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La sociologie n’est pas une pratique sociale, c’est un effort pour comprendre la société. On
peut certainement recommander la perspective sociologique aux travailleurs sociaux mais
également à tous ceux dont le métier est d’influencer les gens, quels que soient le but ou la
justification morale de l’entreprise. Max Weber, une des figures les plus importante de
l’histoire de la discipline, qui postule la neutralité axiologique de la sociologie. L’unique
valeur fondamentale que le sociologue doit respecter et celle de l’intégrité scientifique, cela
n’empêche pas qu’il ait des valeurs, des opinions etc. mais il devra en prendre le moins
possible compte pour effectuer son travail. Son travail consiste à rendre compte aussi
exactement que possible d’un terrain donné. La méthodologie est une partie valide et
nécessaire de l’entreprise sociologique.
Un jeu scientifique
Type-idéal en sociologie -> ce qui ne se rencontre pas dans la réalité sous cette forme pure.
On en trouve que des approximations.
La sociologie cherche à comprendre la société en suivant une discipline scientifique.
- Etre objectif, contrôler ses préférences et ses préjugés personnels, percevoir clairement
plutôt que de juger normativement. Il doit se préoccuper de la méthodologie qui n’est pas
son but, mais une aide pour atteindre le but (comprendre la société).
Pour comprendre ce but -> moyens : statistiques, sens précis des mots employés, pas utilisé
naïvement le langage courant. Intérêt essentiellement théorique (comprendre pour
comprendre)
Un démon personnel
Le sociologue doit se poser des questions sur tout ce qui a à voir avec les êtres humains, que
ce soit bon ou mauvais etc. Dans les actions elles-mêmes. Etc. p 53 à 55.
Une passion
La plupart du temps le sociologue évolue dans des secteurs dont l’expérience est familière, à
lui comme à la plupart des membres de sa société. Ses recherches promettent tout un autre
genre de fascination lié à la découverte que l’astronomie etc. Ce n’est pas celle de
rencontrer qqch de complétement inconnu mais plutôt celle de voir le familier changer
radicalement de sens. La magie de la sociologie tient à ce qu’elle nous fait voir sous un jour
nouveau ce monde même où se vivent nos vies.
La propre vie du sociologue fait son objet d’études.
Le premier enseignement de la sociologie, c’est que les choses ne sont pas ce qu’elles
semblent être. La réalité sociale se révèle posséder de multiples couches de sens et la
découverte de chaque nouvelle couche change la perception du tout. La sociologie ne
satisfera durablement que les gens qui ne trouvent rien de plus passionnant que d’observer
les gens et de comprendre ce qui est humain.
L’interaction sociale ne constitue pas un secteur particulier de ce que font les gens
ensemble. C’est plutôt un aspect spécifique de toutes ces activités.
Le social, comme objet d’études n’est pas un champ distinct de l’activité humaine.
Lorsqu’un sociologue s’intéresse aux interactions qui se produisent lors d’une transaction
commerciale est indépendant de la validité légale des contrats signés, de même qu’un
comportement sexuel déviant, intéressant du point de vue sociologique, peut très bien
n’entrer dans aucun cadre juridique.
L’activité par exemple du sociologue est souterraine, tandis que le juriste se préoccupe du
caractère officiel de la situation.
Pour le juriste, l’essentiel est de comprendre comment la loi considère un certain type de
criminel. Pour le sociologue, il est tout aussi important de voir comment le criminel
considère la loi.
Poser des questions sociologiques implique donc que l’on vise à regarder au dela des buts
communément admis ou officiellement définis des actions humaines. Cela demande même
peut-être une certaine méfiance à l’égard de l’interprétation officielle des actions humaines,
celles des autorités politiques, juridiques ou religieuses.
On peut présenter la société comme la structure cachée d’un édifice, masquée au regard
ordinaire par sa façade.
Les façades des maisons ne révèlent rien, sinon la conformité aux gouts architecturaux de
groupes sociaux qui n’habitent peut-être plus ce quartier depuis longtemps. Les mystères de
la société sont derrières ces façades, et le désir de percer ces mystères est une image de la
curiosité sociologique. Percer ces mystères nécessite l’enquête et un effort intellectuel
important.
Il y a le pouvoir officiel, écrit dans la charte ou les lois en vigueur, mais ce serait naïf de
penser qu’il y a que ce pouvoir. Le sociologue cherche à savoir avant tout sur quelle base
s’appuie la structure du pouvoir informel. Les pouvoir effectifs qui ne révèlent d’aucun statut
officiel et dont les journaux ont peu de chances de parler.
Un projet de démystification
Que le sociologue ressente ou non de la sympathie pour les phénomènes qu’il étudie, il sera
peu ou prou détaché des postures qui se donnent comme allant de soi dans sa société. Qu’il
affecte ou non ses émotions et sa volonté, l‘irrespect doit toujours demeurer une possibilité
( ?) intellectuelle pour lui, même s’il le sépare du reste de sa vie, laissant les routines de la
vie quotidienne prendre le dessus, même s’il le nie idéologiquement : la respectabilité
intégrale de la pensée ne peut qu’aboutir à la mort de la sociologie.
Plus généralement, la compréhension sociologique représente toujours un danger potentiel
aux yeux des politiciens et autre gardiens de l’ordre public, car elle tend constamment à
relativiser la certitude absolue d’avoir raison, nécessaire à leur confort intellectuel.
Le sens de la relativité.
Dans la mentalité traditionnelle, un individu est ce qu’il est là où il est, il ne peut même pas
imaginer comment il pourrait être autre chose. Au contraire, l’esprit moderne est mobile,
participe en imagination à la vie de ceux qui sont situés dans un contexte sociale différent et
se voit facilement changer de métier ou de résidence. Les sociétés traditionnelles assignent
à leur membres des identités définies et permanente, tandis que, dans la société moderne,
même l’identité est incertaine et fluctuante (relativité).
Le succès d’une foule de cultes et de croyances nouvelles, présentées avec différents degrés
de raffinement intellectuel selon le niveau d’éducation de la clientèle, est une autre
manifestation de la facilité à se convertir de nos contemporains. Tous se passe comme si
l’homme moderne, surtout s’il est instruit, était dans un état perpétuel de doute sur lui-
même et l’univers qui l’entoure. C’est que la prise de conscience de la relativité, qui de tout
temps a sans doute été le propre d’un petit nombre d’intellectuels, apparait aujourd’hui
comme un fait culturel général, qui atteint jusqu’aux marges de la société.
Même une simple chronologie oblige à s’interroger sur l’importance relative de certains
évènements…
Au fur et à mesure que nous nous remémorons notre passé, nous le reconstruisons en
fonction de nos idées du moment sur ce qui est important ou non. C’est ce que les
psychologues appellent la perception sélective.
Dans notre conscience, le passé est malléable, adaptable, il change constamment à mesure
que notre mémoire réinterprète et réexplique ce qui s’est passé. Et nous avons donc autant
de vies que nous avons de point de vue.
Ce qui est absolument moderne, c’est la fréquence et la rapidité avec lesquelles ces révisions
se présentent dans la vie de nombreux individus, et la multiplication des situations où
différents systèmes d’interprétation se présentent dans ce jeu du monde à recréer. Comme
noté dans le chapitre précédent, l’accélération de la mobilité géographique et de la mobilité
sociale est un facteur à cet égard.
La mobilité sociale a sur l’interprétation de notre vie des effets très semblable à la mobilité
géographique. Voyez comment l’image de soi d’un individu change selon qu’il s’élève dans
l’échelle sociale : un des aspects les plus désolant de ce changement est la façon dont il
réinterprète son rapport aux êtres et aux événements les plus familiers. Ainsi tout ce qui se
rapporte à la « petite Italie », le quartier de son enfance, se charge de connotations
négative, maintenant qu’il la voit depuis le pavillon de banlieue qu’il s’est donné tant de
peine à acquérir.
Réinterprétation se fait souvent dans une demi-conscience.
La conversion comme restauration du sens.
Il arrive cependant que cette réinterprétation du passé relève d’une démarche délibérée,
pleinement consciente et réfléchie. Par ex : Lors d’une conversion de religion. Cette
conversion est un acte de transformation spectaculaire du passé, par ex : le nouveau
chrétien comprend mtn que sa vie n’a été jusqu’ici qu’une longue nuit de pêché où il
tournait le dos à la vérité salvatrice.
La sociologie à la rescousse ?
Cette conversion n’est pas nécessairement définitive, on pourrait se convertir plusieurs fois
de suite.
Les systèmes symboliques sont des constructions sociales.
L’expérience de la relativité et de la réversibilité biographique n’est pas seulement un
phénomène historique général, mais elle présente pour l’individu un réel problème
existentiel.
La conscience sociologique opère dans un cadre de référence qui nous permet de voir notre
biographie comme un mouvement dans et à travers des mondes sociaux spécifiques, liés à
des systèmes symboliques spécifiques. Cela ne résout pas le problème de la vérité. Mais cela
diminue un peu le risque de nous faire piégé par chacune des bandes missionnaires
rencontrées sur notre chemin.
Etre localisé dans la société signifie être au point d’intersection de forces sociales
spécifiques.
La manière dont les membres des classes populaires utilisent les pronoms eux et ils, montre
bien cette conscience de l’hétéronomie de la vie sociale. Ils mènent la danse, ils fixent les
règles. Ce « ils » est le système.
Mais cela vaut pour les classes supérieures également dont leurs « coordonnées » de base à
l’intérieur desquelles on peut se déplacer et décider ont été tracées par d’autres, la plupart
inconnu, pour beaucoup depuis longtemps au tombeau.
La localisation dans la société définit les règles auxquelles il faut obéir.
Le contrôle social désigne les divers moyens qu’une société met en œuvre pour remettre les
récalcitrants dans le droit chemin. Il sert à éliminer le personnel indésirable et dissuader les
autres qui feraient pareil, ce contrôle social est présent dans toutes les sociétés.
La violence physique.
Le moyen le plus radical et surtout le plus ancien de contrôle social est la violence physique.
Dans les démocraties occidentales qui ont pour idéologie la soumission volontaire aux lois
démocratiquement votées, cette présence constante de la violence officielle est discrète. Il
est d’autant plus important d’en prendre conscience. La violence est le fondement ultime de
tout ordre politique.
Comme l’usage constant de la violence serait incommode et d’ailleurs inefficace, les organes
officiels du contrôle social s’appuient principalement sur l’influence modératrice qu’exerce
la connaissance générale de l’existence de ces moyens violents.
Dans une société qui fonctionne bien la violence est utilisée avec parcimonie, en dernier
recours : la crainte de son application suffit pour l’exercice quotidien du contrôle social. Pour
notre propos, l’important est de souligner que la plupart des gens vivent dans des contextes
sociaux où la violence physique peut officiellement et légalement s’exercer contre eux
lorsque les autres moyens de coercition se révèlent inefficaces.
Il est peu de moyens de pression plus efficace que la menace d’être privé de ses moyens de
subsistance.
Lorsque les gens font partis d’un groupe restreins par ex : des mécanismes de contrôle
comme la persuasion, le ridicule, le commérage et la réprobation sont très puissant.
A la source de cette pression, il y a un désir profond d’être accepté, quel que soit le groupe
dont il faut se faire accepter. Ce désir peut être très efficacement manipulé, comme le
savent bien les thérapeutes de groupes, les démagogues et autres spécialiste de l’ingénierie
du consentement.
Le ridicule est évité pour éviter qu’on se moque.
Le commérage est très influent dans les petites communes ou tout le monde se connait.
Un des châtiments les plus destructeurs qui soient à la disposition d’un groupe est de
soumettre un de ses membres à une réprobation et un ostracisme systématique. Par ex : un
amish qui se marie avec une non- amish sera ostracisé, il peut travailler dans la société etc.
mais plus personne ne lui parlera.
Toute société dispose d’un système de classement. Certaines couches sociales sont élevées,
d’autres plus basse. L’ensemble constitue le système de stratification de cette société. Ces
stratifications sont différentes d’une société à une autre par exemples les castes en Inde, les
classes en occident. Dans la société occidentale le système de classe est très important et
définit par les moyens économiques. Les positions sociales ne sont pas immuables et un
individu peut changer de classe.
Chaque classe sociale forme la personnalité de ses membres par d’innombrables influences
qui commencent à la naissance et vont, selon les cas, jusqu’à la fréquentation d’une école
privée ou jusqu’à la maison de correction pour mineurs, Ce n’est que lorsque ces influences
éducatives ont plus ou moins échoués que l’action des mécanismes du contrôle sociale
devient nécessaire. En cherchant à comprendre l’importance de la classe, nous ne sommes
pas seulement en train d’observer un autre aspect du contrôle social, mais nous
commençons aussi à entrevoir comment la société pénètre à l’intérieur de notre conscience.
Il y a également le système racial considéré comme une variante du système de castes aux
USA noirs/blancs, on ne peut changer de castes.
Cela veut dire qu’une situation sociale est ce que les participants définissent qu’elle est. La
réalité est une question de définition.
Comme le note Alfred Schutz cela signifie que les situations sociales dans lesquelles nous
nous trouvons ne sont pas seulement définies par nos contemporains mais prédéfinies par
les générations précédentes.
La plupart du temps, le jeu a déjà été « fixé » longtemps avant que nous ne montions sur
scène. Tout ce qui nous reste à faire, le plus souvent, est de jouer notre rôle avec plus ou
moins d’enthousiasme. Le professeur qui fait face à sa classe, le juge qui prononce sa
sentence, le prédicateur qui admoneste les fidèles, l’officiers qui mènent ces troupes au
combat, tous sont engagés dans des actes qui sont prédéfinis dans de très étroites limites. Et
de formidables système de contrôle et de sanctions montent la garde sur ces limites.
On désigne par ce terme un ensemble particuliers d’actions sociales. La loi, les classes
sociales, le mariage, les religions établies peuvent ainsi constitués des institutions.
L’institution comme une agence de régulation, qui canalisent les actions humaines, tout
comme les instincts le font pour la conduite animale. Et ce tour de magie est opéré en
donnant à l’individu l’impression que ce sont les seuls possibles. Un homme qui rencontre pr
la première fois la femme qu’il épousera par la suite est guidé par un impératif qui lui dit,
épouse-la, mais cet impératif n’est pas instinctif, il est institué par l’institution du mariage.
Donc le mariage est une institution.
L’institution du mariage sert donc à canaliser la conduite de l’homme et de la femme, et à
les faire agir en fonction d’un modèle.
Ces impératifs cité en haut, rejette toutes les autres options, elle ne lui viennent même pas à
l’esprit (polygamie, par exemple etc.)
Pour Emile Durkheim, les faits sociaux sont des choses, ils ont une existence en dehors de
nous-même, exactement comme les phénomènes naturels. La loi, peut-être plus clairement
que toute autres institution sociale, illustre cette qualité de la société.
La société s’impose à nous, elle est déjà là à notre naissance et sera là après notre mort. Elle
est coercitive, Les sanctions sociales peuvent à tout moment nous isolé de nos congénères.
Ces sanctions vues plus haut, sont pour la plupart, justifiées par l’élaboration des lois et de la
morale.
LA société est présentée jusque-là comme une prison coercitive.
Mais cette image n’est partout à fait juste, car le joug de la société semble facile à supporter.
Pourquoi ? Parce que nous désirons le plus souvent ce que la société attend de nous. Nous
voulons, toutes ces règles etc.
Dans les différents domaines de sa vie en société, un individu ordinaire doit répondre à des
attentes très diverses.
On peut définir un rôle comme une réponse type à une attente type. Et fournir donc un
modèle pour agir dans une situation donnée.
Tant que l’individu joue le rôle en suivant bien le texte. Le jeu social peut se dérouler.
Le rôle forme, façonne, modèle l’action et l’acteur. Par exemple, plus on embrasse, plus on
devient amoureux. Le baiser n’exprime pas seulement l’ardeur amoureuse, il l’a créé. La
pratique des rôles débouche sur des actes déterminés, mais aussi sur les émotions et les
attitudes qui vont avec. Ce processus est très rarement délibéré ou réfléchi. La force de ce
processus vient précisément de son caractère non conscient, non réfléchie. En règle
générale, on devient ce dont on joue le rôle.
L’identité est conférée, confortée et transformée par des processus sociaux. La socialisation
est le processus par lequel un enfant apprend à être un membre à part entière de la société.
L’enfant découvre qui il est en apprenant ce qu’est la société. L’apprentissage se fait en
interaction avec les autres, par imitation de rôle, d’abord des proches (l’autre privilégié)
ensuite il apprend que son rôle n’est pas important que dans son cercle intime mais
également à l’extérieur et prend conscience de (l’autre généralisé). C’est donc à ce moment
que l’enfant peut se forger une conception claire de lui-même. Le soi et la société, dont
l’expérience de l’enfant sont les deux faces de la même pièce.
L’identité n’est donc pas donnée d’entrée, elle est conférée dans des actes de
reconnaissance sociale. Un garçon considéré comme garnement en devient un, de même
qu’un adulte considéré comme un jeune dieu de la guerre, inspirant la crainte, commence à
se considérer et à agir conformément à cette image, et finit même par confondre son
identité avec celle que ces attentes lui présentent.
Le renforcement identitaire
On ne peut pas s’accrocher tout seul à une identité particulière. L’image de soi de l’officier
comme officier ne se maintient que dans un contexte social où les autres sont disposés à lui
reconnaître cette identité.
Pour relier ces observations à celle du précédent chapitre : l’individu se situe dans la société
à l’intérieur de système de contrôle social dont chacun comporte une identité. Autant que
possible, l’individu essaie de choisir ses affiliations de manière à renforcer les identités qui
lui ont donné satisfaction dans le passé- il épouse la fille qui pense qu’il a qqch à dire, il
choisit des amis qui le trouvent amusant, il prend un emploi où son ambition est reconnue.
Naturellement ce n’est pas toujours possible. Il faut alors faire au mieux avec les identités
qui nous sont échues.
Chaque structure sociale choisit les personnes nécessaires à son fonctionnement et élimine
d’une manière ou d’une autre celles qui ne conviennent pas. A défaut de trouver les
personnes à sélectionner, il faudra les inventer ou plutôt, les produire en fonction des
particularités requise. Ainsi, par ses mécanismes de socialisation et de « formation », la
société fabrique le personnel dont elle a besoin pour fonctionner et élimine ceux qui ne sont
pas adaptés. Le sociologue renverse l’idée du sens commun selon laquelle des institutions se
créent parce que certaines personnes les font exister. Au contraire : de guerriers
redoutables apparaissent parce qu’il y a des armées à mettre en marche etc.
La sociologie de la connaissance (Max Scheler) et plus tard ( Karl Mannhein) montre que les
idées également sont situées socialement. La sociologie de la connaissance s’occupe de la
localisation sociale des idées.
On parle d’idéologie quand une idée sert un intérêt particulier dans une société. Très
souvent, mais pas toujours, les idéologies dénaturent systématiquement la réalité sociale
pour obtenir quelque chose de fonctionnel pour ceux qui la promeuvent.
A chaque fois, l’idéologie justifie les actes du groupe dont les intérêts sont ainsi servis et, en
même temps, elle interprète la réalité de manière à rendre plausible cette justification.
Il faut maintenir une distinction entre le concept d’idéologie et les notions de mensonges,
tromperie, propagande. Le menteur sait qu’il ment, pas l’idéologue.
Le racisme et le fondamentalisme protestant
Tout obsédé qu’il est par l’idée de péché, le fondamentalisme protestant en a une notion
étrangement limitée : la fornication, la consommation d’alcool, la danse, le jeu, les jurons.
Tous ces péchés sont d’ordre privé. Il attire l’attention sur des domaines de conduite qui ne
sont pas pertinent pour le maintien du système social et il détourne l’attention de ceux où
une réflexion morale pourrait troubler une bonne marche du système. Bref, le
fondamentalisme protestant a une fonction idéologique de maintien du système social dans
le Sud-américain.
C’est donc de la société que chaque individu reçoit sa conception du monde, tout comme il
en tire ses rôles et son identité.
Le monde-comme-allant-de-soi (Alfred Shütz) est un système de présupposés sur le monde
apparemment évidents et auto validé, que chaque société engendre au cours de son
histoire.
Un lien entre la théorie des rôles et la sociologie de la connaissance se fait par la théorie du
groupe de référence. (Herbert Hyman). On distingue 2 groupes de références, celui auxquels
on appartient effectivement et ceux vers lequel on oriente ses actions. C’est le second qui
nous intéresse ici. Dans ce sens un groupe de référence, c’est la collectivité dans les
opinions, les convictions et les pratiques sont déterminantes pour la formation de nos
opinions, de nos convictions et de nos pratiques. Il nous offre un modèle auquel nous
pouvons constamment nous comparer.
Il découle de la théorie du groupe de référence que l’affiliation ou la désaffiliation sociale est
liés à des engagement spécifiques. On s’intègre à un groupe et du même coup on « sait
maintenant que le monde est comme ceci ». On quitte ce groupe pour un autre et on « sait
maintenant qu’on avait dû se tromper ». Chacun des groupes auxquels on se réfère a un
point de vue particulier sur le monde.
Des expériences psychosociologiques sur la manière dont l’opinion du groupe affecte jusqu’à
la perception d’objets physiques nous montre la force irrésistible et le besoin profond d’être
accepté dans, d’appartenir à, de partager avec d’autre, le même univers.
L’intériorisation du destin.
Dans la socialisation, l’univers social est intériorisé par l’enfant. Le même processus, sans
doute à un degré plus faible, se répète à chaque fois que l’adulte est introduit dans un
nouveau contexte social ou nouveau groupe sociale. La société n’est donc pas seulement
qqch d’extérieur, au sens durkheimien, mais elle est aussi au-dedans, elle fait partie de notre
être le plus intérieur. IL faut rendre compte de l’intériorisation pour comprendre le fait
incroyable que la majorité des contrôles externes fonctionnent la plupart du temps pour les
individus d’une société. Non seulement la société contrôle nos mouvements, mais elle
façonne notre identité, nos pensées et nos émotions. Les structures sociales deviennent
celle de notre propre conscience. La société ne s’arrête pas à la surface de notre peau, elle
nous pénètre autant qu’elle nous enveloppe. Notre soumission à la société ne résulte pas
tant de la conquête que de la collusion. Il peut arriver que nous soyons soumis par la force,
mais le plus souvent, c’est notre nature sociale qui nous piège. Les murs de notre prison
étaient là avant notre entrée en scène, mais nous cessons de les rebâtir nous-mêmes. C’est
avec notre collaboration que nous sommes jetés en captivité.
Plus intéressant sont les cas où des individus parviennent à attirer suffisamment d’adeptes
pour faire de leurs interprétations déviantes du monde quelque chose qui tienne, ne serait-
ce que dans le cercle de leurs adeptes.
Transformer la société…
Le charisme n’est pas le seul facteur possible de changement social. Mais tout processus de
changement social est lié à de nouvelle définition de la réalité. Cela signifie, à chaque fois,
qu’il y a qqn qui commence à agir à l’encontre des attentes qui s’appliquent à lui dans les
anciennes définitions. Le maître s’attend à un salut de l’esclave, au lieu de cela, un poing se
dresse devant son nez. C’est selon la fréquence de ces incidents que l’on parlera de déviance
individuelle (crime…) ou de désorganisation sociale (réforme, révolution).
Les deux aspects sont important pour notre analyse, car ils font apparaître la possibilité de
résister au contrôles externes et aux contrôles internes. En fait l’étude des révolutions
montre que les actes ouvertement exercés contre l’ancien ordre social sont invariablement
précédé d’une désintégration de l’allégeance et des fidélités intériorisées.
… en saboter le fonctionnement…
…s’en retirer…
… ou la manipuler
Par exemple prisonnier qui travaille à la buanderie et qui en profite pour laver ses
chaussettes, le soldat qui se débrouille pour transporter sa copine dans une voiture militaire,
plus extrême, patient d’un hôpital qui se servent du central de l’institution pour organiser
des paris. (Tous ces actes détournent le système, car pas prévu à cet effet, et proclame leur
indépendance relative par rapport aux exigences tyranniques des institutions.
Concept de Goffman, le fait de jouer son rôle en blaguant, sans y croire vraiment, et en vue
d’un autre objectif. Le domestique noir qui joue son rôle de clown et qui se ridiculise avec
l’arrière-pensée de tué le maître. Cette duplicité est pour ceux qui sont dans une situation
de forte contrainte, le seul moyen de garder une dignité.
Individu établi une distance intérieure entre son rôle et sa conscience. Ces cas sont
important pour le sociologue car ils dévient du schéma normal qui est le fait de jouer son
rôle sans y réfléchir, sans en être conscient.
Toutes les révolutions commencent par des transformations de la conscience.
Un concept utile à ce propos est le concept d’ex-tase.(en grec : se tenir en dehors) -> on
n’entend pas par là, une élévation anormale de la conscience au sens mystique du terme,
mais bien, littéralement, l’action de se tenir ou de passer en dehors des évidences sociales
toutes faites.
Dès qu’un rôle est jouer sans identification intérieure de manière délibérée et feinte,
l’acteur est dans un état « extatique » par rapport à son « monde-comme-allant-de-soi ».
L’ex-tase transforme notre conscience de la société de telle sorte que le donné devient
possible. (veut dire que tout peut être changé)
➔ Forme ludique de l’interaction. Dans une soirée mondaine, les gens jouent à la
société, ils s’adonnent à de nombreuses formes d’interactions sociales, mais sans le
sérieux habituel.
Cet univers est une création fragile, artificielle qui peut voler en éclat à tous moment si qqn
refuse de jouer le jeu.
Un cas particulier du jeu social, plus consciemment fictif.
En jouant à la société, on apprend à être un acteur social dans toute situation. Et cela n’est
possible que parce que la société tout entière est un jeu.
Renversement de perspective
Le sociologue en manipulateur
Seul celui qui comprend les règles du jeu est en mesure de tricher. Celui qui joue tous ses
rôles de manière sincère, au sens d’une réponse non réfléchie à une attente non analysée,
est incapable d’ex-tase.
Le problème ne repose pas sur le caractère de la science mais sur celui1 du savant.
La possibilité de mettre la connaissance sociologique au service de la propagande politique
et des projets militaires dans ce pays donne déjà froid dans le dos : dans le cas d’une société
totalitaire, cela tourne au cauchemar. Certains usages de la sociologie aujourd’hui dans le
management d’entreprise, les relations publiques et la publicité, n’offrent rien de bien
édifiant non plus.