ;
les dispositifs technologiques associés favoriseraient le recueil des attentes et des
manques, géolocalisés et exprimés par les citadins eux-mêmes.

BIBLIOGRAPHIE

Communication, technologies et développement, 8 | 2020


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NOTES
1. Le terme qui a été utilisé pour des technologies de l’information et de la communication, par
Conseil de l’Europe en 2008.
2. http://www.appvoila.com/fr/#about (source vérifiée le 04 avril 2020).
3. http://blog.cartong.org/2014/07/21/tuto-utiliser-la-donnee-wikimapia-dans-qgis/ (source
vérifiée le 04 avril 2020).
4. Organisation de Coopération et de Développement Économiques : organisme situé à Paris,
compte 35 pays membres et regroupe plusieurs centaines d'experts depuis 2010. Elle publie
fréquemment des études économiques - analyses, prévisions et recommandations de politique
économique - et des statistiques, principalement concernant ses pays membres (wikipédia,
source vérifiée le 04 avril 2020).
5. Article de presse, publié par Thomas Coëffé, https://www.blogdumoderateur.com/50-chiffres-
medias-sociaux-2016/ (source vérifiée le 04 avril 2020).
6. Nouveau régime cartographique grand public, basé sur la convergence des technologies SIG et
du TICs. En effet, d’une manière générale se sont les applications géographiques accessibles via
l’internet.
7. Composant clé et fait partie intégrante du système ArcGIS d'Esri. C'est un système de gestion
de contenu composé d'applications et de modèles pour créer des cartes interactives (Wikipédia,
source vérifiée le 04 avril 2020).
8. Sous forme de photos, vidéos et/ou texte descriptif, ces alertes sont géolocalisées sur image
satellitaire, à l’aide de SIG en ligne et technologies GPS sur les Smartphones et tablettes.
9. Service lance par Google en mai 2007, qui permet aux utilisateurs de créer des cartes
personnalisées à usage personnel ou de partage.
10. Le KMZ est un fichier KML compressé (Keyhole Markup Language ; en français : langage à
base de balises géo locales), est un ensemble de caractéristiques (lieu des marques, des images,
des polygones, des modèles 3D, des descriptions textuelles, etc.) pour l'affichage en ligne dans
Here Maps, Google Earth, Maps et Mobile, ou tout autre logiciel géospatial (Wikipédia, source
vérifiée le 04 avril 2020).
11. Lyonnais des eaux de la ville de Casablanca. Entreprise qui gère l'eau, l'électricité et
l'assainissement dans la ville de Casablanca.

RÉSUMÉS
Les actions traditionnelles d’amélioration de la surveillance des réseaux d’assainissement (liquide
et solide) en milieu urbain nécessitent, pour le gestionnaire de l’assainissement, un
investissement important, humain et technique avec un accroissement des outils de surveillance
et des moyens de déplacement in situ, qui à terme se révèle couteux.
L’approche que nous avons élaborée a pour objectif d'intégrer le citoyen dans le processus de

Communication, technologies et développement, 8 | 2020


Surveillance collaborative de l’assainissement urbain pour une gestion durable 16

surveillance du fonctionnement des infrastructures d’assainissement. Nous considérons qu’une


forte action contributive citoyenne pour l’amélioration de l’assainissement, aussi bien liquide
que solide, concourt aussi à une meilleure protection de l’environnement. Le nom donné à
l’approche décrite dans l’article est Géo-CollaboraTIC. Elle associe Systèmes d'Information
Géographique (SIG) et Technologies de l'Information et de la Communication (TICs). Pour
l’implémenter, nous avons développé une interface interactive et collaborative, en ligne, à
référence spatiale. Nous expliquons le principe de fonctionnement de cette technologie qui
utilise la géolocalisation en temps réel de données de type topologique et multimédia (photos et
vidéos). Cette facilité du monde moderne permet, d’une part, de réduire les coûts de surveillance
et de suivi, et d’autre part, de s'emparer des consultations citoyennes du Conseil de l'Europe
(communication décisionnelle/citoyen/initiation). La participation des citoyens à la vie de leur
cité renforce le dialogue sur le devenir de leur ville et la protection de leur environnement.

Traditional improvement actions for monitoring sewerage networks (liquid and solid) in urban
areas require a significant human and technical investment from the urban sanitation
administration, due to the increase in costs of monitoring tools and means in situ travel in the
long run. The approach we developed aims to propose integration of the citizen in the process of
monitoring the operation of sanitation infrastructures. We consider that a strong citizen
contribution to the improvement of sanitation, both liquid and solid, also contributes to a better
protection of the environment. The name given to the approach described in the article is Geo-
CollaboraTIC. It combines Geographic Information Systems (GIS) and Information &
Communication Technologies (ICT). To implement it, we developed an interactive and
collaborative online spatially referenced interface. We explained the operating principle of this
technology, which uses real-time geo-localization of topological and multimedia data (photos and
videos). Such facilities of the modern world make possible, on the one hand, to reduce
surveillance and monitoring costs, and on the other hand, to take over the Council of Europe's
citizen consultations (decisional communication/citizen/initiation). The participation of citizens
in the life of their city strengthens the dialogue about its future and the protection of their
environment.

As tradicionais ações de melhoria para o monitoramento das redes de esgoto, líquido e sólido, em
áreas urbanas exigem um investimento significativo da administração de saneamento urbano
para recursos humanos e técnicos devido ao alto custo das ferramentas de monitoramento e dos
meios de deslocamento in situ em longo prazo. A abordagem que desenvolvemos visa propor a
integração do cidadão no processo de monitoramento das infraestruturas de saneamento.
Consideramos que ao contribuir para a melhoria do saneamento, tanto líquido como sólido, o
cidadão também contribui para uma melhor proteção do meio ambiente. O nome dado à
abordagem descrita no artigo é Geo-CollaboraTIC. Ela combina Sistemas de Informação
Geográfica (SIG) e Tecnologias de Informação e Comunicação (TIC). Para a sua implementação,
desenvolvemos uma interface online interativa e colaborativa, de referência espacial. Este
trabalho explica o princípio de operação desta tecnologia, que utiliza a geo-localização em tempo
real de dados topológicos e multimídia, como fotos e vídeos. Estas facilidades do mundo moderno
permitem reduzir os custos de vigilância e monitorização, bem como envolver as consultas dos
cidadãos conforme o Conselho da Europa (comunicação/cidadão/iniciativa decisória). A
participação dos cidadãos na vida da sua cidade reforça o diálogo sobre o seu futuro e a proteção
do seu ambiente

Communication, technologies et développement, 8 | 2020


Surveillance collaborative de l’assainissement urbain pour une gestion durable 17

INDEX
Mots-clés : SIG, TICs, Géo-CollaboraTIC, Citadin, réseau d’assainissement.
Keywords : GIS, ICT, Geo-CollaboraTIC, citizen, sanitation network.
Palabras claves : GIS, TIC, Geo-CollaboraTIC, cidadão, rede de saneamento.

AUTEURS
ABDESSALAM HIJAB
Univ. Polytechnique Hauts-de-France, EA 244 DeVisu – Laboratoire en Design Visuel et Urbain,
F-59313 Valenciennes, France

HAFIDA BOULEKBACHE
Univ. Polytechnique Hauts-de-France, EA 244 DeVisu – Laboratoire en Design Visuel et Urbain,
F-59313 Valenciennes, France

ERIC HENRY
Univ. Polytechnique Hauts-de-France, EA 244 DeVisu – Laboratoire en Design Visuel et Urbain,
F-59313 Valenciennes, France.

Communication, technologies et développement, 8 | 2020


Communication, technologies et
développement
8 | 2020
Robotique avancée, intelligence artificielle et
développement

La robotique collaborative.
Promouvoir un outil de développement en jugulant la faiblesse des
infrastructures physiques en Afrique

Titi PALE

Édition électronique
URL : http://journals.openedition.org/ctd/2628
DOI : 10.4000/ctd.2628
ISSN : 2491-1437

Éditeur
Chaire Unesco Pratiques émergentes en technologies et communication pour le développement

Édition imprimée
ISBN : 2491-1437

Référence électronique
Titi PALE, « La robotique collaborative. », Communication, technologies et développement [En ligne], 8 |
2020, mis en ligne le 30 juin 2020, consulté le 20 juillet 2020. URL : http://journals.openedition.org/
ctd/2628 ; DOI : https://doi.org/10.4000/ctd.2628

Ce document a été généré automatiquement le 20 juillet 2020.

Communication, technologies et développement


La robotique collaborative. 1

La robotique collaborative.
Promouvoir un outil de développement en jugulant la faiblesse des
infrastructures physiques en Afrique

Titi PALE

Introduction
1 L’une des prouesses de la science et des techniques de l’industrie de ces dernières
décennies est le développement spectaculaire de la robotique, découverte dans les
années 1960. On peut définir la robotique comme un système technologique
d’autonomisation des tâches qui interconnecte des objets en vue de « décupler les
rythmes de production pour un nombre d’ouvriers toujours réduit »1. Dans sa thèse de
doctorat consacrée à la Navigation d’un robot mobile dans un environnement intérieur
structuré et encombré, Adrien Durand-Petiteville (2012 : 1) considère que la robotique
« consiste à concevoir et à étudier des machines intelligentes, c’est-à-dire des machines
capables de réaliser des tâches avec un certain degré d’autonomie. Les disciplines de
recherche associées à cette thématique sont articulées autour de la perception
(traitement du signal, reconnaissance de formes), de la décision (intelligence
artificielle) et de l’action (automatique) ». Pour Michel Devy (2012, résumé) cette
robotique industrielle se caractérise aujourd’hui par un ensemble de « bras
manipulateurs autonomes pour réaliser des tâches répétitives à haute cadence, ou des
chariots sans conducteur qui suivent des trajectoires fixes ». Ce chercheur ajoute que
« La mise en œuvre de ces solutions robotisées a un fort impact sur l’environnement
humain ; elles doivent satisfaire à des contraintes de sécurité et de robustesse et se
caractérisent par leur faible versatilité et des capacités d’adaptation limitées » (idem).
La fiabilité du modèle économique de la robotique industrielle fait que la réduction des
emplois humains induit par l’introduction de cette nouvelle technologie est très
largement minimisée par les spécialistes. En effet, l’autonomisation de l’industrie dope
tellement la productivité et la compétitivité des entreprises qu’elle s’est mondialisée.
Cette tendance a « permis aux Européens de conserver un semblant de compétitivité
face à la main-d’œuvre pléthorique des pays en développement au premier rang
desquels figure la Chine (…) Pour rester compétitives, les entreprises chinoises se

Communication, technologies et développement, 8 | 2020


La robotique collaborative. 2

lancent elles aussi de plain-pied dans la robolution en rachetant un certain nombre de


fabricants historiques »2.
2 La robotique collaborative renvoie à un domaine de pratiques et de recherches où
l’enjeu reste de mettre la machine (robot) au service de l’homme. Le potentiel des idées
dans ce domaine a été présenté et analysé dans des travaux théoriques et techniques
consacrés à la nature et aux problèmes techniques de la robotique collaborative
(Burgard et al., 2000 ; Fong, Thorpe and Baur, 2003). Quelques travaux ont décrypté
l’insertion sociale de la robotique collaborative (Severinson-Eklundh, Green, and
Hüttenrauch, 2003), tandis que d’autres touchaient à l’ergonomie et à la
comanipulation d’objets et au rapport homme-robot (Dumora, 2014 ; Hinds, Roberts
and Jones ; Maurice, 2015). Intégrant ces débats savants, Bernard Claverie, Benoît Le
Blanc et Pascal Fouillat (2013 : 203) ont remarqué avec finesse que dans la robotique
collaborative, « Les robots, êtres mécaniques autonomes, vont collaborer avec les
hommes ; ils perdent leur autonomie pour se soumettre aux hommes, et en deviennent
donc des cobots ». Au-delà de ce jeu de subordination de la machine à l’homme, ces
chercheurs notent que la cobotique couvre un domaine de recherche sérieux et
nouveau : citant Wikipedia, ils notent qu’ « il s’agit d’une « branche émergente de la
technologie à l’interface de la cognitique et du facteur humain (comportement,
décision, robustesse et contrôle de l’erreur), de la biomécanique (modélisation du
comportement et de la dynamique des mouvements) et de la robotique (utilisation
d’artefacts dans un but de production de comportements mécaniques fiables, précis et/
ou répétitifs à des fins industrielles, de santé ou de convivialité) ». On est donc dans un
domaine interface, une discipline « émergente », ou plutôt une « interdiscipline » à
visée opérationnelle, qui se propose à la fois de produire des outils, d’imaginer et
concevoir pour la rendre effective une relation particulière entre robots et hommes, et
entre hommes entre eux par l’intermédiaire des robots » (Claverie et al. 2013 : 204).
3 Quelle que soit la nature et les termes du débat qui entourent la robotique
collaborative, l’Afrique n’est pas partie prenante de cette nouvelle donne globale : pour
longtemps encore, ce continent regardera le monde se robotiser, en raison de son très
faible niveau d’industrialisation et de sa très insuffisante insertion dans le commerce
mondial. Mais en dépit de ces limites objectives du continent africain dans le domaine
de la robotique industrielle, la présente contribution réfléchit l’apport de la robotique
au travers de la cobotique (ou robotique collaborative), qui s’insère entre le robot
industriel et l’homme. L’objectif est ici de montrer que dans le lien de l’industrie et de
l’homme, des perspectives stimulantes de la robotique s’offrent au continent africain,
notamment du côté de la robotique collaborative. Dans divers domaines de la vie
(sécurité, éducation, santé, loisirs, lutte contre la pauvreté, etc.), le développement
exponentiel constaté en robotique collaborative indique clairement que bientôt,
l’homme ne pourra plus se passer de la puissance de ces machines pour optimiser son
savoir-faire et ses moyens d’anticiper et de maîtriser convenablement les dégâts et les
risques qu’il gère ou génère au quotidien. Pour nous, la robotique collaborative est un
atout important pour l’Afrique aux prises avec le sous-développement, notamment de
ses infrastructures traditionnelles et physiques. Ici, il s’agira essentiellement de
répondre aux questions suivantes : quelles sont les bases du design de la production des
robots collaboratifs et quels domaines spécifiques pourraient être dopés, en Afrique,
par l’introduction des outils ainsi produits ? Quels sont les risques de la robotisation
pour l’avenir de l’économie africaine ? Quelles infrastructures physiques préalables

Communication, technologies et développement, 8 | 2020


La robotique collaborative. 3

manquent en Afrique à l’heure de la robotique industrielle et collaborative ? Comment


se jugule aujourd’hui ce déficit d’infrastructures physiques et sur quels points doit-on
aller plus loin et plus vite ?

Robotique industrielle et robotique collaborative


4 La technique de création et de promotion d’outils innovants met en mouvement un
modèle de production et une méthodologie réversible (design technologique). Dans ce
cadre, la robotique collaborative propose une gamme d’objets nouveaux qui modifient
avantageusement l’environnement et le rendement du travail. Grâce à l’électronique et
au génie informatique, et plus spécifiquement aux travaux des différents domaines de
recherche et d’applications liées aux Systèmes Automatiques et Microélectronique
(SAM), la robotique collaborative a fait des progrès considérables par la fabrication des
outils d’ISS (Information, Structures et Systèmes). En informatique, une synthèse
analytique et évaluative de l’évolution des connaissances sur ce secteur nouveau a été
proposée par Haythem Ghazouani (2012), qui a étudié minutieusement les différentes
fonctionnalités visuelles qu’il convient d’embarquer sur un robot destiné à la mobilité
et à la navigation dans un espace intérieur. Articulant la mise en place conjointe des
capteurs de profondeur et de couleur et les algorithmes de détection de squelettes en
super-temps réel, Masse et al. (2014) montrent combien la recherche sur les capteurs de
mouvements humains a réalisé des progrès dans le champ de la communication
Homme-Machine et permis un approfondissement de la maîtrise de la robotique de
détection. Depuis les cinq dernières années, les chercheurs ont étendu le champ
d’application de cette robotique de détection à l’agriculture, notamment à
l’arboriculture où elle sert précisément à repérer des fruits à partir des images
collectées grâce aux caméras d’un verger (Dore et al., 2017). Cette approche vise à
« développer des outils d’assistance aux arboriculteurs en leur donnant un moyen
d’estimer le rendement d’un verger, en extrapolant à partir de l’estimation obtenue sur
quelques arbres sélectionnés dans ce verger. Cette estimation doit pouvoir se faire à
plusieurs étapes de croissance, mais en particulier avant la récolte, cela pour pouvoir
planifier les ressources nécessaires (personnel, palox, etc.) […] (et) s’adapter à plusieurs
fruits (pomme, prune, etc.), mais aussi, pour chacun, à plusieurs variétés » (Dore et al.,
2017, introduction, p.2/9).
5 Si plusieurs architectures de réseaux de tailles différentes rentrent en jeu dans la mise
en place des modèles de détection en robotique collaborative, la base de travail des
chercheurs sus-évoqués est constituée de deux outils qui exploitent « les réseaux de
neurones de convolution pour la détection d’objets » : le Faster R-CNN et le Yolo. Dans
le cas du Faster R-CNN qui a été élaboré par S.Ren et al (2015), il est proposé un
algorithme « qui repose sur une détection entièrement faite avec des réseaux de
neurones de convolution » (Dore et al., 2017, p.4/9). Sur le détail et la méthodologie de
cette procédure, S. Ren et ses collègues utilisent deux réseaux de neurones : « un
premier réseau de neurones de convolution prend en entrée une image de taille
quelconque et donne en sortie des régions dans lesquelles pourraient se trouver les
objets à détecter. — le second réseau prend en entrée les régions proposées par le
premier réseau et recherche si elles contiennent l’objet à détecter » (Dore et al., 2017, p.
4/9). On doit à J.Redmon et al.(2015) l’algorithme qui permet la mise en place du Yolo.
Pour Dore et al. (2017, p.4/9), « Cet algorithme repose sur deux étapes qui sont

Communication, technologies et développement, 8 | 2020


La robotique collaborative. 4

appliquées sur des images de taille prédéfinie lors de l’apprentissage : — une détection
d’objets opérée par des réseaux de neurones de convolution ; — un quadrillage de
l’image où l’on prédit la classe de l’objet s’il existe (dans notre cas soit une pomme soit
rien) ». Comparant les deux modèles de détection, Dore et al. (2017, p.4/9) observent
que « L’une des principales différences entre YOLO et Faster RCNN est le temps de
calcul, YOLO permet d’avoir une détection de 37 images par seconde pour une image de
445x445x3 alors que Faster R-CNN permet d’avoir seulement 5 images par seconde (sur
les images prises dans des vergers). De plus, sur les data sets VOC2012 et VOC2007,
YOLO semble donner de meilleurs résultats ».
6 L’agriculture n’est pas le seul champ d’exploration et d’application de la robotique
collaborative dont les prémisses datent des années 1960. Si l’on observe la pratique
dans ce domaine technoscientifique en temps long, on constatera que « Dans un
premier temps, les chercheurs se sont intéressés à la robotique de manipulation et à ses
applications, notamment dans l’industrie manufacturière. A partir des années 1980, en
raison de l’augmentation de la puissance de calcul embarquable et de l’amélioration des
capteurs, la robotique mobile devient un thème de recherche important avec comme
objectif la création de robots capables d’explorer des zones dangereuses ou
inaccessibles pour l’homme » (Durand-Petiteville, 2012 : 1). Il s’ensuit que dans tous les
domaines de la recherche et de la pratique industrielle, éducative et thérapeutique,
culturelle et ludique, la robotique collaborative a son mot à dire grâce à la maîtrise de
l’architecture embarquée et aux outils faits sur mesure qu’elle propose aux différents
chercheurs, intervenants, acteurs et experts.
7 Dans le domaine sensible de la santé par exemple, les robots collaboratifs participent
aux diagnostics et à pratiquement toutes les formes d’intervention chirurgicale,
permettant ainsi d’articuler soins et sécurité (Acoulon, 2014). Plus intéressant encore,
la robotique collaborative est une nouvelle technologie qui contribue très nettement à
combler une attente sociale plus qu’essentielle en matière de santé : la relocalisation,
autrement dit la re-personnalisation de l’information médicale. Grâce à la robotique
collaborative, il y a en effet émergence d’une approche sociale, relationnelle et
qualitative de la santé, dans laquelle « la maladie ne doit plus être traitée sous le seul
angle fonctionnel, mais également sous celui de la culture, de l’histoire et du savoir
expérientiel du patient » (Dubey 2014 : résumé).

Robotisation et avenir de l’économie africaine : le


point de vue du FMI
8 Au cœur de l’industrie contemporaine, l’Afrique peut redouter les conséquences de ces
changements technologiques auxquels participent la robotique industrielle et la
robotique collaborative. En effet, les avancées technologiques posent d’abord la
question de savoir si l’homme ne sera pas, à terme, purement et simplement remplacé
par la machine. Selon une publication des chercheurs du département des études
financières du Fonds Monétaire International (FMI), « La vague actuelle d’avancées
technologiques devrait bouleverser les marchés du travail aux niveaux national et
mondial. Par le passé, les périodes de changement technologique ont conduit à une
amélioration des niveaux de vie, mais les périodes de transition étaient marquées par
des craintes quant à l’avenir du travail, car de nouveaux et différents emplois tardaient
à remplacer ceux devenus obsolètes » (Perinnet et al., 2018 : 39). Actuellement, les pays

Communication, technologies et développement, 8 | 2020


La robotique collaborative. 5

développés sont dans une phase de transition imposée par cette quatrième révolution
industrielle.
9 L’Afrique, elle, part de plus bas et risque de prendre les effets de ces changements de
plein fouet. Au regard de la vague actuelle des innovations technoscientifiques, c’est en
Afrique que se concentre la crainte des impacts de ces changements sur l’emploi. Sur ce
continent jeune et à la démographie dynamique, un jeune sur deux est au chômage.
Ailleurs, la robotisation des sociétés a engendré un tassement des revenus du travail et
une croissance des inégalités. Dès lors que cela se fait sur fond de vieillissement de la
population (cas du Japon et des démocraties occidentales), ces pays « accueillent ainsi
favorablement la possibilité de maintenir ou d’accroître leur niveau de production avec
moins de travailleurs » (Perinet et al., 2018 : 39). Dès lors, le problème de l’Afrique
subsaharienne est que la quatrième révolution industrielle arrive au moment où « la
population active continue d’augmenter rapidement ». Dès lors, la question se pose de
savoir « Comment l’Afrique subsaharienne peut-elle créer les 20 millions d’emplois par
an nécessaires sur les deux prochaines décennies pour absorber sa population active
croissante ?» (idem).
10 Pour résoudre ces équations difficiles, ces chercheurs ont modélisé les effets de la
quatrième révolution industrielle à partir d’un modèle qui « divise le monde en deux
régions qui peuvent s’échanger des biens : une région composée de pays avancés et une
région à faible revenu comme l’Afrique subsaharienne. Dans ces deux régions, les biens
sont produits en utilisant du capital classique, du travail et des robots. Les robots sont
définis au sens large de façon à inclure tout l’éventail des nouvelles technologies qui
constituent la quatrième révolution industrielle, dont l’automatisation, l’apprentissage
automatique et l’intelligence artificielle. » (Perinnet et al., 2018 : 41-42). D’après ce
modèle, l’écart de revenus du travail dans les deux régions montre clairement le faible
niveau de productivité du capital en Afrique, en raison notamment du sous-équipement
technologique. Pour ce modèle, « Les robots se substituent aux travailleurs, par
exemple, lorsqu’une entreprise automobile introduit des robots sur sa chaîne de
montage pour installer des phares, une tâche auparavant réalisée manuellement par
des travailleurs. À l’inverse, l’utilisation de la technologie numérique dans l’agriculture,
par le biais d’une application qui permet aux agriculteurs de traiter des infestations
parasitaires, est un exemple de complémentarité entre les robots (au sens large) et les
travailleurs. Bien entendu, ces deux évolutions peuvent se produire de façon parallèle
ou successive » (Perinnet et al., 2018, 42). Le modèle prévoit qu’en cas de doublement
de la productivité des robots, les deux régions voient considérablement augmenter leur
productivité et, par conséquent, la production des richesses (le PIB par habitant). Cette
augmentation dépend néanmoins de la substituabilité ou de la complémentarité de
l’homme et du robot. Il est avéré qu’en cas de complémentarité, « l’augmentation du
PIB par habitant est plus forte en Afrique subsaharienne que dans les pays avancés, ce
qui signifie qu’il y a convergence. L’Afrique subsaharienne en bénéficie, car les salaires
de la région étant plus faibles, il est plus rentable d’investir dans des robots lorsqu’ils
sont combinés à du travail relativement peu coûteux » (Perinnet et al., 2018 : 42). En
Afrique et mieux que dans les pays développés, cette complémentarité homme-robot
engendre une hausse de salaire plus forte que celle du stock du capital. De fait, la part
du travail augmente beaucoup plus dans la productivité africaine. Par contre, « Si le
travail et les robots sont substituables, la hausse du PIB par habitant est plus forte dans
les pays avancés qu’en Afrique subsaharienne, ce qui signifie que l’écart de revenus

Communication, technologies et développement, 8 | 2020


La robotique collaborative. 6

entre les deux régions se creuse encore plus. Dans ce cas, l’introduction de robots et
l’investissement dans du capital physique complémentaire sont plus rentables là où les
salaires sont élevés, car les robots permettent d’économiser le coût de la main-d’œuvre
» (Perinnet et al., 2018 : 42). Si la robotisation assure des gains de productivité certains
à l’ensemble de l’économie, elle pose d’énormes soucis aux exportations africaines.
Certes, « Par comparaison aux pays avancés et émergents, les pays d’Afrique
subsaharienne pourraient être moins exposés au remplacement immédiat des emplois
existants dû à l’automatisation, en raison des différences de structure économique,
mais aussi de niveau de salaire » (Perinnet et al., 2018 : 43). Pour autant, l’Afrique
subsaharienne « pourrait être touchée indirectement par l’intermédiaire des
exportations si l’automatisation prend la place de l’Afrique subsaharienne dans les
chaînes de valeur, rend ces dernières plus difficiles d’accès à l’avenir ou déplace
l’avantage comparatif de la région vers ses concurrents » (idem).
11 Tous ces indices de risques fournissent des scénarios probables dans lesquels se dessine
l’avenir de l’emploi dans l’Afrique subsaharienne et, par ricochet, les contours des
politiques publiques adéquates pour le développement de cette région du monde à l’ère
de la robotisation. En effet, la quatrième révolution industrielle est contemporaine
d’une époque où l’Afrique fait encore face à des difficultés quotidiennes et structurelles
qui pénalisent le développement et le progrès socioéconomique. Quatre facteurs sont
parmi ceux des plus régulièrement cités : la pauvreté des Etats, très souvent dépourvus
de moyens matériels et financiers, pourtant essentiels à l’équipement public en tous
domaines; l’insuffisance, voire l’absence des ressources humaines de qualité, adéquates
pour résoudre certains problèmes structurels ; la démographie galopante, qui engendre
de nouvelles contraintes de gouvernance aussi bien de la santé, de l’alimentation que
de l’éducation ; enfin, la corruption endémique, qui fait que les fonds publics issus de la
fiscalité ou de l’aide bilatérale et multilatérale finissent par être détournés de leurs
destinations normales et de l’investissement en vue du progrès social et économique.
12 L’Afrique subsaharienne doit mettre en place des politiques publiques nécessaires à la
création des emplois à l’épreuve de l’avenir. Pour le FMI, même si les effets des
changements technologiques sur l’avenir de l’emploi ne sont pas clairement établis, en
Afrique, « L’enjeu pour les décideurs est de conserver une attitude ouverte à l’égard des
différentes stratégies de croissance et de saisir les opportunités que présente la
quatrième révolution industrielle » (Perinnet et al., 2018 : 46).

L’enjeu des infrastructures physiques et traditionnelles


13 Le FMI a raison de sous-entendre que l’automatisation, qui constitue une alternative
crédible au sous-développement de plusieurs secteurs entravés par des problèmes
structurels, comporte des risques pour l’économie africaine, notamment en raison du
dynamisme démographique. Il faut donc adapter les stratégies de développement aux
exigences et aux possibilités offertes par la quatrième révolution industrielle. En même
temps, l’intégration et la connectivité ne seront des composantes essentielles de toute
politique de croissance fructueuse qu’à la condition d’intégrer et de résoudre un
problème plus ancien : le sous-développement des infrastructures physiques et
traditionnelles, qui supportent toute stratégie industrielle et de développement social.
Dans ce sens, cette section met en lumière la capacité de nuisance du grand retard
accusé par le continent africain dans la mise en place des équipements traditionnels

Communication, technologies et développement, 8 | 2020


La robotique collaborative. 7

(électrification, infrastructures routières et ferroviaires, hydraulique urbaine et rurale,


etc.). En effet, dans différents champs économiques (santé, éducation, finances,
agriculture, pêche, etc.) en pays développés, tout épanouissement de l’automatisation
et de la robotisation s’appuie sur ces infrastructures qui manquent cruellement à
l’Afrique. L’équation est ici de repérer et de résoudre ces problèmes infrastructurels qui
peuvent entraver considérablement l’intégration de la robotique collaborative en
Afrique.

L’importance stratégique des villes

14 Il a été indiqué plus haut que dans les pays développés, la quatrième révolution
industrielle est un phénomène purement urbain, qui se greffe aux différents
équipements traditionnels constitutifs de la citadinité (routes, électricité, eau courante,
etc.). De fait, l’absence de véritables villes structurées et ordonnées dans la plupart des
pays subsahariens est la première contrainte qui pèse sur l’insertion locale des
changements technologiques de la quatrième révolution industrielle. Or un récent
rapport de la Banque Mondiale (Lall & al., 2017) indique qu’en raison de leur essor
démographique, les villes africaines sont amenées à jouer un rôle de plus en plus
important dans la croissance du continent, notamment par l’ouverture sur le monde et
la création d’emplois dans le secteur du numérique et de la robotique. Selon ce rapport,
« La population urbaine en Afrique s’élève actuellement à 472 millions d’habitants, mais
elle va doubler au cours des vingt-cinq prochaines années, pour atteindre un milliard
d’habitants en 2040. Et, dès 2025, les villes africaines abriteront 187 millions d’habitants
supplémentaires, soit l’équivalent de la population actuelle du Nigéria » 3. Cette
croissance de la démographie urbaine fait qu’aujourd’hui (2019) 40% d’Africains sont
citadins. Plusieurs obstacles au déploiement de la quatrième révolution industrielle et
liés à la faiblesse des infrastructures africaines peuvent s’aligner sur cette tendance du
continent à l’urbanisation.
15 Le premier obstacle au développement de l’économie connectée et donc de l’industrie
de la robotique est la qualité de l’équipement urbain. En effet, « le processus de
concentration de la population dans les villes n’a pas donné lieu à des investissements
suffisants dans les infrastructures urbaines et autres structures industrielles et
commerciales, ni dans une offre appropriée de logements abordables. Avec des
investissements coordonnés dans les infrastructures et les structures résidentielles et
commerciales, les villes africaines seront en mesure d’accroître les économies
d’agglomération et de rapprocher les habitants des emplois » 4. Cela est d’autant plus
urgent que les villes africaines sont « 29 % plus chères que celles des pays à niveau de
revenus similaire. Les ménages urbains africains ont, proportionnellement au PIB par
habitant, des coûts plus élevés que ceux d’autres régions du monde, sachant que ces
coûts sont surtout grevés par les dépenses de logement, supérieures de 55 % à celles
observées dans d’autres régions. À Dar es Salaam, par exemple, 28 % des habitants
vivent à trois au moins dans une pièce, et à Abidjan, ils sont 50 %. À Lagos, au Nigéria,
deux habitants sur trois vivent dans des bidonvilles »5. À cela s’ajoute les coûts des
denrées alimentaires et des transports, qui sont prohibitifs pour les citadins contraints
de se loger dans des implantations sauvages et loin des sites d’emplois. Le coût élevé de
la vie en villes africaines impacte aussi les entreprises, « puisqu’il les oblige à verser des
salaires plus élevés, ce qui nuit à leur productivité et leur compétitivité, et leur ferme
les portes de l’exportation. Le résultat, c’est que les villes africaines n’attirent guère les

Communication, technologies et développement, 8 | 2020


La robotique collaborative. 8

investisseurs régionaux ou mondiaux et partenaires commerciaux potentiels » 6. Le


sous-équipement et l’absence de planification font de la ville africaine une « trappe de
sous-développement » où aucune révolution industrielle ne saurait prospérer.
L’autonomisation et la robotique collaborative ne sauraient prospérer dans un
environnement anarchique où toutes les tentatives d’investissement se heurtent aux
goulots d’étranglement de la ville africaine. Sur ce point, ce rapport de la Banque
Mondiale pense que la solution « est de faire en sorte qu’elles [les villes africaines]
grandissent en se densifiant économiquement et physiquement, avec le souci de les
connecter pour accroître leur efficacité et, à la clé, des perspectives de rentabilité plus
élevées pour les investisseurs »7. Cette solution inclut deux priorités complémentaires,
dont la première est de rassembler les territoires par des politiques publiques efficaces
d’aménagement urbain, la régularisation des marchés fonciers et la clarification des
droits de propriété. La seconde priorité est de veiller à relier les trois éléments
essentiels du développement urbain que sont le résidentiel, le commercial et
l’industriel. Cela requiert d’« investir tôt et de manière coordonnée dans les
infrastructures »8.

Développer le réseau routier et les voies ferrées

16 Le manque flagrant des routes est le deuxième obstacle au processus de développement


socioéconomique de l’Afrique. D’après les estimations, « les principales routes du
réseau routier africain s'établissent à une longueur totale de 31.423 km auxquels
s'ajoutent 45.832 km de voies de raccordement, représentant environ 90% des
transports des passagers et des marchandises. Une très faible proportion (environ 28%)
de ces routes est bitumée »9. L’ensemble des voies transafricaines (Le Caire-Le Cap,
N’djamena-Djibouti, etc.) mises en place dans l’euphorie des indépendances au cours
des années 1960 sont à l’arrêt ou considérablement ralenties. À cette situation s’ajoute
l’insécurité des routes africaines qui peut refroidir les ardeurs des investisseurs. Selon
un rapport de l’Organisation Mondiale de la Santé sur la sécurité routière (World
Health Organization, 2018), l’Afrique a les routes les plus meurtrières du monde : on
compte 26,6 morts dans les accidents de la route pour 100 000 habitants en Afrique
contre 9,3 pour 100 000 habitants en Europe. Depuis les années 2000, des objectifs du
développement socio-économique et de la réduction de la pauvreté sont assignés au
Programme de Développement des Infrastructures en Afrique (PIDA), qui reprend d’une
certaine manière les projets des voies transafricaines et interrégionales sous le pilotage
technique et financier de la Banque Africaine de Développement (BAD). Au-delà, les
réseaux intégrés d’infrastructures régionales doivent être densifiés et accélérés, en
raison de leur rôle de préalables à l’implantation véritable de la quatrième révolution
industrielle en Afrique. En effet, ces réseaux sont des facilitateurs du déploiement et du
développement significatif de la robotique industrielle et de la robotique collaborative.
Les entreprises de ces domaines sont appelées à implanter leurs équipements (antennes
relais, postes opérationnels et techniques, etc.) parfois dans les zones reculées en tirant
profit de ces voies aménagées. Il leur faut aussi des routes pour intervenir rapidement
et efficacement à l’échelle nationale ou sous régionale sur plusieurs secteurs sensibles :
santé publique (lutte contre les épidémies, interventions sur des accidents de la route,
médecine de brousse et interventions chirurgicales d’urgence, etc.), éducation
(formations à distance, bibliothèques numériques, séminaires et soutenances des

Communication, technologies et développement, 8 | 2020


La robotique collaborative. 9

travaux, etc.), l’agriculture (optimisation de la production, transformations en produits


semi-finis, logistique et technique de production, distribution et traçabilité, etc.).
17 L’inconsistance des voies ferrées est le troisième obstacle à l’instauration de la
quatrième révolution industrielle et donc de la robotique, collaborative ou non, dans le
système de développement économique de l’Afrique. Or il faut avoir à l’esprit qu’à
l’origine, les chemins de fer sont des instruments de « contrôle territorial et de mise en
valeur » qui ont été montés « à l’assaut du continent à partir des bases portuaires de la
pénétration coloniale. Sur le plan spatial, la double finalité, politique et économique,
permettait de désenclaver les pays de l’intérieur de façon à les intégrer à l’économie-
monde. Le chemin de fer a été le premier instrument d’intégration territoriale, le
premier outil de ce qu’on n’appelait pas encore le développement. A la fin du XIXe
siècle, la voie ferrée et la machine à vapeur, fer de lance du progrès, étaient porteuses
de rêves prométhéens » (Pourtier 2013 : 189-190). Dans le cas de l’Afrique considérée
comme une « tabula rasa », l’idéologie du rail était rapidement proclamée et intégrée
par les entrepreneurs coloniaux dès lors que les chemins de fer servaient deux
impératifs : drainer les matières premières vers les côtes pour être exportées vers les
métropoles et diffuser la « civilisation » européenne au milieu des peuples dits
« arriérés » et « indigènes ». Aujourd’hui, « Le diagnostic général des chemins de fer
africains ne prête pas à l’optimisme. Pour un réseau continental totalisant environ
90000 km, plus de lignes ferment qu’il ne s’en crée de nouvelles (…) Ailleurs, vétusté du
matériel roulant, vitesse commerciale réduite sur des voies mal entretenues, horaires
non respectés etc., détournent les voyageurs du rail.» (Pourtier 2013 : 192). Il faut y
ajouter l’absence de réseaux, qui « résulte des politiques d’équipement mises en œuvre
par les administrations coloniales, avec pour seul cadre de référence le territoire de
chacune des colonies, au détriment d’une vision continentale ou tout au moins
régionale. L’Afrique de l’Ouest, la partie du continent où le partage colonial s’est traduit
par le plus fort morcellement territorial, en est l’illustration, jusqu’à la caricature dans
le cas d’“États tranches” comme les actuels Bénin et Togo. Voisins et rivaux, les
Français et les Allemands construisirent des pénétrantes ferroviaires parallèles à partir
d’étroites ouvertures sur le Golfe de Guinée : à la ligne Cotonou-Parakou répond la ligne
Lomé-Sokodé » (Pourtier 2013 :190).
18 Pour une pénétration rapide du continent par les changements induits par la quatrième
révolution industrielle, ces cloisonnements et leurs effets lents sur l’équipement de
l’Afrique postcoloniale doivent être dépassés. Il faut mettre en place les bases d’une
politique panafricaine du rail qui partirait d’un renforcement des capacités et des
regroupements régionaux financés par des fonds africains et des partenariats
extérieurs ou de bon voisinage. Sur ce point, la relance du programme ferroviaire en
Afrique sous l’impulsion des Chinois est une bonne nouvelle pour le développement de
la robotique collaborative. On sait que dans les années 1970 et pour 500 millions de
dollars, 1860 kilomètres de rails ont déjà été construits entre le port de Dar-es-Salam
(Tanzanie) et le Sud-Ouest de la Zambie10. Si l’enjeu était dogmatique à l’époque (rendre
gloire à Mao), aujourd’hui, la poursuite de la dynamique de construction des voies
ferrées par la Chine est un enjeu économique. L’inauguration de la ligne Djibouti-Addis-
Abeba en 2017, construite pour 4 milliards de dollars, permet de relier l’Éthiopie à la
mer. Afin de faciliter l’importation du textile chinois et exporter les matières premières
africaines, ce chemin de fer va relier le Kenya et le Soudan pour 13 milliards de dollars
supplémentaires entièrement financés par la Chine. Pour la pénétration de la

Communication, technologies et développement, 8 | 2020


La robotique collaborative. 10

quatrième révolution industrielle, les équipements techniques de télécommunication


qui accompagnent la construction des voies ferrées en vue de l’alimentation et de la
coordination de la circulation des trains peuvent servir de support à la connectivité des
robots collaboratifs. Ceux-ci demandent en effet à être interconnectés et donc à
interagir à distance pour être rentabilisés. De ce point de vue, le développement des
voies ferrées à l’échelle continentale peut faciliter l’instauration d’une économie
véritable de la robotique, qui s’appuierait ainsi sur l’équipement des
télécommunications annexé au système ferroviaire pour doper sa productivité en
évitant les coûts prohibitifs d’installation.

Le défi énergétique : électrifier partout

19 Enfin, l’électrification est le quatrième obstacle majeur à la pénétration de la robotique


en Afrique. Sur ce continent, on estime à 620 millions le nombre de personnes qui n’ont
pas accès à l’électricité (soit 1 Africain sur 2). Avec un taux de croissance
démographique annuelle de 5%, l’Afrique fabrique chaque année 10 millions de
nouveaux exclus de l’électricité. Le dernier rapport de la Conférence des Nations Unies
sur le commerce et le développement (CNUCED, 2018) consacré aux Pays les Moins
Avancés (PMA) indique que la situation y est plus grave. En effet, ce sont 577 millions
de personnes, soit 62% de la population des PMA, qui n’ont pas d’accès à l’électricité. Ce
rapport souligne aussi des disparités entre les zones urbanisées et le monde rural : dans
les PMA, 82% des personnes n’ayant aucun accès à l’électricité vivent dans les
campagnes. Au-delà du bien-être des populations, le même rapport du CNUCED
souligne le risque de la sous-électrification pour l’économie en indiquant que dans les
PMA, « Plus de 40 % des entreprises sont freinées dans leur activité de production par
un approvisionnement en électricité inadéquat, peu fiable et trop coûteux ». On note
cependant des disparités régionales : il y a près de 100% de couverture électrique dans
les pays d’Afrique du Nord, 55 à 65 % pour la Côte d’Ivoire, le Sénégal et le Ghana, et
27% seulement dans la plupart du reste de l’Afrique subsaharienne 11.
20 Ce retard de l’électrification en Afrique subsaharienne a souvent été expliqué par
l’urbanisation du développement et la lenteur d’exécution des grands projets. Ainsi, «
Les investisseurs se concentrent sur les grandes zones urbaines et les méga projets
industriels comme les mines pour financer d'importantes infrastructures électriques
lesquelles demandent entre 20 et 40 ans de travaux »12. À la vérité, la sous-
électrification de l’Afrique subsaharienne plonge ses racines dans l’option initiale des
pouvoirs métropolitains de ne pas participer à un équipement conséquent des colonies.
À titre d’exemple, l’Afrique Équatoriale Française (AEF) a été créée le 15 octobre 1910.
Mehyong & Ndong (2011) montrent que sur cette entité administrative de 2 500 000 km²
qui couvre quatre colonies (Gabon, Moyen Congo, Oubangui -Chari, Tchad), le premier
projet d’électrification ne date que des années 1930 et ne concerne que les trois villes
de Pointe-Noire, Brazzaville et Libreville où sont concentrés plus de la moitié des
Européens. L’administration coloniale brillait par la modicité des moyens financiers.
Elle a très vite concédé (dès 1932) la réalisation complète de ce projet à une entreprise
privée, la Société hydroélectrique du Congo français (SHEF). D’ailleurs, trois contraintes
locales vont rapidement biaiser la productivité du secteur électrique : abandon de la
traction électrique par l’ingénierie du chemin de fer, manque d’industries de grand
calibre pour consommer l’électricité et marché domestique faible. Le manque de
capitaux et l’absence de perspective de rentabilité amènent la SHEF à abandonner le

Communication, technologies et développement, 8 | 2020


La robotique collaborative. 11

projet d’un réseau d’interconnexion par l’aménagement d’un barrage hydroélectrique.


En 1934, face à l’absence d’intérêt manifesté par une éventuelle concurrence,
l’administration coloniale se replie sur une démarche de proximité et par défaut : l’État
colonial décide, dans l’improvisation, de la « mise en place de petits réseaux autonomes
par ville s’appuyant sur des centrales thermiques, financés par des entreprises privées,
l’Union électrique coloniale (UNELCO) et la Compagnie coloniale de distribution
électrique (CCDE) » (Mehyong & Ndong, 2011 : 94). Cette solution va à son tour être
plombée et « digérée » par plusieurs pesanteurs locales. Parmi elles, les coûts
inconséquents de l’installation des réseaux, l’importation rentable de l’électricité du
Congo belge par l’UNELCO, et la pauvreté des bénéficiaires. En effet, « L’acquisition de
la nouvelle énergie impose une contrepartie financière que plusieurs Africains ne
peuvent honorer à cause des tarifs prohibitifs. Ces paramètres imposent une structure
modeste des réseaux et de maigres marges de développement. » (Mehyong & Ndong,
2011 : 94). À cela s’ajoute le fait que durant la Seconde Guerre mondiale et comme
partout dans l’empire colonial, l’effort de guerre sinistre l’économie. Dans ce contexte,
« Les entreprises d’électricité et les centrales ne sont pas en reste : quasi-impossibilité
d’importer des pièces de rechange et du combustible. Il en résulte une détérioration des
réseaux et des délestages permanents » (Mehyong & Ndong, 2011 : 94). La dernière
contrainte locale et géostratégique est que « comme la majorité des colonies françaises,
l’AEF est une colonie d’exploitation. Sur recommandation de l’État, l’administration
locale s’endette, auprès des banques métropolitaines, pour financer surtout
l’aménagement des voies de communication et le déploiement des troupes et du
personnel administratif afin de parachever l’occupation territoriale et de favoriser
l’extraction des matières premières. L’électrification ne cadre pas avec ces objectifs »
(Mehyong & Ndong, 2011 : 94).
21 Le retard considérable pris dans l’Afrique subsaharienne se raccorde à cette période
coloniale d’absence d’une politique d’électrification. Que la situation persiste
aujourd’hui montre que les efforts de densification et de développement du réseau
électrique après la Seconde Guerre mondiale et dans les deux premières décennies de
l’indépendance ont été nuls ou peu consolidés. Désormais, il faut densifier l’accès à
l’électricité pour faciliter la vie des populations pauvres et encourager la pénétration
continentale des changements technologiques indus par la quatrième révolution
industrielle. Un consensus se dégage sur le fait que les retards d’électrification accusés
en Afrique subsaharienne doivent être rattrapés pour doper le développement et le
bien-être en Afrique. Signalons ici quelques solutions et projets d’envergure qui se
tissent en mêlant l’échelle internationale, nationale et la société civile mondiale. Au
début du XXIème siècle, le système des Nations Unies a décidé de « Garantir l'accès de tous
à des services énergétiques fiables, durables et modernes, à un coût abordable », faisant de cet
engagement le septième objectif de développement durable (ODD). Si cet objectif était
hors de portée en 2015, plusieurs autres projets continuent de travailler dans cette
direction. En 2011, l’ONG Africa Progress Panel, dirigée par Koffi Annan, l’ancien
Secrétaire Général des Nations Unies, s’engageait pour une électricité propre et durable
pour tous en Afrique. Depuis, 101 pays et l’Union Européenne ont rejoint ce projet.
Suite à un engagement solennel sur la mise en place du projet Power Africa lors de sa
visite au Kenya en juillet 2015, le président américain Barack Obama a signé un décret
en février 2016 qui définissait un cadre stratégique permettant aux entreprises privées
américaines de poursuivre l’électrification du continent et de fournir l’électricité à 50
millions d’Africains supplémentaires. Enfin, entre 2014 et 2016, l’ancien ministre

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La robotique collaborative. 12

français de l’environnement et de la ville, Jean-Louis Borloo « a soutenu un “plan


Marshall de l’énergie” en Afrique, dont les besoins de financements atteignaient
environ 4 milliards d’euros par an pendant une quinzaine d’années (une somme totale
de 200 milliards d’euros a également été évoquée) »13.
22 L’un des points de convergence et d’aboutissement de ces différents projets est la mise
en place de l’Initiative africaine pour les énergies vertes (AREI), qui montre que les
Africains et les partenaires extérieurs considèrent le retard accumulé par l’Afrique
comme une opportunité pour faire de l’électrification durable. Dans le choix du label
des énergies renouvelables pour poursuivre et parfaire l’électrification de l’Afrique, le
solaire vient en tête, en raison de son abondance sur le continent, où le taux
d’ensoleillement est exceptionnel, et de la baisse des coûts d’exploitation. En 2016, deux
projets d’envergure ont été réalisés dans deux pays pionniers : la centrale solaire Noor
au Maroc, qui est l'une des plus puissantes au monde (avec une capacité de production
de 160 MW), et la centrale Senergy II au Sénégal, avec une capacité de 20 MW pouvant
alimenter 200 000 foyers. L'hydroélectricité est la seconde source significative
d’énergie propre mise au service de l’électrification en Afrique. L'Éthiopie est le leader
africain en la matière : la force motrice de l’eau fournit 95,6% de la production
électrique de ce pays. Cette production a progressé de 700% entre 1990 et 2014. Le
Kenya expérimente l'éolien et la géothermie. Son parc éolien du lac Turkana (365
éoliennes pour une puissance unitaire de 850 kW) alimente une centrale de 300 MW et
satisfait 20% de la demande énergétique du pays14.
23 Ces perspectives sont encourageantes. Mais pour équiper l’Afrique en énergie et attirer
les investissements dans le secteur des nouvelles technologies (et par extension en
robotique industrielle et en cobotique), l’Afrique doit investir massivement dans
l’énergie. Beaucoup d’efforts restent à faire. Certes, on note que des pays comme
l’Éthiopie ont doublé leur production. Entre 1990 et 2014, la production d'électricité des
PMA a plus que quadruplé. Ces progrès sont l’arbre qui cache la forêt : en raison de la
croissance démographique, la production par habitant n’a pu se multiplier que par 2,5.
Selon le rapport du CNUCED (2018), cela montre que « Ni les capacités de production ni la
production elle-même ne sont parvenues à suivre l'augmentation du nombre de personnes ayant
accès à l'électricité, qui a progressé de 460 % depuis 1991 ». Pour cette raison, l’Afrique de
l’énergie doit se guérir de son problème essentiel, qui est le manque de capitaux. En
effet, Rolf Traeger, économiste à la CNUCED et coauteur du rapport déjà cité, a noté que
« Seulement 1,8 % de l'aide publique au développement, soit 3,8 milliards de dollars par
an, est dirigée vers l'énergie. Pour atteindre d'ici à 2030 l'objectif 7 des ODD, il en
faudrait entre 12 et 40 milliards de dollars chaque année » 15.

Conclusion
24 Cette contribution a clairement montré que le potentiel et les prouesses de la robotique
et de la cobotique n’étaient pas sans risque pour l’économie africaine du présent et du
futur. Elle a aussi montré que l’impact du sous-équipement du continent en
infrastructures physiques et traditionnelles était quelque peu sous-estimé et qu’il
fallait impérativement le prendre en compte lorsqu’on parle de l’introduction de la
robotique collaborative dans divers domaines de la vie sociale et économique africaine.
Pour cela même, nous trouvons pertinentes les recommandations suivantes du FMI qui
insiste sur un investissement massif dans cinq domaines stratégiques en Afrique : (1)

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La robotique collaborative. 13

favoriser la connectivité par le développement d’infrastructures numériques, (2)


investir dans des systèmes éducatifs flexibles pour faire des nouvelles technologies des
substituts ou des compléments pédagogiques et éducatifs, (3) promouvoir une
urbanisation intelligente pour consolider les principaux foyers d’émergence et de
rayonnement des changements technologiques, (4) promouvoir des dispositifs de
protection sociale en phase avec un marché du travail flexible et volatile et, (5)
approfondir l’intégration économique régionale. Le déploiement des changements
technologiques induits par la quatrième révolution industrielle et auxquels participent
la robotique industrielle et la robotique collaborative ne peut se faire véritablement et
à grands profits pour les investisseurs et le continent qu’à la condition de structurer et
de stabiliser durablement ces cinq domaines. Ainsi, la robotique collaborative doit être
fixée au sol : elle ne pousse que dans un environnement et une structure où les
infrastructures physiques et traditionnelles sont clairement implantées et fiables.
L’Afrique doit se pourvoir de ces outils préalables et nécessaires, si elle veut tirer le
meilleur profit de la robotique collaborative.

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NOTES
1. Newsroom, « Ford vante les mérites de la robotique collaborative en vidéo », article du
18.07.16, disponible sur https://humanoides.fr/ford-robotique-collaborative/
2. Idem.
3. Banque Mondiale, « Rapport sur l’urbanisation en Afrique : pour soutenir la croissance il faut
améliorer la vie des habitants et des entreprises dans les villes », article du 9 février 2017,
disponible sur http://www.banquemondiale.org/fr/news/press-release/2017/02/09/world-
bank-report-improving-conditions-for-people-and-businesses-in-africas-cities-is-key-to-growth.
4. Idem.
5. Idem.
6. Idem.
7. Idem.
8. Idem.
9. Xinhua, « Routes: à peine 28% du réseau africain bitumé, les circuits transafricains au centre
des préoccupations (PAPIER GENERAL) », disponible sur http://french.peopledaily.com.cn/
96852/8216758.html.
10. Jacques Deveaux, « Dans l’Afrique en développement, les projets ferroviaires se multiplient »
https://www.francetvinfo.fr/monde/afrique/economie-africaine/
11. Global energy architecture performance index report, 2017.
12. Richard Hiaukt, « L'électrification de l'Afrique prend du retard », article du 22/11/17,
disponible sur https://www.lesechos.fr/22/11/2017/lesechos.fr/030912798577_l-electrification-
de-l-afrique-prend-du-retard.htm

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La robotique collaborative. 15

13. Jeune Afrique/ Marion Douet, « Electricité : Clap de fin pour les ambitions africaines de Jean-
Louis Borloo », article du 16 février 2017, disponible sur https://www.jeuneafrique.com/404369/
economie/clap-de-fin-ambitions-africaines-de-jean-louis-borloo/
14. Source des données : La Tribune Afrique, « L'électrification de l'Afrique en cinq questions »,
article du 02/05/2018, disponible sur https://afrique.latribune.fr/afrique.latribune.fr/
entreprises/la-tribune-afrique-de-l-energie-by-enedis/2018-05-02/l-electrification-de-l-afrique-
en-cinq-questions-777283.html
15. Cité par Richard Hiaukt, « L'électrification de l'Afrique prend du retard », op.cit.

AUTEUR
TITI PALE
Docteur

Communication, technologies et développement, 8 | 2020


Communication, technologies et
développement
8 | 2020
Robotique avancée, intelligence artificielle et
développement

La ville intelligente et la question de la


participation citoyenne dans les collectivités
publiques
The intelligent city and the question of citizen participation in public
authorities.
Die intelligente stadt und die frage der beteiligung der bürger an den
öffentlichen behörden.

Adèhè Essossimna POKORE

Édition électronique
URL : http://journals.openedition.org/ctd/2958
DOI : 10.4000/ctd.2958
ISSN : 2491-1437

Éditeur
Chaire Unesco Pratiques émergentes en technologies et communication pour le développement

Édition imprimée
ISBN : 2491-1437

Référence électronique
Adèhè Essossimna POKORE, « La ville intelligente et la question de la participation citoyenne dans les
collectivités publiques », Communication, technologies et développement [En ligne], 8 | 2020, mis en
ligne le 12 juillet 2020, consulté le 20 juillet 2020. URL : http://journals.openedition.org/ctd/2958 ;
DOI : https://doi.org/10.4000/ctd.2958

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Communication, technologies et développement


La ville intelligente et la question de la participation citoyenne dans les c... 1

La ville intelligente et la question de


la participation citoyenne dans les
collectivités publiques
The intelligent city and the question of citizen participation in public
authorities.
Die intelligente stadt und die frage der beteiligung der bürger an den
öffentlichen behörden.

Adèhè Essossimna POKORE

1 La ville intelligente constitue un dispositif de participation citoyenne dans les


collectivités publiques. En effet, elle offre la possibilité aux citoyens de participer à la
prise de décision concernant les actions publiques par le biais des Nouvelles
Technologies de l’Information et de la Communication (NTIC). Toutefois, un constat
peut être fait, le débat qui précède la construction de ladite ville n’est pas inclusif. Les
habitants ne sont pas impliqués dans ce débat. De fait, le mécanisme de la mise en place
de la ville intelligente repose uniquement sur la vision des spécialistes ou experts. Ce
qui justifie quelquefois qu’une ville intelligente mise en place par une collectivité
publique donnée ne corresponde pas aux aspirations des habitants. De ce fait, ici, nous
estimons que le manque de la participation des citoyennes au débat précédant la
construction de ladite ville constitue la source de la vulnérabilité des habitants. À cet
effet, nous suggérons que ce débat soit inclusif. Il s’agit d’associer les citoyens afin
qu’ils aient la possibilité de décider de la forme de la ville intelligente qui les convient.
Ce qui permettrait de trouver une solution à la question suivante : quelle forme de ville
intelligente pour quelle population ? Si non, une collectivité publique peut concevoir
une ville intelligente au profit de ses habitants sans que celle-ci ne corresponde
réellement à leurs aspirations, comme c’est le cas de la cité numérique construite en
Algérie. En effet (Abderezak Djemili et Massaoud Abbaoui, 66), indiquent que : « […] La
cité numérique reste encore largement « une boîte noire », pour les habitants, sous l'effet d'une
double fermeture : corporatiste et administrative. ». Conséquence, la cité numérique ne
correspond pas aux habitudes des habitants. Ils préconisent donc une participation des

Communication, technologies et développement, 8 | 2020


La ville intelligente et la question de la participation citoyenne dans les c... 2

citoyens dans la construction et la gestion de la cité numérique. Nous estimons dans


cette perspective qu’une ville intelligente ne doit pas seulement renforcer les principes
démocratiques en aval, elle doit, elle-même, être construite sur la base de la
« technologie participative » en amont.
2 À cet effet, dans cet article, d’abord, nous présenterons la ville intelligente, les
avantages qu’elle procure en matière du renforcement des pratiques démocratiques et
le concept de participation citoyenne. Ensuite, nous relèverons, dans un esprit critique,
le manque de la participation citoyenne dans le débat qui précède la conception et la
construction de ladite ville. Enfin, nous envisagerons des dispositifs susceptibles de
favoriser la participation des habitants au débat qui précède la construction de la ville
intelligente afin d’éviter la vulnérabilité de ces derniers.

La « ville intelligente » : émergence, spécificité et


avantages
3 La ville intelligente tire ses origines de la philosophie prônée par le mouvement « open
data1 », lequel tire ses origines du rêve de villes totalement connectées, que (Nicolas
Schöffer, 91) qualifie de « ville informative ». De fait, le mouvement « open data » œuvre
en faveur des principes d’échange égalitaire, de circulation libre et gratuite des
données publiques. En réalité, lorsque les données publiques sont accessibles et
réutilisables, elles acquièrent de nouvelles valeurs. De ce fait, il est souhaitable que des
mécanismes favorisant la libre circulation de ces données soient mis en place. C’est
dans cette perspective qu’il a été envisagé un espace urbain construit sur la base
d’intégration des NTIC. Par contre, certains, à l’instar de Fabien Deglise, considèrent
que ce projet de ville intelligente est utopiste. Cependant, le rêve est devenu une
réalité, car de nos jours, la ville intelligente constitue le modèle urbain dans le monde
entier, comme l’affirme (Laetitia Anthoine Gazel, 4) « si jusque récemment la smart city
n'était qu'un concept, aujourd'hui c'est un projet que chaque ville désire mettre en place.». En
effet, cette forme de ville portée dans les idées s'est concrétisée en 2003 en Corée du
Sud, avec le projet U-Korea, lequel, en s'appuyant sur le concept d'« ubiquitous
computing » de l’aménagement de la ville Songdo située au bord de la mer Jaune, a
abouti à la mise en place des systèmes intelligents innovants notamment la gestion de
l'énergie, le maillage Wifi et la vidéo surveillance omniprésente du réseau omniprésent
à la société connectée. Cependant, c’est en 2005 que le concept de « smart city » a
fait son apparition. Il a été utilisé par Bill Clinton lors d'un défi lancé par sa fondation à
l’entreprise Cisco qui avait la responsabilité de mettre en place des plans de
décongestion des villes de Francisco, de Séoul et d’Amsterdam. Cette initiative visait à
diminuer les émissions de CO2, réduire la pollution de l’environnement et de permettre
aux collectivités locales et leurs habitants d’économiser le temps de leurs trajets et
l'argent en réduisant leurs coûts budgétaires. À ce propos, Benoit Georges affirme que
« lancé il y a moins de dix ans en Californie par une trentaine de pionniers de l'Internet, dont le
célèbre professeur de droit Lawrence Lessig, le mouvement en faveur de l'ouverture des données
publiques («open data») s'est répandu sur tous les continents 2.».
4 De nos jours, ce mouvement a un statut important sur le plan mondial, ce qui fait
affirmer (Julien Damon, 170) que : « c’est un qualificatif à la mode ces temps-ci.». Dans cette
perspective, il a été mis en place depuis 2014 la norme ISO 37120 qui certifie les
indicateurs sur les services urbains, la qualité de vie et la protection de

Communication, technologies et développement, 8 | 2020


La ville intelligente et la question de la participation citoyenne dans les c... 3

l’environnement. Le forum, Intelligent Community Forum3, est organisé toutes les


années au cours duquel les villes sont récompensées à titre des efforts consentis en
matière de politique d’open data. La ville intelligente représente désormais le modèle
de référence des municipalités dans le monde entier. C’est le cas de la ville de Nantes
(France) qui fait des efforts afin de se hisser au rang de ville intelligente au plan
national et international. Nous pouvons donc estimer que l’action sur la ville est
désormais envisagée dans une logique plus qualitative de renouvellement.
5 Il convient de souligner que la révolution numérique favorise la naissance des villes
connectées. Ces villes offrent plusieurs possibilités aux habitants dans les collectivités
publiques. Pour (Julien Damon, 170), « une ville est plus ou moins intelligente si elle favorise
le bien-être de ses habitants en leur donnant facilement accès aux ressources numériques. Je
pense qu'une ville intelligente est d'abord une ville qui propose du wi-fi gratuit à tout le monde. »
. La ville intelligente joue un rôle important de nos jours en matière de la qualité sociale
et environnementale par le biais des NTIC. En réalité, elle constitue une solution fiable
et durable aux problèmes urbains contemporains. Par exemple, comme l’a montré (Jean
Bouinot, 15), une ville intelligente est, non seulement, celle qui attire les entreprises,
mais elle est aussi, celle qui est capable de retenir celles qui emploient la main-d’œuvre
qualifiée. Elles constituent donc une solution au paradoxe que soulève l’explosion
démographique urbaine. En réalité, dans les pays développés, la main-d’œuvre qualifiée
est devenue, malgré une population importante urbaine, une ressource plus rare que
les capitaux financiers et des équipes actives stratégiques fondamentales dans un
contexte mondial concurrentiel. Dès lors, la question qui se pose est de savoir quelle est
la spécificité de la ville intelligente ?

La spécificité de la ville intelligente


6 Une ville intelligente est principalement connectée en interne 4 et en externe 5. Elle est
un système essentiellement complexe, mais totalement unifié. Même si elle est plus
complexe, elle est de même nature que le schéma de la ville présenté par Nicolas
Schöffer en 1974. Considérant ce schéma, nous pouvons admettre qu’une ville
intelligente est comparable à un corps humain composé de plusieurs organes. Chaque
organe joue un rôle spécifique en participant au bon fonctionnement de l’ensemble de
l’organisme, dont les NTIC, contrôlées par un « centre cybernétique », représentent le
cerveau humain. Cette forme de ville se présente, selon (Jean Daniélou, 63), « […] comme
un système unifié où les silos, souvent considérés comme autonomes et déconnectés les uns des
autres, sont réunis par un réseau rassemblant des données éparses pour les traiter comme un
tout. » La connexion en interne et en externe constitue donc la spécificité de la ville
intelligente. Quelle peut-être alors l’importance de ces deux formes de connexion ?

Une ville intelligente, levier d’ouverture et de disponibilité des


données publiques

7 Les connexions interne et externe de la ville intelligente favorisent l’échange égalitaire,


la circulation libre et gratuite des données dans les collectivités publiques. Sur le plan
intérieur, par le biais des NTIC (les NTIC domestiques, supports, numériques, dispositifs
d’informations, capteurs, compteurs intelligents, etc.), un secteur A peut mettre ses
données collectées à la disposition d’un autre secteur B, vice versa. C’est cette

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La ville intelligente et la question de la participation citoyenne dans les c... 4

interconnectivité qui fait dire à (Herbert Maisl, 15) que « les Échanges de Données
Informatisées vont en se multipliant à l’intérieur de l’administration comme dans les relations de
celle-ci avec les entreprises. » Par exemple, les banques sollicitent les données judiciaires
de leurs clients lors d’octroi des prêts et de crédits. Le secteur de transport met les
données concernant tout son trafic à la disposition publique. Sur le plan extérieur, les
informations circulent entre les villes ou entre les États par le biais des NTIC. De nos
jours, face aux menaces du terrorisme islamiste auxquelles s’exposent tous les pays,
nous assistons à une forte collaboration entre les États qui se traduit par la
transmission des informations via la connectivité des villes. Par exemple, le terroriste
français le plus recherché depuis 2015, Peter Cherif, a été arrêté en Djibouti le 16
décembre 2018 grâce à l’échange d’informations entre la France et le Djibouti.
8 Ainsi pouvons-nous admettre que les connexions interne et externe favorisent la
disponibilité et la libre circulation des données publiques dans les collectivités
publiques. En quoi la ville intelligente peut-elle alors garantir la pratique
participative ? Avant de répondre à la question ainsi posée, nous présentons d’abord le
concept de participation citoyenne.

La participation citoyenne, origine et définition


9 Le besoin d’avoir recours à la pratique participative dans le processus de prise de
décisions politiques tire ses origines de l’Antiquité grecque dans la cité athénienne 6. En
effet, dans cette cité, les citoyens se regroupaient régulièrement sur la place publique,
débâtaient puis décidaient et adoptaient ensemble des lois dans l’intérêt public. La
responsabilité publique était attribuée aux citoyens lors de ces assemblées et elle
pouvait faire l’objet de révocation de la même façon. C’est la marque de la démocratie
directe, instaurée dans ladite cité à l’issue des réformes politiques et sociales réalisées
par des hommes politiques7 suite à une crise politique et sociale. Cette forme de
démocratie peut être considérée comme l’origine lointaine de la pratique participative.
Par contre, l’impératif participatif, de nos jours, peut être expliqué par la crise de la
représentativité à laquelle font face les démocraties représentatives et qui se manifeste
par la « revendication de la démocratie8. ». En effet, selon l’opinion publique, les
représentants jouissent d’une liberté totale vis-à-vis des représentés, car les
représentés n’ont qu’un seul pouvoir, l’élection de leurs gouvernants. Dans ces
conditions, c’est la transparence administrative qui fait défaut. Dès lors, la pratique
participative favorise la lisibilité et la visibilité de l’administration publique. Pour
(Pierre Rosavanllon, 242), il s’agit, non seulement, de favoriser une meilleure
compréhension du fonctionnement des institutions publiques, mais aussi, de mettre en
place des mécanismes susceptibles de favoriser la bonne compréhension et
l’interprétation du monde social. La pratique participative se conçoit donc comme une
gestion collaborative des affaires publiques. Il est impératif d’associer les citoyens à la
prise des décisions dans l’accomplissement des actions publiques. Il s’agit d’impliquer
efficacement les citoyens et de tenir compte de leurs avis dans le processus de
détermination et de réalisation des projets à intérêt public. Dans cette perspective
(Marie-Hélène Bacqué et Yves Sintomer, 10) indiquent que certains auteurs, à l’instar
de Patman, Mollet, Gontcharoff, Godbout, MacPherson, Barber, etc., ont commencé à
défricher cette question participative dans les années 1970 et 1980 dans un contexte de
développement des mouvements sociaux avant qu’elle ne devienne une question à

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La ville intelligente et la question de la participation citoyenne dans les c... 5

portée mondiale. À ce propos (Pierre Rosanvallon, 242) indique que la pratique


participative a d’abord commencé dans l’ordre économique sous forme d’une exigence
du droit de savoir des citoyens et elle s’est ensuite développée dans plusieurs domaines.
Par exemple, dans les politiques scientifiques, commencée dans les années 1960, c’est
en 1970 qu’elle est abordée de façon systématique. Elle consiste à avoir recours au
principe de précaution9.
10 Il paraît donc légitime d’estimer que la pratique participative consiste, non seulement,
à impliquer toutes les parties prenantes dans le processus de prise de décision, mais
aussi, la prise en compte de leurs différents avis s’avère obligatoire. Dans cette
perspective, la théorie de l’enquête de John Dewey présente le moyen pratique par
lequel les membres d’une communauté donnée peuvent parvenir ensemble à trouver
des solutions aux maux qui minent leur société. À ce titre (John Dewey, 169) a présenté
la définition de l’enquête relevant la nécessité d’impliquer toutes les parties prenantes
dans le processus de prise de décisions. Nous pouvons admettre avec (Albert Ogien et
Sandra Laugier, 106) que « […] tous les membres d’une société se trouvent à égalité de
responsabilité et de compétence dans le travail collectif qui consiste à s’occuper des questions
d’intérêt public qui se posent incessamment à eux […]». Dès lors, si nous considérons la
théorie de l’enquête, pourrions-nous admettre que le modèle de la ville de Songdo 10 a
été conçu et adopté dans un contexte de participation citoyenne ?

La conception et la construction de la ville intelligente,


une affaire des experts et spécialistes
11 La ville intelligente est susceptible de favoriser la transparence administrative, car elle
est le canal de la mise à disposition des données relatives aux actions publiques des
représentants. Cependant, le constat qui peut être fait est le suivant : la ville
intelligente constitue un facteur de la participation citoyenne lorsqu’elle est
fonctionnelle. En réalité, les conditions de sa conception et de sa construction ne font
pas l’objet de transparence. En nous référant aux origines de ladite ville présentées par
(Sandra Breux et Jérémy Diaz, 2), nous pouvons admettre que ce sont les experts et
spécialistes qui décident des formes de villes intelligentes pour les habitants. De fait, le
modèle de la ville intelligente a été une initiative des entreprises privées à l’instar de
l’entreprise Cisco. Portée d’abord dans les idées, la ville intelligente a été concrétisée en
Corée du sud en 2003 pour la première fois. Cette forme de ville s’est développée dans le
monde entier. Dans ces conditions, il paraît légitime d’admettre que les habitants n’ont
pas été impliqués dans le débat précédant la construction de la ville intelligente.
(Abderezak Djemili et Messaoud Abbaoui, 66) soulignent justement qu’en Algérie, les
cités numériques ont été construites sans consulter les habitants. En effet, ces cités
regroupent un ensemble de logements collectifs (20, 60, 150, 400, 6000, etc.) construits
en dehors des centres villes mais qui ne correspondent pas aux attentes des habitants.
Nous pouvons donc admettre avec (Abderezak Djemili et Messaoud Abbaoui, 66) que la
cité numérique « représente une organisation basée sur le quantitatif ». Par contre, nous
pouvons soutenir qu’afin que la ville intelligente soit basée sur le qualitatif, il faudrait
mettre en place des dispositifs et procédures qui permettent d'associer les habitants au
débat qui précède sa construction. Comment peut-on alors associer les habitants au
débat précédant la conception et la construction de leur ville intelligente ?

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La ville intelligente et la question de la participation citoyenne dans les c... 6

La participation citoyenne, fondement de la


conception et la construction de la ville intelligente
12 La mise en place d’une ville intelligente implique la modification du mode de vie des
populations locales, car à la différence de la ville classique, elle suppose l’intégration
des NTIC à l’espace urbain. De ce fait, si cette ville ne correspond pas aux réalités
quotidiennes des habitants, ceux-ci se retrouveraient dans un état de vulnérabilité, car
ils ne sauront pas se servir des dispositifs technologiques. Pour cette raison,
l’association des habitants au débat qui précède la construction de la ville intelligente
s’avère indispensable comme le suggère (Pascale Luciani-Boyer, 79)
« Lorsque l’on parle de la ville intelligente, on parle d’une ville qui se tisse. La ville
est un grand métier à tisser, or quand on tisse une toile avec un métier, il y a des fils
horizontaux et verticaux et chaque nœud est un lieu d’échange. Je crois que la ville
intelligente, si on voulait y mettre une image, est ce merveilleux tissage que nous
devons, politiques, mais pas exclusivement, avec aussi citoyens et société civile,
construire. »
13 En réalité, une participation citoyenne peut permettre aux responsables des
collectivités publiques de marier la rationalité technique de la ville intelligente avec les
logiques et réalités des habitants. (Pascale Luciani-Boyer, 83) souligne justement que :
« […], ma petite place, plutôt de comporter deux lampadaires, devrait compter un
banc et trois pots de fleures. La puissance publique n’en sait rien, le décideur public
n’en sait rien. Ceux qui le savent, ce sont bien les citoyens qui sont au plus près de
leurs attentes quotidiennes. »
14 C’est ce qui constitue, à notre avis, l’importance de l’association des habitants au débat
précédant la conception et la construction de la ville intelligente. Dès lors, comment
pouvoir associer les habitants au débat qui précède la construction de la ville
intelligente ?

L’« enquête », fondement de la conception et la construction de la


ville intelligente

15 Pour (John Dewey, 211-212), certaines questions peuvent être confiées aux experts ou
spécialistes et faire toujours l’objet d’enquête. Il indique donc que, lorsqu’une question
est confiée aux experts ou spécialistes qui font des recherches et qui aboutissent aux
résultats, quels qu’ils soient, ces résultats doivent faire l’objet d’un examen public. Ils
doivent impérativement être portés à la connaissance des autres membres de la société
afin qu’ils fassent un examen critique. Nous pouvons donc estimer que, pour John
Dewey, le plus important dans la gestion des affaires publiques c’est de permettre à
tous les membres de la société de porter un regard critique sur les propositions de
décisions qui sont envisagées. Si les experts ou spécialistes ont l’obligation de mettre
les résultats de leurs investigations à la disposition publique, leurs résultats peuvent
faire l’objet d’approbation ou de contestation. (Emmanuel Picavet et Caroline Guibet-
Lafaye, 11) indiquent à ce propos que :
« Dorénavant, la présence et l’implication de personnes non spécialistes sont
largement perçues comme des éléments de précaution face à l’incertitude, et
spécialement face au type d’incertitude qu’introduisent (ou accentuent) les
développements des techniques. On estime, typiquement, qu’il serait imprudent de
s’en remettre d’une manière par trop exclusive aux seuls spécialistes. En

Communication, technologies et développement, 8 | 2020


La ville intelligente et la question de la participation citoyenne dans les c... 7

particulier, pour les raisons suivantes, bien exprimées par exemple en France à
l’occasion des « États généraux de la bioéthique » en 2009.»
16 En effet, il s’agit de donner l’opportunité aux uns et aux autres de se prononcer sur les
risques auxquels ils sont tous exposés et de se méfier des avis des experts ou
spécialistes en valorisant la prise de décision collective. Pour ces raisons, nous pouvons
suggérer que, même si le modèle de la ville intelligente est déterminé par les experts ou
spécialistes, la maquette doit être soumise à l’appréciation des habitants. Que ceux-ci
aient la possibilité de décider ensemble avec les experts ou spécialistes de la forme de la
ville intelligente qui les convient.
17 L’« enquête » est une manifestation des droits de savoir et d’opinion. Ces droits peuvent
jouer un rôle déterminant dans la gestion des affaires publiques. Pour John Stuart Mill,
ces droits ou libertés jouent deux rôles : ils favorisent l’amélioration d’une pensée déjà
admise individuellement ou collectivement ainsi que la rectification d’une pensée
erronée. Dans ces conditions, une bonne opinion peut être améliorée et une fausse
opinion peut être rectifiée sous le coup de la discussion. En réalité, lorsqu’on permet à
un individu de s’exprimer sur un sujet donné, il a l’opportunité d’améliorer son opinion
ou de rectifier l’opinion fausse qu’il a de ce sujet. (John Stuart Mill, 91) écrit : « […]
s’habituer à corriger et compléter systématiquement son opinion en la comparant à celle des
autres est la seule garantie qui la rende digne de confiance. » Or, en pratique, pour qu’un
individu puisse comparer son opinion à celle des autres, il faudrait qu’il ait
connaissance des opinions de ces derniers. Ce qui n’est possible que dans un cadre de
discussion inclusive comme l’indique John Rawls (2009) à propos de la détermination
des « principes de justice ». Nous pouvons souligner dans cette perspective que si une
maquette de la ville intelligente est présentée aux habitants, elle pourrait faire l’objet
d’amélioration et d’adaptation à leurs réalités sociales. Le débat précédant la
conception et la construction de la ville intelligente offre donc des possibilités de choix
aux habitants. Ces derniers peuvent approuver ou désapprouver une maquette de la
ville intelligente. Il s’agit, en réalité, d’une marque d’autonomie des habitants.
18 En somme, le présent travail part de l’idée que la ville intelligente favorise la
participation citoyenne dans les collectivités publiques. Cependant, elle n’est pas
construite sur la base de la technologie participative. Estimant à cet effet que les
habitants ne sont pas associés au débat qui précède la construction de la ville
intelligente, nous avons préconisé la mise en place de dispositifs et procédures
susceptibles de favoriser la participation citoyenne dans la conception, la construction
et la gestion de ladite ville afin qu’elle réponde mieux aux attentes des habitants. Un
débat inclusif entre experts, spécialistes et les habitants peut donc permettre de marier
la rationalité technologique avec les réalités sociales afin de rendre la ville intelligente
plus intelligente.

Communication, technologies et développement, 8 | 2020


La ville intelligente et la question de la participation citoyenne dans les c... 8

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La ville intelligente et la question de la participation citoyenne dans les c... 9

NOTES
1. En français : ouverture des données.
2. B. Georges, « Big data Les nouveaux enjeux des données urbaines », Les Echos, Juin 2016. [En
ligne] : https://www.lesechos.fr/2016/06/les-nouveaux-enjeux-des-donnees-urbaines-228141,
consulté, le 30/12/2018.
3. ICF est un organisme à but non lucratif, situé à New York, qui étudie le développement des
villes du XXIe siècle.
4. Les différents secteurs de fonctionnement qui composent l’espace urbain sont connectés entre
eux.
5. Elle reste connectée avec les autres villes ou le reste du monde extérieur au sein duquel elle
constitue une partie
6. Voir Aristote, (1891), Constitution d’Athènes, traduit par B. Haussoulier, Paris, Emile Boullon.
7. Il s’agit de Solon, Dracon, Clisthène, Périclès, etc.
8. Voir A. Ogien et S. Laugier, (2014), Le principe démocratie. Enquête sur les nouvelles formes du
politique, Paris, La Découverte.
9. Voir E. Picavet et C. Guibet Lafaye, 2012, « La précaution, l’éthique et la structure de l’action ».
Revue de Métaphysique et de Morale, PUF, p. 593-609.
10. Nous nous référons à cette ville, car elle est la première ville intelligente construite dans le
monde entier.

RÉSUMÉS
La ville intelligente constitue une solution fiable apportée à la vulnérabilité des citoyens dans les
collectivités publiques. Elle permet à celles-ci d’améliorer les conditions de vie des citoyens en
rapprochant les services publics de ces derniers. Elle favorise surtout la démocratie participative
par le biais des Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication. Malgré tout, il y
a lieu de relever ici le manque de participation des habitants au débat qui précède la conception
et la construction de ladite ville, par conséquent leurs avis ne sont pas pris en compte. Nous
suggérons, à cet effet, la mise en place d’un dispositif permettant d’associer les habitants au
débat qui précède la conception et la construction de la ville intelligente.

The smart city is a reliable solution to the vulnerability of citizens in public communities. It
allows them to improve the living conditions of citizens by bringing public services closer to
them. Above all, it promotes participatory democracy through New Information and
Communication Technologies. Nevertheless, it is necessary to note here the lack of participation
of the inhabitants in the debate which precedes the design and the construction of this city,
consequently their opinions are not taken into account. To this end, we suggest the
establishment of a mechanism to involve residents in the debate that precedes the design and
construction of the smart city.

Die Smart City ist eine zuverlässige Lösung für die Gefährdung von Bürgern in öffentlichen
Gemeinden. Es ermöglicht ihnen, die Lebensbedingungen der Bürger zu verbessern, indem sie
ihnen die öffentlichen Dienste näher bringen. Sie fördert vor allem die partizipative Demokratie
durch neue Informations- und Kommunikationstechnologien. Dennoch ist hier die mangelnde

Communication, technologies et développement, 8 | 2020


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Beteiligung der Einwohner an der Debatte zu bemerken, die dem Entwurf und dem Bau dieser
Stadt vorausgeht, weshalb ihre Meinungen nicht berücksichtigt werden. Zu diesem Zweck
schlagen wir die Einrichtung eines Mechanismus vor, um die Bewohner in die Debatte
einzubeziehen, die dem Entwurf und der Errichtung der intelligenten Stadt vorausgeht.

INDEX
Mots-clés : ville intelligente, participation citoyenne, collectivité publique.
Keywords : smart city, citizen participation, public collectivity.
Schlüsselwörter : Smart City, Bürgerbeteiligung, öffentliche Gemeinschaft

AUTEUR
ADÈHÈ ESSOSSIMNA POKORE
Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

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Communication, technologies et
développement
8 | 2020
Robotique avancée, intelligence artificielle et
développement

Robotique éducative et apprentissage du code


informatique :Étude exploratoire auprès
d’organismes de formation
Educational robotics and computer code learning:Exploratory study with
training organizations
Robótica educativa y aprendizaje del código informático :Estudio exploratorio
con organizaciones de formación

Nayra Vacaflor, Feirouz Boudokhane-Lima et Mahdi Amri

Édition électronique
URL : http://journals.openedition.org/ctd/3012
DOI : 10.4000/ctd.3012
ISSN : 2491-1437

Éditeur
Chaire Unesco Pratiques émergentes en technologies et communication pour le développement

Édition imprimée
ISBN : 2491-1437

Référence électronique
Nayra Vacaflor, Feirouz Boudokhane-Lima et Mahdi Amri, « Robotique éducative et apprentissage du
code informatique :Étude exploratoire auprès d’organismes de formation », Communication,
technologies et développement [En ligne], 8 | 2020, mis en ligne le 08 juillet 2020, consulté le 20 juillet
2020. URL : http://journals.openedition.org/ctd/3012 ; DOI : https://doi.org/10.4000/ctd.3012

Ce document a été généré automatiquement le 20 juillet 2020.

Communication, technologies et développement


Robotique éducative et apprentissage du code informatique :Étude exploratoire... 1

Robotique éducative et
apprentissage du code
informatique :Étude exploratoire
auprès d’organismes de formation
Educational robotics and computer code learning:Exploratory study with
training organizations
Robótica educativa y aprendizaje del código informático :Estudio exploratorio
con organizaciones de formación

Nayra Vacaflor, Feirouz Boudokhane-Lima et Mahdi Amri

Introduction
1 Différents professionnels de l’éducation se sont intéressés ces dernières années à
l’apprentissage de la programmation auprès des enfants et adolescents. Récemment, le
retour en force de la robotique à l’école témoigne d’un renouveau de l’intérêt social et
scolaire pour un objet qui incarne la place et la puissance de la donnée comme élément
de base de l’information et de la communication.
2 Un robot renvoie à une combinaison de quatre capacités : la polyvalence (machines
multitâches), la capacité d’interaction (homme-machine), l’autonomie décisionnelle
(adaptation face à une situation donnée) et l’aptitude à l’apprentissage (Gelin et
Guilhem, 2016). Cet outil, tel qu’il est introduit dans les activités scolaires, appelle une
réflexion qui dépasse les opérations de programmation et concerne les valeurs socio-
scolaires d’émancipation à travers un objet (rapport homme-machine), un langage
(informatique) et un projet (activité de penser et d’apprendre via un robot).
3 Dans la même lignée, Google a conçu un Doodle interactif avec des ingénieurs du MIT
pour célébrer les 50 ans du langage informatique pour enfants en marge du mouvement
« Une heure de code » visant à sensibiliser les plus jeunes à cette discipline. En France,

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Robotique éducative et apprentissage du code informatique :Étude exploratoire... 2

certains grands patrons veulent aussi être en avance d'une révolution ; Xavier Niel le
patron de Free a ouvert son école « 42 » dans l’objectif de former des bataillons de
développeurs.
4 Le mathématicien Cédric Villani, médaille Fields en 2010, donne également une vision
éclairante de l’enseignement de l’informatique. Il souligne l’insuffisance d’un plan
numérique à l’école concentré sur les aspects matériels, à savoir la distribution, à la
rentrée, de tablettes aux élèves. Il insiste sur la nécessité de l’apprentissage du code,
pour tous les enfants, dès l’école primaire. En effet, l’éducation au numérique ne doit
pas se limiter aux usages basiques des tablettes et ordinateurs. Elle nécessite de
revisiter les conditions à créer pour permettre à chaque enfant de construire et gérer
son identité au moyen de ces outils techniques. Ce besoin est très souvent sous-estimé
par le contenu et les formes actuelles de l’action éducative.
5 Selon le baromètre de l'innovation 2014 BVA-Syntec Informatique 1, 87 % des Français
considèrent qu’il serait important que la programmation informatique soit enseignée à
l’école (24 % à partir du primaire, 41 % à partir du collège). Selon un sondage TNS-
Sofres pour Inria, 64 % des Français pensent que l'éducation au numérique doit
permettre de comprendre les langages de programmation, 50 % de programmer soi-
même, 62 % de produire et publier du contenu sur le web (CNNum, 2014).
6 Par ailleurs, l’éducation numérique devrait comporter des savoirs déclaratifs,
méthodologiques et procéduraux autour de la pensée informatique. Coder peut
s’apprendre avec une approche ludique à travers laquelle les apprenants peuvent
robotiser des legos ou bien créer leurs premiers jeux vidéo avec Scratch. Concrètement,
au moyen du coding ce sont les enfants qui créent leur propre jeu, en choisissant les
mouvements et les déplacements de leur robot. Les possibilités infinies placent les
petits au cœur de l'action : ils ne sont alors plus les spectateurs, mais bien les maîtres
du jeu pour donner vie à leurs créations.
7 Ces questions sont au cœur de plusieurs manifestations, citons à titre d’exemple : le
« Code Week », semaine européenne dédiée au code et à la programmation numérique
dont la 5e édition a eu lieu du 6 au 21 octobre 2018 ; ou la dernière journée mondiale de
la société de l’information dont le thème a porté sur « l’utilisation positive de
l'intelligence artificielle pour tous ». Nous pouvons citer également l’Opération « 10001
codeurs en classe »2, proposée par la DANE de Créteil en 2019, qui vise à éveiller
l’intérêt des élèves et des enseignants en proposant des activités variées (déplacement
d’un robot, programmation de l’itinéraire d’un personnage ou d’une carte Micro :bit)
adaptées à chaque niveau.
8 L’apprentissage du code dans les établissements scolaires est aussi au cœur des
réflexions et des débats au sein de la communauté éducative française. Cet
enseignement a fait d’ailleurs son entrée en 2016 dans les programmes scolaires.
Plusieurs actions pilotes ont été également développées comme l’illustre l’exemple de
Class’Code3 en France (Romero et al., 2019).
9 Désormais, tous les champs de développement (éducation, santé, agriculture…) sont
touchés par la révolution numérique. L’initiation à la logique informatique devient
ainsi un nouvel enjeu éducatif. Le présent travail vise à explorer ce champ d’études.
Notre recherche s’intéresse aux nouvelles modalités d’apprentissage que certaines
organisations proposent en matière de programmation et de robotique éducative
auprès des enfants.

Communication, technologies et développement, 8 | 2020


Robotique éducative et apprentissage du code informatique :Étude exploratoire... 3

10 Plusieurs registres de questions peuvent nous aider à y voir clair :


11 Quels sont les aspects numériques saillants de la contribution des organismes de
formation à la robotique éducative ? Pourquoi est-il important d’instaurer une
éducation à la logique informatique ? Quels sont les objectifs visés par cet
apprentissage ? Comment ces structures procèdent-elles ?
12 Notre étude de terrain propose de fournir des éléments de réponses à ces
questionnements et de réfléchir aux enjeux de l’apprentissage du codage informatique.

Méthodologie & terrain d’étude

13 Le point de départ de notre terrain exploratoire est une étude qualitative menée auprès
de structures de formation à la programmation (codage) et d’initiation à la robotique
pour des enfants ayant entre 8 et 12 ans. Celles-ci sont implantées sur le territoire
Aquitain, même si certaines d’entre elles ont également une assise au niveau national.
14 Notre étude vise à saisir la façon d’enseigner de ces structures au sein des ateliers
spécifiques mis en place à cet effet. Elle se base sur des entretiens semi-directifs
conduits auprès de formateurs en robotique éducative et code informatique.
15 Trois structures composent notre échantillon et ont une expérience de plus de trois ans
en matière d’enseignement du codage et de la robotique auprès des enfants. Nous
allons dans ce qui suit présenter ces organismes et les ateliers spécifiques liés à la
programmation et à la robotique. Ces exemples portent sur une sélection précise
soulignant notamment : la répartition temporelle des ateliers et la compartimentation
des dimensions d’apprentissage et d’enseignement quotidiens ainsi que la
compréhension et la maîtrise des « animateurs » et ou formateurs selon les différentes
configurations que les structures proposent à leurs apprenants.
16 La première structure est Cap sciences4. C’est un centre d’animation et d’exposition
ouvert à tous les publics pour la découverte et la compréhension des phénomènes
scientifiques, des principes technologiques, des applications et savoir-faire industriels.
Cap sciences a plusieurs missions : répondre aux besoins éducatifs en liaison avec les
écoles, bibliothèques, musées, centres culturels ; développer le professionnalisme de la
diffusion de la culture scientifique et technique ; mettre en valeur les capacités
scientifiques techniques et industrielles de la région aquitaine 5. Au sein de Cap Sciences
nous nous intéresserons à l’atelier « Robot » (8-12 ans).
17 La deuxième structure est Magic makers6, il s’agit d’une société spécialisée dans le
secteur de l’enseignement du code informatique auprès des enfants. Nous nous
intéresserons ici à l’atelier « Je découvre la programmation et les objets connectés »
(8-10 ans). Cet atelier est un espace où les enfants créent leurs premiers jeux vidéo avec
Scratch, apprennent à programmer des legos ou encore à fabriquer des joysticks et
repoussent les limites de la créativité en s’appropriant les concepts de la
programmation.
18 La troisième structure est Abracodabra7. C’est une structure pédagogique qui a pour
mission principale d’apprendre aux enfants, à un âge très précoce, le code
informatique. Les ateliers d’Abracodabra sont ouverts aux enfants âgés entre 4 et 15
ans. Au sein d’Abracodabra nous nous intéresserons notamment à l’atelier « Lego
Wedo » (8-10 ans). Dans cet atelier, les enfants « brisent » les secrets de la robotique en
construisant et en programmant leurs propres robots.

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Robotique éducative et apprentissage du code informatique :Étude exploratoire... 4

19

Les informations recueillies lors des entretiens réalisés au sein de ces structures ont été
analysées en suivant une démarche de catégorisation thématique de contenu (Bardin,
2013). L’analyse a pris appui sur une revue de la littérature pluridisciplinaire (sciences
de l’éducation, informatique, sciences de l’information et de la communication…). Les
résultats de l’étude s’articulent autour de trois parties et sont présentés dans ce qui
suit.

Les objectifs visés par l’apprentissage du code


20 « Coder, c’est communiquer à un objet, une application ou un ordinateur ce qu’il doit
faire, de quelle manière il doit le faire et à quel moment le faire » (Roy et al., 2017 : 46).
Le code informatique est le langage qui sert à programmer et faire fonctionner les
technologies numériques. Il permet de développer des logiciels, des jeux vidéo, des sites
web et des applications de tout type. Il est au cœur de tous les secteurs d’activité,
désormais numérisés. Nous sommes en contact permanent avec des outils qui sont
engendrés par le codage et la programmation ; le code a des effets sur les formes de
sociétés que nous construisons. Mais, que connaissons-nous de ce langage et de son
processus de fonctionnent ?
21 Si le citoyen lambda se sent dépassé par cette discipline, plusieurs enfants apprennent
aujourd’hui à coder et ce depuis leur plus jeune âge. Nombreux pays ont compris
l’importance de cet apprentissage dans la formation du cyber-citoyen de demain. Au
Canada, de plus en plus d’élèves pratiquent le codage à l’école ; au Royaume-Uni, c’est
depuis 2014 que les enfants sont appelés à le faire ; aux États-Unis et en Suède, depuis
2013, plusieurs écoles ont intégré à leurs curricula le jeu Minecraft, où les élèves sont
appelés à développer des compétences en programmation (Bugmann, Karsenti, 2017).
22 En France, l’enseignement du code (comprenant l’écriture d’application, l’initiation au
chiffrement et à la programmation de robots) figure dans les programmes, il est destiné
aux élèves à partir de l’école primaire. Néanmoins, cet apprentissage peine à se mettre
en place. Selon une étude effectuée auprès de professeurs des écoles en 2018, 45 %
d'entre eux n'enseignent pas encore la programmation dans leur classe (Bordas, 2019).
En s’appuyant sur les travaux de la recherche ANR DALIE (didactique et apprentissage
de l’informatique à l’école), Jacques Béziat montre que les pratiques autour de la
robotique à l’école primaire restent « sans culture d’usage ». Plusieurs enseignants ne
maitrisent pas les enjeux et objectifs éducatifs liés à cet enseignement, ni
l’informatique elle-même (Béziat, 2019). L’enquête quantitative menée par Marine
Roche, dans le cadre de sa thèse, montre que les professeurs des écoles « ne sont
majoritairement pas d’accord concernant la clarté des objectifs : 46.7 % ne sont plutôt
pas d’accord, 27.7 % ne le sont pas du tout. Au niveau des connaissances à transmettre,
la plupart des enseignants ne sont pas à l’aise : 44.3 % ne sont pas du tout d’accord et
seulement 9.9 % se sentent tout à fait capable de transmettre ces connaissances »
(Roche, 2019 : 159).
23 Enseigner le code à l’école primaire pose ainsi la question de la formation des
enseignants (formation continue et initiale). Au collège, la question des moyens
(techniques et humains) est aussi préoccupante : Combien de postes faut-il créer pour
assurer l’enseignement de l’informatique ? Où trouver tous ces enseignants ? (CNNum,
2014).

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24 Face à cette réalité de terrain qui illustre la difficile mise en place de l’enseignement du
code à l’école, des structures privées, persuadées de l’importance de la pensée
informatique dans le développement des compétences de demain, proposent aux élèves
des formations dans ce domaine. C’est le cas des organismes au sein desquels nous
avons mené notre étude exploratoire.
25 Enseigner le code consiste à apprendre la programmation informatique. Les bases de
cet apprentissage ont été lancées dès les années 1960 grâce aux travaux de Seymour
Papert (Papert, 1980) l’un des pionniers de l’intelligence artificielle et l’un des créateurs
du langage de programmation Logo. Aujourd’hui cet enseignement se développe grâce
à l’introduction de nouvelles méthodes et applications. Créer un objet numérique, le
connecter, hacker un drone, imprimer en 3D … cela devient un jeu d’enfant. Les
institutions interviewées dans le cadre de notre recherche mettent à la disposition des
enfants de nombreux outils permettant de rendre cet enseignement plus intuitif, plus
interactif et plus ludique. Parmi ces outils on peut citer l’application de programmation
éducative Swift Playgrounds. Son usage permet aux enfants une initiation à
l’intelligence artificielle et à la robotique éducative. Ces derniers apprennent à
programmer et contrôler des robots tels que le Lego Mindstorms EV3.
26 Nous citons également la plateforme Scratch. Elle permet d’initier les enfants au code
par le jeu. Son langage de programmation Smalltalk sert de base à de nombreuses
solutions pour apprendre à programmer. Il permet aux élèves de créer et modifier le
code informatique et de programmer ainsi des jeux vidéo, des personnages ou des
histoires interactives.
27 Certains ateliers comme « Robot » de Cap Sciences utilisent les cartes électroniques
Arduino8. Cette méthode permet aux enfants de comprendre les composants
électroniques et les circuits logiques, d’identifier les capteurs, actionneurs
et effecteurs. Le but est de leur apprendre à programmer et à créer des objets
intelligents. Les formateurs rencontrés proposent également des activités débranchées
(« informatique débranchée »), utilisant du papier, des cartons…, permettant une
initiation à la pensée informatique et ses concepts.
28 La définition suivante, donnée par le groupe de travail numérique OCEAN, corrobore les
propos des formateurs interrogés : « la robotique pédagogique fait référence à l’usage
des robots comme outils éducatifs pour susciter l'intérêt vis-à-vis des activités de
programmation, la découverte de la pensée algorithmique et l’initiation à l’intelligence
artificielle » (OCEAN,2017).
29 Les objectifs visés par l’enseignement de la programmation sont divers. Nos
interlocuteurs soulignent l’importance de faire évoluer de manière ludique la littératie
numérique d’une simple utilisation des outils à la compréhension de leur
fonctionnement. Apprendre ce langage permettrait aux enfants de mieux comprendre
le monde numérique dans lequel ils évoluent pour qu’ils en deviennent non seulement
des acteurs, mais aussi des auteurs. L’initiation à la logique informatique permet au
futur cyber-citoyen de dépasser le stade de simples consommateurs et d’acquérir une
réelle maîtrise du numérique. Autrement dit, de passer d’un « état de minorité » dans
lequel le savoir technique est non réfléchi et coutumier à un « état de majorité » qui
renvoie à une meilleure compréhension et donc une meilleure intégration des objets
techniques (Simondon, 1989).

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Robotique éducative et apprentissage du code informatique :Étude exploratoire... 6

30 Repenser les rapports homme-machine dans une approche Simondonnienne nous


amène à souligner le risque d’abandonner l’outil numérique à sa fonctionnalité, plus
que jamais il devient nécessaire que « l’objet technique soit connu en lui-même pour
que la relation de l’Homme à la machine devienne stable et valide : d’où la nécessité
d’une culture technique » (Ibid : 32). L’apprentissage du code devient l’une des pierres
angulaires de la culture technique de l’Homo numericus. Dans le contexte plus large du
développement humain, les compétences numériques doivent être développées dès le
plus jeune âge (Unesco, 2011), afin de préparer chaque enfant à vivre dans le monde qui
l’entoure.
31 L’initiation au code permettant aux enfants une meilleure intégration des objets
numériques dans leur quotidien semble également être l’une des finalités visées par les
parents qui inscrivent leurs enfants à ce genre de formation. Ils viennent en effet
rechercher auprès des ateliers de programmation une autre approche du numérique à
inculquer à leurs enfants : « Nous avons généralement deux genres de parents, ceux qui
affirment que leurs enfants sont addicts aux écrans, jeux vidéo […] et qui se sentent
complètement dépassés, et d’autres qui interdisent l’usage de ces outils par crainte des
risques. Dans les deux cas, les parents me disent : j’inscris mon enfant au code afin qu’il
puisse découvrir une autre façon d’explorer le monde numérique » (Magic Makers).
32 Au-delà des compétences en programmation, les formateurs interrogés évoquent
également la question de la capacité d’analyse et de résolution de problèmes que
l’apprentissage du code permet de développer chez les enfants. La question de
l’initiation à la logique est au cœur des ateliers proposés : « Notre objectif est de rendre
le code accessible aux plus petits […] on veut d’abord leur apprendre à résoudre des
problèmes selon une logique […]. Ça permet de structurer la pensée en quelque sorte ! »
(Abracodabra) ; « Pourvoir programmer c’est comprendre pourquoi ta machine fait ça
et pas ça, cela permet d’abord aux enfants de comprendre la logique, c’est comme les
mathématiques, si tu comprends la logique tu peux faire tes exercices » (Magic
Makers).
33 Marine Roche montre dans cet ordre d’idée que l’initiation des enfants à la
programmation informatique relève d’enjeux didactiques. Cet apprentissage permet de
se familiariser avec une logique de pensée et de raisonnement (facultés d’analyse, de
projection et d’abstraction) notamment concernant la résolution de problème (Roche,
2019). Pour Roche, cet enseignement relève également d’enjeux économiques (le
modèle de l’économie de la connaissance nécessite d’acquérir les compétences du 21e
siècle) et sociaux (le numérique induit une transformation de la société, il est donc
primordial de former les élèves à la culture numérique qui devient une condition pour
participer activement à la société de demain).
34 Les résultats de nos analyses corroborent plusieurs travaux (Janiszek et al., 2011 ;
Bugmann, Karsenti, 2017) qui suggèrent que l’apprentissage de la programmation
aurait un impact sur la dynamique motivationnelle des apprenants et leur permettrait
une participation plus active. Les études montrent également que cet enseignement a
un impact positif sur : le développement de l’habileté en mathématiques chez l’enfant,
le travail en équipe, la structuration des idées et le sens de l’organisation (Roy et al.,
op.cit.). Nos interlocuteurs ajoutent que les ateliers de programmation et de
robotisation permettent d’autonomiser les enfants dans leur rapport quotidien avec les
outils numériques.

Communication, technologies et développement, 8 | 2020


Robotique éducative et apprentissage du code informatique :Étude exploratoire... 7

35 Ces ateliers impliquent enfin, d’après le discours recueilli, une mobilisation d’un
apprentissage critique des technologies de l’information et de la communication.
Comme le souligne l’étude ICILS (International Computer and Information Literacy Study) 9,
publiée en 2018, la figure du « digital native », qui serait par nature un expert dans le
domaine du numérique est un mythe « qui tombe » ; en effet les élèves ne font pas
preuve d’esprit critique face aux TIC. Une formation à la pensée informatique s’impose.

Création de prototype d’un robot : enjeux collaboratifs


et réflexifs
36 Nous devons retenir l’idée que quand il s’agit de construire un prototype de robot et de
le programmer par la suite, il faut passer par la manipulation des objets (carton, lego,
feuilles) et le code informatique. Chez Cap Sciences, au sein du FabLab 27, les enfants
arrivent à optimiser la programmation sur Scratch et le robot GoPiGo par exemple ;
chez Abracodabra et Magic Makers ils réalisent cette tâche avec d’autres robots, mais
toujours en passant par la programmation. L’idée pour ce type d’éveil demande des
éléments clairement définis par les structures observées.
37 Le premier élément renvoie à la capacité à résoudre des problèmes. Les participants
sont devant des blocs, des cartes électroniques, des moteurs et ils doivent résoudre un
problème par eux-mêmes, penser par eux-mêmes pour arriver à un résultat, qui ne doit
en aucun cas être une finalité en soi : « Nous ne voulons pas formater nos participants à
réussir. Nous ne sommes pas partisans de cette méthode. Nous voulons qu’ils se trompent, c’est
en commettant des erreurs qu’ils vont développer la capacité à résoudre des problèmes… » (Cap
Sciences). Les participants ont en effet développé des qualités méthodologiques, comme
la persévérance et la rigueur, incontournables dans la pratique du code informatique.
Ils ont également réussi à mieux situer certains aspects de la création d’un prototype et
à l’animer par la suite. Ces processus aident à comprendre les grands enjeux du
développement informatique et évidemment le travail de création de robots, autant
d’éléments concrétisés par l’éveil et la création d’un prototype robot.
38 Le deuxième élément renvoie à la pensée critique. Paradoxalement, la meilleure façon
d’aborder l’apprentissage de la robotique consiste à préciser d’abord ce qu’elle n’est
pas. La robotique éducative n’est ni une formation à la programmation visant
prioritairement le développement de compétences à l’usage d’outils de développement
ni une éducation par l’outil qui positionnerait ceux-ci comme des dispositifs favorisant
l’enseignement de domaines de connaissances autres que son objet initial, à savoir la
robotique elle-même. La robotique éducative ne se limite pas non plus à un
enseignement sur les robots, donc à l’étude des caractéristiques technologiques
pointues. Les structures étudiées se concentrent sur l’analyse, la compréhension et la
réflexion critique de la programmation de base : « Un programme ne marche jamais du
premier coup, et c’est frustrant pour eux, mais enrichissant pour leur développement » (Cap
Sciences). Les jeunes participants se retrouvent face à un objet qui devrait marcher,
mais qui ne fonctionne pas comme il le faut. Ils doivent donc réfléchir sur les raisons de
ce dysfonctionnement, ce qui les amène à critiquer leur propre raisonnement.
39 Le troisième élément renvoie à la pensée créative. Selon les propos recueillis, nous
remarquons que plusieurs solutions peuvent se présenter face à un problème considéré
comme initialement simple. « Chaque atelier est unique » soulignent les interviewés, et

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Robotique éducative et apprentissage du code informatique :Étude exploratoire... 8

cela les renvoie à la vitesse à laquelle les enfants développent leurs propres façons de
résoudre le problème.
40 Dans cette logique, les situations-problèmes qui posent des difficultés de conception
vont favoriser la créativité. Même si ces éléments que nous venons de citer peuvent
nuire à la motivation de certains jeunes participants, l’intérêt de structurer les actes de
résolution des problèmes de conception consistera donc à déployer des mécanismes
faisant appel à la créativité.
41 Parallèlement, les ateliers menés par les structures de notre terrain de recherche
présentent différentes forces pédagogiques dans les processus de mise en œuvre :
42 Intégration des différents sujets de connaissances ;
43 Opération des objets manipulables, qui favorisent le passage du concret à l’abstrait ;
44 Appropriation des langages (graphiques, iconiques, mathématiques, informatiques et
naturels…) ;
45 Développement de la pensée systémique et systématique ;
46 Création des environnements d’apprentissages collaboratifs.
47 Cet ensemble de processus pédagogiques que nous avons pu peaufiner à la suite de
l’analyse du discours de notre corpus d’entretiens, propose de nouvelles manières
d’acquérir des connaissances significatives. Nous nous concentrerons sur l’aspect
collaboratif des participants, car il démontre que l’apprenant acquière des ressources
avec une équipe sporadique.
48 Il existe des composants basiques et des principes de collaboration que Spencer Kagan
(1992) avait déjà développés et que nous retrouvons lors de ces ateliers :
49 L’interdépendance positive : connexion et communication assertive entre les membres
de l’équipe ;
50 Responsabilité individuelle : développements particuliers disciplinés qui s’additionnent
aux travaux finaux du groupe ;
51 Interaction qui met en action la communication de la discussion de la recherche de
consensus, le respect pour les décisions des autres et l’opportunité pour partager ses
propres opinions.
52 L’apprentissage collaboratif, dans cette perspective de construction robotique, est
avant tout un moment « social » par excellence qui permet aux apprenants de
construire non seulement des connaissances, mais aussi et fondamentalement une
coexistence harmonieuse dans laquelle ils ont tous les mêmes chances de se
développer. Les principales caractéristiques d'une équipe de travail pour la création
d’un prototype de robot peuvent être différenciées. L’analyse des données recueillies
nous a permis de déceler quelques éléments qui nous permettent de mesurer les
groupes et la fréquence des apprenants.
53 D’abord, en ce qui concerne la composition des équipes, les ateliers restent souvent
homogènes concernant l’âge, mais hétérogènes concernant le genre. Tous les ateliers
sont homogènes lorsque leurs membres ont des besoins, motivations, connaissances et
personnalités très similaires. Mais nous remarquons une différence sur le genre. Peu de
filles s’inscrivent à ce genre d’atelier (nous reviendrons ultérieurement sur ce point).
54 Nous avons noté aussi que les personnes qui créent ces ateliers doivent mettre en place
un certain nombre de règles. Ces ateliers sont gérés par une organisation à vocation

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éducative et une série de règles de comportement sont établies même si celles-ci


peuvent subir des modifications de la part des participants. L’apprentissage du code
devient un moment où ces règles évoluent et transforment l’unité du groupe : « Nous
observons quand le travail en groupe démarre, l’ambiance change, l’écoute s’élargit et les
réflexions aussi » (Cap Sciences). « Je pense qu’il y a cette idée-là, cette logique-là de création,
de l’animation d’un jeu, c’est une entrée pour apprendre le code et une bonne manière de
collaborer ensemble » (Magic Makers). Les fonctions des membres, avec l’appui du
numérique, deviennent donc plus importantes et jouent un rôle primordial au sein du
groupe.
55 Au sein de ce genre d’atelier, on retrouve également le caractère de la contribution aux
tâches et aux actions qui sont effectuées par les membres de l'équipe. Chaque position
dans la structure d'équipe implique un comportement attendu de la part du jeune
participant. Les apprenants changent leur statut, car ils développent une cohésion, qui
s’intègre dans l’équipe de création. Ils se rendent compte que ce genre de travail
pourrait être réalisé individuellement, mais qu’il nécessite solidarité, échange et
analyse.
56 Ce type d’atelier place ainsi le jeune participant devant un nouveau défi et lui permet
de changer de posture. Autrement dit, il passe d’un élève qui suit des cours
traditionnels dans une école avec des méthodes d’éducation classiques à un apprenant
qui interagit et participe activement à son apprentissage. Ces structures développent
donc une nouvelle forme d'apprentissage valorisée par l’équipe. Le fait d’expliquer ou
de découvrir de nouvelles tâches et responsabilités, d'établir de nouveaux rôles, c'est-à-
dire de les préparer à l'interaction entre les membres de l'atelier, les prépare à une
insertion plus pédagogique.
57 Même si l’objectif final n’est pas l’acquisition d’une connaissance précise en
« robotique », le fait de demander aux participants d'atteindre des objectifs tout en leur
laissant une autonomie suffisante pour choisir le chemin qu'ils jugent le plus approprié
parmi les possibles, constitue une forme d’éducation innovante : « Si les enfants ont un
jeu électronique cassé je ne veux pas qu’ils le jettent, je veux qu’ils l’ouvrent pour le découvrir de
l’intérieur et apprendre des choses… ils peuvent essayer de le réparer, si ça marche pas, c’est pas
grave, le plus important c’est qu’ils vont avoir plus confiance en eux […] et comprendre comment
cela fonctionne » (Abracodabra).
58 Cette posture place les ateliers de robotique et de programmation au fondement d’une
vision renouvelée du lien social où les enfants, gagnant en autonomie, se mettent à
« bidouiller » collectivement ce qu’ils avaient pour habitude de consommer
passivement. C’est une réactualisation d’une culture « de l’atelier et de la coopération »
(Sennett, 2014) intrinsèquement liée à la valorisation de l’apprentissage par le « faire ».

Apprendre la programmation : une approche par le jeu


59 Nos interlocuteurs soulignent que les méthodes et technologies utilisées permettent un
apprentissage progressif qui amène les enfants à libérer leur imagination, à devenir
plus créatifs en créant et inventant des objets tout en s’amusant : « Les outils numériques
sont ludiques par nature. Ils permettent aux enfants d’apprendre là où parfois ils n’ont pas envie
d’apprendre » (Abracodabra).

Communication, technologies et développement, 8 | 2020


Robotique éducative et apprentissage du code informatique :Étude exploratoire... 10

60 Le « jeu » englobe ici plusieurs aspects que nous retrouvons en partie dans les modes de
transmission de savoir au sein des structures de notre terrain d’enquête. Le jeu rentre
en effet dans une sphère « imaginée » du robot. La robotisation et la programmation
sont perçues comme une activité qui « amuse » (ici l’artefact technique devient un
jouet), ce qui nous amène à analyser cela comme une sorte de « serious game » déguisé.
61 Nous soulignons par ailleurs le fait que la plupart des ateliers analysés nous
positionnent dans l’approche du constructionisme qui « prétend que les constructions
mentales sont facilitées lorsque l’enfant construit véritablement quelque chose »
(Lebrun, 2007). Nous voyons bien que toutes les idées portées par les enfants viennent
lorsqu’ils construisent leurs propres « œuvres » : des robots avec des Lego, des
prototypes robots avec des cartons, des jeux vidéo. De toute évidence ces objets
permettant l’observation, les essais et les erreurs, favorisent l’expression, la réflexion
et le partage avec les autres.
62 Dans cet ordre d’idée, Stéphane Goria (2016) explique les catégories de dispositifs
éducatifs inspirés par et pour les jeux rendant compte que celles-ci correspondent à
tout outil assimilable à un jeu et conçu en tant que tel dans l’objectif de permettre la
réalisation d’une tâche non ludique et la qualifier de sérieuse.
63 Seuls les jeux dédiés à l’apprentissage pourraient s’interpréter comme des artefacts de
transfert de connaissances et non comme des outils de production de connaissances.
Dans ce cas, ils peuvent être nommés jeux. Par ailleurs, en ce qui concerne l’effet de ces
ateliers sur les connaissances informatiques acquises, même si cette étude exploratoire
souligne que les ateliers favorisent davantage l’acquisition de connaissances chez les
garçons que chez les filles, la quasi-totalité des participants, a néanmoins progressé : «
Parfois on peut avoir un frère et une sœur qui ont presque le même âge. Le frère va venir, mais
pas la sœur …. et les parents vont te dire dans ce cas "ma fille ce n’est pas vraiment son truc. Les
robots c’est pour les garçons…" » (Abracodabra) ; « Malgré une présence masculine forte, je n’ai
fait aucune différence entre l’intérêt et la curiosité que les filles démontrent, nous essayons
toujours que les ateliers soient équilibrés » (Cap Sciences).
64 En ce qui concerne l’impact de l’apprentissage de la programmation sur la motivation
intrinsèque, qui « engendre plaisir et persévérance » (Bandura, 1997 : 356) nous
pouvons déduire que c’est la création des jeux qui mettent aisément en lumière le
plaisir éprouvé par les participants. Cette motivation intrinsèque est stimulée par le
sentiment de compétence et de capacité que les participants et formateurs exercent. La
liberté de choix, le fait de chercher des solutions ainsi que la réalisation des objets
connectés, les conduisent au succès final et participent ainsi à l’élaboration d’un
sentiment développé d’auto efficacité, de nature à réduire l’anxiété de réussite scolaire
traditionnelle.
65 Apprendre la programmation par le jeu, ou par un imaginaire du jeu, ne s’effectue pas
seulement selon une perspective ludique – qui pourtant détermine l’imaginaire de ce
genre d’atelier –, mais aussi critique, éducatif, voire éthique. Autant l’effet du jeu sur
l’apprentissage du code et l’initiation à la robotique est positif et conséquent, autant il
est mitigé et modeste sur l’équilibre genre. Ce que nous pouvons affirmer par ailleurs
c’est l’augmentation des connaissances acquises qui reste l’élément fédérateur pour
toutes les structures de notre échantillon.

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Robotique éducative et apprentissage du code informatique :Étude exploratoire... 11

Conclusion
66 L’apprentissage du code permet aux enfants de mieux comprendre le monde
numérique dans lequel ils évoluent pour qu’ils en deviennent non seulement des
spectateurs, mais des leaders. Au terme de cette étude, nous pouvons souligner qu’au
moyen de la robotique éducative, les enfants libèrent leur imagination, inventent des
objets et dessinent de nouveaux scénarios en forme d’apprentissage numérique.
67 Notre travail de terrain nous a permis de soulever les enjeux de l’apprentissage du code
et de la robotique. Les structures de notre terrain mettent l’accent sur l’universalité de
la programmation et de la robotique, mais elles ne se rendent pas pleinement compte
de ce que recouvre la notion d’informatisation, à savoir l’émergence d’un nouveau type
d’interaction dynamique entre le cerveau humain et la machine.
68 Il semble par ailleurs que malgré l’importance de ses enjeux, l’enseignement du code
informatique peine à trouver sa place au sein de l’éducation nationale. Les écoles
manquent de ressources et sollicitent les structures privées à l’instar des organismes de
notre terrain afin de combler ce besoin. Dès lors, on peut se demander comment
réconcilier l’apprentissage du code aux littératies de base (lire, écrire, compter) ?
Quelle place peut avoir cet enseignement au sein du socle commun de connaissances,
de compétences et de culture indispensable à l’éducation de chaque élève ?

BIBLIOGRAPHIE

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Robotique éducative et apprentissage du code informatique :Étude exploratoire... 13

NOTES
1. https://www.bva-group.com/ Baromètre de l’innovation, mai 2014
2. https://dane.ac-creteil.fr/defi/#/app/accueil
3. Class’Code, est un programme de formation innovant, qui forme depuis la rentrée 2016 les
professionnels de l’éducation et de l’animation pour leur donner les moyens d’initier les enfants
de 8 à 14 ans à la pensée informatique.
4. http://www.cap-sciences.net/au-programme/ateliers-jeunesse/robot
5. https://www.reseau-idee.be/adresses-utiles/fiche.php?&org_id=2642
6. https://www.magicmakers.fr
7. http://abracodabra.fr/
8. Arduino est une petite carte électronique programmable et un logiciel multiplateforme qui
permet de créer facilement des systèmes électroniques et de les programmer.
9. https://www.iea.nl/studies/iea/icils/2018/results

RÉSUMÉS
Le point de départ de notre recherche est une étude qualitative et exploratoire conduite en
Aquitaine, auprès de structures de formation au codage informatique pour des enfants ayant
entre 8 et 12 ans. L’objectif est de réfléchir autour des nouvelles modalités de l’apprentissage
centré sur la programmation, la robotique et l’intelligence artificielle. L’initiation au code permet
aux enfants une meilleure intégration des objets numériques dans leur quotidien. Elle constitue
pour eux une opportunité pour développer davantage les capacités de compréhension, d’analyse,
de réflexion critique et de résolution de problèmes. Dans ce sens, les méthodes et technologies
utilisées permettent un apprentissage progressif qui permet aux enfants de libérer leur
imagination et d’inventer des objets tout en s’amusant.

Our research is a qualitative and exploratory study conducted in Aquitaine (France). We focused
on computer coding training structures for children between 8 and 12 years old. This article aims
to reflect the new modalities of learning centered on programming, robotics and artificial
intelligence. The code learning gives children a better integration of digital objects in their daily
lives. It is an opportunity for them to develop further their abilities of understanding, analysis,
critical thinking and problem solving. The methods and technologies used allow a progressive
learning that permits children to open their imagination and invent funny objects while having
fun.

El punto de partida de nuestra investigación es un estudio cualitativo y exploratorio realizado en


Aquitania (Francia), centrándonos en estructuras de capacitación para la programación
informática para niños entre 8 y 12 años. El objetivo de este artículo es el de reflexionar sobre las
nuevas modalidades de aprendizaje centradas en la programación, la robótica y la inteligencia
artificial. La introducción al “código” permite a los niños una mejor integración de los objetos
conectados en sus vidas diarias. Es una oportunidad para que desarrollen sus habilidades de
comprensión, análisis, pensamiento crítico y resolución de problemas. En este sentido, los
métodos y tecnologías utilizados permiten un aprendizaje progresivo que permite a los niños
liberar su imaginación e inventar objetos mientras se divierten.

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Robotique éducative et apprentissage du code informatique :Étude exploratoire... 14

INDEX
Mots-clés : Robotique éducative, code informatique, numérique, étude exploratoire, organismes
de formation
Palabras claves : Robótica educativa, código informático, digital, estudio exploratorio,
estructuras de aprendizaje.
Keywords : Educational robotics, computer code, digital, exploratory study, training
organizations

AUTEURS
NAYRA VACAFLOR
Université Bordeaux Montaigne

FEIROUZ BOUDOKHANE-LIMA
Université Franche-Comté

MAHDI AMRI
Institut Supérieur de l’Information & de la Communication (ISIC), Rabat

Communication, technologies et développement, 8 | 2020


Communication, technologies et
développement
8 | 2020
Robotique avancée, intelligence artificielle et
développement

Robotique éducative et constitution de communs


de la connaissance dans les FabLabs : un enjeu
fondamental pour le développement
Educational robotics and building knowledge commons in FabLabs : a
fundamental challenge for development
La robótica educativa y la constitución del patrimonio de conocimientos en los
FabLabs: un desafío fundamental para el desarrollo

Anne Lehmans, Vincent Liquète et Mohamed Coulibaly

Édition électronique
URL : http://journals.openedition.org/ctd/3093
DOI : 10.4000/ctd.3093
ISSN : 2491-1437

Éditeur
Chaire Unesco Pratiques émergentes en technologies et communication pour le développement

Édition imprimée
ISBN : 2491-1437

Référence électronique
Anne Lehmans, Vincent Liquète et Mohamed Coulibaly, « Robotique éducative et constitution de
communs de la connaissance dans les FabLabs : un enjeu fondamental pour le développement »,
Communication, technologies et développement [En ligne], 8 | 2020, mis en ligne le 30 juin 2020,
consulté le 20 juillet 2020. URL : http://journals.openedition.org/ctd/3093 ; DOI : https://doi.org/
10.4000/ctd.3093

Ce document a été généré automatiquement le 20 juillet 2020.

Communication, technologies et développement


Robotique éducative et constitution de communs de la connaissance dans les Fa... 1

Robotique éducative et constitution


de communs de la connaissance
dans les FabLabs : un enjeu
fondamental pour le développement
Educational robotics and building knowledge commons in FabLabs : a
fundamental challenge for development
La robótica educativa y la constitución del patrimonio de conocimientos en los
FabLabs: un desafío fundamental para el desarrollo

Anne Lehmans, Vincent Liquète et Mohamed Coulibaly

1 La perception de l’espace public a évolué ces dernières années vers une revendication
diffuse d’un droit universel d’accès à l’information, aux savoirs et aux compétences
nécessaires au développement économique et social et à la participation aux débats
publics, notamment autour du numérique et des promesses de l’intelligence artificielle,
que l’on peut considérer comme une part des « communs de la connaissance » (Ostrom,
2015). Dans le socle commun de la société de la connaissance, on trouve les bases d’une
culture numérique constituée autour de la machine, du langage, de l’algorithme et de
l’information, à partir des trois dimensions que sont les façons de penser, les objets et
les interactions sociales à l’intérieur des réseaux. Jeannette Wing (2006), parle de
pensée computationnelle, mettant en œuvre plusieurs niveaux d’abstraction axés sur la
résolution de problèmes, la capacité à nommer les objets, dans le contexte du monde
réel et des objets qui le composent. Bruno Bachimont (2015) parle de raison
computationnelle, dans laquelle le programme, le réseau et la couche caractérisent une
technologie de l’intellect et une littératie propres à l’écriture numérique (Goody, 1979).
La robotique éducative est amenée à jouer un rôle particulier et renouvelé dans cette
littératie, depuis quelques années, interrogeant le lien entre la forme de l’objet et ses
potentialités d’apprentissage, se posant comme « science et pratique de l’incarnation »
(Kaplan, Oudeyer, 2008). Aux dimensions socio-économique de production, et
psychologique de projection (Baudrillard, 1968) et d’empathie (Tisseron, 2015)

Communication, technologies et développement, 8 | 2020


Robotique éducative et constitution de communs de la connaissance dans les Fa... 2

attribuées au robot comme objet, les roboticiens ajoutent une dimension cognitive de
modélisation des apprentissages, et les pédagogues une dimension éducative de
motivation des apprentissages de l’écriture numérique et plus précisément de la
programmation. La robotique éducative semble apporter un élément de réponse à
l’appel de Gilbert Simondon (2009) à mettre en phase la culture avec la réalité, et à
considérer l’objet technique comme un objet-réseau.
2 Cette revendication passe notamment par l’acquisition de compétences renouvelées,
avec la capacité à construire des objets dans une démarche collaborative et à l’aide de
techniques et d’outils mis à disposition du public dans des espaces ouverts et partagés.
Le concept de FabLab y répond. Créé par Neil Gershenfeld, professeur au MIT, le
« laboratoire de fabrication » est un lieu ouvert au public où sont mis à disposition
toutes sortes d’outils, avec des données stockées sur des plateformes collaboratives, en
vue de concevoir et de réaliser des objets. Le travail qui s’y mène dans un collectif à
géométrie variable, ne porte pas seulement sur les aspects matériels de la fabrication
d’objets, mais aussi sur les développements informatiques nécessaires pour les faire
fonctionner, notamment autour de la robotique, et sur les dimensions sociales de la
création. Ces développements sont eux-mêmes partagés sur des plateformes
collaboratives.
3 Dans l’histoire de la pensée computationnelle aussi bien que des évolutions techniques
du numérique et de l’internet, le FabLab s’est développé sur un terreau militant,
promouvant une culture scientifique et technique partagée (Stallman, 2017). La
robotique éducative dans les FabLabs en fait aussi des lieux de développement de
stratégies pédagogiques et éducatives qui associent des acteurs différents, en
permettant des interactions autour des compétences en jeu. C’est à ce titre qu’ils font
l’objet d’un projet de recherche, qui tente d’analyser, dans une approche longitudinale,
les effets réels de l’usage d’objets tangibles (les robots notamment), en comparant les
contextes scolaires et non scolaires des Fablabs, espaces de co-création dans la
réflexion collective et la production collaborative. Autour de ces usages, un réseau de
recherche et de formation s’est constitué sur la base d’échanges de données,
d’expériences et de ressources pédagogiques, dans des espaces collaboratifs ouverts.
Les FabLabs analysés dans le projet sont liés au contexte scolaire par leur appartenance
institutionnelle (université de Bordeaux) ou par leur vocation culturelle. A l’occasion de
cette recherche, qui implique de nombreux chercheurs notamment en informatique, le
projet est né de créer un Fablab correspondant dans l’université de Ségou au Mali, en
s’appuyant sur le développement d’une intelligence non seulement artificielle mais
surtout collaborative, qui ne nécessite pas de moyens matériels ou techniques
importants, mais plutôt la construction d’une communauté de pratique à distance.
4 La question que nous proposons d’analyser dans le cadre de ce projet et dans la
perspective du colloque est celle de l’effet de cet espace très particulier qu’est le FabLab
sur la dynamique et le partage des apprentissages. L’hypothèse est que pour certains
élèves, enfants, jeunes ou moins jeunes adultes, l’école constitue un cadre d’échec, ou
dans certains pays une voie impossible pour la formation, et le FabLab une possibilité
de retrouver confiance, envie, interactions sociales pour apprendre. Dans une
démarche qualitative basée sur l’observation participative et des entretiens menés
auprès des participants et des responsables des FabLabs, nous tenterons de faire
ressortir, en nous centrant sur le cas du Mali, et en examinant l’émergence d’un projet
de construction d’un FabLab, les conditions qui nous semblent indispensables pour que

Communication, technologies et développement, 8 | 2020


Robotique éducative et constitution de communs de la connaissance dans les Fa... 3

le Fablab devienne un lieu d’apprentissage de la culture numérique d’une part, un


espace de développement d’une communauté de pratique et d’une culture partagée,
d’autre part.

Les Fablabs dans la philosophie des communs de la


connaissance
La connaissance en communs
Une approche des communs

5 La culture technique est aujourd’hui nécessaire pour que tout individu puisse agir avec
et sur son environnement, gage de sa liberté et de son indépendance dans le contexte
de l’industrialisation des connaissances par le numérique. À la fin des années 1990, les
communautés des défenseurs du logiciel libre, le plus souvent militants, se développent
sur la base du bénévolat et du volontariat, à l’instar de la communauté Wikipédienne.
Ces groupes souhaitent démocratiser la culture informatique entendue non pas
seulement comme un ensemble de compétences procédurales liées aux ordinateurs et à
la programmation, mais aussi comme la capacité à comprendre la place du numérique
dans les rapports sociaux, à résister à l’informatique d’entreprise, propriétaire, et à
préserver des « communs de la connaissance » (Stallman, 2017), des espaces qui
échappent à l’appropriation privée. Ces espaces connus sous les noms Fablabs,
hackerspace ou makerspace (Lhoste & Barbier, 2016), suivent le mouvement « hacker »
qui s’inscrit dans la culture open source, du faire soi-même (Do It Yourself) et du faire
avec les autres (Do it With Others) (Suire, 2016). Ils proposent des outils et savoir-faire
répondant à la question « comment fabriquer à peu près n’importe quoi » (How to
make (almost) anything)) ». Ils regroupent des personnes issues milieux sociaux, âges et
métiers très variés, le souci de fabriquer étant ce qui les rassemble, dans un espace de
rencontre et de création collaborative. Tous types d’objets en sortent, objets
artistiques, objets de remplacement, prothèses, orthèses, outils. Ils s’appuient sur des
machines de fabrication numérique et des réseaux qui permettent de s’échanger des
fichiers dans le monde entier. Ce sont également des lieux de développement de
stratégies pédagogiques et éducatives qui associent des acteurs différents, en
permettant des interactions autour des compétences en jeu.

Une approche collaborative

6 Le courant pragmatiste représenté notamment par John Dewey considère l’élève


comme un individu capable d’agir dans la société et non l’instrument d’un système qui
le dépasse. Cette activité, indissociable d’un engagement, suppose que l’apprenant soit
considéré comme sujet agissant, acteur de son propre apprentissage et non réceptacle
d’un savoir accumulé. La connaissance acquise par l’expérience est celle d’un être
socialement situé dans le monde, qui interagit nécessairement dans des groupes et avec
des outils qui lui permettent d’appréhender ce monde. L’usage d’un dispositif
numérique spécifique incluant un espace, des outils et des relations sociales est supposé
apporter un cadre d’engagement dans les apprentissages. Célestin Freinet insiste sur
l’éducation du travail et la “nécessité organique d’user le potentiel de vie à une activité
tout à la fois individuelle et sociale, qui ait un but parfaitement compris, et présentant

Communication, technologies et développement, 8 | 2020


Robotique éducative et constitution de communs de la connaissance dans les Fa... 4

une grande amplitude de réactions (...)” en valorisant le “sentiment de puissance”


(Freinet, p. 157). L’un des défis de la recherche est celui de déterminer la place
respective de la situation de projet, de l’espace technique et des interactions sociales
dans l’étayage de la motivation et des apprentissages. Cet étayage repose sur le
développement des compétences psychosociales nécessaires au travail collaboratif dans
des équipes diversifiées, de la créativité, d’une démarche entrepreneuriale, une
éducation à une démarche écocitoyenne, des compétences numériques et techniques
avec une concrétisation sous forme d’un prototype tangible, l’incitation à la mise en
oeuvre d’une démarche transversale et complexe.
7 Il est inutile de convoquer ici l’innovation, concept souvent illusoire ou utopique. Le
FabLab, pas plus que l’utilisation de la robotique, ne constituent une innovation, en ce
qu’ils mobilisent des compétences techniques dans une démarche de projet, ou plus
précisément un apprentissage basé sur la conception (design-based learning) qui n’a
rien de nouveau. André Tricot (2017), qui critique la rhétorique de l’innovation,
souligne que tous les dispositifs de travail en projet autour du « faire » ne sont pas
efficaces sur les apprentissages qui requièrent attention et engagement, outre la
mobilisation de ressources cognitives importantes. Et que les apprentissages en jeu
sont spécifiques : dans le FabLab, on ne peut pas tout apprendre, mais seulement des
connaissances techniques, qui, certes, peuvent servir de levier social à l’envie
d’apprendre. Certaines compétences liées à la manipulation de l’information et des
ressources documentaires sont également en jeu, à travers la lecture ou la création de
documentation technique, ou les projets qui associent la fabrication d’un objet avec des
ressources culturelles nécessitant des recherches d’informations ou de documents.
Dans le FabLab, outre les objectifs, les outils, le réseau social, c’est l’organisation
spatiale des apprentissages qui est mise en évidence, ainsi que la création d’un système
d’information qui permet à de la documentation technique, notamment, de circuler.

La pédagogie en commun : le travail autonome


La question du travail et de la production autonomes

8 Le travail autonome est au cœur de la réflexion pédagogique, comme “moyen de


développement personnel” et comme finalité éducative (Freinet, 1994 : 46). Cette
autonomie a une dimension politique si l’on considère les finalités de l’éducation, qui
doit construire des individus capables de s’inscrire de façon active et critique dans
l’espace public. Pour Freinet, l’apprentissage relève de l’expérience tâtonnée empirique
puis méthodique et scientifique, outils et langage étant intimement liés pour construire
l’autonomie sur l’expérience. La question de l’autonomie est souvent assimilée à celle
de l’individualisation des apprentissages. Or, travailler en autonomie s’apprend et passe
par une prise en charge constante en vue d’atteindre une part de distance vis-à-vis de
ses propres acquis et apprentissages (Liquète, Maury, 2007). Le travail autonome
nécessite dès lors des formes d’anticipation et des scénarisations pensées et mesurées
par l’équipe pédagogique afin que l’apprenant ne perde pas le fil des objectifs à
atteindre tout en conservant une part d’initiative personnelle face à la tâche. L’une des
plus grandes difficultés pour l’enseignant est de suivre suffisamment précisément les
groupes afin d’identifier la part de travail et de production de chacun, tout en
reconnaissant au groupe une capacité à dépasser la seule somme des initiatives
personnelles. Travailler de manière autonome exige également d’identifier les styles

Communication, technologies et développement, 8 | 2020


Robotique éducative et constitution de communs de la connaissance dans les Fa... 5

cognitifs de chaque apprenant (Rogers, 1968), en s’appuyant sur la force de chacun,


tout en travaillant les points faibles afin de les améliorer dans un contrat enseignant
négocié et accepté de chacun.

Le collectif dans l’autonomie

9 Trop longtemps l’apprentissage des savoirs fondamentaux, comme les approches plus
récentes centrées sur les compétences, se sont focalisées sur l’individu apprenant, en
omettant de considérer la place et le poids du collectif dans les acquisitions de savoir.
Proche de la pédagogie Freinet (Peyronie, 2013 ; Capelle, Lehmans, Liquète, 2017), le
postulat des FabLabs est que l’on s’enrichit personnellement à partir d’une organisation
du travail et de la planification des tâches envisagées dès le départ sur la base d’un
collectif d’individus. Dans ce collectif, chacun a besoin d’information pour avancer mais
aussi besoin de communiquer, et les apprentissages se construisent largement dans la
dynamique de communication. La posture autonome attendue revient alors à être en
mesure de se positionner dans l’activité collective, d’en sortir pour réaliser d’autres
tâches au fur et à mesure et d’auto-évaluer son apport et les éléments manquants pour
que l’apprentissage soit complet. C’est également une posture autoréflexive qui est
attendue de la part des enseignants et des médiateurs impliqués (Morandi, 2001).

La motivation et la persévérance

10 Enfin, le FabLab, comme la manipulation de robots, permettent de travailler sur une


dimension essentielle pour les apprentissages et la persévérance, celle de la motivation.
Le rôle et l’importance de la motivation dite « intrinsèque » » ont été le sujet de
plusieurs études dès les années 1950 en psychologie et en pédagogie. La motivation
intrinsèque s’oppose à la motivation extrinsèque dans la mesure où son objet n’est pas
la satisfaction de besoins liés à des stimuli extérieurs spécifiques, comme la réponse
aux besoins primaires, mais l’attrait de certaines activités pour « elles-mêmes » et ce
qu’elles représentent pour l’apprenant. Les comportements que l’on attribue
d’ordinaire à la curiosité, à la recherche de la nouveauté ou au plaisir de l’exploration,
seraient le résultat de ce type de motivation. La relation entre la motivation
intrinsèque et l’efficacité des apprentissages à l’école a été montrée de nombreuses fois
dans la littérature, et plusieurs méthodes ont été ainsi développées pour la mesurer
expérimentalement, notamment sur la base de questionnaires (Ryan, Deci, 2000). Ainsi,
persévérance scolaire et motivation dans l’acquisition de savoirs et de compétences
sont étroitement liées, la démarche par essai-erreur de l’apprenant ayant toute sa
place.
11 Célestin Freinet a été l’un des premiers à proposer d’ouvrir l’école sur le monde
extérieur et ses réalités concrètes, comme dans le cas du jardin pédagogique. Dans le
système scolaire actuel, en effet, les élèves en décrochage scolaire, ayant perdu toute
appétence pour l’apprentissage, inadaptés à une organisation scolaire rigide réglée par
l’évaluation et la sanction, sont susceptibles de retrouver le plaisir d’apprendre dans
des “outre-lieux” tels que les Fablabs, qui permettent de passer de la conception au
prototypage puis de la mise au point à la réalisation d’objets. Ces lieux d’apprentissage
et espaces de créativité favorisent la rencontre et les interactions de différents acteurs
autour d’objets partagés pour des usages différenciés dont on fait l’hypothèse qu’ils
peuvent aider des jeunes en difficulté ou en décrochage par rapport à leur parcours

Communication, technologies et développement, 8 | 2020


Robotique éducative et constitution de communs de la connaissance dans les Fa... 6

scolaire. En effet, les compétences dans l’activité valorisent l’estime de soi à travers un
espace-temps en décalage par rapport à l’école, qui laisse toute sa place à la démarche
d’essai-erreur et aux interactions. Le travail accompagné se réalise le plus souvent à
plusieurs, sur le mode de projet visant à s’organiser pour atteindre un objectif
commun. L’atteinte de cet objectif représente alors une réussite qui permet de
regagner confiance et de se sentir valorisé.
12 Dans ce cadre, les objectifs du projet visent une activité non maîtrisée (non formalisée à
l’avance dans le détail des activités), nécessitant une réflexion, une adaptation, un
entraînement (avec des échecs possibles dans une démarche d’essai-erreur) pour
développer des tâches plus ou moins complexes. L’expérimentation repose sur
l’hypothèse que la fabrication d’objets donne un sens à l'activité et aux apprentissages,
crée des liens entre différents apprentissages et acteurs de l’éducation, suscite la
curiosité et donc la motivation, valorise la réalisation et les compétences acquises.

Problématique et éléments de méthode


Une problématique à trois niveaux

13 Dans le cadre de la recherche et des démarches-actions engagées au sein du collectif


Persévérons (recherche e-Fran 2016-2020) composé de chercheurs et d’acteurs de la
médiation, nous avons choisi de réfléchir à une problématique de recherche
imbriquant trois niveaux de réflexion :
14 - premièrement, le niveau individuel : dans quelle mesure, la robotique éducative
engagée dans les FabLabs permet-elle d’augmenter les niveaux de persévérance et de
performance des apprenants observés par nos soins ?
15 - deuxièmement, le niveau collectif : en quoi, le vivre et le construire ensemble, autour
de temps de production et de réalisation négociés, permettent-ils à chacun de mieux
vivre l’expérience pédagogique et d’augmenter le niveau de performance de chacun ?
En quoi le robot au centre de l’activité permet-il de formaliser le travail préparatoire
des élèves ?
16 - troisièmement, le niveau expérientiel : dans quelle mesure, l’apprentissage hors les
murs de la salle de cours, dans un espace d’expériences et une approche de « médiation
sensible » (Fabre, 2017) permet-il de mieux évoluer, d’oser et de prendre plaisir à vivre
ensemble afin de réaliser au mieux un ensemble de tâches ?

Un recueil de données tridimensionnelles

17 Au fur et à mesure de la construction d’un protocole revendiquant une appréhension


complexe du micro-pédagogique, nous avons opté pour la triangulation des méthodes,
combinant trois approches :
18 - d’une part, la description des dispositifs pédagogiques proposés par les enseignants et
les médiateurs en tentant de caractériser les composantes clefs des agencements et des
scénarii d’usages envisagés en amont de l’activité elle-même ;
19 - d’autre part, l’observation des activités en situation, en se centrant prioritairement
sur les interactions et résolutions des tâches de la part des apprenants, tout en
considérant les éventuels décrochages au cours des activités ;

Communication, technologies et développement, 8 | 2020


Robotique éducative et constitution de communs de la connaissance dans les Fa... 7

20 - enfin, le recueil de la parole des apprenants en fin de la séquence de travail afin de


revenir sur les temps forts vécus et les moments clefs perçus par l’enquêteur,
notamment afin de considérer les éléments d’explication et de rationalité portés par les
acteurs ; ceci nous permet de recueillir des verbatim en tant qu’unités d’explication au
sens de la réalité et de la rationalité de l’apprenant.
21 Dans ce recueil, plusieurs dimensions sont particulièrement visées :
22 - les modes de travail et de communication dans le cours du projet, la spatialisation, la
temporalité ;
23 - les interactions sociales : dans une journée, sur un temps plus long (entre les élèves,
entre les adultes et les élèves), les affiliations ou désaffiliations ;
24 - les interactions hommes-machines, les évolutions des comportements et des modes de
travail, les méthodes de recherche, de recueil d’information, de projection et de
fabrication, de communication autour des projets des élèves.

Le contexte malien
La robotique au Mali

25 La robotique, bien qu’elle constitue une nouveauté et qu’elle ne soit pas encore
vraiment ancrée dans les pratiques technologiques africaines, commence à gagner du
terrain sur le continent. Des travaux qui font appel à la robotique sont répertoriés un
peu partout en Afrique. Au Sénégal la première édition de la Panafrican Robotics
Competition (PARC) a eu lieu en 2016. Au Togo, un jeune s’est lancé dans la
transformation des déchets électroniques en robots. Il parcourt les écoles avec son
robot pour sensibiliser les élèves à l’importance de la protection de l’environnement à
travers le recyclage et les intéresser aux technologies numériques. Dans le domaine de
l’éducation, des centres et des stages de formation, des écoles en robotique ont vu le
jour au Cameroun, en Namibie, au Rwanda et en Afrique du Sud en 2018. Certaines de
ces écoles dépassent le cadre éducatif pour tendre vers un cadre sociétal. Elles
proposent des programmes encourageant les filles dans la robotique. C’est le cas du
centre NextGen au Cameroun et du centre de formation de la Meta Economic
Development Organization en Afrique du Sud. Elles sont destinées à contribuer à
l’émancipation des femmes, considérée comme un défi majeur à relever pour l’Afrique.
En 2018, le Mali a inauguré son premier centre de formation en robotique. L’ouverture
de ce centre a été motivée par le succès en 2017 d’un groupe de jeunes lycéens et
collégiens au Panafrican Robotics Competition (PARC) et au concours de robotique
organisé par la First Global à Washington. Les jeunes maliens ont remporté le deuxième
prix sur 157 équipes. Ce groupe d’élèves se compose de 20 lycéens et 21 collégiens. Ils
ont été formés par l’Education pour un Monde Moderne Mali Emergent Robots Mali
(EMMME) en collaboration avec le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la
Recherche Scientifique (MESRS) du Mali suite aux propositions formulées lors de la
première édition de la Fête des Sciences en décembre 2016. L’objectif de cette rencontre
est d’offrir un espace d’échange et de réflexion pour attirer le plus d’élèves vers les
filières scientifiques et techniques.
26 Avec l’appui de L’UNESCO en 2018, ces élèves ont suivi un ensemble d’activités visant à
acquérir des compétences en robotique et à vulgariser la robotique dans le monde
éducatif. Ces activités étaient, entre autres, centrées sur la formation d’une équipe

Communication, technologies et développement, 8 | 2020


Robotique éducative et constitution de communs de la connaissance dans les Fa... 8

nationale de robotique pour participer aux compétitions internationales, la création de


clubs de robotique dans les établissements scolaires et universitaires, l’ouverture d’un
espace universitaire de développement des projets robotiques. En 2018, l’équipe
participe à la deuxième édition de la Panafrican Robotitcs Competition au Sénegal.
D’autres pays africains comme le Nigéria, le Sénégal et l’Afrique du Sud ont également
participé à cette compétition. L’équipe malienne a remporté le premier prix de la
catégorie TECH League et ENGINEERS League et le troisième prix de la catégorie STAR
league. Ces activités ont motivé plusieurs jeunes qui ont investi dans des start-up,
comme Donilab, qui, en plus de proposer d’autres services, offre un espace de
collaboration autour du numérique et de la robotique. D’autres passionnés de robotique
et n’ayant ni accès aux espaces dédiés ni soutien des institutions s’organisent tant bien
que mal pour échanger leurs connaissances. C’est le cas des étudiants de l’Université de
Ségou, à travers la création d’un FabLab.

L’émergence de FabLabs africains

27 Depuis quelque année nous assistons à une émergence considérable du nombre


d’espaces de partage, d’échange, de collaboration et de création numériques en Afrique.
Une aubaine qui permet de réduire la fracture numérique et de répondre à des enjeux
environnementaux et éducatifs. À partir des opportunités et de l’évolution du
numérique, des Fablabs ont été créés un peu partout. En 2018 le Réseau francophone
des Fablabs d’Afrique de l’Ouest (ReFFAO) est lancé au Benin. Il regroupe une dizaine de
Fablabs du Benin, Togo, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Mauritanie, Sénégal et du Mali. Les
objectifs de la création de ces Fablabs diffèrent : offrir un espace d’innovation ouvert,
comme celui du Woelab ; préserver et ltransmettre des savoir-faire traditionnels,
comme celui de Studio Wudé ; répondre aux besoins d’une communauté, comme le cas
de DefKo Ak Niep ; ou créer un appui pédagogique. Le Polylab de l’Université Thiès
entre dans ce cadre. Selon Stéphanie Leyronas et Tamatoa Bambridge (2018), les fablabs
Africain se distinguent de leurs homologues européens et américains par trois traits.
28 - L’innovation frugale et la “bidouille” sont au cœur du dispositif. Ils se proposent de
trouver une solution aux problématiques locales avec le peu de ressource à leur
disposition privilégiant le recyclage et les outils open source.
29 - Ils s’inscrivent dans des contextes économiques et financiers difficiles. La majorité
sont ouverts sur les seuls fonds propres de leur fabmanager. Certains bénéficient de
l’appui financier d’un organisme international comme la Fondation Orange Solidaire ou
OIF. Ces appuis sont aléatoires et ne les sécurisent pas financièrement. La plupart
proposent des services payants pour la survie de l’espace.
30 - Ils sont producteurs à la fois de communs informationnels mais aussi de communs
éducationnels. Ils proposent des ateliers de formation à destination d’un public large :
le Jerry school pour OuagaLab (Burkina Faso), un programme pour l’apprentissage
d’assemblage d’ordinateurs à destination des élèves du primaire ; des camps de
formation pour BabyLab (Côte d’Ivoire) et Defko (Sénégal) ; la formation des
professionnels locaux pour Blolab (Bénin), Ker Thiossane (Sénégal).

Première démarches d’expérimentation : l’université de Ségou

31 Dans le cadre de notre projet de recherche, une étude a été menée pour analyser l’effet
d’un Fablab dans l’accompagnement pédagogique des étudiants dans le contexte

Communication, technologies et développement, 8 | 2020


Robotique éducative et constitution de communs de la connaissance dans les Fa... 9

malien. D’une part, elle a consisté à la mise en place d’un Fablab à l’Université de Ségou,
d’autre part, à mettre des étudiants en activité sur des projets autour de la robotique
dans ce lieu. L’observation participative et les entretiens ont permis de recueillir des
données.
32 Le Fablab mis en place, SégouLab, dispose de deux espaces : une salle technique et un
espace d’échange et de restitution. La salle technique contient des outils numériques et
des kits robotiques. Elle est ouverte aux étudiants et enseignants pour la réalisation des
projets pédagogiques. L’espace d’échanges et de restitution appelé « CHIKORO » (sous
l’arbre de karité) est un espace en plein-air dans lequel sont organisées les séances de
restitution des travaux où chacun expose son projet, l’état d’avancement de celui-ci et
les points de blocage. Chaque projet est examiné par les équipes participantes. Des
pistes de solutions sont proposées et débattues. Cette forme d’organisation est motivée
par le souci de prendre en compte une pratique communicationnelle répandue au Mali.
Cette pratique consiste à se réunir pendant les heures de pause, généralement par
tranche d’âge, en plein-air, pour partager du thé et discuter de l’actualité. Ces lieux
sont des espaces dans lesquels les informations et les connaissances sont mises “en
commun”, des communs de la connaissance.
33 Les étudiants accueillis, au nombre de dix-neuf, six filles et treize garçons dont six
professionnels, ont été répartis en quatre groupes. Ils ont été initiés à la
programmation et ont échangé avec les stagiaires et accompagnateurs du Fablab
Coh@bit1 par Riot2, l‘objectif étant de concevoir des robots.

Premiers résultats : éléments de tendance recueillis


Apprendre autrement

34 Il faut souligner que les étudiants n’avaient jamais visité physiquement un Fablab ni été
en contact avec les outils numériques tels que les imprimantes 3D ou la découpeuse
laser qu’on trouve dans les Fablabs. L’expérience s’est déroulée sur cinq jours (du lundi
au vendredi). Le premier jour de découverte de la robotique s’est terminé avec une
séance de restitution à CHIKORO qui a donné lieu à la rédaction d’un rapport journalier,
comme tous les autres jours. Le deuxième jour, les apprenants ont travaillé sur
l’impression 3D. À partir du troisième jour jusqu’au dernier, les étudiants ont travaillé
sur la fabrication des robots avec les pièces mises à leur disposition.
35 À l’issue de cette expérience, il ressort que la motivation, l’autonomie et le
développement personnel des étudiants sont influencés par la participation au projet.
Les séances censées se terminer à 18 heures s’étiraient jusqu’à 20 heures. Les étudiants
expliquent : « On a pensé que le temps était trop juste pour terminer alors qu’on voulait
absolument voir le robot fonctionner », « la nuit, la connexion internet est beaucoup
plus stable, ça nous permet d’aller plus loin dans nos recherches » ou encore « j’avais
dit à la maison qu’on fabriquait un robot, ils ne me croyaient pas. Il fallait que ce robot
marche ». Ces propos dénotent leur engagement dans le projet. Cet engagement était si
fort qu’ils ont transformé des tâches scolaires en projets personnels, ce qui peut
s’expliquer par leur perception de l’environnement du Fablab. Ce dernier met à leur
disposition un espace d’échange en harmonie avec leurs pratiques d’information et de
communication, des outils numériques nouveaux pour eux et des pièces électroniques
hors de leur portée dans le contexte universitaire ‘’normal ‘’. Ils étaient motivés.

Communication, technologies et développement, 8 | 2020


Robotique éducative et constitution de communs de la connaissance dans les Fa... 10

36 L’objectif de l’autonomie dans le contexte scolaire est de permettre à l’apprenant de


prendre en charge son apprentissage. C’est tout un processus qui se construit dans un
collectif pour amener l’apprenant à mobiliser ces connaissances antérieures, interagir
et s’adapter pour pouvoir construire son propre savoir (Liquète, Maury, 2007). Elle
sous-entend que l’apprenant, dans ce processus, collabore avec ses pairs et soit orienté,
encouragé par l’enseignant. L’enseignant doit passer du rôle de prescripteur à celui
d’accompagnateur pour que l’apprenant puisse s’autoévaluer et évoluer par essais-
erreur. Les étudiants sont parvenus à une organisation centrée sur la communication et
la collaboration dans laquelle il était difficile de distinguer les différents groupes. Dans
un groupe, un étudiant (professionnel) affirme : « on dit souvent lorsqu’on veut aller
vite il faut aller seul mais lorsqu’on veut aller plus loin, il faut aller avec les autres ».
Tous affirment avoir collaboré avec les autres, membres de leur groupe ou d’autres
groupes. Ils affirment aussi avoir apprécié la posture de l’enseignant. Celui-ci avait
adopté une posture d’accompagnateur. Selon une étudiante « Je sais qu’on est venu à
l’école pour travailler mais de temps en temps ne pas faire de différence entre le
professeur et l’élève, je pense que ça doit être considéré. Ça met l’élève à l’aise, ça lui
donne le courage de travailler ». Un autre étudiant (professionnel) nous dit d’avoir été
« émerveillé » par « le climat entre professeur et étudiants » parce que « quelque part
on ne pouvait pas reconnaître qui est le professeur qui est l’étudiant ».
37 Le Fablab semble ainsi favoriser le développement personnel qui vise une
« transformation de soi », soit pour se « défaire de certains aspects pathologiques »
comme la phobie, l’anxiété, la timidité ou pour améliorer ses performances (Wagnon,
2018). Une étudiante (régulière) nous fait savoir qu’elle a amélioré ses performances
tant sur le plan communicationnel que sur le plan rédactionnel. Le travail au Fablab a
libéré ses capacités d’écriture qu’elle ne soupçonnait pas. Elle nous dit :
« personnellement si on avait dit de faire un rapport sur tout ce qu’on a vu en classe, je
n’allais pas dépasser au maximum deux pages mais là je parviens à dépasser au
minimum deux pages par jour ». D’autres nous rapportent qu’ils avaient des difficultés
à s’exprimer ou à travailler en groupe et que la semaine leur a permis de surmonter ces
difficultés. Ainsi, « travailler en équipe ou en groupe, j’avais des difficultés, ça m’a
permis de surmonter ces difficultés et je pense que, dans les jours à venir, le travail en
équipe ne me causera plus de problème ». Une étudiante (régulière) peut s’exprimer
paisiblement, alors que « avant la semaine, je m’énervais quand j’expliquais et que les
autres ne me comprenaient pas ».
38 Il semble donc que le projet sur la robotique et les dispositifs numériques, tous deux
nouveaux pour ces étudiants, conjugués à l’espace, sont à la base des impacts observés.
Fabriquer des robots en utilisant les dispositifs numériques nouveaux dans un espace
culturellement familier est à l’origine de la persévérance des étudiants. Cette
expérience met en lumière l’importance d’un Fablab dans l’accompagnement
pédagogique des étudiants à Ségou. Elle soulève aussi la question de la difficulté de la
mise en place et la pérennité d’un tel lieu. Cette difficulté est d’ordre matériel et
humain pour l’accompagnement des étudiants. Les dispositifs numériques qu’on
retrouve dans les Fablabs sont rarement disponibles sur le marché malien. Peu de sites
de vente en ligne livrent au Mali. Ces facteurs rendent les conditions d’acquisition
difficiles et augmentent considérablement les frais de matériels indispensables dans les
Fablabs. L’utilisation pose également problème, étant donné qu’il y’a peu d’enseignants
qui maîtrisent ces outils et sont disponibles pour accompagner les étudiants.

Communication, technologies et développement, 8 | 2020


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Les conditions d’un essaimage ouvert à l’interculturel des


apprenants et des enseignants

39 Les Fablabs sont des espaces privilégiant la collaboration et le partage de savoirs et de


savoir-faire. Ces collaborations et partages au départ internes, pour prendre en charge
les besoins d’une communauté donnée, se sont rapidement externalisés pour atteindre
une dimension beaucoup plus large. Cela peut aller du partage des techniques de
fabrication sur des plate-formes libres d’accès à l’essaimage en vue de créer des sous-
espaces. Le site thingiverse3 est une plate-forme de partage orienté impression 3D. Des
milliers de model 3D, directement imprimables sont accessibles gratuitement. Il offre la
possibilité de partager ses models 3D avec les autres. Le wikilab 4 est une sorte
d’encyclopédie où tout « maker » peut partager ses tutoriels en accès libre et gratuit.
Les tutoriels sont détaillés à tel point qu’ils précisent le niveau de difficulté, la durée et
le coût pour chaque objet en question. En plus du français, les tutoriels sont en anglais,
espagnol, italien, portugais et/ou en allemand. Le site propose même après avoir créé
un compte de participer à la traduction de la plateforme dans d’autres langues. Il est
clair que cette plate-forme met un accent particulier sur l’interculturalité et tente de
l’intégrer dans son processus de démocratisation du savoir. Le partage de l’information
et de la documentation sont à la base de ce processus, au Mali comme en France, et
entre les pays. On voit se construire dans les Fablabs une véritable culture du partage
autour des données, que les élèves et les étudiants expérimentent personnellement.
40 La dynamique de l’essaimage est à la base de l’expansion des Fablabs dans le
monde. Elle est le résultat des rencontres inter-individuelles, de l’utilisation d’espaces
et de la participation à des événements « makers ». L’association Ping 5, par exemple, est
à l’origine de la création du centre social du chemillois et du Baraka’Lab dans le pays de
Loire. Deux makers bretons sont allés créer un makerspace à Hué au Vietnam en 2013.
Doualab au Cameroun a vu le jour suite à la visite du promoteur du Fablab Electrolab de
Nanterre6. Ce mouvement de Fablabs favorise l’interculturalité et pourrait permettre
aux étudiants et enseignants de découvrir d’autres réalités. L’ouverture à l’interculturel
des étudiants et enseignants peut se concrétiser à travers des échanges à l’image de
projets en commun à distance de groupes d’étudiants de différentes universités, de
stages dans des Fablabs des pays étrangers et/ou par des programmes de tutorat à
distance.

Conclusion
41 L’ampleur des phénomènes de décrochage scolaire et des défis que rencontrent tous les
pays, particulièrement en Afrique, pour assurer une scolarité à tous, est de plus en plus
préoccupante. C’est du côté de l’école et de l’université que des actions peuvent être
mises en place avec des perspectives de changements significatifs si le levier de la
motivation est correctement activé. La robotique, comme le numérique plus largement,
sont souvent considérés comme un élément déterminant de ce levier, pas tant à cause
de la fascination pour l’objet technologique ou pour l’image, que dans leurs
potentialités pédagogiques et les perspectives de renouvellement des pratiques de
classe. Le Fablab démultiplie des effets de levier, tout en ouvrant les perspectives
d’éducation et de formation vers une culture du partage, et pas seulement une culture

Communication, technologies et développement, 8 | 2020


Robotique éducative et constitution de communs de la connaissance dans les Fa... 12

des données. Que l’on parle de pédagogie du détour, du jeu, ou du projet, la robotique et
les Fablabs permettent d’intégrer des formats et des modalités pluriels d’apprentissage,
de renverser la perspective de l’enseignement frontal qui a marqué ses limites, tout en
repensant la question de l’autonomie dans les apprentissages et du partage de la
connaissance.

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NOTES
1. Le Fablb Coh@bit est un des partenaires du projet Perseverons et a accueilli Mohamed
Coulibaly en stage durant l’année 2018 : https ://www.iut.u-bordeaux.fr/cohabit/

Communication, technologies et développement, 8 | 2020


Robotique éducative et constitution de communs de la connaissance dans les Fa... 14

2. Outil permettant aux usagers d’internet de passer des appels téléphonique ou video : https ://
about.riot.im
3. https ://www.thingiverse.com
4. https ://wikifab.org
5. https ://info.pingbase.net
6. http://www.makery.info/2017/04/28/tribulations-dun-maker-en-afrique-longola-fablab-
ouvre-a-yaounde/

RÉSUMÉS
Depuis quelques années, de nouveaux espaces d’apprentissage et de production ont vu le jour
sous forme de FabLabs. Cet article se propose de présenter et d’analyser l’intérêt de la robotique
éducative au sein de ces nouveaux d’espaces, tout en montrant les conditions et les difficultés à
transférer ces espaces et ces pratiques dans plusieurs contextes, à travers une première initiative
au Mali.

Recently, FabLabs have been used and considered as new learning and production spaces. This
communication will present and analyze activities in the field of educational robotics within
these new spaces, while showing the interest, conditions and limits to transfer these spaces and
practices in other contexts, like in an initiative in Mali.

En los últimos años, han surgido nuevos espacios de aprendizaje y producción en forma de
“FabLabs”. Este artículo propone presentar y analizar actividades en el campo de la robótica
educativa dentro de estos nuevos espacios, al tiempo que muestra las condiciones y dificultades
para transferir estos espacios y prácticas en otros contextos, a través de una primera iniciativa en
Mali.

INDEX
Mots-clés : fabLab, espace collaboratif, robotique éducative, apprentissage collectif,
interculturalité, commun de la connaissance
Palabras claves : Espacio colaborativo, Robótica educativa, Aprendizaje colectivo,
Interculturalidad, Conocimiento común
Keywords : FabLab, Collaborative Space, Educational Robotics, Collective Learning,
Interculturality, Knowledge Commons

AUTEURS
ANNE LEHMANS
Maître de conférences en Sciences de l’information et de la communication, Université de
Bordeaux, IMS-UMR5218
anne.lehmans@u-bordeaux.fr

Communication, technologies et développement, 8 | 2020


Robotique éducative et constitution de communs de la connaissance dans les Fa... 15

VINCENT LIQUÈTE
Professeur des université en Sciences de l’information et de la communication, Université de
Bordeaux, IMS-UMR5218
vincent.liquete@u-bordeaux.fr

MOHAMED COULIBALY
Université de Ségou, Mali, Université de Bordeaux
mohamed.coul.info@gmail.com

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Communication, technologies et
développement
8 | 2020
Robotique avancée, intelligence artificielle et
développement

Artificial Intelligence in
Media :Journalists’Perceptions and Organizational
Talk
L'intelligence artificielle dans les médias : Perceptions des journalistes et
discours sur l'organisation
Inteligencia Artificial en los medios de comunicación : Percepciones de los
periodistas y charla organizativa

Yang YU, School of International Journalism and Communication, Beijing


Foreign Studies UniversityKuo HUANG and China Radio InternationalBob
JONES

Electronic version
URL: http://journals.openedition.org/ctd/3262
DOI: 10.4000/ctd.3262
ISSN: 2491-1437

Publisher
Chaire Unesco Pratiques émergentes en technologies et communication pour le développement

Printed version
ISBN: 2491-1437

Electronic reference
Yang YU, School of International Journalism and Communication, Beijing Foreign Studies
UniversityKuo HUANG and China Radio InternationalBob JONES, « Artificial Intelligence in
Media :Journalists’Perceptions and Organizational Talk », Communication, technologies et
développement [Online], 8 | 2020, Online since 30 June 2020, connection on 20 July 2020. URL : http://
journals.openedition.org/ctd/3262 ; DOI : https://doi.org/10.4000/ctd.3262

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Communication, technologies et développement


Artificial Intelligence in Media :Journalists’Perceptions and Organizational ... 1

Artificial Intelligence in
Media :Journalists’Perceptions and
Organizational Talk
L'intelligence artificielle dans les médias : Perceptions des journalistes et
discours sur l'organisation
Inteligencia Artificial en los medios de comunicación : Percepciones de los
periodistas y charla organizativa

Yang YU, School of International Journalism and Communication, Beijing


Foreign Studies UniversityKuo HUANG and China Radio InternationalBob
JONES

Introduction
1 This year in 2020, China’s Xinhua News Agency and Sogou company worked together
and rolled out in May their first 3D version of AI news anchor mimicking the looks and
voices of a female human journalist, adding to the current line of virtual presenters.
This 3D AI news anchor can move around the studio in a smoothly manner, and claims
to be able to go out of the studio doing reporting in the near future. “She” can even
change her hairstyles and outfits accommodating to various scenarios. 1
2 The concept of “artificial intelligence” as we know it, can be traced back to the middle
of the last century. In 1950, in his paper Computing Machinery and Intelligence, the British
mathematician Alan Turing attempted to answer the question of machine intelligence
by formulating a thought-experiment, also known as the Turing test, which is
considered as the foundation of the philosophy of artificial intelligence. The
fundamental question of “Can machines think ?”(p.433) is increasingly valid today. The
machines could learn and develop in their own way. Actually many predictions of
Turing has come true. One example is that machines will compete with human in
nearly all intellectual areas, such as playing chess ! The program AlphaGo beating the

Communication, technologies et développement, 8 | 2020


Artificial Intelligence in Media :Journalists’Perceptions and Organizational ... 2

top human player serves as sound evidence of the potential of what computer
intelligence could achieve.

Narrow AI, General AI and Super AI

3 These sensitizing concepts are useful to help understand the evolvement of AI before
the discussion goes further. Narrow AI is also known as “weak” AI that has no self-
consciousness or emotions. It is programmed in such a way that only a single task is
performed at one time, such as collecting raw material to produce news reports.
Currently we are still in the narrow AI age and this type of AI is what is mainly
discussed about in this study. General AI or “strong” AI is considered to be able to make
decisions as human intelligence does, acting equivalent to human beings. General AI
possesses human emotions and intelligence such as self-awareness, sentiment or even
cross-cultural consciousness. Super AI, however, is predicted to excel human in every
aspect such as innovation or the ability of multi-tasking (Jajal, 2018). Some of the most
high-profile figures in the field have raised concerns about the rise of artificial
intelligence. Scientist Stephen Hawking warned that AI could become the “worst event
in the history of our civilization” unless the humans are prepared for the possible risks
it poses (Molina, 2017).
4 As AI technology progresses from simple computational AI, to perceptual AI and then
to complex cognitive AI, and with the advancement of computer language processing
technologies, AI is gradually finding its way into the areas of, finance, medical
treatment, security, aerospace and auto piloting, retail, education and so on. In
particular, it is eyeing the huge user appeal from the media industry and the prospect
of tremendous economic benefits. While the approach is broadly welcomed by media
organizations, who see the potentials offered by such development, the feelings of the
human journalists are less cared about.
5 This article aims to explore the perceptions of media practitioners in Chinese media
outlets as to the impact of AI on their employment prospect, and attempts to gain a
better understanding of how talk/discourse about AI is shaping perceptions at the
individual (micro) level and institutional communication at the organizational (meso)
level.

Social ecological framework


6 Social ecological framework is regarded as an interdisciplinary approach that evolved
and culminated in the 1960s and 1970s to better understand the interplay between
social and cultural contexts and human development, and to address the impact of
structural and situational factors (Brofenbrenner, 1973 ; Ting-Toomey & Oetzel, 2013 ;
Rosa & Tudge, 2013). This theory has evolved over several phases since its incarnation,
among which phase one (1973-1979) was characterized with the fullest definitions of
the multiple levels of the ecological environment factors in relation to human
development (Rosa & Tudge, 2013). This model points out that the ecological
environment contains multiple systems and structures, namely microsystem,
mesosystem, exosystem and macrosystem, each nested within the next (Brofenbrenner,
1977). One core assumption of social ecological approach emphasizes the
interconnections and the mutual influences between the social and physical settings

Communication, technologies et développement, 8 | 2020


Artificial Intelligence in Media :Journalists’Perceptions and Organizational ... 3

and the participants in those settings (Stokols, 1996). That perspective is relevant with
this research when the media industry is conceived as an ecological setting. This media
ecology exerts influence on the well-being of its participants and vice versa, among
which the perceptions of human journalists (micro-level) and how the media
organizations communicate the workplace automation (meso-level) are of particular
interest to this study. As such, two research questions are developed as follows :
7 RQ1 : How do human journalists working in Chinese media industries make sense of/
perceive the impact of artificial intelligence (AI) technology on their employment
prospect ? (micro level)
8 RQ2 : How do Chinese media organizations communicate with human journalists about
the adoption of AI ? (meso level)

Method
9 This study employs qualitative methods to explore the media practitioners’ perceptions
of the impact of AI on their job prospect and how media organizations approach and
communicate this issue. In-depth interviews were utilized so that the participants feel
comfortable sharing their perceptions and comments in a private setting (Harris et al,
2019). The participants in this study all have experiences of working in Chinese media
agencies.

Sample selection

10 The snowball sampling of the eighteen journalists was finalized considering several
factors, so that different types of Chinese media outlets and various posts were
represented in order to reduce bias to minimum. The media outlets selected cover both
government-funded media, commercial media and mixed ownership media
organizations. All have established prestige on the Chinese mainland in their respective
areas in terms of traditional radio, TV, newspapers, social media etc. The journalists’
length of service in the media outlets ranged from two to over thirty years. Their
current posts are various, such as news anchor, reporter, feature editor, producer, copy
editor, social media editor, editorial board member, talk show host, social media
director, commentator, correspondent stationed overseas etc. A total of 18 media
practitioners participated in the interviews, among them 13 Chinese nationals, 1 British
national, 1 Canadian national, 1 Russian national and 2 American nationals.

Data analysis

11 The length of interviews ranged from 40 to 90 minutes. 14 interviews were conducted


in English, while 4 interviews in Chinese. For the interviews conducted originally in
Chinese, they were translated into English verbatim. The lead researcher transcribed
the data into written texts, yielding 458 double-spaced pages.
12 That was then followed by a coding process with mark-up, categorization, and theme
development (Corbin and Strauss, 2008). The data analysis went through three stages of
coding. During the “primary-cycle of coding” (Tracy 2013, p. 189), data was read closely
twice and coded line by line for descriptive codes. This initial stage was open to

Communication, technologies et développement, 8 | 2020


Artificial Intelligence in Media :Journalists’Perceptions and Organizational ... 4

creating and refining codes as meaning emerges. Then the secondary-cycle coding
began to “organize, synthesize, and categorize codes” (Tracy 2013, p. 194). During the
second stage, analytical leaps were made to move from descriptive codes to
interpretive codes by referring to extent literature and theoretical knowledge and
reviewing first-level descriptive codes in an iterative approach. The third stage was for
axial coding where smaller codes were combined into larger categories and
subcategories based on identifying patterns and links between recurring codes (Oliha-
Donaldson, 2020). Exemplars employed for the assistance of analysis were edited for
clarity while preserving the original meaning.

Findings and Discussion


Concluding remarks

13 The findings of this exploratory study have some limitations. Though the participants
cover a range of media outlets and professional positions, they do not represent the
whole landscape. More lesser known media outlets need to be included in the future
study. In addition, the perceptions of AI’s impact on media scholars’ employment are
yet presented in this study, which are likely to be included for comparison and contrast
in the future research.

Acknowledgements

14 The researchers would like to thank the eighteen journalists for their participation and
contribution to this study.

Disclosure Statement

15 No potential conflict of interest was reported by the authors.

Funding

16 This work was supported by the [BFSU Fundamental Research Funds for the Central
Universities # 1] under Grant [number 2020JX045] ; [Beijing Foreign Studies University
(BFSU) Joint Doctorate Program with Overseas Universities #2].

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paradigm-be-the-friction-our-response-tothe-new-lords-of-the-ring-12241996.html June 25.

NOTES
1. Daily Mail. (2020). Chinese state news agency unveils 'the world's first 3D AI anchor' after 'cloning' a
human reporter. https://www.dailymail.co.uk/news/article-8343441/Chinese-state-news-agency-
unveils-worlds-3D-AI-anchor.html May 2020.

ABSTRACTS
Artificial Intelligence’s cost-efficient nature and speed of operation has naturally prompted
many media organizations to consider its broader application in the media industry. But it has
also prompted concern among human journalists that they will be marginalized and ultimately
replaced by AI. This study employs qualitative methods to explore the perceptions of media
practitioners working in Chinese media context in relation to the impact of AI on media
employment, and attempts to shed light on how talk/discourse about AI is shaping perceptions at
the individual (micro) level and institutional communication at the organizational (meso) level.

La rentabilité et la rapidité de fonctionnement de l'intelligence artificielle ont naturellement


incité de nombreuses organisations de médias à envisager une application plus large dans les
médias. Mais elle a également suscité l'inquiétude des journalistes humains qui craignent d'être
marginalisés et finalement remplacés par l'intelligence artificielle. Cette étude utilise des
méthodes qualitatives pour explorer les perceptions des professionnels des médias chinois sur
l'impact de l'intelligence artificielle sur l'emploi et tente de mettre en lumière la façon dont le
discours sur l'intelligence artificielle façonne les perceptions aux niveaux individuel (micro) et
organisationnel (méso).

La eficacia en función de los costos y la rapidez de funcionamiento de la inteligencia artificial ha


impulsado naturalmente a muchas organizaciones de medios de comunicación a considerar su
aplicación más amplia en los medios de comunicación. Pero también ha suscitado la
preocupación de los periodistas humanos que temen ser marginados y eventualmente
reemplazados por la inteligencia artificial. En el presente estudio se utilizan métodos cualitativos
para explorar las percepciones de los profesionales de los medios de comunicación chinos sobre
la repercusión de la inteligencia artificial en el empleo y se intenta arrojar luz sobre la forma en
que el discurso sobre la inteligencia artificial conforma las percepciones a nivel individual
(micro) y organizativo (meso).

Communication, technologies et développement, 8 | 2020


Artificial Intelligence in Media :Journalists’Perceptions and Organizational ... 8

INDEX
Palabras claves: inteligencia artificial ; periodista humano ; charla organizativa ; ecología de los
medios de comunicación, China
Keywords: artificial intelligence ; human journalist ; organizational talk ; media ecology, china
Mots-clés: intelligence artificielle, journaliste humain, discours organisationnel, médias, chine

AUTHORS
CHINA RADIO INTERNATIONALBOB JONES
Independent Journalist

Communication, technologies et développement, 8 | 2020


Communication, technologies et
développement
8 | 2020
Robotique avancée, intelligence artificielle et
développement

Be Right Back : Humans, Artificial Intelligence and


Dasein in Black Mirror
Be Right Back : Humanos, Inteligencia Artificial y Dasein en Black Mirror
Be Right Back : Humains, intelligence artificielle et Dasein dans le Black Mirror

Ingrid Lacerda and Thamires Ribeiro de Mattos

Electronic version
URL: http://journals.openedition.org/ctd/3353
DOI: 10.4000/ctd.3353
ISSN: 2491-1437

Publisher
Chaire Unesco Pratiques émergentes en technologies et communication pour le développement

Printed version
ISBN: 2491-1437

Electronic reference
Ingrid Lacerda and Thamires Ribeiro de Mattos, « Be Right Back : Humans, Artificial Intelligence and
Dasein in Black Mirror », Communication, technologies et développement [Online], 8 | 2020, Online since
30 June 2020, connection on 10 August 2020. URL : http://journals.openedition.org/ctd/3353 ; DOI :
https://doi.org/10.4000/ctd.3353

This text was automatically generated on 10 August 2020.

Communication, technologies et développement


Be Right Back : Humans, Artificial Intelligence and Dasein in Black Mirror 1

Be Right Back : Humans, Artificial


Intelligence and Dasein in Black
Mirror
Be Right Back : Humanos, Inteligencia Artificial y Dasein en Black Mirror
Be Right Back : Humains, intelligence artificielle et Dasein dans le Black Mirror

Ingrid Lacerda and Thamires Ribeiro de Mattos

1 Facing every computer, tablet or smartphone, one sees its opaque reflection in a black
screen. Technology, the modern technique, is present in each part of our daily life.
Brazilian scholar Francisco Rüdiger (2008, 11) states that “modern technology is
founded in a certain type of thought whose common denominator is the thought that
machinery can solve any problem and satisfy all demands of the world, no matter
which is the origin or nature”. Rüdiger later goes beyond, affirming that the present
thought has a “maximalist pretension in stating that the ultimate solution to our
problems is to have machinery overcome the human being through the cyborg, and
later something post-human” (Rüdiger, 2007, 176).
2 But, just for a moment, may we imagine a young engaged couple. As soon as they move
to a family country house the man leaves their home in an afternoon and never comes
back. He left his fiancé, Martha, helpless due to a car accident. At the funeral a friend of
hers tells that she can have him back – and not by spiritual means, she highlights. The
idea seems abominable at first, until she finds out she is pregnant. The loss of her
beloved partner in such a delicate moment leads her to turn to the web data-based
software. The processing gathers information about his involvement in social media
and search mechanisms, outlining a representation of the dead fiancé. In the beginning
it is a mere exchange of e-mails. However, she creates a bond to the specter and moves
to the second phase – phone calls which reproduce the voice of the beloved dead.
Finally, she does not resist to the final stage, and buys the identical doll and uploads all
the data downloaded by the software and voilá, there is dead and buried Ash now
artificially alive in perfect shape.

Communication, technologies et développement, 8 | 2020


Be Right Back : Humans, Artificial Intelligence and Dasein in Black Mirror 2

3 Parting from the assumption that technology is not only understood as mere artifacts,
but as a narrative about reality (Tomaz 2016a), it becomes necessary to discuss its
implications in society. The confrontation of this relationship is noticeable in the
British TV show Black Mirror, created by Charlie Broker, aiming to discuss the excessive
interaction between humans and technology. The Guardian listed the 50 best television
shows in 2016 and placed Black Mirror as 6th in the rank. The episode described above is
called Be Right Back (second season, episode one).
4 However, when we reach the point to find technique presenting itself as something
body-like going beyond the virtual space, one might find it hard to distinguish what is
either machine or human, and such categories appear to be insufficient in the
discussion. “For one of the most important questions in our time is exactly : where does
the human end, and where does the machine begin ? Or, given the ubiquity of the
machines, would not the order of the question be : where does the machine finish, and
where does the human start ?” (Tadeu 2000, 10). Thus, the question we bring forth in
this study is, how can one understand the relationship between Martha and Ash’s
artificial intelligence doll version and its otherness ? To answer such questions, we will
discuss transhumanism and the question of Being through visions of Alan Turing, Nick
Bostrom, Donna Haraway, counterfeiting Francisco Rüdiger, Tales Tomaz and Martin
Heidegger.

Modern Computing and Artificial Intelligence


5 The modern period was marked by human being’s insatiable attempts to take control of
its own story. Many Technologies were used to manipulate the destiny of the beings.
Activities that were prolonged and costly became more viable after the industrial
revolutions. Rationality and science were considered the source to pave the way to
intellectual evolution and social development, and it is in the era of the joining of
forces between thought and machine that the ideas which make possible to build and
develop digital computers emerged. We can highlight the projects and technological
predictions of Charles Babbage, Ada Lovelace, James Thompson e Kelvin Thompson,
still in the 1930s (Copeland 2008).
6 However, the concept of modern computer stems from the studies of Alan Turing
(1936). He described a digital computer that consisted of unlimited memory and had a
scanning system that could search for specific symbols present in memory or write /
program new symbols (Copeland 2008). At the beginning of modern computing, a form
of Artificial Intelligence is already implicit : the computer would be constructed
harboring the possibility of changing the programming of the machine by the machine
itself. Turing also made the first direct mention of artificial intelligence during a
lecture in 1947 : “What we want is a machine that can learn from experience” (Turing
2004, 393).
7 Throughout the 20th century - specifically after the end of World War II - the apparent
control of human destiny provided by rational principles comes under scrutiny. “This
notion of overdetermination of reality seems unfeasible. It is increasingly evident, as
Rüdiger (2006) says, that this was no more than an illusion of human omnipotence”
(Tomaz 2014, 2). Taking that into account, “can the human mind dominate what the
human mind has created ?” (Valéry apud Bauman 2001, 7). Artificial intelligences have
developed, and today are accessible to the vast majority of the population that owns

Communication, technologies et développement, 8 | 2020


Be Right Back : Humans, Artificial Intelligence and Dasein in Black Mirror 3

laptops, gadgets and / or smartphones. Studies already show that people not only
interact with digital computers in the same way as with people but are more likely to
"identify" with the interests of the computer than with that of other humans (Posard
and Rinderknecht 2015).
8 To Martin Heidegger (1977), we live in the age of technological avaliability. The term
implies a whole trajectory of Heideggerian thought that is constructed starting with a
differentiation between Being and being. Being is a temporal event, it is the capacity to
recognize, to unveil, while beings are all things, creatures, objects, everything that is
known or perceptionalized. With that in mind, Heidegger (1977) calls the human Dasein.
To Heidegger, although every other creature in the world is a being, humans are also
described as Dasein because they are able to perceptionalize the fact that other beings
exist. Marco Casanova (2009) affirms that this notion comes from the idea of facticity in
Heidegger, term that designates "Exactly an articulation between knowledge, truth and
singular life", "an existential opening", that is, the combination of what is found in
being in the world and the relation to it, a fact in which lies a primordial question of
philosophy. (CASANOVA, 2009, p. 22-24).
9 As Tomaz (2016b) puts it, the Dasein is a “permanent opening”. If technology is a “way
to uncover” or to “bring forth”, it is a way of Being - the way the Being reveals itself in
the age of technology (Heidegger 1977 ; Tomaz 2014). The uncovering of the Being in
technology is in likeness of availability ; that is, entities are available for manipulation,
so that they are able to perform certain purposes ; therefore, technology is a way of
Being and acting in which things appear as objects and these can be used to perform
other activities (Tomaz 2016b).
10 This does not mean that digital computers endowed with artificial intelligence have
reached the human level of existence, but that humanity has gone the opposite way,
objectifying beings and their relations. There are no more subjects ; only objects. This
implies that
The old days of separation between natural and artificial, in which the artificial was
normally seen as a mere human instrument for the attainment of its goals, were left
behind. The artifice we create recreates us and becomes the very raw material from
which we derive the repertoire to establish our relations with things and others
(Tomaz 2017, 19).
11 The human is therefore placed as availability, as object, and not as subject, modifying
its relations with the real world. The same thing happens in the so-called virtual
reality, which can be defined as “a space that appears from computing technology”,
where “a window for a new world opens before the human being, mediated by
interfaces” (Paulienne 2016, 18). There is no longer any difference in dealing with the
two realities, because the same logic is established in both : the signs – corporeal or not
– disposed there are available for use. This way of thinking will lead us in the next topic
to the discussion of the human seen as a product or as a commodity. Nick Bostrom
(2005a ; 2005b) proposes that the process of human enhancement makes perfect sense
since we are made of a kind of matter that obeys the laws of nature operating outside
the individual. So, in principle, it would be possible to learn how to manipulate human
nature just as manipulating external objects. This view clearly reveals technical
thinking as a guiding force on the quest to view the human being as availability
through his corporeal matter.

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Be Right Back : Humans, Artificial Intelligence and Dasein in Black Mirror 4

12 Therefore, if before we would confront virtual reality in the sense of an insuperable


screen, or as an environment that withdraws us from the “organic sense of touch” and
obligates us to face a “collapse of the aesthetic distance involved in looking”, we now
note that the virtual environment actually brings a fascination that fills our emptiness
– “proxemics of images ; promiscuity of images ; tactile pornography of images. Yet the
image is always light years away” (Baudrillard 1993, 55). In other words, there is no
longer fear or fright of losing our humanity when facing virtuality, the fascinating
imagery temptation made doubtful the fine line between real and virtual, between
human and machine.

The commoditization of humans


13 Some concerns of the scientific community and of science fiction about the super
artificial intelligences, like the Ashbot from Be Right Back, come from ideas favoring the
constant “improvement” of what it means to be human : we must be prepared to be
refined, evolved, modified – even if it costs us the loss of what we consider presently as
human (Baudrillard 2000). A term that can be adequate for this status of the human
being, as it was mentioned before, is commodity – the term refers to any kind of stock
that can be purchased or sold (Oxford Living Dictionaries 2017). The ethimological
source of commodity is in the Word commodus : “suitable, fit, convenient, commodious,
easy, appropriate, favorable, friendly”. (Lewis 1891, 146). The irony is explicit : the
human being has defined himself more and more by a term that implies its
padronization.
14 The difference between the concepts of human being as a property and human being as
commodity must be highlighted. While the first concerns the sense of property that a
person has upon itself, and the territorial perception of one’s body and mind, the
second, however, is about goods alienable to oneself. According to David Resnik (1998),
the human commodification has two basic formats : parcial and generalized. Cells,
tissues, organs and data of the body and/or human behavior that are bought and sold
are part of partial commodification. Also, under such classification we find actions like
blood donation, organ donation of a living human to another, esthetical modification
and other procedures. A simple and viable example here is that when a person cuts of
some centimeters of its own hair, for he or she does not cease to exist in a holistic
matter due to such event. Thus, these practices do not affect directly the oneness of a
human being (Resnik 1998).
15 However, personhood, although different from corporeality, is within it ; the two
coexist. It is important to notice that this analysis does not adopt a platonic vision of
the human, believing in the separation between body and soul/mind. But we can’t help
to notice that some bodily elements do not directly affect personhood and vice versa.
Even though we think of people as bodies, we do not see specific body parts as people.
Another possible example is that selling an alive human body corresponds to selling
someone’s personhood, just as having absolute control over someone’s body
corresponds to slavery. Only those that maintain a rigid platonic dualism between body
and mind are not able to admit that there is an intimate and raw relation between the
both of them (Resnik 1998).
16 The partial commodification of the human is generally allowed, while the generalized
one is not. The reason for this is the intrinsic connection between the personality and

Communication, technologies et développement, 8 | 2020


Be Right Back : Humans, Artificial Intelligence and Dasein in Black Mirror 5

the corporeality of the human - something not alienable. This perspective adopted by
Resnik is a combination of principles posed by Jean Baudrillard and Donna Haraway. In
describing humanity, Baudrillard argues that the human species is "unable to brave its
own [...] alterity" (Baudrillard 2000, 15), and for this reason there is a technical impulse
for the standardization of the human. In this search, however, we are all endangered of
never really discovering what is in fact human - after all, reality itself is an illusion
(Baudrillard 1983). Haraway also focuses on the issue of otherness and rejects genetic
determinism by stating that "Bodies [...] are not born ; they are made" (Haraway 1991,
208). It is important to note that, in Haraway's view, the "body" encompasses both the
physical and the mental dimensions.
17 When these concepts are applied to the episode Be Right Back, we come to terms that
Ash’s body was commoditized to its extreme. After all, all of him that was available in
both physical and virtual dimension was replicated, giving birth to a type of Ash that
does not get tired, does not feel pain, does not age. Though it seems an improved
version of his original human, the Ashbot does not include the human distinctions, like
imperfection and inconstancy. A great deal of Martha’s complains related to the robot
are precisely critics referent to the absence of these attributes. When the Ashbot tries
to transpire imperfections and inconsistencies his behavior is seen as a performance.
Even when the super artificial intelligence affirms to “feel” scared his screams, for
instance, seem programmed. That is why Ash (the human) does not become Ashbot (the
machine), though he was commoditized completely. He is a mere simulation of who one
day was human (Baudrillard 2000).

New Creatures : Cyborgs, Transhumans, and Post-


Humans
18 As previously mentioned, Rüdiger (2008, 11) affirms that “modern technology is
founded in a certain type of thought whose common denominator is the thought that
machinery can solve any problem and satisfy all demands of the world, no matter
which is the origin or nature” and that is why “we conceive the very lowly reasonable
project of solving technically all of our problems and limitations, to the point of
cancelling ourselves and finding sublimation in some kind of machine-like organism”
(Rüdiger 2008, 14). Thus, technology as a way of being, like stated by Heidegger (2007),
is not only the way an individual understands himself as a being, but also the means by
which he attempts to comprehend and “fix” the world.
19 It is important to trace the difference between the concepts that refer to such
amalgamation between human and machine. To begin with, we must establish the
difference between transhumanism and post-humanism. The first refers to human
enhancement or upgrading, to the process in which human is coated with technology.
Nick Bostrom (2005a, 14) brings the following examples of such idea : “prostheses,
plastic surgery, intensive use of telecommunications, a cosmopolitan outlook and a
globetrotting lifestyle, androgyny, mediated reproduction (such as in vitro fertilization),
absence of religious belief, and a rejection of traditional family values”. Post-
humanism, on the other hand, is the aimed state in which one would exceed oneself or
transcend humanity, reaching a state that should follow humanity in historic
evolution.

Communication, technologies et développement, 8 | 2020


Be Right Back : Humans, Artificial Intelligence and Dasein in Black Mirror 6

20 Another term to be considered is “cyborg”. Donna Haraway defines it as “a cybernetic


organism, a hybrid of machine and organism, a creature of social reality and also of
fiction” (Haraway 2009, 36). Similarly, Tomaz Tadeu (2009, 12) adds to the definition the
idea of a creature that emerges from the combination of two processes (that have been
previously discussed by other authors) : the “mechanization and electrification of the
human” and the “humanization and subjectivity of the machine”. However, for Tomaz
Tadeu, the discomfort of the discussion is founded in the necessity that the cyborg
provokes of decentralizing man from history and dissociating some of his attributes as
exclusively his.
If there is, however, a technohuman creature that simulates the human, who in
everything seems human, who acts as a human, who behaves like a human, but
whose actions and behaviors can not be retroacted to any interiority, to any
rationality, to no essentiality, in short, to none of the qualities we use to
characterize the human, because made of streams and circuits, wires and silicon,
and not of the soft and soft fabric of which we are still made, then it is the very
singularity and exclusiveness of the human that dissolves (Tadeu 2009, 13).
21 Here we find one of the premises of which post-humanism parts – the emphasis in the
fact that we still are humans, made of skin tissue as we know it, but that the possibility
of becoming more resistant and even eternal through technology is actually a natural
response to science evolution, as if likewise the history of humanity begin with
unicellular evolving processes it would now lead us to convert into humanoid
machines, and from further on. Such thought is noticed in the work of Nick Bostrom
and Donna Haraway. She calls herself “a cyborg – a kind of body that represents
technology’s quintessence” (Kunzru 2009, 20).
22 Though such affirmation might be frightening, it does not imply necessarily to be
living under a modified embodiment. According to the interview held by Kunzru (2009,
22-23), Haraway assures that “modern life realities implicate in such an intimate
relationship between people and technology that it is not possible to determine where
we end and where machines start”. Going beyond the possibility of exemplifying our
closeness with technological objects, specially electronics, it is undeniable the
interference of science and technology in human daily basis aiming to enhance the
living, not only in our activities but also our own body – prosthetics, plastic surgeries,
or even as Haraway mentions through Kunzru, bodybuilding, in such way that the body
is seen as a “high performance machine” (Kunzru 2009, 32). It is important to note that,
for her, technology is not neutral, instead we establish two-way relations with that
which we do inside a world of connections, so that “it is important to know who is
made and unmade”. For Haraway, “communication technologies and biotechnologies
are crucial tools in the process of remodeling our bodies” (Haraway 2009, 64).
23 It is interesting to note that in the core of Donna Haraway’s thought lays a
fundamental matter that appears to be similar to that of Heidegger – though it took a
totally opposite direction : the Idea that the essence of technology is not neutral and
acts in the history of humanity in such way that it modifies the relations and the
understanding of the individuals, so that these processes Begin to happen through
technology. However, the difference is that while the German philosopher sees in such
recognition the possibility of freedom from the technical way of being as an ultimate
truth and the openness to other ways of being, the American biologist considers it the
destiny of humanity to accept us as cyborgs and embrace technology.

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Be Right Back : Humans, Artificial Intelligence and Dasein in Black Mirror 7

Is otherness an attribute of humans and machines ?


24 Returning to our characters of the Black Mirror episode, we notice that a new question
rises about them. If Ash and Ashbot are different beings and the oneness of Ash cannot
be transferred to the replicant that intends to simulate him, could we consider that the
Being showed itself differently in the two of them towards Martha ? Could her negative
reaction towards the machine version of her dead fiancé be an evidence of such
difference ? In this logic, the otherness of Ash would have perished along with his
death ; nevertheless, does Ashbot also have otherness – and if he does is it authentic or
forged, once he was programmed to relate to an Other and reproduce mechanically the
reactions of this Other ? Due to such uncertainties, would this product offered by the
clandestine company of this posthumous service be a frail proposal in its own
efficiency ?
25 Tomaz Tadeu (2009, 9) discusses a change in these questions that do not have an easy
and simple answer. To him, we should not worry so much about who is the subject, but
instead ask ourselves if we still want to be subjects – or even wonder, who needs or is
nostalgic about the subject ? At last, one might ask, what comes after the subject ?
Brazilian scholar Tales Tomaz defines otherness as “Other’s characteristic, whom with
we establish a relationship” and “a question about the possibility of a relationship with
another being” (Tomaz 2016b, 1). While Tomaz asks what makes an Other different
from us and not an extension of ourselves, in transhumanism and posthumanism the
question is where human ends and machine begins.
26 Given that otherness means to get in contact with an Other, or have access to an Other,
it is necessary to perceive the Other. Hence, we will go to Heidegger (1988) in The Basic
Problems of Phenomenology to understand the concept of perceptionality. As Tomaz well
summarizes the heideggerian thought, “perception is, therefore, an aiming towards the
percepted”. This means that the percepted, the one to whom one directs itself, should
perceive himself as a target of intentionality. This is a phenomenological structure,
formed of intentio, the act of directing oneself towards an Other, and of intentum, that
who is percepted.
27 This short explanation referred to human beings ; still, there is the doubt if a post-
human creature as Ashbot has the ability to note himself as perceived in his
perceptionality, or even, if he is able to own intentionality when interpellating another
being. However, turning back to the technical way of being in which all beings are seen
as an availability, it is relevant here to consider the interactive communicational media,
where the beings expose themselves as spectrums and build their personas, and it is
towards these personas that we interpellate through text, audio and video messages.
Yet, “even the interpellation of Other in the new media only works because we have
already minimized what Other is” ; and “in that sense, it doesn’t really matter if
Another physical being is behind the signs” (Tomaz 2016b, 12). This same idea exposed
by Heidegger concerning the reduction resulting from viewing the Other as available is
also considered by Jean Baudrillard (1993, 1999, 2000) in a quite similar approach, with
implications close to forgetfulness and death of the human.
28 For the transhumanists and post-humanists, this discussion loses strength due to some
premises held by these defenders that appear to diverge in a totally opposite lane from
the phenomenological views in its core. Nich Bostrom in his A history of transhumanistic
thought, brings a dialogue between different authors of both sides – however, as his

Communication, technologies et développement, 8 | 2020


Be Right Back : Humans, Artificial Intelligence and Dasein in Black Mirror 8

previous quotes revealed, his thought is favorable to the advances of human upgrading
and the creation of artificial intelligences. It is relevant to notice in his work the core of
the difference in the path these thinkers trace on viewing the human being and why
does it end in such opposing sides.
29 Bostrom (2005a) mentions the “yuck factor”, term that summarizes the feeling of
repulse and demonizing of the trans and post-human ideas. He quotes two opposing
thinkers : 1) the British biochemist J. B. S. Haldane, who affirms that from the myths
through history, scientific novelties always brought estrangement and dreadfulness for
people in general, but the benefits of genetic manipulation, for example, would be
inevitable ; 2) the president of the counsel of bioethics in G. Bush era, Leonard Kass, to
whom the aversion feeling caused by such ideas are signs of “wisdom” that comes from
the “gut” of the individuals as a response to the feeling of violation of factors of high
attachment. For the bioethics that corroborate this view, exposed in the text through
the view of prominent bioconservative Francis Fukuyama, the human beings are gifted
with something undefined called Factor X, “which grounds their equal dignity and
rights. The use of enhancing technologies, he fears, could destroy Factor X” (Bostrom
2005a, 24).
30 This basic divergence refers to a supposed undefined human “essence” that would
represent a special value or dignity is only an example of how the paths in relation to
trans and post-humanism are traced. Bostrom also wrote in his text “In Defence of
Posthuman Dignity”, where he discusses the acceptance of an artificial intelligence (AI)
in society and aims to discuss about the biggest fears of people regarding the presence
of AIs among us, such as the subjugation and even extinction of human beings. As one
may notice, this discussion comes to an end where it appears to be remote compared to
what was previously exposed in this study, regarding the technical way of being that
converts everything, even the human being, in availability. Although, once the
technologic view crosses all paradigms and arguments in favor of scientific
development, a reflection about such matters becomes necessary.

Final Thoughts
31 The discussion about the technical availability of the human being and the otherness
of artificial intelligences can be laid in a statement of Nietzsche : “Man is that animal
which is yet to be defined” (apud Heidegger 2013, 9). This phrase implies that the
human being will always be a disturbing factor in the technical cycle that he imposed
himself. Thus, we see that humans cannot be controlled – and consequently will never
be totally emulated by an artificial intelligence. In the case of Be Right Back the
simulation of Ash, the Ashbot, does not convince Martha of its humanity. He lacks its
original’s flaws. That is exactly what Martha misses in it : the unpredictability, the mess
and imperfectness that she found in Ash. The irony of the Ashbot is the client’s
insatisfaction.
32 The viewer can also notice that Ash, as a human, was commoditized while He was still
alive – after all, the material that originated the Ashbot were his own posts in social
media and all of his online activities. Martha, who initially was against excessive virtual
exposition – and thus to the partial commoditization of Ash – turns him into a total
commodity when decides to interact with the Ashbot in the three stages (text
messages, audio and synthetic body). Martha finds comfort, though briefly, in the

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Be Right Back : Humans, Artificial Intelligence and Dasein in Black Mirror 9

interaction with the non-human ; with Ash’s spectrum, therefore revealing that her life
too is led by the emptiness of simulation, by the ghost of de-humanization (Baudrillard
1984).
33 The otherness between human and machine in Be Right Back does not depend on the
machine in question (Ashbot), but on the perception that the human being creates of it.
Initially Martha believes that the artificial intelligence is equal to her dead fiancé. As
time goes by, she becomes skeptical and the otherness is extinct. At first sight, the
human being (Martha) owns the simulating machine ; but in reality she places herself
in the role of a machine many times because she is not able to fulfill her own humanity.
After all, what is humanity besides its imperfections and unpredictable characteristics ?
To Baudrillard, everything and everyone in the universe has in its essence something
that cannot be measured, counted, seen – “a fundamentally inaccessible secret”
(Baudrillard 2000, 80). The idea of a “secret” reminds the “Being” in Heidegger’s
writings that cannot be fixed nor controlled (Heidegger 1977). Be Right Back captures
such concepts and incorporates them in a situation of dystopic fiction that exposes the
emptiness caused by the simulation and how we “run in circles” when trying to
uncover and fix the human in a machine.

BIBLIOGRAPHY
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ABSTRACTS
The present article aims to analyze the relationship between the human being and artificial
intelligence through the episode Be Right Back of the dystopic television show Black Mirror,
currently exhibited by Netflix. For this discussion we will bring forth the contrasts between the
thoughts of Martin Heidegger about Dasein and human nature, and studies derived from the

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Be Right Back : Humans, Artificial Intelligence and Dasein in Black Mirror 11

perspectives of Alan Turing about artificial intelligence and humanity, besides the visions of
post-humanism and transhumanism, as well as their implications in the relationships between
human beings. It is also an objective to discuss the presence of otherness in an artificial
intelligence. Hence, it is asked in this article how it is possible to understand the otherness found
between Martha, the protagonist of the episode, and an Artificial Intelligence which is created
with the function of substituting her dead fiancé, Ash. For this study we will part from
assumptions on the question of technique found in Heidegger’s conception of Dasein and Being,
opposed to the technique worldview as a way of being that rules post-modern thought.

El presente artículo pretende analizar la relación entre el ser humano y la inteligencia artificial a
través del episodio Be Right Back del programa de televisión distópico Black Mirror, actualmente
exhibido por Netflix. Para esta discusión, presentaremos los contrastes entre los pensamientos de
Martin Heidegger sobre el Dasein y la naturaleza humana, y los estudios derivados de las
perspectivas de Alan Turing sobre la inteligencia artificial y la humanidad, además de las visiones
del post-humanismo y el transhumanismo, así como su Implicaciones en las relaciones entre los
seres humanos. También es un objetivo discutir la presencia de la otredad en una inteligencia
artificial. Por lo tanto, en este artículo se pregunta cómo es posible comprender la alteridad que
se encuentra entre Martha, la protagonista del episodio, y una Inteligencia Artificial que se crea
con la función de sustituir a su novio muerto, Ash. Para este estudio, partiremos de los supuestos
sobre la cuestión de la técnica que se encuentra en la concepción de Dasein y el Ser de Heidegger,
en oposición a la visión del mundo de la técnica como una forma de ser que gobierna el
pensamiento posmoderno.

Cet article a pour objectif d’analyser la relation entre l’être humain et l’intelligence artificielle à
travers l’épisode Be Right Back de l’émission télévisée dystopique Black Mirror, actuellement
présentée par Netflix. Dans cet article, nous présenterons les contrastes entre les réflexions de
Martin Heidegger sur le Dasein et la nature humaine, et les études dérivées des perspectives
d'Alan Turing sur l'intelligence artificielle et l'humanité. Nous aborderons également les visions
du post-humanisme et du transhumanisme ainsi que ses implications dans les relations entre les
êtres humains. L'un de nos objectifs sera également de débattre de la présence de l'altérité dans
une intelligence artificielle. Par conséquent, cet article interroge la possibilité de comprendre
l’altérité qui existe entre Martha, la protagoniste de l’épisode, et une intelligence artificielle
créée pour remplacer son petit ami mort, Ash. Pour cette étude, nous allons partir des
hypothèses sur la question de la technique qui se trouve dans la conception de l'Être de Dasein et
Heidegger, en opposition à la vision du monde de la technologie en tant que manière d'être qui
gouverne la pensée postmoderne.

INDEX
Mots-clés: Intelligence artificielle ; Black Mirror ; Martin Heidegger ; Post-humanisme ;
Transhumanisme
Keywords: Artificial Intelligence ; Black Mirror ; Martin Heidegger ; Post-humanism ;
Transhumanism
Palabras claves: Inteligencia artificial ; Black Mirror ; Martin Heidegger ; Post-humanismo ;
Transhumanismo

Communication, technologies et développement, 8 | 2020


Be Right Back : Humans, Artificial Intelligence and Dasein in Black Mirror 12

AUTHORS
INGRID LACERDA
Federal University of Bahia, Brazil

THAMIRES RIBEIRO DE MATTOS


University of Campinas, Brazil

Communication, technologies et développement, 8 | 2020


Communication, technologies et
développement
8 | 2020
Robotique avancée, intelligence artificielle et
développement

Usages et potentialités des dispositifs socio-


techniques d’information et de communication
(DISTIC) mobiles en Afrique subsaharienne
francophone : cas de deux villes du Niger : Niamey
et Maradi
Approche critique
Uses and potential of mobile socio-technical information and communication
devices (DISTIC) in French-speaking sub-Saharan Africa: the case of two cities in
Niger: Niamey and Maradi Critical approach
Usos y potencial de los dispositivos móviles de información y comunicación
socio-técnica (DISTIC) en el África subsahariana de habla francesa : el caso de
dos ciudades en Níger : Niamey y MaradiEnfoque crítico

Ibrahim Maïdakouale

Édition électronique
URL : http://journals.openedition.org/ctd/2631
DOI : 10.4000/ctd.2631
ISSN : 2491-1437

Éditeur
Chaire Unesco Pratiques émergentes en technologies et communication pour le développement

Édition imprimée
ISBN : 2491-1437

Référence électronique
Ibrahim Maïdakouale, « Usages et potentialités des dispositifs socio-techniques d’information et de
communication (DISTIC) mobiles en Afrique subsaharienne francophone : cas de deux villes du Niger :
Niamey et Maradi », Communication, technologies et développement [En ligne], 8 | 2020, mis en ligne le
14 juillet 2020, consulté le 20 juillet 2020. URL : http://journals.openedition.org/ctd/2631 ; DOI :
https://doi.org/10.4000/ctd.2631

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Communication, technologies et développement


Usages et potentialités des dispositifs socio-techniques d’information et de ... 1

Usages et potentialités des


dispositifs socio-techniques
d’information et de communication
(DISTIC) mobiles en Afrique
subsaharienne francophone : cas de
deux villes du Niger : Niamey et
Maradi
Approche critique
Uses and potential of mobile socio-technical information and communication
devices (DISTIC) in French-speaking sub-Saharan Africa: the case of two cities in
Niger: Niamey and Maradi Critical approach
Usos y potencial de los dispositivos móviles de información y comunicación
socio-técnica (DISTIC) en el África subsahariana de habla francesa : el caso de
dos ciudades en Níger : Niamey y MaradiEnfoque crítico

Ibrahim Maïdakouale

Contexte général de la recherche


1 L’évolution des technologies de l’information et de la communication (TIC) ces
dernières années a entraîné un bouleversement des pratiques et des usages des
dispositifs numériques dans tous les domaines de notre société (éducation, formation,
médecine, etc.). Les téléphones mobiles et plus particulièrement les « smartphones »

Communication, technologies et développement, 8 | 2020


Usages et potentialités des dispositifs socio-techniques d’information et de ... 2

(Martin, 2010)1 ou ordiphone (Légifrance, 2009) 2 ainsi que les ordinateurs portables et
l’Internet contribuent ainsi fortement à des mutations profondes au sein de la société.
2 Ces dispositifs socio-techniques de l’information et de la communication (DISTIC)
mobiles sont aussi associés aux objectifs du développement. Les organisations
internationales dont l’UNESCO, le PNUD (programme des nations unies pour le
développement), l’OCDE (organisation de coopération et de développement
économique) et la FAO (organisation des nations unies pour l’alimentation et
l’agriculture) proclament la nécessité d’accompagner ou d’aider les pays africains à
s’intégrer à la « société de l’information » (Alzouma, 2008 ; Kiyindou, 2010). Elles ont,
dans le passé, fortement aidé des initiatives allant en ce sens (Chéneau-Loquay, 2012).
Le NEPAD (nouveau partenariat de l’Afrique pour le développement) et le sommet
mondial sur la société de l’information (SMSI) affirment cette nécessité de mettre les
TIC et notamment le téléphone mobile et l’internet au service du développement.
3 En 2019, plus de 475 millions de personnes avaient souscrit à un service de téléphonie
mobile en Afrique subsaharienne (soit 44 % de la population) ; la moitié d’entre elles se
connectaient depuis un smartphone (GSMA). A cela s’ajoutent 817,9 millions de
connexions mobiles (GSMA). En 2018, 17 millions des Nigériens avaient souscrit à un
service mobile (soit près de 80 % de la population nigérienne) dont 10 millions d’entre
elles se connectaient à partir de leur smartphone (GSMA&INS). Ceci prouve l’assise
indéniable de la téléphonie mobile et de l’internet mobile dans ce continent.
4 Dans ce contexte, une recherche est menée afin de mettre en évidence un état des lieux
des pratiques et des usages des DISTIC mobiles au Niger, et plus particulièrement à
Niamey (capitale administrative 1,5 millions d’habitants) et Maradi (capitale
économique 4,5 millions d’habitants). Le contexte socio-économique du pays, sa
diversité culturelle, la (non) compréhension liée à cette interculturalité locale, mais
aussi de celle liée à « l’expatriation » et l’objectif d’étudier une population la plus large
possible nous ont amené à définir une stratégie et une méthodologie de recueil
d’information pour y parvenir.
5 La recherche en cours présentera cette approche originale (Maidakouale & Lamboux-
Durand, 2019) qui a permis de toucher et libérer la parole par entretiens qualitatifs –
voire cliniques3 – d’un corpus de 70 nigériens d’origines très diverses : celui-ci est
composé de 12 dirigeants (entrepreneurs, ministre), de 27 étudiants, de 30 usagers
nigériens d’autres catégories sociales (parmi eux 66,7 % sont en situation d’illettrisme
et d’analphabétisme) ainsi que les quatre (4) opérateurs de la téléphonie dont dispose le
Niger. En effet, dans un contexte nigérien, les gens ne se livrent pas facilement au
chercheur en raison de ce que les sociologues/psychologues qualifient de « complexe
d’infériorité » vis-à-vis du scientifique (Nadaud & Zagaroli, 2008).
6 Une étude préalable déjà réalisée en 2015 auprès d’étudiants et d’entrepreneurs
nigériens (Maidakouale & Kiyindou, 2015) a permis de mettre en évidence les
dysfonctionnements liés à la non « confiance réciproque » entre le chercheur et
l’enquêté ainsi que des éléments la favorisant. Cette confiance réciproque nécessite
bien souvent un temps long, particulièrement auprès du public ciblé : alors que l’étude
préalable a été réalisée durant un (1) mois, l’étude traitée dans cette recherche s’est
déroulée sur près de cinq (5) mois.

Communication, technologies et développement, 8 | 2020


Usages et potentialités des dispositifs socio-techniques d’information et de ... 3

Stratégies et méthodologies mises en place


7 Afin d’atteindre les objectifs assignés à l’étude, on a recouru à diverses approches
méthodologiques, classiques (observation participante, enquête exploratoire et
entretiens semi-directifs) avec des adaptations et l’introduction de méthodes en lien
avec différentes problématiques interculturelles. La thèse développera ces différentes
adaptations méthodologiques au terrain et notamment les éléments suivants :
• L’observation de certaines pratiques s’est appuyée sur des méthodes visuelles et
participatives. Afin d’appréhender ce qui se joue dans la relation entre l’homme et son
téléphone mobile, il s’agissait d’observer, de filmer et de photographier les postures liées
aux usages de cet objet. L’objectif était, d’attester de leur statut affectif et de démontrer leur
conversion en gestes, habitudes, histoires, émotions et significations.
• Le statut du chercheur face au socio-type des sujets participant à l’étude est significatif des
problématiques interculturelles d’une recherche au Niger. Ainsi, le statut de doctorant du
chercheur engendre initialement des refus de la part de personnes lettrées (étudiants et
entrepreneurs) se sentant alors en situation d’infériorité et mal à l’aise. L’omission du terme
doctorant au profit d’étudiant a permis une acception de l’étude et des échanges cordiaux et
souvent même amicaux, favorisant la libre parole. En effet, pour ces personnes « lettrées »,
disent-ils, un étudiant est moins intellectuel qu’un « doctorant ».
• La construction de la confiance réciproque permet de faciliter le dialogue et l’échange entre
le chercheur et le sujet afin de bien s’entretenir avec lui et de le mettre en confiance pour
pouvoir recueillir le maximum des données. Cette confiance est établie à travers différents
procédés :
◦ « Le bouche-à-oreille » : Une équipe de deux étudiants nigériens qui, par la suite, a
participé au recueil des entretiens, a été chargée de contacter leurs camarades pour les
inciter à participer à l’enquête. Le reste des personnes interrogées ont été contactées par
une autre forme de « bouche-à-oreille », souvent avec l’implication de la famille qui joue
un rôle très important dans la culture africaine. À travers l’implication de tiers l’objectif
est de pouvoir établir une forme de transfert de confiance (Cohen, 2002). Cette approche a
permis d’accéder facilement aux personnes concernées.
◦ Des questionnaires écrits préalables qui concourent à cette confiance après le « bouche-à-
oreille »
◦ Des entretiens informels qui se sont traduits par un premier tête-à-tête autour d’un verre,
d’un café (dans une cafeteria ou, souvent, au restaurant) qui ont permis à ces derniers de
se confier et d’asseoir la relation de confiance avant l’entretien formel.
• Les entretiens formels, base de l’étude, ont dans leur grand nombre été réalisés et
enregistrés (en vidéo ou a minima en audio) dans des conditions optimales suite à la
confiance réciproque installée au préalable. Le dispositif audiovisuel utilisé a occasionné une
gêne passagère au début des entretiens qui s’est vite estompée. Les sujets finiront par se
confier librement4.

Les premiers résultats


DISTIC mobiles utilisés par entreprises et étudiants pour accomplir
des activités professionnelles
• Ensemble entreprises : ordinateur portable, deux smartphones et une connexion Internet.

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Usages et potentialités des dispositifs socio-techniques d’information et de ... 4

• Ensemble étudiants : smartphone (une vingtaine avec deux smartphones/ordiphones ou un


smartphone avec deux cartes SIM) pour jouer sur les tarifs des opérateurs téléphoniques qui
font payer plus cher la connexion en dehors de leur propre réseau.

Usages des médias sociaux


• 9/11 entreprises ont un compte Facebook.
• Ensemble entreprises ont un groupe Whatsapp
• Ensemble étudiants ont un compte Facebook et Whatsap
• Ensemble des personnes analphabètes utilisent Whatsapp pour l’envoi des messages oraux
(feu étonnant, cinq ont aussi un compte Facebook)

Pour l’ensemble des étudiants et personnes non lettrées


(analphabètes) : Connexion très chère et très lente
• Mauvaise connexion internet
• Mauvaise couverture réseau (dans certains quartiers de la capitale, la couverture réseau est
inexistante)
8 l’intérêt du service et de vente en ligne
• L’ensemble des entreprises y démontrent un grand intérêt
• Aucune entreprise au Niger n’a encore mis en place le e-commerce.
9 Communication des entreprises sur les réseaux sociaux
• 3/11 : communication plus ou moins active.
• 8/11 : communication rare (la quasi-totalité des entreprises interrogées n’y trouve pas
« trop » d’intérêt)

Conclusion
10 Les premiers résultats mettent en évidences différentes formes de pratiques et
d’approches en fonction du milieu culturel. Ainsi les 4 opérateurs de la téléphonie et le
ministère des postes, des télécommunications et des technologies numériques (avec son
secrétaire général en charge de mesurer le taux de pénétration des TIC et le directeur
de technologies numériques (DTI) – ont fort une approche orientée sur les
infrastructures.
11 Cette étude révèle, à bien des égards, plusieurs aspects, mais l’on se focalisera sur celui
qui nous semble le plus frappant et pertinent, en l’occurrence, les usages et pratiques.
La généralisation de l’application Whatsapp au plan personnel mais aussi professionnel
et commercial. Cette application est utilisée non seulement par tous les participants de
l’étude mais aussi et surtout par des milliers des Nigériens en situation
d’analphabétisme à travers l’envoi des messages oraux. Les analphabètes l’ont
justement, car ce dernier est basé sur du visuel et l’auditif, ils peuvent déposer des
messages audios et vidéos et l’interface est, relativement très simple. Et c’est bien
Whatsapp qui a fait que des analphabètes ont commencé à avoir et utiliser les
smartphones. Cela relève d’un phénomène de communication très intéressant,
résultant d’une forme de « détournement » et de « braconnage » de dispositifs de socio-
technique par cette population en situation d’analphabétisme. Dernière chose
intéressante, parmi les personnes analphabètes interrogées, cinq (5) se connectent sur

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Usages et potentialités des dispositifs socio-techniques d’information et de ... 5

Facebook pour publier leurs photos, liker et partager aussi celles de leurs amis ce qui est
impressionnant dans un contexte complexe qu’est le Niger à majorité analphabètes
(71,6 % de la population).

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Communication, technologies et développement, 8 | 2020


Usages et potentialités des dispositifs socio-techniques d’information et de ... 6

NOTES
1. MARTIN. Corinne, 2010. Dispositif et téléphone mobile, in Violaine Appel et al., Les
dispositifs d’information et de communication, De Boeck Supérieur,
2. LÉGIFRANCE, 2009. Vocabulaire des télécommunications (liste de termes, expressions et
définitions adoptés) [en ligne]. 27 décembre 2009. S.l. : s.n. [Consulté le 16 mai 2019].
Disponible à l’adresse : https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do;?
cidTexte=JORFTEXT000021530617.
3. Les entretiens ont eu une durée de 45 à 90 minutes
4. Phénomène aussi mis en évidence par les anthropologues visuels (voir Althabe et
Hernandez 2004 ; Ghasarian (dir) 2008 ; Lallier 2011)

RÉSUMÉS
Au cours de ces trente (30) dernières années, les Technologies de l’Information et de la
Communication (TIC) ont connu un développement sans précédent aussi bien dans les pays
développés que ceux en voie de développement (PED). Elles sont devenues un « nouveau
vecteur » de plus en plus indispensable de la croissance économique de l’entreprise et ont
transformé la planète en un petit village. Ces TIC, et principalement les DISTIC mobiles, ont
changé le comportement du personnel. L’association de l’informatique et des
télécommunications a permis incontestablement de collecter, traiter et faire circuler
l’information dans le monde — en temps réel — celui qui la détient a le « pouvoir ». En effet, dans
un contexte international dominé par la « révolution technologique » comme symboles de
modernité et facteurs d’intégration à l’économie mondiale, les grands enjeux de la
mondialisation imposent de plus en plus la nécessité pour chaque pays de s’intégrer
harmonieusement au sein de la « société de l’information ». L’Afrique subsaharienne en général
et le Niger en particulier, terrain de notre étude, y sont à la traîne en raison de plusieurs
difficultés : technologiques, politiques et entrepreneuriales. Or, si les DISTIC mobiles sont
reconnus par les institutions internationales comme des leviers au service du développement, ils
ne se traduisent pas par une politique cohérente. L’Afrique subsaharienne semble encore limitée
par plusieurs contraintes (manque de ressources humaines qualifiées, manque d’infrastructure,
cherté de la connexion, analphabétisme, dépendance technologique du Sud à l’égard du Nord,
etc).

Over the past thirty (30) years, Information and Communication Technologies (ICT) have
experienced unprecedented development in both developed and developing countries. They have
become an increasingly essential "new vehicle" for the company's economic growth and have
transformed the planet into a small village. These ICTs, and mainly mobile DISTICs, have changed
the behavior of staff. The combination of IT and telecommunications has unquestionably made it
possible to collect, process and circulate information around the world—in real time—whoever
has it has “power”. Indeed, in an international context dominated by the "technological
revolution" as symbols of modernity and factors of integration into the world economy, the great
challenges of globalization increasingly impose the need for each country to integrate
harmoniously within the "information society". Sub-Saharan Africa in general and Niger in

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Usages et potentialités des dispositifs socio-techniques d’information et de ... 7

particular, the field of our study, is lagging behind because of several difficulties: technological,
political and entrepreneurial. However, if mobile DISTIC are recognized by international
institutions as levers for development, they do not translate into a coherent policy. Sub-Saharan
Africa still seems limited by several constraints (lack of qualified human resources, lack of
infrastructure, high cost of connectivity, illiteracy, technological dependence of the South on the
North, etc.).

En los últimos treinta (30) años, las tecnologías de la información y la comunicación (TIC) han
experimentado un desarrollo sin precedentes en los países desarrollados y en desarrollo. Se han
convertido en un "nuevo vehículo" cada vez más esencial para el crecimiento económico de la
empresa y han transformado el planeta en una pequeña aldea. Estas TIC, y principalmente DISTIC
móviles, han cambiado el comportamiento del personal. La combinación de TI y
telecomunicaciones sin duda ha permitido recopilar, procesar y difundir información en todo el
mundo, en tiempo real, a quien la tenga "en el poder". De hecho, en un contexto internacional
dominado por la "revolución tecnológica" como símbolos de modernidad y factores de
integración en la economía mundial, los grandes desafíos de la globalización imponen cada vez
más la necesidad de cada país '' integrarse armoniosamente en la "sociedad de la información". El
África subsahariana en general y el Níger en particular, el campo de nuestro estudio, están
rezagados debido a varias dificultades : tecnológicas, políticas y empresariales. Sin embargo, si las
instituciones internacionales reconocen a DISTIC móvil como palancas para el desarrollo, no se
traducen en una política coherente. África subsahariana todavía parece limitada por varias
limitaciones (falta de recursos humanos calificados, falta de infraestructura, alto costo de
conexión, analfabetismo, dependencia tecnológica de sur a norte, etc.).

INDEX
Palabras claves : TIC móvil, aculturación digital, identidad cultural, brecha digital, desarrollo,
empresas, usuarios, estudiantes, África, Níger
Keywords : Mobile ICT, digital acculturation, cultural identity, digital divide, development,
companies, users, students, Africa, Niger
Mots-clés : DISTIC mobiles, acculturation numérique, identité culturelle, fracture numérique,
développement, entreprises, usagers, étudiants, Afrique, Niger

AUTEUR
IBRAHIM MAÏDAKOUALE
Univ. Bourgogne Franche-Comté
Laboratoire ELLIADD
ibrahim.maidakouale_goube@univ-fcomte.fr

Communication, technologies et développement, 8 | 2020

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