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CONCEPTS DE BASE EN SCIENCES SOCIALES

1. Le concept de société, le lien social, la tension entre la communauté et la société


La Révolution Française (1789-1799) : Dans l’Ancien Régime, c’est le Roi qui fait tenir l’ordre sociale par
hétéronomie (hétéro-détermination, ces sociétés se pensaient déterminées par des instances extérieures). Mais
justement, après la Révolution Française, on a l’invention de nouveaux concepts (forme d’abstraction, outils qui
aident à réfléchir) notamment
➔ Le concept de société : qui devient comme un sujet d’action car elle se voit créditée du pouvoir
politique de créer les institutions conventionnelles au service de sa prospérité et de sa conservation. La
société en tant que sujet de pouvoir, ce n’est rien d’autre que l’invention de la politique. La société
s’impose aussi comme un objet de savoir car elle devient une « chose » empirique qu’un nouvel ordre
de discours, fondamentalement réflexif, vise à transformer en un domaine d’expertise. → invention de la
sociologie.
• A la fin du 17ième siècle, le concept de société renvoie soit à la convivialité (lieux de vie, cafés
littéraires) soit à l’association contractuelle (pluralité d’intérêts individuels provisoirement
rassemblés autour d’une finalité commune). Une telle association est conçue comme un acte artificiel
de volonté. Le concept de société va faire alors l’objet d’une « généralisation philosophique »
(Baker, 1922) qui va faire passer la société d’un contrat local et circonstancié à un pacte fondateur
qui touche « l’essence même de l’association humaine ».
➔ Le concept de l’individu :sujet indépendant, libre et autonome en lien avec la Philosophie des
Lumières.
La Révolution Française est un laboratoire d’expérimentation de « faire société » → les individus existent les
uns indépendamment des autres (communauté) mais il faudra les faire tenir ensemble par la suite (société). La
Révolution Française se construit donc dans une lutte société vs communauté.
Suite à cette Révolution, la société se rêve autonome (auto-déterminé, va avec la démocratie, le peuple est
désormais l’ultime dépositaire des orientations de la vie en commun) car les instances supérieures (Dieu, le Roi)
peuvent revenir. De plus, les repères sociaux sont entièrement modifiés car il y a une fragilisation de l’ordre
sociale et l’intégration sociale devient un problème.
Conséquence d’empowerment : On passe du statut d’objet dans un processus qui nous échappe (société
hétéronome) à celui où on se relève en réaffirmant notre pouvoir en tant qu’individu et collectif (société
autonome).
L’invention de la société c’est l’invention entre « Dieu » et « je » et le « Nous ».
Ce « Dieu » recule et le « Je » apparaît comme un nouvel être indépendant et ce « Nous » va aussi apparaître.
Personnes importantes dans l’élaboration de la sociologie :
• Emmanuel-Joseph Sieyès (1789) : Invention du terme « sociologie ». Préfixe « socio » du latin socius
signifiant « compagnon, associé » et le suffixe « logie » du latin logos signifiant « discours, parole » →
sciences des relations. La science sociale serait dédoublée, elle renvoie à la sociologie (ce qui est) et
science politique (ce qui devrait être).
• Auguste Comte (1830) : Création de la sociologie (abandon du côté politique) → il veut une science qui
mette de l’ordre, mieux disposer des individus entre eux, la société apparaît enfin comme quelque chose
qui peut être modifié et changé. La sociologie comme « physique sociale » capable de prévenir le
comportement des individus.
Quel est le ciment qui nous tient ensemble ? Comment faire société ? Comment créer une société a partir des
individus ? L’ordre social comme défi politique et énigme scientifique. Comment les additionner sans sacrifier
leur individualité et leur liberté ?
LE LIEN SOCIAL
Explications horizontales (on part Approches intermédiaires Explications verticales (lien social
de l’individu, lien a posteriori, (interactionnisme) avant les individus, lien a priori,
révolutionnaires plus contre-révolutionnaires plus
émancipateurs) conservateurs, déjà-la social)
Les liens de proximités tels que les Entre-deux fondamental qui Explication holiste (Durkheim)
liens de communication : permettrait de réfléchir à la fois au Ce qui fait tenir les individus c’est
La communication empêche la « Je » et au « Il ». le fait qu’ils adviennent déjà dans
rupture et fait lien. L’échange avec Le lien social comme problème que un monde d’institutions pré-établi.
une personne est un début de les hommes ordinaires doivent Le lien sociale est déjà là. → la
confiance. résoudre. C’est à la suite de cette totalité précède les individus.
Utopie de la communication (1940- problématisation du lien sociale que Il faut donc comprendre les
50) : Idée qui se met en place après sert l’espace public. structures et les institutions qui nous
les 2GM, il faut réinstaurer une font tenir ensemble. → lien en
communication pour éviter la terme de statut et de rôles, de
crispation des empires qui dégénère complémentarité(enseignants
sur la guerre, il faut transformer le enseignés)
monde en immense village Comment une individualité peut
mondiale. émerger alors que nous sommes
déterminés par la totalité qui nous
précède ?
Lien d’imitation (Gabriel Tarde) : Approche interactionniste Le principe de distinction
Ce qui caractérise les individus c’est (G.Simmel) (Bourdieu) :
la contagion de représentations, de On s’intéresse à l’interaction entre Les élites travaillent à être des élites
désirs et de croyances. Ceux qui les personnes car c’est dans et à se distinguer des dominés. Cette
propagent cette « contagion » pour l’interaction que se produit le domination sociale, économique
Tarde ce sont les journalistes qui ont monde social. est symbolique (on la reconnaît
le rôle d’hypnotiseur. Ex : Mode comme légitime et on va la
Conflit avec Durkheim reconduire)
Lien d’empathie (Adam Smith) Processus de bottom up (Arendt)
Théories économistes du 17ième Le processus de bottum up permet
siècle → Le lien sociale au collectif de se poser comme un
fondamentale c’est l’échange de « Nous » qui agit et qui pense. Ici le
biens rendu possible grâce à terme de pouvoir est « positif » dans
l’empathie (capacité de prendre le le sens où c’est le pouvoir d’agir des
point de vue d’autrui). Prendre la individus.
perspective d’autrui pour mieux lui La domination c’est lorsque les
vendre des choses (ex : publicité). structures finissent par se reproduire
Empathie = moyen de nous (mauvais penchant du pouvoir)
décentrer et prendre le point de vous
de nos compatriotes.
Les liens du contrat (Rousseau) Le un en multiple (Hobbs) :
Les individus s’engagent de leur On ne peut peut plus laisser les
plein gré dans la société et celle-ci conflits faire figure d’unification, il
repose sur le contrat social. Ce qui nous faut une sorte de tiers (la
fait tenir les individus ensemble figure de l’État) qui contraint les
c’est la volonté générale (tous les individus à l’unité. Le Léviathan
individus en sont dépositaires, il chez Hobbs représente cet État. La
faut les éduquer pour qu’ils solution absolutisme de l’État : on
contractent volontairement pour va déléguer à l’État le pouvoir de
rentrer dans la société) et non la vivre ensemble
volonté commune (volonté effective → contrat politique (les individus
de la majorité individus non sont d’accord de se mettre sous un
éduqués, discours populistes) État absolutisme)
Les liens d’interconnaissances : →des communautés imaginées
Village, famille. Mais avec des reposant sur le fait que chacun
sociétés à larges échelles, on passe même à distance, se sentent dans la
donc de communautés reposant sur même communauté que les autres
des liens de connaissance directe à (société moderne).
Tension entre société et communauté avec Ferdinand Tönnies (conservateur)
Nous serions des êtres fondamentalement communautaires et l’individu n’existe pas en soi mais seulement par
son appartenance communautaire. Selon Tönnies. la modernité est toujours déchirée entre une manière d’être
ensemble sociétaire et une manière d’être ensemble communautaire. Il dit que la société a détruit l’appartenance
(et delà le sentiment de sécurité) pour tout remplacer par un contrat qui repose sur le non attachement.
Société Communauté
-lien a posteriori, lien contractuel, liberté. - liens à priori, liens substantiels et primitifs avec une
-Critiques : Indépendance mutuelle (isolement), forte idée de solidarité, cercles d’appartenances qu’on
intérêts égoïstes, lien vulnérable qui ne relie les ne choisit pas forcément et qu’on se contente de
individus qu’à la surface de leur être, liens reconduire (liens de sang, de voisinage)
instrumentaux, d’échange économiques peu -La langue est un élément fondamental qu’on a essayé
engageants, terre étrangère, hostile, solitaire, critiques de modifier lorsqu’on est passé de la communauté à la
aussi de la vie urbaine. société (Terreur linguistique)
- Le droit aussi un élément important, on va imposer
des mœurs pour refaire l’espace sociale en imposant
l’égalité des individus (Terreur juridique)
→ arrachement des individus à leurs passés pour les
lancer dans une machinerie politique imposée à eux.
Le communautarisme et le multiculturalisme :
Le communautarisme (une seule communauté) : La société démocratique et basée sur la séparation entre
l’espace privé et public. Dans l’espace public, les individus sont reconnus comme citoyen, ils ont une seule
« identité ». Dans l’espace public, on ne peut reconnaître d’identités plurielles car elles sont porteuses de
conflits. Les réflexions communautaristes consistent à dire qu’on a été trop loin dans cette séparation, qu’on nie
les différences culturelles du citoyen et qu’il faudrait donc trouver le moyen de reconnaître les différences dans
l’espace publique.
Le multiculturalisme (cohabitation possible entre plusieurs communautés sur le même territoire) : On peut
rendre conciliable la communauté et la société (pas besoin de choisir) car ce sont des niveaux de participations
différents. Les identités substantielles peuvent être maintenues dans l’espace privée mais quand les individus
interviennent dans l’espace public, il y a une traduction des convictions en opinions en acceptant de se
relativiser.

2. Le politique, la politique et l’idéologie


L’invention de la société est une sorte d’effervescence qui conduit aussi à l’invention de la politique.
Claude Lefort (avec Marcel Gauchet) et la distinction entre le politique et la politique :
➔ Le politique : renvoie à la nécessité anthropologique (toutes sociétés) de déterminer des repères (ce qui
est juste ou injuste). Ce qui est politique au sens large c’est tout ce qui a avoir avec les rapports sociaux
et qui est transformable avec l’intervention collective ou au contraire qu’il lui échappe.
➔ La politique : explication et problématisation collective et publiques des repères. On a une remise en
question des repères et des institutions et de leurs fonctionnements. La politique est un pouvoir faire
collectif qui est la prise de conscience du « Nous » et le pouvoir de « Nous ». (définition normative
politique comme la l’expression de la volonté collective)
Yes, we can ! (Obama)
• Limites de la politique : certains repères doivent restés indiscutés comme les vérités scientifiques
(changement climatique) et les orientations morales fondamentales (protection du plus
« vulnérable ») qui ne devraient pas être re-soumises à la question publique sans raison sérieuse.
➔ La politique politicienne : la politique idéale en démocratie (politique noble) a dégénérée en politique
politicienne car subtilisée et réappropriée par des politiciens professionnels qui la retravaillent pour
généralement défendre ses intérêts. Beaucoup de politiciens qui ne sont plus des vrais hommes politiques
car ils ne sont pas dans LA politique (Gauchet). (définition descriptive → plus de pouvoir faire collectif
mais un pouvoir de faire faire quelque chose à autrui)
La politique démocratique est un dialogue permanent entre le politique et la politique.
Le lieu vide du pouvoir (Lefort): Le pouvoir doit rester un lieu vide c’est à dire que le pouvoir ne peut pas être
occupé car le pouvoir appartient à tout à chacun. → problème du représentant censé servir les intérêts collectifs
(où se place-t-il si le pouvoir est un lieu vide?) doit être le plus neutre possible (ex : neutralité de l’habillement
dans l’Assemblée nationale en France) et rendre présent l’absent qu’est le peuple.
Représentation Incarnation
- Démocratie = régime de représentations - Monarchie = régime d’incarnation
- Le lien de représentations est un lien artificiel qui - Retour à un régime d’incarnation avec les
permet de transformer la multitude en une unité mouvements populistes
(Hobbes). Cette transformation est toujours - L’incarnation travaille sur le fait d’effacer/nier cette
incomplète pour préserver la singularité des distance artificielle qu’il y a entre les représentants et
individualités propres à la démocratie. → pluralité le peuple.
conflictuelle entretenue par différents modes de -L’incarnation n’implique aucun processus de
représentations qui assure qu’il n’y ai pas d’unité transformation : le peuple réel n’a pas à être changé
complète. car il a trouvé un corps prêt à l’incarner.
- Implique une distance avec qui est représenté - Phantasme du Peuple-Un
-Cette représentation est par définition transformatrice
car elle doit rendre le peuple (réel) en Peuple (unifié)
avec des procédures de décentrement et de
rationalisation (ex : drapeau).

Séparation entre le domaine du droit, du pouvoir et du savoir (Lefort)


Sphère du savoir Sphère du droit Sphère du pouvoir
-Description des événements qui -La loi est l’armature juridique qui - Le pouvoir va essayer de
doivent actualisées par des résiste au pouvoir mais la morale est s’approprier les sphères du droit et
enquêtes, renvoie à la réalité et à ses aussi importante pour le vivre- du savoir.
preuves. ensemble- - Le totalitarisme est le refus de la
-Totalitarisme : la parole du leader -Différence entre la légalité séparation de ces trois sphères.
fait office de réalité (système de droits) et la légitimité.
- Constitution juridique vulnérable
car ne peut pas anticiper toutes les
transgressions possibles
L’idéologie selon Lefort
L’idéologie est un ensemble de discours politiques qui travaillent à justifier l’ordre établi, qui donnent des
systèmes de description et d’interprétation du monde. L’idéologie vise à réduire les incertitudes liées aux
sociétés autonomes, à réinstaure des repères certains dans une société indéterminée. Elle va aussi rendre
intelligible les choix collectifs (réduction des possibilités et limite le nombre de repères).
Réduit aussi l’indétermination politique → la politique devient au XVIIIe siècle, l’objet explicite de la
délibération publique et il émerge aussi une représentation globale et simplifiée de ce même politique dans une
idéologie qui restreint la circulation du sens notamment en lui imposant des bornes impersonnelles et
« objectives » d’un seul savoir sur le social.
Cette idéologie va tourné en vrille dès la Révolution Française en devenant un instrument de plus en plus
totalisant du monde sociale. On passe d’une idéologie qui argumente à une idéologie qui réprime.
➔ Les principes politiques que l’idéologie met en avant écrasent la réalité sociale. Quand l’idéologie
bascule de sa fonction neutre positive d’argumentation, il s’agit d’absorber les individus dans des
principes pour les corriger.
Paul Ricoeur suggère donc que l’idéologie a deux faces (positive et négative). Aujourd’hui c’est la face négative
qui prime lorsque l’idéologie se retourne contre LA politique et prétend asséner des vérités naturelles. Le travail
de l’idéologie est un travail de naturalisation des artefacts collectifs.
Le discours actuel : Connotation négative et associée au système d’idées fausses des autres. Les idéologies
suscitent irrémédiablement des conflits, il ne faut plus qu’il y ai de pensées centralisatrices et rassembleuses.
Durkheim disait qu’il fallait renoncer à la légende du législateur (les sociétés ne reposent plus sur les principes
politiques, le monde politique ne fait plus le monde social ce sont les habitudes). Marx quant à lui va dire que
l’idéologie est une fausse conscience de la réalité (les gens vont croire que leur destin est tout tracé et
correspond à leur potentialité → méritocratie) ce qui va inspirer Bourdieu pour l’amour fati. Raymond Boudon
suggère aussi que l’idéologie a une connotation négative de mensonge et de manipulation (« systèmes d’idées
fausses »)
Démocratie et totalitarisme
➔ John Dewey va insister sur cette manière d’être ensemble qui présuppose une commune humanité avec
autrui. Pour Dewey, les sociétés humaines, les sociétés modernes c’est l’improbable construction d’un
monde commun.
➔ Les sociétés modernes, ce sont des communautés imaginées selon Anderson (1983) qui suscitent des
sentiments d’appartenance reposant sur des catégorisations imaginaires (ex : les droits de l’Homme, tous
membre de la communauté mondiale). Le totalitarisme c’est lorsque la catégorisation que va produire un
sentiment de communauté va se rigidifier contre un ennemi commun (le « Nous » se construit autour du
« eux »)

3. Le tournant libéralisme
Durant la Révolution Française avec les moments de la Terreur (complots), on assiste au tournant libéral de la
Révolution dont nous sommes encore les héritiers. → C’est un renoncement à l’idéologie dans le sens de
système fort (lassitude face aux grands principes politiques). On va se centrer sur le principe de liberté de
l’individu et la garantir le plus loin possible et éviter le retour d’une force étatique qui viendrait réprimer cette
liberté.
➔ Intérêt individuel : on doit renoncer à ce sur-volontarisme politique car le monde sociale obéit à un
principe fondamental de la liberté individuelle et que les personnes libres poursuivent un intérêt
individuel → ici un Homo Economicus (il est rationnel dans le sens où il optimise du mieux qu’il peut
son but)
Le libéralisme classique/politique avec comme fondateur Adam Smith :
➔ Le libéralisme politique part du principe que la société est un mécanisme opaque qui produit une
cohérence d’ensemble sans qu’il y ait une intentionnalité en surplomb qui l’alimente (l’État). Il se base
aussi sur l’idée de pluralité des partis, des opinions (on doit pouvoir cohabiter avec des points de vue
différents).
• La main invisible : L’idée de main invisible c’est qu’il n’y a que des individus et qu’il n y a que des
effets qui ne seront pas attendus ni voulus. Elle supprime le « nous », et met en place un système
d’auto-régulation qui part des individus pour arriver à des phénomènes à grande échelle. Comme
théorie économique : la réduction de toute intervention externe est bénéfique sinon les mécanismes
vont dysfonctionner. Comme modèle explicatif de comportement : les individus sont non-conscients
des conséquences de leur actions, ils poursuivent aveuglément leurs intérêts particuliers et des fois,
en poursuivant les intérêts particuliers ils agissent au bien collectif.
Ex : Fable de La Fontaine avec les trois fils des laboureurs. → il y a des processus individuels (les fils cherchent le trésor de
leur père) mais effet inattendu de leurs actions (ils ont retourné les champs, ils ont labouré le champ et ça a donné du blé). Ils
n’étaient pas conscients de leurs actions, c’était des actes individuels mais cela a quand même donné des conséquences
positives → la main invisible préconise donc aucune intervention dans le domaine économique mais est aussi une théorie
explicative du comportement
➔ Le libéralisme économique met en avant l’idée que les individus doivent pouvoir se lancer dans des
échanges de marché libre (pas régulé par des forces externes) et que le libre échange économique par le
libre jeu des échanges individuels va permettre d’obtenir le bien général.
• Deux manières de moraliser l’échange économique : Par l’axe du contrat car il permet la possibilité
de s’engager comme un « JE » et un « TU », cela permet la constitution d’un sujet responsable. Et
par l’axe psycho-sociale, c’est l’idée du souci de l’autre dans le sentiment de sympathie qui nécessite
la capacité de prendre le point de vue d’autrui pour rentrer en relation (devenir l’autre) ainsi que le
souci de la réputation (autre comme observateur de ce que je fais).
Le libéralisme sociale :
Le libéralisme sociale est le libéralisme qui va progressivement prendre le devant de la scène dans les années
1920 (avec avant la paupérisation des ouvriers). Il va avoir une nécessité de plus en plus grande de l’intervention
de l’État pour les grands perdants des échanges économique (obligé car trop grandes inégalités). → invention de
l’État social/État providence (assurances sociales, assurance maladie, chômage) qui sont des équipements
étatiques qui viennent pallier aux insuffisances de la régulation du marché. Cet État providence va être vivement
critiqué car il est avant tout un État assurantiel (il essaie de prévenir/diminuer les risques sociaux). De plus, cette
intervention étatique vise à empêcher une différence de nature entre les propriétaires et non-propriétaires et à
continuer à classer les individus dans des sociétés de semblables.
Le néo-libéralisme :
Depuis les années 80, la liberté du marché devient une finalité en tant que telle et non plus un outil pour
atteindre un bien être collectif (plus pour la liberté du marché que la liberté individuelle → Hayek et Friedman).
Des figures phares comme Reagan et Teacher : la société n’existe pas, ce qui existe c’est les individus qui
doivent se prendre en main et qui ne doivent pas toujours chercher de l’aide de l’État. On a aussi une hantise de
l’État, qui est vue comme une emprise sur les vies individuelles et est vu comme un vol de liberté. Le néo-
libéralisme est bien une idéologie qui se masque comme telle et qui pourtant agi dans les moindres interstices de
la société. Le néo-libéralisme ne défend pas un système mais prône que la valeur sacré est la liberté qui va
s’exprimer dans le marché. Il y a aussi une notion de responsabilités derrière cette responsabilité, l’individu est
un entrepreneur de lui-même.

4.Conférence de Mark Hunyadi


Introduction : Marx s’interrogeait sur l’activité philosophique et la définit comme la critique sans concession de
tout ce qui existe dans le monde. Mais qui est capable aujourd’hui de produire un point de vue normatif
globalisant ? Pour le reste aujourd’hui, cette philosophie de Marx a désertée le monde par fragmentation de son
activité critique. → l’éthique analyse le monde c’est à dire le parcellise, le fragmente. Elle est donc devenue
analytique et c’est le meilleure moyen de se soustraire à tout questionnement de fonds sur le monde lui-même.
L’éthique se fait donc la complice du système. Dans le contexte institutionnel d’aujourd’hui, critiquer et éthique
veut dire tout mesurer en fonction des droits de l’Homme. C’est à dire mesurer que les droits libérales
individuels sont respectés. (que la vie privée soit maintenue). Ces comités d’éthique en réalité servent à valider
ce qu’elles sont désormais impuissantes à critiquer.
Ex : dans le domaine médicale, on se soucie du consentement du patient pour le moindre acte thérapeutique, et en faisant ça on veut
respecter son droit à l’autonomie, du choix (base de l’éthique libérale) MAIS on ne peut pas critiquer la déshumanisation globale dans
nos hôpitaux (ce n’est pas dans les programmes des comités d’éthique)
On ne critique pas l’emprise elle-même mais on veut simplement limiter les dégâts.
On ne peut plus traiter de la question éthique fondamentale : est-ce bien là le monde que nous voulons ?
C’est dans la robotisation de notre environnement sociale qu’on voit cette démission morale de l’éthique. La
technique colonise notre environnement sociale sans qu’on s’en rende compte et sans qu’on demande notre avis.
→ dans tous les domaines sociales, s’impose à nous la vie algorithmique (on gère notre environnement relations
sociales etc... par ordinateur, par téléphone). Paternalisme technologique qui configure et standardise notre vie
sociale (rapport à la technologie unilatérale)
Paradoxe démocratique : D’un côté, on voit le libéralisme politique qui refuse farouchement toute forme de
paternalisme qu’on impose aux individus (personne n’a le droit de nous imposer telle ou telle vision du bien
dans la sphère privée). D’un autre côté, le libéralisme laisse se déployer un système de la manière la plus
paternalisme qui soit dans lequel nous ne pouvons nous soustraire → alors que le libéralisme politique défend le
droit et la liberté individuelle, et bien les dynamiques systémiques (reproduction des systèmes) qui vont avec le
libéralisme imposent de fait aux individus le joug de modes de vie qu’ils n’ont pas choisi.
Nous subissons comme un destin l’érection de la compétition comme lien sociale, le déploiement du
consumérisme généralisé, l’emprise de la technologie sur tous les aspects de notre existence et tout ça se déroule
dans le respect méticuleux des droits de l’homme (paradoxe démocratique).Ce système de pouvoir génère lui-
même toute une réalité qui n’est pas sous la juridiction directe des États. Ce qui provoque ce nouvel
assujettissement ce n’est pas la logique de l’État, ce n’est pas l’État dans sa dimension politique mais plutôt les
dynamiques systémiques qui se déploient en dépit de l’État mais aussi avec lui.
La valorisation permanente d’une forme de liberté de choix est le meilleur moyen pour cacher justement le
fait que ce qui compte vraiment échappe à notre choix. Ce déploiement échappe au politique et c’est pour ça
que cela peut s’imposer sans heurts.
L’éthique libérale fait plus que de permettre le déploiement de ce système, elle blanchit éthiquement un monde
qu’on prive d’une critique globale. C’est parce que nous défendons tellement les droits individuelles que se
déploient les modes de vie qui s’imposent à nous. Ce mécanisme a son origine dans la séparation libérale entre
le public et le privé.
Les modes de vie: Du point des acteurs sociaux (« je »), on ne rencontre jamais le système en tant que tel, dans
sa totalité. On ne fait jamais l’expérience du système. La face qui se manifeste à l’acteur, c’est ce que le système
lui impose, c’est à dire ce que le système attend d’eux.
Ces attentes du système ce sont les modes de vie. Les modes de vie ce sont les attentes de comportements
durablement imposés aux individus par le système. Il y a des attentes très générales de comportements (ex : nous
gagnons notre vie en travaillant). On peut choisir plein de choses sauf ce qui nous affectent le plus (on peut
choisir notre travail mais on est obligé de travailler pour gagner notre vie). Les styles de vie c’est la manière
dont nous répondons individuellement à ces modes de vie, à ces attentes. Beaucoup de pratiques courantes ne
sont pas des modes de vie mais bien des styles de vie (ex : acheter ces meubles chez Ikea on attend pas des gens
qu’ils achètent à Ikea, ce n’est pas exigé par le système).
Conséquences : Le paradoxe a de grandes conséquences car cela veut dire que nos libertés démocratiques
engendrent en réalité un monde que nous subissons sans l’avoir choisi. Cela veut dire que le libéralisme
politique nous condamne à une sorte de schizophrénie démocratique qui n’est d’autre qu’une aliénation par les
modes de vie. → tendance à la dépossession de nos modes de vie et il se trouve que cette tendance à la
dépossession est largement amplifiée par l’extension du numérique. (Eric Sadan) Le problème du numérique
c’est que les outils numériques que nous utilisons ne sont pas faits pour l’usage qu’on en fait. (ex : Facebook)
• L’emprise du numérique est une emprise sur nos modes de vie et non sur nous directement. Si on dit que
le numérique s’empare de nos esprits alors la réponse adéquate serait de dire qu’on achète plus rien de
numérique → les attitudes individuelles ne changent rien au système et favorise juste une forme
d’héroïsme morale. En revanche si on considère que c’est les modes de vie sous l’emprise du numérique
on voit bien que ce n’est pas nos attitudes qu’il faut changer mais le système lui-même qui produit ces
modes de vie.
Conséquence politique : C’est que seul une institution peut offrir une réponse politique suffisante qui soit à la
hauteur des enjeux contemporains car toutes les réponses individuelles sont strictement insuffisantes par rapport
à l’emprise systémique du numérique. Tant qu’on s’en prend pas au système lui-même, ce système ne cessera de
se reproduire. Cette réponse politique doit être une réponse collective et non individuelle car insuffisantes.

5. Le perspectivisme pronominal, l’aliénation.


L’éthique libérale est une « petite éthique » ou une éthiquette : c’est une éthique essentiellement basée sur une
conception négative de la liberté. Ce sont des droits minuscules qu’on négocie qui fait qu’on perd de vue les
grands enjeux. La « grand éthique » serait une éthique (système de normes et valeurs morales) sur laquelle on
réfléchirait les grands principes fondamentaux de notre vie.) Comment rendre opérationnel cette grande
éthique ? Il faut repérer des critères sur ce qu’il appelle le perspectivisme pronominal. Marx (1847) propose
de partir de l’individu en disant que ce qui est essentiel dans le travail c’est le travailleur qui fait l’expérience de
son travail et donc le point de vue fondamental du travail, c’est le point de vue en « JE » du travailleur.

TU NOUS IL ON
- Avec le « JE » il -Cela peut être le « Nous » - Point de vue de la - Dans le « on », pas de
implique la réversibilité de la politique, d’action et factualité sujets qui pensent et qui
des places. d’exploration - Aussi le « il » de la s’affirment comme dans le
-Permet de ne pas être pris -« Nous » de la dépersonnalisation, « Nous »
dans une structure figée communauté, du collectif transforme le « Tu » en un -Sujet étrange avec des
(Comment tu vas ? Je vais à posteriori (identité objet de conversation contours indéfinis
bien) préexistante qui repose sur (E.Benveniste appelle une - Mise sur une équivalence
-Symétrie et équivalence des norme partagées non-personne, une et des interchangeabilités
avec le « JE » (considérer - « Je » et « Tu » qui personne dont on parle
l’autre comme soi-même, choisissent d’agir sans lui demander son
empathie avec Adam ensemble avis)
Smith)
Ce travailleur en « JE » pour Marx il est dans le système de production du capitalisme et il va être le sujet d’une
double abstraction.
1) L’idée de la transformation de la valeur d’usages (à quoi sert ce qui est fait) en une valeur d’échange
(pouvoir donné grâce à la monnaie de pouvoir statuer sur ce que vaut telle activité). La valeur
d’échanges va être opérationnaliser en quantité de travail pour évaluer son prix.
2) L’idée que cette activité de travail vécue à la première personne va être transformé en travail abstrait en
« IL » → le travailleur va perdre la maîtrise de ce qu’il a produit car la valeur de ses activités ne lui
appartiennent plus et va être établi par tout un système dé-personnel qui va évaluer telle ou telle activité.
Cela veut dire que le « JE » ne peut plus être pris en considération dans le calcul de la valeur car par deux fois
dissout dans une abstraction qui le dépossède. C’est uniquement quand le travailleur peut devenir une
marchandise qu’il peut recevoir un salaire (contre partie).
Concept d’aliénation : C’est l’idée d’extérieur et de devenir étranger à soi-même (ce qui arrive au travailleur de
Marx et cela permet de réfléchir sur ce qui permet de faire sujet et ce que l’empêche de s’épanouir).
Il y a deux sens au mot aliénation : dans le sens de contrat (Hobbs et Rousseau) car je renonce à ma liberté
naturelle (facteur de menaces) pour m’aliéner et avoir en échange une liberté contractuelle (je donne quelque
chose pour avoir autre chose en retour). Et dans le sens de déperdition et d’étrangeté car dans le capitalisme,
j’accomplis tout un ensemble d’activité qui échappe à mon vouloir (idée extériorité qui nous écrase et qui
engendre la perte de nous-même). L’aliénation va avec l’idée d’objectivation : devenir objet dans un circuit
marchand. Et ce que déplore Marx c’est la perte du processus inverse : le processus de subjectivation (devenir
réel).
Ex : les mères porteuses est-ce une aliénation par le contrat (échange d’ovocytes) ou est-ce une aliénation de déperdition
(dessaisissement de l’être? Ne devrait pas rentrer dans le domaine contractuelle?)
Cette idée d’aliénation (aliénation dans le sens de déperdition) chez Marx c’est qu’elle est à la fois sur
l’homme, sur le « JE » du travailleur (instrumentalisation de l’être humain pour ceux qui détiennent les moyens
de production et qui ne sont pas aliéné) Et aussi l’instrumentalisation de la nature avec l’exploitation des
ressources naturelles. On a transformé des ressources naturelles (tel que l’eau, l’air) comme des ressources
monnayables.
On retrouve cette idée de dépossession entre le « JE » et le « IL » dans le dispositif numérique. Les nouvelles
technologies nous font faire tout un ensemble de choses (qui nous sont plaisantes et du coup on est content
d’être aliénés et on ne les re-politise pas) qui nous dépossède de nos données
Les quatre grandes familles d’algorithmes par D.Cardon
La mesure d’audience L’autorité des méritants La fabrique de la Les mesures prédictives
réputation
-Le simple clic est la - Nombre de citations que -Mesure les métriques de -Travaillent à identifier le
manifestation de ce qu’on le site attire (ex : Le réputation dans le web profil des utilisateurs et à
apprécie Times) social (likes) prédire le comportement
- « Gloriomètre » chez de consommation
Tarde -Ex : Cambridge Analytica
Conséquences : par définition quand ce sont les algorithmes qui calculent notre profil, on ne demande plus ce
qu’on en pense, le « TU » disparaît. La gouvernementalité numérique (T.Berns) permet la réversibilité du « JE »
et du « TU » mais si on est pris dans des systèmes qui ne nous interpelle pas, on ne peut plus affirmer d’être un
« JE ». Ici ce qui est interpellé c’est notre comportement potentiel.
Processus de résistance à l’aliénation : Repolitiser et remettre en question c’est technologies numériques, de les
soumettre à la question collective.
• Mouvement des « Commons » : nouvelle forme d’organisation qui émerge en ligne, une vision qui refuse
de revenir en arrière vers la communauté. (les hommes produisent eux-mêmes leurs activités et les
produits de leurs activités). Le but des Commons s’est d’aller à l’encontre de l’idéologie libérale. Leur
idéal est la gestion auto-organisées des biens communs inaliénables. Cette idéologie libérale mettrait en
avant la tragédie des Commons → les Commons ne marchent pas car les gens cherchent leurs propres
intérêt. Elinor Ostrom dit que pour résoudre le problème la tragédie des Commons il faut des règles, de
la régulation. L’autre grand moyen c’est d’avoir des régulations qui obligent chacun à se soucier de
l’intérêt collectif.

6. Le concept de culture
➢ 6.1 Sa définition
Définition de la culture dans des termes de similarité
L’École française de sociologie (Durkheim, Mauss) vont définir la culture comme l’ensemble des
représentations des valeurs et des croyances qui sont partagées. Mauss propose que la première caractéristique
culture c’est de partager les mêmes manières de faire et de penser. La culture se caractérise par ses
déclinaisons, ses variations qu’elle va opérer sur les activités humaines universelles. Cela tient du relativisme :
on insiste sur le poids de la culture plutôt que l’universalité de l’humain. La culture est une communauté optique
(E.Zewbavel) → on voit de la même manière si on appartient à la même culture . On montre, on apprend ce
qui vaut la peine d’être noter.
Ex : R.Nisbett au départ universaliste va faire des expériences qui montre que les asiatiques pensent en termes de relations tandis que
les américains pensent en termes d’attribut individuel. Ce qu’il montre c’est qu’on a des « visions du monde » différentes, notre
attention est portée sur certains éléments de la situation (par exemple pour expliquer le comportement des personnes soit on l’explique
par des relations soit par des principes individuels).
➔ Les rites et rituels dans cette notion de similarité : La collectivité célèbre ensemble ce qu’elle a en
commun.Pour Durkheim, le partage des représentations sont mises en exerce→ effervescence collective,
il y a une forme d’autocélébration, la société elle-même qui reconnaît la force du groupe auquel elle
appartient. Ex : le décès de Johnny Halliday est une forme d’effervescence collective (on a ensemble les
mêmes sentiments, représentation partagée)
Qu’est-ce qui est partagé dans la culture et à quel point ? Et combien y a-t-il de cultures, quelles sont les
frontières de la culture ?
➔ La frontière des cultures : D’une part, c’est que c’est l’anthropologue lui-même qui qui fixe des
frontières à son objet. D’une autre, c’est l’idéologie politique. Cela veut dire que les frontières de la
culture sont la plupart du temps un objet des idéologies nationales. Ces frontières la plupart du temps
mutilent et découpent dans la chair du sociale des frontières qui n’ont pas forcément grand sens.
Définition de la culture dans ce qui se transmet de manière non génétique
La culture va se définir non par opposition à l’universalité mais par distinction avec la notion de nature. Les
besoins et les instincts biologiques qui se transmettent de manière génétique sont d’emblée exclus de la
culture qui induit une éducation (Edward Tylor) de la part des membres compétents de la communauté au
nouveau venu.
Conséquences : On se pose plusieurs questions comme comment la culture va devenir une seconde nature ou
comment la culture se transmet-elle ? → par inculcation/intériorisation et socialisation. Ces termes signifient
tous que l’enfant naît comme une page blanche qui va être modeler par le travail de transmission et de dressage
de son entourage.
Les travaux en psychologie du développement montrent que les enfants ont une double capacité, ils font des distinctions. Harris et
Clément montrent que les enfants font la différence entre le monde endossé comme le monde religieux. Les enfants vont le prendre à
leur compte mais sans le mêler au monde empirique (ex : le monde des microbes). Les enfants cherchent des indices sur comment ça
existe (« Je crois en Dieu » et on ne va jamais dire « Je crois aux microbes »), les enfants sont bons pour scannés ces postures pour se
dire que ça existe d’une manière et ça d’une autre manière.
➢ 6.2 Conception maximaliste de la culture (tout doit être similaire au niveau de l’identité)
Geertz, Durkheim et Mauss vont insister que la culture est une forme de vie dans laquelle on est immergé et qui
assure cette identité de représentations et cette similarité des pratiques. La culture nous donne une forme d’être
culturel, elle est donc omniprésente. Elle est aussi invisible (métaphore du poisson dans l’eau). Si on insiste sur
l’idée de culture comme étant une forme de vie spécifique, on va aussi insister sur la variation des cultures et
aussi sur la variation des transmissions de cette culture.
Pour les anthropologues, il ne faut pas pour comprendre un système sémiotique (qui donne sens à nos faits et
gestes) se mettre uniquement en position d ‘interprète mais aussi prendre le point de vue de l’observateur
participant. → appréhender la culture comme un être vivant (la culture n’exerce pas un pouvoir causale, c’est un
milieu dans lequel tout prend sens). C’est donc un défi interprétatif pour les anthropologues puisqu’il s’agit de
comprendre le sens a priori énigmatique de telle ou telle pratique.
Le symbole :
Culture sous une forme de vie (Geertz) quelque chose qui fait système (qui donne un sens à nos faits et gestes
par ex le clin d’oeil). La culture est comme une toile d’araignée, un ensemble de symboles tissés ensemble. La
culture est omniprésente et est l’ensemble des évidences qu’on va reprendre pour interpréter les comportements
des autres mais aussi des nôtres
Idée de pédagogie dans la culture, de la transmission :
En insistant sur la notion de transmission, l’approche maximaliste permet de distinguer les cultures animales et
les cultures humaines. Ce qui distinguerait ces cultures animales et humaines (car il y a de la tradition chez les
deux) c’est qu’il n’y a pas une véritable pédagogie, une véritable transmission dans la culture animale comme
dans la culture humaine. Cette pédagogie de la transmission peut passer par des institutions de transmission
(école) mais dans d’autres pédagogies, les enfants se débrouillent en entendant les adultes sur ce qui est à faire et
à ne pas faire.
➔ La boite noire de A.Whiten : les enfants et les chimpanzés doivent suivre trois étapes différentes en
tapant sur la boite noire pour avoir le bonbon qu0elle contient. Ils passent de la même manière. Une autre
variation est que la boite est transparente, montrant qu’une des étapes ne sert à rien. Les chimpanzés ne
recopient pas l’étape inutile tandis que les enfants oui. → processus d’overimitation, les enfants n’ont
pas une imitation purement instrumentale, c’est une imitation affiliative qui sert à faire lien et qui sert à
reconnaître une forme rituelle (les résultats ne compte pas)
➔ Gegerly : La tradition c’est quelque chose qui se transmet sans raison. (histoire de la dinde coupée en
deux qu’il a pris pour une tradition alors que c’était purement fonctionnel car le four était trop petit) →
ce qui donne leur valeur aux traditions c’est qu’elles sont partagées, qu’elles rassemblent les individus.
Les institutions :
L’institution permet de compter une chose comme une autre (J.Searle).L’institution repose essentiellement sur
une opération symbolique. Les faits institutionnels existent que si les personnes les reconduisent et continuent à
reconnaître leur existence. Ils reposent sur la reconnaissance collective, ils sont ce qu’ils sont si les individus
pensent qu’ils sont ce qu’ils sont.
Compte x (le fait brut) pour y (symbole)
Billet de banque : Une feuille verte que je compte comme un billet de dix dollars.
Cette chose « compte comme » elle-même mais aussi « compte comme » autre chose.
Les institutions fondamentales/méta-institutions Les institutions locales
- nécessitent une capacité de décrochage -Institutions juridiques ou scolaires, elles sont plus
-Donnent des présuppositions incorrigibles spécifiques.
(E.Pristschard) qui ne peuvent pas être invalidées par -Implique un ensemble de règles et les institutions
des preuves empiriques, tampon de l’incontestabilité locales prennent base sur des manières de voir plus
vaste (méta-institutions)
Par définition une institution implique une fonction contraignante, pesant qui doit être distinguer du monde de la
fiction. Dans les fictions, on ne prend pas nécessairement au sérieux, on est dans l’ordre du « comme si » et
plus dans l’ordre du « compte comme ».
➢ 6.3 Conception minimaliste de la culture :
D.Sperber va dire que l’ensemble des notions de culture que l’on a sont des « comme si ». La culture n’est pas
une forme mais un ensemble de contenus représentationnels auxquels les membres d’une culture recourent de
manière circonstanciée et prudente. Nous avons la capacité de faire la différence entre les croyances factuelles
(portent sur la vérité) et les croyances symboliques/culturelles. Ces croyances culturelles ne vont pas être crus de
la même manière que les croyances factuelles qui sont perceptibles par la perception ou les inférences logiques
(raisonnement parcimonieux et économe). Les croyances symboliques sont crées par la communication avec
autrui et la transmission.
Ex : La tribu que Sperber a étudié est convertie au christianisme et croient que les léopards sont chrétiens et qu’ils sont censés jeûner
le vendredi. Alors que tout les vendredis, la tribu cachait leurs moutons (pourquoi alors que les léopards jeûnaient) → ils ne croient
pas de la même manière que les léopards sont chrétiens et que les léopards mangent les moutons tous les jours → cela suppose un
traitement différencié des choses qui nous entourent.
Il va travailler à alléger le poids de la culture, que ces croyances symboliques sont des croyances de surface que
les individus vont entretenir sans les prendre au sérieux. Ce sont des croyances qui sont transmises par des
autorités et qu’on va classer de la manière suivante « l’autorité x dit que... ». Les gens vont adopter une
proposition uniquement parce qu’elle reçoit la caution de l’autorité. → semi-proposition très flou mais qu’on va
enregistrer car soutenu par l’ensemble de la communauté. On va utiliser ces croyances de manière
précautionneuse. → croyance entre guillemets
Une partie de la culture ne fonctionne pas comme une forme omniprésente mais comme des semi-propositions
très vagues qu’on va endosser mais qu’il y a un ensemble de ces propositions qui vont passer dans notre système
de croyance culturelle et devenir des croyances factuelles.
En résumé : Les croyances fonctionnent grâce à la validation des sources qui les produisent (autorité des
instances culturelles). La culture est un ensemble de semi-propositions et elles se distinguent fortement des
croyances factuelles ou intuitives (si on lâche un objet, il tombe). Les croyances culturelles sont contre-intuitives
(le fait que Dieu puisse être à plusieurs endroits à la fois). Grâce à leur caractère contre-intuitif ces croyances
culturelles se transmettes extrêmement vite car cela retient notre attention.
➔ Ludwig Wittengstein propose que certaines représentations culturelles pourraient bénéficier d’un statut
« grammatical » → partie intégrante de la matrice d’appréciation et d’intelligibilité que toute personne
sensée prend pour principe directeur de son action et qu’elle ne saurait pour rien au monde remettre en
question. → statut logique de « contenant ». Elles ne peuvent pas faire l’objet de l’attitude circonspecte
et dubitatives des croyances entre guillemets de Sperber. Ce sont des certitudes matricielles qui forment
l’axe de rotation immobile autour duquel peuvent se mouvoir les doutes. → infaillibilité de principe chez
les idiomes de description car définissent eux-mêmes ce qui est valide ou pas. Infaillibilité qui peut
devenir tyrannique au sein d’une communauté car ce sont des principes auxquels nous sommes
attachés,qui ont une certaine désirabilité morale. Et c’est par le biais de rituel selon Durkheim que nous
manifestons notre attachement.
➢ 6.4 Les croyances pragmatiques :
Ce sont les croyances dont l’importance est de nous faire agir. C’est l’idée que la croyance pragmatique ne
répond pas à l’idée d’un savoir ou d’une vérité. Elles ne répondent pas au registre de la preuve de la même
manière. La vraie croyance c’est celle qu’on appelle « la foi du charbonnier », croire sans se poser de questions.
D’essayer de démonter des croyances pragmatiques par des faits c’est ridicule car ce n’est pas là dessus que les
croyances se basent. Le registre dans lequel cela se situe c’est l’idée que la croyance pragmatique est une
propension à agir lorsqu’on est dans une situation délicate puisque finalement c’est le résultat qui compte (ex :
fin du malheur). Ce qui est intéressant dans ces croyances pragmatiques c’est qu’elles répondent à des forces.
Ex :la croyance à la sorcellerie Favret-Saada souligne que elle-même quand elle est prise dans ce dispositif sorcellaire, elle était
morte de trouille, elle était rentrée dans un système à trois places (ensorcelé- sorcier et la désorceleuse). La simple idée que quelqu’un
puisse lui faire du mal a fait qu’elle était prête à faire n’importe quoi pour enlever cette peur, elle n’est jamais passée par la case
croyance mais par une forte émotion.
Ce qui est central dans ce dispositif lié aux croyances pragmatiques c’est de retrouver une capacité d’agir et
aussi appartenir à une forme de communauté (agir et appartenir) qu’on retrouve par exemple dans des
dispositifs d’initiation. Ces dispositifs rituels jouent sur une forme de conversion affective. Ces croyances
pragmatiques doivent êtres soutenues par des dispositifs qui les rendent capable de nous affecter car elles nous
engouffrent dans des espaces un peu « branlant ».
Ex : Apparition de la vierge de Claverie → dispositifs qui incluent les récits, des médiateurs, des organisateurs,des objets, la tradition
et les lieux. Ces dispositifs, ces agencements vont rendre l’apparition de la vierge comme une hypothèse possible. Ces différents
composants vont tenir ensemble et vont soutenir l’efficacité du pèlerinage.
A.Gell : décrit ces dispositifs comme des dispositifs d’enchantement car cela va brouiller les frontières
traditionnelles de notre sens commun. Ces dispositifs sont enchanteurs car ils œuvrent à dissimuler le travail
technique qui rend possible l’expérience d’enchantement. → les gens ne croient pas n’importe comment, il faut
que cela s’inscrive dans une communauté de perception. (pas la même chose si on dit que j’ai vu la Vierge dans
le garage qu’en pèlerinage)
Concepts que j’arrive pas à classer :
• Homo clausus de N.Elias : chaque individu se voit comme un moi authentique et obligé de se
compromettre avec autrui pour faire société. Les autres ne touchent que le moi authentique à la surface.
Les individus ne se touchent qu’à la superficie de leurs êtres. → va faciliter des conceptions de l’identité
avec des ressemblances au niveau du moi authentique avec d’autres personnes qui ont le même moi.
• Les individus incertains de A.Zhenberg : les individus doivent construire leur propre vie et identité car
l’identité n’est plus reçue en héritage. C’est une des explications des résurgences identitaires dans le
nationalisme (cette incertitude devient insupportable, on propose donc une identité de plus en plus forte
et stable pour baisser cette incertitude). → néo-libéralisme constitue désormais une « forme de vie » dans
laquelle nous sommes immergés.
On a l’impression que désormais la définition de la culture dans les discours politiques c’est de considérer une
de nos appartenances identitaires comme plus importante que les autres. → fige notre identité à une seule
catégorie. L’identité culturelle et la communauté s’arrête à l’échelle nationale (alors qu’elle pourrait être
universaliste) → c’est ce qui tend à être stabiliser, l’identité culturelle au sens national du terme.
7.Conférence de Micheal Houseman
Dans sa démarche, il y a un souci comparatif entre les différentes sociétés occidentales et sociétés
traditionnelles. Il part des actions rituelles elles-mêmes et ce qu’elles accomplissent en situation, qui est
d’instaurer et de déplacer des relations. L’approche de la culture que propose Houseman c’est d’insister sur
celle-ci culture comme des manières de faire et de ressentir ensemble et des manières d’exprimer cette
culture dans des situations différentes.
➢ 7.1 Le rituel
Il est abordé comme une entité conceptuelle (n’existe pas vraiment dans le monde) et le chercheur impose le
terme de rituel sur les activités quotidiennes des étudiés. Le rituel c’est un type d’action (il faut les faire, il ne
faut pas penser à les faire) qu’on s’efforce de faire de la façon qu’’il convient de le faire → les rituels imposent
une bonne manière de faire. De plus, ces actions ne sont pas très claires mais distinctes en comparaison des
activités quotidiennes. Qu’est-ce que le rituel fait ? Il fournit aux gens qui le font certaines expériences. Ce
qui se passe dans les rituels, c’est qu’on est pas dans une situation où le gens s’expriment quotidiennement (je
pleure = je suis triste), où ce que les gens font sont censés être intelligible aux références communes. Dans les
rituels, l’action a un autre sens que les références communes, les actions ont un autre sens sur lequel on
s’attarde (ex il boit parce qu’il a soif, boit trois fois → rituel) Les actions définissent les relations, ce sont des
mises en forme et en actes des relations. Les relations rituels sont un peu spécial, elles ne sont par attribuables
aux relations habituelles.
➢ 7.2. Actions dans le rituel
Le fait de faire des actions définit les relations entre les entités et les autres personnes. Ex : un cierge pour la
Vierge Marie → quand je fais ces actions, je suis en train de construire une relation avec la Vierge. De plus
quand je le fais, j’ai cette expérience d’être en relation avec la Vierge. Mais je sais la différence entre la statue et
la Vierge, je suis parfaitement conscient qu’elle est représentée et pas réellement là mais ce qui est intéressant
c’est que j’ai pourtant bien défini la relation avec la Vierge (elle écoute mes prières, elle veille sur moi). Pour
faire ça, je n’ai pas besoin d’avoir une idée très claire de ce qu’est la Vierge Marie. Je n’ai pas besoin de
définir les termes de la relation pour la mettre en acte car au contraire, cela marche mieux. Dans l’action que je
fais, je n’ai pas une relation avec la Vierge Marie en tant que telle mais avec une relation avec la Vierge
Marie/statue → dans la vie de tous les jours, je fais la différence entre l’entité et la statue mais dans l’action
rituelle, les entités se mélangent, le rituel combine des choses étranges ce qui rend aussi la relation étrange de
même. → propriété qu’est la condensation rituelle
➢ 7.4 Les rituels New-Age
Mais il a rencontré d’autres types de rituels qui ne marche pas sur ce principe → néo-chamanisme, New Age. Ce
ne sont pas les actions qui comptent. L’action n’est qu’un moyen pour pouvoir ressentir certaines choses,
qu’une expression de ce qu’on ressent (retrouver ce qu’on est vraiment par ex). Les actions n’ont pas de statut,
elles ne sont que des instruments pour induire certaines dispositions qui sont beaucoup plus importantes. Les
actions ne sont pas obscures mais parfaitement compréhensibles dans ce genre d’actions. Et ce sont les
émotions qui guident les actions.
Dans ces traditions, je ne veux pas faire ce que les autres ont fait avant moi. Ce que je veux retrouver, ce
n’est pas la façon de faire, je veux retrouver des dispositions, je veux devenir comme ces autres et non faire
comme ces autres. → J’exerce une façon de faire qui me convienne, je dois introduire des éléments nouveaux et
ne pas répéter.(individualisme)
Le but c’est de se sentir authentique, il faut que j’ai l’expérience de ressentir ma nature chamanique mais
sans cesser d’être moi-même, il faut que je puisse être à la fois les deux. Ce type de rituels là fournissent ce
genre d’expérience. Ici ce n’est pas les actions qui sont étranges, c’est le fait que je suis touché par les actions
qui sont l’expression de ma propre disposition.
Les rituels-ours-polaire (dit classiques, centrés sur les actions, que les ethnologues ont l’habitude de voir, étant
dans la comparaison des « esquimaux ») et les rituels-cactus (centrés sur les dispositions, rituels New Age)
Trois exemples rituels différents sur la mort d’un animal de compagnie :
• Rituel ours-polaire : Dans mes actions, je suis en train d’instaurer une réalité, en train d’expérimenter
une relation très particulière. → je sais bien que la fleur n’est pas l’animal de compagnie mais très flou,
la fleur est un support matérielle pour la relation avec l’animal mort. Cela permet de structurer une
expérience dans laquelle les ressentis des uns et des autres peuvent prendre une certaine forme. → ce qui
compte c’est de faire les choses, on ne dit pas ce qu’il faut ressentir.
• Tradition cactus : Décrit précisément les relations, dit précisément que la fleur représente le chat. Deux
différences : grand effort à assimiler à ses actes un sens bien défini en utilisant le mot symbole par
exemple ainsi que des analogies. Procédés pour rendre intelligible les actions qu’on fait, on dé-
obsuricisse les actes. Deuxièmement, il y a une bonne façon de le faire mais c’est à nous de la
retrouver.On encourage aussi à modifier par nous même certains aspects du rituel
• Dans le dernier, il n’y a pas d’actions du tout, tout se passe dans l’esprit. Les relations entre le chat et
moi ne sont pas agis, elles sont plutôt visualisées. L’aptitude d’interagir avec l’esprit animal c’est
l’expression d’activité extra-quotidiennes, cela requiert des activités de pensée qui ne nous pas
habituelles. → je dois trouver en moi l’aptitude d’engager une conversation spirituelle et quand je le fais,
je me sens soulagé. + injonctions qui me font dire que je dois ressentir → il ne faut pas perdre de vue que
je m’efforce de faire ça. Ces rituels me donnent l’expérience d’être à la fois celui qui personnifie une
aptitude de voir des liens spirituels à un chat et être affecté par ça et celui qui est affecté par ça (le moi
qui fait l’action). Ce ne sont plus les actions qui sont complexes mais les personnes qui le sont et c’est
pour ça que les actions sont si simplifiées.
Dans ces rituels, on ne sait pas quand le rituel se termine vu qu’on est des sujets des rituels (on ne fait plus les
actions), on baigne du coup tout le temps dans le rituel. Le besoin est produit par la pratique du rituel.
Le rituel comme moyen de vivre un dédoublement : ce que je suis/ce que je voudrais être (moi supérieur)

8. Les dispositifs
Le travail du dispositif est d’orienter notre attention sur certaines actions → éducation de l’attention à fin
d’éveiller des sentiments (ex:se faire « habiter par un esprit »). A.Halloy parle du dressage par le corps ainsi
qu’une forme de déférence aux experts rituels. Ce dispositif rituel est important car il augmente
l’endoctrinement corporel. La préparation est extrêmement importante → capacité des humains à être sceptiques
et vigilant face à des choses qui n’existent pas, ce que D.Sperber appelle la « vigilance épistémique », une
capacité à faire la part des choses. On dit plutôt que les humains endorment leur vigilance épistémique plutôt de
dire que les humains peuvent avaler tout et n’importe quoi.
➔ Éducation de l’attention – inculcation, capacité d’orientation intentionnelle - socialisation plus fine qui,
rencontre entre un événement, environnement qui est plein de prises intentionnelles, qui rencontre nos
propres capacités d’être orienté
➔ Premier apport de la notion de dispositif est qu’elle potentiellement plus large que la notion
d’institutions. La notion de dispositif déborde bien souvent le cadre de l’institution par ex. un fait
médiatique, il n’y a pas uniquement la médiation de la TSR mais il y aura d’autres choses aussi (les caméras)
➔ Une des caractéristiques des dispositifs sont des agencements stables qui a donné lieu au courant des
Sciences Techniques et Société (STC) qui est d’essayer de comprendre à chaque fois quel est le réseau
qui a permis la fabrication d’un fait et donc cela implique une autre caractéristique de ces dispositifs :
cela inclut des humains et des non humains (ex : micros) qui restent eux-aussi des acteurs fondamentaux
→ il y a une agentivitié qui est distribué entre les humains et non-humains.
➔ Autre caractéristique de ces dispositifs (médiatiques ou rituels) c’est qu’on ne sait pas exactement
pourquoi on les accomplit car on s’en défère à des autorités qui sont garantes pour le rituel.
Sociologie des dispositifs : Cette notion de dispositif nous faire revenir à une conception de dispositif plus
relationnelle. On peut faire une sociologie des dispositifs en analysant quel type de relations et quel type de
systèmes de classe ces dispositifs vont imposer aux acteurs. Les questions de la sociologie des dispositifs : à qui
permet le dispositif de parler ? Réduit-il les JE au IL ? Et surtout, après avoir décrit le dispositif, on peut en
faire une critique à partir de quel type de place ce dispositif rend possible.
➔ Les dispositifs de participation démocratique (pas secret contrairement à l’abattoir) par M.Berger : sociologie des dispositifs
participatifs à Los-Angeles avec un système de consultation par le bas (une fois par semaine, les gens peuvent exprimer leur
souci) et ce dispositif est fait pour rendre la participation impossible → les gens peuvent venir parler durant 2min et le
dispositif ne permet pas la réponse des gens de la municipalité et se contentent de dire « suivant » → dispositif de
participation a fini par être uniquement investi par des personnes ayant un problème psychologique fort qui croyaient
vraiment que ce dispositif était participatif. → la forme du dispositif rend impossible la formation d’un vrai public.
➔ Les dispositif de J.Favret-Saada : découvre progressivement un dispositif sorcelaire qu’elle découvre uniquement lorsqu’elle
se retrouve dans ce dispositif de place en étant l’ensorcelée avec comme autre place la désorceleuse et celui qui lui a lancé le
sort → combat de force et pour combattre, il doit retrouver son énergie auprès de la désorceleuse pour former une force
contre le sorcier. Ce combat a un prix : la désignation d’un malheureux comme sorcier, c’est un système qui se construit
contre. (sociologie critique ici, après la sociologie descriptive)
D’un côté les dispositifs rituels (insistent sur la structure des relations) et dispositifs au sens Latourien qui remet
en évidence l’importance des non-humains mais qui oublient l’importance d’un système.
➢ 8.1. Les dispositifs rituels
Les rituels sont collectifs impliquent tout un enchaînement correct d’actions → « l’over-imitation » ou la sur-
imitation est centrale dans les rituels, autrement celui-ci n’est pas accompli. C’est en faisant les gestes qu’ils
sont véhiculés de présupposés (ex : une doctorant qui a travaillé sur des rites sur les ancêtres, à force de faire les gestes qui
s’adressent à ces êtres invisibles donnent une certaine « substance » à l’être. ) L’action va vers l’émotion. La notion de
dispositifs rituels nous permet de réfléchir à partir de la situation (pas des individus ou de la structure sociale).
Il y a donc une centration sur l’action et sur ce que chaque actions va entraîner. La prière à la Vierge est par exemple
tout un ensemble d’actions qui vont s’enchaîner et pointent vers une entité invisible qu’elle va présentifier → à force d’être mobilisée,
ces entités invisibles deviennent quasiment tangibles.
Rituels politiques : Hitler était un maître des rituels politiques – maîtrise et mise en scène du collectif – collectif
qui s’adore lui-même. Repose pas sur des croyances forcément mais sur le sentiment d’être emporté par le
collectif.
➔ Le rituel fait des ensembles d’actions et crée des collectifs, des cohésions, il fait faire les choses
ensemble. Son enjeu principal est de susciter de la participation, se sentir comme un seul corps
◦ Ces rituels classiques, Bourdieu propose d’étendre à toutes les institutions, il n’y a pas d’institution
sans rituel. « L’illusio » / libido – pour qu’un ordre social puisse se reproduire il faut des
attachements, de l’ordre de la libido selon lui. Toutes institutions doit produire de la libido, chaque
institutions propose une forme « d’enchantement », pour pouvoir tenir dans une institution.
Les rituels non-classiques, contemporains sont orientés sur l’individu, inversion, l’action devient le moyen de
cultiver des états mentaux, l’action ne vaut plus pour elle-même. Ces nouveaux rituels servent à la redécouverte
d’une intériorité. Inversion radicale par rapport au rituel classique en gardant cette notion d’enchantement,
auto-enchantement, relation à soi-même. Retrouve l’idée de lâché prise, l’esprit doit être suspendu, pas basé sur
la pensée, discours doivent être au service du déploiement du JE.
Les rites d’institutions : Bourdieu propose d’étendre le rituel aux institutions → les rituels d’initiation va
instaurer des différences qui n’étaient pas auparavant significatives. Les institutions instaurent une ligne, une
frontière entre ceux qui ont sont dedans et dehors de l’institution. Les rites d’institutions sont donc des rites de
division et qui accomplissent un nouveau type être, consacrent une nouvelle catégorie à l’individu (ex : université
→ tu es étudiant). Ces rites nous imposent un « compte comme » (on « compte comme » étudiant), ce qui fait dire à
Bourdieu que ces rites donnent une nouvelle identité à la personne et lui donne aussi une place sociale
(assignation). Les rituels nous disent donc quelque part qu’on est justifiés d’exister.
➔ Les réflexions de Latour permet de se ré-interroger sur des choses qui nous paraissent évidentes comme
les frontières de Bourdieu.Catherine Reimy (la fin des bêtes 2009), jeune anthropologue, s’intéresse aux frontières de
l’humanité, au lieu de considérer cela comme évident, elle va montrer comment on travaille dans des situations à produire
des frontières d’humanité qui varient selon les situations. (abattoir)
➔ Pour certains sociologues, la société serait en panne de ces systèmes d’assignations d’identité. Meyrowitz
donne l’exemple à partir de la question de l’effet des médias sur les enfants → les enfants avaient une place d’enfants et ce
qu’ils apprenaient c’était sous le contrôle des adultes (institution scolaire) qui implique une forme d’enchantements du
monde qui est à transmettre à l’enfant (filtrage des informations). → initiation progressive au monde des adultes et les
médias vont court-circuiter ce filtrage d’informations. → le sens de la place sociale de l’enfant va être coupé. Les enfants
sont projetés dans une place qui n’est plus celle de l’enfant et cela va en partie les émanciper mais en même temps, confronté
à tout un ensemble de savoir qu’ils n’arrivent pas à digérer. On serait donc dans une société ou on ne serait plus
tenus en place par des institutions. M.Lussault va dire que jusqu’à présent, il y avait la lutte des classes
qui impliquait un sens de sa place et maintenant nous sommes passés à une lutte des places, qui le droit
simplement à l’existence.
Le rôle des objets a été souligné par B.Latour : l’argentinité (pouvoir d’agir) est distribué dans un dispositif. Il
faut voir l’agencement d’objet et des personnes font système, il est difficile de s’en déprendre.Les dispositifs
d’agencement sont très forts car nous sommes dedans → le dispositif a été pensé pour penser à notre place, ils
ne reposent pas sur des croyances.
➔ A.Gell dit que les dispositifs rituels fonctionnent toujours sur une forme de maîtrise technique des maître
rituels, les dispositifs d’enchantement tendent à invisibiliser tous les travaux qu’il y a derrière pour
faire passer de la magie ce qui est le résultat d’une virtuosité technique.
➔ M. de Certeau : les rituels médiatiques → Le Mondial par exemple, ou par exemple le 11 septembre –
donner un sens à l’événement, forme de ritualisation quand tous les jours les mêmes images sont
montrées, forme de mise à distance. Ont interdit certaines images où il y a de la violence « de l’images »-
ce que ça nous fait, laisse dans un état de sidération.
➢ 8.2 La chaîne de médiation
La chaîne de médiation : quelque chose qui relie une autre en la transformant. Une chaîne de médiation c’est
quelque chose qui met en lien. B.Latour propose qu’on a beaucoup vu le microscope comme un simple
intermédiaire, un moyen de transmission(nous permettant de voir des choses invisibles sans la transformer). Les
médias ont souvent été compris, eux-aussi, comme des moyens de transmission. Latour propose de ne plus les
voir comme des relais transparents mais comme des transformateurs. La notion de chaîne de médiations
met en évidence le travail collectif qui est nécessaire pour faire exister des choses qui n’étaient pas là priori.
Pour rendre plus évidente la réalité d’une chose, on dissimule les aménagements qu’on a entrepris pour la créer,
on met ça en coulisse (émission télé on ne voit pas les caméras par exemple) Ce concept de médiation met aussi en
évidence ce qui est entre-deux : Les rituels de possession dont parle Arnaud Halloy possède aussi toute une
chaîne de médiations. Il n’y aura jamais une transmission à identique d’un point à un autre, il y aura toujours
une distorsion à un moment ou à un autre.Les médiations traduisent (transformation très forte), pas
d’intermédiaires qui transmettent.
➔ La mise en boîte noire est justement cette idée qu’on va mettre en boite noire toutes les procédures
nécessaires pour faire advenir la visibilité d’une chose.On va laisser de côté tout ce travail collectif. →
en lien avec les dispositifs d’enchantements, expérience enchantée de la réalité qui a été pourtant
travaillée mais dont les techniques sont masquées. Cette notion de dispositif de Latour permet de montrer
l’agencement et la mise en boite noire de l’agencement mais aussi dans des situations de controverse
(lorsque les acteurs ne sont plus d’accord sur ce qui a été mis en boite noire et vont forcer la réouverture d’une boite noire →
ex : quelle est la preuve que le réchauffement climatique existe ? Ouvrons cette boite noire). La controverse force donc
à relancer l’enquête, souvent positive mais aussi relancer des enquêtes qui sont politiquement orientées
(ex : le créationnisme ouvre la boite noire de la théorie de l’évolution scientifique + révisionniste avec l’existence des camps
de concentration).
➔ Ces chaînes de médiation sont des processus de factualisation (le fait-iche) : les anthropologues
occidentaux se sont moqués des fétiches des tributs exotiques mais nous, dans notre monde occidentale,
nous avons aussi nos fait-iche :le monde occidentale prétend avoir un monde plus factuel, sobre, moins
enrichi d’un ensemble d’entités bizarres néanmoins cela est faux, nous avons aussi des fait-iches comme
« microbe », « réalité scientifique ». Tout est question de rapport de force, on arrive à imposer nos faits et
à accumuler beaucoup de choses dans une boite noire. Néanmoins, ce raisonnement a causé beaucoup de
problèmes à Latour ainsi que des polémiques, les gens se revendiquant de lui pour appuyer leur
raisonnement (notamment les créationnistes et les climato-sceptiques).
Modernité, la différence entre la nature et la culture : Tout le poids de la modernité politique est de faire la part
des choses entre la nature (droit humains) et de percevoir la culture et les institutions comme des cultures
artificielles. Latour va développer l’idée que nous n’avons jamais été moderne car nous avons jamais respecté
cette différence, vu que la nature est également construite par les scientifiques. Il faut donc renoncer à ce
grand partage, tout est de l’ordre de la fabrication, d’un processus de factualisation.
Il faut adopter une anthropologie symétrique :on ne doit pas préjuger le poids d’un humain ou d’un non-humain,
tout se tient avec des processus de mises en boites noires, qui restent très fragile car il suffit qu’on ouvre les
boites noires pour que ces processus s’effondrent :le monde sociale n’a rien de fixe, ce qu’il y a c’est
uniquement des associations plus ou moins stables.
➔ Latour propose un parlement des non humains qui ont aussi le droit à leur représentant → pour vraiment
réfléchir sur le monde d’aujourd’hui, il faudrait que les non humains qui nous font agir le jour le jour
doivent aussi comparaître dans les débats.
Le Léviathan : Latour inscrit son programme d’analyse symétrique dans une vision politique plus large avec
Hobbs et son Léviathan (condensé d’un pouvoir qui nous dépasse).Ce Léviathan n’est pas l’état, car c’est nous qui
créent des petits Léviathans, des boites noires qui viennent nous peser et agir sur nous en retour. Le monde chez
Latour est un monde d’associations en lutte pour leur maintien → guerre d’associations, entre ceux qui ont la
plus grosse boite. Ce qui leur assure leur existence est leur victoire provisoire (ex : Pasteur qui a gagné la bataille du
microbe, les vaincus ont passé à la trappe car leur boite noire était trop petite) .
➢ 8.3 Les dispositifs médiatiques
Dispositifs publicides et publigènes : D.Dayan parle des dispositifs qui sont publicides (qui tuent la possibilité
d’un public) et d’autres publigènes (permettent la création d’un public pluriel car il y a une multiplicité
d’opinion), par exemple un article de presse sur l’écologie avec de grands dispositifs de participation , il y a une idée de
récolter les voix des différents opinions. Le public étant pour lui un public de personnes qui alimentent et qui
délibèrent, dans le sens noble du terme car exprime un souci de l’intérêt général. Dans les publicides impossible
d’avoir des débats constructifs, car les situations sont polaires et polémiques (dispositifs qui encouragent le clash par
exemple).
➔ Information, bien symbolique ou économique ? Bourdieu lorsqu’il parle des journalistes dit qu’ils sont
tiraillées entre deux notions que l’information peut avoir : un bien symbolique (coûteux à établir, il faut
s’assurer la fiabilité des différentes sources, l’information doit avoir une vrai valeur car elle doit informer
la personne civile et l’aider à l’orienter dans ses choix) mais aussi un bien économique (le journaliste
doit vendre des informations) → plus un public citoyen qu’on doit éclairer mais un public
consommateur.
➢ 8.3.1. La notion de médiation, son histoire :
Les premières réflexions sur la médiation viennent des anthropologues qui montrent comme l’écriture a
transformée les manières de réfléchir et l’organisation dans les sociétés étudiées. Les effets de l’écriture : elle
permet de stabiliser un discours, des versions ainsi que de transmettre (pas restreint comme le discours oral),
permet aussi de l’interaction à connaissance et d’accumuler des savoirs , il y a aussi une forme de distance dans
l’écriture, de réflexion antérieure (on peut revenir dessus, dispositif de refroidissement) ainsi qu’une forme de
hiérarchisation (hiérarchiser l’oral et l’écrit car l’oral perd en force et en importance car l’écrit est stable),
l’écriture permet aussi de consolider une argumentation (preuve) et le dernier point : permet d’organiser, on peut
faire une architecture en terme de graphique, de tableau, de cartes (complexification de la pensée).
➔ L’écriture a donc permis la science (ne veut pas dire que les sociétés orales n’ont pas de savoir, tout
une hiérarchie sociale dans les sociétés orales au niveau de la mémoire des anciens) et va transformer
cette structure sociale (les anciens n’ont plus les monopoles de la mémoire mais les scribes) ainsi
qu’une retransmission à l’identique à distance et un apport en rationalité que décrit Hoody dans
« La Raison graphique ». L’écriture est un des médias des plus anciens du monde.
L’imprimerie dont E.Einsestein montre que l’imprimerie va provoquer diffusion à grandes échelles des textes
fondamentaux de science et de religion (ex : Bible recopiée à la main, peu d’exemplaires, ceux qui y ont accès sont rares).
Cela va instaurer un autre rapport à l’écrit qui n’est plus monopolisé, un grand public va pouvoir accéder
à ces savoirs et ainsi mobiliser une forme de réflexion par rapport à ce qui a été écrit. Il y a une forme de
rationalisation du texte sacré qui ne va plus passer par la médiation de la grande figure du prêtre, on peut y avoir
un accès beaucoup plus direct. Un nouveau courant va d’ailleurs émerger : le protestantisme (idée du rapport direct à Dieu qui
ne passe plus par l’intermédiaire des institutions). L’imprimerie va permettre une forme de relativisation des savoirs
locaux (récits de voyage, raconte comment est le monde, on fait différemment ailleurs alors on peut aussi le faire différemment ici,
remise en cause des traditions)
➔ L’imprimerie est, en utilisant le terme de Dayan, un dispositif publigène. → imprimerie est un dispositif
qui nous interpelle et a aussi soutenu une forme d’individualisme (on y a accès en tant qu’individu et pas
en tant que membre d’une collectivité par exemple dans un rituel religieux)
La radio et la télévision : La radio va pouvoir transmettre l’information en directe et elle va aussi permettre un
retour à l’oralité (différente car à distance, pas de co-présence) où s’installe très fortement une nouvelle forme
d’interactions que sont les interactions à distances des mass-médias (One-to-many → un émetteur et de
l’autre côté, la pluralité des récepteurs).C’est un dispositif asymétrique dans sa forme (un qui cause et plein qui
entendent) et dans son contenu (la manière dont le public va être interpellé en tant que quoi ? interpellé en tant que consommateur
ou d’autres qui peuvent nous interpeller en tant que citoyen) → toujours prendre la forme et le contenu.
➔ Dayan propose de dire que les médias sont des soutiens indispensables aux sociétés modernes car les
médias sont le lieu où la collectivité dans son ensemble peut nourrir une représentation d’elle-
même. Les médias sont le centre de gravité narratif, eux qui viennent dire à l’ensemble de la population
ce qui nous tient ensemble, ce qui nous est arrivé aujourd’hui (journal du soir). Cette parole s’est divisée
lorsqu’il y a eu une concurrence entre plusieurs chaînes, multiplication des chaînes et privatisation →
il y a eu une télévision horizontale, plus d’une transmission verticale d’une parole à d’autres. U.Eco
propose une différence entre la paléo-télévision (verticale) à une néo-télévision (le contact est devenu
extrêmement important, la télévision devait être beaucoup plus au service de la population)
L’hypothèse de J.Thompson : Il dit que ce qu’on permis les médias c’est une nouvelle visibilité, une nouvelle
manière de se rapporter les uns aux autres et d’instaurer une nouvelle asymétrie, des interactions non
réciproques à distance. Ce qui va faciliter ces interactions c’est d’instaurer une forme d’intimité (ce que permet
la télévision), de scruter de près les gouvernements qui nous seraient inaccessibles d’ordinaire → dispositif de
réduction de la distance sociale et une asymétrie donc masquée par une fausse impression de familiarité.
➔ Ce type d’activité va favoriser la constitution des scandales mais en même temps, cette centration sur les
faits et gestes revient à une forme de nouvelle visibilité (ex : la question des rapports sexuels de Clinton avec sa
secrétaire). Il y a une confusion entre le principe de Publicité c’est à dire que, dans une démocratie, le
public a le droit de savoir, d’avoir un jugement critique sur les décisions politiques, sur des questions
d’intérêts générales ; que la télévision transforme en principe de transparence (public de consommateurs,
de poeple) → la notion de public est assise sur la distinction entre ce qui est privé et ne concerne pas
l’intérêt général, le principe de transparence brise cette distinction entre le privé et le public, cela
implique une surveillance et la négation de la vie privée.
➔ Thompson montre aussi que la conséquence de cette nouvelle visibilité c’est qu’elle va mettre à nu les
dominants (« violer les coulisses » Goffman, ne pas se contenter dans la scène publique ex : articles sur les actrices
démaquillées). Il y a une idée de jouissance démocratique, ils sont comme nous mais aussi que dans nos
sociétés avec des enjeux qui nous dépassent complètement (sentiment d’impuissance), on va passer à une
sorte de remise de soi basée sur la confiance (on est obligé de faire confiance à nos hommes politiques car monde
compliqué et cette confiance n’est pas forcément basée sur leurs compétences mais sur leur moralité) → avant monde
politique basée sur l’idéologie et maintenant monde politique basé sur la confiance. La nouvelle visibilité
c’est le passage d’une remise de soi sur l’idéologie d’une remise de soi basée sur les individus, la
confiance. Politique idéologique à une politique de la confiance où les hommes politiques sont tenus
d’afficher une bonne tenue morale ou de donner des garantis en terme d’identité (qui suis-je alors qu’avant
c’était en fonction de quoi je vais agir)
L’ère d’internet : Qu’est-ce qu’internet va faire à cette communauté imaginée, car cela enlève de plus en plus les
moments où on pouvait se rassembler devant le poste de télévision (fin de centre de gravité narratif, fin d’une
parole qui rassemble). Internet a changé le rapport ce n’est plus one to many mais many to many. Cela
implique une forme d’émancipation, mais cela peut créer de nouvelles asymétriques peut-être plus invisibles,
plus subtiles.

9. Les systèmes de classe


Dispositif, création d’un système de classe : Une autre caractéristique est que les dispositifs intègrent tous des
non-humains, mais on peut aussi imaginer prendre une conversation entre deux personnes comme dispositif car
elle va aussi créer un système de classe (propriétaire terrien parle au paysans, rapport de classe, poser une question à
quelqu’un on le place dans la position de celui qui doit répondre) . On peut donc aussi voir les interactions comme des
micro-dispositifs qui nous enferment dans des univers que nous n’avons pas choisi. Ces dispositifs créent autant
des obligations d’agir que des possibilités d’agir ex : quand on regarde la télévision, on est assigné en tant que spectateur
mais cette place nous permet d’agir, on peut s’organiser si quelque chose nous déplaît
Les deux niveaux du système de classe : le premier niveau est le niveau grammatical (niveau cognitif, par
exemple à une question est associé une réponse, médecin n’existe que s’il y a un patient, c’est le lien logique) et
l’autre niveau c’est le niveau phénoménologique (niveau du ressenti, une fois qu’on est mis dans une place, il y
a plusieurs manières d’habiter la place, de ressentir en première personne).
➢ On parle de niveau grammatical car lorsqu’on parle de la grammaire, on entend une structure qui ne
peut pas être modifiée sous peine d’être intelligible (si on dit « chien je promène » on ne comprend rien, comme
lorsque quelqu’un dit à personne « je vais finir mon cours »). Le niveau phénoménologique peut être appréhendé
de manière différente par exemple, Bourdieu dit que la phénoménologie est quelque chose de social, on
croit qu’on va habiter une classe de manière individuelle alors que ce côté individuel n’existe pas car on
est toujours pris dans des chaînes de visions du monde, de jugement qui relève d’appartenances de
classes sociales.
➢ 9.1 Le rôle
Le rôle, sa distanciation : Certains courants sociologiques vont plus insister sur le courant grammatical (qui
concerne le rôle « ensemble des droits et des obligations en tant que » est un système de classe) comme
E.Goffman qui va insisté sur l’idée du rôle et de potentiellement la distance au rôle (niveau
phénoménologique) avec l’exemple du serveur de café qui amplifie leurs gestes, trop poli (serveur de café qui mime
le serveur de café, je joue ce rôle mais je ne suis pas pris dans mon rôle car j’y introduits une marge d’interprétation) . Cette
distance aux rôles peut être affective, gestuel, tout un ensemble de signes qui signifient qu’on est bien plus que
ça. On appelle ça « le negation of self », le soi négatif, car on passerait son temps à se distancier des rôles
sociaux qu’on est censé arboré.
➔ Goffman va dire que cette distance au rôle est socialement distribué. Dans son étude sur le milieu médical,
Le chirurgien va abordé une distance au rôle (plaisanterie), cette distance au rôle est lié à son statut tandis que le nouveau
assistant ne peut pas se permettre de la nonchalance, ce n’est pas attendu de sa part qu’il prenne de la distance par rapport
au rôle qu’il est attendu de lui. La distance au rôle est donc aussi un luxe, en fonction du statut social.
La pluralité des rôles : La pluralité de rôles nous permet de se distancier, on peut s’appuyer sur un rôle
pour se distancier de l’autre. Le rôle va avec une pluralité de rôles, on est jamais réduit à un seul rôle selon les
scènes auxquelles on apparaît (métaphore théâtrale) sauf dans les situations où il y a des dispositifs de
« dépluralisation du moi ». Les institutions totales sont (la prison, l’asile) et sont tous des lieux où on ne peut
plus jouer une pluralité de rôles qui est symbolisé immédiatement par le changement d’habit (uniforme,
réduction de l’identité à une seule place). On devient donc un reclus à qui on refuse de naviguer entre plusieurs
rôles. Même si le reclus peut aussi se comporter différemment avec l’infirmière, le maton, il a donc une micro-
marge d’épanouissement. Ces institutions sont totalitaires car elles prennent la totalité de la personne pour la
réduire à un seul trait (processus de mortification, de déshumanisation). Ces dispositifs de déshumanisation
déplacent les frontières de l’humanité, lorsqu’on est réduit à un uniforme, on est réduit potentiellement à un être
quasi non humain. Ce que Arendt va d’ailleurs appeler la réduction à la « vie nue » en pensant aux camps de
concentration, les reclus sont dépouillés de leurs vêtements sociaux, ils sont réduits au suppôt d’un uniforme,
c’est la vie désinvestie symboliquement.Il y a des moments où ces places, ces rôles, peuvent être suspendus
(asile, les reclus et le personnel surveillant jouent ensemble lors d’une partie de tennis de table) mais ce sont toujours des
suspensions temporaires.
➔ On serait perpétuellement dans une prise de rôle et cette métaphore théâtrale impliquerait toujours
une séparation entre une scène et des coulisses et l’acteur qui est en interaction sociale, va se
produire dans la scène en accomplissant le rôle qui est attendu de sa part mais ce que souligne
Goffman, il y a aussi les coulisses où l’acteur va pouvoir épanouir sa distance au rôle. On est fait de
rôles sociaux plus ou moins tenus à distance.
➔ On a plusieurs rôles mais qu’un seul statut → on peut basculer entre ces rôles et avoir des conflits
intra-rôles, c’est à dire par exemple scientifique, il y peut y a voir des droits et des obligations qui sont
contradictoires comme l’incitation à publier beaucoup et à réfléchir longtemps. Puis, inter-rôles : mère et à la fois
entrepreneuse qui ne joue pas ensemble par exemple. Mais un seul statut annexé, le statut social est annexé
avec notre métier.
Questions d’unification des rôles : Une des questions que soulèvent les réflexions de Goffman : qu’est-ce qui
fait tenir la pluralité des rôles s’il n’y a pas un self, un petit soi qui le fait, quelles sont les processus
d’unification des rôles, qu’est-ce qui fait l’unité d’une personne ? Goffman répondrait avec l’idée de la
dramaturgie. Cette question de l’unité de la personne c’est aussi une sorte de présomption théâtral, on se sent
une personne unifiée par le regard des autres les autres sont des garants de cette permanence de notre
identité Autre solution pas du tout incompatible, qui dirait que cette pluralité des rôles est hiérarchisée et ré-
travaillée par un récit de soi, notamment les micro-récits autobiographiques. D. Dennett disait que le self
est un centre de gravité narratif car il permet de donner une illusion organisante.
La co-présence : Goffman part d’abord de ce défi incroyable des humains de forcer de vivre en co-présence
corporelle rapprochée qui est vécue comme potentiellement très dangereux (car l’autre risque toujours d’investir
mon territoire personnel). La dramaturgie, l’ordre de l’interaction de Goffman c’est une manière de mettre en
ordre cette co-présence potentiellement anxiogène (tout un ensemble de rentrer en contact, distance
conventionnelle des corps, tout est codifié de manière à ce que cette co-présence des corps deviennent plus
acceptable). → dramaturgie manière de tenir à distance les autres, processus d’interaction est un processus
de domestication des corps.
➔ Durant l’interaction,les frontières du normal se rejoue en permanence, on doit montrer qu’on est des gens
normaux et lorsqu’on fait une erreur, on risque très vite d’être éjecter. Cette idée de félicité ultime est de
satisfaire ce qui est attendu des êtres raisonnables, de la communauté ordinaire et c’est l’enjeu principal
(phénoménologie de la peur et de l’embarras de ne pas correspondre à ces attentes)
L’enjeu de l’approche interactionniste : l’ordre social est un accomplissement situé l’ordre social se voit dans
nos interactions (les hommes et les femmes reproduisent sans s’en rendre compte l’ordre genré).
➔ West et Zimmermam « Daring Gender » : Ils vont faire trois distinctions : les identités de base (âge,
genre, race, ne peuvent pas être plaquées directement à la situation, car peut être non pertinente pour les
acteurs eux-mêmes) et les identités situées (savoir est-ce qu’on a affaire à une situation entre un
médecin et sa patiente etc, identité qui sont pertinentes dans la situation) ainsi que les identités
discursives (ce sont les seules qui sont directement observables, le plus incontestable du point de vue de
l’analyse → qui parle, à quelle fréquence, quel est le mode d’interprétation, analyse pronominale
intéressante car ce sont des positionnements discursifs (idée de non personne, parler d’une personne en
« IL ») Ils vont remonter à cette question : est-ce que l’identité de genre est rendue pertinente en partant
des identités discursives et ils ont remarqué que les hommes coupaient plus la parole aux femmes.
➢ 9.2 Le statut
Le statut de Bourdieu : pour lui, ce qui est pertinent c’est la place dans l’ensemble social tandis que Goffman
s’intéresse à ce qui se passe ici et maintenant, l’interaction et dans quelle manière les gens re-négocient leurs
roles. Bourdieu, ce n’est pas les places sociales et comment elles sont renégociées c’est LA place social, le
statut.
Différences entre statut et rôle : le rôle est lié à un dispositif de classe mais aussi à une activité qui implique des
droits et des obligations (ex : médecin c’est soigner) au point que, lorsqu’on bascule d’un rôle à l’autre selon le type
d’activités, il n’y a pas de rôles omni-pertinent (ils ne sont pas pertinents tout le temps, le professeur n’a pas le
même rôle lorsqu’il va acheter du pain). Tandis que la notion de statut est omni-pertinent car c’est la place
qu’on a une fois pour toute dans la hiérarchie sociale. → statut qu’on peut utiliser dans tous les espaces
sociaux (ex : statut élevé on peut user tous les capitaux dont on dispose pour se jouer des autres) → on est tous porteur de
capital économique, culturel, social et ils peuvent être utiliser pour en avoir plus dans un endroit ou dans un
autre. Le statut social est donc est un attribut qui nous colle à la peau, ce qui permet d’expliquer les
reproductions de hiérarchie social (vu que les capitaux se transmettent de génération en génération).
➔ Distance à la nécessité : Bourdieu va expliquer notamment qu’il y a des types de compétences
différemment distribuée en fonction des statuts sociaux et une des capacités c’est la distance à la
nécessité. Quand on est tout en haut de l’espace social, on vit dans un état de sérénité économique, on
est distant aux impératifs de survie contrairement aux gens tout en bas de l’échelle et ce que suggère
Bourdieu c’est que dans cette distance à la nécessité c’est aussi la capacité à l’imagination qui va
se développer (les amateurs de photographie c’est ceux qui sont réalistes, l’esthétique des classes moyennes c’est le
réalisme alors que les classes aisées préfèrent l’abstraction car il y a une distance à la nécessité). La vraie politique
c’est une politique de l’imagination, de projeter des alternatives, de s’imaginer autre ce que nous
sommes donc la vraie politique est difficilement accessible aux classes défavorisées car elles sont
réalistes, elles ne peuvent pas avoir à cette distance à la nécessité → enfermer dans la réalité.
➔ Ex : URSS, on avait demandé à un psychologue russe de montrer que les gens des campagnes étaient tous aussi
intelligents que les gens des villes. → son test de mesure était un test d’imagination (demande d’imaginer qu’un rat
vole et est-ce qu’il peut arriver sur un arbre) → les enfants des campagnes reviennent toujours en disant que les rats
ne veulent pas, ils ont un principe de réalisme extrêmement fort.
Désir de distinction : Les dominants vont être hanté par le désir de distinction (plus on monte, plus on se
distincte) → amor fati (amour du destin) qui est l’idée que finalement on va s’attacher à son destin social, qu’on
ne va pas s’imaginer dans des destins sociaux qui ne sont pas socialement accessibles.
➔ Ex : expérience aux USA dans les années 60 dans la discrimination raciale → qui demandait aux petites filles noires
qu’elle était la poupée la plus jolie (entre blanche et noire), elle disait que la poupée blanche était plus jolie et qu’elle
ressemblait à la poupée noire et on l’a refait 40 ans plus tard, les résultats étaient les mêmes → cela veut dire que le
poids des représentations sociales est extrêmement puissant et qu’il est à l’origine de la reproduction des statuts.
Les dispositions : L’individu va développer un type de dispositions liés à son statut, suite à la socialisation, où
se trouve tout un ensemble de dispositifs d’inculcation. Rencontre de deux univers isomorphiques (qui a une
symétrie) entre la structure sociale et celles des dispositions. La position sociale (le statut) et les dispositions
sont deux traductions de la même phrase, deux faces de la même pièce.
➢ 9.3 Les symboles de statut
Dans l’approche de Goffman, on a des statuts mais ce qui va l’intéresser, ce n’est pas le statut effectif mais
comment on va le rendre observable dans les interactions. Ce que Goffman va appeler les symboles de statut
(manière dont on va se représenter et imposer à l’autre son statut, ex : en parlant de manière méprisante d’une personne) . Chez
Bourdieu, le travail de reproduction est d’ores et déjà assurer par les dispositions, les structures tandis que chez
Goffman, on a plus l’idée que ce travail doit être relancé dans l’interaction (si on a un statut social élevé et qu’il est
reconnu dans aucune interaction, il ne sert à rien).
« Occupation symboles » « Classe symbole »
Rôle, manière de symboliser notre rôle, de le rendre Symboles de classe, affaire de prestige, sont liées à des
saillant et de l’arborer (montrer qu’on est bon médecin).Ces attitudes et des manières d’êtres qui sont beaucoup
« occupation symboles » sont sanctionnés par une plus floues et diffuses. Et quand vous transgressez un
institution, donc nous n’avons pas le droit de les symbole de classe, on va avoir des sanctions
utiliser si nous usurpons ces symboles (ex : se faire d’acceptation du milieu (ex : pauvre qui a des manières de
passer pour un médecin avec une blouse blanche) riches)
Alors que c’est Bourdieu c’est comment la position sociale objective va être reconduite et reproduite tandis que
chez Goffman c’est d’observer comme rôles et statuts se traduisent dans les interactions.
En résumé : ce qui sort de l’approche de Goffman c’est que le statut répond essentiellement à une échelle de
prestige (là qu’il va rejoindre Bourdieu, l’échelle de prestige étant implantée dans une hiérarchie sociale, car
l’échelle de prestige est assurée par le rang objectif dans une hiérarchie) tandis que le rôle c’est une hiérarchie
d’estime (ce qui va mériter l’estime lors de votre rôle, c’est quand on se rapproche de l’idéal du rôle, ex :
médecin dévoué). C’est une question de médecin. Goffman s’intéresse avant tout au situations, comment ces
prestiges et ces estimes vont être jouées, il y a un certain dynamisme, alors qu’avec Bourdieu cela reste figer.
➢ 9.4 La métaphore du jeu social (point commun entre les deux) :
L’illusion du jeu, un jeu a des règles qui s’agit de suivre et ces règles sont arbitraires car construites (pas
naturelles). Les autres caractéristiques du jeu c’est que c’est essentiellement un savoir commun (« knowing-
law »), pour bien le maîtriser, au fur et à mesure, on va acquérir un savoir faire, un savoir de « comment faire »
(ex: tennis, on apprend où frapper) . Il y a aussi l’idée d’une stratégie de jeu, qui peut être inconsciente, comment
faire pour marquer des coups dans le jeu. Cette idée de jeu permet de faire la différence entre les types de règles.
Cette distinction est importante car cela déplie les conséquences des transgressions, on risque plus de choses en
transgressant une règle substantielle que cérémonielle.
I. Les règles constitutives/substantielles : règles qu’on doit absolument suivre sinon on ne joue pas
(ex:échec si on prend notre roi et qu’on traverse le plateau on va dire qu’il ne joue pas aux échecs. Les règles ne peuvent pas
être transgressées sinon on sort du jeu). Ce sont des règles épaisses et contraignantes et elles constituent le jeu.
II. Les règles régulatives/cérémonielles : D’autres règles qui sont plus superficielles (veut pas dire qu’elles
sont pas importantes) dites règles de régulation du jeu (on peut jouer au tennis de manière agressive ou pas) , style de
jeu qui sont acceptables.
Les règles régulatrices et constitutives permettent de souligner que les rôles et statuts sont définies par ces
règles. Et quand on transgresse la règle constitutive (médecin qui ne soigne pas) c’est grave mais si on
transgresse une règle régulative (un médecin qui soigne mal) comporte moins de risque. Jeu de la discussion, si on
nous pose une question est qu’on ne répond pas, on transgresse la règle constitutive tandis que si on répond peu, on reste encore dans
le jeu de la conversation.
Goffman s’est beaucoup intéressé à ça, car si on transgresse ces règles constitutives, c’est qu’on est hors de
la communauté. Chez Bourdieu, le jeu est lié à l’échange sociaux tandis que chez Goffman, c’est le jeu théâtral,
c’est un jeu qui se rejoue tout le temps et dans toutes les situations. Le socle des choses partagées jamais remises
en question est associé par Goffman aux règles de jeu de base social, le type de savoir qu’on doit partager pour
être membre de la même communauté.
➔ On complète toujours le vide dans les interactions avec ce sens commun (ex : Google traduction dans la phrase « la foule
manifeste à cause de la nouvelle loi car elle n’est pas insatisfaisante », Google ne sait pas que « elle » signifie la loi, ce que
nous nous savons, grâce à notre sens commun, car ce sont les lois qui sont souvent insatisfaisantes.
➔ Isomorphisme entre les structures sociales et les dispositions sociales dont la notion d’habitus est la
synthèse, qui nous permet de nous mouvoir dans le monde social de manière fluide. L’habitus est un
savoir faire qui nous permet de naviguer en voyant ce qui est pour nous ou non.
10. Structure sociale : culture populaire
➢ 10.1Réflexion sur les statuts et le caractère figée de la structure sociale :
Bourdieu a une vision légitimiste de la culture : c’est l’idée que ceux qui sont tout en haut de la structure
sociale détienne le capital culturel, cette vision fait de la culture légitime le référent que tout le monde adopte.
➔ Ce légitimiste est aussi une forme de misérabilisme : ce sont des misérables, ils n’adoptent pas la
culture légitime, ils ne vont pas à l’opéra par ex.
Gugnan et Passeron revisitent une définition de la culture : Ils disent que c’est complètement faux, car ceux qui
sont tout en bas de l’échelle sociale ont aussi une culture. C’est une réflexion de la culture populaire qui ne se
définit pas uniquement par la négativité. Ils vont donc travailler à dissocier le statut de la culture en disant
qu’il peut y avoir des statut de prestiges dans la société mais cela ne veut pas dire que ceux qui sont en dessous
sont des ombres. Richard Hoggart va créer un mouvement dans les années 80 qui vont essayer de réfléchir à la
culture autrement qu’en terme de capital, figé une bonne fois pour toute.
➔ C’est l’idée que la culture est un système d’échanges, de valorisation collective, de vivre ensemble et que
le fait de ne pas avoir accès à la culture légitime peut être un plus dans la culture cultivée. Il va travailler
à une sorte de réhabilitation à cette culture dite « misérable », il faut arrêter d’avoir une culture
condescendante de la culture populaire. La culture ouvrière est un monde de ressources et pas
seulement d’absence ou d’échecs.
➢ 10.2. Les caractéristiques de la classe populaire (Hoggart)
L’art de l’opportunité : Les membres de la culture populaire serait caractérisé par une forme de virtuosité par
une forme de « débrouille ». L’idée aussi que ces membres ont un rapport distancié par rapport à la culture
légitime et de masse → ils ont une forme de détachement, une attitude nonchalante (rapport ironique et cynique en
disant « on nous l’a fait pas, ce sont des bobards »). Cette forme de distanciation montre qu’elle n’est pas l’apanage de
la culture dominante (Bourdieu disait que la classe dominante aurait une distance différente aux nécessités et
peut se permettre le luxe du détachement et de la pensée).
Des ressources de distanciation avec l’ « entre-soi » : grâce à tous ensemble de pratiques communes (discute
énormément entre eux), ce qui créer une zone tampon et rend la distanciation beaucoup plus aisée. L’ « entre-
nous » est fière de ses valeurs d’entraide, de partage et développe en même temps une forme de morale mi-
cynique mi-fataliste, une forme de réalisme (« toujours les mêmes qui gagnent » → ne facilitent pas la révolte, « faire avec
ce qu’on a » d’où l’importance de l’opportunité) . La culture populaire développe une vision quasi carnavalesque du
monde en rendant les grands plus petits, plus bas que soi.
Ce qui caractérise cette culture populaire c’est donc une forme de réalisme défensif comme dirait Hoggart :
idée que ce sont toujours les mêmes qui gagnent mais ils ne nous auront pas toujours.
➔ 10.3 Propre logique (stratégie et tactiques)
La logique n’est pas uniquement celle de la nécessité mais aussi de véritables pratiques du réel qui va être
développé.Ex : Lazarfeld remarque que dans un village pauvre, on plante des fleurs à la place des pommes terres (illogisme) →
forme de luxe que les ouvriers veulent faire, le luxe étant une forme de victoire sur les impératifs. On s’octroie un luxe gratuit et non
fonctionnel qui est important. La politique du « menu-peuple » va être développé en France à la suite de Michel de
Certeau (historien) dans les années 1980 : il s’est intéressé à la distinction entre d’un côté les stratégies de la
culture populaire et les tactiques.
• La stratégie : dans ce champ de bataille, il y a ceux qui ont la possibilité d’imposer un ensemble de
quadrillages, de ségrégations de l’espace. Les stratégies c’est les dominants qui peuvent les imposer.
• Les tactiques : manière de se glisser dans les espaces définis par les dominants en essayant de se jouer
du quadrillage, c’est donc de l’ordre des dominés. Ex : dans les entreprises, on a la tactique de la perruque, les
ouvriers mettaient des bouts de cuivre de côté pour se mettre sur la tête à fin de se moquer du contre-maître qui est roux. →
micro subversion, micro tactique. C’est l’idée de de détourner le temps de travail pour ses propres besoins, pour satisfaire
des objectifs qui n’ont pas été prévu par les stratèges. « La polémologie du faible » → le faible sur le champ de
bataille va essayer de fournir des armes à sa manière.
James Scott : s’intéresse à la manière dont les dominés va essayer d’échapper au quadrillage symbolique et
spatiale des dominants. Il va insister sur la manière dont les dominés vont échapper dans leur tête (battre en retraite
dans leur tête « osez toujours, on en pense pas moins » pour se soustraire à l’imposition symbolique des dominants).
➔ Il parle des « public transcripts » : discours que les dominés sont obligés de reconduire (ex : les ouvriers
doivent baisser la tête devant le chef) mais dans leur tête, il y a un espace de dé-totalisation. Les dominés vont
parvenir à résister aux dominants grâce à une vérité alternative « hidden transcripts », avec un tout un
autre déroulement dans leur tête.Le comportement est déférent mais la réalité est une réalité de
distanciation et de mépris. « Quand le patron passe, l’ouvrier s’incline et pète en silence »
Ces termes (stratégies/tactiques et hidden/public transcripts) sont directement des notions relationnels, et montre
un certain dynamisme.
Les métisses culturels par l’historien Carlo Ginzburg : Il va travailler sur des archives de l’Inquisition qui a
condamné un meunier du nom de Menocchio. → se fait un cocktail culturel en mélangeant des éléments de sa
propre culture et de la culture dominante qu’il digère à sa manière. Il va rendre sien cette culture de la ville,
culture écrite et va l’hybrider avec la culture orale. Les traits de cette culture orale ce sont des évidences
notamment que le fromage génère spontanément des vers, de même pour la terre qui génère des créatures
terrestres et des anges qui sont des vers un peu plus élaborés → terre = fromage. Cette analogie va lui permettre
de nier le message religieux et de rentre un scepticisme religieux très lettré et logique. Menocchio va rejoindre,
avec sa manière tactique, une affirmation complètement subversive qu’est celle de la négation même de Dieu et
dénonce les prêtres, qui usurpaient ce que la Terre produite. → va donner une forme de troisième culture,
alternative.
➢ 10.4 La culture populaire en culture de masse ?
Hoggart finit son livre en disant que la culture populaire qui se tient et résiste par ses valeurs d’entraide, c’est
quelque chose qui est en train d’être érodé notamment par la culture de masse (biens médiatiques, accès à la
télévision, biens de consommation qui sont des promesses d’ascensions sociales). C’est quelque chose qui va
faire miroiter à la culture populaire et qui va casser ce « nous » consistant. Goldthorpe en 1969 va parler de
« l’embourgeoisement du prolétariat », le prolétariat va adopter des pratiques de consommation qui leur sont
devenu accessible et qui vont adopter des pratiques culturelles bourgeoises, ce qui les arrache à leur culture
populaire.C’est la possibilité pour des petits employés de monter en grade et de brouiller les frontières entre le nous et le eux. Cela
va engendrer une fausse conscience de classe (l’idée que les membres de la classe populaire vont rêver d’appartenir à une classe
moyenne en oubliant d’où ils viennent).
Ce que fait miroiter l’industrie culturelle c’est la réussite sociale et elle déclenche la fausse conscience : Marx
avançait que la conscience en soi est à la conscience qu’on doit avoir de part notre position dans la structure de
classe (conscience ajustée à notre vraie classe d’appartenance). L’idéologie va nous faire développer à une fausse
conscience, qu’est la conscience pour soi (espoir, espérance d’ascension sociale qui veut rester lettre morte et rendre
impossible la révolution du prolétariat. L’industrie culturelle (fondamentalement bourgeoise dans le sens de ces fabricants)
proposée par T.Adorno va être caractériser ces produits à très hautes consommations (télé, musique) et qui vont
standardiser les biens culturels (on consomme tous les mêmes biens, désormais mondiaux comme les jeux télévisés) et éroder
ces frontières de pratiques culturelles. La culture de masse est le produit du divertissement et s’amuser cela
veut dire être d’accord selon Adorno.Elle divertit l’attention en la détournant sur des biens qui nous
aveuglent au lieu de nous réveiller.
➔ Culture affirmative (produit de la culture de masse): affirme et ré-affirme la réalité du monde tel qu’il
est, faire miroiter l’amusement pour endormir la résistance. Quand on s’amuse, on n’a plus l’idée de
contester ces pratiques (ex : Facebook). Cette culture affirmative vient se heurter la théorie
négative/critique, qui est une vraie théorie émancipatrice qui permettrait une révolte contre la stratégie
somnifère du dominant (« non on ne veut plus être d’accord »).
➔ L’homme uni-dimensionnel de Marcus : L’industrie culturelle nous aplatit à une dimension, qu’est l’être
de consommation qui en oublie de penser. L’art serait le contraire de l’industrie culturelle, car il travaille
sur le décrochage de la réalité (ex : Tableau de Guernica de Picasso).
Conséquences : les grandes populismes, on mise sur des vieux ressorts de la culture populaire, notamment le
« eux » versus « nous » mais sans les valeurs d’entraide et de morale à la culture populaire. Hofstadten va
diagnostiqué déjà cette montée de populisme comme le style paranoïaque en politique, l’idée c’est que c’est une
forme de défiance systématique et mal attentionnée (tout ce qui vient de l’autre bloque).
➔ On peut dire que la culture dominante est la culture de l’élite, de distinction → donc eux versus nous
aussi ? Non car elle ne se définit pas directement par rapport à ceux d’en bas. Dans cette culture des
dominants, il y a surtout moins l’idée qu’on forme une classe. Les dominants se perçoivent comme des
« perles » uniques avant de se percevoir comme une classe sociale → se perçoive comme un agrégat
d’individus, ils sont d’abord des individus.
11. Le naturalisme et le constructivisme
Les science sociales sont une entreprise de dénaturalisation, cette vision est donc problématique. Le naturalisme
là-dedans fait un peu mauvaise figure, car c’est le retour de la nature, viendrait soustraire tout un ensemble
de phénomènes de notre action (quelque chose auquel on aurait rien pu faire ex : éruption d’un volcan, capacités qui nous
seraient naturelles en tant qu’être humains). Il y a une partie des approches dites naturalistes qui se sont soumises à une
critique très forte des sciences sociales, car elles on naturalisées ce qui ne l’était pas (le viol c’est naturel).Le
naturalisme est une manière de mettre à l’épreuve un certain nombre d’hypothèses notamment sur le
fonctionnement de l’esprit, encapsulé dans les théories du social. (raison du pourquoi aller chercher dans
le naturalisme)
➢ Bronner « Le danger sociologique » : va dans les sciences cognitives et dit que les individus ont du libre-
arbitre (individualisme méthodologique de Boudon, individu pas soumis aux classes dominantes, toutes les actions des
individus sont rationnelles). Bronner va se servir comme il veut dans les sciences cognitives c’est que
l’individu rationnel existe vraiment, que la société peut être expliquée par les individus. Cela va
permettre de justifier le modèle de l’esprit encapsulé dans l’individualisme méthodologique → mais
plusieurs modalités de l’esprit comme la modèle de l’esprit inverse c’est Bourdieu
➢ Naturalisme : C’est l’idée que toutes les affirmations qu’on effectue en sciences sociales doivent
pouvoir être vérifiées notamment par les autres sciences → idée d’une comptabilité, une exigence
minimale. → vérifier si c’est compatible avec les dernières avancées dans les autres sciences. C’est donc
l’un des premiers intérêts qu’on peut trouver dans le naturalisme.
Boudon Bourdieu
Rationalité, transparence (quand Dispositions et habitus, une forme d’opacité (pas du tout claire, on a pas
on agit, on sait pourquoi on agit) accès au ressort décisif de nos actions)
Savoir que Savoir comment → savoir faire
J.P. Changeur → grâce aux neurosciences on a prouvé qu’il y a des
structures qui se stabilisent dans notre cerveau → trace de l’habitus
L’esprit humain n’est ni bourdieusien ni boudieusien mais par contre il a une architecture très forte, avec un
système 1 (traitement extrêmement rapide) et un système 2 (système de réflexion et de jugement) de traitement
de l’information (Evans) et cela veut dire qu’on a un cerveau en partie bourdieusien (à force de pratiquer certaines
choses, de développer un savoir-faire, celui-ci finit par nous maitriser ex : on finit par conduire sans y penser comme le système 1)
mais on a aussi un système de traitement plus élaboré, plus distancé (système 2 peut difficilement enclencher une action
mais a le droit de veto, peut bloquer une action)
Le constructivisme :consiste à dire que le monde qui nous entoure est le produit de constructions, l’ensemble
des faits sociaux précède la logique individuelle . C’est la posture par défaut des sciences sociales.
Deux tendances dans le constructivisme
Holisme (Durkheim + Bourdieu) Micro-sociologie (Garfinkel + Latour)
Se penche sur les processus de Comprendre la méthode des membres de la communauté. Il dit que
constructions des faits sociaux, ceux-ci certes les faits sociaux sont construits mais construits par des
étant le produit de ces processus. On procédures continuelles d’activités sans cesse relancées. Il faut voir de
advient dans un monde avec des quelle manière ces faits sociaux sont produits dans les moindres de
institutions déjà constituées (avec nos interactions. → éclairer les processus de chosification qu’on
Garfinkel, on ajouter sur un certain reconduit tous les jours.
dynamisme, et va regarder comment Latour va reprendre en disant que même quelque chose qui semble de
les gens vont les reconduire) l’ordre du donner (scientifiques) sont l’accomplissement de
constructions → met la science elle-même dans ce processus.
Un des exemples que donne Garfinkel c’est de montrer comment Agnès qui est une transgenre (H→F) comment elle devra accomplir
son identité de genre, elle hypertrophie le processus auquel on travaille tous de manière continue (ici, l’appartenance de genre, qu’on
accomplit dans nos moindres mouvements mais qu’Agnès doit apprendre qui sont parfaitement naturelles homme ou femme)
Cela implique du point de vue analytique qu’on doit suspendre ce qu’on sait sur une situation, sur les statuts des
membres pour voir de quelle manière.
Il ne fait donc pas sens de parler de nature car même la nature est le produit d’un accomplissement ou d’une
institution.
➢ 11.1. Les diverses réflexions autour du naturalisme
La société d’individus: on se demande si ce pari politique de la société des individus, c’est juste un pari de
l’émancipation ou est-ce que ce pari est encré dans une réalité empirique qu’est la liberté ?Est-ce que cette
société des individus comporte des individus libres, autosuffisants et est-ce que cet individu existe ?
➔ G. Bronner avance qu’en effet, en substance, nous sommes des êtres libres, non déterminés. Il va dire
que les individus sont responsables de leurs actions, vu que pas déterminés pas des institutions et il va
s’appuyer sur les neurosciences pour affirmer ça. « Cette société des individus est parfaitement viable car
ces individus autonomes je les ai parfaitement rencontré »
La nature humaine : Si on réhabilite l’idée d’une nature humaine, on doit rajouter une boite, on aurait la boite
culture d’un côté et en face la boite nature et la question serait de se demander qu’est-ce qui rentre dans telle
boite (ex : le genre homme/femme est construit et rentre dans la culture ou est-ce que c’est de l’ordre du sexe, et que ça rentre dans la boite nature) .
Cela implique aussi d’autres réflexions sur la société, elle devient le milieu naturel des individus, elle ne nous
contraint plus, ce n’est plus une structure de fer mais un lieu qui nous permet de nous établir socialement, de
nous épanouir.
➢ 11.2. Individus, égoïstes ou coopératifs ?
Est-ce que l’individu est égoïste ? Les économistes se donnent des jeux expérimentaux, nous sommes sans cesse
des êtres égoïstes/free rider et alors comment arrivons-nous à coopérer ? Les institutions seraient donc le seul
moyen de nous faire coopérer selon Hoobs, de nous forcer via des contrats.
➔ L’Homo Duplex de Durkheim : l’être humain est un individu à double couches, d’un côté le « JE »
faits d’instincts biologiques, de survie et le « NOUS » ou représentation collective qui sont
directement apprises et appliquées via les institutions et nous apprennent la morale. → les
institutions moralisent les individus qui sont naturellement immorales. La morale ne viendrait
pas des individus,les normes morales sont directement sociales et directement endossées par les
institutions.
➔ Bourdieu : gomme potentiellement l’esprit individuel, le « JE » car il est façonné de part en part par
le monde sociale. Chez Bourdieu, il n’y a pas besoin de psychologie, car le « JE » n’est que le
produit de ces institutions (alors que chez Durkheim, il y a un tiraillement tout de même entre
individu « JE » et le collectif, tension qui n’existe pas chez Bourdieu).
Individus coopératifs : D’autres modèles insistent sur la dimension naturellement coopérative des individus →
les individus pro-sociaux. On a un comportement social continue au point de devenir empathique, de ressentir
de l’altruisme. D’autres disent qu’il faut arrêter de réduire le « JE » à un être égoïste, car on ne le sait pas, il
faudrait savoir ce qu’il en est et donc tout ne repose pas sur le travail de façonnement de l’institution (rejette une
dépendance totale aux institutions).
➢ Coopérateurs non aveugle de K. Wynn et Hamilyn : Tout un ensemble de croisements pour savoir si en
présence de comportements pro-sociaux entre les membres d’un même groupe ou non → aide tout les
semblables de la même manière que ceux qui ne nous sont pas semblables ? La réponse est qu’on est
pas des coopérateurs aveugles, on coopère selon l’appartenance. Mais alors quels sont ces critères
d’appartenance ? Qu’est-ce qu’un semblable ? Est-ce que les critères sont visuels ? Les critères de
l’appartenance sont rarement figés, et ces critères ne sont pas forcément définitifs, ils peuvent être
reconstruits et remontés (expérience des T-shirt bleu et rouge, ancienne appartenance suspendu) . L’appartenance et la non
appartenance doit être soutenue par des mises en saillante et cette saillante est souvent faite par des
idéologies et des programmes politiques (trace des frontières entre le groupe et les hors-groupe, on favorise des
comportements pro-social à l’interne et on les désactive à l’externe)
Comment définir si l’individu est moral ou pas ? Avec des dispositifs expérimentaux, on teste les attentes (on est
des êtres d’attente, on attend ce qui se passe normalement dans le cours des choses) mais on a pas seulement des attentes
socialement construites car ce que rajoute les naturalistes, c’est qu’on a des attentes innées, ou du moins très
précoces. Avec les différentes dispositifs des sciences cognitives, on a essayé de montrer si il y a des attentes
innées avec l’idée dans les sciences cognitives que le petit homme est le produit d’une longue évolution
biologique, qui n’a pas seulement sélectionné des traits physiques mais aussi des traits de notre esprit, y
compris sur nos capacités et nos attentes. Notre cerveau est équipé pour survivre dans un environnement
physique mais il est aussi social. Le cerveau social, notre principale attente est un intérêt fondamentale pour le
lien social.
P.Bloom et K. Wynn ont montré une expérience à des bébés, un film où il y avait deux conditions avec un rond et un carré avec des petits yeux, une où
le petit rond aide le carré à monter une pente et dans l’autre condition, le rectangle veut monter et le triangle va l’empêcher de grimper. Et après, on
leur demande de choisir entre d’un côté le rond et d’un côté le triangle → les bébés choisissent majoritairement le rond. Chez le bébé, il y aurait déjà
une lecture, une attente d’un comportement pro-social.
Conclusion : Il faut donc nuancer le tableau, car le modèle égoïste ne correspond peut être pas à la véritable
nature humaine. Les ethnologues avancent qu’on aurait une « appétence » sociale, cela veut dire qu’on
aurait un appétit pour le lien social. Les humains qui seraient isolés, ont des lésions et des pathologies
physiques (ex : prisonnier isolé). Si on est un animal, on est un animal social. L’être égoïste que dépeint l’homo
economicus des économistes n’existe pas forcément, c’est une construction idéologique. Et on peut aller du côté
du naturalisme pour remettre la nature dans notre domaine d’action, sans donc figer des pratiques en les
remettant à l’ordre naturel.
L’homonculus de G. Bronner : il y a les neurones, le grouillement du cerveau et au dessus de toutes ces
activations il y a quelque chose comme un self, un « homonculus », un petit décideur qui a toujours la
possibilité de choisir dans le marché des bonnes raisons (→ petit marché dans la tête, je suis au fin fond de ma banlieue mais
je peux encore utiliser toute une panoplie d’actions disponibles) . On a des raisons d’agir et donc on est pas causalement
déterminé. Il est donc contre Bourdieu, avec la causalité et du déterminisme, la sociologie ne pourrait pas être
une science car elle ne travaille pas sur des causes mais sur des raisons.
➔ La raison on peut la mettre dans la tête, dans une tête, qui est une tête non prise dans des liens de
réciprocité. Et peut dire que les raisons d’agir sont encapsulées dans l’entre monde (on répond à une question,
on répond automatiquement c’est de l’ordre du petit décideur tandis que si on répond en fonction du contexte, raisons d’agir) → raisons
d’agir observable non pas comme le petit décideur dans notre tête.
➔ Instance qui décide d’agir dans la tête, ce qui ressort des derniers travaux c’est que notre cerveau est
composé d’un système 1 et système 2 permet de prendre des distances, renvoie au jugement. G. Bronner
se heurte à la décision d’agir, notamment avec l’expérience de Libet à propos du libre arbitre : il a fait une
expérience avec une grande montre et le sujet extérieure doit dire à quel moment il décide de presser un bouton → le corps inconscient
décide avant que la personne décide d’agir dans sa tête . J.Searl va dire que le bonhomme une fois qu’il s’assied, on le
prépare déjà à agir, à vouloir presser le bouton, il s’est mis lui-même dans la disposition d’agir.
Il y a un bien quelque chose comme arbitre, mais qui permet simplement de bloquer le cours de l’action.
Cela veut dire que si on avalise ces modèles contemporains de l’esprit, il y a des dispositifs qui peuvent
encourager le droit de veto du système 2, plutôt que le système 1 → dispositif de refroidissement qui nous
encourage à prendre du recul alors qu’il y a d’autres dispositifs qui nous immerge dans des routines (ex :
l’armée). Ce qui est intéressant c’est qu’on revient, contrairement à G.Bronner, qu’on peut prouver qu’on a des
capacités de distanciation qui sont soutenus et encouragés différemment par des dispositifs.

12. Réfléchir autrement qu’en terme de liberté et de déterminisme


G.Bronner avec son livre pose la question de la liberté vs le déterminisme. Et plutôt que de s’arrêter sur cette
question (qui ont des connotations politiques, si l’individu est libre, on va le sur-responsabilise) , on ferait mieux de voir quels sont les
autres prises de l’action des dispositions et aussi les capacités.
1.Les réflexions d’Arendt avec le procès d’Eichmann : la réflexion propose d’arrêter de chercher le mal, la
responsabilité dans quelque chose qui serait diabolique dans les individus, car c’est l’arrêt de la penser qui fait
que des choses horribles se sont passées durant la 2GM. La banalité du mal est l’idée que le mal que l’on peut
tous commettre, c’est un mal extrêmement banal mais dangereux, c’est de suspendre sa faculté de réfléchir.
C’est la propension qu’on a tous à être des petits fonctionnaires et à obéir aux ordres sans les remettre en cause.
Certaines formes de dispositifs qui inhibent les facultés de juger les actions, et endormissent la pensée et la
conscience. Critique qu’on fait, c’est qu’elle excusait les actes d’Eichmann en disant que c’était un pauvre
bureaucrate.
2.Distinction entre deux grands types de causalité pour expliquer le comportement de F. Dresde :
Causes déclenchantes Causes structurantes
Causes directes et immédiate que nous voyons et qui Donne un sens à mon comportement, le structure et
intéresse Bronner, car elles ont un statut de décision l’oriente de manière générale.
rationnel, on peut voir ça via le cerveau. Les causes structurantes ont plus de lien avec les
Étudier les causes déclenchantes relèveraient de la probabilités (toujours possible de ne pas avoir le
psychologie. comportement attendu)
Ex : Quand la reine entre dans la salle, je décide Ex : Je fais la révérence à la reine car je lui dois le
volontairement de faire la révérence respect et que je tient à lui montrer.
Bronner, avec son individualisme méthodologie, craint qu’on donne trop d’importance aux structures (comme des
super-pouvoirs) et pense que les croyances irrationnelles que les individus ont peuvent être éviter en leur musclant
le cerveau, c’est à dire réapprendre à résister au biais cognitif, à ces perceptions fausses.
3.Les dispositifs : avec eux, on ne peut pas rester dans l’alternative liberté vs déterminisme car il y a tout un
ensemble de dispositifs qui vont orienter nos actions de manière invisible. De plus, les dispositifs nous
permettent d’agir, tout en nous obligeant à ne rien faire (encouragement, incitations). Agamben dit d’ailleurs que
dans nos sociétés démocratiques, on est plus dans l’ordre du commandement et de l’obéissance mais dans une
culture de l’incitation et de l’encouragement.
➔ Exemple du Mudging : encourager les gens à agir de manière positive, c’est l’idée d’une économique qui va se faire plus incitative pour
encourager le bien être (Ex : pour lutter contre l’obésité, on remplace les bonbons près des caisses par des fruits et des légumes)
➢ 12.1 La responsabilité dans l’opposition liberté vs déterminisme : sur-responsabiliser les individus
(liberté) ou de les excuser (déterminisme).
Il faudrait se dire qu’il y a tout un ensemble en tant qu’acteurs d’actions qu’on accomplit en tant que membre
d’un collectif, on participe à des actions qui ne pourraient pas être accomplies individuellement (ex : on a gagné le
match de foot contre x, car le match de foot a plusieurs sujets qui travaillent ensemble → collectivisation impossible) . De même, il y a des
actions qui sont de fait collectif et qui ne peuvent pas être réductibles à un seul être (de même avec l’armée quand on dit
qu’elle a massacré des hommes, en responsabilisant qu’un seul soldat → individualisation de l’armée, impossible)
Actions collectives « précoces » avec Margaret Gilbert : ces actions collectives commencent par le simple fait de
marcher ensemble. Il y a deux JE qui décident de marcher et cela va engendrer un NOUS allons marcher
ensemble. La simple conversion de JE en NOUS c’est quelque chose qui transforme absolument tout car quand
j’ai contracté (micro-contrat) la marche avec l’autre, cela va engendrer tout un ensemble de droits et d’obligations.
On aura un NOUS qui n’est plus distribuable, réductible entre un JE et un TU (construction d’un micro-collectif) et
à la fois des droits et des obligations (ex : marcher au même rythme). Gilbert essaie de montrer comment la société des
individus tient ensemble par des micro-contrat et on devrait pouvoir appliquer ça à des gros collectifs (comme pour
marcher, on accepte volontairement d’être citoyen avec les obligations derrière) .
➔ Construction du NOUS qui se retournent sur ces créateurs avec le phénomène d’auto-transcendance de
Durkheim : on crée quelque chose qui nous dépasse nous-même. Même si on part de l’accord délibéré
des individus on arrive à quelque chose qui nous échappe avec des droits et des obligations. Il sous
entend qu’il y a des NOUS auquel nous n’avons pas contracté officiellement tant il y a de situation
similaire (passage à 18 ans, l’âge de la majorité)
➔ Échappatoire face à ce petit Léviathan, ce NOUS qu’on crée (Gilbert): dans notre tête on peut encore
déguerpir, ce qui fait que notre tête est découpé en « WE-MODE » et « I-MODE », dédoublement et
distance intérieure entre le « WE-MODE », en tant que membre d’un NOUS, je suis obligé de marcher
avec l’autre mais en tant qu’individu personnel, cela peut m’ennuyer.
➔ Les croyances : on a tout un ensemble de croyances qu’on peut développer suite à une
communauté (en tant que club littéraire NOUS pensons que c’est le plus beau poème de Shakespeare mais MOI
personnellement je) et il y a des systèmes de pensées qui interdisent ce dédoublement, notamment
dans les systèmes d’intégration totale (sectes = on doit être uniquement pénétrés de ce NOUS)
➢ 12.2La gouvernementalité de Michel Foucault (c.f. plus haut dispositif lien)
Sa théorie est de dire que la modernité, la société des individus, elle se caractérise par une transformation
radicale du pouvoir, où on va passer de la « souveraineté » (structure de pouvoir extrêmement claire, monarchie) à la
« gouvernementalité » (l’art de gouverner, c’est à dire réguler les rapports sociaux) . La différence c’est que la souveraineté est
directement appuyée sur des rapports de force frontaux (rapport assujettissement visible) alors que la gouvernementalité
est plus subtile, plus diffuse et plus intelligible et beaucoup plus efficace.
Pouvoir « pastoral » → hyper individuelle Pouvoir de l’économie politique → abstrait
Renvoie à la métaphore du berger qui s’occupe de ses moutons Pouvoir globalisant et quantitatif du monde
et surtout les noirs qu’il s’agit de ramener dans le troupeau. social.On ne va plus venir vers chacun mais
Individualisme qualitatif : avec les techniques de soi, comme le la gestion de la population et la définition de
christianisme et la psychologie, pour nous remettre dans le droit zone à risques (ex : quartier chaud). On a
chemin de la normalité. Si on fait faux, on ne va pas forcément l’établissement quantitatif/statistiques.
vous écarteler mais vous corriger jusqu’à ce que vous soyez
normal dans la société.
La modernité se construit entre cette division de normal vs
pathologique
La gouvernementalité est l’alliance du pouvoir et du savoir, qui lui permet d’avoir un pouvoir d’anticipation et
de prévisibilité (accumuler du savoir sur vous pour anticiper les choses que l’on va faire)
Les sciences de l’humain : la gouvernementalité s’appuie sur la démographie, l’histoire, la psychologie car
toutes ces disciplines soutiennent cette vision de l’état comme celui qui gère la population et anticipe les
conduites à venir. La gouvernementalité transforme les individus en objet de savoir qui va servir cette
économie politique.
Le pouvoir moderne allie à une espèce d’anatomie des corps et des âmes et à la fois d’une économie des moyens
de surveillance.
Conséquences : Le pouvoir est d’abord un pouvoir de normalisation, il ne nous oblige pas à l’obéissance intime,
il veut juste nous aider à être un être normal et acceptable. Cela inclut un endoctrinement des corps dont
notamment à l’école (on dresse le corps car on apprend aux enfants à se tenir droit, à bien se laver les dents) où le dressage corporel
devient des techniques de soi. Le pouvoir du coup n’est plus l’exercice brutale des contraintes qu’on doit se
plier mais simplement un critère de normalité qu’on doit prendre en charge (technologie qui regarde si on marche
bien, mange bien, nous dise si on vit normalement) .
Cela va engendrer une forme d’auto-normalisation, d’auto-discipline
de manière enthousiaste et qui vont infiltrer les interstices de la vie sociale.
➔ Le Panopticon de J.Bentham : c’est un dispositif architectural où il y a des individus qui peuvent nous
voir à tout moment, sans que nous nous puisons les voir. Il suffit que la simple pensée d’imaginer qu’on
peut être vu suffise à censurer notre comportement. Le pouvoir moderne repose aussi sur cet auto-
contrôle qu’on va exercer par nous même. Les individus eux-même travaillent à leur propre
assujettissement, il n’y a plus besoin de violence, cela passe par une propre discipline des âmes et du
corps
Exemple de Londres avec les caméras dans la ville, qui sont un pouvoir dissuasif mais il y a un constat alarmant qui dise que les caméras ne suffisent
plus à faire travailler les gens à l’auto-discipline, et ils ont décidé de mettre une voix pour interpeller les gens, piqûre de rappel pour dire qu’il y a
toujours une possibilité d’être vu

13.Conférence Jean-Claude Monod


Le thème de la sécularisation (consiste à faire passer des biens d’Église dans le domaine public) et du charisme/domination
charismatique
➢ 13. 1 Typologie des formes de domination
Max Weber est souvent présenté comme un théoricien de la sécularisation et l’auteur de la typologie des formes
de l’autorité/légitimité/domination. Il touche à des concepts comme la domination qui relie à la fois la question
du fondement de la légitimité de la domination et du fondement de l’obéissance (pourquoi les gens obéissent à tel ou tel
pouvoir et comment tel ou tel pouvoir se légitime lui-même)
Les trois grands types
La tradition Domination légal-rationnelle Caractère extraordinaire de l’autorité (charisme)
On obéit parce qu’on a obéit On obéit aux lois car ce sont Quelqu’un dont croit qu’il sort de l’ordinaire car
depuis longtemps (habitude). des lois élaborées, réfléchies, il a accompli des exploits (guerriers ou capacité
Dimension du passé, de avec un aspect rationnel et à faire des miracles) source de charisme
« l’éternel hier » qui est logique qui impose un respect politique. Cela repose sur l’émotion ce qui lui
sacralisé. La tradition est un de la règle. → on sait qu’on a donne un caractère instable. Forme de
pouvoir qui a passé besoin de règles pour régir un domination qui peut transformer les choses,
l’épreuve du temps et qu’on groupe et donc on obéit à la révolutionnaire lié à des personnalités
considère donc comme règle parce que c’est une règle charismatiques capables de proposer de la
légitime Ex : bureaucratie, état comme nouveauté et en rupture avec leur corps
administration
Ex : gérontocratie, qui est le pouvoir d’origine → mesure d’ébranler la tradition
des anciens, étant donné qu’ils sont Ex : Jésus
plus vieux, ils sont plus sages, et on
obéit car la dimension d’ancienneté
Avantage et inconvénients : domination traditionnelle a pour elle d’être évidente en s’imposant avec le temps
mais elle n’est pas favorable à la nouveauté, qui peut présenter le visage de la routine, de l’enfermement. Le
contre-type c’est la domination charismatique qui est elle peut apporter de la nouveauté mais sa faiblesse (ou
force) est qu’elle repose sur de l’émotion, d’où la nécessité de créer de la croyance sur cette domination
charismatique. Une autre fragilité est que la domination charismatique est liée à la personne et si celle-ci décline,
la domination peut tomber. Les solutions sont que le porteur du charisme désigne une lignée pour prendre sa
suite mais très vite il va devoir établir des règles qui vont donner la forme de domination légal-rationnel.
➔ Weber dégage ces types tout en notant que dans la réalité, aucun des régimes ne représentent à l’état
pur ces trois types mais un mélange. (Ex : 5er République : légitimité charismatique avec De Gaulle, et l’état français
administratif, bureaucratique et donc l’adhésion des citoyens à la domination légal-rationnel)
➔ Origine du charisme de Weber avec Rudolf Sohz (pas sûr du tout) : Il a travaillé sur les premiers temps
de l’église avec une communauté chrétienne réunie par le sentiment commun et non régi par les règles.
Elle était organisée par les dons que Dieu avait donné aux gens (chacun a sa place en fonction des dons donnés) et
très vite, va se poser la tension entre le don et la règle, entre le charisme et la constitution d’une
institution durable. Weber déplace ce problème pour en faire une catégorie sociologique qu’est le
charisme au sens qu’on connaît aujourd’hui. (charisme des sciences sociales qui est devenu approprié par le sens commun)
➢ 13.2 Tendances de développement, évolution de ces différents types dans le temps
Est-ce que ces différents types sont favorisés par la dynamique des temps modernes ou en déclin avec la
modernité ? Un peu des deux. Weber suggère qu’avec la rationalisation des sphères sociales et une économie de
marché régit par le droit, il y a une tendance de développement qui va vers la construction d’état administratif où
le droit tient une très grande place. Il y aurait donc une baisse de l’action personnalisée, les choses sont de plus
en plus régies pour être valables pour tous et la dimension personnelle a du mal à s’affirmer, le charisme ayant
moins de place dans la société moderne, considérée comme impersonnelle. (déclin)
MAIS, Dans d’autres textes, Weber suggère qu’au fond dans les démocraties de masse, le charisme subsiste et
possède un rôle important, car les démocraties sont fondées sur des mécanismes de représentation/délégation de
pouvoir aux représentants. → implique de désigner des gouvernants et pour choisir un gouvernant, le charisme
joue un rôle important dans les démocraties des masses modernes. (favorisé)
➢ 13.3 Les effets du charisme dans la vie politique
Les texte de l’après 1GM, Weber essaie de penser l’articulation entre différentes dimensions de l’état moderne :
parlementaire, producteur de normes juridiques avec aussi cette dimensions de la personnalité et du charisme. Sa
grande interrogation est celle de l’intégration des masses paysannes et ouvrières à la société allemande ainsi que
la construction d’un état où la décision politique soit possible mais où des gardes fous soient donnés par rapport
aux pouvoir personnel. En quelque sorte, créer un état, où il y a des hommes politiques qui ne soient homme
politique par vocation, pas seulement d’opportunisme, mais porteurs de valeurs.
➔ Trouver en équilibre entre la dimension de l’état administratif et le parlement, et de cette dimension
qu’appelle parfois césariste (charisme)
« Les grandes décisions politiques sont prises aussi et surtout dans les démocraties par des individus et c’est
cette circonstance inévitable que la démocratie de masse [...] a toujours payé ses succès au prix de forte
concession du principe césarisme de la sélection des chefs »
➔ La place du charisme dans l’ordre politique : le charisme n’est pas nécessairement contradictoire dans la
démocratie car elle porte des intérêts sociaux dominés, qui peut donner voie à des populations en marge
du système politique et constituer un facteur de changement social important.
➔ 13.4Quelques développement post-weberrien sur le charisme (notamment avec les expériences des régimes totalitaires)
Carl Schmitt Raymond Aron Pierre Bourdieu
Juriste, rejoint le III Reich, il Tradition libérale, parlementaire. Il se réclame de Weber avant de
accentue certains aspects de la écrit sa peur que, désormais nous prendre ses distances, se réfère au
réflexion de Weber notamment de avons appris à craindre les charisme en disant que c’est une
l’importance majeur de la décision promesses des démagogues plus que boîte noire, le charisme varie selon
dans la politique, extrapolation du la banalité de l’organisation les affinités, les habitus des
charisme dans le sens où le rationnelle. Aron essaie de personnes (les gens de telle sensibilité vont
politique est celui qui tranche et reprendre les questions sur si le trouver que telle personne est pas charismatique
décide. Mais il désarticule les règne d’Hitler est une domination tandis que d’autres non). Bourdieu parle
réflexions de Weber car il charismatique, et voit l’arrivée de d’intuition charismatique qui fait
abandonne le pôle sur le fait que De Gaulle au pouvoir d’un œil qu’on peut plus ou moins sentir que
l’homme de confiance des masses réticent, car il soupçonnait une tel ou tel personnage est plus ou
doit être toujours sous le contrôle forme de monarchie paternaliste moins charismatique.
des parlements
Charisme est un concept originellement
théologique transposé en politique
Dans les conditions actuelles, les ressorts du charisme ne se transforment-ils pas ? Lorsqu’on parle des exploits
qui fondent le charisme, Weber cite les exploits militaires et religieux mais maintenant, cela n’a plus trop de
sens. D’où peut donc procéder le charisme ? Ce serait la qualité de parole, qui peut entraîner à sa suite, une
partie de la population. Une autre dimension c’est une certaine maîtrise des données donc une compétence
traduite dans la vie politique par la professionnalisation de la vie politique (ex : ENAC). Il y a aussi une dimension
qu’est le rôle des médias dans le rôle et la construction du charisme où la personnalité privé est mise en
avant, une « peopolisation de la vie politique », avec une image des critères physiques et de séduction au
détriment de la conviction et de la qualité de transformation sociale.
Démocratie veut une similarité entre les dominants et les dominés, les gouvernants sont censés être les mêmes que les citoyens, → jeu complexe entre
la similarité, l’égalité et les écarts vu comme nécessaires pour justifier les capacités nécessaires à être gouvernants. → il faut faire la preuve de
certaines qualités pour accéder au poste de gouvernant.Charisme de fonction = le président, la fonction porte avec elle un effet symbolique qui fait
que la fonction par elle-même porte un certain charisme. → François Hollande, a pas l’autorité nécessaire du charisme de la fonction, il faut donc une
qualité personnelle, une façon de l’exercer.
Attentes de proximité des gouvernants et des gouvernés → mais jusqu’où ?
14. Conférence de Laurent Cordonier : Holisme méthodologique (Durkheim) et de l’individualisme
méthodologique (Weber)
➢ 14.1Origines historiques :
La sociologie et les sciences ont commencé à se développer puis à institutionnaliser à partir de la révolution,
dans une situation où l’ordre social monarchiste s’est fait renversé. Cet ordre jusqu’à présent paraissait aller de
soi (pas bcp de questions qu’on se pose sur comment devait être organisée la société) . Après cela, il s’agit de décider quelle forme
d’organisation sociale on va donner, on doit repenser les liens sociaux, organiser les relations au sein du pays.
On commence donc à réfléchir et à discuter, et on commence donc à réfléchir à qu’est-ce que la société →
conception dominante qui se développe au sein des révolutionnaires ainsi que chez les contre-révolutionnaires.
Révolutionnaires Contre-révolutionnaires
La conception de l’ordre sociale est que les entités Pour eux, impossible de construire et d’instituer le
sociales (nation, état) ne sont que des créations social. Les contre-révolutionnaires adoptent une
artificielles des êtres humains et les humains doivent se ontologie de type holiste, car les individus ne
mettre d’accord pour instituer ces entités. Ces entités préexistent pas à la société, c’est l’environnement
peuvent être réduits à des actes individuels de volonté. social qui existe avant qui forme les individus. Pour
Seules entités qui peuplent le monde social : individus, eux, les individus sont le produit de la société, les
volonté d’existence propre structures sociales les prennent d’emblée dès la
Institutions : crées à l’aide du contrat de Rousseau, intérêt naissance, et donc les individus ne construisent pas
général, acte individuel de volonté libre la société.
➢ 14.2Ces deux modèles se rejoignent dans les sociologies contemporaines.
M.Weber (1864-1920) : approche de l’individualisme méthodologique. Weber reprend à son compte que ce qui
a un réel statut d’existence ce sont les individus, leurs pensées et leurs actions, et non pas les structures. →
individus = explication des phénomènes sociaux. Il faut donc comprendre les actions individuelles avec un
postulat de rationalité. Le sociologue doit reconstituer les motifs qui poussent les individus à agir, il faut donc
tenir compte du contexte dans lequel les individus agissent. → montre que les actes compris des individus
agrégés entre eux ont formé une structure.
➔ Exemple de l’organisation capitaliste : Weber veut comprendre comment les individus ont pu se
comporter tel pour que le capitalisme arrive. Au moment où le capitalisme arrive, il y a une
concomitance entre le nombre de personnes qui se reconnaissent dans la foi calviniste. Le calviniste
valorise l’ascèse du travail et il voit dans sa réussite financière, matérielle, la marque d’une élection
divine. Et lorsque les individus adoptent cette foi calviniste, ils favorisent l’ascèse, ils accumulent le fruit
de leur travail et ne dépensent plus (plus on est riche, plus cela nous indique d’être des élus) . Progressivement, les
capitaux sont accumulés de plus en plus par des individus qui décident de l’investir dans d’autres affaires
et d’investir dans des moyens de productions plus performants. → cela va donner naissance à cette forme
d’organisation économique qu’on appelle capitalisme.
➔ Idéal-type : il faut pour comprendre un phénomène sociaux donc rapporter les actions d’un individu
concret aux actions d’un individu abstrait → idéal-type. Vu que les actions des individus sont difficiles à
comprendre (actions varient à chaque fois, selon individu, très compliqué donc de saisir les motifs réels de chacun) , il faut donc
constituer un individu abstrait et typique du groupe auquel il appartient et c’est à lui qu’on va penser
pour comprendre pourquoi tel ou tel individu singulier se comporte ainsi. L’individu typique a des buts
claires et entreprend tout pour les atteindre. → individu singulier n’est pas rationnel, il ne va pas
forcément utiliser les meilleurs moyens pour arriver à ses buts. → postulat rationnel des individus
Raymond Boudon (1934-2013) : Il considère que les raisons d’agir des individus constituent la cause réelle de
leurs actions (Weber, les actions des individus sont causés par une multitude de facteurs qu’on arrive pas à prendre en compte) . Chez
Boudon, les causes réels des actions des individus sont à chercher vers les raisons que les individus attribuent à
leurs actions → théorie de la rationalité cognitive. Nos actions seraient toujours la résultante d’un système
de raisons qu’on se donne. La base de nos actions se trouveraient toujours dans les bonnes raisons. Un individu
qui s’apprête à agir dans le monde social, s’adonnerait donc toujours à un calcul avant d’agir, se demanderait
toujours quel est le meilleur moyen d’arriver à son objectif. Les raisons d’agir ne sont pas forcément la
maximisation des intérêts personnels selon Boudon. Le système de raisons que chaque individu se forme avant
d’agir, introduit d’autres raisons que vers une fin égoïste, notamment les raisons axiologiques c’est à dire les
valeurs (actions réelles seront cohérentes avec nos valeurs, il faut donc comprendre les valeurs d’un individu) . On comprend donc dans le
contexte de l’individualisme méthodologique de Boudon, si il y a des actions irrationnelles selon le sociologue,
c’est parce qu’il n’a pas bien tenu compte des valeurs qui définit les actions ou alors c’est que le sociologue n’a
pas tenu compte des informations dont disposait les individus au moment d’agir (qu’est-ce qu’ils connaissent ou non de la
situation dans laquelle il se trouve ?)
➔ Ex : les croyances magiques représentent des conjectures à partir d’un savoir que l’individu juge légitime. → on a des raisons d’adhérer aux
croyances magiques, genre faire tomber la pluie (besoin de pluie après une période de sécheresse, période cyclique après la période sèche
vient la période de pluie donc rationnel de danser lorsqu’une période de sécheresse dure)
➔ Ex : les agrégations des individus donnent une situation que personne ne voulait → situation irrationnelle ? Ex : les gens cessent de se
vacciner lorsque la maladie est proche d’être arrêtée, donc les individus ne seraient pas si rationnels. Non, car une maladie est très courante
dans une population, on va se faire vacciner, mais se faire vacciner à un coût financier et physique mais comment elle est courante, on a une
pression à le faire, surtout que tout le monde le fera et vu que tout le monde le fera, la maladie devient de plus en plus rare. Cette maladie
donc n’est presque plus là, elle fait de moins en moins peur et donc rationnellement, je n’y vais pas et les autres aussi.
Durkheim (1858-1917) : holisme méthodologique. Le niveau social jouit d’une indépendance ontologique par
rapport au niveau individuel. Le substrat physique et matériel de la société ce sont des individus mais pourtant, il
y a une strate sociale nouvelle qui serait gouvernée par une loi propre et peuplée par ses propres objets. On
explique donc le social par le social. On explique l’évolution d’une structure sociale donnée par une autre
structure sociale.Il existe des représentations collectives (auxquelles ils font s’intéresser) qui sont communément
partagées au sein d’une collectivité et en même temps, elles ne peuvent pas être réduite à la vie psychologique
des individus, car elles ont une vie propre (holisme, impossible de ramener le social aux individus) . Ex : croyance en un dieu unique
capable d’être présent sous trois formes différentes. → représentation perdure dans le temps alors que des individus naissent et meurent, circulent dans
le monde social en s’associant entre elles selon une loi propre. Les individus ne disposent pas d’un accès clair à savoir ce qu’ils
font, une partie de l’esprit des individus est opaque, on ne peut pas expliquer nos propres actions.
➢ Ex : le suicide. → protestants se suicident plus que les chrétiens, car ils sont moins cadrés (anomie, manque de régulation dans la vie
des gens) que les chrétiens (messe, très vertical, très hiérarchique). Manque d’intégration dans la structure sociale est donc
« suicidogène », Durkheim établit une loi sociale qui dit que les personnes les moins intégrés se suicident le plus.
Pierre Bourdieu va préciser la manière dont le monde social s’imprime dans les esprits individuels, le
processus de socialisation marque les individus d’un habitus → entité qui va expliquer pourquoi dans telle
situation on se comporte ainsi. L’idée de l’habitus est que c’est une matrice de perceptions qui détermine
durablement notre rapport au monde. L’habitus se forme au cours de notre socialisation et va toute notre vie
dicter nos choix et nos préférences, il vient se fixer dans notre corps de manière concrète. → visible dans les
positions corporelles. Il existe aussi des habitus de classe, en fonction de notre origine sociale on ne va pas
incorporés le même habitus que quelqu’un d’une autre classe sociale. Ex : personne qui vient d’une famille influente et
légitime, il lui semblera naturelle de prendre la parole en société et de donner son point de vue sur le monde + aisance linguistique qui provient de
notre milieu d’origine.
➔ Goûts des individus : les goûts procèdent d’un environnement social qu’est l’environnement d’origine.
→ le goût pour le vin rouge est plus marqué dans les classes hautes, bière dans les classes basses.
Influence socialisatrice de la société qui viendrait s’imprimer dans nos goûts
➔ Correspondance entre notre habitus et notre lieu d’origine est visible dans les cas de mobilité sociale :
Dans notre milieu d’origine, tout nous sembler aller de soi, on baigne en terrain connu et on arrive à
anticiper les comportements des membres qui on le même habitus. Mais lorsqu’on change de classe, on
perd nos repères, on est complètement démuni. Ce genre de situation montre bien qu’on a intégré sans
nous en rendre compte un habitus qui nous prédispose à nous comporter comme nous le faisons.
Bernard Lahire : habitus n’est pas complet, successeur de Bourdieu. Critique : dans nos sociétés
contemporaines, on est socialisés dans une multitude d’environnements et pas dans un environnement unique
(ex : école, club de sport, amis, famille). Il faut rentrer individu par individu en fonction du parcours social mais
du coup, on arrive plus à expliquer le social par le social en faisant du cas par cas.
Limites des modèles de l’individualisme et du holisme :
Individualisme :problème c’est qu’on peut comprendre n’importe quel type de comportement, on peut autant
comprendre l’action de faire des enfants en crise économique que ne pas faire des enfants en crise économique
par exemple → on peut comprendre tout et son contraire.
Holisme : socialisation mais qu’est-ce que la socialisation, quels sont les mécanismes qui se cachent derrière ?
Est-ce vrai que les dispositions sont réellement implantées en nous, sous quel degré et sous quelle forme ? On
explique le mécanisme de socialisation, on fait des tentatives.

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