Vous êtes sur la page 1sur 3

CEG LE NOKOUE ANNEE SCOLAIRE : 2022 – 2023

03 BP : 0062 Tél : 21 70 00 92
COTONOU

DEUXIEME DEVOIR DU PREMIER SEMESTRE


EPREUVE DE FRANÇAIS
Classe : Terminales A, B, C et D Durée : 4H

SITUATION D’EVALUATION

m
L’esclavage et la traite négrière sont des événements historiques ayant frappé l’Afrique du XVIème
au XIXème siècle. Mais tu te demandes si ces pratiques ont effectivement disparu aujourd’hui. Voici un

co
corpus de textes qui t’en disent davantage.
Tu es invité(e) à le lire et à répondre aux consignes qui te sont proposées.

s.
ge
Corpus de textes :
Texte 1 : Christiane Taubira, L’esclavage racontée à fille, Paris, Éditions Philippe Rey, 2015, pp. 102-103.
Texte 2 : Florent Couao-Zotti, Si la cour du mouton est sale, ce n’est pas au porc de le dire, Paris, Editions
rri
du Rocher/ Le Serpent à plumes, 2010, pp. 69-70.
o
Texte 3 : Nima Elbagir et autres, « People for sale: Where lives are auctioned for $400 », traduit de
l’anglais, consulté sur www.cnn.com, posté le 15 novembre 2017.
tc

Texte 1
se

L’esclavage, appelons-le esclavage racial, assorti de la traite – comme je l’ai expliqué, pour la
première fois ces deux fléaux étaient à ce point imbriqués –, cet esclavage-là relève d’une activité organisée,
systématique, à grande échelle, du commerce et de l’exploitation d’êtres humains. Je t’ai raconté comment
e

les puissances européennes avaient officiellement structuré, codifié, rationalisé le commerce triangulaire et
l’esclavage, comment l’Église avait donné sa bénédiction, comment les sciences prétendues humaines lui
uv

avaient trouvé des motifs et des justifications. Les pratiques arabo-musulmanes, qui ont décimé les mêmes
populations, ne doivent être ni absoutes ni sous-estimées ; cependant par les asientos, bulles papales,
doctrines philosophiques, codes noirs et autres supports, l’Europe propulse à une autre échelle, méthodique,
re

planifiée, rationnelle, ce qui relevait plutôt du rapt, du banditisme, du brigandage, de la flibuste, tout en
étant déjà lucratif. Le Coran n’interdit pas l’esclavage, pas plus que la Bible ou les traités philosophiques
d’Aristote ou de saint Augustin, qui suggèrent tous que cette condition relève d’un ordre social naturel,
ep

plaidant, certains, pour une domination bienveillante, exhortant les maîtres à traiter leurs esclaves sans trop
de rigueur, pour que cette condition soit acceptable. Voilà pour l’esclavage racial ou esclavage-système.
Ce que certains appellent esclavage moderne relève de la servitude domestique ou de l’exploitation
sexuelle, dans la plupart des cas. Il y a une différence majeure entre l’esclavage-système et l’esclavage dit
moderne. Dans le premier cas, les plus hautes autorités de l’État ne sont pas seulement concernées ; pire,
elles sont organisatrices. L’Église est complice. La justice dispose d’un code qui stipule que l’esclave n’est
pas une personne mais un bien mobilier, propriété d’un maître. L’esclave est cerné. Personne ne peut le
secourir. Et ceux qui, solidaires, veulent lui venir en aide doivent convaincre les autorités de lui réserver un
sort plus humain. Ou alors ils doivent l’aider à échapper à la fois au maître, au pouvoir politique, à l’autorité
ecclésiastique et à la justice. L’esclavage dit moderne, au contraire, est interdit. Il recouvre des agissements
1
privés, des délits et parfois des crimes non seulement moralement répréhensibles, mais juridiquement
interdits, donc pénalement condamnables. Ceux qui le pratiquent doivent être punis – et ils ne le sont ni
assez souvent ni assez durement.
L’esclavage moderne est moins grave, alors ?
C’est toujours très grave d’attenter à la liberté d’autrui. C’est grave de voler la force de travail de
quelqu’un, d’exercer sur lui les « attributs de propriété », pour reprendre la définition de la Convention
internationale sur l’esclavage, autrement dit de le traiter comme un objet. Mais il y a une différence de taille
entre les systèmes qui prospèrent sous la protection d’États scélérats et des cas isolés, clandestins, de
personnes qui profitent d’ailleurs parfois de leur immunité diplomatique ou parlementaire…

m
Christiane Taubira, L’esclavage racontée à fille, Paris, Éditions Philippe Rey, 2015, pp. 102-103.
Texte 2 :

co
L’homme s’appelait Ali Faouzi Melad. Redoutable, dit-on, en affaires et chasseur avisé de tendrons.
Un soir de détente au Festin des Glaces-crémerie où la jeunesse dorée venait siroter du bon temps-il croisa
la miss et jeta son dévolu sur elle. Pas de temps à perdre. Il la saliva et la parfuma de toutes ses attentions.

s.
Deux mois, seulement deux petites lunes après leur rencontre, il lui enfila la bague de mariage. Cotonou
jasa. Les associations de féministes déchargèrent leur bile sur le septuagénaire. […]

ge
Comme il avait une haute idée de sa nouvelle peluche en peau foncée, il estima élémentaire de ne
pas lui abîmer les mains dans la vaisselle, la lessive et autres domesticités ingrates. Il l’installa à la tête
d’une de ses entreprises, non dans les odeurs et déjections des voitures poubelles « venues de France »,
rri
mais là-bas, à Jbeil, dans les essences toutes florales de la ville libanaise.
Jbeil ou Byblos. Ville carrefour du Liban.[…] Ce fut là, à Jbeil, que l’ancienne Miss Bénin fut
o
installée. Mais au lieu d’articles des zones franches libanaises à envoyer au pays pour le compte de son
patron de mari, ce fut dans un réseau de meuniers- des trafiquants de poussière d’ange- qu’elle se retrouva.
tc

C’est-à-dire de la cocaïne pure, dure et raffinée.


se

La Cendrillon béninoise s’en était alors effarouchée et voulait prendre la poudre d’escampette. On
lui fit savoir qu’elle risquait de son beau cou dans une telle échappée. Seule solution : se taire et se
contenter d’exécuter les missions qu’on lui confiait ; transporter des valises de Beyrouth à Freetown en
passant par Cotonou et Lomé. Des valises remplies d’argent ou débordant de poudre. Pendant trois ans.
e

Mais à mesure que le trafic florissait, les risques, pour la jeune femme, devenaient énormes. D’ailleurs, et
uv

chose inacceptable, ça ne lui rapportait que la croûte du nez, c’est-à-dire, rien ! […]
Le mari qui, de temps en temps, l’invitait à Londres- pour y sucer du bon temps- lui demandait de
contenir son impatience. On ne fuit pas l’Organisation sans conséquence. Les tueurs à gage sont capables
re

de vous retrouver partout dans le monde...


Florent Couao-Zotti, Si la cour du mouton est sale, ce n’est pas au porc de le dire, Paris, Editions du
ep

Rocher/ Le Serpent à plumes, 2010, pp. 69-70.

Texte 3
« Huit cents », dit le commissaire-priseur. « 900 … 1000 … 1 100 … » Vendu. Pour 1.200 dinars
libyens - l'équivalent de 800 dollars. Pas une voiture d'occasion, un terrain ou un meuble. Pas de
"marchandise" du tout, mais deux êtres humains. L'un des hommes non identifiés vendus dans la vidéo
granuleuse du téléphone portable obtenue par CNN est nigérian. Il semble être dans la vingtaine et porte
une chemise pâle et un pantalon de survêtement. Il a été proposé à la vente en tant que membre d'un groupe

2
de « grands garçons forts pour le travail agricole », selon le commissaire-priseur, qui reste hors caméra.
Seule sa main - posée à la manière du propriétaire sur l'épaule de l'homme - est visible dans le bref clip.
Après avoir vu des images de cette vente aux enchères d'esclaves, CNN a travaillé à vérifier son
authenticité et s'est rendu en Libye pour enquêter davantage. En transportant des caméras cachées dans une
propriété à l'extérieur de la capitale Tripoli le mois dernier, nous avons vu une douzaine de personnes passer
« sous le marteau» en l'espace de six ou sept minutes. « Est-ce que quelqu'un a besoin d'une pelleteuse ?
C'est un creuseur, un grand homme fort, il creusera », explique le vendeur, en tenue de camouflage.
« Qu'est-ce que j'offre, qu'est-ce que j'offre? » Les acheteurs lèvent la main au fur et à mesure que le prix
monte, « 500, 550, 600, 650… » En quelques minutes tout est fini et les hommes, complètement résignés à
leur sort, sont remis à leurs nouveaux « maîtres ».
Après la vente aux enchères, nous avons rencontré deux des hommes qui avaient été vendus. Ils étaient

m
tellement traumatisés par ce qu'ils avaient traversé qu'ils ne pouvaient pas parler, et tellement effrayés qu'ils
se méfiaient de tous ceux qu'ils rencontraient.

co
Lutte contre les passeurs

Chaque année, des dizaines de milliers de personnes traversent les frontières libyennes. Ce sont
des réfugiés fuyant les conflits ou des migrants économiques à la recherche de meilleures opportunités en

s.
Europe. La plupart ont vendu tout ce qu'ils possédaient pour financer le voyage à travers la Libye jusqu'à
la côte et aux portes de la Méditerranée. Mais une récente répression des garde-côtes libyens a fait que

ge
moins de bateaux prennent la mer, laissant les passeurs avec un arriéré de passagers potentiels sur les bras.

Alors les passeurs deviennent des maîtres, les migrants et les réfugiés deviennent des esclaves.
Les preuves filmées par CNN ont été remises aux autorités libyennes, qui ont promis d'ouvrir une enquête.
rri
Nima Elbagir et autres, « People for sale: Where lives are auctioned for $400 », traduit de l’anglais,
o
consulté sur www.cnn.com, posté le 15 novembre 2017.
tc

CONSIGNES
se

I- Questions sur la compétence de lecture


e

Lis les trois textes du corpus. Relève le thème qui leur est commun. Dégage ensuite ce qui fait la spécificité
de chacun d’eux et justifie ta réponse à travers des extraits de chaque texte.
uv

II- Travaux d’écriture


re

Sujet unique : Dissertation

Dans le texte 3, les auteurs notent, parlant des migrants mis en esclavage, que « la plupart ont vendu
ep

tout ce qu'ils possédaient pour financer le voyage à travers la Libye jusqu'à la côte et aux portes de la
Méditerranée. » Sur la base de ceci, penses-tu que ceux qui partent en Europe, en Amérique ou d’autres
continents en quête de bonheur, auraient dû rester en Afrique ?

Consignes :

1- Dégage le problème que pose ce sujet.


2- Fais le plan que tu comptes suivre dans le corps du devoir
3- Rédige ta production

FIN
3

Vous aimerez peut-être aussi