Labbe B La Nature Et La Pollution

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ET LA POLHÜTiO N

LES G O Û T E R S P H I L O

BRIGITTE LABBÉ • M I C H E L PUECH

ATURE
ET LA POLHÜTioM
I L L U S T R A T I O N S D E J A C Q_U E S AZ AM
Des vacances fichues .................................... 7
Oui, mais quel plaisir ! .................................. 9
Le chat de la voisine est mort ....................... 11
Le parti de Diane ........................................ 13
La ronde de Marguerite ............................... 16
Gilbert, briseur de cycles ............................. 17
Plus vite, plus haut, plus loin, plus fort............... 20
Des usines à déchets ................................... 21
Faire autrement .......................................... 22
Une seule planète... beaucoup de pays ............ 24
Tchernobyl ................................................ 26
Créer des risques ........................................ 28
Les yeux noisette d'Anaïs ............................. 29
Abracadabra ! 30
Le droit de savoir.......................................... 31
.. et le droit de décider ............................... 32
Steak tartare, vélo, électricité nucléaire ? ......... 33
Tornado, un outil ou un ami ? ....................... 34
Carrelage-les-Flots ..................................... 36
Des dents blanches comme le mont Blanc ........ 38
Le déjeuner d’O liv ie r ................................... 40
Devenir civilisé avec la nature ....................... 42
Et pour finir (Mon cahier Goûter Philo) ........... 45
Des vacances fichues

J v l ie et Fé lix allaient toujours


en vacan ce s à la montagne, mais l’année
de rn ière, au bout de la dixièm e balade
de S’ heures dans les se n tie rs d’altitude,
ils ont tellement râlé <|ue leurs p a re n ts
se s o n t dé cidé s à p a s s e r 2 se m a in e s
à la mer, cette année.
Un so ir, IO jours a v a n t le départ,
leur père re g a rd a it les in fo rm a tio n s
à |a té lé visio n . Fél
Julie et leur mère
entendw un g ra n d
cri. Ils se sont
p ré c ip ité s dan s
le salon.
« ^ u ’e st-c e c|ui
se p a sse ?
s ’incjuiète la mère.

7
— Nos vacances .sont fich u e s,
c'e st une catastrophe, répond le père.
— Quoi, on ne p a rt plus ? hurle Julie.
M a is pourqu oi tu ne veux plus p a r t ir ?
— Un p é tro lie r a eu u n accident en face
de la plage où nous devons aller.
Pans quelques jours, l’eau sera noire
de pétrole et le sable recouvert
de goudron ; il faudra des mois
pour tout nettoyer.
— Une marée noire, une marée noire pile
là où nous devons aller ! J e n’y crois pas,
se lamente la mère.
— C’e st quoi, une marée n oire ? »
dem ande Félix , in q u ie t de v o ir
s e s p a re n ts s i ca ta stro p h é s.

Le pétrole coule dans la m er au lieu de rester


à l’intérieur des cuves du navire. Il va flotter sur
l’eau et se répandre sur les rochers et sur les plages.
Félix et Julie ne savent pas encore q u ’il y a pire
que leurs vacances fichues : cet accident va tuer
des milliers de poissons, de m ouettes, de goé­
lands, d ’étoiles de mer, de crabes, de m o u le s...

8
Oui, mais quel plaisir !

« papa, tu peux me co nd u ire au .stade


de f o o t ? Il f a it tro p chaud p o ur
marcher, demande Robin à so n père.
— Tu exagères, tu mets à pein e
l/H- d’heure à pied.
— M a is aujourd’hui c’e st moi qui ai
les maillots de l'équipe, mon sac est lourd.
On en a p o u r 2 m inutes en voiture.
— Bon d’accord, mais franchem ent,
tu es flem m ard. »

La voiture démarre. R obin peut dire m erci à


tous les pétroliers qui sillonnent les océans. Sans
eux, pas d ’essence p o u r faire rouler la voiture.
Evidemment, ils sont dangereux pour les océans...
Oui, mais quel plaisir d’aller au stade sans fatigue !

C h a rlè n e rem p lit le la v e -v a isse lle ,


met une p a stille de p ro d u it à laver,,
déclenche le program m e et p a rt lire
d a n s sa cham bre p e n d a n t que
la v a is s e lle se f a it toute seule.

9
Derrière la m achine, il y a un tuyau que
C h a rlè n e ne v o it p a s et, p ar ce tu y au ,
des litres d ’eau s’en von t dans les rivières
et dans la mer. D e l’eau pleine de produits
chim iques contenus dans la petite p astille...
Oui, mais quel plaisir de ne pas faire la vaisselle !

• M arc .sort les chipolatas et les côtelettes



• du réfrigérateur pendant que, dehors, Lola
• allume le barbecue. Dès que c'est bien

• chaud, elle pose les saucisses et la viande

« .sur la g rille , au-dessus du charbon.
» Une délicieuse od eu r e n v a h it le jardin.

Pendant que M arc et L o la se réjouissen t


de leur repas, une fumée
p le in e de gaz
dangereux m onte
du barbecue.
O u i, m ais qu el
plaisir de déguster
ce repas, dans le jar­
din, avec des chips et
un soda bien frais !

10
Le chat de la voisine
est mort

Théo adore 5e m ettre au v o la n t


de la v o itu re de 5e5 p a r e n tj et f a ire
je m b la n t de conduire.
Ce jour-Jà, cjuand T héo e ntre dan5
la voiture, il 5’ap e rço it que les clés sont
dessus. Ce n’e5t pas gra v e , le g a ra g e
e5t toujour5 ferm é.
« J ’ai e n vie de to u rn e r la clé p o ur
e n te n d re le moteur, pen5e Théo. Si je
ne touche pas les vitesses, pas de danger,
la v o itu re ne peut pas bouger. »
Il hésite, mai5 il ne peut pas résister.
Le m oteur dém arre du p re m ie r coup.
Théo 5*y c ro it vraim ent.
« Théo, à table I P iz z a I » crie 5 a
mère, de la cui5ine.
Il se p ré c ip ite en claq uant la p o rte
du ga ra ge derrière lui. Théo ne s*est pas
rendu com pte de deux cho5e5 :
il a oublié d’arrêter le moteur, et pendant
qu’il jouait, le vie u x chat qui tra în e

11
••t •
toujours chez lui, celui de la v o isin e ,

q u e lq u e s heu res plus tard, quand

pour alle r fa ire des courses, la voiture


n’aura pas bouoç, mais elle tro u v e ra
le chat les quatre p atte s en l’air, mort.

Le chat ne s’est pas fait écraser. M ais com m e


le garage était fermé, sans air qui y entrait,
il a respiré les gaz qui sortent du p o t d ’échap­
pem ent de la voiture. C es gaz sont m ortels.
Incroyable ! Pour se déplacer, l’hom m e a in­
venté une machine qui rejette des gaz mortels
dans l’air. O n sait que là où il y a beaucoup de
circulation, de plus en plus de gens souffrent
de maladies de la respiration, comme l’asthme,
la bronchite, la bronchiolite.
Pourtant, ne pas être
de faire 100 kilomè
à pied p o u r aller v
un am i, rouler en
restant co n fo rta­
b le m e n t a s s is ,

12
partir quand on veut, aller où on veut, se
donner des sensations de vitesse, tout cela
paraît plus im portant que la propreté de l’air.
Évidem m ent, tout le m on de voudrait des v oi­
tures qui polluent m oins. M ais c’est seulement
quand les hom m es ont leur confort et leur
plaisir qu ’ils com m encent à se dem ander com ­
m ent faire pour m oins polluer leur planète.

.e de Diane

D ian e a décidé de c ré e r un nouveau


p a rti p o l i t i s e . E lle a tro u v é le nom,
c’est le parti pollution Zéro. Dix copains
se s o n t déjà in sc rits, elle e sp ère bien
co n v a in c re toute l'é co le et même
les professeurs. Elle organise une réunion
ce s o ir po ur p ré se n te r so n program m e.
• R o u ler en vélo, rod e r, ou tro ttin e tte
et n’acce p te r de m onter que d an s
des v o it u re s é le ctriq ue s.
• R e fu se r les s a c s p la stiq u e d an s
les su p erm a rch és.

13
• Raifesser les crottes de chien dans la rue.
• L a v e r la vaisselle à la main
« t

en u tilisan t le moins de produit possible.


• d ’a ch e te r que les c a h ie rs fa b riq u é s
avec du p a p ie r recyclé et c o u v rir
les livres avec du p a p ie r recyclé.
• M a n g e r uniquem ent des alim e n ts
m arqués « b io lo g iq u e ».

D a n s la salle, on applaudit. Q uelqu’un


se lève et dem ande la parole.
• Tu o se s t’a p p e le r P o llu tion Zéro
avec un program m e comme ça ?
C’e st n’im porte quoi ! M o i, je v a is vous
d ire ce qu’i| fa u t f a ir e et comment
on d o it v iv r e p o u r ne p as polluer. »
Le g a rç o n , trè s a g re s s if, se lève,
et é c rit s u r le tableau :
• Ne p o rt e r que des vêtem ents
en coton, t is s é s à la main, et lave r
le l'^ g e à la main.
• J e te r tous les jeux qui fo n c tio n n e n t
avec des piles.
• Ne p lu s p re n d re l’avion.

14
• Se passer
« »

d’é le c tric ité


et de gaz,
de ré frig é ra te u r,
de con gé la te u r
et .s’é c la ire r
à la bouoie.
• R e fu se r d'aller — - igg-
à l’hôpital, r e fu s e r
les m édicam ents et les ra d io s
qui e n v o ie n t des ra y o n s n o cifs.

im p o ssib le de l’a rrê te r ! Tout le monde


se lève, D ian e e ssa ie de ram ener
le calme, on e st au b o rd de la b agarre.
« M a is il veut nous f a ir e re v e n ir
au tem ps des c a v e rn e s ! »
crie quelqu'un au f o n d de la salle.

Pour résoudre les problèm es de pollutiop,


ce garçon propose de supprim er la civilisation
que l’h om m e construit depuis des milliers
d ’années.

15
de Marguerite

• Marguerite broute l’herbe et fa it caca tous


• les jours, se s g ro sse s bouses se mélangent
• à la terre et deviennent de l’e ngrais qui
• fait pousser l’herbe. Comme ça, Marguerite
m peut continuer à brouter puisque l’herbe
» repousse, et elle re fait des bouses, et
• l’herbe repousse, et elle rebroute, donc elle
« refait des bouses, et ainsi de suite jusqu’à
m ce que M argu e rite meure de vieillesse.

O n tourne en rond ! H erbe-déjeuner de M ar­


g u e rite -b o u se s-e n g ra is-h e rb e -d é je u n e r de
M arguerite-bouses-engrais-herbe... O n tourne
en rond et c’est très bien, parce q u ’il
y aura toujours des vaches,
p u isq u ’elles font des
veaux, et il y aura tou­
jours de l’herbe. C ’est
ce q u ’ o n a p p e lle
r<* \ un cycle. U n cycle
ÏS* 'i f naturel, car ce cycle
ne fo n c t io n n e

____
16
q u ’avec des choses naturelles : des vaches,
de l’herbe, de l’eau, du soleil, de l’air.

• R o g e r a 10 va c h e s comme M a rg u e rite .
• II les laisse brouter dans .son pré et le .soir,
• il les tr a it et ven d le lait, q u e lq u e fo is,
• il tue une vache pour avo ir de la viande,
m mais pas trop souvent, pour qu’elles aient
» le temps de f a ire des p e tits veaux.

Roger s’est glissé dans un cycle naturel, il en


profite en prenant au passage du lait et de
la viande. Il fait aussi marcher le cycle : il
garde du foin pour nourrir les vaches l’hiver,
il les change de pré, il m et du fum ier dans
les cham ps pour que tout repousse m ieu x...

Gilbert, briseur de cycles

• R o g e r e st vie u x et décide de v e n d re
• sa ferm e. G ilb e rt l’achète. Il tro uve
«
• que les va c h e s ne p ro d u ise n t ni a sse z •
• de lait ni a sse z de vian d e, et que

17
le champ où elles b ro u te n t p o u rra it
p ro d u ire des pommes de te rre pl «tôt
que de l’herbe. G ilb e rt achète donc
des .sacs d’alim e n ts p o u r les v a c h es,
des aliments qu’elles m angent
v o lo n t ie r s et qui les -font g r o s s i r
beaucoup plus vite. Il c u ltiv e le champ
p o u r se m e r des pommes de te rre
et il s ’est rendu compte qu’en ajoutant
des e n g ra is chim iques, les pommes
de terre p o u sse n t plus vite et so n t plus
g ro s s e s . G ilb e r t p ro d u it 10 f o is plus
de lait que Roger, I5- f o is plus
de vian de, et récolte des c e n ta in e s
de k ilo s de pommes de terre.
Au bout de quelques années, il se passe
des ch o se s b iz a r re s d a n s sa ferm e :
2 v a c h e s s o n t m ortes le m ois d e rn ie r
en se rou lan t p ar terre, le v é té rin a ire
ne comprend pas, des dizaines de poissons
morts flo tte n t dans la riviè re derrière
la ferme, et le champ ne produit plus
que de toutes petites pommes de terre.
A p rè s enquête, p as de doute :

18
* la nouvelle n o u rritu re de.s v a c h e s
" les a rendues malades ? les e n g ra is
* chim iques pour le champ se so n t écoulés
J d a n s la riv iè re et o n t e m p o iso n n é
* les p o isso n s ? la terre du champ, à -force
J d’être -forcée à prod uire, e st épuisée.

D e p u is to u jo u rs, les h o m m e s
ont pris dans la
nature ce dont
ils a v a ie n t
besoin , c’est
norm al : du
b o is p o u r
construire leurs
m a iso n s, p o u r se
chauffer, pour fabriquer des outils ;
de la pierre pour faire des routes ; de l’eau
p o u r arroser leurs p lan tatio n s...
M ais parfois, les h om m es en prennent trop,
en jettent trop, et ils interrom pent les cycles
de la n ature. A u lieu de se g lisser dan s
des cycles n aturels q u i m arch aien t bien ,
ils les brisent. C o m m e Gilbert.

19
plus haut,
plus loin.

Au lieu de cultiver la na­


ture, Gilbert l’a exploitée.
Pour en tirer le m axim um .
Certains sportifs font pareil
avec leur corps. Pour
gagner plus de médailles, ils pol­
luent leur corps avec des engrais chimiques, des
drogues qu’ils avalent ou s’injectent pour courir
ou nager plus vite, sauter plus haut, pédaler plus
fort, lancer les poids plus lo in ... Ils exploitent
leur corps au maximum jusqu’à ce qu’ils finissent
p a r se d é c h ire r d es m u sc le s, s ’ arrach er
des tendons, détmire leurs genoux, leur d o s...
Ils se d o p en t ju sq u ’à se rendre gravem ent
malades, et m êm e mourir. C om m e on peut
exploiter la nature jusqu’à la rendre gravement
m alade, ju sq u ’à la faire mourir.•

• quand on coupe des arb res sa n s en


• replanter, des forêts disparaissent, la terre
• glisse, il ne pleut plus, le désert avance...

20
• Quand on in ve n te d e j d é o d o ra n ts
• qui e n v o ie n t d an s l’a ir c e rta in s ga z,
• la couche d’o zo n e qui p ro tè g e la T e rre
• du so le il se troue et laisse p asse r des
0 rayons dangereux pour |a peau et les yeux.
« Quand on pêche tro p de p o isso n s,
! c e rta in e s e sp è ce s n’o n t p as le tem ps
« de se re p ro d u ire et d isp a ra isse n t.

Voilà ce qui pose un problèm e : exploiter


la nature ju sq u ’à détruire ses cycles. C ’est ça,
la pollution.

Des usines à déchets

O n oublie souvent que produire et absorber


des déchets est une activité naturelle pour tous
les êtres vivants : tout l’oxygène de l’air que
n ous respirons vient des végétaux, surtout
des rejets des algues qui sont dans l’océan
depuis des milliards d ’années ; les végétaux
réutilisent les rejets de gaz carbonique des ani­
m aux et des hom m es ; les crottes des anim aux

21
n o u rrissen t les v égétau x ... T ous les êtres
vivants sont des usines à déchets. M ais des
usines propres : elles ne rejettent que des
choses que les autres peuvent absorber, et
elles savent absorber ce que les autres rejettent.
O n a des problèm es de pollution quand les
activités des h om m es produisent des déchets
que la nature ne peut plus absorber.
La pollution, ce n’est pas
une histoire de déchets,
ce n ’est pas ce qui est
rejeté. C ’est ce qui est

WVl iw m al rejeté, ou rejeté


y en trop-

autrement

• « Regarde, en b as de toutes les p a g e s


• de mon liv re il y a un p e tit d e ssin ,
• cju’e st-c e que c’e st ? » dem ande Léa .
• à Claire, sa g ra n d e soeur, en lui
• m o n tran t un m inuscule p e tit d e ssin .
m
» « C’e st un arbre, et on v o it s e s racines

22
• sous le tronc, rép on d Claire.
• — Oui, merci, je ne .sois pas débüe,
• mais p o u r v o i ils o n t mis ça en bas
• de chacjwe page ?
m —Je ne sais pas , po«r faire joli, .sûrement.
• — Franchem ent, je ne v o is pas l’intérêt,
• c’e st un liv re p o licie r, aucun ra p p o rt
« avec les arb re s. »

Ce petit dessin, même s’il n’a aucun rapport avec


l’histoire de son livre, est très important ! Il veut
dire que pour fabriquer ce livre, on n’a pas coupé
d’arbres. Il veut dire que ce livre est fabriqué autre­
ment : au lieu de couper des arbres pour faire du
papier neuf, au lieu de brûler les vieux livres et
d’envoyer des gaz toxiques dans
l’air, on récupère le papier
des vieux livres pour fabri­
\\ W V

quer à nouveau du papier.


O n a utilisé des rejets, les
livres qu’on allait jeter,
pour fabriquer du neuf.
Voilà l’une des centaines
de techniques que l’hom m e

23
est capable d ’inventer pour faire autrem ent :
récupérer les rejets et les réutiliser. C ’est
com m e cela que l’hom m e peut reconstruire
des cycles, en recyclant ses déchets.

Une seule planète...


beaucoup de pays

A p rè s enquête, on s a it m aintenant
que les vaca n c e s de J o lie et Fé lix so n t
ratées à cause d’on n a v ire c|oi v e n a it
d’on pays très lointain, très loin de cette
plage devenue toute noire. Pour ne pas
d é p e n se r d’argent, le p ro p rié ta ire
do n a vire ne l'a v a it pas bien entretenu.
Le navire, tro p chargé, a coulé.
« C’e st dégoûtant, d it Julie, le p ays
d’où i| v ie n t au rait dû l’em pêcher
de p a r t ir $ on n’y e st p o u r rien
et c’e st s u r nous que ça tombe. ».

C ’est vrai, un autre pays aurait peut-être


contrôlé le navire, aurait obligé le propriétaire

24
à le réparer ou à le rem­
placer. M ais les règle­
ments et les lois ne sont
pas partout les m êmes.

l’A friq u e . C’e st la prem ière f o is qu'elle


s 'e n v o le s a n s a v o ir p e u r : Pacifio,
le pays q u 'e lle su rv o le , a voté une loi
qui in te rd it aux c h a sse u rs de tire r
s u r les o ie s quand e lle s m igre n t v e rs
l’A friq u e . Au bout de quelques heures
de vo| tran q u ille , p an iq u e totale !
Pes coups de fe u d a n s tous les se n s,
S is s i slalom e comme une f o lle e ntre
les plom bs. M a is d e p u is quand
les hum ains ne r e s p e c t e n t - ils plus
les lo is ? S is s i ne s a it p as q u 'e lle ne
s u r v o le p lu s P a c ifio d e p u is 7. heures. .
E lle e st a u -d e ssu s d’un autre pays.

25
Les an im aux ne con n aissen t pas les fron­
tières, ils ont une planète, une seule. La nature
n ’a q u ’un pays : la planète. Les hum ains, eux,
ont découpé la planète en pays, des dizaines
et des dizaines. Difficile de protéger la nature
et de com battre la pollution si les pays ne
se m ettent pas d ’accord entre eux.

Tchernobyl

Le 26 avril 1986, à Tchernobyl, «ne ville


en Ukraine : explosion dans une centrale
nucléaire, une usine qui produit de
l’électricité. Tout de suite après l’explosion,
des poussières radioactives s ’échappent de
l’usine. Elles envoient des rayons invisibles
mais m ortels pour tous les êtres vivants.
À l’in té rie u r de l’usine, p e rso n n e
ne s u r v iv r a .
À l’extérieur, les g e n s ne meurent pas
immédiatement, mais ils vo nt avo ir des
cancers qui ne leur laisse ro n t presque
aucune chance de survie. Les arbres,

26
les végétaux, les animaux aussi .seront
«t
contaminée. La terre ne pourra pas être
cultivée avant très longtemps.
Lee petite éléments radioactifs ne restent
pas tous dans la région, ils montent dans
l’air et dans les nuages. Et le vent souffle,
em portant les nuages au-dessus
de l’Europe, de l’Asie, /le ont envoyé
leurs rayons radioactifs, moins fo rts
c|ue ceux d’Ukraine. M a is à des m illiers
de kilom ètres de l’explosion, on a
retrouvé leurs traces dans la terre, dans
les légumes , les fru its. C’était dangereux
de les manger. C ertains cancers ont
augmenté chez les êtres humains, dans
des pays pourtant éloignés de Tchernobyl-

La catastrophe de Tchernobyl n’est


pas un film d’épouvante : c’est vrai.
Et ce n ’est pas une catas­
trophe d ’Ukraine, c’est
une catastrophe m o n ­
diale. Pas de frontières
p o u r la pollution.

27
Si les hom mes et les femmes de tous les pays ne
se mettent pas d’accord sur des lois qui protègent
la nature et les hommes, sur des règles de sécurité
pour les usines, sur la manière dont ils cultivent les
sols, pêchent le poisson, chassent, ce sera im pos­
sible de résoudre le problèm e de la pollution.

des risques

• Q u a n d l’homme in ve n te le -feu et brûle



• du bois, il pollue l’air en envoyant des gaz.
• quand l’homme découvre l’énergie nucléaire,
• i| produit des catastrophes comme
• Tchernobyl- In ve n te r le feu, c’est aussi
» inventer des incendies ; inventer le couteau,
c’est aussi inventer la coupure ;
invent* r le navire, c’est aussi
inventer le naufrage...

Depuis le début de la civili-


._. sation, les inventions de l’homme
créent de nouveaux nsques et
de nouvelles pollutions.
Les yeux noisette

A naVi v ie n t de naître.
E lle a les yeux noisette,
la peau blanche, les cheveux noirs.
E lle a a vssi, ce n’e st p as vne s u rp rise ,
7. jambes, 7 bras, 7 m ains, 7 yeux... !

Q uand le spermatozoïde de son papa et l’ovule


de sa m am an se sont rencontrés, Anaïs ne res­
sem blait pas du tout à cela ! M ais c’était p ro­
gram m é : dans les m inuscules cellules qui se
sont multipliées pour former un embryon, puis
un foetus, puis un bébé, dans ces m inuscules
cellules, il y a des gènes. D ans ces gènes, c’était
prévu q u ’Anaïs aurait les yeux noisette plutôt
que bleus, la peau blanche plutôt que n oire...
Tous les êtres vivants ont des gènes. Pour le petit
pois par exemple, ses gènes sont responsables
de sa couleur, de sa forme, de son g o û t...
La dernière invention incroyable des hom m es,
c’est de m odifier les gènes des vivants, pour
changer ce qui est prévu.

29
dabra !

On m o d ifie des g è n e s de plantes


• * « t •

p o «r f a b r iq u e r des plantes
qui produiront... d« plastiq u e .
• On m o d ifie les g è n e s du maïs pour que,
0 quand le mais pousse, il fa b riq u e
» à l’in té rie u r de lui-même... un p o iso n
• qui empêche les in se cte s de le manger.

C e n’est pas de la m agie !


C es plantes von t exister,
ce m aïs existe déjà.
Puisqu’on a m odifié leurs
gènes, on les appelle des
« o rg an ism es g é n é tiq u e ­
m ent m odifiés », des O G M .
Il va se passer des choses fan­
tastiques : l’hom m e va m odifier des gènes
pour sauver des vies, éviter des m aladies, des
m a lfo r m a tio n s , d es h a n d ic a p s , ce rta in s
disent m êm e qu ’en am éliorant l’agriculture,
les O G M vont résoudre le problèm e de la faim
dans le m o n d e ...

30
M ais que va-t-il arriver aux insectes quand ils
m angeront les plantes qui fabriquent du plas­
tique, que se passera-t-il quand ces insectes
piqueront l’hom m e ? Et quand les anim aux ou
les humains mangent le maïs tueur d’insectes...?
Peut-être q u ’il n’arrivera rien. M ais on devrait
se méfier. O n croyait aussi q u ’il n ’arriverait
rien en d o n n a n t à m a n g e r au x v a c h e s
les farines anim ales qui leur ont fait attraper
la « m aladie de la vache folle ». Et pourtant,
c ’est arrivé, et c’est une m aladie m ortelle
p o u r l’hom m e.

Le droit de savoir...

Im p o ssib le de dire « O n arrête to u t,


c’est dangereux. »
L’important, c’est
de com prendre
le s r is q u e s ,
de les mesurer,
de ne p as
les cacher.

31
C ’est le travail des dirigeants politiques de nous
informer, nous devons savoir si des agriculteurs
plantent des O G M , si les vaches m angent
des cadavres de cochons et de poulets ; nous
devons savoir ce q u ’il y a dans l’air, ce q u ’il
y a dans les usines chim iques, si les nuages
de Tchernobyl survolent notre pays...

... et le droit de décider

E n su ite, q u an d on co m p ren d les risques,


il faut décider si on les prend.
M ais qui décide ? Les chercheurs, les scienti­
fiques, les h om m es et les fem m es politiques ?
N on . Tous les habitants de la planète ont
le droit de donner leur avis sur ce q u ’ils m an ­
gent, ce q u ’ils boivent, ce

travail des diri­


g e a n ts de n o u s
dem an d er si n ou s
so m m e s d ’ a c c o r d

32
p o u r m anger des O G M , si nous acceptons
que l’ électricité vien ne de c e n t r a l e s
nucléaires, si n ous voulon s rouler en vélo
ou en voitu re...

Steak tartare, vélo, électricité


nucléaire ?

* « M o i, je co ntinu e à m anger
* de la viande, j’adore tro p les s t e a k s
J ta rta re », d it Zoé.
J « M a in te n a n t, je p re n d s mon vélo tous
* les jours et je n’achète p lus de p o u le ts
J qui so n t é le vés en cage », décide Tom.

Une fois informés, Zoé et Tom peuvent faire des


choix. C e sont des choix que chaque individu
peut faire, des choix individuels. M ais Zoé et
T om ne p eu v en t p as décid er de ch an ger
la m anière de produire de l’électricité, rli faire
coller des étiquettes « O G M » ou « sans O G M »
sur les aliments, ni agrandir les pistes pour
les vélos... Ces choix sont des choix collectifs.

33
Il faut donc en dis­
cuter, en débattre
pour prendre des
décisions.
O n n ’arrête pas de
débattre : le Président
doit-il être élu pour 5 ou 7 ans, faut-il avoir
école le sam edi ou le mercredi matin, faut-il
perm ettre aux rollers de rouler sur les trot­
toirs ? C e sont des débats dém ocratiques :
les resp o n sab les d em an den t leur avis aux
gens. M ais est-ce q u ’on n ous dem ande notre
avis sur les choses les plus im portantes ?
D écider de l’avenir de la nature, de la planète,
des êtres vivants, c’est aussi une question
de dém ocratie. L’une des plus im portantes.

Tornado, »o un ami

J M o n s ie u r P ik a un cheval. Il s ’en se r t
J p o u r la b o u re r la te rre et tir e r
J sa ch a rre tte p o ur a lle r au marché.
• Il le b ro sse tous les jours, le la isse

34
• j e reposer, le n o u rrit bien, le caresse,
• loi donne de tem ps en tem ps
• un morceau de sucre... Si le cheval tombe
• malade o« se c asse «ne patte, ce se ra

• «ne catastrophe, parce que m onsieur Pik
» en a b e so in p o u r so n travail.
• M a is ce n’e st p as uniquem ent p o ur
« cette ra iso n qu’il s ’en occupe s i b ien :
« son cheval, il l’aime, il y est très attaché.
• D’ailleurs, il lui a donné un nom : Tornado.

Le cheval de m onsieur Pik, c’est son outil


de travail. M ais Tornado n ’est pas seulem ent
un outil, com m e un m arteau ou un tracteur :
m o n sie u r Pik ressen t de l’affectio n p o u r
cet anim al, il se sent lié à lui com m e on se
sent lié à un ami.

35
La nature est utile à l’hom m e, il en a besoin
pour vivre, com m e m onsieur Pik a besoin
de son cheval. M ais on sent bien q u ’il y a un
lien plus fort entre l’h om m e et la nature,
com m e le lien entre m onsieur Pik et Tornado.

Carrelage-les-Flots

• C 'e st bien connu, le sable qui vole,


« c’est casse-pieds. On se fa it g ro n d e r
# quand on en met su r |a se rviette des
m parents. Sans parler du sable qui pique
£ les jambes quand il y a du vent, qui colle
* aux maillots de bain, qui fa it mal aux yeux.
J Pour éviter que le sable gêne les touristes,
• le m aire d’A z u r -J e s -F lo t s a re c o u ve rt
les pl â g e s de carrela ge. “i res
' f i e r de
so n in ve n tio n , il a re b a p tisé sa v ille
« C a rre la g e -le s-F | o ts ».
q u e lq u e s an n é e s p lu s tard, drame
à C a rre la g e - les-Flots : les p la g e s s o n t
4 •

dé se rte s, les com m erces et les


re sta u ra n ts ferm ent, les h ô te ls s o n t

36
* il o tout ■ fait p o u r f a c ilit e r la vie
des to u riste s.

Pourtant, pas de
m arée n o ire,
et personne ne
peut accuser le
— mai r e d ’avoir
pollué. Mais nous
sentons la différence
entre m archer pieds nus sur le sable et pieds
nus sur du carrelage !
Et le plaisir de glisser sur la neige, de regarder
les étoiles la nuit, de se jeter dans les vagues,
de cueillir des m ûres, de grim per aux arbres,
le plaisir de toucher la nature, de la voir,
de la sentir. D e lui parler, m êm e !
La nature donne à l’h om m e des ém otions,
des joies, des sensations, com m e celles que
nous donnent les sourires, les câlins, les b ai­
sers de ceux que nous aim ons.
Tout ce qui gêne cette intim ité de l’h om m e
avec la nature est aussi une pollution.

37
Des dents blanches
comme le m ont blanc

Aude et J e a n -L u c .sont à OOO m ètres


«»

du p lu s haut .sommet de France,


le mont Blanc. C’e st m a gn ifiq u e !
J e a n -L u c aim e rait fa ire
une p au se -san d vvich a va n t d’attaquer
la d e rn iè re montée. M a is il ne tro uve
pas d’e n d ro it p o u r s ’a s s e o ir et bien
p r o f it e r de la vue.
« N/on, pas là, lui dit Aude, tu voi.s bien
que le panneau de publicité pour l’huile
Cuitout cache toute la m ontagne
d’en face.
— Oui mais le néon pour la botte de nuit
de C ham onix me c lign o te d an s
les yeux, rép o n d Je an -Lu c.
— A lo rs, v ie n s p lus v e r s la droite,
on a p e rç o it la vallé e e n tre l’a ffic h e
pour |a le ssiv e T out-Pur et le d e n tifric e
Éclat M o n t-B la n c .
— Su is-m o i, j’ai trouvé. En re sta n t
debout, un peu su r la gauche, on ne v o it

38
Q ui a envie d ’escalader une m ontagne pleine
de grands panneaux publicitaires ? Pourtant,
les affiches ne polluent ni l’air, ni l’eau, ni les
fleurs, elles n ’attaq u en t pas les an im aux.
M ais elles polluent autre chose : elles p o l­
luent les ém otions que nous ressentons en
nous baladant dans de beaux paysages.
Si on invente des voitures qui ne rejettent
rien et q u i so n t to talem en t silen cieu ses,
aura-t-on quand m êm e envie de voir de plus
en p lu s de v o itu re s, o u d es im m e n se s
parkings dans les forêts et au bord des plages ?

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léieuner d'Olivier

Le déjeuner d 'O liv ie r a duré 1^ secondes.


En entrée, une p ilu le v e rte p o u r
les vitam ine s, en plat, une p ilu le rouge
p o u r les p ro té in e s, en d e ssert,
une jaune, p arce qu’O Jivie r a gym
cet ap rè s-m id i et ^u’i| lui -faut du sucre.
« N/'oubJie pas d’em porter la pilule rose
p o u r ton goûter, tu manques
d’o ligo -é lé m e n ts, la rose en e st
p le in e », lui recom m ande sa mère.
Ce s o ir c’e st la -fête, sa mère a acheté
des p ilu le s a r c -e n -c ie l en form e
de cceur p o u r fê t e r l’a n n iv e r s a ir e
de sa soeur, ces pilules
so n t les plus jolies,
mais ils en
p re n n e n t

40
Ç a ne fait pas vraim ent saliver !
O n p o u rra it se n o u rrir avec des p ilu le s
très bon nes pour la santé. C o m m e on peut
élever des poulets sans aucun goût dans
des usines-prisons. O u faire grossir des fraises
sans saveur sous des lam pes, en les gonflant
d ’eau. D es spécialistes feron t des tests et
prouveront que tout cela n ’est pas dangereux
p o u r la santé. Et ce sera sans doute vrai.
C o m m e c’ est vrai que les im m en ses im ­
m eubles en béton gris ne polluen t pas, que
le b ru it ne salit rien, qu e les m au v aises
odeurs n ’ont jam ais fait m ourir personne.
M ais les h u m ain s ne so n t p as seulem en t
des co rp s q u ’ il fau t m ain ten ir en b o n n e
santé. Il y a beaucoup d ’autres choses que
la san té : le p laisir, le je u , la d o u ce u r,
la b eau té... M anger des alim ents sans goût,
ne pas voir le ciel, ne plus entendre l’eau
couler ni les oiseaux chanter, ne plus sentir
les o d eu rs des fleurs, tou t cela c ’est une
pollution. Pas une pollution de la nature.
U ne p ollution de la vie hum aine.

41
Devenir civilisé avec la nature

L’h om m e était un h abitan t de la nature


parmi d ’autres, parmi les animaux, les végé­
taux, parm i tous les êtres vivants. Il faisait
partie de la nature. L a vie des h om m es
était difficile, ils luttaient p o u r survivre, ils
craignaient la nature, ses orages, ses nuits,
ses sécheresses, ses trem blem ents de terre...
Grâce à son intelligence, l’h om m e a inventé
des m illiers de choses qui lui ont rendu la vie
p lu s fa c ile . Il a d o m e stiq u é la n a tu re ,
com m e on apprivoise un anim al sauvage.
M ais en construisant la civilisation, il s’est
de p lu s en p lu s sen ti su p é rie u r à to u s
les autres êtres vivants. A lors, il s’est m is
à traiter la n atu re c o m m e un im m e n se
réservoir où l’on se sert tant q u ’on veut,
c o m m e u n e g ig a n te sq u e p o u b e lle d a n s
laquelle o n jette tou t et n ’ im p o rte qu o i,
com m e un objet que l’on peut m anipuler
dans tous les sens.
L’h om m e a oublié q u ’il est l’un des êtres
de la nature, des êtres tous reliés entre eux.

42
Pour continuer à vivre sur cette Terre, nous
devons relier notre civilisation avec les cycles
de la nature. Rien à voir avec le retour à la
nature sauvage ! O n devrait pouvoir rester
civilisés, pour vivre de m ieux en m ieux, et
devenir civilisés avec la nature, c’est-à-dire
respectueux, responsables, attentionnés.

43
[LES G O Û T E R S P H I L O J
b n a M H H H n n H H B H H lI
Q U A N D ON A F A I M D ' I D É E S
L Ç5 x< Gouter.s P h i /o » a id e nt les en-fants
à r é f l é c h i r i ^ r les cjue,sfion.s cju’i|.s se
posent. Toute une .série de l i v r e s clairs,
d i r e c t s et dr ôl es po ur é v e il l e r aux idées.

I A NATURE ET LA POLlUTiO
Grâce à son intelligence, l’homme a inventé des
milliers de choses qui lui ont rendu la vie plus facile.
Mais en construisant la civilisation, il s’est de plus
en plus senti supérieur à tous les autres êtres vivants.
Alors il s’est mis à traiter la nature comme un immense
réservoir où l’on se sert tant qu’on veut, comme
une gigantesque poubelle dans laquelle on jette tout
et n’importe quoi, comme un objet que l’on peut
manipuler dans tous les sens. Il a oublié qu’il est l’un
des êtres de la nature, des êtres tous reliés entre eux. f

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