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Université de Lund Centre de

langues et de littérature Mémoire de 90 crédits


Kristina Johansson

Jeu de miroir

-Une comparaison entre le roman L’occupation d’Annie Ernaux et son adaptation


cinématographique, le film L’Autre de Patrick Mario Bernard et Pierre Trividic

Printemps 2011
Directeur de mémoire: Björn Larsson

1
Table des matières

1. Introduction……………………………………………………………………….....3
1.2 L’occupation...........................................................................................................3
1.3 Résumé du roman………………………………………………………………...4
1.4 L’Autre…………………………………………………………………………...5
1.5 Résumé et critique du film………………………………………………………..6
1.6 Problématique, but et méthode……………………………………………………7
2 Jeu de miroir – analyse comparative entre le roman et le film…………………....8
2.1 Le titre……………………………………………………………………………..8
2.2 Les personnages principaux………………………………………………………..9
2.2.1 La narratrice/Anne-Marie………………………………………………….....9
2.2.2 W/Alex – l’homme dans l’ombre…………………………………………...12
2.3 Les personnages secondaires……………………………………………………...14
2.3.1 Aude – amie et complice……………………………………………………14
2.3.2 Lars – amant et réveil……………………………………………………….15
2.4 Les lieux………………………………………………………………………......18
2.5 Le temps et l’action……………………………………………………………….19

3. Le message du film – une menace de l’intérieur……………………………………..21

4. Conclusion……………………………………………………………………………...22

5. Bibliographie…………………………………………………………………………...24

2
1. Introduction

À quoi ressemble la jalousie ? Quels sont les signes qui l’expriment et qui l’extériorisent ?
N’est-elle pas simplement un sentiment intérieur ? Si oui, alors comment fait-on pour la
dépeindre, comment fait-on pour la transmettre par les images? Annie Ernaux a fait de son
mieux pour décrire la jalousie par des mots dans son court roman nommé L’occupation
(2002). Les cinéastes Patrick Mario Bernard et Pierre Trividic ont, à leur tour, essayé de
visualiser ces mots dans leur film intitulé L’Autre (2007).
L’occupation est un roman bref, écrit avec une langue de l’intérieur, une langue intime et
exacte à la fois. Annie Ernaux s’est rendue connue pour son « écriture blanche », une
expression établie par Roland Barthes en 1953.1 Annie Ernaux elle-même l’appelle
« l’écriture plate », une façon d’écrire qui est neutre et dépourvue de sentimentalité. Il faut
dire que L’occupation est un exemple typique de cette écriture plate. Lorsque j’ai appris qu’il
existe une adaptation cinématographique de ce roman, je me suis demandé à quoi ce film
pouvait ressembler. Puisque s’il y a quelque chose de plus difficile et de plus délicat que
d’adapter un roman flou et plein d’interprétations possibles, cela doit être d’adapter un roman
si direct et si simple comme L’occupation. Pourtant, les réalisateurs n’ont pas eu peur
d’offenser quelqu’un. En revanche, ils ont choisi de mettre leur propre marque sur cette
histoire. Ils ont transformé le journal intime d’Annie Ernaux en un film suggestif, surnaturel
et à multiples facettes. Cette transformation m’intrigue et j’ai l’intention de l’examiner dans
ce mémoire. Pour commencer, on fera un bref aperçu du contexte et on regardera un peu
comment le roman et le film ont été accueillis.

1.2 L’occupation

Pendant L’été 2001, le journal Le Monde a publié une série de nouvelles. C’est à cette
occasion qu’Annie Ernaux a contribué avec son texte L’occupation. Dans ce récit, Ernaux
raconte un bref passage de sa vie où elle a fait l’expérience de la partie la plus sombre de
l’amour, la jalousie.
L’occupation a reçu sa part de critique négative assez sévère. Dans Le magazine littéraire, l
´écrivain Christiane Baroche estime que Annie Ernaux, dans tous ses textes ultérieures à ses
best-sellers (Les Armoires Vides et La Place), a commencé à traiter des thèmes trop vulgaires
d’une manière trop doloriste. D’après Baroche, « Chaque texte se réduit (…) à la dissection à

1
http://www.unil.ch/fra/page43786.html

3
la fois masochiste et exhibitionniste de situations banales ; coexistent dans la relation qu'elle
(Ernaux) en fait le contentement de s'exposer et les jugements triviaux qu'on porte sur
l'Autre. »2 Dans un autre compte rendu de L’occupation, celui-ci aussi publié dans Le
magazine littéraire, le critique Bernard Fauconnier juge le texte au mieux comme « parfois
désarmante par la naïveté dont l’auteur semble vouloir s’exonérer dès la première page »3, et
au pire comme une « chronique assez pauvrette » qui « n’opère guère la fusion désirée des
signes de l’écriture et de ceux que l’être jaloux laisse macérer dans son moi intime. »4
Cependant, la critique positive de L’occupation ne s’est pas faite attendre non plus. Annie
Ernaux a été louée pour son honnêteté et son exposition de soi dans ce récit. On acclame le
fait qu’elle ose raconter ce qui peut être honteux d’avouer ; d’avoir franchi les bords de la
folie pour une raison qui paraît, au moins de l’extérieur, inoffensive et même ridicule. Ernaux
n’embellit jamais. Si c’est beau c’est parce que la réalité est belle. Si c’est laid, c’est parce
que la réalité est ainsi. Dans un article publié par Lire, le critique Jean-Pierre Tison qualifie
L’Occupation comme « un modèle de concision, de maîtrise, de discernement et de
sensibilité ».5 Certainement, Annie Ernaux n’est pas la première à traiter la jalousie, mais elle
est plus ou moins unique dans sa façon de la décrire sans fard. Elle emmène le lecteur, comme
Tison le dit, dans ses « bas fonds de la jalousie »6 et c’est un voyage qui n’est pas toujours
beau et poétique, mais au contraire très laide dans toute son honnêteté.
On peut donc constater que ce que certains trouvent froid et trop minimaliste chez Ernaux,
d’autres le trouvent maîtrisé et discerné. Ce que certains trouvent inutilement exhibitionniste,
d’autres le trouvent courageux. En effet, il semble être ainsi avec l’œuvre d’Annie Ernaux -
soit on l’aime, soit on la déteste. Il n’existe pas vraiment de position intermédiaire, ni chez les
critiques ni chez le public.

1.3 Résumé du roman

La narratrice vient de quitter son partenaire, W, après six ans ensemble, sous prétexte de
vouloir être libre : « Autant par lassitude que par incapacité à échanger ma liberté (…) pour
une vie commune (…) ». 7 Un jour, W lui raconte qu’il a rencontré une nouvelle femme, chez
2
Baroche, C. « L’Occupation » (Les livres du mois), Le magazine littéraire, N°424 - 10/2003

3
Fauconnier, B. « L’occupation » (Les livres du mois, domaine français), Le magazine littéraire N°408 -
04/2002

4
Fauconnier, B. Loc. cit.
5
http://www.lexpress.fr/culture/livre/l-occupation_806358.html 2011-06-16
6
http://www.lexpress.fr/culture/livre/l-occupation_806358.html 2011-06-16
7
Ernaux, A. - L’occupation. Éditions Gallimard, 2002.

4
qui il va s’installer. Dès qu’elle apprend cela, elle est comme transformée. Elle devient
obsédée par la pensée de cette femme et le désir de savoir tout sur elle occupe son esprit.
Cette jalousie commence à imprégner son quotidien jusqu’à ce que toute autre chose perde
son importance. Elle continue à voir W régulièrement, mais il n’est pas clair s’ils
maintiennent une liaison sentimentale ou sexuelle ou non. Pendant ces rendez-vous, elle fait
tout pour obtenir des informations sur cette femme, mais W est très réservé sur le sujet.
Chaque fois qu’il laisse échapper le moindre fragment d’information, elle avale ce fragment et
puis laisse cette chose la préoccuper. L’adresse, le métier, l’âge de l’autre femme - une fois
qu’elle le connaît elle allume une sorte de radar. Constamment, partout où elle va, elle
cherche cette femme, plus ou moins consciemment.
Un jour pourtant, après avoir passé six mois dans cet état, quelque chose change en elle.
Tout à coup, ces sentiments intenses disparaissent, cette psychose s’arrête. Elle se réveille,
décidée à rompre complètement avec W. L’idée de l’autre femme ne l’a préoccupe plus et elle
redevient saine d’esprit.

1.4 L’Autre

Les deux metteurs en scène Patrick Mario Bernard et Pierre Trividic travaillent toujours en
duo et leurs films contiennent souvent un côté fantastique. Pour leur cinquième film ensemble
ils ont donc décidé, en 2007, d’adapter L’occupation d’Annie Ernaux à l’écran.
Bernard et Trividic ont écrit le rôle du personnage principal Anne-Marie pratiquement sur
mesure pour l’actrice Dominique Blanc, en se disant que si elle n’acceptait pas de faire ce
rôle, ils ne feraient pas le film.8 Sur leur choix de travailler avec Dominique Blanc, les
réalisateurs ont dit : « Nous désirions travailler avec elle pour son intelligence, son
inventivité, sa technique impeccable, son agilité dans les variations de registre. C'est une
grande artiste. »9
Effectivement, ayant reçu quatre Césars et deux Molières, Dominique Blanc doit être
considérée comme l’une des actrices françaises les plus respectées, même si les avis sur ses
techniques cinématographiques se divisent parfois. Certains les jugent prodigieuses, d’autres
les jugent trop théâtrales. On peut dire que Blanc est une actrice qui plaît surtout aux critiques,
alors que le grand public l’accepte moins bien. En tout cas, il semble que les réalisateurs ont

8
http://next.liberation.fr/cinema/120194-l-autre
9
http://next.liberation.fr/cinema/120194-l-autre

5
fait un bon choix en Dominique Blanc - sa contribution dans L’Autre lui a remporté une
Coupe Volpi lors de la Mostra Venise en 2008 pour la meilleure interprétation féminine.

1.5 Résumé et critique du film

Anne-Marie (Dominique Blanc) est une femme quadragénaire bien dans sa peau. Elle choisit
de rompre avec son partenaire Alex (Cyril Gueï), un bel homme considérablement plus jeune
qu’elle, pour la simple raison qu’il a envie de se ranger alors qu’elle veut être libre. La rupture
est amicale et Anne-Marie et Alex continuent à se voir.
Anne-Marie travaille comme assistante sociale dans la banlieue parisienne et rencontre
régulièrement des gens qui ont de problèmes des différentes natures.
Un jour, Alex apprend à Anne-Marie qu’il a trouvé une nouvelle femme, chez qui il va
vivre- les deux peuvent donc continuer de se voir, mais d’une façon plus restreinte. L’arrivée
de cette autre femme plonge Anne-Marie dans une jalousie extrême et elle commence à agir
d’une façon paranoïaque. Au bureau de travail, elle confie ses obsessions et ses réflexions à sa
collègue Aude (Christèle Tual). Anne-Marie reprend le contact avec un ancien ami, Lars
(Peter Bonke), à qui elle confie tous ses problèmes aussi. Les deux commencent une relation
romantique. Lorsqu’Anne-Marie est en pleine folie, Lars lui apprend qu’il est malade d’une
tumeur au cerveau et qu’il ne lui reste pas longtemps à vivre. Anne-Marie est submergée de
honte pour sa jalousie, qui semble maintenant très banale. Malgré cela, ou peut-être à cause
de cela, elle plonge encore plus bas dans sa maladie de dédoublement et finit par se taper dans
la tête avec un marteau, sous l’illusion que c’est l’autre femme qu’elle tape.

La voix de la presse a été quasiment unanime. L’Autre a été comblé d’appréciations comme «
un grand et vertigineux moment de cinéma »10 ainsi que « un diamant »11. Cependant, il est
intéressant de noter, en lisant des critiques des téléspectateurs, que ce film a été moins bien
accueilli par eux. Ce film semble donc être, tout comme sa grande vedette Dominique Blanc,
plus populaire chez les critiques que chez l’homme de la rue.

10
http://www.allocine.fr/film/revuedepresse_gen_cfilm=53482.html 2011-06-16
11
http://www.allocine.fr/film/revuedepresse_gen_cfilm=53482.html 2011-06-16

6
1.6 Problématique, but et méthode

Après avoir lu le récit des pensées noires dans L’occupation et avant de voir le film L’Autre,
on se demande comment les réalisateurs ont fait pour transporter les émotions décrites par
Annie Ernaux à des images et à des actions sur un écran. On se le demande parce que
L’occupation est, avant tout, un récit des événements intérieurs, un journal des pensées
secrètes, souvent pas visibles aux autres. On se demande également comment Bernard et
Trividic ont osé mettre leur propre marque sur ce roman direct et franc. Tout y est
minutieusement décrit. Annie Ernaux y est fidèle à son « écriture plate » et donc très
méticuleuse dans son but d’expliquer sa vérité aussi exactement que possible, sans un joli mot
de superflu. Or, Patrick Mario Bernard a souligné que le film doit être vu comme un dialogue
avec le roman, plutôt que comme une adaptation.12 En effet, L’occupation et L’Autre sont,
d’une certaine manière, comme jour et nuit. Ils racontent la même histoire, mais là où le
roman laisse le lecteur à son imagination, le film emporte et oriente le spectateur. 13 Il serait
donc intéressant d’examiner en quoi consiste cette atmosphère dans L’Autre qui le diffère
tellement du roman. De quelle manière et avec quelles méthodes les réalisateurs ont-ils
transmis à l’écran la jalousie et l’obsession décrites par Ernaux et comment ont-ils créé cette
ambiance distinguée du film, qui se place entre le dérangeant et le chaleureux?

La méthode de cette étude sera une comparaison entre les épisodes et les personnages dans le
roman avec des séquences et des personnages correspondantes dans le film afin d’étudier de
plus près ce qui compose la différence entre le roman et son adaptation cinématographique.
Inévitablement, ce mémoire va traiter les mécanismes de la jalousie. Pour faciliter la
distinction entre les différents aspects de la jalousie, on va se servir de deux ouvrages
théoriques : Le Choc Amoureux du sociologue Francesco Alberoni ainsi que Le désir selon
l’Autre d’Annika Mörte-Alling, chercheuse en littérature française à L’université de Lund.

2. Jeu de miroir - analyse comparative entre le roman et le film


12
(Reportage | 6 février 2008, Libération, Rêve, « Salope », par Gérard Lefort,
http://next.liberation.fr/cinema/010173500-reve-salope)
13
C’est peut-être là où se trouve la grande différence, au moins en général, entre la littérature et le cinéma ?
L’adaptation de L’occupation illustre, en quelque sorte, ce fossé entre la littérature et le cinéma.

7
2.1 Le titre
Bernard et Trividic ont choisi de donner un autre titre que L’occupation à leur film. Ce
changement souligne l’indépendance du film et le fait que, tout en relatant l’histoire d’Annie
Ernaux, il raconte également sa propre histoire. Il se peut donc que les réalisateurs aient
changé le nom pour signaler qu’il ne s’agit pas d’une illustration tout à fait fidèle, mais plutôt
d’une interprétation du roman. Certes, le fil de l’histoire est celui décrite par Annie Ernaux,
mais le film commence ensuite, tout comme son personnage principal, Anne-Marie, souhaite
faire – à vivre sa propre vie.14
On peut aussi interpréter ce changement de titre comme une mesure purement commerciale.
Effectivement, un nom comme L’occupation est assez équivoque. Il peut faire penser à un
métier, mais plus probablement à L’Occupation de la seconde guerre mondiale. Il est certain
qu’un titre comme L’Autre est plus facile à digérer pour le grand public, comme il dévoile
plus du contenu du film.
Bien que les deux titres soient différents, tous les deux indiquent la présence de quelqu’un
d’autre. Le roman ainsi que le film sont centrés sur cet Autre, présent et absent à la fois, elle
qui occupe l’atmosphère, presque comme une âme en peine. À propos de cette présence
surnaturelle, Annie Ernaux dit dans une interview que L’Autre, « (…) c’est un film plein de
fantômes d’une certaine manière. Il y a les fantômes du film, cette absente, cette absente qui
est partout. Et voilà, au fond, je suis aussi dans le film, absente aussi. »15
Un petit détail amusant c’est qu’on a failli intituler le film Salope16, ce qui fait allusion à
l’exclamation que le narrateur du livre avoue avoir faite quand elle était toute seule et
qu’Anne-Marie, elle aussi, crie à son reflet dans le miroir. Finalement, on a choisi de changer
le titre, par peur que Salope puisse évoquer une comédie, ce qui est effectivement la dernière
désignation qu’on pourrait donner à ce film.

2.2 Les personnages principaux

14
Anne-Marie répète, tout au long du film, qu’elle veut vivre sa vie, donc être une femme indépendante, sans
homme.
15
Annie Ernaux, entretien avec Michel Ciment, 2009. MK2 – Ad Vitam
16
http://next.liberation.fr/cinema/010173500-reve-salope

8
2.2.1 La narratrice/Anne-Marie

Le « je » du roman est incarné par l’actrice Dominique Blanc dans le film. Son personnage
s’appelle Anne-Marie, un nom qui ressemble en effet à Annie. Dominique Blanc qui est brune
d’origine, a dû teindre ses cheveux en blond pour le rôle, certainement pour devenir une
« autre », mais peut-être aussi pour ressembler plus à la blonde Annie Ernaux. Ernaux elle-
même raconte dans l’interview d’avoir été surprise de voir Dominique Blanc en blond et
qu’elle avait trouvé ce rapprochement à sa propre apparence même un peu troublant.17 Elle a
également exprimé la sensation absurde de dédoublement à voir Blanc restituer les choses
qu’elle avait faites elle-même. Notamment une séquence où Anne-Marie cherche
fiévreusement sur l’internet le nom de l’autre femme l’a bouleversée. Effectivement, on ne
peut que s’imaginer la sensation de voir quelqu’un sur un écran en train de reconstruire des
actes de notre vie.

La femme fatale

Dans son ouvrage Le choc amoureux, le sociologue italien Francesco Alberoni propose son
théorie sur ce qui se passe dans un être lorsqu’il est jaloux. Tout d’abord, Alberoni constate
que le sentiment d’être aimé nous transforme; « Savoir notre amour partagé nous fait
percevoir que l’être que nous sommes, si modeste que soit le jugement que nous portons sur
nous-mêmes, comparé à ce que sont et ce que valent les autres, détient une certaine valeur18».
Donc, un être qui se sent aimé se sent unique et précieux, comme un roi ou une reine. Qu’est-
ce qui se passe avec ce sentiment alors qu’une rivale arrive ? Quels sont les mécanismes de la
jalousie ? Selon Alberoni, « la jalousie interrompt ce processus, l’inverse et le projette à
l’extérieur. Est jaloux celui qui s’aperçoit (…) que la personne aimée trouve en quelqu’un
d’autre une qualité semblable à celle que lui-même trouve dans la personne aimée. »19. On
peut dire que si l’amour nous fait voler haut dans le ciel, la jalousie nous fait tomber aussi bas.
On passe d’un état où on se sent comme la personne la plus importante au monde, à un état où
on est complètement dévalué. La narratrice de L’occupation exprime exactement ce
sentiment d’être quelqu’un sans valeur : « Dans cet évidement de soi qu’est la jalousie, qui
transforme toute différence avec l’autre en infériorité, ce n’était pas seulement mon corps,
mon visage, qui étaient dévalués, mais aussi mes activités, mon être entier. »20 Elle écrit
qu’elle aurait peut-être dû se sentir supérieure à l’autre femme, pour la reconnaissance de son
17
Annie Ernaux, entretien avec Michel Ciment, 2009. MK2 – Ad Vitam
18
Alberoni, Francesco.- Le choc amoureux. Éditions Ramsay, 1981, p. 112
19
Ibid., p. 113
20
Ernaux, Annie. op. cit., p. 52

9
travail – donc pour être une personne « réussie ». Pourtant, cela a perdu toute sa valeur, la
jalousie est venu anéantir tout son amour-propre.
Même si Annie Ernaux déclare, qu’en écrivant L’occupation, elle n’a ressenti aucune peur
de s’exposer, cela ne veut pas dire qu’elle n’avait pas honte pendant que « l’occupation »
avait lieu. Elle raconte qu’elle craignait d’être aperçue par W et sa nouvelle femme, « révélant
ainsi toute sa déréliction de femme qui n’est plus aimée, exhibant son désir de l’être
encore.21 »
Tout au début du film, lorsqu’Anne-Marie est en train de rompre avec Alex, on voit une
femme forte, sûre d’elle. Dans cette scène, son air souriant insinue qu’elle est une femme
pleine de confiance en soi et dans son choix de rompre. Elle semble être une vraie femme
fatale, forte et épanouie. Néanmoins, petit à petit, on peut observer que cette surface
commence à craquer alors que la jalousie la dévore. Anne-Marie porte l’image d’elle-même
d’une femme fatale, mais le fait d’être jalouse d’une autre femme ne correspond pas du tout à
cette image. La jalousie est souvent vue comme un signe du contraire, d’un manque de
confiance en soi et Anne-Marie semble perdre le contrôle dans cette grande collision entre la
femme qu’elle veut être et la femme qu’elle est. Il est intéressant et troublant de remarquer
qu’elle garde les expressions d’une femme forte, cette façon d’être, lors ces rendez-vous avec
Alex, même après la rupture, même quand elle est folle de jalousie. Elle fait son mieux pour
garder une apparence, pour montrer qu’elle a le sang-froid. Pourtant, son sourire, qui signifiait
au début une femme assurée, fait maintenant – et seulement le spectateur peut le savoir -
preuve de déraison. Le spectateur le sait parce qu’il a déjà été témoin de l’autre côté d’Anne-
Marie – une femme dont l’assurance a été complètement basculée par l’arrivée d’une
concurrente. En revanche, Alex, naïf, semble ignorer la gravité de l’état d’Anne-Marie,
pendant une grande partie du film.

La femme occupée

La narratrice dans L’occupation est ancien professeur devenue écrivaine. Pourtant, Bernard et
Trividic ont choisi de faire le personnage principal du film, Anne-Marie, une assistante
sociale. Alors que la narratrice du roman s’occupe constamment d’une sorte de nombrilisme,
où elle scrute son propre comportement, Anne-Marie passe ses journées à écouter les autres.
Ce changement de métier permet au personnage principal, ainsi que le spectateur, de
contempler le monde extérieur. Ces images proposent une autre perspective à tout ce qui se
passe dans la tête de la jalouse.
21
Ernaux, Annie. op.cit., p. 47

10
Cela dit, en un petit paragraphe dans L’occupation, la narratrice ouvre aussi ses yeux au
monde autour. Elle partage une sorte de révélation qu’elle a eue lorsqu’elle est entrée dans
une église. Elle y a vu un homme, allongé par terre, en train de psalmodier – « À côté de la
douleur qui clouait cet homme, la mienne ne me paraissait pas vraie »22, écrit-elle.
Cette découverte ne la réveille pas tout à fait, mais fait sans doute partie de sa guérison. Les
pages qui suivent expriment en effet une sorte d’affaiblissement de ses obsessions. De plus en
plus souvent, elle se dit qu’elle pourrait arrêter son obsession, la « faire cesser (…) aussi
simplement qu’on passe d’une pièce dans une autre (…)23.
Alors, certainement, les metteurs en scène ont donné à Anne-Marie la profession d’une
assistante sociale pour une raison particulière. Les visites qu’elle rend aux personnes troublées
remplissent la même fonction dans le film que fait l’épisode de l’église dans le roman. Ces
courtes images des vies réellement misérables rappellent le lecteur et le spectateur que les
problèmes de la jalouse sont effectivement assez banales, où même artificiels. Est-ce qu’il
n’est pas absurde de se laisser dévorer par une jalousie ordinaire alors qu’il existe de gens qui
ont de vrais, mais de vrais problèmes ?
Ces types d’incidents sont donc d’une certaine importance pour la guérison d’une jalousie.
Cependant, tout comme l’amour, la jalousie ne suit pas les règles de la logique. En revanche,
pour la narratrice, le temps - et le temps seul - arrive à la guérir complètement. Quant à Anne-
Marie, il va falloir une vraie douche froide afin de cesser sa folie. Cette douche froide arrivera
avec l’entrée de Lars, son ancien amant, à qui on va revenir plus tard.

Jeu de miroir

« Le plus extraordinaire dans la jalousie, c’est de peupler une ville, le monde, d’un être qu’on
peut n’avoir jamais rencontré ».24

Avec ces mots-ci, Annie Ernaux réussit à résumer précisément l’expérience de sa jalousie.
L’autre femme existe partout, non seulement dans le monde autour, mais aussi à l’intérieur de

la narratrice. Elle a l’impression d’être possédée, voire « maraboutée »25 par sa rivale.

22
Ernaux, Annie. op. cit., p. 65
23
Ibid., p. 68
24
Ibid., p. 20
25
Ernaux, Annie. op. cit., p. 21

11
Jusqu’à un certain point dans le film, Anne-Marie arrive à maintenir une façade normale,
qui ne laisse échapper aucun indice sur son état mental à son entourage. Lorsqu’elle tombe de
plus en plus bas dans le trou, c’est tout d’abord son regard qui change. Elle voit la même
chose que tout le monde, mais elle voit pourtant une autre chose. Son regard est détourné par
la jalousie qui fait que chaque petite chose lui parait un signe. Chaque femme qu’elle passe
dans la rue pourrait être l’autre femme. Le fait de ne pas savoir qui est cette femme est à la
source de son obsession. L’Autre est nulle part et partout à la fois. Ce qui arrive à Anne-
Marie, c’est une sorte de dédoublement. Elle commence à confondre les choses. L’Autre
devient elle et elle devient l’Autre. Chaque fois qu’elle passe un miroir elle est troublée par la
vue de son reflet. Dans certaines scènes le côté surnaturel qui signifie le travail de Bernard et
Trividic est introduit. Le reflet de miroir d’Anne-Marie commence à suivre ses mouvements
d’une façon désynchronisée, toute en subtilité, mais avec un effet bien angoissant.
Dans toutes les autres femmes, Anne-Marie voit l’Autre. Par conséquent, elle voit aussi
L’Autre dans elle-même. On peut dire que son image de l’autre égale son image de soi.
Bernard et Trividic ont donc essayé d’illustrer le contrôle que la vision de l’autre femme a sur
Anne-Marie en la montrant sous forme d’un reflet de miroir. Lorsque la femme dans la glace
commence à bouger à sa guise, le spectateur se rend compte que c’est L’Autre qu’Anne-Marie
voit.

2.2.2 W/ Alex - L’homme dans l’ombre

Ce qui caractérise la jalousie dans L’occupation est le fait que c’est l’autre femme qui joue le
grand rôle et non l’homme. W, l’ex-ami de la narratrice, reste toujours dans l’ombre de l’autre
femme. Sans elle, W ne serait probablement qu’un ex, une partie du passé – la narratrice l’a
effectivement quitté, par ennui et par soif de liberté. C’est donc simple – elle ne le veut plus.
Or, cela ne veut pas nécessairement dire qu’elle a cessé de l’aimer – après une relation de six
ans on n’éteint pas toujours ces sentiments comme si on appuyait un interrupteur. Sans doute,
avec le temps la routine est arrivée et la passion s’est refroidie. La narratrice a commencé à
regretter sa liberté et choisit de rompre. Néanmoins, l’arrivée de la nouvelle femme
transforme l’attitude de la narratrice – son désir pour W se rallume et elle ressent le besoin de
le « ravoir »26.
Effectivement, pour maintenir le feu de l’amour, ou pour le rallumer, il faut de l’huile sur le
feu. C’est le cas dans la plupart des romans d’amours classiques et c’est également le cas de
26
Ernaux, Annie. op. cit., p. 24

12
L’occupation. Cette huile apparait souvent en forme d’un obstacle. Le couple classique
Tristan et Yseut, par exemple, partagent un amour interdit et pour pouvoir être ensemble ils
doivent mener une lutte constante contre l’obstacle de la société. Dans une autre histoire
d’amour classique, l’amour de la Princesse de Clèves pour M. de Nemours et vice versa reste
un amour impossible avec pour obstacle non seulement les mœurs familiales mais finalement
aussi la mauvaise conscience et la crainte du désamour qu’a la Princesse.
L’obstacle dans L’occupation est différent, mais d’autant plus forte - c’est l’autre femme.
Le fait qu’une autre femme désire W, lui rend, de nouveau, désirable pour la narratrice. La
chercheuse Annika Mörte-Alling, traite dans son thèse Le désir selon l’Autre, la fameuse règle
établi par René Girard, appelée « le désir triangulaire » : « Ce modèle désigne au sujet quels
objets sont désirables en les désirant lui-même ou en les possédant. Le désir triangulaire
implique donc un comportement imitatif : le personnage-sujet imite le médiateur en ce qu’il
désire, ou croit désirer, les mêmes objets que lui. A l’en croire Girard, le sujet ne désire
jamais spontanément, mais ses désirs sont « médiatisés » à travers un médiateur. »27 Le
médiateur dans ce cas est donc l’autre femme.
Par conséquent, quel que soit l’obstacle - une personne ou autre chose – il ne va pas tuer le
désir, au contraire, il va le renforcer. Il est très intéressant de constater que l’ex petit-ami
reste, tout au long de l’histoire, à l’ombre d’une personne, un obstacle qui ne se montre
jamais.

Il ne faut pas oublier que le comportement de l’ex dans cette histoire est assez douteux. Même
après avoir rencontré la nouvelle femme et avoir entamé une vie commune avec elle, il
continue à fréquenter la femme qui l’a quitté. Certes, il s’agit d’un choix mutuel, mais il faut
avouer que cela encourage aussi les sentiments de la jalouse. Dans le film, Alex aussi agit de
cette manière ambiguë. Anne-Marie l’invite chez elle pour son anniversaire. Alex lui offre un
cadeau – une chemise de nuit en soie. Naturellement, Anne-Marie voit dans ce geste une
invitation sexuelle. Alex refuse pourtant à l’avouer tout en la laissant le serrer dans ses bras. Il
est donc mêlé, au plus haut degré, aux tourments de la jalouse. S’il se comportait
différemment, il aurait sûrement permis la jalouse à se remettre plus vite de ses obsessions.

27
Mörte-Alling, Annika. – Le désir selon l’Autre, étude du Rouge et le Noir et de la Chartreuse de Parme à la
lumière du « désir triangulaire » de René Girard. Romanska institutionen, Lunds universitet, 2003. p. 19

13
2.3 Les personnages secondaires

Dans L’occupation tout est centrée sur la narratrice, l’autre femme et l’ex. La jalousie place la
narratrice « hors d’atteinte de la médiocrité habituelle de la vie »28, le monde autour perd son
importance. En adaptant le roman à l’écran, Bernard et Trividic ont ajouté un personnage,
Aude, qui n’existe pas dans le roman et ont élaboré un personnage, Lars, qui n’est que
brièvement mentionné dans le roman. D’une part, ces deux nouveaux personnages aident à
transmettre les émotions de la jalouse, d’autre part, ils enrichissent l’histoire et lui donne une
nouvelle profondeur.

2.3.1 Aude – amie et complice

Nulle part dans le roman est évoquée une amie ou quelqu’un à qui la narratrice se confie. On a
l’impression qu’elle est toute seule dans sa bulle de jalousie. La seule personne qui en sait
quelque chose est W, or, lui, il ne voit pas toute l’image et toute l’étendue de la folie de la
narratrice. Dans le texte, c’est le lecteur à qui la narratrice se révèle et elle peut le faire sans
honte, comme elle s’est remise de sa psychose au moment de l‘écriture.
Dans le film, en revanche, Trividic et Bernard ont donné à Anne-Marie une auditrice, sa
collègue Aude (Christèle Tual), à qui elle exprime sans retouches ce qui se passe dans sa tête.
On peut dire qu’Aude remplit la fonction du journal intime, c’est à travers les conversations
avec elle qu’on apprend ce qui se passe dans la tête de la jalouse.29
Annie Ernaux explique tout au début du roman qu’elle essaye d’écrire comme si elle devait
« être absente à la parution du texte »30. Elle prétend ne pas porter de jugement sur ses
propres actes et d’écrire comme si aucun ne pourrait la juger. À la différence de ce journal qui
ne condamne jamais, Aude n’est pas là uniquement en tant qu’évier. En revanche, il arrive
parfois qu’elle intervient. Le fait qu’elle critique et questionne le comportement d’Anne-
Marie illustre la différence entre elle et un simple journal. Par exemple, elle confronte Anne-
Marie en disant que le comportement d’Alex – le fait qu’il répond si évasivement aux
questions d’Anne-Marie - s’explique probablement par la volonté de protéger l’autre femme.
Cette remarque rend Anne-Marie indignée et elle répond à Aude, d’une voix blessée, que « tu
ne crois pas que c’est moi plutôt qu’il faudrait protéger en ce moment ? »31. Anne-Marie

28
Ernaux, Annie. op. cit., p. 14
29
Il existe un décalage temporel assez significatif entre le film, où Anne-Marie raconte ce qu’elle est en train
d’éprouver, et le roman, où la narratrice décrit ce qu’elle ressentait il y a longtemps - on va revenir à cet aspect
temporel plus tard.
30
Ernaux, Annie. op. cit., p. 11
31
Bernard, Patrick Mario, Trividic, Pierre. 2008. L’Autre. MK2, Ex Nihilo, 4e partie

14
semble penser qu’Aude, en tant qu’amie, devrait la défendre. Cependant, le comportement
d’Aude montre plutôt qu’elle se sent assez la confidente d’Anne-Marie pour la critiquer et
qu’elle s’inquiète pour elle. Plus tard dans le film, Anne-Marie et Aude passent une soirée
ensemble pendant laquelle elles se soûlent. Après le diner, en tirant un os de poulet, Anne-
Marie gagne et fait un vœu : « Qu’elle crève, quelle CRÈVE »32, dit-elle avec un grand
sourire. Il semble que le fait de souhaiter la mort de sa rivale lui donne une grande
satisfaction. Ce sont de mots opportuns, dites entre amies, mais ce qui rend cette scène
tellement déroutant, c’est qu’on voit clairement qu’Anne-Marie ne plaisante pas.
Aude est là, à côté d’Anne-Marie. Bien que, en tant que témoin de la folie, elle ait le
courage de critiquer Anne-Marie, elle est aussi très loyale avec elle. Aude reste la complice -
mais peut-être agirait-elle différemment si elle savait vraiment à quelle bassesse son amie
allait descendre ?

2.3.2 Lars – amant et réveil

Sans aucun doute, le plus grand changement de l’histoire qui a été faite par Bernard et
Trividic se trouve dans le personnage de Lars. Dans le roman, la narratrice fait allusion à un
rendez-vous avec un homme, L, probablement un ancien amant, qui est de passage en
France.33 Les deux passent la nuit ensemble est se quittent ensuite. La narratrice exprime une
grande déception qui suit. Elle avait cru que de faire l’amour aurait pu la purifier de sa
jalousie, elle parle d’une « purgation des passions »34. Pourtant, rien s’est passé chez elle,
l’acte sexuel ne lui procure pas la sensation voulue. Cet homme n’est plus mentionné- on peut
dire qu’il disparait aussi vite qu’il a apparu.
Bernard et Trividic ont choisi de développer le rôle de cet homme et lui donner une très
grande signification pour le déroulement de l’histoire.
Un soir, Anne-Marie rentre chez elle, bouleversée après une dure journée. Elle écoute une
triste chanson à la radio en avalant des pilules avec du whisky. Elle voit ses voisins dans la
fenêtre en face, enlacés, quasiment nues. Visiblement envahi par la solitude, elle décroche le
téléphone et appelle quelqu’un qui s’appelle Lars (L. dans le roman). Elle lui donne le
prétexte qu’elle a cru entendre sonner le téléphone est qu’elle a eu un pressentiment que

32
Ibid., 6e partie
33
Ernaux, Annie. op. cit., p. 61
34
Ibid, p. 62

15
quelque chose lui soit arrivé. Lars (Peter Bonke) répond que non, il va bien et que cela lui fait
plaisir de l’entendre. Ils commencent à papoter d’un air amical et tendre.
Dans la scène suivante, Anne-Marie et Lars boivent du vin dans la cuisine de Lars en
attendant des invités. Lars est un homme élégant, de même âge qu’Anne-Marie, peut-être plus
âgé, donc très diffèrent d’Alex. Il parle avec un accent étranger, scandinave.35 Anne-Marie lui
parle de son objet de jalousie. En harcelant Alex, elle a appris que la nouvelle femme est
professeur d’histoire et fait ses recherches sur les Chaldéens. Cette information l’a poussée à
chercher cette femme sur l’internet. Elle a trouvé une femme qui correspond aux autres
informations qu’elle a obtenues et cette femme fait des recherches sur les reliques de Saint-
Clément. En discutant avec Lars, Anne-Marie se moque de ses recherches d’histoire et lui
pose la question de savoir s’il y a un lien entre les Chaldéens et les reliques de Saint-Clément,
ce qui pourra indiquer que la femme qu’elle a trouvée sur l’internet est bien la nouvelle
femme d’Alex. Avant que Lars ait le temps de répondre, leur conversation est interrompue par
l’arrivée des invités. Pendant la soirée, Anne-Marie reste dans son coin. Elle marche de
chambre à chambre et trouve Lars, allongé dans une chambre éteinte. Il lui dit qu’il avait
besoin de se reposer et offre ensuite de l’aider dans son enquête de l’autre femme. Anne-
Marie lui dit de ne pas s’embêter et que, de toute façon, il faut qu’elle arrête tout cela.
Après cela, Anne-Marie reçoit une lettre de Lars, il lui a envoyé des informations sur les
Chaldéens et les reliques. Les deux ont ensuite un rendez-vous très romantique où les
sentiments chaleureux entre eux sont très clairs. Ils font l’amour et Anne-Marie lui demande
de rester. L’atmosphère est très tendre, mais Lars a l’air troublé.
Plus tard dans le film, Anne-Marie revoit Lars. Ils se voient au musée du Louvre, il se peut
que ce soit le lieu du travail de Lars - cela expliquerait son accès à l’information des reliques.
Il est pourtant clair que la raison pour laquelle Lars a voulu revoir Anne-Marie n’est pas pour
parler de l’autre femme. Il dit que le mauvais pressentiment qu’elle a eu le jour où elle l’a
appelé était vrai. Il raconte qu’il a une tumeur dans le cerveau et qu’il ne lui reste pas
longtemps à vivre. À entendre cela, Anne-Marie est très bouleversée. Une fois elle s’est
calmée, elle raconte, pleine de honte, à Lars le vœu qu’elle a fait : « J’ai fait un vœu pour
qu’une personne meure, je suis complètement folle, alors que toi, tu as besoin d’aide. J’aurais
dû faire un vœu pour toi ! »36 En effet, elle semble tout à fait persuadée que ce vœu va être
exaucé, comme si elle y croyait vraiment. Lars semble étonné par la superstition d’Anne-
Marie et lui répond que tout cela n’a pas de sens. Anne-Marie répond alors : « Mais alors si

35
Peter Bonke est danois.
36
Bernard, Patrick Mario, Trividic, Pierre. 2008. L’Autre. MK2, Ex Nihilo, 7e partie

16
ça n’a pas de sens, pourquoi j’ai fait ça ? ».37 Elle semble réellement abasourdie par sa propre
folie.
Dans la scène qui suit, Anne-Marie et Lars se trouvent dans une foule. Lars dit à
Anne- Marie qu’un vœu peut-être défaite par un nouveau vœu. Anne-Marie, étonnée, dit
qu’elle pensait qu’il ne croyait pas au miracle. Lars répond que si, il y croit, effectivement. Il
est clair qu’il veut tout simplement la rassurer.
Un jour, Anne-Marie reçoit un appel d’une femme - peut-être une amie mutuelle - qui lui dit
que Lars est à l’hôpital et qu’il est tombé en coma. Anne-Marie recourt encore une fois au
whisky et aux pilules. Elle rend visite à Lars, endormi dans son lit d’hôpital. Lorsqu’elle lui
prend la main on voit une Anne-Marie effondrée en pleurs. Elle est tellement secouée qu’elle
vacille et faillit de tomber en partant.

Le personnage de Lars introduit quelque chose dans le film qui n’existe pas vraiment dans le
roman. Il s’agit d’une sorte de chaleur humaine. Cela dit, le roman n’est pas une histoire
dépourvue de sentiments, mais ce sont des sentiments qui se trouvent sous la surface. C’est
donc au lecteur de les trouver en comparant avec ses propres expériences. Il n’est jamais
expliqué clairement comment et pourquoi le narrateur de L’occupation finit par changer et
guérir de sa jalousie. Bien sûr, il faut supposer que c’est le temps et rien d’autre qui l’aide à
guérir. Personne ne peut rester dans un tel état pour toujours ainsi qu’on ne peut pas rester
amoureux pour toujours. Les psychoses ont toujours une fin.
Dans le film, Anne-Marie est constamment rappelée de l’absurdité de son état et de ses
actes. Ce qui arrive à Lars a une grande signification pour elle et fait partie de ce qui lui
rappelle à la vie, à l’équilibre. La gravité des problèmes de Lars la rendent consciente de la
trivialité de ses problèmes à elle. Pourtant, c’est juste après le coma de Lars qu’Anne-Marie,
déjà très mal, tombe encore plus bas dans son trou noir. Mais cela peut s’expliquer -
maintenant elle n’est pas seulement envahie par sa jalousie, mais autant envahie par la honte
qu’elle éprouve pour cette jalousie. Cela ne fait qu’empirer sa souffrance, puisqu’elle trouve
maintenant que sa souffrance est privée de sens.

2.4 Les lieux

37
Ibid., 7e partie

17
Dans les critiques du film beaucoup d’attention a été prêtée aux lieux et à leur signification
pour l’histoire. Souvent, le terme de « non-lieux » est évoqué. Cette expression a été établie
en 1992, par l’ethnologue français Marc Augé dans son ouvrage Non-lieux - introduction à
une anthropologie de la surmodernité.38 Selon Augé, il s’agit d’un endroit remplaçable dans
lequel l’homme garde toujours son anonymat. Cela peut être des moyens de transports, des
grands magasins, des supermarchés etc. – donc souvent des lieux de consommation.
L’Autre est bourré de ce type de « non-lieux », sous forme de la banlieue parisienne. En
effet, ces non-lieux sont fortement liés à l’action du film. Les premières scènes montrent des
images de l’autoroute ou les phares blancs et rouges des voitures qui circulent font penser à la
circulation sanguine, ce qui fait allusion à son tour aux sentiments forts et sanguins que le film
va raconter. Or, contrairement à ce qu’on pourrait croire à la première vision du film, les
images de « non-lieux » ne sont pas seulement là en tant que remplissage, pour le décor. Il est
vrai que ces images contribuent à l’atmosphère urbaine, mais ils portent également une grande
signifiance poétique et correspondent tout à fait à la psychologie du film. Ce sont des lieux de
passage, ou personne ne reste longtemps, tout comme la jalousie d’Anne-Marie qui n’est
qu’un état transitoire. Comme ces non-lieux, ces « entre-mondes » constituent une grande
partie du film, ils représentent en quelque sorte l’univers externe d’Anne-Marie. Cet univers
externe est le reflet de son univers interne, il y a donc là aussi ce jeu de miroir si
caractéristique pour le film et le roman.
Lorsque le narrateur de L’occupation apprend que la nouvelle femme de W a le même âge
qu’elle, quarante-sept ans, ce chiffre prend une « étrange matérialité »39 dans sa conscience.
Elle raconte avoir vu « les deux chiffres plantés partout, immenses. »40 Pour elle, le fait que W
a choisi une femme de quarante-sept ans est insoutenable – cela veut dire que l’attraction qu’il
avait pour elle était quelque chose de générique. Elle n’était pas unique, c’est juste qu’il a une
préférence pour les femmes mûres, avec tout ce qui les caractérise. Cela résulte en elle en un
sentiment d’être « interchangeable dans une série »41.
Dans le film, Anne-Marie dit à sa collègue Aude qu’elle pensait que la différence d’âge était
leur « histoire »42 à eux, quelque chose d’unique pour elle et Alex. Elle est autant hantée par le
sentiment d’avoir été remplacée que le narrateur du roman. Cela nous ramène au sujet des
non-lieux, car on peut observer une autre ressemblance entre les lieux et le personnage

38
http://fr.wikipedia.org/wiki/Non-Lieux
39
Ernaux, Annie. op. cit., p. 16
40
Ibid., p. 16
41
Ernaux, Annie. op. cit., p. 51
42
Bernard, Patrick Mario, Trividic, Pierre. op. cit., 3e partie

18
principal – après avoir été remplacée par une autre femme, Anne-Marie se sent donc exclue,
substituable et même inapte. Est-ce qu’elle n’est pas aussi une sorte de non-lieu, voire une
« non-personne » ? Maintenant qu’Alex n’a plus besoin d’elle, elle sent qu’elle n’a plus de
valeur. Elle est comme un train de métro – parfaitement utile et parfaitement remplaçable.
Elle n’est nullement unique parce que sa valeur se trouve dans sa fonction et non dans sa
personne.
Marc Augé souligne que l’existence d’un non-lieu est toujours quelque chose de subjectif et
dépend de la relation ou bien le manque de relation entre une personne et un lieu. Dans
L’occupation, la narratrice raconte la sensation d’être dans un « espace hostile »43, lorsqu’elle
se trouve dans le quartier où résident W. et la femme. Ces rues et ces trottoirs, qui sont pour
certains des « non-lieux » tout ce qu’il y a de plus normal, sont pour la narratrice d’une très
grande importance personnelle.
Ainsi, les images de la banlieue dans L’Autre font autre chose que de seulement contribuer
au caractère urbain du film. Ils sont là pour remplir une autre fonction, une sorte de ciment qui
unit les images avec l’histoire. Annie Ernaux exprime cela bien quand elle dit que « tout est
signe »44 dans ce film. Le film contient beaucoup de détails, mais aucun détail n’est superflu,
ils sont tous là pour une raison, ce qu’on a constaté d’être le cas pour le roman aussi. Ici, on
peut trouver un autre rapport avec la jalousie décrite dans le roman - pour la jalouse, tout est
signe de quelque chose et elle est constamment sur le qui-vive, en quête des messages qui
peuvent lui indiquer qui est cette autre femme.
En conclusion, ce qui est complètement dépourvu d’intérêt pour un, peut être de la plus
grande valeur pour un autre. À propos de ces non-lieux du film, Annie Ernaux a d’ailleurs dit
que pour elle ce ne sont pas de non-lieux, mais vraiment des lieux dont elle a « vu la
beauté »45 .

3.5 Le temps et l’action

Une différence significative entre le roman et le film se trouve dans l’aspect temporel.
L’occupation révèle un épisode dans le passé, « un temps circonscrit et achevé »46 . Le
narrateur se trouve, en écrivant, dans le calme après la tempête. Elle a retrouvé la raison et
décline même toute responsabilité pour ses actes insensés. Chaque pensée ignoble et chaque
43
Ernaux, Annie. op. cit., p. 26
44
Annie Ernaux, entretien avec Michel Ciment, 2009. MK2 – Ad Vitam
45
Ibid.
46
Ernaux, Annie. op. cit., p. 74

19
action illogique sont expliquées, excusées, rendues légitimes : « (…) je n’éprouve aujourd’hui
aucune gêne – pas davantage de défi – à exposer et explorer mon obsession. À vrai dire, je
n’éprouve absolument rien. »47 Elle reste un simple observateur d’une jalousie qu’a été la
sienne, mais qui, en effet, aurait pu être à n’importe qui. La jalousie comme l’amour sont des
émotions humaines dont la nature est, plus ou moins, la même pour tout le monde. Bien que le
détachement qui caractérise l’écriture plate crée une certaine distance entre la narratrice et le
lecteur, il met aussi le lecteur au même niveau que la narratrice. En écrivant sur sa jalousie,
Annie Ernaux sort de son propre corps et ce qu’elle décrit vraiment c’est LA jalousie. On peut
dire qu’elle utilise ses propres expériences comme des outils afin de traquer la psychologie
humaine en général. Elle dit au lecteur ainsi qu’à elle-même que tout est dans l’ordre, on
devient tous un peu fou parfois. Le ton est expressif et saisissant, mais toujours maîtrisé – cela
veut dire que si le lecteur se reconnaît dans la folie, il se sent aussi rassuré puisqu’il sait que la
narratrice a désormais retrouvé tous ses sens. Le lecteur se dit que si elle est en mesure de
décrire ses émotions d’une manière si distancée, cela doit indiquer qu’elle n’était pas vraiment
folle, dans toute l’acception du terme. Il existe un consensus sécurisant entre la narratrice et le
lecteur.
Dans L’Autre, la perspective est une autre. C’est peut-être dans cet aspect que se divisent le
plus le roman et le film. Le film commence avec Anne-Marie, devant le miroir de la salle de
bains, en train de taper sur la glace avec un marteau en écriant « salope »48 plusieurs fois.
Ensuite elle se tape à la tête avec le marteau. Elle s’effondre en saignant. Puis on la voit assise
dans un lit d’hôpital avec un pansement autour de la tête. Ces deux premières scènes font
poser au spectateur la question de savoir comment en est elle arrivée là ? Ensuite démarre
l’histoire qui va répondre à cette question, montrer les événements qui ont conduit cette
femme à ce lit d’hôpital.
Ainsi, on peut dire qu’en quelque manière, le film aussi est raconté en temps passé.
Pourtant, Anne-Marie se trouve en cœur de l’action. Le spectateur peut observer une femme
aux bords de la folie. Il sait que cela va finir mal, mais pas dans quelle étendue. Cette
incertitude rend le film perturbant et inquiétant. Au début du film, le comportement d’Anne-
Marie est étrange et imprévisible. Il est difficile de savoir ce qui se passe derrière son visage
calme, la vraie nature de ses émotions est à peine discernable. Au fil du temps, sa jalousie et
sa folie deviennent de plus en plus extraverties et son instabilité psychique devient visible
pour son entourage.

47
Ibid., p. 48
48
Bernard, Patrick Mario, Trividic, Pierre. Op. cit., première partie

20
L’action du film se diverge de celui du roman dans le sens qu’Anne-Marie va beaucoup plus
loin que le narrateur du roman. Elle déverse sa colère sur son client, elle a une crise
hallucinatoire dans le métro où elle jette furieusement son sac sur la vitre, elle laisse un
message haineux sur le répondeur d’une femme qu’elle croit être l’objet de sa jalousie. Elle va
jusqu’à se donner un coup de marteau dans la tête. Tous ses actes déraisonnables illustrent
d’une manière filmique ce qui se passe dans la tête de la narratrice de L’occupation et qui ne
restent que, pour la plupart du temps, des pulsions auxquels elle ne cède jamais. En partie,
c’est à travers ces scènes dramatiques que les metteurs en scène extériorisent ce qui reste
intérieur dans le roman. Inévitablement, cela rend l’expérience de la vision du film une
expérience très différente que celle de la lecture du roman.

3. Le message du film – une menace de l’intérieur

« Votre film est si beau. Politiquement beau.»49

Après avoir vu L’Autre, Annie Ernaux a écrit ceux mots-ci aux deux metteurs en scène.
Il semble donc que l’auteur a retenu un message politique dans le film, un message qui
n’existe surtout pas dans son roman. Il serait intéressant d’étudier davantage ce message
« caché », mais comme le cadre de cette étude ne le permet pas, on se contentera de faire une
brève tentative de l’interpréter.
De nombreux scènes montrent Anne-Marie, sur le chemin de rentrer, marchant dans une rue
obscure dans la banlieue. Dans l’un de ces scènes, on entend des pas derrière elle et une
atmosphère menaçante s’installe aussitôt. Ensuite, l’homme, à qui appartiennent les bruits de
pas, passe Anne-Marie et semble se retourner vers elle. Pendant une fraction de seconde le
spectateur est persuadé qu’il va l’attaquer. Pourtant, rien de tel n’arrive, l’homme la dépasse
simplement pour ensuite s’arrêter à un arrêt de bus juste derrière.
Il est probable que les metteurs en scène veulent dire avec cette scène que la menace ne se
trouve pas toujours à l’extérieur. Nous vivons avec l’idée stéréotype qu’une femme qui
marche toute seule la nuit s’expose au danger des voleurs et des violeurs. Or, dans ce film,
c’est la femme qui constitue la menace, contre soi-même ainsi qu’aux autres. Anne-Marie est
une victime de la jalousie, cela va sans dire, mais est-ce qu’elle n’est pas également l’auteur
de cette jalousie? Est-ce que ce ne sont pas ses propres pensées desquelles elle devrait se
protéger ? L’objectif de Bernard et Trividic est peut-être d’écraser nos préjudices sur la
49
http://next.liberation.fr/cinema/120194-l-autre

21
femme, notre tendance constante à la considérer comme une victime. Ce film montre la
femme sous une autre lumière.
En parlant des sentiments primordiaux comme l’amour et la jalousie, on revient
fréquemment au sujet de leur puissance. Comme une force de la nature, ils arrivent pour
balayer tout ce qu’on se croyait d’être et nous emportent ailleurs. Ils dirigent nos actions, ils
nous maîtrisent. Ils nous exposent à notre faiblesse, ils nous mettent à nu. Effectivement, ils
nous rendent victimes. Pourtant, ces émotions ne viennent pas de l’Autrui, mais de nous-
mêmes. C’est dans nos cerveaux, ou dans nos cœurs – cela dépend peut-être de religion – que
naissent et existent ces sentiments puissants.

4. Conclusion

Sans aucun doute, afin de pouvoir créer un film complet à partir d’un texte tel que
L’occupation sans que cela devienne un simple jeu de discours, il est indispensable d’y
ajouter des éléments. Vraisemblablement, Bernard et Trividic ont compris le défi, mais ont
également vu une occasion d’utiliser leur créativité. La partie principale de leur travail pour ce
film a été d’extérioriser les sentiments d’une femme jalouse – au fond, il leur a fallu prendre
une langue interne et le transformer en images externes. Pour ce faire, ils ont inventé de
nouveaux personnages qui servent à communiquer les émotions du personnage principal. Ils
ont également poussé le personnage principal, la femme jalouse, plus loin dans sa folie afin de
créer quelque chose de plus dramatique. De ce fait, le résultat n’est peut-être pas une
adaptation exacte du roman d’Annie Ernaux, mais une histoire assez autonome. Cela prouve,
peut-être, la grande difficulté de transposer une écriture plate à l’écran sans trop modifier
l’impression. Cela dit, il ne faut pas oublier que les réalisateurs ont bien insisté sur le fait qu’il
ne s’agit pas d’une adaptation mais d’un dialogue avec le roman. Tout de même, il faut
constater que L’Autre est un film bien exécuté, mais qu’il n’a rien qui indique l’inspiration de
l’écriture plate d’Annie Ernaux.

Ce mémoire a eu pour but de discerner la différence entre un roman et son adaptation


cinématographique. Tout en faisant cela, il a fouillé un peu plus profondément dans cette
émotion extrêmement humaine qu’est la jalousie. On s’est rendu compte que l’intérêt de cette
analyse ne se trouve pas forcément dans le résultat de la comparaison, mais dans les
compréhensions sur les mécanismes de la jalousie qui ont été obtenues au cours de l’étude.

22
L’Autre est à L’occupation comme un reflet désynchronisé. Il s’agit d’une sorte de jeu de
miroir où le reflet se met à vivre tout seul. On a pu constater qu’en passant de l’écrit à l’écran,
le récit d’Annie Ernaux a évolué en quelque chose de différent, qui raconte une histoire plus
vaste. On peut trouver, en effet, dans la jalousie banale et éphémère plein d’idées d’une
grande signification sociologique et psychologique, il y a dedans du matériel pour de grandes
questions essentielles.

5. Bibliographie

Ouvrages
ERNAUX, Annie. - L’occupation. Éditions Gallimard, 2002.
ALBERONI, Francesco.- Le choc amoureux. Éditions Ramsay, 1981.
MÖRTE-ALLING, Annika. – Le désir selon l’Autre, étude du Rouge et le Noir et de la
Chartreuse de Parme à la lumière du « désir triangulaire » de René Girard. Romanska
institutionen, Lunds universitet, 2003.

23
Comptes rendus

BAROCHE, Christiane. « L’Occupation » (Les livres du mois), Le magazine littéraire, N°424


- 10/2003

FAUCONNIER, Bernard. « L’occupation » (Les livres du mois, domaine français), Le


magazine littéraire N°408 - 04/2002

Internet

http://www.unil.ch/fra/page43786.html 2011-06-17
http://www.lexpress.fr/culture/livre/l-occupation_806358.html 2011-06-16
http://www.allocine.fr/film/revuedepresse_gen_cfilm=53482.html 2011-06-16

http://next.liberation.fr/cinema/120194-l-autre 2011-06-16

http://next.liberation.fr/cinema/010173500-reve-salope) 2011-06-16

http://fr.wikipedia.org/wiki/Non-Lieux 2011-06-15

Film

BERNARD, Patrick Mario, TRIVIDIC, Pierre. 2008. L’Autre. MK2, Ex Nihilo

Vidéo

Annie Ernaux, entretien avec Michel Ciment, 2009. MK2 – Ad Vitam (complément du DVD)

24

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